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Full text of "La clef de la langue et des sciences, ou, Nouvelle grammaire française encyclopédique et morale"

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LA 


CLEF  DE  LA  LANGUE 


ET  DES  SCIENCES. 


JiMPIUMERlE  DE  l'Il.  COlSniEK  , 

?./j  ,  riir  fin  Por.rpnii. 


LA 

CLEr  DE  LA  LAN(U  E 

KT    DES   SCIENCES, 

ou    NOUVELLE 

GRAMMAIRE  FRANÇAISE 

^'uaplinée  n  Complelce  dans  sîs  Régie?. 


l'I.K  l.dl.E  I>  I 


rUAITE  SPECIAL   J)U  TiENUE 

MÉTHODE  DE  PRONONCIATION,  DE  LECTURE,  ET  D'ORTHOGRAPHE 

CONTF.NANT  1,  \    CiU'lIQLE  UAISONN'ÉE  ET  LA   BÉFUTATIO,\  COMPLÈTE  DE  TOTTES 
LES  Cr.AMMAIUES  OU  ONT   PAIiL  JUSOu'a  CE  JOirR  , 

PAR  m.  LEGER  NOËL, 

AulciU'  (V.liiicrliiiiwt  ('/  Ctinso/iitioiis  ,  du  Lifte  île  Tous  ,  c*e.,el<:.: 
Jliniljn;  ili;  plusii'iivs  S.>niélt'S  Sn\aiilrs  cl  Llttt'iairi'S. 


DEUXIÈMK  PAKTIb:. 


PARIS. 

DUTI'RTRI-,  i  P.  CORDIKR, 

1 

ÎÎO,  PASSAGE  BOUnG-I-'ADI!!;.  h  24,    r.lIE    DU    PONCEAU. 

184  0. 


^  f  Ci    ■■ 


cJ-A 


>* 


PRÉFACE. 


A  M.  CORDIER,  EDITEUR. 


Vienne.  2S  Octobre  1844. 


Enfin  me  voilà  au  bout  de  la  Méthode  du  Genre,  ce  livre 
inattendu,  ce  livre  incroyable,  que  nous  aurions  tout  aussi 
bien  pu  intituler  Revue  générale  de  la  langue,  et  qui  sem- 
blera à  ceux  qui  voudront  bien  y  regarder  de  près,  plutôt  le 
résultat  d'un  défi  ou  d'une  pénitence  que  l'acte  d'une  vo- 
lonté libre.  Ce  qu'il  m'a  demandé  de  courage,  de  patience, 
de  vigilance ,  d'abnégation  de  moi-même ,  vous  l'avez  com- 
pris, vous  m'en  avez  rendu  témoignage,  et  je  vous  en  remer- 
cie. Si  c'était  quelque  favorisé  du  Journal  des  Débats  qui 
eût  conçu ,  élaboré  et  mené  à  bout  une  telle  entreprise , 
n'est-ce  pas  que  ledit  journal  emboucherait  aussitôt  toutes 
ses  trompettes,  pour  proclamer  aux  quatre  coins  du  monde 

T.  II.  1  * 


la  gloire  de  son  héros?  tandis  que ,  vous  le  verrez ,  il  ne 
soufflera  pas  mot  sur  notre  compte. 

Las  !  il  se  peut  que,  sans  le  vouloir,  nous  ayons  fait  quelque 
égratignure  i\  son  amour-propre,  et  le  Journal  des  Débats 
n'est  pas  de  ceux  qui  rendent  le  bien  pour  le  mal.  Ce  n'est 
pas  lui  qui  a  inventé  ni  jamais  pratiqué  cette  maxime  : 
«  Homme  offensé,  imite  l'arbre  de  santal  qui  couvre  de 

FLEURS  et  de  FRUITS  CELUI  QUI  l' ASSAILLE  DE  PIERRES. ^>  En  fait 

de  christianisme,  il  en  est  encore  à  ce  précepte  de  la  morale 
païenne,  qu'il  invoquait  l'autre  jour  contre  M.  deGenoude  : 
«  Ne  faites  pas  à  autrui  ce  que  vous  ne  vouclri  ez  pas  qu'on 
vous  fit.  »  D'ailleurs  que  dirait  J.  J.  ?  Et  quel  est  celui  qui 
se  trouvant  renfermé  dans  la  môme  cage  avec  un  lion ,  son 
ami,  voudrait  se  brouiller  avec  un  tel  animal  ? 

Qui  sait  pourtant?  peut-être  est-ce  générosité  de  la  part 
du  Journal  des  Débats. 

Heureux  qui  satisfait  de  son  humble  fortune  , 
Libre  du  joug  superbe  où  je  suis  attaché  , 
Vit  dans  l'état  obscur  où  les  dieux  l'ont  caché  ! 

Convaincu  delà  vérité  de  cette  maxime,  peut-être  le  Jour- 
nal des  Débats  craindrait-il  de  troubler  notre  repos  et  notre 
bonheur  en  nous  tirant  tout  à  coup  de  cette  douce  obscu- 
rité, tant  préconisée  par  tous  les  philosophes  de  tous  les 
temps-,  peut-être  ne  nous  défend-il  ainsi  les  abords  de 
l'arène  littéraire  que  pour  nous  empêcher  d'être  dévoré  par 
les  mille  animaux  féroces  qui  s'y  déchaînent  avec  tant  de 
fureur  contre  le  mérite.  Bon  Journal  des  Débats!  Rare 
dompteur  de  bêtes,  qui,  par  un  sentiment  de  pure  compas- 
sion ,  ne  veut  pas  nous  jeter  aux  griffes  des  tigres  qui  ram- 
pent à  ses  pieds î  En  vérité,  il  faudrait  que  je  fusse  bien  in- 
grat pour  ne  pas  être  touché  de  tant  de  bonté,  pour  n'en 
pas  être  ému  jusqu'aux  larmes.  Bon  ami!  bon  père!  A  qui 
pensait  donc  M.  Alexandre  Dumas  en  disant  qu'il  y  a  des 


PREFACE . 


hommes  qui  naissent  avec  une  plume  derrière  l'oreille  et  un 
encrier  à  la  place  du  cœur?  Sûrement,  ce  n'est  ni  au  Jour- 
nal des"  Débats  ni  à  M.  J.  J.  Ce  sont  là  des  êtres  si  doux, 
si  bons,  si  généreux,  si  compatissants,  qui  font  tant  de  bien 
au  monde,  qui  sèment  sur  la  terre  tant  de  bienfaits,  qui 
nourrissent  tant  de  milliers  d'hommes  avec  le  pain  —  de  la 
parole. 

Et  moi  qui  aurais  juré  que  la  conduite  du  Journal  des  Dé- 
bats n'était  que  le  résultat  de  sa  politique  deux  fois  double, 
qui  lui  conseille  naturellement  de  ne  pas  donner  des  verges 
pour  se  faire  battre!  C'était  bien  mal  reconnaître  les  intentions 
toutes  paternelles  de  ce  généreux  défenseur  du  faible  et  de 
l'opprimé,  de  ce  divin  bienfaiteur  des  humains,  de  cet  héro- 
ïque champion  de  l'ordre  et  de  la  paix.  Est-il  dans  tout  l'uni- 
vers un  monstre  d'ingratitude  pareil  à  moi  !  Ah!  je  le  con- 
fesse humblement,  M.  J.  J.  viderait  contre  moi  tout  son  ar- 
senal de  colère,  qu'il  ne  ferait  qu'effleurer  l'épiderme  de  mon 
ingratitude ,  qu'il  ne  ferait  que  répandre  une  goutte  d'eau 
sur  une  plaie  vive ,  qu'il  ne  ferait  enfin  que  me  punir  très- 
légèrement  pour  un  si  grand  crime. 

Grondez,  tonnerre^  éclair,  brillez;  foudre,  éclatez;  mon- 
tagnes, croulez  sur  moi  :  je  n'ai  pas  su  reconnaître  les  di- 
vines bontés  de  l'adorable  Journal  des  Débats. 

En  effet,  comment  n'ai-je  pas  remarqué  avec  quelle  pa- 
ternelle attention  il  cherche  à  dérober  tous  les  bons  ouvrages 
au  jour  de  la  publicité ,  pour  n'y  exposer  que  les  plus  mau- 
vais? J'en  pourrais  citer  plus  de  vingt  ,  tous  empreints  du 
plus  grand  mérite,  qui  ont  été  mis  ainsi  très-soigneusement 
hors  des  fatales  atteintes  de  la  critique.  Comment  n'ai-je  pas 
profité  de  la  leçon?  pourquoi  ai-je  fait  ce  livre  qui  vous 
étonne,  monsieur,  tant  la  besogne  vous  paraît  avoir  été  rude? 

Elle  a  été  rude,  en  effet;  mais,  quand  on  a  pour  auxi- 
liaire une  grande  douleur,  on  va  loin.  Oui,  voilà  le  secret 


5  IMUOIAC.K. 

de  celte  patience  que  vous  avez  de  la  peine  à  comprendre, 
que  ne  comprendront  pas  mieux  que  vous  mes  bons  profes- 
seurs d'autrefois,  si  profondément  initiés  dans  tous  les  mys- 
tères de  ma  paresse. 

Si  l'on  travaille  avec  tant  d'ardeur,  savez-  vous  pourquoi? 
C'est  pour  éteindre ,  pour  émousser  en  soi, autant  que  pos- 
sible, les  dards  enflammés  de  la  pensée;  c'est  pour  tuer  la 
douleur  cruelle,  serpent  vivace,  qui  ne  cesse  de  ramper  et 
de  se  tordre  dans  l'âme,  en  la  mordant  et  la  déchirant. 

Je  sais  bien  que  si  J.  J.  a  quelque  chose  de  commun  avec 
Triboulet,  ce  n'est  pas  cela. 

Mais  ne  perdons  pas  de  vue  notre  sujet.  Et  de  quoi  voulez- 
vous  que  je  vous  parle,  après  tout?  Toujours  de  grammaire, 
toujours  de  ce  cachot  noir  où  j'ai  bien  voulu,  par  amour 
pour  Dieu  et  pour  les  hommes,  enfermer  mon  âme  humiliée? 
Hélas!  ne  me  sera-t-il  donc  pas  permis  de  respirer  l'air  un 
moment?  de  prêter  l'oreille  un  moment  aux  voix  lointaines 
du  monde? Quoi!  la  France,  à  tant  de  beaux  triomphes  qui 
ont  immortalisé  ses  armées,  vient  d'en  ajouter  de  plus  beaux 
encore  !  Quoi  !  le  canon  de  la  victoire  tonne  à  la  fois,  et  dans 
le  même  moment,  sur  les  bords  de  l'Isly  et  à  Mogador;  et 
parce  que,  misérable  exilé!  parce  que  je  fais  une  grammaire, 
je  devrais  fermer  mon  cœur  aux  bruits  enivrants  qui  m'ar- 
rivent  de  mon  pays!  Ah!  laissez  mon  âme  s'épanouir  à  ce 
doux  rayon  de  la  gloire;  laissez-la  se  bercer  heureuse  à  ce 
grave  concert  que  môle  la  terre  aux  concerts  du  ciel  ;  laissez 
mon  cœur  bénir  une  fois  encore  le  nom  si  doux ,  si  beau,  de 
ma  chère  patrie. 

Voilà  donc  ce  que  fait  la  Fratice.  Toujours  noble,  toujours 
grande,  toujours  généreuse,  toujours  la  tête  haute  et  le  cœur 
sur  les  lèvres. 

Et  l'Angleterre,  que  fait-elle?  Ah!  quels  sinistres  bruits 
me  sont  parvenus  de  ce  coin  brumeux  de  la  terre!  11  y  en 


l'iiKFACE.  -> 

a  un  entre  autres  qui  m'épouvante.  Quoi!  c'était  donc  trop 
peu  de  la  poudre  à  canon ,  des  fusées  à  la  Congrève,  ces  in- 
ventions déjà  si  funestes  :  un  nouveau  moyen  de  carnage  et 
de  destruction  ,  le  plus  puissant  de  tous  à  ce  qu'il  paraît, 
le  plus  irrésistible ,  le  plus  effrayant  dans  ses  effets  et  ses 
conséquences,  le  plus  propre  à  anéantir  sans  retour  tout  ce 
qui  a  fait  jusqu'ici  la  principale  grandeur  des  nations  :  le 
courage,  la  prudence,  l'habileté;  le  plus  propre  à  reconsti- 
tuer d'une  manière  inébranlable  le  règne  de  la  force  sur  le 
droit,  de  la  matière  sur  l'idée,  à  faire  de  l'homme  une  ma- 
chine, —  ce  nouveau  fléau  vient,  dit-on,  d'être  créé  par  le 
génie  anglais.  Un  gros  bâtiment  de  300  tonneaux  a  été  dé- 
truit par  le  capitaine  Warner ,  en  vue  de  Brighton ,  le 
22  juillet,  de  la  manière  la  plus  extraordinaire.  Le  fait  est- 
il  VRAI?  S'il  est  vrai,  comment  tous  les  Etats  de  l'Europe 
ne  se  sont-ils  pas  encore  entendus  à  l'heure  qu'il  est,  pour 
proposer  à  M.  le  capitaine  Warner,  au  nom  de  l'humanité, 
toutes  les  récompenses  qu'il  peut  attacher  au  mérite  in- 
contestable de  sa  découverte,  et  lui  interdire  en  même  temps 
de  révéler  son  secret  à  qui  que  ce  soit  ?  Comment  n'ont-ils 
pas  réuni  leurs  efforts  pour  obtenir  de  M.  Warner  la  pro- 
messe d'emporter  avec  lui  son  fatal  secret  dans  la  tombe  ? 

Quels  sont  les  hommes  qui  osent  conseillera  un  gouver- 
nement de  s'assurer  le  monopole  d'un  si  puissant  moyen 
d'action  ?  Si  puissant,  en  effet,  qu'il  rend  désormais  la  guerre 
impossible,  ou  la  transforme  en  une  suite  de  lâches  assas- 
sinats. Mais  le  monopole  d'une  telle  puissance  serait  une 
abominable  injustice,  une  infâme  lâcheté,  un  crime  inqua- 
lifiable. Je  ne  veux  pas  faire  ici  de  la  misanthropie;  mais  qui 
empêcherait,  par  exemple,  un  Coriolan  ou  un  Néron  de 
faire  usage  une  fois  ou  l'autre  d'un  tel  inslrument  pour  satis- 
faire une  horrible  soif  de  vengeance  ou  de  cruauté  ?  D'autre 
part,    supposez,  non  pas  un  gouvernement  seul,  mais  le 


C>  PRÉFACE. 

monde  entier  en  possession  d'une  telle  découverte  :  si  l'on 
jette  un  regard  sur  l'histoire ,  si  l'on  considère  jusqu'où 
l'homme  a  souvent  poussé  la  férocité,  les  conséquences  en 
sont  effroyables  à  imaginer. 

Non,  monsieur  le  capitaine  Warner,  ne  révélez  votre  se- 
cret à  qui  que  ce  soit  ;  gardez  pour  vous  seul  votre  décou- 
verte, triste  présent,  qui  ne  peut  attirer  sur  votre  nom ,  au 
lieu  de  bénédictions,  que  la  haine  et  l'exécration  du  monde 
entier.  Demandez  une  récompense,  elle  vous  est  due,  elle 
vous  sera  accordée,  non  pour  le  mal  que  vous  pouvez  faire, 
mais  pour  le  mal  que  vous  pouvez  éviter.  Grand  Dieu ,  l'hu- 
manité n'est-elle  pas  affligée  d'assez  de  maux?  les  hommes 
ne  possèdent-ils  pas  assez  de  moyens  de  s'entre-détruire  ? 
N'est-ce  pas  assez  de  la  peste,  de  la  famine,  de  la  mitraille? 
des  incendies ,  des  ouragans ,  des  inondations  ? 

N'est-ce  pas  assez  des  feuilletons  de  J.  J.  (  1  )  ? 

—  Encore  les  feuilletons  de  J.  J.  ! 

—  Vous  avez  raison,  maître.  Ne  vous  fâchez  pas.  Il  est 
vrai  que  les  feuilletons  de  J.  J.  tiennent  un  peu  trop  de 
place  dans  mon  cœur. 

C'est  Irop  boire  de  cette  eau  claire  ; 
On  en  peut  avaler  un  verre  , 
Mais  le  reste  on  le  laisse  aller. 

Vous  avez  mille  fois  raison ,  maîlre  ^  et  voilà  que  je  me 
relève  de  cette  honteuse  chute  à  la  hauteur  de  notre  sujet. 

La  Méthode  du  Genre,  avec  nos  divers  cours  de  morale, 
d'histoire,  de  géographie,  de  blason,  de  zoologie  ,  de  bota- 

(1)  Pour  ùter  tout  prétexte  à  la  malveillance,  nous  prévenons  nos  lec- 
teurs que  J.  J.  n'est  que  l'abréviation  de  JcaJi  José  Larldon,  notre  type 
idéal  de  la  critique.  Quand  nous  voulons  parler  de  Jules  Janln  ,  on  a  déjà 
.'u  que  nous  savions  les  lettres  de  son  nom. 


PREFACE. 


nique,  de  minéralogie,  de  chimie,  etc.,  remplit,  dites-vous, 
plus  de  trente  feuilles.  11  faut  donc  clore  là  ce  premier  vo- 
lume -,  d'autant  plus  que  la  Méthode  de  Prononciation  et  de 
Lecture  sera  bien  mieux  à  sa  place  au  commencement  de  la 
grammaire  proprement  dite.  Je  crois  devoir  renvoyer  de 
même  au  chapitre  des  substantifs ,  dans  la  Grammaire ,  le 
résumé  succinct  des  règles  que  je  viens  de  donner  sur  le 
genre. 

Ces  règles  sont  nombreuses,  j'en  conviens,  et  elles  ont 
grand  besoin  d'être  résumées  brièvement.  Mais  si  l'on  con- 
sidère qu'il  ne  s'agissait  de  rien  moins  que  de  deux  ou  trois 
cent  mille  mots  à  distribuer,  à  organiser,  h  passer  en  re- 
vue, on  ne  sera  pas  étonné  de  cette  multiplicité  de  règles. 
On  nous  saura  gré  surtout,  du  moins  je  l'espère,  des  exem- 
ples plus  nombreux  encore  qui  les  accompagnent ,  exemples 
venant  en  aide  à  l'usage,  régularisant  en  quelque  sorte  l'u- 
sage. Pour  les  étrangers  principalement,  la  pratique  du 
genre  est  une  chose  impossible  à  acquérir  sans  le  secours 
d'un  tel  livre.  Leur  vie  entière  n'y  suffirait  pas.  Aussi  il  faut 
les  entendre  dire  de  beaux  maisons,  de  belles  environs ,  etc. 
C'est  une  chose  curieuse.  Même  ceux  qui  parlent  le  mieux 
font  toujours  des  fautes  sur  le  genre.  Ceux  qui  commencent 
seulement  à  parler  ne  rencontrent  pas  juste  une  seule  fois. 
Et  combien  de  Français  eux-mêmes  s'y  trompent  ?  Combien 
y  en  a~t-il  qui  disent  une  belle  hôtel,  de  belles  gants  !  etc. 
Comment,  du  reste,  en  serait-il  autrement  quand  les  lexi- 
cographes et  les  grammairiens  ne  savent  eux-mêmes  à  quoi 
s'en  tenir ,  et  que  ce  sont  des  aveugles  qui  en  conduisent 
d'autres?  Vous  savez  les  nombreuses  bévues  que  j'ai  signa- 
lées dans  les  dictionnaires,  même  dans  celui  de  l'Académie, 
qui  est  pourtant  un  chef-d'œuvre?  Quant  aux  règles  que 
quelques  grammairiens  ont  tentées  à  l'endroit  du  genre, 
vous  savez  aussi  que  ce  n'est  qu'un  fatras  d'où  il  est  impos- 


IMIEFACE. 


sible  de  tirer  rien  qui  vaille.  Leurs  règles,  il  n'y  a  pas  pos- 
sibilité de  les  apprendre,  do  les  retenir.  Moi,  je  ne  demande 
pas  qu'on  apprenne  ma  Méthode  du  Genre.  Je  demande  qu'on 
lise  mon  livre ,  que  les  nombreux  exercices  qu'il  renferme 
soient  appliqués  avec  ordre  à  toutes  les  parties  de  la  Gram- 
maire; et  dans  quelques  mois,  sans  qu'on  s'en  doute,  sans 
qu'on  se  soit  donné  la  moindre  peine,  l'esprit  sera  tout  à  fait 
fixé  sur  le  genre ,  en  même  temps  qu'il  aura  fait  des  progrès 
rapides  dans  la  langue,  la  morale,  l'histoire  naturelle  ,  la 
chimie,  etc.  Les  règles  seules  n'eussent  rien  appris.  Leur 
aridité  eût  rebuté  les  plus  intrépides.  C'est  par  la  lecture,  c'est 
par  les  exercices^qu'on  apprendra.  C'est  pourquoi  nous  avons 
voulu  que  notre  livre  fût  à  la  fois  un  cours  de  langue  et  un 
cours  de  morale,  une  œuvre  de  science  et  une  œuvre  d'art, 
une  grammaire  et  un  poëme  -,  c'est  pourquoi  nous  nous 
sommes  efforcé  d'y  réunir  tout  ce  que  pouvaient  lui  prêter 
de  charmes  la  pensée  et  le  sentiment.  Instruire  en  amusant, 
tel  a  été  notre  but.  Jusqu'à  quel  point  nous  avons  réussi, 
c'est  au  lecteur  seul  qu'il  appartient  d'en  juger. 

Que  si  l'on  trouve  que  nous  avons  été  bien  sévère  envers 
les  auteurs  de  la  Grammaire  Nationale,  on  n'a  qu'à  voir  com- 
ment ils  ont  eux-mêmes  traité  tous  les  autres  grammairiens, 
avec  quel  souverain  mépris  ils  en  ont  parlé.  Et  l'on  nous  dira 
ensuite  si  la  peine  du  talion  pouvait  être  appliquée  avec  plus 
de  justice,  si  c'est  nous  être  déshonoré,  que  d'avoir  osé, 
comptant  sur  nos  seules  forces,  relever  le  gant  qui  leur  était 
jeté  à  la  face  avec  tant  d'insolence  par  un  ennemi  puissant  ; 
d'autant  plus  puissant  qu'il  était  soutenu  par  le  Journal  des 
Débats  et  M.  Philarète  Chasles ,  dignes  champions  d'une 
telle  cause.  Si  c'est  là  de  la  lâcheté  et  de  la  bassesse,  je  prie 
bien  le  Journal  des  Débats  de  me  dire  en  quoi  consiste  la 
vertu  contraire  :  il  doit  le  savoir ,  lui  qui  en  parle  toujours. 

D'ailleurs  nos  critiques  se  justifient  d'elles-mêmes,  étant 


PRÉFACE.  D 

toutes  appuyées  sur  des  citations.  De  cette  manière,  le  lecteur 
est  à  même  de  juger,  par  ses  propres  yeux ,  lequel  a  tort, 
lequel  a  raison,  de  nous  ou  de  MM.  Bescherelle. 

S'il  en  était  autrement,  l'on  serait  parfaitement  en  droit 
de  nous  blâmer;  car,  pour  ma  part,  toute  critique  qui  n'est 
pas  appuyée  sur  de  nombreuses  citations ,  je  la  récuse  avec 
mépris,  la  considérant  comme  un  tissu  de  mensonges  et  de 
calomnies ,  comme  l'expression  de  la  plus  basse  jalousie  , 
comme  l'acte  d'un  mauvais  cœur,  comme  le  fruit  vénéneux 
d'une  terre  empoisonnée.  A  bon  entendeur,  salut. 

En  fait  de  critique,  en  effet,  je  n'admets  que  la  manière 
dont  procède  Laharpe,  tant  décrié  par  nos  Laridons. 

Toutefois,  nous  serions  nous-mème  injuste  envers  les 
auteurs  de  la  Grammaire  Nationale,  si  nous  ne  nous  hâ- 
tions de  porter  à  la  connaissance  de  nos  lecteurs  la  seule 
chose  qui,  dans  leur  ouvrage,  nous  ait  vraiment  paru  digne 
d'éloges.  C'est  cette  définition  qu'ils  donnent  de  la  gram- 
maire : 

«  La  Grammaire  (1)  est  la  science  du  langage,  c'est- 
à-dire,  LA  science  des  SIGNES  DE  LA  PENSEE,  CONSIDÈRES 
DANS  LEURS  ELEMENTS  ,  LEURS  MODIFICATIONS  ET  LEURS 
COMBINAISONS. 

»  Cette  science  a  pour  objet  de  déterminer  les  diffé- 
rentes espèces  de  mots  qui  correspondent  aux  différentes 
espèces  d'idées  ;  d'indiquer  les  variations  que  les  mots 
subissent  dans  leurs  formes  pour  exprimer  les  diverses 

(1)  Du  grec  grainma ,  lettre  :  la  science  des  lettres  ,  et ,  par  extension  , 
la  science  du  langage.  Grammaire,  se  dit  aussi  d'un  livre  ou  sont  exposées 
les  règles  d'une  langue    du  langage.  La  Grammaire  de  Port-Royal.  (Acab. 

I     II  "1 


!'•  rilÉFACE. 

modifications  et  les  nuances  les  plus  délicates  de  la  pen- 
sée ;  enfin,  de  faire  connaître  les  rapports  des  mots  entre 
eux,  et  les  règles  d'après  lesquelles  ils  se  combinent  et  se 
réunissent  en  phrases  pour  rendre  les  combinaisons  des 
idées. 

»  Tous  les  hommes  doivent  étudier  cette  science,  puis- 
que tous  ils  sont  appelés  par  les  plus  pressants  besoins  à 
peindre  leurs  idées.  Elle  seule  peut  leur  dévoiler  les  mys- 
tères de  cette  peinture  merveilleuse  ,  source  des  plus 
grands  avantages  et  des  plus  doux  plaisirs  ;  elle  seule  peut 
leur  ouvrir  le  sanctuaire  des  sciences.  Et,  aujourd'hui  sur- 
tout que  le  don  de  la  parole  doit  assigner  un  rang  si  dis- 
tingué à  celui  qui  aura  su  le  cultiver  avec  le  plus  de  suc- 
cès, l'étude  approfondie  du  langage  prend  une  importance 
encore  plus  grande.  Cette  étude  est,  il  est  vrai ,  le  plus 
rude  exercice  de  l'esprit.  Mais  aussi  combien  ne  sert-il 
pas  à  le  fortifier  !  Il  n'est  pas  d'initiation  plus  puissante 
ni  plus  féconde  à  tous  les  travaux  qu'on  peut  entreprendre 
dans  la  suite.  C'est  là  la  base ,  le  fondement  de  toutes  les 
connaissances  humaines.  D'ailleurs,  n'est-il  pas  du  de- 
voir de  tout  être  pensant  de  chercher  à  se  rendre  compte 
de  la  valeur  précise  de  sa  parole ,  de  la  connaître  dans 
toute  son  intégrité,  de  savoir  ce  qui  la  fait  vivre  ?  Autre- 
ment, il  est  pour  lui-même  une  énigme  indéchiffrable,  puis- 
qu'il ignore  la  nature  des  procédés  dont  il  fait  usage  à 
cet  égard. 


PKÉFACE.  M 


Les  siJiii  sermonis  ,  lingitaniin  ré- 
gula certa;  qui  me  non  didiscit,  cœlera 
niiUa  petat.  (Bacok.) 


<i  J  e  suis  la  loi  du  discours,  la  règle 
«infaillible  des  langues;  qui  m'ignore 
«doit  renoncer  à  rien  savoir.  » 


»  La  Grammaire  admet  deux  sortes  de  principes  :  les 
uns  sont  d'une  vérité  immuable  et  d'un  usage  universel  ; 
ils  tiennent  à  la  nature  de  la  pensée  même  ;  ils  en  suivent 
l'analyse  ,  ils  n'en  sont  que  le  résultat.  Les  autres  n'ont 
qu'une  vérité  hypothétique  et  dépendante  de  conventions 
libres  et  variables ,  et  ne  sont  d'usage  que  chez  les  peuples 
qui  les  ont  adoptés  librement ,  sans  perdre  le  droit  de  les 
changer  ou  de  les  abandonner ,  quand  il  plaira  à  l'usage 
de  les  modifier  ou  de  les  proscrire.  Les  premiers  consti- 
tuent la  Grammaire  générale  ;  les  autres  sont  l'objet 
des  diverses  Grammaires  particulières. 

»  Ainsi  ,  la  Grammaire  générale  est  la  science  rai- 
sonnée  des  principes  immuables  et  généraux  de  la  parole 
prononcée  ou  écrite  dans  toutes  les  langues. 

»  Et  la  GRAMMAmE  PARTICULIÈRE  (1),  l'art  de  faire  con- 
corder les  principes  immuables  et  généraux  de  la  parole 
prononcée  ou  écrite,  avec  les  institutions  arbitraires  et 
usuelles  d'une  langue  particulière. 

»La  Grammaire  générale  est  une  science,  parce  qu'elle 
n'a  pour  objet  que  la  spéculation  raisonnée  des  principes 
immuables  et  généraux  de  la  parole;  une  Grammaire 

(1)   Il  Faudrait,  Et  une  Grammaire  par  lieu  Hère. 


i  2  IMIÉI' \CK. 

particulière  est  un  art,  parce  qu'elle  envisage  Tapplica- 
tion  pratique  des  principes  généraux  de  la  parole  aux 
institutions  usuelles  et  arbitraires  d'une  langue  particu- 
lière (  i  ) .  » 

Et,  maintenant,  sans  plus  de  préambules,  j'aborde  net- 
tement la  question  que  vous  m'avez  soumise. 

Agréez,  etc. 

LÉGER  NOËL, 


(1)  Admirez  ma  candeur,  mon  ingénuité.  Ce  passage  dont  nous  faisions» 
gloire  à  MM.  Bescherelle  ,  voilà  que  nous  le  retrouvons  mot  pour  mot  dans 
Girault-Duvivier,  qui  dit  l'avoir  emprunté  à  Douchet,  qui  lui-même  l'avait 
emprunté  à  Beauzée.  MM.  Bescherelle  ne  se  gênent  pas  plus  que  cela.  Ils 
ne  font  pas  plus  de  distinction  entre  leur  bien  propre  et  le  bien  d'autnii. 
Ainsi,  depuis  des  siècles,  les  grammairiens,  les  lexicographes,  ne  font 
donc  que  transvaser  et  retransvaser  les  mômes  vérité»,  les  mêmes  erreurs, 
sans  y  ajouter  l'ingrédient  d'une  idée,  sans  aboutir  à  autre  chose  qu'à  mê- 
ler, à  confondre  de  plus  en  plus  les  erreurs  avec  les  vérités  ,  au  lieu  de  les 
séparer,  de  les  distinguer  clairement,  de  les  précipiter,  au  moyen  de  la 
raison,  de  leur  dissolution  par  l'analyse.  Bien  oblige,  messieurs  les  gram- 
mairiens. 


GRAMMAIRE  FRANÇAISE, 


DEFINITION. 

La  Grammaire  française  est  l'art  de  parler  et  d'écrire 
en  français,  correctement,  c'est-à-dire,  d'une  manière 
conforme  à  l'usage. 

Pour  parler  et  pour  écrire  on  se  sert  de  mots;  les  mots 
sont  composés  de  syllabes,  et  les  syllabes  de  lettres, 

NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES. 

De  la  Parole. 

La  parole  est  l'attribut  exclusif  de  l'homme.  Le  mécanisme  par 
lequel  se  forme  la  parole  est  admirable.  L'air  chassé  des  poumons 
imprime  aux  lèvres  de  la  glotte  un  mouvement  de  vibration  qui 
produit  la  voix,  La  voix ,  en  passant  par  la  bouche,  s'y  modifie  de 
plusieurs  manières,  selon  le  plus  ou  le  moins  d'ouverture  de 
celle-ci,  et  produit  les  neuf  différents  sons  dont  elle  est  susceptible: 
huit  pleins,  représentés  généralement  par  les  caractères  suivants  : 
a,  è,  é,  '},  ij,  II,  cil,  un,  et  un  son  faible,  \e  jnuet\ 


I  '<  'iRAMMAJllE    FUANÇAISE. 

Un  son  (  I  )  n'est  donc  qu'une  émanation  pure  et  simple  de  la 
voix. 

Mais  chacun  de  ces  sons  est  a  son  tour  modifié  ou  par  le  nez,  ou 
par  la  langue,  ou  par  les  lèvres,  ou  par  le  palais,  et  devient  ainsi: 
Ou  nasal  :        An,  in,  on,  un. 
Ou  LINGUAL  :  La,  le,  /(?',  /e,  //,  lo,  lu,  leu,  lou. 

Na,  ne,  né,  ne,  ni,  no,  nu,  neu,  nou. 

Ra,  rè,  ré,  re,  ri,  ro,  ru,  reu,  rou. 

Da,  de,  dé,  de,  di,  do,  du,  deu,  don. 

Ta,  tè,  té,  te,  ti,  to,  tu,  teu,  tou. 

Ja,jè,jé,je,j'i,jo,  ju,  jeu,jou ,   etc. 
Ou   LABIAL  :    Ba,  hè,  hé,  he,  hi,  ho,  hu,  heu,  hou. 

Pa,  pè,  pé,  pe,  pi,  po,  pu,  peu,  pou. 

Fa,  fè,fé,fe,  fi,  fo,fuJeu,fou . 

f'V/,  c'è,  vé,  oe,  oi,  oo,  vu,  oeu,  oou. 

Ma,  mè,  mé,me,  mi,  mo,  mu,  meu,  mou. 
OVi  palatal  :    Ca,  kè,  ké,  ke,  ki,  co,  eu,  keu,  cou. 

^«;  ê'"è,  gué,  gue,  gui,  go,  gu,  gueu,  gou. 

Ces  diverses  modiûcations  du  son  ,  produites  par  les  organes  de 
la  parole,  s'appellent  Articulations.  Ainsi  a  est  un  son;  mais  h  et  d, 
dans  ha  et  da,  sont  des  articulations,  parce  que  le  mouvement  des 
lèvres  en  prononçant  h,  et  celui  de  la  langue  en  prononçant  d,  af- 
fectent le  son  a  de  manière  a  le  transmettre  à  l'oreille  d'une  ma- 
nière différente. 

Les  sons  ainsi  modifiés,  principalement,  comme  on  le  voit,  par 
le  mouvement  des  lèvres  et  de  la  langue,  sont  dits  sons  articulés; 
les  sons  simples,  comme  a,  é,  i,  sont  des  sons  inarticulés. 

Pour  ce  qui  est  des  sons  an,  in,  on,  un,  grand  tumulte  parmi  les  gram- 
mairiens à  leur  occasion.  Le  son  nasal  est-il  un  son  articulé  ou  ne  l'est-il 
pas  ?  voilà  la  question.  Dangeau  dit  oui,  d'Olivet  dit  non,  moi  je  dis  oui 
et  non.  Nous  en  reparlerons. 

Or,  telle  est  tout  entière  la  gamme  de  la  parole.  C'est  a  l'aide  de 
ce  petit  nombre  de  sons,  que  l'homme  parvient  a  exprimer  de  mille 

(1)  ïouslesgrammairiens  et  l'Académie  elle-même  disent  son  ou  voix.  Pour 
nous,  nous  croyons  utile,  même  nécessaire,  de  distinguer  entre  sonclvoix. 


NOTES  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  ^  ri 

manières  toutes  ses  idées,  quelque  infinies  qu'elles  soient.  C'est  de 
ce  petit  nombre  de  sons  que  viennent  toutes  les  langues;  c'est  à 
ces  sons  qu'elles  se  réduisent,  quelque  différentes  qu'elles  puissent 
être  ;  car,  comme  dit  Levizac  ,  celte  diversité  ne  vient  pas  d'une 
différence  dans  la  nature  des  sons  ,  mais  de  la  différence  que  les 
hommes  ont  mise  dans  la  combinaisons  de  ces  sons. 

Parler  c'est  donc  articuler  des  sous,  qui,  combinés  ensemble, 
forment  des  mots,  et  expriment  des  idées.  La  parole  résulte  donc 
principalement  de  l'action  de  la  langue  et  des  lèvres  sur  la  voix  à 
son  passage  dans  la  bouche.  Ce  qui  a  fait  dire  que  la  voix  huvmine 
est  a/>  dans  la  trachée-artère,  son  dans  la  glotte,  et />aro/e  dans 
la  bouche. 

Des  Lang^nes. 

L'ensemble  des  termes  et  des  façons  de  parler  dont  se 
servent  les  différents  peuples,  se  nomme  Lanywe. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  l'origine  des  langues;  mais  les  nom- 
breuses dissertations  des  érudits  n'ont  pu  nous  conduire  à  savoir 
quelle  était  la  langue  primitwe.  Les  premiers  hommes  avaient-ils 
un  langage  qu'ils  eussent  reçu  avec  la  vie,  ou  est-ce  le  besoin,  ce 
grand  inventeur,  qui  leur  en  a  suggéré  un?  Rien  de  plus  con- 
forme à  la  saine  raison  que  de  penser  que  Dieu ,  après  avoir  créé 
l'homme  et  la  femme,  leur  donna  un  langage  au  moyen  duquel  ils 
pussent  se  communiquer  les  impressions  qui  durent  nécessairement 
envahir  leur  âme  au  sortir  du  néant,  et  que  chaque  objet  multi- 
pliait en  eux.  Au  dire  des  grammairiens,  «  les  hommes  ne  purent 
»  d'abord  correspondre  entre  eux  que  par  des  cris  ,  se  faire  entendre  que 
n  par  des  gestes.  Mais  lorsqu'ils  eurent  contracté  quelque  habitude  d'être 
»  ensemble  ,  les  cris  produisant  aussi  des  sons ,  ils  durent  se  servir  de 
»  ces  sons  pour  représenter  les  objets,  pour  se  les  indiquer  les  uns  aux 
"  autres  ,  pour  exprimer  leurs  besoins  sans  cesse  renaissants.  »  Celte 
doctrine,  longuementdéveloppée  par  les  auteurs  delà  Grammaire 
Nationale ,  est  tout  a  fait  antireligieuse.  Ou  vous  croyez  que 
l'homme  fut  formé  de  la  manière  que  nous  l'enseigne  la  sainte 
Ecriture,  on  vous  n'y  croyez  pas.   Dans  le  premier  cas,  corn- 


it*'  CUAMMATRE    FRANÇAISE. 

ment  supposer  que  Dieu ,  après  avoir  répandu  sur  cette  argile  le 
souffle  de  la  vie,  après  avoir  uni  a  ce  corps  une  âme  raisonnable, 
après  avoir  doué  sa  créature  de  la  faculté  de  penser  et  de  sentir,  la 
laissa  privée  de  la  faculté  d'exprimer  ses  pensées  et  ses  sentiments? 
Comment  supposer  que  le  Seigneur,  qui  parla  au  premier  homme 
et  à  la  première  femme,  ne  leur  avait  pas  donné,  avec  la  voix, 
une  parole  pour  lui  répondre?  Ah!  sans  doute,  entendant  une 
voix  inconnue,  Adam  répondit: 

0  Qui  m'appeUe  î  —  Celui  qui  te  fit  de  ses  mains. 

—  Qui  suis-je  ?  —  Tu  seras  le  père  des  humains. 

—  Ce  ciel  est-ce  encor  moi  ?  Cette  image  qui  passe. 
Cette  ombre  sous  mes  pieds,  qui  décline  et  s'efface, 
Est-ce  moi  î  toujours  moi  qui  partout  me  poursuis? 
Dans  ce  nuage  errant  est-ce  moi  qui  me  fuis  ? 

Moi  qui  dans  l'air  répands  celte  âme  matinale  ? 
Moi,  dans  ee  long  soupir  que  chaque  chose  exhale  ? 

—  Tu  n'es  pas  seul  au  monde.  —  Une  voix  !  une  voix 
Des  roseaux  s'échappant  a  grandi  dans  les  bois. 
Mon  oreille  a  saisi  la  parole  envolée. 

Loin  de  moi  qui  m'appelle  ?  Est-ce  ma  voix  ailée  î 

Est-ce  la  voix  de  l'aigle  ?  ou  ,  fille  du  vallon  , 

L'haleine  du  torrent  qui  parle  à  l'aquilon  ? 

Ou  la  voix  des  grands  lis  à  la  bouche  argentée  ? 

Ou  l'arbre  aux  bras  tendus  ?  —  C'est  moi.  C'est  Jèhovah  ! 

—  O  son  doux  à  l'oreille  !  O  terre ,  si  c'est  toi , 
Si  c'est  toi  ,  ciel  ouvert,  qui  t'abaisses  sur  moi , 
Mon  oreille  t'écoute  et  déjà  mon  œil  l'aime. 

Où  courir?  où  rester?  où  me  chercher  moi-même  ? 
Si  c'est  toi ,  vaste  mer,  autre  ciel  sans  repos, 
Reçois- moi  dans  la  source  ,  ainsi  qu'un  de  tes  flots  , 
Et  redis-moi  mon  nom.  —  Ton  nom  est  Adam. . . 

—  D'un  autre  nom  que  moi  pourquoi  t'appelles-tu  ? 
N'es-tu  pas  sur  mon  front  le  rayon  descendu. 

Ma  voix  qui  me  répond ,  mon  âme  ,  mon  génie  , 
Des  mots  aux  ailes  d'or  l'invisible  harmonie  ? 
Si  mon  œil  peut  te  voir  et  ma  main  te  toucher, 
Parle  ,  dis-moi  comment ,  où  faut-il  te  chercher?. . . 
Un  monde  en  l'écoutant  est  né  dans  mon  esprit. 

—  Au  milieu  de  ton  cœur  c'est  l'ardente  pensée 
Que  déjà  ,  sous  l'argile  ,  à  longs  flots  j'ai  versée. 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  M 

Est-ce  à  toi  qu'appartient  ce  globe  de  lumière. 
Œil  des  cieux  qui  régit  l'univers  d'un  regard  î 
Jusqu'au  fond  de  mon  cœur  il  a  plongé  son  dard. 
Est-ce  toi ,  dans  tes  mains  ,  qui  possèdes  la  vie  , 
Le  doux  présent  du  jour,  le  parfum  d'ambroisie 
Que  chaque  créature  aspire  en  s'éveillant  î 

Mais  toi,  qui  t'a  vu  naître  f 
Quelle  argile  est  ta  mère  ,  et  qui  donc  est  ton  maître? 
—  Tout  obéit  à  Dieu.  »  (  Edgah  Qvinet.  ) 

Sans  doute,  en  ouvrant  les  yeux  à  la  lumière,  Eve  s'écria  à  son 
tour  : 

•  Salut,  cieux  embaumés  qui  venez  de  sourire  ! 
Salut,  mer  transparente  aux  longs  cheveux  d'argent! 

O  vallons,  ô  montagnes. 
Ruisseaux,  grottes,  salut!  Et  vous  ,  fleurs  ,  mes  compagnes, 
Oh!  dites,  qu'il  est  doux  de  vivre  et  de  fleurir  ! 
Mais  toi,  qui  donc  es-tu?  Frayeur  !  joie  inconnue  ! 
Je  te  vois,  si  le  jour  n'abuse  pas  mes  yeux. 
Ton  front,  comme  le  mien ,  se  lève  vers  les  cieux  , 
Et  ta  lèvre  connaît ,  quand  ton  esprit  la  guide  , 
Des  sons  pareils  à  ceux  dont  ma  lèvre  est  avide. 
Tes  cheveux  sur  ton  cou  respirent  ;  et  les  miens, 
Parle  vent  caressés,  vivent  comme  les  tiens. 
L'espérance  pour  moi  jaillit  de  ta  paupière.  , 

(Eogab  Quinbt.  ) 

L'hébreu  étant  la  plus  ancienne  langue  connue,  pourquoi  ne 
serait-ce  pas  l'idiome  dont  Dieu  aurait  doté  Adam  et  Eve?  Appa- 
remment que  les  hommes  n'en  connurent  point  d'autre  jusqu'au 
jour  où  Dieu ,  pour  punir  leur  orgueil ,  confondit  les  sons  dans 
leurs  bouches ,  et  les  obligea  de  se  séparer  en  autant  de  peuples 
que  de  celte  confusion  il  résulta  d'idiomes  différents. 

La  langue  ne  fut  point  changée;  au  fond,  les  mots  restèrent  les 
mêmes;  mais  chacun  se  mit  à  les  prononcer,  à  les  construire  d'une 
manière  différente;  en  sorte  qu'il  devint  impossible  de  s'entendre, 
et  le  vaste  monument  inachevé,  dont  l'ombre  gigantesque  rayait  la 
plaine  de  Sennaar ,  s'appela  Babel  ou  Confusion. 

Ce  n'est  qu'avec  le  temps  que  plusieurs  langues  s'éloignèrent  de 
leiir  origine  commune,  au  point  de  n'en  garder  aucune  trace. 


^8  GRAMMAIRE   FRAAÇAISE. 

On  évalue  à  deux  mille  le  nombre  des  langues  connues  : 

Langue  hébraïque.  Langue  latine.  Langue  française.  Langue  anglaise.  Lan' 
gués  du  midi.  Langues  du  nord.  Les  langues  du  midi  sont  filles  de  la  joie,  et 
les  langues  du  nord,  du  besoin.  (  J.  J.  Rousseau.)  Une  belle  tangue.  Une  lan- 
gue abondante,  riche,  féconde,  harmonieuse,  douce,  sonore.  Une  langue  stérile, 
pauvre,  rude,  dure ,  si  fiante  ,  sourde ,  barbare.  Langue  claire.  Lange  éner- 
gique, forte,  pompeuse.  Toutes  nos  tangues  modernes  sont  sèches ,  pauvres  et 
sans  harmonie  en  comparaison  de  celles  qu'ont  parlées  nos  premiers  maîtra, 
tes  Grecs  et  les  Romains.  {M OLTÀ.IRV..)  Enrichir ,  polir,  perfectionner,  épurer, 
purger  une  langue.  Fixer  une  langue.  Enfler  une  langue  de  mots  nouveaux , 
ta  délayer  dans  le  néologisme,  l'affaiblir,  l'altérer,  la  corrompre.  Appauvrir 
une  tangue.  Chez  toutes  les  nations  du  monde,  la  langue  suit  les  vicissitudes 
des  mœurs  et  se  conserve  ou  s'altère  rommeelles.  (  J.  -J.  Rousseau.)  Une  langue 
dégénérée,  corrompue.  La  richesse,  la  beauté,  la  politesse  d'une  langue.  La  pu- 
reté delà  langue.  Les  propriétés  de  ta  langue.  Les  circonstances  favorables  au 
développement  des  génies  se  rencontrent  chez  une  nation  dans  le  temps  où  sa 
tan  "ue  commence  à  avoir  des  principes  fixes  et  un  caractère  dcciVé  .(Condillac.) 
Le  génie  d'une  tangue,  le  caractère  propre  et  dislinclif  d'une  tangue.  Les  éty- 
ynologies,  les  dialectes,  la  grammaire,  la  syntaxe,  l'orthographe,  la  prosodie 
d'une  langue.  L'origine,  la  formation,  la  multiplication,  la  diversité  des  lan- 
gues. Étudier,  apprendre,  savoir  une  langue.  Oublier  une  langue.  Parler  bien 
une  langue. 

La  langue  est  l'arme  la  plus  sûre  pour  établir  une  domination 
durable,  et  les  grands  écrivains  sont  de  vrais  conquérants. 


Langue  primitive.  Celle  qu'on  suppose 
avoir  été  parlée  la  première. 

Langue  primitive  ou  originelle,  se  dit 
aussi  de  Celle  qu'on  suppose  ne  s'être  for- 
mée d'aucune  autre. 

Langue  mère  ou  matrice,  qui  ne  paraît 
dérivée  d'aucune  autre  et  dont  quelques 
autres  sont  dérivées.  L'hébreu  est  une  tan- 
"ue  mère.  Langue  dérivée,  formée  d'une 
autre. 

La  langue  italienne  s'est  formée  de  la  lan- 
gue latine. 

Langues  sémitiques.  Celles  qu'on  regarde 
comme  ayant  été  parlées  par  les  enfants 
de  Sem  et  par  leurs  descendants.  Les  lan- 
gues sémitiques  sont  l'hébreu,  l'arabe,  le  sy- 
riaque. 

Langue  morte.  Celle  qu'un  peuple  a 
parlée,  mais  qui  n'existe  plus  que  dans  les 


livres.  Layigue vivante,  Celle  qu'un  peuple 
parle  actuellement.  On  dit  dans  le  même 
sens,  Langue  ancienne  ou  savante  par  op- 
position à  Langue  moderne  ou  vulgaire. 

Les  principales  tangues  mortes  sont  l'hé- 
breu, le  grec  et  le  latin. 

Les  principales  langues  vivantes  sont  la 
français  ,  l'italien,  l'espagnol ,  l'anglais, 
l'allemand ,  et  quelques  autres  de  l'Orient. 

Laiiiiue  littérale,  se  dit  aussi  par  opposi- 
tion à  Langue  vulgaire  ou  moderne.  Le  grec 
littéral  est  fort  différent  du  grec  vulgaire, 
lisait  bien  l'arabe  littéral,  mais  il  n'entend 
pas  l'arabe  vulgaire.  On  ne  le  dit  que  du 
grec  et  de  l'arabe. 

Langues  orientales ,  Les  langues  mortes 
ou  vivantes  de  l'Asie  ;  telles  que  l'hébreu, 
le  syriaque,  le  clialdéen,  l'arabe,  le  persan, 
le  sanscrit ,  le  chinois.  Le  chinois   est  de 


-NOTlOiNS  PRELIMINAIRES  ET  FOiNDAMEISTALES. 


lu 


toutes  les  langues  la  fhis  difficile.  La  lan- 
gue chinoise  n'a  environ  i/ue  trois  cent 
trente-cinq  mots,  tous  d'une  syllabe,  dont  la 
signification  change  avec  le  ton,  et  pour  les- 
quels on  emploie  quatre-vingt  mille  carac- 
tères différents. 

Langue  hellénique.  Langue  grecque  an- 
cienne ou  littérale. 

Langue  hellénistique.  Langue  des  juifs 
grecs,  dans  laquelle  a  été  faite  la  version 
des  Septante. 

Langue  naturelle  ou  maternelle,  Celle  du 
pays  où  l'on  est  né,  par  opposition  à  Lan- 
gue étrangère ,  Celle  d'un  autre  pays. 

Langue  nationale.  Celle  que  parle  géné- 
ralement une  nation,  aussi  par  opposition 
à  Langue  étrangère. 

La  langue  sainte,  La  langue  hébraïque. 

Longue  sacrée.  Tonte  langue  dans  la- 
quelle sont  écrits  des  livres  qu'on  suppose 
inspirés  par  la  Divinité. 

Langue  Iraasposilive,  Celle  où   les  rap- 


ports des  mots  enti-e  eux  sont  indiqués  par 
leurs  terminaisons,  et  où,  par  conséquent, 
on  n'est  pas  oMigé  de  les  placer  selon  l'or- 
dre analytique  de  la  pensée.  Le  lalin ,  le 
grec,  sont  des  langues  iransposilives.  Les 
langues  iransposilives  admellcnt  des  inver- 
sions fréquentes.  Par  opposition,  Langue 
a7\alytique,(Zti\\e  où  la  génération  des  mots 
suit  celle  des  pensées.  Ze/rrtnca/ij  l'italien, 
sont  des  langues  analytiques. 

Langue  philosophique ,  Celle  où  la  géné- 
ration des  mots  suivrait  exactement  celle 
des  pensées,  où  il  n'y  aurait  ni  anomalies, 
ni  distinction  du  ])ropre  et  du  figuré,  etc. 

Langue  universelle.  Langue  qui  serait 
commune  à  tous  les  peuples.  Leibnilz  a 
conçu  le  projet  d'une  langue  universelle.  Le 
latin,  qui  est  su  des  gens  instruits  de  tous 
les  pays ,  est  une  espèce  de  langue  univer- 
selle. 

La  langue  poétique ,  la  langue  courante 
d'une  nation. 


C'est  parce  qu'une  langue  suppose  une  suite  de  pensées  que  les 
animaux  n'en  ont  point. 

Lang^ue  Française. 

La  langue  de  la  Gaule  était  la  langue  celtique,  qui  passe  pour  la 
mère  de  toutes  celles  qui  se  sont  parlées  et  se  parlent  encore  en  Eu- 
rope. 

Les  Romains,  devenus  maîtres  de  la  Gaule,  imposèrent  leur 
langue  a  cette  contrée.  Au  moyen  âge,  le  latin  devint  la  langue  des 
savants,  la  langue  universelle.  En  France,  tous  les  actes  furent 
écrits  en  latin  jusqu'en  -1 359. 

De  l'altération  progressive  de  la  langue  latine  se  forma  la  langue 
romane,  qui  devint  la  langue  vulgaire  au  septième  et  au  huitième 
siècle.  Cette  altération,  M.  Villemain  l'explique  par  l'introduction 
dans  la  langue  latine  de  mots  celtes  et  francs  avec  des  désinences 
latines,  et,  plus  tard,  la  suppression  de  ces  désinences,  devenues 
un  embarras,  parce  qu'on  ne  savait  plus  les  varier.  Le  roman  était 
universel  en  Gaule  au  dixième  siècle.  Il  paraît  môme  qu'on  le  par- 
lait en  Italie  et  en  Espagne,  où  il  était  appelé  ia/igi^e  limousine; 
mais  le  commerce  des  peuples  du  nord  de  la  Gaule  avec  les  Alle- 
mands amena  la   formation  do  deux  dialectes  dans  la  langue  ro- 


20  GRAMMAIllE    FRAAÇAISE. 

mane:  l'un ,  connu  sous  le  nom  de  Langue  d'oil,  parce  que  le  mol 
oui  s'y  disait  ail,  fut  celui  du  Nord  ;  l'autre,  connu  sous  le  nom  de 
Langue  duc,  parce  que  le  mot  oui  s'y  disait  oc,  resta  celui  du  Midi. 
Du  premier  est  né  la  langue  française  ;  le  second,  qui  n'était  autre 
que  la  véritable  langue  romane,  se  parle  encore  dans  les  contrées 
méridionales  de  la  France.  On  assigne  d'ordinaire  le  cours  de  la 
Loire  comme  limite  a  ces  deux  idiomes  dont  la  séparation  s'opéra 
au  dixième  ou  au  douzième  siècle. 

Le  plus  ancien  et  le  plus  authentique  monument  de  la  langue  ro- 
mane est  le  serment  de  Louis  le  Germanique,  frère  de  Karle  le 
Chauve.  Le  voici,  avec  une  traduction  littérale  en  regard  ,  tel  que 
nous  le  trouvons  dans  les  excellentes  Lettres  de  Thierry  sur 
l'histoire  de  France  : 


TEXTE. 

«  Pro  Deu  amor  et  pro  chrislian 
poblo  et  nostro  commun  salvament, 
dist  di  en  avant  iii  quant  Deussavir 
et  podir  me  dunat,  si  salvarai  io  cist 
meon  l'radre  Karlo,  et  in  adjiida  et 
in  cadhuna  cosa,  si  cuni  oui per dieit 
son  i'radre  salvar  dist,  in  o  quid  il 
mi  altiezi  fazet  ;  et  ab  Ludtier  nul 
plaid  nunqiiam  prindrai,  qui,  meon 
vol ,  cist  meon  fiadre  Karlo  ,  in 
damno  sit.  n 


TRADIICTION. 

«  Par  amour  de  Dieu  et  du  peuple 
chrétien,  et  parnotre  commun  salut, 
de  ce  jour  en  avant,  tant  que  Dieu 
me  donnera  de  savoir  et  pouvoir,  je 
sauverai  mon  frère  Karle,  et  l'aiderai 
en  chaque  chose,  comme  un  homme 
par  droit  doit  sauver  son  Frère,  parce 
qu'il  en  ferait  autant  pour  moi  ;  et  je 
ne  ferai  avec  Lothaire  aucun  traité, 
qui,  de  ma  volonté  ,  soit  dommagea- 
ble à  mon  frère  Karle.  » 


Au  dixième  siècle,  les  articles  commencent  à  se  former,  les  noms 
à  perdre  leurs  désinences  latines,  les  verbes  actifs  a  se  conjuguer, 
ainsi  que  le  verbe  estre ,  la  langue  française  enfin  a  se  dessiner 
légèrement  dans  la  brume  du  vieux  roman.  En  voici  un  exemple 
cité,  comme  le  précédent,  dans  l'excellent  traité  de  rhétorique  de 
M.  Bécart.  C'est  un  fragment  de  la  traduction  du  symi)ole  de  saint 
Âthanase : 


TEXTE  : 

<t  Kikumkes  vult  salf  estre,  devant 
totes  choses  besoing  est  qu'il  tieng- 
et  la  commune  fei;  la  quele  si  kaskun 
entière  e  neenl  mal  misme  ne  guar- 
dvrats  sans  dotance,pardurablement 
perirat.» 


tradpction: 
«  Quiconque  veut  être  sauvé, 
devant  loutts  choses  il  est  besoin 
qu'il  tienne  la  commune  foi  ;  la- 
quelle si  chacun  ne  garde  entière 
et  nullement  mélangée,  sans  doute 
à  jamais  il  périra.  » 


Au  treizième  siècle  les  progrès  de  la  langue  sont  déjà  très-mar- 
qviés,  comme  on  le  voit  dans  les  Ordonnances  de  suint  Louis,  et 


xNOTIOiNS  PRELL>11IN AIRES  ET  FONDAMENTALES.  21 

surtout  dans  son  édit  contre  les  blasphémateurs,  dont  voici  le  pre- 
mier paragraphe  : 

»  Si  aucune  personne  de  l'aage  de  quatorze  ans,  ou  de  plus,  fait  chose 
ou  dit  parole  en  jurant  ou  autrement ,  qui  tome  à  despit  de  Dieu,  ou  de 
Nostre-Dame  on  des  Sainz,  et  qui  fust  si  horrible  qu'elle  fut  vilaine  à  recor- 
der, il  poira  AO  livres  ou  moins,  niés  que  ce  ne  soit  moins  de  20  livres,  selon 
Testât  et  la  condition  de  la  personne,  et  la  manière  de  la  vilaine  parole  ou 
du  vilain  fait;  et  à  ce  sera  contraint,  se  mestier  (si  besoin)  est  :  et  si  il 
étoit  si  poure  qu'il  ne  peust  poyer  la  poine  dessus  dite,  ne  n'eust  autre  que 
pour  li  la  voussist  {voulût)  poyer,  il  seia  mis  en  l'eschielle  l'erreure  d'une 
luye  {l'espace  d'une  lieue,  une  heure  du  Jour)  en  lieu  de  notre  justice...  et 
puis  sera  mis  en  la  prison  pour  six  jours  ou  pour  huit  jours  au  pain  et  à  l'eau.» 

Voici  un  échantillon  de  la  poésie  du  quatorzième  siècle: 

Bien  vous  puis  de  cetui  tant  dire 
Qu'il  ne  savoit  chanter  ne  lire  , 
En  romantier  ,  chartre  ne  brief; 
Se  ne  savoit  longue  ni  brief; 
Une  Messe  sans  plus  savoit. 
Salve  sancta  parens,  qu'avoit 
Aprise  d'enfance  et  d'usage  , 
N'en  karesme,  ne  en  charnage  , 
Na  Pentecosle,  na  Noël, 
Ne  chantast  ia  nul  for  el  ; 
C'était  touziors  touz  ses  efibrz 
Et  por  les  vifs  et  por  les  morz. 

Les  vers  de  Villon,  au  quinzième  siècle,  sont  pleins  de  tours 
et  d'expressions  encore  usitées  aujourd'hui.  On  y  voit  poindre  la 
langue  si  vive,  si  originale,  de  Marot,  de  Voiture,  de  Sarrazin,  de 
La  Fontaine. 

Villon  ne  se  piquait  pas  d'être  né  de  parents  nobles  et  riches  ; 
aussi  dit-il  : 

Pauvre  je  suis  dès  ma  jeunesse, 

De  pauvre  et  petite  extrace. 

Mon  père  n'eut  onc  grande  richesse, 

Ne  son  ayeul  nommé  Erace. 

Pauvreté  tous  nous  suit  et  trace  ; 

Sur  les  tombeaux  de  mes  ancestres 

(Les  âmes  desquels  Dieu  embrasse  ) 

On  n'y  voit  couronnes  ne  sceptres.     [Cité  par  M.  Bccart.) 


'Il  CHAM.M.UIŒ    rUAXjAISE. 

Sainl-Gelais  écrivait  déjà,  au  commencement  du  seizième  siècle, 
des  vers  d'une  pureté  remarquable.  Voici  un  échantillon  de  sa 
poésie  : 

Toi  qui  es  n^cevcur  du  Roi , 

Ou  du  Daupliin  ,  si  tu  nie  crois. 

Reçois  avant  que  tu  écrives  , 

Ecris  avant  que  tu  délivres. 

De  recevoir  fais  diligence 

Et  fais  tardive  délivrance. 

Prends  acquis  qui  soient  bien  valables; 

Payes  en  paroles  aimables  , 

En  tes  clercs  pas  tant  ne  te  fies  , 

Qu'à  voir  souvent  tes  faits  oublies. 

Sois  moult  diligent  à  compter, 

Et  tu  pourras  plus  baut  monter.  (  Cité  par  le  même.) 

C'est  au  seizième  siècle,  dit  M.  Victor  Hugo ,  que  la  langue  fran- 
çaise a  commencé  à  devenir  la  langue  la  plus  littéraire  de  l'Eu- 
rope. 

Sur  une  question  aussi  importante  nous  n'oserions  nous  mettre 
à  la  place  du  poète ,  et  nous  allons  le  laisser  parler  sans  l'inter- 
rompre : 

«  On  peut  dire  de  la  langue  française  au  seizième  siècle,  »  con- 
tinue M.  Victor  Hugo,  «  que  c'est  tout  à  fait  une  langtie  de  la 
»  renaissance.  Au  seizième  siècle  l'esprit  de  la  renaissance  est  par- 
»  tout,  dans  la  langue  comme  dans  tous  les  arts.  Le  goût  romain-by- 
»  zantin.  que  le  grand  événement  de  14S4  a  fait  refluer  versl'Occi- 
»  dent,  et  qui  avait  par  degrés  envahi  Tllalie  dès  la  seconde  moitié 
»  du  quinzième  siècle,  n'arriva  guère  en  France  qu'au  commence- 
»  ment  du  seizième;  mais  à  l'instant  même  il  s'empare  de  tout,  il 
»  fait  irruption  partout ,  il  inonde  tout.  Rien  ne  résiste  au  flot.  Ar- 
»  chitecture,  poésie,  musique,  tous  les  arts,  toutes  les  études,  toutes 
»  les  idées,  jusqu'aux  ameublements  et  aux  costumes,  jusqu'à  la 
»  législation,  jusqu'à  la  théologie,  jusqu'à  la  médecine,  jusqu'au 
»  blason  ,  tout  suit  pêle-mêle  et  s'en  va  à  vau-l'eau  sur  le  torrent 
»  de  la  renaissance.  La  langue  est  une  des  premières  choses  at- 
»  teintes;  en  un  moment  elle  se  remplit  de  mots  latins  et  grecs; 
»  elle  déborde  de  néologismes  ;  son  vieux  sol  gaulois  disparaît  pres- 
»  que  entièrement  sous  un  chaos  sonore  de  vocables  homériques  et 


NOTIONS  PBÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  2.> 

virgiliens.  A  celte  époque  d'enivrement  et  d'enthousiasme  pour 
l'antiquité  lettrée,  la  langue  française  parle  grec  et  latin  comme 
l'architecture,  avec  un  désordre,  un  embarras  et  un  charme  in- 
finis; c'est  un  bégaiement  classique  adorable. 
»  Moment  curieux  !  C'est  une  langue  qui  n'est  pas  faite ,  une 
langue  sur  laquelle  on  voit  le  mot  grec  et  le  mot  latin  à  nu,  comme 
les  nerfs  et  les  veines  sur  l'écorché.  Et  pourtant  cette  langue  qui 
n'est  pas  faite  est  une  langue  souvent  bien  belle;  elle  est  riche, 
ornée,  amusante,  copieuse,  inépuisable  en  formes,  haute  en 
couleur  ;  elle  est  barbare  à  force  d'aimer  la  Grèce  et  Rome  :  elle  est 
pédante  et  naïve.  Observons  en  passant  qu'elle  semble  parfois 
chargée,  bourbeuse  et  obscure.  Certes,  ce  n'est  pas  sans  troubler 
profondément  la  limpidité  de  notre  vieil  idiome  gaulois,  que  ces 
deux  langues  mortes,  le  grec  et  le  latin  ,  y  ont  si  brusquement 
vidé  leurs  vocabulaires.  Chose  remarquable  et  qui  s'explique  par 
tout  ce  que  nous  venons  de  dire,  pour  ceux  qui  ne  comprennent 
que  la  langue  courante ,  le  français  du  seiziè  me  siècle  est  moins 
intelligible  que  le  français  du  quinzième.  Pour  cette  classe  de  lec- 
teurs, Brantôme  est  moins  clair  que  Jean  de  Troyes. 
»  Au  commencement  du  dix-septième  siècle,  cette  langue  trouble 
et  vaseuse  subit  une  première  fdtration:  opération  mystérieuse, 
faite  tout  à  la  fois  par  les  années  et  par  les  hommes ,  par  la  foule 
et  par  le  lettré, par  les  événements  et  par  les  livres,  par  les  mœurs 
et  parles  idées;  qui  nous  donne  pour  résultat  l'admirable  langue 
de  P.  Mathieu  et  de  Mathurin  Régnier,  qui  sera  plus  tard  celle 
de  Molière  et  de  La  Fontaine,  et  plus  tard  encore  celle  de  Saint- 
Simon.  Si  les  langues  se  fixaient,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  la  langue 
française  aurait  dû  en  rester  là.  C'était  une  belle  langue  que  cette 
poésie  de  Régnier ,  que  cette  prose  de  Mathieu  !  C'était  une  lan- 
gue déjà  mûre  ,  et  cependant  toute  jeune ,  une  langue  qui  avait 
les  qualités  les  plus  contraires,  selon  le  besoin  du  poëte;  tantôt 
ferme,  adroite,  svelte  ,  vive,  serrée,  étroitement  ajustée  sur  l'in- 
tention de  l'écrivain ,  sobre ,  austère ,  précise  ,  elle  allait  à  pied 
et  sans  images  et  droit  au  but;  tantôt  majestueuse,  lente  et  toute 
empanachée  de  métaphores  ,  elle  tournait  largement  autour  de  la 
pensée  comme  les  carrosses  à  huit  chevaux  dans  un  carrousel.  C'é- 
tait une  langue  élastique  et  souple,  facile  à  nouer  et  à  dénouer  au 
gré  de  toutes  les  fantaisies  de  la  période  ,  une  langue  toute  moirée 
de  figures  et  d'accidents  pittoresques  ;  une  langue  neuve,  sans  au- 


24  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

»  cun  mauv.iis  pli ,  qui  prenail  niervcilleiisemenl  la  forme  de  l'i- 
»  dée  ,  et  qui ,  par  moments  ,  flottait  quelque  peu  à  l'enlour,  autant 
)i  qu'il  le  fallait  pour  la  grâce  du  style.  C'était  une  langue  pleine 
)'  de  fières  allures ,  de  propriétés  élégantes,  de  caprices  amusants; 
v  commode  et  naturelle  à  écrire  ;  donnant  parfois  aux  écrivains  les 
«  plus  vulgaires  toutes  sortes  de  bonheurs  d'expressions  qui  fai- 
»  saient  partie  de  son  fonds  naturel.  C'était  une  langue  forte  et  sa- 
»  voureuse,  tout  à  la  fois  claire  et  colorée,  pleine  d'esprit,  excel- 
»  lente  au  goût,  ayant  bien  la  senteur  de  ses  origines,  très-française, 
)>  et  pourtant  laissant  voir  distinctement  sous  chaque  mot  sa  racine 
»  hellénique,  romaine  ou  castillane;  une  langue  calme  et  transpa- 
»  rente,  au  fond  de  laquelle  on  distinguait  nettement  toutes  ces  ma- 
»  gnifiques  étymologies  grecques ,  latines  ou  espagnoles ,  comme 
»  les  perles  et  les  coraux  sous  l'eau  d'une  mer  limpide. 

»  Cependant,  dans  la  deuxième  moitié  du  dix-septième  siècle ,  il 
»  s'éleva  une  mémorable  école  de  lettrés  qui  soumit  à  un  nouveau 
»  débat  toutes  les  questions  de  poésie  et  de  grammaire  dont  avait 
»  été  remplie  la  première  moitié  du  même  siècle ,  et  qui  décida 
»  pour  Malherbe  contre  Régnier.  La  langue  de  Régnier ,  qui  sem- 
»  blait  encore  très-bonne  à  Molière,  parut  trop  verte  et  trop  peu 
»  faite  à  ces  sévères  et  discrets  écrivains.  Racine  la  clarifia  une  se- 
»  conde  fois  »  et  l'éleva,  avec  le  concours  de  Boileau ,  h  ce  haut  de- 
gré de  clarté  et  de  pureté  qu'on  admire  avec  tant  de  raison  dans 
les  bons  écrivains  de  cette  époque. 

Mais,  continue  M.  Victor  Hugo,  «  Cette  distillation,  beaucoup  plus 
»  artificielle  que  la  première,  beaucoup  plus  littéraire  et  beaucoup 
D  moins  populaire ,  n'ajoute  à  la  pureté  et  à  la  limpidité  de  l'idiome 
»  qu'en  le  dépouillant  de  presque  toutes  ses  propriétés  savoureuses 
»  et  colorantes,  et  en  le  rendant  plus  propre  désormais  à  l'abstrac- 
»  tionqu'à  l'image  ;  toutefois  il  est  impossible  de  s'en  plaindre  quand 
»  on  songe  qu'il  en  est  résulté  Britannicus ,  Esther  et  Athalie; 
»  œuvres  belles  et  graves,  dont  le  style  sera  toujours  religieuse- 
»  ment  admiré  de  quiconque  acceptera  avec  bonne  foi  les  condi- 
»  tions  sous  lesquelles  il  s'est  formé. 

B  Toute  chose  va  à  sa  fin.  Le  dix-huitième  siècle  filtra  et  tamisa 
»  la  langue  une  troisième  fois.  La  langue  de  Rabelais ,  d'abord 
»  épurée  par  Régnier  ,  puis  distillée  par  Racine ,  acheva  de  déposer 
X  dans  l'alambic  de  Voltaire  les  dernières  molécules  de  la  vase  na- 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  2) 

»  taie  du  seizième  siècle.  De  là  celte  langue  du  dix-huitième  siècle, 
»  parfaitement  claire,  sèche,  dure,  neutre,  incolore  et  insipide, 
»  langue  admirablement  propre  à  ce  qu'elle  avait  à  faire  ,  langue 
»  du  raisonnement  et  non  du  sentiment,  langue  incapable  de  co- 
»  lorer  le  style ,  langue  encore  souvent  charmante  dans  la  prose, 
»  et  en  même  temps  très-haïssable  dans  le  vers,  langue  de  philo- 
»  sophes,  enun  mot,  et  non  de  poëtes.  Car  la  philosophie  du  dix- 
»  huitième  siècle ,  qui  est  l'esprit  d'analyse  arrivé  à  sa  plus  cora- 
»  plète  expression,  n'est  pas  moins  hostile  à  la  poésie  qu'à  la  reli' 
»  gion.  Voltaire  ne  se  hérisse  pas  moins  devant  Homère  que  devant 
»  le  pape. 

»  Au  dix-neuvième  siècle,  un  changement  s'est  fait  dans  les  idées 
»  à  la  suite  du  changement  qui  s'est  fait  dans  les  choses.  Les  esprits 
»  ont  déserté  cet  aride  sol  voltairien,  sur  lequel  le  soc  de  l'arts'ébré- 
»  chait  depuis  longtemps  pour  de  maigres  moissons.  Au  vent  philoso- 
»  phique  a  succédé  un  souffle  religieux ,  à  l'esprit  d'analyse  l'esprit 
»  de  synthèse  ,  au  démon  démolisseur  le  génie  de  la  reconstruction. 
»  Il  est  apparu  des  hommes  doués  de  la  faculté  de  créer,  et  ayant 
»  tous  les  instincts  mystérieux  qui  tracent  son  itinéraire  au  génie, 
î  Ces  hommes  que  nous  pouvons  d'autant  plus  louer  que  nous 
»  sommes  personnellement  bien  éloigné  de  prétendre  à  l'honneur 
»  de  figurer  parmi  eux ,  ces  hommes  se  sont  mis  à  l'œuvre.  L'art 
»  qui,  depuis  cent  ans,  n'était  plus  en  France  qu'une  littérature  , 
»  est  redevenu  une  poésie. 

»  Au  dix-huitième  siècle  il  avait  fallu  une  langue  philosophique, 
»  au  dix-neuvième  il  fallait  une  langue  poétique. 

»  C'est  en  présence  de  ce  besoin  que ,  par  instinct  et  presque  à 
»  leur  insu  ,  les  poëtes  de  nos  jours,  aidés  d'une  sorte  de  sympa- 
»  thie  "et  de  concours  populaire  ,  ont  soumis  la  langue  à  cette 
»  élaboration  radicale  qui  était  si  mal  comprise  il  y  a  quelques 
»  années  ,  qui  a  été  prise  d'abord  pour  une  levée  en  masse  de  tous 
»  les  solécismes  et  de  tous  les  barbarismes  possibles ,  et  qui  a  si 
»  longtemps  fait  taxer  d'ignorance  et  d'incorrection  tel  pauvrejeune 
»  écrivain  consciencieux,  honnête  et  courageux  ,  philologue  comme 
»  Dante  en  même  temps  que  poëte  ,  nourri  des  meilleures  études 
»  classiques,  lequel  avait  peut-être  passé  sa  jeunesse  à  ne  rempor- 
»  ter  dans  les  collèges  que  des  prix  de  grammaire. 

»  Les  poëtes  ont  fait  ce  travail ,  comme  les  abeilles  leur  miel,  en 
»  songeant  à  autre  chose ,  sans  calcul,  sans  préméditation,  sans 

T,  II.  4 


20  GR.\MMAIT\F.    FRANÇAISE. 

)i  sylcme,  mais  avec  la  rare  et  naturelle  inlelligencc  des  abeilles  et 
»  des  poêles. 

»  Il  fallait  d'abord  colorer  la  langue,  il  fallait  lui  faire  reprendre 
»  du  corps  et  de  la  saveur;  et  nous  ne  pensons  pas  qu'on  ait  eu 
»  tort  de  faire  infuser  Ronsard  dans  cet  idiome  affadi  par  Dorât. 

»  T/opération  d'ailleurs  s'est  accomplie  ,  on  le  voit  bien  mainte- 
»  nant ,  selon  les  lois  grammaticales  les  plus  rigoureuses.  La  langue 
»  a  été  retrempée  à  ses  origines,  voilà  tout.  Seulement ,  et  encore 
»  avec  une  réserve  extrême,  on  a  remis  en  circulation  un  certain 
»  nombre  d'anciens  mots  nécessaires  ou  utiles.  Nous  ne  sachons 
»  pas  qu'on  ait  fait  des  mots  nouveaux.  Or,  ce  sont  les  mots  nouveaux, 
I)  les  mots  inventés,  les  mots  faits  artificiellement,  qui  détruisent  le 
»  tissu  d'une  langue.  On  s'en  est  gardé.  Quelques  mots  frustes  (1) 
»  ont  été  refrappés  au  coin  de  leurs  étymologies.  D'autres,  tombés 
»  en  banalité,  et  détournés  de  leur  vraie  signification  ,  ont  été  ra- 
T)  massés  sur  le  pavé  et  soigneusement  replacés  dans  leur  sens 
»  propre. 

»  De  toute  cette  élaboration ,  dont  nous  n'indiquons  ici  que  quel- 
»  ques  détails  pris  au  hasard, etsurtout  du  travail  simultané  de  toutes 
»  les  idées  particulières  à  ce  siècle  (car  se  sont  les  idées  qui  sont  les 
»  vraies  et  souveraines  faiseuses  de  langues),  il  est  sorti  une  langue 
»  qui,  selon  le  besoin  de  celui  qui  s'en  sert  ,  a  la  grâce  et  la 
■n  naïveté  des  allures  comme  au  seizième  siècle ,  la  fierté  des  tour- 
»  nures  et  la  phrase  à  grands  plis  comme  au  dix-septième  siècle, 
))  le  calme ,  l'équilibre  et  la  clarté  comme  au  dix-huitième  ;  langue 
»  propre  à  ce  siècle ,  qui  résume  trois  formes  excellentes  de  notre 
»  idiome ,  sous  une  forme  plus  développée  et  plus  complète ,  et 
»  avec  laquelle  aujourd'hui  l'écrivain  qui  en  aurait  le  génie  pour- 
»  rait  sentir  comme  Rousseau ,  penser  comme  Corneille  ,  et  peindre 
»  comme  Mathieu. 

»  Cette  langue  est  aujourd'hui  à  peu  près  faite.  Comme  prose , 
»  ceux  qui  l'étudient  dans  les  notables  écrivains  qu'elle  possède 
»  déjà,  et  que  nous  pourrions  nommer  ,  savent  qu'elle  a  mille  lois 
»  à  elle ,  mille  secrets ,  mille  propriétés ,  mille  ressources  nées 
»  tant  de  son  fonds  personnel  que  de  la  mise  en  commun  du  fonds 
j)  des  trois  langues  qui  l'ont  précédée  et  qu'elle  multiplie  les  unes 


(1)  Expression  figurée  qui  se  dit,  an  propre,  d'nne  médaille,  d'une  mon- 
naie effacée,  altérée  ou  défectueuse  dans  sa  forme.  Médaille  fruste. 


NOTlOiNS  PARTICULIÈRES  ET  FONDAMEiMAIES.  27 

»  par  les  autres.  Elle  a  aussi  sa  prosodie  parliculière  el  toutes  sortes 
»  de  petites  règles  intérieures  connues  seulement  de  ceux  qui  pra- 
»  tiquent,  et  sans  lesquelles  il  n'y  a  pas  plus  de  prose  que  de  vers. 
D  Comme  poésie ,  elle  est  aussi  bien  construite  pour  la  rêverie  que 
»  pour  la  pensée,  pour  l'ode  que  pour  le  drame,  pour  la  comédie 
»  que  pour  la  tragédie.  Elle  a  été  remaniée  dans  le  vers  par  le 
1  mètre,  dans  la  prose  par  le  rhythme. 

»  De  là  une  harmonie  toute  neuve  ,  plus  riche  que  l'ancienne, 
»  plus  compliquée ,  plus  profonde  ,  et  qui  gagne  tous  les  jours  de 
»  nouvelles  octaves. 

»  Telle  est ,  avec  tous  les  développements  que  nous  ne  pouvons 
»  donner  ici  ànotre  pensée,  la  langue  que  l'arl  du  dix-neuvième  siècle 
»  s'est  faite ,  et  avec  laquelle  en  particulier  il  va  parler  aux  masses 
»  du  haut  de  la  scène.  Sans  doute  la  scène,  qui  a  ses  lois  d'optique 
»  et  de  concentration  ,  modifiera  cette  langue  d'une  certaine  façon, 
»  mais  sans  y  rien  altérer  d'essentiel.  11  faudra ,  par  exemple,  à  la 
»  scène  une  prose  aussi  en  saillie  que  possible ,  très-fortement 
»  sculptée,  très-nettement  ciselée,  ne  jetant  aucune  ombre  douteuse 
»  sur  la  pensée  ,  et  presque  en  ronde-bosse  ;  il  faudra  à  la  scène  un 
»  vers  où  les  charnières  soient  assez  multipliées  pour  qu'on  puisse 
»  le  plier  et  le  superposer  à  toutes  les  formes  les  plus  brusques  el 
»  les  plus  saccadées  du  dialogue  el  de  la  passion.  La  prose  en  re- 
»  lief ,  c'est  un  besoin  du  théâtre  ;  le  vers  brisé,  c'est  un  besoin  du 
»  drame  (1  ), 

(1)  Ce  besoin  n'est  contesté  par  aucun  homme  intelligent.  Il  ne  l'est  et 
ne  peut  l'être  que  par  cette  multitude  de  Lisldas  sans  cervelle  dont  parle 
M.  Tenint,  lesquels,  ayant  la  prétention  de  comprendre  Homère,  n'ad- 
mirent pas  Shakespeare;  esprits  étroits  qui  ne  savent  se  traîner  que  dans 
un  cercle  de  règles  absurdes. 

Nous  les  renvoyons  à  l'excellent  livre  de  M.  Wilbelm  Tenint ,  intitulé  ; 
Prosodie  de  l'Ecole  moderne,  auquel  le  Journal  des  Débats  devait  au  moins 
une  mention  aussi  honorable  que  celle  qu'il  a  accordée  à  la  Grammaire  Na- 
tionale, et  dont  il  s'est  bien  gardé  de  dire  un  seul  mot.  Telle  est  l'horreur 
du  Journal  des  Débats  pour  la  poésie ,  que  tout  ce  qui  lui  en  rappelle  seu- 
lement l'idée,  le  fait  frissonner.  Plutôt  mourir  d'une  indigestion  de  prose! 

a  En  poésie,»  dit  l'auteur  que  nous  citions  tout  à  l'heure,  «ou  l'on 
»  CHANTE  ou  l'on  PARLE.  Le  poëtc  cliantc  dans  l'ode,  dans  le  dithyrambe, 
»  dans  le  pcènie.  11  parle  dans  le  drame,  dans  la  comédie,  l'épître  et  la 
I)  fable.  De  là  nécessairement  deux  vers  bien  différents,  le  vers  intact  et  le 
»  vBBs  BRISÉ  ,  ou  bien  le  vers  chanté  et  le  vers  parlé.  L'un  ,  majestueux,  ne 
i>  cherchant  l'harmonie  que  dans  des  mesures  d'un  temps  égal,  aimant  la 
i>  pompe  et  l'ampleur,  les  épithètes  qui  font  image,  déployant  dans  toute 
»  son  étendue  la  large  envergure  de  ses  ailes ,  et  planant  toujours  dans  les 
»  hautes  sphères.  L'autre,  au  contraire,  brisé,  souple,  tout  à  l'action,  niu- 
»  sical  toujours,  mais  variant  sans  cesse  le  mode  de  son  harmonie,  sobre 


28  GIIAMMAIRE    FRANÇAISE. 

))  Ceci  une  fois  posé  el  admis  ,  nous  croyons  que  désormais  lous 
»  les  progrès  de  forme  sérieux  qui  seront  dans  le  sens  grammatical 

»  d'épithètes,  ne  disant  que  ce  qu'il  doit  dire;  celui-là  enfin  posé  à  terre 

»  et  repliant  ses  ailes,  mais  pour  les  ouvrir  parfois  à  l'essor  des  grandes  pen- 

»  se  es. 

»  Nous  citerons  comme  modèle  de  concision  et  de  simplicité,  ces  vers  de 

»  \  icior  Hugo  ,  dans  Marlon  Dctormc,  Nous  avons  soin  d'y  marquer  les  ce- 

»  sures  mobiles  ou  non  : 

Ecoutez-moi,  Marie. 
J'ai  pour  tout  nom  Didier.  —  Je  n'ai  jamais  connu 
Mon  père  ni  ma  mère.  — On  me  de'posa  nu. 
Tout  enfant,  sur  le  seuil  d'une  église.  — Une  femme. 
Vieille  et  du  peuple ,  — ayant  quelque  pitié  dans  l'âme. 
Me  prit,  fut  ma  nourrice  et  ma  mère,  —  en  chre'tien 
M'éleva  ,  —  puis  mourut,  me  laissant  tout  son  Lien  , 
Neuf  cents  livres  de  rente  ,  à  peu  près,  —  dont  j'existe. 
Seul  à  vingt  ans  ,  — la  vie  était  amère  et  triste. 
Je  voyageai.  —  Je  vis  ]es  hommes,  et  j'en  pris 
En  liaine  quelques-uns —  et  le  reste  en  mépris. 

»  Trente  vers  de  tragédie  ne  diraient  pas  autant.» 

Il  est  bien  entendu  toutefois,  comme  le  remarque  fort  bien  l'auteur  cité, 
que  le  drame  aussi  bien  que  la  tragédie  admet  généralement  le  vers  intact, 
et  que  le  vers  brisé  n'est  qu'une  exception  nécessaire.  On  ne  s'en  sert  que 
pour  arriver  à  la  concision  qu'exige  l'action  et  pour  ne  dire  jamais  un  mot 
de  trop. 

Voici  des  vers  (qu'on  nous  pardonne  de  nous  citer  nous-même),  des  vers 
que  nous  avons  faits  il  y  a  douze  ans,  à  une  époque  où,  plongé  encore  dans 
les  ténèbres  d'une  petite  ville  de  province,  nous  ne  connaissions  de  la  vaste 
révolution  littéraire  qui  s'opérait  alors  que  le  nom  de  Victor  Hugo,  reten- 
tissant parfois  à  nos  oreilles,  comme  y  avait  retenti,  dans  notre  enfance, 
le  nom  de  Napoléon.  Or,  ces  vers  sont  des  vers  brisés  : 

Eli  bien,  que  t'ai-jefait  pour  dissiper  mon  rêve  , 
Pour  que  ce  noir  nuage  à  l'horizon  s'élève, 
Et  s'épaississe  au  loin  sur  cette  plaine  d'or 
Et  d'azur  ,  —  oîi  mon  ame  abattait  son  essor.' 
Que  t'ai-jefait,  mon  Dieu,  pour  que  ta  main  sévère 
Contre  ta  créature  arme  tant  de  colère  ? 
Je  n'ai  point  blasphémé  ton  nom.  — Pour  te  prier 
Kos  deux  cœurs  s'unissaient ,  ô  mon  Dieu  !  —  L'oublier  ! 
Lui ,  dont  l'image  est  là  ,  qui  brille  dans  mon  âme  , 
Comme  un  rayon  dans  l'ombre,  en  souvenirs  de  (lanim*  ! 
Lui  que  je  vois  partout  !   lui  dont  j'entends  la  voix 
Si  douce  !  —  Lui  si  bon ,  l'homme  à  qui  je  me  dois 
Enfin  ;  —  car  j'ai  promis  (oui ,  je  nie  le  rappelle  , 
INous  étions  seuls,  la  nuit  ne  fut  jamais  plus  belle). 
J'ai  promis  que  mon  cœur  ne  battrait  que  pour  lui  ; 
Je  l'ai  juré.  —  Mon  Dieu  ,  faut-il  donc  qu'aujourd'hui 
Je  devienne  parjure  envers  celui  ([uc  j'aime, 
Fl  pour  qui  mon  amour  est  le  bonheur  suprême  ? 
Oh  !  rien  que  d'y  penser  ,  c'est  horrible  !  —  Pitié  ! 
Au  poteau  du  devoir  mou  destin  est  lié  : 
Il  faut  que  j'obéisse,  ou  je  serai  maudite. 
Kl  du  monde  à  jamais  honteusement  proscrite  ; 
Jl  faut  que  j'obéisse  à  mon  père  ;  —  demain 
11  faudra  que  j'accepte  un  époux  de  sa  main. 
Mon  Dieu  ,  ral)îme  est-il  assez  profond  !  —  que  faire  ! 
M'imposcr  !c  sourire  et  m'efforrcr  de  plaire  ; 


NOTIONS  PRÉLIMLNAUIES  ET  FOiNDAMENTALES.  29 

j>  de  la  langue  doivent  êlre  étudiés ,  applaudis  et  adoptés.  Et  qu'on 
»  ne  se  méprenne  pas  sur  notre  pensée  :  appeler  le  progrès  ce  n'est 

Sous  une  fausse  joie  élouffer  mon  chagriu, 
Rallumer  sur  mon  front  l'éclat  d'un  jour  serein  ; 
Dérision  cruelle  !  avec  la  mort  dans  l'âme , 
Chanter,  danser,  jouer  et  rire  ! —  Pauvre  femme  l 

Par  quel  instinct  secret  et  plus  fort  qtie  l'habitude  avais-jc  trouvé  celle 
forme  pour  ce  langage,  tandis  que  dans  l'ode,  par  exemple,  ma  pensée  ne 
jaillit  jamais  qu'en  alexandrins  de  mesure  égale,  sans  que  je  puisse  dire 
que  ma  volonté  y  est  pour  quelque  chose  ;  tant  cela  se  fait  mystérieusement 
et,  pourainsi  dire,  à  mon  insu.  Non  queje  prétende  avoir  fait  un  chef-d'œuvre, 
tant  s'v.a  faut  ;  mais  je  suis  convaincu  que  cela  m'aurait  encore  moins  réussi 
d'une  antre  manière. 

Plus  tard  ,  racontant  un  des  jours  les  plus  heureux  de  ma  vie  ,  je  ne  fis 
sans  doute  qu'ol)éir  à  celte  même  im])ulsion  naturelle  en  faisant  usage  de 
l'enjambement,  afin  de  n'altérer  en  rien  les  saintes  paroles  qu'une  voix  dus 
ciel  m'avait  fait  entendre  ici  bas  : 

Viviaisje  cent  mille  ans  ,  je  le  jure  ,  ô  Stella, 

Ces  mots  sacramentels  resteront  grave's  là. 

Voici  ce  qu'elle  dit  d'une  voii  pe'ne'trée: 

—  Monsieur,  vous  quittez  donc  ,  mardi ,  notre  contrée? 

—  Hélas  !  je  pars  demain,  madame.  —  Encore  un  jour 
Que  vous  nous  dérobez  !  —  Dans  ce  charmant  séjour  , 
fiaigné  de  vos  parfums  et  de  votre  lumière, 

Je  voudrais  près  de  vous  passer  ma  vie  entière. 

—  Oh  !  monsieur,  c'est  très-mal  de  nous  quitter  ainsi. 

—  Savez-vous  que  j'arrache  ,  en  m'arrachant  d'ici. 
Mon  âme  de  mon  corps.  —  Monsieur  est-il  sincère  ? 
Si  vous  en  étiez  triste  autant  que  nous,  j'espère 
Que  vous  demeureriez. 

Et  plus  loin  : 

Où  trouver  maintenant  des  paroles  de  flamme 

Pour  dire  le  bonheur  qui  coula  dans  mon  âme, 

Quand  cet  êlre  que  l'œil  ne  peut  considérer 

Sans  que  le  cœur  se  sente  enclin  à  l'adorer. 

Quand  cet  être  ineffable,  au  radieux  visage  , 

En  passant  avec  moi  près  d'un  rosier  sauvage  , 

Me  dit  d'un  ton  de  voix  qui  me  fit  tressaillir  : 

"  Monsieur,  voudriez-vous,  s'il  vous  plaît ,  me  cueillir 

»  Une  rose  ?  » 

Telles  sont,  en  effet,  les  propresparoles  qu'elle  m'adressa  et  qui  retentissent 
encore,  comme  un  chant  céleste,  au  fond  de  mon  âme.  Si  j'avais  essayé 
d'y  changer  quelque  chose,  mon  cœur  eût  vu  dans  cet  acte  une  profana- 
tion. Et  il  n'en  faut  pas  davantage,  je  crois  ,  pour  justifier  cet  emploi  de 
l'enjambement. 

Oui,  encore  une  fois,  l'enjambement  est  indispensable  dans  certains  cas, 
soit  pour  le  mouvement  du  vers,  soit  pour  la  concision  et  le  naturel  du 
style. 

Et  si  je  me  suis  cité  moi-même  avec  tant  de  complaisance,  c'est  pour 
prouver  que  je  st^ns  ce  queje  dis,  que  j'en  suis  convaincu,  comme  doit 
l'être  de  ce  qu'il  dit  tout  homme  qui  jjarle  pour  persuader.  Parmi  les  pré- 
dicateurs, il  y  en  a  si  peu  qui  prêchent  d'exemple  en  même  temps  que  de 
])arole ,  qu'on  aurait  bien  lort  de  m'en  viiuloir.  D'ailleurs,  quand  per- 
sonne ne  nous  cite,  pas  même  MM.  INocl  et  Ciiapsai,  pas  même  le  Jour- 


•'0  (;UA.M.MAIKE    fua.\(;aise. 

w  pas  encourager  les  modes.  Les  modes,  dans  les  arls,  foiil  autaut  de 
»  mal  que  les  révolulions  font  de  bieu.  Les  modes  substituent  le 
»  cbic,  le  ponsif  (1  )  et  le  procédé  d'atelier,  à  l'élude  austère  de 
»  chaque  chose  cl  aux  originalités  individuelles.  Les  modes  mettent 
»  à  la  disposition  de  tout  le  monde  une  manière  vernissée  et  cha- 

nal  des  Débats,  que  dis-je  ?  pas  niême  M.  Jules  Janin  ,  c'est  bien  le  inoins 
qu'on  nous  accorde  de  nous  citer  quelquefois  nous-inème.  Voyez  pour- 
tant, me  dira-l-on  ,  coniniu  M.  '\  ictor  Hugo  parle  de  lui-même  avec  mo- 
destie dans  toutes  ses  préfaces  et  ailleurs.  11  est  vrai  que  M.  A  ictor  Hugo 
est  très-modeste  —  dans  ses  jjréfaces;  mais  il  est  vrai  aussi  qu'il  est  grasse- 
ment payé  pour  l'être.  La  modestie  est  chose  très-aisée  aux  rois  et  aux  em- 
pereurs; car  ils  ont  beau  se  cacher,  tout  le  monde  les  voit.  On  aurait  tort 
d'en  conclure  que  chaque  roi,  chaque  empereur  est  un  homme  de  mérite. 
Certes  ,  je  ne  dis  pas  cela  pour  RI.  Victor  Hugo.  Toujours  est-il  que  ht  mo- 
destie ne  doit  guère  coûter  à  un  si  grand  homme.  M.Jules  Janin,  lui,  n'est 
pas  si  modeste,  et  pour  cause.  Daignez  lui  prêter  l'oreille  un  moment, 
pour  vous  en  assurer.  Voici  commeil  termine  une  de  ses  fameuses  critiques. 

«  Voilà,  ou  je  ne  m'y  connais  pas,  une  analyse  complète  et  qui  ne  laisse 
»  rien  à  désirer  an  lecteur.  Qu'il  y  ait  dans  toute  cette  analyse  beaucoup 
»  d'esprit,  de  verve,  d'entrain,  de  bonne  moquerie,  de  causticité  et  d'é- 
»  pigramme,  qui  en  doute  ?  L'auteur  est  de  ceux  qui  ne  doutent  de  rien.  Ces 
n  mots-là,  gros  comme  une  montagne  :  le  parterre,  le  public!  je  m'en 
»  moque  comme  de  ça  !  Vous  seriez  trois  mille  hommes  et  trois  mille 
»  femmes  entassés  dans  une  salle  de  spectacle,  que  notre  humoriste  y  met- 
»  Irait  le  même  sans-gêne.  Si  vous  n'êtes  pas  contents,  prenez  des  cartes. 
»  Vous  êtes  de  plaisantes  gens  de  vouloir  qu'on  ne  rie  pas  à  votre  nez! 
»  Pourquoi  donc  êtes  vous  faits  ,  sinon  pour  m'amuser  ,  moi  qui  suis  un  bel 
»  esprit,  moi  qui  suis  un  critique  célèbie,  moi  qui  suis  un  poète?  Le  beau 
»  mérite,  épiciers  que  vous  êtes,  si  moi  qui  ai  plus  d'espril  que  vous  tous, 
»  j'allais  m'inquiéter  de  vossiftlets,  de  vos  murmures.  Sifflez,  c'est  mon  envie; 
H  jetez  votre  langue  aux  chiens,  je  n'irai  pas  la  ramasser.  En  attendant  voici 
»  comme  je  m'appelle;  et  si  vous  n'êtes  pas  contents,  prenez  patience; 
1  moi,  je  le  suis,  et  la  preuve ,  je  vais  vous  chercher  quelque  bonne  petite 
B  méchanceté  à  vous  faire  un  autre  jour.  ■)  (Jcles  Janin.) 

La  modestie  sied  bien  au  vrai  mérite;  voilà  pourquoi  Jules  Janin  n'est 
pas  modeste.  Cette  sage  maxime  du  Charivari  est  notie  propre  condamna- 
tion, direz  vous,  lecteur.  Oui,  quand  nous  nous  serons  loué  nous-même 
à  ce  point;  ce  qui  ne  serait  guère  pire  que  d'être  loue  par  M.  Jules  Janin. 

Toutefois,  vous  avez  raison  ;  car,  pour  prouver  notre  thèse  de  tout  à 
l'heure,  il  nous  aurait  suffi  de  citer  ces  vers  de  Racine,  dans  les  Plaideurs. 

Puis  donc  qu'on  nous  permet  —  de  prendre 

Haleine ,  —  et  que  l'on  nous  défend  —  de  nous  étendre. . . . 

Mais  j'aperçois  venir  madame  la  comlesfe 

De  Pimbesclie  ;  —  clic  vient  pour  aft'aire  qui  presse. 

Le  moyen  de  faire  entrer,  sans  recourir  à  l'enjambement,  madame  la 
comtesse  de  Pimbesclie,  dans  un  vers? 

Quelques  grammairiens  ont  critiqué,  bien  à  tort,  dans  les  poésies 
d'André  Chénier,  des  enjambements  qui  sont  des  beautés. 

(1)  Nous  croyons  que  la  véritable  orthographe  de  ce  mot  est  poncif,  avec 
un  c.  L'Académie  Ociil  même  poncis. 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  31 

»  toyante ,  peu  solide  sans  doute  ,  mais  qui  a  quelquefois  un  éclat 
»  de  surface  plus  vif  et  plus  arausant  à  l'œil  que  le  rayonnement 
»  tranquille  du  talent.  Les  modes  défigurent  tout,  font  la  grimace  de 
»  tout  profil  et  la  parodie  de  toute  œuvre.  Gardons-nous  des  modes 
»  dans  le  style;  espérons  cette  réserve  de  la  sagesse  des  jeunes  et 
»  brillants  écrivains  qui  mènent  au  progrès  les  générations  de  leur 
»  âge.  Il  serait  fâcheux  qu'on  en  vînt  un  jour  à  posséder  des  recettes 
»  courantes  pour  faire  du  style  original  comme  les  chimistes  de  ca- 
»  barel  font  du  vin  de  Champagne,  en  mêlant,  selon  certaines  doses, 
»  à  n'importe  quel  vin  blanc  convenablement  édulcoré,  de  l'acide 
»  tartrique  et  du  bi-carbonate  de  soude. 

»  Ce  style  et  ce  vin  moussent,  la  grosse  foule  s'en  grise,  mais 
»  le  connaisseur  n'en  boit  pas. 

»  Nous  n'en  viendrons  pas  là.  Il  y  a  un  esprit  de  mesure  et  de 
»  critique  en  même  temps  qu'un  grand  souffle  d'enthousiasme  dans 
»  les  nouvelles  générations.  La  langue  a  été  amenée  à  un  point  ex- 
»  cellent  depuis  quinze  années  (1  ).  Ce  qui  a  été  fait  par  les  idées 
»  ne  sera  point  détruit  par  les  fantaisies. 

»  Réformons ,  ne  déformons  pas . 

»  Si  le  nom  qui  signe  ces  ligues  était  un  nom  illustre ,  si  la  voix 
»  qui  parle  ici  était  une  voix  puissante,  nous  supplierions  les  jeunes 
»  et  grands  talents  sur  qui  repose  le  sort  futur  de  notre  littérature, 
»  si  magnifique  depuis  trois  siècles ,  de  songer  combien  c'est  une 
»  mission  imposante  que  la  leur ,  et  de  conserver  dans  leur  manière 
»  d'écrire  les  habitudes  les  plus  dignes  et  les  plus  sévères.  L'avenir, 
»  qu'on  y  pense  bien,  n'appartient  qu'aux  hommes  de  style.  Sans 
»  parler  ici  des  admirables  livres  de  l'antiquité ,  et  pour  nous  ren- 
»  fermer  dans  nos  lettres  nationales  ,  essayez  d'ôter  à  la  pensée  de 
»  nos  grands  écrivains  l'expression  qui  lui  est  propre  ;  ôtez  à  Molière 
»  son  vers  si  vif,  si  chaud  ,  si  franc,  si  amusant ,  si  bien  fait ,  si 
»  bien  tourné  ,  si  bien  peint  ;  ôtez  à  La  Fontaine  la  perfection  naïve 
»  et  gauloise  du  détail  ;  ôtez  à  la  phrase  de  Corneille  ces  muscles 
»  vigoureux ,  ces  larges  attaches,  ces  belles  formes  de  vigueur  exa- 
»  gérée  qui  feraient  du  vieux  poëte  demi-romain,  demi-espagnol,  le 
»  Michel-Ange  de  notre  tragédie  ,  s'il  entrait  dans  la  composition 
»  de  son  génie  autant  d'imagination  que  de  pensée  ;  ôtez  à  Racine 
»  la  ligne  qu'il  a  dans  le  style  comme  Raphaël ,  ligne  chaste ,  har- 


(1)  M.  Victor  Hugo  écrivait  ceci  en  mars  1834- 


'^2  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

»  monreusect  discrète  comme  celle  de  Raphaël ,  quoique  d'un  goût 
»  inférieur,  aussi  pure,  mais  moins  grande,  aussi  parfaite,  quoique 
»)  moins  sublime  ;  ôtez  à  Fénélon  ,  l'homme  de  son  siècle  qui  a  le 
»  mieux  senti  la  beauté  antique ,  cette  prose  aussi  mélodieuse  et 
»  aussi  sereine  que  le  vers  de  Racine,  dont  elle  est  sœur;  ôtez  à 
»  Bossuct  le  magnifique  port  de  tète  de  sa  période;  ôtez  à  Boileau 
»  sa  manière  sobre  et  grave ,  admirablement  colorée  quand  il  le 
»  faut;  ôtez  à  Pascal  ce  style  inventé  et  mathématique  qui  a  tant  de 
»  propriété  dans  le  mot,  tant  de  logique  dans  la  métaphore  ;  ôtez 
»  à  Voltaire  cette  prose  claire,  solide  et  indestructible,  cette  prose 
»  de  cristal  des  Contes  et  du  Dictionnaire  fhilosophique ;  ôtez  à 
»  tous  ces  grands  hommes  cette  simple  et  petite  chose,  le  style; 
»  et  de  Voltaire,  de  Pascal ,  de  Boileau,  de  Bossuet,  de  Fénélon , 
»  de  Racine ,  de  Corneille ,  de  La  Fontaine ,  de  Molière ,  de  ces 
»  maîtres ,  que  vous  restera-t-il  ?  Ce  qui  reste  d'Homère  après  qu'il 
»  a  passé  parBilaubé. 

»  C'est  le  style  qui  fait  la  durée  de  l'œuvre  et  l'immortalité  du 
»  poëte.  La  belle  expression  embellit  la  belle  pensée  et  la  conserve . 
»  c'est  tout  à  la  fois  une  parure  et  une  armure.  Le  style  sur  l'idée, 
f  c'est  l'émail  sur  la  dent. 

»  Dans  tout  grand  écrivain  il  doit  y  avoir  un  grand  grammairien, 
»  comme  un  grand  algébriste  dans  tout  grand  astronome.  Pascal 
»  contient  Vaugelas  ;  Lagrange  contient  Bezout. 

»  Aussi  l'étude  de  la  langue  est-elle  aujourd'hui ,  autant  que  ja- 
»  mais,  la  première  condition  pour  tout  artiste  qui  veut  que  son 
»  œuvre  naisse  viable.  Cela  est  admirablement  compris  maintenant 
»  par  les  nouvelles  générations  littéraires.  Nous  voyons  avec  joie 
j>  que  les  jeunes  écoles  de  peinture  et  de  sculpture  ,  si  haut  placées 
y>  à  cette  heure,  comprennent  de  leur  côté  combien  est  impor- 
»  tante  pour  elles  aussi  la  science  de  leur  langue  ,  qui  est  le  dessin. 
»  Le  dessin!  le  dessin!  c'est  la  loi  première  de  tout  art.  Et  ne 
»  croyez  pas  que  cette  loi  retranche  rien  à  la  liberté  ,  à  la  fantaisie, 
»  à  la  nature.  Le  dessin  n'est  ennemi  ni  de  la  chair  ni  de  la  cou- 
»  leur.  Quoi  qu'en  disent  les  exclusifs  et  les  incomplets,  le  dessin 
»  ne  fait  obstacle  nia Puget  ni  à  Rubens.  Aujourd'hui  donc,  dans 
»  toutes  les  directions  de  l'activité  intellectuelle,  sculpture,  peinture, 
»  poésie,  que  tous  ceux  qui  ne  savent  pas  dessiner,  l'apprennent. 
»  Le  style  est  la  clef  de  l'avenir.  Sans  le  style  et  sans  le  dessin, 
»  vous  pourrez  avoir  le  succès  du  moment,  l'applaudissement ,  le 


NOTIONS  PRELIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  OO 

»  bruit,  la  fanfare,  les  couronnes  ,  l'acclamation  enivrée  des  niulli- 
»  tudes  ;  vous  n'aurez  pas  le  vrai  triomphe,  la  vraie  gloire ,  la  vraie 
»  conquête,  le  vrai  laurier.  Comme  dit  Cicéron  :  insignia  vic- 
»  toriœ,  non  Victor iam.  » 

Voulant  tracer  l'exposé  rapide  des  progrès  de  notre  langue,  vou- 
lant en  indiquer  les  principales  vicissitudes,  voulant  donner  une 
idée  de  ce  qu'elle  est  au  dix-neuvième  siècle ,  nous  n'avions  rien 
de  mieux  a  faire  que  de  citer  en  enlier  ce  passage  si  remarquable, 
qui  renferme,  en  outre,  une  si  haute  et  si  juste  appréciation  de  nos 
trois  magniûques  littératures,  et  assigne  à  la  grammaire,  a  la 
langue ,  au  dessin ,  une  si  grande  importance  dans  l'art.  Ceux  qui 
entendent  parler  tous  les  jours  de  style  sculpté ,  ciselé ,  en  relief , 
sans  rien  comprendre  a  ces  expressions;  ceux  qui  ignorent  ce  que 
c'est  que  la  phrase  a  grands  plis,  la  phrase  Gère,  noble,  majestueuse, 
calme  ,  brillante;  ceux  qui  ne  peuvent  croire  a  la  clarté,  a  la  pu- 
reté, à  la  précision,  unies  a  la  couleur  et  au  pittoresque,  unies  h 
l'éclat  et  à  l'abondance;  ceux  enfin  qui  nient  les  qualités  si  excel- 
lentes, si  savoureuses  de  notre  langue  renouvelée,  qui  lui  refusent 
surtout  la  correction  et  l'harmonie,  n'ont  qu'à  ouvrir  les  yeux  de- 
vantce  tableau  de  maître,  et,  s'ils  ne  sont  pas  frappés  toutd'abord 
de  cette  pureté  de  lignes,  de  cette  harmonie  de  couleurs,  de  celle 
vérité  de  tous ,  de  ce  relief  des  images ,  de  cette  perfection  de  dé- 
tails ,  qui ,  loin  de  nuire  à  la  beauté  de  l'ensemble,  en  double  l'effet 
aux  yeux  des  connaisseurs,  hélas  !  plaignons-les,  car  ils  sont  aveu- 
gles a  jamais ,  car  ils  sont  condamnés  à  nier  éternellement  la  lu- 
mière. 

Les  auteurs  et  les  lecteurs  de  la  Grammaire  Nationale  ont-ils 
bien  entendu  ,  ont-ils  bien  compris ,  faut-il  leur  répéter  encore 
que  la  loi  du  dessin,  c'est-à-dire,  la  grammaire,  la  syntaxe,  ne 
retranche  rien  à  la  liberté ,  à  la  fantaisie  ,  à  la  nature?  Ont-ils  bien 
cherché  dans  cette  prose?  l'ont-ils  bien  épluchée,  et  y  ont-ils  trouvé 
quelques-uns  de  ces  atroces  barbarismes  dont  ils  croient  que  le 
privilège  doit  être  accordé  au  génie  ?  Voyez  le  cas  que  fait  le  génie  de 
ce  privilège  ! 

Apparemment  que  les  auteurs  de  la  Grammaire  Nationale  n'ont 
vu  la  langue  du  dix-neuvième  siècle  que  dans  le  Journal  des  J)é- 

T.  II.  S 


54  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

hàts;  et  c'est  pour  faire  leur  cour  a  ce  haut  et  puissant  seigneur 
qu'ils  ont  entrepris  de  plier  la  langue  et  de  la  mettre  a  la  disposi- 
tion de  son  Altesse. 

Mais  la  langue  n'est  pas  si  maniable  ;  elle  n'obéit  pas  au  premier 
venu ,  elle  ne  se  fait  l'esclave  que  du  génie. 

Toutefois  le  noble  journal  a  dignement  reconnu  cette  complai- 
sance en  la  faisant  bravement  valoir  dans  ses  colonnes. 

Que  le  silence  du  Journal  des  Débats  a  mon  égard  n'étonne 
personne  ;  car,  en  vérité ,  je  n'ai  aucun  droit  a  cette  même  faveur. 

Combien  nous  nous  félicitons  de  l'heureuse  idée  qui  nous  est 
venue  d'emprunter  à  M.  Victor  Hugo  les  pages  si  remarquables 
qu'on  vient  délire!  Quel  style!  quelle  verve!  quelle  vérité,  et  en 
même  temps  quelle  variété!  quel  éclat  de  couleurs  !  quelle  correc- 
tion de  dessin  !  quelle  fermeté  de  touche  !  quelle  originalité  !  quelle 
noblesse!  quelle  élégance!  quelle  beauté!  Oui,  quel  magnifique 
portail  au  vaste  édifice  que  nous  avons  entrepris!  Qui  ne  sera  tenté 
de  pénétrer  dans  l'intérieur  du  temple ,  après  avoir  contemplé  cette 
belle  façade  ?  Mais ,  hélas  !  quelle  simplicité  dans  cet  intérieur!  Il 
n'y  a  ni  riche  colonnade  dorique  ou  corinthienne,  ni  superbes  pen- 
dentifs ornés  de  sculptures,  de  peintures  ou  de  mosaïques,  ni  vaste 
ceinture  de  bas-reliefs  au  bas  de  la  voûte,  ni  magiques  reflets  de 
vitraux  peints  sur  un  luisant  pavé  de  marbre,  ni  saisissants  tableaux 
de  Rubens  ou  de  Raphaël.  Rien  que  les  quatre  murs  sans  aucun 
ressaut ,  sans  aucun  ornement,  enduits  tout  au  plus  d'une  couche 
de  plâtre;  mais  tout  chargés  d'inscriptions  utiles,  précieuses,  dont 
l'ensemble  constitue ,  il  est  vrai ,  le  trésor  le  plus  désirable ,  le  plus 
inestimable.  Accourez  donc ,  accourez  vite,  accourez  tous,  accourez 
des  quatre  points  du  globe,  accourez  vous  instruire  a  cette  école 
unique,  incomparable,  où  des  trésors  de  science  et  d'esprit  vous 
sont  prodigués  a  raison  de  la  modique  somme  de  23  centimes  par 
leçon  ,  c'est-a-dire,  par  livraison.  Entrez ,  entrez  ,  vous  ne  regret- 
terez ni  votre  peine,  ni  votre  temps,  ni  votre  argent,  c'est  moi  qui 
vous  le  dis,  et  ma  parole  vaut  pour  le  moins  autant  que  celle  du 
Journal  des  Débats  ou  de  Jules  Janin.  N'oubliez  pas  que  de  toutes 
les  études,  celle  de  la  langue  est  la  plus  importante.  Noubliez  pas 


NOTIONS  PRÉLIMINAIUES  ET  FONDAMENTALES.  35 

que  la  laugue  française  est  la  langue  de  toutes  les  cours  de  l'Eu- 
rope ,  et  qu'elle  est  généralement  parlée  dans  tout  l'univers.  IN'ou- 
hliezpas  qu'ici,  en  Allemagne  (et  l'Allemagne  est  grande,  et  elle  est 
bon  juge),  on  se  fait  gloire  de  la  parler  de  préférence  a  toute  autre; 
parce  qu'on  la  regarde  comme  la  plus  riche,  la  plus  noble,  la  plus 
belle  de  toutescellesqui  servent  aujourd'hui  d'interprètes  aux  nations 
modernes,  A  Smyrne,  a  Constanlinople,  en  Valachie,  en  Moldavie, 
en  Pologne,  en  Russie,  dans  toute  l'Allemagne ,  en  Hollande,  en  An- 
gleterre même ,  la  langue  française  est  autant  et  plus  cultivée  que  la 
langue  nationale.  L'Allemagne  si  ficre,  et  avec  raison,  de  son  carac. 
tèro  national,  de  sa  solidité^  de  sa  gravité,  de  son  esprit  de  sagesse, 
si  antipathique  aux  mœurs  françaises,  c'est-a-dire  a  la  légèreté,  h 
l'inconstance,  a  l'étourderie  du  peuple  français,  trouve  pourtant 
notre  langue  si  belle,  si  agréable,  si  expressive ,  qu'elle  ne  cesse  de 
lui  emprunter  tous  les  jours  des  termes  nouveaux ,  qu'au  milieu 
d'une  conversation  allemande  ,  a  travers  cet  horrible  charivari  de 
syllabes  dures  et  discordantes,  on  entend  retentir,  par  intervalles , 
comme  des  sons  de  flûte  ou  de  clarinette.  La  conversation  alle- 
mande a  déjà  happé  de  la  sorte  plus  de  cinq  mille  mots  français. 

En  voici  quelques-uns  des  plus  ordinaires  et  des  plus  fréquents  : 


Académie, 

Bonbon  , 

coration  , 

Cravate  , 

Acteur, 

Bonbonnière  , 

Cbarade, 

Crajon, 

Adieu, 

Bonnet , 

Cbarlatan  , 

D'abord , 

Adresse, 

Boulevard, 

Charmant , 

Décret , 

Affecté, 

Bouquet, 

Cbcmisette, 

Déjeuner, 

Ambassadeur  . 

Boutique  , 

Cbocolat, 

Délicieux  , 

Amiable  (àl'), 

Bureau  , 

Citoyen , 

Diadème, 

Amiral , 

Bj'ochure, 

Citron  , 

Dîner  , 

Amusant, 

Cabinet, 

Clavier  , 

Directeur , 

Ananas, 

Cabriolet, 

Climat, 

Direction , 

Anecdote , 

Cadeau , 

Coiil'eur , 

Distinction  , 

A  propos , 

Cadet, 

CoilVure  , 

Division  , 

Appartement , 

Caisse, 

Comique , 

Domestique  , 

Armée, 

Calérbe, 

Commandant , 

Edit, 

Arrangement, 

Canaille , 

Commerce  , 

Époque , 

Assemblée  , 

Caiial , 

Commissaire , 

Espèce  , 

Assielte. 

Canapé , 

Commission , 

Exemple  (par) 

Baguette , 

Capitaine  , 

Commode  , 

Faction, 

Bal, 

Capriee  , 

Comparaison(san6), 

Fade, 

Balcon , 

Caractère  , 

Compliment, 

Faveur, 

Ballon, 

Caricature, 

Comptoir. 

Famille  , 

Barbier, 

Carnaval  , 

Comte  , 

Fauteuil  , 

Bassin , 

Carrosse  , 

Comtesse, 

Favoris , 

Bastion  , 

Carie  , 

Conclusion  , 

Fiacre  , 

Bataillon  , 

Caserne , 

Constellation, 

Figure, 

Bibliotbèque, 

Casquette  , 

Correspondant, 

Firmament , 

Billard , 

Catalogue , 

Coulisse  , 

Flambeau  , 

Billet, 

Censure  , 

Courage . 

Flamme  , 

Blessure , 

Cbunrelkiie, 

CouMn  ,  ■ 

Force  , 

«ol, 

Cliangc-mcnt  d<    dé- 

Cousine, 

Frisenr , 

Galant  , 

Galerie  , 

Garçon  , 

Général , 

Génie , 

Genre  , 

Gilet, 

Girandole  , 

Glissé  , 

Gouvernante, 

Gouverneur  , 

Gracieux, 

Greà  gré  (de) 

Grimace , 

Instrument, 
Intéressant  , 
Jalousie , 
Journal , 
Harmonica, 
Horizon  , 
Lampe, 
Lampion, 
Lavis  , 
Lettres, 
Limonade, 
Littérature  , 
Loge , 
Logement , 
Logis , 
Lorgnon, 


ô(i 


GUAMMAIUE  lUAiXÇ.USE. 


Lotci'iu  , 

Nation, 

Lustre , 

Nature, 

Machine, 

Nomade , 

Madame, 

Note, 

Mad.moifclle, 

Orcidcnt, 

Mag>iilii|uc  , 

O  «licier, 

Malluur  , 

Olive , 

Manchon  , 

Oncle, 

Manîc, 

Orange, 

Manière , 

Ordre  , 

Manœuvre, 

Organe  , 

Mai'cliandc  de   mo- 

Organisation, 

de»  , 

Orient, 

Marqueur, 

Pantalon, 

Masque, 

Papier, 

Masse  , 

Papillon  , 

Mélodie , 

Paradis  , 

Melon , 

Parapinie  , 

Mer, 

Parasol  , 

Métal , 

Paratonnene  , 

Meuble , 

Pailez-moî  de  ea, 

Militaire, 

Paifum , 

Mine, 

Part  (  à  ) , 

Mode, 

Parterre  , 

Moderne, 

Parti.-, 

Modiste, 

Partie    de     campa 

Monument  . 

gue  , 

Moustache, 

Passalilc, 

Nadir, 

Passion , 

Nappe , 

Pastel, 

Perspective, 

Piquant, 

Plafond , 

Poésie  , 

Politique, 

Pommade, 

Porcelaine  , 

Porte-chaise, 

Portefeuille, 

Portion, 

Portrait, 

Position  , 

Pot-de-chambre  , 

Presse , 

Procès , 

Professeur , 

Profession, 

Promenade  , 

Propre, 

Protestation  , 

Protêt , 

Qualité, 

Régent, 

Uéginicnt, 

R.  gle  , 

Reinc-Claud», 

Religion  , 

Rempart, 

Rendez-vous, 

Résidence , 


Respect , 

Ridicule , 

Robe, 

Rose, 

Ruine , 

Salon, 

Salut, 

Sauce , 

Sensible , 

SentnieUc  , 

Serviette, 

Soldat, 

Sopha, 

Sorte , 

Soupe, 

Souper, 

Superbe , 

Tabac, 

Tableau, 

Talent , 

Taloche, 

Tambour , 

Tante, 

Tasse  , 

Teint, 

Théâtre, 

Toilette , 

Tour  de  force , 

Tiu-ban , 

Uniforme, 


Vase, 

Veilleuse, 

Vcst.-, 

Vis-à-vis, 

Visite, 

Volume,  etc. ,  etc. 

Joignei-y  tous  les 
termes  de  lactique 
milUatret  de  danse, 
de  peinture,  lotis  les 
termes  d'arts  et  de 
sciences^  comme  : 

prenez  garde  avoua 
portez  armes,  feu, 
marche  ;  —  chaîne 
anglaise  ,  chaîne 
d  es  dames,  chassé, 
plissé  ,  assemblé  , 
changement,  pas 
de  basque  ;  • — chi- 
mie, géographie  , 
anatomie  ,  astro- 
nomie ,  planète , 
comète,  cquateur, 
nadir,  zèniti),  pha- 
se ,  pôle  ,  orbite, 
etc. ,  etc. 


Ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux,  c'est  la  contorsion  au  moyeu  de  la- 
quelle on  introduit  nos  verbes  dans  la  terminaison  ù-en,  comme  dans 
une  gaine  adaptable  à  tous,  de  cette  manière  : 


Adresser , 

Adress(Ven. 

Effacer , 

ElIaciVen. 

Placer, 

PtaciVcH. 

Amuser, 

AnuisiVen. 

Enchanter, 

EnchaiitiVeH. 

Polir  , 

PoliVen. 

Animer  , 

Ammiren. 

Enllammer  , 

Enllan.men. 

Proclamer  , 

ProclanuVcn. 

Arranger, 

Arrang.Ve». 

Expédier, 

E.xpédircM. 

Profiter, 

Profitiren. 

Attraper , 

Altrapncn. 

Flgur.-r, 

Figui/re», 

Promener, 

PrometuVen. 

Balancer, 

BalanciVe». 

Foi  mer, 

FornnVcn. 

Protester , 

Protestircrt. 

Brocher , 

Brochircn. 

Garantir, 

Garanlircn. 

Raismmer, 

Raisonn-CH. 

Blesser, 

ElessiVen. 

Gêner, 

GeniVen. 

Raser, 

RasiVen. 

Caricaturer, 

Caricatun"rcii, 

Grimacer, 

GrimaciVen. 

Ravir  , 

RaviV«i. 

Changer, 

Changn-en. 

Imapner, 

ImagimVen. 

Remarquer, 

RemarquiVe/i 

Charmer, 

Charmir^n. 

Imiter  , 

]niilireii, 

Remplacer  , 

Remplaciren. 

Châtier, 

Chatire;i. 

Loger  , 

Logn-«n  . 

Renomme , 

Renommivt. 

Civiliser  , 

CivihVtH. 

Marquer, 

MarquiVrn. 

Répéter  , 

Repelircn. 

Colorier, 

Colorire». 

Masquer, 

Masqu.V™. 

Résider, 

Risid/Vcn. 

Construire  , 

(lonstruiVra. 

Massacrer  , 

]\ïassacr(V(,'/i. 

Réussir, 

ReussiVcn. 

Copier  , 

Cop/ren. 

Mêler  , 

JlehVen. 

Ruiner, 

RuiniVeii. 

Coquetter , 

Coque  It/ren. 

Obseiver  , 

ObserviVcn. 

Séparer , 

Sepain-«n. 

Correspondre, 

Correspondiren 

Oernper , 

Occupiie/i. 

Servir, 

Serviren. 

décliner. 

Declin.Vt-H. 

OlVrir  , 

Oïïrire,,. 

Étudier, 

StndiVe». 

Diviser, 

Diïisiren. 

Parier  , 

PariVen. 

Traverser, 

Traversn-t-;,. 

Echapper, 

Echappireii. 

Passer  , 

Pas.»-».,.             1 

Toucher  , 

TouclnV^.. 

Ce  n'est  pas  que  quelques-uns  de  ces  mots  n'aient  leur  équiva- 
lent ea  allemand  ;  mais  on  préfère  de  beaucoup  le  mot  français, 
qui  linit  même  quelquefois  par  effacer  totalement  dans  l'esprit  le 
mot  ualional  qui  y  correspond. 

Eu  voici  une  preuve. —  Un  Français,  arrivé  a  Vienne  depuis  peu 
de  temps,  conjurait  son  hôtesse  de  lui  prêter  un  parapluie,  et  comme 


iVOTIOKS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  37 

elle  n'enteodait  pas  le  français ,  il  lui  disait  en  allemand  ;  Ich  bille 
sie,  Gnâdige  Frau,  leihen  sie  mir  ein  Regenschirm  (Jevousenprie, 

madame,  prêtez-moi  un  parapluie).  L'ilôtesse, OU Vraut  de  grands  ycUX, 

le  regardait  stupéfaite.  —  Ein  Regenschirm  !  was  ist  das  denn  ? 

(  Un  regenschirm  !  qu'est-ce  donc  que  cela?)  Et  dans  SOn  empressement 

à  lui  être  agréable ,  elle  lui  présenta  successivement  tous  les  objets 
qui  se  trouvèrent  sous  sa  main ,  jusqu'à  sou  manchon  de  peau 
d'ours.  Dans  l'expression  de  son  impatience ,  le  mot  parapluie 
échappe  h  notre  Français.  —  Âch  !  so  !  ein  parapluie!  s'écria  l'hô- 
tesse; venu  si  deutsch  sprechen  konnen,  warum  sprechen  sie  denn 

nicht?  (Ah!  comme  ça!  un  parapluie  !  Quand  voussavez  parler  allemand, 
pourquoi  donc  ne  parlez-vous  pas  ?) 

Pour  les  Français  qui  se  proposent  de  voyager  en  Allemagne ,  la 
liste  ci-dessus  n'est  donc  pas  une  chose  de  si  peu  d'importance, 
puisqu'elle  contient  justement  les  mots  dout  ils  doivent  se  servir, 
même  en  parlant  allemand ,  pour  être  compris. 

Ainsi,  dans  leur  habitude  de  galanterie,  qu'ils  se  gardent  bien  de 
dire  à  une  dame  :  Gnâdige  Frau,  sisind  entzûckend,  etc.;  ils  n'ob- 
tiendraient pas  de  réponse  ;  mais  qu'ils  lui  disent  :  Madame^  sie  siud 
charmante ,  ravissante ,  délicieuse;  ihre  taille  ist  superbe;  ihr  teint 
ist  magnifique;  \\ive  physionomie^  sehr  intéressante;  ihre  ^nme  per- 
sonne, dimne;  aussitôt,  avec  un  sourire  d'une  douceur  infinie,  avec 
un  sou  de  voix  qui  ferait  adorer  la  langue  dans  laquelle  elle  parle, 
avec  un  regard  qui  vous  pénètre  jusqu'au  cœur,  elle  vous  répou- 
dra :  «  Ah  !  monsieur,  on  voit  bien  que  vous  êtes  Français;  un  Alle- 
»  mand  ne  serait  pas  si  galant.  » 

Voila  donc  comme  on  parle  allemand ,  a  l'autre  extrémité  de 
l'AUemague.  Demandez  a  quelqu'un  comment  il  se  porte  (wie  er 

s'ichhcRndcX):  so ,  passable  (commeça,   passablement),   VOUS  répOU- 

dra-t-il.  Pour  peu  que  cela  continue,  la  langue  allemande  dispa- 
raîtra bientôt  totalement  sous  le  flot  envahissant  de  la  langue  fran- 
çaise ,  qui  tend  tous  les  jours  a  devenir  la  langue  universelle  des 
nations.  0  jours  mille  fois  heureux  que  celui  où  ,  réunis  par  les 
mêmes  besoins ,  les  mêmes  sentiments,  la  même  langue,  tous  les 
peuples  n'en  feront  qu'un  et  vivront  en  frères!  Aussi  les  écrivains 
allemands  eux-mêmes  n'opposcnt-ils  aucune  résistance  à  cette  in- 


Ô8  (UIAMMAIKE    FRANÇAISE. 

vasion  des  mois  et  des  idées;  ils  la  voient  sans  pâlir;  quelques-uns 
l'appellent  même  de  tous  leurs  vœux.  Je  tiens  de  lu  bouche  d'un 
poote  que  ,  s'il  pouvait  écrire  aussi  facilement  en  français  que  dans 
sa  langue  naturelle ,  il  n'écrirait  plus  un  seul  mot  d'allemand. 
Voyez  M.  de  lliimboldt.  N'est-ce  pas  la  langue  française  qui  sert 
le  plus  souvent  d'interprète  a  ce  rare  génie?  Aussi  avec  quelle  com- 
plaisance elle  lui  ouvre  le  trésor  de  ses  perfections ,  et  lui  dévoile  le 
mystère  de  ses  charmes  infinis  ! 

Oui,  tandisqu'en  France  des  ignorants  qui  saventtoutau  plusdeux 
ou  trois  mille  des  mots  les  plususuels,  et  qui  s'en  servent  comme  un 
ehat  d'une  paire  de  gants,  ne  cessent  de  déprécier  cette  chère  langue 
qui  les  a  vus  naître,  qui  les  a  bercés,  qui  leur  a  parlé  par  la  bouche 
de  leur  mère  ,  de  leurs  sœurs,  de  leurs  amis,  qui  leur  a  dit  de  si 
douces  choses,  qui  les  a  bénis,  qui  les  a  aimés,  qui  les  a  consolés, 
qui  s'est  prêtée  si  complaisamment  a  toutes  leurs  fantaisies,  qui  s'est 
faite  l'interprète  fidèle  de  toutes  leurs  émotions,  de  tous  leurs  senti- 
ments, de  toutes  leurs  joies,  de  tous  leurs  chagrins,  de  tous  leurs 
désirs,  oui,  tandis  qu'ils  la  traitent,  les  ingrats,  avec  tout  le  dédain 
imaginable,  ici  on  la  proclame  la  plus  belle,  et  on  lui  fait  toutes 
sortes  d'honneurs  et  de  caresses,  afin  d'obtenir  d'elle  quelques  rares 
faveurs,  qu'elle  accorde,  il  est  vrai,  difficilement.  Parmi  les  ri- 
gueurs de  l'exil ,  c'est  pour  moi  une  douce  consolation  de  n'avoir 
plus  a  disputer  sur  cette  matière  avec  des  gens  qui  admirent  toutes 
les  langues,  excepté  le  français,  et  qui ,  plutôt  que  de  céder  sur  ce 
point,  s'aviseraient  de  lui  préférer  l'iroquois  et  le  hottentot.  L'alle- 
mand, voilà  une  belle  langue!  l'anglais,  voilà  une  belle  langue  ! 
l'italien,  voilà  une  belle  langue!  l'espagnol,  voilà  une  belle  langue! 
mais  le  français!  fl  donc!  Notre  pauvre  langue  justifie  parfaite- 
ment le  proverbe  :  On  n^  est  jamais  prophète  en  son  pays. 

Ah  !  ce  n'est  pas  moi  qui  la  décrierai ,  cette  compagne  fidèle  de 
mes  douleurs ,  qui  est  ma  seule  joie ,  ma  seule  consolation ,  ma 
seule  espérance  dans  mon  exil.  Tous  les  instants  de  bonheur  que 
j'ai  goûtés  en  ma  vie,  c'est  à  elle  que  je  les  dois.  Je  l'aime  cette 
douce  mère,  cette  tendre  sœur,  cette  bonne  amie;  et  pour  elle, 
oui,  pour  elle  je  me  ferais  tuer.  Vous  voyez  qu'elle  m'aime 
aussi ,  qu'elle  ne  me  tient  pas  trop  rigueur,  qu'elle  me  traite  même 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES,  59 

un  peu  en  enfant  gâté,  cette  chère  mère ,  et  qu'elle  ne  m'a  pas  trop 
mal  appris ,  convenez-en ,  l'art  de 

Passer  du  grave  au  doux,  du  plaisant  au  sévère. 

Après  l'œuvre  de  l'architecte,  le  travail  du  maçon.  Eh  bien  donc, 

courage  ! 

Des  liettrés» 

On  entend  à  la  fois  par  Lettres  les  sons  et  les  articulations 
de  la  voix,  et  les  signes  ou  caractères  qui  représentent  ces 
différents  sons.  C'est  en  Egypte  que  fut  inventé 

Cet  art  ingénieux 
De  peindre  la  parole  et  de  parler  aux  yeux, 

Les  Grecs,  a  qui  Cadmus  avait  rapporté  d'Egypte  cette  belle  inven- 
tion ,  l'appelèrent  Jlphahet ,  du  nom  même  des  deux  premiers  ca- 
ractères hébraïques.  Ceux-ci,  en  colonisant  l'Italie  ,  portèrent  leur 
alphabet  chez  les  Étrusques ,  et  de  la  il  parvint  aux  Romains  avec 
certaines  variations  dans  la  forme  des  lettres.  Les  Romains  l'intro- 
duisirent dans  les  Gaules. 

Les  lettres  sont  donc  les  éléments  du  langage  écrit  ou  de  Yécri- 
ture ,  et  leur  réunion  en  un  tableau  complet  est  donc  ce  qui  con- 
stitue l'alphabet. 

Les  lettres  qui  représentent  des  sons  simples  se  nomment  voyelles, 
du  mot  voix,  en  latin  vox;  celles  qui  représentent  des  articula- 
tions ^  s'appellent  con5or//?g5,  des  deux  mots  latins  cum  et  sonans, 
sonnant  avec;  parce  qu'elles  ne  sonnent  distinctement  qu'avec  les 
voyelles.  Le  son  des  voyelles  ne  varie  point ,  mais  certaines  con- 
sonnes peuvent  avoir,  par  position,  un  ou  plusieurs  sons;  ce  qui 
ne  devrait  pas  être ,  car  chaque  modification  de  la  voix  devrait 
être  représentée  par  un  caractère  particulier.  Puisqu'il  en  est  au- 
trement ,  nous  appellerons  son  naturel  ou  propre  celui  que  chaque 
consonne  a  le  plus  souvent,  et  son  accidentel  celui  qu'elle  ne  reçoit 
que  par  occasion. 

Le  nombre  des  lettres  varie  selon  les  divers  alphabets  propres  à 
chaque  nation. 


40 


GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 


Alpliabct   Français. 

L'alphabet  français  a  vingt-cinq  lettres  dont  voici 


LA 

FIGURE , 

LE   SON, 

LE   NOM  , 

L'EMPLOI. 

1  i 
.1°  î 

i  °  B 

2 

so.\ 
natuiel 

SONS 

arciclcnlels. 

°  i 

NOM 

ancien. 

A 

a 

a 

a 

a 

« 

ArAbe. 

n 

b 

b 

!) 

P 

he 

6e 

BaRel,  aBside. 

c 

k 

c 

k 

S  ç 

ke 

ce 

CaCao,CeCi,Çà,ser,ond. 

D 

d 

d 

d 

l 

de 

dé 

DaDa ,  granD  homme. 

É,È,  E 

é,  è,  <; 

é,  è,  e 

é  è,e 

é  è,™ 

é 

ÉlÈvE. 

F 

f 

r 

f 

V 

fe 

cffe 

FanFaron,  neuF  ans. 

G 

g 

g 

JT 

j  k 

%ue 

d'i 

GaGe,GiGot,ranG  élevé. 

II 

h 

h 

h 

\\e 

ache 

Héros ,  Héroïne. 

I 

i 

i 

i 

j 

i 

Inimitié. 

J 

j 

j 

j 

je 

ji 

Japon. 

K 

k 

k 

k 

ke 

ka 

Kan. 

L 

1 

l 

1 

le 

elle 

LiLas. 

M 

m 

m 

ni 

me 

emme 

MaMan. 

N 

n 

n 

n 

ne 

en  ne 

NaNan. 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

OnOmalOpée. 

1» 

P 

P 

P 

pe 

pc 

PaPa. 

Q 

q 

(l 

q 

qt^e 

eu 

coQ. 

R 

r 

r 

r 

rc 

erre 

RaRe. 

S 

s 

s 

s 

z 

se 

esse 

SéSame. 

T 

t 

t 

l 

s 

te 

té 

TiTan ,   acTion. 

IJ 

u 

II 

n 

u 

u 

UsUel. 

V,  w 

V ,  W 

V,  vu 

V 

ve 

vé 

ViVement,  Wauxhall. 

X 

X 

X 

ks 

^      )         )           5 

kse 

ikce 

aXe,  eXil ,  eXcès,  soi- 
xante ,  deuxième. 

Y 

y 

y 

i,  ii 

y 

y 

tYpe,  BaYonne,  moYen. 

Z 

7. 

z 

ze 

zhle 

ZiZanie. 

NOTIOXS  PREr.IM!^.\IaES  El   FONDAMENTALES.  îl 

La  nouvelle  appellation  est  la  seule  raisonnable,  la  seule  logique, 
la  seule  admissible.  La  plus  grande  difficulté  ,  pour  ceux  qui  ap- 
prennent à  lire,  n'est  pas  de  connaître  simplement  le?  lettres,  mais 
de  les  assembler.  Or,  eu  leur  faisant  attacher  à  chaque  caractère  de 
l'alphabet,  pris  isolément,  un  son  inutile  qu'il  faut  rejeter  dans  la 
prononciation  des  mots  ,  des  syllabes ,  c'est  créer  des  difficultés 
qui  dégoûtent  l'élève  et  font  perdre  un  temps  infini  à  les  combattre. 
En  effet,  faites  épeler,  par  exemple,  le  mot  Mnémonique.  D'après 
l'ancienne  façon  de  nommer  les  lettres,  ce  mot  donnera  les  sons 
Emme-enne-é-emme-o-enne-i-qu-ué.  Quel  rapport  un  enfant  peut- 
il  sentir  entre  ces  divers  sons  détachés  elle  son  total  Mnémonique? 
Aussi ,  souvent,  que  de  peine  il  vous  faudra  ,  que  de  temps ,  que 
d'efforts,  pour  faire  comprendre  à  votre  élève  qu'il  ne  doit  point 
avoir  égard  aux  sons  étrangers  que  présente  cette  épellation! 
D'après  la  nouvelle  méthode  ,  les  sons  du  même  mol  seront  Mant^é- 
meoneique;  sons  bien  plus  simples  qu'il  sera  bien  plus  facile  à  l'é- 
lève de  ramener ,  au  moyen  de  l'élision ,  à  leur  véritable  valeur. 
En  effet,  Ve  muet  n'ayant  qu'un  son  faible,  n'ayant  que  le  son 
nécessaire  pour  faire  entendre  la  consonne  qui  le  précède ,  il  est 
hors  de  doute  que  l'enfant  éprouvera  moins  de  difficulté  à  dire, 
par  exemple  :  bc  a,  ba,  que  bé  a,  ba,  Yé  fermé  ayant,  au  contraire, 
un  son  très-distinct.  Oui,  dès  qu'un  enfant  sait  nommer  les  lettres 
avec  le  son  peu  sensible  Je  Ve  muet ,  rien  de  plus  aisé  que  de  lui 
faire  changer  les  sons  de  6e ,  lU ,  fe,  en  ceux  de  ba,  bé ,  bi,  bo,  bu, 
da  ,  dé ,  di ,  do,  du  ,  fa ,  fé  ,fi ,  fo,  fa ,  etc.  ,  selon  la  voyelle  qui 
se  présente.  Surtout  des  sons  tels  que  ab ,  eb ,  ib ,  ob ,  ub ,  ad,  cd, 
id ,  od,  ud,  etc. ,  lui  seront  alors  d'une  extrême  facilité.  Il  n'aura 
guère  plus  de  peine  à  dire  ,  d'une  seule  émission  de  voix  :  bra  , 
bré  ,  bri ,  bro ,  bru,  bran,  brin,  brain,  brun,  etc.  Il  suffira  de 
poser  cette  règle  très-simple  :  L'e  muet  se  supprime  totalement  , 
DANS  LA  prononciation,  DEVANT  UNE  VOYELLE.  Avcc  ce  principe 
inculqué  de  bonne  heure  dans  leur  esprit ,  les  enfants,  outre  qu'ils 
apprendront  à  syllaber  en  très-peu  de  temps ,  ne  connaîtront  i)lus 
la  difficulté  de  lier ,  dans  le  cours  des  phrases ,  les  mots  finissant 
par  un  e  muet  à  ceux  qui  commencent  par  une  voyelle.  Ils  diront 
naturellement,  sans  le  moindre  effort  :  Une.  vV  honorabV  est  mw- 
vV  éternelle,  au  lieu  que  ,  d'après  l'ancienne  méthode  ,  ils  seraient 
exposés  à  dire  :  Une  vie  honorable  est  une  vie  éternelle.  C'est  à  peu 
près  ainsi  que  prononcent  les  Gascons  ,  qui  seraient  bien  vile  dé- 


^â  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

barrasses  de  ce  défaut ,  si  on  leur  apprenait  à  lire  d'après  nos  prin- 
cipes. A  leur  tour  ,  les  bons  habitants  du  Berri ,  de  même  que  les 
Allemands,  ne  diraient  plus  ,  Seigner,  cœr  ,  sœr ,  pour  Seigneur , 
cœur ,  sœur;  et  surtout  ils  n'auraient  nulle  peine  à  dire  :  Je  ne  te 
le  redemande  pas,  qu'il  faut  prononcer  :  Jea  n'tea  Vreud'mand' 
pas. 

Si  tant  d'avantages  résultant  de  la  nouvelle  méthode  ne  suffisent 
pas  pour  convaincre  les  plus  obstinés  et  jusqu'au  Journal  des  Dé- 
bats lui-même ,  c'est  qu'il  n'est  donné  qu'à  Dieu  de  rendre  la  vue 
aux  aveugles  et  l'ouïe  aux  sourds.  Le  Journal  des  Débats  n'est  ni 
tout  à  fait  sourd  ni  tout  à  fait  aveugle  ;  car,  par  exemple  ,  dans  son 
premier  Paris  du  9  octobre  ,  il  nous  paraît  raisonner  encore  comme 
un  homme  qui  voit  et  entend  encore  assez  clair.  J'espère  donc  que 
le  Journal  des  Débals  appréciera  notre  opinion ,  et  dira  comme 
nous  que  l'ancienne  méthode  doit  être  abandonnée  sans  retour 
comme  une  chose  absurde  et  qui  n'est  propre  qu'à  retarder  indéfi- 
niment les  progrès  des  élèves.  L'expérience  nous  a  prouvé  qu'à 
l'aide  de  la  nouvelle  épellation,  un  enfant  de  cinq  ans,  sans  être 
précoce,  peut,  en  quelques  mois,  se  trouver  à  même  de  lire  beau- 
coup mieux  que  la  plupart  de  ceux  qui  apprennent  depuis  des  an- 
nées d'après  l'ancienne  méthode.  J'espère  donc  que  ,  par  sa  haute 
influence,  \e  Journal  des  Débats  obtiendra  du  ministre  de  l'ins- 
truction publique  une  ordonnance  enjoignant  à  tous  les  instituteurs 
primaires  de  ne  plus  nommer  les  lettres  que  d'après  leurs  sons , 
d'après  leurs  effets  dansles  mots;  sans  que  ces  derniers  aient  le  droit 
de  s'en  plaindre  plus  que  moi  de  l'arrêt  qui  me  condamne  à  quitter 
l'Autriche,  parce  que  j'ai  composé  une  ode  sur  la  Bataille  de  l'Isly. 
Il  y  aura  de  la  générosité  à  révoquer  l'arrêt  de  proscription  rendu 
contre  moi  ;  il  n'y  aurait  que  de  la  faiblesse  à  laisser  croupir  les 
écoles  dans  la  routine. 

Quant  au  genre  des  lettres ,  si  l'on  dit  enne,  par  exemple  ,  il 
est  naturel  que  ce  nom  soit  féminin  ,  de  même  que  celui  de  toutes 
les  lettres  dont  l'épellation  se  lait  avec  un  e  muet  final,  moins  zède: 
une  effe,  une  ache ,  une  elle,  une  etnme,  une  enne,  une  erre,  une 
esse ,  une  ixe.  Hors  de  là ,  les  noms  de  lettres  sont  masculins. 

El  maintenant  continuons. 

Bien  que  le  E  ait  trois  sons  bien  distincts,  cependant  il  ne  con- 
stitue qu'une  seule  lettre  sous  trois  espèces. 


NOTIONS  PRÉLIMUNAIKES  ET   FONDAMENTALES.  43^ 

De  môme ,  le  W  n'élant  point  français ,  nous  n'en  avons  point 
fait  une  lettre  a  part. 

M.  Napoléon  Landais  croit  qu'on  pourrait  ajouter  à  ces  vingt- 
cinq  caractères  VJE  et  l'OE;  mais  ces  deux  signes  ne  constituent 
point  deux  lettres  particulières;  ce  ne  sont  que  des  assemblages 
de  lettres  dont  nous  parlerons  en  leur  lieu. 

Nous  avons  dit  qu'on  divise  les  lettres  en  voyelles  et  en 
cojisonnes. 

Les  voyelles  sont  les  sons  formés  par  la  seule  émission  de  l'air 
sonore,  sans  aucune  participation  des  lèvres,  delà  langue  ou  des 
dents  ;  les  consonnes  n'en  sont  que  des  modifications  produites 
par  le  concours  soit  des  lèvres,  soit  de  la  langue  ou  des  dents. 

«  Les  voyelles  ,  »  lit-on  dans  le  Dictionnaire  de  la  conversation, 
0  expriment  les  sons  purs  et  simples  que  forme  la  voix  humaine  , 
semblables  à  ces  cordes  d'un  instrument  qui,  seules,  rendent  un 
son  constant  et  uniforme ,  et  ne  peuvent  enfanter  les  prodiges  de 
l'harmonie  qu'avec  l'assistance  féconde  de  l'archet  habile  ou  de  la 
main  savante  de  l'artiste.  La  consonne  est  pour  la  voyelle  ce  que  le 
coup  d'archet  est  pour  la  corde  musicale  ;  elle  opère  les  miracles 
de  l'harmonie  des  langues,  comme  celui-ci  opère  les  miracles  de 
l'harmonie  des  sons.  Aussi  les  sons  des  voyelles  ont  paru  tellement 
bien  établis  à  certains  peuples ,  qu'ils  ont  négligé  d'exprimer  les 
voyelles  dans  leur  écriture  (1).  Ils  se  sont  uniquement  attachés  à 
peindre  les  consonnes  avec  toutes  leurs  nuances  d'articulations.  La 
consonne  est  donc  tout  dans  le  discours.  Elle  modifie  la  voyelle 
suivant  les  passions  qu'elle  exprime  :  elle  la  brise  et  l'écrase  sous 
une  aspiration  forte  ,  comme  elle  la  module  sous  une  inflexion 
douce  et  sonore.  » 

Ainsi  les  consonnes  ne  sont  rien  sans  les  voyelles,  mais  les 
voyelles  sans  les  consonnes  sont  elles-mêmes  bien  peu  de  chose. 
Si  les  consonnes  ne  rendent  aucun  son ,  elles  ont  du  moins  le  mé- 
rite de  modifier  celui  des  voyelles,  de  le  varier,  de  le  façonner, 
de  lui  communiquer  la  grâce,  la  douceur,  la  force,  l'éclat,  d'en 

(1)  Tels  sont  les  Hél)rcux,  qui  ne  représentent  les  voyelles  que  par  des 
points  on  petits  signes  ap|)elts  points-voyelles. 


Ai  GRAMMAIUK    IRAIVÇAISE. 

bannir  la  fastidieuse  uniformité ,  d'en  prévenir  le  choc  meurtrier, 
le  lieuit  formidable. 

Bref,  il  y  a  cette  différence  entre  les  voyelles  et  les  consonnes , 
que  celles-là  ne  sont  que  la  voix  elle-même,  modifiée  toutefois 
par  certaines  dispositions  de  la  bouche,  de  manière  à  produire 
divers  sons  purs;  tandis  que  la  consonne  se  réduit  à  un  simple 
mouvement  de  la  langue  ou  des  lèvres  ;  mouvement  qui  par  lui- 
même  n'a  rien  de  sonore,  et  peut  se  faire  dans  le  plus  grand  si- 
lence. En  effet,  appliquez  la  langue  au  palais  comme  pour  l'arti- 
culation du  L  ;  rapprochez  les  lèvres  comme  pour  celle  du  B  :  si  le 
souffle  de  la  voix  ne  s'échappe  pas  en  même  temps  de  la  bouche, 
vous  n'entendrez  absolument  rien.  Mais  s'il  a  sou  cours  dans  ce 
moment  même,  alors,  rencontrant  sur  son  passage  l'obstacle  de 
la  langue  ou  des  lèvres ,  il  ne  peut  manquer  de  s'en  ressentir  et 
d'en  éprouver  une  modification  sensible. 

Telle  est  la  nature  des  voyelles  et  des  consonnes. 

ites  Voyelles. 

Les  principales  voyelles  sont  a,  E,  i,  o,  u  etv.  Nous 
avons  déjà  dit  qu'elles  sont  ainsi  appelées  parce  que  d'elles- 
mêmes,  et  sans  le  secours  d'aucune  autre  lettre,  elles  for- 
ment un  son  parfait. 

Considérées  comme  sons,  les  voyelles,  on  l'a  déjà  vu,  sont 
beaucoup  plus  nombreuses.  La  lettre  e  comprend  eu  soi  trois  sons 
bien  distincts  que  l'on  reconnaît  au  moyen  de  petits  signes  appelés 
accents  :  é  ,  È ,  e.  Il  y  a  donc  trois  sortes  de  e  (  I  )  :  le  e  fermé ,  le  e 
ouvert,  le  e  muet ,  qui  constituent  réellement  trois  voyelles. 

Le  Y  n'ayant  point  un  son  différent  de  celui  de  i,  n'en  est  qu'une 
variété  figurative  ;  et  sans  la  faculté  qu'il  a  d'équivaloir  parfois  a 
deux  iî,  on  pourrait  sans  grand  inconvénient  le  faire  disparaître 
de  notre  alphabet;  alphabet  d'autant  plus  imparfait,  qu'il  y  a  su- 
perfluité  et  en  même  temps  disette  de  caractères. 

(1)  Nous  disons  Trois  sortes  de  e,  et  non  pas.  Trois  sortes  d'E ,  pour  ne 
rien  ùlcr  à  la  kltre  dont  nous  parlons  du  son  qui  lui  est  propre. 


i\OTIOi\S    PKKLIMINAIKES  ET  FOMUMEiNTALES.  43 

Eu  effet  des  treize  sous  primitifs  que  produit  la  voix ,  cinq  seu- 
lement sont  représentés  par  des  caractères  particuliers ,  savoir  : 
A,E,  louY,  OetU. 

Pour  représenter  les  autres  sons,  ou  est  donc  obligé  de  recourir 
à  certaines  combinaisons  de  lettres ,  qu'on  nomme  voyelles  compo- 
sées ,  par  opposition  aux  voyelles  simples  ,  bien  que  les  sons  fi- 
gurés par  ces  voyelles  soient  également  simples  (i).  Telles  sont  eu 
et  ou;  sons  tout  a  fait  distincts  de  ceux  qui  précèdent,  et  qui, 
quoique  représentés  chacun  par  deux  voyelles  différentes,  n'en 
sont  pas  moins  produits  par  une  seule  émission  de  voix.  Tels  sont 
encore  les  sons  an  ,  m,  on,  un,  que  nous  appellerons  Voyelles 
nasales ,  parce  que  ces  sons  viennent  effectivement  du  nez  (2). 

En  outre ,  les  sons  é ,  è  ,  eu  ,o,  sont  aussi  très-souvent  repré- 

(1)  Faute  d'avoir  clairement  établi  cette  difTérence  entre  les  sons  et  les 
signes  qui  les  représentent,  les  grammaiiiens  se  sont  jetés  ,  à  propos  des 
Voyelles  composées ,  dans  d'étranges  divagations,  où  nous  n'avons  pas  la 
prétention  de  les  suivie. 

(2)  L'abbé  d'Olivet  refuse  à  ces  combinaisons  le  titre  de  voyelles,  bien 
qu'il  ait  toujours  reconnu  qu'elles  expriment  un  son  simple  et  indivisible  ; 
mais  les  raisons  dont  il  s'appuie  ne  sont  que  de  vaines  subtilités  plus  pro- 
pres à  embrouiller  qu'à  éclaircir  la  question.  Sans  doute  ,  le  son  nasal 
n'est  pas  aussi  pur  que  celui  de  a  ,  qui  s'obtient  en  ouvrant  simplement  la 
bouche  ;  sans  doute,  pour  le  produire  ,  la  voix  demande  le  concours  de  la 
bouche  et  du  nez;  mais  pourrait-on  dire  que,  dans  l'émission  des  sons 
«',  0,  II,  les  lèvres,  à  leur  tour,  ne  jouent  aucun  rùle  ?  En  raisonnant 
comme  l'abbé  d'Olivet  ,  on  serait  conduit  à  ne  considérer  comme  voyelle 
pure  que  le  son  a,  qui  n'est  effectivement  qae  la  voix  elle-même,  sans 
aucune  modification.  Mais,  ponrfaire  entendre  les  autres  voyelles,  il  faut 
disposer  les  parois  de  la  bouche  de  telle  manière  que  la  voix  s'y  trouve  ré- 
fléchie en  sens  divers,  et  produise  ainsi  les  différents  sons  de  e,  l,  o,  u,  etc. 
Les  voyelles  ne  sont,  en  eflet ,  que  des  sons  diversement  rélléchis.  Or,  si 
la  voix  ,  venant  à  frapper  plus  particulièrement  sur  le  palais  ,  y  produit  le 
son  plein  et  rond  qu'on  appelle  o,  il  est  naturel  que  la  même  voix  ,  lors- 
qu'elle pénètre  dans  les  narines  ,  y  produise  un  son  nasal.  Les  sons  au  ,  in, 
on,  un,  semblent  à  quelques-uns  n'être  qu'une  modification  nasale  des 
sons  piimitifs  a,  c,  o,  u  ;  mais  nous  y  voyons  ,  nous,  des  sons  tout  nou- 
veaux. Je  ne  nie  pas  qu'il  ne  faille  d'abord  disposer  la  bouche  comme  pour 
prononcer  a  ,  e ,  o ,  u  ;  toutefois  on  ne  peut  pas  dire  que  le  son  nasal  soit 
autre  chose  qu'une  modification  simple  delà  voix  pure,  c'est-à-dire,  un 
son    simple  comme  o  et  u  ;  bien  loin  d'être  un  son  articulé  ,  comme  /itv 


^G  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

sentes  par  ai,  ei ,  ey ,  œ ,  œ ,  au  ,  eau ,  ce  qui  constitue  autant  de 
voyelles  composées.  Les  sons  nasaux  n'ont  pas  un  cortège  moins 
magnifique ,  et  se  produisent  également  sous  diverses  formes  , 
comme  on  le  verra  dans  le  tableau  ci-après. 

Préférant  l'ordre  a  la  régularité,  nous  introduirons,  bon  gré, 
mal  gré ,  la  combinaison  oi  parmi  les  voyelles  composées ,  soit 
parce  qu'elle  exprimait  naguère  un  son  simple  qu'on  traduit  au- 
jourd'hui par  ai  (I),  soit  parce  que  le  son  qui  lui  appartient  est 
tout  différent  de  celui  des  lettres  qui  le  représentent  ;  tandis  que  le 
double  son  des  autres  diphthongues  est  toujours  celui  des  lettres 
qui  y  figurent.  On  verra  plus  tard  quel  avantage  on  peut  retirer  de 
celte  apparente  irrégularité. 

De  la  sorte ,  le  nombre  des  voyelles  se  trouve  donc  porté  à 
quatorze. 

dans  héros,  où  le  li  est  une  véritable  articulation,  modifiant  véritablement, 
non  plus  la  vcix  pure  ,  mais  le  son  é.  Sans  cela  quelle  différence  y  aurait-il 
àc  in  ,  dans  i?i/«?if ,  a  in,  dans  nné?  La  diffcrence  est  pourtant  frappante. 

Mais  en  accordant  quelque  cbose  à  l'ahbé  d'Olivet ,  en  admettant  que 
les  sons  an,  in,  on,  un,  ne  soient  pas  d'une  essence  aussi  parfaite 
que  les  sons  a,  e,  i,  o,  u,  puisqu'il  est  évident  qu'ils  tiennent  plus  des 
voyelles  que  des  consonnes,  puisqu'il  est  nécessaire  de  distinguer  in,  dans 
infant,  de  in  ,  dans  isnè,  comment  a-t-on  pu  songer  à  les  exclure  du  rang 
des  voyelles.''  Leur  nature  particulière  n'est-elle  pas  assez  déterminée  par  la 
dénomination  de  Foxelles  nasales?  Si  cette  distinction  si  claire  ne  suffit 
pas,  alors  comment  faut-il  les  nommer  ?  M.  Napoléon  Landais  a  trouvé  un 
tempérament  ingénieux  ;  il  a  cru  devoir  les  appeler  syllabes  nasales. 
N'est-ce  pas  là  une  belle  découverte?  Mais  na,  ne,  ni ,  no,  nu  ,  sont  aussi 
des  syllabes  nasales. 

Malgré  l'abbé  d'Olivet ,  malgré  Napoléon  Landais  ,  il  reste  donc  claire- 
ment établi  que  les  sons  an ,  in,  on  ,  un,  sont  des  vovelles  ;  voyelles 
modifiées ,  si  vous  le  voulez,  comme  le  sont  les  notes  de  la  gamme  par  les 
dièses  et  les  bémols  ,  mais  toujours  voyelles, 

(1)  Tout  ce  que  les  grammairiens,  à  commencer  par  Demandre  jusqu'à 
l'Académie  elle-même,  ont  débité  de  niaiseries  et  d'absurdités  sur  ce 
petit  rien  :  oi  et  ai,  il  faut  l'avoir  vu,  patiemment  récapitulé  dans  la 
Grammaire  de  M.  Landais,  pour  oser  y  croire.  Que  d'encre!  que  de 
papier!  que  de  temps!  surtout  que  d'argent  perdu  1  qui  eût  fait  vivre 
Gilbiit  dans  l'opulence  ! 

()  race  d  idiots  !  late  ,  lacc  maudilc  .' 

Oui  combles  la  sottise  .  et  proscris  le  mérite  1 


NOTIONS  PRELIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES. 


Tableau  des  Voyelles, 

soit  simples,  soil  composées, 
vtçvéscuVécs  sovvs  Vovvles  \e\vYs  dV^évcnUs  ^ovmes. 

A AnAnAs. 

}'  é  fermé,  ai,  et,  ey,  œ,  œ.    fdÉ,  ATmer,sEIgneur,  (lEY,OE(lipe 
è  ouvert ,  ai,^ pÈre ,  niÈre  ,  dAIs ,  OEstre. 
e  muet, ' jE  lE  lE  rEdEmandE. 

I ,  y Ici ,  sYnonYme. 

0,  au,  eau OpOrtun,  sAUler,  pEAU. 

U,  UsUre. 

E\],  œu,  œ fEU,  vOEU,  OEillet. 

OU , , cOUcOU. 

01,  fOI. 

"Vo\\dVs  uasoVcs. 

AN,  am,  en,  em,  aon ANge,  adAM,  ENnui,  EMploi,  pAON 

IN,  im,  ym,  ain,  aim,  ein,en.  vIN,  IMpair,  tliYM,  AÏNsi,  fAIM  , 

sEIN,  exaniEN. 

ON ,  om,  eon démON  ,  cOMparer  ,  pigEON. 

UN  ,  um,  eun = chacUN  ,  parfUM  ,  à  jEUN. 


Conçoit-on  que  M.  Napoléon  Landais  ait  conçu  et  exécuté  1  idée 
de  figurer  ces  voyelles  dans  son  dictionnaire?  et  surtout  qu'il  ait 
figuré  le  son  oi  de  cette  manière  :  oè  ?  Noé  et  Noix  sont  désormais 
deux  mots  homonymes  qu'il  faut  bien  faire  attention  de  ne  pas 
confondre  l'un  avec  l'autre.  MM.  Noël  et  Chapsal  ont-ils  été  plus 
heureux  en  figurant  la  prononciation  de  cette  voyelle  par  cet  autre 
dissyllabe:  oa?  Je  croyais  pourtant  qu'il  y  avait  une  différence 
sensible  entre  boa  et  bois.  Voilà  donc  de  ces  merveilles  que  Boisle 
9  l'impertinence  d'appeler  de  ridicules  niaiseries. 

Sérieusement  parlant,  il  eût  été  tout  aussi  utile  de  figurer  la 
prononciation  de  a  et  de  o;  ce  qu'ils  ont  fait,  du  reste,  dans  des  mil- 
liers de  mots  tels  que  âme  ,  vole ,  qu'ils  représentent  ainsi  :  âme , 
voie. 


^8  CRA^rMAlUE    l'UANn.VISE. 

Les  voyelles  sont  plus  ou  moins  longues,  plus  ou  moins  brèves, 
selon  qu'on  met  {)lus  ou  moins  de  temps  à  les  prononcer. 

Plusieurs  grammairiens  comptent  pour  autant  de  voyelles  diffé- 
rentes celles  qui  sont  longues  et  celles  qui  sont  brèves  ;  mais , 
comme  le  fait  judicieusement  remarquer  l'auteur  du  traité  des 
sons  cité  par  Girault-Duvivier ,  «  que  les  voyelles  soient  longues 
ou  brèves,  graves  ou  aiguës,  cela  n'en  change  point  la  nature, 
puisque  leurs  sons,  quelque  infinies  que  puissent  être  leurs  variétés, 
sont  toujours  produits  par  la  même  disposition  des  organes  ,  et  que 
la  différence  qui  se  trouve  entre  les  sons  graves  et  les  sons  aigus 
ne  vient  que  de  la  quantité  d'air  qu'on  fait  sortir  de  la  poitrine  ,  et 
de  la  force  plus  ou  moins  grande  avec  laquelle  on  pousse  la  voix.» 

On  verra  d'ailleurs,  quelques  pages  plus  loin,  combien  peu  est 
fondée  celte  distinction  des  voyelles  en  longues  et  en  brèves  ,  et  à 
quel  point,  par  conséquent ,  il  est  ridicule  de  voir ,  à  l'exemple  de 
M.  Landais  ,  trois  voyelles  différentes  dans  a ,  à  et  à. 


Des  Voyelles  doubles  ou  Dfpbtliongues  (1). 

Deux  ou  plusieurs  voyelles ,  qui  font  entendre  deux  sons 
distincts,  mais  qui  sont  prononcées  par  une  seule  émission 
de  voix,  prennent  le  nom  de  diphthongues. 

Dans  Dieu^  j'entends  distinctement  les  deux  voyelles  ieleu,  mais 
CCS  deux  sons  se  trouvent  réunis  en  une  seule  syllabe,  et  proférés 
en  un  seul  temps.  Ainsi  ieu  forme  une  diplithongue. 

«  Le  premier  son  de  la  diphthongue,  »  dit  Dumarsais,  cité  par 
Girault-Duvivier,  «  se  prononce  (2)  toujours  rapidement;  on  ne 
peut  faire  une  tenue  que  sur  le  second,  parce  que  la  disposition  (.î) 
des  organes  qui  forme  ce  second  son  a  succédé  subitement  à  celle 
qui  avait  fait  entendre  le  premier  son.  » 

(1)  Du  grec  (/('.<;,  deux  fois  ,  et  phtUongos ,  sein.  MM.  BcicheicUe  écrivent 
diphlonguc;  mais  il  faut  bien  se  garder  de  les  imiter. 

(2)  Peut-on  prononcer  un  son  ? 

(3)  Le  texte  porte  situation.  Il  faut  convenir  qu;  le  mot  propre  a  une 
grande  horreur  des  grammairiens. 


NOTIONS  PRELIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES. 


Tableau    des    Dfpbtliongues. 

lA 

. .  fixcre,  dïxcre,  nai\de,gdi\c,  bai\ ,  cdi\ ,  ba\s.ière, 

il   "paw,  il  WJOWILLA. 

,'«È 

.  pit\t,  piEd,  'pa\È,  cacadiEV,  «iomille/-. 

i« 

. .  tabatiire,  cacao'ikre,  fiEr,  maihLEt. 

jiai 

. .  brévixire,  biA\s,  je  ;paYAi ,  je  mouihLM. 

'lEI 

. .  Saint-YriEix. 

OUA,  UA. 

. .  povxcre,  povxh,  éqVKtetir. 

OÈ. 

OUÈ 

.  poÈle,  moelle,  moelleux,  fourre.  I' n'y  a  pas  d'autre 
exemple  de  cette  diphthongue. 

.    foXiEl,  fouetter,  serfovntte.  11  n'y  en  a  point   d'autre 
exemple. 

OUAI.... 

. .   OUAIS.  11  n'y  en  a  point  d'autre  exemple. 

UE 

. .  écvEllCj  dVElj,  dVElliste,  dvègne,  hqvElle,  éqVEStre. 

UI 

. .  Im,  fmte,  fmr,  conduire. 

OUI 

. .   OUI ,  omsliti,  wmg.  H  n'y  en  a  pas  d'autre  exemple. 

(10 

. .  pioche,  Campo-Formio ,  Rizzio,  Déiopée. 

llAU 

.  .    (iffÛtlXV  ,  tUYXV. 

lEU 

. .  diEV  ,  adiEV  ,  cdiEU ,  inEV ,  uiEua^^  joyeux. 

lOU 

lU 

..  Colhovre,  afiovme,  Montesquiov.  Il  n'y  en  a  ^o'mt 
d'autre  exemple. 

. .  ca'ius,  Ldivs. 

lAN 

. .  vixisde,  diM^tre,  awist,  croYxace,  briLLXîit. 

lEN 

.  .    ÔIEN  ,  mOYEN  ,  VlETSt,  flENf. 

ION 

. .  nous  avioNs,  raYON  ,  ôaiaiLLON. 

OUEN  . . . 

.  .    BOUEN  ,   RoVErunais ,    EcoVEN.    H  n'y  en   a  point 
d'autre  exemple. 

(OUIN.... 

. .  safl'ouiN ,  marsomvi ,  Bédoviy. 

iOIN 

. .  /biN ,  témoivi ,  moiNdre,  moms,  poiN^ 

UIN 

. .  Juin  ,  Qvmquagésime. 

AI 

. .  Aie ,  Biscxye ,  Les  Cwes. 

AY 

. .  pAYe,  pAYement. 

OA;  mais  nos  lecteurs  n'ont  pas  oublié  que,  pour  leur  plus  giand  avantage, 
nous  avons  élevé  celte  combinaison  au  rang  de  voyelle  composée.  Cet  avan- 

T.  11. 


50  GUAMMAIRE   FRANÇAISE. 

Si  la  prononciation  du  LL  mouillé  était  réellement  telle  que  la 
figure  M.  Landais  dans  son  dictionnaire  ,  il  faudrait  joindre  à  cette 
liste  les  quatre  combinaisons  a«7 ,  eil,  œil,  oïdl ,  dont,  par  paren- 
thèse, MM.  Beschereile  font  des  voyelles  composées.  OEil,ouil, 
des  voyelles  composées  !  En  vérité  ,  il  faut  s'appeler  Beschereile 
ou  pour  le  moins  faire  partie  de  \di  Société  Grammaticale,  pour 
oser  de  telles  hardiesses,  à  la  barbe  du  Journal  des  Débats.  Cela 
ne  le  cède  en  rien  à  l'idée  qui  vint  à  M.  Landais  de  classer  de 
même  parmi  les  voyelles  composées  ,  les  combinaisons  ie ,  ée,  ue; 
comme  si  ces  combinaisons  étaient  autre  chose  que  les  sons  sim- 
ples i,  é ,  u,  prolongés  au  moyen  de  Ve  muet.  Pourquoi  s'arrêter 
en  si  beau  chemin?  pourquoi  ne  pas  dire  aussi  que  ua  est  une 
voyelle  composée  dans  Ligua  ?  Avec  cet  amour  des  voyelles  com- 
posées ,  vous  voyez  que  nous  irons  loin. 

C'est  surtout  le  chapitre  des  diphtongues  qui ,  chez  les  grammai- 
riens ,  est  quelque  chose  de  ridicule.  Si  nous  voulions  ,  à  cet  en- 
droit ,  relever  toutes  leurs  bévues,  la  tâche  serait  rude  et  longue  (1). 
Apparemment  que  nos  lecteurs  nous  sauront  plus  de  gré  de  leur 
apprendre  quand  les  assemblages  de  voyelles  que  nous  avons  ap- 
pelés diphthongues  cessent  de  l'être,  et  forment  deux  syllabes  pro- 
noncées en  deux  temps.  Tous  les  grammairiens  ont  prudemment 

(1)  Il  n'y  a  qu'à  voiries  curieusos  observations  dont  M.  Landais  accom- 
pagne ses  tables  de  diphthongues,  empruntées  l'une  à  Demandre,  l'autre  à 
Lévizac,  je  crois.  Ces  observations  de  M.  Landais  l'emportent  sur  ce  qu'il 
y  a  de  plus  merveilleux  en  ce  genre  ,  et  je  félicite  sincèrement  M.  Didier  de 
posséder  un  pareil  trésor,  qu'il  fait  bien  d'étaler  pompeusement  à  côté  des 
chefs-d'œuvre  de  Thiers  et  de  Guizot  ;  d'autant  plus  que,  si  ces  derniers  ne 
sont  pas  contents  d'un  tel  voisinage  ,  l'autre  peut  très-bien  leur  répondre  , 
ainsi  couché  côte  à  côte  avec  eux  dans  le  Journal  des  Débats  : 
Je  suis  sur  mon  fumier  comme  vous  sur  le  vôtre. 

Admire?  donc  la  judiciaire  de  cet  heureux  favori  de  M.  Didier,  qui  ne 
changerait  pas  pour  les  plus  beaux  vers  cette  prose  substantielle  : 

«  Pié,  moitié,  i —  nll  y  a  longtemps  qu'on  n'écrit  plus  piè,  mais  pied. 
I)  Quant  au  mot  moitié  ,  c'est  bien  un  mot  diphlhonguc  en  prose  ;  et  voici  un 
«vers  de  Corneille  qui  le  naturalise  môme  en  poésie  : 

-  La  moitié  de  ma  vie  a  mis  l'autre  au  tombeau.   •■ 
s  Pannetière,  lièvre.»  —  «Ici  la  diphthongue  a  lieu  en  prose,  mais  non  en 
»  poésie.  » 

«  Milieu.  D  —  «  Milieu  est  un  mot  fort  douteux.  Il  n'y  a  point  de  diflBculté 
»  pour  la  prose,  on  dit  mi-lieu  ;  mais  en  vers  dirait-on  mi-lieu  ?  Nous  trouvons 
«cependant  un  mauvais  vers  de  Richer  qui  fait  de  la  dernière  syllabe  de  ce 
»  mot  une  diphthonf^ue  : 

-  Desquelles  celle  du  milieu 

-  Est  brûlante  comme  du  feu. 

«  Mais  ce  poète  ne  saurait  faire  autorité  pour  nous.  » 


NOTIONS  l'KÉLlMINAlKES    ET    FONDAMENTALES.  51 

dérobé  leur  épaule  à  ce  lourd  fardeau  ,  que  ,  sans  être  un  nouvel 
Atlas ,  nous  allons  pourtant  tenter  de  soulever  ;  nous  souvenant  que 
la  Méthode  du  Genre  était  une  besogne  autrement  difficile ,  et 
confiant  dans  les  forces  qui  nous  ont  permis  de  fixer  enfin  au  sommet 
du  mont  ce  formidable  rocher  de  Sisyphe. 

lA,  n'est  guère  diphthongue  que  dans  les  mots  Fiacre,  diacre, 
archidiacre  ,  diable,  piaffer ,  piano,  piailler ,  piastre ,  thuïci, 
hàia,  cdia,  bastia,  naïade  ,  gdîac. 

Il  s'élance  en  un  fiacre  et  vole  à  sa  poursuite. 

Pourquoi  me  revêtir  de  formes  impalpables? 

Je  suis  homme  ,  et  j'écris  pour  des  hommes  ,  je  crois  , 

Non  pour  les  séraphins ,  les  anges  ,  ou  les  diables. 

(L.  ^.'Fleurs  du  Danube.  ) 

i  C'est  un  diable  incarne  que  cette  l'emme-là,    (  Alf.  de  Mosset.  ) 

Voltaire  alors  régnait ,  ce  singe  de  génie 

Chez  l'homme  en  mission  par  le  diable  envoyé,     (\ictok  Hugo.) 

La  naïade  aux  yeux  clairs  lavait  ses  pieds  d'ivoire. 

(L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

lE  ou  lE.   «Cette  diphlhongue  est  une  de  celles  qui  sont /w(i) 

Et  quel  démon  vous  pousse  à  citer  Richer,  quand  vous  pourriez  citer 
Victor  Hugo  ? 

L'égoïste  qui  de  sa  zone 

Se  fail  le  centre  et  le  milieu  ? 

a  Fiole,  pioche,  o  —  «Contentons-nous  d'indiquer  maintenant  notre  sen- 
»  timent  :  en  prose  ,  io  ;  en  vers ,  i-o.  » 

o  Viande.» —  «En  prose  ,  viande;  mais,  en  vers,  on  dirait  peut-être 
»  vi-ande.  » 

Assez  ,  monsieur  Eandais  ,  assez.  Ne  sutor  ullra  crepidani. 

En  vérité,  quand  j'entends  des  grammairiens  tels  que  ceux,  hélas  !  dont 
Dieu  ,  sans  doute  pour  se  jouer  ,  a  gratifié  la  France  jusqu'à  ce  jour  ,  quand 
je  les  entends  parler  poésie  et  vers  ,  il  me  semble  voir  un  éléphant  ensei- 
gnant à  pincer  de  la  harpe  ou  à  danser  sur  la  corde. 

(1)  11  faudrait  apparemment:  Qui  sont  le  plus  communes.  La  tomnuvt 
employée  par  Girault-Duvivier  exclut  toute  idée  de  comparaison,  et  ici  , 
le  plus  signifie  au  plus  haut  degré  ;  ce  qui  arrrive  toujours  après  Un  de  ceux, 
une  de  celles  qui  sont,  de  même  qu'après  II  est  celui  qui  est ,  elle  est  celle  qui 
est.  Dites  donc  ,  ou  ,  De  ces  deux  sœurs ,  la  cadette  est  la  plus  aimée ,  ou  ,  La 
cadette  est  celle  qui  est  le  plus  aimée.  Il  ne  l'aut  qu'être  doué  d'un  certain  ins- 
tinct naturel  pour  sentir  la  différence  qui  existe  entre  ces  deux  locutions. 
Ainsi  Girault-Duvivier  aurait  pu  dire:  est  une  des  plus  communes  qu'il  y  ait 
dans  notre  langue ,  ou  ,  est ,  dans  notre  langue ,  une  des  plus  communes,  ce 
qui   serait  beaucoup   moins   pesant  que  l'expression  surchargée  d'inutiles 


52  GIlAiMMAIIlE    IKA.NÇAISE. 

plus  communes  dans  notre  langue,  »  dit  Girault-Duvivier, 
avec  un  solécisme. 

C'est  :  Cette  diphthovgue  est  la  plus  commune  de  toutes  ^ 
qu'il  eût  fallu  dire. 

Mais,  sans  nous  inquiéter  de  ce  qu'ont  pu  dire  les  grammairiens, 
nous ,  voici  ce  que  nous  dirons. 


mots  qu'il  a  préféri;e.  Au  reste,  de  telles  fautes  ne  se  rencontrent  que  chez 
les  grammairiens.  En  voici  une  de  MM.  Bescherelle  ,  qui  n'est  pas  moins 
soignée  :  «  Deslull-Tracy  na-l-il  pas  (lit  son  plus  expressément  ?  » 

Ail  î  messieurs  Bescherelle  ,  vous  avez  dit  ou  fait  dire  ,  à  propos  de 
M.  Landais  ,  qu't/y  a  des  vendeurs  de  recettes  partout,  et  que  le  charlatanisme 
exploite  In  grammaire  avec  d'autant  plus  de  succès ,  qu'il  n'y  a  qu'un  petit 
nombre  déjuges  éclaires  en  celte  matière  ;  mais  ,  à  mon  tour,  que  penser  des 
miroholants  feuilletons  qui  font  de  la  Grammaire  Nationale  une  colonne 
Vendôme,  un  obélisque  de  Luxor  ?  Ce  ne  sont  là  des  feuilletons  ni 
payés  ni  mendiés  ,  je  veux  bien  le  croire  ,  puisque  vous  le  dites.  Mais  alors 
convenez  qu'il  est  des  gens  nés  coiffés  à  qui  tout  réussit,  le  bien  comme  le 
mal.  Comme  dit  Gautier, 

Aux  uns  tous  les  bonlieurs  et  tous  les  beaux  côtés. 

L'occasion  leur  est  toujours  lionne  et  fidèle  ; 

Ils  trouvent  au  désert  des  palais  enchantés  ; 

Ils  teltent  librement  la  féconde  mamelle. 

Et  tout  l'or  du  Pactole  entre  leurs  doigts  ruisselle. 

Les  autres  ,  moins  heureux,  ont  beau  tordre  et  pétrir 

Avec  leurs  maigres  mains  la  mamelle  tarie  , 

Leur  frère  a  bu  le  lait  qui  les  devait  nourrir. 

S'il  éclot  quelque  chose  au  milieu  de  leur  vie, 

Une  petile  (leur  sous  leur  pâle  gazon  , 

Le  sabot  du  vacher  l'aura  bientôt  flétrie... 

L'espoir  le  mieux  fondé,  le  projet  le  plus  sage  , 

Rien  ne  leur  réussit  ;  tout  les  trompe  et  leur  nient  ; 

Ils  se  perdent  en  mer  sans  quitter  le  rivage. 

Le  cœur  qu'ils  ont  choisi  ne  garde  pas  sa  foi  ; 

Leur  chien  môme  les  mord  et  leur  donne  la  rage  ; 

Un  ami  jurera  qu'ils  ont  trahi  le  roi. 

Après  la  vie  obscure  une  mort  ridicule  ; 

Après  le  dur  grabat  un  cercueil  sans  repos 

Au  bord  d'un  carrefour  où  la  foule  circule. 

Ils  tombent  inconnus  de  la  mort  des  héros  , 

Et  quelque  ambitieux  ,  pour  se  hausser  la  taille, 

Se  fait  eQVonlément  un  socle  de  leurs  os. 

Oui ,  la  même  chose  qui  eût  fait  la  gloire  et  la  fortune  des  uns,  ne  rapporte 
aux  autres  que  la  misère  ,  l'exil,  les  déchirements  du  cœur  ,  l'isolement, 
la  proscription.  Aux  uns  tout  tourne  à  bien  ;  tout  ce  qu'ils  disent  ,  tout  ce 
qu'ils  font  est  admirable  ,  leurs  plus  grandes  folies  passent  pour  des  chefs- 
d'œuvre;  s'ils  trébuchent ,  c'est  contre  un  trésor.  Aux  autres  tout  lourne  à 
mal;  œuvres  souvent  sublimes,  les  fruits  de  leur  âme  et  de  leur  esprit  n'ob- 
tiennent pas  même  un  regard  de  la  foule  ;  leurs  travaux  herculéens  n'abou- 
tissent qu'à  la  chemise  de  Déjanire  ;  ils  sont  écrasés  en  plein  champ  par  la 
chute  d'une  maison.  Sans  cela  ,  comment  s'expliquerait  la  fortune  de  ccr 
tain  fcuilletonnistc  et  le  succès  do  certaines  grammaires  ? 


i\OTIO-\S  PRELIMLWJUES  ET  ro.XOAME-MALES.  O-J 

lé,  précédé  d'un  t,  est  toujours  diphtliongiie  :  Amitié^  pitié, 
moitié,  tiède,  tiédeur^  attiédir ,  portier ,  pannetière  ,  y ons 
chantiez ,  etc. 

L'amitié  d'un  grand  homme  est  un  bienfait  des  dieux. 

(  Voltaire.  ) 
En  attendant,  regarde  en  pitié  cette  foule 

Qui  méconnaît  tes  chants  , 
Et  qui  de  toutes  paris  se  répand  et  s'écoule 

Dans  les  mauvais  penchants.  (  \  ictor  Hugo.) 

Ange  qui  vient  guider  nus  pas  dans  la  vallée  , 
Esprit  mystérieux,  vierge  auguste  et  voilée, 
Épouse  ,  mère  et  sœur  à  la  fois;  homme  et  dieu  , 
Répandant  ses  bienfaits  ,  ses  soins  ,  avec  usure  , 
Son  amour  à  chacun,  tout  entier,  sans  mesure  , 

Veillant  à  toute  heure,  en  tout  lieu. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Quoi  !  vous  n'étiez  qu'un  petit  nombre 
Mordus  depuis  un  mois  par  un  soleil  brûlant  ! 

[Id.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Il  va  sans  dire  que  celte  règle  ne  s'étend  pas  aux  mots  Balbu- 
tier ,  initier ,  dans  lesquelles  le  t  perd  sa  qualité  naturelle  ,  et  se 
tranforrae  en  vrai  s.  Au  reste ,  tous  les  verbes  eu  ier  ,  comme  on 
le  verra  plus  bas ,  font  exception  à  toutes  les  règles  que  nous 
donnons  ici. 

ie»  suivi  d'un  d,  est  toujours  diphthongue  :  Je  m'assieds ,  H  sied, 
tiédeur,  pied.  11  lest  également  dans  les  composés  de  pW; 
piétiner ,  piétinement ,  empiéter ,  empiétement,  piéton. 

Un  vieillard  vient  s'asseoir  sur  le  seuil  attiédi.     (Victor  Huco*  ' 

Les  tièdes  nuits  d'automne 
Versent  leur  chaste  haleine  aux  coteaux  veloutés.  {^'^•) 

Pour  qu'un  homme  devienne  ,  à  force  de  labeur  , 
Riche  ,  —  sa  tète  doit  fouler  aux  pieds  son  cœur. 

(L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 
Sur  le  parquet  poudreux  on  les  voit  piétiner. 

(  B  4  RTHB  r.  E  M  Y.  Némcsis.  ) 
Quelle  honte  pour  vous,  si  vos  mains  triomphantes 
Allaient  se  joindre  aux  mains  de  ces  hiérophantes, 
Qui  ,  pour  se  faire  grands,  montés  sur  des  tombeaux  , 
Ont  piétiné  vos  corps  comme  des  escabeaux  !  (/</.  Ibid.) 


6Â  GRAMMAIRE   FR/VAÇAISE. 

lé,  suivi  d'un  c  ou  d'un  g ,  est,  de  même,  d'une  syllabe  :  pièce, 
rapiécer  ,  rapiécetage  ,  rapiéceter,  nièce ,  siècle ,  liège ,  piège , 
assiéger,  espiègle ,  Compiègne. 

Un  siècle  corrompu  veut  un  Aristophane.    (Barthélémy.  Némcsis.) 
Ce  limier  de  Compiègne  usé  par  la  vieillesse.  (  Id. 

Espiègles  radieux  que  j'ai  fait  envoler  , 

Oh  !  revenez  ici  chanter  ,  danser ,  parler.  (Victob  Hugo.  ) 

L'abbé  Louis  ,  qui  joue  un  rôle  dans  ma  pièce. 
Fort  souvent  ,  comme  moi ,  va  consulter  sa  nièce. 

(Barthélémy.  Némésis.) 
Eh  !  qu'importe,  après  tout,  que  le  monde  t'assiège  !      (V.  Hugo.  ) 

Suivi  d'un  s  ,  il  n'est  monosyllabe  que  dans  sieste  (i). 
A  l'heure  où  l'Andalouse  et  l'oiseau  font  la  sieste.         (V.Hugo.  ) 
lé,  suivi  de/,  n'est  monosyllabe  que  dâns^ef  et^effe  (2). 

C'est  un  fieffé  coquin  ,  si  jamais  il  en  fut. 
On  voit  parfois  certains  savants 
Qui  sont  de  fieffés  ignorants.  (  Voltaihb.  ) 

lel,  est  diplithlongue  dans  les  mots  :  Ciel  ,Jiel ,  Asrajiel ,  miel^ 
mielleux  ,  vielle  ^  vieille.  Partout  ailleurs  il  est  dissyllabe  (3). 

Êtes- vous  bien  heureuse  au  moins,  vous,  ma  Stella, 

Mon  étoile  d'amour  ?  Etes-vous  bien  heureuse? 

Êtes-vous  dans  ce  ciel  où  votre  âme  pieuse 

D'avance  s'élevait  sur  l'aile  de  sa  foi  ?        (L.  N.  FI.  du  Danubc.^ 

Oh!  pour  ce  livre  saint,  pour  ce  vase  de  wiel , 
Qui  pourrait  raconter,  ô  poète  du  ciel , 

La  gloire  dont  vous  êtes  digne  ?  (  Id.  Ibid.) 

L'abeille  fait  son  miel,  la  fleur  rit  au  ciel  bleu.  (V.  Hugo.) 

Chante  ,  pour  qu'ici-bas  ma  pauvre  âme  ,  ta  sœur, 
Dans  sa  coupe  de  /ie/ trouve  quelque  douceur. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations,) 

(1)  II  nous  semble  que  Sobieski  ne  devrait  faire  que  trois  syllabes.  Bar- 
thélémy lui  en  donne  quatre  : 

Sans  craindre  cette  fois  que  Sobieski  vienne. 

Il  remplace  les  Turcs  sous  les  remparts  de  Vienne. 

(2)  icfesl  quelquefois  monosyllabe  dans  le  mot  relief,  témoin  ce  vers  de 
Barthélémy  : 

Décorant  en  relieflcuis  poitrines  sans  cœur. 

(3)  Toutefois  nous  ne  ferons  pas  un  grand  crime  à  M.  Adrien  Lemay 
d'avoir  fait  rtc/ d'une  seule  syllabe  dans  ce  vers  : 

Invisible  lumière  ,  immatériel  soleil , 
préférant  la  justesse  de  l'expression  à  une  régularité  scrupuleuse  ,  que  l'o- 
reille ne  réclame  que  l'aiblement. 


NOTIONS  PRELIMINAÏRES  ET  FONDAMENTALES.  35 

A  côté  A'Asrajlel,  mais  Qioins  fort  et  moins  grand  , 

Le  féroce  Sabher  s'asseyait  à  son  rang.  (  Lamabtime.  ) 

ié .  est  toujours  monosyllabe  dans  les  mots  en  ième  et  leurs  dé- 
rivés ;  troisième,  cinquième,  sixième,  sixièmement,  etc.  Il 
faut  en  excepter  quatrième  {\)  pour  une  raison  qu'on  saura 
tout  ïi  l'heure. 

O  dix-huitième  siècle  impie  et  châtié  1  (  Victor  Hugo.  ) 

ié»  est  monosyllabe  dans  les  désinences  tienne  et  Vienne ,  et  na- 
turellement dans  les  féminins  de  Mien,  sien,  etc.  Partout 
ailleurs  ienne  est  de  trois  syllabes. 

Sur  cette  place  neuve  où  s'engloutit  la  foule 
Qui  du  quartier  Vivienne  au  boulevard  s'écoule, 
Voyez  ce  temple  grec  aux  angles  déjà  gris 
Qui  semble  frissonner  sous  le  ciel  de  Paris. 

(  Barthélémy.  Ncmésis,  ) 

O  mon  divin  sauveur,  quelle  erreur  fut  la  mienne 

De  m'enfuir  au  bruit  de  tes  pas  ! 
Je  ne  te  perdrai  plus ,  n'est-ce  pas  ?  Oh  !  qu'il  vienne  , 
Le  monde,  désormais  m'arracher  de  tes  bras! 

(L.  N.  Amerlumes  et  Consolations.) 

1er,  est  toujours  diphthongue,  excepté  dans  les  mots  où  il  se  ren- 
contre a  la  suite  d'un  r  ou  d'un  /,  précédé  d'une  autre 
consonne ,  et  dans  tous  les  verbes  en  ier  ,  ainsi  que  dans  Hié- 
rarchie,  hiératique ,  hiéroglyphe ,  hiéronique ,  hiérophante. 

Les  grammairiens  ,  d'après  Lévizac ,  vous  diront  de  faire  encore 
dissyllabe  le  mot  hier;  mais  ,  si  vous  m'en  croyez ,  vous  passerez 
outre.  Ces  messieurs  qui  ne  songent  à  rien  ,  n'ont  pas  songé  que  , 
généralement ,  les  mois  simples  et  primitifs  n'ont  qu'une  seule 
syllabe.  Vieux ,  mot  simple  ,  est  d'une  syllabe  ;  envieux,  mot  com- 
posé de  Envie  ,  en  a  deux.  Une  seule  syllabe  dans  Ciel,  miel,  fiel; 
deux  syllabes  dans  les  désinences  des  mots  composés  Officiel ,  es- 
sentiel,  matériel.  Fouet,  mol  simple,  est  d'une  syllabe;  jowe/, 
mot  composé  dejeu,  en  a  deux. 

Comme  cette  règle  souffre  pourtant  des  exceptions  ,  nous  conti- 
nuerons à  procéder  article  par  article. 

(1)  Les  poètes  Font  quelquefois  quatrième  de  trois  syllabes;  témoin 
cet  hén)istiche  de  Uar  tiiéleniy  :  Pour  la  quatrième  fois. 


5G  GRAMMAinE   FRANÇAISE. 

Mon  dernier  né  1  Je  l'ai  perdu  l  dernier  trésor  !      (  Victor  Hugo.) 

Epris  de  la  couleur,  comme  un  peintre  moderne  , 

De  peur  que  mon  tableau  n'eût  un  aspect  trop  terne  , 

Je  n'ai  pas,  imitant  Théophile  Gautier, 

Renversé  ma  palette  à  travers  le  papier.     (L.  N.  FI.  du  Danube.  ) 

Va,  tu  regretteras  le  toit  paisilile  et  sûr 

De  notre  humble  chaumière , 
Où,  le  jour,  tu  vivais  de  joie  et  de  lumière. 
Où  ,  le  soir,  près  de  moi ,  cœur  innocent  et  pur, 

Tu  t'endormais  dans  la  prière. 
Adieu  les  gazons  verts,  adieu  le  ciel  d'azur  !  {Id,  Ibid.) 

Et  quelle  main  chérie,  à  notre  heure  dernière  , 
Quelle  main  viendra  donc  nous  Fermer  la  paupière  ? 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Suis-je  digne  de  toi ,  moi,  chétive  poussière  ? 

Mais  dites  un  seul  mot,  Seigneur  , 
Et  mon  cœur  deviendra  plus  pin-  que  la  lumière. 

Plus  odorant  qu'un  lis  en  fleur.  (  Id.  Ibid.) 

Fils  d'une  Vendéenne  , 
Cœur  n'ayant  plus  d'amour,  mais  n'ayant  pas  de  haine  , 
Il  suppliait  qu'au  moins  on  l'en  crût  un  moment , 
Lui  qui  sur  le  passé  s'incline  gravement  , 
Et  dont  la  piété  ,  lierre  qui  s'enracine  , 
Hélas  !  s'attache  aux  rois  comme  à  toute  ruine.     (Victob  Hugo.  ) 

Qu'il  sera  fier  de  vous,  le  héros  qui  vous  guide, 

O  Romains  à  l'unie  intrépide  , 
Vrais  soldais  d'un  nouveau  Scipîon-l'Africain! 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Pour  troubler  une  vie  il  suffit  d'un  regard. 

Le  mal  peut  se  montrer  même  aux  clartés  d'un  cierge, 

La  curiosité  qu'a  l'esprit  de  la  vierge 

Fait  une  plaie  au  cœur  de  la  femme  plus  tard.        (VicroK  Hugo.) 

Hier  (1)  il  m'a  dit  :  11  faut  être  au  palais  demain 
Avant  l'aurore.  (Id.) 

Hier  un  de  mes  amis,  se  trouvant  à  souper 

Auprès  d'une  duchesse,  eut  soin  de  se  tromper 

De  verre.  (  Alfred  de  Musset.  ) 

Oui ,  hier  il  me  fut  lu  dans  une  compagnie.         (  Molière.  ) 

(1)  Il  n'y  a  pas  plus  de  raison  pour  faire  de  deux  syllabes  le  mot  hier, 
que  les  mots  tiers  et  fier.  Cependant  les  poètes  l'emploient  souvent 
comme  dissyllabe  : 

^ler  Saxe-Coboing  s'est  fait  roi  dans  Bruxelles. 

(  Barthélémy.  Né/nésis.) 
Si  c'est  pour  que  ce  temps  fasse,  en  son  morne  ennui. 
De  l'opprime'  iVhier  roppicsscur  J'aujourd'liui.  (  ViCTOR  HcGO.) 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  )/ 

Du  <(Vrs-cons()lidé  ne  craignez  plus  le  choc.  (Barthki.kmy.  ) 

Perrière  l'horizon  quelque  chose  murmure.  {  Victor  Hugo.) 

De  crainte  cependant  qu'un  œil  d'homme  ou  de  femme 
Ne  vînt  à  profaner  ces  mystères  de  l'âme, 
Et  ne  lût  sur  mon  front  la  gloire  de  mon  cœur , 
Derrière  mai  gaîté  je  cachai  mon  bonheur. 

(  L.  N.  Fleurs  îîu  Danube.  ) 

let,  n'est  diphUiongue  que  dans  les  mois  assiette ,  serviette,  diète , 
miette ,  èmietter ,  empiéter  ,  empiétement ,  piétiner ,  piétine- 
ment, piéton,  piètre,  piètrement.  Partout  ailleurs  il  forme  deux 
syllabes  ,  comme  dans  piété,  société  (\). 

Alors  on  me  jeta,  comme  un  don  clandestin  , 
Quelques  miellés ,  débris  du  splendide  festin. 

(  Barthélémy.  Némésis.) 

Ne  vous  effrayez  pas  ,  douce  mère  inquiète 

Dont  la  bonté  partout  dans  la  maison  s'émielte. 

De  le  voir  si  petit,  si  grave  et  si  pensif,  (Victor  Hogo.) 

Jetons  nos  chapeaux  — et  coiffons-nous  de  nos  servielles , 

Et  tambourinons  —  de  nos  couteaux  sur  nos  assieltes  (2),  (  Se  arhon.  ) 

lez,  est  diphthonguedans  A/ez,  Dumouriez,  et  dans  tous  les  verbes 
qui  n'ont  pas  leur  infinitif  en  ier ,  a  l'exception  de  rire,  sou- 
rire,  ou  dans  lesquels  il  n'est  pas  a  la  suite  d'un  /ou  d'un  /• 
précédé  d'une  autre  consonne;  ce  qui  s'applique  aussi  a  la 
terminaison  ions  (5). 

Thémistocle  acheté  par  la  cour  des  satrapes  , 
C'est  notre  Dunxouriez  rebelle  après  Jemmapes. 

(Barthélémy.   Némésis.) 

\'o\is aviez  devant  vous  une  armée  innombrable. 

(L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

S'il  fallait ,  procédant  par  sanglantes  journées  , 
Couper  en  un  seul  jour  vingt  têtes  condamnées  , 

Dites,  S6rie«-V0HS  assez  forts  ?  (Barthélémy.  A^éHiests.  ) 

(1)  Les  grammairiens  vous  disent  bien  que  les  voyelles  ié  cessent  d'être 
diphthongues  dans  les  mots  où  elles  précèdent  un  l ,  mais  ils  ne  mention- 
nent aucune  des  exceptions  citées  ici. 

(2)  Ceci  est  un  exemple  de  vers  de  treize  syllabes. 

(3)  Cette  règle  a  été  violée  dans  les  vers  suivants  : 

Vous  me  sembliez  un  ange  envoyé  sur  la  terre.  (  L.  N.) 

Vous  encombriez  le  monde  ,  y  tenant  plus  de  place 

A  vous  seuls  que  les  monts  les  plus  audacieux 

Qui  surchargent  In  terre  et  tourhenf  presque  aux  cieux.  (.Id.) 

Toutefois,  je  ne  sais  pas  jusqu'à  quel  point  est  condamnable  une  telle 
licence. 

T.  II.  8 


38  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

ié,  esttoujoursdiphthongue  dans  la  désinence  lèwe  :  lièvre,  fièore, 
genièvre  ,  mièvre ,  Lièvre  ,  et  dans  Geneviève . 

Cœur  de  lièvre  au  combat ,  cœur  de  tigre  au  carnage , 

Sa  cruauté  sans  borne  était  son  seul  courage.       (  Lamartine  .  ) 

Oh  !  qui  viendra  calmer  la  fièvre  qui  me  ronge  ? 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations .) 

C'est  l'orateur,  debout  sur  la  boiae  angulaire  , 

Qui  verse  aux  assistants  sa  fièvre  de  colère.       (Babthélbmy.  Ném.  ) 

lAI,  n'est  diphthongue  que  dans  biais,  qui  redevient  dissyllabe 
dans  BIAISER  (^) ,  et  dans  bréviaire. 

II  est  certains  esprits  qu'il  faut  prendre  de  biais.  (  RsGirAaD.  ) 

Vénus  n'a  point  d'autre  bréviaire.  (Lbbhun.  ) 

Un  abbé  qui  n'aime  rien 

Que  le  séminaire  , 
Qui  donne  aux  pauvres  son  bien 
Et  dit  son  bréviaire.  (  Lamothe  Houdaet.) 

tel,  ne  se  rencontre  guère  que  dans  Saint- Yrieix,  où  il  est  diph- 
thongue. 

Monsieur  de  Paganel  ,  natif  de  saint- Krieia*. 

10,  n'est  diphthongue  que  dans/j/oc/se  et  dans  quelques  noms  pro- 
pres ,  comme  :  Campo-Formio ,  Rizzio ,  Déiopée  ,  Giorgione  , 
Giotto ,  Sanzio  (2) . 

Qu'ils  viennent ,  —  quand  il  froisse  avec  ses  pieds  profanes  , 
Quand  de  sa  pioche  immonde  il  souffleté  ces  crânes  , 
Débris  hideux  de  l'homme  à  la  tombe  arrachés. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 
Amours  !  —  Darnley  !  Rizzio!  quel  néant  est  le  vôtre  ! 

(  VicTOH  Hdgo.  ) 
Des  quatorze  beautés  qui  décorent  ma  cour  , 
Je  promets  Déiopée  à  ton  brûlant  amour.  (Barthélémy.  ) 

(l)  Il  est  certains  esprits  mal  aisés  à  conduire  : 

Ce  n'est  qu'en  biaisant  que  l'on  peut  les  réduir  e.  (  JouY .) 

Toutefois  nous  aimerions  mieux  ne  faire  biaiser  que  de  deux  syllabes. 

Nous  réclamons  la  môme  faveur  pour  le  mot  j'enrféwiatre,  bien  que  la 
terminaison  iaire  soit  toujours  de  trois  syllabes.  Vendémiaire  nous  semble 
avoir  sur  la  diphthongue  les  mêmes  droits  que  bréviaire.  Il  est  vrai  que  les 
droits  même  de  ce  dernier  sont  méconnus  par  Alfred  de  Musset,  qui  fait 
sans  façon  ce  mot  de  quatre  syllabes  : 

Ses  crimes  noirciront  un  large  bréviaire. 

Bréviaire  est  ici  pour  registre.  Il  y  a  des  gens  avec  qui  il  faut  toujours 
mettre  les  points  sur  les  e". 

(2)  Faut-il  encore  citer  cet  exemple  : 

Il   a  tué  Stranio  sur  le  bord  de  la  roule?  (  Ai,r.  de  Musset.) 

On  trouve  aussi  le  mot  fiole  employé  en  vers  comme  dissyllabe. 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  59 

J'en  excepte  pourtant  Gimabué  ,  Giotto.  (Th.  GAuiiEa.  ) 

lAU,  n'est  diplilhongue  que  dans  affûtiau. 
lEU,  n'est  diphthongue  que  dans  les  mots  : 


Aïeul, 

Essieu  , 

Mieux , 

Sieur, 

Caïeu , 

Glaïeul, 

Monsieur , 

Tardieu , 

Camaïeu , 

Lieu , 

Montesquieu , 

Vieux, 

deux , 

Lieue, 

Pieu , 

Yeux, 

Dieu , 

Mathieu , 

Plusieurs, 

et  naturellement  dans  leurs  composés  :  Bisaïeul,  trisaïeul,  bi- 
saïeule, trisaïeule,  bisdieux ,  trisaïeux,  adieu,  demi-dieu,  milieu, 
Beaulieu,  Chaulieu,  Richelieu,  épieu.  Pieux  ,  adjectif,  est  dissy- 
abe,  comme  tous  les  adjectifs  en  ieu^. 

Que  votre  douce  voix  ,  de  Dieu  même  écoutée, 

Aumi/i'eu  du  combat  jetant  des  mots  de  paix, 

Fasse  tomber  les  flots  de  la  Ibule  irrilée.  (  Th.  Gautibb.) 

Qui  sert  bien  son  pays  n'a  pas  besoin  d'aieux.  (Voltaibe.) 

Vous  vous  glorifiez  du  nom  de  vos  aïeux. 

Nous  sommes  plus  que  vous  ,  nous  sommes  des  aïeux. 

(  JuNOT  d'Abrantès.  ) 

Quel  est  donc  votre  espoir,  conseillers  de  démence, 
Lorsqu'au  milieu  de  nous  vous  jetez  ce  brandon  ? 

(  Bauthélemy.  Némcsis.) 
Elle  atteint  jusqu'au  pic  le  plus  inaccessible. 
J  'ai  déjà  dit  plus  haut  qu'elle  va  chez  les  dieux. 
Empoisonner  leur  table  et  de  sa  bave  horrible 
Souiller  hideusement  la  pureté  desctewa;. 

(  L.   N.  Fleurs  du  Danube.) 
Frangés  de  longs  cils  noirs,  ses  grands yc«a3  bruns  et  doux 
Étaient  d'une  beauté  querieu  ne  peut  décrire.  [Id.  Ibid.) 

Au  milieu  des  chardons  qu'y  pousse  l'ignorance 
J....  n'y  ferait  pas  maigre  chère,  et  je  pense 
Qu  il  y  pourrait  traiter  largement  ses  lecteurs.  {Id.  Ibid.) 

est  diplilhongue  dans  certains  noms  propres  en  aïus  (1). 


Il], 


Le  seul  qui  devina  cette  énigme  funeste 
Tua  Laïus  son  père  et  commit  un  inceste. 


(  Th.  Gautier.  ) 

lOL  ,  n'est  diplilhongue  que  dans  les  cas  mentionnés  au  tableau. 
ian*  n'est  diphthongue  que  dans  \esdeu%mols  viande  et  diantre  {2). 


(1)  Alfred  de  Musset  introduit  celte  diphthongue  dans  Ctodius  : 

Hanilet  tuera  Clodius ,  —  Joad  tuera  Mathan. 

(2)  Fiancée  n'est  souvent  que  de  deux  syllabes  dans  Lamartine.  C'est 
un  e  des  nombreuses  licences  que  ce  grand  poète  aime  à  prendre.  11  traite 
de  même  le  mot  suave. 


00  GRAAUfAmE    FRANÇAISE. 

Pour  loi  le  laboureur  esl  un  rustre  qu'on  paie  ; 

Pour  toi  toute  fumée  ondulant,  noire  ou  gaie, 

Sur  le  clair  paysage  ,  est  un  foyer  impur 

Où  l'on  cuit  quelque  viande  à  l'angle  d'un  vieux  mur.      (V.  Hugo.) 

lEN  ,  est  cHphlhongue  dans  les  mots  : 


Ancien  (1) , 
Bien , 
Chien , 


Combien , 
Gardien, 
Mien  , 


Païen , 
Plébéien , 
Rien  , 


Sien, 

Vaurien , 


et  dans  tous  ceux  où  il  est  précédé  d'un  t  naturel  ou  d'un  c,  comme  : 
Vivien ^  tien,  maintien  ,  Je  viens ^  je  tiens ,  etc.  (2). 

L'encens  avait  terni  son  ancien  uniforme.  (  Basthélemy.  Némésis.  ) 

(1)  Plusieurs  font  ce  mot  de  trois  syllabes  ,  mais  à  tort. 

(2)  Evidemment  tous  les  autres  mots  en  ien  divisent  cette  désinence 
en  deux  syllabes.  Exemples: 

Quand  je  vois  ,  quand  je  vois  les  Babyloniens 

Transféiës  des  Persans  aus  Macédoniens.  (RACINE.  Les  Plaid.) 

Mais  elle  avait  appris  qu'uae  ville  romaine 

Du  sang  des  Phrygiens  devait  un  jour  sortir.  (BARTHÉLÉMY.) 

D'autres,  moins  oublieux  ,  ont  des  caves  funèbres 

Où  sont  range's  leurs  morts  ,  comme  celles  des  Guèbres 

Ou  des  Égyptiens.  (  Th  .  Gadtier  .  ) 

11  est  dans  la  nature,  il  est  de  belles  choses. 

Des  rossignols  oisifs ,  de  paresseuses  roses. 

Des  poètes  rêveurs  et  des  musiciens 

Qui  s'inquiètent  peu  d'être  bons  citoyens.  (  Idem.) 

C'est  la  beauté  du  corps ,  c'est  l'art  italien.  (  Idem.) 

Néanmoins  M.  Alfred  de  Musset,  en  véritable  enfant  gâté  de  la  poésie, 
qui  lui  passe  tout ,  ne  tient  pas  toujours  compte  de  cette  règle  ou  de  cet 
usage.  En  voici  la  preuve  : 

Mais  si  les  Tyroliens  qui  sont  dans  cette  enceinte 

Trouvent  (Jue  j'ai  raison. 

Mais  que  nous  veut  ici  cette  fille  italienne  ? 

Lisez  les  Italiens ,  tous  verrez  s'il  les  vole. 

Suspendant  son  âme  , 

Comme   un  luth  éolien  ,  aux  lèvres  de  la  nuit. 

Victor  Hugo  lui-même  s'est  écarté  de  son  exactitude  ordinaire  dans  ces 
vers ,  qui  n'en  sont  pas  moins  beaux  pour  cela  : 

Elle  aimait  trop  le  bal.  —  Quand  venait  une  fête, 
Elle  y  pensait  trois  jours  ,  trois  nuits  elle  en  rêvait; 
Et  femmes,  musiciens ,  danseurs  que  rien  n'arrête  , 
Venaient,  dans  son  sommeil,  troublant  sajeiuie  tête. 
Rire  et  bruire  à  son  chevet. 

Th.  Gautier  ne  fait  également  que  deux  syllabes  du  mol  Titien, 

C'est  que  l'un  ne  dit  pas  de  tes  belles  Maries  , 
O  mon  chaste  poêle  !  ô  mon  peintre  cbrc'licn  .' 
Comme  île  Raphaël  et  comme  do  Titien, 
Voici  la  Fornariuc  ou  l'itn  la  Muranèsc, 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  61 

D'où  vient  qu'en  proscrivant  le  titre  d'Excellence  , 

Ils  ont  du  (aste  ancien  maintenu  l'insolence  î  (W.  ibid.) 

Homme ,  je  suis  ton  frère , 
Mon  royaume  est  le  tien ,  et  mon  père  est  ton  père.    (Lamartine.  ) 

Vous  êtes  noble  et  riche ,  et  moi  je  ne  suis  rien. 

Je  n'ai  que  mon  amour  pour  tout  titre  et  tout  bien, 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

C'est  que  je  suis  jaloux,  au  moins.  Garde-loi  ite/i 

De  me  tromper  ,  de  me. . .   Fidèle  comme  un  chien. 

Et  doux  comme  un  agneau  dans  la  paix  , —  dans  Ja  guerre 

Je  deviens  un  lion  ,  un  tigre  ,  une  panthère  , 

Un  chacal,  une  hyène,  un  rliinocéros,  quoi! 

Un  vrai  Niagara  de  terreur  et  d'effroi. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Oh  !  combien  ,  en  lisant  ce  livre  si  chrétien  , 

Se  sentiront  meilleurs  et  plus  portés  au  bienl  {Id,  Ibid.) 

Quel  riche  impitoyable  et  plus  dur  que  son  or 
Pourrait  dorénavant  contempler  le  trésor 

De  ses  biens,  de  ses  jouissances. 
Sans  songer ,  lui  qu'abrite  un  fastueux  hôtel  , 
Qu'il  est  peut-être  auprès  quelque  pauvre  Morcf  , 

Transpercé  de  mille  souffrances  ? 

Quelque  pauvre  Morel  dans  un  taudis  étroit , 
Père  de  cinq  enfants  qui  grelottent  de  froid , 

Sur  leur  couche  de  j)aille  humide, 
Et  que  tonte  la  nuit  tient  éveillés  la  faim  ; 
(àirps  débiles,  chétifs  ,  dont  l'un  ,  mort^  pend  au  sein 

De  sa  pauvre  mère  invalide  ?  (  Id.  Ibid,  ) 

Ma  muse  plébéienne  accepte  ce  mandat.  (BAHTHiitEMv.  Ném.) 

Pour  notre  pauvre  coeur  l'amour  est  un  tel  bien. 

Qu'il  ne  peut  sans  saigner  perdre  celui  d'un  chien.     (  Lamaktine,  ) 

ION,  n'est  diphthongiie  que  dans  le  mot  pion  ,  et  dans  les  cas  déjà 
indiqués.  Voyez  plus  haut  iez. 

Et  puis  nous  toucherions  à  des  plaines  fécondes  , 
Où  nous  aurions  de  l'air  et  do  limpides  ondes, 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 
Ecoutez.  Nous  allions  par  un  jour  magnifique 
Visiter  en  famille  une  chartreuse  antique.    (Id.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Quoi  donc  !  c'est  vainement  qu'ici  nous  nous  aimâmes  1 
Rien  ne  nous  restera  de  ces  coteaux  fleuris, 
Où  nous  fondions  notre  être  en  y  mêlant  nos  flammes! 
L'impassible  nature  a  déjà  tout  repris.  (  Victoh  Hugo.  ) 

L'homme  au  hasard  choisit  sa  loute  ; 

Et  toujours  ,  quoi  que  nous  fassions  , 

Gomme  un  bouc  sur  l'herbe  qu'il  brout''  , 

Vit  courbé  sur  ses  passions.  (  Id.) 


H2  GRAMMAIKE  FRANÇAISE. 

nâtons-nous  d'ajouter  une  règle  qui  s'applique  à  toutes  les  dipli- 
Ihongues  énumérées  ci-dessus. 

Lorsqu'au  lieu  d'un  i  simple ,  c'est  un  y  qui  précède  une 
autre  voyelle ,  il  y  a  toujours  diphthongue. 

Quand  la  mort  la  raya  du  livre  des  vivants , 

Mon  cœur  dans  le  tombeau  descendit  avec  elle.  (  L.  N.  ) 

Qui  viendrait  enrayer  sur  la  rapide  pente 

Où  le  désespoir  va  roulant  ?  (  L.  N.  Atnert.  et  Consol.) 

On  croyait  dans  les  jours  du  barde  et  du  trouvère.         (V.  Hugo.  ) 

La  royauté  décline  et  le  peuple  se  lève.  (^''O 

Sois  Joyeuse  !  la  foi  vit  sans  l'austérité.  (  Id.  ) 

Peut-être  que,  de  toi  raillant  avec  empbase  , 
Il  ira  te  noyant  dans  les  eaux  de  sa  phrase. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Oh  !  toujours  verrons-nous  sous  d'implacables  haines 

S'entr'égorger  les  citoyens  ?  (L.  N.  Amer,  et  Consol. 

Qui  ne  désirerait  pouvoir  sur  cette  flamme 

Répandre  des  fleuves  d'amour, 
Et  faire  pénétrer  dans  la  nuit  de  cette  âme 

Son  coeur  comme  un  rayon  de  jour  ?  (  Id.  Ibid,  ) 

Les  noms  qui  commencent  par  hyé  font  exception. 

O  riche  ,  plus  cruel  que  le  tigre  et  l'hyène  , 

Tu  grinceras  des  dents.  ( Id.Ibid.  ) 

De  même  que  \ey,  le  son  mouillé  constitue  aussi ,  avec 
la  voyelle  qui  le  suit,  une  sorte  de  diphthongue. 

O  seigneur  malvenu  de  ce  superbe  lieu  ! 

Caillou  vil  incrusté  dans  ces  rubis  en  feu  !  (  Victor  Hugo.  ) 

Un  i  entre  deux  voyelles  fait  de  même  toujours  diphthon- 
gue a  vec  la  voyelle  qui  suit  : 

Auprès  d'Albert  Durer  ,  Raphaël  est  païen.  (  Th.  Gautibr.  ) 

OUA,  n'est  diphthongue  que  dans  pouah  elpouacre. 
ua  l'est  dans  tous  les  mots  où  il  se  prononce  oua. 

Pouah  !  pouah  !  que  c'est  mauvais  !  quelle  horrible  boisson  ! 

DI,  est  toujours  diplilhongue,  excepté  dans  Druide^  fluide,  suicide, 
hruine,  ruine,  hriilre.  o[  jours  dciivcs,  ainsi  que  dans  tous  ceux 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  03 

en  GUÏTÉ,  cuÏTÉ,  TDITÉ  :  exiguïté ,  perspîcuïlé ,  perpétuité (\) . 

G««  parasite  enflé  de  la  sève  des  chênes  i 

Pauvre  riche  !  (  Victob  Hugo.  ) 

La  foule  des  vivants  rit  et  suit  sa  folie.  (  là.) 

A  quoi  vous  sert  le  flot,  le  nuage  ,  le  bruit 

Qu'en  secret  dans  la  fleur  fait  le  germe  du  fruit  ?  (  Id.  ) 

Pauvre  ami ,  si  ton  cœur  touchait  un  peu  la  fange , 
Le  bon  Dieu  s'en  irait  de  son  humble  réduit  ; 
Et  puis  tu  n'aurais  plus,  pour  te  bercer ,  un  angei 

Dans  tes  rêves,  la  nuit.  (L.  N.  Amert.  et  Consol.) 

Quoi  !  la  vérité  dans  un  puits  ! 

Las  !  elle  n'a  point  d'autre  asile. 

Pétersbourg  la  bat  ou  l'exile. 

Même  à  Londre  elle  est  sans  appuis. 

On  la  brûle  en  terre  papale. 

Le  Grand-Turc  l'étrangle  ou  l'empale. 

Mieux  vaut  encor  le  fond  du  puits.  (  Lebbon.  ) 

OUIN  et  OIN ,  qu'on  prononce  à  peu  près  de  même,  sont 
toujours  diphthongues. 

Quel  afi'reux  baragouin  !  je  n'y  puis  rien  comprendre. 

Ton  regard  voit ,  tandis  que  notre  œil  flotte  au  loin. 

Les  blés  d'or  en  farine  et  la  prairie  en  foin.  (Victoh  Hdgo.) 

Mais  l'exil  loin  de  vous,  jeune  femme  au  cœur  d'ange  , 
Source  pure  d'amour,  où  je  buvais  hier  , 
Avec  l'oubli  du  monde  ,  un  bonheur  sans  mélange  , 
Oh  1  l'exil  loin  de  vous  ,  c'est  la  mort  ,  c'est  l'enfer. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

Toujours  sereine  et  pacifique  , 

Elle  ofiTre  à  l'auguste  indigent 

Des  dons  de  reine  magnifique  , 

Des  soins  d'esclave  intelligent.  (  Victor  Hugo.  ) 

Songe  que  l'univers  n'est  qu'un  point  dans  l'espace  , 
Suspendu  par  un  fil  sur  un  goufi're  sans  fond. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Les  autres  diphthongues  :  oé,  oué,  ouai,  ué,  oui,  iou, 
ouen,  uin,  n'ont  lieu  que  dans  les  cas  mentionnés  au 
tableau. 

(l)  Ruines  de  verdure  et  de  (leurs  pavoisécs.         (L.  N.  Fl.  du  Danube.) 

Revenez  près  de  moi  ,  soui-iant  de  plaisir, 

BrMire  et  gazouiller.  (  ViCTon  HuGO.) 

Un  vieux  druide  autrefois  assurait 
Qu'en  paradis  nulle  femme  n'irait. 
Car  ,  disait-il ,  le  maître  du  tonnerre  , 
Dont  la  sagesse  éclaire  la  bonté  , 
Peut-il  sauver,  sans  blesser  l'équilé. 
Celles  qui  font  damner  toute  la  terrr  ? 


•)•<  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Moelleux  comme  une  cliatle  et  frais  comme  une  rose. 

(  Alfbgo  de  Mdssbt.) 
Je  m'arme  de  nouveau  du  fouet  de  la  satire. 
.  Nous ,  des  duels  (1)  avec  vous  !  Arrière ,  assassinez.  (  Tictoh  Hugo.  ) 

On  en  parle ,  on  en  pleure ,  on  en  rit ,  qu'en  voit-on  î 
Quelques  duels  oubliés,  quelques  soupirs  de  femme, 
Quelques  joyaux  de  prix  sur  une  épaule  infâme  , 
Quelque  croix  de  bois  noir  sur  un  tombeau  sans  nom. 

(  Alfred  de  Musset.  ) 

(1)  Duel ,  de  même  que  hier,  est  plus  souvent  employé  comme  dissyl- 
labe; et,  à  tout  prendre,  je  trouve,  en  effet,  qu'il  y  a  dans  ce  mot  deux 
sons  trop  pleins  pour  qu'on  puisse  le  prononcer  vite  et  d'une  seule  émis- 
sion de  voix.  La  même  chose  s'applique  à  duègne,  et  plus  particulière- 
ment à  Louis,  que  nous  ne  saurions  admettre  comme  diphthongue  ,  quoi- 
qu'on en  trouve  des  exemples  : 

Un  jour  fuit  louis  par  louis  ce  qui  vient  sou  par  sou. 
Pour  la  même  raison  nous  n'aimons  guère  qu'on  fasse  monosyllabe  le  nom 
Juan.  J'éprouve  toujours  une  certaine  difficulté  à  prononcer  ce  mot  comme 
l'entendent  les  poètes,  et  mon  oreille  s'obstine  à  trouver  sept  sons  plein 
dans  cet  hémistiche  de  Gautier  i 

Ainsi  parla  don  Juan. 

Il  est  de  fait  que  les  deux  premières  syllabes  de  Louange  ne  sont  pas  d'une 
autre  nature  ;  et  pourtant  qui  s'aviserait  de  les  prononcer  en  diphthongue 
même  en  prose,  si  ce  n'est  Demandre  et  Lévizac,  avec  leurs  copistes  Na- 
poléon Landais  et  Girault-Duvivier  ?  Ces  messieurs  poussent  bien  plus  loin 
la  fureur  des  diphthongues.  Ils  trouvent  des  diphthongues  réelles  jusque 
dans  les  mots:  diamant,  miauler,  miauletnent ,  harmonieux ,  chiourme , 
admiration,  commission,  ouate,  bafouant,  enfoui,  épanoui,  etc.  Voici  la 
preuve  du  contraire  : 

Où  brille  le  regard  ,  que  sert  le  diamant  ?  (Victor  Hugo.) 

Rêveur  harmonieux ,  tu  fais  bien  de  chanter.  (Th.  Gautier.) 

Sur  l'autel  idéal  entretenez  la  flamme  , 

Guidez  le  peuple  au  bien  par  le  chemin  du  beau  , 

Par  Y  admiration  et  l'amour  de  la  femme.  (  Idem.) 

On  dirait  de  la  lune  en  sa  robe  à'ouate,  (  Idem.) 

L'espérance  est  un  lac  dont  l'onde  diaphane 
Réfléchit  à  nos  yeux  un  monde  moins  profane. 
L'âme  ,  comme  une  fleur  ,  aux  bords  s'épanouit. 

(L.  N.  amertumes  et  Consolations .) 

La /oï/«nç-e  agréable  est  l'âme  des  beaux  vers.  (Boir.EAU.) 

Alfred  de  Musset  fait  Juana  de  trois  syllabes  dans  ces  vers  : 
Jurons  donc  que  celui  qui  sera  dans  une  heure 
Debout,  et  qui  verra  le  soleil  de  demain  , 
Tuera  la  Juana  d'Orvado  de  sa  main. 

Que  Juan  soit  donc  à  son  tour  de  deux  syllabes. 

Nous  en  dirons  autant  du  mot  Bossuet,  que  Castel  fait  seulement  de  deux 
syllabes  dans  ce  vers  : 

Regardez  :  c'est  Bossuet  qui  s'élève  et  qui  tonne. 

Le  mot  Suède  n'est  pas  traité  avec  plus  d'égard. 
Toutefois  je  ne  sais  pourquoi  ma  voix  passe  plus  rapidement  sur  uel  dans 


JVOTIONS  PRELIMINAIKES  ET  FONDAMENTALES.  fio 

Us  vont , 
Et  tout  s'efface  en  eux  à  mesure  ,  l'ennui 
Par  la  joie  ,  oui  par  non  ,  hier  par  aujourd'hui.  (  Id.  ) 

Pirouette  est  de  deux  ou  trois  syllabes  à  volonté,  disent  les 
grammairiens.  Nous  préférons  lui  en  donner  trois ,  sans 
compter  la  dernière.  Mais  oué  est  réellement  diphthongue 
dans  couette  et  dans  couenne. 

AI,  n'est  diphthongue  que  dans  die  ,  sorte  d'interjection  qui  ex- 
prime la  douleur ,  et  dans  quelques  noms  propres  en  aye , 
comme  Biscaye ,  Blaye  (^  ) ,  les  Cayes. 

Il  me  semble  impossible  aussi  qu'il  n'y  ail  pas  une  différence 
entre  imyement  et  paîment.  Du  moment  où  l'on  conserve  Vy ,  il 
faut  absolument  prononcer  péïment,  ou  bien ,  à  l'exemple  des 
grammairiens  ,  autre  bande  noire ,  il  faut  porter  le  marteau  sur  Vy, 
si  sonore,  et  le  remplacer  par  cet  î  fêlé,  qui  est  en  si  grande  faveur 
auprès  d'eux. 

Sûrement  Victor  Hugo  n'entend  pas  qu'on  prononce  bégaye, 
dans  les  vers  suivants  : 

L'idée  auguste  qui  Végaye 
A  cette  heure  encore  bégaye , 

comme  s'il  faisait  rimer  ce  mot  avec  gaie  ;  car  alors  ,  indubitable- 
ment ,  il  écrirait  bégaie. 

duelliste  que  dans  duel.  Serait-ce  qu'ayant  plus  de  chemin  à  faire  ,  elle  part 
avec  plus  de  vitesse,  et  franchit  d'un  bond  It-s  obstacles  ,  pour  atteindre 
plus  tôt  le  but?  Toujours  est-il  que  j'admettrais  plutôt  le  monosyllabe 
dans  le  mot  composé  que  dans  le  mot  simple. 

Toutefois  je  conçois  que,  dans  les  noms  propres,  le  besoin  d'abréger 
multiplie  1(  s  dipblliongiies  ,  et  que  l'on  dise  :  Consïïe-lo ,  Bruëys,  etc. 

Je  ne  terminerai  pas  cette  note  sans  payer  à  M.  Auguste  Lemaire  le 
tribut  d'éloges  qui  est  dû  à  sa  modestie.  Beaucoup  plus  modeste,  en  effet , 
que  ceux  qu'il  annote  ,  M.  Lemaire  ,  loin  d'affirmer  à  tort  et  à  travers, 
vous  expose  ses  doutes  avec  une  naïveté  qui  lui  fait  honneur.  «  Peut-être 
y  a  til  une  diphthongue  dans  Bréviaire,  stagiaire,  etc.  Mais  je  n'afBrme 
rien  ,  »  dit-il.  Par  malheur  il  n'.t  pas  tttujours  gardé  la  même  réserve;  et 
c'estsans  le  moindre  scrupule  qu'ilafSrme  que  icn  estloujours diphthongue, 
excepté  dans  les  trois  mots  lien,  aérien,  historien. 

(1)  Les  grammairiens  vous  disent  de  prononcci  Blai  ;  c'est  un  mauvais 
conseil,  et  je  vote  pour  la  prononciation  représentée  par  btaï ,  comme  pins 
sonore  et  plus  régulière. 

T.  II.  }) 


^^  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Sans  être  proprement  des  diphthongues ,  les  désinences  ««7 ,  eil, 
ont  évidemment  quelque  chose  des  sons  aï  et  éï;  mais  ,  soit  dit  en 
passant,  comment  MM.  de  Port-Royal ,  Dumarsais  et  jusqu'à  notre 
digne  abbé  Girard  ,  ont-ils  pu  voir  la  diphthongue  aï  dans  le  mot 
ayant  ?  Voilà  ce  que  j'ai  de  la  peine  à  concevoir. 

Laisse-toi  conseiller  par  l'aiguille  ouvrière , 

Présente  à  ton  labeur ,  présente  à  ta  prière  , 

Qui  dit  tout  bas  :  Travaille  ! — Oh!  crois-la  1 — Dieu  ,  vois-tu  , 

Fit  naître  du  travail,  que  l'insensé  repousse  , 

Deux  filles  :  la  Vertu  qui  fait  la  gaîté  douce , 

Et  la  Gaîté ,  qui  rend  charmante  la  vertu. 

(Victor  Hugo.) 

Les  enfants  descendront  jouer  dans  la  prairie  ; 
Et  le  vieillard  glacé  dont  la  sève  est  tarie  , 
Doucement  ranimé  par  ce  brillant  réveil. 
Ira  s'épanouir  aux  rayons  du  soleil. 

{ L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Euil ,  ouil,  constitueraient  de  même  deux  nouvelles  diphthon- 
gues dans  les  mots  Fauteuil ,  feuille ,  fenouil,  quenouille ,  etc. 

Dans  un  coin  ,  une  table ,  un  fauteuil  de  velours 
Miraient  dans  le  parquet  leurs  pieds  dorés  et  lourds. 

(Victor  Hugo.) 

Peuple ,  ne  souffre  pas  que  sa  main  te  dépouille  ; 
Secoue  au  vent  du  ciel  la  poudre  qui  te  souille. 
Sauve  ton  âme  du  néant. 

(  L.  N,  Amertumes  et  Consolations.) 

Voilà  à  peu  près  tout  ce  qu'il  y  avait  à  dire  sur  les  diphthongues; 
à  moins  qu'il  ne  soit  nécessaire  d'ajouter  qu'en  prose,  et  surtout 
dans  la  conversation  familière,  où  la  rigueur  de  l'exactitude  n'est  pas 
poussée  si  loin,  la  plupart  des  combinaisons  de  voyelles,  indiquées 
au  tableau ,  se  prononcent  d'une  seule  émission  de  voix,  comme 
dans  ces  exemples  : 

En  général ,  en  Usant  Chénier,  substituez  aux  termes  qui  vous 
choquent  leurs  équivalents  latins,  il  sera  rare  que  vous  ne  rencon- 
triez pas  de  beaux  vers.  (  Victor  Hugo.) 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  (>7 

Qu'est-ce  qu'un  poète  ?  Un  homme  qui  sent  fortement ,  expri- 
mant ses  sensations  dans  une  langue  plus  expressive.         (  Id.) 

Une  révolution  combattra  pour  nous  partout  où  nous  le  vou- 
drons. (  Id.  \ 

Le  ministère  anglais  nous  fait  bonne  mine  parce  que  nous  avons 
inspiré  au  peuple  anglais  un  enthousiasme  qui  pousse  le  gouver- 
nement. {Id.) 

Vunion  de  la  France  et  de  l'Angleterre  peut  produire  des  résul- 
tats immenses  pour  l'avenir  de  l'humanité.  {Id.) 

La  France  et  l'Angleterre  sont  les  deux  pieds  de  la  civilisation. 

{Id.) 

Mon  ancienne  conviction  roja/z.s/e-catholique  de  1820  s'est 
écroulée  pièce  a.  pièce  depuis  dix  ans  devant  l'âge  et  ï expérience. 

(Id.) 

Un  millionnaire  mourut ,  il  y  a  quelques  jours  ,  et  tout  le  monde 
était  édifié  de  la  ferveur  avec  laquelle  un  arrière-cousin ,  qui  se 
trouvait  un  des  héritiers ,  en  assistant  au  service  funèbre,  lisait , 
dans  unipetit  volume  qu'il  tenait  à  la  main,  ce  qu'on  supposait  des 
prières  pour  le  défunt.  Cependant  un  curieux  jette  un  coup  d'oeil 
sur  le  livre.  Quel  était  ce  pieux  volume?  Le  Code  civil ,  ouvert  au 
chapitre  des  successions. 

Il  est  évident  toutefois  qu'on  ne  prononce  en  aucun  cas  crier 
comme  encrier,  oublier,  comme  tablier,  plier,  comme  peuplier, 
expatrier,  comme  meurtrier,  nous  rions,  comme  nous  dirions , 
cruel,  comme  duel ,  évanoui,  comme  enfoui,  prière,  comme 
barrière.  Dans  tous  ces  mots,  les  combinaisons  ier ,  ions ,  uel,  oui, 
lève ,  font  entendre  deux  sons  très- distincts.  D'où  l'on  pourrait  re- 
monter à  ces  principes  : 

Parmi  les  diphthongues,  il  n'y  a  guère  que  celles  dont  la 
première  voyelle  est  un  i,  qui  soient,  en  prose,  toujours 
monosyllabes. 

Encore  faut-il  en  excepter  les  verbes  en  ier ,  qui  ont  de- 
vant cette  terminaison  un  r  ou  un  /  précédé  d'une  autre 
consonne. 


68  GKAMMAIRE    FIUJNÇAISE. 

En  1 676 ,  Corneille ,  l'homme  que  les  siècles  n'oublieront  pas , 
était  oublié  de  ses  contemporains.  (Victor  Hugo.  ) 

Voltaire,  comme  liistorien  ,  est  souvent  admirable;  il  laisse 
crier  les  faits.  (  Id.  ) 

On  prononce  également,  même  en  prose ,  pr<-ere,  nous 
souri-ons,  et  non  pas,  prière,  sourions.  A  plus  forte  raison 
doit-on  prononcer  Lou-ange,  épanou-i ,  en  deux  syllabes  , 
toutefois  moins  sensibles  en  prose  qu'en  vers  5  c'est-à-dire 
qu'on  doit  les  prononcer  sans  affectation. 

Il  y  a  au  fond  de  presque  tous  les  hommes  je  ne  sais  quel  senti- 
ment d'envie  qui  veille  incessamment  sur  leur  cœur  pour  y  com- 
primer l'expression  de  la  louange  méritée ,  ou  y  enchaîner  l'élan 
du  juste  enthousiasme.  (Victor  Hugo.  ) 


Des  Consonnes. 

Les  consonnes,  au  nombre  de  dix-neuf,  sont  b,  c ,  d, 
f,  g,  h,  j,  k,  l,  m,  n,  p,  q,  r,  s,  t,v,  z.  Elles  sont  ainsi 
nommées,  avons-nous  dit,  parce  qu'elles  n'ont  de  son 
qu'avec  le  secours  d'une  voyelle. 

Rien  de  plus  juste  que  de  comparer  les  voyelles  aux  notes  de  la 
gamme.  Modifiée  de  plusieurs  façons  par  l'obstacle  des  doigts  ou 
des  clefs  sur  les  trous  ,  la  voix  d'un  instrument  a  vent  s'en  échappe 
en  divers  sons  qui  constituent  la  mélodie.  H  en  est  de  même  de  la 
voix  humaine ,  qui ,  selon  le  plus  ou  le  moins  d'ouverture  de  la 
bouche,  produit  les  divers  sons  appelés  voyelles.  Mais  la  gamme 
ne  parle  pas ,  elle  chante  ;  et  les  véritables  générateurs  de  la  pa- 
role ,  ce  sont  les  consonnes. 

Ces  modifications  des  voyelles,  des  sons,  ne  sont  pas  les 
seules  qui  existent  dans  notre  langue.  Il  y  a  encore  les  con- 
sonnes composées  doni  voici  . 


NOTIONS  PKÉLIMLXAIKES  ET  FONDAMENTALES. 


(i9 


LA  FIGURBf 

tu  SON, 

LE  NOM, 

l'emploi, 

son  naturel. 

son  accidentel. 

CH,  SCH.  , 

GN(1). 

ILL,  LL,  IL. 

PH. 
QU. 

RH. 
TH. 
TS,  TZ. 

ch. 

f. 
k. 

r. 
t. 

k. 

kou,  ku 

(-2). 

che 
gne 
ille 

phe 
que 

rhe 
Ihe 

tse 

chat,  schisme,  écho. 

ignorer. 

bataillon,   fille, 
seuil. 

philosophe. 

quiconque,  loqua- 
cité, loquelle. 

rhombe. 

thème. 

tsin,  tzar  (3). 

Les  organes  qui  servent  à  la  formation  des  consonnes,  vé- 
ritables instruments  de  la  parole,  sont  au  nombre  de  six, 
dont  trois  principaux  ,  mobiles  et  actifs,  savoir:  les  lèvres, 
la  langue  et  le  gosier,  et  trois  secondaires,  immobiles  ^t 
passifs,  subordonnés  à  l'action  des  premiers,  savoir:  les 
dents,  le  palais  et  le  nez. 


(1)  11  est  très-difficile ,  pour  ne  pas  dire  impossible  ,  de  figurer  la  pro- 
nonciation des  consonnes  uioiiillées.  l\ons  ne  pouvons  que  l'indiquer  à  peu 
près.  Dans  la  production  des  sons  ne  et  le,  l'exlrémité  de  la  langue  se 
courbe  un  peu,  pour  s'élever  au  palais  et  s'y  attacher.  Au  contraire,  pour 
former  les  sons  gw  et  ille  ,  la  langue  ne  fait  que  s'étendre  le  long  du  palais 
de  manière  à  le  frôler  légèrement  dans  toutes  ses  parties.  Toute  la  diffé- 
rence du  N  et  du  GN  à  l'égard  du  i,  et  du  ille  vient  de  la  participation  du  nez. 

(2)  Évidemment  ce  n'est  pas  le  son  du  q  qui  varie  ici  ;  c'est  celui  de  la 
voyelle  u.  Néanmoins  ,  comme  ces  deux  lettres  sont  inséparables  et  ne  for- 
ment ensemble  qu'une  consonne,  c'est  bien  ici  le  lieu  de  parler  de  cette 
différence  de  son  ,  et  non  pas  ailleurs.  Il  y  a  encore  une  différence  sensible 
entre  la  prononciation  de  f/ui  et  celle  de  qtie.  Qui  rend  un  son  mouillé  qu(î 
l'on  forme  de  la  même  manière  que  celui  du  gn  et  du  ille,  en  frôlant  le 
palais  avec  la  langue. 

(3)  On  est  contraint  de  prononcer  </«ar,  ou  bien  (ciizar,  le  (  ne  pouvant, 
nullement  s'allier,  dans  la  prononciation  ,  avec  le  s. 


"<•  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

Les  consonnes  ont  donc  reçu  des  noms  différents,  d'après 
chacun  des  organes  particuliers  dont  elles  procèdent. 

Suivant  qu'on  emploie,  pour  les  former,  les  lèvres,  la 
langue,  le  gosier,  les  dents,  \e  palais  ,  \e  nez ,  les  con- 
sonnes sont  appelées  labiales,  linguales,  gutturales,  dentales, 
palatales,  nasales. 

On  les  divise  encore  en  fortes  et  en  faibles  ,  selon  le  degré  de 
force  qu'on  imprime  à  l'organe  destiné  a  les  former  (i);  c'est-a- 
dire  que  le  même  organe  poussé  par  un  mouvement  doux ,  produit 
une  consonne  faible;  et  que  s'il  a  un  mouvement  plus  fort  et  plus 
appuyé ,  il  fait  entendre  une  consonne  forte.  Ainsi  b  est  la  faible 
de  p ,  et  p  est  la  forte  de  b. 


Tableau    des    Consonnes 

SOIT   SIMPLES,    SOIT   COMPOhÉES. 

Labiales, 

Linguales, 

Dentales 
ou  Sifflantes, 

Palaiales, 

Nasales, 

Gutturales, 

Faibles. 

B,   V,  w. 

D. 

Z,  s  doux. 

G  ou  J,  G  dur 

Forles. 

P,   F,  PH. 

T,  TH. 

S, C  doux,  C  H 

CHdu>,K,Q 

LiquiJcs. 

L,  R. 

M,N. 

Mouillées. 

ILL,IL,LL 

GN. 

Diplioniijiics 

X. 

Aspiicc^. 

H. 

(1)  Les  grammairiens  disent  :   Relativement  à  la  force  que  l'oni 
l'émission  île  l'air;  ronimc  s'il  dépendait  de  V air  de  changer  la  na 


I  met  dans 

_  ,     'pendait  Oc  lairac  changer  la  nature  des 

arliciilalions.    Je  l'ai  déjà  dit,  le  mol  propre  ne  fuirait  pas  les  grammai- 
riens avec  plus  d'iMureur,  si  mOrnc  ils  avaient  la  peste. 


NOTIONS  PRELIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES. 


71 


Explication 

EMPLOYÉS  DANS  LE  T 

Labiale,  Qui  se  prononce  avec  les  lè- 
vres. B  et  V sont  dites  absolument  Labiales, 
parce  qu'elles  sont  principalement  formées 
par  le  mouvement  desJèvres.  M  est  une  let- 
tre à  la  fois  nasale  et  labiale.  Nous  l'appe- 
lons absolument  na,sa/e,  parce  que  des  deux 
organes  ,  les  lèvres  et  le  nez,  qui  concou- 
rent à  la  formation  de  cette  consonne  , 
c'est  le  nez  qui  y  contribue  le  plus.  Cette 
observation  peut  s'étendre  aux  autres  dé- 
nominations. Une  lettre  labio-nasale.  (Du 

latin  labia  ,  lèvre.  ) 

Iiinguale ,  Qui  est  formée  par  un  mou- 
vement de  la  langue.  N  et  GN  soiit  des 
lettres  à  la  fois  nasales  et  linguales,  (  Du  lat. 

iingua,  langue.  ) 

Dentale,  Qui  ne  peut  se  prononcer 
sans  que  la  langue  touche  les  dents.  D  et 
T  sont   des   lettres  linguales   et  dentales. 

(Du  latin  dem  ,  denUs  .  dent.  I 

Sifflante  ,  Qui  sifïle  ;  qui  fait ,  qui  pro- 
duit un  sifflement.  Les  dentales  S,C  doux, 
Z,  etc.,  sont  dites  sifflantes,  parce  qu'elles 
sont,  eneffet,  accompagnées  d'un  sifflement. 
C'est  à  cause  de  ce  sifflement  que  les  an- 
ciens les  ont  appelées  semi-vocales  ou 
demi-voyelles ,  tandis  qu'ils  appelaient  les 
autres  muettes.  G  doux  et  i  sont  des  lettres 
à  la  fois  palatales  et  sifflantes. 

Palatale,  Produite  par  un  mouvement 
de  la  langue  sur  le  palais.  G,  J,  K,  l, 
ILL  ,  H  ,  sont  des  lettres  à  la  fois  palatales 
et  linguales.  N  et  GN  sont  des  lettres  à  la 
fois  nasales  et  palatales.  [Du  latin  pniaiium , 

palais.  ) 

Wasale,  Qui  se  prononce  du  nez.  (Du 

latin  nasus  ,  nez.  ) 

Gutturale  ,  Qui  vient  du  gosier  ,  qui  se 
prononce  avec  une  aspiration  forte ,  et 
par  un  mouvement  du  fcjnd  du  larynx. 
Nous  n'avons  de  consonnes  gutturales  que 
la  lettre  H ,  quand  elle  est  aspirée.    Selon  les 

grammairiens  et  l'Académie  elle-même  G  dur  et  K  se- 
raient aussi  des  lettres  gutturales.  Mais  ont-ils  bien  ré- 
fléchi sur  la  nature  de  ces  articulations?  Je  trouve,  moi, 
que  G  dur  et  K  procèdent  uniquement  d'un  mouTement 
de  la  langue  sur  l'origine  du  palais.  Les  auteurs  delà 
Grammaire  Nationale  admettent  le  G  dur  parmi  le-i  lettres 
gutturales;  mais  ils  en  excluent  le  K;  con<evez-Tous 
cela?  0  logique  ,  ô  sagacité  i 

Les  louanges  du  Journal  des  Débats  vous  donnent  la 
mesure  de  ses  critiques. 

Le  ch  allemand  est  guttural:  voilà  ce  qui  le  distingue 
du  eh  durfraneais;  et  voilà  pourquoi  pas  un  Français  ne 
peut  venir  à  bout  de  le  prononcer  ;  quoiqu'il  ne  s'agisse 
que  de  produire  un  bruit  à  peu  pris  semblable  à  celui 
que  l'on  fail  en  crachant. 


Ae»  Ternies 

AELEAC  CI-CONTBE. 

Forte,  Dont  le  son  est  plus  fort,  plus 
ferme  ,  plus  appuyé. 

Faible,  Dont  le  son  est  plus  faible  , 
plus  doux,  plus  léger. 

liiquide.  Qui,  étant  employée  à  la 
suite  d'une  autre  consonne  dans  une  même 
syllabe,  est  coulante  et  se  prononce  aisé- 
ment. Telles  sont  les  quatre  lettres  L  ,  R, 
M  ,  N ,  qui  0  paraissent  avoir  reçu  le  nom 
»de  liquide,  »  disent  absolument  dans  les 
mêmes  termes  tous  les  grammairiens , 
«  ou  parce  que  la  langue  les  produit  par 
oun  luouvement  libre  et  indépendant  de 
atout  point  d'.Tppui  dans  l'intérieur  de  la 
"bouche,  où  elle  nage  en  quelque  sorte  ; 
»ou  parce  que  tes  articulations  s'allient 
»si  bien  avec  d'autres,  qu'elles  ne  sem- 
«blent  faire  ensemble  qu'une  seule  raodi- 
»  fîcation  instantanée  de  la  même  voix  ;  de 
»mème  que  deux  liqueurs  se  mélangent 
»  assez   bien  pour  n'en  plus  faire  qu'une 

D  seule.  »  Je  regrette  de  ne  pouvoir  nommer  le  vérita- 
ble auteur  de  cette  phrase  qui  renferme  une  idée  ingé- 
nieuse ;  mais  telle  est  l'honnêteté  et  la  charité  des  gram- 
mairiens modernes,  qu'ils  adoptent  volontiers  les  enfants 
d'autrui  ,  sans  s'inquiéter  nullement  des  pères;  ce  qui 
ressemble  fort  auï  sain  les  pratiques  desbohémiens,  mais 
ces  messieursn'}  regardent  pas  de  si  près.  Quelques-uns 
ne  se  conteutentpas  de  voler,  ils  assassinent.  C'est  avec 
une  massue  qu'ils  tombent  sur  les  victimes  qu'ils  out  choi- 
sies pour  les  dépouiller. 

Il  faut  toutefois  rendre  justice  à  M.  Girault-Duviïier, 
Celui-ci  du  moins  est  un  honnête  grammairien  s'il  en  fut 
jamais.  Aussi  inolVensif  que  l'enfant  qui  vient  de  naître, 
il  a  pourtant  assez  de  bon  sens  pour  ne  prendre  sous  sa 
responsabilité  aucune  des  bévues  qui  composent  sa  col- 
lection. Il  vous  cite  ses  auteurs;  après  quoi  il  se  sentia 
conscience  tout  à  fait  en  repos.  A  vous  de  vous  tirer 
comme  vous  pourrez  de  ce  labyrinthe  de  contradictions 
dans  lequel  il  vous  introduit  de  l'air  le  plus  innocent , 
pour  vous  planter  là,  sil6t  que  cela  le  gêne. 

N'oublions  pas  d'avertir  que,  dans  la  phrase  citée  plus 
haut,  lesauteursdela  Grammaire  Nationale  ontcrudevoir 
transformer  en  contact  le  point  d'appui,  copié  fidèlement 
par  M.  Landais.  A  chacun  ce  qui  lui  appartient.  Sans 
doute  que,  comme  le  père  Hardouin,  de  plaisante  mé- 
moire ,  JIM.  beschereile  ne  se  seront  pas  levés  toute 
leur  vie  à  quatre  heures  du  matin,  pour  ne  dire  exacte- 
ment que  ce  que  d'autres  ont  dit  avant  eux. 

Mouillée,  Que  l'on  prononce  avec  une 
certaine  mollesse,  c'est-à-dire  en  appli- 
qu.Tnt  la  langue  contre  le  palais. 

Diphonique  ,  Qui  rend  deux  sens  dis- 
tincts. (  Du  grec,  dis,  deux  fois,  tl  phonê,  son.) 

Aspirée,  Qu'on  prononce  de  la  gorge. 
Voyez  GuTTDBAL. 

Rbmabque.  Tous  ces  adjectifs  s'em- 
ploient aussi  bien  au  masculin  qu'au  fé- 
minin. Un  son  nasal,  guttural.  Un  son 
mouillé. 


72  GRAMMAIUE    FRANÇAISE. 

Les  consonnes  ont  entre  elles  plus  ou  moins  d'affinité  et 
ne  s'accolent  i)as  indistinctement  l'une  à  l'autre.  Remar- 
quez qu'il  est  presque  impossible  de  prononcer  rapidement 
une  forte  avec  une  faible,  comme  d,  par  exemple,  avec  t,  h 
avec  p.  L'une  imprime  nécessairement  sa  valeur  à  l'autre  ; 
et  c'est  en  vain  que  vous  essaierez,  par  exemple,  dédire, 
sans  introduire  un  e  entre  les  deux  consonnes,  apde,  apzide, 
au  lieu  de,  apte,  apside.  Le  p  dans  ces  mots  produirait  né- 
cessairement le  son  de  b.  Et ,  de  même ,  si  vous  vouliez  dire 
abte,  vous  diriez  abde.  Il  suit  de  là  que,  pour  les  consonnes 
qui  font  entendre  une  articulation  analogue, -en  général, 
si  l'une  est  faible  ,  il  faut  que  l'autre  soit  faible  ^  si  l'une  est 
forte,  il  faut  que  l'autre  soit  forte.  Ce  qui  peut  s'énoncer 
ainsi  : 

Toute  consonne  précédée  d'une  autre  consonne  la  veut  de 
même  degré  qu'elle.  Exemples  : 


Airficalion. 

Cle^.^ydre. 

Abdomen . 

Coanrf/'iiteur. 

Abjection. 

Cociioa. 

Acqttviiv. 

Co\èoplère, 

Acquilier. 

Conception. 

Acte. 

Conjecture. 

Arf/'acent. 

Contacf. 

Arfuenir. 

Conuyjiion. 

Aphtiie. 

Crisper. 

Apside. 

Crii-fal. 

Aptitude. 

Crypte. 

Asthme. 

Damasquiner. 

Aspect. 

Délec/able. 

Asymptote. 

Démons/ration. 

BdelViam. 

Descendre. 

Baptiser. 

Désespoir. 

Bas/ion. 

Description. 

Becfigiie, 

Dic/ame. 

Bestiaire. 

Docteur. 

Biceps. 

Ecclésiastique. 

Bi.ïciiit. 

Éclip<ique. 

Budget. 

Epileptique. 

Capsule. 

Escient. 

Captieux. 

Esclande. 

Captiver. 

Espion. 

Cas/or. 

Esquisse. 

Claustral. 

Estomac. 

Faction. 

Raèrfologie 

Faste. 

Rapt. 

Festin. 

Réaction. 

Fisc. 

Respec*. 

Fraction. 

iVccptique. 

Gasconnade. 

Section. 

Glyptique. 

Somptueux 

Gypse. 

A'pasme. 

Hectare, 

Spacieux. 

Heptacorde. 

Sphère. 

Ic/it/iyolithe. 

Sphinx. 

Inspecteur. 

A'plendeur. 

Invective. 

•Spoliation. 

Jactance. 

Squeiette. 

Kanc^ar. 

Stable. 

Kiosque. 

Strict. 

Mous</uet. 

Sii6</ivision. 

Objet. 

Suiiention. 

Obvier. 

Susceptible. 

Octave. 

Tact. 

Optatif. 

Testament. 

Pistolet. 

Victoire. 

Prédisposer. 

Viscère. 

Presque. 

Volupté. 

Prospérité. 

Psaume. 

P/yalisnie.           ) 

NOTIONS   PRELIMINAIRES  ET   FONDAMENTALES.  / -) 

Me  voici!  l'arme  esT  prêle  :  assaillant  secondaire, 
J'essatrai  d'accomplir  cexie  œuvre  lieBoomadaire. 

(  Barthélémy.  Némésis.) 

La  critique  ne  doit  point  s'emparer  méchamment  des  faiblesses 
que  présentent  souvent  les  plus  beaux  talents ,  de  même  que 
VhisToire  ne  doit  point  abuser  des  petitesses  qui  se  rencontrent 
Hans presque  tous  les  grands  curacïères.  (Victor  Hugo.) 

On  nonmie  action  au  théâtre  la  luiTe  de  deux  forces  opposées. 
Plus  ces  forces  se  contrebalancent ,  plus  la  luire  ^st  incertaine  , 
plus  il  y  a  alternative  de  crainte  ou  d'espérance ,  plus  il  y  a 
d'intérêt.  {Id.} 

Parmi  les  lettres  faibles,  il  n'y  a  guère  que  le  b  ,  qui  se 
lie  quelquefois  avec  le  c  ,  le  s  et  le  t.  Cela  se  voit  dans  le 
mot  presbytère  et  ses  composés,  et  dans  ceux  qui  commen- 
cent par  ab  ,  ob ,  sub  ,  et  leurs  composés  :  Abcès,  abside  , 
absent,  absoudre,  abstinence,  obscène,  obscur,  observer,  ob- 
tempérer, subside,  subtil,  substantiel,  consubstanliel ,  nonob- 
stant, etc.  Encore  est-il  vrai  de  dire  que,  dans  ces  mots ,  le 
b  ne  rend  pas  un  son  très-clairement  distinct  de  celui  de  p  ; 
témoin  le  mot  abside  qu'on  écrit  aussi  apside,  sans  doute 
parce  que  la  prononciation  en  est  la  même.  Si  l'on  n'écrit  pas 
pareillement  apcès ,  opserver,  suptil,  c'est  que  les  particules 
ab,  ob  ,  sub,  sont  des  prépositions  latines  qu'il  n'est  guère 
possible  d'altérer,  sans  attaquer  la  racine  du  mot,  sans  le 
frapper  au  cœur,  pour  ainsi  dire.  II  est  évident  que  sub, 
par  exemple ,  doit  rester  sub,  dans  subséquent  comme  dans 
subdivision.  Il  faut  en  dire  autant  de  la  préposition  trans, 
au  delà  ,  dans  les  mots  transborder,  transvaser,  etc. ,  et  de 
la  particule  privative  dis ,  dans  disgrâce  ,  disjonction ,  etc. 
Encore  le  s  sonne-t-il  comme  s  dans  disgrâce,  tandis  qu'il 
est  tout  à  fait  muet  dans  disjonction. 

Toutefois  aucune  lettre  faible  ne  pouvant  subsister  avec 
sa  forte  correspondante,  le  b  se  change  nécessairement  en 
p  dans  les  mots  supprimer ,  opprimer,  etc. 

r.  II.  ,„ 


(IKVMM  VIliE    IRAiNCAlSE. 


L'étymologie  veut  aussi  que  l'on  écrive  presbytère  ,  pres- 
byte, Asdrnbal,  mais  soyez  sûr  que,  dans  la  prononciation  de 
ces  mots ,  le  s  se  substituera  au  s  malgré  vous  -,  à  moins 
que  vous  ne  teniez  à  prononcer  Aslrubal,  prespytère,  ou  que 
vous  ne  jetiez  Ve  muet  comme  un  pont  entre  les  deux  con- 
sonnes, pour  pouvoir  passer  de  l'un  à  l'autre  :  Âssedrubal, 
pressebytère.  Toujours  est-il  qu'elles  sont  séparées  par  un 
abîme  qu'il  faut  franchir  sur  un  pont  ou  par  un  bond. 

Croyez-vous ,  par  hasard ,  que  vous  prononcez  Anecdote, 
ecboUques?  Non,  vous  prononcez  anegdote  ,  egboliqiies.  Les 
Allemands  prononcent  anekiote,  ekpoUques.  Ils  nesaventpas 
que,  dans  ces  cas  exceptionnels,  des  deux  consonnes  ainsi 
brutalement  accouplées,  c'est  toujours  la  première  qui  subit 
l'influence  de  la  seconde. 

Doigt,  vingt  et  leurs  dérivés,  sont  les  seuls  mots  oii  le  g  se 
trouve  en  société  avec  une  forte.  A  la  vérité  ,  il  n'est  là  aussi, 
lui ,  que  pour  l'étymologie ,  et  ne  modifie  en  rien  la  pronon- 
ciation. Il  en  est  de  même  de  sangsue^  mot  composé  de 
sang  et  de  sue  comme  postdate  est  composé  de  post  et  de 
date.  On  prononce  sansue  etposdate,  et  même  pozdate,si 
l'on  passe  vite  de  la  première  syllabe  à  la  seconde.  Le  d,  dans 
poids  et  lods,  n'est,  de  même,  qu'une  lettre  étymologique 
qui  ne  gêne  en  rien  la  prononciation,  n'étant 'là  que  pour 
la  forme,  comme  le  s  du  pluriel  clubs  ,  rangs;  véritable 
figurante  de  théâtre. 

Vous  verrez  le  feu  sympathiser  avec  l'eau  ,  le  jour  avec  la  nuil, 
la  folie  avec  la  raison ,  l'amour  avec  Tégoïsme ,  le  Journal  des 
Débats  avec  la  Gazette,  le  loup  avec  la  brebis  ,  plutôt  qu'une  fai- 
ble avec  une  forte.  Les  feuilletons  de  J.  J.  ne sontpasplus  ennemis 
de  la  justice  et  de  la  vérité  ,  je  pourrais  même  dire  ,  du  bon  sens. 

Plus  sages  que  les  personnes  ,  les  consonnes  ne  s'associent 
qu'avec  leurs  égales. 

En  tant  que  lettre  française,  le  v  n'est  jamais  redoublé; 


.NOTI()>S    l'RKLlMIiWIllES  ET  F()M)AMK.\TAI.ES.  "?> 

ilnes'allieguèrequ'auxdeuxliquides/,  r,  etquelquefois,mais 
très-rarement,  au  b,  après  ob  et  sub  :  obvier,  subversion  (1  ). 
C'est  donc  par  extraordinaire  que  dans  le  mot  svelte  on  le 
trouve  précédé  de  5.  La  véritable  prononciation  de  ce  mot 
est  zvelte,  et  non  pas  cevelte,  comme  le  prétend  M.  Landais. 

Par  la  même  loi  d'affinité,  on  prononce  gzar,  quoique , 
suivant  l'orthographe  étrangère  de  ce  mot,  on  écrive  csar. 

C'est  pour  la  même  raison  que  le  x  sonne  tantôt  comme 
/»c,  tantôt  comme  gz  ,  mais  jamais  comme  kz  ou  gc  :  Alexan- 
dre ,  examen. 

Il  esl  bien  plus  facile  d'accuser  un  sexe  que  à' excuser  l'autre. 

(Montaigne.) 

L'autorité  n'existe  que  pour  le  peuple  et  non  pour  l'intérêt  de 
ceux  qui  Vexercent. 

Le  X  est  considéré  comme  lettre  forte,  et  ne  se  met  ja- 
mais devant  une  faible  :  expérience,  exquis. 

11  y  a  des  crimes  qui  ne  peuvent  s'^apV/-,  entr'autres  celui  de 
trahir  sa  patrie  ,  de  s'armer  contre  elle.         {Cité par  Boiste.  ) 

J'avais  cru  que  l'on  pouvait  être  vertueux  sans  religion  ;  V expé- 
rience m'a  détrompé.  (J.-J.  Rousseau.) 

Dès  que  les  hommes  ont  placé  leui'  bonheur  dans  la  possession 
d'un  objet ,  quel  qu'il  soit ,  ils  sont  prêts  a  exterminer  quiconque 
le  leur  dispute. 

La  possession  calme  l'amour  ;  elle  excite  l'ambition  et  l'ava- 
rice. (  De  Lévis.  ) 

Naturellement,  dans  ce  dernier  exemple,  la  consonne  a; 
ne  fait  entendre  que  le  son  de  k  ,  son  autre  son  ne  faisant 
qu'un  avec  celui  du  c  qui  la  suit.  Le  x  ne  s'adoucit,  comme 

(1)  De  ce  qu'on  le  trouve  à  la  suite  des  voyelles  nasales  e/i,  ai  et  on  : 
envie,  invention,  convenir,  on  ne  peut  pas  dire  pour  cela  qu'il  s'allie  à  la 
fonsonne  n  ,  le  n  n'ayant  plus  ici  titre  de  consonne. 


7(i  (ÎHAMMAIUE    IIU.NÇAISE. 

le  5,  que  lorsqu'il  est  placé  entre  deux  voyelles,  dans  cerlaius 
mots  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Le  F  se  redouble,  mais  ne  s'allie  guère,  comme  le  v, 
qu'avec  t  et  r.  Le  t  est  la  seule  des  autres  consonnes  devant 
laquelle  se  fasse  entendre  le  son  de /",  qui  se  fait  alors  rem- 
placer par  ph,  lettre  grecque  qui  à  son  tour  n'a  guère  de 
sympathie  que  pour  sa  compatriote  th'.phthisie,  ophthalmie, 
apophthegme,  diphthongiie ,  aphlhe,  muphti,  dephte,  cophte. 
Quelques-uns  ,  sans  égard  aux  répugnances  de  la  lettre  f, 
l'ont  pourtant  mariée  de  force  avec  t,  dans  wii//ïi,  qui,  du 
reste ,  est  un  mot  turc. 

Mais  telle  est,  encore  une  fois,  l'antipathie  des  lettres  fai- 
bles pour  les  lettres  fortes  et  réciproquement ,  que  même 
deux  voyelles  de  suite  dont  l'une  serait  modifiée  par  v  , 
l'autre  par  f,  produiraient  une  cacophonie  insupportable. 
C'est  pourquoi  le  /du  mot  vif,  par  exemple ,  se  change  en  v 
dans  les  dérivés  de  ce  mot  :  vif,  vive,  vivement  ^  vivre ,  viva- 
cité ,  vivace  ,  vivant ,  vivifiant  ,  vivipare.  Jalouse  de  se 
montrer  avec  tous  ses  avantages  ,  la  lettre  /"n'aime  pas  sur- 
tout Ve  muet ,  qui  en  diminue,  en  effet,  considérablement 
la  sonorité.  Elle  s'y  fait  toujours  remplacer  par  v  dans  les 
dérivés  des  mois  en  if,  ef ,  elc.  ,  et  généralement ,  à  la  fin 
des  autres  mots  par  ph  :Naif,  naïvemenl,  naïveté;  brief,  briève- 
ment, brièveté  ;  veuf,  veuve  ;  épilaphe,  épigraphe,  orthographe, 
paraphe,  Tclèphe,  Caïphe,  logogriphe .  hiéroglyphe,  philoso- 
phe ,  catastrophe,  strophe  ,  épistrophe.  Voici  à  peu  près  les 
seuls  mots  où  le  /"simple  ait  daigné  prendre  Ve  muet  sous  sa 
protection  :  Agrafe,  carafe,  girafe,  attife,  brife,  calife,  pon- 
tife. Tartufe,  piaffe,  greffe,  biffe ,  chiffe ,  débiffe,  escogriffe, 
griffe  ,  Ténériffe ,  étoffe  ,  truffe ,  bouffe ,  étouffe  ,  pouffe , 
touffe  ,  coiffe.  Encore  la  plupart  de  ces  mots  viennent-ils  de 
verbes  tout  français,  où  par  conséquent  le  f  redoublé  ne 
saurait  èlre  remplacé  ni  par  le  ph ,  qui  est  une  lettre  grec- 
(|no,  ni  par  le  r.  qui  ne  se  redouble  jamais. 


NOTIONS  PUÉMMISAIKKS  Ef  FONDAMENTALES.  /  i 

Remarquez  que  le  s  final  du  pluriel ,  dans  les  mots  vifs , 
chefs,  etc.,  s'adoucissant,danssa  liaison  avec  la  première  syl- 
labe du  mot  suivant,  quand  ce  motcommence  par  une  voyelle, 
le  f  qui  le  précède  s'adoucit  de  même  et  ne  rend  plus  alors 
que  le  son  de  v.  Les  écureuils  sont  des  animaux  très-vivs  et 
très-agiles.  Les  chevs  et  les  soldats.  Les  Jwîfset  les  Chrétiens. 
Les  Juifs  furent  emmenés  captiFiî  a  Babylone.  Il  en  est  de 
même  des  autres  consonnes  fortes  :  Les  Grecs  et  les  Romains. 

Le  j  ne  souffre  après  lui  aucune  consonne,  mais  la  liquide 
r  le  précède  souvent,  ainsi  que  le  n  des  voyelles  nasales,  et, 
naturellement  aussi,  le  det  le  b  des  particules  intégrantes  ad, 
ah,  oh,  sub  ,  après  lesquelles,  évidemment,  il  ne  peut  pas 
cesser  d'être  :  Marjolaine,  interjection,  enjeu,  enjouer,  ad- 
joindre ,  abject ,  objet,  subjuguer.  L'e  muet  est  son  ennemi 
mortel.  On  ne  le  trouve  devant  une  muetquedansle pronom 
je,  le  \erhe  jeter  et  ses  dérivés  ou  composés  j><on,  interje- 
ter ,  et  dans  cajeput,  mot  nullement  français.  Remarquons 
encore  qu'il  ne  figure  devant  un  e  suivi  d'une  liquide  que 
dans  Jérémie ,  jérémiade.  En  revanche  c'est  toujours  lui  qui 
marche  devant  eu,  au  commencement  des  mots,  et  jamais 
le  g:  Jeu ,  jeudi ,  jeune. 

Le  q ,  qui  ne  marche  guère  qu'appuyé  sur  w,  ne  souffre 
guère  devant  lui  que  le  c  auquel  il  imprime  de  force  sa  du- 
reté, le  s,  le  X  et  les  trois  liquides  /,  f  et  n  :  acquitter, 
masque  ,  exquis,  calque ,  monarque  ,  manque. 

Des  nations  entières  ont  reconnu  que  les  qualités  acquises  se 
transmettaient  avec  le  sang. 

Pour  être  noble  ,  il  ne  suffit  pas  de  savoir  vexer,  car  le  peuple 
aussi  s'en  acquitte  fort  bien.  (  Dictionnaire  de  Boiste.  ) 

La  politesse  cache  les  vices,  comme  la  parure  masque  les  vides. 

(  Fr.  Bacon. ) 

Avec  de  tels  principes  gravés  danslespril,  vos  élèves  ne  seront 


/S  (ilUMMAIUr    l'IlANÇUSE. 

plus  exposés  à  écrire  sous  votre  dictée,  comme  cela  leur  arrive 
souvent  :  segtateur ,  rédembtion ,  arjent,  saje,  jendarme,  jémeau , 
jeter  ,jermcr,  chanjer,  getine,  orajeux,  etc.  Si  les  règles  données 
ci-dessus  peuvent  être  utiles  à  quelqu'un  ,  c'est  surtout  aux  Alle- 
mands, dont  la  langue  à  demi-barbare  n'entend  rien  à  toutes  ces 
délicatesses  de  la  voix  ,  et  marie  sans  scrupule  les  k  avec  les  b,  les 
d  avec  les  t ,  etc.  Dankbar ,  Stadt,  todien,  Gercchtigkeit,  Angst , 
bringt,  Gesalbtc ,  Gesandte ,  etc.  De  là  vient  qu'en  général  les  Al- 
lemands ne  font  aucune  distinction  entre  b  el  p  ,  d  el  t,  g  et  k  ,j  et 
ch,  etc.  Ils  disent  Ch'ai  pu  tu  dé,  pour,  J'ai  bu  du  thé  ;  Ché  man- 
che folonliers  té  la  fiente,  pour ,  Je  mange  volontiers  de  la  viande; 
Cette  mademoiselle  est  bleine  de  crasse ,  pour ,  Cette  demoiselle  est 
pleine  de  grâce  ;  Se  peigner  les  pieds ,  pour ,  Se  baigner  les 
pieds ,  etc. 

Parlons  maintenant  des  quatre  liquides  L,  M,  N,  R, 
ainsi  appelées,  avons-nous  dit,  parce  qu'elles  sont  cou- 
lantes dans  la  prononciation,  et  s'allient  facilement  à  la  plu- 
part des  autres  consonnes.  L  et  R  ,  principalement,  s'unis- 
sent d'une  manière  si  intime  avec  la  consonne  qui  les 
précède  qu'elles  en  deviennent  inséparables  et  ne  forment 
avec  elles  qu'une  seule  modification  du  même  son  :  nLxmer, 
BRAWier,  écLAter,  éc^Aser,  cédrat,  vL.Kgeller ,  ofFRA^de, 
agGLomération ,    déoiiAdation ,    éPLVcher,  approcher,    au- 

TRUC/ie  ,  VRAlseWîBLABLE. 

La  musique  du  Jugement  de  Midas,  de  Grétry,  {orl  upPLXvdie  à 
Paris,  ne  fut  point  goûtée  a  la  cour.  C'est  a  ce  sujet  que  Voltaire 
anKEssa  au  ceVèBRE  compositeur  le  c/î/ûtrain  suivant  : 

«  La  cour  a  sifFi.É  tes  talents, 
Paris  apPLAudit  tes  merveilles. 
Ghétev,  les  oreilles  des  grands 
Sont  souvent  de  GRkisdes  oreilles.» 

Toutefois  ?  et  n  ne  s'allient  guère  avec  s  et  x.  Le  j  sur- 
tout est  en  horreur  au  /.  On  ne  les  surprend  de  même, 
avec  5  etv,  que  dans  les  mots  Israël ,  israclile,  islamisme 
Islande,   dislocjuer,  ot  vlan,  m'y  r'/à.  Pour  trouver  /  uni 


NOTIONS  PKÉLIMIi\AlllES  ET   FOiNDAMEMALES.  79 

à  S,  il  faut,  comme  on  le  voit,  aller  chez  les  Turcs  et  les 
Islandais ,  ou  bien  encore  chez  les  Slaves ,  ou  à  Sligo  sur 
un  sloop  anglais,  ou  à  Slykens ,  chez  les  Belges.  Le  d  et  le 
t  ne  sont  pas  en  meilleure  odeur  près  du  /.  11  n'y  a  pas 
d'exemples  qu'il  se  soit  jamais  mis  à  la  suite  d'un  d,  et  on 
ne  le  trouve  ainsi  réuni  auf  que  dans  Allas,  atlantique, 
atlante,  athlète,  pentathle,  paratitles.  Encore  cet  hymen 
est-il  si  forcé  elle  lien  qui  les  unit  si  lâche,  que,  sans  risque 
d'être  écrasé ,  entre  cette  écorce  et  ce  bois  Ve  muet  peut 
fourrer  le  doigt  ;  en  sorte  que  l'oreille  la  plus  exercée 
s'y  trompe  et  prenne  pour  un  hémistiche  complet' 

La  mer  atlanliquc  {la  mer  atelnntique). 

Quelquefois,  mais  rarement,  il  précède  le  d:  solde, 
solder. 

£.  et  r  se  redoublent:  illustre,  arrogant. 

Humiliez  V arrogance.  (  JoB.  ) 

Piron  prend  un  vol  trop  Uaut 
Pour  les  l)aclaiids  du  parterre  ; 
Ce  n'est  qu'un  vol  terre  à  terre  (  Voltaire  à  terre  ) 
Qu'il  leur  faut.  (Pibon.) 

Tant  que  le  cœur  conserve  des  désirs  ,  l'esprit  garde  des  illu- 
sions. (Chateaubriajnd.) 

Le  M,  qui  se  trouve  rarement  précédé  d'une  consonne 
autre  que  l  <ài  s,  ne  souffre  à  sa  suite  que  6  et  p :  Ambas- 
sade, amphithéâtre,  emploi ,  comparaison,  compte,  exempt , 
camp  ,  plomb  ,  etc. 

Voltaire,  informé  qu'on  -dyàh  imprimé  en  Hollande  des  lettres 
secrètes  sous  son  nom  ,  iiiVimpromptu  suivant  : 

Voici  donc  mes  lettres  secrètes  ! 
Si  secrètes  que  pour  lecteur 
Elles  n'ont  que  leur  imprimeur 
Ta  les  niessieiH's  qui  les  ont  faites. 

En  pareil  cas,  le  m  ne  cède  le  pas  au  n  que  dans  les  mots 


Nd  GUVMMAIUE    l'UANÇVlSE. 

composés  embonpoint ,  bonbon ,  bonbonnière ,  où  naturelle- 
ment l'adjectif  6on  ne  saurait  se  changer  en  boni: 

Trop  ô.' embonpoint  nuit  à  l'esprit. 

On  le  trouve  aussi  quelquefois  devant  n  et  < ,  mais  seu- 
lement dans  les  mots  :  Amnistie,  hymne ,  calomnie ,  som- 
nambule, damner,  automne ,  indemnité,  comte,  vicomte,  el 
leurs  dérivés. 

Car  la  douleur  rend  fou  ;  car  au  fond  de  mon  âme 
J'étais  comme  un  damné  qui  se  tord  dans  la  flamme  ; 
Car  je  soufTiais  plus  qu'un  damne. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Mais  ces  consonnes  ne  peuvent  jamais  se  mettre  devant 
m,  si  ce  n'est  n  dans  les  mots  néanmoins,  nous  vînmes , 
nous  tînmes. 

M  se  redouble  :  femme,  immense ,  commander. 

Ne  souffre  jamais  que  ta  femme  mette  son  pied  sur  le  tien  ;  le 
lendemain  elle  voudrait  le  mettre  sur  ta  tête. 

A^  précède  la  plupart  des  autres  consonnes  :  Ancre,  An- 
dromède ,  enfant,  ange,  enhardir,  enchaîner ,  enkysté,  en- 
lacer ,  inquisition,  enrayer  ,  mensonge,  mentir,  convier, 
zinzolin . 

Tout  ce  vaste  océan  d'azur  et  de  lumière , 

Tiré  du  vide  même ,  et  formé  sans  matière  , 

Arrondi  sans  compas  et  tournant  sans  pivot , 

A  peine  a-t-il  coûté  la  dépense  d'an  mot.  (  Voltaire.) 

Dans  le  monde 
Lequel  est  le  plus  plaisant 
D'avoir  une  femme  brune  ou  blonde? 

R,  ch  et  g  durs,  m  elp,  sont  les  seules  consonnes  qui  se 
mettent  quelquefois  devant  n  :  Tourner  ,  berner,  regnicole, 
mnémotechnique ,  pneumatique.  Il  suit  de  là  que  le  son  de^ 
ne  peut  être  représenté  que  par  ch  devant  n.  Le  peu  de 


NOTIONS  PRÉLIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  81 

sympathie  des  lettres  françaises  l  et  n  doit  nous  faire  re- 
garder comme  une  barbarie^  comme  une  monstruosité, 
cette  ortliographe  des  mots  aulne  ,  faulœ. 

Ni  dranî€  ,  ni  roman ,  ni  sublime  épopée  , 

Panihéon  des  héros , 
Où  leur  mémoire  vit  de  gloire  enveloppée  , 
Pyramide  où  le  Temps  ébrèche  en  vain  sa  faux. 

(  L.  N.  Fhurs  du  Danube.  ) 

Sur  un  homme  qui  n'a  que  la  peau  sur  les  os 

On  dirait  que  la  Mort  craint  d'ébrécher  sa  faux.  (  Id.  ) 

Le  n  se  redouble  ;  ennui,  ennemi,  anciennement. 

Brueys  disait  que  Baron  et  la  Champmelé  avaient  fait  passer  plus 
de  mauvaises  pièces  que  tous  les  faux  monnayeurs  du  royaume. 

Gn  et  LL  mouillés  ne  sont  jamais  précédés  ni  suivis  d'au- 
cune consonne.  Nous  en  parlerons  plus  particulièrement  en 
leur  lieu. 

Tz  n'est  point  une  lettre  française.  Kreutzer,  strelitz,  ne 
sont  point  des  mots  français. 

Des   Syllabes  (1). 

Toute  voyelle  ou  diphthongue,  soit  pure,  soit  modifiée 
par  une  ou  plusieurs  consonnes,  forme  ce  que  l'on  appelle 
une  syllabe.  Peu  importe  le  nombre  de  lettres  qui  accompa- 
gnent une  voyelle  :  il  y  a  unité  de  syllabe  dès  qu'il  y  a  unité 
de  son.  A  seul  est  une  syllabe.  Pa,  pla,  plat ,  plaid,  pair, 
pied,  pris  isolément,  ne  forment  de  même  qu'une  syllabe, 
parce  que  chacun  de  ces  assemblages  de  lettres  ne  forme 
qu'un  son  unique  produit  par  une  seule  émission  de  voix. 

Mais  dans  amitié,  il  y  a  trois  syllabes  ,  parce  que  pour 
prononcer  ce  mot,  on  fait  entendre  trois  sons  différents. 

(1)  Du  grec  sullabe  ,  fait  de  sun,  avec,  et  de  lambano,  je  prends ,  je 
comprends:  compreliensio  litlerarum. 

I.  II.  11 


82  OKAMMAUIE  KUAWÇAISE. 

A  fait  le  premier  son ,  la  première  émission  de  voix ,  et 
conséquemmeiit  la  première  syllabe.  Mi  ne  se  forme  pas  de 
la  môme  émission  d'air  sonore  que  a;  il  en  est  de  même  de 
tié  à  l'égard  de  mi.  Par  conséquent ,  trois  syllabes. 

Mer,  ne  forme  qu'une  syllabe  unique,  parce  que  le  r final 
ne  cause  aucune  interruption  dans  la  prononciation  de  la 
voyelle  précédente,  qu'il  rend  seulement  plus  ouverte;  mais 
si  au  lieu  de  mer  vous  écrivez  meVe,  il  y  a  deux  syllabes, 
parce  que,  dans  ce  mot,  r  n'est  plus  au  service  de  la  pre- 
mière voyelle  e,  mais  se  réserve  tout  entier  pour  l'articula- 
tion de  Ve  final  :  mè-re. 

Cette  dernière  syllabe  est  dite  muette  par  les  grammai- 
riens ,  à  cause  de  Ve  muet  qui  s'y  fait  peu  sentir. 

Dans  le  système  de  M.  Landais ,  il  n'y  aurait  aucune  différence 
dans  la  prononciation  de  ces  deux  mots  ;  prononciation  qu'il  figure 
absolument  de  la  même  manière. 

Cependant  il  y  a  une  différence  réelle  et  bien  sensible  ;  sinon 
ces  deux  vers  satisferaient  également  l'oreille  : 

Ma  mère  !  se  peut-il  !  je  ne  vous  verrai  plusl 
La  mer  gronde  au  loin  elle  ciel  est  tout  noir. 

On  voit  bien  que  M.  Landais  n'est  pas  poète.  Voilà  pourquoi  il  a 
eu  et  a  encore  tant  de  partisans  ,  tant  d'admirateurs.  Je  m'étonne 
que  le  Journal  des  Débats  ne  l'ait  pas  exalté  dans  ses  colonnes  à 
l'égal  au  moins  de  MM.  Bescherelle.  Apparemment  que  ,  tout  ab- 
surde qu'il  est,  il  tie  l'est  pas  encore  assez  pour  mériter  cette  haute 
faveur.  Le  Journal  des  Débats  ressemble  un  peu  à  la  chapelle  de 
Louis  XI,  ce  théâtre  de  la  gloire  de  Quasimodo.  Celui  qui  fait  la 
plus  laide  grimace  y  est  élu  pape ,  aux  acclamalions  et  applau- 
dissements de  la  foule.  Jusqu'à  ce  moment  Jiji  n'a  pas  cessé  d'y 
trôner,  asinus  incathedrd.  C'est  qu'il  serait  bien  difficile  de  lutter, 
en  fait  de  grimace  ,  contre  Quasimodo  ;  car  la  grimace  ,  c'est  son 
visage;  et  personne,  que  je  sache,  ne  peut  se  vanter  d'avoir 
un  visage  comme  le  sien. 

II  se  pourrait  que  le  Journal  des  Débats  ne  fût  pas  flatté  du  rap- 
prochement,  et  qu'il  se  comparât  lui-même  à  l'Olympe,  où  ne 


NOTIONS  PRELIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES.  So 

sont  admis  que  les  dieux  et  les  demi-dieux.  Il  est  vrai  qu'on  y  voit 
Momus  avec  sa  marotte  et  son  capuchon  ;  il  est  vrai  qu'on  y  rit 
du  rire  inextinguible  des  dieux  d'Homère  ;  il  est  vrai  qu'on  y  est 
plus  païen  que  Jupiter  même;  il  est  vrai  qu'on  y  entend  gronder 
la  foudre  comme  dans  l'Olympe  de  Salmonée  (1)  :  les  prétentions 
du  Journal  des  Débats  ne  seraient  donc  pas  aussi  dénuées  de  fon- 
dement qu'on  pourrait  le  penser  tout  d'abord. 

Mais  revenons  à  nos  moutons. 

Une  ou  plusieurs  syllabes  réunies  qui  expriment  une  idée, 
forment  un  mot.  Un  mot  a  donc  autant  de  syllabes  qu'il 
comprend  de  sons  distincts.  Ainsi  le  mot  bon  n'est  que 
d'une  syllabe  ;  le  mot  bonté  en  a  deux  :  bon-té;  le  mot  ver- 
tueux en  a  trois  :  ver-tu-eux  ;  le  mot  catégoriquement  en  a 
six  :  ca-té-go-ri-que-ment. 

Un  mot  considéré  par  rapport  au  nombre  des  syllabes 
qui  le  composent  est  monosyllabe  ou  polysyllabe,  c'est-à- 
dire,  d'une  seule  syllabe  ou  de  plusieurs  syllabes.  Vous, 
moi ,  toi ,  sont  des  monosyllabes  ;  vanité  est  un  polysyllabe. 
On  appelle  encore  dissyllabe  ,  un  mot  qui  a  deux  syllabes , 
comme  vertu ,  et  trissyllabe ,  celui  qui  en  a  trois ,  comme 
vanité.  Le  mot  latin  constantinopolilanensibus  est  un  déca- 
syllabe, un  mot  de  dix  syllabes  :  con-stan-ti-no-po-li-ta-nen- 
si-bus. 

Admirez  encore  la  profondeur  de  M.  Landais.  Il  se  vante  d'avoir 
fait  quelque  part  justice  des  mois  dissyllabe ,  trissyllabe ,  comme 
si  ces  mots  étaient  inutiles. 

(1)  Salmonée,  roi  d'Élide,  frère  de  Sisyphe  ,  eut  la  témérité  de  vouloir 
passer  pour  Dieu.  Il  fit  faire  un  pont  d'airain  qui  enjambait  une  grande 
partie  de  sa  capitale  ,  et  sur  lequel  on  poussait  un  chariot  qui  imitait  le 
bruit  du  tonnerre.  De  ce  lieu  il  lançait  dis  torches  enflammées  sur  quel- 
ques malheureux  qu'il  faisait  tuer  à  l'instant  même  pour  inspirer  plus  de 
crainte  à  ses  sujets.  Jupiter  irrité  le  précipita  dans  le  Tartare  ;  sort  que  le 
Journal  des  Débats  partagera  tôt  ou  tard  avec  lui.  C'esl  ce  que  je  lui 
souhaite.  Ainsi  soit-il. 


84 


(iUAMMAIKE    Fi;.\.\(.VISK. 


Vertu ,  prudent,  sont  des  mots  parisijllabes  ,  parce  qu'ils 
ont  chacun  deux  syllabes;  gant,  ami,  trident,  sont  des 
mots  imparisyllabes  ^  parce  qu'ils  n'ont  pas  le  même  nombre 
de  syllabes. 

Les  grammairiens  distinguent  plusieurs  espèces  de  syl- 
labes. 


Syllabe  incomplexe ,  Son  unique 
qui  no  renferme  pas  plusieurs  sons 
éléiuentaires  dont  il  seriiit  le  résul- 
tat ;  telles  sont  les  premières  sylla- 
bes des  mots  :  k-mottr,  TA-lent ,  ou- 
vrir, cov-vrir.  Ancienne ,  CBAy-ter. 


Syllabe  simple.  Son  qui  n'est  mo- 
difié par  aucune  articulation;  telles 
sont  les  premières  syllabes  des  mots 
k-motir ,  ov-vrir ,    ATi-tienne,  nvi-le. 


Syllabe  complexe.  Son  double  qui 
comprend  deux  sons  élémentaires 
proférés  distinctement  et  consécuti- 
vement ,  mais  en  une  seule  émission 
de  voix;  telles  sont  les  premières 
syllabes  des  mots  :  iota  (1) ,  Di\-ble, 
avi-le,  Tvile,  DUEL- liste.  Une  syllabe 
complexe  est  essentiellement  une 
dipiithongue. 

Syllabe  composée ,  Son  modifié 
par  une  ou  plusieurs  arliculaliuns  ; 
telles  sonl  les  premières  syllabes  des 
mots  TA-lent ,  cov  vrir  ,  CRAn-ter, 
ivi-le. 


Les  premières  syllabes  des  mots  kmour,  ouvrir,  K^tienne ,  sont 
incomplexes  et  simples  ;  celles  des  mots  iota,  HVile,  soni  complexes 
et  simples  ;  celles  des  mots  TX-lent,  covvrir,  cnxTiter,  sont  incom- 
plexes et  composées,  et  celles  des  mois  mAble,  rmle,  sonl  com- 
plexes et  composées. 

Les  grammairiens,  gens  singulièrement  inventifs,  ont  encore 
imaginé  des  syllabes  physiques,  des  syllabes  nsxielles,  artificiel- 
les, etc.,  mais  ces  dislinclions  sont  pour  le  moins  inutiles.  Disons 
toutefois  ce  qu'ils  entendent  par  ces  dénominations. 


Syllabe  physique  ou  réelle ,  Con- 
sonne formant  un  son  réel  et  distinct 
au  moyen  d'un  e  hypotbétique  qui 
est  censé  l'accompagner  ,  comme  r, 
par  exemple  ,  dans  armateur  ,  qu'il 
faudrait  prononcer  a-re-maieit-re  , 
d'après  ces  messieurs. 

Syllabe  usuelle,  Syllal)e  en  géné- 
ral. 


Syllabe  artificielle,  «Son  sensible 
proféré  artificiellement  avec  d'au- 
tris  sons  insensibles  en  une  seule 
émission.»  Cela  n'est  pas  plus  intel- 
ligible qu'il  ne  faut.  Je  crois  y  démê- 
ler pourtant  que  le  mot  trompeur , 
par  exemple,  est  de  deux  syllabes 
arlificielles  :  troin-pcur;  et  de  quatre 
syllabes  physiques  :  te-rom-peu-re. 


Cela  n'esl-il  pas  bien  ingénieux  ,  bien  admirable? 


(2)   io ,  dans  ce  mol  .  est  de  deux  syllabes  ,  en  vers. 


KOTIO:SS   PHEl.IMi:v AIRES  ET  FONDAMENTALES.  S3 

Puis  des  grammairien?  qu'on  ose  encor  douter  ; 
De  mérite  avec  eux  qu'on  ose  encor  lutter. 

La  plus  belle  ode  de  Victor  Hugo  est-elle  comparable  à  cela? 

Il  y  a  encore  des  gens  qui ,  aussitôt  qu'on  prononce  devant  eux 
le  nom  de  Victor  Hugo  ,  vous  débitent  d'un  air  narquois  celte  in- 
comparable stupidité  ,  aussi  célèbre  sur  le  Danube  que  sur  la  Seine  : 

Où,  ô  Hugo  ,  liiichera-l-on  ton  nom  ? 
Justice  enfin  rendu  que  ne  t'a  t-on? 
Quand  à  ce  corps  savant  qu'académique  on  nomme  , 
Grimperas-tu  de  roc  en  roc  ,  rare  tiomme  ? 

Et  ce  sont  des  gens  qui  se  croient  habiles  ! 

Certes  ,  l'auteur  anonyme  de  celle  ineptie  dont  rougirait  même 
M.  Dechamps  ,  de  Bruxelles,  professe  apparemmenl  k  plus  grande 
estiraepour  Duclos  et  Demandre,  inventeurs  des  syllabes  physiques, 
usuelles  et  artificielles. 

La  seule  chose  pourtant  qui  résulte  de  celte  merveilleuse  inven- 
tion, c'est  que,  grâce  à  elle,  on  ne  distingue  plus  ,  dans  la  pronon- 
ciation ,  un  Maure  d'un  mort  ou  d'un  mors,  un  savie  d'un  sol ,  un 
Ephore  d'un  effort ,  la  chaire  de  la  chair ,  un  mâle  d'un  mal ,  un 
pique  d'un  pic,  un  poêle  d'un  poil,  un  pore  d'un  porc  ou  d'un  port, 
un  verre  d'un  ver  ou  d'un  vers ,  etc.  Cela  est-il  tolérable  aujour- 
d'hui surtout  que  l'art  de  la  parole  est  le  premier  des  arts? 

Pour  bien  prononcer  un  mot,  il  faut  le  diviser  en  ses  di- 
verses syllabes. 

Principes  d'ÉpellatioUo 

Toute  consonne  soit  simple  ,  soit  composée  ,  entre  deux 
voyelles  soit  simples,  soit  composées  ou  nasales,  se  détache 
de  la  première  pour  rester  tout  entière  au  service  de  la  se- 
conde :  a-mi-lié  (1),  ra-pi-de,  pa-ro-le,  beau-lé,bon-lc,con-sé- 
quen-ce  ,  di-vin  ,  di-vi-ne  ,  di-ri-ni-lé,  i-ni-qui-lé,i-na-Ué- 
na-bi-li-té,  é-chan-ger,  en-chan-ter,  a-na-cho-rè-le,  ma-gna- 
ni-me ,  a-gneau ,  phi-lo-so-phe,  sym-pa-thi-ser, 

(1)  On  n'ouvre  les  grammaires  que  pour  tomber  d'une  bévue  dans  une 
autre.  Voici  comment  MM.  Bescbcrellc  divisent  ce  mol  :  amili-c.  «  I^es 
cimsonnes  ne  sauraient  seules  Former  une  s_vllabe,  »  disent-ils,  «  mais  IfS 
»  voyelles  jouissent  di- cette  pro|)riélé.  Ainsi,  dans  «nn^c  les  deux  voyelli-s 
»   a,  K  l'iii-mcnt  licux  svliabes.  ■> 


86  «;kammaikk  i'rançaise. 

11  faut  en  excepter  les  mois  composés,  de  formation  toute  fran- 
çaise, comme  :  r.îi-l-vrant,  r.N-or-gueitlir,  M\L-ai-sé,  mxL-a-droit, 
M\i-en-ten-du,  s,VR-a-bon-da7it ,  svR-a-joii-tér ,  svR-in-ien-dant , 
i.onfi-qtie ,  etc.  ;  noots  où  la  division  doit  toujours  se  faire  entre  les 
deux  parties  composantes,  comme  on  le  voit  ici.  Cependant  on 
trouve,  dans  le  Dictionnaire  de  VAcadamie,  les  deux  mots  su- 
ranné,  svrérogation ,  ainsi  divisés:  su-ranné ,  su-rérogntion ;  et 
nous  croyons  que  c'est  ainsi ,  pour  plus  de  facilité,  qu'il  faut  faire 
épeier  les  enfants.  Qu'ils  disent  donc:  ma-lai-sé ,  ma-la-droit , 
su-rin-ten-dant  ;  mais  ils  devront  toujours  dire  en-i-vrant ,  en-or- 
gneillir  ;  à  moins  qu'on  n'ait  soin  de  les  avertir  que  e  devant  n 
sonne  ordinairement  comme  a. 

Vy ,  placé  entre  deux  voyelles  ,  y  jouant  le  rôle  de  deux  i  dont 
l'un  appartient  à  la  première  et  l'autre  à  la  seconde  de  ces  voyelles, 
rend  par  là  même  indivisibles  aux  yeux  les  deux  syllabes  formées 
par  son  concours  :  pays,  moyen,  rayon.  Toutefois,  dans  l'épellation, 
il  faut  diviser  ainsi  ces  mots  :  pai-is,  moi-ien,  rai-ion. 

Le  double  son  du  x ,  entre  deux  voyelles  ,  s'oppose  de  même  à 
la  division  typographique  des  syllabes  qu'il  contribue  à  former  : 
taxer,  exi-ger.  Toutefois  il  est  avantageux  de  faire  épeier  ainsi: 
ia-cser ,  e-gzi-ger,  en  faisant  observer  à  l'enfant  que  le  x  sonne', 
dans  taxer,  comme  es,  dans  exiger,  comme  gz.  Soixante,  mot  dans 
lequel  le  x  sonne  comme  ss,  doit  se  diviser  ainsi  :  soi-xante. 

Toute  consonne  qui  précède  un  Z  ou  un  r  ne  forme,  nous 
l'avons  dit,  avec  ces  liquides  qu'une  seule  et  même  modili- 
cation  de  la  voyelle  suivante  :  a-BLu-fiow,  su-BU-ma-tion , 
su-BLiîi-gual ,  su-BRO-ger,  é-cixi-rer,  é-CBA's,  T)B\-gon,  dé- 
FLA-GBA-lion ,  dé-FBO-que  ,  dé-GLV-ti-tion,  dé- gb A-da-lion, 
KREV-tzer,dé-pLo-r€r,  rem-puB,  plein,  dé-pRA-vè,  cELO-ru-re, 
a-na-ciiBO-nis-me,  pa-ra-vuBA-se  ,  pen-ta-iELE,  pa-ra-ti- 

TLES,  TBAÎS-Si-lif(i). 

(1)  En  latin  ,  naturellement ,  la  division  de  ce  mot  devrait  être  :  tbans- 
i-it-vus  ;  car  tout  mot  d'une  langue  qui  entre  dans  la  composition  d'un 
autre  mot  de  la  même  langue,  conserve  son  intégrité  :  ab-6/m-o,  K^-ri-pi-o, 
ÂD-rc-po  ,  OB-li-go,  o'B-rii-o  ,  svh-le-go  ,  svtt-ri-pi-o,  etc.  Si  nous  ne  divisons 
pas  de  la  même  manière  les  mois  alilation,  abliilion  ,  c'est  que  ces  mots  ne 
soni  plus  pour  nous  des  mots  composés. 


NOTIONS  PRELIMINAIRES  ET  FONDAMENTALES. 


S7 


Le  s  fait  exception,  au  milieu  des  mots  :  is-lande,  is-la-tnis-me, 
ïs-ra-el,  is-ra-é-li-te. 

Le  t  fait  également  exception  dans  \T-lan-ti-que ,  ki-lan-te  , 
AT-Ian-tide,  Ar-las,  xm-lè-te,  xia-lé-ti-que,  ATn-lo-tè-te. 

Toute  consonne,  au  milieu  des  mots,  qui  précède  une 
consonne  autre  que  l  et  r ,  s'en  sépare  dans  l'épellation  .- 
as-cen-dant,  ob-te-nir,  par-don,  der-nier,  jus-ti-ce,  sep-tem-bre, 
ser-vir,  fa-na-lis-me,  ver-tu,  vier-ge,  ter-me,  sal-tim-ban-que, 
por-te ,  ex-ci-ter,  ex-po-ser,  dis-ci-ple,  dis-join-dre ,  ab-cès , 
ac-cès,  ad-jec-tif,  ag-gré-ga-tion ,  com-me,  per-son-ne,  ap- 
por-ter,  as-sii-rer,  a-poph-lheg-me ,  mné-mo-tech-ni-que , 
diph-thon-gue ,  dif-fi-ci-le,  cal-quer,  mar-quer,  pres-crip- 
tion,  sanc-tu-ai-re,  sanc-ti-fi-ca-tion,  onc-tion,ponc-tu-a-tion. 
D'après  le  même  principe,  les  deux  liquides  /  etr  se  sépa- 
rent également  l'une  de  l'autre  :  Ar-le-quin  ,  ar-ri-ver,  dis- 
til-la-tion ,  etc. 

Nous  avons  déjà  dit  qu'il  ne  peut  naître  aucune  intimité  entre*  et  les 
deux  liquides  l,  r  :  ois-lo-ca-tion ,  Is  ra-el. 

Gn  ,  dans  les  mots  suivants ,  forme  deux  consonnes  qui 
se  séparent  : 


Ag-nat. 
Ag-na-tion. 
Ag-na-ti-que . 
Ag-nus. 
Cog-nat. 
Cog-na-tion . 
Dé-sig-na-lif. 
Diag-nos-Uc . 


Diag-nos-ti-que . 

Ig-né. 

Ig-ni-cole. 

Ig-ni-tion. 

1-nex-pug-na-ble . 

Mag-ni-fl-cat. 

Pa  -  thog  -  no-  mo-ni- 

que. 


Pig-no-ra-tif. 

Prog-né. 

Pr<  g-nos-tic. 

Prog-nos-ti-que . 

Ré-cog-ni-tlf. 

Reg-ni-co-le. 

Stag-nant. 

Stag-na-tion. 


Naturellement  les  deux  consonnes  gn  sont,  comme  toute  réunion  de 
consonnes,  inséparables  au  commencement  des  mots:  Gnide,  gno-mon, 
gno-mi-de,  gno-mi-gue ,  gno-mo-ni-quc ,  gnos-ti-que.  Partout  ailleurs  gn 
est  consonne  composée  et  demeure  inséparablement  uni  à  la  voyelle 
qui   le  sm\.  :  Agneau  ,  ca-gnard ,  igna-me ,   i-gna-re,   i-gno-rant ,  im-prc 


S8  GUAMMAIUE  FHANÇAISE. 

gner  (1),  inco/;ni-to  {2)  ,  H-gne ,   magnat,    pi-g7ion ,  si-gnal  ,  si-gtict  (^), 
lie-gnard,    lic-gtiatid  (/i),  i-gno-mi-nic ,  etc. 

Le  m  ou  II  mouillé,  fie  même  que  Vy,  devrait  rendre  insépara- 
bles les  deux  voyelles  auxquelles  il  donne  le  bras  ;  mais  nos  ira- 
primeurs  Irouvenl  joli  de  le  scier  en  deux ,  comme  le  prophète 
Isa'ie,  de  manière  que  chaque  voyelle  en  ail  sa  moitié  :  ba-tail-lon, 
fa-mil-h.  C'est  une  barbarie  digne  de  MM.  Firmin  Didot,  je  veux 
dire ,  du  roi  Manassès  ;  mais  quant  à  nous  ,  nous  croyons  qu'il 
faut  faire  épeler  ainsi  ba-ta-Ulon,  fa-mi-lle,  qiie-nou-Ule  ,  feu-ille, 
mer-ve-ille.  Évidemment ,  dans  ce  dernier  cas ,  il  faudrait  accen- 
tuer Ve,  qui  précède  ill  :  mer-ve-ille,  mer-vé-illeux  ;  et  nous  ne 
voyons  pas  trop  pourquoi  cet  e  y  aurait  moins  de  droits  que  Ve ,  par 
exemple,  de  règne  et  de  régner.  Toutefois  ,  il  suffira  d'avertir  les 
enfants  que  l'e  qui  précède  le  il  ou  ill  est  toujours  accentué  ,  ex- 
cepté dans  orgueil ,  orgueilleux ,  s'enorgueillir  (S) ,  et  dans  les 
mots  qui  commencent  par  oeil  :  œil,  œillet,  œillère,  etc.;  tous  mots 
où  l'e,  en  effet,  se  prononce  comme ei<. 

Se,  sp  ,  ST,  demeurent  inséparablement  unis  après  une 
voyelle  nasale  ou  l'une  des  particules  ah,  ob,  sub,  per,  epi  et 
cata;  con-sciEN-ce,  con-scKiv-tion,  in-scMf-iion,  .san-scRii, 

(1)  MM.  Noël  et  Cliapsal  veulent  qu'on  prononce  ^'/i  comme  ^'«6-n  , 
dans  imprégnation.  C'est  du  moins  ce  qu'ils  prétendent  dans  leur  jjram- 
maiie  ;  mais  dans  leur  dictionnaire  c'est  autre  chose.  Ces  messieurs  ne  se 
souviennent  pas  de  si  loin. 

(2)  Quelques-uns  prononcent  in-cog-ni-to  ;  mais  à  tort,  ce  mot  étant 
purement  italien  ,  et  non  plus  latin  comme  le  prétendent  MM.  Noël  et 
Chaj)sal.  Or ,  gn  ,  en  italien  ,  a  toujours  le  son  mouillé. 

(3)  Les  grammairiens  vous  prescrivent  de  prononcer  .'(«/ic<  ;  mais  cette 
exception  n'a  aucune  espèce  de  fondement  ;  car  ce  mot  vient  de  signe,  et 
je  ne  saclie  pas  qu'on  prononce  sine.  L'usage  de  prononcer  sinet  pour  si- 
gnet ne  peut  être  l'efTet  que  de  l'ignorance  ou  de  la  nonchalance.  C'est 
grâce  à  de  telles  irrégularités  que  les  mots  finissent  par  devenir  méconnais- 
sables et  inintelligibles. 

(li)  Nous  ne  voyons  pas  mieux  pourquoi  l'on  prononcerait  jjlutùt  Renard, 
Renaud,  que  Regnard,  Rcgnaud.  Nous  trouverions  tout  aussi  naturel  de 
prononcer  Roubaud  pour  Rousseau.  Mais  ce  n'est  pas  l'avis  de  certaine 
petite  sucrée  qui,  gouvern;inte  dans  la  même  maison  où  j'étais  précepteur, 
m'avertissait  charitablement  de  toutes  mes  fautes,  et  voulait  m'enseigner 
la  grammaire. 

(5)  Plusieurs  prononcent  orgueilleux,  s'enorgueillir  ,  et  ils  ont  raison  , 
mille  lois  raison,  car,  n'en  déplaise  .i  l'Académie  ,  rien  de  plus  irrégulier, 
de  plus  anormal,  que  de  i)rononcer  orgueuilleux,  s'cnorgueuillir. 


.NOTIONS  PRÉlIMINAraES  ET  FODAMENTALES.  80 

ob-scÈ-ne ,  abscisse ,  in-spi-ra-tion ,  con-&vi-ra-tion ,  per~ 
SFEC-ti-ve ,  per-svi-ca-ci-té ,  con-&ii-tu-tion ,  con-siRui-re , 
con-sTAN-ce,  in-siA-bi-U-té ,  in-STAL-la-tion,  m-siRU-wen/, 
m-sTRVc-tion,  ob-STA-cle,  eb-sTi-na-tion,  oô-siRuc-f  «on,  sub- 
ST A^-tiel~le-ment ,  sub-sii-tu-lion ,  é-pi-&iY-k^  ca-ta-siRO- 
phe  (1)^  etc. 

Rien  de  plus  naturel  que  de  diviser  les  mots  ub-scis-se,  obsta- 
cle, sub-sti-ttit ,  comme  ou  le  voit  ici,  une  lettre  forte  ne  pouvant, 
on  l'a  vu  ,  sympathiser  avec  une  faible.  Toutefois,  la  particule  abs 
étant  une  préposition  latine  différente  de  ab ,  on  fait  bien  de  di- 
viser les  mots  suivants,  de  celte  manière  : 


ABS-tè-me. 
ÂBS-te-nir. 
ABS-ten-tion . 
Ass-ter-gent . 
ABS-ter-ger . 


ABs-ter-sif. 
ABs-ter-sion . 
ABS-ti-fien-ce . 
ABS-ti-nent 
ABs-trac-tion  (2). 


ABs-trac-ti-ve-ment. 
ABs-trai-re . 
ABs-triùs . 


Mais  pourquoi  le  mot  obscur,  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie, 
est-il  ainsi  divisé  :  obs-cur ,  tandis  que  la  division  du  mol  obscène 
y  figure  ainsi:  o6-seène?  Cela  n'implique-t-il  pas  contradiction? 

(1)  Ce  n'est  qu'avec  répugnance  que  nous  présentons  ainsi  la  division  de 
ces  deux  derniers  mots.  S'il  faut  absolument  respecter  les  racines  étymo- 
logiques, ignorées  du  plus  grand  nombre,  alors  pourquoi  ne  pas  diviser, 
comme  il  suit,  les  mots  :  ad-apler ,  ad-orer ,  dés-a^réablc ,  dés  -  honorer , 
espérance ,  in-iisitc,  ob-lalion,  sub-litnaire ,  stib-ir ,  sub -orner ,  trans-it; 
rnon-arfjue,  magn-anirne,  part-ager,  rival-iser,  etc.  ?  On  voit  combien  cela 
serait  absurde.  On  ne  doit  donc  considérer,  dans  l'épellation  ,  dans  l.i 
division,  que  la  construction  matérielle  du  mot,  sans  égard  au  sens,  on 
doit  le  diviser  nécessairement  syllabe  par  syllabe,  non  partie  par  parti<;. 
Autrement,  comment  serait-il  permis  de  diviser  é-yst,  par  exemple,  ou 
tout  autre  radical  en  deux  syllabes?  En  quoi  est-il  plus  déraisonnable  de  sé- 
parer Vs  de  style  pour  la  mettre  à  la  place  qu'elle  occupe  naturellement  dans 
la  prononciation  et  dans  l'ordre  des  syllabes,  que  Vé  de  épi  pour  en  faire 
un  son  isolé  et  dénué  de  sens  ?  C'est  qu'en  effet ,  dans  l'épellation  ,  il  ne 
s'agit  que  de  sons  et  non  pas  de  sens;  c'est  que  les  enfants  qui  lisent  ne  per- 
çoivïnt  en  effet  que  des  sons,  non  des  sens.  Conformément  au  principe  que 
nous  avons  posé  page  87  et  que  nous  avons  été  sur  le  point  de  violer  nous- 
même,  séparez  donc  dans  l'épellation,  au  milieu  des  mots,  toute  consonne 
qui,  après  une  voyelle,  précèdi:  immédiatement  une  consonne  autre  que 
L  et  R  ,  ainsi  qu'il  suit  :  É-pis-iy-le,  é-pis-iro-phe,  é-pis-tolaire ,  cn-tas-tro- 
plie,  apos-tro-phe,  anas-tro-plie,  an-lis-tro-plie,  a-pos-ta-sie,  a-pos-ter ,  dias- 
ty-le,  mé-tas-ta  se,  pc-rip-ncu-monie,  pértptè-rc,  pc-ris-ty-le,  péris-tat-ti-qiie, 
prog-nos-ttc ,  pros-pec-lus ,  pros-ta-te ,  an-lip-sori-que ,  an-ti-scor-bu-ti-que , 
am-phyc-tyon,  hé-mis-pliè-rc ,  al-mos-pUè-re,  liy-drop-neu-tna-ti-que,  liy- 
dros-ta-ti-que ,  dip-ti-ques ,  etc.,  etc. 

(2)  ion,  ien,  iel ,  etc.  ,  sont  toujours  diphtiiongues  en  prose  ;  par  consé- 
quent ,  indivisibles. 

T.  Il-  1-2 


90  (.RAMMVinE    FRANÇAISE. 

Dans  l'un  des  Dictionnaires  de  M.  Noël ,  on  trouve  obs-ctircisse- 
ment  et  obscur itc. 

Remarquez  que  ,  malgré  vous  ,  le  b  se  prononce  comme  p  dans  ces  mots, 
à  cause  de  son  union  avec  le  s. 

C'est  sur  le  même  principe  qu'est  fondée  la  division  des  mots 
în-ier-sti-ce ,  sol-sti-ce. 

Évidemment,  ps  serait  de  même  indivisible  après  une 
consonne,  au  milieu  d'un  mot  •"  Ter-vsi-cho-re.  Mais  et  se  sé- 
parent :  arc-li-que ,  antarc-tique ,  arc-turus. 

II  y  a  des  imprimeurs  qui  prétendent  que  «  deux  consonnes  qui  sont 
Jointes  ensemble  au  commencement  d'un  mol ,  sont  indivisibles  lorsqu'on  les 
rencontre  dans  l'intérieur.'  Cela  est  complètement  faux,  car  alors  il  faudrait 
diviser  de  la  sorte  les  mots:  e-svÈ-ran-ce,  a-spi-rer ,  ma-sque,  Islan-de , 
ju-ste,  etc.,  puisqu'on  trouve  :  spé-ci-fier,  squelette,  Slaves,  statue,  etc. 
Mais  MM.  Firmin  Didot ,  plus  doux  quelquefois,  pour  ne  pas  dire  plus 
polis  envers  les  syllabes  qu'envers  un  pauvre  diable  d'auteur,  ne  leur  font 
jamais  subir  de  telles  mutilations.  Voyez  plutôt  Le  Livre  de  Tous. 

Delà  prononciation  des  syllabes  découle  la  prosodie. 

DE  LA  PROSODIE  (1). 

Dans  une  langue  quelconque,  les  mêmes  sons,  les  mêmes 
syllabes  se  prononcent  d'une  manière  plus  ou  moins  grave 
ou  aiguë  ,  plus  ou  moins  rapide  ou  lente ,  selon  les  mots  où 
se  trouvent  ces  sons,  ces  syllabes  ,  et  selon  le  sens  de  ces 
mots  ;  en  sorte ,  comme  dit  Estarac,  que  la  parole,  sans  être 
un  chant ,  a  néanmoins  une  sorte  de  mélodie  qui  consiste 
dans  des  tons  variés,  dans  des  tenues  précises  et  des  repos 
mesurés.  L'art  de  prononcer  chaque  syllabe  d'un  mot  ré- 
gulièrement, c'est-à-dire,  suivant  ce  qu'exige  chaque  syllabe 
prise  à  part  et  considérée  dans  ses  trois  propriétés,  qui  sont 
Vaccent ,  Vaspiration  et  la  quantité ,  cet  art  s'appelle  pro- 
sodie. Il  n'y  a  guère  que  la  langue  grecque  et  la  langue  la- 
tine dans  lesquelles  la  prosodie  soit  bien  déterminée  et  bien 
fixe. 

(1)   Du  grec /;)'oso</i«,  de  pros ,  h,  pour,  vers,  et  ôdc ,  chant. 


DE    LA   PROSODIE.  9^ 

De  rAcccnt. 

On  entend,  généralement,  par  accent,  l'élévation  ou 
l'abaissement  de  la  voix  sur  certaines  syllabes,  les  diverses 
modifications  de  la  voix  dans  la  durée  ou  dans  le  ton  des 
syllabes. 

On  appelle  accent  grammatical  ou  prosodique ,  celui  dont  la 
grammaire,  dont  la  prosodie  fixe  les  règles;  accent  logique  ou  ra- 
tionnel ,  celui  qui  indique  le  rapport ,  la  connexion  plus  ou  moins 
gronde  que  les  propositions  et  les  idées  ont  entre  elles  :  il  se  marque 
en  partie  par  la  ponctuation.  Enfin  on  nomme  accent  pathétique  ou 
oratoire,  celui  qui  convient  a  l'orateur  pour  exprimer  ou  exciter 
les  passions.  Il  est  l'âme  du  discours,  il  lui  donne  le  sentiment  et 
la  vérité  ;  c'est  sur  lui  qu'est  fondé  l'art  de  la  déclamation.  Mais 
nous  n'avons  a  nous  occuper  ici  que  de  l'accent  des  mots  isolés,  de 
l'accent  prosodique. 

Dans  toutes  les  langues  il  y  a  des  syllabes  sur  lesquelles  il  faut 
élever  le  ton,  d'autres  sur  lesquelles  il  faut  le  baisser,  d'autres  en- 
fin sur  lesquelles  on  l'élève  d'abord  pour  le  baisser  ensuite. 

Le  ton  baut  se  nomme  accent  aigu,  le  ton  bas,  accent  grave,  le 
ton  a  la  fois  baut  et  bas,  accent  circonflexe.  Nous  n'avons  pas  be- 
soin de  prévenir  que  les  trois  espèces  d'accents  dont  nous  parlons 
ici  doivent  être  distingués  des  signes  orthographiques  qui  portent 
le  même  nom. 

C'est  cette  variété  de  tons,  tantôt  graves ,  tantôt  aigus,  tantôt 
circonflexes,  qui  constitue  proprement  l'accent  grammatical  ou 
prosodique.  Lorsqu'il  s'agit  seulement  de  l'élévation  de  la  voix  sur 
une  des  syllabes  d'un  mot,  on  le  nomme  accent  tonique.  On  dit 
d'une  langue  qu'elle  est  fort  accentuée ,  lorsque  l'accent  tonique 
y  est  très-sensible  et  très-varié.  La  langue  française  est  une  de 
celles  qui  le  sont  le  moins  ;  c'est-a-dire  que  les  syllabes,  en  fran- 
çais ,  sont  toutes  accentuées  d'une  manière  presque  uniforme.  S'il 
y  a  un  accent  tonique  ,  il  ne  porte  que  sur  la  syllabe  qui  précède 
un  e  muet.  Encore  cette  syllabe ,  élevée  dans  une  phrase,  peut-elle 
être  baissée  dans  une  autre. 

Accent ,  se  dit  encore  des  inflexions  de  voix  particulières  à  une 


nation,  aux  habilanls  de  certaines  provinces,  ou  aux  gens  du  peuple, 
ainsi  que  de  la  prononciation  des  personnes  de  province,  par  op- 
position à  celle  des  gens  instruits  de  la  capitale. 

Accent  local.  Accent  national.  Accent  gascon.  Accent  picard . 
Accent  normand.  Accent  italien.  On  cannait  à  son  accent  de  quel 
■province  il  est.  (Acad.)  L'accent  des  gens  du  peuple,  à  Paris,  est  un 
peu  traînant.  (  Id.)  //  a  perdu,  conservé  son  accent.  Il  a  encore  de 
l'accent. 

L'accent  gascon  élève  la  voix  où  ,  selon  le  bon  usage,  il  faut  la 
baisser;  il  abrège  certaines  syllabes;  il  fait  qu'on  dit  par  consquent 
au  lieu  de  par  conséquent,  costance  au  lieu  de  constance;  il  change 
lo  plus  souvent  les  v  en  b.  Exemples  : 

tf  Je  suis  bénu  si  bite  que  mon  ange  gardien  abait  dé  la  peine  a 
»  mé  suibre.  » 

On  jeta,  à  coups  de  pied  ,  un  insolent  Gascon  du  haut  d'un  es- 
calier en  bas  (I).  «  Bon,  »  dit-il ,  «je  nié  soucie  dé  cela  comme  dé 
»  rien  ;  aussi  bien^i?  boulais  descendre.  » 

Un  Gascon  vantant  sa  noblesse ,  dit  :  «  Cadédis  !  dans  lé  château 
»  dé  mon  père ,  on  né  se  chauffe  qu'avec  des  bâtons  dé  marchaux 
ti  dé  France,  n 

Un  Gascon  dit  un  jour  à  quelqu'un  :  «  Prêtez-moi  dix  écus,  s'il 
»  bout  plaît.  »  —  «  Mais,  monsieur,  je  n'ai  pas  l'honneur  de  vous 
t)  connaître.  »  —  «  C'est  pour  cela  que  je  m'adresse  a  vous ,  car  au- 
»  cun  dé  ceux  qui  méconnaissent  né  beut  me  prêter.  » 

Un  autre  Gascon  demandait  a  quelqu'un  de  lui  prêter  six  francs, 
«  Je  n'ai  que  trois  livres,  »  répondit  celui-ci.  —  «  Eh  bien,  donnez 
»  toujours ,  ce  sera  trois  libres  que  vous  mé  débrez ,  »  dit  le  Gas- 
con. 

On  demandait  à  un  Gascon  de  l'argent  qu'on  lui  avait  prêté  ;  le 
Gascon  dit  qu'il  n'en  avait  pas. —  «  Je  vous  en  ferai  bien  trouver,  » 
reprit  son  créancier  avec  menace.  —  «  Ah  !  rendez-moi  ce  serbicé , 
^)  je  wons  juré  que  VOUS  serez  payé  lé  premier.  » 

Un  homme  venait  de  prêter  à  un  Gascon  de  ses  amis  une  somme; 
il  lui  dit  :  «  Faites-moi  votre  reconnaissance.  »  —  «  Ah  !  mon  ami ,  » 
hii  dit  le  Gascon ,  «  ma  réconnaissance  sera  éternelle.  » 

(1)  On  cnlcnd  tous  les  jours  dire  du  haut  en  Itas  de  l'escalier.  C'est  du 
fiaul  de  l'escalier  en  bas  qu'il  faut  dire.   Sinon  on  fait  une  faute  grave. 


DE   LA    PROSODIE.  95 

«  Cadédis  !  je  débrais  être  dans  l'opulence  ; 

»  Maïs  je  né  possède  rien.  » 
—  «  La  raison  ?  » — «  La  voici  :  quand  Dieu,  par  sa  puissance, 
»Tira  tout  du  néant,  il  y  laissa  mon  bien.  » 

«Figeac,  savez-vous  la  nouvelle?  » 

—  «Non,  mon  colonel,  quelle  est-elle?  » 

—  «  Une  étoile  que  l'on  mettra 
Sur  l'habit  du  preux  le  plus  digne, 
Dorénavant  annoncera 

Chaque  trait  de  valeur  insigne.  » 

—  «  Sandis  !  pour  cet  arrangement 
»  Combien yV  dois  au  ministère  ■ 

»  Avant  qu'il  soit  un  an  dé  guerre , 
«  Je  semhlérai  lé  Grmament.  » 

On  a  déjà  vu  en  quoi  consiste  l'accent  allemand.  En  voici  encore- 
un  échantillon. 

(1  Pourquoi  teux  exsemplaîres  //même  oufrache  F  »  deraandait~o» 
a  quelqu'un.  —  «  Parce  que  ce  lufre  est  su  peau ,  que  je  foulais  lé 
f  lure  teux  fois.  » 

«  Le  crâne  de  Schiller,  Jingt  florins!  — Fingt-ciuque  florins! 
—  Trente  florins  ! —  yltchuché  !  » 

«Encore  un  petite  crâne.  —  Té  qui?  —  Té  Schiller.  —  Com- 
ment !  té  Schiller?  —  la ,  /«•'Schiller,  quand  il  était  chêne.  » 

«  Pourquoi  ce  fumier  défant  fotre  borte  ?  »  —  «  C'est  pour  em- 
bêger  lépruit  tes  g  loches.  »> 

Pour  bien  parler  une  langue,  ajoutent  les  grammairiens ;,  il  ne 
faut  avoir  ni  Vaccent  gascon ,  ni  Vaccent  allemand,  ni  aucun  ac- 
cent local  ou  particulier.  En  vérité,  c'est  très-bon  à  savoir. 

De  rAspiratton. 

On  entend  par  aspiration  une  certaine  prononciation 
forte  que  l'on  donne  à  une  lettre,  une  certaine  manière  de 
prononcer  en  aspirant. 

Les  Grecs  marquaient  l'aspiralion  parleur  esprit  rude,  espèce 


9i  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

d'accent;  les  latins  par  h,  et  nous  la  marquons  par  la  même  lettre. 
Mais  notre  //  est  souvent  muet  et  ne  marque  pas  toujours  l'aspira- 
tion. Il  est  muet  dans  homme ,  honnête ,  hérdîne ,  et  marque  l'aspi- 
ralion  dans  haut ,  hauteur,  héros.  Les  Allemands  font  un  usage  fré- 
quent de  l'aspiration;  mais,  en  général,  l'aspiration  allemande  est 
si  forte,  si  rude,  si  gutturale,  elle  diffère  si  essentiellement  de  l'as- 
piration française,  exlrOmement  douce,  qu'avec  la  meilleure  vo- 
lonté du  monde,  je  ne  puis,  moi  Français,  venir  a  bout  de  l'exé- 
cuter avec  précision.  C'est  assez  dire  aux  Allemands  qu'ils  ne 
doivent  pas  prononcer  h  dans  Le  héros,  comme  ils  le  prononcent 
pour  la  plupart  dans  Der  Held,  mais  d'une  manière  beaucoup  plus 
douce,  et  presque  comme  s'il  y  avait  simplement  Leéros.  J'ai  dit 
pour  la  plupart;  car  j'ai  rencontré,  dans  la  société  allemande, 
des  personnes  dans  la  bouche  desquelles  cette  aspiration  devenait 
très-douce,  et  qui  prononçaient  i)er  Helda  peu  près  comme  nous 
prononçons  Le  héros.  La  prescription  la  plus  nécessaire  a  cet  égard 
est  qu'il  ne  faut  jamais  liei',  dans  la  prononciation,  la  voyelle  aspirée 
a  la  consonne  flnale  du  mot  précédent. 


De  la  Quantité. 

La  quantité  est  la  mesure  qu'il  faut  observer  dans  la  pro- 
nonciation des  syllabes,  dont  les  unes  sont  longues  et  les 
autres  brèves. 

Chez  les  anciens,  les  longues  se  notaient  par  un  petit  trait  hori- 
zontal fixé  sur  la  syllabe  :  - .  Les  syllabes  brèves  se  surmontaient 
d'un  demi-cercle  :  u.  Ce  même  demi-cercle  terminé  par  deux  cro- 
chets indiquait  les  syllabes  douteuses  :  v. 

La  quantité  des  sons ,  dans  les  syllabes ,  disent  les  grammairiens, 
ne  consiste  point  dans  un  rapport  déterminé  de  la  durée  du  son  à 
quelqu'une  des  parties  du  temps,  comme  à  une  minute,  à  une  se- 
conde ,  mais  dans  une  proportion  invariable  entre  les  sons,  laquelle 
peut  être  caractérisée  par  des  nombres  ;  en  sorte  qu'une  syllabe 
n'est  longue  ou  brève,  dans  un  mot,  que  par  relation  à  une  autre 
syllabe  qui  n'a  pas  la  même  quantité.  «  Ainsi  .  »  dit  l'abbé  d'Olivet, 


DE  LA  PROSODIE.  OTj 

»  les  deux  médecins  de  Molière  (1),  dont  l'un  allonge  excessivement 
»  les  syllabes,  et  dont  l'autre  bredouille,  ne  laissent  pas  d'observer 
»  tout  naturellement  la  quantité;  car,  quoique  le  bredouilleur  ait 
»  plus  vite  prononcé  une  longue  que  son  camarade  une  brève,  tous 
»  les  deux  ne  laissent  pas  de  faire  exactement  brèves  celles  qui  sont 
»  brèves,  et  longues  celles  qui  sont  longues  ;  avec  cette  différence 
»  seulement  qu'il  faut  à  l'un  sept  ou  huit  fois  plus  de  temps  qu'à 
»  l'autre  pour  articuler,  » 

En  un  mot,  la  durée  des  sons  se  mesure  par  comparaison. 

Les  grammairiens  distinguent  la  quantité  physique  ou  naturelle 
et  la  quantité  artificielle. 

B  La  quantité  physique  ,  »  disent-ils,  «  est  la  juste  mesure  de  la 
T»  durée  de  la  voix,  dans  chaque  syllabe  de  chaque  mot,  que  nous 
»  prononçons  conformément  aux  lois  du  mécanisme  de  la  parole 
»  et  de  l'usage  national.» 

Cela  n'est  pas  plus  clair  ni  plus  précis  qu'il  ne  faut  ;  mais  appa- 
remment que  cela  veut  dire  qu'une  syllabe  est  longue  ou  brève  na- 
turellement ,  selon  que  l'articulation  en  est  plus  ou  moins  aisée , 
plus  ou  moins  coulante,  et  qu'elle  devient  longue  ou  brève  par  l'u- 
sage, si ,  dans  le  son  qui  la  constitue,  le  mécanisme  de  la  pronon- 
ciation n'exige  ni  longueur,  ni  brièveté.  0,  par  exemple,  est  bref 
dans  catholique ,  la  liquide  étant  trop  douce  pour  faire  obstacle  au 
passage  rapide  de  la  voix  sur  la  syllabe  suivante.  Au  contraire,  dans 
le  mot  songe,  \a  voix  nepouvantpasseraussirapidementde  la  pre- 
mière syllabe  à  la  seconde,  la  voyelleon  y  estlongue  naturellement. 

C'est  pour  la  même  raison  que  de  deux  voyelles  consécutives,  la 
première  est  brève,  et  que  toute  diphthongue  est  longue.  Il  est  évi- 
dent que  la  diphthongue  miel  exige  un  peu  plus  de  temps  pour 
être  prononcée  que  la  syllabe  sel.  Dès  lors  il  est  facile  de  comprendre 
que  a  dans  âme  n'est  long  que  par  l'usage  seulement ,  puisque  rien 
ne  s'oppose  à  la  prononciation  rapide  de  cette  voyelle. 

«  La  quantité  artificielle,  »  ajoutent  les  grammairiens,  «  estl'ap- 
»  précialion  conventionnelle  de  la  durée  de  la  voix  dans  chaque  syl- 
»  labe  de  chaque  mot ,  relativement  au  mécanisme  artificiel  de  la 
»  versification  métrique  et  du  rhythme  oratoire.» 

Ici,  quoique  les  grammairiens  vous  recommandent  de  ne  pas  con- 
fondre l'accent  avec  la  quantité,  nous  dirons  pourtant  que  la  quan- 

(1)  L'Amour  Médecin  (  acte  ii ,  scène  v). 


flO  GRAMMAIRE    FRANÇAÎSE. 

tilé,  dans  les  langues  modernes  qui  en  ont  une ,  n'est  guère  autre 
chose  que  l'accenl. 

Les  Allemands  ,  par  exemple,  ont  des  vers  métriques;  or,  de- 
mandez-leur sur  quoi  se  fonde  leur  mètre  ,  sinon  sur  l'accent.  Et 
qu'est-ce  que  la  quantité  relative  au  mécanisme  artificiel  du  rhythme 
oratoire,  sinon  l'accent  oratoire  lui-même?  Oui ,  l'accent  oratoire, 
qui ,  tout  en  faisant  mieux  ressortir  les  langues,  donne  aux  brèves 
plus  de  corps  et  de  consistance ,  et  transforme  parfois  les  brèves 
en  longues  et  les  longues  en  brèves;  c'est-à-dire  que  c'est  l'accent 
oratoire  lui  seul  qui  règle  véritablement  notre  prononciation ,  en 
y  mettant  toute  la  variété  dont  elle  est  susceptible. 

Il  est  certain  que  l'accent  tonique,  très  sensible  et  très-varié  dans 
l'italien,  par  exemple,  et  dans  l'allemand,  est  presque  nul  dans 
notre  langue  ,  où  chaque  syllabe  .  nous  l'avons  déjà  dit,  est  accen- 
tuée d'une  manière  presque  uniforme;  en  sorte  que  les  deux  sylla- 
bes du  nom  Gogol  y  produisent  deux  émissions  de  voix  tout  à  fait 
égales;  tandis  qu'en  russe  elles  sonnent  presque  comme  s'il  y  avait 
Gog'l.  La  première  syllabe  de  ce  mot ,  sur  laquelle  porte  l'accent 
tonique,  est  donc  longue  par  rapport  à  la  seconde  ,  qui,  par  consé- 
quent, est  essentiellement  brève.  J'ai  donc  raison  ,  quand  je  disque 
la  quantité ,  dans  les  langues  qui  en  ont  une ,  n'est  guère  déter- 
minée que  par  l'accent. 

Or,  d'après  ce  seul  exemple,  pouvons-nous  nous  flatter  d'avoir 
un  accent  prosodique,  une  quantité?  puisque  nous  prononçons  Go- 
gol au  lieu  de  Gog'l.  Nos  voyelles  étant  toutes  clairement  accen- 
tuées, excepté  l'e  muet,  sont  donc  toutes  un  peu  plus  ou  un  peu 
moins  longues,  et  il  n'y  a  donc  que  l'e  muet  qui  soit  bref.  Cela  est 
si  vrai  que  nous  traduisons  par  l'e  muet  toute  syllabe  brève  des  au- 
tres langues.  C'est  ainsi  que  de  rôsa  nous  faisons  rose,  de  vëndf;rë, 
vendre,  de  Hanôvèr  ,  Hanovre,  de  Drêsden  ,  Dresde.  La  syllabe 
be  dans  lobelen  répond  parfaitement  à  la  même  syllabe  du  mot  fran- 
çais tomberont ,  car  elle  souffre  élision  dans  l'une  et  l'autre  langue. 

Dire  aux  étrangers  que  o  est  bref  dans  catholique,  chocolat,  c'est 
les  induire  à  prononcer  catholique,  choc'lat,  en  appuyant  fortement 
sur  la  première  syllabe  et  élidant  la  seconde.  Cela  ne  leur  arrive 
que  trop  souvent,  faute  d'avoir  reçu  de  bons  principes,  et  je  puis 
affirmer  qu'il  y  a  un  prédicateur  belge  ,  très-couru  ,  qui  prononce 
le  mot  catholique  toujours  ainsi  :  Caath'lique. 

Je  ne  prétends  pas  qu'il  n'y  ait  aucune  différence  dans  la  valeur 
respective  de  nos  syllabes;  mais  cette  différence  est  si  peu  appré- 


DE  LA   PROSODIE.  07 

ciable  à  l'oreille ,  si  peu  sensible ,  qu'il  est  absurde  de  vouloir  la 
délermiuer  par  des  règles  fixes  et  invariables.  Demandre  et  l'abbé 
d'Olivet  l'ont  tenté,  mais  vainement  (i).  Ils  eussent  fait  aussi  bien 
de  travailler  à  fixer  les  flots  de  l'Océan  ou  les  sables  du  Sahara  ; 

(1)  Comme  nous  n'avons  nullement  la  prétention  de  persuader  ceux  qui 
ne  veulent  pas  être  persuadés,  et  comme  il  y  aura  toujours  des  aveugles  qui 
nieront  la  lumière,  pour  qu'ils  n'aient  pas  à  nous  repioclur  la  perte  d'une 
chose  pour  eux  si  précieuse,  nous  allons  reproduire  ici  dans  toute  leur  in- 
tégrité les  principales  règles  données  par  l'abbé  d'Olivet. 

«  l"  Toute  syllabe  dont  la  dernière  voyelle  est  suivie  d'une  consonne  finale  qui 
»  n'est  ni  5  ni  s  est  brève  :  sàc,  nectar,  sel,  fil,  pot,  tuf,  etc. 

•  2°  Toute  syllabe  masculine,  brève  ou  non  au  singulier,  est  toujours  longue  au 

•  pluriel  :  des  sâcs,  des  sêls,  des  pots,  etc. 

»  11  faut  excepter  de  cette  règle  les  substantifs  qui  n'ont  ni  5  ni  3  au  pluriel:  dans 
»  numéro ,  te  Deum,  kirschwnsser,  etc.,  la  dernière  syllabe  n'est  pas  plus  longue  au 
»  pluriel  qu'au  singulier  ;  c'est  le  *  ou  le  ;  qui  rend  la  syllabe  longue. 

•  3°  Tout  singulier  masculin ,  dont  la  finale  est  une  des  caractéristiques  dn  pluriel, 
»  est  long:  le  temps,  le  nëz,  etc. 

»  4°  Quand  un  mot  finit  par  un  /  mouille',  la  syllabe  est  brève  :  évenlàil,  avril,  ver- 
»  mëil,  quenouille,  (  comment  l'o  de  quenouille  peut-il  être  bref?)  fauteuil. 

»5°Quand  les  voyelles  nasales  sontsuiviesd'une  consonne^î<i«'ei"</)fli /n /ewr^ro- 

•  pre  (*)  ,  c'est-à-dire  ,  qui   n'est    ni  m  ni  n  ,  et  qui  commence  par  une  autre  syllabe, 

•  elles  rendent  longue  la  syllabe  où  elles  se  trouvent  :ya/n6e,yâm6on,  crâtnie, 
-  trembler,  peindre, joindre,  tomber,  humble,  etc.» 

Evidemment  les  voyelles  nasales  ,  beaucoup  plus  sonores  que  les  voyelles 
ordinaires,  demandent  un  peu  plus  de  temps  pour  être  prononcées,  mais 
cela  tient  à  leur  nature  même,  à  leur  sonorité  ;  d'où  il  suit  que  l'abbé  d'O- 
livet confond  ici  la  qualité  avec  la  quantité. 

-  6°  Quand  les  consonnes  m  on  n  ,  qui  servent  à  former  les  voyelles  nasales,  se  re- 
»  doublent,  cela  rend  brève  la  syllabe  à  laquelle  appartient  la  première  des  consonnes 
«  redoublées,  qui  demeure  alors  muette  et  n'est  plus  nasale:  cpigrâmme,  consonne, 
•■  personne,  qu'il  prenne,  etc.  - 

Quoi  de  plus  naturel  que  cela?  puisqu'ici  la  nasalité  disparaît  complè- 
tement. Certes,  cette  dilTérence  de  quantité  n'a  besoin,  pour  être  saisie, 
d'aucune  étude ,  d'aucun  effort,  et  s'observe  de  soi-même,  sans  qu'on  y 
pense.  Je  m'étonne  que  l'abbé  d'Olivet  n'ait  pas  fait  nn  livre  pour  prouver 
que  le  m  ne  se  prononce  pas  comme  le  k.  C'eût  été  une  chose  pour  le  moins 
aussi  utile  à  l'humanité  que  sa  prosodie  et  que  les  feuilletons  de  J.  J. 

»  7°  Toute  syllabe  qui  finit  par  r,  et  qui  est  suivie  d'une  syllabe  commençant  par 

•  toute  autre  consonne,  est  brève  :  barbe,  barque,  berceau ,  in  firme,  ordre,  etc. 

»  8°  Quelle  que  soit  la  voyelle  qui  précède  deux  r,  quand  ces  deux  lettres  ne  for- 
••  ment  qu'un  son  indivisible  ,  la  syllabe  est  toujours  longue  :  arrêt,  barre,  bl-ârrc, 
••  tonnerre,  etc. 

"  Çf  Entre  deux  voyelles ,  dont  la  dernière  est  muette  ,  les  lettres  5  et  -  allongent  la 
>■  syllabe  pénultième  :  bâsc,  cxtâse,  diocëse,  bêtise,  franchise,  rose,  épouse,  etc. 

»  Mais  ,  si  la  syllabe  qui  commence  par  une  de  ces  lettres  est  longue  de  sa  nature, 

(■)   Cela  esl-il  français  ■■ 

T,  II.  lô 


98  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

car,  v6ril.il)le  image  de  l'cspril  français,  la  quantité  de  notre  langue, 
puisque  quantité  il  y  a ,  n'est  pas  moins  inconstante ,  pas  moins 
changeante  que  les  sables  et  les  flots. 
Ainsi  l'on  dit,  de  l'aveu   même  des  prosodistes ,  d'éternelles 

»  elle  conserve  sa  quanlilé,   et  souvent  l'aiite'pénultième  devient  brève  :   il  s'exlâsiC, 
»  pesée,  épousée,  etc. 

••  lo"  Un  /•  ou  un  s  prononcé  qui  suit  une  voyelle  et  précède  une  antre  consonne, 
•  rend  toujours  la  syllabe  brève  -.jaspe,  masque,  astre,  burlesque,  funeste,  barbe,, 
»  berceau,  etc. 

»  11°  Tous  les  mots  qui  finissent  par  un  emuet,  immédiatement  précédé  d'une 
»  voyelle,  ont  leur  pénultième  longue  :  pensée,  armée,  jôle,  i'envdie,  je  lotie,  i\joûe, 
»  la  rue,  \antie,  etc. 

"  Mais,  si  dans  tous  ces  mêmes  mots  l'e  muet  se  cbange  en  é  fermé  ,  alors  la  pénu]. 
»  tième,  de  longue  qu'elle  était,  devient  brève  :  louer,  muer,  etc.» 

Évidemment  le  passage  de  la  voix  sur  une  voyelle  pure  est  des  plus  ra- 
pides; mais  qu'est-ce  que  cela  prouve  en  faveur  de  la  quantité?  De  même 
si  la  syllabe  vie  est  plus  longue  dans  eni  le,  que  vi  dans  envier,  ce  n'est  pas 
d'après  une  prétendue  règle  de  quantité  ,  mais  parce  que  la  combinaison 
vie  comprend  deux  syllabes  dont  la  dernière,  quoique  faible,  ne  laisse  pas 
qne  derendre  un  sourd  mUimure  rendu  très-distinct  par  le  chant.  La  voix  , 
sur  la  syllabe  vi ,  n'étant  pas  encore  au  bout  de  sa  course,  se  prolonge 
jusque  sur  l'e  final  :  de  là  sa  longueur  relative.  Sans  cela  quel  avantage  y 
aurait-il  à  ne  pas  écrire,  selon  l'avis  de  M.  Landais,  envi  au  lieu  de  envie? 
Et  comment,  dans  les  vers,  envie  et  vie  pourraient-ils  constituer  deux  rimes 
féminines  ? 

«  12°  Quand  une  voyelle  finit  la  syllabe  et  qu'elle  est  suivie  d'une  autre  voyelle  qui 
»  n'est  pas  l'e  muet^  la  syllabe  est  brève  :  crëé,  féal,  action,  liàir,  doué,  tué,  etc.» 

Mais  cette  règle  se  trouve  comprise  dans  l'observation  précédente. 

En  vérité  il  faut  avoir  bien  du  temps  de  reste,  pour  le  prodiguer  dans  des 
questions  si  oiseuses.  Si  c'est  là  ce  qui  a  ouvert  à  M.  l'abbé  d'Olivetles 
portes  de  l'Académie,  il  faut  convenir,  encore  une  fois,  que  les  portes  de 
cet  Olympe  ressemblent  beaucoup  à  celles  du  paradis;  en  sorte  qu'il  est  bien 
plus  étonnant  de  voir  M.  Victor  Hugo  académicien  ,  que  de  voir  Jules  Ja- 
nin  ne  pas  l'être.  Certes  ,  les  calembours  et  les  lazzi  de  ce  dernier  valent 
pour  le  moins  autant  que  la  prosodie  de  M.  l'abbé  d'Olivet  ou  le  fameux 
madrigal  du  comte  de  Saint-Aulaire ,  lequel  eut  seul  plus  de  puissance, 
vous  le  savez,  que  toute  la  poésie  sublime  de  Ballanche  et  la  ravissante  phi- 
losophie d'Alfred  de  Vigny. 

Bref,  voilà  donc  en  quoi  consiste  le  système  de  M.  l'abbé  d'Olivet;  ce 
fameux  système  qui,  pour  parler  comme  MM.  BescbereJle,  a  traversé  tant 
de  siècles  sans  trouver  de  contradicteurs,  et  qui  a  eu  pour  partisans  déclarés, 
et  pour  propagateurs  même,  des  écrivains  d'un  si  grand  mérite.  Que  ceux  qui 
ont  l'oreille  assez  fine  pour  trouver  une  différence  entre  Le  sac  et  les  sacs  , 
Le  sel  et  les  sels.  Le  pot  et  les  pots.  Le  cliefet  les  chefs  ;  que  ceux  qui  crai- 
gnent séiieusement  que  la  confusion  ne  se  mette  entre  ces  expressions:  Cent 
ACBES  de  terre  et  des  humeurs  acres  ;  Avant  le  déluge  et  Le  premier  dimanche 
det'wB^iT;  Manche  é/'alêine  et  L'haleine  du  zéphyr;  Bailler  <i  ferme  et 
Bâiller  d'ennui  ;  Le  bât  d'un  âne  et  //  rat  son  âne;  Une  beauté  ravissante 
et   Un  chat  iiÔTTÉ  ;    La  boîte  n   Perrette   et  Vn  cheval  qui  boîte;  Un  bon  rfc 


DE    L.V    PROSODIE.  99 

amours  et  des  amours  éternelles,  des  caresses  perfides  et  deperfïdes 
caresses,  de  stériles  attentats  et  des  attentats  stériles.  «  La  raisoa  en 
»  est  simple,  »  dit  Demandre  lui-même ,  «  c'est  que  devant  un  re- 
»  pos,  quelque  léger  qu'il  soit,  la  voix  a  besoin  de  soutien ,  et  que 
»  ce  soutien  se  prend  ordinairement  sur  la  pénultième,  dans  la  pro- 
»  nonciation  de  laquelle  la  voix,  se  préparant  à  tomber  totalement, 
»  traîne  plus  ou  moins  sensiblement,  selon  la  qualité  du  repos  et  le 
»  ton  de  la  prononciation.» 

M.  Lemaire  venant  à  notre  aide,  ajoute:  «On  donne  comme 
»  règle  générale  que  la  prononciation  able  est  brève  dans  tous  les 
»  adjectifs.  Nous  admettons  que  cela  puisse  être  vrai  dans:  aimable 
»  enfant ,  mais  dans  ce  vers  de  Racine  : 

»  Je  te  plains  de  tomber  dans  ses  mains  redoutables  , 

»  ne  serait-ce  pas  faire  un  contre-sens  d'harmonie  que  de  ne  pas 
»  rendre  longue  et  très-longue  cette  finale  choisie  de  préférence 
»  par  le  poète.  » 

Nous  serons  plus  clair  et  plus  précis.  Nous  dirons  que  ,  dans  le 
premier  cas  ,  la  quantité  de  cette  finale  dépend  tout  entière  du  sen- 
timent avec  lequel  on  la  prononce;  que,  dans  le  second  cas  ,  elle 
est  déterminée  par  le  seul  mécanisme  des  organes  de  la  parole. 

Il  suit  de  ce  qui  précède  que  dme  rime  fort  bien  avec  flamme . 
trône  avec  couronne,  pôle  avec  épaule,  grâce  a\ec  trace,  etc.,  puis- 
que la  syllabe  qui  précède  l'e  muet ,  dans  ces  mots ,  ainsi  rejetée  à 
la  fin  du  vers,  est  celle  qui  doit  prêter  à  la  voix  le  soutien  dont  parle 
Demandre,  et  qu'ainsi  elle  devient  forcément  longue. 

Peut-il  rester  quelque  doute  à  cet  égard?  quand  on  entend  les 
grammairiens  vous  dire  sérieusement  que  la  pénultième  du  mot 
honnête,  brève  dans  Un  honnête  homme,  redevient  longue  dans  lin 
homme  honnête. 

Certes,  si  quelqu'un  a  senti  toute  l'importance  et  toute  la  valeur 

mille  francs  et  Un  bô«d  de  chevreau  ;  /I/omcheh  ami  ut  Mangeur  de  ce k m  hu- 
maine; Le  claIr  de  la  /wne  et  Le  clerc  d'un  notaire;  Se  promener  au  coûas 
et  Jouer  dans  la  coub  ;  Il  craïnt  Dieu  et  Les  crins  de  la  queue  ;  Ci'Ïr  d'An- 
gleterre et  CuÎRE  de  la  viande;   Tu  fais  et  //  fait;  Nous  fûmes  et  y'e  fume  ; 


— ,. ,  ^„ j  ^ — ,   ^„  ..^^ .^j, ,.„„„.„.v,,  cju  ..^ 

en  fassent  leurs  choux  gras;  pour  moi  je  l'abandonne  sans  retour,  convaincu 
que  la  véritable  prosodie  consiste,  en  effet,  plutôt  dans  le  mélange  heureux 
des  sons  que  dans  leur  durée. 


KM»  GR.VMMAIKE    FRANÇAISE. 

de  la  rime,  dans  noire  versilicalion;  si  quelqu'un  a  porlé  loin  le 
culle  de  la  rime  exacte ,  de  la  rime  riche ,  ce  sont  les  modernes , 
c'est  surtout  Virlor  Hugo.  Cependant  Victor  Hugo  lui-même  ,  plus 
compétent ,  je  crois,  en  fait  de  prosodie,  que  les  grammairiens  , 
n'hésite  pas  à  conjoindre  ,  au  bout  de  son  vers  ,  toujours  si  sonore  , 
si  harmonieux,  de  prétendues  longues  avec  de  prétendues  brèves. 

Exemples  : 

Et  chacun  vers  son  but ,  la  marée  à  la  grève, 
La  foule  vers  l'argent,   le  penseur  vers  son  rcve , 
Tout  a  continué  de  marcher,  de  courir, 
Et  rien  n'a  dit  au  monde  :  Un  roi  vient  de  mourir. 

D'où  vient  donc  que  le  Dieu  qui  punit  Babylone 
Vous  Fait  à  pareille  heure  éclore  au  pied  du  trône  i* 
Et  qu'avez-vous  donc  fait,  ù  pauvres  innocents  ! 

La  vieillesse  couronne  et  la  ruine  achève. 
II  faut  à  l'édifice  un  passé  dont  on  l'êve. 

11  faut  que  le  fronton  s'effeuille  comme  un  arbre. 
Il  faut  que  le  lichen,  cette  rouille  du  marbre  , 
De  sa  lèpre  dorée  au  loin  couvre  le  mur  ; 
Et  que  la  vétusté  ,  par  qui  tout  art  s'efface  , 
Prenne  chaque  sculpture  et  la  ronge  à  la  face  , 
Gomme  un  avide  oiseau  qui  dévore  un  fruit  mûr. 

Dans  sa  fournaise  pcle-n^ûle, 

11  fond  ,  transforme  et  renouvelle 

Cette  science  universelle 

Qu'il  emprunte  à  tous  les  humains  ; 

Puis  il  rejette  aux  peuples  blêmes 

Leurs  sceptres  et  leurs  diadèmes  , 

Leurs  préjugés  et  leurs  systèmes. 

Tous  tordus  par  ses  fortes  mains. 

Bien  souvent  le  passé  couvre  plus  d'un  secret , 
Dont  sur  un  mur  vieilli  la  tache  reparaît. 

Pour  la  première  fois  quand  près  de  vous  je  vins  , 

Ce  fut  un  jour  doré.  Ce  souvenir  ,  madame  , 

A-t-il,  comme  en  mon  cœur,  son  rayon  dans  votre  âme? 

Je  n'y  veux  pas  songer,  car  le  repos  vous  plaît  ; 
Mais  mon  œil  endormi  ferait,  s'il  le  voulait , 
De  tous  ces  fronts  jaillir  des  flammes  ! 
Puisqu'ici  bas  toute  âme 

Donne  à  quelqu'un 
Sa  musique,  sa  flamme. 

On  son  parfum  ; 
Puisqu'avril  donne  aux  chênes 

Un  bruit  charmant  ; 
Que  la  nuit  donne  aax.  peines 
L'oubli  dormant  ; 


DE   LA   PROSODIE,  ^0^ 

Je  te  donne  à  cette  heure, 

Penché  sur  toi , 
La  chose  la  meilleure 

Que  j'aie  en  moi. 

Elle  allait  et  passait  comme  un  oiseau  de  famme. 
Mettant  sans  le  savoir  le  feu  dans  plus  d'une  ànie. 
Nous  sommes  là,  savants,  poètes,  pêle-mêle. 
Pendus  de  toutes  parts  à  sa  forte  mamelle; 
Et  tandis  qu'affamés,  avec  des  cris  vainqueurs, 
A  tes  sources  sans  fin  désaltérant  nos  coeurs, 
Pour  en  faire  plus  tard  notre  sang  et  notre  âme. 

Nous  aspirons  à  flots,  ta  lumière  et  ta  flamme. 

Les  feuillages,  les  monts,  les  prés  verts,  le  ciel  bleu  (l). 

Toi  sans  te  déranger ,  tu  rêves  à  ton  Dieu. 

Près  du  pêcheur  qui  ruisselle. 
Quand  tous  deux  ,  au  jour  baissant, 
Nous  errons  dans  la  nacelle. 
Laissant  chanter  l'homme  frêle 
Et  gémir  le  flot  puissant  ; 
Dis?  d'où  vient  qu'à  chaque  lame. 
Comme  une  coupe  de  Cel  , 
La  pensée  emplit  mon  âme? 
C'est   que  moi  je  vois  la  rame 
Tandis  que  tu  vois  le  ciel  ! 
Chacun,  c'est  la  loi  suprême. 
Rame,  hélas!  jusqu'à  la  fin. 

(1)  J'ai  entendu  un  grand  seigneur ,  qui  se  pique  de  littérature  ,  se  ré- 
crier de  mépris  à  ce  vers  :  «  Est-ce  qu'on  ne  sait  pas  que  les  prés  sont  verts, 
que  le  ciel  est  bleu?»  Mais,  sauf  le  respect  que  je  doisà  Votre  Excellence, 
monseigneur,  les  prés  ne  sont  pas  toujours  verts,  le  ciel  n'est  pas  toujours 
bleu. 

Le  même  personnage  trouvait  cet  autre  vers  de  Tictor  Hugo  souverai- 
nement prosaïque: 

Yieillard,  va-l'en  donner  mesure  au  fossoyeur  ; 
de  même  que  celui-ci  : 

Partout  on  voit  maicber  l'ide'e  en  mission. 

Le  noble  Aristarque  prétendait  de  môme  que ,  pour  ne  pas  répéter  deux 
fois  la  même  expression  dans  le  même  vers,  au  lieu  de  : 

O  vous ,  sainte  patrie  et  sainte  liberté  ; 
M.  Victor  Hugo  aurait  du  dire  : 

O  vous,  duitce  patrie  et  sainte  liberté  ! 
Ou  bien  encore: 

O  vous ,  sainte  patrie  et  douce  liberté  ! 

Toutes  les  critiques  qu'on  entend  sur  Yiclor  Hugo,  dans  la  société, 
sont  absolument  de  la  même  force.  Cela  me  rappelle  mes  flol s  d'harmonie 
et  ma  coupe  de  miel,  alliances  monstrueuses,  qui  m'ont  vaUi,  dans  la  petite 
ville  de  Monl-brison,  tant  de  fines  railleries  de  la  part  des  lettrés  du  lieu. 

Et  c'est  ainsi  que,  comme  les  martyrs,  les  auteurs  sontlivrés  aux  bêtes. 


102  GKAMMAIHE   FRANÇAISE. 

Pas  d'homme,  ô  l'atal  problème! 
Qui  ne  laboure  ou  ne  sème 
Sur  quelque  chose  de  vain. 

Tous  les  ans,  en  flots  d'or, 
Ce  murmure,  cette  ombre,  ineffable  trésor, 
Ces  bruits  de  vent  qui  joue  et  d'arbre  qui  tressaille. 
Vont  s'enfouir  au  fond  de  ton  coffre  qui  bâille. 

Dieu  !  la  mort  !  mots  sans  fond  qui  cachent  un  abîme  ; 
L'épouvante  saisit  le  cœur  le  plus  sublime. 
Dès  qu'il  s'est  hasardé  sur  de  si  grandes  eaux. 

Tous  ceux  qui  de  tes  jours  orageux  et  sublimes 

S'approchent  sans  effroi. 
Reviennent  en  disant  qu'ils  ont  vu  des  abîmes 

En  se  penchant  sur  toi. 

Laisse  en  ce  noir  chaos  ,  qu'aucun  rayon  n'éclaire  , 

Ramper  les  ignorants , 
L'orgueilleux  dont  la  voix  grossit  dans  la  colère 

Comme  l'eau  des  torrents  ; 
La  beauté  sans  amour  dont  les  pas  nous  entraînent , 

Femme  aux  yeux  exercés. 
Dont  la  robe  flottante  est  un  piège  où  se  prennent 

Les  pieds  des  insensés. 

Quimporte  !  je  m'abrite  en  un  calme  profond  , 

Plaignant  surtout  les  femmes; 
Et  je  vis  l'œil  fixé  sur  le  ciel  où  s'en  vont 

Les  ailes  et  les  âmes. 

Jusqu'au  jour  d'éclater,  plus  proche  qu'on  ne  croit , 
Ne  te  dépense  pas.  Qui  se  contient  s'accroît. 

En  attendant,  demeure  impassible  et  sereine. 
Qu'aucun  pan  de  ta  robe  en  leur  fange  ne  traîne. 

L'échafaud  vieilli  croule,  et  la  Grève  se  lave. 
L'émeute  se  rendort.  De  meilleurs  jours  sont  prêts. 
Le  peuple  a  sa  colère  et  le  volcan  sa  lave 
Qui  dévaste  d'abord  et  qui  féconde  après. 

Jeune  homme  au  cœur  royal,  soyez  toujours  ainsi 
La  porte  qui  fait  dire  au  pauvre  :  C'est  ici! 
La  main  toujours  tendue  au  bord  de  cet  abîme 
Où  tombe  le  malheur,  d'où  remonte  le  crime. 

J'écoute  avec  Vâme 

Cet  cpitlialame 

Que  chante  la  mer. 
Je  t'adore  ange  et  t'aime  femme. 
Dieu  qui  par  toi  m'a  complété 
A  fait  mon  amour  pour  ton  âme 
Et  mon  regard  pour  ta  beauté. 

Les  biens  que  je  donne  à  qui  m'aime 
Jamais  Dieu  ne  les  retira. 


DE   LA   PROSODIE.  ^  05 

L'or  que  sur  le  pauvre  je  sème 
Pour  le  riche  au  ciel  germera. 

Un  ver  ronge  ma  grappe  mûre  ; 
Toujours  un  tonnerre  murmure 
Derrière  mon  vague  horizon. 

Mais!  hélas!  l'air  t'emporte  et  la  terre  m'enchaîne. 

Sort  cruel  ! 
Je  voudrais  embaumer  ton  vol  de  mon    haleine 
Dans  le  ciel. 

Soyez  comme  l'oiseau  posé  pour  un  instant 

Sur  des  rameaux  trop  frêles, 
Qui  sent  ployer  la  branche  et  qui  chante  pourtant, 

Sachant  qu'il  a  des  ailes. 

Rien  ne  se  heurte  en  vous  ;  tout  se  tient  avec  grâce  ; 
Votre  âme  en  souriant  à  votre  aspect  s'enlace. 

Si  je  n'invoque  pas  d'autre  autorité  que  celle  de  M.  Victor  Hugo, 
c'est  quelle  doi(  suffire  ,  je  crois ,  aux  plus  rebelles  ,  aux  plus  ob- 
stinés ;  M.  Victor  Hugo  étant,  on  le  sait,  de  tout  nos  poètes  présents 
et  passés,  celui  qui  s'est  le  plus  attacbé  à  l'harmonie  de  la  rimç, 
comme  à  celle  du  nombre  et  du  rhythme. 

M.  de  Lamartine  lui-même  eût  été  récusé,  sous  ce  rapport,  lui 
qui  fait  rimer  sans  scrupule  algue  avec  vague,  amer  avec  amer , 
fier  avec  altier,  hymne  avec  sublime  {\). 

Delille ,  Voltaire  ,  et  jusqu'à  Racine ,  ont  traité  la  rime  avec  en- 
core plus  de  dédain.  Boileau  lui  seul ,  excellent  versificateur  en 
même  temps  que  grand  poète ,  ne  rimait  pas  moins  parfaitement 
que  Victor  Hugo.  L'exemple  suivant,  qui  pourrait  s'appuyer  sur 
cent  autres,  doit  donc  être  de  quelque  poids  : 

Un  auteur  à  genoux,  dans  une  humble  préface, 
Au  lecleur  qu'il  ennuie  a  beau  demander  grâce. 

Mais  M.  l'abbé  d'Olivet  trouve  ces  deux  vers  inexcusables.  Que 
répondre  à  cela? 

Non,  rien  de  plus  chimérique  que  les  règles  de  quantité  posées  par 
nos  grammairiens.  Non,  malgré  les  montagnes  de  mots  et  de  phrases 

(1)  Mon  féminin  professeur  de  grammaire,  dont  j'ai  parlé  ci-avant,  très- 
enthousiaste  de  Lamartine,  voulait  me  persuader,  à  cette  occasion,  de  pro- 
noncer hyme  au  lieu  de  hymne. 


■\04  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

entassées  sous  celle  question ,  rien  n'est  moins  évident,  rien  n'est 
moins  palpable.  Encore  une  preuve  de  leur  néant.»  Â  est  long,  » 
disent-ils,  «quand  il  est  employé  pour  dénombrer  une  lettre  de  l'al- 
»  phabet  :  Une  panse  rf'Â  ,  Un  petit  Â;  Il  ne  sait  ni  Â  ni  6;  mais 
»  quand  il  marque  la  troisième  personne  du  verbe  avoir,  ou  qu'il 
»  sert  de  préposition ,  alors  il  est  bref:  Il  a  dit,  Il  a  un  livre,  Il  est 
»  A  table.  Je  vais  a  Paris,  ni  Outre  qu'il  faut  avoir  l'oreille  subtile 
pour  saisir  la  différence  qui  existe  entre  ces  divers  a,  il  est  vrai- 
ment absurde  d'en  faire  découler  une  règle  absolue.  Pourquoi  l'a 
est-il  long  dans  les  trois  premiers  exemples?  parce  qu'il  y  est  pour 
la  voix  un  point  de  repos.  Pourquoi  la  est- il  bref,  au  contraire, 
dans  II  A  tin  livre.  Je  vais  a  Paris  ?  parce  que  la  voix  ne  peut  s'y 
arrêter,  pressée  qu'elle  est  d'arriver  à  l'objet  principal  de  la  pensée. 
II  en  est  de  même  de  toutes  les  prépositions  ,  ainsi  que  de  l'article 
et  des  adjectifs  soit  possessifs,  soit  démonstratifs,  lesquels  mots  ne 
signifiant  rien  par  eux-mêmes,  s'effacent  autant  que  possible,  dans 
la  prononciation  ,  devant  les  véritables  signes  de  la  pensée.  Il  est 
certain  que  la  terminaison  our  sera  plus  brève  dans  Je  pars  pour 
Paris  que  dans  J'ai  dans  le  cœur  un  céleste  amour. 

Voilà  donc  a,  troisième  personne  du  verbe  avoir,  au  présent  de 
l'indicatif,  bref  dans  //  xun  livre;  mais  le  sera-t-ilau  même  degré 
dans  ce  vers  : 

J'admire  la  jeunesse  et  sa  vivacité. 

Sans  arrêt ,  sans  raison ,  que  de  défauts  elle  a. 

Cette  jeunesse  !  (Molière.) 

Mais,  je  le  répète  ,  ce  sont  là  des  nuances  si  peu  sensibles,  pour 
ne  pas  dire  insaisissables  ,  qu'il  est  inutile  de  s'y  arrêter  davan- 
tage ,  d'autant  plus  qu'elles  s'observent  de  soi  naturellement,  d'a- 
près le  sens  de  la  phrase  et  la  position  des  syllabes. 

Sans  doute  il  serait  absurde  de  prononcer  : 

Arrôle,  lâche,  arrête > 

comme  s'il  y  avait  :  Arrête  la  charrette  ;  mais,  encore  une  fois,  la 
différence  qu'il  faut  nécessairement  observer  ici,  dans  la  pronon- 
ciation, dépend  bien  plus  du  sentiment  que  delà  prosodie. 
Les  seules  prescriptions  vraiment  utiles  sont  les  suivantes. 


Ï>E    LA    PROSODIE.  J  03 

Règles  de  Quantité. 

Excepté  Ve  muet,  dans  certains  cas  dont  nous  parlerons  en 
leur  lieu,  toute  syllabe  française,  nous  l'avons  dit ,  est  ac- 
centuée, c'esl-à-dire,  plus  ou  moins  longue  ou  plus  ou  moins 
brève,  comme  on  voudra,  mais  jamais  longue,  mais  jamais 
brève  à  la  manière  des  syllabes  latines  ou  grecques ,  dont 
une  longue  valait  deux  brèves,  comme  en  musique  une 
blanche  vaut  deux  noires. 

Deux  brèves ,  en  effet ,  ne  demandaienl  pas  plus  de  temps  qu'une 
longue  pour  être  prononcées.  Pour  s'en  convaincre  on  n'a  qu'à 
battre  la  mesure ,  en  prononçant ,  selon  les  lois  de  la  prosodie  la- 
tine, le  vers  suivant: 

Ti  I  tyrë  \  iû  \  putii  |  lôë  |  rëçii  \  bons  |  sîib  \  tëg  |  mînê  \  fi  \  gi. 

Cet  autre  vers,  quoiqu'il  ait  dix-sept  syllabes  : 

Quàdr u pédante  pûlrêrtx  sônîlû  quâtît  ângiilà  câmpûm  y 

n'est  pas  plus  long  à  prononcer  que  celui-ci  qui  n'en  a  que  treize  : 

Et  fontes  sâcrôs ,  fr'tgûs  câptâbïs  ôpâcâm. 

Chez  nous ,  rien  de  semblable.  Chaque  syllabe  y  est  presque  de 
la  même  longueur;  et  peut  s'en  faut  que  l'observation  suivante  du 
P.  Lami  ne  soit  l'exacte  vérité,  du  moins  par  rapport  à  nous  :  «Dans 
»  les  langues  vivantes,»  dit-il,  «  on  s'arrête  égalementsur  toutes  les 
»  syllabes;  ainsi  les  temps  de  la  prononciation  de  toutes  les  voyelles 
»  sont  égaux.  »  Même  notre  e  muet ,  notre  brève  par  excellence , 
bien  que  la  voix  ne  puisse  s'y  soutenir,  acquiert  pourtant  par  sa 
position  entre  deux  consonnes,  surtout  dans  le  corps  du  vers ,  ou 
du  moins  imprime  à  la  consonne  qui  le  précède  un  son  assez  clair, 
assez  distinct ,  assez  fort  pour  remplir  exactement  la  mesure  de 
toute  autre  syllabe ,  quelque  longue  qu'elle  puisse  être.  Ainsi  la 
mesure  de  ce  vers  rempli  d'e  muets  , 

Être  franc  ce  n'est  pas  dire  tout  ce  qu'on  pense, 

ne  diffère  que  pour  le  mouvement — de  la  mesure  de  celui-ci,  où 
il  n'y  en  a  pas  un  seul  : 

Qui  sait  où  commença  leur  essor  glorieux? 

Or,  tant  qu'on  ne  mettra  pas  plus  de  temps  ,  mesure  en  main 

T.  II. 


I0(;  r.UAMMAIHE    FRANÇAISE. 

pour  (Jiie  un  vers  que  l'autre  ,  on  ne  peut  donc  pas  prétendre  qu'il 
y  ail  des  longues  et  des  brèves.  Il  y  a  des  syllabes  plus  ou  moins 
sonores,  plus  ou  moins  sourdes  ,  plus  ou  moins  appuyées,  des  syl- 
labes dont,  par  cela  même,  le  mouvement  est  plus  ou  moins  traî- 
nant ou  plus  ou  moins  vif,  mais  il  n'y  a  pas  des  syllabes  longues  et 
des  syllabes  brèves,  il  n'y  a  pas  des  blanches  et  des  noires,  des 
croches  et  des  doubles  croches. 

Excepté  sur  Ve  muet,  appuyez  donc  à  peu  près  également 
sur  chaque  syllabe,  afin  de  ne  pas  confondre,  par  exemple, 
estacade  avec  estocade  ,  n'ayant  égard  qu'à  la  quantité  phy- 
sique ,  d'après  laquelle  vous  serez  bien  forcé  malgré  vous 
d'appuyer  un  peu  plus  sur  es  que  sur  ta  ou  ca,  sans  que  cette 
première  syllabe  puisse  s'appeler  pour  cela  proprement  lon- 
gue par  rapport  aux  autres.  Le  seul  mécanisme  des  or- 
ganes de  la  parole  vous  fera  de  même  distinguer  travail  de 
travaille,  vil  de  vile^  avec  de  avecque ,  encor  de  encore  ,  fatal 
de  fatale,  sel  de  selle,  c'est-à-dire  qu'en  prononçant  chaque 
syllabe  comme  il  convient ,  sans  égard  à  la  quantité ,  sans 
préoccupation  ,  sans  effort ,  vous  appuîrez  toujours  bien 
plus  sur  vaille  que  sur  vail ,  sur  vile  que  sur  vil,  etc.  , 
puisque  la  voix  doit  nécessairement  s'étendre  jusque  sur 
Ve  muet  de  ces  mots  ;  et  la  prétendue  quantité  des  gram- 
mairiens se  trouvera  ainsi  observée  naturellement. 

Ceux  qui  figurent  la  prononciation  de  ce  vers  : 

Brune  aux  yeux  de  lotus  ,  blonde  à  paupière  noire, 

de  cette  manière  : 

Brune  aux  yeux  de  lotttsse,  blonde  à  paupière  noire  , 

n'ont  pas  la  moindre  idée  de  la  valeur  des  sons.  C'est  pourtant  là  le 
système  de  M.  Landais  et  de  tous  les  figuraleurs  de  la  prononcia- 
tion. 

Mais  celte  consonne  finale  se  prononce  si  légèrement,  si  rapide- 
ment et  si  conjointement  avec  la  voyelle  qui  la  précède,  que  les 
poètes  n'hésitent  pas,  par  exemple,  à  faire  rimer  ces  sortes  de  mots 
avec  ceux-là  même  dont  la  dernière  consonne  est  tout  à  fail  muette. 
Exemples  : 


DE    LA    PHOSODIE.  107 

J'ai  vu  ,  seigneur,  j'ai  vu  votre  malheureux  fils 

Traînés  par  les  chevaux  que  sa  main  a  nourris.      (Racine.) 

Mon  premier  est  cruel  quand  il  est  solitaire, 
Mon  second,  moins  honnête ,  est  plus  tendre  que  vous. 
Mon  tout  à  votre  cœur,  dès  l'enfance,  a  su  plaire, 
Et ,  parmi  vos  attraits ,  c'est  le  plus  beau  de  tous  (1). 

(Voltaire.) 
A  ce  bruit  qui  jadis  vous  eût  fait  rugir  tous  : 
—  Le  roi  de  France  est  mort  !  —  d'où  vient  qu'aucun  de  vous. 
Comme  un  lion  captif  qui  secouerait  sa  chaîne, 
Aucun  n'a  tressailli  sur  sa  base  de  chêne  ?      (Victor  Hugo.) 
Moi  je  n'affligerai  pas  plus  ,  ô  Charles  dix , 
Ton  cercueil  maintenant  que  ton  e\i\ Jadis!  (Id.) 

Il  faut  que  le  vieillard,  chargé  de  jours  sans  nombre  , 
Menant  son  jeune  fils  sous  l'arche  pleine  d'ombre, 
Nomme  Napoléon  comme  on  nomme  Cyrus , 
Et  dise  en  la  montrant  de  ses  mains  décharnées  : 
«  Vois  cette  porte  énorme  !  elle  a  trois  mille  années. 
»  (^est  par  là  qu'ont  passé  des  peuples  disparus  !  »       (Id.) 

Hélas  !  tes  blanches  mains ,  à  défaut  de  les  fils , 

Pressent  sur  ta  poitrine  un  sanglant  crucifix.  (Id.) 

Sur  un  bloc  de  Paros, 
Tu  t'assieds  face  à  face  avec  tous  ces  héros.  (Id.) 

Son  vengeur  après  lui ,  le  grand  Germanicus , 
Vient  voir  comme  on  vaincra  ceux  qu'il  n'a  pas  vomctw. 

(Corneille.) 
Ira-t-il  se  jeter  parmi  les  glaives  nus. 
Et  rejoindre  en  mourant  Euryale  et  Nisus  ? 

(Le  Brun.) 

Au  compte  de  M.  Landais,  comment  les  vers  que  l'on  vient  de  lire 
pourraient-ils  subsister?  Comment  surtout  le  suivant  pourrait-il  se 
tenir  un  moment  sur  ses  pieds? 

Sparte!  Léonidas  !  Botzaris  !  Démosthènes! 
M.  Landais,  en  effet,  en  figure  ainsi  la  prononciation  : 
Ceparcle  !  Léonidace  !  Bolzarice!  Démocelhènes  ! 

(1)  Le  mot  de  celle  cliaiadc  est  vertu. 


JttS  GUAMMAIRK  FRANÇAISE. 

J'ai  Vil  l)icn  des  choses  en  ma  vie,  mais  je  n'ai  encore  rien  vu 
de  pareil.  Jai  vu  bien  souvent  l'absurdilé  triomphante  ,  grâce  aux 
recommandations  de  tel  journal  que  mon  libraire  craint  de  nommer; 
mais  que  la  France  entière  en  vînt  à  s'atteler  ainsi,  devant  toute 
l'Europe,  à  son  char  de  triomphe,  en  vérité  je  croyais  à  la  France 
plus  d'esprit  et  plus  de  bon  sens. 

O  |)ublic  vraiment  judicieux,  qui  professes  tant  de  mépris  pour 
la  poésie  et  pour  les  poètes  ;  qui ,  plutôt  que  de  jeter  un  morceau 
de  pain  à  Gilbert  ou  à  Chatterton,  les  laisses  mourir  de  faim  et  de 
désesj)oir  dans  un  hôpital  ou  dans  un  grenier,  tandis  que  tu  combles 
d'or  et  d'honneurs  des  bouffons  de  tréteaux  et  des  saltimbanques; 
ô  public  d'un  goût  si  sûr  et  si  délicat ,  qu'une  pirouette  de  danseuse 
ou  le  plus  grossier  lazzi  d'Arlequin  charme  plus  que  toute  la  poésie 
sublime  de  Victor  Hugo  ou  de  Lamartine  ;  ô  public  vraiment  res- 
pectable, vraiment  digne  qu'on  donne  aux  œuvres  qui  te  sont  des- 
tinées toute  la  perfection  désirable,  vraiment  digne  qu'on  use  sa 
vie  dans  des  travaux  que  tu  apprécies  si  bien  ;  ô  public  cruel  et 
borné,  barbare  satrape,  jouis  donc,  applaudis-toi  donc,  enivre- 
loi  de  ton  bonheur;  car  te  voilà,  je  l'espère,  servi  à  souhait.  Le 
Dictionnaire  des  Dictionnaires ,  la  Grammaire  Nationale,  \e  Dic- 
tionnaire National,  sont  en  tout  point  dignes  de  tes  préférence^. 
Mords-y  donc  de  toutes  tes  dents  ,  régale-t'en  bien  ,  lèche-t'en  les 
doigts  et  les  lèvres  (1). 


(1)  Mon  libraire  se  plaint  de  mon  linmeur  satirique.  Mais  la  conduite  du 
public  n'estelle  pas  bien  belle  en  elTet  ?  Ne  mérite-t-il  pas  bien 

Qu'on  lui  parle  à  geiiyux  dans  une  humble  préface? 
Allons  donc  !  le  but  de  ce  livre  éiiiinemmcnt  moral  et  philosophique  ne 
serait  qu'à  niditit-  rempli ,  si ,  plein  de  zèle  et  de  dévouement  pour  ce  pu- 
blic bénin  qui  croit  tout  ce  qu'on  lui  dit,  qui  donne  en  plein  dans  les 
plus  grandes  extravagances,  ténioia  les  Dccouixrlcs  dans  la  lune,  je  ne  cher- 
chais pas  en  passant  à  lui  arracher  le  bandeau  des  yeux. 

D'ailleurs  j'ai  assez  vu,  j'ai  assez  vécu,  j'aiassezsouffert,  j'ai  été  assez  ca- 
lomnié, assez  persécuté  ,  assez  trahi ,  pour  n'élre  pas  tous  les  jours  d'une 
humeur  de  rose.  Les  hommes  m'ont  l'ait  assez  dujjc  et  assez  victime;  ils 
ont  jeté  dans  mon  âme  assez  de  douleurs,  d'angoisses,  de  désespoirs,  de 
ténèbres,  de  charbons  ardents,  d'amertumes  et  de  poisons,  pour  que  les  lar- 
mes qui  s'en  écha[)])ent  malgré  moi  ne  soient  pas  toutes  de  sucre  ou  de  miel. 
L'abîme  qu'ils  ont  creusé  sous  mes  pas  (eux  seuls,  car  Dieu  n'y  est  pour 
rien,  Dieu  m'a  toujours,  au  contraire,  envoyé  un  ange  pour  m 'arracher  de 
leurs  mains  meurtrières),  cet  abîme  est  assez  profond  ,  pour  que  le  cri 
qui  en  sort  de  temps  en  temps  ne  soit  pas  aussi  gai  qu'une  grimace  de  J.  J. 

Celui  qui,  doue  du  cœur  le  plus  tendre,  le  plus  aimant,  j'ose  le  dire, 
de  l'âme  laplus  candide,  s'est  vu  constamment  la  dupe  et  la  victime  de  ses 
affections,  de  sa   tendresse,  de  sa  confiance;  —  celui  qui,  pendant  qu'il 


DE    LA    PKOSOUIK.  i  OU 

Non,  une  consonne,  qu'elle  soit  avant  on  après  une  voyelle,  ne 
sert  qu'à  modifier  celte  voyelle,  sans  emporter  avec  soi  le  son  de 
l'erauel.  Toute  la  différence  qu'il  y  a,  par  exemple,  entre  pffl  et  ap, 
c'est  que  le  son^pof  éclot  sur  les  lèvres  ,  qui  s'ouvrent  pour  le  laisser 
échapper  hors  de  la  bouche  ,  tandis  que  le  son  ap  y  expire  au  con- 
traire sans  pouvoir  se  prolonger  au  delà.  F.es  lèvres  se  ferment  sur 
lui  et  ne  s'ouvrent  plus  que  pour  dormer  passage  à  quelque  autre 
lettre,  qui,  en  s'élançant  à  travers  les  organes  du  b,  les  fait  ré- 
sonner, en  effet,  de  leur  sou  naturel,  mais  sans  l'intervention  d^au- 


comblait  son  ami  d'éloges,  pendant  qu'il  se  dévouait  pour  son  ami,  était 
noirci ,  calomnié  ,  trahi  par  cet  ami  ;  —  celui  qui  ,  par  excès  de  bonté ,  de 
délicatesse,  de  dévouement,  a  jeté  un  jour  tout  son  bonheur,  tout  son  avenir 
dans  le  gouffre  de  Curtius  ;  —  celui  qui ,  assez  naïf  à  vingt  ans  pour  aller 
humblement  demandei-  un  peu  de  sympathie  littéraire  à  tel  de  nos  fameux 
écrivains,  n'en  recevait  qu'un  accueil  plein  de  morgue  et  de  suffisance  ;, 
—  celui  qui  a  entendu  de  la  bouche  d'un  de  nos  plus  célèbres  critiques  t 
i  Donnez-moi  600  fiancs,  et  l'on  vous  élèvera,  si  vous  le  voulez  ,  au-dessus 
de  Lamartine  et  de  Victor  Hugo  même  ;  »  —  celui  qui  a  respiré  un  jour  l'air 
infect  de  la  littérature  et  du  journalisme  et  qui  a  pensé  en  mourir  de  dé- 
goilt  ;  —  celui  q\ii  ,  dégoûté  d'une  réputation  que  l'on  n'acquiert  que  par 
de  si  vils  moyens  ,  s'est  volontairement  retiré  de  l'arène  et  vcilontairement 
exilé,  pour  s'occuper  laborieusement,  consciencieusement ,  dans  l'ombre 
et  la  solitude,  de  grammaire  et  de  lexicographie  ,  sans  que  son  zèle ,  son. 
assiduité,  ses  efTorls  ,  s(;s  veilles  ,  ses  sacrifices  de  toutes  sortes  ,  lui  aient 
encore  valu  un  seul  regard  du  gouvernement; —  celui  qui  a  v\]  son  meil- 
leur ami  M.  le  chevalier  Adoljjlie  de  Rubelles  manquer  de  tout  dans  une 
prison  où  l'avait  plongé  sim  généreux  dévouement  à  une  cause  que  les  au- 
tres ne  servent  qu'avec  lâcheté  et  par  égoïsme  ,  par  intérêt; —  celui  quia 
vu  partout  la  stupidité  opulente  fouler  aux  jiieds le  mérite  pauvre,  la  sottise 
damer  le  pion  à  l'intelligence,  la  crapule  en  carrosse  éclabousser  la  vertu  à 
pied  ;  — celui  qui  a  vu  et  souffert  tout  cela  et  bien  d'autres  choses  encore 
qu'il  ne  peut  répéter  ici;  —  celui  qui  n'a  rencontré  de  toutes  paris  qu'é- 
goïsme ,  cuj)idilé,  bassesse,  arrogance,  corruption;—  celui  qui  s'est 
senli  froissé,  blessé  ,  meurtri  ,  dechiie  dans  toutes  les  parties  de  son  cœur 
et  de  son  âme  ; — celui  qu'on  a  léduit,  à  force  de  douleur,  à  douter  de  tout, 
exce|)té  de  Dieu  et  delà  religion; — celui  qu'on  a  rendu  assez  malheureux  pour 
ne  plus  croiie  à  l'amitié,  pour  ne  plus  rien  espérer  sur  la  terre,  poursouhailer 
souvent  qu'un  de  ses  ennemis  lui  é})argn  à  t,  en  lui  ôtant  la  vie,  un  crime  auquel 
il  lépugneet  qui  l'a  souvent  tenté  :  le  suicide;-- celui  quia  senti  le  sol  manquer 
sous  ses  pas  ;  — celui  qui,  persécuté,  haï  pour  ses  sentiments  chrétiens  par  des 
chrétiens  mêmes  *,  n'a  trouvé  un  peu  de  calme  et  de  repos  qu'au  sein  d'une 

■  Le  titre  de  Tout,  ce  lÏTic  si  pur,  si  moral,  si  chrétien,  ce  livre  animé  des  sentiments  de  la  clia- 
rilé  la  plus  ardente,  qui  n'a  d'autre  but  qut:  de  consoler  ceux  qui  soulirenl,  de  relever  les  conditions 
humbles,  de  rappeler  les  riches  it  les  puissants  aux  devoirs  que  rhumanité  et  la  raison  leur  impo- 
sent^ ce  livre  dont  le  journal  La  Franre  a  dit  qu'il  renfermait  des  pensées  dignes  de  Pascal  ,  que 
VUnivers  n'a  pas  craint  d'appeler  un  beau  livre^  n'a  pourtant  valu  à  son  auteur  que  des  haines  et  des 
persécutions,  tout  comme  s'il  se  fut  agi  du  livre  le  plus  immoral,  le  plus  obscène  ,  le  plus  subversif. 
Voyez  plutôt  le  Journal  de  Bi-uxelles  des  15  et  21  février  1841,  ainsi  qu'un  numéro  de  VAm!  de  la  Re- 
ligion, du  mois  de  'uin  île  la  même  année.  I,'.-<mi  de  la  Religion  sciait  liitn  mieux  nnnnné  l'Ennemi  de 
la  Religion. 


110  OKAMMAIKE  FRANÇAISE. 

ruii  c  muet.  Soil  le  mol  apte ,  où  l'oreille  la  plus  délicate  u'enlcri- 
ilra  jamais  que  deux  sous  ailioulés,  el  qu'où  ne  saurait  eu  aurun 
cas  prononcer  comme  s'il  y  avait  apele. 

C'est  que  \'c  muet  n'est  pas  muet,  comme  on  le  prétend.  Il  pro- 
duit, au  contraire  ,  un  son  très-clair,  très-ilistinct,  mais  doux, 
mais  léger ,  mais  flottant.  C'est  une  bulle  d'air  sonore  lancée  avec 
force  par  la  syllabe  précédente,  el  qui  se  suspend  légère  à  l'aile 
d'une  consonne,  mais  se  brise  au  choc  d'une  voyelle  ou  tombe 
avec  le  vers,  avec  la  phrase,  faute  d'appui. 

Ainsi  grec  ne  sonne  point  comme  grecque  ,  soupir  comme  sou- 


noble  famille  jnive;  —  celui-là,  enfin  ,  qui  a  vu  les  plus  saintes  qualités  de 
son  cœur  tourner  contre  lui,  les  jihis  nobles  sentiments  de  son  âme  s'a- 
monceler en  orage  sur  sa  tête  ; — celui-là,  enfin  ,  qui  a  tant  gémi,  qui  a  tant 
soiiffiTt,  doit  avoir  le  droit  d'être  un  peu  bourru,  ou  J.  J.  n'aurait  pas  celui 
d'être  si  éminemment  b(niffon  ;  il  doit  avoir  le  droit  d'éclater  parfois  ,  mal- 
gré lui ,  et  jusque  dans  les  moments  qui  le  comportent  le  moins  ,  en  larmes 
et  en  sanglots  ,  ou  J.  J.  n'aurait  pas  celui  d'éclater  de  rire. 

Moi  ménager  tel  ou  tel  individu  ,  tout  enflé  de  sa  renommée  et  de  son 
bonheur,  comme  une  omre  pleine  de  vent!  quand  c'est  lui  qui  a  porté 
le  premier  la  main  sur  mes  illusions  ,  quand  c'est  lui  qui  a  jeté  la 
première  goutte  de  fiel  dans  le  lait  virginal  de  mon  âme  1  En  vérité,  il  fau- 
drait pour  cela  que  les  hommes  ne  m'eussent  rien  pris  de  ma  débonnaireté 
primitive.  Il  faudrait  que  j'en  fusse  enc(jre  au  jour  oii  je  croyais  à  la  géné- 
rosité de  J.  J.  et  au  patriotisme  du  Journal  des  Débals.  Les  temps  sont  bien 
changés.  Alors  mon  avenir  était  pourpre  et  rose.  Aujourd'hui  !...  hélas  !!1 

Mol  pailer  à  genoux  devant  un  public  giossier  qui  n'a  pas  même  l'in- 
stinct du  chien  ,  qui  ne  distingue  pas  le  bien  du  uial ,  ses  amis  de  ses  enne- 
mis !  qui ,  tandis  qu'il  n'a  pas  assez  d'applaudissements  ,  assez  d'or  ,  assez 
de  couronnes,  pour  tel  jonglein-  ou  tel  baladin,  laisse  Homère  mendier  par 
les  bourgs,  le  Camoens  mourir  de  f;iim  dans  la  rue,  Otway  expirer  sur  la 
paille  dans  ungrenier,  Gilbert  et  Moreau  s'éteindie  àl'ombre  d'un  hôpital  ! 
Moi,  lui  parler  avec  douceur  et  humilité,  à  ce  public  imbécile  ou  ingrat, 
qui  laisse  le  Tasse  manquer  de  chandelle  pour  écrire  ses  vers  ,  l'Ariosle 
manquer  d'un  manteau,  Corneille  et  Adanson  manquer  de  souliers ,  Le 
Sage  manquer  de  tout  dans  sa  vieillesse  1 

Digne  public  1  de  quelle  vile  matière  était  donc  faite  l'âme  de  celui  qui 
s'abaissa  le  premier  jr.squ'à  te  l'aire  la  cour  ! 

En  vérité,  le  Journal  des  Débals  et  J.  J.  n'ont-ils  pas  mille  fois  raison 
de  se  moquer  de  loi,  de  te  faire  la  nique  à  ton  propre  nez? 

Digne  public!  qui, après  avoir  donné  en  plein  dansles  Découvertes  dans  la 
Lune  ,  dans  le  Dictionnaire  de  Landais  el  autres  [lanneaux  des  libraires  et 
des  journalistes  ,  n'a  pas  encore  rougi  une  seule  l'ois  de  sa  niaiserie  ,  et  qui 
mord  encore  tous  h'S  jours  à  l'hameçon  doré  de  MM.  Firmin  Didot  1 

Digne  public  !  moi  ,  te  parler  a  genoux,  tète  nue  ,  l'air  soumis  et  res- 
pectueux; moi,  m'abaisser  devant  toi  au  rôle  de  vil  courtisan  ;  moi,  m'hu- 
milier  devant  toi  comme  ce  pauvie  Dagobert  devant  l'ignoble  bourgmestre 
de  Mockern ,  pour  en  obtenir ,  au  bout  du  compte,  ce  qu'il  en  obtient,  lui, 
ce  cœur  ferme  et  droit,  de  cette  âme  versatile  et  credtde  !  Helas  !  quoi  que  je 
pusse  faire  ou  dire,  si  humble  que  fût  ma  posture,  si  affable  quefùl  ma  parole. 


DE    L\    PROSODIE.  I  I  I 

pire,  vol  comme  vole,  celhtle  comme  cellelule,  arum  comme 
arôme.  Le  son  de  la  voyelle  qui  précède  une  consonne  finale  ex- 
pire sur  les  organes  propres  à  cette  consonne,  et  voilà  tout.  Si  cette 
consonne  rend  parfois  un  son  assez  clair ,  elle  le  doit  à  la  lettre 
qui  lui  succède  et  qui  lui  imprime  une  vibration  qu'elle  n'aurait  pas 
eue  autrement. 

Qu'auraient  dit  les  Latins,  qui  n'avaient  pas  d'e  muet ,  si  Quin- 
liiien  ou  Cicéron  avait  voulu  leur  persuader  qu'ils  prononçaient 
pesalemiice,  au  lieu  depsalmus? 


si  navrant  que  fût  le  tableau  de  ma  position,  de  ma  misère,  quelque  in- 
térêt que  pût  t'inspirer  au  premier  abord  la  vue  de  mes  deux  gracieuses  filles. 
Rose  et  Blanche,  c'est-à-dire,  Amertumes  el  Consolations,  et  Fleurs  du  Da- 
nube, aux  traits  remplis  d'innocence  et  de  cliarme  ,  —hélas  \  plus  perspi- 
cace que  Dagobert,  je  sais  d'avance  que  tout  cela  ne  me  servirait  de  rien  ; 
et  que  le  dompteur  de  bêtes  aura  toujours  sur  ton  esprit  plus  d'influence 
que  moi,  pauvre  diable,  comme  m'appelle  Jules  Janin,--  que  moi  qui  n'ai 
ni  sou  ni  maille,  ni  titre  ni  rang,  par  quoi  je  puisse  t'eblouir  et  l'in- 
fluencer. 

Grand  Dieu  !  moi ,  compter  sur  le  bon  cœur  et  la  justice  du  public!  Il 
en  donne  ,  en  effet .  tous  les  jours  de  si  belles  preuves  ! 

IMoi ,  lui  dire  de  mon  air  le  plus  souriant  et  le  plus  avenant  :  o  Vous  avez 
"trop  bon  coeur,  monsieur  le  public,  et  vous  êtes  trop  juste  pour  me 
«donner  tort.  »  !  Moi  ,  me  faire  ainsi  l'encenseur  de  cette  idole  de  boue! 
n'attendez  pas  cela  de  moi  ,  monsieur  mon  libraire. 

Le  public  n'est  il  pas  déjà  bien  heureux  que  j'use  ma  santé  et  ma  vie 
pour  son  avantage  î  que  je  me  voue  cor[)S  et  âme  à  son  dur  service  ?  que  je 
sacrifie  à  son  goût  mes  goûts  les  plus  chers  ?  que  je  renonce  à  la  poésie  qui 
ne  lui  plaît  pas  pour  lui  construire  une  grammaire  dont  il  a  le  plus  grand 
besoin?  que  je  descende  des  régions  de  mes  rêves  pour  me  mêler  a  ses 
fanges  ?  que  je  m'efface  entièrement  pour  le  faire  luire  ?  que  je  fasse  ainsi 
pour  lui  ce  qu'aucun  autre  n'a  fait  avant  moi  ?  que  je  me  diminue  ainsi  et  me 
rapetisse  jusqu'à  lui  apprendre  son  a  b  c  ,  à  ce  grand  enfant,  qui  ne  sait 
pas  encore  lire  ,  on  le  voit,  —  bien  loin  qu'il  comprenne  quelque  chose  à 
la  magnifique  poésie  de  Victor  Hugo  ,  de  Lamartine,  d'AU'red  de  A  igny , 
d'Alfred  de  Musset,  de  Desbordes  Valmore  ,  d'Anaïs  Ségalas,  d'Her- 
mance  Lesguillnn  ,  de  Louise  Collet  ,  d'Élisa  Mercœur,  d'Hcgésippe  Mo- 
reau,  d'Antonin  Roques,  etc.  Faut-il  encore  queje  me  mette  à  ses  genoux 
pour  le  prier  humblement  d'accepter  le  superbe  présent  que  je  veux  lui 
faire?  Peut-être  serait-il  assez  arrogant,  assez  impertinent,  pour  ne  pas  me 
répondre.  Mon  présent  ,  le  voilà.  S'il  le  veut  qu'il  le  prenne.  S'il  n'en  veut 
pas  qu'il  le  laisse.  La  postérité,  moins  aveugle  ,  le  ramassera.  Je  sais  d'a- 
vance que  je  n'ai  rien  à  attendre  de  lui  que  dédain  et  indifférence  ;  et 
c'est  pourquoi  je  lui  répète,  pour  toute  prière,  ces  vers  de  mes  Amer- 
tumes : 

Insensé  que  je  suis  !  insensés  que  nous  sommes  .' 
Hélas  !  que  pouvons-nous  atlcndre  ici  des  iiommes? 
Des  hommes  que  l 'orgueil  rend  aveugles  et  souids, 
Qui  jjour  nous  renverser  se  pendent  à  la  corde  , 
Qui  versent  l'iionie  où  la  douleur  de'hordc 
F.l  ricanent  toujours  ! 


112 


GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 


Pour  la  prononcialion  du  ;;  inilial  de  ce  mot,  les  lèvres  se  dis- 
posent comme  si  elles  voulaient  proférer  quelqu'un  des  sons  pa,pe, 
jii,  po,  pu,  etc.  ;  puis,  forcées  de  s'ouvrir  subitement  pour  donner 
passage  à  la  voix  ,  elles  lui  impriment,  de  concert  avec  les  organes 
dus,  une  modilicalion  double,  mais  indivisible;  en  sorte  que 
le  son  a ,  dans  la  syllabe  psal,  passant  à  la  fois  par  les  organes  du  p 
et  du  X  pour  aller  mourir  sur  les  organes  du  l ,  se  trouve  ainsi  mo- 
difié de  trois  manières  différentes,  sans  pour  cela  produire  autre 
chose  qu'un  son  unique  :  pçal. 

Évidemment  le  son  au  est  plus  accentué,  plus  vibrant, 
plus  long ,  si  l'on  veut,  au  commencement  et  dans  le  corps 
des  mots  qu'à  la  fin. 


Aubade. 

Cauchois. 

Gaucher. 

Paulettc. 

Aubaine. 

Causer. 

Haut. 

Pauline. 

Audience. 

Chaud. 

Hauteur. 

Paumer. 

Augée. 

Chaux. 

Jaunisse. 

Paupière. 

Aujourd'hui. 

Chauffer. 

Laudatif. 

Raucité. 

Auniusse. 

Cliausser. 

Loyauté. 

Royauté. 

Aunage. 

dualité. 

Maudire. 

Sauvage. 

Auparavant. 

Dauber. 

Maugréer. 

Sauver. 

Autocrate. 

Embaumer. 

Maupiteux. 

Taudis. 

Autour ,  oiseau  de 

Faubourg. 

Naufrage. 

Thaumaturge 

proie. 

Faucher. 

Naulage. 

Vautour  ,  etc 

Auvent. 

Faux. 

Nouveauté. 

Baudrier. 

Frauder. 

Nausée. 

Ainsi  ne  prononcez  pas  sauf  comme  sot ,  paumier  comme 
pommier,  etc.  Au,  dans  la  plupart  de  ces  mots,  sonne 
presque  comme  deux  o  qu'on  prononcerait  en  diphthongue, 
c'est-à-dire  d'une  seule  émission  de  voix. 

Beautru ,  pour  se  venger  d'une  insulte  qu'il  avait  reçue  du  duc 
d'Epernon ,  publia  un  livre  qui  avait  pour  titre  :  Les  Hauts  faits 
DU  DUC  d'Epernon,  et  dont  tous  les  feuillets  étaient  en  blanc. 

Le  mot  FÉLICITER  était  tenu  pour  barbare  a  la  cour,  lorsque  Bal- 
zac entreprit  de  l'y  accréditer  .  «  Si  le  mot  féliciter  n'est  pas  en- 
core français,  écrivait-il,  il  le  sera  l'année  prochaine;  M.  de  Vau- 
gelas  m'a  promis  de  lui  être  favorable.  » 

Dans  un  pur  souvenir  chastement  embaumée , 
Ils  gardent  au  fond  d'eux  l'âme  qu'ils  ont  aimée. 

(Th.  GACTisa.  ) 


DE    LA   PROSODIE.  ^^3 

Un  autocrate  qui  fait  le  bonlieur  de  ses  sujets  n'est  qu'un  heu- 
reux accident.  (Alexandre  I".) 

Comme  la  première  source  de  V autorité  vient  de  nous ,  les  rois 
ne  doivent  en  faire  usage  que  pour  nous.  (Massillon.) 

Ne  faites  pas  a  autrui  ce  que  vous  ne  voudriez  pas  qu'on  vous  fît 
a  vous-même.  {^Morale païenne.) 

Le  jugement  de  l'homme  est  presque  toujours  faussé  par  l'in- 
térêt. 

L'Éternel  a  maudit  la  royauté  par  la  bouche  de  son  prophète  Sa- 
muel. (BOISTE.) 

Devant  une  syllabe  muette  au  est  plus  ouvert,  mais  par 
cela  même  peut-être  un  peu  moins  sonore.  Cause  ne  ré- 
sonne pas  comme  causer.  Toutefois  gardez-vous  bien  de 
prononcer  paume  comme  pomme. 

L'herbe  pousse  plus  vite  au  cœur  que  sur  la  fosse  ; 
Une  pierre ,  une  croix  ,  le  terrain  qui  se  hausse. 

Disent  qu'un  mort  est  là  ; 
Mais  quelle  croix  fait  voir  une  tombe  dans  l'âme. 

(Th.  Gautikh.  ) 

A  la  place  où  tu  dors  l'herbe  sera  plus  haute.  (  Id,  ) 

Il  me  semble  perdre  de  sa  sonorité  caverneuse  dans  au- 
rore et  quelques  autres,  sans  cesser  pour  cela  d'y  être  for- 
tement accentué. 

Oui,  mes  vers  eusssent-ils  tout  l'éclat  de  l'aurore. 
Cela  ne  vaudrait  pas  encore 
Un  rayon  de  votre  beauté.  (  L.  N.  Fleurs  du  Danube,  ) 

Au,  à  la  fin  des  mots  qui  ont  plus  d'une  syllabe,  ne  rend 
plus  guère  qu'un  son  sec  et  bref  comme  celui  de  tout  o 
final. 

Aimons  ,  soyons  deux.  Le  sage 

N'est  pas  seul  dans  son  vaisseau. 

Les  deux  yeux  font  le  visage  » 

Les  deux  ailes  font  l'oiseau.  (  Victoh  Hugo,) 

T.  Il,  15 


I  I  î  r.UAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Mais  personne  ne  dit,  voyant  un  mort  de  l'âme: 
Paix  et  repos  sur  loi  !  l'on  refuse  à  la  lame 

Ce  qu'on  donne  au  fourreau; 
L'on  pleure  le  cadavre  et  l'on  panse  la  plaie  , 
L'âme  se  brise  et  meuri  sans  que  nul  s'en  effraie 

Et  lui  dresse  un  lombcau.  (  Th.  Gautier.  ) 

Ail,  contraction  delà  préposition  à  et  de  l'article  le„  est 
toujours  plus  bref,  la  voix  ne  pouvant  s'y  arrêter  entraînée 
qu'elle  est  par  la  pensée  vers  le  substantif  qui  le  suit. 

Al  résonne  de  même  plus  fortement  au  commencement 
et  dans  le  corps  des  mois  qu'à  la  fin.  Il  y  a,  par  exemple, 
une  grande  différence  entre  la  première  et  la  seconde  syl- 
labe de  y  aimai,  entre  II  s'aide  et  il  cède. 

C'est  qu'on  est  bon  ,  vois-tu  ,  quand  on  aime. 

(L.  a.  Amertumes el  Consolations.) 

Aide-toi ,  le  ciel  i' aidera. 

L'iiomme  croit  aisément  ce  qu'il  craint  et  ce  qu'il  désire. 

La  jalouse^  critique  se  pâma  à' aise  lorsqu'on  lui  fit  voir  des  taches 
dans  le  Soleil.  (Cité  par  Boiste.) 

Il  faut  plutôt  faire  ce  que  l'on  sera  bien  aise  d'avoir  fait  que  ce 
que  l'on  est  bien  fl/^e  de  faire.        (Trublet,  cité  par  fîo/^^e.) 

Ma  gloire  serait  sans  rivale  , 

Mon  sort  ferait  mille  jaloux. 

Si  ces  vers  ,  où  mon  cœur  s'exale  , 

Plaisaient ,  madame  ,  autant  que  vous. 

(  L.   N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Ai  me  semble  perdre  un  peu  de  sa  sonorité  devant  les 
liquides  /  ou  r,  suivies  d'un  e  muel. 

11  y  a  dans  le  monde  littéraire^  disait  Linguet,  des  cirons  qui 
grattent  l'épiderme  des  bons  ouvrages  pour  -^  faire  naître  des  am- 
poules. 

Puis  où  donc  la  trouver  cette  âme  de  mon  âme, 

Ce  cœur  que  dès  long-temps  mon  pauvre  cœur  nclame , 

Cette  vierge  candide  aux  cils  d'or,  au  front  pur, 


DES   SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES  115 

Ce  bel  :inge  aux  yeux  doux  aux  foruies  diaphanes. 
Qui  veuille  m'emporter  ,  loin  des  souffles  profanes  , 
Et  me  prendre  avec  lui  dans  ses  ailes  d'azur? 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

Nous  vous  recommanderons  aussi  d'appuyer  un  peu  plus 
mrtête,  par  exemple,  que  smteUe^mr  pâte  que  sur  patte, 
sur  tâche  que  sut  tache ,  etc.  ^  mais,  en  général,  la  nuance 
qui  sépare  les  voyelles  ainsi  accentuées  de  celles  qui  ne  le 
sont  pas  est  si  peu  sensible,  qu'il  serait  presque  ridicule  de 
s'y  arrêter.  Sûrement  l'oreille  ne  saisit  aucune  différence 
entre  flamme  et  âme,  entre  II  fut  et  Qu'il  fût. 

L'accent  circonflexe  indique  bien  moins  la  longueur 
d'une  voyelle  que  la  suppression  d'une  lettre.  C'est  pour- 
quoi, parmi  les  mots  en  ème ,  il  n'y  a  que  ceux  oîi  il  y  a 
suppression  de  lettre  auxquels  l'Académie  ait  conservé  cet 
accent.  Même  ,  suprême  ,  extrême  ,  s'écrivaient  autrefois 
mesme  ,  supresme  ,  extresme. 

De  ce  qu'on  vient  de  lire  il  résulte  donc  clairement  que  la  langue 
française  n'a  pas  de  prosodie  proprement  dite,  c'est-à-dire,  de 
quantité  ;  car  les  faibles  nuances  de  sons  que  nous  sommes  par- 
venus à  saisir  çà  et  là  ne  sauraient  suffire  pour  justifier  cette  asser- 
tion de  M.  l'abbé  d'Olivet ,  que  nous  avons  une  quantité  aussi  sûre 
que  quelque  langue  que  ce  soit. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES. 
Des  Accents. 

Les  accents  qui ,  chez  les  Grecs  ,  marquaient  l'élévation 
ou  l'abaissement  de  la  voix  sur  chaque  voyelle,  ont  perdu 
parmi  nous  leur  ancienne  destination  :  ce  ne  sont  plus  à  no- 
tre égard  que  de  purs  signes  orthographiques. 

Les  accents  sont  au  nombre  de  trois  :  \J accent  aigu  (')» 
marqué  par  un  trait  diagonal  qui  va  de  droite  à  gauche  ; 


H  G  GK.VMMAIKE    I  HA.NÇAISE. 

Vaccent  grave  ('),  figuré  par  un  trait  diagonal  qui  va  de 
gauche  à  droite,  et  Vaccent  circonflexe  {') ,  formé  de  la  réu- 
nion des  deux  autres. 

Vaccent  aigu  se  met  sur  Ve  dit  fermé  ou  aigu,  lorqu'il 
termine  une  syllabe  :  gé-né-rosité,  é-lc-valion.  Ansi  Aimer, 
nez ,  s'écrivent  sans  accent  aigu ,  parce  que  ce  n'est  point 
l'e  fermé,  mais  les  consonnes  r,z,  qui  terminent  la  syllabe. 

Uaccent  grave  se  met  sur  le  dit  ouvert,  lorsqu'il  termine 
une  syllabe  :  -pè-re  ,  mè-re,  ou  quand  il  précède  un  5  final  : 
procès,  succès. 

On  le  met  aussi  sur  à  ,  préposition ,  pour  le  distinguer  de 
a ,  troisième  personne  du  singulier  du  présent  de  l'indicatif 
du  verbe  avoir.  On  le  met  également  sur  là,  adverbe,  pour 
le  distinguer  de  la,  article,  sur  où  (1),  adverbe,  pour  le  dis- 
tinguer de  ou,  conjonction,  et  sur  dès,  préposition  de  temps 
et  de  lieu,  pour  le  distinguer  de  des ,  article  composé. 

L'accent  grave,  figure  encore  dans  les  motspà,  deçà, 
déjà ,  holà ,  voilà ,   extra ,  ultra. 

Vaccent  circonflexe,  se  met  sur  quelques  voyelles  lon- 
gues où  il  indique  la  suppression  d'une  voyelle,  comme 
dans  âge,  rôle,  etc.  {aage,  roole),  ou  celle  d'un  5,  comme 
dans  âne ,  cloître,  tête,  etc.  {asne,  cloistre  ,  teste,  ). 


Âne, 

autrefois 

A.tne , 

du    latia 

Asiniis. 

Août, 

— 

Aoust , 



Auguslus. 

Apôtre, 



Apostre , 



Apostolus 

Bâiller, 

— 

Baailler , 

— 

Badare. 

Cloître, 



Cloistre, 



Claustrum. 

Côte, 



Coste, 

— 

Costa. 

(1)  Le  jeune  Wilhelnj  de  W.,  âgé  de  dix  ans,  enfant  plein  d'esprit 
et  d'intelligence,  me  demandait  l'antre  jour  pourquoi,  dans  ce  mot ,  l'ac- 
cent se  met  plutôt  sur  Vu  que  sur  \'o.  Puis,  sans  me  laisser  le  temps  de  lui 
répondre,  il  ajouta,  d'nn  air  espiègle:  «parce  que  sur  Vo  (l'eau)  il  se 
noierait.  »  Je  ne  sache  pas  un  calembour  de  M.  de  Bièvre  ou  de  J.  J., 
qui  soit  plus  joli  que  celui-là. 


DES  SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES. 


H? 


Epis  Ire, 

du    latin 

Epistola. 

Estre  , 

— 

Esse. 

Feneslre, 



Fcncslra. 

Feste, 

— 

Festiim, 

Fiist, 

— 

Fui  s  se  t. 

Gottsl. 

_ 

G  us  tu  s. 

Hospital , 

— 

Hospitium, 

Hosle, 

— 

Hospes. 

Inlérest , 



hilerest. 

Jeusne , 



Jcjunium. 

Meur , 

. — 

Maturus. 

Naistre  , 

— 

Nasci. 

Nostre  , 



Noster. 

Prestre, 

— 

Presbyter. 

Roote , 

— 

Bot  tt  lus. 

Supresme, 

— 

Superrimus. 

Seur  , 

— 

Securus. 

Tempesle  , 



Tempeslas. 

Teste , 



Testa. 

Tosl , 

de    l'italien. 

Tosto.  Etc.,  etc. 

£  pitre,  autrefoi 

Être,  — 

Fenêtre,  — 

Fête ,  — 

Quil  fût ,  — 

Goût ,      ,  — 

Hôpital ,  — 

Hôte ,  — 

Intérêt,  — 

Jeûne ,  — 

Mûr,  — 

Naître ,  — 

Nôtre  (le)  ,  — 

Prêtre ,  — 

Rôle ,  — 

Suprême ,  — 

Sûr,  — 

Tempête ,  — 

Tête ,  — 

Tôt,  - 

Ici ,  comme  toujours,  les  grammairiens  avouent  leur  impuissance 
à  déterminer  par  des  règles  quelles  sont  les  syllabes  longues  où  il 
faut  admettre  l'accent  circonflexe.  Pour  moi,  je  vais  du  moins  l'es- 
sayer. 

Une  excellente  remarque  à  faire  d'abord ,  c'est  que  l'ac- 
cent circonflexe  ne  figure  le  plus  souvent  que  devant  l'une 
des  cinq  consonnes  l,  n,m,  l,c  ,  sur  les  voyelles  a,  e,  ai, 
i,  o,u  ,  eu ,  ou,  01  (1  )  \  jamais  sur  y,  ni  sur  au  ;  jamais  sur- 
tout devant  une  consonne  redoublée,  par  la  raison  bien 
simple  que  le  redoublement  est  un  signe  de  brièveté  pour 
la  voyelle  qui  précède. 

L'accent  circonflexe  ne  figure,  à  la  fin  des  mots,  que 
sur  les  syllabes  ât,  et ,  ait ,  H ,  \nt,  ôt ,  ût,  oût,  oU,  1°  dans 
un  petit  nombre  de  substantifs  et  d'adverbes,  2°  à  la  troi- 
sième PERSONNE  singulière  DU  PRÉSENT  DE  l'indicatif  de  quel- 
ques verbes  et  3»  à  la  trosième  personne  de  l'imparfait  du 
SUBJONCTIF  de  tous  les  verbes. 


(1)  On  se  rappelle  que  nous  avons  demandé  de  pouvoir,  pour  plus  de 
simplicité,  classer  cette  diphthongue  parmi  les  voyelles  composées.  L'a- 
vantage s'en  fait  déjà  sentir  ici,  car  l'accent  circonflexe  ne  figm-e  guère  sur 
une  vraie  diphthongue. 


]\S 


(J UAMM.VIIIE   FUANC.VISE, 


Tableait  «les  Voyelles  accentuées  d'un  accent  circonflexe. 


-at 

-ôt 

AppiU. 

AcqiiCt. 

Bat  .ie  mulet 

Apprêt. 

D.gàt. 

AlTCt. 

Màtae^av.re 

B<iu;t. 

Forêt. 

Genêt. 

Inlérêt. 

Prêt. 

Protêt. 

Têt  ,     mor- 

ceau  de    pot 

cassé;  crâBe. 

ait      -îtet-înt       -ôt 


At  -oilt         -oît 


SUBSTANTIFS  ET  ADVXRBKS 

Dcpùt.  Affût.  Août. 

Entrepôt.     Fut, futaille;  Coût. 

Impôt.  de  colonne    DégOÙt. 

Prévôt.  Goùt. 

Rôt.  Ragoût. 

Suppôt. 

Aussitôt. 

Bientôt. 

Sitôt. 

Tantôt. 

Tôt. 


VERBES. 

Troisième  personne  du  jircsent  de  l'indicatif. 


Accroîtou 
Croît   du 

bétail. 

Surcroît. 


Il  vêt. 
Il  revêt. 
Il  dévêt. 


1  plaît. 

1  déplaît. 

1  complaî; 
Il  naît. 
Il  paraît. 
Il  connaît. 
Etc. 


c-gît. 


Il  clôt. 
Il  éclôt. 
Il  enclôt. 
Il  déclôt. 


Il  accroît. 
Il  croit. 
II  décroit, 
II  recroit. 


Troisième  personne  de  l'imparfait  du  subjonctif. 


Qu'il  aimât. 
— chantât. 
— changeât 

—  envoyât. 
— parlât. 

—  Travail- 
lât. Etc. 


Qu'il  hait ,  qu'il  ouït,  font  exception. 

L'accent  circonflexe  se  conserve  devante, 
mots  ci-dessus  : 


Qu'il  finît. 

Qu'a  eût. 

— dormît. 

—  lût. 

-offrît. 

— reçût. 

— prît. 

— courût. 

— vendît. 

— mourût 

— vètît;etc. 

— dût. 

Qu'u  vînt. 

— accrût. 

— tînt;  etc. 

Etc. 

I 

( 


dans  tous  les  dérivés  des 


Appâter, 

Acquèter. 

Bâter. 

Apprêter. 

Débâler. 

Arrêter 

Initier. 

Arrclisle. 

G  à  1er. 

Prêter. 

Màler. 

Prêteur. 

Démâter. 

Têtard. 

Mâtcreau , 

Tête. 

petit  mât. 

Têtière. 

Mâture  ; 

Têtu. 

etc. 

Entête. 

Elêler. 

Fêtir. 

'•i  vêts. 

Tu  Vils;  elc 

Naître. 
Connaître. 
Paraître. 
Je  paraîtrai 
etc. 


Gîie. 
Gîter. 


Prcvôtal. 
Prévôté. 
Rôtir. 
Rôti. 

Rôtisserie. 
Rôtisseur. 
Rôtissoire. 
Clôture; 
etc. 


Affûlaf;e. 

Affûter. 

AJfûliau. 


Aonter. 
Coûter. 
Goûter. 
Dégoûter. 
Dégoûtant. 
Ragoûtant; 
etc. 


Croître. 
Décroître 
Recroître , 
etc. 


r>ES    SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES. 


^lo 


A  ces  terminaisons  masculines,  ajoutez  cril,  de  croître,  dû,  de  devoir,  elsoiîl, 
sur,  mïir,  ainsi  que  leurs  dérives  et  composes  :  crûment ,  dûment ,  indûment , 
rrdû,  soûle,  soûlant,  soûler ,  sûreté ,  sûrement,  miîrir.  Accru,  indu ,  font 
exception ,  par  la  raison  qu'ils  ne  peuvent  donner  lieu  a  aucune  équivoque. 
Mais  pourquoi  l'Académie  écrit-elle  tu ,  participe  passé  de  taire,  sans  accent 
circonflexe? 

Ajoutez-y  encore  les  deux  locutions  latines  ab  hoc  et  ah  hâc ,  vice  versa  et 
l'interjection  ô. 

La  première  et  la  seconde  personne  du  pluriel  au  passé  défini  des 
verbes,  ont  leur  pénultième  (1  )  syllabe  marquée  d'un  accent  circonflexe. 

Nous  aimâmes,  nous  finzmes,  nous  reçi/mes,  nous  vend/mes;  vous  aimwtes, 
vous  fin/tes,  vous  reçûtes,  vous  rendztes. 


FEM'ni.TIEMES   SYLIiABES. 

Les  mots  suivants  ont  leur  pénultième  marquée  d'un  accent  circon- 
flexe. 


■âte 


A  la  liâte. 
Pâte. 

Je  tâte. 

Je  gàtt,  déjj 
cité. 


-ôte 


Arête. 

Bète. 

Crête. 

Fête. 

Honnête. 

Quête. 

Tempête. 

Tcte  ,    déjà 
cité. 

Vous  êtes. 


-aîte 


Faîte. 


■îfe 


Gtle  ,    déjà 
cité. 


-ôfe 


Côte. 
Hôte. 

Maltôte. 


-Ate 


Flûte. 


-oîte 


Boîte. 
Benoîte  , 

plante. 


-oûte 


Croûte. 
Voûte. 


Les  gens  d'esprit  sont  quelquefois  bien  bêtes.  Mais  les 
bêtes  jamais  ne  seront  gens  d'esprit. 


Il  se  conserve  dans  leurs  dérivés  et  composés  : 

Giter,   dé 


Hâter. 
Hâte  tir , 
Hâtif. 
Hâtivcati. 
Hâtiveté. 
Pâteux. 
Pâtisserie. 
Pâtissier. 
Tâter. 
Tâtonner. 
A  tâtons  ; 
etc. 


Abêtir. 
Arêtir. 
Embêter. 
Crête. 
Ecrêter. 
Fêter. 
Honnêteté, 
Malhonnête 
Conquête. 
Requête. 
Enquêter, 
Tempêter. 
Entêté  ; 
etc. 


Faîtage  , 
Tuile  faitièrc 
Enfa'ileau. 
Enfaîtemeni 
Enfaiter. 


Côté , 
Côtelette. 
Côtier. 
Côtière. 
Côtoyer, 
Pentecôte. 
Hôtesse, 
Hôtel, 
Hôtellerie. 
Hôtelier. 
Maltôtier; 
etc. 


Flûter. 

Flûteiir, 

Flûteau. 


Emboîter. 
Embotture, 
Déboîter. 
Dé  boî  te- 
ntent. 


Encroûte. 
Voûté. 


Hàtez-Yous  lentement. 

(BOILEAU.) 

Vartgâte  la  nature,  au  lieu 
de  l'embellir,  dès  qu'il  veut 
dominer.  (F.  Bacon.) 


L'accent  circonflexe  se  perd  dans/(?'^oj<?7-,  bétail,  hébéter  et  coteau. 


(2)   Avant- dernière;  du  latin  pcnè,  presque  ,  et  ultima ,  dernière. 


120 


OKAMM.VIHE    FRANÇAISE. 


-àtre 


AlI)Atie,et 

t-ou3  couxen 

dire  : 
Bleuâtre. 
Blanchâtre. 
Emplâtre. 
Folâtre. 
Idolâtre. 
Opiniâtre. 
Pàlrc. 
Plâtre. 
Théâtre. 
Je  châtre. 

Etc. 


-être 


Ancêtres 

Champêtre 

Chevètre.  - 

Fenêtre. 

Guêtre. 

Hêtre. 

Prêtre. 

Keître,  ca- 
valier alle- 
mand. 

Salpêtre. 
Je  dépêtre. 

Être,  verbe. 


-aîtrc 


N.iître  ,    et 

tousceusen 

aitrc  : 
Apparaître 
Comparai  - 

ire. 
Connaître . 
Paître. 
Repaître. 
Maître. 
Traître. 

Ailres    d'une 

maison  (1). 


■ître 


Belitre. 
Épitre. 
Huître  (2). 
Regître  (3) 


-dire 


Apôtre. 
Le,  la  nôtre. 
Patenôtre, 
Le,  la  vôtre. 


-oître 


Cloître. 
Croître, 


■outre 


Dans  les  grandes  affaires,  on  doit  moins  s'ap- 
pliquer a  faire  naître  des  occasions  qu'à  profiter 
de  celles  qui  se  présentent. 

(  La  Rochefoucault.) 


Dérivés  et  composés  des  mots  précédents 


Folâtrer. 
Idolâtrer. 
Idolâtrie. 
Opiniâtreté 
Plâtrier. 
Rep  lâtrage. 
Replâtrer. 
Thiâlral. 
Châtrer. 
Etc. 


Archiprètre 
Enchcvre- 

trer. 
Dépêtrer. 
Empêtrer. 
Salpctrer. 
Salpêtrier. 
Salpêtriére. 
Guêlrier, 
Bien-être. 
Peut  -  être. 

Etc. 


Je  paraîtrai 
11  paraît  , 

Enregîtrer. 

déjà    cité. 

Maîtresse. 
Maîtrise. 
Maîtriser. 
Traîtreuse- 
men^Etc. 

Le  plus  grand  leurre  des 
hommes,  c'est  l'avenir;  per- 
sonne ne  connaît  mieux  cette 
vérité  que  l'astrologue. 

Cloîtrer. 
Cloî  trier, 
cloîtrai. 
Il  croît , 

déjà  cité. 


L'accent  circonflexe  de  l'infinitif  être  ne  se  maintient^,  dans  les  autres 
temps  de  ce  verbe,  que  sur  la  seconde  personne  du  pluriel  du  pré- 
sent de  l'indicatif  :  vous  êtes. 


Âne. 

Crâne. 

Mânes. 


-ône 


Alêne. 
Chêne. 
Gêne. 
Gênes,  viiii 
Pêne. 
Rênes  d'ur 

cheval. 

Troène. 


Chaîne. 
Faîne,  fruit 

du    hêtre. 

Je  traîne. 


Je  dîne. 


Ancône  , 

ville. 

Aumône. 

Cône. 

Prône. 

Le  Rhône  , 

fleuve. 

La   Saône  , 

rivière. 

Trône. 


-une 


-oine 


(1)  L'Académie  écrit  Êtres ,  bien  que  ce  mot  dérive  du  latin  Atria. 

(2)  C'est  la  seule  diphthongue,  avec  oc  Ad^ns  poêle,  et  ui  dans  puîné  ,  qui  soit  marquée 
d'un  accent  circonflexe. 

(3)  Pourquoi  supprimer  le  s  de  ce  mol  el  de  beaucoup  d'aulrcs?   A  force  d'euphonie  , 
on  aft'oiblit  la  langue,  on  la  rend  molle  ,  effémluéc  ;  sourde. 


DES   SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES. 


I2i 


Dérivés  et  composés 


A}iicr. 

Anessc. 

Ancc. 

Péricrânc. 

Epi  crâne. 

Crâncr'te. 

Crânement 


Alênler. 
Gêner. 


Chaînon. 

Chaînette. 

Enchaîner. 

Enchaîne- 
ment. 

Déchaîner. 

Déchaîne- 
ment. 

Traîner. 

Traînée. 

Entraîner  . 
etc. 


Dîner. 
Dînée. 
Dînette. 
Dîneur. 


Aiimôner. 

Aumônier. 

Prôner. 

Trôner. 

Détrôner. 


L'histoire  n'offre  qu'un 
long  enchaînement  àe  crimes 
et  de  vengeances. 

(BOISTE.) 


âme 


Ame. 
Blâme. 
Fâme. 
Infâme. 
Il  se  pâme. 
Nous  aimâ- 
mes,    déjà 


-ême 


Baptême. 
Barème. 
Blême. 
Brème, 

ville. 

Carême. 

Chrême. 

Extrême. 

Même. 

Suprême. 

Il  se  chême 


■aime 


Abîme. 
Dîme. 

i\au.s  prîmes 

déjà  cité. 


Âme  abjecte  !  c'est 
ta  triste  philosophie 
qui  te  rend  semblable 
aux  bétes. 

(J.  J.  RODSSEAD.  ) 


Dérivés  et  composés  : 


Blâmer. 
Blâmable. 
Se  pâmer. 
Pâmoison. 


Blêmir. 
Extrême- 
ment. 


Abîmer. 

Dîmer. 

Dimeur. 


Brantôme. 
Côme , 
Pacôme , 

nom  propre. 

Vendôme. 
Dôme. 
La  Drôme  , 

rivière. 

Fantôme, 
Jérôme, 

nom  propre. 

Os  m  a  zô  me 
Symptôme 
Je  chôme. 


Chômer. 


■ûme 


Nous    reçû- 
mes ,    déjà 
cité. 


Qu'une  fimiiie  parle  sans  langue, 
Et  fasse  mime  une  harangue  , 

Je  le  crois  bien; 
Qu'ayant  une  langue,  au  contraire, 
Une  femme  puisse  se  taire  , 

Je  u'eii  crois  rien. 

(Anonyme,  j 


Par  un  caprice  bizarre  de  l'usage  ou  de  l'Académie ,  l'accent  circonflexe  se 
perd  dans  la  plupart  des  dérivés  des  mots  ci-dessus  :  infamant  ^  infamation^ 
infamie  ^  extrémité  .^  suprématie  ^  symptomatique. 

11  y  en  a  qui  blâment  l'Académie  de  ne  pas  écrire,  à  l'exemple  de  Boiste, 
Gattel  et  autres,  avec  un  accent  circonflexe,  les  mots  :  yînathème ,  apoûme , 
1)1  asphème  ^Bohème , cinquième , crème , diadème ,  emblème  ,enthy  même  .jlS  icodème  ^ 
Pulyphème,  problème,  stratagème,  système ,  thème  ,  théorème  ,  trirème ,  etc. 
Pour  nous,  nous  ne  pouvons  qu'applaudir  a  l'orthographe  de  l'Académie, 
puisqu'on  n'écrit  pas  Anathêmatiser , blasphémer , Bohémien, emblématique ,  elc. , 
mais  bien  Anathématiser ,  blasphémer,  Bohémien,  etc.,  et  qu'ainsi  c'est,  dans 
la  langue,  une  difficulté,  une  irrégularité  de  moins.  Il  est  vraiment  curieux  de 
voir  les  dictionnaristes  accentuer  ces  finales  en  dépit  de  tout  sens  commun. 
Poislc  ,  cet  enfant  chéri ,  ce  Benjamin  de  MM.  Firmin  Didot,  (t(tx\\,  apothème  et 
épithème,  birême  ci  trirème,  etc.  J'ai  déjaditque  le  dictionnaire  de  Boiste  n'est 
qu'un  fatras.  Quant  a  MM.  Noël  cl  Chapsal,  voici  leur  règle  :  «  L'accent  cir- 


T.  II. 


IG 


122 

GRAMMAIRE 

FRANÇAISE 

\ 

c'onflexc  se  met  sur  ravaiil-dcniior  e  de  tous  les  mots  en  ême.  »>  Ainsi  il  faudrait      ' 

(Vrire  Bohême,  aiiaihéme,  deuxième,  troisième,  etc.  Merci!  Ce  n'est  pas  tout; 

selon  ces  messieurs,  il  faudrait  aussi  écrire  :  Arcôle,  auréole,  azerole,  boussole, 

bricole  ,  école ,  gastromhne ,  hippodrome ,  arôme  ,  atome  ,  axiome ,  économe , 

aiinone,  monotone,  nones,  pentagone,  etc.  Encore  une  fois,  merci! 

/'rvjTJcleur  grammaire. 

-âl<' 

-Ole 

-aile 

-île 

-Ole 

-ûle 

-oile 

-oûle 

et  -aille 

Bâle,v.ue. 

Frêle. 

île. 

Dôle  ,   vUle. 

Je  brûle. 

Soûle,  déjà 

Chàle. 

Grêle,  s.  et 

Drôle. 

cite, 

Hâle. 

adj. 

Geôle. 

Màle, 
Pâle. 
Râle. 

Pôle. 
Poêle. 
a  bèlc. 

L  amour  sans  es- 
pérance est  un  poi- 

Môle. 
Pôle. 
Rôle. 

La  solitude  n'apaise  pas 
les  troubles  du  cœur,  si  la 

Je  bâille. 

Je  fêle. 

son  qui  hrule. 

Tôle. 

raison  ne  s'en  jnêle. 

Je  mêle. 
Elle  vêle. 

(L.  N.) 

'1  enjôle. 
Il  frôle. 
n  trôie. 

(SCUDÉRY.) 

Dérivés  et  com 

posés  : 

Hâter. 

Grêler. 

Presqu'île. 

Drôlement, 

Brûlant. 

Soûler , 

Pâleur. 

Grêlon. 

Drôlerie. 

Brûler. 

déjà  cité. 

Pâlir. 

Engrcler. 

Drùlcsse. 

Brûlot. 

Râler. 

Pêle-mêle. 

Geôlier. 

Brûlure  , 

Huilier. 

Bêler. 

Contrôle. 

etc. 

Bailleur , 

Démêler. 

Contrôler. 

etc. 

Entremêler 
Fêler.    Vê- 
ler; etc. 

Contrôleur. 
Enrôler. 
Enjôler. 
Frôler. 
Frôlement , 
etc. 

Aucun 

des  dériv 

es  de  poli 

î  ne  conser 

ve  l'accent 

circonflex 

e  :  polaire 

,  pola- 

riser,  polarité.                                                                                                                   Il 

-àclie 

-éclie 

-aîclie 

-îclie 

-ôclie 

-âclie 

-ouelic 

Bâche. 

Bêche. 

Fraîche. 

Il  côche. 

Bûche. 

Châsse    de 

Crèche. 

Embûche. 

reliques. 

Campêche 

Gâche    de 

•Dorte. 

Dépêche  , 

lettre. 

La  religion  est  l'aromate  qui  empêche  la  science  de  se 

Lâche. 
l\fâche. 

Drêche. 
Pêche, 

corrompre.                                               (Bacon.) 

Je  mâche. 

Pimbêche. 

Le  pauvre  paysan ,  sur  sa  bêche  appuyé, 

Relâche. 
Tâche. 

Prêche. 
Rêche. 

Peut  se  croire  un  instant  seigneur  de  son  village. 

Je  me  fâchc. 

Revêche. 

(COLLIN  d'HaBLEVILLE.) 

Je  gâche. 

n  empêche 

DES    SIG.NES    ORTHOGIUPHIQUES. 

12Ô 

Dérivés  et  composés  : 

Bâcher. 

Bêcher, 

Fraîche  - 

Cocher  , 

Bûcher. 

Châssis. 

Dépêcher. 

ment. 

verbe. 

Bûcheron. 

Enchâsser. 

Pêcher, 

Fraîcheur. 

Bûchette, 

Cdcliette. 

arbre  qui  porte 

Fraîchir. 

Lâcheté. 
Lâcher. 

la  pèche. 

Pécher, 

prendre    du 

poisson. 

Repécher. 

Rafraîchir. 
Rafraîchis- 

Mâcher, 
Mâchelière. 

sement. 

Mâchica  - 
toire. 

Pêcherie. 

Oh  1  quel  égarement  d'espérer  quelque  chose 

De  leur  cœur  venimeux  ,  de  leur  main  toujours  close  ! 

Mâchoire. 

Martin  pê- 
cheur. 

Oh  !  quel  égarement  et  quelle  lâcheté  ! 

Mâchonner 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

MUchurer. 

Prêcher. 

^ 

Relâchant. 

Empêcher, 

Un  ambitieux,  ne  voulant  du  bien  qu'à  lui  seul,  fâche  de 

Relâcher. 

etc. 

persuader  qu'il  en  veut  a  tous,  afin  que  tous  lui  en  fassent. 

Tâcher. 
Fâcheux. 

(La  Bruyère.) 

Gâcher. 

L'intérêt  seul  est  trop  lâche  pour  faire  une  révolution. 

Gâcheur. 

(BOISTE.  ) 

Gâcheiix. 

Un  faible  empêchement  augmente  le  plaisir, 

Rabâcher  , 

Et  la  privation  éveille  le  désir.         (Cite  par  Boistb.) 

etc. 



àce 

èce 

ice 

oce 

tice 

once 

Grâce. 
Masse  ,    ce 

qu'on  met 

Allons  au  Capitole  vexnXvQ  grâce  aux 

1                1 

dieux  delà  victoire  que  je  remportai 

Dérivés  et  composés  : 

l'année  dernière  a  pareil  jour. 

Di  5g  race. 
Masser , 

(SciPiox.) 

{aire    une 

L'acce 

1                 ■ 

nt  circonflexe  n'accompagne  pas  les  mots  :  gracieux ,  gracienselr , 

grachible^  gracier. 

-âclc 

-ècle 

-icle 

-ocle 

-oucle 

Débâcle. 
J:  bâcle. 

Ce  n'est  pas  ainsi,  monsieur  Landais, 

Dérivés  et  composés  : 

que  se  bâcle  le  Dictionnaire  de  la  lan- 

Viâckr. 
Débâckr. 

gue  française. 

\ 

GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 


-acre 

ccrc 

-ocre 

-ucrc 

Acre. 

Dérivé 
Acretè. 

s  et  compo 

ses  : 

1 

La  saveur  acre  se  fait  sentir  au  fond  de  la 
gorge. 

L'accent  circonflexe  se  perd  dans  Acrimonie  et  Acrimonieux.                               1 

-àciiic 

ê<ine 

-iqne 

-oque 

-qqne 

-ouque 

Pàquc. 

Dérive 

Évêque. 

îs  et  eomp 

iyêc/ié. 
drchercque 
4r  chevêche 

osés  : 

Uneveçii^de  Bayonnevint  un  jour  rendre  visite  à  Piron  : 
«  Monseigneur,  lui  dit  le  poète  avec  sa  gaité  ordinaire,  j'ai 
en  grande  vénération  les  jambons  de  votre  diocèse.» 

1 

-àblc 

-èltle 

-Iblc 

-oble 

-uble 

-oiilile 

Càblc. 
Je  hâble. 
Râble. 

Déri) 

Câbler. 
Câbleau  ou 

Câblot. 
Hâbler. 
Hâbleur, 

etc. 

i^és  et  con 

iposés  : 

1 

Le  câble  d'une  ancre  a  ordinaire- 
ment cent  vingt  brasses  de  longueur. 

L'histoire  est  un   peu  hâbleuse; 
combien  d'hommes  qu'elle  nous  dit 
grands  sont  très-petits  dans  les  mé- 
moires !^                 {Cité  par  Boiste.) 

-âpe 

-^pe 

-ipe 

-ope 

-npe 

-oupc 

Râpe. 

Déri^ 

ïlnper. 
Rêipurc. 

Crêpe. 
Guêpe. 

és  et  cou: 

Crêper. 
Guêpier. 

iposés  : 

J^  tope. 

Où  la  guêp^  a  passé,  le  moucheron  demeure. 
(La  Fontaine.) 

L'iicccnl  ciiconflexo  se  pi 

1 

1(1  dans  ( 

npii . 

DES    SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES. 


^23 


-Apre      -ôpre 


Âpre. 
I  Câpre. 


Vêpre. 


-Ipre 


Dérivés  et  composés 


A  p  rement , 

A 

A  prêté. 
Câprier. 


-opre 


On  n'est  pas  méchant  pour  èlveûpre 
aux  méchants.  (Morellet.) 

J'estime  peu  quiconque  est  âpre  au 
gain.  (BoiivviLLiERS.) 


-àfre 


Bâfre. 


-Ifre       -orre 


Dérivés  et  composés 


Bâfrer. 
Bâfreur. 


C'est  un  grand  bâ- 
freur. 


-ave 


Hâve. 


-êve 


Rêve. 
Trêve. 
n  endêve. 


-Ive 


Dérivés  et  composés 


Rêver. 
Rêverie. 
Rêveur. 
Rêvasser. 
Endêver, 
etc. 


Alcôve. 


-uve 


-oive 


-Olive 


César  disait:  «  Je  ne  crains  pas  les 
ligures  et  les  teints  fleuris;  je  ne  re- 
doute quelesvisages/j^/e^  et  hâves.» 

Laissez-  moi  du  moins  être  heu- 
reux en  rêoe. 


-âge 


Age. 


-ose 


Dérivés  et  composés 


Aac. 


-ige 


oge 


-lige 


-oiige 


On  meurt  h  tout  âge. 


-1  26  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

L'accent  circonflexe  ne  figure  sur  la  voyelle  composée  eu 
que  dans  Jeûne  et  son  dérivé  Jeûner. 

L'accent  circonflexe  figure  encore  sur  la  première  syllabe 
des  mots  suivants  : 


Aîné. 

Chàlons. 

Mâchefer. 

Pâtir. 

Bacon. 

Châtaigne. 

Mâcon. 

Pâture. 

Bâillon. 

Château. 

Màtier. 

Puîné. 

Bâtard. 

Châtier. 

Nùment. 

Râteau. 

Bâtir. 

Gâteau. 

/v 

Râtelier. 

Bâton. 

Hâtier. 

Oter. 

Rùder. 

Câlin. 

Hùpilal. 

Pacage. 

Rhône. 

Châlit. 

Mâchicoulis. 

Paris. 

Dérivés  et 

composés  : 

Aînesse. 

Bâtonnet. 

Châtelain. 

Pâtis. 

Bâillonner, 

Bâtonnier. 

Châtelé. 

Pâturage. 

Abâtardir. 

Bâlonnisle. 

Châtelet. 

Pâturer. 

Bâtardise. 

Câliner. 

Châtellenie. 

Pâtureur. 

Bâtiment. 

Câiinerie, 

Châtiment. 

Râtelée. 

Bâtisse. 

Châtaigneraie. 

Embâiltonner. 

Râteler. 

Bâtisseur. 

Châtaignier. 

Mâlineau. 

Râteleur.  Etc. 

Bàlonner. 

Châtain. 

Mutiner. 

L'accent  circonflexe  se  voit  encore  dans  pigure  ,  maraî- 
cher, renâcler,  rndânier,  assidûment,  congrûment,  in- 
congrûment, continûment,  irrésolûment{\). 

Il  remplace  souvent  le  muet  des  mots  crucifiement,  licen- 
ciement ,  maniement ,  remerciement,  ralliement ,  reniement, 
aboiement,  atermoiement,  déploiement,  dévoiement,  fourvoie- 
ment, nettoiement,  ondoiement,  tutoiement,  dénuement^  dé- 
nouement,  dévouement ,  engouement,  enjouement,  enroue- 
ment, renouement,  remuement,  bégayement  ou  bégaiement, 

(1)  Nous  pourrions  interpeller  l'Académie  sur  ses  préférences  et  lui  de- 
mander pourquoi  elle  octroie  aux  mots  goulûment ,  résolument ,  congrû- 
ment, nûment,  continûment,  assidûment ,  le  droit  d'accent  circonflexe  , 
tandis  qu'elle  le  refuse  à  leurs  analogues  absolument ,  dissolument ,  irréso- 
lument,  impunément,  ambigument,  éperdument  ;  taais  nous  voulons  bien  lui 
passer  encore  ce  petit  capiice.  Trop  heureux  si  sa  partialité  ne  s'étendait 
que  sur  les  mots  !  Toutefois,  disons  en  passant  que  l'accent  circonflexe  est 
aussi  inutile  ici  que  sur  les  mots  poliment,  uniment  ,  vraiment ,  étour- 
diment ,   etc. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  ^  27 

payement  ou  paiement ,  gaieté  et  gaiement,  qu'on  écrit  tout 
aussi  bien  ainsi  :  Crucifiment ,  licendment,  ahoîment,  dè~ 
nûment  (1),  palment ,  gaité  ,  galment ,  etc. 

Éternument  devrait  se  régler  sur  le  même  principe, 
mais  on  ne  le  trouve  pas  autrement  écrit  dans  l'Académie. 

C'est  avec  raison  que  plusieurs  reprochent  au  Diction- 
naire de  l'Académie  de  manquer  de  cette  unité  de  vues,  de 
principes ,  si  nécessaire  dans  un  livre  qui  doit  faire  loi. 

Quoi  de  plus  naturel  que  d'adopter  une  orthographe 
uniforme  pour  tous  les  mots  ci-dessus?  Eh  bien,  l'Académie 
qui  admet  dénouement  rejette  dénuement  ;  elle  permet  d'é- 
crire paîment  et  point  bégatment,  ahdiment  et  point  dévot— 
ment,  remerclment et  point  licenclment,  etc.  Mais  ce  n'est 
pas  la  première  fois  quenous  surprenons  l'Académie  en  fla- 
grant délit  de  contradiction. 

Il  faut  absolument  qu'il  soit  permis,  du  moins  au  poète, 
de  suppléer  Ve  muet  de  tous  ces  mots  par  l'accent  circon- 
flexe, puisque  cet  e  muet  constitue  une  syllabe  qui  ne  peut 
subsisterdansle  vers.  Pour  lamèmeraison,lepoète,  mais  le 
poète  seul ,  pourra  écrire  Je  joûrai,  fouhllrai ,  je  palrai,  je 
supplérai,  je  crérais,  etc.,  i^ouTiejoueim,youblierai,\epaierai 
ou  payerai,  ie  créerais,  c'est-à-dire  qu'il  pourra  remplacer 
l'e  muet  par  un  accent  circonflexe  sur  la  syllabe  qui  le  pré- 
cède immédiatement,  toutes  les  fois  que l'e  muet  se  rencontre 
à  la  suite  d'une  autre  voyelle  dans  le  corps  d'un  mot.  Je 
souligne  Dans  le  corps  d'un  mot,  pour  que  vous  ne  soyez 
pas  tenté  d'écrire  jou  pour  joue,  comme  vous  le  conseille 
M.  Landais.  Balbutiement ,  balbutier,  initier,  conservent 
leur  e  muet,  faute  de  quoi  leur  t  ne  sonnerait  plus  comme 
un  c  et  reviendrait  prosaïquement,  honteusement,  à  son  état 

(1)  L'Académie  écrit  seulement,  dènîiment ,  dénoùment ,  mais  elle  a 
soin  de  vous  avertir  que  plusieurs  écrivent  dénouement.  II  faut  convenir 
que  l'Académie  pousse  quelquefois  loin  la  complaisance. 


^28  GRAMMAIRE   FRANÇAISE, 

naturel.  Une  dernière  observation.  Gardez-vous  bien  d'é- 
crire, avec  un  accent  circonflexe  ,  à  l'exemple  de  M.  Lan- 
dais et  autres,  les  mots,  sur{  acide  ), accoutrer,  accoutre- 
ment ,  grève ,  pétrir  ,  etc.  (1). 

Si  je  ne  me  suis  arrêté  ni  sur  V accent  aigu  ni  sur  Vaccent  grave^ 
c'est  que  j'ai  à  y  revenir  dans  le  chapitre  particulier  que  je  destine 
à  la  voyelle  e.  Toutefois ,  dans  les  exemples  que  j'ajoute  ici  pour 
adoucir  un  peu  la  sécheresse  de  mon  tableau,  l'accent  grave  et  l'ac- 
cent aigu  ne  sont  pas  oubliés. 

EXEMPLES  : 

Il  n'est  point  de  secret  que  le  temps  ne  révèle-  (Racink.) 

Pour  le  sage  au  cœur  ferme  ,  à  !a  pensée  austère , 
Que  sont  tous  les  trésors  ,  tous  les  biens  de  la  terre  ? 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Le  succès  est  lils  de  l'audace. 

L'homme,  dès  sa  naissance,  a  le  sentiment  du  plaisir  et  de  la 
douleur.  (  Cité  par  MM.  Noël  et  Chapsal.  ) 

Ï^Oti  la  vertu  finit,  là  commence  le  vice.        (  Cité  par  les  mêmes.  ) 

Il  n'y  a  point  d'esprit,  là  où  il  n'y  a  pas  déraison.  (Forster.) 

Nous  ne  sommes  jamais  chez  nous;  nous  sommes  en  deçà  ou  bien 
au  delà.  (Montaigne.) 

Holà  !  comte ,  deux  mots. 

C'est  affreux  ! — Désirer  et  regretter  sans  cesse  , 

Foild  vivre.  (  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Là  ,  quelqu'un  pourrait-il  ne  pas  vous  adorer 

Comme  un  ange  ?  (  Id.  Ibid.  ) 

Immobile  et  confus  ,  je  n'osais  lui  parler  ; 

(1)  Voici  quelques-unes  des  prescriptions  de  M.  Landais:  apprend 
«l'accent  circonflexe  dans  tous  les  mots  en  éle,  excepté  dans  zèle. —  Orne 
•  n'est  accentué  que  dans  les  seuls  mots  dôme  al  fantôme, —  Oûtc  ne  perd 
«l'accent  que  dansat.ïo/ife,  etc.»  Pour  M.  Landais,  à  ce  qu'il  paraît,  les  mots 
érysipèle,  jidèle,  modèle,  parallèle,  je  chôme,  symptôme, doute, Joule,  redoute, 
route,  banqueroute,  déroute,  soute,  toute,  etc.,  etc.,  n'existent  que.  dans 
les  espaces  imaginaires.  Mais  je  mets  toujours  M.  Landais  en  avant?  Ce 
n'est  pas  lui  que  je  dois  accuser,  mais  bien  tous  les  faiseurs  de  grammaires 
qu'il  a  copiés,  qu'il  a  transvasés  a  son  tour,  depuis  Faugelas jus(i\i'à  Gi- 
rauh-Duvivier.  Quant  à  MM.  Bescherelie  ,  ils  n'ont  pas  jugé  ces  bagatelles 
dignes  de  leurs  sérieuses  méditations. 


DES   SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES.  ^  29 

Je  craignais  que  l'élan  de  ma  rccoanaissaace , 

De  mes  impressions  montrant  la  violence  , 

Dans  son  limpide  azur  ne  Iroablâl  sa  candeur, 

Et  ne  fit  sur  son  front  monter  quelque  rougeur.  {Id.  Ihld. 

Dans  les  sentiers  glissants  je  leur  ofiVais  mon  bras  , 
Tandis  que  le  ciel  mcme  eût  envié  ma  joie , 
Si  j'avais  pu  toucher  à  ta  robe  de  soie,  (  Jd.  Ifnd.  ) 

Une  fois  j'ai  goûté  cette  volupté  saiote.  (  Id.  Ibid.  ) 

GetiMmme  me  déplaît  d'une  étrange  manière 
Avec  tout  son  clinquant,  qui ,  comme  une  lanière. 
Le  tient  roide  et  guindé.  (7d.  Ibid.) 

Les  plaisirs  sont  amers  sitôt  qu'on  en  abuse.    (M"'  DESHountREs. 
Le  peuple  qu'on  accable  d'imoàfs  finit  par  n'en  plus  payer. 

(De  Malesherbes. ) 
Des  juges  soumis  à  l'influence  royale  doiyent  être  nécessairement 
accessibles  à  l'intérêt. 

Vivez  comme  si  vous  vous  apprêtiez  à  mourir. 
Il  faut  du  goût,  de  l'esprit  et  l'habitude  des  beaux-arts  pour  s'y 
connaître  et  en  être  affecté. 

Le  coût  fait  perdre  le  goût.  (  Prooerhe.  ) 

Il  paraît  des  hommes  au  moment  où.  l'on  s'y  attend  le  moins. 

(Mirabeau.) 

Que  vouliezvoHS  qu'il /ï<  contre  trois  ? — Qu'il  mourût,  ((^ohneille.  ) 

Louis  XIV  se  serait  cru  déshonoré  si  sou  valet  de  chambre  Veut 
vu  sans  perruque.  (Victor  Hugo.  ) 

Tous  leur  fites,  seigneur. 
En  les  croquant ,  beaucoup  d'honneur.         (  La  Fontaink.  ) 

C'était  une  humble  église  au  cintre  surbaissé  , 

L'église  où  nous  entrâmes , 
Où  depuis  trois  cents  ans  avaient  déjà  passé 

^t  pleuré  hiea  des  âmes.  (  Victor  Hugo.  ) 

Qui  donne  aux  pauvres  prête  à  Dieu. 

Une  chose  sûre,  c'est  qu'il  n'y  a  presque  pas  un  bon  livre  de 
piété  ou  de  morale ,  dans  notre  langue,  que  la  congrégation  de  l'in- 
dex n'ait  proscrit. 

Il  n'y  a  pas  de  temps  plus  sûrement  perdu  que  celui  qu'on  em- 
ploie à  lire  des  abrégés.  (  Godwin.  ) 

T.  II.  17 


^50  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

On  (lit  fort  bien  invoquer  le  secours  de  la  loi  ,  le  bénéfice  de 
la  loi,  etc.  Voltaire  blâmait  cette  manière  Aq  s'exprimer  et  disait  de 
cenx  qui  s'en  servaient ,  «  qu'ils  auraient  bien  dû  invoquer  le  dieu 
du  goût.  »  Voltaire  était  parfois  singulièrement  puriste  et  ta- 
quin. 

Proclamez  avec  pompe  alors,  ma  poésie. 

Cette  religion  qui  veille  nuit  et  jour 

A  côté  du  malheur,  lui  versant  l'ambroisie  , 

Et  lui  ehantaut  tout  bas  des  paroles  d'amour  ; 

Qui  fait  ({n  après  le  deuil  viennent  des  jours  de  fêtes  : 

Étoile  de  salut  ,  phare  immense  ,  éternel , 

Qui,  dans  la  nuit  profonde  ,  au  milieu  des  tempêtes  , 

Sous  un  souffle  de  Dieu  s'épanouit  au  ciel. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Que  reste-t-il  alors  de  tant  d'enivrements. 

De  tant  de  vain  fracas  et  de  pompe  indiscrète? 

De  la  poussière  plein  le  crâne  de  la  tête  (1).  (  Ici.  Ibid,  ) 

H  n'y  a  point  de  bonne  fête  sans  lendemain.        (  Proi'crhe.) 

Moi ,  pour  goûter  sur  terre  un  céleste  bonheur  , 
Je  ne  demanderais  que  l'unique  faveur 
D'être  éternellement  admis  en  sa  présence  , 
Gomme  un  être  divin  l'adorant  en  silence. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 
11  est  une  déesse  inconstante  ,  incommode , 
Bizarre  dans  ses  goûts ,  folle  en  ses  ornements , 

(1)  Ceux  qui  trouvent  ridicules  les  expressions  Monter  en  haut, 
descendre  en  bas,  quoique  consacrées  par  le  bon  sens  et  par  l'Académie  , 
ne  manqueront  pas  (si  j'allais  dire  vrai  !  )  de  tomber  de  toute  leur  hauteur 
sur  Le  crâne  de  la  tête;  comme  si  cette  espèce  de  pléonasme  n'était  pas 
nécessaire  pour  rendre  l'expression,  sinon  plus  précise,  du  moins  plus 
forte,  plus  sonore,  plus  énergique.  Ils  ont  bien  osé  applaudir  Voltaire 
lorsqu'il  prétend  que  ces  vers  : 

Trois  sceptres  à  son  trône  ,  arraclie's  par  mon  bras, 

Parleront  au  lieu  d'elle  et  ue  se  tairont  pas, 

rivalisent  de  niaiserie  avec  les  suivants  : 

Hélas  !  s  il  n'était  pas  mort  , 
11  serait  encore  en  vie  ; 

comme  si  le  langage  prêté  par  le  poète  aux  sceptres  qu'il  anime  ,  n'acqué- 
rait pas  au  contraire,  danslesecond  hémistiche,  une  éloquence  foudroyante, 
celle  d'une  voix  éternelle  qui  ne  se  taira  plus.  En  ceci ,  M.  Philarète 
Chasles  a  parfaitement  raison. 


DES   SIGiNES    ORTHOGRAPHIQUES.  ^ôl 

Qui  paraît ,  fuit ,  revient ,  et  naît  dans  tous  les  temps. 

Protce  était  son  père,  et  son  nom  c'est  la  mode.  (Toltaibb.) 

Je  définis  la  Cour,  un  pays  où  les  gens  , 
Tristes  ,  gais  ,  prêts  â  tout ,  à  tout  indifférents, 
Sont  ce  qu'il  plaît  au  prince  ,  ou ,  s'ils  ne  peuvent  l'être , 
Tâchent  au  moins  de  le  paraître.  (  Boii.eau.  ) 

Je  jette  un  nom  de  plus  à  ces  flots  sans  rivage. 

Au  gré  des  vents  ,  du  ciel ,  qu'il  s'abîme  ou  surnage  , 

En  serai-je  plus  grand  ?  Pourquoi?  Ce  n'est  qu'un  nom. 

Le  cygne  qui  s'envole  aux  voûtes  éternelles, 

Amis ,  s'informe-t-il  si  l'ombre  de  ses  ailes 

Flotte  encor  sur  un  vil  gazon  ?  (  Lamabtimb.) 

C'est  par  vous  que  commence  l'illustration  de  votre  famille.  — 
Et  c'est  par  vous  que  finit  l'illustration  de  la  vôtre. 

On  n'est  pas  maître  de  ne  pas  aimer,  mais  on  l'est  de  renfermer 
son  amour  en  soi. 
Le  vrai  philosophe  est  V apôtre  de  la  raison  et  de  la  vérité. 

(  DUMARSAIS.  ) 

Un  honnête  homme  peut  être  amoureux  comme  un  fou  ,  mais 
non  pas  comme  un  sot.  (  La  Rochefoucauld.) 

Sixte-Quint,  étant  cardinal  de  Montalte,  contrefit  si  bien  Vim- 
bécile Tpendanl près  de  quinze  années,  qu'on  l'appelait  communé- 
ment Yâne  à'Ancône. 

Le  trône  des  rois  doit  s'appuyer  sur  la  clémence  et  la  justice. 

Vaumône  que  l'orgueil  arrache  à  l'avarice  ne  fructifie  point  dans 
le  ciel. 

Us  ne  comprennent  pas  tout  cela  ,  les  infâmes  ! 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

Je  sais  trop  qu'à  Paris 
Le  monde  est  sans  pitié  pour  le  sort  des  maris  ; 
Mais  dés  que  leur  sang  coule ,  on  ne  rit  plus,  on  blàmc. 
Vous  ridicule  !  non  ,  non  :  vous  serez  infâme  .' 

(Casimir  Delavicnk.) 

Sublime  aulel  où  brûle  une  flamme  éternelle. 
Par  ses  divins  soupirs  votre  âme  se  révèle. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 


•152  GKAMMAIUE   FIIANÇAISE. 

Une  pente  rapide  entraîne  vers  l'abîme  ; 

Un  souffle  peut  du  char  briser  le  frcle  essieu  : 

Veille  ,  ô  mon  âme,  veille  en  tout  temps  ,  en  tout  lieul    (/</.  Ibid.) 

Vous  savez  pardonner,  et  pour  blâmer  nos  fautes  , 

Vos  reproches  n'ont  point  de  ces  paroles  hautes 

Qui  nous  brisent  le  cœur  et  qui  nous  font  pleurer.       {Id.  Ibid.) 

Une  grande  fortune  n'agrandit  pas  Vâme. 

La  poésie  est  l'intelligence  suprême. 

Madame  de  Montespan  jeûnait  dans  le  carême  avec  une  telle 
exactitude  qu'elle  faisait  peser  son  pain. 

De  tous  les  adorateurs  d'idoles ,  il  n'y  en  a  pas  de  plus  insensé 
que  celui  qui  s'adore  \u\-meme. 

Pendant  que  je  dormais  sous  le  céleste  dôme, 

Stella  (  c'est  le  saint  nom  dont  mon  bonheur  se  nomme  )  , 

Stella  ,  m'apparaissant  dans  un  songe  enchanteur  , 

A  fait  Juire  le  jotir  dans  la  nuit  de  mon  cœur. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

Un  ange,  de  ses  ailes 

Caressant  les  fidèles. 

Les  conduit  par  la  main. 

De  sa  6r((/rt«<6  haleine 

Aucun  vent  dans  la  plaine 

Ne  ride  la  fontaine 

Au  bord  de  lein-  chemin.  (W.  Ibid.  ) 

Merci,  merci  !  mon  Dieu,  dont  la  grâce  puissante 

Fait  qu'un  ange  est  venu  qui  m'a  tendu  la  main  , 

Et  puis,  me  ramenant  par  une  douce  pente  , 

M'a  dépose  sur  l'herbe  au  bord  du  vrai  chemin  !  (  Id.  Ibid.) 

S'il  n'est  chasse  que  de  vieux  chiens  ,  il  n'est  châsse  que  de 
vieux  saints.  (Camus  ,  évêque.  ) 

L'usage  de  l'arbitraire  augmente  sans  relâche  le  besoin  de  l'ar- 
bitraire. (Lemontey.) 

Et  pourtant  chacun  fait  profession  d'être  chrétien;  on  va  à  la 
messe,  on  dit  se?' grâces  et  son  bénédicité,  on  s'abstient  de  viande  le 
vendredi  et  le  samedi,  on  Jeune  Q\iaire-Tem\>s  et  Vigiles,  on  fait  ré- 
gulièrement ses  Pâques.  Mais  à  quoi  tout  cela  sert-il  sans  la  charité.^ 

(  L.  N.  -Le  Lii^re  de  Tous.  ) 


DES  SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES.  Ido 

En  faisant  altenlion  aux  rêves  légers  qui  accompagnent  l'assou- 
pissement, on  y  trouve  comme  des  traces  d'une  autre  nouvelle 
existence. 

A  ce  cri  de  mon  âme , 
Soudain  tout  disparut.  Mais  ,  Stella  ,  mes  amours  , 
Toi ,  lune  de  mes  nuits  ,  toi ,  soleil  de  mes  jours ,  jJJ 

Ce  rêve,  pur  miroir  oiV  j'ai  vu  ton  visage , 
A  pour  jamais  en  moi  scetlé  ta  sainte  image, 
Et  des  yeux  de  mon  cœur  rien  ne  t'effacera.  (L.  N.  Amerl.  el  Cons.) 

Le  châtiment  entre  dans  le  cœur  de  l'homme  à  l'instant  même 
où  il  commet  le  crime. 

Un  homme  absolument  insouciant  est  un  être  rare ,  mais  il  s'en 
trouve.  Un  jour  que  le  philosophe  Xantbus  paraissait  prendre  beau- 
coup d'inquiétude  sur  les  préparatifs  d'un  festin  :  «  De  quoi  vous 
mettez-vous  en  peine?  lui  dit  Ésope,  son  esclave.  — Trouve-moi^ 
dit  le  maître,  un  homme  assez  insouciant  pour  ne  jamais  se  mettre 
en  peine  de  rien.  »  Ésope  alla  le  lendemain  sur  la  place  publique, 
et  avisant  un  paysan  qui  considérait  toute  chose  avec  la  froideur 
et  V  indifférence  d'une  statue,  il  amena  ce  paysan  au  logis.  «Voilb^ 
dit-il  à  Xanthus  ,  l'insouciant  que  vous  me  demandez.  »  Xanthus 
commanda  à  sa  femme  de  faire  chauffer  de  l'eau  et  de  laver  elle- 
viême  les  pieds  à  sou  nouvel  hâte.  Le  paysan  se  laissa  faire,  quoi- 
qu'il sût  très-bien  qu'il  ne  méritait  pas  cet  honneur.  Mais  il  disait 
en  \\x\-même:  C'est  peut-<?/re  la  coutume  d'en  user  ainsi.  »  On  le  frè 
asseoir  au  haut  bout  de  la  table,  il  prit  sa  place  sans  cérémonie. 
Pendant  le  repas,  Xanthus  ne  fit  autre  chose  que  blâmer  son 
cuisinier;  rien  ne  lui  parut  bon  ;  ce  qui  était  doux,  il  le  trouvait 
amer;  ce  qui  était  amer,  il  le  trouvait  doux.  L'homme  insouciant 
le  laissait  dire  et  ne  perdait  pas  une  bouchée.  Au  dessert  on  mît  sur 
la  table  un  gâteau  que  la  femme  du  philosophe  avait  fait ,  et ,  bien 
qu'il /«^  très-hon,  Xanthus  le  trouva  //-é^-mauvais.  «  Voilà,  dit-il, 
la  pâtisserie  la  plus  détestable  que  j'aie  mangée  de  ma  vie  ;  il  faut 
brûler  la  pâtissière,  car  jamais  elle  ne  fera  rien  qui  vaille  :  qu'on 
apporte  des  fagots. — Attendez,  dit  le  paysan,  je  m'en  vais  quérir 
ma  femme;  on  ne  fera  qu'un  bûcher  pour  toutes  les  deux.  » 

(  Vie  d'Esope.  ) 

«Telle  est,»  dit  un  grammairien  dont  MM.  Bescherellc  citent  les  paroles- 


l.>/«  GRAMM.VIKE    IKAINÇAISE. 

mais  point  le  nom,  a  telle  est  la  fonction  et  la  pférogative  des  accents. 
Ils  sont,  6  l'égard  des  voyelles*  comme  de  véiitables  notes  qui  en  fixent 
les  différentes  modulations  et  par  conséquent  les  différentes  manières  de 
les  prononcer.  Ils  donnent  ainsi  à  l'écriture  le  dernier  degré  de  perfection. 
Rivale  du  dessin  par  la  forme  de  ses  caractères,  elle  devient  encore  ,  par 
l'addition  de  ces  nouveaux  signes,  l'émule  delà  musique.  Non-seulement 
elle  peint  les  sons  par  des  images  naturelles  et  analogues  ,  elle  en  exprime 
de  plus  la  cadence  et  l'harmonie  par  des  traits  gradués,  qui  forment  entre 
eux  une  espèce  de  gamme.  •> 

Certes,  on  n'accusera  pas  celui  qui  a  écrit  ces  lignes  de  ne  pas 
voir  plus  loin  que  son  nez  ,  à  moins  que  toutes  ces  merveilles  ne 
fussent  renfermées  dans  ses  lunettes  comme  dans  une  lanterne  ma- 
gique. Une  chose  certaine,  c'est  que  les  accents  sont  loin,  du  moins 
dans  notre  langue ,  d'avoir  l'importance  diatonique  qu'on  leur  prête 
ici,  puisqu'ils  ne  servent  guère  que  de  signes  de  distinction  entre 
quelques  voyelles  et  quelques  mots. 

Toutefois ,  comme  il  est  très-essentiel  de  ne  pas  confondre  l'e 
muet  avec  l'e  fermé  ou  Yé  fermé  avec  Vè  ouvert  et  vice  versa  ,  je 
trouve  fort  ridicule,  fort  déplacé,  fort  impertinent  le  mépris  que 
certaines  personnes  affectent  pour  ces  pauvres  petits  accenis, 
regardés  par  elles  comme  chose  indigne  de  leur  attention.  Cepen- 
dant négliger  les  accenis  ,  écrire  ,  par  exemple ,  bonté ,  générosité, 
c'est  faire  une  faute  non  moins  grossière  que  si  l'on  écrivait  gimiro- 
seta,  bonlie  et  autres  semblables  ignominies  ;  car  ce  n'est  rien 
moins  que  prendre  une  voyelle  pour  une  autre ,  comme  quand  on 
prononce  mise  au  lieu  de  muse.  Il  y  a  pour  le  moins  autant  de  dif- 
férence entre  e  et  è  qu'entre  m  et  i.  Respect  donc  aux  accents. 

Jusqu'ici  l'usage  des  fondeurs  en  caractères  a  été  de  ne  fondre 
les  accents  que  sur  l'e  médiuscule  et  majuscule ,  tandis  que  les 
lettres  a,  i,  o,  u  des  mêmes  alphabets  en  demeurent  privées.  Il  en 
résulte  que  l'élève  cherchant  dans  son  dictionnaire  les  mots  Etui, 
Eclairer,  Ecrire,  Etre,  etc.,  et  n'y  voyant  point  d'accent,  les  écrit 
de  même  partout  sans  accent  et  les  prononce  à  l'avenant.  C'est  un 
abus,  c'est  un  scandale  contre  lequel  je  réclame  avec  énergie,  et  qui 
a  déjà  cessé  chez  notre  éditeur  ,  dont  les  types  nous  paraissent  au 
moins  aussi  parfaits  que  ceux  de  MM.  Firmin  Didot,  et  qui  ne  le 
cède  en  rien  ,  selon  nous ,  aux  plus  habiles  typographes.  Je  dois 
à  ses  soins ,  à  son  zèle ,  à  son  goût,  de  ne  pas  voir  ,  par  exemple , 
e  mot  CÔTE ,  page  90  de  notre  Méthode  du  Genre ,  confondu  avec 
COTE,  ce  qui  serait  une  chose  assez  criante. 


DES  SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES.  t55 

L'absence  de  l'accent  sur  les  majuscules  est  un  défaut  ca- 
pital que  nous  condamnons  sans  apjiel,  et  qui  ne  peut  plus 
se  rencontrer,  sous  peine  d'être  appréhendé  au  corps  et 
marqué  d'un  fer  rouge,  au  milieu  des  huées. 


Du  Tréma  ou  Diérèse  (1). 

Le  iréma,  que  quelques-uns  appellent  aussi  diérèse,  con- 
siste en  deux  points  disposés  horizontalement  (••  ),  lesquels 
se  mettent  sur  une  voyelle  pour  indiquer  qu'elle  se  déta- 
che de  la  voyelle  précédente.  Les  trois  voyelles  e,  i,  u,  sont 
les  seules  qui  jouissent  de  ce  privilège  académique ,  peut- 
être  un  peu  entaché  de  partialité  :  Ciguë,  naïf,  Esaii. 


Achaïe. 

Adélaïde. 

Adonaï. 

Aïe. 

Aïeul. 

Aiguë. 

Ambiguë. 

Ambiguïté. 

Antinous. 

Arachnoïde. 

Archaïsme. 

Archelaûs. 

<j"areuë. 


*  Baïart  (2). 

*  Baïonnette. 
Besaiguë. 
Bethsaïde. 
Bisaïeul. 

*  Biscaïen. 

*  Caïmacan. 

*  Caïman. 
Gaïn. 
Caïus. 

*  Camaïeu. 
Capharnaum. 
Caraïbe. 


Ciguë. 

Coïncidence. 

Coïncider. 

Condyloïde. 

Conoïde. 

Contiguë. 

Contiguïté. 

*  Copaïer. 

Corozaïm. 

Danaûs. 

Danaïdes, 

Dioïque. 

Egoïsme. 


Égoïste. 

Ellipsoïde. 

Epbraïm. 

Esaii. 

Exiguë. 

Exiguïté. 

Faïence. 

Faïencerie. 

*  Gaïac. 

*  Glaïeul. 
Haïr. 

Hébraïque. 
Hémorroïdes. 


(1)  Tréma  vient  du  grec  tréma  ,  trou  ,  parce  que  les  deux  points  qui  le 
représentent  ressemblent  en  quelque  sorte  à  deux  petits  trous.  —  Diérèse  si- 
gnifie division  ,  de  diairéô ,  je  divise.  Ainsi  la  diérèse  est  proprement  la  di- 
vision en  deux  syllabes  d'une  diphthongue  ou  d'une  voyelle  composée.  Le^ 
Latins  disaient  quelquefois  par  diérèse  :  aiilaï  pour  aidai. 

(2)  Comme  si  les  difficultés  de  la  prononciation  n'étaient  pas  déjà  assez 
nombreuses,  assez  compliquées,  il  y  en  a  qui  écrivent  eacure  bayart , 
bayonnetle,  biscayen,  copayer,  gayac,  glayeul,  nayadc,  payen,  roucoiiyer,  etc.; 
et  l'Académie  elle-même  est  de  ce  nombre.  Pourtant  on  ne  prononce  pas 
bai-iari ,  bai-ionnette ,  etc.,  mais  baïart,  baïonnette,  etc.;  or,  on  sait 
que  l'y  après  une  voyelle  équivaut  à  deux  /.  Écrivez  donc  aussi  baïadère  , 
cacaoïcr ,  cacaoïère ,  caïapollin  ,  gènipaier  ,  papaïer,  rotoc ,  et  non  plus  haya- 
dère ,  cacaoyer,  etc.,  ce  qui  est  aussi  incorrect  que  d'écrire /aycnce  pour 
faïence. 

L'Académie,  qui  commence  à  vous  TKnxo'yer  àe  payen,  glayeul,  etc., 
à  païen,  glaïeul,  n'écrit  encore  que  bayadèrc ,  géni payer ,  etc.  Pourquoi 
cela?  pourquoi  la  nouvelle  orthographe,  fondée  sur  un  principe  aussi  ra- 
tionnel, n'est-elle  ainsi  suivie  qu'irrégulièrement.  J'espère  qu'il  n'en  sera 
plus  ainsi. 


150 


GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 


Héroïde. 

Laïs. 

*  Païen. 

Sinaï. 

Héroïne. 

Laïus. 

Piritliotis. 

Sphéroïde. 

Héroïque. 

Maïeur. 

Pcmpicuïlc. 

Stoïcien. 

Hyoïde. 

Maïs. 

Pliaiisaïque. 

Stoïcisme. 

ïambe. 

Moïse. 

Pharisaïsme. 

Stoïque. 

latnbiquc. 

Mosaïque. 

Prosaïque. 

Tanaïs,  fleuve. 

Inouï. 

*  Naïade. 

Prosaïsme. 

Thébaïde. 

Isaïe. 

Naïf. 

Pyramoïde. 

Trapézoïde. 

Israël. 

Naïveté. 

Rhomboïde. 

Zaïre. 

Judaïque. 

Ouïcou. 

Sabalsme. 

Zaïm. 

Judaïsme. 

Ouïe. 

Saïs,  ville  d'Éjypte. 

Zoïle. 

Laïc. 

Ouïr. 

Saùl. 

Zoraïde.  Etc 

Comme  on  le  voit ,  le  tréma  est  principalement  destiné  à  mar- 
quer la  division  des  voyelles  combinées  au,  ai,  oi,  ou.  Le  tréma 
n'est  pas  moins  nécessaire  sur  la  voyelle  e  des  mots  aiguë,  ambi- 
guë, contiguë ,  ciguë ,  etc.;  parce  que  la  dernière  syllabe  de  ces 
mots,  sans  le  tréma,  se  prononcerait  comme  dans  figue,  intrigue, 
digue,  ce  qui  les  défigurerait  totalement.  Il  n'est  pas  moins  indispen- 
sable aux  mots  ambiguïté,  contiguïté,  exiguïté,  qu'on  serait  exposé, 
sans  cela,  à  prononcer  comme  s'il  y  avait  ambighité ,  contighité , 
exighité.  Il  n'est  pas  de  trop,  non  plus ,  dans  perspicuïté  où  il  faut 
bien  se  garder  de  prononcer  jamais  cui  en  diphthougue.  Je  vous 
le  passe  encore  sur  Israël,  par  la  raison  qu'on  serait  peut-être 
tenté  de  prononcer  Isrâl ,  comme  on  prononce  Stâl  au  lieu  de  Staël, 
parce  que  la  dernière  syllabe  est  brève  et  non  accentuée  dans  la 
langue  à  laquelle  appartient  ce  nom  (1).  Mais,  de  grâce,  quelle 
figure  fait-il  sur  les  mots  Noël,  poëme,  poëte,  coërcitif,  coërcible , 
goélette,  goéland,  goémon,  Israélite,  théière ,  etc.  ?  Il  y  sert  comme 
une  cinquième  roue  à  un  carrosse,  c'est-à-dire  qu'il  y  est  parfaite- 
ment inutile.  Si  vous  mettez  le  tréma  surpoéïe  et  poëme,  pourquoi 
ne  le  mettez-vous  pas  aussi  sur  poétique,  poétesse ,  poésie  ?  A.vez- 
vous  peur  qu'on  ne  prononce  poime ,  poite?  Mais ,  outre  que  la  com- 
binaison oe  n'a  jamais  sonné  ou  n'a  jamais  du  sonner  ol,  le  son  de  Ve 
n'est-il  pas  suffisamment  déterminé  par  l'accent  grave  comme  par 
l'accent  aigu?  Ve  de  coemfi/" est  aussi  ouvert;  cependant  l'Acadé- 
mie, qui  met  un  tréma  sur  poëme,  poëte,  n'en  met  point  sur  coërci- 
tif. C'est  que  le  son  de  Ve  ,  dans  ce  dernier  mot ,  est  également  dé- 


(1)  Hors  de  là,  Ve  doit  toujours  sonner  clairement  après  a.  Tous  les 
grammairiens  disent  dans  les  mêmes  termes:  «  E  ne  se  prononce  pas,  il  est 
vrai,  dans  Caen.n  Mais  il  n'y  a  point  ici  d'e  proprement  dit,  il  y  a  la  voyelle 
en  qui  se  contracte  avec  la  voyelle  précédente  ,  en  sorte  que  l'on  dît  cân  au 
lieu  de  Caan;  voilà  tout. 


DES    SIGNES    OUTHOGRAPHÏQUES.  ^  37 

terminé  d'une  manière  précise  par  sa  jonction  à  la  consonne  sui- 
vante dans  la  même  syllabe.  Nous  n'en  finirions  pas  si  nous  voulions 
constater  toutes  les  contradictions,  toutes  les  inconséquences  de  l'A- 
cadémie. C'est  ainsi  que  l'accent  aigu  qui  suffit  pour  les  mois  jwé- 
tique ,  peésie,  ne  suffit  plus  pour  les  mots  goëlelte,  goéland,  goè- 
mtjn  ;  c'est  ainsi  que  teton  ,  à  son  rang  alphabétique  ,  est  écrit  sans 
accent,  tandis  que  le  mot  mamelle  est  défini,  téton,  avec  accent,  etc. 
Quant  aux  autres  dictionnaires,  ils  ne  valent  pas  la  peine  qu'on  en 
parle. 

Séparé  de  mon  éditeur  par  une  distance  de  trois  cent  quarante- 
quatre  lieues  et  demie  ,  je  n'ai  pu  l'empêcher  jusqu'à  présent  de  se 
conformer  plutôt  à  l'orthographe  de  MM.  Firmin  Didot  qu'à  la 
mienne;  mais  j'espère  que,  convaincu  désormais  par  tant  de  rai- 
sons, il  n'imprimera  plus  que  jfoète,  polme^  goéland,  etc.;  sinon  ses 
souscripteurs  n'auront  à  s'en  prendre  qu'à  lui  seul ,  car,  pour  moi, 
je  m'en  lave  les  mains. 

Il  y  eu  a  qui  poussent  l'amour  du  tréma  bien  plus  loin  encore, 
puisqu'ils  en  affublent  jusqu'aux  mots  foéle ,  poêlon,  moelle, 
moellon,  quoique  ce  soient  justement  les  seuls  mots  où  la  double 
voyelle  oe  ne  forme  qu'une  syllabe.  Ce  dernier  point  connu,  n'est- 
il  pas  absurde,  encore  une  fois,  de  trématiser  (1  )  coexistence  et 
point  coéternel?  Il  faut  être  juste,  MM.  Firmin  Didot  ne  se  sont 
pas  donné  ce  dernier  ridicule,  qui,  du  reste,  eût  été  aussi  ina- 
perçu qu'une  goutte  d'eau  dans  la  mer. 

Mais  ce  qui ,  de  leur  part  ou  de  la  part  de  l'Académie,  ne  nous 
paraît  pas  très-équitable ,  c'est  d'avoir  favorisé  les  deux  mots, 
ïambe,  ïambique,  au  détriment  d'une  foule  d'autres  mots  non  moins 
méritants,  tels  que  dia^ec^e ,  diadème,  diamant,  rémédiable,  etc., 
où  rien  n'indique,  en  effet,  si  dia  est  de  deux  syllabes  ou  d'une 
seule  syllabe.  L'emploi  du  tréma  sur  les  mots  ïambe,  ïambique,  est 
d'autant  plus  condamnable  que  c'est  le  seul  cas  où  la  voyelle 
tréma  (2)  se  sépare  de  la  voyelle  suivante.  De  là  une  source  de  con- 
fusion pour  les  étrangers,  qui  ne  sauront  plus  s'ils  doivent  prononcer 
paï-en ou  pa-ïen;  car  l'Académie  enseigne,  en  effet,  que  tréma  se 

(1)  Voilà  un  mot  dont  vont  s'égayer  nos  petits  pédants  jusqu'à  en  faire 
des  fjorges  chaudes;  mais  qu'est-ce  qu'il  a  donc  de  plus  ridicule  que  dog- 
malher,  dramatiser,  anaUicmatiscr  ? 

(2)  Selon  l'Académie,  le  mot  tréma  est  un  adjectif  des  deux  genres  et 
des  deux  nombres,  lequel  ne  devient  substanlil"  que  par  accident. 

T.  H.  18 


158  GH.VMMAIUE    Fh.\NÇAISE. 

dit  d'une  voyelle  accentuée  de  deux  points  qui  avertissent  qu'elle 
se  détache  de  la  voyelle  jnrcédente  ou  suivante  indislinclemenl. 
Cela  «e  nous  paraît  guère  philologique. 

MM.  Bescherelle,  après  d'autres,  croient  avoir  fait  une  belle 
découverte  en  plaçant  indifféremment  le  tréma  tantôt  sur  la  pre- 
mière voyelle,  comme  dans  aigiie,  tantôt  sur  la  seconde,  comme 
dans  a/oé-s;  mais,  selon  leur  louable  habitude,  ils  n'ont  fait  que 
substituer  le  désordre  à  l'ordre.  Quoi  de  plus  simple ,  en  effet ,  que 
celle  règle  :  Le  tréma  indique  que  la  voyelle  sur  laquelle  il  fi- 
gure, SE  détache  de  la  voyelle  précédente  ?  Celle  règle  si  sage, 
nos  aveugles  Salmonées,  du  haut  de  leur  Olympe  de  fabriqxie,  l'ont, 
dans  leur  rage  insensée ,  foudroyée  et  détruite  ;  mais  heureusement 
que  nous  sommes  là  pour  la  ressusciter.  Soit  dit  en  passant,  on 
n'écrit  ni  aloës  ni  alô'es,  mais  simplement  aloès ,  et  ici  nous  avons 
pour  nous  le  témoignage  même  de  l'Académie  ,  encore  une  fois  en 
conlradiclion  avec  elle-même. 

MM,  Bescherelle,  ainsi  que  M.  Napoléon  Landais  et  autres,  ré- 
clament cnergiquement  le  privilège  du  tréma  pour  les  voyelles  a 
eto;  mais  je  le  leur  refuse  net ,  car  je  n'en  vois  nullement  la  né- 
cessité. Le  seul  endroit,  en  effet,  où  leur  présence  puisse  être  utile, 
c'est  à  certains  temps  et  à  certaines  personnes  du  verbe  arguer ;md\s, 
à  moins  qu'on  n'ait  la  tête  aussi  dure  qu'un  âne,  il  suffit,  ce  me 
semble,  que  le  tréma  figure  sur  l'e  de  l'infinitif,  qui  pourra  le  con- 
server partout,  mais  qui  aurait  tort  de  le  transmellre  à  l'a  ou  à  \'o. 
Dès  que  l'on  connaît  la  prononciation  de  l'infinitif ,  le  reste  va  tout 
seul. 

Au  reste  ,  cela  est  cligne  de  ceux  qui  ont  entrepris  de  figurer,  par  exem- 
ple ,  aux  yeux  d'un  Anglais  ,  la  prononciation  française  avec  des  lettres 
françaises,  et  de  donner,  dans  un  dictionnaire,  la  conjugaison  entière  et 
en  toutes  lettres  de  tous  les  verbes,  même  des  verbes  composés  et  surcom- 
posés. 

O  public!  peut-on  faire  moins  de  cas  de  ton  intelligence  ?  Quoi!  M.  Na- 
poléon Landais  a  été  jusqu'à  te  croire  incapable  de  conjuguer  Revenir  sur 
venir,  contenir  sur  tenir,  revoir  sur  voir,  etc.,  et  tu  n'as  pas  senti  l'in- 
jure qui  t'était  faite!  tu  n'a  pas  jeté  feu  et  flamme  contre  l'insolent  qui  te 
prenait  pour  un  imbécile  !  qui  te  disait  :  oTu  n'es  qu'une  bête  ,  à  qui  il 
faut  mâcher  tous  les  morceaux  !  eh  bien,  on  le  les  mâchera  pour  ton 
argent  !  » 

O  digne  public!  tu  as  donné  ton  argent,  en  effet.  Tu  lui  as  acheté  toutes 
ses   fioles,   à  cet  habile   charlatan,  entouré  de  pompe  el  de  brnit  ;  tu  as 


DES  SIG.NES  OHTIIO(;iiAPHigUES.  J  59 

avalé  toutes  ses  pilules  ,  tu  as  absorbé  tout  son  baume  ; 

Et  te  voilà  pourtant  gros  Jean  comme  devant. 
Ni  son  baume  ,  ni  ses  pilules ,  ni  ses  fioles ,  ne  t'ont  guéri ,  puisque  J.  J.  te 
persuade  encore  tous  les  jours  que  des  vessies  sont  des  lanternes.  Ilélas! 
hélas  I 

Auras-tu  donc  toujours  des  yeux  pour  ne  point  voir, 

Jérusalem  ? 
Et  là-dessus  Alfred  de  Vigny  s'écrie  :  «  Vous  ne  savez  donc  pas  ce  que 
c'est  qu'un  poète,  puisque  à  lui  seul  vous  refusez  le  pouvoir  de  vivre  I  Vous 
ne  savez  donc  pas  ce  que  c'est  que  l'intelligence,  puisque  vous  tuez  les 
plus  intelligents  !  On  croirait,  à  vous  en  voir  faire  si  bon  marché,  que  c'est 
une  chose  commune  qu'un  poète!  —  Et  n'entendez-vous  pas  le  bruit  des 
pistolets  solitaires?  leur  explosion  est  bien  plus  éloquente  que  ma  faible 
voix.  N'en  tendez- vous  pas  ces  jeunes  gens  désespérés  qui  demandent  le 
pain  quotidien,  et  dont  personne  ne  paie  le  travail?  Eh  quoi!  les  nations 
manquent-elles  à  ce  point  de  superflu  ?  Ne  prendrons-nous  pas,  sur  les  palais 
et  les  milliards  que  nous  donnons,  une  mansarde  et  un  pain  pour  ceux  qui 
tentent  sans  cesse  d'idéaliser  leur  nation  malgré  elle  ?  Ne  cesserons-nous 
pas  de  leur  dire  :  Désespère  et  meurs  ;  despair  and  die  î  » 

M.  Alfred  de  Vigny  est  bien  bon  de  s'échauffer  la  bile  avec  le  public  ; 
comme  si  le  public  pouvait  comprendre  quelque  chose  à  son  beau  langage  ! 
J.  J.  (1)  connaît  bien  mieux  son  monde;  il  sait  bien  mieux  sur  quel  ton  il 

(1)  0  Grâce  pour  3.  J.  et  le  Journal  des  Débals!  »  me  crie  encore  mou 
libraire  effrayé.  Four  un  libraire,  c'est  être  bien  débonnaire. 

Il  est  vrai  qu'il  Cbt  dangereux  de  s'altaquer  à  plus  fort  que  soi.  J.  J.  et  le 
Journal  des  Débals  ont,  en  effet,  en  mains,  de  terribles  vengeances.  Mal- 
heur à  moi!  s'ils  voulaient  user  de  représailles. 

ISI.  J.  J.  et  le  Journal  f/e.ç  Débats  n'auraient  ,  par  exemple,  qu'à  se  pi- 
quer de  générosité,  et  ce  serait  comme  Pélion  sur  Ossa  ;  mon  pauvre  cœur 
ne  tiendrait  pas  sous  un  tel  fardeau  de  reconnaissance. 

Je  vous  en  prie,  M.  J.  J.,  et  vous,  Messieurs  du  Joarnsi\  des  Débats,  je  vous 
en  prie,  ne  soyez  jamais  ni  bons,  ni  obligeants,  ni  affables,  ni  justes,  ni 
véridiques,  ni  généreux,  ni  cléments,  ni  sages;  restez  toujours  ce  que  vous 
fûtes,  ce  que  vous  êtes,  afin  que  je  ne  suis  pas  obligé  de  vous  louer,  moi 
aussi.  Ce  serait  vous  venger  trop  perfidement,  trop  cruellement.  En  effet, 
tout  le  monde  me  jetterait  la  pierie,  tandis  qti'on  dirait  de  vous  :  ce  sont 
des  dieux,  de  vrais  dieux  en  chair  et  en  os. 

Donc  ,  je  vous  en  supplie  ,  restez  ce  que  vous  êtes  ;  car  ma  honte  serait 
trop  grande  si  j'en  étais  réduit  à  vous  admirer,  à  vous  rendre  hommage  ,  à 
m'agenouiller  devant  votre  gloire.  N'allez  pas  me  jouer  cet  indigne  tour, 
et  par  là  éclipser  encore  le  génie  de  Machiavel.  Ce  que  c'est  que  de  nous 
pourtant!  M.  J.  J.  et  le  Journal  des  Débats  n'auraient  qu'à  avoir  l'infer- 
nale idée  de  vanter  notre  travail  ,  de  faire  valoir  ce  fruit  de  nos  longues 
veilles,  de  solliciter  pour  nous  du  gouvernement  quelques  distinctions,  en 
récompense  de  nos  sacrifices ,  ou  tout  au  moins  les  moyens  d'achever  en 
paix  notre  grand  Dictionnaire,   et  le  tour  seiait  fait. 

Et  sur  qui  s'exercerait  désormais  l'humeur  un  peu  mordicante  de  votre 
très  humble  serviteur?  Sur  M.  Dechamps  de  Bruxelles?  Mais,  à  coup  sûr,  le 
sujet  n'en  vaut  pas  la  peine.  Sur  M.  Noël  ?  sur  M.  Landais?sur  M.  Planche? 
sur  M..  Henrion  ?sur  les  jésuites  ?  Mais  on  ne  frappe  pas  des  ennenris  à  terre. 


I  '•(•  GllA.MMAIKE  l'HANÇAfSE. 

J'aul  lui  parler.  Toujours  gai,  toujours  souriant,  il  l'allire  par  ses  lazzi,  ses 
jeux  de  mots,  ses  tours  de  passepasse  ;  il  lui  débite  ses  contes  borgnes, 
ses  balivernes;  il  l'enlace  dans  sa  phrase  ,  il  l'entortille  de  ses  replis,  de 
manière  à  étouffer  en  lui  tout  instinct  générenx  qu'une  voix  plus  haute  ten- 
terait d'y  faire  revivre  ;  il  poursuit  tranquillement  le  cours  de  ses  passes; 
il  dit,  en  prenant  sa  poudre  de  perlinpinpin  :  Ocus  bocus  tempora  bonus. 

Et  le  public  d'applaudir  à  ces  mots  magiques,  à  ces  tours  merveilleux  , 
s'enivrant  tout  un  jour  de  ce  bruit ,  de  cette  fumée,  de  cette  folie  ,  de  ce 
cynisme. 

Il  y  a  ainsi,  à  Vienne,  dans  chaque  cabaret,  dans  chaque  bastringue,  un 
bouffon  barbouillé  de  lie ,  qui ,  pendant  que  la  populace  s'enivre  de  bière  , 
lui  chante  des  refrains  cyniques  et  cherche  à  l'égayer  par  ses  grimaces  et 
ses  saillies.  Seulement ,  cette  populace ,  plus  intelligente ,  plus  poétique  que 
notre  public,  n'accueille  pas  avec  moins  d'enthousiasme  une  tirade  de 
Schiller  et  de  Gœthe. 

M.  Alfred  de  Vigny  a-til  oublié  de  quelle  manière  furent  accueillies  par 
Jules  Janin  les  belles  paroles  citées  plus  haut?  Jules  Janin,  pour  arrêter  les 
sympathies  du  public  ,  ne  trouva  rien  de  mieux  que  de  diffamer,  que  de 
calomnier  la  mémoire  de  Chatterton  ,  de  ce  jeune  homme  ,  mort  de  déses- 
poir, à  l'âge  de  dix-huit  ans.  Ce  seul  trait  peint  l'homme;  et  il  est  si 
odieux  ,  que  le  cœur,  paralysé  parle  dégoût  ,ne  trouve  à  lui  jeter  à  la  face 
que  le  mot ,  Mépris. 

Pour  ea  revenir  à  notre  cher  Iréma ,  n'oubliez  pas  que  sa  prin- 
cipale fonction  est  de  séparer  en  deux  syllabes  les  voyelles  combi- 
nées au,  ai,  ou,  oi,  et  qu'il  n'est  guère  qu'un  objet  de  luxe  sur  les 
mots  ïambe,  ïambique,  Israël,  et  même  perspicuïté,  qui  n'y  a  guère 
plus  de  droits,  en  effet,  qae  viduilc ,  ténuité,  swperfluité ,  perpé- 
tuité, ingénuité,  incongruité,  fatuité,  continuité,  annuité,  fluidité, 
fluide,  etc.  Donc,  à  moins  que  vous  ne  vouliez  justifier  à  mes  yeux 
l'opinion  que  semblent  avoir  conçue  de  vous  MM.Bescherelle,  Na- 
poléon Landais ,  Jules  Janin  (1) ,  etc.,  à  moins  que  vous  ne  soyez... 
(  a  Je  crois  qu'une  sottise  est  au  bout  de  ma  plume  »)  vous  n'écrirez 
plus  f\y\e  poème ,  poète,  goélette ,  goémon ,  goéland,  Israélite,  Noël, 

(1)  «Grâce  aussi  pour  Jules  Janin!»  me  crie  encore  mon  libraire,  en 
joignant  les  mains.  Par  dieu  !  M.  Jules  Janin  serait  bien  ingrat,  s'il  n'était 
touché  de  l'intérêt  profond  qu'il  inspire  à  mon  honorable  libraire.  Mais 
est-ce  que  M.  Jules  Janin  se  moque  de  ce  qu'on  peut  dire  de  lui?  «Le 
»  beau  mérite!»  s'écrie-t-il ,  «le  beau  mérite!  épiciers  que  vous  êtes ,  si 
»  moi  qui  ai  plus  d'esprit  que  vous  tous,  j'allais  m'inquiéter  de  vos  sifflets, 
»  de  vos  murmures!  Sidlez  donc,  c'est  ma  joie  !  Murmurez,  c'est  mon  en- 
»  vie!»   Après  une  déclaration  aussi  nette ,  comment  mon  libraire  peut-il 


t)ES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUEfi.  \^i\ 

théière,  eic.  Toute  réflexion  faite,  supprimez  aussi  le  tréma  des  mots 

Israël,  iamhe,  iambique,perspicuité. 

EXEMPLES  : 
Dites  que  je  n'ai  point,  an  chemin  de  la  vie , 
Fait  un  pas  sans  heurter  VégoUme  et  l'orgueil , 
Et  sans  voir  chaque  jour  une  étoile  ravie 
A  mon  beau  ciel  d'azur  qui  s'est  voilé  de  deuil. 
Dévoilez  tout  cela,  pour  qu'une  bouche  émue, 
A  vous  oii'ir  parler,  dise  :  11  est  malheureux; 
Et  qu'un  éclair  d'en  haut  les  frappe  et  les  remue 
Ceux  qui  m'ont  vu  ployer  quelquefois  devant  eux. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

De  trésors  inouïs  mine  toujours  féconde.  (I<t.  Ibid.) 

Le  front  de  Ddidha  s'abandonnant  à  lui, 
Renversé  sur  son  bras,  prit  son  cœur  pour  appui. 

(Lamartine.  ) 
Adonaï  n'est  plus;  le  peuple  qui  sommeille 
N'entendra  plus  d'en  bas  de  voix  qui  le  réveille.  (J'^-) 

Des  feuilles  de  ciguë  avec  des  violettes 

Se  mêlent  sur  son  front  aux  blanches  bandelettes. 

(Th.  Gautier.) 

Hélas!  Seigneur,  il  n'est  plus  personne  qui  se  souvienne  de  votre 
loi  divine.  Les  païens  et  les  idolâtres  sont  moins  éloignés  de  vous, 
Seigneur,  que  la  plupart  de  ceux  qui  font  profession  d'être  chré- 
tiens. C'est  pourquoi,  dit  Jésus-Christ,  «  Malheur  a  toi,  Corozaïm  ! 
malheur  a  toi,  Bethzaïde!  parce  que,  si  les  miracles  qui  ont  été 
faits  en  vous ,  avaient  été  faits  dans  Tyr  et  dans  Sidon ,  il  y  a  long- 
temps qu'elles  auraient  fait  pénitence  dans  le  sac  et  dans  la  cen- 
dre. »  (  L.  N.  Le  Lit^re  de  Tous.  ) 

Cdîn  bâtit  Hénochia ,  la  première  de  toutes  les  villes. 

Tubal-Cdîn  inventa  l'art  de  forger  le  fer. 

Les  descendants  de  Seth  eux-mêmes  se  mêlèrent  à  ceux  de  Caïrij 

vouloir  priver  M.  Jules  Janin  de  ce  qui  fait  sa  joie,  son  envie?  De  la  part 
de  mon  libraire ,  est-ce  bonté  ou  cruauté  ?  En  conscience,  je  l'ignore. 

Toutefois  je  veux  bien  lui  faire  une  fois  le  plaisir  de  louer  M.  Jules  Janin. 

Je  dirai  donc  que  M.  Jules  Janin  est  un  phénix.  Vous  riez,  messieurs  ! 
Mais  rien  n'est  plus  vrai. 

Oui,  M.  Jules  Janin  est  un  phénix  ;  car,  comme  le  phénix,  il  renait  de 
sa  cendre  fous  les  lundis. 


I  Î2  GRAMMAIRE  FR.VJNÇAISE. 

et  Dieu,  mécounu  par  les  hommes,  résolut  d'en  détruire,  par  une 
inondation ,  la  race  perverse. 

Les  Hébreux  étaient  haïs,  persécutés,  accablés  d'impôts  et  de 
travaux  pénibles,  lorsque  Dieu  fit  naître  Moïse,  qui  devait  être 
leur  libérateur. 

Il  y  a  trois  sortes  d'amis  :  les  amis  qui  vous  aiment ,  les  amis  qui 
ne  se  soucient  pas  de  vous,  et  les  amis  qui  vous  haïssent. 

De  la  C<^dille  (1). 

La  cédille  (  j)  est  une  petite  marque  en  forme  de  c  tourné 
de  droite  à  gauche,  que  l'on  place  sous  la  lettre  c,  quand 
elle  précède  un  a,  un  o,  ou  un  u,  pour  indiquer  qu'elle 
doit  être  prononcée  comme  un  5.  Garçon,  façade,  reçu. 

Par  ce  moyen,  dit  M.  Maugard  après  Boinvilliers,  le  dérivé  ne 
perd  pas  la  lettre  caraclérislique,  et  conserve  ainsi  la  marque  de 
son  origine.  Façade  et  glaçon,  par  exemple,  venant  de  face  et  de 
glace,  il  est  naturel,  continue  Boinvilliers,  de  les  écrire  avec  un  c 
plutôt  qu'avec  un  s.  De  même ,  Français  (2)  vient  de  France;  nous 
effaçons,  tu  reçus,  il  annonça,  viennent  de  effacer,  recevoir,  an- 
noncer. Dans  ces  trois  derniers  mots ,  la  cédille  remplace  un  e  muet 
qu'on  a  supprimé  ;  car  on  écrivait  autrefois  nons  effaceons ,  tic  re- 
ceus,  ilannoncea,  comme  on  écrit  encore  gageure,  il  mangea, 
nous  changeons,  afin  d'adoucir  de  même  le  son  du  g  devant  a,  o,  u. 

Ainsi  donc,  règle  générale,  tout  c,  qui,  dans  le  mot  pri- 
mitif, précède  un  e,  prend,  dans  tous  les  dérivés,  la  cé- 
dille devant  a,o,u.  Trace  ,  tracer  :  Nous  traçons,  je  traçai, 
traçoir^  etc.  Recevoir  :  Je  reçus,  tu  reçus,  etc. 

Annoncer.  Un  ange  annonça  a  la  Vierge  le  mystère  de  l'incar- 
nation. 

(1)  De  l'espagnol  cedilla,  pelitc,  selon  Dumarsais  ;  car  les  Espagnols  ont 
aussi,  couinie  nous,  le  csans  cédille,  et  lec  avec  cédille  (c  con  cedilla),  dont 
ils  font  le  même  usage  que  nous-niêiiies. 

(2)  Nos  ancêtres  écrivaient  Franczois,  leczon,  faczon,  etc.  Ils  déplacèrent 
ensuite  le  z,  le  mirent  sous  le  c  en  le  diminuant  de  grandeur  ;  et,  du  mot 
zède,  ils  firent  le  diminutif  cerfiV/c  ou  cédille. 

(  Un  Oramniairicn.  j('  ne  sais  lequel.  ) 


DES  SIGNES  ORTIlOGRAPHlQtJES.  145 

Avancer.  Tel  se  montra  toujours  riant  aux  yeux  du  monde,  dont 
le  chagrin  mmuça  la  mort . 
S'efforcer, 

En  vain  il  s'efforça  de  vaincre  sa  douleur. 

Effacer.  Elle  effaçait  par  sa  beauté  toutes  les  autres  femmes. 

Enfoncer.  II  y  a  plusieurs  enfonçurcs  dans  le  pavé  de  cette  rue, 
dans  le  parquet  de  cette  chambre. 

«  Mes  vassaux  ne  s'asseyent  ni  ne  se  couvrent  jamais  devant  moi,  » 
disait  ûèrement  un  grand  seigneur  au  poète  Bret.  «  Corbleu  !  »  ré- 
pliqua le  poète,  en  enfonçant  son  chapeau  sur  les  oreilles  et  se  je- 
tant jusqu'au  cou  dans  un  grand  fauteuil ,  «  ces  gens-la  n'ont  donc 
ni  cul  ni  tête!  » 

Concevoir.  Un  bon  cœur  ne  conçoit  pas  l'égoïsme;  tel  était  le  sien. 

Recevoir.  On  demandait  a  un  huissier  comment  il  avait  été 
reçu  dans  une  maison  oùil  s'était  présenté  pour  saisir.  «  Comment!» 
répondit-il,  «  on  a  voulu  me  faire  manger.  »  Il  avait  manqué  d'être 
dévoré  par  deux  gros  chiens  qu'on  avait  lâchés  contre  lui. 

Ainsi  la  cédille  est  principalement  destinée  à  conserver  au 
c  le  son  doux  devant  a ,  o,u,  dans  les  dérivés  des  mots  en 
ce,  cer,  cevoir.  Cela  est  assez  clair,  ce  me  semble  pour  qu'il 
ne  soit  pas  nécessaire  d'y  revenir ,  à  propos  des  verbes  en 
cer  et  en  cevoir. 

La  cédille  ne  figure  sous  le  c,  dans  les  mots  primitifs, 
que  dans  la  terminaison  des  substantifs  suivants  : 


Alençon ,  vuie. 

Arçon  de  U  selle. 

Besançon ,  viiie. 
Briançon ,  ville. 
Caleçon. 
Eslramaçon ,  sorte 


Êlançon  ,  pièce    de 
bois  pour  soutenir. 

Façon. 

Garçon. 

Hameçon. 


Leçon. 
Maçon. 

Palançons  ,  mor- 
ceaux de  bois  qui  re- 
tiennent les  torchis, 

Poinçon. 


Dérivés  des  mots  ci-dessus  : 


AUnçonnats, 
Désarçonner. 
Besançonnais . 
Briançonnals. 


Eslramaçonncr, 
Etançonner. 
Façonner. 
Façonnier. 


iGarçonnlèrc. 
\  Maçonna  f;e. 
\Maçon7icr. 
\  Maçonnique. 


Séneçon. 
Soupçon. 
Rançon. 
Tronçon. 


Rançonner. 
Soupçonner. 
Soupçonneux, 
Tronçonner. 


Caparaçon,  glaçon ,  limaçon,  colimaçon,  pinçon  et  suçon, 


4  44  GUAMMAIRE    FRANÇAISE. 

ne  sont  pas  des  primilifs,  mais  simplement  des  dérivés  de 
caparace  ,  glace ,  limace ,  pincer ,  sucer. 

Chacun  trouve  ssl  façon  de  penser  la  meilleure. 

La  façon  de  donner  vaut  mieux  que  ce  qu'on  dounne. 

(T.  Corneille. ) 
Je  ne  prise  pas  trop  ce  prétendu  bon  goût 
Qui  biffe  sous  ma  plume  une  image  un  peu  vive 
Où  d'un  vers  sans  façon  l'allure  trop  naïve  , 
Voulant  fourrer  la  règle  et  toujours  et  partout. 

(Adbieh  Lemay.) 
Soyez  plutôt  maçon,  si  c'est  votre  métier,  (Boileau.) 

Mon  ami  de  la  Merlière  disait  a  un  garçon  de  café  qui  nous  ser- 
vait mal  :  «  Il  faut  vous  marier.  —  Pourquoi  cela  ?  —  Parce  que 
vous  n'êtes  pas  fait  pour  rester  garçon.)) 

Le  soupçon  d'un  malheur  incertain  fait  souvent  une  impression 
plus  funeste  que  la  certitude  d'un  malheur  arrivé.    (Shakspeare.  ) 

La  femme  de  César  ne  doit  pas  être  soupçonnée.       (Auguste.) 

On  écrit  encore  par  un  ç  cédille  les  mots  :  çà  ,ça ,  deçà. 

Hors  des  cas  indiqués  ci-dessus ,  le  c  ne  remplace  jamais 
l's  (1)  devant  a ,  o,  u.  Ainsi  l'on  ne  sera  plus  embarrassé 
d'écrire,  par  exemple,  sable ^  sacrilège,  salon,  sanglier, 
soif,  son,  sortir,  soufre ,  consacrer ,  consommer,  consumer, 
chanson  ,  boisson  (2)  ,  etc.  ,  etc. 

Si  le  c  sonne  doux  devant  la  voyelle  composée  au,  dans 
quelques  substantifs  de  cette  désinence ,  c'est  qu'elle  y  est 
toujours  précédée  d'un  e  étymologique  (3). 

(1)  L'ancienne  dénomination  des  lettres  est  permise,  chaque  fois  qu'il 
s'agit,  comme  ici,  d'éviter  la  confusion  ,  ainsi  que  dans  certaines  locutions 
consacrées  ou  proverbiales. 

(2)  Naturellement,  entre  deux  voyelles,  le  «  se  redouble  pour  ne  pas 
tomber  au  ton  du  z. 

(3)  On  disait  autrefois joi/i^cnct/,  scel,  fournel,  cliapel,  castcl,  manlel,  etc., 
terminaison  bien  plus  claire  et  bien  mieux  sonnante  à  l'oreille.  Les  gram- 
mairiens ont  fait  de  la  langue  ce  que  les  hommes  de  l'art,  comme  les  ap- 
pelle Victor  Hugo ,  ont  fait  de  l'architecture.  11  lui  ont  fait  subir  toutes 
sortes  de  dégradations,  de  mutilations  et  de  restaurations  déplorables.  Non 
contents  d'avoir  supprimé,  de  par  le  bon  goût,  une  foule  de  vieux  mots 
naïfs  et  pittoresques  que  rien  ne  remplace,  ils  ont  substitué  partout  des  dé- 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  ^45 


Arceau  de  voûte. 

Jouvenceau. 

Pinceau. 

Souriceau  (1) ,  pe- 

Berceau. 

Lionceau. 

Ponceau. 

tit  d'une  30un3. 

Cerceau. 

Monceau. 

Pourceau. 

Faisceau. 

Morceau. 

Sceau. 

Mais  où  donc  prenez-vous  ces  magiques  couleurs, 
Qui,  sous  voire  pinceau,  font  resplendir  les  fleurs  ? 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 
Grâce  encore  une  Fois!  grâce  au  nom  de  la  tombe  ! 

Grâce  au  nom  du  berceau  !  (Victor  Hugo.) 

Partout  ailleurs  on  écrit  seau  ou  sau  :  arbrisseau ,  bé- 
casseau, boisseau,  Rousseau,  ruisseau  ,  tasseau,  trousseau, 
vaisseau,  vermisseau,  verseau,  assaut,  saut,  sauter, 
sauver,  etc .  Amonceler  est  un  dérivé  de  monceau ,  comme 
ruisseler,  de  ruisseau  ,  etc . 

Reste  l'immense  difficulté  de  distinguer  le  c  de  Vs  de- 
vant e,  i  et  y,  où,  sans  le  secours  de  la  cédille,  il  sonne  tou- 
jours doux.  Nous  ne  terminerons  pas  ce  chapitre  sans  avoir 
tenté  quelques  efforts  contre  cet  obstacle  énorme ,  contre 
cette  montagne  à  percer.  0  poésie,  poésie  de  mon  âme, 
que  deviens-tu  ! 

Le  c  ne  précède  Ve  muet,  au  commencement  des  mots, 
que  dans,  ce,  ceci,  cela,  celer,  déceler ,  celui,  iceluî ^  cepen- 
dant, cerisier,  cerise.  Ainsi  l'on  ne  sera  pas  embarrassé 
d'écrire  semence,  ensemencer^  secourir,  etc.  Il  le  précède  or- 
dinairement à  la  fin  des  mots,  excepté  dans  les  cas  suivants  : 

sinences  voilées  aux  désinences  sonores  et  harmonieuses,  comme  les  archi- 
tectes ont  substitué  aux  dentelles  gothiques  les  chicorées  de  Louis  XV. 

Horrible  travail  d'élagueurs,  qui,  pour  tailler,  selon  toutes  les  règles 
de  l'art,  de  correctes  arcades  dans  un  massif  de  marronnieis,  en  retran- 
chent impitoyablement  les  parties  les  plus  saillantes,  les  plus  belles,  les 
plus  harmonieuses,  et,  d'un  tout  magnifique  qui  charmait  par  sa  grandeur, 
par  sa  variété  ,  par  son  éclat,  par  la  richesse  infinie  de  ses  détails,  par  les 
mille  façons  splendides  dont  s'y  développait  l'intarissable  fantaisie  de  la 
nature,  finissent  par  faire  quelque  chose  d'étriqué,  de  mesquin  et  de  ri- 
dicule. 

Celtes,  la  nature  est  plus  belle  sur  les  hauteurs  inégales  et  raboteuses 
de  Mbdling  que  dans  les  plates  et  uniformes  albes  de  Schonbrunn. 

Chose  monstrueuse!  Molière  et  La  Fontaine  cessent  d'être  intelligibles 
et  ont  besoin  de  commentaires.  Les  voilà  déjà  aux  mains  des  bourreaux. 

(1)  Cette  orthographe  est  irrégulièrc.  Il  faut  écrire  sourisseau,  sourissière, 
de  souBis,  comme  on  écrit  vermisseau,  du  latin  vcrnùs. 

1.  II.  19 


^46 


GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 


-SER.     Écrivez  par  s  tous  les  verbes  en  ser  (1),  moins 
ceux  en  incer  ,  oncer,  orcer,  etles  suivants  en 


-acer 

-occr 

-ercer 

-îcer 

-aucer 

-iicer 

-oncer 

J agace. 
Je    contu- 
mace. 
— efface. 
— espace. 
— grimace. 
— glace. 
—  lace. 
— menace. 
— place. 
— trace. 

—  acquies- 

ce. 

—  apièce. 
— dépèce. 

—  berce, 
—exerce, 
—gerce. 
— perce. 

—  tierce. 

— épice. 
—  immisce 
— police. 

—  exauce. 
— sauce. 

— épuce. 
—suce. 

— courrou- 
ce. 

Parmi  ceux  en  ancer,  il  n'y  a  que  les  huit  suivants  qui 
s'écrivent  par  s  :  je  danse,  je  dépense,  je  dispense,  y  encense, 
i'ojfense,  je  danse,  ]&  pense,  je  recense. 

Écrivez  encore  par  s  le  présent  du  subjonctif  des  verbes 
«n  ir  et  autres  et  l'imparfait  du  subjonctif  de  tous  les  verbes. 
Que  je  finisse.  Que  je  puisse.  Que  j'amasse.  Que  je  tinse, 
que  je  reçusse,  que  je  rendisse. 

De  même,  les  noms  suivants  en 


-asse 

-aise 

-anse 

-arse 

La  basse. 

La  crasse. 

Liasse  de  pa- 

La terrasse. 

La  valse. 

Lesaccenses 

La  darse  de 

La  bécasse. 

La  crevasse. 

piers. 

La  villasse. 

Il  acense. 

Marseille. 

Bonasse , 

Ls  cuirasse. 

Elle  est  lasse 

Anse. 

Eparse. 

trop  bon. 

Culasse    de 

Une    masse 

' 

La  censé. 

Le  tarse. 

La  brasse  , 

fusil. 

informe. 

La  danse. 

Tbarse  , 

mesure. 

Des    échas- 

Mollasse. 

La  défense. 

ville. 

La  calebas- 

ses. 

La  nasse. 

Corps  dense 

se. 

Femme  graS- 

Paillasse. 

La  dépense. 

La  carcasse. 

se. 

La  paperas- 

La dispense. 

La    casse , 

La  filasse. 

se. 

La  ganse. 

plante,  peine 

Grasse, ville 

Le  Parnasse 

La  hanse. 

militaire. 

Lhommas- 

La  passe. 

Lesimpenses 

La  chasse 

se. 

La  pinasse , 

Immense. 

(2). 

Dneimpasse 

bâtiment. 

Intense. 

La  châsse. 

Lavasse. 

La  potasse. 

La  mense. 

La  classe. 

d'eau. 

Sa  van  tasse 

voe  offense. 

Cocasse , 

Le  Tasse. 

La  panse. 

plaisant. 

La  tasse. 

La  transe. 

i 

(1)  On  conçoit  qu'ici  il  ne  faut  avoir  égard  qu'au  son ,  non  à  la  manière 
dont  il  est  représenté. 

(2)  Nous  soulignons  ainsi  quelques  mots  qui  font  en  quelque  sorte  double 
emploi,  étant  déjà  compris  implicitement  dans  la  première  exception,  for- 
mée par  les  verbes.  Chasse,  chasse,  crevasse  ,  passe,  substantifs,  doivent  , 
en  effet,  naturellement  s'écrire  par  s  comme  les  verbes  chasser,  enchâsser , 
crevasser,  passer. 


-ESSE. 


-ISSE. 


Héiuorroïsse. 

Pelisse. 

Cirse. 

Jectisses. 

Vythonisse. 

ïhyrse. 

Éclipse. 

Jociisse. 

Réglisse. 

Lisse. 

Saucisse. 

Ellipse. 

Eau  de  mélisse. 

Suisse. 

Gypse. 

Narcisse. 

Ulysse. 

Cariopse 

■OSSE. 


-USSE. 
OUSSE. 


DES    SlGiNES    OUTHOGKAPHIQUES.  I  '«" 

Écrivez  de  même,  pars  tous  ceux  en  esseeiaisse,  moins 

ESPÈCE,  FÈCES,  GrÈCE,  LuTÈCE  ,  MÈCE,  PIÈCE,    VESCE  ;  ainSÎ 

que  les  suivants  en  erse:  herse.  Perse,  et  tous  ceux  en 
verse:  fortune  adverse,  sœur  converse,  etc. 

Écrivez  de  même  par  s  les  suivants  en  me  et  irse ,  et 
tous  ceux  en  %'pse,  opse  : 

Coulisse. 

Éclisse. 

Écrevisse. 

Esquisse. 

Drisse. 

Génisse. 

Écrivez  de  même  par  s  tous  ceux  en  osseetausse,  moins 

ATROCE,  FÉROCE,  NÉGOCE,  NOCE ,  PRÉCOCE ,  SACERDOCE, 

Beauce,  sauce;  ainsi  que  les  suivants  en  onse  et  orse  : 
Alphonse,  réponse,  Corse,  entorse,  torse,  morse. 
Écrivez  de  même,  par  s,  aumusse. 
Écrivez  de  même ,  par  s  tous  ceux  en  ousse  et  ourse, 
moins  Douce,  pouce,  source  et  ressource,  ainsi  que 
tous  ceux  en  oisce. 

Ainsi ,  à  part  les  cas  exceptionnels  ci-dessus ,  le  c  ter- 
mine le  muet  final.. 

Cette  terminaison  une  fois  connue,  l'orthographe  des  dé- 
rivés et  des  composés  ne  causera  plus  aucun  embarras,  si 
grand  qu'en  soit  le  nombre.  On  pourra  même  remonter 
souvent  jusqu'au  primitif,  comme,  par  exemple,  de  cade- 
nasser, passer ,  trépasser,  embrasser,  à  cadenas,  pas  ,  tré- 
pas, BRAS. 

CE 
j'AGiCE.       Àf^nçant ,  a^aceriCf etc. 
j'effacë.      Effaçuble,  efj'açure. 
jeGBiMACE   Grimaçant  ,  grimacier. 
je  GLACE.      Glacial ,  glacier. 
je  LACE.       Enlacer,  entrelacer,  la- 
cis,  lacet,  lacs. 
je  place.      Déplacer,  remplacer. 


SE 

je  BBASSE. 

Brasserie,  brasseur,  em- 

brasser, brasselet{i). 

bras. 

Chasse. 

Chasseur. 

Châsse. 

Enchâsser ,  châssis. 

Passe. 

Passant,  passementier, 

repasser,  pas. 

(1)  On  n'écrira  plus  bracelet ,  ce  mot  étant  dérivé  de  bras,  ni  Monceau , 
ce  mot  étant  dérivé  du  Mans,  ville.  «La  ville  du  Mans  !  disait  un  Manscau 
à  un  Parisien,  voilà  un  vrai  pays  de  Cocagne!  » 


ÎS 


je  TBACB. 
J'APIÈCB. 
je  BERCE. 
jEXERCB. 
j'ÉPICE. 
je  SAUCE, 
je  BALANCE. 
je   HKWOKCB 

Mince. 

Pbinck. 

Province, 

Espèce. 

Artifice. 

Avarice. 

Caprice. 

Délice. 

Malice. 

Milice. 

Nourrice. 

NovicB. 

Office. 

Patrice. 

Préjudice- 

Vice. 

Atroce. 

Féroce. 

Négoce,  ,, 

Précoce. 

DoucB. 

Source. 


GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 


CE 

Traçant,  retracer. 

Baplccer,  rapiécetage. 

Berceau,  bercement. 

Exercice. 

Epicerie,  épicier. 

Saucière,  Saucisse. 

Batancelle,  balancier. 

Renonciation. 

Amincir, 

Principauté,  principe, 

Prorinelal. 

Spécial,  spécialité. 

Artificiel. 

Avaricieux. 

Capricieux. 

Délicieux. 

Malicieux. 

Milicien. 

Nourricier. 

Noviciat. 

Officier,  officiel. 

Patricien. 

Préjudiciable. 

Vicier,  vicieux. 

Atrocité. 

Férocité. 

Négocicmt,  négocier. 

Précocité. 

Douceur,  adoucir,  dou- 

cir,  dulcifier. 
Sourcier.  Etc. ,  elc. 


Entasser,  tas. 

Blessure. 

Confession ,  confesseur. 

Caressant. 

Messie. 

Ravissement,  ravisseur. 

Obéissance. 

Embellissement. 

Endurcissement. 

Engourdissement . 

Evanouissement. 

Dépérissement. 

Rôtisseur ,  rôtissoire. 

Rouissage. 

Valser. 

Défensive ,  défenseur. 

Immensité ,  dimension. 

Intensité. 

Transi,  transis  sèment. 

Adversité. 

Conversion. 

Bouleversement,  version 
diversion. 

Ellipsoïde. 

Brossaillcs,  brossier. 

Colossal. 

Dossier ,  dos . 

Grossir,  grosseur,  gros. 

Fossé,  fossette,  fossile. 

Torsade,  torsion,  con- 
torsion. 

Rousseur  ,  roussette. 

Retrousser,  retroussis  , 
détrousseur. 

Boursier  ,  boursiller  , 
bouvsette,  rembourse- 
ment. 

Coursier,  coursive,  pré- 
curseur, incursion. 

Ourson,  ours.  Etc.,  etc. 

Les  dérivés  en  tiel  et  tion ,  changent  le  c  en  t ,  excepté 
SUCCION  (1)  :  essentiel,  ohédientiel,  'pestilentiel ,  substantiel , 
consubstantiel ,  consubslantialité,  punition.  Il  en  est  de  m^'me 
des  dérivés  de  propice  :  propitialion ,  propitiatoire. 

Nous  allons  tout  de  suite  indiquer  les  cas  où  le  t  entre 
en  concurrence  avec  le  c  et  l's  et  même  Vx. 


je  TASSE. 
je  BLESSE. 
je  CONFESSB. 

Caresse. 
Mbsse. 

Que  je  ravisse. 

OBÉISSE. 

EMRELLISSE. 

ENDURCISSE. 

ENCOCBDISSB 

ÉVAKdUlSSE. 

PÉRISSE. 

RÔTISSE. 

ROUISSE. 

Valse. 

Défense. 

Immense. 

Intense. 

Transe. 

Adverse. 

Converse. 

je  verse. 

Ellipse. 

Brosse. 

Colosse. 

j'endosse. 

Grosse. 

Fosse. 

Torse. 

Rousse. 
Trousse. 

Bourse. 

Course. 
Ourse. 


(1)   II  serait  plus  rationnel ,   ce  me  semble,   d'écrire  et  de  dire  simple-, 
ment  sucion. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES, 
I. 


-TIOIV  Le  t  représente  le  son  de  \!s  dans  les  mots  en  tion  (1): 
ablution,  nation,  condition,  etc.;  excepté  dans  ceux 
qui  se  terminent  par 


.accession . 
Agiesssion. 
Cession. 
Compression 
Concession. 
Confession. 
Succession. 
Etc. ,  etc. 


Admission. 
Coramission. 
Démission. 
Intermission 
Mission. 
Omission. 
Etc. 


version  , 

mer  sien, 

-persion. 


Aniinndi'er- 

Sion . 
.\ version . 
Conversion. 
Immersion. 
Suhmersion, 
Aspersion. 
Dispersion. 

Etc. 


-  vulsion, 

-  torsion. 


Concnlsion. 
Révulsion. 
Expulsion. 
Impulsion. 
Contorsion. 
Extorsion, 
lié  lors  ion. 
Etc. 


•  cussion, 
■jtission  , 


Concussion  , 

Discussion, 

Percussion, 

Répercussion 

Jassion , 

Fiiiéjussion. 


•préhension^ 
■pension  , 


Appréhension 
Compréhen- 
sion. 
Réprélieusion 
Expansion, 
Pension. 
Propension. 
Suspension. 


Ascension. 
Descension  • 
Dissension. 


-  nexion  , 

-  flexion , 
-fluxion. (j2 


Annexion. 
Connexion. 
Réflexion  , 
Inflexion  , 
Génuflexion. 
Fluxion . 


Exceptez  aussi  les  suivants  :    Dimension  ,  tension , 
passion ,  compassion ,  complexion ,  jncursion  (3) ,  scion , 

scission,    Sion  ,   viWe,  succion,  Ixion,    nom  propre. 

(1)  Encore  une  fois  n'ayez  égard  ici  qu'au  son,  non  aux  lettres. 

(2)  Impossible  à  ceux  qui  ne  savent  pas  que  la  langue  française  n'e&l 
que  la  langue  latine  plus  ou  moins  altérée  ,  de  se  rendre  raison  de  ces 
dififérences  orthographiques.  Une  jeune  dame ,  fort  spirituelle ,  fort 
instruite  et  surtout  parfaitement  initiée  à  la  grammaire  de  MM.  Noeî 
et  Chapsal  ,  me  disait  dernièrement:  o  Pourquoi  écrit-on  oc/i'on  avec 
un  t ,  immersion  avec  une  «  et  réflexion  avec  une  x?  «  Question  toute 
naturelle  que  fera  toute  personne  étrangère  aux  origines  de  la  langue. 
Action  vient  du  latin  actio,  immersion  de  iumersio,  réflexion  de  ee- 
FLBXio.  Aclio ,  immersio,  reflexio ,  dérivent  eux-mêmes  des  supins  ac- 
titm,  immersum,  reflextim.  Il  en  est  ainsi  de  tous  les  autres.  Or,  quelle 
figure  les  mots  fiction ,  réflexion  ,  feraient-ils  dans  une  phrase  ,  je  vous 
le  demande,  si ,  suivant  le  système  de  ceux  qjii  veulent  qu'on  écrive 
comme  on  prononce,  on  les  écrivait  en  effet  de  la  sorte  :  Àksion,  rè- 
fleksion?  J'espère  que  ce  système  absurde  est  abandonné  sans  retour, 
et  que  personne  ne  s'avisera  plus  de  vouloir  nous  y  ramener.  D'un  au- 
tre côté,  l'exemple  invoqué  ici  prouve  quelle  importance  il  faut  atta- 
cher à  l'étymologie.  Aussi  est-ce  avec  raison  que  l'on  fait  un  crime  à 
l'Académie  d'avoir  négligé  cette  partie  essentielle. 

(3)  Incursion  peut  être  considéré  comme  un  dérivé  de  course,  en 
latin  ciiBsi's,  du  supin  cursum.  En  général,  c'est  du  supin  que  se  for- 
ment les  substantifs  latins  dérivés  des  verbes. 


I  .'iO 


<;UAiMMAlUE  FUAACAISE. 


DÉRIVÉS    DES    MOTS    EN    HoU    ET    siOTl . 


Action. 
Ambition. 

Exception. 

FoPiCTION. 

Nation. 

Pétition. 

Pbopobtion, 

Station. 


Aclionnaire,  actionner 

Ambitieux,  ambition- 
ner. 

Exceptionnel. 

Fonctionnaire. 

National,  naiionalitc. 

Pétitionnaire. 

Proportionne,  dispro- 
portionné. 

Stalionnaire,  station- 
ner. Etc. ,  etc. 


Accession.     Accessible,  accessoire. 

Agbession.     Af^resseiir. 

Mission.         Missionnaire,  missive. 

Diversion.     Diversifier,  diversité. 

Dispersion.    Disperser. 

Rkpercussion  Répercussif. 

Révulsion.     Révulsif. 

Pension.  Pensionnaire,  pension- 
nat. 

Passion.  Passible,  passif.  Etc., 

etc. 


II. 

-TIE  Le  t  représente  de  même  le  son  de  Vs  dans  les  sub- 
stantifs en  tie  :  Facétie,  prophétie,  etc.^  excepté  dans 
les  suivants  : 


Chassie  , 

Circassie,  contrée; 

Messie , 


Russie  ,  contrée; 

Vessie , 

ClllCie  ^    contrée  ; 


Diœcie  , 

Lycie  ,  contrée  ; 

Ph.Trniacie  , 


Pbénicic,  contrée; 

Superficie  ; 


excepté  encore  dans  tous  ceux  ,■ — moins  ineptie  et  inertie, 
— où  cette  terminaison  est  précédée  d'une  autre  consonne  : 


Apoplexie  (1), 
Asphyxie  , 
Ataxie , 


Orthodoxie , 
Catalepsie  , 
Epilepsie  , 


Chiromancie  (2), 
Esquinanrie, 

Murcie  ,  contrée  ; 


Porcie,  nom  propre 
Turcie,  chaussée  de 
pierre. 


Dérivés  5  Facétieux ,  chassieux ,  Circassien,  pharma- 
cien, chiromancien,  etc. 

III. 

-TIEL      ^'*  ^  ^^ï^  V"  ^ue  les  dérivés  en  ence  (3) ,  par  c,  changent  ce 

c  en  t  devant  les  désinences  iel ,  iaire  ,  ial  :  Confidence^  — 

Confidentiel,   confidentiaire  ;  péttitence,  —  pénitentiel  , 

pénitentiaire  ,  pénitentialx;  sapience  ,  —  sapientiaux,  etc. 

Mais  le  c  se  conserve  devant  toute  autre  terminaison  :  con- 


(1)  L'a;  représente  deux  consonnes,  puisqu'elle  l'ait  entendre  les 
sons  du  h  et  de  l's. 

(2)  li'n  de  la  voyelle  nasale  ,  quoique  partie  essentielle  de  cette 
Voyelle,  ne  laisse  pas  d'être  dans  l'écriture ,  considérée  comme  une 
consonne  distincte.  Sans  cela  on  prononcerait  conzonne  et  non  pas 
consonne. 

(3)  Faites  bien  atlcnliun  qu'il  ne  s'agil  que  des  motscncHff,  p;u'c«. 


DES   SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES.  451 

sciencîeux ,  licencieux^  licencier,  licenciement^  sentencieux ^en- 
tencier^  silencieux ^  réi^érencieux,  différencier. — Différentier, 
par  t,  dérive  de  différent,  non  de  différence;  et  c'est  par  la 
qu'il  se  disUngue  de  son  lioraonyme  ou  paronyme.  Toutefois  la 
nuance  est  si  délicate  que  plusieurs  écrivent  différencier  dans 
l'une  et  l'autre  acception  de  ce  mot. 

En  général,  excepté  dans  e^^/Vu,  captieux,  elles  mots  qui 
dérivent  d'une  terminaison  par  s  ou  par  t ,  comme  chassieux , 
ambitieux,  dévotieux,  c'est  le  c  qui  fait  siffler  la  diphthon- 
%\\Q  ieux  :  Judicieux,  précieux, pernicieux,  deux,  etc.  —  Dé- 
rivés ou  primitifs  :  Judiciaire  ,  préciosité  ,  ciel ,  etc. 

Moins  Carnassier,  cognassier,  finassier,  mégissier^ 
peaussier,  poussier,  poussière,  plumassier,  balbutier, 
initier,  différentier,  et  les  dérivés  caissier,  grossier,  etc., 
les  noms  de  cette  terminaison  s'écrivent  de  même  avecc: 


Acier, 

Chevecier , 

Mercier , 

Sorcier. 

Associer, 

Dacier,  non  propre 

Remercier  , 

Vicier.  Eto 

se  Soucier, 

Foncier , 

Pénitencier, 

Dérivés  ou  primitifs  :  Aciérer,  aciérie,  association, 
société,  social,  soucieux,  insouciant,  souci,  mercerie, 
remerciement,  merci,  sorcèlerie,  ensorceler,  désensor- 
celer, etc.  — Ajoutez-y  cierge  et  concierge.  Introduisez-y 
encore  fiduciaire,  du  latin  fiducia. 

IV. 

-TIAL  Le  t  représente  aussi  le  son  de  Y  s  dans  les  mots  en 
liai  qui  ne  viennent  pas  de  primitifs  en  ce  ou  se.  Abba- 
tial ,  initial,  martial,  nuptial,  partial,  primatial.  Dé- 
rivés :  initier,  initiation,  initiative ,  partialité  ,  partiel , 
paritaire,  etc. 

Mais  on  écrit  Bénéficiai,  commercial,  facial, fécial,  glacial, 
officiai ,  paroissial ,  provincial ,  social ,  spécial ,  équinoxial ,  a 
cause  de  Bénéfice,  commerce  ,  face ,  glace ,  office ,  paroisse , 
province  ,  associer  ,  espèce  ,  équinoxe. 


I  :>2 


GRAMMAIttE  FRANÇAISE. 


V. 

-TIUS,  Le  t  représente  également  le  son  de  Vs  dans  la  plu- 
-TIEIV,  part  des  noms  propres  en  tins,  tien,  tium  :  Curtius, 
-TltM.  Grotius  ,    Helvétius  ,  HoRATius,  Martius,   Sulpitius, 

Béotien,   Capétien,  Dioclétien,   Domitien,   Égyptien, 

Titien,  Vénitien,  Latium. 

Mais  on  écrit  par  c  : 


Confucius  , 
Fabricius, 
Luciiis, 


Lucien , 
Marcien, 
Fabricicn , 


IFéliciett , 
Alsacien  , 
Languedocien , 


Lycien, 
Pliénicien  . 
Prussien, 


à  cause  de  Fabrice ,  Félix ,  Luc  ,  Marc ,  Alsace  ,  Languedoc , 
Lycie  ,  Phénicie  ,  Prusse. 

Tous  les  autres  mots  de  cette  dernière  terminaison 
(  moins  sien,  Circassien,  Prussien,  paroissien,  parnas- 
sien ,  et  persienne  ) ,  s'écrivent  par  c  .* 


Ancien  , 
Logicien  , 
Magicien, 


Mathématicien, 
Mécanicien  , 
Musicien , 


Nécromancien . 
Opticien  , 
Praticien, 


Platonicien, 
Praticien, 
Stoïcien,  etc.,  etc. 


Ajoutez-y  Escient,  efficient  et  faciende. 

VI. 

Enfin  le  t  représente  encore  le  son  de  ïs  dans  les 
mots  suivants  et  leurs  dérivés  : 


Balbutier  , 
a  fortiori, 

Gentiane,  plante, 

GbATIOLK  ou  Herbe 
à  pauvre  honune. 


Miltiade, 

NlCOTI  ANE  ou  Tabac 

Patient, 
Pétiole, 
Quotient, 


Rationnal, 
Rationnel, 

RétIAIRE,    gladia- 
teur , 

Satiété  , 


Spartiate  , 
Tortionnaire. 


Dérivés  :  Balbutiement,  patience,  patiemment, patienter^ 
impatient,  impatience,  impatiemment,  impatienter,  pé- 
tiole ,  insatiable. 


Voila  donc  tous  les  cas  où  le  x  remplace  le  c ,  l's ,  ou  l'x. 
Mais  nous  ne  sommes  pas  au  bout  de  notre  tâche.  Il  reste  en- 
core bien  des  difficullés   a  résoudre  ,  difficultés  non  moins 


DES    SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES.  -155 

formidables,  non  moins  iiérissées  qu'un  feuilleton  do  J.  J.,  ol 
que  j'ose  pourtanl  de  même  attaquer  de  front. 

En  avant  ,  niarclions 
-  Contre  leurs  canons  , 
A  travers  le  fer,  le  feu ,  les  bataillons, 

Courons  à  la  victoire.  (  ^i.v.  ) 

VII. 

nu  DOUBLE  SON  ks . 

Le  double  son  ks,  devant  e  et  i,  se  représente  de  cinq 
manières,  savoir  :  es  ,  ce ,  xCy  et,  œ, 
es      Le  son  de  l's  après  celui  de  k  n'est  représenté  par  son 
signe  propre  que  dans  tocsin. 
VIII. 
ce      Écrivez  par  ce,  après  un  a  ou  un  o  initial  :  —  accès, 
OCCIDENT,  etc.  ^  excepté  dans  les  mots  suivants  : 


Axe  , 

Axiome , 

Auxiliaire  , 

Oxyniel , 

Axillaire  , 

Axonge, 

Oxycrat , 

Oxyde ,  et 

r.ve=   (1). 

ses  dé 

Écrivez  de  même  ce  après  la  syllabe  initiale  su  : 
SUCCÈS,  SUCCESSION,  etc. 

Ecrivez  encore  par  ce  les  mois  Baccifère  ,  buccin  , 
COCCYX,  ECCE  HOMO,  FLACCIDITÉ,  VACCIN,  et  leurs  dérivés 

BUCCINATEUR,  VACCINER,  etC. 

IX. 

XC  Écrivez  xc  après  un  e  initial:  — excès,  exciter, 
SUREXCITER,  etc.  ^  exccptè  ddus  ecc« /lomo,  locution  pure- 
ment latine  qui  signifie  :  voilà  l'homme. 

X. 

CT      Écrivez  et  devant  un  i  suivi  d'une  autre  voyelle  :  — 

(1)  Sans  doute  qu'en  bien  chercliant  dans  les  fatras  de  Boiste  et  de 
Napoléon  Landais,  nous  en  trouverions  encore  quelques  autres;  mais 
on  conçoit  que  nous  n'admettions  ici  que  des  mots  quelque  peu  connus. 

T.  II.  20 


I3i  flUAiMArviIlK    FRANÇAISE. 

Faction  ,  factieux  ,  section  ,  etc .  ;  excepté  dans  les  mots 
suivants  : 


Ixia,  riante, 

Orlhodoxic, 

Ann<'xion  , 

Succion 

Equinoxial  , 
Apoplexie, 

l'^lcxion  , 
Iiillcxioii  , 

Connexion  , 
Complexion  , 

Axiome 

Aspiiyxic, 
Ataxie, 

Génufh'xion, 
Reflexion  , 

Ixion,  nom  propre, 

Fluxion , 

I 


XI. 

X      Érrivez  par  x  tous  les  mots  qui  ne  sont  pas  compris 
dansles  quatre  règles  précédentes  :  Connexe,  FIXE,  LEXIQUE, 

LIXIVIATION,  LOXODROMIE,  LUXE,  LUXATION,  MOXA,  PARA- 
DOXE, RIXE,  SAXE,  SAXIFRAGE,  TAXE,  VEXER,  XEUXIS  ,  MIX- 
TILIGNE,  EXTRAORDINAIRE,   etC.  ,  etC . 

XII. 

DU    DOUBLE    SON    pS    OU    bs . 

PS  Le  son  de  Vs  après  p  ou  6  est  toujours  représenté  par 
son  signe  propre  :  Clepsydre,  ellipse,  apside  ou  abside, 
etc.  -,  excepté  dans  les  mots  où  il  précède  un  i  suivi  d'une 
autre  voyelle  :  Nuptial,  adoption ^  captieux ,  ineptie. 
Encore  écrit-on  Catalepsie,  épilepsie. 
XIII. 
du  simple  son  s. 

Le  c  et  Vs  se  substituent  fréquemment  l'un  à  l'autre. 
S      Après  les  syllabes  ai,  ou  et  ver,  érrivez  toujours  s  : — 
MoissiNE,  ROUSSEUR,  VKRSION ,  REVERSi,  ctc.  5  exccpté  daus 
douce  et  ses  dérivés. 

XIV. 
SEA1\T  Écrivez  par  s  le  mot  séant  et  ses  dérivés  ou  primi- 
tifs :  séance,  préséance,  bienséance,  bienséant,  messéant, 
seoir,  asseoir,  rasseoir,  surseoir,  surséant,  sis,  assis,  rassis, 
sursis,  il  sied,  superscder,  obsède^',  posséder,  session, 
obsession,  possession,  scssile ,  siège,  siéger,  assiéger, 
assiette,  assidu,  assiduité,  dissident,  dissidetice,  assienle  , 


DES   SIGNES   OKTIIOGHAPHIQIES.  153 

assesseur,  sédentaire,  situation,  situer,  site,  sieste,  etc.  (1) . 
CE  A       Écrivez  par  c,  picca,  céans,  océan,  et  les  dérivés  Océa- 

nie,  océanique,  océanien. 
SIA        Écrivez  par  5  les  mots  sialisme,  Siam,Ossian,  Mar- 

SYAS ,  et  les  dérivés,  sialagogue,  siamoise,  ossianique. 

Écrivez  encore  par  s  les  mots  siècle,  sieur  ou  sire,  et  les 

dérivés  Monsieur ,  messire,  messer. 
CYA       Écrivez  par  c  les  mots  Cyame,  cyanelle,  cyanogène, 

cyanomélre  et  cyalhe. 
SI  Écrivez,  par  s,  si  et  ses  dérivés  ou  composés  :  b-fa-si, 

E-SI-MI  ,   SI>0N,   sitôt,  aussitôt,  AUSSI,    AINSI.  AjOUtCZ-y 

REVERSi,  déjà  compris  dans  une  règle  précédente,  et 

P.\RSI. 

€1  Écrivez,  par  c,  ci  et  ses  dérivés  ou  composés  :  ceci,  ici, 

voici ,    couci  couci.   Ajoutez-y  souci  déjà  compris  dans 
une  règle  précédente. 

XV. 

SEB       Écrivez  se  et  si  par  s  devant  6  :  sébacé,  sébile,  sen- 
SIB     siBLE,  SIBYLLE  ,  etc.  ^  cjccepté  dans  les  mots  suivants  : 


Cible  , 
Concupiscibl»; , 


Indicible,  I  Irascible.  Ciboire, 

Invincible,  Miscible,  [Ciboule, 


itoulette. 


XVI 


SEC        Écrivez  se  et  si  par  s  devant  c,  q,  g  ti  x  :  sec,  dessé- 

^'^  CHER,  SECRET,  CONSÉQUENCE,  OBSÈQUES,  OBSÉQUIEUX,   SEG- 

SI(>  MENT,  SEIGLE,   SEIGNEUR,  SEXE,  BISSEXTIL,  SIGAIRE,  DESSICA- 

SEG  TIF,   Sicile,  sicle,  sycophante  ,   classique,  persique, 

^]^.  SIGILLÉ,  SIGMOÏDE  ,   SIGNE,  CONSIGNE,  ASSIGNATION  ,  SIGNIFI- 

SIX  CATiF,  SIX,  SIXIÈME,  etc,  etc. 


(1)   Tous  ces  mots  ont  en  clTel  ixuir  origine  commune  le  verbe  latin 

tItiDERR  ,   SESSe.M. 


•j'ie 


GKAMMAIKE    IKANCAISE. 


CED 

CID 
CET 
CIT 


Sont  exceptés  les  mots  suivants 


Boracique, 

Cicaliice, 

Cacique , 

Cicéro, 

Cécité. 

Cicutaire , 

Cicadelle , 

Cigale , 

Cigarre , 
Cigogne , 
Ciguë, 
Cygne, 


Cyclamen  , 
Cycle  , 

Exercice,  dér.vé  de 
y  exerce  , 


et  tous  ceux  qui  commencent  par  cyc ,  ainsi  que  les  dé- 
rivés,  c^cafmer,  cicéronien,  cicerole,  encyclopédie ,  eic . 

XVII. 

Écri^  ez  ce  et  ci  par  c  devant  d  cl  t  :  céder  ,  précéder, 
succéder,  cédille,  cèdre,  Macédoine,  Lacédémone,  Le  Cid, 
Alcide,  Thucydide,  acide,  placide,  Procida,  homicide, 
cidre,  acétate,  cetacé,  tacet,  recette,  concetti,  citadelle, 
cité,  félicité,  cécité,  tacite,  implicite,  récit,  récalcitrant, 
Cocyte;  etc.,  etc. 

Sont  exceptés  : 


Sedan  , 

paudice. 

Corset  ,    dérivé    da 

Nécessité , 

Sédilion, 

Considérer , 

Corps. 

Vicissitude 

Séduire , 

Obsidiane  ou  Ot- 

Marcassile, 

Sid.-ral, 

s.d.enae  (ij. 

Réussite  , 

Sidéiitis  ou  Cra- 

Insidieux , 

Thersile  , 

et  naturellement  les  dérivés,  Scdanoise,  corselet,  sédi- 
tieux, séduction,  considérable,  etc.  (2). 

XVIII. 

CEL         Écrivez  ce  et  ci  par  c  devant  /  :    Céladon,  célèbre, 
CIL      Barcelone,  parcelle,   porcelaine,   cil,   cilié,   ciller,    dé- 

(J)  Nous  avons  déjà  dit  que  le  son  de  Vs  après  p  ou  b  est  ordinaire- 
ment représenté  par  son  signe  propre  :  abside  ,  subside. 

(2)  Comme  nos  régies  ne  se  détruisent  pas  les  unes  par  les  autres, 
il  va  sans  dire  qu'il  faut  aussi  en  exct'i)ter  les  mois  compris  dans  une 
règle  précédente,  ccmime  par  exeuiple:  Densité,  immcnsilc,  dérivés  de 
dense  et  immense;  censitaire,  dérivé  dv  censé;  assidu,  assiellc,  séden- 
taire ,  obséder,  posséder,  siipcrsêder,  sédiment,  obsidional,  dissident,  dis- 
sidence, situation,  site,  tous  dérivés  ou  composés  du  latin  skdebe,  seoir, 
asseoir;  messidor,  dérivé  du  latin  messis  ,  moisson;  accessit,  dérivé 
du  verbe  accedkre  ;  selon,  dont  la  première  syllal)e  est  muette, 
et  enfin  boissclte,  cpousscte,  gousset,  verset,  diversité,  tous  mois  dont 
l'nriliographe  a  été  délernunéc  plus  haut.  Celte  observation  est  appli- 
eablc  à  tous  les  autres  cas  anainuMics. 


DES  SIGNES  OinilUGKAIMIlOlES.  I  .")7 

ciller  (1),  sourcil,  sourciller,  sourcilleux  ,  sourcilicrj 
mucilage^  Liicile,  Sicile,  domicile,  facile,  réconcilier, 
spicilège,  verlicille,  cylinclre,  etc.,  etc. 
Sont  exceptés  : 


Aisselle , 

Sel, 

Sik^sic, 

Silphe  (2) , 

Anselme  , 

Sélam   ou  Sélan  , 

Silex ,  silice. 

Silure , 

Conseil  , 

Sélénite  , 

Silique, 

Silve, 

Marseille, 

Sélénographie  , 

Sillon  , 

Tussilage, 

Missel , 

Selle, 

Silo, 

Ustensile, 

Orseille , 

Sil,  terre  minérale, 

Silouette     ou     Sil- 

Persil, 

Silence  , 

houette  , 

et  leurs  dérivés,  Pcrsiller,  persillade,  sélénileuœ,  sclc- 
nographique,  sellier,  sellerie,  sellette,  seller,  desseller, 
cnseller,  silencieux,  siliceux,  silicule,  siliqueux,  silicu- 
leux,  sillonner,  sillage,  silphide; 
SIX  Et,  de  plus ,  tous  ceux  qui  commencent  par  syl  avec  ij, 
moins  cylindre  :  —  Syllabe  ,  sylve,  etc.  (3) 

XIX. 

SEM       Écrivez  se  et  si  par  s  devant  m:  sémaphore,  sémitique, 
SIM    séméiologie,  sémillant,  bosseman,  semblable,  ensemble, 

SYM  SIMAR0UBA,  SIMARRE,  SIMILITUDE,  SIMOME  ,  SIMPLE ,  SIMU- 
LACRE,  DISSIMULATION,  AMPLISSIME  ,  SÉRÉNISSIME  ,  PARSI- 
MONIE  (4)  ,  ASYMPTOTE  ,  SYMBOLE  ,  SYMÉTRIE  ,  SYMPA- 
THIE, etc. ,  etc. 

(1)  N'écrivez  pas  ,  i\  l'exemple  de  l'Académie  ,  dessiller  ,  car  cela  est 
aussi  absurde  qu'il  le  serait  d'écrire  ceindre  et  dcsscindre ,  celer  et  des- 
scler. 

(2)  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  que  c'est  une  faute  d'écrire  , 
avec  l'Académie  ,  sylphe  ,  puisque  ce  nom  dérive  dn  grec  silphe. 

(3)  Il  va  sans  dire  qu'il  faut  joindre  .i  ces  cxceplions  les  mots  vais- 
selle, vassclai^e,  fossile,  osselet,  corselet,  à  cause  des  primilil's  vaisskal', 
VASSAL,  FOSSK,  OS,  COHPS  OU  CORSET,  aiusi  quc  Mousseline,  universel, 
a  cause  des  syllabes  qui  préc«:dent  mou  et  versel,  et  enfin  selon  à  cause 
de  l'c  muet  de  la  syllabe  initiale. 

(/l)  L'Académie  (•.cv\i  parrimonie ,  mais  à  lorl ,  puisque  les  substan- 
tifs dérivent  en  général  dn  sujun  ,  non  du  préseul  de  l'infinilif.  Or  le 
mot  parsinwnic  dérive  de  pausiïm  ,  non  de  parcebu  ,  comme  discussion 
de  DiscissiM,  connexion  de  coknexi'm,  elc.  Dans  lous  les  livres  lalins 
imprimés  en  Allejuagnc.  on  trouve  ce  mol  ecril  c.mime  il  l'esl  ici  : 
pursitnonia  ;  et  c'est  par  la  que  1rs  Allemands  s'estimenl  de  beaucoup 
Mipéijeurs  aux  l''iau(;ais. 


i:i8 


CllAMMAlllE    l'IlANC.USE. 


Sont  exceptés  : 


Cément , 
Cimbrc  , 


ICiiiie , 
|Cimeiil  , 


(limeterre , 
Ciiiielière  , 


ll^iniolee, 
(Cymbale. 


De  plus ,  tous  ceux  qui  commencent  par  déc  :  Dé- 
cemvir,  décembre,  décemment,  décime;  et  naturelle- 
ment les  dérivés.  Cémenter,  cémentation,  cimbrique , 
cimier,  cimaise,  écimer ,  décimal,  décimètre,  cymba- 
lier ,  cymbalaire  ,  etc .  (  1  ) . 

XX. 
CEN        Ecrivez  ce  et  d  par  c  devant  n  :  Cénacle,  Cène,  Mé- 
CIN     cène,    Mycénes ,   mancenillier,   mercenaire,   décennal^ 
cénobite,  cénotaphe,  cendre,  cens,  censé,  censitaire,  cen- 
sive  ,  censuel ,  censier,  censé,  censeur,  censure  ,  décence, 
innocence,  encens,  accent,  centre  ,  ceindre,  enceindre, 
ceinture,  cinabre,  racine,  vicinal,  socinien ,  cinéraire , 
cingler,  cinq,  cintre,  succinct,  hyacinthe,  bacin  (2),  ca- 
pucin, clavecin,  farcin,  larcin,  médecin,  pnmicin,  ricin, 
cynancie,  cynique,  cynosure,  etc.,  etc. 
Sont  exceptés  : 


Sénat, 
Sénéchal , 
Sénestre  , 
Sénevé , 
Sén<! , 

Sénieiir,  Scni/e  , 
Arsenal  , 
Arsenic , 
Janséniste , 
Messénie , 
Seine  . 


Sens  ,  sentir  , 
Sentier , 
Absence  , 
Essence , 
Dyssenterie  , 
Sinistre , 
Sinon  , 
Siiiople  , 
Sinus  ,  sein  , 
Sinapisme , 
Sinécure , 


Alsine , 
Alphonsine, 
Cassine , 
Orsini , 
Sincère , 
Sinciput , 
Sindon  , 
Singe  , 
Singulier, 
Absinthe  , 
Abvssin , 


Assassin  , 
Dessein  , 
Dessin  , 
Fantassin  , 
Marcassin  , 
Matassins  , 
Sein  ,  sitiiis  , 
Seing, 
Spadassin  , 


et  leurs  dérivés,  Sénateur,  sénatorial,  sénalorien  ,  séné- 
chaussée, arséniate,  arsenical,  Messénienne,  sensible,  sen- 

(1)  Nous  ne  faisons  pas  à  nos  lecteurs  l'injure  de  mentionner  des  ex- 
cejUions  telles  que  balancement  ^  commencement ,  enfoncement  ,  etc.  Ils 
ont  tiop  d'esprit  pour  ne  pas  comprendre  que  le  principe  de  dériva- 
tion est  an-dessus  des  règles  que  nous  donnons  ici. 

(2)  L'Académie  renvoie  de  bacin  a  bassin,  mais  elle  aurait  mieux 
lait,  selon  nous,  de  renvoyer  de  ce  dernier  au  premier;  puisque  ce 
niot  dérive  du  latin  barbai-e  bacinus.  Alors  on  devrait  écrire  aussi  bn- 
rinel ,  bacincirc  ,  baeincr. 


DES  SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES.  I  o<) 

suel,  sensé ,  sensoriuin ,  ressentir ,  consentir ,  sentiment, 
sentence,  senteur,  senlfne,  sentinelle^  dissension  {1) , 
quintessence  ,  dijssentcrique  ,  sinistrement,  sinueux,  in- 
sinuer, insinuation,  sinapisé,  sincérité,  sincipital , 
Âbyssinie ,  assassiner,d€ssiner,  etc.  (2). 
SY\  Ecrivez  par  5  la  syllabe  initiale  5y>i:  synagogue,  sy- 
node, SYNONYME,  ctc.  ;  cxcepté  dans  cynancie,  cynique, 
cynocéphale ,  cynoglosse  et  cynosure.  Syn  dérive  de  la 
préposition  grecque   sun ,  avec  ;  et  cyn  du  substantif 

kiiôn,  chien. 

XXI. 

CEP         Écrivez  ce  et  ci  par  c  devant  p  :  Cep  ,  cèpe ,  cépée ,  Fm- 

^^^     cépède ,  réception,  récépissé,  précepte,  susceptible,  cipure, 

cippe,  occiput,  principe,  municipe,  récipient,  réciproque, 

précipice,  Cypris  ,  cypripède ,  céphalalgie,  acéphale  (3), 

etc. ,  etc. 

Sont  exceptés  : 

Siphon  ^5) , 
Sipaye  (6)  , 


Séparer  , 

Seps  , 

Insipide , 

Sept, 

Sépia  , 

Erysipèle  (II)  , 

Sépulture , 

Dissiper , 

Sipliilis , 

(1)  Plusieurs  écrivent  dhsention ,  mais  à  tort,  puisque  ce  mot  ne 
dérive  pas  de  l'infinitif  f/i.sscn/(/'c,  mais  du  supin  dissensum. 

(2)  Sans  qu'on  vous  le  dise,  vous  saurez  bien,  je  l'espère,  ajouter  à 
ces  exceplions  les  mots  coussin,  coussinet,  bécassine,  poussin,  poussinièrc, 
roussin,  traversin,  tocsin,  oursin,  moissine.  Et  vous  savez  sans  doute 
pourquoi  ?  Si  vous  ne  le  savez  pas,  ce  n'est  pas  faute  de  vous  l'avoir  dit. 

(3)  Remarquez  que  ce  sont  les  seuls  cas  où  le  son  de  Vf  se  fasse  en- 
tendre après  ce. 

(4)  Napoléon  Landais  a  raison  ,  crésipélc  ,  pour  erysipèle,  n'est  pas 
français.  Nous  ajouterons  qu'il  n'est  pas  même  grec. 

(5)  N'écrivez  ni  syphilis  ni  sypiion  ,  puisque  ces  mots  viennent,  le 
premier  de  .s//;/i/o.î,  contraction  de.  sipalos,  sale,  difTorme  ,  honteux, 
et  le  second  desipitôn,  tuyau.  Le  .stp/ion  s'appèle  aussi  trombe ,  de 
Irombos,  tourbillon,  mais  pourquoi  rai)péle-ton  encore  tipiton  î 

(())  Cipuye,  selon  l'Académie.  Nous  préférons  sipaye,  puisqu'il  n'y  a 
point  de  c  dans  l'étymologie  sipain  ,  mot  persan  qui  signifie,  «o/rfaf. 
Pliisieuis  reprochent  ,  comme  un  crime,  à  l'Académie  la  terminaison 
féminine  ye ,  mais  c'est  qu'ils  n'ont  pas  réUéchi  que.  des  deux  syllabes 
palii ,  dans  le  mot  originel,  la  première  étant  longue  et  la  seconde 
brève,  c'est-à-dire,  presque  muette,  ces  deux  syllabes  ne  pouvaient 
se  traduire  en  français  que  pai'  paye.  C'est  ici  le  cas  ou  jamais  d'écrire 
comme  on  prononce.  On  prononce  Cipa-yc,  comme  liisca-ye,  et  non 
pas  cipc. 


ICO 


GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 


cl\ems  dén\{is,  si'paralion,  sèparable,  inséparable,  sep- 
tième ,  sépulcre  y  sépulcral,  dissipation  ,  siphililique. 

XXII. 

CEIl  Écrivez  ce  et  ci  par  c  devant  r:  Acerbe,  Camba- 
CUl  cérès ,  Céraste,  crécerelle,  lacérer,  macérer,  cancer^ 
ulcère,  acérer ,  Cerbère,  sincère,  Cérès,  céréale,  cerf, 
cerfeuil,  cercueil,  certain,  concert,  cirage,  cire,  Circé, 
circée,  circompolaire ,  circoncire,  occire,  pondre,  ciron, 
cirque,  cirre  ou.  cirrhe,  cirsakas,  chancir ,  noircir ,  obs- 
curcir,  rétrécir ,  Anticyre ,  Cxjrus,  etc.,  etc.  (1). 
Sont  exceptés  : 


Sérail  . 

Série  , 

Conserver, 

Sirte  ou  Sjrte  , 

Séraphin  , 

Sérieux  , 

Observer  , 

Sirvente, 

Sérancolin , 

Serval, 

Disserter , 

Réussir  , 

Sérasquier, 

Sertir  , 

Genséric, 

Syrie  , 

Serdeau, 

Sertorius, 

Sirène  , 

Syringa  (3)  , 

Séreux , 

Serlule, 

Sirius  , 

Syringotome , 

Serfouette , 

Assertion , 

SirOC  ou  Siroco  , 

Syracuse, 

Serf,  servir , 

Insérer, 

Sirop  (2), 

Absyrte ,   frèra  d 

LIédée. 

De  plus,  tous  ceux  qui  commencent  par  serp-  ,  serg  - , 
SERM-,  SERR-  :  scrpc,  serpeut ,  serpolet ,  serge  ,  sergent , 
serment ,  serrer,  etc.  ^ 

Et  naturellement  les  dérivés  et  composés  :  séraphique, 
sérosité,  sérum,  serfouir,  serviteur,  servitude,  service, 
servante,  Servilius,  Servîtes,  asservir,  desservir,  desserte, 
dessert ,  sertissure,  dessertir,  insertion,  conservation,  ob- 
servation, dissertation,  siroter,  sirupeux,  Syrien,  Assy- 

(1)  Evidemment  les  verbes  en  ser  ne  S(mt  pas  compris  dans  cette 
règle,  puisqu'ils  sont  eux-mêmes  l'objet  d'une  règle  à  part. 

(2)  M.  Napoléon  Landais  veut  qu'on  écrive  sirot  à  cause  de  strolcr  ; 
mais  alors  d'où  dérivera  sirupeux?  Vous  voyez  qu'il  ne  faut  pas  envi- 
sager une  question  sous  une  seule  face. 

(3)  N'écrivez  jamais  seringa  ,  je  vous  en  prie  ,  mais  syringa,  confor- 
mément à  l'étymologie  syrinx.  Figurez-vous  une  jolie  bouche  s'en- 
t'rouvrant  gracieusement  pour  nommer  un  des  arbustes  les  plus  agréa- 
bles de  nos  climats  et  vous  faisant  penser  malgré  vous  à  toute  autre 
chose. 


DES   SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES.  161 

Wc,  Assyrien  ,  serpette,  assermenter,  serrure  y  desserrer  , 
enserrer,  etc.  (1). 

XXIII. 

CES         Écrivez  ce  et  ci  par  c  devant  s  et  z  :  César,  cesser  y 

CIS      cession,  nécessaire,  nécessité,  inceste,  diocèse,  recès , 

Baucis  ,  cacis  ,   Caciz  ,  glacis ,  Franciscain,  publiciste , 

narcisse,  ciseau,  vicissitude,  cystophore,  cyzicène,  etc., etc. 

Sont  exceptés  ; 


Sésame , 
Séséli  ^ 
Sesquialtère, 
Sesterce  , 

Assez , 


Seize  , 

Châssis,    dérivé  de 
citasse» 

Sîson  , 


les  vertezensislcr- 

Sistre , 
Sysimbre , 
Systaltique, 


Systole , 
Systyle , 
Syzygie. 


Consister,  et  tous  Système  , 

et  leurs  dérivés  Sésamoxde ,  assistance,  consistance ,  sys- 
tématique ,  etc.  (2). 

XXIV. 

CIV         Écrivez  et  par  c  devante  et/":  Civadière,  cive  ou  civette, 
civet ,  civière,  civil,  civisme  ,  gencive,  crucifix,  cmcifier, 
vociférer,    pacifier,    pacifique,    spécifier,    spécifique, 
rescifid) ,  etc. 
Sont  exceptés  : 

Censive,        |  Lessive,         |  Falsifier,        |  Salsifis,  ]  Siffler. 

et  leurs  dérivés  ou  composés  Falsification,  sifflet,  persif- 
fler{^),  persifflage,  etc.  (5). 

(1)  Joignez-y  serein  et  ses  dérivés,  sércnissime ,  sérénité,  sérénade, 
ainsi  que  passerelle,  passereau,  sire,  inessire,  messcr,  transir,  grossir, 
épaissir  ,  tous  mots  dont  l'orthographe  a  déjà  été  déterminée. 

(2)  On  sait  déjà  qu'il  faut  écrire  pars,  assesseur ,  session,  sessile  , 
obsession,  possession ,  sis,  assis,  sursis  ,  controversistc ,  etc. 

(3)  N'écrivez  jamais  que  rescif,  à  cause  de  l'étymologie  hescikdere, 
tranclier  ,  détruire,  quoique  l'Académie  autorise  récif  et  même  ressif 
qui  est  un  atroce  barbaiisme. 

(i)  Persi/fler  cstil  un  composé  de  siffler ,  ou  ne  l'est-il  pas?  Dans 
le  premier  cas,  pourquoi  l'Académie  écrit-elle  .".(//^er  avec  deux /"et 
persifler  avec  un  seul?  Quelqu'un  s'est-il  avisé  d'écrire  mettre  et  per' 
Ttietrel  En  vérité,  je  finirai  par  croire  avec  INI.  Napoléon  Landais  que 
l'Académie  n'est  pas  l'auteur  de  ces  inconséquences. 

(5)  Ajoulez-y,  sans  qu'on  vous  le  dise,  les  mots  dc/bnsivc,  oppressif, 
réuulsif,  ossifier,  etc.,  dérivés  ait  défense ,]  oppresse,  révulsion,  os. 

T.  n.  21 


^62  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

SEV  Ecrivez «e  par  s  devante:  sève, sévère, persévérer,  etc. 
—  Exceptez-en  les  verbes  en  cevoir  :  Recevoir,  perce- 
voir ^  etc. 

XXV. 

SEU  La  syllabe  initiale  seu  s'écrit  par  s:  Seuil,  seul, 
SEULEMENT,  seulet;  cxceptè  dans  Ceula,  ville  d'Afrique. 

XXVI. 

Syllares  finales  ce  et  cée. 

La  syllabe  finale  ce  ou  cée  des  substantifs  masculins  et 
des  adjectifs  s'écrit  par  c  :  Le  caducée,  le  hjcée,  le  gyné- 
cée, liliacé,  opiacé,  poracé,  sébacé,  testacé,  gallinacé,  etc. 
Il  faut  en  excepter  sensé  ,  récépissé  ,  et  naturellement  in- 
sensé ,  passé ,  trépassé. 

Parmi  les  substantifs  féminins  de  cette  désinence,  il 
n'y  a  que  les  suivants  qui  s'écrivent  par  c  :  Circé,  circée  , 
jacée,  Nicée ,  panacée  et  pincée. 

XXVII. 

Des  lettres  aggrégées  se. 

On  a  vu  par  plusieurs  exemples  que  le  son  de  1'^  est  souvent 
représenté  par  les  deux  lettres  aggrégées  s  et  c.  Reste  donc  a 
savoir  dans  quels  cas  ces  deux  lettres  se  prêtent  ainsi  leur  mu- 
tuelle assistance. 

En  voici  le  tableau  : 


Primitifs. 

ACESCENT,  Quis'algrit. 
Liqueur  acescente.  Du  lat. 
acescc7is. 

ACCRESCENT,  Qui  prend 
de  l'accroissement.  Style , 
calice  accrescent.  Du  lat.  ac- 
crescens. 


Adolescent  ,  Qui  est 
dans  l'âge  qui  suit  la  puberté 
jusqu'à  l'âge  viril.  Du  lat. 
aetolcsccns. 


Dérivés. 
Acescencc.  L'acescence  des  humeurs ,  d'un  li- 
quide. 

On  appelle,  en  Botanique,  Calice  accres- 
cent, celui  qui  persiste  et  prend  de  l'accrois- 
sement avec  le  fruit,  comme,  par  exemple, 
l'alkékenge  ,  qu'il  faut  bien  se  garder  d'écrire 
sans  accent  aigu  à  l'exemple  de  Boiste  ,  qui , 
par  parenthèse,  a  omis  accrescent. 

Adolescence.  Il  est  encore  dans  l'adolescence. 
Au  commencement  de  l'adolescence.  La  fleur  de 
l' adolescence. 


DES   SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES. 


^63 


Priuiili/s. 
ALCAXJiSCENT  ,     Terme 
de  Chimie.  En  latin  alcales- 
cens. 

Arborescent,  Qui  croît 
un  arbre.  Du  latin  arbores- 
cens. 

Convalescent,  Qui  re- 
lève de  maladie,  et  revient 
en  santé.  Etre  convalescent. 
Un  convalescent.  En  latin 
conialescens ,  de  convales- 
ccre,  se  rétablir. 

Caulescent,  pourvu  de 
tige.  En  lat.  caulcscens ,  de 
caulescere ,  monter  en  tige. 
On  dit  aussi  caitlifére. 

DÉHISCENT,  Qui  s'ouvre. 
En  lat.  dehiscens.  Fruit  dé- 
hiscent. 

Effervescent,  Qui  est 

susceptible  de  Caire  efferves- 
cence ou  qui  est  en  efferves- 
cence. hu]mde  effervescent. 
Matières  cffervescenles.  Fig., 
Une  tête  effervescente.  En 
latin  effcrvescens ,  bouillon- 
nant. 

Efflorescent,  Qui 

tombe  en  elïlorescence.  En 
lat.  cffloresccns ,  qui  fleurit  , 
qui  s'épanouit. 


EVAKESCENT,  Disparais- 
sant par  une  destruction  ïn- 
semiblv;.  Nectaireévanescent. 
En  lat.  evanescens. 

FRUTESCENT.  Tige  fru- 
tescente. 

Incandescent  ,  Qui  est 
échauffé  et  pénétré  de  feu 
jusqu'à  devenir  blanc.  Une 
masse  de  fer  incandescente. 
En  lat.  incandescens. 


Dérives. 
Alcalescence.  On  nomme  alcalescent  ce  qui 
tend  à  tourner  en  putréfaction. 

*  Arborescent,  quoique  très-employé,  n'a  pas 
encore  trouvé  place  dans  le  dictionnaire  de 
Boiste. 

Convalescence.  Prornpte  ,  parfaite  ,  entière, 
pleine  convalescence.  Etre  en  convalescence.  En- 
trer en  convalescence.  Elle  sortait  à  peine  de 
convalescence,  lorsqu'elle  fut  obligée  de  partir 
pour  un  long  voyage,  dans  l'intérêt  de  ses  en- 
fants. 

*  Caulescent  est  l'opposé  d'acaule. 


Indéhiscent.  Fruits  indéhiscents. 


Effervescence  (1) ,  Mouvement  intestin  qui 
ressemble  à  l'ébullition,  et  qui  s'excite  par  le 
contact  ou  le  mélange  de  deux  substances. 
(Acad.)  Les  alcalis  font  effervescence  dans  les 
acides.  {Id.)  Il  ne  faut  point  confondre  l'effer- 
vescence avec  la  fermentation  ni  avec  l'ébulli- 
tion. {Id.)  En  médecine,  L'effervescence  des 
humeurs.  Fig.,  L'effervescence  des  esprits,  des 
passions. 

Efflorescence.  L'effloresccnce  est  le  change- 
ment qui  arrive  à  une  substance  minérale,  quand, 
exposée  à  l'air,  elle  se  recouvre  d'une  matière 
pulvêrulcnle.  (Acad.)  Il  y  a  des  pyrites  qui 
tombent  en  efflorescence.  (Id.)En  Méd. ,  Avoir 
des  e/florescences  sur  la  peau,  Y  avoir  des  éle- 
vures. 

*  Evanescent  ne  se  trouve  pas  dans  le  dic^ 
tionnaire  si  complet  de  Boiste. 


Incandescence.  Les  solides  et  les  liquides  sont 
susceptibles  d'incandescence.  Barre  de  fer 
échauffée  jusqu'à  l'incandescence.  Ce  métal  est 
dans  l'état  d'incandescence. 


(1)  Au  mot  effervescence,  madame  de  Sévigné  se  récric  :  «Comment 
dites-vous  cela,  ma  fille?  Voilà  un  mot  dont  je  n'avais  jamais  ouï  par- 
ler, n 


46« 


GKAALUAIKE    FKAA<:AISE. 


Prlmilifx. 

ZiACTESCENT.  Tige  lac- 
Icscente. 

Marcescent,  Qui  se 
fane  et  se  dessèche  sans  tom- 
ber. Feuille,  corolle  inarces- 
cente.  En  lat.  tnarccssens. 


Phosphorescent,  Qui 

a  la  propriété  de  dégager 
de  la  lumière  dans  l'obscu- 
rité, sans  chaleur  ni  com- 
liustiun  sensible. 

PUBESCENT,  Qui  est 
garni  de  poils  fins,  courts  et 
mons.  Tige  pubescente.  En 
lat.  pitbescens. 

Spinescekt,  Couvert  de 
petites  éjjines,  ou  s'a  mincis- 
sant en  jjointe  épineuse.  En 
lat.  spincscens. 

Turgescent,  Qui  se 
gonfle.  En  lat.  inrgcscens. 

Concupiscence.  La 

concupiscence  des  yeux,  etc. 
En  lat.  conçu piscentia. 


Inflorescence.  En  lat. 

infloresccnlia. 

Recrudescence  (  1  ) , 
Augmentation  dans  l'inten- 
sité d'une  maladie.  En  lat. 
recrudescenlia. 

RÉMINISCENCI:.  En  lat. 
rcminisccnfta. 

KÉSIPISCENCE ,  Recon- 
naissance de  la  faute  avec 
amendement.  En  lat.  rcsipis- 
ccntia. 

SCIENCE  ,   Connaissance 


Dcrii'és, 


Les  bruyères  ont  leur  corolle  monopé- 
tale, quelquefois  profoiKlcment  divisée 
et  même  polypétale,  souvent  marces- 
sente,  ordinairement  insérée  sur  le  ca- 
lice et  plus  communément  près  de  sa  base. 

Phosphorescence.  Les  chimistes  ne  connaissent 
point  la  cause  de  la  phosphorescence  du  bois 
pourri,  du  ver  luisant.  (  Acad.) 


Puùcscence.  La  pubescence  des  feuilles ,  de  la 
ti^'c. 


Les  tiges  de  plusieurs  plantes  sontspinescenlcs. 


Turgescence.  On  entend  par  Turgescence 
l'action  des  liquides  qui  s'enflent  et  s'élèvent  par 
l'effet  de  la  chaleur  ou  par  toute  autre  cause. 

Conçu piscible.  En  terme  de  Scolast.,  appétit 
conçu piscible.  Faculté  par  laquelle  l'âme  se 
porte  vers  ce  qu'elle  considère  comme  un 
bien  ;  on  l'oppose  àl'appétil  irascible.  (Acad.) 
L'amour,  la  Joie,  etc.,  appartiennent  à  l'appè- 
til  conçu  piscible.  (Jd.) 


L^a  recrudescence  du  fléau.  La.  recrudescence 
de  la  maladie. 


J'ai  quelque  réminiscence  de  ce  qui  cul  lieu  à 
celle  époque. — Ce  vers  est  une  réminiscence. 

Il  est  enfin  venu  à  résipiscence.  (  Académie.  ) 
ylvez-vous  quelque  preuve  de  sa  résipiscence  'i 
ild.) 

Sciemment ,  Avec  connaissance  de  ce   que 


(1)  Gardez-vous  de  prendre  ce  mot  pour  un  dérivé  de  eresccre  ;  car  alors 
c'est  recroissance  et  non  reciudescence  qu'il  laudrait  dire.  Nombre  de  gens 
j)arlent  pourtant  de  la  recrudescence  des  eaux  de  la  Seine.  Quoi  de  plus  ri- 
dicule !  M.  Francis  Wei,  critique  plus  judicieux  et  meilleur  écrivain  que 
J.  J.,  a  consacré  une  page  et  demie  à  l'aire  ressortir  tout  le  ridicule  de  celle 
ex|ncsbi(in. 


DES  SIGNES  ORTFIOGRAPHIQUES. 


163 


Primitifs. 

qu'on  a  de  qnelqiie  chose  ; 
ensemble  ,  système  de  con- 
naissances, sur  quelque  ma- 
tière ;  savoir  qn'-on  acquiert 
par  îa  lecture  ,  par  la  médi- 
tation, etc.  Lascicncedu  bien 
el  du  mal.  —  Les  sciences  na- 
turelles. Les  sciences  exactes. 
—  Il  se  pique  de  science.lLn 
lat.  scienlia,  de  sclre,  savoir. 


Ascendant,  Qui  va  en 

montant.  En  t.  de  Généal. , 
lAgne  ascendante,  etc.,  etc. 
En  lat.  ascendens. 


Crescendo.  T.  de  Mus, 
emprunté  de  l'ital.  En  ren- 
forçant, en  enflant  par  de- 
grés les  sons,  etc. 


FeSCENNIN.  T.d'Antiq. 
l'ers  fescennins.  Poésies  fcs- 
cennines. 

AsciENS.  T.  de  Gcogr. 
Sans  ombre.  En  lat.  ascii , 
du  gr.  skia,  ombre,  et  a  priv. 

Sceau  ou  Scel. 

Scélérat  ,  Coupable  ou 
capable  de  grands  crimes. 
En  lat.  sceterafus,  de  scelus, 
scekris,  crime. 

ScÉLlTE  ,  Pierre  figurée 
qui  r('j)résente  la  jambe  hu- 
maine. Du  gr.  skelos,  jambe. 


Dérivés. 

''on  fait,  avec  réflexion.  Scientifique,  Qui 
concerne  les  sciences.  S cientifiquement .  Con- 
science,  Lumière  intérieure  ,  sentiment  inté- 
rieur par  lequel  l'homme  se  rend  témoignage 
à  lui-même  du  bien  et  do  mal  qu'il  fait  ;  en 
Métaphys.  ,  Connaissance  qu'on  a  d'une  vé- 
rité par  le  sentiment  intérieur.  Consciencieux, 
consciencieusement.  Omniscience ,  La  science 
infinie  de  Dieu.  Prescience.  La  prescience  de 
Dieu  n'ôlc  pas  la  liberté  à  l'homme.  A  bon  es- 
cient, sciemment,  y/  son  insçu  (1).  Nescio  vos, 
Formulefamilière  de  refus,  empruntée  du  lat. 

A  scension.  Ascensionnel.  Descendance.Descen- 
dant.  Descendre.  Descente.  Condescendre.  Con- 
descendance. Condescendant.  La  glorieuse  ascen- 
sion du  Fils  de  Dieu. Force  ascensionnelle,  La  force 
par  laquelle  un  corps  tend  à  s'élever.  Diffcrenco 
ascensionnelle  d'un  astre,  La  différence  entre 
l'ascension  droite  et  l'ascension  oblique.  Con- 
descendre  aux  faiblesscsdequelqu'un.  Caractère 
condescendant. 

Ce  passage  doit  être  exécuté  crescendo. 
{  Académie.  ) 

'  M.  Landais  figure  ainsi  la  prononciation 
de  ce  mot:  hrèceceindô.  Cela  n'est  ni  fran- 
çais ni  italien.  Prononcez  crécliindo. 

Fcscennie,  Ville  de  Toscane,  où  furent  in- 
ventées les  poésies  dites  Fcxccnr?(7(es.  C'étaient 
une  sorte  de  poésie  grossière  et  silencieuse. 

Pcrisciens,  Habitants  des  zones  froides  , 
pour  qui  l'ombre  fait  le  tour  de  l'iiorizon  en 
certains  temps  de  l'année,  etc.  En  lat.  pcriscii. 

Scellé.  Scellement.  Seeller.  Scelleur.  Desceller. 

Scélératesse.  C'est  une  scélératesse  insigne. 
Comment  ne  pas  préférer  la  société  des 
animaux  a  celle  des  hommes,  quand  on 
songe  à  tout  ce  que  le  cœur  humain  ren- 
ferme de  méchanceté  et  de  scélératesse; 
quand  on  songe  aux  massacres  commis 
par  la  politique,  la  cupidité,  rambiiion, 
la  vengeance  ;  quand  on  songe  aux  atro- 
cités qui  suivirent  la  découverte  du  Nou- 
veau-Monde ;   quand  on  songe  aux  bri- 


(1)  Cette  orthographe  est  vicieuse  sous  tous  les  rapports:  d'abord  parce 
qu'on  n'écrit  pas  sçu  ,  mais  simplement  su  ;  ensuite  parce  que  c'est  le  seul 
mot  qui  fasse  exception  aux  règles  que  nous  avons  données  plus  haut  sur 
la  cédille.  Quiconque  se  pique  d'ortli(>gra])hier  raisonnablemeni,  s'abstien- 
dra di'uc  d'ccriie  insçti. 


li>0  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Primitifs.  Dérivés. 

gandages  exercés  dans  l'Inde  par  l'é- 
goïsme  ;  quand  on  songe  aux  bûchers  de 
l'Inquisition?  Hommes,  si  vous  êtes 
malheureux,  ne  vous  en  prenez  qu'a 
vous-mêmes.  (L.  N.  FI.  du  Dan.) 

Scénlqiie.  Scénographie.  Scénographique.  — 
Les  jeux  scéniques  des  anciens.  La  sccnogra- 
pliie  d'un  palais.  Représentation  scénographi- 
que. 

En  s'exposant  sur  la  scène  du  monde  , 
on  doit  s'attendre  à  tout. 

(  De  Bréhan.) 

Obscénité.  Chanson  pleine  d'obscénités.  Ce 
tableau  est  une  obscénité.  Poètes ,  respectez  la 
jeunesssc,  et  ne  faites  point  naître  dans  son  es- 
prit des  idées  obscènes. 

Scepticisme.  Il  porte  dans  l'histoire  un  scepti- 
cisme qui  lui  fait  révoquer  en  doute  les  faits  les 
plus  avérés.  (  Acad.) 


SCÈKE,  La  partie  du  théâ- 
tre où  les  acteurs  jouent.  En 
lat.  scena,  du  gr.  shcnè, 
tente. 

ScÉNOFÉGiE,  Nom  que 
les  Grtcs  donnaient  à  la 
fête  des  Tabernacles.  Du 
gr.  skcnè,  et  pegnuô ,  je  fixe. 

Obscène  ,  Qui  blesse  la 
pudeur.  Du  lat.  obs,  autour, 
Gi  cœnum ,  bourbier. 

Sceptique,  Les  sceptiques 
ne  niaient  ni  n'affirmaient 
rien.  Du  gr.  sheptitios ,  con- 
templateur. 

Sceptre.  Du  gr.  skcp- 
tron,  bàlon. 

SCÉVOLA.  Kom  propre. 


Scier,  Couper,  fendre 
avec  une  scie.  Du  lat.  scin- 
dere ,  scissum. 

SCIATÉRIQUE.  Cadran 
scialériquc.  Du  gr,  skia,  om- 
bre ,  et  tcrcin,  observer. 

SciATIQUE  ,  Qui  a  rap- 
port à  la  liancbe  ,  à  l'os  is- 
chion ,  elc.  Du  gr.  ischion. 
Goutte  sciadque ,  névralgie 
scialiqiic,  qui  affecte  le  grand 
nerf  sciatique. 


SCITLE,  Plante  bulbeuse. 
Du  gr.  scilla. 

SciNQUE,  Sorte  de  lézard 
du  Levant.  En  lat.  scincus. 

Scintiller  ,  Étinceler. 
Du  lai.  scinlillare. 

SciOGRAPHiE,  Représen- 
laliun    de    l'intérieur    d'un 


l\i  le  trône  ni  le  sceptre  ne  préser- 
vent du  malheur. 

Dieu  donne  et  ôte  le  sceptre  aux  rois, 
comme  il  lui  plaît. 

Sciage.  Scie.  Scierie.  Scieur.  Scion.  Sciure, 
Scinder,  Scissile.  Scission.  Scissionnaire.  Scis- 
sure. Abscisse.  Abscission.  Rescinder.  Rescin- 
dant. Reseisoirc.  Rescision.  Rescif.  — Scinder 
une  question.  L'ardoise  est  scissile.  Il  y  eut  scis- 
sion dans  l'assemblée.  Les  membres  scissionnai- 
res.  La  scissure  du  rein ,  du  foie.  De  la  sciure  de 
de  bois.  Ona  jugé  le  rescindant.  Il  a  fait  rescinder 
l'obligation ,  le  contrat,  etc.  Action  en  resci- 
sion. Demander  la  rescision  d'un  acte.  Le  res- 
cindant et  le  rescisoirene  sont  pas  jugés  par  le 
même  arrêt.  (Acad.)  Une  mer  pleine  de  rescifs. 

Et  guidant  son  esquif  |       Elle  raccuciUe  au  port 

A  liaveis  maint  rescif  Qu'on  appelle  la  mort  : 

Où  Tonde  crie ,  |  Aimez  Marie,       (L.  N. } 

Seillilique  ,  Qui  est  fait  ou  modifié  avec  la 
scille.  Vinaigre  scillitique.  Miel  seillilique.  Pi- 
lules sciliitiques. 

Seincoïdiens.  La  famille  des  scincoidiens  ren- 
ferme les  genres  scinque,  seps,  bipède ,  chalcide 
et  bimane. 

Scintillant.  Scintillation.  —  La  scintillation 
des  étoiles.  Les  planètes  n  offrent  pas  de  scintilla- 
tion sensible,  parce  qu'elles  ne  sont  pas  des  so- 
leils comme  les  étoiles. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES. 


^^^7 


Pr'mùiifs, 
bâtiment.  Du  gr.  skia  ,  om- 
bre, et  grapliô,  je  décris  (1). 

SCIFION.  Nom  propre. 

SCYTALE ,  Cbiffre  dont 
les  Lacédénioniens  se  ser- 
vaient pour  écrire  des  lettres 
mystérieuses.  Du  gr.  scutalê, 

Scythes,  Peuple. 


SCYCLAX.  Nom  propre. 
SCYLLA,  écuell. 
SCYIXAHE ,  Genre  de  la 
famille  des  macroures. 

Ascète.  Du  gr.  askéô,  je 
m'exerce. 

ASCIDIÉES  (feuilles.) 

ASCITE.  Du  gr.  askos,  ou- 
tre. Hydropisie  du  bas-ven- 
tre. 

Discerner.  Du  lat.  dls- 
cernere,  distinguer. 

Disciple.  En  lat.  disci- 
pulus  ,  de  disccre ,  appren- 
dre. 

ÏASCE,  Porter  d'azur  à  la 
fasce  d'or.  Du  lat.  fascia. 

Faisceau.  Du  lat.  fasci- 
culus. 


Fasciner.  En  lat.  fasci- 
nare ,  de  fasciniim,  charme. 
Irascible,  Prompt  à  se 
mettre    en    colère.   Du   lat. 
irascibilis. 

liASClF.  Le  boue  est  un 
animal  très-lascif.  En  lat. 
lascivus. 

Miscible.  En  lat.  tnisci- 


Dérivés. 

Comme  un  ruisseau  d'argent,  qu'une  chute  divise. 
En  napes  de  cristal  pleut,  scintille  et  se  brise. 

(  Lauartinb.) 
Qu'il  sera  fier  de  vous,  le  héros  qui  vous  guide, 

O  Romains  à  l'âme  intrépide  , 
Vrais  soldats  d'un  nouveau  Sripion-l'Afrirain, 

(L.  N.  La  Bataille  d'Uly.) 

Scythie.  —  LaScylhie,  immense  contrée  sep- 
tentrionale de  l'ancien  continent ,  s'étendait  de- 
puis la  Germanie  à  l'ouest ,  jusqu'aux  bornes 
du  monde  connu  des  anciens  à  l'est. 


Pour  éviter  Charjhde  on  tombe  dans  Srylla, 

Les  Scyllarides ,  Tribu  de  l'ordre  des  déca- 
podes, famille  des  macroures  ,  créée  pour  le 
genre  seyllare. 

Ascétique. —  Auteur  ascétique.  Saint  Basile  a 
composé  des  exercices  spirituels  pour  la  vie  reli- 
gieuse ,  sous  le  nom  de  Ascétiques, 


Discernement.  On  ne  saurait  faire  de  si  loin  le 
discernement  des  couleurs.  Agir  sans  discernc- 
nemcnt,  sans  savoir  si  l'on  fait  bien  ou  mal. 

Condisciple.  Discipline.  Discipliner.  DiscipU- 
nable.  Disciplinaire.  Indiscipliné. —  L'éléphant 
est  de  tous  les  animaux  le  plus  discipUnablc. 
Mesure  disciplinaire.  Peine  disciplinaire. 

Fascé.  Fasciè.  —  Fascé  d'or  et  de  gueules.  Un 
coquillage  fasciè. 

Fascicule.  Fascicule.  Fascine.  Fascinage. — // 
a  publié  le  troisième  fascicule  de  son  truite  sur 
les  mousses.  Les  feuilles  de  l'épine-viaette  sont 
fasciculccs.  Racines  fasclculccs.  Accommoder  de 
mauvais  chemins  avec  des  fascines. 

Fascination. —  Cette  étrange  fascination  des 
esprits  se  conçoit  à  peine.  (  Acad.  ) 

Irascibilité.  —  //  est  d'une  irascibilité  ex- 
trême. 

Lasciveté.  Lascivement.  Il  y  a  beaucoup  de 
lascivcté  dansée  tableau,  dans  ces  vers.  Regarder 
lascivement.  Danser  lascivement. 

Miscibililé.   La  miscibilité  des  métaux.  Mis' 


(1)  D'après  cette  étymologie  il  me  semble  qu'il  serait  mieux  de  dire  scia- 
graphie.  Au  reste,  il  n'y  a  que  l'Académie  qui  écrive  sciographie. 


468 

Pr'nuittfa, 
bilis,  de  miscere,  môlcr. 


OSCIXJ.ER,  Se  mouvoir  al- 
ternalivenient  en  deux  sens 
contraires.  Un  pendule  qui 
oscille.  Du  la  t.  oscillare. 

Piscine,  Réservoir  d'eau. 
En  lat.  piscina,  de  piscis, 
poisson. 

Plébiscite,  Décret 
émané  du  peuple  romain 
convoqué  par  tribus.  En 
lat.  plebiscltum ,  de  phùsy 
peuple. 

PaoBOSCiDE ,  La  trompe 
d'un  éli-phant,  d'un  insecte, 
etc.  Du  gr.  proboscls. 

SUSCEFTION,  L'action  de 
prendre  les  ordres  sacrés  ; 
etc.  En  lat.  susceptlo,  de 
susclpere,  prendre. 


Susciter  ,  Faire  naître , 
etc.  En  lat.  suscUarc. 

VeSCE,  Plante  à  fourrage. 
Vn  fagot  de  vesce.  — Semer 
de  la  vesce.  Du  lat.  vcscii 
manger. 

Viscère.  Le  cerveau  ,  les 
poumons,  le  cœur,  etc.,  sont 
des  viscères.  Du  lat.  viscera. 


GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 


Dérivés, 
cetlanés   ou    mélanges.    Cet   auteur  a  pubbtio 
d'excellents  miscellanés. 

Oscillation.  Oscillatoire,  —  Axe ,  centre 
d'oscillation.  Les  petites  oscillations  du  pendule 
sont  isochrones.  —  Les  oscillations  du  flux  et  du 
reflux.  Les  oscillations  d'un  vaisseau,  d'une  clo- 
che,  d'une  escarpolette. — Les  oscillations  ou  la 
fluctuation  du  crédit  public. — Mouvement  oscil- 
latoire. 

C'est  ainsi  que  par  votre  injuste  publiscite, 
vous  avez  ôté  la  vie  à  Ménénius,  aussi  grand  ca- 
pitaine que  bon  citoyen.  (  Vertot.) 


Proboscidiens,  Première  famille  de  l'ordre 
des  pachydermes.  Les  deux  genres  de  cette 
famille  sont  les  éléphants  et  les  mastodontes 
ou  éléphants  fossiles. 

Susceptible ,  Capable  de  recevoir  certaine 
qualité,  certaine  modification.  La  matièreest 
susceptiblede  prendre  toutes  sortes  de  formes. Sus- 
ceptible d'amour,  dchaine.;Ahso\.,  Ilestsuscep— 
tible.  Il  est  facile  à  blesser.  —  Susceptibilité, 
Blesser ,  ménager  la  susceptibilité  de  quelqu'un. 

Suscitation ,  Suggestion,  instigation.  //  a 
fait  cela  à  la  suscilation  d'un  tel.  (  Acad.  )  Res- 
susciter. Notre  Seigneur  ressuscita  Lazare, 


Viscéral ,   Qui   appartient ,  qui   a  rapport 
aux  viscères. 


Ce  qui  caractérise  principalemenl  les  vrais  écrivains,  c'est  la  pro- 
priété des  termes;  car  de  la  propriété  des  termes  naissent  la  préci- 
sion, l'élégance  et  l'énergie.  Au  contraire  ,  chez  les  écrivains  mé- 
diocres, chez  les  grammairiens,  et  chez  ceux  que  Boiste  appelle 
\Qsgensdu  monde,  l'expression  est  toujours,  pour  ainsi  dire,  à 
côté  de  l'idée. 

C'est  que  l'art  de  s'exprimer  en  termes  propres,  c'est-à-dire, 
avec  exactitude,  avec  précision  ,  suppose  yne  connaissance  appro- 
fondie et  universelle  de  la  langue  (1),  un  sentiment  exquis  de  la 

(1)  Un  livre  qui  faciliterait  au  i)lus  haut  point  cette  connaissance;  un 
livre  qui,  entre  autres  résultats  des  plus  importants,  fournirait  à  volonté  le 
mot  propre,  le  mot  consacré  ;  lui  livre  au  moyen  duquel  on  pourrait  trou- 


DES   SIGNES   ORTMO(iKAPHlgLES.  101) 

valeur  des  mois.  Cette  connaissance  ,  ce  senlinient ,  celle  qualité 
essentielle,  l'élude  des  élymologies  peut  seule  la  donner.  Elle  seule 
peut  empêcher  les  acceptions  illogiques  et  forcées  que  l'on  donne  à 
certains  vocables,  faute  d'en  connaître  la  valeur  précise. 

Gardez-vous ,  ô  démolisseurs ,  gardez-vous  de  porter  atteinte  aux 
lois  de  la  dérivation  ,  en  supprimant  les  lettres  étymologiques,  qui 
sont  le  cachet  distinctif  des  mots.  Respectez-les  partout  où  le  temps 
les  a  épargnées  ,  et  écrivez  clef,  pied,  il  advient ,  temps , parents  , 
prudents,  et  même  favorit,  de  préférence  à  clé,  pié,  il  avient , 
tems,  prudens,  favori.  Clé  et  2iié  ne  doivent  être  admis  qu'à  titre 
de  licences  poétiques.  Quant  au  mot  tems  sansp  et  au  pluriel  des 
mois  en  ant  et  eut  sans  t,  rien  n'est  plus  absurde  que  celte  abré- 

ver  sur-le-champ  le  nom  technique  de  tout  objet  réel ,  sans  exception  ,  qui 
s'offre  à  la  vue  ;  qui  pourrait  suppléer  ainsi  au  défaut  de  mémoire  et  d'ins 
traction  même,  et  s'intituler  avec  plus  de  raison  encore  que  cette  gram- 
maire: La  Clef  des  Lakgdes  et  des  Sciences  ;  un  tel  livre  serait-il  indigne 
de  fixer  un  moment  l'attention  du  roi  le  plus  éclairé  et  de  la  reine  la  plus 
bienfaisante  du  monde  ,  tous  deux  si  dévoues  aux  progrès  des  sciences  et 
des  arts,  tous  deux  si  capables  d'apprécier  une  découverte? 

Tel  est  pourtant  l'objet  du  grand  Dictionnaire  dont  je  me  suis  occupé 
depuis  dix  ans  ,  et  que  j'ai  interrompu,  à  la  demande  de  M.  Dutertre,  pour 
entreprendre  cette  grammaire  ,  qui  ne  m'aura  pas  coûté  à  elle  seule  moins 
de  trois  ans  d'un  travail  assidu.  Que  de  vers  j'aurais  pu  faire  dans  cet  inter- 
valle !  Ah!  le  public  doit  bien  de  la  reconnaissance  à  M.  Dutertre  pour  le 
danger  que  celui  ci  a  détourné  de  sa  tête.  Toutefois  ma  passion  pour  mou 
Dictionnaire  eût  également  sauvé  le  public;  car  j'avais  bien  juré  de  ne  plus 
rien  écrire,  de  ne  plus  rien  publier,  que  mon  grand  dictionnaire  ne  fût 
terminé.  Fiez-vous  après  cela  aux  serments  des  poètes  !  Ovide,  pour  son 
compte,  en  écrivait  des  milliers  sur  l'aile  des  vents. 

Mais  je  ne  t'oublie  pas  pour  cela,  mon  cher  dictionnaire  !  Je  t'aime  loii- 
jours  aussi  tendrement,  tu  es  toujours  mon  enfant  de  prédilection  en  qui 
j'ai  mis  toutes  mes  complaisances.  Va,  les  volumes  que  je  publie  te  servi- 
ront de  précurseurs.  Je  les  envoie  pour  annoncer  ta  venue  au  monde  et 
prépai-er  tes  voies. 

Qui  sait  ?  peut-être  le  roi ,  peut-êUe  M.  Villemain,  peut-être  l'Académie, 
peut-être  la  nation  dépêchera-t-elle  à  notre  rencontre,  afin  de  hâter,  par 
tous  les  moyens,  l'instant  heureux  de  ton  apparition;  peut-être  mettra-t-elle 
à  notre  disposition  quelque  puissante  locomotive,  qui  nous  permette  d'aller 
plus  vite.  Kous  en  aurions  grand  besoin,  car  le  chemin  est  malaisé,  et  l'é- 
quipage n'en  peut  plus.  A  l'effet  d'obtenir  une  telle  faveur,  javais  rédigé 
une  demande  en  forme.  Je  ne  sais  par  quel  scrupule  ultérieur  celte  de- 
mande est  restée  dans  mon  portefeuille,  où  elle  est  encore  à  voir  pour  peu 
qu'on  y  tienne.  Je  crois  me  rappeler  qu'un  ami ,  un  véritable  ami ,  m'insi- 
nua qu'on  m'accorderait  peut-être  quelque  chose  comme  une  aumône  et 
je  ne  voulus  pas  m'exposcr  au  danger  de  jeter,  comme  Chatterton,  dans  un 
accès  de  colère,  tous  mes  manuscrits  au  feu;  ce  dont  je  n'aurais  pas  man- 
qué de  me  repentir  après. 

C'est  que  je  n'avais  pas,  comme  tel  autre  grammairien,  jusqu'à  soixanle- 
cinq  députés  dans  ma  manche,  y  compris  M.  Guizot  lui-même.  Je  n'ai  pas 
l'honneur  de  connaître  un  seul  députe.  Le  seul  dont  il  me  lut  raisonnable- 

T,  II.  '_':> 


170  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

vialion,  par  laquelle  le  Journal  des  Débats  tient  tant  à  se  distin- 
guer. Prêter  ainsi  les  mains  aux  ridicules  innovations  des  Joubert, 
des  JVIilleran ,  des  Dangeau  ,  ce  n'est  pas  faire  preuve  de  beaucoup 
de  discernement,  mais  c'est  justifier  pleinement  le  ton  d'outrecui- 
dance avec  lequel  on  ose  parler  quelquefois  de  M.  de  Lamartine. 
Non ,  rien  de  plus  absurde  que  cette  altération  graduelle  qu'on  fait 
subir  à  l'orthographe ,  sous  de  vains  prétextes  de  simplification  et 
d'économie.  Quel  sens  attacheriez-vous,  je  vous  le  demande ,  au 
mol  faisceau ,  s'il  se  présentait  à  vous  sous  la  forme  defesso?  Cet 
unique  exemple  peut  vous  donner  une  idée  de  ce  que  serait  une  or- 
thographe restreinte  à  la  simple  «  expression  graphique  des  sons.» 
Heureusement  que  le  mal  n'est  pas  aussi  grand  que  se  plaît  à 

ment  permis  d'invoquer  l'appui  était  M.  S*'*,  député  natif  de  mon  arron- 
dissement. J'arrive,  on  m'annonce,  je  suis  introduit. 

«Ali  !  c'est  vous,»  se  hâta  de  me  dire  l'honorable  député  de  **^*,sans  me 
laisser  achever  ma  phrase.  «  Je  devine  le  motif  de  votre  visite.  Vous  venez 
»  sans  doute  me  demander  ma  protection.  Mais  vous  oubliez  que,  dans  les 
a  élections  municipales  de  *+**,  vous  avez  parlé  en  faveur  de  M.  G*^^. 
»  M,  G^^^,  il  est  vrai,  est  mon  ami.  Mais  ce  n'était  pas  une  raison  pour  vo- 
»  ter  contre  M.  L***,  qui  est  aussi  mon  ami.  Après  cela,  vous  pensez  bien 
»  que  je  ne  puis  pas  m'intéresser  à  vous.  » 

A  la  bonne  heure.  Voilà  ce  qui  s'appelle  agir  franchement.  J'aurais  presque 
embrassé  M.  S***  pour  une  telle  franchise.  Cela  ne  vaut-il  pas  mieux  cent 
fois,  en  elTet,  que  de  vous  tenir  des  années  entières  le  bec  dans  l'eau  ,  à 
l'exemple  de  ces  chailatans  tout  emmiellés  de  fausses  promesses,  par  les- 
quelles ils  vous  empêchent  de  prendre  à  temps  une  résolution  énergique,  et 
vous  retiennent  ainsi  plongés  dans  l'angoisse  d'une  vaine  attente,  jusqu'à 
l'entier  épuisement  de  toutes  vos  ressources  ? 

11  y  en  a  même  qui,  avec  l'expression  du  plus  vif  intérêt  sur  leurs  lèvres, 
dans  leur  voix,  et  dans  leur  regard,  vous  jurent,  en  vous  serrant  cordiale- 
ment la  main,  de  s'occuper  de  vous  avec  zèle,  lesquels,  le  dos  une  fois 
tourné,  ne  pensent  plus  même  que  vous  existez.  Avis  aux  jeunes  gens,  et  a 
bon  entendeur  salut. 

Bref,  tel  fut  le  résultat  de  ma  démarche  auprès  de  M.  S*^*,  ce  grand  ora- 
teur, dont  l'éloquence,  dont  les  arguments  vous  laissent,  comme  vous  voyez, 
sans  réplique. 

Que  si  l'on  veut  connaître  plus  particulièrement  quels  étaient  mes  torts 
envers  M.  S**'^,'.on  n'a  qu'à  lire,  dans  Amertumes  et  Consolations,  la  pièce 
intitulée  :  Le  Maire  charitable. 

Vous  sentez  bien  que  ce  premier  succès  ne  me  tenta  guère,  et,  pour  par- 
ler comme  l'Académie,  je  rengainai  bien  vite  mon  compliment.  C'est  que 
j'ai  le  malheur  de  me  décourager  vite.  Autant  j'ai  de  persévérance  dans  le 
travail,  autant  j'en  ai  peu  dans  les  choses  qui  touchent  à  mon  bonheur;  et, 
même  en  amour,  si  l'on  ne  fait  vers  moi  la  bonne  moitié  du  chemin,  je  re- 
tourne aussitôt  sur  mes  pas.  Est-ce  orgueil?  est-ce  humilité?  Je  crois  que 
c'est  l'un  et  l'autre. 

Après  ce  que  je  viens  de  raconter,  je  ne  puis  m'empêcher  de  penser  à 
J.  J.  Encore  une  fois,  il  n'aurait  qu'à  avoir  l'épouvantable  idée  d'appuyer 
ma  demande  auprès  du  ministre.  Quelle  vengeance!  J'en  ai  la  fièvre  rien 
que  d'y  songor. 


T>ES    SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES.  171 

le  dire  M.  Fraucis  Wei;  el  les  mois  lîombreux  que  uous  avons  cités 
plus  haut  prouvent  suffisamment  que  l'étymologie  n'a  presque  rien 
perdu  de  son  empire  sur  l'orthographe.  Quant  au  changement  de 
Voi  en  ai,  aux  imparfaits  des  verbes  et  dans  les  mots  terminés  en 
oi  avec  le  son  de  é,  nous  en  remercions  de  tout  cœur  Nicolas  Bé- 
rain ,  de  Rouen  ;  car  cette  légère  innovation ,  dont  la  première 
idée  lui  appartient,  est  un  service  réel  rendu  à  la  langue  ;  puisque, 
sans  porter  aucune  atteinte  grave  à  l'étymologie ,  elle  fait  dispa- 
raître une  des  plus  grandes  difficultés  de  la  prononciation  ;  service 
innappréciable  qui  eût  dû  valoir  à  son  auteur  autre  chose  que  les 
titres  de  x)édant  crotté  et  de  cuistre  que  lui  prodigue  si  libérale- 
ment M.  Francis  Wei.  Surtout  il  est  d'une  critique  bien  peu  fran- 
çaise de  qualifier  sans  façon  M'"^  Leroy,  M"«  Saint-Maurice  et 
M'^«  de  la  Durandière^,  de  précieuses ,  de  pimbêches  et  de  péron- 
nelles, parce  qu'elles  eurent  le  tort  immense,  selon  M.  Francis 
Wei,  de  changer  sçavoir  en  savoir,  resiouissance  en  réjouissance, 
tousiours  entoKJours,  troisiesme  en  troisième,  prosne  en  prône,  veu 
en  vu,  eschantillon  en  échantillon,  etc.  C'est  un  tort  dont,  pour  ma 
part,  je  sais  beaucoup  de  gré  à  ces  vénérables  dames  ;  bien  que  je 
porte  aussi  loin  que  qui  que  ce  soit  le  respect  pour  les  formes  pures 
de  notre  langue,  et  que  je  sois  prêt  à  rompre  autant  de  lances  qu'il 
le  faudra  contre  quiconque  oserait  encore  y  porter  une  main  impie. 

Pour  en  revenir  à  notre  Cj  inutile,  je  crois,  d'avertir  qu'il 
ne  prend  point  de  cédille  devant  e  ou  i,  puisque  de  sa  nature 
il  a  toujours  le  son  doux  devant  ces  deux  voyelles. 

Inutile  aussi  de  répéter  que  le  son  de  Vs  devant  a,  Oj  Uj 
est  toujours  représenté  par  son  signe  propre  :  sage^,  saint „  etc.  5 
excepté  dans  les  dérivés  des  mots  à  désinence  en  ce^  cer  ou 
cevoir^  et  dans  quelques  autres  mots  terminés  par  çon. 

Inutile  encore  de  rappeler  que  Ys  se  redouble  entre  deux 
voyelles ,  sous  peine  d'être  prononcée  comme  un  z^  excepté 
dans  les  mots  suivants  et  leurs  dérivés  ou  analogues  : 


Antiseptique,     re- 
mède ; 

Anlisocial. 
Antisiphilitique, 
Asymptote, 
Coquesigriu;  , 
Désuétude , 


Girasul,    sorte    d'o- 
pale. 

Monosyllabe , 
Parasange  ,  mesure 

i*.;nôrairs. 

Paraseiène, 
Parasol , 


Périsystole, 
Pétiosilex , 
Polysynodie , 
Préséance, 
Présupposer , 
Prolosyncelle  ; 


vicaire  d'un  patria 
:be  ; 

Tournesol , 
Trisection  , 
Unisexuel, 
Vraisemblable. 


172  (;ilAM.\IAIKK    MUAÇAISE. 

Dérivés  et  analogues.  Asymptotique ,  trisyllabe _,  décasyl- 
labe, polysyllabe,  monosyllabique,  parisyllabique,  imparisyl- 
labique, présupposilîon,  vraisemblance,  invraisemblance,  in- 
vraisemblable. 

Toutefois,  je  demanderai  pourquoi  l'on  redouble  Vs  dans 
dessécher,  desseller,  pressentir,  ressentir,  ressouvenir,  ressem- 
bler, etc.  j  et  point  dans  désuétude,  préséance,  présupposer, 
vraisemblable,  etc.  Pourquoi  dissyllabe  et  point  trissyllabe? 
Je  ne  saurais  me  rendre  compte  de  cette  anomalie,  et  c'est 
pourquoi,  je  vous  le  dis,  vous  pouvez  écrire  sans  inconvé- 
nient Dessuétude,presséance,pressupposer,  monossyllabe ,  tris- 
syllabe,  décassyllabe,  hendécassyllabe,  imparissyllabique,  tris- 
section  ,  et  même  unissexuel  et  vraissemblable ;  à  moins  que 
vous  ne  préfériez  :  désuétude ,  pré-séance ,  présupposer, 
vrai-semblable,  etc.  Il  n'y  a  pas  d'autre  alternative  aux  yeux 
de  la  raison.  Cettepetite  innovation,  quoique  très-rationnelle 
et  fondée  tout  entière  sur  l'analogie,  me  vaudra  peut-être  de 
la  part  de  M.  Francis  Wei  les  titres  assez  peu  flatteurs  de 
pédant  crotté  et  de  cuistre  obscur;  ce  jet  subit  de  lumière 
blessera  peut-être  quelques  prunelles  trop  délicates^  mais  on 
s'y  accoutumera,  comme  on  s'est  accoutumé  à  bien  d'autres 
choses  beaucoup  plus  funestes,  comme  on  s'accoutume  à  tout, 
même  à  la  vie,  même  aupoison,  même  aux  feuilletons  deJ.J.! 
Je  ne  vous  dis  rien  encore  des  mots  antisocial,  antiseptique  ; 
car  l'esprit  humain  est  une  bouteille  au  goulot  étroit  oh  le 
bon  sens  ne  pénètre  que  goutte  à  goutte;  mais  leur  tour  vien- 
dra. Jusque  là  vous  ferez  bien  d'écrire  anti-social ,  anti- 
septique. Les  autres  sont  plus  rebelles  à  la  réforme. 

Il  reste  encore  sur  le  son  de  Vs  une  petite  difficulté  à  ré- 
soudre. Nous  avons  dit  que  ce  son  est  toujours  représenté 
par  son  signe  propre  devant  a,  o,  u;  mais  comment,  par  la 
simple  audition,  distinguer  ai  de  ei  ou  de  é,  an  de  en?  Ici 
encore  la  scien(C  étymologi(iuc  est  d  un  grand  secours:   car 


DES    SIGNES    ORTflOOllAIMIIQLES.  1/') 

ai  indique,  selon  l'expression  de  M.  Francis  Wei,  que  le  mol 
latin  dont  le  nôtre  est  dérivé  contient  un  a  corrélatif  dans  sa 
ton  texture.  Ainsi  l'on  écrit  essaim  ^  sain,  saint,  saigner,  sai- 
sir, saison,  h  cause  de  examen,  sanus,  sanclus,  sanguis,  sa- 
cire,  slatio  (1).  Dérivés  et  composés  :  sainement,  assainir, 
sanitaire,  sainbois ,  sainfoin,  saindoux,  saintement,  tous- 
saint,  saisie,  saisissement,  se  dessaisir,  etc.  Ce  sont  à  peu 
près  les  seuls  exemples  qu'on  puisse  citer. 

On  écrit  par  san  les  participes  des  verbes  en  ser  et  leurs 
dérivés  :  compatissant,  croissant,  naissant,  croissance,  nais- 
sance, reconnaissance ,  etc. ,  ainsi  que  l'adjectif  puissant  et 
ses  dérivés  puissance ,  puissamment ,  impuissance . 

Voici  la  liste  des  mots  qui  commencent  par  san  : 


San-btnito , 

Sangle , 

Sansonnet, 

Sanctuaire, 

Sancir, 

Sanglier, 

Santé , 

Sandaller , 

Sanction  , 

Sanglot, 

Santoline  , 

Sang  lade , 

Sandal, 

Sanhédrin  , 

Santon, 

Sanglant, 

Sandale  , 

Sanicle, 

Sanve. 

Sangsue , 

Sandaraqne  , 

Sanie , 

Dérivés  : 

Sanguiii, 

Sandjiak, 

Sans , 

S  anctlonner  , 

Sanguine , 

Sang, 

Sanscrit , 

Sancllficr  , 

SanlcKX,  clc 

Enfin  me  voilà  hors  du  ténébreux  abîme. 

De  l'air,  de  l'air,  mon  Dieu  !  Sur  quelque  haute  cime 

Vos  deux  à  respirer  ! 
Une  source  d'eau  claire  où  me  désaltérer! 
C'est  l'heure  où  chaque  cœur  bat  près  du  cœur  qu'il  aime. 
J'ai  travaillé  bien  tard  ;  ma  fatigue  est  extrême. 
Un  moment  de  repos  ,  Seigneur,  un  scm?  moment! 
11  est  minuit.  Tout  dorl  sous  les  yeux  des  étoiles. 
Moi,  tandis  que  la  nuit  berce  amoureusement 

Le  monde  dans  ses  voiles , 
Et  lui  fait  retrouver  dans  un  rêve  charmant 
Les  fêtes ,  les  plaisirs ,  les  triomphes ,  la  joie  , 
Que  vous  faites ,  Seigneur ,  éclore  dans  sa  voie , 
Moi  seiil,  pour  amortir  les  traits  de  ma  douleur, 


(4)  Celte  dcinièie  élymolugie  est  au  moins  douteuse. 


17  1  «iU.VMMAlKE    MlAiNÇAJSE. 

l'our  écarler  le  spectre  affreux  de  mon  malheur. 
Je  roule  ,  tout  sanglant,  mon  rocher  qui  relombc. 

rUié ,  pitié  ,  mou  Dieu  !  car  mon  âme  succombe 

A  lant  d'efforts  ,  à  tant  de  maux. 
Un  moment  de  repos ,  un  moment  de  repos  ! 
J'ai  soutenu  long-temps  le  choc  d'un  grand  orage 

Qui  m'a  tout  brisé  ,  tout  meurtri  ; 
J'ai  souffert  bien  long-temps  sans  pousser  un  seul  cri, 
Mais  je  ne  réponds  plus,  Seigneur ,  de  mon  courage; 
Et  quand  la  Mort  est  là  ,  qui ,  seule  ayant  pitié  , 
Se\ile  me  tend  les  bras  ,  tous  m'ayant  oublié  ; 
Quand  le  monde  pour  moi  n'est  qu'une  latomie  (1) , 
Qui  pourra  m'empêcher  d'embrasser  cette  amie  ? 

J'ai  déjà  lant  souffert ,  je  souffre  lant ,  mon  Dieu! 
Ah  !  de  grâce  éteignez  cette  douleur  de  feu , 

Cette  éternelle  flamme, 

Cet  enfer  de  mon  âme. 
Hélas  !  voilà  qu'au  souffle  ardent  de  mon  esprit 
Le  brasier  se  rallume,  et  flamboie,  et  grandit. 
Voilà  que  le  serpent  réchauffé  se  ranime; 
Voilà  qu'il  recommence  à  mordre  sa  victime. 
Au  travail ,  au  travail  !  Dans  cet  étau  d'airain 
Comprimons  à  la  fois  mon  cœur  et  mon  chagrin. 
Étouffons  ma  pensée ,  afin  que  la  fournaise  , 
Faute  de  stim,ulant ,  s'assoupisse  et  s'apaise. 

Et  vous,  qui  maintenant  voyez  du  haut  des  deux 
Quel  supplice  mon  cœur  ,  pour  épargner  vos  larmes  , 

Dérobait  à  vos  yeux  , 
Vous ,  témoins  désormais  de  toutes  mes  alarmes  , 
O  ma  mère  ,  ô  Stella,  priez  ,  priez  pour  moi , 
Et  retrempez  mon  âme  au  soleil  de  la  foi. 

Encore  quelques  exemples^  encore  quelques  fleurs  sur  cet 
aride  sol  de  la  grammaire,  trop  peu  cultivé  jusqu'à  ce  jour. 


(J)  Carrière  où  l'on  renfermait  des  prisonniers.  La  plus  célèbre  est  celle 
(le  Syracuse,  taillée  dans  le  roc  par  Denys  le  Tyran.  Elle  est  convertie  aii- 
jourd'lnii  en  jardin  souterrain.  Du  gr.  latomeô,  je  taille  des  pierres,  de  (aas, 
pierre,  et  temni),  je  coupe. 


DES  SIOES    ORTHOGRAPHIQUES. 

LE    PRINTEMPS. 
I. 
Je  marchais  dans  l'air  libre  à  travers  la  prairie 
Pleine  Tde  doux  concerts  et  d'aspects  ravissants  ; 
Le  soleil  rayonnait ,  et  de  l'herbe  fleurie 
Mes  pas  faisaient  sortir  des  nuages  d'encens. 

Tout  riait,  tout  chantait.  Jeune  amante  adorée , 
Des  fleurs  dans  ses  cheveux  et  richement  parée 

De  ses  plus  beaux  atours , 
La  Nature  semblait  rêver  à  ses  amours. 

A  la  voir  souriante,  à  la  voir  jeune  et  belle. 
Avec  son  voile  blanc,  sa  couronne  éternelle 

De  neige  ,  on  eût  pensé 
Qu'elle  attendait  après  son  jeune  fiancé. 

Mais  convient-il  d'avoir  tant  de  coquetterie. 
Lorsqu'on  est  fiancée  et  que  l'on  se  marie , 

Pour  le  premier  venu  , 
Et  d'étaler  ainsi  l'éclat  de  son  sein  nu  ? 

Elle  laisse  flotter  sa  tunique  ondoyante  ; 

Et  sa  bouche ,  en  passant ,  sa  bouche  souriante 

Vous  donne  le  bonjour  , 
Tandis  que  son  œil  bleu  vous  lorgne  avec  amour. 

Voyez,  elle  n'a  pas  cessé  de  vous  sourire. 

Ni  de  vous  agacer  ;  et,  pour  mieux  vous  séduire. 

Elle  vous  tend  la  main  , 
Et  vous  donne  à  baiser  les  roses  de  son  sein. 

Moi ,  devant  ces  trésors  des  plus  charmantes  choses , 
Tout  baigné,  tout  noyé  de  souffles  amoureux  , 
De  céleste  harmonie  et  de  parfums  de  roses, 
Je  me  disais:  Pourquoi  sia's-je  si  malheureux? 

II. 
Je  marchais  dans  l'air  libre  à  travers  la  prairie 
Pleine  de  doux  concerts  et  d'aspects  ravissants  ; 
Le  soleil  rayonnait ,  et  de  l'herbe  fleurie 
Mes  pas  faisaient  sortir  des  nuages  d'enecns. 
Tout  riait,  tout  chantait  j  près  d'une  source  pure  , 
Je  vis  le  beau  Printemps,  l'amant  de  la  Nature  , 

Qui  se  paraît  pour  son  hymen  , 
Nonchalamment  penche  sur  le  flot  argentin. 


ne»  GU.VMM.VIUE    l'KA>'<;VISE. 

Il  était  radieux  comme  une  jcume  gloire. 

La  naïade  (1)  aux  yeux  clairs  lavail  ses  pieds  d'ivoire, 

Et  parfumait  .îcs  blonds  cheveux, 
Ruisselant  en  Ilots  d'or  de  son  IVont  lumineux, 

L'oréade  (2) ,  non  moins  empressée  à  lui  plaire  , 
Lui  mettait  par  dessus  ses  boucles  de  lumière, 

Sa  couronne  de  diamant , 
Et  les  grâces  ornaient  son  visage  charmant. 

agaçant  et  rieur  comme  une  jeune  fille 

Qui  s'en  va  folâtrant  de  charmille  en  charmille  , 

II  se  pencha  vers  le  ruisseau. 
Et  sur  moi  fit  jaillir  une  poussière  d'eau. 

Puis  mêlant  son  gai  rire  au  chant  moqueur  des  merles , 
Il  prit  à  sa  couronne  une  foule  de  perles 

A  l'éclat  vif  et  diapré  , 
Et  les  sema  sur  l'herbe  à  mes  pieds  dans  le  pré. 
Moi ,  devant  ces  trésors  des  plus  charmantes  choses  , 
Tout  baigné,  tout  noyé  de  soujjlcs  amoureux  , 
De  céleste  harmonie  et  de  parfums  de  roses , 
Je  me  disais':  Pourquoi  suis-\c  si  malheureux':' 

m. 

Je  marchais  dans  l'air  libre  à  travers  la  prairie 

Pleine  de  doux  concerts  et  d'aspects  ravissants  ; 

IjC  soleil  rayonnait,  et  de  l'herbe  fieurie 

Mes  pas  faisaient  sortir  des  nuages  d'encens. 

Sur  leur  couche  de  fleurs  ,  au  bord  des  eaux  courantes  , 

Nos  amants  ont  fondu  leurs  lèvres  souriantes 

Dans  un  baiser  divin  , 
Et  la  création  célèbre  leur  hymen. 
Comme  je  regagnais  la  ville  aux  rumeuis  sourdes. 
Léger,  ne  sentant  plus  le  poids  des  heures  lourdes, 
Plongeant  mes  yeux  ravis  dans  les  bleus  horizons  , 
L'âme  pleine  d'oubli,  de  calme,  et  de  chansons, 
A  oilà  que  tout  à  coup  ,  sur  une  pente  douce , 
L'un  près  de  l'autre  assis  sur  un  sofa  de  mousse , 

A  l'ombre  d'un  tilleul , 
3'aperçois  deux  amants,  deux,  et  pourtant  un  seul. 

(1)  Nymphe  des  fontaines  et  des  rivières.  En  grec  naias. 

(2)  Nymphe  des  montagnes.  Du  grec  oros,  montagnr. 


iiES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES. 

Tels  ensemble  croissant  sous  l'œil  de  la  nature , 
Puisant  au  mt^me  sein  la  même  nourriture  , 
Deux  arbustes  jumeaux,  peuplés  d'oiseaux  chanteurs  , 
Ne  forment  qu'un  massif  de  verdure  et  de  fleurs. 

O  rayon  de  l'amour  qui  sur  leur  front  se  joue  ! 
O  rose  de  la  joie  éclose  sur  leur  joue  1 

O  doux  chants  de  bonheur 
Dont  leur  lèvre  frémit ,  chaste  lyre  du  cœur  1 
Alors ,  devant  l'éclat  du  lis  et  de  la  rose  , 
Sous  le  sou/fle  embaumé  qu'exhalait  chaque  fleur. 
De  ma  douleur  en  moi  je  sentis  mieux  la  cause: 
Loin  (V ELLE  sur  Ia  terre  il  n'est  pas  de  bonheur. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

OMMA    VANITAS.    A  M.  l'aBBÉ  '". 

O  Vous  ,  esprit  formé  d'une  divine  essence , 

Ne  vous  dérobez  pas  à  ma  reconnaissance , 

Et  laissez,  laissez-moi  vous  adresser  aussi 

L'hommage  de  mon  cœur  et  vous  crier:  Merci  ! 

Merci ,  ministre  saint  de  la  f;râce,  —  dont  l'âme 

Est  un  foyer  d'amour,  douce  et  limpide  flamme 

Qui,  lorsque  vous  passez  parmi  les  malheureux. 

Fait  qu'un  rayon  d'espoir  s'épanouit  sur  eux  , 

Et ,  brillant  tout  à  coup  comme  un  phare  dans  l'ombre  , 

Jète  un  reflet  du  ciel  sur  leur  demeure  sombre  l 

Merci  du  fond  de  l'âme,  à  vous  ,  cœur  éprouvé  , 

Qui  m'avez  console  ,  béni ,  calmé,  sauvé. 

Qui ,  vrai  soldat  du  Christ,  votre  divin  modèle  , 

Et  tout  prêt  à  mourir  en  serviteur  fidèle  , 

Suivez  de  la  vertu  le  sentier  escarpé  , 

Plein  de  sollicitude  et  de  sueur  trempé  , 

Conduisant  après  vous,  noble  pasteur  des  âmes, 

Loin  des  jets  vénéneux  ,  loin  des  pièges  infâmes  , 

Un  troupeau  bien  souvent  rebelle  à  votre  voix  ; 

De  sorte,  ù  bon  gardien ,  qu'il  vous  faut  bien  des  fois  , 

Retournant  sur  vos  pas ,  chercher  loin  de  la  route 

Vos  brebis  «'égarant  dans  la  forCt  du  doute  ! 

O  céleste  envoyé  ,  qui  passez  ic(-bas  , 

Au  sombre  esprit  du  mal  livrant  mille  combats , 

Cumulant  les  fardeaux,  et  prenant  de  la  vie 

Pour  vous  tout  ce  qu'elle  a  de  moins  digne  d'envie, 


H  78  OKAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Merci  !  car  vous  avez  sur  mon  front  abattu 
Fait  descendre  d'en  haut  l'orgueil  de  la  vertu  ; 
Car  votre  piété  ,  comme  une  clarté  vive 
Sous  laquelle  le  cœur  malade  se  ravive. 
Pour  les  yeux  de  mon  âme  ,  à  travers  sa  prison  , 
A  refait  dans  le  ciel  un  splendide  horizon. 

Où  trouver  des  couleurs  ,  des  notes,  des  paroles  , 
Des  signes,  des  rayons,  des  flammes,  des  symboles  , 
Capables  de  servir  d'interprète  à  mon  cœur  , 
Et  d^exprimer  mes  vœux  dans  toute  leur  ardeur  ? 

Pour  vous,  pour  vous  avec  des  prières  de  flamme  , 
Quelle  faveur  au  ciel  faut-il  que  je  réclame? 
7ct-bas  n'est-il  rien  qui  flatte  vos  désirs  , 
Tel  que  titres  ,  honneurs  ,  richesses,  doux  loisirs  ? 
Eh  bien ,  que  votre  front  se  couronne  de  gloire. 
De  toutes  les  splendeurs  dont  brille  la  victoire  ; 
Que  la  Fortune,  loin  des  vulgaires  rumeurs, 
Vous  porte  sur  son  aile  au  sommet  des  grandeurs  ; 
Qu'en  vous  voyant  passer  la  foule  impatiente 
Éclate  autour  de  vous  en  fanfare  brillante  ; 
Sous  les  plafonds  sculp(ès,  où  le  rayonnement 
De  cent  lustres  répand  son  éblonissement. 
Que  le  banquet  superbe,  éclatant  d'allégresse, 
Prolonge  à  votre  gré  sa  joie  et  son  ivresse  ; 
Qae  splendides  galas  et  concerts  ravissants 
Ne  cessent  d'enivrer  votre  cœur  et  vos  sens  ; 
Que  tout  vœu  de  votre  âme  à  l'instant  s'accomplisse  ; 
Que  chaque  heure  sur  vous  apporte  son  délice  ; 
Que  la  faveur  des  rois,  riche  de  mille  dons, 
Inonde  votre  «cm  de  croix  et  de  cordons; 
D'un  manteau  de  brocart  taillé  pour  un  grand  rôle 
A  votre  tour  drapez  fièrement  votre  épaule  ; 
Ayez,  pour  déposer  l'accablant  poids  des  jours, 
Canapés  de  damas  et  carreaux  de  velours; 
Ne  paraissez  jamais  qu'en  pompeux  équipages, 
Sans  cesse  environné  de  laquais  et  de  pages  ; 
Qu'il  vous  vienne  du  ciel  un  souffle  caressant  ; 
Sur  la  terre ,  en  un  mot ,  soyez  riche  et  puissant. 

Que  dis-jeî  vous  dont  l'œil  pénètre  toute  chose, 
Vous  qui  voyez  la  fin  aussi  bien  que  la  cause, 
Sans  doute  des  grandeurs  vous  savex  le  néant  ? 


DES   SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  179 

Ail  1  comme  on  vide  tôl  celte  outre  de  géant  1 
Et  qu'elle  affreuse  lie  au  fond  du  vase  vide 
Laisse  cette  liqueur  enivrante  et  perfide  ! 
Pour  une  goutte ,  hélas  !  de  ce  nectar  vainqueur , 
Que  de  poisons  mortels  nous  dévorent  le  cœur! 

Puisqu'il  en  est  ainsi,  puisque  l'unique  chose 

Qui  répande  en  notre  âme  un  doux  parfum  de  rose  , 

C'est  de  vivre  pour  Dieu,  de  n'aimer  que  lui  seul; 

Puisqu^it  n'est  qu'un  degré  de  la  pourpre  au  linceul,, 

Qu'au  milieu  des  plaisirs  la  douleur  surabonde  ^ 

Que  tout  sourire  t&i  faux  et  toute  joie  immonde; 

Puisqu'on  ne  voit  partout  que  désenchantements  ; 

Puisqu'un  souffle  détruit  les  plus  fiers  monuments; 

Et  que  la  terre  ,  hélas  !  n'est  qu'une  morne  friche 

Dont  les  fruits  sont  amers  au  pauvre  comme  au  riche; 

Puisqu'a  l'œil  de  l'esprit  cet  immense  univers 

Est  plus  petit  qu'un  grain  de  sable  au  fond  des  mers  ; 

Puisqu'ici  bas  tout  n'est  que  misère  profonde, 

Et  qu'il  faut  tendre  au  ciel  par  le  mépris  du  monde  , 

Foici  quels  sont  pour  vous  mes  souhaits  de  bonheur  : 

C'est  que  Dieu  vous  accorde,  ô  &dè\c pasteur , 

La  grâce  de  gagner  à  Jésus  bien  des  âmes 

Et  de  les  préserver  des  éternelles  flammes, 

Afin  que  vous  puissiez  arriver  quelque  jour, 

Tout  rayonnant  de  gloire  au  suprême  séjour. 

Conduisant  sur  vos  pas  une  légion  d'anges 

Qui  dans  l'éternité  chanteront  vos  louanges.  (  Id.    Ibid.  ) 

A  DEUX  PETITES  PRINCESSES  ALLEMANDES  , 

m"'s  baldine  et  élkonore  de  p*^*. 

Pardon  d'avoir  blessé  votre  patriotisme , 

Beaux  enfants,  nobles  cœurs,  lis  à  l'éclat  si  doux. 

Voyez-vous  !  l'exil  est  im  prisme 
Où  le  pays  natal  brille  au  dessus  de  tous. 
Pardon  d'avoir  ému  votre  jeune  courroux. 
5'il  est  vrai  qu'en  fait  d'arts  la  France  soit  la  France, 
Toujours  est-il,  j'en  ai  la  parfaite  assurance. 
Qu'on  n'y  voit  point  d'enfants  plus  aimables  que  vous.  (Id.  Ibid.) 

«  Mais  nous-mêmes,  humbles  parias  de  V espèce  humaine.  5/  nous 
avions  la  charilé,  loin  de  porter  envie  aux  riches,  loin  de  consi- 


J80  GUAMMAIUE   FRANÇAISE. 

iléier  comme  lui  bien  ce  qui  n'est  que  la  source  de  tous  les  maux, 
nous  apprendrions  de  Jésus-Christ  à  mépriser  les  richesses. 

»  La  charité  exalte  l'homme  et  le  rend  insensible  aux  plus 
cruelles  privations. 

»  Où  les  martyrs  puisaient-ils  cette  patience  inébranlable  qui  les 
soutenait  au  va\\\e\i.  Aqs  supplices,  5/oon  dans  la  charité?  Moins 
occupés  de  ce  qu'ils  possédaient  que  de  ce  qu'ils  convoitaient,  ils 
ont  vu  avec  joie  tous  leurs  biens  pillés  ,  parce  qu'ils  aimaient  Dieu. 

»  Aimons  et  nous  serons  en  sûreté  dans  la  fournaise  de  notre  af- 
fliction; l'amour,  comme  une  rosée  céleste,  peut  rafraîchir  les  flam- 
mes de  la  douleur. 

»  Aimons,  et  la  vie  ne  nous  causera  plus  d'ennuis,  ni  la  mort 
de  terreur. 

»  Ce  qui  peut  nous  arriver  de  pis,  c'est  la  mort  sans  contredit  ; 
et  qu'est-te  que  la  mort,  sinon  la  fin  de  l'épreuve  et  la  porte  de  la 
récompense  F 

»  Ah!  malheureux  qne  nous  sommes  !  si  nous  avions  la  charité, 
voudrions-nous,  subjugués  par  V ascendant  accès  scélérats  qui  font 
de  nous  les  vi\s  instruments  de  leur  «m ^y/V/oo,  voudrions-nous  sacri- 
fier a  quelque  avantage  éphémère  qu'ils  nous  promettent,  lesbiens 
éternels  et  infinis  dont  nous  ne  sommes  séparés  que  de  quelques  pas? 

»  Loin  de  nous  plaindre  de  notre  état,  nous  nous  applaudirions 
d'être  pauvres  ;  car  la  pauvreté  est  le  gymnase  de  la  vertu  ,  tandis 
que  la  richesse  est  le  théâtre  de  tous  les  viees.  Sur  cent  riches  on 
n'en  trouve  pas  un  seul  dont  la  vie  soit  irréprochable,  pas  unseul 
qui  soit  exempt  de  cet  affreux  égoïsme ,  cause  de  tous  les  maux , 
qui  semble  élever  un  mur  d'airain  entre  leur  âme  et  la  vertu.  11 
n'en  est  pas  de  même  parmi  les  pauvres,  pour  qui ,  du  moins,  la 
morale  et  la  religion  ne  sont  pas  de  vains  mots.  En  général,  ceux-ci 
se  mon  trent  bons  et  compatissants,  parce  qu'ils  on  t  appris  a  souffrir; 
ils  ont  la  naïveté,  la  franchise  ;  ils  ne  font  pas  profession  publique 
de  haine  et  de  mépris  pour  le  reste  des  hommes  ;  ils  sont  touchés 
des  moindres  bienfaits;  ils  ont  en  horreur  la  mollesse  et  l'oisiveté  ; 
ils  rendent  a  Pieu  ce  qui  est  h  Dieu  et  à  César  ce  qui  est  a  César. 


DES   SIGNES    OKTHOGIUPHIQUES.  181 

»  Nous  regarderions  donc  notre  part  de  l'héiilagGunwersel comme 
la  meilleure,  si  nous  avions  la  charité. 

»  Et  qu'avons-nous  a  envier  aux  riches  et  aux  puissants  de  la 
terre?  Ne  sommes-nous  pas  mille  fois  plus  riches ,  mille  fois  plus 
nobles  que  tous  les  princes  et  tous  les  rois  ?  Jésus  ne  nous  a-t-il  pas 
donné  le  glorieux  litre  de  frères?  et  ce  litre  n'est-il  pas  supérieur 
à  tous  les  titres  inventés  par  l'orgueil  des  hommes  ?  Jésus-Christ  n'a- 
t-il  pas  dit,  en  parlant  des  pauvres,  Le  royaume  des  deux  est  a  eux? 

D  Nous  avons  été  sacrés  rois  du  ciel  :  quel  est  donc  le  roi  de  la 
terre  qui  oserait  se  prévaloir  sur  nous  de  sa  royauté? 

»  On  dira  de  Sa  BJajesté  Louis-Philippe  que  le  royaume  de  France 
est  a  lui,  de  Sa  Majesté  la  reine  Victoria  que  le  royaume  uni  de 
la  Grande-Bretagne  et  d'Irlande  esta  elle,  de  Sa  Majesté  Fevd'i- 
nand  I"-  que  l'empire  d'Autriche  est  a  lui  ;  mais  toutes  ces  Ma- 
jestés devront  dire  a  leur  tour,  en  parlant  des  pauvres  :  Le  royaume 

DES  deux  EST  A  EUX. 

»  Or,  autant  le  ciel  est  au-dessus  de  la  terre  ,  autant  nous  qui 
sommes  les  rois  du  ciel ,  nous  sommes  au-dessus  des  rois  de  la  terre. 

»  Avec  une  telle  couronne  sur  la  lete.  oserions-nous  fléchir  sous 
V  adversité  F  »  {Id.  Le  Livre  de  Tous.) 

Vain  espoir  1  inutile  soin  ! 
Ramper  est  des  humains  l'ambition  commune; 

C'est  ieui-  plaisir,  c^esl  leur  besoin. 
Voir  fatigue  leurs  yeux,  juger  les  importune. 

Us  laissent  juger  la  fortune  , 
Qui  ÏAitJuste  celui  qu'elle  fait  tout— puissant. 
Ce  n'est  point  la  vertu  ,  c'est  la  seule  victoire 

Qui  donne  et  l'iionneur  et  la  gloire. 
Teint  du  sang  des  vaincus  tout  glaive  est  innocent. 

(  AwDiiji  CiiiiiNiiin.  ) 

La  peinture  des  prt5570H5,  variables  comme  le  cœur  humain  ,  est 
une  source  inépuisable  d'expressions  et  d'idées  neuves  :  il  n'en  est 
pas  de  même  de  la  volupté,  La  tout  est  matériel ,  et ,  quand  vous 
avez  épuisé  i'albàlie ,  la  rose,  et  la  neige,  tout  est  dit.    (V.  Hugo.  ) 

On  doit  encore  i)lus  de  respect  à  la  jeunesse  qti'h  la  deillesse. 

(  Tdcm.  ) 


182  GllAMMAmE    FKA^(;.\ISE. 

Le  mouvement  5e  propage  du  centre  a  la  circonférence  ;  le  tra- 
vail se  fait  en  dessous,  mais  il  refait.  Les  pères  ont  vu  la  révolu- 
tion de  France,  les  fils  verront  la  révolution  d'Europe.     [Idem.) 

Instruire  le  peuple,  c'^n'améliorer;  éclairer  le  peuple,  c'estXe 
moraliser;  lettrer  le  peuple,  c'est  le  civiliser.  (Idem.) 

L'empereur  disait  :  officiers  français  et  soldats  russes. 

(  Idem.  ) 

Les  Gaulois  brûlèrent  Lutèce  devant  César.  Deux  mille  ans  après, 
les  Russes  brûlent  Moscou  devant  Napoléon.  {Idem.) 

La  générosité  consiste  a  se  priver  soz-môme  pour  donner  aux 
autres.  (  Moore.  ) 

Vous  étonner  de  l'inconstance ,  c'est  trouver  étrange  qu'une  glace 
ne  conserve  pas  votre  image. 

La  grammaire  est  la  clef  indispensable  des  sciences  de  l'hoDunc, 
ei  cette  clef  n'est  pas  faite.  (Charles  Nodier.  )  Nous  la  faisons. 

(L.  N.) 

Venfance  et  la  vieillesse  reposent  sur  l'oreiller  de  Vinsouciance, 
]si  jeunesse  sur  les  roses  et  les  épines  de  l'amour,  l'âge  mûr  sur  le 
gril  ardent  de  V ambition.  (Cité  par  Boiste.) 

Dans  une  guerre  civile  la  victoire  même  est  une  défaite. 

(LUCAIN.) 

Il  n'y  a  qu'une  âme  faible  ou  froide  qui  puisse  recevoir  sa  gué- 
rison  du  temps.  (Schiller.  ) 

Avoir  un  but,  dans  sa  vie ,  un  être  adoré  auquel  on  rapporte 
toute  son  existence,  qui  vous  porte  au  bien,  qui  vous  sauve  du  mal, 
pour  qui  l'on  désire  être  grand,  considéré,  honoré;  un  WciV  vivi- 
fiant qui  fasse  éclore  dans  votre  âme  tous  les  germes  de  vertu  que  le 
ciel  y  a  mis ,  qui  y  dessèche  tous  les  germes  du  vice;  un  cœur  qui 
soit  comme  le  dépôt  sacré  des  joies  et  des  bonheurs  que  Dieu  nous 
envoie,  un  cœur  en  qui  vous  vous  sentiez  vivre;  une  voix  amie 
qui  vous  dise  avec  un  sourire,  au  bout  de  vos  longs  efforts  :  c'est 
bien ,  je  suis  contente,  je  suis  fière  ;  une  autre  part  de  vous-même 
cnlin,  la  meilleure  et  la  plus  chère,  d'où  viennent  toute  \oiieforce, 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  ^  83 

tout  votre  orgueil,  tout  votre  bonheur  :  quel  rêve  !  Doux  rcve,  hélas  ! 
sitôt  évanoui  !  (  L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

La  voix  d'un  ami  est  douce  au  cœur  de  celui  qui  souffre. 

[Id.Ibid.) 

Ma  douleur  immense ,  sans  bornes ,  je  la  cache  a  tous  les  yeux  , 
je  l'enveloppe  d'un  voile  brodé  de  fleurs,  je  l'entoure  de  toutes 
sortes  de  précautions ,  je  m^  efforce  de  la  rendre  invisible;  carie 
monde  ne  souffre  pas  qu'on  V attriste.  Le  monde  ne  tend  la  main 
qu'aux  heureux ,  ne  sourit  qu'aux  fronts  souriants  et  couronnés  de 
roses,  ne  répond  qu'aux  compliments  et  aux  flatteries.  {Id.  Ibid.) 

Ah  !  que  n'ai-je  la  foi  des  martyrs  et  des  solitaires ,  cette  foi  su- 
blime^ supérieure  a  tout,  cette  foi  que  j'ai  exaltée  dans  ma  prose  et 
dans  mes  vers ,  hélas  !  par  le  seul  sentiment  du  besoin  immense  que 
j'en  avais!  {Id.Ibid.) 

Vous  êtes  ravissante  d'une  douceur  céleste;  un  ange  du  ciel 
s'emhle  s'être  incarné  en  vous.  Chaque  fois  que  vos  yeux  si  doux 
se  tournaient  vers  moi ,  chaque  fois  que  vos  lèvres  si  fraîches ,  si 
pures,  5/ vermeilles,  s" épanouissaient  sous  une  de  vos  divines  pensées, 
comme  une  rose  sous  un  rayon  du  soleil,  je  sentais  couler  dans 
mon  âme  un  fleuve  de  délices.  (  Id.  Ibid.  ) 

Il  n'y  a  rien  de  changé  en  France ,  il  n'y  a  qu'un  Français  do 
plus.  (  Le  comte  d' Artois.  ) 

Beautru ,  considérant  un  jour  dXi-dessus  d'une  cheminée  la  Jus- 
tice et  la  Paix ,  en  sculpture ,  qui  s'embrassaient  :  «  Voyez- vous ,  » 
dit-il  en  s'adressant  a  un  ami,  «  elles  s'embrassent,  elles  se  baisent, 
»  elles  se  disent  adieu  pour  ne  se  revoir  jamais.» 

M.  J.  J.  a  dit  en  parlant  d'un  crustacé  qvCW  aime ,  a  ce  qu'il  pa- 
raît :  «  Le  homard ,  ce  cardinal  de  la  mer.  »  Cet  écrivain  gastro- 
nome croit  que  le  homard  est  rouge  avant  d'être  cuit. 

A  la  suite  d'une  discussion  politique  très-violente,  deux  jeunes 
hommes  se  rendirent  sur  le  pré.  On  se  battit  au  pistolet,  et  l'un  des 
combattants  ayant  été  blessé  5'écria  :  «  Je  suis  atteint ,  mais  je  ne 
5u/5  pas  convaincu.  ))  (//<fe(n<  et  convaincu  est  une  locution  qu'on  em- 
ployait autrefois  dans  les  jugements  criminels,  pour  exprimer  que  l'ac- 
ciisé  était  reconnu  coupable.  Atteint  et  convaincu  d'avoir  volé.)  [Acad.] 


184  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

<Jii  clomamlait  à  un  homme  iV esprit  pourquoi  il  négligeait  son 
lalcnl  ai  paraissait  5/coDiplctement  insensible  h  la  gloire;  il  répon- 
dit :  «  Mon  amour-propre  a  péri  dans  le  naufrage  de  l'inlérêl  que 
je  prenais  aux  hommes.» 

On  demandait  a  Pope  par  quels  moyens  il  /était  fait  tant  d'amis; 
il  répondit:  «  Au  moyen  de  ces  deux  axiomes  :  Tout  est  possible; 
Tout  le  monde  a  raison,  d 

Quand  M.  de  Talleyrand  fut  nommé  i'/ce-grand-électeur  de  l'em- 
pire, Fouché  dit  :  «Dans  le  nombre  cela  ne  paraîtra  pas;  ce  n'est 
qu'un  oice  de  plus.  » 

On  demandait  a  un  sage  comment  il  était  devenu  si  honnête 
homme  ;  il  répondit  :  «  En  faisant  le  contraire  de  tout  ce  que  font 
les  autres.  » 

Adrien ,  ayant  eu  a  5^  plaindre  d'un  officier  des  légions  de  Sy- 
rie,  avant  qu'elles  \ eussent  proclamé ,  lui  dit  :  «  Tu  es  sauvé;  me 
co/ci  empereur.  » 

Un  homme  qui  ne  lit  guère,  disait:  «  Je  relis  îflontaigne  pour  la 
sixième  fois.  —  Monsieur  est  relieur?  »  demanda  un  auditeur  qui 
le  connaît  bien. 

<(  De  V insuffisance  du  salaire  naît  encore  .  pour  les  hommes ,  le 
profond  dégoût  qu'ils  apportent  presque  toujours  dans  la  tâche  qui 
leur  est  imposée.  Cela  se  conçoit.  Sait-on  leur  rendre  le  travail  at- 
trayant, soit  par  la  variété  des  occupations ,  soit  par  des  récom- 
penses honorifiques,  soit  par  des  soins ,  soif  par  une  rémunération 
proportionnée àux  bénéfices  que  leur  main  d'œuvre  procure,  soit  en- 
fin par  \ espérance  d'une  retraite  assurée  après  de  longues  années 
de  labeur?  Non  ,  le  pays  ne  s'inquiète  ni  ne  se  soucie  de  leurs  be- 
soins ou  de  leurs  droits. 

1)  Et  pourtant  il  y  a ,  pour  ne  citer  qu'une  branche  à' industrie , 
des  mécaniciens  et  des  ouvriers,  dans  les  usines,  qui,  exposés  a  l'ex- 
plosion de  la  vapeur  et  au  contact  de  formidables  engrenages,  cou- 
rent chaque  jour  de  plus  grands  dangers  que  les  soldats  n'en  cou- 
rent a  la  guerre,  déploient  un  savoir  pratique  rare,  rendent  a  Vin- 
dustrie,  et  conséquemmcnt  au  pays,  à' incontestables  services  ]^c\\- 


DÉS  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  185 

dant  une  longue  et  honorable  carrière,  à  moins  qu'ils  ne  périssent 
par  l'explosion  d'une  chaudière  ou  qu'ils  n'aient  quelque  membre 
broyé  entre  les  dents  de  fer  d'une  machine. 

»)  Dans  ce  dernier  cas ,  le  travailleur  reçoit-\\  au  moins  une  ré- 
compense égale  a  celle  que  reçoit  le  soldat  pour  prix  de  son  cou- 
rage :  wwQ.  place  dans  une  maison  d'invalides?  Non.  Qu'importe  au 
pays  ?  Et  si  le  maître  du  travailleur  est  ingrat,  le  mutilé,  incapable 
de  service^  meurt  de  faim  dans  quelque  coin. 

»  Enfin,  dans  ces  fêtes  pompeuses  de  Vindustrie,  convoque-t-on 
jamais  quelques-uns  de  ces  habiles  travailleurs  qui  seuls  ont  tissé 
ces  admirables  étoffes ,  forgé  et  damasquiné  ces  armes  éclatantes , 
ciselé  ces  coupes  d'or  et  d'argent,  sculpté  ces  meubles  d'ébène  et 
d'ivoire,  monté  ces  éblouissantes  pierreries  avec  un  art  exquis? 

B  Ne  serait-il  pas  d'un  noble  et  encourageant  exemple  de  voir 
le  maître  proposer  aux  récompenses  ou  aux  distinctions  publiques 
l'ouvrier  député  par  ses  pairs  comme  l'un  des  plus  honnêtes,  des 
plus  laborieux,  des  ^^his'mleWigenls  ôe  sa  profession  F 

»  Alors  une  désespérante  injustice  disparaîtrait;  alors  les  vertus 
du  travailleur  seraient  stimulées  par  un  but  généreux,  élevé;  alors 
il  aurait  intérêt  a  bien  faire, 

»  Sans  doute  \e  fabriquant  (I),  en  raison  de  Vintelligence  qu'il 
déploie  des  capitaux  qu'il  aventure,  des  établissements  qu'ï\  fonde, 
et  du  bien  qu'il  fait  quelquefois,  a  un  droit  légitime  aux  distinctions 
dont  on  le  comble  ;  mais  pourquoi  le  travailleur  est-11  impitoyable- 
ment exclu  de  ces  récompenses  dont  V action  est  si  puissante  sur  les 
masses  ? 

»  Les  généraux  et  les  officiers  ^on^-ils  donc  les  seuls  que  l'on  ré- 
compense dans  une  armée  ? 

»  Après  avoir  justement  rémunéré  le  chef  de  celle  puissante  et 
féconde  armée  de  Vindustrie,  pourquoi  ne  jamais  songer  aux  sol- 
dats F 

(1)  Je  sais  bien  qu'on  écrit  le  plus  ordinairement  fabricant,  mais  il  me 
plaît  à'ùcihe  fubri(/iianl,  comme  on  écrit  af laquant,  choquant,  marquant, 
etc.  Libre  à  vous  de  m'imiter  ou  non. 

T.  II.  24 


I  80  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

»  Pourquoi  n'y  a-l-il  jamais  pour  eux  cle  signe  de  rémunération 
éclatanle?  quelque  consolante  parole  d'une  lèvre  auguste?  Pour- 
quoi ne  voit-on  pas,  en  France,  un  seul  ouvrier  décoré  pour  prix  de 
son  intelligence,  de  son  courage,  de  sa  probité,  des  services  qu'il  a 
rendus  au  pays?  Cette  cvo'wei  la  modeste  pension  qui  l'accompagne 
seraient  pourtant  une  récompense  justement  méritée.  Mais  non  : 
pour  l'humble  travail,  pour  le  travail  nourricier,  il  n'y  a  qu'oubli, 
injustice,  indifférence,  dédain  ! 

»  Aussi  de  cet  abandon  public,  souvent  aggravé  par  Végo'isme  et 
par  la  dureté  de  maîtres  ingrats,  naît  pour  les  travailleurs  une  con- 
dition déplorable. 

»  Les  uns,  malgré  un  labeur  incessant ,  vivent  de  privations  cl 
meurent  avant  l'âge,  presque  toujours  en  maudissant  une  société 
qui  les  délaisse;  d'autres  cherchent  l'éphémère  oubli  de  leurs  maux 
dans  une  ivresse  meurtrière  ;  un  grand  nombre  enfin,  n'ayant  au- 
cun intérêt ,  aucun  avantage ,  aucune  incitation  morale  ou  maté- 
rielle ,  a  faire  plus  ou  a  faire  mieux,  se  bornent  à  faire  rigoureu- 
sement ce  qu'il  faut  pour  gagner  leur  salaire.  Rien  ne  les  attache 
à  leur  travail,  parce  que  rien  a  leurs  yeux  ne  rehausse ,  n'honore, 
ne  glorifie  le  travail.  Rien  ne  les  défend  contre  les  séductions  de 
l'oisiveté ,  et,  5'ils  trouvent ,  par  hasard ,  les  moyens  de  vivre  quel- 
que temps  dans  la  paresse,  peu  à  peu  ils  cèdent  a  ces  habitudes  de 
fainéantise,  de  débauche;  et  quelquefois  les  plus  mauvaises  pas- 
sions flétrissent  a  jamais  des  natures  originairement  saines,  hon- 
nêtes, remplies  de  bon  vouloir,  faute  d'une  tutelle  protectrice  et 
équitable ,  qui  ait  soutenu,  encouragé,  récompensé  leurs  premières 
tendances,  honnêtes  et  laborieuses.»  (Eugène  Sue.) 

Ces  exemples  prouvent  de  quelle  importance  il  était  de  ré- 
gler enfin  Vexpression  graphique  d'un  son  qui  se  reproduit 
sans  cesse  dans  le  discours  et  dont  les  signes  figuratifs  sont 
si  variés. 

Voici  un  exemple  frappant  des  erreurs  où  peut  faire  tom- 
ber la  confusion  de  ces  divers  signes. 

Piron  avait  reçu  d'une  marquise  bel  espiit  un  billet  ainsi  conçu: 


DES  SIGNES  ORTHOGUAPlllQLES.  1  S" 

«  Monsieur^  vous  êtes  prié  de  venir  couper  ce  soir  \\  l'iiôlcl  entre 
8  et  9.  »  Piron  ir  rendit  a  Vimntation^  qu'il  prit  au  pied  de  la  lettre, 
à  tel  point  que  pendant  tout  le  souper  il  ne  fit  que  découper,  et  ne 
desserra  les  dents  ni  pour  manger  ni  pour  parler.  «  Monsieur ,\\\\ 
dit  la  marquise  vers  le  milieu  du  repas,  vous  n'avez  donc  pas  faim? 

—  Si,  madame.  —  Alors  pourquoi  ne  mangez-vous  pas?  —  Parce 
que  je  ne  suis  pas  invité.  —  Vous  n'avez  donc  pas  reçu  mon  billet? 

—  Pardon,  le  voici. —  Eh  bien? —  Eh  bien  !  je  me  rends  a  Yind- 
tation  :  vous  m'avez  engagé  à  couper  ,  et  je  coupe.  » 

Cet  exemple  n'est  pas  le  seul  qui  se  présente  à  ma  mé- 
moire. J'en  sais  beaucoup  d'autres  plus  piquants  encore , 
mais  moins  propres  à  être  mis  sous  les  yeux  de  mes  char- 
mantes lectrices.  Des  lectrices  sont  toujours  charmantes  j 
car  lire  suppose  de  l'âme,  de  l'intelligence,  de  l'esprit. 

De  l'^tpostroplie  (1). 

Vaposlrophe  est  une  petite  marque  en  forme  de  vir- 
gule (') ,  dont  on  se  sert  pour  indiquer  l'élision  ou  suppres- 
sion d'une  des  voyelles  a,  e,  i.  Elle  se  place  en  haut,  entre 
la  consonne  et  la  voyelle,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  les  ex- 
pressions suivantes  :  L'apôtre ^  L'amitié ^  L homme.  S'il 
vientj  D'où  vient.  Jusqu'à  ce  que,  Quoi  qu'il  en  soit. 

Ainsi  l'apostrophe  tenant  lieu  d'une  voyelle  supprimée 
empêche  l'hiatus  (2),  et  sauve  l'oreille  d'une  commotion  dé- 
sagréable. 

Voici  les  cas  où  son  intervention  est  nécessaire. 

(1)  En  grec  apostrophe,  de  aposlréphô,  ie  détourne.  Ce  mot,  dans  le  sens 
qu'il  exprime  ici,  dérive  plus  naturellement  du  latin  apostrophas.  C'est 
pourquoi  nous  ne  ferons  pas  un  crime  à  M.  Maugard  d'avoir  fait  ce  niot 
masculin,  quoique  l'Académie  et  tous  les  lexicographes  le  lassent  du  fémi- 
nin.— L'apostrophe,  que  l'on  a  définie  Le  signe  d'une  voyelle  rctranchcc  (sig- 
nimi  rejectœ  vocalisj,  avait  chez  les  Latins  une   destination  plus  étendue. 

(2)  Elle  tenait  souvent  la  place,  non-seulement  d'une  voyelle,  mais  encore 
d'une  consonne,  et  quelquefois  même  de  deux  lettres.  Ainsi  l'on  écrivait  : 
Vidcn',  lacen',  dictn' ,  satin',  pngnavimu' ,  omnibii' ,  accipicndu'  si,  tempus'  st, 
etc.,  pour  Vidcsne,  taccsne,  discisne,  satisnc,  pugnavimus,  omnibus,  uccipien- 
dum  est,  tempus  est,  clc.  En  français  on  ne  retranche  aucune  consonne. 

Il  est  vrai  pourtant  que  le  Journal  des  Débals,  écrit  prutl'  homme  ,  mais 
c'est  prudhoinmcs  qu'il  faut  écriic,  en  un  seul  mot ,  ou,  si  l'on  veut  un  signe 


ISS  GIIAMMAIRE  FRAIVÇAISE. 

I. 

L'apostrophe  remplace  la  voyelle  o  de  l'article  et  du  pro- 
nom la^  devant  un  mot  qui  commence  par  une  voyelle  ou 
un  h  muet.  Exemples  : 

Souvent  Y  espérance  est  un  mal  ;  sans  elle,  le  repos  naîtrait  de  la 
nécessité  de  se  résigner. 

Les  larmes  sont  V éloquence  des  femmes. 

La  richesse  enfante  l'iwarice  ou  l'insolence.  (Euripide.) 

^habitude  nous  entoure  de  liens  imperceptibles  et  nous  entraîne. 

Les  religions  mal  comprises  ont  ensanglanté  la  terre  et  Vont 
souillée  de  crimes. 

Dieu  ,  souriez  d'oeil  haut  à  cette  jeune  femme  , 
Vrerge  aux  chastes  soupirs  que  votre  amour  euflaDime  , 
Diamant  détaché  de  vos  couronnes  d'or, 
Pour  tout  ce  qui  i'cntonre  ineffable  trésor. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Le  pronom  la,  placé  après  un  impératif,  ne  souffre  point 
élision. 

Aimez-/rt  et  rendez-/fl  heureuse. 

IL 

L'apostrophe  remplace  de  même,  en  cas  d'élision,  Ve 
muet  final  des  monossyllabes  Le,  je,  me,  te,  se,  que,  ne, 
CE,  DE.  Exemples  : 

Faire  du  bien  a  ses  einiemis,  c'est  ressembler  a  l'encens  qui  par- 
fume le  feu  par  lequel  il  est  dévoré.  (Cité  par  Boiste.) 

Rien  ne  prouve  mieux  combien  nous  sommes  des  machines  frêles 
et  périssables  que  P empressement  avec  lequel  nous  nous  deman- 
dons réciproquement  tous  les  jours:  «Comment  vous  portez-vous?» 

(  BOINVILLIEUS.  ) 

entre  les  deux  radicaux  de  ce  nom  composé,  prud-liommcs,  avec  un  trait 
d'union  ;  la  destination  du  trait  d'union,  dans  les  noms  composés,  étant  juste- 
ment d'indiquer  la  suppression  d'une  ou  de  plusieurs  lettres  ,  soit  consonnes, 
soit  voyelles  ,  de  marquer  contraction.  Si  je  me  trompe,  pourquoi  l'Acadé- 
mie écrit-elle,  au  mot  croix,  grand-croi.v  au  lieu  de  grand'  croix  ?  Ce  qui 
m'étonne,  c'est  qu'elle  écrive  au  pluriel  des  grands-croix.  Elle  connaît  bien 
mal  l'objet  du  trait  d'union  dans  les  noms  composés.  Nous  le  lui  apprendrons. 


DES  SIGNES  ORTHOGIIAPIIIOLES.  I  SU 

Le  souverain  est  enrhumé,  le  courtisan  veut  Vêtve. 

L'Jiomme\e  pluslibre  est  celui  qui  a  le  moins  de  passions. 

Un  homme  de"  qualité  étant  allé  voir  Fontenelle  et  le  trouvant  de 
fort  mauvaise  humeur  :  «  Çw'afe2-vous?lui  dit-il. — Ceque/«/?») 
répondit  Fontenelle.  uJ'ai  un  domestique  qui  me  sert  aussi  mal  que 
SI  j'en  avais  trente.  » 

Des  sages  t'avaient  dit  :  L'exil  est  sur  la  terre, 

Et  l'homme,  vivant  pour  souffrir  , 
Y  paye  à  l'injustice  un  droit  héréditaire 

Que  nul  ne  pourra  lui  ravir. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Ne  croyez  pas  que  foutes  ces  fêtes  m^ amusent  beaucoup  ;  fy  vais 
parce  qu'il  le  faut,  mais  le  plus  souvent  pour  m'y  ennuyer  aussi. 

Ne  croyez  pas  que  le  monde ,  avec  ses  critiques  et  ses  préjugés ^ 
m'empêchera  d'être  votre  amie.  (  Idem.  \ 

Ah  I  ne  m'oubliez  pas  ,  et  gardez-moi  de  grâce , 
Gardez-moi,  pour  m'aider  à  souffrir  ma  douleur, 
Gardez-moi ,  bien  ,  malgré  le  temps,  malgré  l'espace. 
L'humble  coin  que^'ai  cru  tenir  dans  voire  cœur. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Je  t'aimais  laconslZDt,  qu'auraîs-jetaiit ,  fidèle?         (Racine.) 

Que  tu  es  bonne ,  que  tu  es  aimable  de  f  occuper  ainsi  de  moi , 
de  penser  a  moi,  de  f  intéresser  a  moi ,  de  m' écrire'. 

Le  brave  ne  se  connaît  qu'à  la  guerre ,  le  sage  que  dans  la  colère^ 
l'ami  que  dans  le  besoin,  (  Sentence  persane.  ) 

Les  amants  peuvent  s'aimer  avant  de  se  connaître  ;  les  époux 
doivent  se  connaître  avant  de  s'aimer. 

Il  serait  bien  cruel  a  vous  de  n'approcher  la  coupe  de  mes  lèvres 
que  pour  l'en  retirer  aussitôt. 

Te  voir ,  c'est  pour  moi  le  ciel. 

Ah  !  le  bonheur  n'est  pas  fait  pour  nous  autres  poètes,  et,  si  la  for- 
tune a  quelques  traits  bien  aigus,  bien  empoisonnés,  c'est  toujours 
contre  nous  qu'elle  les  dirige  de  préférence. 

(L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

La  religion  conserve  aux  malheureux  le  bonheur  d'aimer. 


IIM)  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

Que  dv.  charme  en  la  voix,  d'amour  en  Ion  sourire  '. 

Dans  l'azur  de  tes  yeux  quelle  suavité  1 

Sur  la  terre  est-il  rien  qu'on  loue  et  qu'on  admire, 

Est-il  rien  sous  le  ciel  d'égal  à  ta  beauté  !     (L.N.  Amertumes,  etc.) 

Ce  qui  fut  bien  hier  peut-il  être  mal  aujourd'hui  !' 

La  voyelle  finale  des  pronoms  Je^  le^  ce,  lorsqu'ils  son,t 
placés  après  le  verbe,  s'élide  dans  la  prononciation,  comme 
tout  e  muet  final,  devant  une  autre  voyelle,  mais  se  con- 
serve dans  récriture. 

Comment  commencer  ai -je?  Et  comment  à  ma  bouche 

Préterai-je  un  discours  qui  vous  plaise  et  vous  touche?    (LBBanw.) 

Que  dis-jc?  Où  suis-je?  Où  vais-je?  Où  porté-je  mes  pas? 
Que  vois-je  ?  Qu'at-ye  ouï?  (Classiques.) 

Voyez-le  a  son  retour.  (  Académie.  ) 

Est-ce  ASSGz,  dites-moi?  N'y  snis-je  point  encore?   (La  Fu«taine.) 

Quoique  les  mots  OMZCjOnzîemejOm^  commencent  par  une 
voyelle,  cependantonécritet  on  prononce  sans  élision  l'article, 
la  préposition,  ou  toule  autre  particule  qui  précède  cesmots. 

De  onze  enfants  qu'ils  claient ,  il  en  est  mort  cinq.  De  (rente,  il  n'en  est 
resté  que  onze.  Le  onze  n'est  pas  Lien  marqué  sur  ce  cadran.  Le  onze,  le 
onzième  du  mois.  La  onzième  page.  Je  crois  que  oui.  Le  oui  et  le  non.  Je  veux 
savoir  te  oui  ou  le  non  de  la  proposition  que  Je  vous  ai  faite.  Je  veux  savoir  po- 
sitivement si  vous  l'acceptez  ou  si  vous  la  refusez.  Il  a  dit  ce  oui  à  regret.  Il 
a  dit  ce  oui-là  de  bon  cœur.  Le  oui  fatal. 

Selon  Girault  Duvivier  «les  diphlhongues  moi  et  toi, 
placées  après  un  impératif,  s'élident  devant  en  »,  mais  moi 
et  toi  ne  se  trouvent  jamais  placés  devant  en.  C'est  me  et  te 
qu'on  emploie  devant  en  (1),  et  nous  savons  déjà  que  me  et 
te  s'élident  devant  une  voyelle. 

(1)  En  voici  la  preuve  :  «Quand  le  verbe  est  à  l'impératif  ,c/  que  le  pro- 
«nom  qu'il  régit  n'est  \wint  suivi  du  motcji,  c'est  Moi  qu'il  faut  eni- 
»  ployer  après  le  verbe. —  Le  pronom  tue  se  place  après  U;  verbe  lorsqu'il  se 
»  trouve  tout  à  la  fois,  1°  que  le  verbe  est  à  l'iiiipcralif  .  2"  que  la  phrase 
B  est  alTirmative,  3"  que  la  paiticule  en  suit  iumicdialcnient  le  pronom. 
»  f^ou s  m'avez  jeté  dans  l'embarras ,  faites-m'en  sortir.  »   (  AcADiisni;.  j 


DES  SIGNES   ORTHOGRAPHIQUES.  ^0I 

J'ai  besoin  de  sages  conseils,  donnez-m'en. 

«  Ah  !  si  (lu  moins ,  »  disait  un  malheureux  époux  h  sa  femme , 
ft  tu  ne  m'accablais  pas  de  ce  langage  cérémonieux  qui  tue  le  sen- 
timent, si  lu  consentais  h  me  tutoyer,  je  serais  le  plus  heureux  des 
hommes!  —  Eh  bien ,  soit,  m-fen  !  »  lui  dit-elle. 

III. 

Grande,  placé  devant  un  substantif  féminin  qui  com- 
mence par  une  consonne,  perd  quelquefois  Ve^  qu'on  rem- 
place alors  par  l'apostrophe. 

A  grand'  peine.  C'est  grand'  pitié.  C'est  grand'  honte.  Ce  n'est  pas  grand' 
chose.  La  grand'  messe.  Ma  grand'  mère.  Ma  grand'  tante.  Avoir  grand' 
faim.  Avoir  grand'  peur  (1). 

Il  s'est  assis  là ,  grand'  mère  ? 

Grand'  mère,  il  s'est  assis  là  ?  (  Bébangeh,  ) 

IV. 

Ve  muet  de  la  préposition  entre  s'élide  dans  la  pronon- 
ciation et  dans  l'écriture,  mais  seulement  dans  les  verbes 
réciproques  et  dans  le  substantif  entr'acle. 

Les  hommes  doivent  s'enti-^aider.  (  Académie.  ) 

Ils  firent  des  feux  sur  les  montagnes  pour  s'enlrm^erfir.  (Idem.) 

Les  hommes  s' entr' égorgent  pour  un  peu  d'or. 

(1)  On  trouve  encore  dans  les  grammaires  grand'  chambre,  grand'  salle, 
grand'  rue,  grand'  route,  grand'  chère,  grand'  fcle,  grand'  soif  ;  mais  cette 
manière  de  prononcer,  fruit  de  la  nonchalance,  n'est  tolérabie  que  dans 
une  petite  bouche  trop  délicate  pour  supporter  la  fatigue  d'une  pioaoncia- 
tion  plus  forte  et  plus  sonore.  Laissant  ce  petit  procédé  aux  petites  maî- 
tresses ,  vous  direz  donc  et  vous  écrirez  :  La  grande  chambre,  La  grande  salle, 
La  grande  rue,  La  grande  rouie.  Faire  grande  chère.  C'est  demain  grande 
fêle.  Avoir  une  grande  soif.  Fous  n'aurez  pas  grande  peine  à  faire  cela. 

En  aucun  cas  vous  ne  pourriez  dire  :  Quelle  grand'  peur  j'ai  en  !  une 
très-grand'  messe,  la  plus  grand'  chose.  Du  moment  oii  l'adjectif  féminin 
grande  est  précédé  de  quelque  modificatif ,  il  ne  souffre  plus  élision. 

C'est  par  ellipse  qu'on  a  appelé  Grand'croix,  celui  qui,  dans  un  ordre  de 
chevaliers,  a  le  privilège  de  |)orter  la  croix  de  l'ordre  attachée  à  un  grand 
ruban  ronge  mis  en  ccharpe.  Jusque  là  rien  de  mieux.  Mais  pourquoi  l'Aca- 
démie écrit-elle,  au  mot  cband,  grand'croix  et  grands-croix?  A  quoi  l'esprit 
peut-il  faire  rapporter  l'adjectif  ^ranf/,  grands?  il  faut  écrire  grand-croix , 
au  singulier  comme  au  pluriel,  avec  un  trait  d'union,  en  sorte  que  le  mot 
grand  devienne  invariable. 


192  GR,VMMAIRE  FRANÇAISE, 

De  ce  qu'on  ne  porte  pas  des  lunetles  de  même  couleur ,  est-ce 
une  raison  pour  se  haïr  et  %'eatr  égorger  ?  (I). 

Hors  de  là,  l'e  ne  s'élide  pas  dans  l'écriture. 

Que  les  gens  de  biens  jurent  entre  eux  une  alliance,  une  union 
inviolable. 

Il  ne  faut  point  de  cérémonie  entre  amis. 
J'ai  vu  les  plus  beaux  tableaux  de  Rome ,  entre  autres  la  Trans- 
figuration de  Raphaël.  (Académie.) 

V. 
L'e  final  de  jusque  s'élide  devant  à,  au,  aux,  ici. 

De  Paris  jusqu'à  Rome.  Jusqu'au  bout.  Il  fait  sa  cour  à  tout  le  monde,  Jus' 
qu'aux  derniers  commis  des  minisires.  Il  alla  Jusqu'en  Afrique.  Jusqu'où  faut- 
il  que  j'aille?  On  n'avait  point  vu  cela  jusqu'ici. 

La  dissimulation  ne  doit  aller  que  Jusqu'au  silence. 

(Le  roi  Stanislas.) 

Chante ,  ami  généreux ,  pour  calmer  mon  délire  , 
Pour  bercer  ma  tristesse  aux  accents  de  ta  lyre  , 
Jusqu'au  jour  où  ,  brisant  nos  terrestres  liens  , 
Nous  nous  élancerons  %'ers  la  source  des  biens. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations,  ) 

Jusqu'aujour  où  je  vous  reverrai,  Stéphanie,  que  les  heures  vont 
me  paraître  longues  ! 

VI. 

L'e  final  de  presque  s'élide  dans  le  mot  presqu'île. 

Où  nous  disons  presqu'île,  les  Grecs  disaient  chersonèse  et  les 
Romains  péninsule. 

L'Espagne  et  l'Ilalie  sont  deux  grandes  presqu'îles,  que  l'on  dé- 
signe quelquefois  par  les  noms  de  péninsule  ibérique  et  péninsule 
HESPÉRiQUE.  On  dit  même ,  en  parlant  de  la  première ,  la  pénin- 
sule, sans  rien  ajouter. 

Hors  de  là,  on  écrit  presque  sans  élision. 
Ou  peut  regarder  le  climat  comme  la  cause  première  et  presque 
unique  de  la  couleur  des  hommes.  (Buffon.  ) 

J'aimerais  infiniment  mieux  s'entrc-aider,  s'entre-avertir,  s'enlre-é/^orger. 
L'apostrophe  empiète  ici  sur  le  domaine  du  trait  d'union. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  195 

Les  grands  besoins  naissent  des  grands  biens,  et  rendent  la  ri- 
chesse presque  égale  a  la  pauvreté.  (Le  roi  Stanislas.  ) 

VIL 

L'e  des  mots  lorsque,  puisque,  et  quoique,  s'élide,  mais 
seulement  quand  ces  conjonctions  sont  suivies  des  pronoms 
il:,  Mtj,  erij  ou  de  l'article  indéfini  un^,  une^  ou  d'un  mot 
qui  les  saisit  immédiatement  et  s'incorpore  pour  ainsi  dire 
avec  elles. 

Lorsqu'on  met  les  places  a  l'enchère ,  on  met  l'honneur ,  la  li- 
berté, les  vertus  au  rabais. 

Puisqu'il  n'est  qu'un  degré  de  la  pourpre  au  linceul  ; 
Puisqu'au  milieu  de  tout  la  douleur  surabonde, 
Que  tout  sourire  est  faux  et  toute  joie  immonde  ; 
Puisqu'on  ne  voit  partout  que  désenchantements; 
Puisqu'un  soufile  détruit  les  plus  fiers  monuments  ; 
Puisque  la  terre  ,  hélas  !  n'est  qu'une  morne  friche 
Dont  les  fruits  sont  amers  au  pauvre  comme  au  riche  ; 
Puisqu'à  l'œil  de  l'esprit  cet  immense  univers 
Est  plus  petit  qu'un  grain  de  sable  au  fond  des  mers  ; 
Puisqu'ici-has  tout  n'est  que  misère  profonde  , 
C'est  au  ciel  qu'il  faut  tendre  en  méprisant  le  monde. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Puisqu'au  milieu  de  vous  je  n'ai  pu  trouver  place, 

Ingrats,  voyez  ma  mort.  ( Id.  lùid.  ) 

Puisqu'on  ne  peut  tout  ce  qu'on  veut,  ne  voulons  que  ce  que 
nous  pouvons.  (TérExNce.  ) 

Puisqu' ainsi  est,  je  ne  conteste  plus.  (Académie.) 

Jamais  un  lourdaud,  quoi  qu'il  fasse, 

Ne  saurait  passer  pour  galant  (1).  (  La  Fontaine.  ) 

(1)  Voici  comment  MM.  Noël  et  Chapsal  ont  corrigé  ce  vers  de  La  Fon- 
taine : 

Jamais  un  lourdaud  ,  quoi  qu'il  fasse, 
Ne  pourra  passer  pour  un  tentant. 

Mais  il  faut  n'avoir  pas  la  moindre  intelligence  de  la  langue,  pour  émettre 
une  telle  ineptie.  11  y  a  une  grande  différence  entre  passer  pour  galant  <'t 
passer  pour  un  galant.  Galant,  adjectif,  exprime  une  qualité  d'autant  plus 
précieuse  qu'elle  devient  de  plus  en  plus  rare  ;  Galant,  substantif,  emporte 
le  plus  souvent  une  idée  de  mépris.  C'est  un  monsieur  fort  galant ,  est  fiat- 

T,  n.  "ir, 


194  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

Quoiqu'il  n'Y  ait  rien  de  si  naliirelà  riiomme  que  d'aimer  et  de 
connaître  la  vérité ,  ii  n'est  rien  qu'il  aime  moins  ni  qu'il  cherche 
moins  a  connaître.  (  Cité  par  MM.  Noël  et  Chapsal.  ) 

L'envie  sent  le  prix  du  mérite,  quoiqu'elle  s'efforce  de  l'avilir. 

(Cité  par  les  mêmes.) 

Mais  on  écrira  sans  élision  : 

Lorsque  Alexandre  pénétra  dans  l'Inde, —  Puisque  aider  les  malheureux 
est  un  devoir,  —  Quoique  invisibles ,  il  est  toujours  deux  témoins  qui  nous 
regardent:  Dieu  et  la  conscience  (Fknklon.)  ,  —  Quoique  étranger,  on  vint 
me  chercher  pour  me  faire  roi  (Id.  ),  —  Le  maître  de  la  maison  me  paraît 
un  homme  généreux,  quoique  un  peu  fier  (  Voltaire). 

VIII. 

Ve  final  de  QUELQUE  s'élide,  mais  seulement  dans  les 
mots  quelqu'un  ,  quelqu'une. 

Quelqu'un  a-t-il  jamais  douté  sérieusement  de  l'existence  de 
Dieu  ? 

Plus  on  aime  quelqu'un,  moins  il  faut  qu'on  le  flatte.      (Molièbe.) 

Ou  est  toujours  mécontent  ;  on  aime  a  se  plaindre  partout  où 
l'on  est;  on  crie  toujours  contre  quelqu'un  ou  quelque  chose. 

(Le  prince  de  Ligne.  ) 

Quelqu'un  a  défini  la  femme,  Un  animal  qui  s'habille,  babille  et 
se  déshabille. 

Plusieurs  femmes  m'ont  promis  de  venir,  nous  en  aurons  quel- 
qu'une. (Académie.) 

Dans  les  autres  cas,  le  ne  s'élide  pas. 

tenr;  C'est  un  galant,  est  presque  une  injure.  Dans  le  vers  de  La  Fontaine, 
Galant  s'igniCie,  aimable;  dans  celui  de  MM.  Noël  et  Chapsal,  il  signifie 
amant.  La  Fontaine  a  voulu  dire  :  Un  lourdaud  ignore  l'art  d'être  aimable;  et 
voilà  que,  sans  scrupule,  MM.  Noël  et  Chapsal  lui  font  dire  :  Vn  lourdaud 
ignore  l'art  d'être  un  amant. 

Et  c'est  ainsi  qu'une  observation  pleine  de  justesse  devient,  entre  les 
mains  des  grammairiens,  une  grosse  bêtise. 

C'est  ainsi  que  nos  maîtres  en  l'art  de  parler  et  d'écrire  entendent  la 
langue  qu'ils  nous  enseignent. 

C'est  ainsi  qu'ils  ne  sauraient  écrire  une  ligne  qui  ne  fournisse  quelque 
exemple  des  incorrections  dont  ils  prétendent  nous  corriger. 


DES  SlGiNES  ORTHOGRAPHIQUES.  105 

J  aimerais  mieux  m'aller  caher  dans  quelque  île  déseile  <iue  de 
me  charger  de  gouverner  une  république. 

(  FÉNÉLON,  cité  par  Girault  Duvmer.) 

Quelque  esprit  que  VOUS  ayez,  dites  quelque  chose  qui  vaille  mieux 
que  le  silence ,  ou  taisez-vous. 

Pourquoi  l'air  et  l'eau ,  quelque  agités  qu'ils  soient,  ne  s'enflam- 
ment-ils point? 

Quelque  heureusement  doués  que  nous  soyons ,  nous  ne  devons 
pas  en  tirer  vanité.  (  Boniface.  ) 

Quelque  élégante ,  quelque  admirable ,  quelque  diverse  que  soit 
la  structure  des  végétaux  ,  elle  ne  frappe  pas  assez  un  œil  ignorant 
pour  l'intéresser.  (J.  J.  Rousseau.) 

Tâchez  de  trouver  quelque  autre  chose  qui  vous  satisfasse. 

(Racine.) 

Adressez-vous  à  quelque  autre  personne,  a  quelque  autre  {\). 

(Académie.) 

IX. 

Enfin,  rapostrophe  remplace  Xi  de  si,  devant  le  pronom//. 

S'il  est  mieux  pour  nous  d'être  que  de  n'être  pas,  c'est  assez  pour 
justifier  notre  existence.  (J.  J.  Rousseau.) 

Pleurez  sur  vos  lauriers ,  s'ils  servirent  a  courber  votre  patrie 
sous  un  joug  étranger. 


(1)  Wailly,  Lévizac ,  Lhomond ,  Le  Tellier.  Gueroult,  écrivent  qiiel- 
qu'autre,  mais  à  tort,  puisque  l'usage  et  l'autorité  de  l'Académie  s'y  op- 
posent. 

N'oublions  pas  de  faire  remarquer  que,  dans  aucun  cas,  on  ne  doit,  en 
écrivant,  éliderl'e  muet  de  la  préposition  coutkb,:  Contre-allée,  contre- amiral, 
contre-approches,  travaux  des  assiégés;  con<re-éc/iani,'e,  contre -enquête, contre- 
épreuve, conire-èpreuver,  contre-espalier,  contre-indication  (T. de  Méd.), contre- 
opposition  (T.  du  langage  parlementaire. ),con(re-orrfrc.  Contre  un  tel  enticmi, 
le  courage  est  inutile.  (Académie.)  Fig.,  Élever  autel  contre  autel,  Faire 
un  schisme.  La  différence  d'opinion  élève  autel  contre  autel,  bûcher  contre 
bûcher,  échafaud  contre  èchafaud  ;  la  moitié  du  peuple  y  pousse  l'autre. 
(Cité  par  Boisle.) 

Oui ,  Lanioignon  ,  je  luis  les  cliagiins  tic  la  ville  , 

Et  contre  eux  la  campagne  est  mon  unique  asile.  (  BolLEAi'.  ) 


'  *-'<►  GHAMMAIKE  1  UANÇAiSE. 

Si  ne  perd  son  i  devant  aucun  autre  mot,  par  quelque 
voyelle  gue  le  mot  commence,  quand  même  ce  serait  par 

un  i. 

Si  elle  vient.  Si  à  l'heure  de  son  dîner  elle  reçoit  quelque  nouvelle.  (  AcaûS- 
MiB.J  Si  Isocrate  avait  moins  vécu.  (Id,  )  Si  Irène  avait  tenu  une  autre  con- 
duite. (Id.) 

Les  hommes  sont  en  général  si  fourbes,  si  envieux,  si  cruels,  que, 
quand  on  en  trouve  un  qui  n'a  que  de  la  faiblesse,^  on  est  trop  heu- 
reux. (Voltaire.) 

Si  on  {])  pouvait  lire  dans  k  eœur  des  hommes,  que  de  mé- 
comptes ! 

Si,  précédé  de  la  conjonction  etj,  s'emploie  quelquefois, 
dans  la  conversation  familière,  pour,  cependant,  avec  cela, 
néanmoins;  et  alors  il  ne  perd  jamais  sa  voyelle ,  pas  même 
devant  le  pronom  il. 

Il  est  brave  et  vaillant,  et  si  il  est  doux  et  facile.  (Académie.)  //  est  très- 
savant ,  et  si  il  est  modeste.  (Id.) 

Bref,  il  n'y  a  que  la  conjonction  conditionnelle  si  qui 
perde,  comme  on  l'a  vu,  son  i  devant  il,  et  uniquement 
dans  ce  cas,  à  l'exclusion  de  tout  autre. 

Du  Tiret  ou  Trait  d'union, 

APPELÉ  Division  PAR  LES  IMPBIMEUBS. 

Je  ne  sais  OÙ  j'ai  vu  qu'(7n  homme  qui  disserte  est  un  homme 
à  noyer.  Après  avoir  lu  les  huit  ou  dix  pages  que  M.  Landais  a  com- 
pilées au  sujet  de  ce  pauvre  signe  appelé  tiret  ou  trait  d'union , 
je  suis  loin  de  réclamer  contre  la  rigueur  de  la  sentence.  Quiconque 
lue  par  l'épée,  périra  par  l'épée,  dit  Jésus-Christ;  c'est  bien  le 
moins  que  celui  qui  noie  soit  noyé. 

(1)  Les  grammairiens  vuus  disent  que  l'on  ne  doit  pas  écrire  si  on,  mais 
si  l'on.  Celte  observation  est  ridicule,  et  l'Académie  n'y  a  pas  égard  une 
seule  fois  dans  tous  le  cours  de  son  Dictionnaire.  Qu'est-ce  que  ce  si  on  a 
donc  de  plus  choquant  que  le  <("(»i  final  des  mots  inondation,  acclamation , 
admiration,  etc.,  autre  hialiis  que  supporte  le  vers  le  plus  délicat  ? 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHI(^QES.  i  97 

Je  me  ferais  un  cas  de  conscience  de  mettre  le  flegme  de  mes 
lecteurs  à  pareille  épreuve,  par  une  suite  infinie  de  raisonnements 
d'autant  plus  ennuyeux  qu'ils  sont  superflus. 

Le  Tiret  OU  trait  d'union  est  un  petit  trait  horizontal  (-), 
dont  on  se  sert  pour  joindre  certains  mots,  qui  proprement 
sont  censés  n'en  faire  qu'un,  ou  qui  du  moins  ne  peuvent 
être  séparés  dans  la  prononciation.  Tout-puissant,  chef- 
d'œuvre ,  moi-même,  irai-je^  viendrez-vous j  donnez-moi ^ 
celui-ci,  celui-là,  cette  femme-là,  etc.  Dans  le  discours  pro- 
noncé, il  y  a  toujours,  après  chaque  mot,  un  repos,  ou  du 
moins  une  nuance  d'intonation,  si  faible  qu'elle  soit,  qu'on 
observe  naturellement,  et  sans  laquelle  il  serait  impossible 
de  démêler  aucun  sens  parmi  les  divers  sons  qui  frappent 
notre  oreille.  En  voici  la  preuve  : 

Didondinaditondudodundindo7idodu. 

Tontétatilgitéritatou. 

Tatétardcntètun. 

Qu'une  telle  suite  de  sons  viennent  à  être  confondus  dans 
la  prononciation, comme  ils  le  sont  ici  dans  l'écriture,  c'est- 
à-dire  à  être  exprimés  tout  d'une  haleine  et  du  môme  ton, 
je  défie  qui  que  ce  soit  d'y  saisir  aucun  sens  (1).  Tandis  que, 
si  les  mots  que  forment  ces  divers  sons ,  sont  distingués,  et , 
pour  ainsi  dire,  espacés  dans  la  prononciation,  comme  ils 
doivent  l'être  dans  l'écriture,  on  comprendra  sans  peine  que 
cela  signifie  : 

Bidon  dîna ,  dit-on ,  du  dos  d'un  dindon  dodu. 
Ton  thé  fa-t-il  guéri  ta  toux  ? 

Ta  tête  ardente  est  un  grand  moule 

D'où  l'idée  en  bronze  jaillit.  (Victor  Hugo.) 

C'est  de  cet  espace  entre  les  mots,  marqué  dans  la  pro- 
nonciation par  un  repos,  et  dans  l'écriture  par  un  blanc, 

(1)  Nouvel  aiguillent  contre  Jes  siinpliiicutcur&  de  Tort hogiap lie. 


Ii)<^  GUAAIM.UKE    IKANljAlSE. 

que  dépend  la  différence  des  deux  expressions  que  voici  : 

Arrête,  lâche ,  arrête. 
Arrête  la  charrette. 

Or  il  ne  peut  y  avoir  aucun  repos  entre  tout  et  puissant  ^ 
chef  et  d'œuvrCj  viendrez  et  vous^  celui  et  c^^,  etc.;  c'est- 
à-dire  que  ces  expressions  doivent  se  prononcer  tout  d'une 
haleine  comme  un  seul  mot. 

L'unique  destination  du  tiret  est  donc  de  marquer  l'u- 
nion intime  qui  existe  entre  deux  mots  ou  entre  les  deux 
parties  d'un  mot  qu'on  s'est  trouvé  dans  la  nécessité  de  di- 
viser au  bout  de  la  ligne,  faute  d'espace  pour  le  finir.  C'est 
pourquoi  les  grammairiens  le  nomment  avec  raison  trait 
d'unioUj  sans  qu'on  puisse  dire  pour  cela  que  les  impri- 
meurs ont  tort  de  l'appeler  trait  de  division;  puisque,  pour 
eux  qui  ne  considèrent  que  la  représentation  graphique  du 
mot ,  le  tiret  divise  réellement,  bien  qu'il  ne  divise  que  pour 
unir. 

Les  trois  dénominations  appliquées  au  signe  dont  il  s'a- 
git sont  donc  parfaitement  justes.  La  première  en  déter- 
mine la  forme,  et  les  deux  autres,  la  destination,  aux  deux 
point  de  vue  du  grammairen  et  du  typographe.  Nous  ajou- 
terons quQ  tiret  ne  saurait  être  remplacé  par  trait  j  terme 
d'une  application  trop  générale ,  trop  étendue,  et  par  con- 
séquent trop  vague,  si  elle  n'est  déterminée  par  un  complé- 
ment, comme  dans  trait  d'union  ^  trait  de  division  ;  ce  dont 
je  suis  très-fâché  pour  les  novateurs.  Toutefois,  comme 
grammairien,  je  nommerai  de  préférence  trait  d'union^  le 
signe  dont  il  s'agit  ici,  me  réservant  d'appeler  spécialement 
tiret  le  signe  de  ponctuation  dont  la  figure  est  aussi  un  trait 
horizontal,  mais  différent  du  trait  d'union  en  ce  qu'il  est 
plus  long. 

Après  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  la  destination  du 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  I  D9 

trait  d'union  j,  concevra-t-on  qu'un  grammairien  ait  prétendu 
qu'il  fallait  écrire ,  Aimons  nous  les  uns  les  autres ,  donnons 
nous  du  bon  temps,  et  non  pas,  Aimons-nous,  donnons-nous. 
«  Si  on  met,  dit-il,  un  trait  (quel  trait?)  dans  ces  propo- 
»  sitions  :  Aimons-nous  les  uns  les  autres,  ce  qui  signifie 
»  Aimons-nous  nous-mêmes  réciproquement;  donnons-nous 
»  du  bon  temps,  ce  qui  signifie  Donnons  du  bon  temps  à  nous; 
»  comment  les  distinguera-t-on  de  ces  propositions  interro- 
»  gdit\\ es?  Aimons-nous  nos  semblables?  Donnons-nous  ce 
»  que  nous  pouvons  donner?» 

Voilà  maintenant  qu'en  dehors  de  ses  attributions  natu- 
relles, le  trait,  comme  l'appelle  M.  Napoléon  Landais  d'a- 
près d'autres  grammairiens ,  est  encore  appelé  à  servir  de 
signe  distinctif  entre  le  sujet  et  le  régime  d'un  verbe. 

Il  faut  avouer  que  les  grammairiens  sont  doués  d'une 
rare  finesse  de  tact,  d'esprit,  et  de  jugement. 

Sans  nous  piquer  d'une  telle  finesse  ,  nous  allons  simple- 
ment nous  borner  à  indiquer  dans  quels  cas  on  fait  usage  du 
trait  d'union. 

I. 

Le  trait  d'union  sert  de  lien  intime  entre  les  radicaux 
ou  parties  d'un  mot  composé.  Exemples  : 


A  bras-le-corps.  L- 

adv. 

Hn  agous-castus, 

espèce    de     Éattilier, 
arbrisseau     qu  on 
nomme  aussi  vilex. 

Une  aide  majorité. 
Hn  appui-main. 
Dneaprès-dînée. 
Une  après-midi. 
Une  après-soupée. 
Une  aqua-tinta,  ou 
aqua-tinte,  "srèoe 


nn  arc-boutant, 
Arc-bouter. 
Ua  arcdoubleau. 
Dn  arcen-ciel. 
Dn  arrête-bœuf, 

espèce  de  bujrane. 

L'arrière-ban. 
L'arrière  -  bouche 

ou  pharynx. 

Dne  arrière-cour. 
De  arrière- goût. 
A   tire  larigot,   l. 

adv. 

L'avant  bras. 


nn  avant-corps. 
ane  avant-cour. 
A  vau-l'eau,  L.  adv. 
Le  bas-dessus. 
Le  bas-Empire. 
Dn  bas-fond. 
Le  bas-relief. 
La  basse-contre. 
La  basse-cour. 
La  basse-fosse. 
La  basse-taille. 
Du  battant-l'œil  , 

bonnet  de  femm'i . 

Le  beau-fils. 


Le  bcau-fière. 
Le  beau-père. 
La  Ijclladona.' 
Labelle-fiile.j 
La  belle-mère. 
La  belle-sœur. 
Dn  bcc-de-cane. 
Dn  bec-de-corbeaii 
ouBec-de-corbin. 

Bec-de-cygne,  ins- 
trument de  Chirurêie. 

Bec-de-corbin,  es- 
pèce   de   halletardc. 

Gentil  homme    à 


200 

bec-de-corbin. 
On  bec-de-lièvre. 
Dn  bec-degiue  ou 

Géranium. 

Un  bec-de-vautour 

ioDtruœent  do    Chi- 
rurgie. 
B-fa-si.  T.  de  LIus. 

Bien-ainié. 
Le  bien-dire. 
Bien-disant. 
La  bien-être. 
Bien-tenant ,  T.  de 

Jurisprud.  ancienne. 
Le»  héritiers  et  bien-le- 
nanti. 

Un  bon  chrétien. 
Le  bon-henri , 

plante  potagère,  épi- 
nard  sauvage. 

Dn  bonnet-de-prê- 
tre ou  à-prètre, 

T.  de  Fortification. 

Le    bonnet-à-prê- 

tre  ou  Fusain. 

La  bonne-voglie. 
La  borne-fontaine. 
Le  bouche-trou. 
Le  bouillon-blanc, 

espèce  de  molène. 

La  boule-de-neige. 


GRAMM.AIRE   FRANÇAISE. 


La    bourse-à-pas- 

teur,  planta   cruci- 
fère. 

Le  bout-dehors  ou 
boute-hors ,   t.  de 

Marina. 

Le  boute-en-train, 

T.  de  Haras. 

Le  boute-feu. 

Le  boute-selle. 

Le  bout-riuié. 

Labranche-ursine . 

Le  branle-bas. 

Un  brèche-dent. 

Bredi-Breda  ,  ex- 
pression adverbiale  et 
très— familière. 

Bric-à-brac  (Mar- 
chand de  ] 

On  brise-raison. 
Un  brise-tout. 
nn  brùle-tout. 
Cahin-caha.  Tant 

bien   que  mal. 

Le  caput-mortuum 

T.  de  Chimie. 

Dn   carême  -  pre- 
nant. 
Le  casse-cou. 
Le  casse-tête. 


Des  Ccnt-Suisses, 

On  Cenl-Stiisses  (1). 

Le  cerf- volant. 
Le  Chausse-pied. 
Le  chef-d'œuvre. 
Le  chef-lieu. 
Les  chevau-légers 

(2)._ 
Le  chie-en-lit. 
Le  choléra-morbus 
Le  chou-fleur. 
Le  chou-rave. 
Le  chou-navet. 
La  claire- voie. 
Le  clair-obscur. 

Clair-semé. 

Clopin-clopant 
Le  colin-maillard. 
La  contre-allée. 
La  contre-ordre. 
Le  conlre-seing:. 
Le  coq-a-1  ane. 
Un  croc-en-jambe. 

croque- mort. 
On  croque-note. 
On  cul-de-jatte. 
Dn  cul-de-sac. 
Dn  cul-delampe. 
Dn  demi-dieu. 
Dne  demi-fortune. 


Dne  demi-heure. 
La  double-deux. 
La  douce-amère. 
Dne  eau-forte. 
L'extrême-onction 
La  faim-valle. 
Dn  faux-fuyant. 
Le  fer-blanc. 

Dn  fétu-en-cul,  oi- 
seau. 

Dn  fier-à-bras. 
Dn  franc-maçon. 
Dn  franc-réal. 
Le  gorge-de-pigeon 
Dn  gros-bec. 
Dn  haut-à-bas  , 

porte-balle. 

Dn  haut-le-pied. 
Dn  haut-le-corps. 
Dn  haut-bois. 
L-impératrice- 

reine 
Jésus-Christ, 
Le  laisser-aller. 
Le  laisser-dire. 
Le  laisser-faire. 
Dn  meurt-de-faim. 
La  mi-mai. 
La  mi-septembre. 
La  non-jouissance. 


(1)  L'Académie  écrit  Un  cent-suisse,  sans  la  marque  du  pluriel  ;  mais  je 
ne  crois  pas  que  l'ellipse  autorise  cette  suppression. 

(1)  Grand  tumulte,  on  le  sait ,  parmi  les  grammairiens,  au  sujet  de  ce 
mot.  M.  Napoléon  Landais  vous  crie  à  tue-tête  que  clievau  sans  x  n'est 
pas  tolérable.  Plus  calme,  M.  Roniface  se  borne  à  vous  dire  qu'on  écrit 
chevau  sans  x,  parce  que  l'usage  le  veut  ainsi.  Ce  mode  d'explication  est, 
en  général,  celui  de  tous  les  maîtres  de  langue.  A  toutes  les  questions  que 
vous  leur  faites,  «C'est  l'usage,'  répondent-ils.  Réponse  fort  commode,  as- 
surément.C'est  donc  à  nous  qu'est  réservée  la  solution  de  ce  grand  problème, 
qui  a  exercé  vainement  tant  de  grands  esprits.  Eh  bien,  sachez  donc  qu'on 
écrit  chevait-lègers  sans  as,  parce  qu'il  ne  s'agit  pas  de  chevaux  légers ,  mais 
A'hommcs  à  cheval  légers,  c'est-à-dire  légèrement  armés;  que  a« ,  selon  le 
génie  de  notre  langue,  est  la  contraction  naturelle  de  al,  et  qu'ainsi  l'on 
écrit  par  contraction  ,  chevau-légers  ,  puuv  à  cheval  légers,  comme  on  écrit 
à  vau-l'eau,  pour,  à  val-l'eau.  Tout  ce  qu'il  y  a  à  reprendre  dans  l'ortho- 
graphe de  ce  mot,  c'est  le  trait  d'union.  La  loi  de  contraction  veut  que 
vous  écriviez  ;  Un  chevauléger ,  des  chevaulégers.  Comme  on  peut  le  voir. 
Un  cheval-léger  eût  fait  équivoque. 

Que  s'il  en  est  qui  se  révoltent  contre  cette  décision,  je  leur  pardonne  vo- 
lontiers; mais  la  raison  leur  pardonnera-t-elle  ?  Hélas!  ù  grammairiens,  la 
raison  a  déjà  tant  souffert  de  vos  luttes  ,  qu'il  serait  vraiment  beau  à  vous 
de  prendre  enfin  sa  défense,  et  de  chercher  à  parer  un  peu  les  terribles 
coups  que  ne  cessent  de  lui  porter  le  Journal  des  Débats  et  la  Gazette  de 
France,  accompagnés  de  tant  d'autres  don  Quichotins. 


DES   SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES. 


Ua  non-sens. 
One  non-valeur. 
Le  nord-est. 
Le  nord-ouest. 

tin  œil-de-bœuf,  fe- 
nêtre ronde  ou  ovale. 

Un     œil-de-bouc , 

coquillage. 

cfn  œil-de-chèvre , 

plante. 
On  œil-d'or,  poisson 

Un    œil -de -chat, 

pierre  précieuse  cha- 
toyante. 


On  œil-de-serpent, 

petite   pierre    de  peu 
de  valeur. 

Le   pas -d'âne, 

plante. 

Le  passe-carreau. 
Le  passe-cheval. 
La    passe-fleur    ou 

Anérmne, 

3u  passe-niéteil. 

Le  passe-pied  ,    es- 
pèce de  danse. 

La  passe-pierre,  ou 

Bacile, 


Le  pêle-mêle. 
Le  petit-gris. 
Le  petit-canon. 
Le  petit-parangon. 
Le  petit-romain. 
Le  petit-texte,  etc, 

caractères  d'iruprim. 

Les     Petites -Mai- 
sons. 
Peut-être. 
Le  piano-i'orté. 
Le  pic-vert. 
Le  plat-bord» 
La  plate-bande. 


201 

La  plate-lornie. 
Le  plus-que  parfait 
Lï  plus-value. 
Le    porle-aiguille. 
Le  pou-de-soic. 
Le  prt)c«'s-verbal. 
Le  quartier-maître 
Le  quasi-délit. 
Le  SHint-augiistin, 

caractère  d'imprime- 
rie. 

Le  tête-à-tête. 
Le  Val-de-Grâce. 
Vis-à-vis.  Etc. 


Pourquoi  écrit-on  encore  d'après  l'Académie  :  chausse- 
pied,  chauffe-pied j,  couvre-pied,  couvre-chef,  chausse-trappe , 
coupe-cul,  coupe-gorge,  entre-luire ,  entre-ligne,  entre-nœud, 
passe-droit,  passe-port,  porte-clefs,  porte-voix,  cric-crac,  etc., 
tandis  qu'on  écrit,  en  un  seul  mot.  Hochequeue,  hochepied, 
hochepot,  tournebride ,  tournebroche ,  entremets,  entrelaille, 
entrelacer,  entremêler,  porteballe ,  portechoux ,  portecollet, 
portecrayon,  portefeuille,  portemanteau,  parterre,  atout,  tric- 
trac, flonflon,  etc.,  etc.  ? 

Chaquefois  que  rien  ne  s'oppose  à  la  simplification  d'un 
mot,  il  faut  le  simplifier.  Tous  les  substantifs  suivants  sont 
mûrs  pour  l'état  de  mots  simples.  Ainsi  écrivez-les  sans 
trait  d'union. 


Aigredoux. 
tine  aidemajorité. 
Une  aiguemarine. 
Un  appuimain. 
Dn  arrêtpbœuf. 
One  bassecour. 
Une  bassefosse. 
Une  bassetaille. 
Dnbecfigue. 
Du  bonchrétien. 
Dn  bonnevoglie, 
La  bornefontaine. 
Le  bouclietrou. 
Le  bouledogue. 
Le  boutefeu. 
Le  branlebas. 
Dn  brèchedent, 

T.  II. 


Un  hrùietout. 
Le  caillelait. 
Du  cassecou. 
Dn  chasseconsin. 
Le  chauffepied. 
La  chaussetrappe. 
Dn  chevauléger. 
Le  chèvrefeuille. 
Le  chèvrepied. 
Le  chiendent. 
Le  chonfleur. 
Le  chounavet. 
Le  chonpille. 
Le  chourave. 
La  clairevoie. 
Clairsemé. 
ot-  cognef'êtu. 


Dn  comptepas. 
Contrebalancer. 
La  contrebasse. 
La  contrebatterie. 
Cuntrebouter. 
Contrecalquer. 
Le   contrecharnie. 
Le  contrechâssis. 
La  contreclef. 
Le  contrecœur. 
Le  contrecoup. 
Le  contrecourant. 
La  contredanse. 
Dne  contrefîche, 
Dne  contrefinesse. 
Dn  contrefort. 
Dne  contrefiigue. 


Dne  contregarde. 
Le  cnntrejour. 
Dne  contrelatte. 
Contrelatter. 
Dne  contrelettre. 
Le  contremaître. 
La  contremarche. 
Li  conlremarée. 
La  contremarque. 
Contre  marquer. 
La  contremine. 
Contreminer. 
Dn  contreminejir. 
La  contrepartie. 
Contrepcser. 
L»  con  trépied. 
Le  contrepoids. 

t2G 


202 

Le  contrepoil. 
Le  contrepoint. 
Conlrepointer. 
Du  conliopoison. 
Une  contreporte. 
nne  contrcrôvolu- 

tion. 
Dne  contreruse. 
Le  contretemps. 
La  contreterrasse. 
Le  contrevent. 
Contretirer. 
Le  coupecul. 
Le  coupegorge. 
Dn  coupejarret. 
Le  coupetête.  jau. 
La  courtepointe. 
La  couvrechef". 
Le  coiivrefeu. 
Le  convrepied. 
Dn  crès'ecœur. 
tJn  croqnemort. 
Dn  croquenole. 
Le  curedent. 
L3  damejeanne. 
s'entrefrapper. 
Dn  entreligne. 
Entreluire.    > 
s'entremanger. 
Dn  entrenœud, 
s'entrenuirc. 
s'entrepercer. 
Dn  entrepont. 
S'entrepousser. 
s'entretailler  (1). 
Une  entretaillure. 
Cet  entretemps. 
Dn  essuîmain. 


GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 


Le  l'erblanc. 
Lu  fourmilion. 
Le  Irancalleu. 
Le  gagnepain. 
Le  garde ibu. 
Le  garde  manger. 
Lo  gardemeuble. 
La  garderobe. 
Dn  gâtepâte. 
Le  gobemouche(2) 
La  hautecontrc. 
Le  haussecol. 
Le  hochepied. 
Le  hochepot. 
Le  hochequeue. 
Dn  impromptu. 
Eu  messirejean. 
Laraillefeuille. 

Dn  millepied  ,    in- 
secte. 

La  mouillebouche, 

poire. 

Dn  nonsens. 
Dne  nonvaleur. 
Par  nonvue. 
Dn  ouïdire. 
Le  nouveanné. 
Dn  orangoutang  ou 

simplement  Uvtltl^, 

Le  passecarreau. 
Le  passecheval. 
Le  passedebout. 
Le  passedix. 
Le  passedroit. 
La  passelleur. 
Le  passeméteil. 
Le  passeparole. 
Le  passepartout(3) 


TourUe  paSSCpaSSC. 

Le  passepied. 
La  passepierre. 
Lo  passepoil. 
Le  passeport. 
La  percefeaille. 
Philippeville. 
La  perceneige. 
Le  pivert. 
La  pigrièche. 
Le  piquenique. 
Le    pianofortc    ou 

simplement  ptano, 

La  platebande. 
La  plateforme. 
La  platelonge. 
Les  portebarres. 
Le  porteclef. 
Le  portecollet. 
Le  portecrayon. 
Leportecroix. 
Le  portecrosse. 
Le  portefaix. 
Le  portefer. 
Le  portefeuille. 
Le  portehache. 
Le  portemanteau. 
Le  portemontre. 
Le  portemors. 
Le  portemoiichette 
Le  portepage. 
Le  portetrait. 
Le  portevent. 
Le  portevergc. 
Le  portevis. 
Le  portevoix. 
Le  pourboire. 
Le  ponrparler. 


Le  quasicontrat. 
La  quasidélit. 
La  quintcfeuille. 
Lareiaeniarguerite 
La  reineclaude. 
Dn  coupegorge. 
La  sauvegarde. 
Dn  songecreux. 
Dn  songemalice. 
Dn  soulfredouleur. 
Sousentendre. 
Lasousentente. 
Le  soussel. 
Soussigné. 
Le  taillemer. 
Le  tamtam.  ' 

Le  taupegrillon. 
Tragicomique. 
La  terrenoix. 
Le  terreplein. 
Le  tireballe. 
Le  tirebouchon. 
La  tirelire. 
Le  tire  tête. 
Le  torchée ul. 
Le  torchenez. 
Le  tournebride. 
Le  tournebroche. 
La  toutebonneouO/'- 

l'fl/e, espèce  desauêe. 
Le  toutou. 

Le  troublefête. 
Dn  vanupied. 

Dn   ValOUt. 

Le  viceroi. 
Levifargent.  Etc 


(1)  L'A-Cadémie  écrit  s'entre-iaillerat  c7i^refai7/(/re  :  cela  est-il  conséquent? 

(2)  L'Académie  écrit  gobc-monclics  au  singulier  comme  au  pluriel.  Les 
uns  l'en  blâment ,  les  autres  l'en  félicitent.  M.  Auguste  Leinaire  entre  au- 
tres l'appuie  en  ces  termes  :  o  Ln  gobc-mouchcs  ne  prendrait  pas  ce  nom  , 
«s'il  n'en  avalait  qu'une.  «  Une  qudi  ?  O  science  profonde?  ô  docteurs  vé- 
nérables ! —  Ainsi  le  liobc-mouclics  s'appelle  de  la  sorte,  parce  qu'il  avale 
non  pas  une  mouche  après  l'autre  ,  mais  plusieurs  mouches  à  la  fois.  Alors 
dites-moi,  je  vous  en  prie,  pourquoi  vous  écrivez,  sans  la  marque  du  plu- 
riel, un  cassenoiselle,  un  brcclie-dcnl,  un  cure-dent,  un  couvre-pied,  une 
sarde-robe,  un  gnrdc-meublc,  un  cnlre-ligne,  un  chasse-vwuclie.  eic.  ,  elc. 
Vous  nous  avez  déjà  édifié  sur  le  mot  chassc-mouclie.  On  écrit  sans  .•>  un 
chasse-mouclie ,  dites-vous,  parce  qu'il  sufpl  d'une  mouche  pour  en  être  im- 
portuné. C'est  parfaitement  bien!  Toutefois  vous  connaissez  l'ordre  du 
jour?  Tâchez  de  vous  y  conformer  en  écrivant  désormais  gobemouclie , 
cliassemouche ,  curedent,  etc.;  sinon  le  bon  sens  public  aura  bientôt  fait 
justice  de  brouillons  tels  que  vous. 

(3)  La  marque  du  pluriel  a  t-elle  quelque  chose  de  plus  étrange  dans 
passeparlouts  que  dans  passavcnts,  contrevents,  paravents,  parasols,  pour- 
parlers, pourboires,  elc.  ? 


DES   SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES.  205 

On  n'écrit  déjà  plus  co-èlernel„  co-ètat^Qic,  mais  cocternelj 
coélalj,  etc. 

Ce  procédé,  tout  à  fait  rationnel,  fait  disparaître,  comme 
on  le  voit,  une  foule  de  difficultés  relatives  à  la  formation 
du  pluriel.  Aucune  langue  n'a  autant  de  mots  composés 
que  l'allemand.  Cependant  les  diverses  parties  de  ces  mots 
n'y  sont  pas  généralement  marquées  par  des  traits  d'union. 

Baumgarlen   (arbrcjaidin,   verger)  ,    BaumSchule   (  arbreécule, 

pépinière),  Bmimicolle  (aibieiainc,  coton),  Tachenspielerkii- 

gelchen  (tablejeupetlteboule,  mUSCadc  ),  FingcrhlU  (doigtchapeau, 

dé),  Taschenuhr  ( pochehorioge,  montre)  ^Pferdedecke  (chtvai- 
coiiveriure,  liousso,  caparaçou) ,  etc. 

Remarquez  une  chose,  c'est  qu'en  français  les  mots  com- 
posés d'un  verbe  et  d'un  substantif  sont  ceux  qui  penchent 
le  plus  irrésistiblement  vers  l'état  de  mots  simples.  Qu'on 
ne  s'oppose  donc  plus  à  cette  tendance  généreuse,  et  qu'on 
n'oublie  pas  qu'ici  comme  ailleurs  l'union  fait  la  force. 

Toutefois  il  est,  comme  nous  l'avons  dit,  des  consonnes 
tellement  antipathiques  les  unes  aux  autres,  qu'il  y  aurait 
plus  que  de  la  maladresse  à  les  mettre  en  contact. 

N'écrivez  donc  pas,  à  l'exemple  de  quelques-uns,  sang- 
sue j,  sang  froid  j  longtemps  j,  hautbois  j,  postdate  ^  Montrond , 
Mont  fleuri ,  rondpoint,  abatiour,  abatvent,  rouxvieux,  sans- 
dent,  sanspeau,  arcboutant,  etc.,  mais  sangsue,  sang-froid, 
long-temps,  haut-bois,  post-date ,  Mont-Rond ,  Mont-Fleuri, 
rond-point,  abat-jour ,  abat-vent ,  roux-vieux,  etc.  La  sim- 
plification de  ces  mots  ne  peut  s'opérer  qu'en  supprimant 
la  consonne  finale  du  premier  mot  composant,  ainsi  qu'il 
suit  :  sansue,  lontemps,  haubois,  Monrond,  abavcnl,  etc.,  ce 
qui  du  reste  est  tout  à  fait  conforme  au  génie  de  notre  lan- 
gue. Voilà  pourquoi  il  serait  peut-être  mieux  d'écrire  sim- 
plement dijonclion  que  disjonction,  Vs  et  le  j  ne  pouvant 
nullement  s'accorder.   C'était  bon  en  latin,  où  lo  /  sonnait 


20  5 


ghammuiik  i'uancaise. 


commet;  mais  en  français  quelle  barbarie!  On  s'est  mon- 
tré plus  conséquent,  plus  civilisé,  lorsqu'on  a  retranché 
Vs  du  mot  tauajours,  parce  qu'on  prononçait  désormais  tou- 
jours et  non  plus  tousiours.  Voilàj  voici^  soutenir,  soucoupe, 
bv jaune,  chafouin,  puîné,  sont-ils  autre  chose  qu'une  contrac- 
tion de  vois-là,  vois-ci,  sous-tenir,  sous-coupe,  bec-jaune,  chat- 
fouin,  puis-né? 

Evitez  donc  avec  le  plus  grand  soin  de  mettre  en  contact 
les  parties  composantes  d'un  mot,  quand  vous  prévoyez 
que  de  leur  choc  il  pourrait  résulter  quelque  perturbation 
sensible  dans  le  système  de  la  prononciation  ou  celui  de  l'or- 
thographe, déjà  compliqués  d'assez  de  difficultés.  N'écrivez 
pas  bouteselle,  entresol,  contreseing,  etc.,  parce  qu'on  serait 
par  15  induit  à  prononcer  boutezelle,entrezol,  contrezeing, etc. 
Il  est  d'autant  plus  indispensable  d'écrire  en  deux  mots, 
boute- selle ,  entre-sol,  etc.,  qu'il  est  ici  tout  à  fait  impos- 
sible de  doubler  Vs,  sans  rendre  fermé  Ve  final  du  premier 
mot,  lequel  nécessairement  doit  rester  muet. 

En  conséquence  des  raisons  que  nous  venons  d'exposer, 

ÉCRIVEZ  TOUJOURS  : 


Un    abat -jour  ou 

Abajoiir. 
Dn   abat-vent    ou 

Abaveni. 
Dn    abat-voix    ou 

Abavolx. 
Dn  agnus-caslus. 
Anti-septique 
Dne  après-dînée. 
Dne  après-midi. 
Dne  a|)rès-soupée. 
Dn  arc-boulant. 
Son  arrière-  i)elit- 

flls. 
L'arrière-saison. 


Dn  avant-bec. 
Dn  avant-corps. 
Dne  avan  t-scène. 
La  bas-ventre. 
Dn  bas-dessus. 
Dn  bas-fond. 
Dn  bas-relief. 
Dn  batlant-l'œii. 
Les  beaux-arts. 
Les  ùelles-lellrcs. 
Bien-aimé. 
Le  bien-être. 
Des  biens-fonds. 
Dn  blanc-bec. 
Le  boHle-selIe. 


Un  bout-rimé. 
Ces  bouts-rimés. 
Ducapntmortuum 
Dn  cent-suisse  (1). 
Da  cerf-volant    ou 

cervolant. 
Le  cbef-lieu. 
Le  conlre-si^ing. 
Contre-signer. 
Le  cuurl  -  bouillon 

ou  Courbouilton, 
En  faux-bourdon. 
Dn  faiix-fiiyant. 
De  IVanc-élable. 
Dn  franc-macon. 


La  franc  maçonne- 
rie. 

L3   franc-quartier. 

Le  franc-rcal. 

Le  franc-salé. 

Le  franc-tillac. 

Dn  grippe-sou. 

Le   baut-bois    ou 
Haubois. 

Le  bavre-sac. 

Hydro-sulfure. 

Le  lever-dieu. 

Du  mort-bois. 

La  morte-saison. 

Non-pair. 


(1)  Un  tel  singulier,  osé  par  l'Académie  elle-même  ,  justifie  pleinement 
la  hardiesse  de  nos  réformes.  C'est  que  l'Académie  n'a  pas  considéré  en 
particuli«;r  les  deux  mots  dont  ce  nom  est  composé;  elle  n'a  eu  égard  qti'à 
l'ensemble;  elle  n'y  a  vu  qu'un  nom  unique ,  que  la  dénomination  d'un 
objet  unique. 


DES  SIGNES  OUTHOGHAPHIQUES, 


Non-pareil. 
Non-payement. 
Le  non-prix. 
Le  non-usage. 
Orléans-'^  ille. 

Le  petit-fU  (1), 

Le  petit-gris. 
Le  petit- /ait. 
Les   Petites-Mai- 
sons. 
Le  petit-maître. 
La  petilemattresse. 
Le  petit-neveu. 
Des  petits-pieds. 
Peut-être. 


Da   pied-droit,   ou 

Piédroit. 
Le  plat-bord. 
La  plus-pétition. 
La  plus-value. 
Dn  pont-neuf. 
Le  porc-épic 
Le  porte-picire  (2) 
Le  preniier-né. 
Le  procès-verbal. 
Le  quartier-maître 
Le  saul-conduit. 
La  saisie-arrêt. 
La  saisie- brandon. 
La  sa  isie-exécu  t  ion . 


La  sous-diacre. 
Sous-diviser. 
Le  sous-dominante 
Sous-donble. 
Le  sous-faîte. 
La  sous-ferme. 
Sous-f'ermer. 
Le  sous-fermier. 
Sous-frèter. 
La  sous-garde , 
mieux  Sougarde. 
La  sous-gorge  , 

mieux  SougOrgC. 

Le  sous-locataire. 
La  sous-normale. 


205 

La  sous-perpendi- 
culaire. 

Le  sous-pied. 

La  sous-préfecture 

La  sous-tangente. 

Sous-traiter. 

Sous-triple. 

La  sous-ventrière. 

La  toiite-épice, 

La  toute-puissance 

La  toute-saine. 

Le  Tout-Puissanto 
Etc.,  etc. 


Quand  des  deux  mots  composants  le  premier  finit  par  un 
e  muet  et  que  le  second  commence  par  une  voyelle ,  le  rap- 
prochement ne  peut  avoir  lieu.  La  raison  en  est  que  ce 
rapprochement  ne  pouvant  se  faire  sans  la  disparition  com- 
plète de  l'e  muet  final  du  premier  mot,  le  mot  entier  per- 
drait par  là  de  sa  physionomie  propre  au  point  de  devenir 
quelquefois  méconnaissable.  Ainsi  je  verrais  avec  peine  qu'on 
écrivît  :  Morleau,  porlaigiiille^  portarqtiebuse,  porlenseigne^ 
portépée,  porlétriers,  porlétrivières,  etc.  Je  crois  pourtant 
qu'on  pourrait,  sans  inconvénient,  écrire  entracte,  con- 
trordre,   s'eNTRAVERTIR,   SENTRAmER. 

A  propos  des  mots  précédés  des  prépositions  entre  et  contre  ,  pourquoi 
l'apostrophe  aux  uns,  et  aux  autres  le  trait  d'union  ?  pourquoi  cn^r'acie 
et  contre-ordre,  s'entr'aider  et  contre-cpreuver?  Singulier  caprice  de  l'usage! 

11  est  tels  autres  mots  composés  auxquels  il  est  bon  de 

(1)  Nous  imprimons  en  italique  les  expressions  qui  sont  plutôt  des  locu- 
tions consacrées  que  des  noms  composés,  et  sur  les  quelles  nous  aurons  à 
nous  prononcer  plus  loin. 

(2)  Nous  nous  sommes  fait  scrupule  d'écrire,  au  singulier,  portepierre,  el, 
au  pluriel,  portepicrres ,  parce  qu'il  semblerait  alors  qu'il  s'agit  d'un  in- 
strument propre  à  (lortlr  toutes  sortes  de  pierr(;s,  tandis  que  celui  dont  il 
s'agit  ne  sert  à  p(jrler  que  la  pierre  infernale.  Toutefois  nous  osons  écrire 
des  portcpages ,  des  purlerespects ,  des  portetraits ,  des  portevents,  des 
porteverges,  des portcniontrcs,  des  portcdrapcaiisc,  des cassecoiis,  par  la  même 
raison  que  l'Académie  écrit  des  portemanteaux  ,  même  en  parlant  des  oifi- 
ciers  dont  la  chaige  était  de  porter  le  manteau  du  roi,  quand  il  sortait.  Il 
y  avait  douze  portemanteaux  s-errant  par  quartier.  (  Acad.)  Ce  que j  ai  tou- 
jours plus  détesté  que  les  oisons  brides  du  bon  ton,  que  les  bruyants  cassccous 
de  l'a  gailCj  ce  sont  les  donneurs  de  leçons.  (  V.  Soulié.) 


'20&  <;kam.>iaiue  i'iiA.\(^;AiSE. 

conserver  le  Irait  d'union,  afin  qu'ainsi  chacun  des  éléments 
qui  concourent  à  le  former,  se  dessine  toujours  clairement 
aux  yeux,  comme  :  dcmi-dku,  demi-mot ,,  mi-août,  tire- 
d'aile  ,  à  hrûle-poiirpoint ,  morle-paye ,  arr\ère-peHt-p,ls, 
sous-officier ,  etc.  On  peut  y  joindre,  si  l'on  veut,  les  mots 
nouveau-né ,  orang-outang ,  piano- forte. 

Les  mots  formés  de  deux  substantifs  joints  par  une  prépo- 
sition ou  autre  particule  ne  semblent  pas  appelés  à  l'état 
de  mot  simples. 


On  arc-en-ciel. 
Un  chef-d'œuvre. 
Dn  coq-à-1'àne. 
On  croc-en-jambe. 
On  cul-de-jatte. 


Un  fier-à-bras. 
On  fouille-au-pot. 
On  haiit-de-chausse 
On  haut-le-corps. 
nu  haut-le-pied. 


Dn  hors-d'œuvre. 
Dn  pied-à-terre. 
On  pot-au-feu. 
Un  tout-on-iien. 
Le  Val-de-Grâoe. 


Un  vol-au-vent.Etc. 

Toutefois  l'îcn  n'empêcbc 
df  dire  votauvent,foaiHau- 
l>oi.  Arqvenciet  n'aurait 
rien  do  plus  étiange  que 
Arniiebusej  bitioeicr,  ete. 


Il  faut  bien  distinguer  les  noms  composés,  c'est-à-dire,  les 
noms  qui,  quoique  formés  de  plusieurs  mots,  ne  désignent 
qu'un  seul  objet,  comme  arc-en-ciel,  qui  équivaut  à  ms^ 
d'avec  certaines  locutions  analogues, certains  assemblages  de 
mots  qui  gardent  chacun  leur  sens  direct  et  présentent  à 
l'esprit  deux  idées  successives,  comme  billet  de  logement,  billet 
d'hôpital,  aide  de  camp,  maréchal  de  camp,  garde  du  corps, 
chapeau  à  cornes,  pieds  de  mouton,  soie  de  porc,  ver  à  soie,  etc. 

M.  Charles  la  Loy  demande  pourquoi  ces  noms  ne  pren- 
nent pas  le  trait  d'union.  Nous  lui  répondrons  simplement: 
parce  que  ce  ne  sont  pas  des  noms  composés. 

Les  locutions  suivantes,  détournées  de  leur  signification 
directe,  et  appliquées,  par  analogie,  à  certaines  plantes,  à 
certains  instruments,  etc.,  sont  des  noms  composés,  ne  pré- 
sentant qu'une  idée  unique  sous  plusieurs  mots,  et  prennent 
en  conséquence  le  trait  d'union. 


La  barbe-de-bouc, 

salsifis  sauvage. 

De  la   barbe  -  de  - 


capucin  ,    ohiooréel     VrC,  espèce  de opirée 
sauvage  étiolée.  Une     barbc-de-ju- 

ja  barbe-de-chè-     piter(i),nomdonm! 


à  plusieurs  petits  ar— 
brisseaus:  qui  sont 
êarnis  de  feuilles  ar— 


(1)  Faut-il,  il  l'exemple  de  l'Académie  ,  conserver  la  majuscule  à  Jupiter 
dans  cette  loculion  ?  Je  ne  le  crt)is  ]).ns,  ou  bien  il  faudrait  écrire  aussi 
herbe  aux  PaUiçons ,  ce  que  ne  fait  pas  l'Académie  elle-iuèiue. 


DES    SIGNES    ORTHOGUAPHIQUES 


JeElées  et  soyeuses, 

La  barbe-de-moine 

ou  ciiscule ,  plante. 

La  barbe -de -re- 
nard, espèce  d'as— 

traêale  épineux. 

Bec-de-cane,  bec- 
de-cygne,  bec  de- 
corbeau  ou  bec- 
de-corbin,  bec- 
de-vautour  ,  eic.  , 

instrument  de  chi- 
rurgie ,  maintenant 
hors  d  usage. 

Bec  -  de  -  corbin  , 

Canne  à  bec— de-cor- 
bin« 

Un  bec-de-Iièvre , 

La  bouche  d'une  per- 
sonne dont  la  lèvre 
supérieure  est  fendue 
comme  celle  des  liè- 
vres ;  la  personne 
même  qui  a  ce  défaut 
de  conformation. 

La  bourse -à  -pas 

teur  ,  plante  cruci- 
fère. 

La  corne-de-cerf, 

plante  crucifère. 

Le  cou-de- cygne  [1 

partie      de     l'avant- 


train  d  une  toiture". 

Le  cou-de-pied  ou 

Coudepied, 

On   cul  -  de  -  four  , 

voûte  sphèrique. 

Un  cul  -  de -jatte , 

personne  estropiée 
qui  ne  peut  faire 
usage  ni  de  ses  jam- 
bes ni  de  ses  cuisses 
pour  marcher. 

Dn  cul-de-Iampe, 

ornement. 

Un    cul-do-sac    ou 

Impasse, 

Une  dent-de-loup, 

espèce  de  cheville  de 
fer. 

Dent -de -lion    ou 

Pissenlit. 

La    langue-de-cerf 

ou  Scolopendre,  plante 
capillaire. 

La  langue-de-chien 

ou  Cynogtûsse. 

La    langue-de-ser- 
pent ou  Ophioglosse. 

Un   œil- de  bœuf, 

fenêtre     ronde      ou 
ovale. 

Un    œil- de-bouc  , 

coquillage. 

On    œil-  de-  chat , 


sorte  de  pierre  pré- 
cieuse chatoyante, 

nn  œil-de-chèvre  , 

plante. 
Un  œil-d'or,  poisson 

Dn  œil-de-serpent, 

petite  pierre  de  peu 
de  valeur. 

L'oreille-d'oùrs   ou 

Cortuee,  petite  plante 

printanière. 

L'oreille  -  de-souris 

ou  Myosotis. 

Le    pas  -  d'âne    ou 

Ttissitage,  plante. 

Patte-d'oie,    pomt 

de  réunion  de  plu- 
sieurs routes  ,  plu- 
sieurs allées  divergen 
tes  d  où  on  les  aper- 
çoit d  un  coup  d  œil. 

nn  pied-d'alouette 

planta  à  fleurs  épe- 
ronnées. 

Un  pied-de-blche, 

instrument  de  den- 
tiste. 

Un  pied-de-chèvre, 

Levier  de  fer. 

Un  pied-de  griffon, 

plante,  espèce  d  el- 
lébore. 


207 

Le  pied-de-lion  ou 

Alchimitle,  plante  de 
la  famille  des  P.o— 
sacëes. 

Le  pied-de-veau  , 

plante  à  chatons. 

Queue-  d'aronde, 

espèce  de  tenon  en 
queue  d  hirondelle, 

La  queue -de-che- 
val ou  Prêle. 

Une  queue-de-co- 
chon ,  tarière  ter- 
minée en  Trille, 

La  queue-de-lion  , 

ou  Léonurus ,  plante 
labiée. 

La  queue-de-pour- 

Ceau  ,  plante  om— 
bellifère. 

Une  queue-de-rat, 

lime  ronde. 

La  queue-du-chat. 

Figure  de  contre- 
danse. 

La  queue -de-re- 
nard, petite  plante. 
La   queue-de-sou- 
ris ,  plante. 

La  "Ville-de-Lyon, 

paquebot.  Etc. 


Fortement  liés  ensemble  par  le  trait  d'union,  les  mois  dont  se 
composent  ces  expressions  ne  forment  qu'un  tout  compacte,  qu'un 
sens  unique,  qu'un  mot  un  et  indivisible,  et  n'admettent  par  consé- 
quent la  marque  du  pluriel  qu'à  la  fin.  Voilà  pourquoi  il  faut  écrire, 
boa  gré,  mal  gré,  des  arc-en-ciels,  des  arc-boutants,  des  croc-en- 
jambes,  des  cnl-cle-jaltes,  des  cul-de-sacs,  des  cnl-de-lampes,  des 
cul-blancs,  des  paiUe-en-culs ,  des  paille-en-qneues,  des  hors-d'œu- 
vres,  des  bec-de-Uèvres ,  des  dent-de-loiips,  etc.,  en  laissant  tout  à 
fait  intact  le  corps  du  mot.  Cela  est  hardi ,  mais  cela  est  logique^ 
et  surtout  cela  est  simple. 

En  effet,  lorsqu'on  dit  des  pied-ù-lerres,  desctil-de-lampes,  des 
dent-de-loups ,  etc.  ,  est-ce  qu'on  a  en  vue  des  pieds,  des  culs,  des 
dents?  Non ,  l'esprit  n'a  en  vue  que  certains  logements  où  l'on  ne 


(1)  Je  ne  comprends  pas,  jf  l'avoue  pourquoi  l'Aradotnlc  i'.cr'iX  cou  «ic 
■f:ne  sans  Irait  d'union. 


208  GR.VMMAIIIE    FRANÇAISE, 

demeure  pas,  où  l'on  ne  vient  qu'en  passant,  où  l'on  ne  met,  pour 
ainsi  dire,  qu'un  pied  à  terre,  certains  ornements  de  lambris  ou  de 
voûte  faits  comme  le  dessous  d'une  lampe  d'église ,  certaines  es- 
pèces de  chevilles  qui  ont  quelque  analogie,  quelque  rapport  de 
ressemblance  avec  une  dent  de  loup  ;  en  sorte  que  le  signe  du  plu- 
riel se  rapporte  plutAt  au  nom  sous- entendu  qu'au  nom  exprimé  ; 
comme  s'il  y  avait  :  des  entretien  (tète  à  tète) 5,  des  homme  (cul 
de  jatte)s,  des  ornement  (cul  de  larape)s,  des  rue  (cul  de  sac)5,  des 
cheville  (  dents  de  loup)s;  en  sorte  qu'il  y  a  syllepse  comme  pour 
le  genre  des  noms  de  villes.  Si  ce  principe  n'est  pas  fondé,  alors  de 
quel  droit,  je  le  répète ,  écrit-on  des  passavents ,  des  pourparlers, 
des  pourboires,  des  pissenlits,  etc.?  Est-ce  parce  que  les  divers  ra- 
dicaux de  ces  mots  ne  sont  plus  distingués  (1)  par  le  trait  d'union? 

Mais  qu'importe  cela?  Le  trait  d'union  n'ayant  d'autre  objet  que 
d'unir  indissolublement,  non  de  diviser,  qu'importe,  pour  la  marque 
du  pluriel,  que  pisse-en-lit  s'écrive  avec  ou  sans  trait  d'union?  Cela 
n'en  change  pas  la  nature,  et  il  faudrait  tout  aussi  bien  écrire  au 
pluriel  des  pisse-en-lits,  que  des  pissenlits. 

Je  l'ai  déjà  dit,  quand  rien  ne  s'oppose  au  rapprochement  des  par- 
lies  composantes,  il  est  bien  mieux  d'opérer  ce  rapprochement,  et 
d'écrire ,  par  exemple,  des  autodafés ,  plutôt  que  des  auto-da-fés; 
mais,  dans  le  cas  contraire  ,  le  nom  composé  n'en  reste  pas  moins 
un  nom  unique  ,  et  par  conséquent  soumis  aux  mêmes  lois  que  les 
mots  simples. 

A'oiilezvous  une.  nouvelle  preuve  du  peu  d'unilé  qui  règne  dans  le  dic- 
tionnaire de  l'Académie?  cherchez  le  mot  sai.-vt.  Vous  y  trouverez  5ain<- 
Ofjice  écrit  avec  un  trait  d'union.  Voyez  maintenant  l'article  office.  Saint 
office  y  est  écrit  sans  trait  d'union. 

An  mot  BIEN  ,  l'Académie  vous  enseigne  qu'il  faut  écrire  bien-dire  avec 
un  trait  d'union  dans  ces  phrases  familières  :  être  sur  son  bien-dire,  se  met- 
tre sur  son  bien-dire:  que  hors  de  là  Lien  dire,  pris  substantivement,  s'écrit 
sans  trait  d'union  :  Le  bien  faire  vaut  mieux  que  le  bien  dire.  Ce  qui  n'em- 
pêche pas  qu'arrivés  au  mot  dire,  nous  y  trouverons  le  même  exemple 
écrit  avec    un   trait  d'union:   Le  bien-faire  vaut  mieux  que   le  bien-dire. 

Les  bonnes  actions  valent  mieux  que  les  1  eaux  discours.    DisOns  en    passant  que  CCS  loCU- 

tions  doivent  toujours  s'écrire  avec  trait  d'union.  On  en  verra  la  raison 
plus  loin. 

(1)  Remarquez  que  nous  disons  distingués  plutôt  que  séparés;  car  il  ne 
s'agit  nullement  de  séparation,  mais  d'union. 


DES  SIGNES   OUTHOGRAPHl^LES.  '209 

Pourquoi  l'Acadéinie  écrit-elle  encore  gorge-de-pigeen  et  œil  de  perdrix? 
Une  robe  gorge-de-pigeon.  Du  vin  œil  de  perdrix.  Il  s'en  faut  de  bien  peu 
que  la  seconde  de  ces  locutions  n'ait  autant  de  droits  que  l'autre  au  trait 
d'union. 

Quant  à  l'expression  saint-office,  voici  ce  que  c'est  -.  ni  saitit  office, 
ni  saint  père,  ni  saint  siège,  ni  saint  empire,  ne  me  semblent  faits 
pour  le  trait  d'union.  Car  ce  ne  sont  pas  là  des  noms  composés,  mais 
des  substantifs  simples,  qualifiés  chacun  par  un  adjectif,  mais  des 
mots  naturellement  construits  et  pris  chacun  dans  son  acception 
propre.  Dans  saint  office,  saint  père,  saint  siège ,  eic. ,  il  n'y 
a  pas  qu'une  idée  unique,  il  y 'a  deux  idées  bien  distinctes  ,  bien 
tranchées ,  bien  nettes  :  idée  de  sainteté  et  idée  d'office ,  de  père, 
de  siège,  etc.  Saint  office,  saint  père,  saint  siège,  que  signifient-ils 
en  effet?  Ils  signifient,  un  office,  un  père,  un  siège,  repaies  saints, 
par  rapport  aux  autres,  à  quelque  titre  que  ce  soit. 

Je  ne  vois  pas  trop  non  plus  la  nécessité  d'écrire  avec  un  trait 
d'union,  Saint-Esprit,  bel-esprit,  beaux-arts,  belles-lettres,  bœuf- 
gras,  Comédie-Française,  esprit -de-vin,  eau-de-vie,  Alexandre-le- 
Grand,  Louis-le- Grand,  belle-de-jour,  belle-d'un-jour ,  belle-de- 
nuit,  etc.  Cet  étrange  et  détestable  abus  du  trait  d'union  n'a  d'au- 
tre résultat  que  d'augmenter  sans  fin  les  difficultés  dont  est  déjà  si 
cruellement  hérissée  l'orthographe  des  noms  composés. 

Il  est  vrai  que  nous  n'avons  encore  vu  que  le  Journal  des  Débats 
qui  ait  osé  écrire  bœuf-gras,  bel-esprit,  Louis-le-Grand.  L'Acadé- 
mie, elle,  écrit  ôa?!//"  g-m^,  bel  esprit.  Elle  écrit  aussi  Louis  le 
Grand;  ce  qui  est  fort  sage.  Mais  pourquoi  écrit-elle  eau-de-vie, 
esprit-de-vin,  belle-de-jour,  etc.?  Quelle  différence  y  a-t-il  donc,  au 
point  de  vue  de  la  grammaire,  entre  esjjrit  devin  et  esprit  de  sou- 
fre, esprit  de  sel,  esprit  de  vitriol?  entre  eau  de  vie  et  eau  de  rose, 
eau  de  Cologne,  eau  de  senteur?  Les  mots  de  vin  dans  esprit  de  vin, 
aussi  bien  que  de  soufre,  dans  esprit  de  soufre,  ne  sont  à  mes 
yeux  que  le  complément  délerminatif  du  mot  esj^Hf,  et  rien  déplus. 
J'en  dis  autant  à  l'égard  des  expressions  eau  de  vie,  belle  de  jour , 
belle  de  nuit,  etc.  De  nuit,  de  jour ,  dans  ces  deux  dénominations, 
ne  font  que  déterminer  la  différence  qu'il  y  a  entre  deux  fleurs  ap- 
pelées belles  toutes  les  deux.  Sans  cela  ,  pourquoi,  par  exemple  , 
valet  de  chambre,  femme  de  chambre.  Journal  des  Débais,  ne  pren- 
draient-ils pas  le  trait  d'union  ?  Si  vous  ne  considérez  eau-de-vie 
que  comme  un  seul  mot,  si  vous  y  allachez  un  aulre  sens  que  celui 

T.  II,  -21 


210  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

(l'une  eau,  d'une  liqueur  qui  donne  de  fa  vie,  c'esl-à-diie,  qui  ex- 
cite les  esprils  vitaux  ,  qui  ranime,  alors  pourquoi,  dans  la  for- 
mation du  pluriel,  en  isolez-vous  les  termes?  pourquoi  n'écrivez- 
vous  pas  des  eau-de-vies,  sans  égard  au  sens  particulier  de  chaque 
mot? 

Esprit  de  vin,  eau  de  vie ,  ne  sont  pas  plus  des  noms  composés 
que  cul  d'artichaut,  ciel  de  lit,  parce  que  chacun  des  termes  qui 
composent  ces  expressions ,  est  employé  ,  sinon  dans  son  sens  le 
plus  propre,  au  moins  dans  un  sens  naturel  et  direct. 

Je  ne  suis  pas  trop  édifié  non  plus  que  l'Académie  écrive  eau- 
forte  et  eau  seconde,  eau  de  départ.  Surtout  je  le  suis  très-mal  de 
la  voir  écrire  au  pluriel  des  eaux-fortes,  en  parlant  d'estampes  ti- 
rées sur  une  planche  gravée  à  l'eau  forte.  Mais  est-ce  qu'il  s'agit 
ici  de  plusieurs  eaux?  Non ,  il  s'agit  de  plusieurs  gravures  à  Veau 
forte.  Ecrivez  donc  sylleptiquement  des  eau-fortes ,  des  gravrire 
(eau  forte)  s.  Le  trait  d'union,  dans  ce  dernier  mot,  est  d'autant 
plus  nécessaire,  que  ce  signe  a  précisément  pour  objet  principal 
d'indiquer  ,  dans  les  expressions  où  il  figure  ,  un  sens  détourné  , 
une  construction  forcée,  soit  sylleplique,  soit  elliptique. 

C'est  ainsi  que  dans  les  noms  de  nombre  composés,  tels  que 
dix-sept j,  dix-huit j  dix-neuf,  vingt-un^  vingt-deux^  trente- 
iin,  etc.,  il  indique  la  suppression  de  la  conjonction  et. 

Il  est  vrai  que  quatre-vingts  ne  signifie  pas  quatre  et  vingt,  mais 
quatre  fois  vingt,  et  qu'il  prend  pourtant  le  trait  d'union.  C'est 
qu'il  est  très-important  de  considérer  quatre-vingts  comme  un  nom- 
bre unique ,  comme  un  mot  unique  répondant  à  la  dénomination 
simple  octante,  et  d'en  faire  un  nom  composé.  Alors  pourquoi  ne 
pas  opérer  le  rapprochement  ?  Rien  ne  s'y  oppose ,  en  effet.  Ecri- 
vez donc,  si  cela  vous  convient,  quatrevingts ,  en  un  seul  mot  •• 
quatrevingts  hommes,  quatrevingts  chevaux.  L'5  finale  de  ce  mot  ne 
s'explique  guère  que  par  l'euphonie.  L'oreille  serait  choquée  d'en- 
tendre quatrevingt  hommes,  bien  que  le  même  son,  dans  vingt 
hommes,  n'ait  rien  qui  l'étonné. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'on  supprime  Vs  dans  quatre-vingt-un,  quatre- 
vingt-deux,  etc.,  parce  que  le  t  final  ne  s'y  fait  plus  sentir. 

L'usage  ne  permet  au  trait  d'union  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions, dans  les  noms  de  iiombro,  que  jusqu'à  cent.  Ainsi 


DES   SIGNES    ORTHOGUAPHiylES.  211 

l'on  écrit,  sans  trait  d'union,  cEm  un ^  cem  deux ^  cem 
trois,  CENT  diXj,  cent  quinze,  cent  seize,  cent  dix-sept,  cent 
dix-huit,  cent  i^mg-f  j  cent  vingt-un,  mil  huit  cent  quarante- 
cinq,  DEUX  MILLE  hommcs ,  QUATRE  CENTS  chcvaux.  Cent  , 
on  le  voit,  placé  devant  un  substantif  est  considéré  lui-même 
comme  substantif  et  prend  la  marque  du  pluriel  après  un 
autre  nom  de  nombre. 

Deux  cents  auteurs  extraits  m'ont  prêté  leurs  lumières. 

(  BOILEAU.  ) 

La  même  chose  a  lieu ,  quand  le  substantif  est  sous-en- 
tendu. 

Nous  partîmes  iroi.i  cenis  ;  mais,  par  un  prompt  renfort. 
Nous  nous  vîmes  trois  mille  en  arrivant  au  port. 

(Corneille.  ) 

Je  conçois  qu'on  écrive  demèmesix  vingts,  sept  vingts,  huitvingts, 
en  considérant  ces  mots  à  part,  l'un  comme  adjectif,  l'autre  comme 
substantif.  Mais  peut-il  en  être  de  même  pour  quatre-vingts,  non 
composé,  qui  ne  réveille  pas  dans  l'esprit  l'idée  de  vingt  multi- 
plié par  quatre,  mais  seulement  l'idée  de  la  huitième  dixaine, 
l'idée  du  nombre  oclante?  A  labonne  heure  !  si  l'on  écrivait  aussi 
quatre-vingts  sans  trait  d'union.  Alors  nous  n'eussions  pas  songé  à 
en  faire  un  mot  simple. 

Il  y  aurait  une  petite  distinction  à  faire ,  en  parlant  de  l'hôpital 
fondé  par  saint  Louis  pour  trois  cents  aveugles,  et  des  aveugles 
mêmes  qui  sont  reçus  dans  cet  hôpital.  Dans  le  premier  cas  on  de- 
vrait écrire  avec  trait  d'union  et  majuscules,  les  Quinze-Vingts  ; 
dans  le  second,  simplement.  Un  quinzevingt,  des  quinzevingts,eu 
un  seul  mot  et  sans  majuscules.  Je  ne  comprends  vraiment  pas  pour- 
quoi l'Académie  écrit  un  Quinze-Vingt .  L'ellipse  seule  peut  justi- 
fier cette  orthographe,  et,  en  cas  d'ellipse,  Vs  finale  est  insupprima- 
ble  (  qu'on  me  pardonne  ce  néologisme) ,  parce  qu'alors  c'est  comme 
s'il  y  avait  un  aveugle  des  Quinze-Vingts. 

Nous  ne  serions  pas  étonné  de  voir  nos  idées  sur  le  trait  d'union  (1) 

(1)  C'est  bien  à  tort  que  quelques-uns  écrivent  trait-d'union  ,  entre  au- 
tres M.  Napoléon  Landais. 


212  (lUAMMAlUFC  iha>(;aisk. 

combattues  à  Dulranct;  par  quelques  uns   (d)  et  aduploes  à   l'aveugle  par 
quelques  autres. 

C'est  pourquoi  soyons  clair  el  positif,  et  formulons  des  règles 
précises. 

Nous  avons  dit  que  les  expressions  barbe-de-moinc ,  corne-de- 
cerf,  dent-de-Uon,  œil-de-chat,  etc.,  prennent  le  Irait  d'union,  parce 
qu'elles  désignent  toute  autre  chose  que  ce  qu'elles  semblent  dési- 
gner; mais  si  je  parle  réellement  de  la  barbe  d'un  moine,  de  la 
corne  d'un  cerf,  d'une  dent  de  lion,  d'un  œil  de  chat,  il  est  évident 
qu'alors  ces  mots  doivent  s'écrire  séparément  et  sans  trait  d'uuion. 

Écrivez  donc  sans  trait  d'union  tout  assemblage  de  mots 
naturellement  construits,  qui  ne  s'absorbent  pas  complète- 
ment l'un  dans  l'autre,  de  manière  à  n'en  faire  absolument 
qu'un,  qui  ne  présentent  pas  dans  leur  ensemble  un  sens 
tout  autre  que  celui  qui  semble  devoir  résulter  de  leurs 
divers  sens  particuliers. 

Telles  sont  en  premier  lieu  les  locutions  adverbiales,  pré- 
positives, et  conjonctives. 


A  compte. 
A  coup  sûr. 
A  la  fois. 
A  peu  près. 
A  plaisir. 
A  présent. 
A  propos. 


A    tout    bout 
champ  (2). 
Au  delà. 
Au  dessus  (3). 
Au  dessous. 
Au  devant. 
Bec  à  bec. 


de 


Bout  à  bout. 
Cap  à  cap. 
Côte  à  côte. 
De  pied  en  cap. 
Dos  à  dos. 
Face  à  face. 
Haut  le  pied. 


Nez  à  nez. 
Par  dessus. 
Par  terré. 
Peu  à  peu. 
Pied  à  pied. 
Sur  la  place. 
Tète  à  tête. 


(1)  Nousnevoyonspas  trop  la  nécessité  d'écrire  quelques-uns  avec  un  trait 
d'union  ,  puisqu'on  écrit  quelques  autres  sans  trait  d'union.  Si  je  penche 
pour  le  maintien  du  trait  d'union  dans  ce  mot,  ce  n'est  pas  tant  parce  que 
l'Académie  l'y  maintient  en  effet  que  parce  que  \e  Journal  des  Débats  l'y 
supprime  quelquefois.  On  hésite  à  suivre  un  aveugle.  Cependant  le  Jour- 
nal des  Débats  pourrait  bien  avoir  raison  cette  fois.  Tous  les  hommes  ont 
leurs  moments  lucides. 

(2)  M.  Francis  Wei  nous  fait  observer  très-sérieusement  que  cette  ex- 
pression n'est  pas  du  style  élevé,  et  qu'il  ne  serait  pas  bien  de  dire  :  Le 
tonnerre  éclatait  à  tout  bout  de  champ.  Sûrement  personne  ne  démentira  la 
justesse  de  celte  observation.  Toutefois,  n'en  déplaise  à  M.  Francis  Wei, 
que  j'honore  infiniment,  la  conversation  familière  n'est  pas  si  bégueule 
qu'il  le  prétend,  et  l'on  peut  très-bien  dire  non  seulement,  //  s'arrête  à 
tout  bout  de  champ,  mais  même,  avec  l'Académie,  //  retombe  dans  sa 
faute  à  tout  bout  de  champ,  (  Il  s'agit  du  Journal  des  Débats.) 

(3)  L'Académie  écrit  au-dessus,  au-dessous ,  au-devant,  par-dessus  ,  par- 
dessous ,  avec  un  trait  d'union,  quoiqu'elle  écrive,  au  delà,  en  delà,  par 
delà,  de  deçà,  en  deçà,  par  deçà,  sans  trait  d'union.  Le  Journal  des  Débuts 
écrit  au-delà  comme  au-dessus  ;  et  en  cela  du  moins  il  est  conséquent.  (  l.c 
Journal  des  Débats  conséquent  avec  lui-même '■  N'est-ce  pas  que  c'est  une 
<:hosc  digne  de  remarque  !  ) 


J)£S  SKiNES  ORTHOGRAPHIQUES'.  215 


Touï  à  tour. 
Tout    à  coup. 
Tou  à  fait  (1). 


Tout  à  la  fois  (2). 
Tout  à  l'heure. 


Tout  beau.  (Touldulong. 


Tout  de  go.  [Tout  d'un  coup. 

Tout  de  suite.         Tout  ou  rien.  Etc. 


Cependant  l'on  écrit  c'est-à-dire ,  sur-le-champ,  vis-à-vis,  ici-bas. 
C'est  à  dire  n'a  pas  besoin  de  trait  d'union.  Sur  le  champ  pourrait 
s'en  passer  à  la  rigueur,  aussi  bien  que  sur  la  place,  à  tout  bout  de 
champ.  Après  demain,  avant  hier,  n'en  sont  pas  non  plus  extrê- 
mement affamés.  Quant  au  mot  vis-à-vis,  le  trait  d'union  est  une 
condition  essentielle  de  son  existence;  car  vis-à-vis, couiraclion  de 
visage  à  visage,  forme  par  lui-même  un  tout  indivisible  en  fran- 
çais, vis  n'ayant  pas  par  lui-même  une  valeur  indépendante, 

La  particule  ci  est  à  peu  près  dans  le  même  cas.  C'est 
pourquoi  elle  est  toujours  suivie  ou  précédée  du  trait  d'u- 
nion. Ci-jo/iU^  ci-inclus j  qu'est-ce-ci  (1)?  celui-ci  ^  cet 
homme-ci j,   ci-dessus,,  ci-dessous,,  ci-devant,,  ci-avant „  ci- 

(1)  Le  Journal  des  Débats  écrit  toul-à-fait,  et  Je  Constitutionnel  n'a  pas 
lionte  de  l'imiter.  Concevez-vous  cela?  11  est  vrai  que  le  Constiditiomut se 
tient  à  cette  orthographe  ;  tandis  que  le  Journal  des  Débats,  toujours  in- 
certain ,  toujours  Uottant  ,  toujours  en  balance,  toujours  en  quête  de  quel 
côté  le  vent  souille,  écrit  tout  à  [ail  tantôt  avec  trait  d'union  ,  tantôt  sans 
trait  d'union.  Le  naturel  se  trahit  dans  les  moindres  choses. 

(2)  MM.  Bescherelle  écrivent  lout-a-la-fois,  ainsi  que  cul-de-basse- fosse :, 
fm-de-non-reccvoir ,  avec  trois  traits  d'union.  Étunnez-vous  après  cela  que 
le  Journal  des  Débats  ait  fait  un  si  grand  éloge  de  leur  grammaire.  O  public 
trois  fois  digne  du  royaume  des  cieux  !  qui  ne  s'est  pas  encore  aj)erçu  que, 
de  tous  les  ouvrages  qui  paraissent,  soit  bons,  soit  mauvais  ,  le  Journal da^ 
Débals  ne  mentionne  et  ne  loue  que  ceux  de  ses  amis,  de  ses  rédacteurs? 
Ceci  est  un  fait  d'une  telle  évidence,  un  fait  tellement  palpable,  qu'a 
moins  d'être  aveugle,  on  doit  en  demeurer  convaincu.  'Et  la  Journal  de» 
Débats-  élève  chaque  jour  ses  prétentions  ,  il  se  pose  en  grand  prêtre  de  la 
Gloire,  en  archichancelier  de  la  Renommée.  A  l'entendre,  point  de  répu- 
tation littéraire  hors  de  lui.  «  Soyez  des  nôtres  ,  »  voua  crie-t-il ,  «  et  vons. 
serez  comme  nous  un  grand  homiue,  un  demi-dieu;  l'Olympe  vous  sera 
ouvert.»  En  effet,  la  Grammaire  Nationale  n'est  qu'un  tissu  de  déraisonne- 
ments et  de  méprises;  voyez  pourtant  ce  qu'il  en  fait.  Presque  un  chef- 
d'œuvre.  C'est  que  partout  où  sorjt  d'habiles  charlatans,  les  dupes  fourinlllent. 

(3)  Grande  anxiété  parmi  les  grammairiens  au  sujet  de  qu'cstce-ci , 
qu'estce-là,  sont-ce-là.  Supposez,  s'écrient-ils  d'une  voix  alarmée,  supposez 
que  ces  expressions  doivent  être  divisées  à  la  fin  de  la  ligne,  faute  d'es- 
pace ,  de  manière  que  ci  et  là  soient  transportés  au  commencement  d<;  lu 
ligne  suivante;.  Comment  pourionsnous  ,  grand  dieu!  distinguer  ccft  de 
ce-cl ,  cela  de  cc-là  ,  puisque  ceci,  cela,  seraient,  dans  le  même  cas,  divisés 
de  la  même  façon  ?  Et  d'aliord  cela  ne  prend  pas  d'accent  grave.  Puis  on 
ne  dit  pas  Qucst-cela,  qu'cslceci ,  mais  tcuijours  Qu'est-cc-là ,  quest-ce-ci  ? 
Avec  cela  ,  ceci ,  il  faudrait  dire  Qu'est-ce  que  cela  ?  qu'est-ce  que  ceci  ? 

Cela  suffit-il,  ù  infortunés,  pour  vous  mettre  l'.'imc  en  repos?  Si  vous 
souffriez  autant  (jik'  moi  vous  ne  vous  inquiéteriez  [las  de  si  peu  de  chc)se. 


214  (iKAMiMAIUE    IK.V.NÇAISIi. 

après,  ci-conlre,  ci-gtl  (1).  Il  en  est  de  même  de  làj,  quand 
il  est  opposé  à  ci  :  par-ci  par-là ^  celui-là,  cet  homme-là , 
ces  deux-là,  en  ce  temps-là^  quel  discours  esl-ce-là?  Là-dessus, 
là-dessous. 

Ce  que  je  ne  conçois  pas,  par  exemple,  très-clairement^  c'est 
qu'on  écrive  avec  un  trait  d'union,  là-dessus,  là-dessous,  et,  sans 
Irait  d'union,  là  dedans,  là  dehors,  là  auprès,  là  conlre.  Passe  pour 
là-haut,  là-bas,  dont  je  serais  désolé  de  voir  disparaître  le  trait 
d'union,  à  cause  de  l'intimité  qui  règne  entre  là  et  haut,  entre  là  et 
bas;  mais  pourquoi  là  contre  et  là-dessus P 

Surtout  pourquoi  dès-là,  jusqtie-là  ?  Le  trait  d'union  me  paraît 
aussi  superflu  ici  qu'il  le  serait  dans  dès  lors,  jusqu'alors. 

Nous  croyons  qu'il  faut  écrire  sans  trait  d'union  là  dessus ,  là 
dessous,  dès  là ,  jusque  là ,  comme  là  dedans,  là  contre  ;  parce  que 
là,  dans  ces  locutions,  n'est  point  l'opposé  delà  particule  ci,  comme 
dans  celui-là,  cet  homme-là,  mais  la  forme  propre  et  indépendante 
d'une  idée  de  lieu/de  temps.  Entre  là  dessus  et  ci-dessus,  il  y  a  une 
grande  diiiérence.  Là-dessus  se  dit  en  parlant  de  toutes  sortes  d'ob- 
jets, tant  au  physique  qu'au  moral;  ci-dessus  ne  s'emploie  que  pour 
marquer  ce  qui  précède  dans  un  discours.  Voilà  pourquoi  là  dessus 
n'est  point  l'opposé  de  ci-dessus. 

Je  suis  loin  de  blâmer  l'usage  du  trait  d'union  dans  ici-bas,  mots 
d'une  construction  peu  naturelle  et  tellement  unis  dans  l'esprit 
qu'ils  ne  présentent  qu'une  seule  idée. 

A  propos  des  particules  oui  ne  peuvent  jamais  être  employées 
SEULES,  pourquoi  le  Journal  des  Débals  écrit-il  toujours  sans  trait 
d'union,  en  parlant  du  Constitutionnel  :  Très  sot,  très  impertinent, 
très  borné,  très  aveugle,  très  extravagant,  très  absurde,  etc.,  etc.  ? 
Pourquoi  écrit-il  de  même  sans  trait  d'union  ex  jésuite  ,  ex  roi? 
Cela  n'est  pas  non  plus  très-spirituel,  très-convenable ,  très-intel- 
ligent, très-clairvoyant,  très-sensé,  très-logique,  car  il  le  serait  tout 
autant  d'écrire  Hyper  critique,  tragi  comique,  archiduc,  anti  re- 
ligieux, dé  pendre,  mes  allier,  bis  aieul,  thoraco  facial,  sterno  hu- 
merai, slerno  pubien,  ilio  prétibial,  ilio  'rotulien,  ilio  aponévroti 
fémoral,  bifémoro  calcaniens  ,  tri/émoro  rotulien,  oc cipito  fron- 
tal,etc.,  mais  cela  est  tout  à  fait  digne  dudit  journal,  lequel,  en  re- 
vanche, écrit  bœuf-gras,  mardi-gras,  et  autre  choses  grasses. 

(1)  Quelques-uns  siiiipiiinciU  le  trait  d'union  de  cl-f^it,  mais  à  tort. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES .  215 

La  partialité  du  Journal  des  Débats  est  poussée  si  loin,  que  lui, 
qui  refuse  si  obstinément  le  trait  d'union  à  ce  pauvre  mot  très , 
presque  aussi  désespéré  de  son  abandon  que  je  le  suis  de  mon  af- 
freux isolement ,  il  le  prodigue  en  aveugle  dans  des  mots  tels  que 
Maréchai-de^camp,  garde-du-corps,  gouverneur-général,  procu- 
reur-général, receveur-général,  maltre-d' hôtel ,  Saint-Germain- 
l'Auxerrois,  Franc fort-sur-le-Mcln,  etc. 

Jules  Janin  va  jusqu'à  écrire  Juif-errant  avec  un  Irait  d'union.  Si 
ce  n'est  pas  se  moquer  du  monde  ! 

Puis,  comment  ne  pas  détourner  sa  face  avec  horreur  de  dessus 
un  journal  qui  commet  de  telles  abominations?  Comment  ne  pas 
s'écrier,  dans  une  sainte  indignation,  avec  Némésis: 

Eh  quoi  !  sans  que  la  honte  embrasât  votre  joue , 
Vous  avez  déployé  l'in-folio  de  boue , 
Ce  mannequin  hideux  que  Yargent  fait  mouvoir , 
Caméléon  changeant,  non  et  oui,  blanc  et  noir  , 
Qui  lisant  chaque  jour  ses  mielleuses  sentences  , 
Pend  la  liberté  sainte  à  ses  douze  potences! 
Vous  n'avez  pas  compris  qu'un  auteur  aux  abois , 
Quand  il  n'a  pour  appui  que  celle  impure  voix  , 
Cette  branche  pourrie,  hélas  !  est  bien  à  plaindre! 

Mais  dans  quel  bourbier  retombé-je  toujours.  Relevons-nous  ,  et 
n'oublions  pas  que  Toute  particule  ,  tout  mot  oui  n'a  pas  une  va- 
leur INDÉPENDANTE  EN  FRANÇAIS,  DOIT  S'UNIR  d'UNE  MANIERE  PLUS  OU 
MOINS  INTIME  AVEC  LE  MOT  OUI  LE    PRÉCI;DE  OU    QUI  LE  SUIT  ,  COmmC  : 

Aîtcmchancelier ,  oui-nk,  nenni-i>\,  Charles-Qvmr ,  Sio'te-Qumr  , 
«-PRIORI,  lèse-^ïMESTK,  etc. 

Les  locutions  suivantes  n'oiïrent  de  môme  qu'un  sens  na- 
turel et  direct. 


On  adjudant  major 

On  aide  de  camp. 

L'Ancien  Testa- 
ment. 

On  arc  de  triomphe 

On  bachelier  es 
lettres  (1). 

Le  bas  Danube. 

Le  bas  Rhin. 


La  basse  Autriche. 

La  basse  Egypte. 

Les  basses  Alpes. 

Le3  basses  Pyré- 
nées. 

Bien  dire. 

Bien  faire. 

Le  blanc  signé  ou 
blanc  seing. 


On  bois  de  lit. 
Du  bois  vif. 
Un  bout  de  bougie 
Un  bout  de  fleuret. 
Un  bout  d'boninic. 
LeschampsElyséis 
On  chien  de  mer. 
Un  ciel  de  lit. 
Un  clin  d'œil. 


Cn  col  de  cravate. 
Le  chirurgien  ma- 
jor. 
La  clef  de  voûte. 
Or.  cordon  bleu. 
Le  coips  de  garde. 
Le  corps  de  logis. 
Un  C0UJ1  d'œil. 
Dn  cul  d'artichaut. 


(i)  es  est  la  contraction  de  la  préposition  en  et  de  l'article  les ,  dans  les. 


216 

Le  directeur  gêné 

rai. 
L'ennemi  né. 
Le  l'en  grégois. 
Lesgardes  dii  corps 
Lagomme  arabique 
Lagonime  élastique 
La  gomme  gutte. 
La  gomme  résine 
Legrandconseil(l) 
Le  grand  livre. 
Le  grand  dtic    de 

Toscane. 

Le  grand  prêtre  (2) 
Du  gros  de  Naples. 
T>n  gros  de  Tours. 
La  haute  Autriche. 
La  haute  Egypte. 
Le  haut  Rhin. 
Les  hauts  lieux. 
Herbe  aux  chats, 

ou  Cataire. 

Herbe  aux  chan- 
tres, ou  Félai: 
Herbeaux  cuillers 

ou  Cochiéaria, 

Herbe  aux  écus  , 

ou  Nummulaire. 

Herbeaux  gueux, 

espèce  de  Clématite. 

Herbe  aux  pata- 


ORAMMAÏUE    l-nvNCAISE. 


gons,    ou   Hyitroeo- 
tjle. 

Herbe  au  pauvre 

homme,  ouGvalwle 

Herbe  aux  perles 

ou  Grémil. 

Herbe  du  siège,  ou 

Scrofulaire, 

Herbe  aux  verrues 

ou  Bétiotrope. 

Jet  d'eau. 

Jeu  d'eau. 

Laisser  aller. 

Laisser  dire. 

Laisser  faire. 

Laisser  passer. 

Le  légat  né. 

Le  lieutenant  civil. 

Le  lieutenant  cri- 
minel. 

Mme  la  lieutcnante 
civile. 

M"»  la  lieutenante 
criminelle. 

Le  lieutenant  gé- 
néral. 

Un  lit  de  camp. 

Un  lit  de  repos. 

Louis  le  Grand. 

Un  maître  maçon. 

nu     maréchal    de 


camp. 

La  mer  Atlantique 

La  mer  Adriatique 

La  mer  Glaciale. 

La  mer  du   Nord. 

La  mer  du  Sud. 

La  mer  Méditerra- 
née. 

La  mer  Noire. 

La  mer  Rouge. 

Le  Nouveau  Testa 
ment. 

L'océan  Pacifique 
(3). 

□n  oiseau  de  pa- 
radis. 

Le  palais  Bourbon 

Le  palais  Farnèse. 

La  petite  vérole. 

Les  petits  pois. 

Cela  peut  être. 

Le  pied  de  roi  ou 

simplement  pied. 

Pied  bot. 

Pied  plat,  ou  plat 
pied. 

Un  pont  levis. 

Un  pont  volant. 

Les  ponts  et  chaus- 
sées. 

Le    procureur  gé- 


néral. 

Qui  va  là  ? 

Qui  vive? 

Tn  rat  d'eau. 

Saint  Antoine. 

Saint  Basile. 

Saint  Etienne. 

Le  Saint  Esprit. 

Le  Saint  Office. 

Le  Saint  Père  (4). 

Le  Saint  Sacre- 
ment. 

Le  Saint  Siège. 

LesSaintes  Huiles. 

La  Sainte  Trinité. 

Saint  Tliimothée. 

Sainte  Ursule. 

Saint  Valentin. 

Savoir  faire. 

Savoir  vivre. 

La  Seine  et  l'Oise. 

La  Saône  etu Loire 

Le  serpent  à  son- 
nettes. 

Oa  tambour  maître 

Dn  tambour  major 

Le  Tarn  et  la  Ga- 
ronne. 

Le  ver  à  soie. 

La  villa  Schwar- 
zembergr.  Etc. 


(1)  Le  Journal  des  Débals  écrit,  grand-conseil.  «  Le  U  février,  le  gband- 
CONSEIL  de  Fribourg  s'est  assemblé.  » 

(2)  Combien  y  en  a-t-il  qui  écrivent  le  grand-prôtre!  C'est  une  faute. 

(5)  Le  Journal  des  Débats  écri tOcÉ a iv- Pacifique,  comme  on  écrit  Cirque- 
Olympique ,  avec  deux  majuscules  et  un  trait  d'union.  Même  au  seul  point 
de  vue  grammatical ,  il  y  a  une  énorme  diÉFérence  entre  ces  deux  expres- 
sions. Cirque-Olympique  est  le  nom  propre,  un  et  indivisible,  d'un  lieu 
public,  d'un  théâtre  digne  du  Journal  des  Débats.  L'océan  Pacifique  est  un 
océan  partiel  qui  ne  se  distingue  des  autres  que  parce  qu'il  est  pacifique  à 
la  manière  dudit  journal.  De  ce  que  l'on  écrit  abusivement,  dans  un  sens 
absolu  ,  l'Océan  avec  une  majuscule,  ce  n'est  pas  une  raison  pour  que  l'on 
conserve  à  ce  mot  cette  distinction  dans  océan  Pacifique.  Mais  le  Journal 
des  Débals  ne  descend  pas  à  de  telles  minuties.  De  telles  minuties,  qu'il 
était  bien  temps  de  régler  après  plus  de  deux  cents  ans,  coûtent  pourtant 
plus  de  réflexion,  plus  de  peine  que  les  longues  et  stériles  disputations  de 
l'orgueilleux  journal.  Le  Journal  des  Débats  ressemble  un  peu  à  l'astrologue 
de  la  fable  :  pendant  qu'il  est  à  regarder  dans  les  astres  ,  il  se  laisse  choir 
dans  un  puits. 

(i)  L'Académie  écrit  saint-père  avec  trait  d'union  et  sans  majuscule. 
Cependant  elle  écrit  avec  majuscule  et  sans  trait  d'union  Grand  Seigneur, 
Grand  Kan  ,  Grand  Turc,  Grand  Mogol,  dénominations  tout  à  fait  analo- 
gues au  moins  sous  le  rapport  grammatical.  La  plupart,  d'après  MM.Bes- 


DES   SIGNES   0«THOr.KAPHÎOlES.  217 

11  faut  vraiment  être  possédé  de  l'esprit  du  mal  pour  oser,  à  l'exemple 
de  MM.  Bescherelle  et  du  Journal  des  Débats,  leur  âme  damnée,  pour 
oser  faire  des  noms  composés  des  locutions  :  Aide  de  camp,  maréchal  de 
camp  ,  maître  d'hôtel,  marédtal  ferrant ,  arc  de  triomphe,  coq  d'Inde,  corps 
de  garde,  corps  de  logis,  femme  de  chambre,  lettre  de  change,  quart  d'heure, 
rat  de  cave,  rat  d'église,  rat  d'eau,  serpent  à  sonnettes,  ver  à  soie,  etc.  ,  etc. 

Mais  si  ces  expressions  sont  détournées  de  leur  sens  na- 
turel, de  leur  sens  direct  ;  si  le  verbe,  si  l'adverbe  est  pris 
substantivement,  si  les  adjectifs  saint j,  bas,  haut,  etc.,  ne  se 
rapportent  plus  que  d'une  manière  indirecte  au  substantif 
qui  les  accompagne  -,  surtout  s'il  y  a  renversement,  transpo- 
sition forcée ,  contraction,  etc.,  alors,  à  défaut  d'une  inti- 
mité plus  grande  entre  les  parties,  le  trait  d'union  est  in- 
dispensable. Ainsi  écrivez  : 


Un  à-compte  (1). 

L'à-propos. 

Le  Bas-Empire. 

Le  Bas-Rhin,  Le  de 


partemsnt  auquel  le  bas 
Rbin  a  donné  son  nom. 

Les  Basses  •  Alpes, 

département. 


Les  Basses  -  Pyré-I     Beaux-Arts. 

nées,  département.  Le  bien-dirc. 
Le  beau-dire.  Le  bien-faire. 

L'Académje    des  A  bras-lc-COrpS  (2) 


clierelle  et  le  Journal  des  Débats,  font  encore  pire  :  ils  mettent  partout  le 
trait  d'union  ;  et  l'Académie  elle-même  n'a  pas  trouvé  un  autre  moyen  de 
distinguer  le  grand-duc  de  Toscane  des  anltt^s  grands  ducs.  Mais  il  faudrait 
dire  alors  La  grand-duchesse  et  non  pas  la  grande  duchesse.  Le  Irait  d'union 
suppose  presque  toujours  invariable  le  mot  qui  le  précède ,  comme  dans 
franc-maçonnerie,  hautcUsseur ,  demi-dieux,  chevau-léger ,  prud-hoiiimes 
{mieux  prudhommes)  ,  nu-propriélc,  aller  nu-tête,  nu-Jambes,  nu-pieds,  un 
va-nu-pieds,  etc. ,  etc.,  etc.  Est-ce  parce  que  l'Académie  craint  qu'on  ne 
prenne  tel  grand  duc  pour  un  grand  prince  ?  Entre  un  grand  prince  et  un 
grand  duc ,  entre  ces  mots  ,  le  grand  roi,  le  grand  empereur  et  le  grand 
duc  de  tel  ou  tel  grand  duché ,  il  y  a  tout  un  monde. 

(1)  Le  Journal  des  Débats  a  eu  l'heure;ise  hardiesse  d'écrire  au  pluriel 
à-comptes,  c  Les  emprunteurs  ont  la  faculté  de  se  libérer  par  à- comptes  men- 
suels, fussent-ils  de  1  franc.»  Faut-il  s'étonner  après  cela  que  le  </o«r>ia/ 
des  Débals  parle  parfois  avec  tant  de  dédain  de  l'Académie  qui  écrit  au 
pluriel  comme  au  singulier  des  ù-comptc?  Mais  je  me  trompe  ,  ce  n'est  pas 
le  Journal  des  Débats  qui  a  inventé  ce  pluriel  ;  tout  l'honneur  en  revient  au 
Journal  de  Seine- et -Oise,  cité  par  le  Journal  des  Débats. 

(2)  Plusieurs  disent  à  brasse-corps,  et  il  n'y  a  pas  long-temps  que  j'ai  lu 
ce  barbarisme  dans  un  journal.  Je  n'affirme  pourtant  pas  que  ce  soit  dans 
le  Journal  des  Débals,  bien  qu'il  n'y  eût  pas  lieu  de  s'en  étonner.  Voici  , 
en  effet,  quelque  chose  de  tout  aussi  fort  :  «  Le  BAvt-coinmissaire,  quoique 
chinois  ou  pabce  que  chinois,  admira  beaucoup  un  service  de  Ihe.n  On  voit 
que  le  Journal  des  Débats  ne  veut  pas  demeurer  en  reste  de  chinoiseries. 
C'est  |)our  aider  autant  que  possible  au  succès  de  nos  négociations  dans 
la  Chine.  Encore  un  échantillon  de  son  style.  »  Le  bétail,  cklci  a  cobnes 
surtout,  était  en  grand  nombre.  "   De  telles  fautes  fourmillent  dansli^  Journal 

T.   II.  -2.S 


218 


(.lUiMMAlRE    FRANÇAISE. 


Lecarôine-pienant 
LeCcIeste-Empire 
LaCliamp- de-Mars 
Les  Champs  -Ely- 

SéeS  ,  i  Paris. 

Dn  cordon  -,bleu  , 

CheTaliar  du  Saint- 
Esprit,     cuisinière 
très— habile. 

Dn  cordon-rouge , 

Chevalier  de  Saint— 
liouis. 

Un  écoute-s'il-pleut 
Les  États-Unis. 
La   Grande-Breta- 
gne. 
Dn  haut-le-pied. 
La  Haute-Loire, 

département. 


Les  HaiilesAlpcs, 

départeraent. 

Le  Haut-Rhin,  Ja- 

partement. 

Le  laisser-aller. 
Le  laisser-dire. 
Le  laisser-faire. 
Le  laisser-passer. 
Le  lieutenant- géné- 
ral (1). 

Le  oolléje  de  Louis- 

le-Grand. 
Aller  nu  -  jambes, 

nu-tête, 
La  nu  propriété. 
L'Opéra-Comique 
Le  Palais-Royal. 
Le  Pont-Royal. 
Les    Pays  -  Bas  , 


royaume, 

Les  Petites  -  Mai- 
sons. 

Peut-être  (et  pour- 
quoi pas  peuiétre  ?) 

Dn   plat  -  pied,    ou 

pied-plat. 
Le  plein  cintre. 
Le  qu'en-dira-t-on. 
Le  qui-vive. 
Le  rez-de-chaussée 
Dn   Saint  -  Esprit 

d  or,  d  argent, 
L'éêlise     de    Saint  - 

Etienne. 

La    ville     de    Saint  - 
Germain  en  Laye. 

Saint  -  Germain 

1  Auserrois, 


L  ordre  da  S'-Louis. 

Dn    Saint  -  Sacre- 
ment ,  ou  OsUmoir. 

Le  savoir-faire  (ou 

savoirfaire. } 

Le  savoir-vivre  (ou 

^avoîrvivre.  J 

Le     département    de 

Seine  et-Oise. 
La  Seine-Inférieu- 
re ,  département. 

Soi-disant. 
Le  Théâtre-Fran- 
çais, 
Dn  toutou-rien, 
La  Ville-de-Lyon , 

paquehot , 

Villeneu  ve-le-  Roi , 
Etc. ,  etc. 


Nous  n'écrivons  pas,  comme  l'Académie,  ccuellc  d'eau,  avec  un  trait  d'u- 
nion ,  parce  qu'il  ne  suffit  pas  pour  cela  que  l'un  des  deux  termes  soit  pris 
dans  un  sens  figuré  ;  il  faut  qu'il  y  ait  entre  eux  unité  parfaite  de  sens  ; 
tandis  qu'il  y  a  ici  deux  sens  distincts.  Eciwlle  d'eau  signifie,  en  effet,  une 
plante  en  forme  de  godet  ,  d'ccuelle,  qui  aime  l'eaH  ,  qui  se  plaît  dans  les 
lieux  humides.  Il  y  a  d'abord  idée  de  plante,  puis  idée  d'eau.  S'il  était 
permis  de  mettre  le  trait  d'union  à  écuelle  d'eau,  à  plus  forte  raison  fau- 
drait-il le  mettre  à  ciel  de  lit,  à  bouton  d'or.  Bouton  et  ciel  sont  aussi  em- 
ployés fîgurément  dans  ces  deux  locutions  ,  mais  de  lit  et  d'or  gardent  leur 
signification  particulière  et  ne  font  que  déterminer  celle  du  mot  précé- 
dent. Dans  œil-de-bœu f,  au  contraire,  il  n'y  a  ni  idée  d'œil  ni  idée  de  bœuf, 
il  n'y  a  qu'une  idée  de  fenêtre.  Ce  n'est  pas  seulement  l'un  des  termes 
qui  est  pris  figurément,  c'est  le  tout  ensemble  ;  par  conséquent  indivisibi- 
lité absolue.  D'après  cela,  l'Académie  a-t  elle  plus  raison  d'écrire  Coq-dcs- 
jardins,  avec  trait  d'union  ? 

C'est  de  même  tout  à  fait  sans  raison  que  l'on  joint  par  un  trait  d'union 
les  noms  propres,  Jules-César,  Octave- Auguste,  Frédéric-Guillaume,  Pio- 
lémée-Philadelphe.  Jean-Jacques,   Jean-Baptiste,    etc. ,  etc.  Dira-t-on  que 

des  Débals.  Et  que  serait-ce,  si  je  voulais  signaler  les  erreurs  de  toutes 
sortes  dont  nos  doctes  Allemands  se  font  des  gorges  chaudes!  Ils  lui  doi- 
vent bien  de  la  reconnaissance  ,  de  les  faire  rire.  Hélas  ,  je  ne  ris  plus  , 
moi.  Toutes  les  bouffonneries  du  Journal  dés  Débats  n'ont  plus  le  pouvoir 
de  me  dérider. 

(1)  L'Académie  écrit  en  effet,  lieutenant-colonel  a\'cc  un  trait  d'union, 
bien  qu'elle  écrive  et  doive  écrire  Lieutenant  général,  lieutenant  civil,  lieu- 
tenant criminel ,  etc. ,  sans  trait  d'union.  Serait-ce  que  dans  lieutenant- 
colonel,  il  y  aurait  contraction  de  la  préposition  de  :  Lieutenant  de  colonel? 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  trait  d'iminu  ne  me  paraît  pas  ici  sufTisaminentjtistific. 


DES    SIGNES    OKTlIOGKAl'HigLES.  219 

cisl  |)urcc  que  le  premier  de  ces  mois  est  inséparable  du  second  ,  eu  ce 
qu'on  ne  l'énonco  jamais  seul  ?  Mais  on  ne  dit  pas,  non  plus,  seulement , 
Fernand,  Crisloplw,  Victor,  Jules,  Charles,  Félix,  etc.  On  écrit  Fernand 
Cortez,  Crisloplw  Colomb,  Victor  Hugo,  Jules  Janin,  Chartes  Nodier,  Félix 
Davin,  et  on  n'emploie  pourtant  pas  le  trait  d'union. 

Nous  admettons  volontiers  une  exception  pour  Jésus-Christ,  Michel- 
Ange  ,  Marc- Antoine ,  Duguai-Trouin  ,  Quinte-Curce ,  et  Charles-Quint. 
Les  deux  noms  sont  tellement  unis  qu'en  effet  ils  n'en  forment  qu'un. 
L'usage  du  trait  d'union  est  même  très-légitime,  lorsqu'il  s'agit  de  joindre 
ensemble  deux  noms  de  famille,  comme,  par  exemple,  celui  delà  femme 
et  celui  du  mari. 

Mais  il  n'y  a  pas  lieu  d'écrire  avec  un  trait  d'union  Notbè-Seigneur.  11 
est  vrai  que  Notre  et  Seicneub,  dans  cette  expression,  ont  fini  par  s'unir 
si  intimement  dans  l'esprit  des  Chrétiens,  qu'ils  ne  présentent  plus  qu'une 
idée  unique ,  l'idée  de  Died. 

Notre-Dame,  ne  se  disant  que  de  la  fêle  de  la  Vierge,  ou  d'une  église  consa- 
crée à  la  Tierge,  ou  de  certaines  images  de  la  "S  ierge  qui  sont  l'objet  d'une 
vénératiim  particulière,  doit  nécessairement  s'écrire  avec  un  trait  d'union. 

Ce  qui  est  vraiment  impardonnable,  c'est  d'écrire  avec  traits  d'union 
Louis  le  Grand,  Alexandre  le  Grand,  Frédéric  le  Grand,  Charles  le  Bel . 
Charles  le  Simple  ,  etc.  J'ose  croire  qtie  vous  vous  abstiendrez  désormais 
de  cette  vilainie. 

Autre  chose  encore  de  plus  important. 

Après  en  avoir  long-temps  délibéré  avec  nous-même,  dans  le  si- 
lence du  cabinet  et  dans  la  paix  d'une  bonne  conscience ,  voici  ce 
que  nous  avons  décidé  à  l'égard  de  quelques  locutions  soulignées 
dans  l'une  des  listes  qui  précèdent ,  telles  que  petit  maître,  petite 
maîtresse,  beaux  arts,  belles  lettres,  etc.,  et  sur  lesquelles  nous 
n'avons  fait  qu'exprimer  un  doute  en  passant. 

Ni  petit  maître  ,  ni  beaux  arts  ,  ni  belles  lettres ,  ne  sont ,  à  pro- 
prement dire,  des  noms  composés  ;  pas  plus  que  bel  esprit,  grand 
homme ,  arts  libéraux.  Rien  de  tordu  ,  rien  de  forcé  dans  leur  con- 
struction; il  n'y  a  ni  contraction,  ni  renversement,  ni  ellipse;  rien 
ne  s'y  heurte,  rien  ne  s'y  brise;  tout  s'y  unit  au  contraire  avec 
grâce ,  tout  y  est  naturel  ;  tout  y  est  à  sa  place  et  à  son  rang.  Il  n'y  a 
pas,  comme  dans  les  vrais  noms  composés,  fusion  complète  des  par- 
lies.  Loin  de  là,  quoiqu'on  ne  puisse  nier  pourtant  qu'il  n'y  ait  une 
sorte  dintimité  entre  les  deux  termes,  intimité  qu'il  est  peut-èlre 
cruel  de  détruire  ainsi  brusquement,  j'en  conviens  ;  mais,  comme  dit 
le  proverbe,  aux  grands  maux  les  grands  remèdes.  Quant  on  voil 


--<►  GK.VMMAIKE    MUi^ÇAlSE. 

le  Journal  den  Débats  écrire  avec  Irails  d'union  palais-de-jmiice, 
hôtd-de-viUc ,  conseil-général ,  lieutenant-général,  haut- fonction' 
naire,  haut-commissaire,  haute-justice,  maître  des  hautes-œuvres, 
des  basses-œuvres,  Indes-Orientales,  etc.,  etc.;  quand  on  voit  l'abus 
du  trait  d'union  multiplier  ses  racines,  au  point  qu'il  menace  de  tout 
envahir  ,  il  est  temps  à  coup  sûr  de  s'armer  du  fer  et  du  feu,  non 
pour  séparer,  non  pour  détruire,  mais  pour  affranchir. 

Or  je  pose  en  principe  que  partout  où  le  trait  d'union  n'est  pas 
absolument  nécessaire,  partout  où  il  ne  sert  pas  à  assembler,  â 
emboîter,  à  enchâsser,  à  souder  plusieurs  mots,  en  sorte  qu'ils  ne 
fassent  qu'un  corps  compacte,  partout  où  il  n'opère  pas  cette  jonc- 
tion parfaite  des  parties,  il  faut  le  supprimer  comme  inutile,  comme 
embarrassant. 

Petit  maître  n'a  aucun  droit  au  trait  d'union,  parce  qu'en  effet  ces 
deux  mots  ne  joignent  pas  ensemble  assez  bien  pour  cela,  el  qu'ils 
ne  font  que  se  modifier  l'un  l'autre;  parce  que  la  signification  de 
l'adjectif  petit  ne  se  trouve  altérée  ici  que  par  sa  position  devant  le 
substantif  mai/re  (1),  comme  l'est  celle  de  bon,  de  grand,  d'hon- 
nête, de  gentil,  de  brave,  de  pauvre  dans  les  expressions,  bon 
homme,  grand  homme,  honnête  homme,  gentil  homme,  brave 
homme,  pauvre  homme  ;  parce  qu'enfin  dans  jietit  maître  il  n'y  a 
pas  qu'un  seul  mot  ;  il  y  a  deux  mots  bien  distincts,  deux  mots  agis- 
sant l'un  sur  l'autre,  mais  ne  s'absorbant  pas. 

Si  le  trait  d'union  est  nécessaire  pour  caractériser  la  valeur  de 
celte  locution,  alors  comment  fait-on  pour  distinguer  un  lion  à  deux 
pieds,  sans  queue,  de  Paris,  d'un  vrai  lion  d'Afrique? 

Donc  point  de  trait  d'union  pour  ce  mot  ni  pour  les  suivants  :  Bel 
esprit,  beaux  arts,  belles  lettres,  sage  femme,  amour  propre,  hantes 
œuvres ,  basses  œuvres ,  haute  futaie  ,  oiseau  pêcheur ,  martin  pê- 
cheur, martin  chasseur,  loup  cervier,  chat  cervier,  etc. 

Point  de  trait  d'union  non  plus  entre  deux  substantifs  qui  ne  se 
font  que  modifier  l'un  l'autre  :  Le  coq  faisan,  le  pigeon  paon,  Voi- 
seau  mouche,  le  faucon  pèlerin,  la  mouche  guêpe,  le  monstre  roi , 
le  berger  roi ,  le  bien  fonds ,  la  porte  croisée ,  la  trachée  artère,  la 
saisie  arrêt,  \di  saisie  brandon,  la  saisie  exécution,  etc.  Quoi  de  plus 

(1)  Le  nom  de  petit  mallre  fut  donné  pour  la  preniicie  fois,  dit  M.  Na- 
poléon Landais,  aux  jeunes  gens  de  la  cour,  attachés,  du  temps  de  la 
Fronde,  au  prince  de  Condé  :  jeunes  gens  badins,  railleurs,  sulîisanls,  et 
fpii.  fiers  de  laprotection  de  leur  muilre,  afl'eclaienl  des  airs  de  supcriorité. 


DES    SIGNES   OKTHOURAPHIQLES.  221 

odieux  que  de  voir  uu  seul  mot  dans  saisie  exécution!  Ne  savez- 
vous  pas  l'horreur  que  notre  langue  a  pour  les  longs  mois?  Aussi  ce 
sont  bien  là  deux  mots  distincts ,  deux  mots  formant  une  locution 
consacrée ,  <omme  état  major,  qtiinie  major,  pont  levis,  mais  où  le 
trait  d'union  n'est  pas  plus  utile  que  dans  petit  maître,  brave 
homme,  grand  homme. 

Quelle  idée  d'écrire  aussi  pont-lcvis  avec  un  trait  d'union,  comme 
si  ce  n'était  pas  là  deux  mots  encore  très-distincts!  Le  trait  d'union 
est  ici  d'autant  moins  utile,  que,  dans  l'acception  la  plus  détournée 
de  cette  expression,  on  dit  tout  aussi  hlen  jwnt  tout  court,  que  pont 
levis.  Culotte  à  pont  levis.  Pantalon  à  petit  pont,  à  grand  pont. 

0  vous  que  l'équivoque  épouvante  si  fort , 
Et  qui  la  redoutez  à  l'égal  de  la  mort, 

comment  distinguerez-vous  s'il  s'agit  ici  d'un  pont  sur  la  Seine  ou 
d'un  pont  à  votre  culotte?  Vous  voyez  qu'il  y  a  pont  elpotit,  comme 
il  y  a  bossîi  et  bossu. 

Impératrice-reine,  dommages-intérêts,  à  croix-pile ,  signifient, 
impératrice  et  reine,  dommages  et  intérêts,  à  croix  et  à  pile.  Hôtel- 
Dieu,  signifie  Hôtel  de  Dieu;  il  y  a  contraction,  et  toute  contraction 
est  du  ressort  du  trait  d'union.  Et  même,  dans  impératrice  reine , 
dommages  intérêts,  croix  pile,  \e  trait  d'union  est  une  faute;  ou 
bien  il  faudrait  le  mettre  aussi  dans  café  Moka,  café  Bourbon j, 
gomme  adragant ,  qu'on  dit  abusivement  pour  café  de  Moka,  café 
de  Bourbon,  gomme  d'adragant.  Les  personnes  qui  parlent  bien 
diront  dommages  et  intérêts,  et  non  pas  dommages  intérêts. 

Le  trait  d'union  étant,  je  le  répèle,  une  espèce  de  lien  de  fer  qui  as- 
sujélit  tellement  deux  mots  l'un  à  l'autre  qu'il  rend  par  là-même  le 
premier  incapable  de  se  mouvoir  en  dehors  du  second ,  partout  où  pour 
la  formation  du  pluriel,  il  y  a  disjonction  des  parties,  le  Irait  d'union 
est  inutile,  à  moins,  on  ne  doit  pas  l'oublier,  qu'il  y  ait  contraction. 

Grand  père,  grand  mère,  grand  oncle,  grand' tante ,  petit  fils, 
petite  fille,  petit  neveu ,  petite  nièce,  beau  fils,  beau  père,  beau 
frère ,  belle  mère,  belle  fille ,  belle  sœur,  sont  dans  ce  cas.  Ce  n'est 
pas  le  trait  d'union,  en  effet,  qui  modifie  jamais  la  valeur  des  ad- 
jectifs grand,  petit,  beau;  c'est  leur  position  devant  tel  ou  tel  sub- 
stantif. Autrement,  comment  l'oreille,  pour  laquelle  n'existe  pas  le 
Irait  d'union,  comment  l'oreille  suffirait-elle  pour  porter  à  l'esprit 
l'intelligence  des  expressions  ci-dessus? 


222  (UUMMAIUE   FKAiNÇAISE. 

Si  c'esC  la  crainte  de  l'équivoque  qui  vous  insinue  ici  le  Irail  d'u- 
nion, comment  se  fait-il  que  vous  ne  Tayez  pas  inséré  aussi  dans 
grand  aigle,  signifiant  papier  dxi  plus  grand  format? 

Pauvres  insensés  !  l'équivoque ,  que  vous  fuyez  avec  tant  de  soin, 
l'équivoque  est  partout,  elle  vous  suit  partout,  elle  vous  attend  par- 
tout, elle  se  dresse  devant  vous  à  tous  les  détours  que  vous  faites 
pour  l'éviter.  Aucune  langue  n'en  est  exempte.  Pour  ma  part,  voici 
des  phrases  qui  m'ont  fait  donner  à  tous  les  diables,  quand  j'étais  au 
collège:  Ne,  mater,  suanif — Mea,  pater ,  mandiicat  lupus  ma- 
trem  smtm. 

On  prétend  que  le  facétieux  Rabelais  se  revêtit,  en  mourant,  de 
son  camail  ou  domino,  en  répétant  ces  paroles  du  psalmiste  :  «  Beati 
qui  in  Domino  moriuntur.  » 

Un  des  signes  qui  caractérisent  l'homme  d'esprit,  c'est  justement 
la  facilité  avec  laquelle  il  saisit  tout  d'abord  le  vrai  sens  des  mots; 
tandis  que  les  sots  entendent  toute  chose  de  travers.  Il  est  vrai  que 
nos  grammairiens  ne  se  piquent  pas  d'un  esprit  du  premier  cru, 
comme  le  Journal  des  Débats  appelle  si  spirituellement  l'esprit  du 
Constitutionnel. 

Tenez  !  par  le  froid  qu'il  fait  (nous  sommes  au  6  mars) ,  on  vous 
propose  de  vous  loger  dans  une  chambre  ayant  deux  fenêtres  et 
trois  portes  que  vous  ouvrez  toutes  ;  puis  d'y  placer  un  petit  Bona- 
parte en  plaire  auquel  vous  cassez  un  bras  ;  tout  cela  pour  vous 
maintenir  dans  une  chaleur  convenable. 

Vous  ne  comprenez  pas ,  dites-vous  ?  Simples  que  vous  êtes  !  Eh 
bien  ,  les  malins  ont  déjà  compris  que  de  cette  manière  vous  auriez 
un  bon  appartement  chaud  avec  cinq  couvertures  (Bonaparte  man- 
chot, cinq  ouvertures) . 

Ah  !  grands  dadais ,  vous  y  voilà  enfin. 

Pline  le  naturaliste  avait  écrit  deux  livres  sur  l'amphibologie  (De 
dubio  sermone).  «  C'était ,  disait-il ,  pour  apprendre  à  parler  d'une 
manière  si  fine  que  les  grammairiens,  les  commentateurs  et  les  ty- 
rans n'y  pussent  rien  entendre.  » 

Pour  en  revenir  à  notre  sujet ,  nous  concevons  l'unité  dans  les 
analogues  allemands  Gross-vater,  grand  père,  gross-mutter,  grand'- 
mère,  gross-tochter,  petite  fille,  gross-kind,  petit  fils  ou  petite  fille, 
gross-marschal,  grand  maréchal,  gross-altern,  aïeuls,  etc.,  vu  l'in- 
variabilité de  l'adjectif  gross  qui  ne  fait  que  renforcer  la  significa- 
tion dumot  suivant,  comme /irt///)^  dans  Haupl-stadt.  Mais  si  cet  ad- 


DES   SIGNES    OUTHOORAPHIQUES.  22-'> 

jecfif  pouvait  se  mouvoir  librement  à  sa  place ,  et  revêtir  ou  dé- 
pouiller à  sou  gré  ses  diverses  formes ,  alors  il  y  aurait  deux  mots 
tout  à  fait  distincts,  tout  à  fait  libres,  il  y  aurait  une  locution  équi- 
valente à  un  mot  simple,  comme  tout  à  coup  ,  à  coup  sûr ,  à  tous 
coups,  tour  à  tour,  d'une  manière  parfaite,  sont  équivalents  à  sou- 
dainement, infailliblement,  souvent,  alternativement,  parfaite- 
ment; mais  cette  locution  ne  pourrait  pas  s'appeler  nom  composé. 

C'est  pourquoi ,  du  moment  que  vous  ne  pouvez  vous  déterminer 
à  écrire  au  pluriel  des  pigeon-paons ,  des  martin-pêcheurs ,  des 
pie-grièches ,  des  oiseau-mouches ,  des  sage-femmes ,  des  beau- 
frères,  etc. ,  comme  vous  écrivez  (rafraîchissons-nous-en  la  mé- 
moire encore  une  io\?>)A^&demi-dieiix,  des  chevau-légers,  des  haut- 
Hsseurs,  des  franc-maçons,  des  enfants  mort-nés,  la  nu-propriété, 
a\\Qrnw-tête,d\\ernu-jambes,  des  bonheurs,  des  bonjours  (l),etc.  , 
en  laissant  le  premier  mot  tout  à  fait  intact;  du  moment,  dis-je, 
que  vous  ne  pouvez  vous  déterminer  à  une  chose  si  monstrueuse 
selon  vous  ,  n'attentez  pas  à  la  liberté  des  divers  mots  cités ,  en  les 
enchaînant  deux  à  deux  par  un  trait  d'union,  comme  des  forçais; 
ne  leur  imposez  pas  le  supplice  de  Mézence.  Quand  l'Académie  écrit 
sans  trait  d'union  coq  faisan,  oiseau  pécheur,  de  quel  droit  écrirait- 
elle  p/gf^on-paon ,  martin-pécheur ,  a\ec  trait  d'union?  N'y  a-t-il 
pas  entre  ces  expressions  l'analogie  la  plus  parfaite? 

L'Académie  va  plus  loin,  elle  écrit  pigriiche  en  un  seul  mot, 
et  elle  fait  bien.  Après  cela  qu'on  ose  venir  nous  blâmer  d'écrire 
aussi  en  un  seul  mot  essuimain ,  pridieu,  etc.  Quoi  de  moins  lo- 
gique, soit  dit  en  passant,  que  d'écrire  Dieu,  dans  jn'ie-dicii,  avec  une 
majuscule?  Alors  pourquoi  n'écrit-on  pas  de  la  même  manière. 
Dire  à-Dieu  à  quelqu'un,  Faire  ses  à-Dieu  ? 

Mon  Dieu  !  messieurs  les  grammairiens,  je  ne  suis  pas  aussi  exi- 
geant que  vous  pourriez  le  croire  au  premier  abord,  je  ne  vous  de- 
mande que  d'être  un  peu  plus  conséquents,  un  peu  plus  d'accord 
avec  vous-mêmes. 

Toutefois,  comme  la  préposition  arrière,  dans  arrière- pet  il -fils,  arrière- 
petite- fille ,  n'est  pas  là  seulement  pour  les  beaux  yeux  de  l'adjectif /;e<i7  , 
et  qu'elle  embrasse  également  les  mots  fils,  fille,  il  est  urgent  que  le  trait. 


(1)  Dira-ton  que  bonjour  n'est  point  usité  an  pluriel?  Cependant  qui 
oserait  trouver  «i  redire  à  cette  phrase  familière?  Tous  vos  bonjours  me 
touchent  peu  ? 


22  î  GRAMMAIRE    IIUNÇAISE. 

d'union  s'étende  de  la  préposition  arrière,  à  travers  VaàjGcCif  petit,  jusque 
surles  substantifs  fils  et  fille.  L'adjectif  ^/-««rf  se  trouve  enibroclu';  de  la 
même  manière  et  pour  le  même  motif  dans  l'expression  ,  viccgrandèlec- 
teur.  C'est  ce  qu'on  appelle  se  trouver  pris  entre  deux  feux.  L'adjectif /)eh'< 
se  trouvant  réuni  aux  mots  fils  et  fi'.le,  avant  que  la  préposition  arriére  ne 
lui  passe  ainsi  sa  flèche  d'amour  au  travers  du  corps  pour  atteindre  le  cœur 
de  son  substantif  bien-aimé,  il  va  sans  dire  que,  s'il  est  au  féminin,  il  reste 
au  féminin  ,  s'il  est  au  pluriel,  il  reste  au  pluriel,  et  qu'ainsi  l'on  écrit,  Ar- 
rière-pctil-fils,  arrière- pelite-fille,  arriére-petits-fils,  arrière-peiites-filles. 

Au  contraire  des  locutions  grand  oncle,  grand  pcre,  petit  maî- 
tre, etc.,  Petites-Maisons  est  bien  réellement  un  nom  composé  ;  car 
c'est  le  nom  propre  d'un  ancien  hôpital  de  Paris  où  l'on  renfernnait 
des  aliénés.  Les  noms  suivants  sont  également  des  noms  propres,  par 
conséquent  susceptibles  du  trait  d'union  :  Le  Pont-Royal,  le  Palais- 
Royal,  le Potit-Neuf,  le  Céleste-Empire,  le  Bas-Empire,  les  Pays-Bas, 
les  États-Unis,  la  Légion-d' Honneur,  etc.  Mais  gardez-vous  d'é- 
crire avec  le  Journal  des  Débals,  Nouveau-Monde,  Indes-Orientales, 
parce  qu'il  y  a  aussi  Y  ancien  monde  et  les  Indes  occidentales. 

Petits-pieds  est  également  un  nom  composé;  car  l'ellipse  en- 
chaîne immuablement  ces  deux  mots  l'un  à  l'autre,  sans  qu'ils  puis- 
sent repasser  de  la  forme  du  pluriel  à  celle  du  singulier.  Manger 
des  petits-pieds,  c'est  à  dire,  des  grives,  des  cailles,  des  ortolans,  et 
autres  petits  oiseaux  d'un  goût  délicat.  L'Académie,  comme  pour 
nous  faire  niche,  écrit  justement  petits  jneds  sans  trait  d'union,  au 
mot  PIED.  Mais,  pour  contenter  tout  le  monde,  elle  l'écrit  avec  trait 
d'union  au  mot  petit. 

MM.  Bescherelle  poussent  la  fureur  du  trait  d'union  jusqu'à  écrire 
basse-voile,  grand-maître,  haute-cour,  haute-page,  petit-lait,  etc., 
mais  (le  mot  nous  échappe  à  la  fin)  quoi  de  plus  absurde!  Les 
couples  petit  pain  ,  petit  pâté ,  petits  pois ,  ont  certes  plus  de  pen- 
chant à  s'unir,  à  se  fondre  en  un  seul  corps,  en  une  seule  àme; 
et  cependant  personne  n'a  encore  songé  à  leur  hymen,  auquel  la 
raison  s'oppose.  Pardon  !  MM.  Bescherelle  écrivent  petit-pâté. 

Il  résulte  de  ce  qu'on  vient  de  lire  qu'il  faut  savoir  n'user  qu'à 
propos  du  trait  d'union  ;  car  l'abus  de  ce  petit  rien  entraîne  une 
confusion  immense.  Supprimez-le  donc  où  il  est  inutile. 

Telles  sont  les  principales  difficultés  que  présentait  l'emploi  de  ce  petit 
rien  ,  appelé  trait  d'union  ,  et  tant  dédaigné  par  le  Journal  des  Débats  ,  ou 
plutôt,  je  nu-  trompe,  trop  apprécie  par  ledit  journal.  L'orgtieilleux  jf>ui- 


DES  SIQNES  ORTHOGRAPHIQUES.  225 

nal  viendra-til  enfin  à  résipiscence  ?  Que  Dieu  lui  donne  la  grâce  et  fasse 
souffler  sur  lui  son  esprit. 

Ce  qui  nous  reste  à  dire  sur  le  trait  d'union  ira  maintenant  comme  sur 
des  roulettes. 

Cependant,  avant  de  passer  outre,  nous  avons  encore  une  ques- 
tion à  soumettre  au  lecteur. 

Puisqu'on  écrit  Soubarbe,  soucoupe,  sougarde,  sougorge,  soulever, 
souligner,  soumettre,  soupeser,  soutenir,  souterrain,  soutirer,  pour 
sous-barbe,  sous-coupe,  sous-garde,  sous-gorge,  sous-lever,  etc.,  pour- 
quoi n'écril-on  pas  de  même,  soubail,  sou  faîte,  souferme,  soulouery 
soumarin  ,  soupied,  souventrière,  etc.  ?  Rien  ne  s'oppose  à  la  sim- 
plification de  ces  noms  composés,  si  ce  ïï esl  jieut-étre  le  plaisir  de 
voir  se  dessiner  nettement  aux  yeux  chaque  radical. 

Et  maintenant  passons. 

II. 

Tout  pronom  personnel  immédiatement  placé  après  un 
verbe  auquel  il  se  rapporte  comme  sujet  ou  comme  régime 
s'y  rattache  par  un  trait  d'union. 

Que  ferai-jei  Que  rèpondrai-Je?  Que  deviendrai-je?  Où  suis-je  ?  Que  dis-Je  ? 
Osez-vous  ,  lui  répondis-je ,  en  parler  de  la  sorte  î  Fussé-je  au  bout  du  monde, 
écrivez-moi  un  mot,  et  J'irai  vous  rejoindre.  En  vain  prétendrais-je  le  persuader. 
Iras-tu  ?  Viendras-tu  ?  N'y  feras-tu  rien  ?  Tais-toi  ?  Retire-toi.  Que  fait-il  ?  Où 
sont-ils 'i  Alors,  dit-il,  nous  résolûmes  d'agir.  Toujours  est-il  que  j'étais  excu- 
sable. Ce  projet  dût-il  échouer  ,  il  sera  toujours  beau  de  l'avoir  conçu.  (Acad.  ) 
Partons-nousl  Aimez-vous  les  uns  les  autres.  Aimez-le.  Aimez-la.  Traitez-les 
avec  bonté.  Kamenez-la  à  son  devoir.  Dites-lui  combien  je  l'aime.  Mon  père, 
pardonnez-leur ,  ils  ne  savent  pas  ce  qu'ils  font. 

Il  en  est  de  même  des  pronoms  CE,  ON,  EN  et  Y. 

Que  dit-onî  Que  fait-on?  Qui  est-ce?  Qu'est-ce?  Qu'est-ce-ci?  C'est  là  , 
soyez-en  certain ,  la  cause  de  son  refus.  Vas-y.  Donnes-y  tes  soins. 

On  met  même  deux  traits  d'union,  s'il  y  a  deux  de  ces 
pronoms  pour  complément  de  l'impératif. 

Vous  avez  mon  chapeau,  rendez-le-moi.  Donnez-lcur-moi  sur  les  oreilles. 
Quand  vous  aurez  des  nouvelles,  faites-les-nous  savoir.  Dites-le-lui.  Dites-le- 
leur.  Allons-nous-en.  Allez-vous-en.  Rendez-vous-y.  Vous  allez  à  l'Opéra, 
menez  y  moi.  Vous  allez  dans  votre  voilure,  donnez-y-moi  une  place.  Menez- 
nous-y.  Donnez-nous-y  une  place. 

T.  n.  29 


226  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

L'apostrophe  remplace  le  trait  d'union  entre  les  deux  pronoms 
dans  va-t'en,  garde-t'en  bien,  fais-t'en  donner  la  moitié.  Mets-t'y, 
jette-t'y.  Cette  construction  n'est  usitée  qu'avec  un  petit  nombre  de 
verbes.  On  ne  dirait  pas  accroche-T'\ ,  réfugie-t'\ ,  etc.;  il  faut 
prendre  un  autre  tour.  L'Académie  ajoute  qu'il  ne  serait  pas  incor- 
rect de  dire,  Accroches-\-'to\,  réfvgies-x-ioi  ;  mais  qu'on  évite  ces 
façons  de  parler  bizarres.  Il  est  certain  que  cela  n'accuserait  pas 
une  oreille  bien  sévère  en  fait  d'harmonie. 

On  écrit  sans  trait  d'union  venez  me  farter,  va  te  reposer,  parce 
que  me  Qite  ne  sont  pas  régis  ici  par  les  impératifs  venez  et  va,  mais 
par  les  infinitifs  parler  et  reposer.  On  écrit  de  même  faites-moi  lui 
parler,  et  non  faite s-moi-lui  parler,  parce  que  lui  est  le  régime  de 
parler  et  non  de  faites  (1). 

Entre  le  verbe ,  lorsqu'il  finit  par  une  voyelle ,  et  les  mots 
llj,  ellCj  on,  on  place  un  t  euphonique ^({mq  l'on  appuie  par 
deux  traits  d'union  en  guise  de  contrefiches. 

Qu'atin  Vicndra-t-WiAimet-il  le  jeu  "i  Quoi  s'écria-t-il  !  M'aime-t-elle? 
Pense-i-elle  à  moi?  Qu'at-elle  dit  ?  Viendra-t-elle  ?  Que  pense-ton  de  cela  ?  Si 
vous  faites  cela,  que  dira-t-on'i  Frov. ,  Se  moquer  du  qu'en-dira-T-on ,  cire 
au-dessus  du  qu'en-dira-T-on ,  braver  le  qu'en-dira-r-on.  Mépriser  tout  ce  que  les 
gens  pourront  dire.  Il  esl  Sensible  au  qu'en-dira-T-on. 

Beaucoup  de  gens  mettent  sans  réflexion  une  apostrophe  à  la 
place  du  second  trait  d'union  ;  c'est  une  faute. 

Le  trait  d'union  s'interpose  encore  entre  les  pronoms  per- 
sonnels Moij  toij  soij  luij  elle^  nous,  vous,  eux  et  elles. 

Moi-même.  Toi-même.  Soi-même.  Lui-même.  Elle-même.  Nous-mêmes. 
Vous-mêmes.  Eux-mêmes.  Elles-mêmes.  Etre  soi-même,  Ne  pas  démentir  son  carac- 
tère. Faire  une  chose  de  soi-même ,  de  son  propre  mouTement.' 

Mais  on  écrit  sans  trait  d'union  ceci  même ,  cela  même ,  celui-ci 


(i)  M.  Napoléon  Landais  remarque  qu'il  ne  faudrait  pas  encore  (  que 
fait  là  cet  encore?)  mettre  de  trait  entre  faites  et  moi;  «  parce  que  7noi 
n'est  pas  complément  de  faites  ,  mais  le  sujet  de  la  pn)position  indé- 
finie et  subordonnée:  Mol  lui  parler,  qui  équivaut  à  Que  je  lui  parle."  En 
vérité,  comme  c'est  joli! —  Il  se  peut  que  moi  soit  le  sujet  latent,  le  sujet 
invisible  de  l'infinitif  parler,  mais,  en  attendant,  mol  est  bien  le  régime 
patent, le  régime  visible  de  l'impératif /àiïe*.  Faites  à  moi  que  je  lui  parle. 
Faites  pour  moi  en  sorte  que  je  lui  parle.  Est-ce  que  l'infinitif  a  jamais  un 
sujet  ? 


PES  SIG.NES  ORTHOGRAPHIQUES.  227 

même,  celui-là  même;  ce  qu'il  est  bon  d'observer  à  beaucoup  de 
gens  peu  réfléchis. 

Je  ne  serais  pas  étonné  qu'un  de  ces  matins  le  Journal  des 
Débals ,  rien  que  pour  nous  contrecarrer,  imprimât  sans  trait  d'u- 
nion :  Que  ferais  je?  Que  dit  on?  Rendez  le  moi.  Va  fen.  Faites 
moi  lui  parler.  M'aime  t'elle?  Moi  même.  Lui  même.  Il  en  a  bien 
fait  d'autres  ;  et  celle-ci,  Dieu  merci  !  ne  serait  pas  la  pire. 

Au  fait  la  nécessité  du  trait  d'union  dans  les  cas  exposés  ci-dessus 
n'est  pas  rigoureusement  démontrée.  La  langue  française  est  comme 
une  belle  femme  à  qui  il  faut  passer  bien  des  caprices,  bien  des  fan- 
taisies. La  langue  allemande,  expression  d'un  caractère  sérieux  et 
solide,  n'est  pas  si  fantasque  ;  et  ne  tient  nullement  à  ces  colifichets. 
Elle  dit  fort  bien  sans  trait  d'union  :  Binich?  Habeich?  Liebst 
du  mich  ?  etc. 

Toutefois  comment  le  t  euphonique  pourrait-il  se  tenir  debout, 
s'il  n'était  flanqué  de  deux  traits  d'union?  J'espère  que  le  Journal 
des  Débals  respectera  ces  deux  bâtons  de  la  vieillesse  et  de  l'infir- 
mité. 

III. 

Le  même  signe,  en  termes  d'Imprimerie,  s'appelle, 
avons-nous  dit,  irait  de  division ^  ou  simplement,  division. 

Il  se  place  au  bout  de  la  ligne,  quand  un  mot  n'est  pas 
fini ,  pour  avertir  de  chercher  le  reste  du  mot  au  commen- 
cement de  la  ligne  suivante. 

Il  faut  bien  se  garder  de  diviser  les  lettres  d'une  même  syllabe 
de  cette  manière  :  Ca-use,  he-ure,  par~ole,  const-ruclion.  Les  mots 
doivent  se  diviser  par  syllabes  entières  :  Cause ,  heu-re ,  pa-role , 
con-siruc-tion. 

Les  principes  de  division  sont  contenus  dans  les  principes 
d'épellation  que  nous  avons  établis,  page  85  du  présent  vo- 
lume, et  que  nous  allons  résumer  par  quelques  exemples. 

l"  règle,  page  85. — UnE  CONSONNE,  SOIT  SIMPLE,  SOIT  COM- 
POSEE, ENTRE  DEUX  VOYELLES,  SOIT  SIMPLES,  SOIT  COMPOSÉES 
OU  NASALES  .  J-NÉ-GA-LI-TÉ  ,  J-GNO-RER  ,  bon-HEVR  ,  ^"LLE, 


22s  OllAMMAlKE    l'HAAÇAlSE. 

ba-ta-iLLOîi,  œ-iLLET.  Exceptions  :  Mxh-en-ten-dUj  mal- 
a-droitj  E^-i-vrant  _,  trans-i-ïî/"  (1). 

2'  règle ,  page  86. — UnE  CONSONNE  SUIVIE  d'uN  L  OU  d'uN  R  :  Dé- 

PLo-re/'j  en-TRA-ue,  syn-cuRO-nis-me. — Exceptions  :  is- 
ra-é-U-te^is-LA^-dej  At-las,  ATu-lè-te. 

3«  -  ,  —  87.  —  Deux  consonnes  entre  deux  voyelles  :  Des- 
CEN-dre^  pt^es-cien-ce  (2) ,  por-te,  hom-me,  schis-me  , 
DiPH-THON-g'we^  iG-Ni-co-LE ,  prog-né  ,  ONC-TioN ,  trans- 
voR-ter^  TRANS-VA-ser^  vil-le. 

A'  —,  —  88.  —  se,  SP;,  ST;>  INSÉPARABLES  APRÈS  UNE  VOYELLE 
NASALE  OU  l'une  DES  PARTICULES  LATINES  AB,  OB,   SUB  , 

PER,  INTER,  SOL  (3)  :   Con-sn-rer,  cow-stant,  tran- 
scÈ^-dant,  tran-scm-re^   m-sTRii-re;,  ob-smu-er,  siib- 

(1)  Après  mûre  réflexion  ,nous  avons  reconnu  l'indivisibilité  de  la  par- 
ticule irans ,  tant  en  français  qu'en  latin  ;  en  sorte  que ,  partout  oii  elle  se 
trouve,  elle  doit  se  séparer  entièrement  du  reste  du  mot.  Trans-bordcr , 
trans-férer,  trans-fuge,  irans-alpin,  trans- action ,  transition ,  etc.  De  cette 
manière  on  comprendra  pourquoi  l's  se  prononce  douce  dans  ces  derniers 
mots,  où  on  la  considère,  en  effet,  comme  finale.  Toutefois  le  sens  de  cette 
préposition  s'est  tellement  effacé  dans  transir,  iratisissetnent,  que  l'on  pro- 
nonce et  l'on  divise  ces  mots  ainsi  :  transir,  tran-sissement.  Selon  le  génie 
de  notre  langue,  une  consonne  ne  pouvant  être  redoublée  devant  une  con- 
sonne, auti-e  que  /et  r,  il  a  fallu  supprimer  l's  finale  de  trans  dans  tran- 
scrire, transcendant  ;  mais  on  aurait  pu  la  conserver  dans  Trans-syluanie. 

(2)  Nous  aimerions  assez  que  la  division  de  ce  mot  se  fit,  conformément 
à  l'élymologie ,  de  cette  manière  :  pré-seience  ;  mais  alors  la  nécessité  de 
l'accent  est  absolue.  Omniscience  ne  présentant  pas  la  même  difficulté,  on 
fera  bien  de  le  diviser  ainsi  :  omni-science. 

(S)  On  y  joint  généralement  les  particules  grecques  Amphi,  ana,  anti,  apo, 
almo,  cala,  dia,  épi,  lièmi,  /tjc/ro, /lypo, /icju  et /7ro,  que  l'on  regarde  même 
comme  tout  à  fait  indépendantes  du  mot,  quel  qu'il  soit,  auquel  elles  sont  ac- 
colées :  Aw-PHi-c/yoni,  A-nA-stro  plie,  AN-ii-slro-pIte,  A-Pos-stro-phc,  at-mo- 
splière,  CA-TA-sIro-phe,  dia-STV-te,  iiPi-sly-lc,BÉ-M\-spliè  re.nv-Dnu-sta-ti-qiie, 
HY-DRU-pneii-ma-ti-qiie,  UY-po-sta-ti~que,  pé-Ri-sty-lc,  PROsly-le,  pROspcc-tits, 
fBO-gnos-tic.  Voyez  page  89,  note  i,  ce  que  nous  pensons  de  ces  exceptions. 
iVous  avons,  pour  justifier  notre  opinion  ,  ces  exemples  du  dictionnaire  de 
l'Académie:  Amphyc-tyons ,  atniox-phère,  dias  cordiiini  ,  pros-tcrne  ,  pros- 
titution. Il  est  vrai  qu'on  y  trouve  aussi  les  divisions  suivantes  :  apos-tro- 
plie,  épislrophe ,  hctni-sphère.  Mais  cela  n'impiique-l- il  pas  contradiction? 
El  tant  de  contradictions  ne  niilitent-elies  pas  en  faveur  d'une  méthode  natu- 
relle et  infaillible  ,  d'autant  plus  facile  qu'elle  est  plus  simple  et  plus  abré- 
gée ?  Diviser  ainsi:  péristyle,  épis-tyte,  c'est  de  suite  avertir  l'œil  que  le 
mot  n'est  qu'tin  terme  non  fini  ;  tandis  que  péri,  épi,  pourraient  réveiller 
au  premier  abord  l'idée  d'une  péri  ou  fée  de  l'Orient,  d'un  épi  de  blé. 


DES  SlGiNES  ORTHOGRAPHIQUES.  229 

sTAîi-ce,  per-spi-ca-ce^  in-ter-sTi-ce  ^  sol-sii-ce.  —  Excep- 
tions :  ABS-tème,  ABS-femr,  ARS-terger,  ABS-traire,  trans- 

POR-fer^  TR ANS-PORT. 

Le  Journal  des  Débats,  toujours  inconséquent ,  divise  ainsi  qu'il 
suit  les  deux  mots:  ins-truction,  inconstance. 

Il  est  puéril  de  se  servir  du  trait  de  division  dans  les  écrits  épis- 
tolaires  et  les  actes  publics.  li  faut  que  l'œil  mesure  la  portée  d'une 
ligne  de  manière  qu'on  ne  soit  pas  obligé  de  couper  un  mot.  On 
supporte  plutôt  un  blanc  de  l'étendue  d'un  mot  ordinaire  qu'une 
telle  coupure.  Dans  un  manuscrit  comme  celui  où  je  trace  ces  lignes, 
dans  un  devoir  d'écolier,  dans  un  pensum,  c'est  bien  différent.  Les 
écrivains,  les  écoliers,  en  vue  de  ménager  leur  papier,  peuvent 
user  du  trait  de  division  tant  quil  leur  plaira,  sans  que  leur  éditeur 
ou  leur  professeur  puisse  y  trouver  à  redire. 

J'invite  en  passant  mon  éditeur  à  ne  diviser  désormais  que  d'après 
la  méthode  par  nous  exposée  ;  et  à  donner  ainsi  l'exemple  de  l'or- 
dre. L'ordre,  l'unité  de  principes,  voilà  ce  que  doivent  désirer  tous 
les  bons  esprits,  fatigués  à  la  tin  et  dégoûtés  sans  doute  de  tant  de 
contradictions  et  d'anomalies,  au  milieu  desquelles  la  raison  hésite. 

Voyons  maintenant,  par  quelques  exemples,  ce  que  nos 
innovations  peuvent  avoir  de  si  étrange  et  de  si  choquant  au 
premier  abord  pour  l'œil  des  critiques  et  des  pédants. 

EXEMPLES  POUR  l' USAGE  OU  LA  SUPPRESSION 

DU  TRAIT  d'union. 

Substantifs  composés,  passés  à  l'état  de  mots  simples. 

On  nomme  appuimain,  une  petite  baguette  dont  se  servent  les 
peintres  pour  soutenir  leur  main  dans  le  travail.  Des  appui/nains. 

Sans  doute  il  n'y  a  qu'une  main  qui  s'appuie  sur  celte  baguette.  Mais  il 
s'agit  bien  de  considérer  le  mot  dans  ses  éléments,  dans  ses  racines,  dans 
ses  parties  1  c'est  dans  son  ensemble  que  l'esprit  le  voit.  L'esprit,  pendant 
qu'il  parle  ou  qu'il  écoute,  ne  procède  point  à  l'égard  des  mots  par  analyse, 
mais  par  synthèse.  Il  ne  sépare  point  ici  l'idée  d'appui  de  l'idée  de  main, 
pour  les  considérer  chacune  à  part;  il  n'aperçoit  sous  ce  mot  qu'une  idée 
unique  ,  une  idée  de  baguette.  Sans  cela,  je  le  répèle,  comment  l'esprit 
admettrait-il  le  pluriel  de  pourparlers,  de  pourboires,  de  pissenlits,  clc,  elc? 
Celle  observation  s'applique  à  tous  les  autres  noms  composés. 


250  GRAMMAIIIE  l'KANÇAlSE. 

VarrêtebœuJ\  OU  Bugraiie,  est  quelquefois  épineux.  Des  arrè- 
tebccufs. 

On  appelle  anièrefief ,  un  fief  mouvant  d'un  autre  fief.  Cette 
terre  avait  plusieurs  arrièrefiefs. 

Il  a  une  bassecour  bien  fournie  de  bestiaux  ,  de  volailles. 

Dès  que  l'on  considère  un  mot  dans  chacun  de  ses  éléments,  dans 
chacun  de  ses  radicaux  ,  naturellement  il  y  a  scission  des  parties.  Dans 
l'exemple  suivant,  antithèse  forcée  ,  espèce  de  calembour  fondé  sur  une 
simple  similitude  de  sons  ,  basse  cour  évidemment  n'est  plus  un  nom 
composé:  Les  hautes  cours  sont  moins  utiles,  et,  à  coup  sûr,  moins  inno- 
centes que  les  basses  cocas  {bassecours). 

Le  becfigue  qui ,  comme  l'ortolan ,  fait  les  délices  de  nos  tables 
n'est  pas  aussi  beau  qu'il  est  bon.  (Buffon.  ) 

Les  bonnevoglies  s'appelaient  autrement  Mariniers  de  rame. 

L'Académie  écrit  au  plariel  des  bonnes-voglies ,  sans  songer  que  bonne- 
)'0g/(6  signifie  Bonne  volonté,  homme  de  bonne  volonté,  et  qu'ainsi  la  marque 
du  pluriel,  dans  ce  mot,  ne  peut  être  juslifiée  que  par  la  syllepse,  amie 
de  la  synthèse.  Faisons  aussi  observer  en  passant  que  l'Académie  écrit  à 
tort  mariniers  de  baues.  Rame,  dans  cette  expression,  n'emporte  aucune 
idée  de  pluralité  ;  car  des  mariniers  de  rame  ne  sont  autre  chose  que  des 
hommes  qui  manient  la  rame.  Dirait-on  des  gens  d'cpées,  des  gens  de  robes  ? 
Evidemment  non. 

Ce  comédien  n'est  pas  bon,  mais  c'est  un  bouchetrou. 

(  Académie.  ) 

Depuis  que  les  Français  leur  ont  fourni  des  armes  a  feu ,  les  Hu- 
rons  ont  abandonné  l'arc,  la  flèche,  le  javelot,  et  ne  se  sont  ré- 
servé que  le  cassetête. 

On  jette  des  chausseirappes  dans  des  gués,  dans  les  avenues  d'un 
camp ,  pour  enferrer  les  hommes  et  les  chevaux.     (Académie.) 

Tout  beau  chemin  pour  eux  cache  une  chaussetrappe. 
Et  les  chaînes  de  fleurs  leur  sont  chaînes  de  fer. 

(  Théophile  Gautier.) 

Avignon  entretenait,  pour  la  garde  du  ^^iceconsul  et  de  la  ville, 
cinquante  chevaulégers  vêtus  de  rouge  et  cent  hommes  d'infanterie 
vêtus  de  bleu. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  251 

Des  chèvrefeuilles,  des  roses,  et  quantité  d'arbrisseaux  à  l'odeur 
aromatique ,  parfument  l'air  des  environs. 

(L'abbé  de  Laporte.) 

Le  choufleiir ,  le  chourave ,  et  le  chounaoet ,  sont  les  variétés  po- 
tagères du  chou. 

Les  étrangers  ont  appris  aux  Russes  a  cultiver  les  choufleurs,  les 
carottes,  les  panais,  les  betteraoes^  le  céleri,  et  diverses  sortes  de  sa- 
lades qui  leur  étaient  inconnues. 

En  quoi  le  pluriel  chouflciirs,  chouraves,  serait-il  plus  étrange  que  le  plu- 
riel betteraves?  Est-ce  que  la  belteraven'est  pas  une  espèce  de  bette,  comme 
le  choufleur,  le  chourave,  le  chounavel,  sont  des  espèces  de  choux  ?  Cepen- 
dant on  n'écrit  pas  au  pluriel  bettes-raves ,  mais  simplement  betteraves.  Il 
faut  donc  suivre  l'analogie. 

Les  peuples  voisins  ressentirent  \q  contrecoup  de  cette  révolution. 

(Académie.) 

L'armée  s'était  mise  en  marche  vers  telle  place ,  et  tout  d'un 
coup  on  lui  fit  faire  une  contremarche.  (  Id.  ) 

La  loi  oblige ,  dans  certains  cas ,  à  contremurer  les  lieux  d'ai- 
sance ,  les  cont recœurs  de  cheminée.  ( Id.  ) 

Contrecœur  fait  d'autant  mieux,  ainsi  simplifié,  qu'il  ne  doit  nullement 
réveiller  l'idée  de  cœur. 

Il  y  a  des  gens  qui  ne  louent  ou  qui  ne  blâment  que  par  des 
contrevérités .  (  Académie  .  ) 

On  découvrit  que  cette  hôtellerie  n'était  qu'un  infâme  coupegorge. 

{Id.) 

Un  garde/ou  est  une  balustrade ,  un  parapet,  ou  une  barrière 
que  l'on  met  au  bord  des  ponts ,  des  quais ,  des  terrasses ,  pour  em- 
pêcher de  tomber  en  bas  (^  ).  (  Id.  ) 

Faites  donc  mettre  au  moins  des  garde  fous  là  haut.       (Racine.) 

Ne  laissez  pas  traîner  tout  cela,  et  portez-le  dans  ma  garderohe. 

(  Molière.  ) 


(1)  Je  suis  sûr  qu'il  y  aura  des  niais  ,  dans  les  collèges,  qui  se  récrieront 
contre  cette  expression  et  vous  demanderont  d'un  air  malin  :  Est-ce  qu'on 
tombe  en  haut?  Ils  ne  songeront  pas  que  l'on  peut  tomber  sans  tomber  en 
bas ,  que  par  cousrqut.nl  tomber  cl  tomber  en  bus  sont  deux  choses. 


232  GJIAMMAIRE    FUAXÇ.VISE. 

Nous  donnons  le  nom  de  cassenoisette  à  cet  oiseau ,  parce  que 
son  cri  représente  exactement  le  bruit  du  petit  outil  avec  lequel 
nous  cassons  des  noisettes.  (Buffon.  ) 

On  dit  que  plusieurs  sages  femmes ,  en  pétrissant  la  tcte  des 
nouoeaunés  ou  nouveau-nés  lui  donnent  une  forme  plus  convenable, 
et  on  le  souffre  !  (  J.  J.  Rousseau.) 

Les  orangoutangs  ou  orangs-outangs  sont  extrêmement  sauvages  ; 
mais  il  paraît  qu'ils  sont  peu  méchants,  et  qu'ils  parviennent  assez 
promptement  à  entendre  ce  qu'on  leur  commande.   (  Buffon.  ) 

Quoi  de  plus  choquant  que  d'entendre  au  singulier  Oran-goutang,  et  au 
pluriel  Oran-zoutangs  ?  Ne  dirait-on  pas  que  c'est  un  autre  mot?  La  même 
disparate  a  existé  jusqu'à  présent  dans  les  mots  croc-en-jambe ,  arc-en-ciet , 
porc-cpic,  etc.,  qu'on  change  au  pluriel  en  crocs-en-jambe ,  arcs-en  ciel , 
porcs-épics,  etc.  N'est-ce  pas  admirable  ? 

Le  moine  qui  m'accompagnait  me  dit:  Monsieur,  ne  soyez  pas 
étonné ,  c'est  un  pauvre  capitaine  qui  a  perdu  l'esprit ,  à  cause 
d'un  passedroit  qu'on  lui  a  fait  dans  son  régiment. 

(  Bernardin  de  St-Pierre.  ) 
Il  a  essuyé ,  éprouvé  bien  des  passedroits.  (  Académie.  ) 

Les  supérieurs  des  communautés  avaient  àes  passepartouts  pour 
ouvrir  toutes  les  portes.  (Id.) 

Lespassepoils  servent  à  distinguer  les  différents  corps  de  troupes. 
Des  revers  bleus  avec  un  passepoîl  rouge.  (  Id.  ) 

Oubliant  qu'ils  sont  faits  pour  discuter  des  lois, 

Ils  montent  pé/emc/e  à  l'assaut  des  emplois.  (  Bakthélkmy.) 

Voulez-vous  faire  un  piquenique  p  Nous  avons  fait  plusieurs  pi- 
queniques  le  mois  dernier.  (  Id.  ) 

Dans  le  Levant,  le  toit  des  maisons  est  ordinairement  en  plate- 
forme. Le% plateformes  sont  communes  en  Italie.  {Id.) 

Je  le  demande,  est-ce  qu'il  s'agit  ici  de  plusieurs  formes  plates?  ï\  s'agit 
de  toits  qui  ont  la  forme  plate.  Comment  l'Académie  peut-elle  donc  écrire 
en  deux  mots  ,  Des  plaies- for  mes,  des  plaies  bandes  ,  etc.  ? 

Eh  quoi  !  vous  n'avez  pas  de  passetemps  plus  doux  1  (  Racine.  ) 

Chaque  portemors  a  une  boucle  par  le  moyen  de  laquelle  il  peul 
êlre  haussé  ou  baissé.  (Académie.) 


DES    SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES.  255 

On  appelle  portetraîts  une  courroie  pliée  en  deux ,  qui  sert  à 
soutenir  les  traits  des  chevaux.  (Académie.) 

hù  portevis  se  nomme  aulrement  contreplatine. 

Les  perteooîx  sont  d'un  grand  usage  dans  la  marine.  Porteçoix 
ùeferblanc,  {Id.  ) 

II  y  a  eu  plusieurs  pourparlers  entre  les  ministres  de  ces  deux 
cours.  {Id.} 

La  gestion  des  affaires  d'une  personne  absente  est  un  quasîcon- 
trat.  [Id.) 

Celui  qui  jette  quelque  chose  par  la  fenêtre  sur  un  passant  com- 
met un  quasidélit.  ( Id,  ) 

11  y  eut  deux  antipapes  dès  le  milieu  du  quatrième  siècle. 

(Voltaire.) 
Alaric  se  donna  le  plaisir  de  créer  dans  Rome  un  empereur 
nommé  Attaie  qui  venait  recevoir  ses  ordres  dans  son  antichambre. 

(Id.) 
La  quintefeuille  est  une  plante  rosacée,  ainsi  nommée  parce 
qu'elle  a  cinq  feuilles  sur  un  même  pétiole ,  rangées  en  forme  de 
main  ouverte.  On  l'appelle  autrement  potentille. 

Il  est  aussi  ridicnl*  d'écrire  avec  le  trait  d'union  Quinle-feuUle  qu'il 
léserait  d'écrire  Quin-dcca-gone  ,  quln-dccem-vir ,  quinque-nove  ,  quingue- 
rème.  C'est  pourtant  ainsi  que  l'écrivent  la  plupart  des  grammairiens  et  des 
lexicographes.  M.  Napoléon  Landais  écrit  même  ,  au  singulier,  la  quinte- 
feuilles,  comme  si  quinte  pouvait  porter  dans  l'esprit  de  celui  qui  ne  sait 
pas  le  latin  une  idée  de  pluralité.  Alors  pourquoi  pas  Le  décemvirs,  le 
qmndecemvirs ,  au  singulier  comme  au  pluriel?  Mais  même  en  latin  on 
écrivait  au  singulier  Quinquefolium. 

Je  mets  cet  habit  quand  il  fait  beau  ;  c'est  le  souff redouleur . 

(Académie.) 

En  mettant  son  serretête  et  son  bonnet  de  coton ,  M.  Bardin  mar- 
mottait entre  ses  dents  des  reproches  aux  quels  sa  femme  répondit 
par  des  larmes. 

Les  caleçons,  les  gilets,  les  serretêtes,  et  les  bas  de  laine,  doivent 
être  réservés  pour  un  âge  plus  avancé,  et  pour  des  cas  particuliers, 
il  ne  faut  pas  habituer  les  enfants  à  en  faire  usage. 

T.  n,  51) 


2o4  GBAMMAIRE  FKANÇAISE. 

Y  a-t-il  des  réimlleniatins  plus  puissants  que  l'amour  de  la  gloire 
et  V amour  propre  ? 

Amour  propre  n'est  pas  d'une  autre  nature  que  bonne  foi.  Si  vous  exemptez 
ce  dernier  du  trait  d'union,  vous  ne  pouvez  sans  injustice  en  accabler  l'autre. 

Un  autre  racontait  toutes  les  petites  ruses  qu'il  mettait  en  usage 
pour  multiplier  ses  courses  et  pour  augmenter  ses  pourboires . 

(De  Jouy.) 

Oh  !  oh!  mon  petit Gusman  ,  méditez-vous  par  hasard  quelqu'un 
de  ces  tours  de  passepasse  que  vous  savez  si  bien  faire  ?    (Le  Sage.  ) 

On  lit  dans  la  Grammaire  Nationale  ,  à  laquelle  sont  empruntés  ces  deux 
derniers  exemples  ,  que  pourboire ,  passe-passe,  etc. ,  o  se  formant  de  tous 
mots  invariables,  ne  sont  pas  susceptibles  de  se  pturaliser.  »  Pourboire  prend 
pourtant  une  s  au  pluriel,  de  l'aveu  même  de  l'Académie.  Quant  à 
passepasse  ,  tant  qu'on  n'admettra  que  la  locution  Tour  de  passepasse  ,  évi- 
demment il  ne  saurait  être  pluralisé.  A  la  bonne  heure,  si  l'on  disait  ellip- 
tiquement des  passepasses  pour  des  tours  de  passepasse.  Alors  sûrement  il 
serait  susceptible  de  se  pluratiser. 

Un  lord  disait  a  Chamfort ,  a  propos  des  ministres ,  que ,  la  ma- 
chine étant  bien  montée ,  le  choix  des  uns  ou  des  autres  devenait 
chose  indifférente.  «Ce  sont  des  chiens  dans  un  tournehroche ;  il 
suffit  qu'ils  remuent  les  pattes  pour  que  tout  aille  bien.  » 

Les  vîcerois  des  provinces  de  la  Chine  étaient  tenus  de  fournir  à 
l'empereur  chacun  mille  chariots  de  guerre  attelés  de  quatre  che- 
vaux. (Voltaire,  cité  par  M.  Bescherelle.) 

Substantifs  composés  non  susceptibles  de  simplifîcation. 

Les  marchands  ont  àes  abat-jours  [on  abajours)  dans  leurs  ma- 
gasins pour  faire  paraître  leurs  marchandises.         (Académie.) 

Il  ne  prend  point  d's  au  pluriel,  dit  l'Académie.  Mais  pourquoi?  Pour- 
quoi \'s ,  si  libéralement  accordée  à  contrevents,  est  elle  si  brutalement 
refusée  à  abat-jour?  Pourquoi  ces  préférences,  ces  injustices,  ces  actes 
criants  de  partialité  ?  La  synthèse  !  la  synthèse  !  Rappelez-vous  la  synthèse 
et  la  syllepse,  ô  abominables  analyseurs  ! 

Les  persiennes  sont  des  espèces  à.' abat-vents.       (Académie.) 
Tous  les  bateaux  rentrèrent  dans  V après-midi,  sans  A\oir  éprouvé 
aiiruii  dommage.  (Bernardin  de  St-Pjerre.) 


DES    SlGiNES    ORTHOGRAPHIQUES.  2d5 

Pour  les  apres-dlnées ,  je  les  livrais  totalement  a  mou  humeur 
oiseuse  et  nonchalante.  (J.  J.  Rousseau.) 

11  faut  convenir  que  les  grammairiens  sont  de  drôles  de  corps.  Ils  écri- 
vent tous  au  pluriel  des  a près-dînées^  des  après-midis,  des  après-soupées,  etc.  ^ 
et  ils  n'osent  écrire  des  abat-jours,  des  abat-vents,  des  appuimains.  Cependant 
ilnes'agitpas  plus  ici  de  plusieurs  rf(«crs,  de  plusieurs  nnWi*,  de  plusieurssou- 
pers,  qu'il  ne  s'agissait  tout  à  l'heure  de  plusieurs  vents,  de  plusieursyo(/rs, 
de  plusieurs  mains.  Après-dlnée,  après-midi,  après- sotipée,  signiGent  l'espace 
de  temps  qui  s'écoule  depuis  le  dîner  ,  depuis  le  midi  jusqu'au  soir,  de- 
puis le  souper  jusqu'au  coucher.  //  passe  toutes  les  après-dînées  en  famille  , 
cela  veut  dire  qu'il  passe  ,  tous  les  jours  ,  en  famille  le  temps  qui  s'écoule 
depuis  le  dîner  jusqu'au  soir.  Par  conséquent  syllepse  ,  accord  sylleptique, 
comme  nous  l'avons  déjà  démontré. 

Et  voilà  les  hommes  qui  osent  faire  nargue  aux  poètes  !  Les  insensés!  ils 
ne  savent  pas  qu'un  poète,  si  médiocre  qu'il  soit,  si  faible  que  soit  le  rayon 
que  le  ciel  a  mis  dans  son  âme,  est  autant  au  dessus  d'eux  tous  que  l'étoile 
la  plus  inférieure  est  au  dessus  de  la  terre!  Oui,  l'homme  qui  a  fait  en  sa 
vie  trente  vers  passables,  l'emporte  non  seulement  sur  les  plus  grands  fai- 
seurs de  grammaires  mais  encore  sur  tous  les  faiseurs  de  tartines  politiques 
et  littéraires. 

L'Académie  l'a  bien  prouvé  le  jour  où  elle  a  admis  dans  son  sein  l'écri- 
vain célèbre  dont  les  œuvres  complètes  se  réduisent  à  ce  quatrain  assez 
cynique  : 

La  divinité  qui  s'amuse 

A  nie  demander  mon  secret , 
Si  j'étais  Apollon  ,  ne  serait  pas  ma  musc  : 
Elle  serait  Xbétis  et  le  jour  finirait. 

Et  voilà  les  hommes  qui  osent  porter  une  main  sacrilège  sur  l'arche 
sainte,  qui  se  mêlent  de  conduire  et  de  discipliner  la  langue  ,  d'imposer 
des  lois  à  la  langue  ! 

a  Ab!  race  de  corbeaux,  ignoble  bande  noire  , 
Par  la  vie  et  la  mort ,  par  l'enfer  et  le  ciel , 
Par  tout  ce  que  mon  cœur  peut  contenir  de  fiel , 
Soyez  maudits!  —  Jamais  déluge  de  barbares, 
Ni  Huns  ,  ni  Visigoths  ,  ni  Russes  ,  ni  Tarfarcs  , 
N'ont  fait  autant  de  mal  que  tous  en  faites  là.  >  (Th.  Gauxieb.  1 

Elle  était  si  bégueule  que,  si  un  monsieur  lui  offrait  son  bras  pour 
passer  dans  la  salle  h  manger,  elle  lui  tendait  négligemment  le 
bout  de  ses  doigts  contractés  en  cône ,  et  tout  en  souriant  de  plai- 
sir, tout  en  laissant  déborder  sa  joie  dans  ses  yeux,  elle  s'avançait 
en  vrai  arc-houtant  a  côté  de  son  cavalier ,  comme  si ,  sentant  sa 
nature  inflammable,  elle  eût  craint  de  se  brûler  au  contact  d'un 
liommo.  (L.  N.  Fleurs  du  Danuhc.) 


-^^i  GKAMAlAlllE    FRANÇAISE. 

Prenez  pour  points  d'appui  ces  iiommes  hors  de  doate. 

Ces  patriotes  forts,  éprouvés  dès  long-temps , 

Lafayette  et  Dnpont,  civiques  areboutants.  (Baethélemy. ) 

Tout  animal  flaire  ce  qu'il  veut  manger  r  la  théorie  de  la  bota- 
nique est  dans  son  odorat.  Ce  sens  exquis  est  Y avant-courenr  dn 
goût .  (  Bernardin  de  St-Pierre.) 

Des  voluptés  des  cieux  ineffable  avant-goût  ! 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Les  bas-fonds  sont  fertiles,  mais  humides  et  souvent  inondés. 

On  appelle  hattant-V œil ,  un  bonnet  de  femme,  «ne  coiffure  nc^ 
gligée,  dont  la  garniture  retombe  en  partie  sur  les  yeux.  Des  hat- 
tant-V  œiis . 

Des  bal  tant- l'œils  !  «juet  scandale!  vont  s'écrier  tous  nos  pédants.  Oni , 
des  battant- 1' œils  ,  et  même,  si  vous  n'êtes  pas  contents,  des  coq-à-l'ânes; 
parce  qu'il  y  a  syllepse  ,  accord  sylleptique  ;  parce  que  ces  noms  composés 
ne  remplissent  pas  dans  le  discours  d'autres  fonctions  que  celles  des  mots 
simples  qui  y  correspondent  ;  parce  que  battant  l'teil,  coq-à-l'âne ,  ne  pré- 
sentent à  mon  esprit  chacun  qu'une  seule  idée. 

Je  sais  bien  qu'au  premier  abord  il  doit  paraître  choquant  de  voir  la 
marque  du  pluriel  à  la  fin  d'un  mot  précédé  de  l'article  singulier;  mais 
faut  il,  ô  analyseurs  damnés,  faut-il  vous  le  répéter  mille  l'ois,  que  dans  un 
mot  composé  de  plusieurs  mots  il  n'y  a  pourtant  qu'un  seul  mot,  comme 
dans  les  trois  personnes  divines  il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu,  comme  dans  une 
âme  et  un  corps  il  n'y  a  qu'un  seul  homme  ?  Faut-il  vous  corner  anx 
oreilles  (  style  académique  )  qu'un  mot  composé  n'est  pas  un  mot  divisé  , 
que  le  sens  composé  est  l'opposé  de  sens  divisé,  que  ce  qui  est  vrai  dans  le 
sens  divisé  est  faux  dans  le  sens  composé  et  vice  versa  ? 

S'il  est  incorrect  de  mettre  l's  à  la  fin  de  coq-à-l'âne ,  de  ballant-l'œil , 
est-il  plus  correct ,  dites ,  de  mettre  cette  s  à  la  fin  de  la  troisième  personne 
du  verbe  suer  dans  sangsues?  Pour  la  dixième  fois  ,  l'esprit  ne  s'attache 
pas  aux  sens  partiels  d'un  mot ,  dans  une  phrase  écrite  ou  pailée,  mais  au 
sens  total  ;  il  ne  s'inquiète  pas  des  divers  sens  de  qui,  de  pro,  et  de  quo,  dans 
quiproquo ,  et  ne  voit  dans  cette  expression  qu'un  quasi-synonyme  de  mé- 
prise. C'est  pourquoi  l'Académie  est  bien  timide  de  ne  pas  oser  écrire  au 
pluriel  des  quiproquos ,  comme  si  ce  mot  portait  écrit  sur  son  front  le  sceau 
visible  pour  tous  de  ses  origines  latines.  Il  faut  convenir  que  l'Académie 
pousse  loin  la  circonspection.  Encore  si  cela  lui  servait  à  quelque  chose! 
Mais  le  sage  qui  n'a  pour  yeux  qu'un  bâton  a  beau  tâtonner  :  il  fait  plus 
de  faux  pas  que  l'étourdi  qui  marche  en  aveugle  avec  de  bons  yeux  tout 
grands  ouverts  devant  lui. 

Après  ça!  comme  je  ne  veux  pab  absolument  vous  imposer  ma  voIonS'. 


DÈS  SIGNES  OR'lHOGRAPingUES.  237 

comme  un  joug  de  fer,  si  vous  avez  si  fort  à  cœur  l'invaiiabililé  des  mois 
battant-l'œil,  coq-à-l'âne,  je  veux  bien  vous  l'accorder  jusqu'à  nouvel  ordre, 
en  considération  de  l'article  singulier  qui  accompagne  ces  mots;  mais  gar- 
dez-vous bien  d'écrii'e  encore  avec  Boiste  et  Compagnie,  d*:s  coqs  à-l'âne, 
des  battants— l'ieil,  parce  qu'il  ne  s'agit  ici  ni  de  coqs  ni  de  battants,  mais 
de  propos,  mais  d'entretiens  où  l'on  va,  selon  votre  propre  explication,  du 
coq  à  l'âne,  mais  de  bonnets  de  femme  dont  la  garniture  est  battant  l'œil, 
(Ne  m'avez-vouspas  appris  au  collège  qiie^e  bats  veal  dire  Je  suis  battant  1) 

Mais,  j'y  songe,  le  substantif  «/eniour,  formé  de  la  locution  prépositive  d 
l'entour,  ne  prend-il  pas  la  marque  du  pluriel,  en  dépit  de  l'article  singulier  ? 
pourquoi  coq -à  l'âne  n'en  ferait  il  pas  de  même?  H  est  vrai  que  dans  o/en/o'/rla 
physionomie  de  l'article  est  singulièrement  effacée  par  la  suppression  de  l'a- 
postrophe autant  que  parle  rapprochement  des  parties.  Eh  bien,  écrivez  de 
même  un  coqiialâne,  des  coqualânes  !  Qui  vous  en  empêche  ?  Apparemment 
une  foule  de  niais  qui  ne  sauraient  faire  un  pas  hors  de  l'ornière,  et  qui 
vont  bien  rire  de  l'étrangetè  de  ma  proposition  !  Que  Dieu  les  bénisse  1 

A  propos  de  coq— à-l'âne,  quelle  différence  y  a-t-il  donc  ,  dites  moi, 
entre  «n  coq  et  un  âne? 

Les  brodequins,  très-pointus  et  lacés  sur  le  cou-de-pied  [on  coude- 
pied)  avec  un  fil  d'or,  enfermaient  les  pieds  les  plus  délicieux,  et  se 
terminaient  par  une  petite  fourrure  brune  qui  servait  de  collier  a 
la  naissance  de  la  plus  jolie  jambe  du  monde  ,  s'il  fallait  s'en  rap- 
porter au  peu  qu'on  en  voyait.  (  Frédéric  Soulié.) 

Un  certain  poète  a  compare  Napoléon  à  un  cerf-\?olant  qui  s'é- 
lève et  retombe.  — Des  ccrf-wlants . 

Oui ,  des  cer f  volants ,  car  ici  l'idée  partielle  de  cerf  est  entièrement  ef- 
facée par  le  sens  total.  Lorsqu'on  jugera  à  propos  d'écrire  un  cervolant,  des 
cervolants,je  ne  crois  pas  que  cela  donne  lieu  à  aucune  opposition  de  ma  part. 

11  faut  encore  savoir  gré  a  la  Convention  (l  ) ,  à  demi  régénérée  parla 
journée  de  thermidor,  d'avoir  organisé  des  écoles  centrales  dans  tous 
les  chef-lieux  de  la  république.  (Millot,  cité  parM"^'.  Bescherelle.) 

Chef,  qui  signifie  originairement  tète,  ainsi  accolé  à  im  autre  mot  dont 
il  renforce  la  signification,  perd  sa  qualité  de  substantif,  et  devient,  comme 
son  analogue  allemand  haupl ,  une  sorte  de  particule  invariable.  Haiipt, 
en  allemand,  fait  au  pluiiel  IJaiipter.  Cependant  de  ce  qu'on  dit  au  singu- 
lier Die  ^aH/)/-s<flrf<  (la  chef-ville),  en  français ,  cfl/oi/«/ej  Die  Hatiptstrasse 

(1)  Nous  ne  concevons  pas  pourquoi  l'Académie  écrit  convention,  en  ce 
sens,  sans  majuscules.  La  majuscule  nous  seujble  bien  moins  nécessaire 
dans  Directoire  el  dans  État. 


2ôS  GIUMMAIUE   l'UAXjAISE. 

(  la  chef- rue  ),  en  i'iançais,  la  grande  rue,  ce  n'esl  pas  une  laisun  [)Oui  qu'on 
dise  au  pluriel  Die  Haupterstiulle,  Die  Hauptcrslrassen.  On  dit  simplement 
Die  Haupistàdle,  Die  Hauptstrassen.  Le  second  seul  de  ces  substantifs  a 
droit  à  la  Forme  du  pluriel.  Il  faut  donc  écrire  de  même  en  fiançais  des 
chef  lieux,  des  chef-d'œuvres ,  et  non  pas  des  chefs- lieux,  des  chefs-d'œuvre, 
comme  on  l'a  fait  aveuglément  jusqu'à  ce  jour.  Cela  est  de  la  dernière 
évidence  ;  ce  n'est  plus  une  chose  sur  laquelle  on  puisse  disputer. 

Autrement  pourquoi  n'écrirait-on  f  as  des  demis- dieux,  une  demie-aune, 
la  franche-maçonnerie?  Voilà  ce  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  répéter  assez 
souvent  pour  que  vous  le  compreniez  à  la  fin. 

Comme  Pacuvius  se  plaignait  un  jour  à  son  voisin  Arius  d'avoir 
un  arbre  où  trois  de  ses  femmes  s'étaient  pendues,  Arius,  qui  n'était 
pciit-éire  pas  heureux  dans  son  mariage,  le  pria  de  Ini  donner  une 
greffe  de  cet  arbre  pour  l'enter  chez  lui. 

Je  ne  vois  pas  trop  pourquoi  l'on  n'écrirait  pas  peutclre  en  un  seul  mot. 

Sous  la  loi  de  Moïse  on  offrait  a  Dieu  les  enfants  premier-nés. 

Premier-né  est  un  mot  composé  comme  mort-nè,  comme  nouveau-né. 
Par  conséquent,  premier,  comme  mort,  comme  nouveau,  reste  invariable. 
Si  premier-né  n'est  pas  un  nom  composé,  s'il  offre  réellement  dans  ses  deux 
termes  deux  idées  distinctes  et  successives,  alors  pourquoi  le  trait  d'union  ? 
Vous  voyez  bien  qu'on  n'en  met  pas  dans  frais  battu,  fraîche  éclose,  et  cela 
à  cause  de  la  variabilité  de  l'adjectif  ou  adverbe  qui  précède  le  participe. 
Les  premier-nés  signifie  Les  enfants  qui,  dans  chaque  famille  ,  sont  nés 
chacun  le  premier.  Premier  ne  peut  donc  pas  être  mis  au  pluriel. 

Il  va  sans  dire  que  MM.  Bescherelle  écrivent  des  nouveaux-nés ,  contre 
l'avis  même  de  l'Académie. 

i Ars  au  procès-verbal  noie  les  délinquants.  (Barthélémy.) 

On  appelle  sauf-conduit  une  sorte  de  passeport  par  lequel  il  est 
permis  a  une  personne  d'aller  en  quelque  endroit ,  d'y  demeurer 
un  certain  temps  et  de  s'en  retourner  librement,  sans  crainte  d'être 
arrêtée.  (Académie.) 

L'Académie  elle-même  écrit  au  pluriel  des  sauf-conduits.  C'est  une 
bonne  fortune  à  laquelle  nous  ne  nous  attendions  pas.  Il  est  vrai  que  le 
Journal  des  Débals,  consultant  M.  Auguste  Lemaire,  en  recevra  cette 
explication  péremptoire,  à  savoir  que  les  sauf-conduils  sont  les  conduits  d'un 
homme  sauf,  et  nous  n'aurons  qu'à  courber  humblement  la  tête.  Mais  ce 
n'esl  pas  pour  s'occuper  de  si  petites  choses  que  le  Journal  des  Débats  s'est 
l'ail  si  grand  et  qu'il  a  surmonté  sa  petite  tête  d'un  de  ces  masques  monslrcf. 


DES   SIGNES    OUTIIOGRAPHIQUES.  230 

qu'on  voit ,  aux  bals  de  l'Opéra,  s'élever  au  dessus  des  autres  cùmme  des 
tètes  de  géants. 

0  puissants  de  la  terre,  craignez  le  Tout-'Puissant. 

Noms  composés  de  deux  Substantifs  joints  par  une  préposition. 

Un  pont  par  où  se  rue  une  foule  en  démence  , 
Arc-en-ciel  de  carnage,  ouvre  sa  courbe  immense  , 
Et  d'un  cadre  de  pierre  entoure  le  tableau. 

(Théophile  Galtibb.J 

Allez  dans  la  prairie,  et  vous  pourrez  admirer  à  la  fois  mille  arc- 
en-ciels  peints  sur  chaque  goutte  de  rosée,  et  qui  mêlent  leurs  ri- 
ches couleurs  a  la  parure  des  champs. 

(  Aimé  Martin,  cité  par  MIM.  Bescherelle.) 

Certes  il  ne  s'agit  pas  ici  de  plusieurs  arcs  dans  te  ciel,  mais  de  mille  re- 
flets brillants  comme  l'im  sur  chaque  goutte  de  rosée.  Pour  ma  part ,  je 
ne  comprends  pas  comment  on  a  pu  tolérer  jusqu'ici  arcs-en-ciel. 

Les  chef-d' œuvres  humains;  sont  la  cendre  des  vents. 

(  Lamartine.  ) 

Quelle  oreille  ne  serait  pas  choquée  d'entendre  Les  cliefs-d'œuvr'  humains? 
Quelle  oreille  au  contraire  n'est  pleinement  satisfaite  du  son  produit  par 
Les  chef-d' œuvres  humains? 

Dieu  crée  ainsi  parfois  d'admirables  natures  , 

Qui  nous  font  croire  en  lui , 
Chef-d'œuvres  éclatants,  célestes  créatures  , 

Où  tout  un  Dieu  reluit.  (L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

Qui  pourrait  se  faire  une  idée  du  pluriel  avec  chefs-d'œuvr'  éclatants  ? 

Les  bec-d argents  ne  vont  pas  en  troupes,  mais  toujours  par 

paires.  (Buffon,  cité  par  MM.  Bescherelle.  ) 

Est-ce  qu'il  s'agit  ici  de  plusieurs  becs  d'argent  ou  de  plusieurs  oiseaux  an 
bec  d'argent  ? 

Les  puille-en-(f ueues ,  ouphaétons,  genre  d'oiseaux  de  Tordre  des 
palmipèdes,  que  l'on  nomme  aussi  oiseaux  des  tropiques  ,  ressem- 
blent par  leur  forme,  leur  taille,  et  l'étendue  de  leur  vol,  aux  hi- 
rondelles de  mer. 

Ce  n'étaient  qu'intersections  de  maisons  ,  cul-de-sacs ,  patte- 
d'oies,  au  milieu  desquels  il  hésitait  el  doutait  sans  cesse,  plus  em- 
pêché et  plus  englué  dans  cet  enchevêtrement  de  rucllcsnoircs  qu'il 
nereiiétédansledédalusmêmederhôfcldesTournelles.  (V.ÏIlgo.) 


240  GRVMMAIUE    mvXÇAISE. 

Edition  ornée  de  vigncUos,  fleurons,  et  cul-de-lampes. 

Ces  grands  haut-de-chausses  sont  propres  a  devenir  les  receleurs 
des  choses  qu'on  dérobe.  (Molière.) 

Ce  que  je  venais  de  faire ,  arrivé  quinze  ans  plus  tôt,  eût  été  la 
cause  des  ravissements  de  VŒil-de-Bœuf.       (Frédéric  Soulié.) 

Notons  en  passant  que  le  Journal  des  Débats,  si  prodigue  du  trait  d'union , 
le  supprime  totalement  dans  OE'd  de  Bœuf, 

Les  œil-de-bœufs  de  la  cour  du  Louvre  sont  ornés  de  sculptures. 

(Académie.) 

Il  va  sans  dire  que  bœuf,  dans  ce  mot,  se  prononce  au  pluriel  comme  au 
singulier.  L'Académie,  qui  écrit  ici  des  œils-debœuf  et  là  des  œils-de- bœufs, 
devrait  avoir  fait  cette  remarque  avant  moi. 

Les  imprimeurs  montent  et  démontent  leurs  balles  avec  un  pied- 
de-chèore. 

Je  voudrais  avoir  autant  de  pied-à-terres  qu'il  y  a  de  saisons. 

Dans  les  tête-h-tètes  les  plus  secrets ,  Emile  n'oserait  solliciter 
la  moindre  faveur,  pas  même  y  paraître  aspirer. 

(J.  J.  Rousseau.) 

Marmontel  a  bien  écrit  des  têtes-àtêles,  ce  qui  est  bien  plus  fort. 

On  n'en  mettra  pas  plus  grand  pot-au-feu,  c'est  a  dire,  on  n'en 
fera  pas  plus  de  dépense,  on  n'y  fera  pas  plus  de  cérémonie,  on  ne 
s'en  mettra  pas  plus  en  peine.  (Académie.) 

Gtrault  Ditvivier  rapporte  que  J.  J.  Rousseau  écrit  au  pluriel  des  pot-au- 
feux.  Voilà ,  je  l'espère,  une  autorité  qui  nous  lave  d'avance  du  ridicule 
que  le  Journal  des  Débals  serait  bien  aise  de  pouvoir  déverser  sur  le  sys- 
tème exposé  ici.  Seulement, puisque  rien  ne  s'y  oppose, pourquoi  n'écrirait- 
on  pas  en  un  seul  mot.  Un  potaufcu,  des  potaufeux,  comme.  Un  volauvent, 
des  volauvents?  Nous  allons  l'essayer,  pour  en  voir  l'effet. 

Eue  dame  du  bon  ton,  entrant  aux  Tuileries  a  l'heure  où  les 
bourgeois  en  sortaient  pour  aller  dîner  ,  dit  assez  haut  pour  être 
entendue:  «  Voila  les  potaufeux  qui  s'en  vont.  —  Oui ,  madame, 
lui  répliqua  une  bourgeoise,  c'est  pour  faire  place  au  gibier.» 

Le  rcr^-rfe-^'ris  royal  est  sons  leur  étaniage.  (Kabth^lemv.) 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  241 

Exemples  des  divers  cas  où   s'emploie   encore  le 
trait  d'union. 

Toicile  trente-un  mai!  que  tous  les  baladins, 

Saltimbanques  de  cour  masqués  en  Girondins, 

Gorgés  par  Némésis  d'un  calice  d'absinthe  , 

Soient  chassés  comme  impurs  de  la  tribune  sainte.  (BAETHÉr.EMy.) 

Tout  le  monde  parle  de  la  belle  Hélène ,  mais  peu  de  gens  savent 
qu'elle  eut  cinq  maris,  Thésée,  Ménélas,  Paris,  Déiphobe,  Achille; 
qu'elle  fut  pendue  a  un  arbre  dans  l'île  de  Rhodes ,  par  ordre  de 
Polixo  ;  et  que  ,  dans  la  guerre  dont  elle  fut  cause ,  il  périt  huit 
cent  quatrevingt-six  mille  hommes  du  côté  des  Grecs ,  et  du  côté 
des  Troyens  sis  cent  soixante-seize  mille. 

Dans  un  cercle  on  vantait  la  sagesse  exemplaire  d'une  demoiselle 
de  vingt-cinq  ans ,  assez  laide  et  fort  rousse.  «  Parbleu  !  dit  un  ma- 
lin ,  elle  est  comme  Samson  :  sa  force  est  dans  ses  cheveux.  » 

Une  infinité  d'écrits  nouveaux  sont  infectés  de  l'emploi  vicieux 
du  mot  vis-à-vis,  entre  autres  les  feuilletons  de  Jules  Janin  et  le 
Journal  des  Débats  tout  entier. 

Vis-à-vis  de  ne  doit  s'employer  que  dans  le  sens  propre  ,  dans 
le  sens  d'EN  face  ,  a  l'opposite  de. 

Le  marquis  d'A***  est  vingt  fois  millionnaire.  Deux  de  ses  nièces 
travaillent  pour  vivre  et  soutenir  leur  vieille  mère.  Quelqu'un  vient 
rappeler  leur  misère  a  l'opulent  marquis.  «Mon  Dieu!  répond 
celui-ci,  ne  me  parlez  pas  de  ces  choses-là  ;  elles  font  trop  de  mal  a 
entendre.  » 

Un  avocat  arris^ant  dans  la  grande  salle  du  Palais ,  vit  un  ras- 
semblement; il  en  demanda  la  cause.  «  C'est,  lui  répondit-on,  un 
voleur  que  l'on  vient  d'arrêter.  —  Tantmieux,  dit  l'homme  de  loi; 
il  faut  faire  un  exemple  et  punir  sévèrement  ce  coquin-là  (\v\\  vient 
au  Palais  voler  sans  robe.  » 

Voltaire  disait  du  grand  Frédéric ,  a  propos  de  ses  prétentions 
littéraires  :  «  Cet  homme-là,  c'est  César  et  l'abbé  Cottin.  » 

Un  instinct  là-haut  t'attire. 
Tu  regardes  Dieu  sourire  ; 

Moi ,  je  vois  l'homaie  pleurer.  (VicTon  Hrco.  ) 

T.  II.  51 


2'Î2  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

Ci-git  dessous  qui  but  dessus.  (Anonyme.) 

Ci-gît  Piron  qui  ne  fut  rien  , 

Pas  même  académicien.  (Pibon.) 

Ci'gît  ma  femme.  Oh!  qu'elle  est  bien 

Pour  son  repos  et  pour  le  mien  !  (Anonyme.) 

Ci-gït  le  fameux  Chamillard , 

De  son  roi  le  protonotaire  , 

Qui  fut  un  héros  au  billard  , 

Un  zéro  dans  le  ministère.  (Anonyme.  ) 

Malheur,  malheur  à  vous,  riches  et  grands  du  monde, 
Qui  nagez  ici-bas  dans  une  joie  immonde  ! 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 
Il  faut  être  ignorant  comme  un  maître  d'école, 
Pour  se  flatter  de  dire  une  seule  parole 
Que  personne  ici-bas  n'ait  pu  dire  avant  vous. 

(Alfbbd  ob  Musset.) 

Nul  mortel  peut-être  ne  porta  la  présomption  et  l'amour  propre 
plus  loin  qu'un  certain  Ségérus,  professeur  eu  l'université  de  Wit- 
temberg.  Il  osa  faire  graver  son  portrait  au  dessus  d'un  crucifis  , 
avec  cette  inscription  :  «  Seigneur  Jésus ,  va! aimez-oous  ?  »  Jésus 
répondait:  «Oui,  très-illustre^  très -excellent ,  très-docte  sei- 
gneur Ségérus ,  poète  couronné  de  Sa  Majesté  Impériale ,  et  très- 
digne  recteur  de  l'université  de  Wittemberg ,  oui ,  je  vous  aime.  » 

Alger  nous  promettait  tous  les  trésors  d'Attale  ; 

Et  nous  n'avons  reçu ,  pour  tant  de  millions  , 

Qu'un ex-rfey  théâtral  et  quatorze  ex-lions.  (Barthélémy.) 

Va-propos  fait  le  mérite  de  tout,  donne  du  prix  a  tout. —  Un 
poète  a  personnifié  Y  A-propos.  (Académie.) 

Si  le  guide  d'un  peloton  ne  marche  pas  également,  il  occasionne 
des  à-coups^  ou  acoups. 

Ils  étaient  là  couverts  de  vêtements  fétides , 

Avec  leurs  clous ,  leurs  pieux ,  leurs  rauques  chevalets , 

Les  Pilâtes  du  Nord  ,  leurs  ignobles  valets  , 

Tous  les  bourreaux  sortis  des  Palus-Mcolides.      (Babthélemy.) 

Le  6  janvier ,  deux  ouvriers  passaient  sur  le  Pont-lSeuf,  où  se 
trmivaient  étalés  force  gâteaux  de  circonstance.  «Tiens!  dil  l'un  . 


DES    SIGNES    ORTHOGIIAPHIQUES.  255 

pourquoi  donc  tout  cela? —  Quoi!  lui  répond  son    camarade, 
est-ce  que  les  galettes  ne  te  rappellent  pas  les  Rois?» 

Notre  France  d'alors,  par  tant  de  pleurs  flétrie, 

Citait  avec  orgueil  ta  féconde  industrie  , 

Ton  hôtel ,  le  rival  du  palais  Mont-Tliabor , 

Et  l'hospitalité  de  tes  pénates  d'or.  (Barthélémy.) 

Je  suis  exact  au  rendez-oous ,  disait  Boileau  ,  car  j'ai  remarqué 
que  ceux  qui  attendent  ne  songent  qu'aux  défauts  de  ceux  qui  se 
font  attendre. 

Voir  Paris  sans  voir  la  Courtille , 
Où  le  peuple  joyeux  fourmille  ; 
Sans  fréquenter  les  Percherons, 
Le  rendez-vous  des  bons  lurons  ; 
C'est  voir  Rome  sans  voir  le  Pape. 

(  Vadk  ,  cité  par  MM.  Bescherelle.  ) 

Boileau  fut  injuste  envers  Perrault.  La  magnifique  façade  du 
Louvre  du  côté  de  Saint-Germain  l'Auxerrois  ;  l'arc  de  triomphe  du 
faubourg  Saint- Antoine  ;  l'Observatoire  de  Paris  ;  la  chapelle  de 
Sceaux,  chef-d' œwre  d'architecture,  ont  rendu  le  nom  de  Perrault 
à  jamais  immortel. 

En  -1789,  on  vit  quatre  procureurs,  décorés  aujourd'hui  du 
litre  d'avoués,  porter  le  dais  aune  procession  de  la  Fête-Dieu; 
à  l'occasion  de  quoi  l'on  fit  l'épigramme  suivante  : 

Pour  laver  nos  iniquités  , 
Le  Christ  mourut  jadis  d'un  supplice  barbare 

Entre  deux  brigands  redoutés. 
Aujourd'hui ,  triomphant  et  vainqueur  du  Tarlare  , 

Il  en  a  quatre  à  ses  côtés. 

Quand  Michel-Ange  eut  peint  la  chapelle  Sixtine  , 

Et  que  de  l'échafaud  ,  sublime  et  radieux , 

Il  fut  redescendu  dans  la  cité  latine  , 

Il  ne  pouvait  baisser  ni  les  bras  ni  les  yeux. 

(Théophile  Gautier.) 

Deux  maîtres  de  langue  avaient  une  discussion  grammaticale. 
L'un  prétendait  dire  :  Versez-moi  a  boire;  l'autre  :  Donnez-moi  a 
boire.  «  Qu'en /veo5<.'z-i'o«5  ?  demanda  l'un  "a  un  homme  de  lelties^ 


25  1  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

jugez-nous.  —  Vous  avez  tort  tous  les  deux  ,  car  vous  devriez  dire , 
Menez-nous  boire.  » 

Sergent,  sergent,  j'ai  fait  un  prisonnier.  —  C'est  bien,  Pacot, 
amène-le.  —  Je  ne  peux  pas  venir  a  bout  de  le  faire  marciier, — 
Alors,  reinens-fen.  —  Sergent,  il  ne  veut  pas  me  lâcher. 

Entendez-vous  là-haut  ces  craquements  affreux  ? 

Le  viel  Atlas  lassé  retire  son  épaule 

Au  lourd  entablement  de  ce  ciel  ténébreux.         (Th.  Gactibb.) 

Il  est  vrai  que  7à- Aa«<,  comme  tout  ce  que  nous  avons  appelé /ocution, 
pourrait  fort  bien  subsister  sans  trait  d'union. 

C'est  vrai,  mais,  pour  douter  de  vos  cœurs  intrépides, 

Du  Tbabor  et  des  Pyramides 
Le  désert  a-t-il  donc  perdu  le  souvenir  ? 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

On  faisait  observer  à  D.,  de  l'Opéra,  que  ses  mollets  étaient  tou- 
jours d'inégale  grosseur  :  «  Ma  foi  1  répondit-il ,  prenez-vous-en  a 
l'administration,  c'est  elle  qui  les  fournit. 

Le  plus  fort  et  le  plus  pénible  est  de  donner  :  que  coûte-t-il  d'y 
ajouter  un  sourire  ? 

Le  plus  pauvre  est  celui  qui  jouit  le  mom%,  fût-il  le  plus  riche  ; 
et  le  plus  riche,  celui  qui  jouit  le  plus,/«<-//  le  plus  pauvre. 

Les  personnes  que  nous  aimons  ont  certainement  plus  de  pou- 
voir sur  nous  que  nous-mêmes. 

Du  signe  qu'il  créa  pour  parer  notre  sein  , 

Lui-même  sur  l'émail  découpa  le  dessin.  (Barthélémy.) 

Exemples   de  Iiocutions   où  le  trait  d'union   serait 
une  faute. 

L'âme  et  le  corps,  hélas  !  ils  iront  deux  à  deux 
Tant  que  le  monde  ira ,  pas  à  pas ,  côleà  côte. 
Gomme  s'en  vont  les  vers  classiques  et  les  bœufs. 

(  Alfbed  de  Mdsset.  ) 

Tout  à  l'heure,  voyez  ,  vous  étiez  si  charmante.  (Idem.) 

Vous  voyez  tour  à  tour  sur  les  gradins  ovales  , 

Au  centre ,  au  deux  côtés,  tout  un  peuple  d'élus  , 

Qui  dn  vaste  entonnoir  tapissent  le  talus.         (Babtuki.rmy.  ) 


DES    SIGNES    ORTHOUUAIMIIQUES.  245 

Tour  à  tour  est  imprimé  avec  traits  d'union  dans  le  texte. 
L'amour  veut  tout  ou  rien. 

Vois  Lysippe  et  Myrron  ,  Scopas  ,  Vilruve  ,  Apelle  , 
Renaissant  à  la  fois  quand  Louis  les  appelle.  (  Le  Bat»,  ) 

A  la  fois  est  également  écrit  avec  traits  d'union  dans  le  texte. 

Un  petit  prince  d'Allemagne  envoya  dire  à  un  étranger  de  sortir 
dans  vingt-quatre  heures  de  ses  États.  «  Son  Altesse  me  fait  trop  de 
grâce,  répondit  celui-ci  ;  je  n'ai  besoin  que  d'un  quart  d'heure 
pour  en  être  sorti.» 

Quart  d'heure  est  un  nom  composé  pour  MM.  Bescherelle,  qui  écrivent 
quart-d'heure.  Tous  les  exemples  suivants  sont  de  même  écrits  avec  trait 
d'union  dans  leur  grammaire  ;  ce  en  quoi  il  faut  bien  se  garder  de  les  imi- 
ter,  si  l'on  ne  veut  pas  prouver  que  l'on  a  vécu  trop  long-temps  dans  l'at- 
mosphère pétrifiante  du  Journal  des  Débats. 

On  ne  peut  permettre  que  les  secrétaires  généraux  soient  en 
même  temps  députés.  ( Napoléon.  ) 

Point  de  ces  gens  que  Dieu  confonde, 

De  ces  sots  dont  Paris  abonde  , 

Et  qu'on  y  nomme  beauté  esprits. 

Vendeurs  de  fumée  à  tout  prix.  (J  .  B.  lioussEAU.) 

A  l'heure  des  spectacles  ,  toutes  les  portes  cochères  s'ouvrent; 
les  voitures  s'élancent,  les  théâtres  et  les  cafés  se  remplissent. 

Un  pied  de  forme  ronde,  et  qui  fait  que  l'on  marche  avec  peine, 
est  un  pied  bot.  (  Académie.) 

Sûrement  l'Académie  n'écrit  pas  pied-bot ,  en  ce  sens. 

Dans  le  temps  que  \e  pigeon  paon  étale  sa  queue,  il  agite  fière- 
ment et  constamment  sa  tête  et  son  cou.  (Buffon.) 

Une  feuille  suffit  au  nid  de  V oiseau  mouche. 

(Bernardin  deSt-Pierre.) 

Le  serpent  à  sonnettes ,  caché  dans  les  prairies  de  l' Amérique- 
fait  bruire  sous  l'herbe  ses  sinistres  grelots.  {Id.) 
Comment  peut-on  écrire  serpent  à  sonnettes  avec  des  traits  d'union  ? 

J'ai  passé  ma  journée  avec  des  aides  de  camp  et  de  jeunes  mili„ 
tuires.  (  Chateaubriand.) 


2W  GIl.VMMAIUE   FUAINÇAISE. 

Si  l'on  veut  donner  beaucoup  d'intérêt  a  un  paysage  riant  et 
agréable,  il  faut  qu'on  l'aperçoive  au  travers  d'un  grand  arc  de 
triomphe,  ruiné  par  le  temps.  (Bernardin  de  St-Pierre.) 

La  matière  fluide  du  ver  à  soie,  de  l'araignée ,  et  de  plusieurs  es- 
pèces de  chenilles,  acquiert  tout  à  coup  de  la  solidité  en  sortant  de 
leur  corps,  et  se  change  en  soie  par  le  simple  contact  de  l'air. 

[Idem.  ) 

On  se  ferait  une  fausse  idée  de  la  queue  du  coq  d'Inde^  si  l'on 
s'imaginait  que  toutes  les  plumes  dont  elle  est  formée  fussent 
susceptibles  de  se  relever  en  éventail.  (Buffon.) 

Quel  homme  de  goût  ne  sera  pas  comme  nous  choqué  de  ce  fussent, 
quoique  signé  :  Bdffom  ?  Quant  à  MM.  Bescherelle ,  ils  ne  soupçonnent 
pas  même  que  Buffon  puisse  faire  une  faute.  Ils  n'est  pourtant  pas  dou- 
teux qu'au  lieu  de  fussent  il  faudrait  simplement  sont.  Joli  système  que 
celui  qui  consacre  ainsi  toutes  les  erreurs  de  tous  nos  écrivains  !  On  va  loin 
avec  cela.  On  a  déjà  été  loin. 

Peut-être  ne  voit-on  pas  très-clairement  du  premier  coup  d'œit, 
le  rapport  qu'il  y  a  entre  une  lettre  de  change  et  un  feuilleton.  C'est 
une  énigme  que  j'abandonne  à  la  sagacité  de  mes  lecteurs. 

(De  Jouy.) 

Très-clairement  n'a  pas  de  trait  d'union  dans  le  texte.  Comment ,  après 
cela,  le  Journal  des  Débats  n'aurait-il  pas  fait  l'éloge  de  la  Grammaire  Na- 
tionale ? 

A  Paris,  je  jugeais  des  mœurs  des  femmes  de  ma  connaissance 
par  l'air  et  le  ton  de  leurs  femmes  de  chambre,  et  cette  règle  ne  m'a 
Jamais  trompée.  (J.  J.  Rousseau.) 

Il  prononça  en  frémissant  ces  mots  terribles  de  commis  et  de  rat 
de  cai'e.  Il  me  fit  entendre  qu'il  cachait  son  vin  a  cause  des  aides, 
qu'il  cachait  son  pain  a  cause  de  la  taille,  et  qu'il  serait  un  homme 
perdu,  si  l'on  pouvait  se  douter  qu'il  ne  mourût  pas  de  faim. 

(  Idem.  ) 

Encore  une  faute  consacrée  par  MM.  Bescherelle.  Comment  se  douter 
peut-il  gouverner  le  subjonctif  f  C'est  sur  des  milliers  d'exemples  pareils 
que  ces  messieurs  ont  fondé  leur  système  ;  ou  plutôt ,  c'est  avec  de  tels 
exemples  qu'ils  ont  ruiné  tout  système,  toute  méthode,  tout  principe  , 
qu'ils  ont  mis  le  désordre  partout. 


DES  SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES.  2/» 7 

Vous  souvient-il ,  monsieur,  quand  ma  maudite  mule 

Me  jeta,  par  malice ,  en  ce  trou  si  profond  ? 

Je  fus  près  d'un  quart  d'heure  à  rouler  jusqu'au  fond. 

(Gegnabo.  ) 

Dans  tous  les  temps ,  les  murs  des  prisons ,  des  corps  de  garde , 
des  écoles,  des  auberges,  ont  été  des  registres  ouverts  aux  impromp- 
tus des  hommes.  (  De  Jouy.  ) 

La  belle  de  nuit  n'ouvre  ses  fleurs  les  plus  parfumées  que  dans 
l'obscurité.  (  Bernardin  de  St-Pierre.) 

Je  ne  puis  douter  que  l'usage  immodéré  du  café,  du  thé,  du  cho- 
colat, des  épiceries,  n'ait  chez  les  Européens  une  partie  des  effets 
que  nos  eaux  de  vie  ont  chez  les  sauvages. 

Dans  ces  deux  derniers  exemples  seulement,  les  auteurs  de  la  Grammaire 
Nationale  sont  d'accord  avec  l'Académie,  qui  elle-même  a  tort  ici ,  nous 
le  croyons,  et  on  sait  pourquoi.  Mais  ces  messieurs  sont  assez  riches  de  leur 
propre  fonds  sans  que  l'Académie  leur  prête  rien.  Ils  écrivent  encore  avec 
traits  d'union,  ciel  de  Ut,  ciel  de  tableau,  pied  de  mouche,  pied  de  roi, 
haut  mal.  Jet  d'eau,  doit  et  avoir,  etc.  ,  etc.  Faut-il  s'étonner  après 
cela  de  voir  le  trait  d'union  se  glisser  partout  ?  Faut-il  s'étonner  que  nous 
l'ayons  trouvé  crânement  posé  parmi  les  expressions  suivantes  ,  d'où  ,  par 
exemple,  nous  l'avons  fait  lestement  déguerpir? 

Ici  gît  dont  la  muse  ou  profane  ou  dévote 
Long-temps  au  théâtre  brilla  ; 
Et  qui,  pour  mieux  faire,  oublia 
Les  trois  unités  d'Aristote. 

(Epitaphe  de  Lopez  de  Vega.) 

Aristide  le  Juste  est  le  Colard  antique. 

Il  fut  élu  sept  fois  dans  les  bourgs  de  l'Attique  ; 

Le  peuple  le  bannit;  c'est  que  ce  demi-dieu 

Inventa  la  doctrine  et  le  juste  milieu.  (Barthélémy.  ) 

Un  chanoine  de  Castille,  ayant  tué  un  cordonnier,  en  fut  quitte 
pour  ne  siéger  d'un  an  dans  le  chœur.  Le  fils  du  cordonnier,  déses- 
péré de  cette  injustice,  et  voulant  venger  la  mort  de  son  père,  tua 
le  chanoine.  Pierre  le  Justicier,  informé  du  fait,  répondit  a  la  fa- 
mille du  chanoine  qui  demandait  la  mort  du  coupable  :  «  11  a  été 
défendu  au  chanoine,  pendant  un  an,  de  siéger  au  choeur  ;  je  défends 
pour  un  an  au  Ois  du  cordonnier  de  faire  des  souliers.  » 


2i8  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Un  perruquier  de  Versailles,  voisin  du  lieu  des  séances  de  Vas- 
semhlée  constituante ,  avait  mis  sur  son  enseigne  :  «  Je  rase  le  clergé, 
je  peigne  la  noblesse,  et  j'accommode  le  tiers  état.  » 

Un  chanteur  de  l'Opéra  étant  allé  chez  le  contrôleur  général 
Terray  réclamer  le  payement  d'une  pension  que  ses  talents  lui  avaient 
value  sur  le  trésor  royal ,  celui-ci  dit  :  «  Monsieur ,  il  faut  attendre; 
il  est  juste  que  ceux  qui  pleurent  passent  avant  ceux  qui  chantent.  » 

Le  droit  d'aînesse ,  disait  Voltaire ,  a  pu  convenir  dans  des 
temps  de  pillage  et  d'anarchie  a  des  possesseurs  de  donjons,  mais 
il  n'en  est  pas  moins  détestable  quand  il  s'agit  de  partager  des 
rentes  sur  Vhôtel  de  ville. 

Autrefois  l'écu  de  France  avait  trois  fleurs  de  lis  d'or  en  champ 
d'azur. 

Quant  a  l'autre  César,  il  possède  un  père  leste,  pimpant,  bel  es- 
prit, qu'il  a  bien  de  la  peine  à  tenir  eu  bride.        (Jules  J.anin.) 

Quiconque  hait  l'injustice,  la  mauvaise  foi,  la  partialité,  est 
V ennemi  né  du  Journal  des  Débats. 

Le  trait  d'union,  comme  nous  l'avons  déjà  démontré,  n'est  pas  plus  né- 
cessaire dans  les  cas  suivants  : 

M.  de  Talleyrand,  adressant  un  jour  la  parole  à  Louis  XVIIl,  lui 
dit:  «Sire,  je  suis  vieux.  »  C'était,  dit  Paul  Louis  Courrier,  une 
manière  de  lui  dire  :  «  Sire,  vous  êtes  vieux  ;  »  car  ils  avaient  le 
même  âge. 

Au  fort  d'une  dispute  entre  Benserade  et  un  ecclésiastique,  celui- 
ci  reçut  la  nouvelle  que  le  Saint  Père  l'honorait  du  bonnet  de  car- 
dinal. «Parbleu!  dit  Benserade ,  j'étais  bien  fou  d'aller  disputer 
avec  un  homme  qui  a  la  tête  si  près  du  bonnet,  » 

Le  bruit  d'un  concordat  entre  l'Angleterre  et  le  Saint  Siège  est 
dénué  de  tout  fondement  !  {Journal  des  Déhats.  ) 

On  disait  à  une  jeune  mariée  que  saint  Paul  veut  que  les  femmes 
obéissent  à  leurs  maris.  «  Oh  bien  !  dit-elle,  je  ne  suis  pas  de  l'a- 
vis de  sain!  Paul.  —  Mais  faites  donc  attention,  madame,  que  c'est 


DES    SIGNES    ORTHOGRAPHIQUES.  2^i» 

le  Saint  Esprit  qui  parle  par  sa  bouche.  —  Soit.  En  ce  cas  c'est  de 
l'avis  du  Saint  Esprit  que  je  ne  suis  pas. 

Esprit  Saint,  descendez  en  nous. 

Un  petit  maître  se  plaignait  d'un  grand  mal  de  lête  et  ajoutait 
d'un  air  charmant  que  c'était  le  mal  des  beaux  esprits.  «  Est-ce 
que  vous  êtes  malade  par  procuration  ?  »  lui  demanda  une  dame. 

Les  loups  ceniers  du  Canada  sont  seulement,  comme  je  l'ai  déjîi 
dit,  plus  petits  et  plus  blancs  que  ceux  d'Europe  ;  et  c'est  cette  dif- 
férence qui  les  a  fait  appeler  chats  ceroie?s. 

(BuFFON,  cité  par  MM.  Bescherelle.) 

Du  moment  q«e  vous  faites  des  noms  composés  de  ces  deux  dénomina- 
tions, loup  etclial  sont  invariables,  et  il  faut  écrire  au  pluriel  des  loup-cer- 
viers,  des  cliat-cervlers,  comme  on  écrit  dea  chal-huants  ;  ne  l'oubliez  pas. 

Voltaire  eut  l'art  funeste ,  chez  un  peuple  capricieux  et  aimable, 
de  rendre  l'incrédulité  à  la  mode  ;  il  enrôla  tous  les  amours  pro- 
pres dans  cette  ligue  insensée. 

(Chateaubriand,  cité  par  MM.  Bescherelle.) 

Du  latin  !  de  mon  temps,  du  latin  !  un  gentil  homme  en  eût  été 
déshonoré.  (St-Évremont,  cité  par  les  mêmes.) 

Jeune  homme  est  tout  aussi  bien  un  nom  composé  que  gentil  homme  ,  et 
cependant y'ewne  et  homme  s'écrivent  séparément  et  sans  trait  d'union. 

Nous  gâtions  les  outils  de  mon  bon  vieux  grand  père  \)our  faire 
des  montres  à  son  imitation. 

(.1.  J.  RocssEAU,  cité  par  les  mêmes.) 

Qui  parle  d'offenser  soit  grand  père  ou  grand'  mère  (1)  ? 

(  Moi.lKRE.  ) 

(1)  D'où  vient  que  ceux  même  qui  regardent  grand"  mère  comme  un  nom 
composé  l'écrivent  sans  trait  d'union?  S'imagineraient- ils  que  l'apostro- 
phe en  tient  lieu?  Mais  l'apostrophe  ne  fait  qu'indiquer  une  élision.  Or, 
s'il  est  vrai  qu'en  n'usant  pas  de  l'apocope,  de  l'élision,  il  fallût  écrire  ^ra/irfc- 
mcre  avec  Irait  d'union,  évidemment  le  trait  d'union  doit  subsister  dans 
grand'mcrc;  sinon  grand'messe,  grand'rue,  seraient  aussi  des  noms  com- 
posés. Et  ils  le  sont  en  effet  aux  yeux  de  MM.  Bescherelles,  doués  pourtant 
d'une  vue  de  lynx.  Buffon  ,  en  usant  de  l'apocope  dans  l'exemple  suivant, 
n'a  pas  supprimé  le  trait  d'union  :  Les  Juments  produisent  des  poulains  qui 
ressemblent  assez  aux  cband'-pères. 

Apocope,  déiivé  (lu  grec  npohopèô,  je  retranche,  esl  synonyme  d'cllsion. 


250  GUAMMAIRE   FRANÇAISE. 

Hobincau  ,  le  nouveau  marié ,  après  le  premier  quartier  de  la 
lune  (le  miel ,  est  fort  étonné  et  irès-mallieureux  de  voir  sa  femme, 
qu'il  avait  épousée  comme  orpheline,  lui  apporter  en  dot  un  beau 
père,  une  belle  mère,  cinq  ou  six  oncles  grands  et  petits  et  des  cou- 
sins a  l'avenant.  (Jules  Janin.  ) 

C'est  le  frère  de  mon  mari,  de  ma  femme,  et  par  conséquent  mou 
beau  frère. 

Les  beaux  arts,  les  belles  lettres,  immortalisent  les  nations. 

Nous  avions  peur  de  montrer  trop  de  hardiesse,  et  voilà  que  Boiste,  d'a- 
près Restant,  écrit  aussi  sans  trait  d'union,  grand  père,  grand  oncle,  beau 
père,  sage  femme,  etc.  Il  est  cerlaln  qu'il  y  a  de  la  barbarie  à  priver  ces 
mots  de  leur  liberté.  En  revanche  Restaut  lui  même  écrit,  Tout-beau, 
tout  à- la- fois,  etc.  Boiste  le  fait  du  moins  supposer. 

Quant  aux  expressions  beaux  arls,  belles  ledres,  nous  les  avons  vainement 
cherchées  dans  ce  fameux  Dictionnaire  universel  ;  ce  qui  prouve  que  beaux 
arts,  belles  lettres,  ne  sont  pas  des  noms  composés,  puisque  les  adjectifs 
beaux,  belles,  et  les  substantifs  arts,  lettres,  y  vivent  chacun  de  son  côté  et 
à  sa  guise,  se  faisant  quelques  visites  d'amitié,  mais  ne  s'enchaînant  pas 
conjugalement  l'un  à  l'autre.  Voici,  au  mot  Parfait,  un  exemple  où  beaux 
arls  est  écrit,  en  effet,  sans  trait  d'union.  //  n'y  a  que  les  sciences,  les  beaux 
arts,  et  les  vertus  qui  donnent  des  plaisirs  parfaits. 

En  résumé,  le  trait  d'union  ne  s'emploie,  dans  les  sub- 
stantifs, que  pour  en  lier  indissolublement,  immuablement 
les  parties ,  quand  elles  ne  s'assemblent  ni  à  mortaise  ni  à 
rainure,  c'est  à  dire,  quand,  par  leur  forme,  elles  n'adhèrent 
pas  parfaitement  l'une  à  l'autre.  II  a  pour  résultat  immédiat 
de  rendre  invariable  le  nom  qui  précède,  quel  qu'il  puisse 
être-,  ce  qui  simplifie  singulièrement  la  question  des  noms 
composés,  cent  fois  plus  compliquée  que  celle  des  parti- 
cipes. 

Tout  ce  que  nous  avions  à  dire  sur  le  trait  d'union  aurait  pu  se 
borner  à  ces  derniers  mots ,  s'il  n'avait  fallu  combattre  les  abus 
monstrueux  qu'on  en  fait.  C'est  avec  raison  qu'un  auteur  a  dit  qu'il 
faut  un  volume  pour  détruire  une  erreur  d'une  ligne. 

O  grammairiens,  race  vile  et  damnée,  pendables  auteurs  de  tant 


DES  SIGNES  DE  PONCTLATIO.N.  251 

de  volumes  qui  encombrent  les  bibliolhèques  et  y  usurpent  la  place 
de  la  poésie  et  de  l'éloquence,  soyez  maudits  ! 

En  tout  cas  l'importance  du  trait  d'union,  de  ce  petit  rien,  si  mé- 
prisable en  apparence,  prouve  bien  qu'il  ne  faut  pas  juger  des  gens 
sur  la  mine. 

Qui  aurait  dit  que  cela  nous  entraînerait  si  loin  ? 

Enfin,  me  voilà  hors  de  cet  affreux  Ténare  , 

Dont  j'ai  fait  quinze  fois  le  tour. 
J'espère  avoir  prouvé ,  par  un  effort  si  rare  , 

Que  tout  est  possible  à  l'amour. 
Tour  pénétrer  vivant  dans  ces  gueules  de  four, 
Combien  il  faut  aimer  les  hommes ,  ses  semblables  ! 

0  public,  soit  dit  sans  détour  , 
Si  lu  n'applaudis  pas  à  des  soins  si  louables , 
Certes  ,  j'aurai  le  droit ,  mon  mignon ,  mon  amour, 

De  l'envoyer  à  tous  les  diables. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION 

ET   DE    LEUR   EMPLOI. 

Il  y  a  tel  article  du  Code  dont  le  sens  serait  entièrement 
transformé  par  le  déplacement  d'une  simple  virgule.  Une 
virgule  transposée  enfanta  jadis  la  secte  des  manichéens  (1). 

Une  virgule  transposée  a  fait  plus  encore;  elle  a  fait 
couler  des  flots  de  sang. 

Grandes  raisons  pour  qu'on  s'attache  à  bien  ponctuer. 

Mais ,  pour  bien  ponctuer ,  il  faut  savoir  écrire  ;  et ,  à  cet 

(1)  Les  manichéens,  ainsi  nommes  du  nom  de  leur  chc{  Mancs ,  admet- 
taient deux  principes  :  l'un  du  bien,  idenlifié  avec  Dieu  ;  l'autre  du  mal  ou 
des  tcnèlnes  ,  identifié  avec  Satan.  Le  principe  du  bien  était  auteur  de  la 
nature  spirituelle  et  de  la  loi  nouvelle;  celui  du  mal  était  auteur  de  la 
Hature  corporelle  et  de  la  loi  mosaïque.  Ils  admettaient  deux  âmes  dans 
chaque  homme:  l'une  intellectuelle  et  raisonnable,  venant  du  bon  principe; 
l'autre  mauvaise,  venant  du  mauvais  principe  et  causant  tous  les  péchés. 
lis  disaient  que  Jésus-Christ  n'avait  pris  qu'un  corps  lanlastique  ;  que  les 
âmes  des  hommes,  des  bêles  ,  et  des  plantes  étaient  coéternelles  à  Dieu; 
que  le  baptême  de  l'eau  était  inutile  .  etc. ,  etc. 


2)2  (iK.VMM.UKE  FUAi^ÇAlSE. 

égard ,  je  suis  parfaitement  de  l'avis  de  M.  Francis  Wey. 
«  Pour  bien  et  judicieusement  ponctuer,  dit-il,  il  faut  sa- 
voir construire  et  analyser  artistement  sa  phrase.  Quicon- 
que,  doutant  du  signe  qu'il  faut  mettre,  et  de  l'endroit  où 
il  le  faut  intercaler,  consulte  la  grammaire  ou  son  voisin  , 
ne  sait  pas  écrire.» 

L'Académie  définit  la  ponctuation ,  L'art  de  ponctuer. 

Selon  les  grammairiens,  la  ponctuation  est  l'art  d'indi- 
quer dans  l'écriture,  par  des  signes  reçus,  la  proportion 
des  pauses  que  l'on  doit  faire  en  parlant. 

«  La  ponctuation  ,  dit  l'abbé  Girard,  soulage  et  conduit  le  lec- 
teur; elle  lui  indique  les  endroits  où  «7  faut  se  reposer  pour  prendre 
sa  respiration  et  combien  de  temps  il  y  doit  mettre  (  quel  style , 
bon  Dieu!  )  ;  elle  contribue  à  l'honneur  de  Vintclligence,  en  diri- 
geant la  lecture  de  manière  que  le  stupide  paraisse,  comme  l'homme 
d'esprit,  comprendre  ce  qu'il  lit;  elle  tient  en  règle  l'attention  de 
ceux  qui  écoutent ,  et  leur  fixe  les  bornes  du  sens  ;  elle  remédie  aux 
absurdités  qui  viennent  du  style.  y> 

Quelle  précision!  quelle  justesse!  Ah!  monsieur  l'abbé 
(jirard!  célèbre  grammairien! 

«  Une  bonne  ponctuation,  dit  Rollin ,  sert  à  donner  au  discours 
de  la  clarté,  de  la  grâce,  de  l'harmonie.  » 

Qui  aurait  cru  cela  de  la  ponctuation? 

«De  même  que  l'on  ne  parle  que  pour  se  faire  entendre,  dit 
Beauzée,  de  même  on  n'écrit  que  pour  transmettre  ses  pensées  aux 
lecteurs  d'une  manière  intelligible.  Or  il  en  est  à  peu  près  de  la 
parole  écrite  comme  de  la  prononcée.  » 

En  vérité,  il  faut  n'être  rien  moins  qu'un  grammairien 
consommé  pour  habiller  d' un  si  beau  style  des  idées  si  neuves, 
si  philosophiques. 

Quant  au  rapport  qui  lie  à  la  ponctuation  cette  phrase 
do  Boauzée,  citée  par  Giiault  Du\ivicr,  ce  n'est  pas  le  stu- 


DES  SIGNES  DE  PONCTL  ATIO.N  .  235 

pide  dont  parle  l'abbé  Girard  qui  pourrait  facilement  le 
saisir. 

Girault  Duvivier  ne  procède  pas  autrement  :  il  entasse 
auteur  sur  auteur,  citation  sur  citation  ,  et  vous  laisse  la  li- 
berté du  choix.  Il  en  résulte  le  plus  joli  galimathias  qui  se 
puisse  voir. 

Eh  non  ,  messieurs  les  grammairiens,  il  n'est  pas  vrai  que 
les  signes  de  ponctuation  soient  destinés  par  essence  à  mar- 
quer des  pauses,  des  repos  ! 

Les  signes  de  ponctuation  servent  tout  bonnement  à  dis- 
tinguer ,  dans  le  discours  écrit,  les  phrases  et  les  différents 
membres  dont  elles  sont  composées  ;  en  sorte  que  le  lecteur 
en  perçoive  aisément  et  rapidement  le  mécanisme,  et  qu'au 
moyen  des  repos  et  des  changements  d'intonation  déterminés 
par  le  sens,  il  puisse  communiquer  simultanément  à  ceux 
qui  l'écoutent  l'intelligence  pleine  et  entière  de  ce  qu'il  lit. 

En  d'autres  termes,  les  signes  de  ponctuation  sont  à  la 
distinction  des  phrases  entre  elles  et  des  membres  transpo- 
sables  d'une  phrase  ce  que  les  blancs  ou  espaces  qui  séparent 
les  mots  sont  à  la  distinction  des  mots  entre  eux  (1) . 


(1)  Certes,  voilà  une  phrase  qu'un  lecteur  pfithisique  ne  pourra  guère 
lire  tout  d'unehaleine.  Cependant  nous  n'y  voyons  pas  place  pour  la  moindre 
petite  virgule.  Et  malgré  cela  nous  croyons  notre  phrase  bien  construite. 
C'est  que  cette  phrase  ,  pour  être  dépourvue  de  points  et  de  virgule  s,  n'en 
a  pas  moins  des  repos  réels  qu'un  lecteur  intelligent  ne  manquera  pas 
d'observer  de  cette  manière:  «  Les  signes  de  ponctuation  —  sont  à  la  dis- 
tinction des  phrases  entre  elles  et  des  membres  transposables  d'une 
phrase  —  ce  que  les  blancs  ou  espaces  qui  séparent  les  mots  —  sont  à  la 
distinction  des  mots  entre  eux. 

Ainsi  la  voix  peut  s'y  reposer  en  trois  endroits. 

Cela  ne  l'ait  que  nous  confirmer  davantage  dans  l'opinion  que  les  points 
et  les  virgules  ne  sont  pas  destinés  à  marquer  des  repos  ,  mais  simplement 
à  diviser  les  phrases  et  les  parties  de  phrases. 

Il  faut  voir  si  la  voix  si  vibrante  de  M"'  Rachel  se  règle  justement , 
dans  ses  modulations  ,  sur  les  points  et  sur  les  virgules  1 

Comment  se  [>cut-il  qje  des  hommes  qui  ont  vécu  du  temps  de  Talnia  , 
qui  ont   pu    entendre   Talnia  ,    aient   défini  comme  ils  l'ont  i'ail  l'arl   de 

iMinelucr? 


2oi  <;kaaimajke  muiNçaise. 

Les  anciens  Grecs,  avant  la  période  Aiexandriue,  n'avaient  au- 
cune ponctuation  ;  et  les  mots  s'écrivaient  tout  d'une  traite  avec  les 
lettres  capitales  ou  onciales.  Plus  tard,  plusieurs  grammairiens, 
parmi  les  quels  il  faut  compter  Aristophane  de  Byzance,  inventèrent 
trois  signes  destinés  à  éclairer  la  lecture.  Ce  sont:  \e  point  (en 
grec,  stigmê) ,  servant  à  indiquer  un  sens  complet;  \avirgule  ou 
comma  (en  grec,  hyposligmé),  servant  à  indiquer  un  sens  incom- 
plet, et  le  point  en  haut  (en  grec  mesê  stigmê),  servant  à  indiquer 
un  sens  complet  par  lui-même ,  mais  suivi  d'une  explication  qui  le 
développe.  On  introduisit  ensuite  \c point-virgule,  qui,  employé  par 
les  Grecs  comme  point  inlerrogatif,  sert  à  indiquer  dans  les  autres 
langues  un  sens  presque  achevé.  Un  autre  signe  introduit  plus  ré- 
cemment est  le  point  interjectif,  autrement  Appoint  d'exclamation, 
point  exclamatif. 

Ainsi  tout  cela  est  de  la  propre  invention  des  grammai- 
riens. Dites  encore  que  les  grammairiens  ne  sont  bons  qu'à 
mettre  les  points  sur  les  i  ! 

Boiste  énumère  ainsi  nos  richesses  en  ce  genre  : 

«  Nos  signes  de  ponctuation,  dit-il,  sont  la  virgule  (,)qui  mar- 
que la  moindre  de  toutes  les  pauses ,  une  pause  presque  insensible; 
un  POINT  et  une  vip.gule  (  ;  )  jmr  où  l'on  désigne  nnepause  un  peu 
plus  grande  ;  les  deux  points  (:  )  qui  annoncent  un  repos  encore  un 
peu  plus  considérable;  et  le  point  ,  soit  absolu  (.  ) ,  soit  interroga- 
TiF  (?),  soit  EXCLAMATIF  (!),  qui  caractérïsc  une  pause  plus  com- 
plète. » 

On  m'aurait  dit ,  il  y  a  quelques  années  ,  que  des  écrivains  ayant 
ce  style  osaient  se  faire  imprimer, je  n'aurais  pas  voulu  le  croire. 

Ainsi  voilà  la  ponctuation  distribuée  uniquement  en  reposoirs 
pour  la  procession  des  mots  et  des  phrases.  Quoi  de  plus  ridicule  ! 

Un  grammairien  moderne  ,  un  réformateur  ,  M.  Charles  la  Loy , 
n'est  pas  satisfait  de  cette  abondance  de  signes  ;  il  la  trouve  insuffi- 
sante ,  et  d'un  trait  de  sa  plume  magique  il  crée  tout  d'abord  une 
virgule-point  {:) ,  un  2^0  int  exclamatif  d'interrogation  {^),  une 
virgule  interrogative{1),  un  deux-points  inlerrogatif  {1),  un  point- 
virgule  interrngalif  (') ,  une  virgule  e.rrlamative{\) ,  le  tout  ter- 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION. 


2^i^ 


miné  par  un  etcœtera  (1)  qui  laisse  supposer  tout  ce  que  sa  puissance 
créatrice  peut  nous  enfanter  encore  de  nouveaux  trésors ,  de  nou- 
veaux prodiges. 

Selon  lui  la  virgule  seule  ne  saurait  suffire  entre  les  deux  der- 
niers membres  de  celte  phrase  : 

S'il  a  mis  à  cette  recherche  toute  la  bonne  foi  iwssible;  s'il  n'a 
épargné  ni  son  temps  ni  sa  santé  ;  si  sa  fortune  même  s'y  est  trouvée 
compromise,  n'y  a-t-ilx>as  quelque  cruauté  à  l'accabler  encore  par 
le  blâme  et  par  l'ironie? 

La  virgule  est  d'autant  mieux  à  sa  place  ici  que  la  dernière  par- 
tie de  la  phrase  ne  se  rapporte  d'une  manière  directe  qu'à  la  partie 
qui  la  précède  immédiatement. 

Comme  les  hommes  diffèrent  d'opinion  ! 

Après  M.  la  Loy  qui  multiplie  indéfiniment  les  signes  de  ponc- 
tuation ,  voici  M .  Francis  Wey  qui  ne  veut  conserver  que  le  point  et 
la  virgule,  t  A  l'aide  du  point  simple  et  de  la  virgule,  dit-il,  on  se 
ferait ,  au  besoin  ,  toujours  entendre.  » 

Il  faut  avoir  une  furieuse  envie  de  dire  quelque  chose  que  d'au- 
tres n'aient  pas  dit  déjà. 

Eh  !  messieurs ,  si  vous  tenez  tant  à  vous  distinguer  par  quelque 
chose  d'étrange  et  de  neuf,  faites  donc  l'éloge  de  Jules  Janin,  van- 
tez la  justice  et  l'impartialité  du  Journal  des  Débats ,  etc.,  etc.  ! 

Pour  ma  part,  bien  loin  d'afficher  de  telles  prétentions  ,  je  vou- 
drais bien  que  les  grammairiens ,  mes  prédécesseurs,  ne  m'eussent 
pas  laissé  tant  à  dire  et  à  faire. 

Toutefois,  en  fait  de  signes  de  ponctuation,  je  ne  me  plains  pas 
qu'il  y  en  ait  trop  ou  trop  peu  ;  je  suis  fort  content  comme  cela. 

De  la  Virgule* 

La  virgule  est  un  petit  signe  fait  à  peu  près  en  forme 
de  c  renversé  (,). 

I. 

On  emploie  la  virgule  pour  séparer  entre  elles  plusieurs 
parties  similaires  d'une  même  phrase  ,  savoir  : 

(1)  Etcœtera ,  substanlif,  ne  doit  former  qu'un  mot.  Cela  est  d'autant 
plus  avantageux  que  le  t  de  la  conjonction  et  ne  présente  phis  ainsi  aucune 
anomalie,  toute  consonne  se  prononçant  ordinairement  au  milieu  d'un  mot. 


2.')0  niiAMMAinr:  fuanc.aise. 

1"  Plusieurs  sujets,  soit  logiques  (1),  soit  grammati- 
caux d'un  môme  verbe,  lorsqu'ils  ne  sont  compliqués  d'au- 
cun accident. 

La  richesse,  le  plaisir,  la  santé ^  deviennent  des  maux  pour  qui 
ne  sait  pas  en  user. 

Le  dernier  sujet  est  lui-même  séparé  du  verbe  par  une  virgule, 
parce  que  l'attribut  ne  tombe  pas  sur  lui  plus  que  sur  les  autres,  et 
ne  doit  pas  avoir  avec  lui  une  liaison  plus  forte. 

Ni  Girault  Duvivier  ni  Napoléon  Landais  n'observent  ce  principe, 
pourtant  inviolable  de  sa  nature. 

Pour  première  raison,  comment  admettre  qu'un  substantif,  un 
sujet  qui  est  au  singulier  puisse  aller  de  pair  et  côte  à  côte  ,  pour 
ainsi  parler  ,  avec  un  verbe  qui  est  au  pluriel? 

Mais,  surtout,  comment  ne  pas  reconnaître  qu'après  une  énumé- 
ration  de  sujets  qui  tous  conviennent  au  verbe  de  la  même  manière, 
l'esprit  se  recueille  un  instant  comme  pour  les  récapituler  en  quel- 
que sorte  et  les  pousser  tous  simultanément  sur  l'attribut  qui  leur 
est  propre  ?  Comment  ne  pas  admettre  à  la  suite  de  ces  sujets  ex- 
primés, un  autre  sujet  sous-entendu  qui  les  résume  tous,  et  avec 
lequel  se  fait  l'accord  du  verbe? 

N'est-ce  pas  ainsi  qu'il  faut  analyser  la  phrase  citée  plus  haut  : 

La  richesse,  le  plaisir,  la  santé,  (ces  biens)  deviennent  des  maux 
pour  qui  ne  sait  pas  en  user. 

Écrivez  donc  avec  une  virgule  devant  le  verbe  : 

L'ambition  ,  l'atnotir ,  l'avarice,  la  haine , 
Tiennent  comme  un  forçat  notre  esprit  à  la  chaîne. 

(   BOILEAU.    ) 

Le  regret  du  passé ,  le  chagrin  du  présent ,  V inquiétude  de  tai^c- 
nir,  sont  les  fléaux  qui  assiègent  le  plus  le  genre  humain. 

(Cité  par  Boiste.) 

(1)  On  appelle  sujet  logique  celui  qui  est  accompagné  de  plusieurs  mots 
déterminatit's  ,  et  sujet  grammatical ,  celui  qui  ne  consiste  que  dans  un 
mot.  Dans  cette  piirase ,  «La  beauté  de  l'Ame  l'emporte  sur  la  beauté 
du  corps»,  i.A  BEAUTÉ  est  le  sujet  grammatical ,  la  beadté  dk  l'ame  est  le 
sujet  logique.  Il  y  a  de  mf'me  Vattrihul  logique  et  Vattribut  grammatical. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  '2)1 

Un  léger  accident,  un  amour  de  jeune  fille,  un  mariage,  un  mot, 
ont  souvent  renversé  ies  projets  des  plus  habiles  diplomates. 

Les  plaisirs  de  F  esprit,  la  tranquillité  de  rame,  la  joie,  la  satis- 
faction intérieure,  se  trouvent  aussi  souvent  a  la  suite  d'une  mé- 
diocre fortune  que  dans  le  cortège  des  rois. 

(Cité  par  Girault  Dumùer.) 

Le  timide  bouvreuil,   la  sensible  fauvette. 

Sous  la  blanche  aubépine  ont  choisi  leur  retraite.         (Michaud.) 

Viens!  et  que  le  regard  des  pudiques  étoiles 
Qui  tombe  sur  la  terre  à  travers  tant  de  voiles , 
Que  l'arbre  pénètre  de  parfums  et  de  chants , 
Que  le  souffle  embrasé  de  midi  dans  les  champs , 
Et  l'ombre  et  le  soleil ,  et  l'onde  et  la  verdure. 
Et  le  rayonnement  de  toute  la  nature  , 
Fassent  épanouir  ,  comme  une  double  fleur, 
La  beauté  sur  ton  front  et  l'amour  dans  ton  cœur. 

(  Victor  Hugo.) 

La  fraude,  lepaijure,  les  procès,  les  guerres,  ne  font  jamais  en- 
tendre leur  voix  dans  ce  séjour  chéri  des  dieux. 

(FÉNÉLON,  cité  par  MM.  Noël  et  Chapsal.) 

Les  fous,  les  entêtés,  les  présomptueux ,  aiment  a  parier. 
Dieu,  la  nature,  et  les  arts,  sont  les  refuges  du  sage. 
L'ambition,  Pai>arice,  et  f  amour  propre,  sont  insatiables. 
L'intérêt,  la  vanité,  la  mode,  ET  la  santé,  sont  les  quatre  vents 
des  girouettes  humaines. 

La  plupart  ne  mettraient  point  de  virgule  avant  la  conjonction  et, 
dans  ces  trois  derniers  exemples,  mais  bien  à  tort,  puisque  le  dernier 
sujet  ne  saurait  avoir  avec  celui  qui  le  précède  immédiatement  une 
liaison  plus  intime  qu'avec  les  autres.  En  général,  la  conjonction  ne 
remplace  point  la  virgule  dans  une  énuméralion. 

Le  vrai,  l'utile  ,  et  l' agréable ,  réunis ,  ne  se  discernent  plus  du 
beau  ,  c'est  le  beau  lui-même. 

Le  mot  réunis  est  séparé  des  sujets  et  du  verbe,  en  partie  pour  les  mêmes 
causes  que  nous  venons  d'expliquer ,  en  partie  parce  qu'il  forme  à  lui  seul 
une  proposition  incidente  ,  susceptible  d'êlre  supprimée  sans  nuire  essen- 
tiellement au  sens  principal.   C'est  comme  s'il  y  avait  ,  en  effet  :  Dés  qu'ils 

T.  II.  33 


2o8  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

sont  réunis.  Les   deux  virgules  ne  sont  pas  plus  mal  placées  là  que  dans 
cette  phrase  de  Victor  Hugo  :  La  Jeune  fille ,  essoufflée ,  s'arrèla  enfin. 

Mais  la  virgule  disparaît  à  la  fois  devant  la  conjonction  et  devant 
le  verbe  ,  quand  il  n'y  a  que  deux  sujets  conjoints  par  et  ou  par  ni. 
Les  deux  sujets  fussent-ils  au  singulier,  ils  sont  alors  en  quelque 
sorte  pluralisés  par  aggrégation,  à  la  façon  des  noms  collectifs,  et 
précèdent  sans  inconvénient  un  verbe  au  pluriel. 

L'imagination  et  le  jugement  ne  sont  pas  toujours  d'accord. 

(Cité  par  Boiste.) 

L'esprit  de  domination  et  la  vanité  partagèrent  successivement 
un  peuple  en  calvinistes  et  papistes,  molinisfcs  et  jansénistes,  anar- 
chistes et  royalistes  ;  puissent-ils  enfin  être  tous  citoyens! 

La  politesse  et  les  manières  ne  sont  pas  les  mœurs. 

La  rapine  et  l'ori^ueil sont  les  dieux  de  la  terre.  (Voltaire.  ) 

Parler  et  se  taire  à  propos  sont  deux  choses  difficiles,  mais 
utiles. 

Ni  l'or  ni  ta  grandeur  ne  nous  rendent  heureux. 

(  La  Fontaine.  ) 

La  beauté  et  la  bonté  réunies  sont  l'image  de  Dieu  sur  la  terre. 

On  sent  combien  il  serait  ici  superflu  d'isoler  le  mot  réunies. 

La  virgule  est  de  même  impossible  entre  le  verbe  et  le  sujet, 
quand  le  verbe  est  énoncé  le  premier  ;  car  le  verbe  ne  pouvant  sub- 
sister par  lui-même  ,  ne  permet  aucun  intervalle  entre  lui  et  son  su- 
jet, quel  qu'il  soit.  (Soit  dit  en  passant,  ne  serait-ce  pas  là  ce  qui 
autorise  la  présence  du  trait  d'union  entre  le  verbe  et  le  pronom, 
dans  les  phrases  interrogatives  ?  ) 

Et  partout  où  coula  le  nectar  enchanté 

Coururent  i,e  plaisir,  l'audace,  et  la  gaîté.  (Delille.) 

Gomme  on  s'en  doute  bien,  le  texte  porte  une  virgule  à  la  fin  du  premier 
vers  où  elle  est  parfaitement  inutile,  tandis  que  l'audace  et  la  gaîtéy  for- 
ment un  tout  compacte  et  isolé;  en  sorte  qu'il  ne  reste  au  verbe  que  le 
plaisir,  qui  accapare  ainsi  à  lui  seul  tous  les  attributs,  ce  qui  n'est  nulle- 
ment légal.  Qu'on  y  réfléchisse  bien.  N'ai-je  pas  raison  ?  Je  m'en  rapporte 
à  M.  Victor  Hugo,  le  seul  homme  vraiment  compétent  en  ces  matières  ; 
car  ,  comme  il  le  dit  lui  même  ,  sous  un  grand  écrivain  il  y  a  un  grand 
grammairien. 

Nous  avons  dit  qu'on  met  une  virgule  avant  le  verbe .  après  une 


I 


DES    SIGMES    DE    PO.NCTUATR» .  259 

énuiuératioD  de  sujets,  quand  celui  qui  parle  ou  écrit  a  intention  de 
lier  le  verbe  à  tous  les  sujets  ensemble ,  et  non  pas  seulement  au 
dernier. 

Mais  autre  chose  est  quand  l'accord  du  verbe  se  fait  avec  le  der- 
nier seul  des  substantifs  qui  le  précèdent,  soit  parce  qu'il  con- 
tient ,  parce  qu'il  résume  en  lui  tous  les  autres  sujets ,  soit  parce  que 
l'idée  exprimée  par  le  verbe  ne  convient  à  chacun  d'eux  que  sépa- 
rément, dislribulivement,  et  non  pas  à  tous  collectivement.  Alors  il 
faut  bien  se  garder  de  produire  la  virgule. 

La  douceur ,  la  bonté  du  grand  Henri  a  été  célébrée  de  mille 
louanges.  (Pélisson.) 

Le  texte  porte  une  virgule,  mais  bien  à  tort. 

Louis,  son  fils,  l'Etat ,  l'Europe  est  dans  vos  mains. 

(  VoLTAIBE.  ) 

Le  vers  le  mieux  rempli,  la  plus  noble  pensée 

Ne  peut  plaire  à  l'esprit  quand  l'oreille  est  blessée.      (Boileau.) 

Un  seul  mot ,  un  soupir ,  un  coup  d'oeil  nous  trahit.       (Voltaire.) 

11  ne  faut  aux  princes  et  aux  grands  ni  efforts  ni  étude  pour  se 
concilier  les  cœurs.  Une' parole,  un  sourire  gracieux ,  un  seul  re- 
gard suffit.  (D'Aguesseau.  ) 

Dans  ces  sortes  de  phrases,  il  y  a  ellipse  du  verbe  après  chaque 
sujet.  C'est  comme  si  l'on  disail  :  Une  parole  suffit,  un  sourire  suf- 
fit, un  regard  suffit. 

Tout  rang ,  tout  sexe ,  TOUT  AGE  doit  aspirer  au  bonheur. 

(Voltaire.  ) 

Le  texte  porte  une  virgule  après  âge  ;  c'est  une  faute. 

Que  maudit  soit  ton  champ,  ton  pavillon ,  ton  lit! 

(  Chateaubriand.  ) 

Dans  les  exemples  suivants,  le  dernier  sujet  fait  de  même  oublier 
le  premier,  et  l'exclut  en  quelque  sorte  du  corps  de  la  proposi- 
tion. 

La  douceur,  les  soupirs  de  cette  femme  inforlunée  ne  purent  lo 
fléchir.  (Waillv.) 

Quel  bruit ,  quels  chaints  d'hvmein  ont  l'rappé  mon  oruillc  ! 

(  LoNtlEPIKKRK.  ) 


2(j0  OUAMMAIKE   FllAiNÇAISE. 

La  récapitulation  mentale  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  es>l 
souvent  exprimée  par  quelqu'un  des  mots ,  tout,  rien,  etc. 

Hichesse,  honneurs,  pouvoir,  sceptre,  couronne,  autel. 
Tout  cela  ,  c'est  la  terre ,  et  l'amour  ,  c'est  le  ciel. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 
Un  souffle,  une  ombre,  un  rien,  tout  lui  donnait  la  fièvre. 

(La  Fontaine.  ) 
Sa  tendresse  pour  moi ,  l'intérêt  de  sa  gloire. 
Sa  vertu ,  tout  enfin  me  défend  de  le  croire.  (Cornf.ili.b,  ) 

Tout  parlera  pour  vous,  le  dépit,  la  vengeance , 

L'absence  de  Titus ,  le  temps,  votre  présence. 

Trois  sceptres  que  son  bras  ne  peut  seul  soutenir , 

Vos  deux  Etats  voisins  qui  cherchent  à  s'unir.  (  Racine.) 

Tout  vous  prenait  aux  yeux  a  la  fois ,  le  pignon  taille,  la  toiture 
aiguë,  la  tourelle  suspendue  aux  angles  des  murs,  la  pyramide  de 
pierre  du  onzième  siècle,  r obélisque  d' ardoise  du  quinzième,  la  tour 
ronde  et  nue  du  donjon,  la  tour  carrée  et  brodée  de  l'église,  le  grand, 
le  petit,  le  massif,  l'aérien.  (VictorHugo.) 

Le  roi ,  l'âne  ,  ou  moi,  nous  mourrons.  (La  Fontaine.) 

Selon  la  forme  qu'on  emploie ,  il  peut  y  avoir  ellipse  du  verbe 
après  le  sujet ,  comme  dans  la  phrase  suivante  : 

Il  n'y  a  rien  de  plus  propre  a  l'homme  que  la  religion,  l'honneur, 
et  la  vertu. 

Ces  mots ,  La  religion,  l'honneur ,  la  vertu ,  sont  les  sujets  d'un 
verbe  sous-entendu.  C'est  comme  s'il  y  avait  :  Rien  n'est  propre  à 
l'homme  comme  la  religion,  l'honneur,  la  vertu  lui  sont  propres. 

2»  Plusieurs  attributs  se  rapportant  au  même  sujet  : 

Les  Tyriens  sont  insdustrieux,  patients,  laborieux. 

{  FÉNÉLOiX.  ) 

La  charité  est  patiente,  douce,  bienfaisante. 

Elle  était  haletante ,  éche\>elée,  effrayante  à  voir,  et  elle  avait  dans 
ses  yeux  un  feu  qui  séchait  ses  larmes. 

(  Victor  Hugo.  ) 

Mon  amie,  vous  êtes  si  belle,  si  aimable ,  si  charmante  ;  \ous 
étiez  si  ravissante  a  voii'  avant-hier,  au  milieu  de  ce  petit  salon  où 


DES  SIGNES  DE  FONCTUATIO>'.  261 

j'ai  eu  la  joie  de  vous  rencontrer  ;  il  y  avait  quelque  chose  en  vous 
de  si  ineffable  ,  de  si  divin  ,  de  si  lumineux  ,  que  je  ne  reviens  pas 
de  ma  surprise,  en  songeant  que  vous  me  permettez  de  vous  ap- 
peler mon  amie.  (  L.  N.  ) 

A  tout  prendre ,  je  puis  bien  dire  que  ce  n'est  pas  de  vous  que 
j'ai  douté.  Je  n'ai  pas  cessé  un  instant  de  vous  croire  la  plus  noble, 
la  plus  généreuse,  la  plus  dévouée  des  femmes,  comme  vous  en  êtes 
la  plus  belle  et  la  plus  aimable.  (  Id.) 

Il  y  a  un  tel  charme  dans  vos  paroles ,  une  telle  grâce  dans  vos 
manières  ;  votre  beauté  dont  votre  modestie  me  défend  de  vous 
parler  a  quelque  chose  de  si  pur,  de  si  surnaturel,  de  si  céleste,  de 
si  angélique;  VOUS  êtes  enfin  une  créature  si  ravissante,  si  délici- 
euse, que  votre  image  ne  me  quitte  plus.  {Id.) 

Indépendamment  de  ces  deux  rues  principales ,  diamétrales,  per- 
çant Paris  de  part  en  part  dans  sa  largeur ,  communes  à  la  capi- 
tale entière ,  la  Ville  et  l'Université  avaient  chacune  leur  grande 
rue  particulière.  (Victor  Hugo.) 

L'Université  faisait  un  bloc  a  l'œil.  D'un  bout  a  l'autre  c'était  un 
tout  homogène  et  compacte.  Ces  mille  toits  drus,  anguleux,  adhé- 
rents,  composés  presque  tous  du  même  élément  géo})iétrique  ,(yï[\:d\eTii , 
vus  de  haut,  l'aspect  d'une  cristallisation  de  la  même  substance. 

(W.) 

Seulement  ici  cette  tour  était  la  flèche  la  plus  hardie,  la  plus 
ouvrée,  la  plus  menuisée ,  la  plus  déchiquetée ,  qui  ait  jamais  laisse 
voir  le  ciel  à  travers  son  cône  de  dentelle.  (  Id.  ) 

Le  texte  ne  porte  point  de  virgule  entre  le  dernier  adjectif  et  le  pronom 
qui.  C'est  «ne  faute  réelle ,  ce  pronom  ne  pouvant  se  lier  avec  un  adjectil' 
isolé  ,  ne  pouvant  se  rapporter  qu'à  un  snbstantiP. 

Le  plus  charmant  trésor  de  toute  l;i  nature 
Est  une  femme  belle,  aimable,  douce,  et  pure. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 
Nous   avons  dit   pourquoi  il  faut  une   virgule  avant  la  conjonction  qui 
précède  le  dernier  terme  d'une  énumératioa  quelconque. 

11  parlait  d'un  ton  bref,  serré,  et  impérieux.  (Frédéric  Soulié.) 
Le  texte  porte  réellcuKiil  une  virgule  avant  la  cuuiduotiou.  Fuurtani 


202  (IKAMMAIUE    rUAiNÇAlSK. 

cela  est  imprimé  dans  le  Journal  des  Débais.  J 'espère  que  voilà  une  autorité  ! 

Toutefois  il  se  peut  que  deux  adjectifs  aient  un  tel  rapport  d'at- 
traction l'un  vers  l'autre  ,  une  telle  tendance  à  ne  faire  qu'un,  qu'il 
est  bon  de  les  joindre  totalement  au  moyen  de  la  conjonction  et. 

Ce  maraud ,  qui  a  fait  cette  terrible  fortune ,  n'a  guère  dans  le 
cœur  qu'une  honnête  passion,  une  vive  tendresse  pour  sa  fille  uni- 
que Adolphine ,  petite  personne  bien  emparlée ,  coquette  et  rieuse, 
et  qui  conclut  assez  facilement  dès  qu'il  s'agit  de  mariage. 

(Jules  Janin.) 

S'il  n'existait  pas  entre  coquette  et  rieuse  une  liaison  si  intime  ,  la  con- 
jonction serait  une  faute;  d'autant  plus  que  l'énumération  des  qualités 
d'Adolphine  n'est  pas  finie  là. 

Si  vous  la  connaissiez ,  la  vierge  au  front  candide  , 
Celle  dont  le  cœur  fut  toujours  pur  et  splendide. 

Et  plein  d'un  chaste  amour,  (L.  N.  Amert.  et  Consol.  ) 

Ainsi  soyez  pour  moi  une  amie ,  une  sœur;  je  ne  demande  pas 
davantage.  (L.  N.) 

Vous  me  demandez  ce  que  je  voudrais  encore!  Oh  !  mon  ambi- 
tion n'est  guère  bornée  !  Ce  que  je  voudrais ,  c'est  d'être  roi,  génie, 
empereur,  archange,  pour  vous  mettre  un  plus  grand  esclave  sous 
les  pieds,  pour  vous  faire  reine,  impératrice ,  pour  vous  créer  un 
ciel  que  je  partagerais  avec  vous  !  (  Id.  ) 

Aimer,  enfin,  c'est  être  tout  douceur,  tout  humilité ,  tout  res- 
pect, tout  pardon  ,  tout  miséricorde ,  tout  patience,  tout  résigna- 
tion, tout  zèle,  ET  tout  dénouement.        (Id,  Le  Livre  de  Tous,  ) 

La  virgule  qui  précède  la  conjonction  suppose  une  ellipse.  C'est  comme 
s'il  y  avait ,  tout  cela  et  encore  tout  dévouement. 

Est-il  nécessaire  d'ajouter  que,  si  de  deux  adjectifs  consécutifs 
l'un  adhère  tellement  au  substantif  qu'il  forme  avec  lui  une  sorte 
de  nom  composé,  une  locution  indivisible,  il  ne  faut  point  les  sépa- 
rer par  la  virgule  ?  Un  beau  jeune  homme.  Un  parfait  honnête 
homme.  Un  brave  gentil  homme.  Une  gomme  élastique  excellente. 
Des  médecins  soutiennent  que  les  eaux  minérales  artificielles  sont 
plus  efficaces  que  les  eaux  minérales  naturelles- 

3"  Plusieurs  verbes  se  rapportant  au  même  sujet  : 


DES   SIGiNES    DE    PONCTUATfOiN.  H)~> 

Heureux  le  sage  roi  qui  connaît  sa  faiblesse  , 

Et  qui,  laissant  ilécliir  sa  douce  auti>nté, 

Cherche,  accueille,  encourage,  entend  la  vérité.  (  Chénier.) 

Vicieux,"  pénitent,  courtisan,  solitaire, 

Il  prit ,  quitta,  reprit  la  cuirasse  et  la  haire. 

Dans  ces  exemples,  il  y  a  ellipse  du  régime  après  chaque  verbe. 

Le  prisme  de  la  douleur  décolore,  enlaidit  tout  ce  que  le  prisme 
de  la  joie  avait  embelli,  brillante. 

H  alla  daus  cette  caverne,  tromui  des  instruments  ,  abattit  les 
peupliers,  et  mit  en  un  seul  jour  un  vaisseau  en  état  de  voguer. 

(FÉNÉLON. ) 
Femmes  ,  moines ,  vieillards  ,  tout  était  descendu  ; 
L'équipage  suait,  soufflait ,  était  rendu.  (  La  Fontaine.  ) 

Il  y  avait  grand  vacarme  de  blanchisseuses  ;  elles  criaient ,  par- 
laient, chantaient  du  matin  au  soir.  (Victor  Hugo.  ) 
Les  ievavae?! parlent  en  se  taisant,  accordent  en  refusant. 

4»  Plusieurs  compléments  ou  régimes  d'un  même  mot, 
quand  ils  sont  de  la  même  nature,  et  qu'ils  ne  traînent 
après  eux  aucun  appendice,  aucun  prolongement,  aucune 
surcharge,  c'est  à  dire  ,  aucune  proposition  incidente-,  ce 
qui  nécessiterait  l'assistance  du  point-virgule. 

Il  sait  régler  ses  goûts,  ses  travaux,  ses  plaisirs.         (Voltaire.) 

Se  recommander  d'aïeux  dont  le  nom  se  perd  dans  les  ténèbres 
du  passé ,  c'est  invoquer  des  ombres,  des  chimères,  le  néant. 

La  religion  chrétienne  prêchant  a  des  peuples  esclaves  et  mal- 
heureux la  charité ,  la  pauvreté ,  la  vie  à  venir ,  dut  être  accueillie 
par  eux  avec  enthousiasme.  (  Cité  par  Boiste.  ) 

Le  texte  porte  une  virgule  entre  malheureux  et  la  charité;  mais  cette  vir- 
gule est  une  maille  rompue  dans  le  tissu  de  la  phrase,  càr  elle  fait  supposer, 
au  premier  abord,  que  la  charité,  loin  d'être  un  régime,  est  un  nouveau 
sujet  ajouté  au  premier. 

C'est  folie  que  de  proscrire  une  opinion,  un  sentiment;  il  faut  les 
faire  naître. 

Toutes  les  faveurs  de  la  fortune  valent-elles  un  baiser,  un  sou- 
rire, un  regard  de  la  femme  qu'on  aimn?    (L.  N.  FI.  du  Banube.  ) 


20i  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Il  avait  votre  port ,  vos  yeux,  votre  langage.  (  UtCÉNB.  ) 

Qiiinconque  est  riche  est  tout  ;  sans  sagesse,  il  est  sage  ; 

Il  a,  sans  rien  savoir,  la  science  en  partage  ; 

Il  a  l'esprit,  le  cœur,  le  mérite,  le  rang , 

La  valeur,  la  vertu,  la  dignité,  le  sang.  (  Boilkau.  ) 

L'Académie  française,  disait  Voltaire,  est  un  corps  où  l'on  re- 
çoit des  gens  titrés,  des  hommes  en  place ,  des  prélats ,  des  gens  de 
robe,  des  médecins^  des  géomètres^  et  même  des  gens  de  lettres. 

Puisque  mai  tout  en  fleurs  dans  les  prés  nous  réclame  , 

Viens  !  ne  te  lasse  pas  de  mêler  à  ton  âme 

La  campagne,  les  bois  ,  les  ombrages  charmants , 

Les  larges  clairs  de  lune  au  bord  des  flots  dormants , 

Le  sentier  qui  finit  où  le  chemin  commence  , 

Et  l'air,  et  le  printemps,  et  l'horizon  immense. 

L'horizon  que  ce  monde  attache  ,  humble  et  joyeux  , 

Comme  une  lèvre  au  bas  de  la  robe  des  deux  !       (VicToa  IIdgo.) 

Oui ,  ce  qui  sortira  ,  par  sanglots,  par  éclairs  , 

Comme  l'eau  du  glacier  ,  comme  le  vent  des  mers  , 

Comme  le  jour  à  flots  des  urnes  de  l'aurore  , 

Ce  qu'on  verra  jaillir,  et  puis  jaillir  encore, 

Du  clocher  toujours  droit,  du  front  toujours  debout , 

Ce  sera  l'harmonie  immense  qui  dit  tout  ! 

Tout ,  les  soupirs  du  cœur,  les  élans  de  la  foule. 

Le  cri  de  ce  qui  monte  et  de  ce  qui  s'écroule , 

Le  discours  de  chaque  homme  à  chaque  passion , 

L'adieu  qu'en  s'en  allant  chante  l'illusion , 

L'espoir  éteint ,  la  barque  échouée  à  la  grève , 

La  femme  qui  regrette  et  la  vierge  qui  rêve, 

La  vertu  qui  se  fait  de  ce  que  le  malheur 

A  de  plus  douloureux,  hélas  !  et  de  meilleur , 

L'autel  enveloppé  d'encens  et  de  fidèles , 

Les  mères  retenant  les  enfants  auprès  d'elles , 

La  nuit  qui  chaque  soir  fait  taire  l'univers  (1) 

Et  ne  laisse  ici-bas  de  parole  qu'aux  mers , 

Les  couchants  flamboyants  ,  les  aubes  éloilées  , 

Les  heures  de  soleil  et  de  lune  mêlées. 

Et  les  monts  et  les  flots  proclamant  à  ta  fois 

Ce  grand  nom  qu'on  retrouve  au  fond  de  chaque  voix, 

(1)  D'après  la  règle,  il  faudrait  une  virgule  au  bout  de  ce  vers;  mais  il 
est  bon  d'éviter  les  rompliralions  ,  quand  la  clarté  n'a  pas  à  en  souflrir. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  2(53 

El  l'hymne  inexpliqué  ^ui,  parmi  des  bruits  d'ailes, 

P^a  de  l'aire  de  t'aigh  au  nid  des  hirondelles  , 

Et  ce  cercle  dont  l'homme  a  sitôt  fait  te  tour , 

L'innocence,  ta  foi,  ta  prière,  l'amour, 

El  l'éternel  reflet  de  lumière  et  de  flamme 

Que  l'âme  verse  au  monde  et  que  Dieu  verse  à  l'âme.  (Idem.) 

Ce  n'est  point  la  virgule,  c'est  le  point-virgule  que  le  poète  emploie  ici, 
pour  distinguer  les  parties  de  cette  magnifique  énumération  ;  mais  (que  le 
poète  nous  pardonne  notre  hardiesse)  le  point-virgule  rompt  ici  en  tout 
sens  le  tissu  de  sa  phrase  ,  il  entrave  la  marche  de  sa  période,  il  empêche 
ce  flot  sublime,  émané  d'une  source  divine,  de  couler  avec  la  liberté  ,  avec 
la  rapidité  nécessaire.  Là  où  la  virgule  est  suffîsante,  dit  M.  Wey  ,  il  ne 
faut  point  la  coiffer  d'un  point  inutile.  11  est  assez  de  cas  ,  en  effet,  oîi  le 
point-virgule  est  indispensable,  sans  qu'on  lui  permette  encore  d'em[)ié(er 
sur  les  fonctions  de  la  virgule. 

La  diarité  consiste  a  aimer  ceux  mêmes  qu'on  aurait  les  plus 
grandes  raisons  de  haïr,  ses  emneux,  ses  détracteurs ,  ses  persécu- 
teurs j  ses  bourreaux,  tous  les  hommes^  grands  ou  petits ,  pauvres 
ou  riches,  beaux  ou  contrefaits ^  aimables  ou  repoussants  ^  tous  les 
hommes,  étrangers  et  concitoyens ,  juif  s  et  chrétiens^  protestants  et 

catholiques j  amis  et  ennemis. 

(L.  N.   Le  Livre  de  Tous.) 

Quelques  masures  verdàlres  ,  penchées  sur  l'eau  devant  ces 
sompttieux  hôtels ,  n'empêchaient  pas  de  voir  les  beaux  an- 
gles de  leurs  façades  ,  leurs  larges  fenêtres  carrées  à  croisées  de 
pierre  ,  leurs  porches  ogives  (\  )  surchargés  de  statues  ,  les  vives  ar- 
rêtes de  leurs  murs  toujours  nettement  coupés ,  et  tous  ces  char- 
mants hasards  d'architecture  qui  font  que  Vart  gothique  a  Vair  de 
recommencer  ses  combinaisons  à  chaque  moment.      (Victor  Hugo.) 

Pour  le  spectateur  qui  arrivait  essoufflé  sur  ce  faîte,  c'était  d'a- 
bord un  éblouissement  de  toits,  de  cheminées ,  de  rues,  de  ponts,  de 
places,  de  flèches,  de  clochers.  (Id.  ) 

Les  idées  de  la  justice,  de  l'ordre ,  et  de  la  toute-puissance,  ne 
peuvent  se  disjoindre. 

Mais,  hélas  !  voici  soudain  venir  la  réalité,  qui  coupe  cours  ;i  nos 

(1)  Dans  le  texte,  porches  ogives  est  écrit  avec  un  trait  d'imion  ,  mais  à 
tort. 

1.  H.  04 


2G6  GUAMMAIRE    FRANÇAISE. 

espérances,  el  nous  atlèle  de  nouveau  au  joug  de  la  paim-eté  ^  de 
r humiliation,  et  de  la  douleur.  (L.  N.  Le  Lii've  de  Tous.) 

Laissons  a  la  philosophie  le  mérite  de  l' indépendance,  le  goût  du 
changement ,  P honneur  de  la  lutte  ,  les  périls  et  l'attrait  de  la  per- 
fectibilité. (CUVILMER  FlEDRY.) 

Les  périls  et  l'atlratl  sont  inséparables,  puisqu'ils  ont  pour  complément 
commun  de  la  perfectibilité. 

Le  penseur,  en  ce  siècle,  peut  avoir  aussi  sa  foi  sainte,  sa  foi 
utile  ,  et  croire ,  je  le  répèle ,  à  la  patrie ,  à  Vintelligence ,  à  la 
poésie  ,  à  la  liberté.  (  ViGTOR  HuGO,  ) 

Une  vie  sans  plaisirs  ,  sans  douleurs  ,  sans  orages  ,  est  une  vie 
bien  monotone. 

Hereuse  l'âme  chrétienne  qui  sait  se  réjouir  sans  dissipation,  s'at- 
trister sans  abattement ,  désirer  sans  inquiétude ,  acquérir  sans  in- 
justice,  posséder  sans  orgueil ,  et  perdre  sans  douleur. 

(Fléchier.) 
L'honneur ,  la  probité  ,  le  sens ,  et  la  raison  , 
Demandent  qu'on  s'applique  avec  attention 
A  remplir  ses  devoirs,  à  ne  nuire  à  personne.  (  Voltaihe.  ) 

La  religion  nous  apprend  à  obéir  aux  puissants,  à  respecter  nos 
maîtres,  à  souffrir  nos  égaux ,  ù  être  affable  envers  nos  inférieurs , 
à  aimer  tous  les  hommes  comme  nous-mêmes .  (Massillon.  ) 

Je  connais  quelqu'un  qui  loue  sans  estimer,  qui  décidé  sans  con- 
naître ,  qui  contredit  sans  avoir  d opinion  ,  qui  parle  sans  penser,  et 
qui  s'occupe  sans  rien  faire.  (La  Bruyère.) 

Souvent  les  compléments  contiennent  toute  une  proposition  : 

Je  crois  qu^elle  ne  pense  plus  du  tout  à  moi ,  qu'elle  m'a  tout  à 
fait  oublié. 

Vous  voulez  que  je  vous  fuie ,  que  je  lyoJis  évite .  que  je  ne  vous 
aime  plus?  Hélas!  cela  n'est  plus  possible. 

Les  grands  semblent  ne  pas  croire  qu'ils  sont  des  hommes  comme, 
nous,  qu'ils  mourront  comme  nous,  qu'ils  se  trouveront  un  jour 
face  a  face  avec  leur  juge.  (  L.  N.  Le  Livre  de  Tous.) 


DES    SIGNES    DE   l»OiNCTLIATl(>N.  267 

Nous  dirons  (jue  fîle  était  à  réoêque,  la  n've  droite  au  préiiùt,  la 
rii>e  gauche  au  recteur.  (Victor  Hugo.  ) 

C'est  coiuine  s'il  y  avait  :  Nous  dirons  que  Vile  était  à  l'évêque, 
que  la  rive  droite  était  au  prévôt,  que  la  rive  gauche  était  au  rec- 
teur . 

On  lit  dans  MM.  Noël  et  Chapsal  et  dans  Girault  Diivivier  : 
a  La  virgule  n'a  pas  lieu  (locution  au  moins  singulière ,  comme  le  remai- 
aque  M.  Wey)  entre  deux  parties  semblables  d'une  même  proposition  , 
"quand  ces  parties  sont  unies  par  une  des  conjonctions  kt,  ou,  ni,  et 
Bija'elles  n'excèdent  pas  ensemble  la  portée  delà  respiration.  Exemples  :  Un 
■0  style  toujours  noble  m  rapide  distingue  les  écrits  de  Bossuel. — Il  parle  de  ce 
s  qu'il  ne  sait  pas  ou  de  ce  qu'il  sait  mal.  —  Ni  l'or  ni  la  grandeur  ne  nous  ren- 
adent  heureux. 

»  Mais  si  les  deux  parties  semblables,  réunies  parla  conjonction,  ont 
«une  certaine  étendue  qui  empêche  qu'on  ne  puisse  aisément  les  prononcer 
•  de  suite  sans  respirer,  alors  nonobstant  la  conjonction  ,  qui  marque  la  di- 
aversité  ,  il  faut  faire  usage  de  la  virgule,  pour  indiquer  la  pause.  C'est  le 
»  besoin  seul  de  respirer  qui  fait  ici  la  loi  (qui  fait  ici  loi  serait  mieux). 
Exemple  : 

«  Tout  rucoiiuaît  ses  lois ,  oh  brigue  son  appui.  » 

"  Admirez  l'à-propos  de  ces  exemples!  voici  un  lecteur  phthisiquc  inca- 
pable de  dire  tout  d'une  haleine  :  Tout  reconnaît  ses  lois  ou  brigue  son  appui, 
et  qui  néanmoins  articulera  sans  se  reprendre  :  Un  style  toujours  noble  et 
rapide  distinf^ue  les  écrits  de  Bossuet.  » 

Cette  observation  de  M.  Wey,  très-piquante  de  vérité,  comme  dit 
Sainte-Beuve ,  sera  goûtée  de  tout  le  monde  comme  de  nous. 

Certes  ce  n'est  pas  le  besoin  de  respirer  qui  nécessite  la  virgule  entre 
ces  deux  hémistiches  : 

Tout  rcconiiaU  ses  lois  ^ou  brigue  son  appui. 

L'acteur  ou  l'orateur  qui  ne  pourrait  articuler  ce  vers  sans  s'arrêter  serait 
bien  près  de  son  apothéose,  c'est  à  dire,  de  sa  dernière  heure  ;  d'autant  plus 
que  la  césure  peut  venir  en  aide  à  sa  voix. 

Non ,  messieurs  les  grammairiens ,  la  conjonction  n'a  pas  pour 
effet  d'abolir  la  virgule  là  où  le  besoin  de  respirer  ne  la  réclame 
pas.  Nous  avons  déjà  dit  que  le  besoin  de  respirer  n'est  pour  rien 
dans  la  ponctuation  ,  tout  entière  soumise  aux  exigences  du  style, 
et  uniquement  destinée  à  marquer  les  joints  des  idées,  les  rapports 
plus  ou  moins  éloignés  quelles  ont  entre  elles,  â  dessiuer  claire- 
ment toutes  les  nuances  de  la  pensée  ,  de  peur  qu'elles  ne  se  me- 


2()8  GRAMMAIRE  FltANÇAISE. 

lent  et  ne  se  confoinlenl ,  el  à  les  faire  saillir  fortement  aux  yeux 
de  l'esprit  comme  les  figures  et  les  arabesques  d'une  mosaïque. 

Reprenons  la  règle  des  grammairiens  :  «  La  virgule  n'a  pas  lieu 
entre  deux  parties  semblables  d'une  même  proposition  ,  quand  ces 
parties  sont  unies  par  %ine  des  conjonctions  et,  ni,  ou.  Cela  doit-il 
s'entendre  de  deux  parties ,  lorsquil  n'y  en  a  pas  un  plus  grand 
nombre,  ou  de  deux  parties  au  milieu  même  d'un  plus  grand  nom- 
bre? Ce  dernier  cas  est  à  supposer  puisqu'ils  écrivent  sans  virgule  , 
La  charité  est  douce,  patiente  et  bienfaisante;  Im  richesse,  i,e 
PLAISIR  et  la  SANTÉ  DEVIENNENT  dcs  maux  pour  qui  ne  sait  pas  en 
user. 

Nous  avons  dit  plus  haut  :  ce  qu'il  faut  en  penser. 

Les  exemples  suivants  confirment  notre  opinion  ou  plutôt  notre 
jugement;  car  il  s'agit  d'une  chose  jugée. 

Une  coquette  est  un  vrai  monstre  à  fuir; 

Mais  une  femme,  et  tendre,  et  belle,  et  sage, 

De  la  nature  est  le  plus  digne  ouvrage.  (  Voltaibk.  ) 

C'est  qu'on  ne  peut  pas  dire,  en  effet,  que  les  adjectifs  tendre,  belle,  sage, 
dans  cet  exemple,  soient  liés,  soient  unis,  soient  conjoints  (1)  et  comme 
soudés  ensemble  par  la  particule  eï,  de  manière  que  la  viiguie  ne  puisse 
adroitement  se  glisser  entre  eux.  Cette  particule  n'est  ici,  disent  les 
grammairiens,  que  pour  donner'  plus  de  poids  à  l'énumération.  Certes, 
ils  ne  croient  pas  si  bien  dire  ,  car  je  ne  sache  pas  ,  en  effet ,  un  procédé 
plus  lourd  qne  de  répéter  ainsi  la  conjonction  sans  nécessité.  Je  ne  crois 
pas  que  M.  Victor  Hugo  ait  jamais  commencé  une  énumération  avec  le 
mot  et.  C'est  que  le  vers  de  Victor  Hugo  n'offre  aucun  vide  aux  chevilles. 

Je  l'ai  vu  »j'ai  goûté  ce  délice  ineffable. 

Et  tel  qu'il  n'est  au  ciel  rien  de  plus  désiiable  ; 

J'en  ai  repu  mes  yeux ,  et  mon  âme,  et  mon  cœur. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 
Un  et  de  plus  avant  le  premier  régime  ,  dans  le  dernier  vers,  pourrait 
bien  ajouter  du  poids  à  ce  vers,  mais  je  doute  qu'il  y  ajoutât  delà  force. 

La  particule  ni  ne  lie  pas  davantage  les  parlies  d'une  énuméra- 
tion; elle  ne  fait  que  les  associer  chacune  individuellement  à  la 
négation  qui  accompagne  le  verbe  : 

Ni  ma  santé.  NI  mes  goûts ,  NI  mes  traç>aux ,  ne  me  permettent 
<le  quitter  ma  douce  velialte.  (Voltaire.  ) 

(1)  Si  le  verbe  soient  n'était  répété  devant  chaque  participe  ,  il  faudrait 
ici  une  virgule. 


DES  SIGNES  DE  l'ONCT LATIOA.  2G9 

Si  Ton  ne  lenail  à  nier  plus  énergiqiiement  en  l'aisant  p;u  ticipri  chaquu 
snjet  à  la  négation  contenue  dans  la  phrase,  on  pourrait  dire  :  Ma  santé, 
mes  goûts  ,  mes  travaux,  ne  me  permettent  pas  ,  etc. 

Antres  exemples  : 

Ni  sa  jeunesse ,  Ni  les  charmes  de  Calypso  et  de  ses  nymphes , 
NI  les  traits  enflammés  de  P amour ,  n'ont  pu  surmonter  les  arti- 
fices de  Minerve.  ( Fésélon. ) 

Ni  la  bienfaisance,  îvi  F  humanité ,  Ni  son  de^mr ,  ne  lui  permet- 
taient de  venir  faire  a  sa  sœur  une  telle  insulte.     (  Marmontel.  ) 

Rien  n'est  constant  dans  le  monde,  ni  les  fortunes  les  plus  flo- 
rissantes ,  NI  les  amitiés  les  plus  im>es ,  ni  les  réputations  les  plus 
brillantes,  ni  les  faveurs  les  plus  en\>iées.  (Massillon.  ) 

La  religion  commande  des  cboses  difficiles,  mais  elle  n'est  Ni 
affreuse,  m  farouche ,  ni  cruelle.  (Benserade.) 

Je  ne  veux  ,  ni  ne  dois  ,  rj  ne  puis  obéir.  (  Mabmohtkl.) 

Quels  seront  nos  trans-ports  a  la  vue  de  cet  immense  Océan  ,  qui 
ne  connaît  m  fond,  ni  terme,  ni  rivage!  (P.  du  Rivet.) 

Je  n'ai  rien  de  ce  qui  fait  le  bonheur  des  hommes,  ni  la  fortune, 
NI  la  gloire ,  ni  P amour. 

Lequel  est  le  plus  grand,  d'Alexandre,  ou  de  César ,  ou  de  Na- 
poléon f 

Soit  bonté,  OV faiblesse,  ou  tout  autre  motif. 

Retenez  bien  une  chose ,  messsieurs  les  grammairiens  et  mes- 
sieurs mes  lecteurs ,  bourgeois  et  hobereaux ,  c'est  que  les  conjonc- 
tions et,  ni,  ou,  ne  peuvent  mettre  en  contact  réel  que  deux  sujets, 
deux  attributs,  deux  régimes,  deux  verbes  ayant  le  même  sujet  et 
le  même  régime  et  fous  deux  affirmatifs  ou  négatifs,  jamais  un  plus 
graud  nombre;  c'est  à  dire  que,  dès  qu'il  y  en  a  plus  de  dcux,^  ou 
les  sépare  par  des  virgules.  Exemples  : 

Le  malheur  et  l'injustice  aigrissent  les  meilleurs  caractères. 

V ambition  ET  t avarice  des  hommes  sont  les  seules  sources  de 
leurs  malheurs.  (Fénélon.) 

L'irrésolution  craintive  sm  rêveuse  rampe  derrière  la  paresse  qui 
liaîne  r impuissance  et  la  pauvreté,  (Siiakesi'EAKE.  I 


270  (Jlt.VMMAIKE    lUAAÇUSE, 

(je  pi'ioce  ainuiit  Eijaoon'sdit  les  lettres. 

Tout  ce  que  j'aperçois  me  charme  bt  m'intéresse.      (La  Harpe.) 

Le  texte  porte  une  virgule,  mais  bien  à  tort.  Est-ce  encore  le  besoin  de 
respirer  qui  la  nécessite .-*  Grâce  à  mes  lourds  et  pénibles  travaux  ,  j'ai  la 
poitrine  assez  faible  et  l'haleine  assez  courte.  Néanmoins  ,  je  suis  encore 
en  état  de  prononcer  ce  vers  d'un  bout  à  l'autre  sans  m'arrêter. 

Le  bonlieur  est  égal  entre  le  prince  qui  troiaie  son  homme  El 
r homme  qui  trouoe  son  prince.  (  François  I^r.  ) 

Le  texte  porte  une  virgule  avant  la  conjonction  et;  c'est  une  faute. 
Le  soleil  m  la  mort  ne  se  peuvent  regarder  fixement. 

(  La  Rochefoucauld.  ) 

Ni  l'âge  MI  l'expérience 

Ne  peuvent  corriger  nos  mœurs.  (Le  Bailly.  } 

/V;'  le  bonheur  m  le  mérite  seul  ne  font  l'élévation  des  hommes. 

(VAmENARGUES.) 

Dans  le  texte ,  les  deux  sujets  de  celte  proposition  sont  isolés  l'un  de 
l'autre,  ainsi  que  du  verbe,  par  des  virgules.  Cela  ne  nous  paraît  pas  plus 
logique  qu'il  ne  faut. 

On  n'est  jamais  ni  si  heureux  ki  si  malheureux  qu'on  se  l'ima- 
gine. (  La  Rochefoucauld.  ) 

C'est  le  sort  des  choses  humaines  de  n'être  ni  stables  m  perma- 
nentes. (Vaugelas.) 

Quelques-uns  pourraient  être  tentés  de  mettre  une  virgule  après  C'est  le 
sort  des  choses  humaines.  Il  faut  bien  qu'ils  s'en  gardent ,  car,  dans  ces 
sortes  de  phrases  particulières  à  la  langue  française,  la  particule  de  n'est  là 
justement  que  pour  mettre  le  verbe  en  contact  avec  ce  qui  le  précède. 
L'analyse  de  cette  phrase  peut  se  faire  ainsi  :  Cela ,  c'est  à  dire,  la  chose, 
lu  propriété  de  n'être  ni  stables  ni  permanentes  est  Icsort  deschoses  humaines. 

11  ne  faut  être  ni  aoaj-e  m  prodigue. 

C'est  parce  que  les  animaux  ne  peuvent  joindre  ensemble  au- 
cune idée  qu'ils  ne  pensent  ni  ne  parlent;  c'est  pour  la  même  rai- 
raison  qu'ils  nimwntent  m  ne  perfectionnent  rien.        (  BUFFON.) 

Celui  qui  aime  véritablement  ne  craint  ni  le  fer  ni  le  feu. 

(L.  N.  Le  Livre  de  Tous.  ) 

Nous  sommes  si  pou   tails  pour  être  heureux  ici-bas,  qu'il  faut 


DES  SIGNES  DE  ^0\CTIJATI()> .  271 

nécessairement  que  Vâme  ou  /(•  courps  sonffre,  quand  ils  ne  souf- 
frent pas  tous  deux.  (J.  J.  Rousseau.) 

Selon  que  vous  serez  puissant  ou  misérable , 

Les  jugements  de  cour  vous  rendront  blaiic  ou  noir. 

(  La  Fontaine.  ) 

Selon  qu'(7  vous  menace  ou  bie«  qu'il  vous  caresse  , 

La  cour  autour  de  vous  ou  s'éloigne  or  s'empresse.         (  Racinf.  ) 

Ayez  moins  de  frayeur  ou  moins  de  modestie.  (  Id.  ) 

Avec  moi ,  de  ce  pas  ,  venez  vaincre  ou  mourir.  (Boileau.) 

Elle  doit  épouser  ,  non  pas  vous,  non  pas  moi, 

Mais  de  vous  ou  de  moi  quiconque  sera  roi.  (  Corneille.  ) 

Le  texte  porte  un  point-virgule  au  bout  du  premier  vers  ;  comment  cela 
peut-il  être?  La  virgule  qui  suit  le  verbe  épouser  s'ex|)lique  par  l'analyse 
suivante  :  elle  doit  épouser  quelqu'un.  Qui?  Non  pas  vous,  no7i  pas  moi, 
mais,  etc. 

Qui  de  toiov  de  moi  a  le  plus  gagné  a  ce  changement  de  posi- 
tion? (La  Bruyèi\e.) 

Lequel  est  le  plus  heureux  dès  ce  monde,  du  sage  iwec  sa  raisan 
ou  du  dè^ot  ûi'cc  son  délire  .^  ^, 

Us  combattaient  pour  savoir  de  qui  ils  seraient  esclaves,  ou 
d'Octave  ou  d'yhiioine.  (J.  J.  Rousseau.  ) 

Lequel  des  deux  a  tort ,  ou  celui  qui  cesse  d'aimer  ou  celui  c/ui 
cesse  de  plaire  F 

Souvent  les  parties  semblables  d'une  proposition  sont  liées  deux 
à  deux  par  la  conjonction  ,  comme  dans  ces  exemples  : 

Le  beau  temps  et  ta  pluie,  et  le  froid  et  le  chaud ,  , 

Sont  des  fonds  qu'avec  elle  on  épuise  bientôt.  (  Molière.  ) 

N'oubliez  pas  qu'ici  la  virgule  est  nécessaire  avant  le  verbe,  si  l'on  ne 
veut  pas  que  l'atlribut  se  rapporte  plutôt  aux  deux  derniers  sujets  qu'aux 
deux  premiers  ,  si  l'on  ne  veut  pas  infecter  jusqu'à  la  grammaire  de  l'hor- 
rible partialité  qui  distinguo  le  Journal  des  Débats. 

Rien  n'échappe  a  la  vue  de  la  Pythie,  ni  le  premier  jour  du 
monde  ni  le  dernier  ,  ni  f  étendue  de  l'()cé<ni  M  le  moindre  de  sr.s 
grains  de  sahle. 


272  GRAMMAIKE    FKAKÇAISE. 

La  fortune,  soit  bonne  ov  mauvaise ,  soit  passagère  ov  constante, 
ne  peut  rien  sur  l'âme  de  celui  qui  aime. 

Dans  ces  exemples,  les  termes  mis  en  contact  s'opposent  l'un  à 
l'autre ,  et  c'est  ce  rapport  d'opposition  qu'il  fallait  exprimer  par 
une  liaison  plus  intime  entre  eux ,  en  les  détachant  par  groupes  du 
corps  de  la  proposition,  au  moyen  de  la  virgule. 

Hors  ces  cas,  retenez  bien  que  les  conjonctions  et,  ni,  ou,  sont 
toujours  précédées  d'une  virgule ,  quand  elles  ne  le  sont  pas  d'un 
point  et  d'une  virgule. 

11  se  releva  ,  et  gagna  le  bord  de  l'eau.  (Victor  Hugo.  ) 

La  virgule  se  montre  ici  parce  qu'il  y  a  deux  propositions  dis- 
tinctes. Dans  la  seconde  il  y  a  ellipse  du  sujet,  voilà  tout.  Or, 
comme  on  le  verra  plus  tard,  deux  propositions  distinctes,  soit 
pleines,  soit  elliptiques  ,  doivent  être  séparées  par  la  ponctuation , 
quel  que  soit  le  terme  qui  les  lie  l'une  à  l'autre.  De  là  la  virgule 
aussi  dans  les  exemples  suivants  : 

Je  plie,  et  ne  romps  pas.  (  La  Fontaine.  ) 

C'est  comme  s'il  y  avait  :  Je  plie  ,  mais  Je  ne  romps  pas.  Grâce  à  la  né- 
gation que  contient  la  seconde  proposition,  et  a  ici  la  force  adversative  de 
7na(5.  Comment  donc  les  grammairiens  ont-Ils  osé  supprimer  la  virgule  ? 
C'est  une  vraie  race  de  Titans  que  ces  grammairiens.  Ils  finiront  par  esca- 
lader le  ciel. 

Tout  reconnaît  ses  lois,  ou  brigue  son  appui.  (  Boileau.  ) 

Si  l'on  ne  peut  aller  jusqu'au  bout  de  ce  vers  sans  respirer,  comment 
fera-t-on  pour  lire  tout  d'une  haleine  cette  phrase  extraite  du  Journal  des 
Débats?  o  La  réponse  de  M.  Ouizol  signifie  qu'il  y  a  déjà  entre  tes  ministres 
de  France  et  d'Angleterre  une  entente  pour  le  sacrifice  du  droit  de  visite  et  son 
remplacement  par  quelqu'un  des  moyens  que  lord  Aberdecn  qualifie  de  non  dé- 
couverts. » 

Le  moyen  pourtant  d'insérer  là  la  moindre  virgule?  11  est  vrai  qu'on 
pourrait  nous  objecter  que  le  style  du  Journal  des  Débats  est  d'une  élé- 
gance contestable. 

Grand  roi ,  cesse  de  vaincre,  ovje  cesse  d'écrire. 

Est-ce  encore  par  égard  pour  ma  courte  haleine  que  l'on  a  introduit  une 
virgule  au  milieu  de  ce  vers?  S'il  en  est  ainsi,  je  leur  en  suis  bien  reconnais- 
sant. Mais  qui  oserait  soutenir  l'affirmative?  Personne,  pas  même  le  maître 
d'école  le  plus  minime,  que  dis-je?  pas  même  Les  Débats.  Il  est  vrai  qne 
Les  Débals  a  l'Iialcinp  plus  longue  que  la  vue. 


DES  SIGNES   Dï:    PONCtUATtON.  27  S 

Ou  signifie  quelquefois  autrement,  d'une  autre  façon  ,  en  d'au- 
tres termes.  Alors  il  est  toujours  précédé  d'une  virgule.  La  logique, 
ou  la  dialectique.  Byzance,  ou  Constantinople . 

Je  vous  ferai  observer ,  en  finissant  ce  paragraphe,  que  quelque- 
fois le  besoin  d'éviter  une  équivoque  justifie  la  présence  d'une  vir- 
gule là  môme  où  l'usage  la  proscrit  ordinairement,  et  vice  versa. 

L'Homme  entre  deux  âges,  et  ses  deux  maîtresses. 

(La    f'oKTAlNE.) 

Sans  la  virgule ,  on  serait  tenté  de  prendre  et  ses  deux  maîtresses 
pour  un  second  complément  de  la  préposition  entre,  qui  n'en  a 
qu'un ,  deux  âges. 

Le  maintien  des  mesures  efficaces  pour  la  répression  de  la  traite 
des  noirs ,  et  la  coexistence  de  sentiments  (1  )  loyaux  et  amicaux  (2) 
entre  les  deux  ipay^ ,  fondas  non  sur  des  concessions  temporaires  et 
vaines,  mais  .sur  une  bonne  intelligence  permanente  et  durable,  doi- 
vent être  les  grands  objets.  {Les  Débats.) 

Quels  grands  objets  ?  Mais  ce  n'est  pas  là  la  question.  Ln  ques- 
tion est  que,  sans  la  virgule  qui,  malgré  la  conjonction  et,  sépare 
les  deux  sujets  de  la  proposition,  on  serait  de  môme  tenté  de  pren- 
dre la  coexistence  de  senlimcnls  pour  un  second  sujet  de  la  prépo- 
sition pour  qui  n'en  a  qu'un  ,  la  répression  de  la  traite  des  noirs. 
Ce  n'est  pas  tout  :  sans  la  virgule ,  les  parties  soulignées  do  1« 
phrase  propres  exclusivement  au  complément  du  second  sujet, 
de  sentiments,  sembleraient  être  communes  au  premier  sujet  lui- 
même. 

D'où  il  suit  qu'il  faut  même  faire  usage  de  la  virgule  entre  deux 
parties  semblables  d'une  même  proposition  ,  quand  l'une  est  com- 
pliquée d'attributs  ou  de  compléments,  d'appendices  explicatifs  qui 
ne  conviennent  point  à  l'autre;  quand,  en  un  mot,  la  clarté  l'exige, 
la  virgule  n'ayant  pas  d'autre  but  que  de  mettre  de  la  clarté  dans 
le  discours. 

Dans  le  vent  qui  passe ,  j'entends  la  cloche  qui  sonne  et  la  mort 
et  la  vie  et  le  mariage ,  j'entends  le  tumulte  de  la  danse  et  le  choc 
des  éperons,  etc.  (  FRÉnÉiiic  Soiimé.  ) 

(1)  Il  va  sans  dire  que,  dans  le  texte,  sentiments  est  écrit  sans  le  t  final 
(lu  singulier, 

(2)  Et  les  grammairiens  qui  ne  croient  pas  au  pluriel  de  cet  adjorliCl 
(jiraiill  DuvivicT  se  hasarde  pourtant  à  dire  ,  des  conseils  amicnls. 


274  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Si  l'on  séparait  par  des  virgules  ces  trois  régimes ,  el  la  morl  et  ta  vie  et 
le  mariage,  on  pourrait  croire  qu'ils  appartiennent  au  verbe  j'entends  , 
tandis  qu'ils  sont  tous  trois  la  propriété  du  verbe  sonne.  11  est  vrai  qu'en 
supprimant  le  premier  et ,  assez  inutile  selon  nous,  l'équivoque  ,  ce  cau- 
chemar des  grammairiens  ,  rentrerait  tant  soit  peu  ici  ses  griffes  et  ses 
cornes. 

Du  reste,  je  l'ai  déjà  dit,  évitez  autant  que  faire  se  peut  les  com- 
plications inutiles  j  ne  subdivisez  pas  trop  les  propositions  inciden- 
tes, quand  la  clarté  ne  l'exige  pas;  car  M.  Francis  Wey  a  peut-être 
raison  lorsqu'il  dit  qu'on  ne  sait  comment  lire  tout  haut  un  écrit 
iourmillant  de  virgules. 

J'entends  l'enfant  qui  pleure  et  la  mère  qui  prie ,  el  quand  le 
\)ent  oient  des  habitations  du  grand  Kesketmet  et  passe,  pour  toi , 
dans  la  bruyère  comme  un  sifflement  monotone,  je  te  dirais  tout  ce 
qu'il  renferme  de  bruits  étranges  et  pleins  de  récits. 

(Frédéric  Soulié.  ) 

L'auteur  a  bien  fait  d'éviter  la  virgule  après  Kesketmet,  dans  la  phrase 
incidente,  mais  il  a  très-mal  fait  de  n'en  pas  mettre  une  après  la  conjonction 
et,  au  commencement  de  cette  même  phrase,  ainsi  qu'après  dans  la  bruyère, 
surtout  d'en  mettre  une  avant  pour  toi.  Le  point-virgule  devait  aussi  rem- 
placer la  virgule  après  la  mère  qui  prie. 

Mais  est-ce  la  faute  de  l'auteur  î  On  sait  combien  tout  ce  qui  s'imprime 
dans  Les  Débats  est  horriblement  mal  ponctué  et  orthographié  ,  bien  que 
ce  journal  se  pose  fièrement  comme  le  seul  et  unique  représentant  des 
saines  doctrines  politiques  ,  religieuses,  littéraires,  et  grammaticales. 

Il  est  vrai  que  ,  de  son  côté  ,  M.  Frédéric  Soulié  ne  se  pique  pas  d'une 
grande  exactitude  ,  lui  qui  dit  en  parlant  des  billets  contenus  dans  le  porte- 
feuille de  Sainte-Mars  :  Ils  étaient  dix  ,  et  qui  fait  dire  à  M.  de  Favreuse  : 
Tout  ce  détail  vous  semble  bien  mièvre  et  bien  insignifiant  ;  etc.  ,  etc. 

Figurez-vous  la  surprise  d'un  étranger,  lorsqu'ayant  cherché  dans  le  dic- 
tionnaire de  l'Académie  le  mot  mièvre  qu'il  ne  comprend  pas  et  le  trouvant 
expliqué  par  ces  autres  mots,  vif,  remuant  ,  espiègle,  un  peu  malicieux ,  il 
relit ,  pour  bien  s'en  pénétrer  ,  la  phrase  de  M.  de  Favreuse. 

Mais  si  je  ne  me  taispas  bientôt,  voilà  tousces  grands  docteurs  du  Journal 
des  Débats  qui  vont  dirp  ,  avec  leur  air  de  souverain  mépris,  que  je  ne  suis 
bon  qu'à  observer  les  points  et  les  virgules. 

Je  n'ajoute  plus  qu'un  mot:  c'est  que,  du  moment  où  les  vocables 
pourraient  être  ainsi  impunément  détournés  de  leur  vrai  sens  et  aussi 
étrangement  accouplés,  la  langue  serait  en  grand  danger  de  se  pervertii-  et 
de  se  perdre  rapidement.  Qu'on  y  songe  bien. 


I>EvS  SIGNES  DE  PONCTUATION .  2  < .» 

II. 

1°  Quand  plusieurs  propositions  se  succèdent  rapidement 
pour  former  un  tableau  vif  et  animé  ,  la  simple  virgule 
suffit  encore  pour  les  séparer ,  si  aucune  d'elles  n'est  sub- 
divisée. 

On  se  menace,  on  court,  l'air  gênait ,  le  fer  brille.        (Racike.  ) 

A  la  voix  de  Jésus-Christ,  les  aveugles  voient,  les  sourds  enten- 
dent ,  les  muets  parlent  ,  les  perclus  marchent ,  les  mourants  se 
lèvent,  les  morts  eux-mêmes  ressuscitent. 

Les  voila  comme  deux  bêtes  cruelles  qui  cherchent  a  se  déchirer; 
le  feu  brille  dans  leurs  yeux  ,  ils  se  raccourcissent ,  ils  s'allongent, 
ils  se  baissent,  ils  se  releoent ,  ils  s'élancent,  ils  sont  altérés  de  sang. 

(Cité  par  Boiste.) 

TibuUe  est  sans  contredit  le  premier  des  poètes  erotiques  ;  sa 
philosophie  est  douce ,  sa  mélancolie  est  touchante ,  son  coloris  est 
brillant ,  ses  tableaux  sont  animés  ,  sa  sensibilité  est  profonde. 

Celui  qui  rampe  est  écrasé^  celui  qui  marche  la  tête  trop  haute  se 
la  brise,  celui  qui  prend  des  détours  se  fourvoie;  marchez  droit, 
sans  orgueil ,  sans  bassesse. 

2«  Il  ne  faut  de  même  qu'une  virgule  entre  deux  pro- 
positions simples  qu'on  oppose  l'une  à  l'autre  : 

Vous  étiez  un  troupeau,  je  vous  fais  nation.         (Lamartine.  ) 

m. 

Contre  l'avis  de  M.  Francis  Wey  (j'en  ai  déjà  louché  un  mot), 
les  conjonctions  et,  ni,  on,  bien  que  leur  fonction  soit  en  effet  d'u- 
nir, délier,  de  mettre  en  rapport,  n'empêchent  pas  la  virgule  de 
se  glisser  entre  deux  propositions,  soit  pleines  ou  elUptiques,  soit 
principales  ou  incidentes  ,  entre  deux  sens  distincts,  quel  que  soit 
leur  peu  d'étendue. 

l'arler  est  trop  facile,  et  c'est  trop  long  d'écrire. 

(  Alfhed  de  Musset,  ) 

Mit  lectrice  rougit  ,  et  j»;  la  btundalisc.  (f'^'  ) 


27(i  GttAMMAlKE    FJi.VNÇAISE. 

Je  voudrais  que  la  loirc  fûl  une  bombe  remplie  de  poudre ,  et 
j'y  mettrais  le  feu  pour  m'amuser. 

(Vœu  philanthropique  de  M.  Hector  Berlioz.  ) 

La  jeune  fille,  essoufflée,  s'arrêta  enfin,  et  le  peuple  l'applaudit 
avec  amour.  (  Victor  Hugo.  ) 

Inconcevable  contradiction  !  On  méprise ,  on  sacrifie  cette  pau- 
vre espèce  humaine ,  et  l'on  fait  tout  pour  obtenir  son  admiration. 

On  montre  bien  rarement  en  parlant  les  qualités  que  l'on  a,  et 
bien  souvent  on  fait  connaître  celles  qui  nous  manquent. 

(Lessing.) 

Si  j'étais  roi,  et  que  dans  quelques  unes  de  mes  villes  il  mourût 
quelqu'un  de  misère,  je  ferais  assembler  tous  les  riches,  et  je  les 
ferais  décimer ,  (  Idem .  ) 

Notre  pauvre  nature  s'arrête  a  la  peine,  et  passe  rapidement  de- 
vant le  plaisir.  (Juste  Lipse.  ) 

On  sous-entend  le  sujet  devant  le  second  verl)e,  dans  ce  dernier  exemple, 
ainsi  que  dans  les  suivants,  \usqn^i\  Je  plie  et  ne  romps  pas ,  inclusivement. 

La  chèvre  leva  son  pied  droit  do  devant,  et  frappa  un  coup  sur 
le  tambour.  (  Victor  Hugo.  ) 

Dzali  leva  son  petit  pied  d'or,  et  frappa  six  coups  sur  le  tam- 
bour. (Idem.  ) 

n  se  releva  ,  et  gagna  le  bord  de  l'eau.  {Déjà  cité.  ) 

La  plupart  des  femmes  n'ont  guère  de  principes;  elles  se  con- 
duisent par  le  cœur ,  et  dépendent ,  pour  les  mœurs ,  les  opinions, 
de  celui  qu'elles  aiment.  ( La  Bruyère.  ) 

Je  plie  ,  ET  ne  romps  pas.  (Déjà  cite.  ) 

On  appelle  cale  la  partie  d'un  quai  qui  forme  une  pente  douce 
iusiju'au  bord  de  l'eau  ,  et  qui  facilite  le  mouvement  ou  le  déchar- 
gement des  bateaux. 

La  chaux  est  un  alcali  qui  se  trouve  ordinairement  combiné  avec 
certains  acides ,  et  surtout  avec  l'acide  carbonique. 

C'est  tomme  s'il  y  avail ,  cl  qui  se  trouve  surtout  combine  avec  l'acide  car- 
bonique. De  là  deux  sens  distincts. 

C'est  Dieu  qui  sur  tun  corps ,  uia  jeune  souveraine, 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION. 

A  versé  la  beauté  comme  une  coupe  pleine  , 

Et  dans  mon  cœur  l'amour.  (Victob  Hugo.) 


277 


C'est  comme  s'il  y  avait ,  Et  gui  dans  mon  cœur  a  versé  l'amour. 

La  Diète  eiiteiidit  la  lecture  du  rapport  cité  plus  haut ,  et  qui 
contenait  ces  mots ,  etc.  (Inouïs  Blanc.  ) 

11  faut  mettre  un  temps  entre  la  vie  et  la  mort,  et  choisir  un  lieu 
propre  a  le  passer.  (  St-Évremont.  ) 

Je  quittai  le  salon  en  souhaitant  qu'un  aérolithe  grand  comme 
une  montagne  pût  tomber  sur  le  palais  de  l'ambassadeur,  et  l'écra- 
ser avec  tout  ce  qu'il  contenait.  (  Hector  Berlioz.  ) 

Le  juge  doit  avoir  le  livre  do  la  loi  a  la  main ,  et  son  esprit  dans 
le  cœur.  (F.  Bacon.) 

Je  vous  souhaite  de  réussir  dans  toutes  vos  entreprises ,  et  de 
nous  revenir  un  jour  comblé  de  gloire  et  d'honneurs. 

On  l'accusait  d'avoir  eu  des  intelligences  avec  les  ennemis,  et 
d'être  la  première  cause  de  ce  désastre. 

Je  le  blâme  d'avoir  fait  telle  chose  ,  et  négligé  telle  autre. 

C'est  une  chose  monstrueuse  que  d'être  élevé  au  plus  hautposte, 
ET  d'avoir  l'âme  la  plus  basse  du  monde.        (  Saint  Bernard.  ) 

L'Europe  est  entrecoupée  par  des  mers  intérieures,  et  arrosée 
par  un  grand  nombre  de  fleuves  et  de  rivières ,  qui  adoucissent 
partout  le  climat,  et  entretiennent  une  humidité  utile  a  la  végéta- 
lion. 

L'Europe  est  la  plus  petite  partie  du  monde,  mais  elle  est  la  plus 
civilisée  ,  et  proportionnellement  la  plus  peuplée. 

Ce  monde-ci  n'est  qu'une  loterie  , 

De  biens  ,  de  rangs,  de  dignités,  de  droits  , 

Brigués  sans  titre  ,  et  répandus  sans  choix.  (  Voltaire.  ) 

Madame,  oubliez-vous 
Que  Thésée  est  mon  père,  et  qu'il  est  votre  époux  ?      (Racine.) 

Quant  a  Louis  Bonaparte ,  il  fut  décidé  qu'on  ne  le  jugerait  pas, 
l>lnsieurs  pairs  de  France,  anciens  serviteurs  de  l'Empire,  s'élant 
récusés  d\mincc ,  ET   fe  jury  paraissant  à  des  hommes  qui  s'cs- 


278  GIUMMAIKE   FUANÇAISE. 

sayaient  à  la  inuiiarchie  une  magistrature  trop  subalterne  pour  pro- 
noncer sur  le  sort  d'un  prince.  (  Louis  Blanc.  ) 

Le  texte  porte  une  virgule  après  monarchie  ;  l'auteur  nous  pardonnera  de 
l'avoir  supprimée. 

Artaxerxe  était  nommé  Longuemain,  parce  que  les  bras  lui  tom- 
baient jusqu'aux  genoux,  ET  non  à  cause  qu'il  avait  une  main  plus 
longue  que  l'autie.  (La  Bruyère.  ) 

Jamais  pêcheur  ne  demanda  un  pardon  plus  humble,  ni  ne  s'en 
crut  plus  indigne.  (Bossuet.  ) 

C'est  comme  s'il  y  avait ,  et  jamais  il  ne  s'en  crut  plus  indigne.  Au  con- 
traire ,  dans  l'exemple  suivant,  où  le  régime  est  commun  aux  deux  verbes, 
la  virgule  serait  une  faute  :  Son  grand  cœur  ne  s'aigrit  wi  ne  s'emporte  contre 
elle.  Le  texte  porte  pourtant  une  virgule. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  vienne,  ni  même  qu'il  pense  à  venir. 

(Académie.  ) 

C'est  comme  s'il  y  avait ,  je  ne  crois  pas  qu'il  vienne,  et  je  ne  crois  môme 
pas  qu'il  pense  à  venir. 

Nul  n'est  content  de  sa  fortune ,  ni  mécontent  de  son  esprit. 
(  Cité  par  MM.  JSoel  et  Chapsal.  ) 

C'est  comme  s'il  y  avait  ,  et  nul  n'est  mécontent  de  son  esprit.  Ces  mes- 
sieurs trouvent  que  a  les  parties  unies  par  ni  ont  trop  d'étendue  pour  qu'on 
puisse  faire  une  pause  après  fortune.  «On  voit  bien  qu'ils  n'avaient  pas  en- 
core lu  le  discours  de  Sainte-Beuve  à  l'Académie  Française.  Ce  qu'il  y  a 
de  plus  plaisant,  c'est  que  le  précepte  relatif  à  l'exemple  que  nous  venons  de 
citer ,  long  de  trois  lignes,  n'offre  pas  une  seule  virgule. 

Ceux-ci  n'en  sont  pas ,  ni  ceux-là  non  plus.  (Académie.) 

Grand  roi ,  cesse  de  vaincre  ,  ou  je  cesse  d'écrire.       (Déjà  cité.) 

Que  vouliez-vous  qu'il  fît  contre  trois? — Qu'il  mourût , 

Oo  qu'un  beau  désespoir  alors  le  secourût.  (Cohneille.) 

Tout  reconnaît  ses  lois  ,  od  brigue  son  appui.  (Déjà  cite.  ) 

Dans  nn  objet  aimé  qu'est-ce  donc  que  l'on  aime  ? 
Est-ce  du  taffetas  ,  ou  du  papier  gommé  ? 
C'est  comme  s'il  y  avait ,   ou  est-ce  du  papier  gommé  ?  Les  deux  hémi 
sticbes  du  premier  vers  dépendent  trop  l'un  de  l'autre,  pour  ne  pas  re- 
pousser la  virgule  quOn  a  mise  enire  eux, 

Pans  tous  Ict  exemples  que  nous  venons  de  (ilcr  Ja  virgule  esta 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  279 

peu  près  indispensable ,  qaoi  qu'en  dise  M.  Francis  Wey,  qui  Irouve 
très-ridicule  que  vous  déliiez  avec  la  virgule  ce  que  vous  liez  avec 
la  conjonction.  Toutefois,  je  l'ai  déjà  dit,  dans  les  phrases  inci- 
dentes, il  faut  éviter  les  complications,  autant  qu'on  peut  le  faire 
sans  nuire  à  la  clarté. 

Vous,  qui  buvez  l'absinlhe  kt répandez  le  miel. 

Vous  tous  ,  enfants  de  l'ait,  venez  ,  troupe  choisie, 

Venez  sécher  votre  aile  au  vent  de  poésie  , 

Et  prendre  de  nouveau  votre  essor  vers  le  ciell 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations,  ) 

La  France,  depuis  longtemps  désolée  par  ses  dissensions  Wi  presque 
conquise  par  les  armes  anglaises ,  semblait  toucher  a  sa  ruine 
entière.  (Loriquet.) 

Le  texte  porte  une  virgule  après  dissensions. 

A  peine  fiîmes-nous  seuls,  qu'elle  parcourut  ma  chambre  des 
regards  et  qu'elle  me  dit.  (  Frédéric  Soulié.  ) 

De  même  ,  quand  des  deux  parties  liées  par  la  conjonction  la  se- 
conde n'offre  pas  un  sens  très-distinct  du  sens  de  la  première  et 
n'est  ajoutée  à  celle-ci  que  par  surabondance,  comme  une  sorte  de 
corollaire,  pour  la  fortifier  ou  l'embellir;  ou  que  du  moins  elle  en 
est  la  conséquence  naturelle ,  alors  on  peut  se  dispenser  de  la  vir- 
gule. Exemples  : 

Vous  voulez  que  Je  fuie  et  que  je  vous  évite.  (  Racine.) 

Ces  deux  expressions  ne  représentent  guère  qu'une  seule  et  même  idée. 
De  là  l'absence  de  la  virgule,  suffisamment  suppléée  ici  par  la  conjonclion. 

Je  crus  que  mes  adversaires  étaient  entrés  l'épée  nue  à  la  main 
ET  avaient  porté  la  terreur  dans  l'âme  de  mon  hôtesse. 

(Frédéric  Soulié.) 

La  proposition  qui  suit  la  conjonction  et  reste  unie  à  celle  qui  précède, 
parce  qu'elle  en  est  la  conséquence  naturelle  et  ne  fait  que  la  compléter. 
Tels  sont  encore  les  exemples  suivants: 

Il  est  malheureux  parce  qu'il  vous  aime  et  qu'il  ne  peut  vivre  sans 
vous. 

Je  vous  souhaite  de  faire  fortune  ET  d'être  heureux. 

M.  Berlioz  n'a  tué  personne  et  n'a  mis  le  feu  à  aucun  palais  , 
mais  peu  s'en  faut.  (Cuvilliek  Fleuhv.  ) 


280  OnAMMAlRE  FRANÇAISE. 

Dans  l'article  de  M.  Cuvillicr  Flcury ,  celte  phrase  vient  à  la  suite  de 
celle-ci  :  Le  Jour  où  l'ambition  allume  cette  fièvre  clans  le  sang  et  exalte  celte 
folie  dans  le  cerveau  ,  ce  jour-là  on  met  le  feu ,  comme  Alexandre  le  macédo- 
nien ,  au  palais  de  cèdre  de  PersèpoUs ,  ex  on  tue  Clytus.  Pourquoi  la  virgule 
entre  les  deux  propositions  qui  rappèlent  l'incendie  du  palais  de  Persépolis  et 
la  mort  de  Clytus?  C'est  qu'il  s'agit  ici,  je  le  crois  ,  de  deux  actions  bien 
distinctes;  tandis  que  dans  la  phrase  dont  M.  Berlioz  est  le  sujet,  les  deux 
parties  jointes  par  la  conjonction  et  ne  signifient  guère  qu'une  seule  et 
même  chose ,  c'est  à  dire  ,  que  M.  Berlioz  n'a  rien  fait  de  semblable  (1). 

La  première  partie  de  la  phrase  de  M.  Cuvillier  Fleury,  citée  dans  notre 
remarque,  offre  un  exemple  frappant  du  cas  où  il  faut  supprimer  la  virgule 
devant  la  conjonction  et.  M.  Cuvillier  Fleury,  il  faut  lui  rendre  cette  jus- 
tice ,  ponctue  d'une  manière  assez  exacte  ,  et  corrige  lui-même  ses 
épreuves  ;  mais  ce  qu'on  ne  saurait  lui  pardonner,  c'est  d'appartenir  corps 
et  âme  à  une  coterie  scélérate  qui  a  pris  pour  devise  : 

Nul  n'aura  de  Pesprit,  Iiors  nous  et  nos  amis. 

Il  écrit  pourtant  Alexandre  le  Grand  avec  deux  traits  d'union  ,   quoiqu'il 
n'en  mette  pas  un  seul  dans  Alexandre  le  Macédonien. 

Les  républicains,  qui  V  auraient  poursunn  et  abattu  peut-être  au 
sein  de  sa  victoire ,  protégèrent  noblement  sa  défaite  ET  demandè- 
rent respect  pour  son  malheur.  (Louis  Blajvc.) 

Or,  pendant  qu'une  dynastie  née  des  révolutions  et  des  combats 
tombait  ainsi  frappée  dans  la  personne  de  son  plus  jeune  repré- 
sentant ,  le  vieux  Charles  X  touchait  au  tombeau  et  allait  empor- 
ter avec  lui  les  débris  de  cette  monarchie  capétienne  vainement  con- 
sacrée par  la  succession  des  âges.  (Idem.) 

Il  se  jeta  lui-même  au  plus  vite  sur  les  pâtés  et  en  dépêcha  le  plus 
qu'il  put.  (Histoire  du  chien  Gueulenoire.) 

Le  duc  de  Buckingham  était  fort  avare  et  se  refusait  le  néces- 
saire. 

On  sent  que  les  deux  parties  rapprochées  par  la  conjonction,  dans 
ces  exemples ,  tendent  l'une  et  l'autre  au  même  but ,  et  qu'ainsi  il 
serait  fort  malséant  de  les  séparer.  Pour  que  vous  saisissiez  bien 
ladifférencc  dont  il  s'agit,  et  que  vous  ne  prétendiez  pas  cause 

(1)  On  met  une  virgule  après  c'est  à  dire ,  parce  que  c'est  comme  s'il  y 
avait  :  C'est  à  dire,  elles  signifient  seulement  que  M.  Berlioz  n'a  rien  fait  de 
semblable.  Le  Journal  des  Débats  se  donne  l'air  de  supprimer  partout  la 
virgule  après  c'est  à  dire.  Quoi  de  plus  illogique,  c'est  à  dire,  de  plus  digne 
du  dit  journal  ? 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  2SI 

d'ignorance ,  je  vais  vous  ciler  encore  quelques  exemples  du  cas 
contraire. 

Un  médecin  fut  immédiatement  appelé,  et  reconnut  les  symp- 
tômes d'un  empoisonnement.  {Les  Débats.) 

Ces  deux  propositions  seraient  séparées  par  un  point ,  sans  la  conjonc- 
tion el,  qui ,  sans  les  unir  parfaitement,  les  rapproche  pourtant  assez  pour 
que  la  virgule  suffise  à  combler  l'intervalle  laissé  entre  elles.  Remarque/,  en 
outre  que  le  sujet  du  verbe  fut  appelé  ne  peut  pas  être  en  niénie  temps  celui 
du  verbe  reconnut;  qu'il  faudrait  absolument  et  il  reco7inul ,  ou  lequel  re- 
connut. Mais  de  telles  fautes  sont  familières  au  Journal  des  Débats. 

Je  ne  me  permettrai  jamais  de  dire  ;  J'ai  guéri  tel  malade,  mais  : 
Je  lui  ai  donné  mes  soins ,  ET  sa  maladie  s'est  terminée  heureuse- 
ment. (Le  docteur  Lorry.  ) 

Tous  lui  répondirent  qu'une  vie  si  précieuse  au  monde  intéres- 
sait le  ciel,  et  que  Dieu  ferait  un  miracle  pour  le  guérir. 

(  Histoire  de  Richelieu.) 

Pourquoi  les  prédicateurs  s'élèvent-ils  sans  cesse  contre  l'amour 
ET  jamais  contre  la  guerre? 

Il  ordonna  de  fermer  les  portes ,  et  d'ouvrir  les  fenêtres. 

Je  craindrais  de  faire  au  lecteur  la  même  injure  que  Napoléon 
Landais  lui  a  faite  ,  en  insistant  davantage  sur  ce  point.  Je  lui  ré- 
pèle pourtant,  de  peur  qu'il  ne  l'oublie,  qu'il  ne  faut  point  de  vir- 
gule entre  deux  verbes  qui  ont  un  régime  commun,  ce  régime  fùt- 
il  répété  après  chaque  verbe.  Exemples  : 

Tout  ce  que  j'aperçois  me  charme  ex  m'intéresse.        (  Déjà  cité.  ) 

La  charité  exalte  l'homme  et  le  rend  insensible  aux  plus  cruelles 
primtions.  (L.  N.  Le  Livre  de  Tous.) 

L'habitude  nous  entoure  de  liens  imperceptibles  et  nous  entraîne. 

Elle  lui  jeta  (pielques  pièces  d'or  et  lui  fit  signe  de  nous  laisser. 

Encore  faut-il,  comme  on  le  voit,  que  les  deux  verbes  se  rappor- 
tent au  même  sujet,  el  qu'ils  en  transmettent  l'action  au  régime  tous 
deux  de  la  même  manière.  Il  va  sans  dire  qu'il  faudrait  employer 
la  virgule  dans  ces  exemples  :  La  nature  fait  les  grands  hommes 
ET  la  fortune  les  fait  valoir,  — L'orage  brise  un  chêne,  et  ne  le 
courbepas.  (  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

T.  II.  .ÎG 


282  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

3»  Si  la  copulative  et  n'a  pas  par  elle-mt^me  le  pou- 
voir de  supplanter  la  virgule,  à  coup  sûr  les  autres  conjonc- 
tions l'auront  encore  moins. 

Curius,  à  qui  les  Samnites  offraient  de  l'or,  répondit  que  son 
plaisir  n'était  pas  d'en  avoir,  mais  décommander  a  ceux  qui  en 
avaient.  (Bossdet.) 

Rome  n'était  pas  proprement  une  monarchie  ou  une  république, 
mais  la  tête  d'un  corps  formé  de  tous  les  peuples  du  monde. 

(Montesquieu.) 
Le  premier  de  tous  les  biens  n'est  pas  dans  l'autorité,  mais 
dans  la  liberté.  f  J.  J.  Rousseau.  ) 

Le  flambeau  de  la  critique  ne  doit  pas  brûler,  mais  éclairer. 

(Favart.) 
L'un  est  vaillant,  mais  prompt;  l'autre  est  prudent ,  mais  froid. 
Mais  encore,  mais  enfin  que  dites-vous  de  cela  ?     (Académie.) 

La  tout  est  beau ,  parce  que  tout  est  vrai.         (J.  J.  Rousseau.) 

Le  texte  porle  une  virgule  après  là ,  mais  là  n'est-il  pas  intimement  lié 
avec  ce  qui  le  suit  immédiatement  ? 

Jean  Jacques  Rousseau  a  été  fort  persécuté ,  parce  qu'il  prenait 
le  parti  des  malheureux.  (  Berîsardin  de  St-Pierre.  ) 

Rien  n'enfle  et  n'éblouit  les  grandes  âmes,  parce  que  rien  n'est 
plus  haut  qu'elles.  (Massillon.  ) 

Fais  du  bien  aujourd'hui,  puisque  tu  vis  encore.  (Villefré.) 

Je  l'aime ,  car  ses  yeux  sont  si  doux  !  je  l'adore , 
Car  je  sens  un  besoin  d'aimer  qui  me  dévore 

Et  ne  peut  se  calmer.  (  L.  N.  Amcrt.  et  Consol.  ) 

Et  que  me  servira  que  la  Grèce  m'admire , 

Tandis  que  je  serai  la  fable  de  l'Epire  ?  (  Racine.) 

Nul  empire  n'est  sur,  s'il  n'a  l'amour  pour  base.        (Villefré.) 

Il  ne  veut  pas  qu'on  décide  sur  la  moindre  chose  ,  aidant  qu'elle 
soit  connue  clairement  et  distinctement.  (La  Bruyère.) 

Approchez,  que]e  vous  parle.  (Académie.) 

Souvent,  comme  on  le  verra  plus  loin,  la  simple  virgule  ne  suffit 
pas  avant  ces  conjonctions,  pas  même  avant  la  copulative  et.  et  s'y 


DES  SIGISÈS  DE  PONCTLATIO.X.  285 

fait  assisler  du  point.  Cela  dépend  du  plus  ou  du  moins  dlntimilé, 
de  liaison,  de  connexion,  que  les  deux  propositions  ont  entre  elles. 
Tout  de  suite  un  exemple  par  anticipation  :  On  aime  à  deviner  les 
autres;  mais  on  n'aime  pas  à  être  deviné.  {  Vauvenargues.)  Voilà 
deux  propositions  ayant  chacune  un  sens  complet,  indépendant, 
et  pouvant  subsister  l'une  sans  l'autre.  Par  conséquent  ce  n'était 
pas  assez  de  la  virgule  pour  les  délimiter. 

4"  Souvent  deux  propositions  sont  tellement  engagées 
l'une  dans  l'autre,  qu'elles  se  confondent  réellement  en  une. 
Raison  de  plus ,  quoi  qu'en  disent  quelques  auteurs ,  pour 
en  chercher  le  joint  et  l'indiquer  à  l'aide  du  coin  appelé 
virgule  ;  à  moins  que  ces  deux  propositions  ne  soient  jetées 
comme  incidentes  au  milieu  d'une  proposition  principale. 

Je  ne  craindrais  pas  tant ,  si  j'aimais  moins. 

Tant  d'hommes  ne  seraient  pas  si  insolents,  si  tant  d'autres  n'é- 
taient pas  si  bêtes. 

Si  l'on  ajoutait  foi  à  toutes  les  reliques ,  il  faudrait  souvent  se 
persuader  qu'un  saint  a  eu  dix  têtes  ou  dix  bras. 

Si  l'homme  est  le  seul  des  animaux  qui  sache  qu'il  doit  mourir, 
c'est  pour  qu'il  se  prépare  à  une  bonne  mort. 

Tant  d'événements  inouïs  se  sont  précipités  dans  le  cours  de 
quelques  lustres,  qu'il  faut  renoncer  à  rien  présager  et  s'attendre  à 
tout. 

Apelles  peignit  une  cavale  et  la  peignit  si  bien,  que  les  chevaux 
hennissaient  en  la  voyant. 

A  peine  fut-il  étendu  par  terre,  que  je  lui  tendis  la  main  pour  le 
relever.  (Fénêlon.) 

Je  ne  saurais  faire  un  pas  seulement ,  que  je  ne  l'aie  aussitôt  a 
mes  trousses.  ( Molière.  ) 

Tant  vaut  l'homme ,  tant  vaut  la  terre.  (Proverbe.  ] 

Plus  le  malheur  est  grand ,  plus  il  est  grand  de  vivre.  (Ckébillon.) 
Depuis  que  je  hais  les  sots  , 
Je  hais  presque  tout  le  monde.  (  Cailly.  ) 

Cependant  le  Journal  des  Débats  imprime  sans  virgule  :  Vous  ne 


284  GKAMMAIRE  FRANÇAISE. 

seriez  pas  de  votre  âge  si  vous  n'étiez  pas  de  mon  avis .  Mais  la 
virgule,  en  pareil  cas,  est  indispensable,  ne  fût-ce  que  pour  distin- 
guer le  Sî  conditionnel  du  Si  dubitatif  :  Vous  ne  me  demanderiez  pas 
SI  elle  vous  aimait. 

La  meilleure  preuve  de  ce  que  j'avance  est  dans  l'exemple  sui- 
vant : 

Je  puis  dire,  comme  saint  Péravie  :  Je  suis  si  malheureux  en  tout, 
QUE,  si  je  me  faisais  chapelier^  personne  n'aurait  plus  de  tête. 

Oserait-on  supprimer  une  seule  des  virgules  qui  figurent  dans  cet 
exemple  ?  Et  cependant  il  est  vrai  qu'il  ne  faut  point  de  virgule  avant 
si  dans  la  phrase  suivante  :  Il  n'y  a  que  la  vertu  seule  dont  personne 
ne  peut  mal  user ,  parce  qu'elle  ne  serait  plus  vertu  si  l'on  en  fai- 
sait un  mauvais  usage.  (Bossuet.)  Pourquoi  cela?  Parce  que  les 
deux  membres  de  la  proposition  subordonnée  ne  peuvent  être  que 
conjointement,  et  non  isolément,  la  raison  de  la  première. 

Ainsi  deux  propositions  distinctes  parle  sens,  quelque  dépen- 
dantes qu'elles  soient  Tune  de  l'autre,  doivent  toujours  être  sépa- 
rées par  la  virgule. 

5^  Mais  il  faut  écrire  sans  virgule  toute  proposition 
simple,  c'est  à  dire,  composée  des  seuls  éléments  qui  lui 
sont  propres,  et  dont  conséquemment  le  sens  est  indivisible. 

Dieu  est  bon. 

Les  hommes  sont  méchants. 

Discernez  le  malheureux  du  méchant. 

On  rit  de  l'orgueilleuse  humilité  d'une  préface. 

L'indifférence  est  pour  les  cœurs 

Ce  que  l'hiver  est  pour  la  terre.       (M"»  Dkshoulièrks.) 

Lue  bonue  femme  est  le  plus  beau  présent  et  la  plus  grande  bé- 
nédiction que  nous  puissions  recevoir  du  ciel. 

Les  démons  incarnés  doivent  être  des  femmes  belles  et  mé- 
chantes. 

L'homme  a  besoin  de  la  présence  de  son  semblable  pour  mieux 
jouir  et  moins  souffrir. 

Plusieurs  personnes  pourraient  être  tentées  de  mettre  une  virgule  après 
semblable  ;  «lies  auraient  tort  ,  car  le  sens  ne  s'arrête  pas  là,  el  n'est  com- 
plété que  par  ce  qui  suit. 


DES  SIGAES  DE  l'OiNCTLATION  285 

L'expérience  est  une  sorte  de  question  que  l'art  donne  a  la  na- 
ture pour  la  faire  parler.  (Fk.  Bacon.) 
Remerciez  l'ingrat  lorsqu'il  vous  débarrasse  de  sa  présence. 

Remerciez  l'ingrat  seizii  absurde  sans  la  circonstance  qui  le  juslifie  ,  qui 
l'explique,  sans  le  cumplénient  qui  en  détermine  le  sens.  Donc  point  de 
virgule. 

Le  motif  de  toute  prohibition  légale  doit  être  exprimé  lorsqu'il 
n'est  pas  évident. 

On  blâme  les  malheureux  pour  se  dispenser  de  les  secourir. 

L'éducation  publique  est  nécessaire  à  ceux  qui  doivent  être  des 
hommes  publics. 

Tout  homme  est  soldat  contre  les  criminels  de  lèse-humanité. 

(Tertullien.) 

L'envieux  mourant  éteindrait  volontiers  le  soleil  afin  que  per- 
sonne n'en  jouît  après  lui. 

Il  n'y  a  pas  d'esprit  là  où  il  n'y  a  pas  de  raison.     (Forster.) 

Tout  le  monde  mettrait  une  virgule  avant  l'adverbe  là;  mais  cela  ne 
doit  pas  être. 

C'est  surtout  en  politique  qu'un  mauvais  accommodement  vaut 
mieux  qu'un  bon  procès.  (Proverbe.) 

La  où  le  vulgaire  rit  le  philosophe  admire.  {  Voltaire.  ) 

Le   texte  porte  également  une  virgule  après  rit.  Cela  est-il  raisonnable  i 
Rien  n'empêche  tant  d'être  naturel  que  l'envie  de  le  paraître. 

(La  Rochefoucauld.  ) 
Rien  ne  persuade  tant  les  gens  qui  ont  peu  de  sens  que  ce  qu'ils 
n'entendent  pas.  (De  Retz.) 

Les  sensations  ravissantes  d'une  bonne  action  contribuent  plus» 
au  bonheur  que  tous  les  éloges. 

L'orgueilleuse  domination  aimerait  mieux  voir  périr  sa  patrie 
que  de  courber  sa  tête  sous  le  joug  d'une  autorité  légale. 

Il  faut  moins  d'esprit  pour  tourner  la  religion  en  ridicule  que 
pour  la  défendre. 

Plusieurs  mettraient  une  virgule  après  ridhulc;  car,  dira-t  on 


2SG  GRAMMAIKE    FKANÇAISE. 

il  y  a  bien  ici,  comme  dans  le  paragraphe  précédent,  deux  proposi- 
tions réelles  ,  engagées  l'une  dans  l'autre.  C'est  comme  s'il  y  avait  : 
Il  faut  moins  d'esprit  pour  tourner  la  religion  en  ridicule,  qu'il 
n'en  faut  pour  la  défendre  ;  c'est  à  dire,  Il  faut  de  l'esprilpoxir  tour- 
ner la  religion  en  ridicule ,  il  enfant  davantage  pour  la  défendre. 
D'où  deux  propositions.  —  Voilà  qui  est  d'une  subtilité  admirable, 
mon  cher  lecteur ,  et  le  Journal  des  Débats  ne  manquera  pas  de 
vous  en  faire  son  compliment.  Néanmoins,  comme  je  ne  saurais 
voir  dans  toute  phrase  comparative  que  renonciation  d'un  seul  ju- 
gement ,  je  n'y  vois  de  même  qu'une  seule  proposition  ;  et ,  ne  vous 
en  déplaise ,  je  l'écris  sans  virgule  pour  la  même  raison  que  vous 
écrivez  également  sans  virgule:  Pierre  est  plus  savant  que  Paul. 
Je  n'en  mets  pas  non  plus  dans  la  phrase  suivante  : 

Il  n'y  a  personne  qui  ne  pense  plutôt  a  ce  qu'il  veut  dire  qu'à 
répondre  précisément  a  ce  qu'on  lui  dit. 

(La.  Rochefoucauld.) 

Cela  n'est-il  pas  plus  gracieux  ainsi?  plus  net,  plus  limpide?  Le 
texte  porte  pourtant  une  virgule  après  dire. 

On  m'objectera  que  la  phrase  suivante  aussi  n'est  que  renoncia- 
tion d'un  seul  jugement:  Je  ne  craindrais  pas  tant,  si  j'aimais 
moins.  Je  leur  répondrai  qu'ici  du  moins,  sans  parler  de  beaucoup 
d'autres  considérations,  les  deux  membres  de  la  proposition,  bien 
qu'ils  ne  forment  ensemble  quun  seul  jugement,  ne  dépendent 
pourtant  pas  matériellement  l'un  de  l'autre  à  ce  point,  qu'ils  ne 
puissent  subsister  isolément ,  ou  pour  le  moins  se  tenir  seuls  un 
instant  debout;  tandis  que,  dans  les  phrases  comparatives,  le  second 
membre  dépend  tellement  du  premier,  tant  pour  la  forme  que  pour 
le  sens  ,  qu'il  ne  souffre  pas  la  plus  légère  interruption.  C'est  donc 
sans  remords  que  je  mets  une  virgule  dans  cette  phrase:  Queferiez- 
vous,  si  je  l'aimais?  et  que  je  m'en  dispense  dans  les  suivantes: 

On  aime  mieux  dire  du  mal  de  soi  que  de  n'en  pas  parler. 
La  poésie  est  plus  naturelle  à  l'homme  qu'on  ne  le  pense. 
La  vérité  ne  fait  pas  tant  de  bien  dans  le  monde  que  ses  appa- 
rences y  font  de  mal.  (La  Rochefoucauld. ) 

La  langiitj  allemande  ne  connaît  pas  ce  principe  ,  et  elle  produit  tou- 
jours la  virgule  entre  les  deux  membres  d'une  comparaison  :  Sagen  siemir, 
was  gibt  es  in  der  fVell  berulii^'enderes,  als  die  Tugeiid  (Dites-moi  ce  qu'il  y  a 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  287 

dans  le  inonde  de  plus  calmant  que  la  vertu.)  Je  la  leur  passe  encore  entre 
les  deux  membres  de  la  comparaison,  mais  en  bonne  logique  ;  qu'est-ce 
qui  la  justifie  après  Sagen  sic  mir?  La  phrase  allemande  fourmille  de  vir- 
gules. Juger  plutôt  :  Ailes,  ivas  icii  von  ihnen  hore,  beslàligl,  class  sic  œu$ 
iinbekannten  Griinden  von  meinen  Ueberzeugiingen  abivelchen  (  Tout  ce  que 
j'entends  de  vous  confirme  qoevous  vous  éloignez  de  mes  convictions  par  des 
raisons  inconnues).  Est-ce  qu'on  peut  raisonnablement  séparer  ailes  de  son 
complément  voas  Ich  von  ihnen  hore  ?  Est-ce  qu'on  peut  davantage  séparer 
le  verbe  bestàtigt  à  la  fois  de  son  sujet  et  de  son  complément  et  l'aban- 
donner à  ses  propres  forces  ? 

Je  vous  dis  cela,  mes  nobles  hôtes,  pour  vous  avertir  qu'il  faut  bien  vous 
garder  de  transporter  toutes  ces  virgules  dans  notre  langue  ;  ce  qui  ne  vous 
arrive  que  trop  souvent. 

Voyez  combien  la  langue  française  est  plus  sobre  de  virgules. 

La  danse  ne  diffère  de  la  folie  qu'en  ce  qu'elle  ne  peut  durer 
aussi  long-temps.  (Alphonse,  roi  d'Aragon.) 

C'est  une  grande  méprise  que  de  prendre  des  formules  de  poli- 
tesse pour  des  sentiments  réels.  (De  Meilhan.) 

Il  n'y  a  d'hommes  véritablement  privilégiés  que  ceux  qui  peu- 
vent faire  plus  de  bien  que  les  autres.  (Hortense  S***.) 

Ce  qui  est  dit  est  dit. 

Plusieurs  insèrent  la  virgule  entre  les  deux  verbes  ,  mais  Ce  qui 
est  dit  n'est  que  le  sujet  logique  de  la  proposition  ,  et  ne  répond 
qu'à  un  seul  mot.  Par  conséquent  point  de  virgule,  ni  là  ni  dans  les 
exemples  suivants  : 

Celui  qui  met  un  frein  à  la  fureur  des  flots 

Sait  aussi  des  méchants  arrêter  les  complots.  (  RiciNB.  ) 

I/homme  qui  dit  qu'il  n'est  pas  heureux  peut  le  devenir  par  le 
bonheur  de  ses  amis  ou  de  ses  proches.  (La  Bruyère.) 

Qui  veut  voir  ce  qui  arrivera  doit  considérer  ce  qui  est  arrivé. 

(Machiavel.) 

Le  pauvre  qui  donne  volontiers  un  peu  fait  plus  que  le  riche  qui 
donne  beaucoup  a  contrecœur. 

IV. 

Si  l'ordre  naturel  d'une  proposition  simple  est  (rouble 
par  quelque  inversion ,  disent  les  gramnnairiens ,  la  partie 


288  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

transposée    doit  être  distinguée    du    reste  à  l'aide  de  la 
virgule. 

De  tous  les  plaisirs,  W  n'en  est  guère  de  plus  délicieux  que  celui 
que  l'on  goûte  après  une  bonne  action. 

(Cité  par  Girault  Du\?ivier.  ) 

Y  a-t-il  bien  là  une  inversion  ? 

Déjà  prenait  l'essor,  pour  se  sauoer  vers  les  montagnes,  cet  aigle 
dont  le  vol  hardi  avait  d'abord  effrayé  nos  provinces. 

(  Cité  par  tous  les  grammairiens.  ) 

L'orateur  aurait  pu  dire  :  Cet  aigle  dont  le  vol  hardi  avait  d'abord  effrayé 
nos  provinces  prenait  déjà  l'essor  pour  se  sauver  vers  les  montagnes.  Mais  l'ac- 
tion serait  moins  rapide,  le  tableau  moins  vif. 

Demain,  avant  l'aurore,  il  faut  être  an  palais. 

Philoclès ,  avec  un  air  respectueux  et  modeste,  recevait  les  ca- 
resses du  roi. 

Il  est  venu,  d'une  voix  entrecoupée  de  sanglots,  nous  faire  le  ré- 
cit de  ses  infortunes. 

Je  ne  peux  plus  retrouver  que  bien  rarement  les  chères  extases 
qui ,  durant  cinquante  ans ,  m'avaient  tenu  lieu  de  fortune  et  de 
gloire.  (J.  J.  Rousseau.) 

Pour  faire  une  bonne  grammaire ,  il  faut  un  temps  prodigieux , 
une  patience  de  saint,  et  une  santé  de  fer. 

Dans  la  gueule,  en  travers ,  on  lui  passe  un  bâton.  (  La  Fontaine.  ) 

Selon  nous,  l'inversion  n'est  susceptible  démotiver  l'emploi  de 
la  virgule  que  lorsque  cette  figure  met  en  contact  des  mots  ou  assem- 
blages de  mots  qui  fausseraient  la  perception  du  lecteur ,  comme 
dans  le  vers  de  La  Fontaine,  où  l'adverbe  en  travers  qui  détermine 
le  verbe  passe ,  serait  pris,  sans  l'isolement  opéré  parla  virgule, 
pour  un  complément  de  gueule. 

Evidemment  ce  n'est  pas  l'inversion  elle-même  qui  réclame  la 
virgule  dans  l'exemple  suivant ,  mais  uniquement  le  besoin  d'être 
clair.  En  un  instant,  de  la  plus  amère  douleur  je  passai  à  la  plus 
vive  joie.  (Fénélon.)  Sans  la  virgule  on  prendrait  de  la  plus  amère 
douleur  pour  le  complément  des  mots  en  un  instant. 

Mais  si  rinversion  ne  rompt  pas  la  liaison  des  idées,  si  elle  ne  se 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  28l> 

jelte  pas  eo  travers  de  la  proposition  principale  de  manière  à  en 
suspendre  un  instant  le  cours,  la  virgule  est  inutile. 

D'une  t'oi'jc  entrecoupée  de  sanglots  ils  s'écrièrent. 

D'un  air  distrait  le  bon  prince  écouta 

Tous  les  propos  dont  on  le  tourmenta.  (  Voltaihe.) 

A  tant  d'injures  qu'avez-vous  répondu? 
Je  ne  sentis  point  devant  lui  le  désordre  où  nous  jèle  ordinaire- 
ment la  présence  des  grands  hommes.  (  Montesquieu.  ) 

Sa  muin  sur  ses  chevaux  laissait  flotter  les  rênes.         (Racine.) 

Quels  charmes  ont  pour  vous  des  yeux  infortunés 

Qu'à  des  pleurs  éternels  vous  avez  condamnés  ?  i^d.) 

Au  travers  des  périls  un  grand  cœur  se  fait  jour.  (  hl.  ) 

En  efforts  impuissants  leur  maître  se  consume.  v^^O 

Dans  votre  appartement  allez  vous  reposer.  (  Id.  ) 

L'argent  en  honnête  homme  érige  un  scélérat.  (Boilbau.J 

Où  est  Injustice  là  est  l'avantage.  (St-Louis.) 

Le  texte  porte  une  virgule  apTèsjustice, 

Des  peines  aux  plaisirs  nous  passons  tour  à  tour.  (Racine.) 

Dans  une  heure  vous  la  verrez. 

D'où  il  suit  qu'il  n'y  a  guère  que  les  compléments  circonstanciels 
dont  la  transposition  en  travers  de  la  phrase  oblige  de  recourir  à 
la  virgule. 

L'inversion,  en  allemand,  nécessite  aussi  quelquefois  la  présence 
de  la  virgule. 


J'ai  l'honneur  de  me  recommander 
à  rous,  et  plus  ordinairement  ,  J'ai 
l'honneur  de  vous  saluer. 

Faites-lui  mes  compliments,  et 
dites-lui  que  je  souhaite  de  la  voir 
bientôt  cnlicrement  rétablie. 


Ich  habe  die  Ehre,  mich  ihnen  zu 
empfchlen  (J'ai  l'honneur,  me  à 
vous  de  recommander). 

Machen  sie  ihr  meineEmpfehtung, 
und  sagen  Sie  ihr,  dass  ich  wiins- 
che,  Sie  baldvôlUg  wieder  hergestetlt 
zu  sehen.  (Faites-lui  mes  compli- 
ments, et  dites-lui,  que  je  souhaite, 
la  bientôt  entièrement  rétablie  de 
voir. 

L'inversion    m'explique  bien  la  présence  de  la  virgule  npiiis  die  Ehre, 

T.  II.  7,1 


200  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

dans  le  preuiicr  exemple,  et  après  ich  wiinschc,  clans  le  second;  mais  ce 
que  je  ne  comprends  pas  du  tout  (j'en  demande  pardon  aux  Allemands), 
c'est  qu'il  y  ait  encore  une  virgule  avant  dass  icit  viinsclie,  complément 
naturel  dt  sagen  sie  ihr ,  comme  en  français.  Souvent  on  supprime  la  con- 
jonction dass.  Que  la  virgule  alors  en  tienne  la  place,  rien  déplus  juste; 
mais  que  la  virgule  et  la  conjonction  subsistent  ensemble  ,  même  quand 
le  verbe  qui  régit  celle-ci  la  précède  immédiatement ,  voilà  ,  je  le  répète, 
ce  qui  dépasse  ma  conception.  Mais  de  quoi  vaisje  me  mêler  !  Pardon,  mes 
nobles  hôtes;  je  ne  dis  pas  cela  pour  vous  offenser.  Dieu  m'est  témoin  que 
je  n'ai  en  vue  qu'une  chose,  c'est  de  vous  être  utile.  Or,  comme  vous  avez 
l'habitude  de  transporter  dans  le  français  la  virgule  employée  dans  les  cas 
ci-dessus,  je  vous  engage  à  rompre  cette  habitude  ,  que  la  langue  française 
réprouve  absolument.  Relisez  donc  avec  attention  la  traduction,  en  re- 
gard (1)  ,  des  exemples  cités  plus  haut. 

V. 

Toute  incidente  non  déterminative ,  mais  purement  ex- 
plicative; toute  incise  ,  toute  partie  qui  n'est  qu'accessoire, 
soit  complément  circonstanciel,  soit  opposition  ou  apostro- 
phe, ou  tout  autre  appendice  uniquement  destiné  à  orner,  à 
étendre,  à  développer;  tout  mot  ou  assemblage  de  mots  qu'on 
emploie  seulement  pour  donner  à  ce  qu'on  dit  plus  de  force  ou 
de  grâce-,  enfin  tout  ce  qui  n'est  qu'adjonctif,  tout  ce  qui 
n'entre  pas  essentiellement  dans  la  composition  delà  propo- 
sition principale  ,  et  peut  s'en  retrancher  sans  nuire ,  sinon 
à  la  plénitude,  du  moins  au  sens  de  la  phrase,  doit  être  dis- 
tingué par  la  virgule. 

Les  passions  ,  qui  sont  les  maladies  de  rame ,  ne  viennent  qne  de 
notre  révolte  contre  la  raison. 

(Cité  par  MM.  JSoel  et  Chapsal.) 

En  effet ,  on  peut  dire ,  sans  que  le  sens  principal  en  souffre  nul- 
lement :  Les  liassions  ne  viennent  que  de  notre  révolte  contre  la 
raison.  Dans  cet  exemple  ,  l'incidente  n'est  qu'explicalive. 

Mais  il  faut  écrire  sans  virgule  :  Ne  vous  fiez  pas  aux  hommes 
qui  outragent  la  vérité  dans  leurs  discours  ;  parce  que  l'incidente  est 

(1)  Remarquez  en  passant  que,  si  en  regard  n'était  pas  placé  entre  deux 
virgules,  on  ne  saurait  si  des  exemples  est  le  complément  du  substantif 
iraductioii  ou  le  régime  de  la  locution  prépositive  en  regard. 


DES  SIG.NES  DE  POiXCÏUAÏIO.N.  201 

ici  déleriiiiiialivc  ,  el  que,  si  vous  la  supprimez,  la  proposition  prin- 
cipale offre  un  sens  général  qui  n'est  pas  celui  que  l'on  veut  ex- 
primer. 

Écrivez  de  même  sans  virgule  :  On  est  mort  avant  qu'on  se  soit 
aperçu  qu'on  devait  mourir,  parce  que  ces  mots,  on  est  mort,  n'au- 
raient qu'un  sens  vague  sans  l'incidente  qui  les  détermine. 

Les  Allemands,  plus  facétieux  qu'on  ne  se  l'imagine,  n'admettent 
pas  des  distinctions  aussi  subtiles.  Ils  ne  se  font  aucun  scrupule 
d'écrire  avec  deux  virgules  :  Der  Mann,  welclier  die  Tugend  liebt, 
ist  glûcklich  (  L'homme  qui  aime  la  vertu  est  heureux  )  ;  comme  si 
cette  phrase  n'était  pas  absolument  la  même  que  celle-ci  :  L'homme 
vertueux  est  heureux  (  Der  tugendhafte  Mann  ist  glûcklich). 

Autres  exemples  : 

L'Amérique  fut  découverte  par  Christophe  Colomb ,  en  \  492 , 
sous  le  règne  d'Isabelle. 

Sur  les  côtes  de  l'Asie,  à  l'opposite  de  la  Grèce,  florissait  le 
royaume  de  Troie. 

Dans  ce  charmant  séjour. 
Baigné  de  vos  parfums  et  de  votre  lumière. 
Je  voudrais  près  de  vous  passer  ma  vie  entière. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Je  l'ai  vu,  j'ai  goûté  ce  délice  ineffable. 
Et  tel  qu'il  n'est  au  ciel  rien  de  plus  désirable. 

(L.  ?i.  Fleurs  du  Danube.) 

Le  second  vers  ne  peut  être  considéré  que  comme  «n  appendice  expli- 
catif. 

Un  magistral  doit  toujours  juger  suivant  les  lois,  et  conformé- 
ment à  ce  qu'elles  prescrivent.  (  Marmontel.) 

Monsieur,  voudriez-vous ,  s'il  vous  plait,  me  cueillir  une  rose  ï" 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

O  vase  de  lumière  ,  ô  parfum ,  ô  dictame  , 

Ravissement  des  yeux  et  délice  de  l'âme  , 

Dont  l'éclat  tout  à  coup  à  mes  yeux  se  voila  , 

Etes-vous  bien  beurense,  ««  moins,  vous,  ma  Stella, 

Mon  étoile  d'amour  ?  Êtcs-vous  bien  heureuse  î 

Êtes-vous  dans  ce  ciel  où  voire  finie  pieuse 

D'avance  s'élevait  sur  l'aile  de  sa  foi  ?  (  L.  IN.  Ibid.) 

C'est  dans  ce  faible  objet ,  imperceptible  ouvrage  , 

Q»c  l'art  de  l'ouvrier  me  frappe  da\;mla};p.  (Inouïs  Hatinr.  ) 


-92  tillAMMAlUE    IKANÇAISE, 

A  la  disette  eniin  succède  la  ïamme,  fléau  terrible  sur  lu  terre , 
mais  plus  terrible  mille  fois  sur  le  ouste  abyme  des  eaux. 

(Marmontel.^ 
Un  ami ,  don  du  ciel ,  est  le  vrai  bien  du  sage.  (  Voltaibe.) 

Eh!  que  me  fait ,  à  mot,  cette  Troie  où  je  cours?       (Racihe.) 
Jéhu  ,  l'altier  Jéhti ,  tremble  dans  Samarie.  (  Id.  ) 

Je  l'ai  vu  ,  dis-je,  vu  ,  de  mes  propres  yeux  vu. 
Ce  )/ui  s'appelle  vu.  {  Mouèbê.  ) 

Le  fruit  meurt  en  naissant,  dans  son  i^erme  infecté.     (  VoLTAiat.) 
Soumis  avec  respect  à  sa  volonté  sainte. 
Je  crains  Dieu  ,  cher  Abner ,  et  n'ai  point  d'autre  crainte. 

(  Racin£.  ) 
Aimant  toutes  les  douceurs  de  la  vie ,  et ,  dans  l'occasion  ,  supé- 
rieur au  danger,  le  peuple  d'Athènes  se  délassait  de  la  gloire  par  le 
plaisir. 

Des  expressions  telles  que  dans  l'occasion  équivalent  à  une  proposition 
pleine.  —  C'est  comme  s'il  y  avait ,  et,  quand  l'occasion  s'en  présentait. 

Si  spirituelles  que  soient  les  critiques  du  Constitutionnel,  je  suis 
loin  de  les  approuver  toutes  ;  mais ,  avant  d'accuser  mon  antago- 
niste de  manquer  d'esprit,  à  la  place  du  journal  des  Débats,  je  vou- 
drais en  montrer  moi-même. 

A  la  place  de  M.  Duchâtel,  j'aimerais  que  le  Journal  des  Débats 
répondît  aux  critiques  du  Constitutionnel  contre  ma  personne  au- 
trement qu'en  les  qualifiant  de  «  plates  et  grossières  insultes,  de 
basses  insinuations  ;  »  car  cela  ne  peut  pas  s'appeler  répondre. 

Lequel  est  le  plus  spirituel  et  le  moins  grossier?  de  celui  qui 
dit  :  «Bête!  »  ou  de  celui  qui  répond:  «Grosse  bête!  »  C'est  là 
pourtant,  on  lésait ,  toute  la  polémique  du  Constitutionnel  et  des 
Débats. 

Le  Journal  des  Débats  repi^oche  au  Constitutionnel  de  lui  prêter 
beaucoup  de  sottises.  Ma  foi  !  l'on  ne  prête  qu'aux  riclies. 

L'ironie  est  une  arme  h  deux  tranchants  qu'il  faut  savoir  manier 
pour  ne  pas  s'en  blesser  soi-même  :  «  Vraiment,  nous  n'avons 
pas,  nous,  tant  d'espiit  que  cela ,  »  répond  les  Débats  au  Con- 
stitutionnel. C'est  comme  si  un  aveugle  avouait  qu'il  est  dans  les 
ténèbres. 


DES  SIGISES  DE  PONCTUATlOiV.  295 

Jamais  le  Journal  des  Débals  ne  m'a  si  bien  convaincu  de  son 
impuissance  que  par  la  manière  dont  il  répond  ,  dans  son  numéro 
du  \  %fê<frier,  aux  «  plates  et  grossières  insultes  »  de  son  rival  contre 
M.  Duchâtel. 

On  me  reproche  d'attaquer ,  dans  le  Journal  des  Débats^  un  en- 
nemi puissant,  d'autant  plus  puissant  qu'il  est  l'organe  le  plus  in- 
fluent du  ministère,  le  complaisant  officiel  du  château  ;  mais  le  châ- 
teau ,  mais  le  ministère,  auront,  je  l'espère,  assez  d'esprit  pour 
comprendre  que  je  distingue  entre  le  maître  et  le  valet.  Si  suscep- 
tible qu'il  soit,  le  ministère  peut-il  s'offenser  qu'on  lui  souhaite  de 
meilleurs  valets  ? 

La  vérité  d'ailleurs  est  un  soleil  qu'il  faut  faire  luire  dans  les 
ténèbres  des  préjugés;  et  ma  conscience  ne  pardonne  au  Journal 
des  Débats  ni  ses  éloges  puant  la  camaraderie  de  mille  lieues  a  la 
ronde  ni  ses  critiques  tout  infectées  de  l'esprit  de  parti,  c'est  à  dire, 
de  tout  le  venin  des  mauvaises  passions. 

Que  peut,  après  tout,  contre  moi  le  journal  qu'on  me  présente 
comme  une  hydre  aux  cent  têtes?  Il  est  un  degré  dans  le  malheur 
où  l'homme  ne  craint  plus  rien.  Pauore,  exilé,  seul,  séparé  detous 
mes  parents ,  de  tous  mes  amis , frappé  dans  toutes  mes  affections , 
atteint  dans  mon  exil  par  la  mort  de  ma  mère ,  percé  de  tous  les 
maux  qui  pem'ent  atteindre  le  cœur  de  l'homme ,  vieilli  avant  F  âge 
par  le  malheur,  usé  par  la  souffrance  et  par  les  veilles,  accablé  des 
injustices  les  plus  criantes ,  n'osant  plus  jeter  un  regard  dans  mon 
avenir,  oii  ne  brille  à  mes  yeux  aucune  espérance ,  désormais  in- 
sensible à  tout  ce  qui  fait  la  joie  des  autres,  tant  je  souffre  et  tant  j'ai 
souffert!  importuné  même  par  le  bruit  voisin  d'un  superbe  bal  oiije 
pourrais  être  pendant  que ,  renfermé  de  préférence  dans  mon  réduit, 
j'écris ,  avec  le  sang  de  mon  cœur,  ces  lignes  désespérées ,  je  suis  on 
effet  un  adversaire  digne  du  Journal  des  Débats.  Je  n'attends  pins 
que  le  coup  de  pied  de  l'âne. 

Il  y  a  dans  les  pressentiments  quelque  chose  qui ,  mieux  observé, 
lournirait  la  preuve  de  l'immatérialité  de  l'âme. 

La  prison  des  vents,  dont  Éole  tenait  la  poric ,  est  la  figure  do 
(elle  où  la  morale  doit  retenir  les  passions. 


-^*  GUAMMAIUE    FKANÇAISE. 

Tu  n'as  licii  ,  loi ,  Tyrot ,  ni  temples  ,  ni  richesse  , 

Ni  poètes  ,  ni  dieux  ,  tu  n'as  rien  ,  chasseresse  (1)  ! 

Mais  l'amour  de  ton  cœur  s'appelle  d'un  beau  nom  : 

La  liberté  !  —  Qu'importe  au  Cls  de  la  montagne 

Pour  quel  despote  obscur  envoyé  d'Allemagne 

L'homme  de  la  prairie  écorche  le  sillon? 

Ce  n'est  pas  son  métier  de  traîner  la  charrue  ; 

II  couche  sur  la  neige  ,  il  soupe  quand  il  tue  ; 

II  vit  dans  l'air  du  ciel  qui  n'appartient  qu'à  Dieu. 

L'air  du  ciel  !  l'air  de  tous  !  vierge  comme  le  feu  '. 
Oui,  la  liberté  meurt  sur  le  fumier  des  villes, 
Oui,  vous  qui  la  planiez  sur  vos  guerres  civiles  , 
Vous  la  semez  en  vain  ,  même  sur  vos  lambeaux. 
Il  ne  croît  pas  si  bas,  cet  arbre  aux  verts  rameaux  , 
11  meurt  dans  l'air  humain  ,  plein  de  râles  immondes. 
Il  respire  celui  que  respirent  les  mondes. 
Montez,  voilà  l'échelle  ,  et  Dieu  qui  tend  les  bras. 
Montez  à  lui ,  rêveurs,  il  ne  descendra  pas. 
Prenez-mot  (2)  la  sandale  et  la  pique  ferrée: 
Elle  est  là  sur  les  monts  ,  la  liberté  sacrée. 
C'est  là  qu'à  chaque  pas  l'homme  la  voit  venir  , 
Ou  ,  s'il  l'a  dans  le  cœur,  qu'il  l'y  sent  tressaillir. 

(  Alfred  de  Misset.  ) 

Tout  inconstant  qu'il  est,  chevalier  ,  entre  nous , 

Je  l'avoûrai  ,  j'aime  encor  mon  époux.  (  Iubbbt.  ) 

Hélas  !  petits  moutons  ,  que  vous  êtes  heureux! 
Vous  paissez  dans  nos  champs,  sans  soucis ,  sans  alarmes. 

(M™»   Deshouuèbes.  ) 

Vos  raisons  sont  trop  bonnes  d'elles-mêmes  ,  sans  être  appuyées 

de  ces  secours  étrangers.  (  Racine.) 

Je  l'ai  vue  à  la  fin  ,  celte  grande  cité.  (J.  J.  Kousseau.  ) 

Ah  !  de  peur  de  tomber  ,  ne  courons  pas  si  fort.  (  Molièbe.  ) 

Je  ne  saurais  passer  pour  femme  ,  à  mon  avis , 

Ni  pour  veuve  non  plus  ,  puisqu'en  elTet  j'ignore 

Si  le  mari  que  j'eus  est  mort  ou  vit  encore.  (  Regnabd.) 

La  Providence  est  grande ,  et  j'admire  ,  en  effet , 
Comme  le  bien  succède  à  tout  le  mal  qu'on  fait. 

(  Fabre  d'Ëglautine.  ) 

(1)  Nous  avons  dit  que  Tyro/ est  du  masculin,  mais  le  poète  est  toujours 
libre  ,  quand  il  personnifie  une  contrée  ,  de  lui  prêter  la  forme  d'une 
femme.  Cela  n'empêche  pas  l'auteur  que  nous  citons  de  dire  un  peu  plus 
bas,  conformément  à  notre  principe  :  Tyrol,  tu  n'es  pas  banai. 

Toi  Aonl  la  pauviele 
Tend  une  maigre  main  à  1  linspitalilt'. 

(2)  Moi  n'est  bien  réellement  ici  qu'un  mot  explétif,  mais  il  est  facile  de 
voir  qu'on  ne  saurait  l'isoler  entre  deux  virgules ,  car  il  tient  à  la  phrase 
même  autant  que  le  gui  tient  au  chêne.  On  peut  le  couper,  le  retrancher  , 
mais  non  l'isoler. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  295 

Eti  quelque  pays  et  en  quelque  condition  qu'on  soil  .  an  est  (l'ès- 

libre  ,  pouivu  qu'on  craigne  les  dieux  ,  et  qu'on  ne  craigne  queux. 

Il  n'est  pour  voir  que  l'œil  du  maître; 
Quant  à  moi ,  j'y  mettrais  encor  l'œil  de  l'amant. 

(  La  Fontaine.  ) 

Je  ne  demande  a  mes  lecteurs  que  de  lire  le  tout,  et  tout  de  suite , 
avant  que  déjuger  ;  du  reste,  qu'ils  usent  de  tous  leurs  droits. 

(Girard.) 

Mentor,  non  seulement  jeune  et  courageux ,  mais  doux  et  tran- 
quille,  semblait  commander  aux  vents  et  a  la  mer.      (Féîsélon.) 

Nous  supprimerions  volontiers  la  virgule  qui  précède  mais,  dans  cet 
exemple. 

II  ne  reste  aujourd'hui  qu'un  bien  imperceptible  vestige  de  la 
place  de  Grève ,  telle  qu'elle  existait  alors.  (Victor  Hugo.) 

C'était  la  procession  du  pape  des  fous,  qui,  après  a^mr parcouru 
force  rues  et  carrefours,  débouchait  dans  la  place  de  Grève,  ai>ec 
toutes  ses  torches  et  toute  sa  rumeur.  (Id-) 

M.  Wey  sera  bien  affligé  de  voir,  dans  cette  phrase ,  le  relatif  çnt,  si 
tristement  isolé  entre  deux  virgules.  En  voici  pourtant  encore  un  exemple  : 

Cet  homme ,  ce  téméraire ,  c'était  le  personnage  au  front  chauve, 
QUI,  le  moment  auparavant ,  mêlé  au  groupe  de  la  bohémienne ^ 
AVAIT   GLACÉ   LA  PAUVRE  FILLE   DE  SES   PAROLES   DE  MENACE  ET   DE 

haine.  (I<-i-) 

A  dire  vrai,  je  crois  que  la  virgule  qui  précède  qiii ,  dans  cet  exemple, 
est  déplacée ,  car  c'est  Iiien  là  réellement  une  incidente  déterminative. 
L'éditeur  de  M.  Victor  Hugo  fera  dune  bien  de  la  supprimer  dans  une 
nouvelle  édition  de  Noire-Dame  de  Paris. 

Le  vieux  comte  me  regarda  de  travers,  et  ,  après  un  moment  de 
silence ,  il  reprit  du  ton  le  plus  sardonique. 

(Frédéric  Soulié.) 

Voilà  de  quoi  faire  bondir  et  rugir  M.  Wey  comme  un  lion  blessé. 

«  Un  procédé  assez  lourd  qu'il  est  bon  de  dédaigner ,  dit-il  ,  est  celui  qui 
«consiste  à  isoler  la  copulative  et  entre  deux  virgules.  Voilà  une  particule 
ninventée  pour  joindre,  pour  cimenter  ,  et  que  nous  séparerions  violem- 
»  ment  des  deux  portions  de  phrase  qu'il  s'agit  de  coller  ensemble. 

"  Si  l'on  est  forcé  d'user,  en  pareil  cas,  d'un  signe  ,  il  n'en  faut  employer 
«qu'un  ,  ET  en  le  plaçant  à  droite  ou  à  gauche  de  ta  conjonction ,  on  produira 
»  l'eDet  nécessaire.  » 


29G  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Cela  pourra  scmlilcr  fort  extraordinaire  , 

Et  j'en  sais  qui  riront  d'un  système  pareil, 
comme  dit  M.  Alfred  de  Musset. 

Une  chose  certaine,  c'est  que,  quand  on  ne  raisonne  pas  mieux  que 
cela,  on  ne  mérite  guère  de  figurer  parmi  les  glorieuses  caricatures  de 
l'immortel  Charivari ,  à  côté  des  hommes  les  plus  illustres  du  jour. 

A  vrai  dire ,  on  y  voit  aussi  Jules  Janin  , 

Le  bonnet  sur  la  tête  et  le  fouet  à  la  main  , 

Ce  qui  lui  donne  assez  la  mine  d'un  ânier. 

Or,  qu'est-ce  qu'un  ânier? — C'est  un... — Qu'allez-vous  dire  ? 

Mais  ce  serait  le  monde  à  l'envers  ,  6  délire  l 

Ce  serait  l'âne  assis  sur  le  dos  du  meunier. 

Un  auteur  venait  de  lire  à  Rivarol  un  parallèle  entre  Corneille  et 
Racine, /o//  long  et  fort  ennuyeux.  «  Volre  parallèle,  ha  dit  Riva- 
rol, est  bien  fait,  mais  il  est  un  peu  long.  A  votre  place ,  je  le  ré- 
duirais a  ceci  :  L'un  s'appelait  Pierre  Corneille,  et  l'autre  Jean  Ra- 
cine. 

On  conçoit  qu'il  est  indispensable  de  séparer  par  une  virgule  les  noms 
Corneille  et  Racine  des  adjectifs  long  et  ennuyeux.  Le  besoin  s'en  ferait 
peut-être  moins  sentir  ,  s'il  s'agissait  d'un  parallèle  entre  Gustave  Planche 
et  Jules  Janin. 

Il  faut  savoir  gré  a  la  fortune,  comme  au  jnéchant ,  de  tout  le 
mal  qu'elle  ne  nous  fait  pas. 

Tout  annonce  que  Dieu  a  créé  les  hommes  pour  être  heureux , 
même  sur  la  terre;  eux  seuls  s'empêchent  de  l'être. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube  ). 

Les  hommes  civilisés  aiment  les  disputes,  comme  les  sauvages 
aiment  les  combats. 

Un  de  mes  amis  disait ,  en  parlant  de  Jules  Janin  :  Cet  homme , 
lorsqu'il  rencontre  par  hasard  une  jolie  idée ,  ne  la  quitte  pas  qu'il 
n'en  ail  fait  une  insupportable  fadaise. 

L'esprit  de  Jules  Janin ,  délayé  dans  ses  feuilletons,  est  un  grain 
de  sel  dans  un  grand  muid  d'eau. 

Un  simple  participe,  on  l'a  déjà  vu  ,  peut  équivaloir  à  une  proposition 
complète: 

La  jeune  fille,  essoufflée ,  s'arrêta  enfin ,  et  le  peuple  l'applau- 
d  i  t  avec  amou  r .  (  Victor  Hug  o  .  ) 

C'est  comme  s'il  y  avait,  La  jeune  fille,  qui  était  essoufflée,  s'arrêta  enfin. 
Mais  on  sent  que  la  virgule  serait  superflue  dans  Elle  s'arrêta  essoufflée. 


DES  SIGNES    DE   PONCTUATION.  297 

Arlequin ,  parlant  de  la  noblesse ,  disait  :  Si  Adam  s'était  avisé 
d'acheter  une  charge  de  secrétaire  du  roi ,  nous  serions  tous  no- 
bles, 

Louis  XIV ,  passant  par  Reims ,  fut  harangué  par  le  maire ,  qui  , 
lui  présentant  des  bouteilles  de  vin  et  des  poires  de  rousselet ,  lui 
dit:  «  Sire ,  nous  apportons  a  Votre  Majesté  notre  vin,  nos  poires, 
et  nos  cœurs.  —  Bien ,  répondit  le  roi  en  lui  frappant  sur  f  épaule, 
voila  comme  j'aime  les  harangues.  » 

Le  cardinal  de  Richelieu,  ayant  augmenté  la  pension  de  Vauge- 
las  ,  lui  dit  fort  agréablement  :  «Vous  n'oublierez  pas,  monsieur, 
dans  le  dictionnaire  auquel  iwus  trai'uillez ,  le  mot  pension.  — 
Non,  monseigneur,  lui  répondit  Vaugelas  ;  mais  j'oublierai  encore 
moins  le  mot  reconnaissance.  » 

Piron  allait  entrer  dans  le  salon  d'un  grand  seigneur  au  mo- 
ment où  celui-ci  reconduisait  quelqu'un  de  sa  caste  qui  se  reti- 
rait. L'homme  titré  s' étant  arrêté  a  la  porte  par  politesse  :  «  Passez, 
monsieur  le  duc ,  lui  dit  le  maître  de  la  maison,  ce  n'est  qu'un 
poète.  —  Puisque  les  qualités  sont  connues,  dit  Piron ,  je  prends 
mon  rang.  »>  Et  il  passa  le  premier. 

Citez-moi ,  dans  tout  le  Journal  des  Débats ,  depuis  qu'il  existe, 
une  seule  critique  littéraire  qui  ne  soit  delà  boue  jetée  sur  un  nom 
illustre  ou  un  vil  encens  brûlé  sur  l'autel  de  la  camaraderie.  Parmi 
les  livres  qu'il  vante,  citez-m'en  un  seul  dont  l'auteur  ne  tienne  par 
quelque  lien  à  son  personnel  ou  a  son  entourage.  Comment,  après 
cela,  peut-on  régler  son  opinion  sur  celle  du  Journal  des  Débals? 

Il  faut  être  aveugle  comme  l'est  le  vulgaire  pour  ne  pas  voir  que 
tout  se  fait  la  par  esprit  de  dénigrement  ou  de  complaisance,  pour 
ne  pas  voir 

Qu'ils  sont  là  tout  un  petit  inonde 
Où  chacun  encense  à  la  ronde, 
Puis  se  tient  droit  ,  ayant  cessé. 
Pour  être  à  son  tour  encensé. 

Quel  cas  peut-on  faire  de  la  critique  en  général?  si  l'on  songe  à 
tout  ce  que  les  passions  déchaînées  ont  vomi  d'injures  contre  le 
Tasse,  contre  Cervantes,  contre  Hacinc ,  contre  Vollaire,  conire 

T,  II.  38 


298  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

l'auteur  de  Télémaque ,  contre  le  peintre  des  caractères,  contre 
Chateaubriand  ,  contre  Victor  Hugo ,  contre  tous  les  hommes  de  gé- 
nie ,  sans  en  excepter  Homère  hii-niême. 

L'envie  procède  toujours  de  même  :  si  elle  ne  peut  nier  le  succès, 
elle  nie  le  talent,  le  génie,  et,  se  faisant  une  arme  du  mensonge , 
elle  accuse  effrontément  l'auteur  de  plagiat  ou  d'imitation. 

Jules  Janin ,  pour  son  compte  ,  a  le  talent  de  saisir  des  analogies 
entre  les  choses  les  plus  contraires;  en  sorte  que,  selon  lui,  il  ne 
paraît  pas  une  pièce  sur  le  théâtre  qui  ne  soit  le  calque  ou  la  co- 
pie dénaturée  de  quelque  chef-d'œuvre  qu'il  a  déjà  lu.  Pour  ob- 
scurcir au  yeux  du  public  la  gloire  de  nos  nouveaux  auteurs  ,  ne 
trouvez-vous  pas  le  moyen  bien  imaginé?  Il  n'y  a  que  l'envie  pour 
trouver  de  telles  ressources. 

Et  voyez  l'effet  de  la  camaraderie  :  parce  que  MM.  Duoert  et 
Lausanne  sont  ses  amis ,  M.  Jules  Janin  n'a  jamais  dit  que  Renau- 
DIN  DE  Caen  n'est ,  scène  pour  scène ,  mot  pour  mot^  que  La  maison 
a  deux  portes  de  Calderon ,  habillée  à  la  française. 

Dans  un  article  de  Gustave  Planche ,  inséré  dans  la  CHRONIQUE 
DE  Paris,  reoue  littéraire  morte  depuis  long-temps,  l'auteur  du  Gé- 
nie DU  christianisme  est  traité  de  plagiaire  a  brûlepourpoint  et 
dépouillé  un  a  un  ,  par  une  main  impie ,  de  tous  ses  mérites. 

Nous  avons  vu,  dans  un  journal  de  Bruxelles,  l'auteur  des 
Ïambes  traité  comme  un  écolier  par  le  plus  petit  des  critiques. 

Le  même  petit  auteur  a  dit,  dans  le  même  petit  journal,  que 
M.  Hector  Berlioz  n'avait  pas  la  première  idée  de  la  musique.  A  dire 
vrai,  si  énorme  que  soit  un  pareil  jugement ,  il  ne  l'est  pas  encore 
assez  pour  servir  de  contrepoids  aux  louanges  exorbitantes  que  se 
prodigue  lui-même  et  se  fait  prodiguer  par  ses  amis,  dans  le  Jour- 
nal des  Débats  ,  le  fantastique  auteur  de  la  symphonie  fantasti- 
que. 

Un  silence  dédaigneux  à  l'égard  du  mérite  pauvre ,  les  attaques 
les  plus  violentes  contre  le  mérite  illustre,  les  louanges  les  plus 
exagéiées  pour  lui-même  et  pour  les  siens  ,   qu'ils  aient  ou  non  du 


DES  SIGINES  DE  PONCTUA  rIO^  .  299 

mérite,  telle  est  toute  la  tactique  du  Journal  des  Débats.  C'est  une 
vérité  qu'on  ne  peut  nier,  à  moins  d'être  (weugle. 

«  Pour  moi ,  je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  blâment  M .  de  La  Bruyère 
à  tous  égards,  ni  de  ceux  aussi  {\)  qui  le  louent  sans  réserve.  J'es- 
time, en  effet ,  toutes  les  bonnes  choses  qu'il  a  tirées  de  nos  bons 
auteurs  ;  mais  je  n'estime  pas  la  manière  dont  il  les  a  mises  en 
œuvre.  J'aurais  mieux  aimé  qu'il  nous  les  eût  données  tout  bonne- 
ment comme  il  les  a  prises  que  de  les  avoir  obscurcies  par  un  jar- 
gon ,  prétendant  les  faire  passer  pour  des  choses  de  son  inç>ention  et 
d'une  fonte  nouvelle,  n  (Les  critiques  du  temps.) 

«Tout  ce  que  M.  de  La  Bruyère  y  dit  contre  Théobalde  ne  fait 
que  conflrmer  le  jugement  de  ce  critique ,  qui  aoait  dit  à  cœur  ou- 
vert,  en  parlant  du  discours  de  M.  de  La  Bruyère  :  «  Je  viens  d'en- 
tendre une  grande  vilaine  harangue  de  l'auteur  des  Caractères  , 
qui  m' a  fait  bâiller  vingt  fois  et  m'a  ennuyé  à  la  mort.  »        (l'd.) 

»  Outre  que  M.  de  La  Bruyère  travaille  plus  en  détrempe  qu'à 
l'huile ,  qu'il  n'entend  pas  les  divers  tons  ni  r union  des  couleurs ,  et 
que  d'ordinaire  ses  tableaux  ne  sont  que  croqués,  il  a  encore  le  mal- 
heur, ne  sachant  pas  dessiner  correctement,  qu'il  strapassonne  ses 
figures  et  en  fait  des  grotesques  et  des  monstres.  »  (lidem.) 

«  Ce  ne  serait  jamais  fait ,  si  l'on  voulait  critiquer  toutes  les  ex- 
pressions forcées,  impropres  et  peu  naturelles,  qu'on  veut  faire 
PASSER,  dans  l'ouvrage  de  M.  de  La  Bruyère,  pour  des  beautés 

ET  DES  raffinements  DE   LANGAGE.  »  (lidem.) 

«  M.  de  La  Bruyère,  qui  n'a  point  de  style  formé,  écrivant  au  ha- 
sard, emploie  des  expressions  outrées  eu  des  choses  très-communes; 
et ,  quand  il  en  veut  dire  de  plus  relevées ,  il  les  affaiblit  par  des  ex- 
pressions basses ,  et  fait  ramper  le  fort  avec  le  faible.  »       (Ud.) 

«  J'avoue  que,  si  M.  de  La  Bruyère  avait  pris  un  bon  style,  qu'il 
eut  écrit  avec  pureté  et  fini  davantage  ses  portraits,  ou  ne  pourrait 
sans  injustice  mépriser  son  livre.  Sa  manière  d'écrire,  selon  M.  Mé- 
nage, est  toute  nouvelle  ;  mais  pour  cela  elle  n'en  est  pas  meilleure. 
11  est  difficile  d'introduire  un  nouveau  style  dans  les  langues  et  d'y 

,1)  Evidcuimenl  il  f;iudi  ail  non  plus. 


ôdO  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

l'tîussir,  principalement  tpuind  ces  langues  sont  montées  à  leur  per- 
fection, comme  la  nôtre  l'est  aujourd'hui (\).))  (Critiques du  temps.) 

Les  Faidyt  et  les  Gueudeville ,  avec  quelle  irrévérence  n'ont-ils 
pas  parlé  de  l'auteur  de  Télémaque?  de  cet  homme  dont  Jean  Jac- 
(pies  Rousseau  disait  :  «  Ah  !  si  Fénélon  vivait,  je  voudrais  être  son 
laquais ,  pour  mériter  de  devenir  son  valet  de  chambre?» 

Si  l'auteur  passe  des  critiques  qui  semblent  l'approuver  aux  cri- 
tiques qui  le  condamnent ,  il  a  beau  lire  et  relire  leurs  censures,  il 
n'y  trouve  rien  qui  puisse  l'éclairer.  11  n'y  voit  rien  de  précis,  rien 
de  déterminé.  Ce  sont  partout  des  expressions  vagues  et  ironiques. 
Mais,  au  lieu  de  juger  l'auteur  si  superbement  ^  les  critiques  ne  de- 
vraient-ils pas  avoir  pitié  de  sa  faiblesse ,  lui  montrer  les  vices  de 
son  plan ,  lui  enseigner  les  remèdes?  (Chateaubriand.) 

Ce  qui  résulte  de  tant  de  critiques  amères ,  dit  M.  Montesquieu 
dans  sa  défense  (  car  Montesquieu  aussi  était  obligé  de  se  défendre), 
c'est  que  l'auteur  n'a  point  fait  son  ouvrage  suivant  le  plan  et  les 
vues  de  ses  critiques. 

Cependant  que  revient-il  de  tant  de  censures  multipliées,  oii  l'on 
n'aperçoit  que  l'envie  de  nuire  à  l'ouvrage  et  à  l'auteur,  et  jamais  un 
goilf  impartial  de  critique  P  (Chateaubriand.) 

O  vous ,  race  des  dieux,  phalange  incorruptible  , 
Electeurs  brevetés  des  morts  et  des  vivants, 
Portcclefs  éternels  du  mont  inaccessible , 
Guindés,  guidés,  bridés  ,  confortables  pédants! 
Pharmaciens  du  bon  goût ,  distillateurs  sublimes. 
Seuls  vraiment  immortels  ,  et  seuls  autorises , 
Qui,  d'un  bras  dédaigneux  sur  vos  seins  magnanimes 
Secouant  le  tabac  de  vos  Jabots  usés , 
Avez  toussé  ,  soufflé ,  —  passé  sur  vos  lunettes 
Un  parement  brossé  pour  les  rendre  plus  nettes , 
Et,  d'une  main  soigneuse  ouvrant  l'in-octavo , 
Sans  partialité ,  sans  malveillance  aucune , 
Sans  vouloir  faire  cas  ni  des  ha  !  ni  des  ho  ! 
Avez  lu  posément  —  la  ballade  à  la  lune  ! 
Maîtres  !  maiires  divitis  ,  où  trouverai-je ,  ttélas  ! 
Un  (leuve  où  me  noyer,  une  corde  où  me  pendre, 

(1)   N'esl  cepas  le  mênie  prétexte  qu'on  a  allègue  contre  Victor  Uugu  ? 


DES  SIGNES  DE  l'OiNCTtATlON.  301 

Pour  avoir  oublié  de  faire  écrire  au  bas  : 

Le  public  est  pbié  de  ne  passe  méprendre... 

Chose  si  peu  coûteuse  et  si  simple  à  présent , 

Et  qu'à  tout  les  piliers  on  voit  à  chaque  instant. 

Ah  !  POVEHO ,  0H1ME  !  —  Qu'a  pensé  le  beau  sexe  ? 

On  dit,  maîtres,  on  dit  qu'alors  votre  sourci , 

En  voyant  cette  lune  et  ce  point  sur  cet  i. 

Prit  l'effroyable  aspect  d'un  accent  circonflexe  1 

Et  vous,  libres  penseurs,  dont  te  sobre  dîner 

Est  un  Conseil  d'Etat ,  immortels  Journalistes  , 

Vous  qui  voyez  encor  sur  vos  antiques  listes 

Errer  de  loin  en  loin  te  nom  d'un  abonné  ! 

Savez-vous  le  Pater  et  faites-vous  aux  autres 

Pardon  (1)  de  leurs  péchés  ,  comme  ils  te  font  des  vôtres  ? 

O  vieux  sir  John  Fatstaff  {2)  !  quel  rire  eût  soulevé 

Ton  large  et  joyeux  corps  gonflé  de  vin  d'Espagne  , 

En  voyant  ces  buveurs  ,  troublés  par  le  Champagne, 

Pour  tuer  une  mouche  apporter  un  pavé  1         (  A.  de  Mcjsset.) 

0  iwus  donc ,  le  plus  beau  des  anges  de  Dieu,  dont  la  vue  ma  tant 
de  fois  rad  en  extase,  de  grâce  coiitinuez-moi  dans  le  ciel  l'eslime 
dont  vous  avez  daigné  m'honorer  sur  la  terre  ;  priez  pour  moi, f  ou/- 
que  je  ne  fusse  rien  qui  puisse  me  rendre  indigne  des  promesses  de 
Jésus-Christ  ;  priez  Dieu  pour  qu'il  fortifie  ma  io'i,  car  plus  que  ja- 
mais j'ai  besoin  de  croire  à  cette  autre  oie  oii  \>ous  jouissez  mainte- 
nant d'un  bonheur  parfait ,  et  que  de  toutes  les  espérances  il  ne 
laisse  subsister  en  moi  que  celle  si  douce  et  si  consolante  de  vous 
revoir  un  jour  ;  car ,  après  le  bonheur  de  contempler  Dieu  et  sa  di- 
vine Mère,  je  n'en  conçois  point  de  plus  désirable  que  celui  de 
voire  ineffable  présence.  (L.  N.  Le  Liore  de  Tous.) 

Dieu  sur  notre  chemin  ,  de  distance  en  distance , 

Sème  ainsi  quelques  fleurs. 
De  peur  que  tout  rayon  d'amour  et  d'espérance 

Ne  meure  au  fond  des  cœurs.     (  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 


(1)  Faire  pardon,  cela  est-il  français  ?  vont  s'écrier  les  hommes  de  goût. 
Cela  vaut  cent  fois  mieux  du  moins  dans  le  sens  de  pardonner  que  dans  le 
sens  de  demander  pardon.  Or  on  entend  dire  à  chaque  instant  ,jc  vous  fais 
pardon  pour  ,  Je  vous  demande  pardon, 

(2)  Personnage  comique  de  la  créai  ion  de  Shakespeart:. 


•")(»2  GKAMMAIHE    IKAiXjAlSE. 

Le  malheur  a  jelé  son  umbrc  sur  ma  vie  , 
Et  je  n'ai ,  pour  calmer  ma  soif  inassouvie. 

Que  sa  coupe  de  fiel. 
Je  ne  vis  pas  ,  je  vais  ,  lugubre  et  solitaire , 
Gomme  un  mort  ambulant  qui  traîne  son  suaire 

A  la  face  du  ciel.  (  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  \ 

On  peut  tout  sacrifier  a  l'amour  ,  sauf  T  honnête  et  le  juste. 

(Marmointel.) 
Hormis  loi ,  tout  chez  toi  rencontre  un  doux  accueil.     (Boilbau.  > 
La  vérité,  nonobstant  le  préjugé,  P erreur,  et  le  mensonge,  se  fait 
jour  et  perce  a  la  fin.  (Marmontel.) 

Se  fait  jour  et  perce  sont  deux  expressions  presque  synonymes  qu'il  faut 
bien  se  garder  par  conséquent  de  séparer  par  une  virgule,  d'autant  plus 
que  le  complément  à  la  fin  se  rapporte  à  l'un  (1)  aussi  bien  qu'à  l'autre. 

L'homme  de  bien,  moyennant  une  conduite  égale  et  simple,  se  fait 
chérir  et  honorer  partout.  (Marmontel.) 

Dieu  ne  déclare  pas  tous  les  jours  ses  volontés  par  ses  prophètes, 
touchant  les  rois  et  les  monarchies  qu'il  élèoe  ou  qu'il  détruit. 

(BOSSUET.) 

Nous  supprimerions  volontiers  la  virgule  dans  cet  exemple,  la  partie 
soulignée  étant  absolument  nécessaire  au  sens. 

Tout  périt,  hors  la  gloire  et  la  i^ertu. 

Aimnt  Louis  XIV ,  la  France ,  presque  sans  vaisseaux,  tenait  en 
vain  aux  deux  mers.  (Bossuet.) 

On  pourrait  être  tenté  d'insérer  une  virgule  dans  l'exemple  suivant  :  La 
conscience  nous  avertit  en  ami  avant  de  7wus  punir  en  Juge.  (Stanislas.)  On 
doit  s'en  dispenser  à  cause  de  l'antithèse  qui  empêche  qu'on  ne  puisse  sup- 
primer le  second  membre  de  la  phrase  sans  altérer  le  sens  du  premier, 

Ils  laissent  derrière  eux  le  vrai  honheuT ,  faute  de  le  connaître. 

(FÉNÉLON.) 
Quitter,  en  de  si  grands  besoins. 
Vous ,  le  Pont ,  vous,  Colchos  ,  confiés  a  vos  soinsl        (  Racine.  ) 
Je  t'aimais  inconstant,  qu'aurais-je  fait,  fidèle?  (l'i-) 

La  plupart  se  dispensent  de  la  virgule  avant  fidèle.  Cependant  fidèle  équi- 

(1)  A  l'un  aussi  bien  qu'à  l'autre  se  rapporte,  non  pas  à  expression  , 
mais  aux  mots  se  fait  jour  et  perce  pris  matériellement.  De  là  le  masculin. 


DES  SIGNES   DE  PONCTUATION.  505 

vaut  à  une  proposition  complète;  car  c'est  comme  s'il  y  avait  :  qu'uuruis-je 
fait,  toi  étant  fidèle  ? 

Figure-toi  Pyrrhus,  les  yeux  étincelants  , 

Sur  tous  mes  frères  morts  se  faisant  un  passage, 

Et,  de  sang  tout  couvert,  s'échauffant  au  carnage.      (Racike.) 

Au  grand  déplaisir  de  M.  Wey,  voilà  encore  la  conjonction  kt  isolée 
entre  deux  virgules. 

Une  ancienne  loi,  sacrée  parmi  les  Moscooifes ,  leur  défendait, 
sous  peine  de  mort ,  de  sortir  de  leur  pays  sans  la  permission  de 
leur  patriarche.  (Voltaire.  ) 

L'effronterie  ,  en  France  ,  est  un  vice  à  la  mode  ; 

Rien  n'est  plus  nécessaire,  et  rien  n'est  plus  commode. 

(  La  Fontaine.  ) 
D'après  cet  exemple  on  croira  peut-être  qu'il  faut  une  virgule  après  dans 
un  ménage ,  dans  le  vers  suivant  : 

Dans  un  ménage  il  faut  de  petites  querelles. 

(COLLIN   d'HaRLEVILLE.) 

Erreur,  c&t  dans  un  ménage  est  absolument  nécessaire  à  la  pensée  que 
vous  voulez  exprimer.  En  général ,  quand  une  proposition  n'est  vraie  que 
dans  un  sens  particulier ,  dans  le  sens  restreint  que  lui  donnent  les  mots 
qu'on  serait  tenté  d'isoler  par  la  virgule,  il  faut  les  considérer  comme 
partie  essentielle  de  la  proposition  ,  et  ne  pas  les  séparer.  En  voici  encore 
des  exemples  :  Le  bœuf  était  absolument  inconnu  dans  l'âmébique  méhidio- 
NALE.  (BuFFON.  )  L'égoïste  ne  voit  dans  tout  ce  qd'on  appelle  belles  actions 
que  des  traits  de  dupes.  (Lachetelle  aîné.)  Tous  les  ouvrages  de  l'homme 
sont  vils  et  grossiers  auphès  des  moindres  ouvrages  de  la  natlire.  (Makmon- 
TBL.  )  L'intérêt  n'est  rien  au  prix  du  devoir.  On  écrira  au  contraire  avec 
une  virgule  : 

Je  compte  pour  rien  les  infirmités  qui  me  rendent  mourant , 
au  prix  de  la  douleur  de  n  avoir  aucune  nouvelle  de  madame  de 
JVarens.  (J.  J.  Rousseau.) 

Tout  cela  rentre  absolument  dans  ce  que  nous  avons  déjà  dit  de  l'inci- 
dente explicative  et  de  l'incidente  déterminative. 

On  ne  doit  pas  oublier  pourtant  que  l'inversion  autorise  et  coni- 
mande  même  certains  usages  de  la  virgule  que  le  sens  réprouve. 
Exemple  :  Le  cœur,  pour  être  touché,  n'a  pas  besoin  que  l'imagi- 
nation soit  émue.  On  pourrait  écrire  sans  virgule  :  Le  cœur  n'a  pas 
besoin  que  l'imagination  soit  émue  pour  être  touché;  mais  la  phrase 
deviendrait  amphibologique  et  perdrai!  de  son  élégance. 


'■>0Î  OKAMMAIllE   FH\NÇAISE. 

ToiUes  les  créatures  paraîlroiil  dcvanl  Dieu  comme  le  néant, 
sans  qui/  y  ait  entre  elles  de  prérogatives  autres  que  celles  que  la 
vertu  y  aura  mises.  (Montesquieu.) 

On  écrirait  :ians  virgule  :  Peut-on  être  heureux  sans  qu'il  en  coule  rien  ? 
Parce  que  les  mots  en  italique  font  partie  essentielle  de  la  pensée  qu'on 
veut  exprimer. 

Grands  dieux!  à  ce  noble  maintien  , 
Quel  œil  ne  serait  pas  trompé  comme  le  mien?         (Racine,) 

A  ce  noble  maintien  est  suivi  d'une  virgule  ,  parce  que  c'est  comme  s'il  y 
avait ,  en  voyant  ce  noble  maintien,  ce  qui  forme  une  véritable  proposition 
incidente.  Les  grammairiens  ,  toujours  si  perspicaces  ,  attribuent  cette 
virgule  à  la  puissance  de  l'inversion.  Ils  disent  qu'il  n'en  faut  pas  dans  la 
phrase  suivante ,  parce  que  l'ordre  naturel  n'en  est  pas  troublé  : 

Je  reconnais  mon  sang  à  ce  noble  courroux.  (  Cobneille.  ) 

Les  grammairiens  ne  comprennent  pas  que,  dans  cette  phrase,  les  mots 
en  italique  sont  le  régime  indirect  du  verbe,  et  ne  peuvent  par  consé- 
quent en  être  séparés. 

Après  ces  paroles ,  ils  allèrent  au  lieu  où  la  déesse  les  attendait. 

(FÉNÉLON.  ) 
Après  ces  paroles  est  un  complément  circonstanciel  dont  la  proposition 
principale  pourrait  à   la  rigueur  se  passer.    Il  n'en  est  pas  de  même  des 
mots  de  cette  autre   phrase  imprimés  en  italique  :  Je  pars  contente  après 
cette  assurance.  Ces  mots  sont  absolument  nécessaires  an  sens. 

Les  hommes  civilisés  aiment  les  disputes ,  comme  les  sauvages  ' . 
aiment  les  combats. 

Ne  badinons  pas  sur  la  mort  ;  nous  ne  la  connaissons  pas ,  tant 
la  vie  est  une  forte  distraction.  (Necker.  ) 

Il  craignait  d'ailleurs  qu'on  ne  se  bornât  à  le  renvoyer  en  Suisse, 
ce  qui  eut  fait  de  lui  un  conspirateur  sans  importance ,  dont  il  n'y 
avait  pas  lieu  de  punir  les  témérités  ni  de  redouter  les  entreprises. 

(Louis  Blanc.  ) 

C'est  bien  à  tort  que,  dans  le  texte,  d'ailleurs  est  isolé  entre  deux  virgules . 

Tout  contrat,  soit  civil,  soit  politique,  qui  n'est  pas  libre  est  nul 
et  ne  lie  point. 

Soit  en  bien,  soit  en  mal,  mon  ami,   la  prudence 

Dit  qu'il  faut  rarement  juger  sur  l'apparence.  ((^hijbon.) 

Vous  pouvez,  à  votre  gré,  partir  ou  rester.  (Académie.) 


DES  SIGNES  DÉ  PONCTUATION.  "ÎO?» 

yl  mon  gré ,  la  réponse  de  Victor  Hugo  a  Sainte-Beuve  osi  un 
l'Iief-d'ceuvre  d'éloquence. 

Malgré  (fiûil  en  ail ,  nous  savons  son  secret.         (Académie.) 
Bon  gré,  mal  gré,  vous  viendrez  avec  nous.  (Idem.) 

Sa  propriété  lui  rapporte  dix  mille  francs  de  rentes,  bon  an,  mal 
an.  (Idem.) 

A  tout  prendre,  Louis  XI  était  un  roi.  (Idem.) 

Vos  raisons  sont  spécieuses  ;  mais ,  après  tout ,  le  parti  que  vous 
proposez  pourrait  avoir  de  fâcheux  résultats. 

A  tout  prendre ,  après  tout,  équivalent  aux  deux  propositions  que  voici  : 
En  prenant  toutes  choses  en  considération,  après  toutes  choses  considérées. 
De  là  leui'  isolement  nécessaire  dans  la  phrase. 

Somme  toute,  qu'en  sera-t-il  ?  (Académie.) 

En  somme,  c'est  un  fort  bon  domestique.  (Idem.) 

En  résumé,  j'ai  plus  a  me  louer  de  lui  qu'à  m'en  plaindre. 

(Idem .) 
Vous  dites  qu'il  fut  vaincu  ;  au  contraire ,  il  fut  vainqueur  (c'est 
à  dire  ,  contrairement  à  ce  que  vous  dites  ].  Par  exemple ,  voila  qui 
est  fort.  (Idem.) 

Il  le  fera,  dites-i>ous;  ah!  par  exemple,  c'est  ce  que  nous  verrons. 

(Idem.) 
Il  veut  ce  qu'il  veut ,  à  tort  et  à  droit;  c'est  à  dire ,  Il  veut  ce 
qu'il  veut,  il  le  veut  à  tort  et  à  droit.  (Idem.) 

Il  fit  un  procès-verbal  de  l'état  des  lieux ,  à  telle  fin  que  de  rai- 
son. (Idem.) 

Les  mots  oui,  non,  soit,  d'accord,  bref,  contiennent  de  même  chacun 
une  proposition  elliptique. 

Oui,  oui ,  sois  mon  salut,  ma  lumière,  ma  vie. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

Non ,  que  je  sache.  Non ,  je  n'y  consentirai  jamais.  Non ,  non , 
cent  fois  non.  {Académie.) 

Excellente  raison  pour  qu'ils  ne  se  séparent  point  des  adverbes  vraiment, 
certainement ,  certes,  qui  ne  font  que  rendre  l'âfllrmation  ou  la  négation 
plus  formelle.  Oui  vraiment.  Oui  certainement.  Non  certes.  Non  vraitncnl. 

T.  II.  :,'j 


'0(;  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

Vous  le  voulez,  soii.  (Académie.) 

CVsl  comuic  s'il  j  avait,  Que  cela  soit. 

Je  vous  ai  déjà  dil  que  cela  ne  se  peut,  que  cela  ne  doit  pas  être; 
bref,  je  ne  le  veux  pas.  (Académie.) 

C'est  comme  s'il  y  avait  ,  pour  te  dire  en  peu  de  mots. 

Enfin  a  le  même  sens  que  bref ,  dans  cette  phrase  :  Aimer ,  enfin,  c'est 
cire  tout  douceur,  tout  humilité,  tout  respect,  etc. 

Quelques  auteurs  semblent  ranger  dans  la  même  catégorie  les 
adverbes  vraiment,  certainement,  incontestablement,  évidem- 
ment, etc.  A  leur  avis,  cette  phrase  :  Evidemment  vous  êtes  dans 
l'erreur,  qu'ils  écrivent  avec  une  virgule,  serait  l'équivalente  de  ces 
deux-ci:  Cela  est  évident,  vous  êtes  dans  l'erreur.  Je  crois ,  moi , 
que  celte  phrase  signifie  simplement  :  De  la  manière  la  plus  évi- 
dente vous  êtes  dans  l'erreur,  ou  Vous  êtes  dans  l'erreur  de  la  ma- 
nière la  plus  évidente .  Par  conséquent  je  crois  qu'on  peut  suppri- 
mer la  virgule.  Ne  lit-on  pas  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie  : 
Assurément  cela  est  vrai ,  Assurément  ce  n'est  pas  vous  qui  l'en 
empêcherez.  Certainement  les  hommes  sont  bien  aveugles ,  Vrai- 
ment vous  êtes  un  joli  garçon  (1) . 

Vrai,  adverbe,  s'isole  pourtant  toujours. 

Vous  avez  dit  cela,  ^'rai  F  (Acad.)  Cela  est  conclu  ,  orat  :'  (Idem.) 
Vrai ,  cela  m'oblige.   (Idem.) 

C'est  qu'en  efTet  c'est  comme  s'il  y  avait  :  Fous  avez  dit  cela  ?  est-ce  vrai? 
Cela  est  conclu?  est-ce  vrai?  Il  est  vrai ,  cela  m'oblige.  Vrai,  dans  ces  exem- 
ples, ne  se  rapporte  nullement  au  verbe  de  la  proposition  principale, 
mais,  comme  on  le  voit  à  un  verljc  sous-entendu.  D'où  la  virgule. 

En  vérité,  s'isole  pour  le  même  motif  au  commencement  d'une 
phrase  :  En  vérité,  seriez-vous  capable  d'une  telle  action?  Mais  on 
écrit  sans  virgule  :  Je  vous  le  dis  en  vérité .  A  la  vérité ,  au  con- 
traire, ne  s'isole  point,  parce  qu'il  modifie  réellement  le  verbe  ex- 
primé. A  la  vérité  nous  avons  été  battus,  mais  nous  étions  infé- 
rieurs en  nombre.  (  Acad.  ) 

(1)  Les  autres  mettraient  un  point  entre  chacun  de  ces  exemples  ,  et  de 
cette  m;mière  le  premier  seul  répondrait  à  la  citation  annoncée.  Selon 
moi,  la  majuscule  suffit  pour  les  distinguer  l'un  de  l'autre;  et,  comme  ils 
lnnt  tous  partie  de  la  mêu)e  citation,  il  est  hcjn  ,  il  est  nécessaire  de  no 
mettre  entre  eux  que  l'intervalle  d'une  simple  virgule. 


DES  SIGNES  PE  PONCTUATION.  "OT 

Croiriez-vous  ,  disait  un  chanoine  dans  un  cercle,  que  Saint  Pat, 
après  aooir  eu  la  tête  tranchée,  la  prit  et  la  porta  l'espace  de  deux 
lieues?  A  la  vérité  il  eut  de  la  peine  a  se  mettre  en  marche.  — Je 
le  crois  bien,  observa  un  plaisant,  en  pareille  occasion  il  n'y  a  que 
le  premier  pas  qui  coûte. 

D'où  l'on  peut  remonter  à  ce  principe  ;  Tout  adverbe  ou  locution 
adverbiale  qui  ne  forme  pas  un  sens  à  part,  mais  qui  se  rapporte 
au  verbe  exprimé,  qui  fait  réellement  partie  de  la  proposition  énon- 
cée, doit  être  exempt  de  la  virgule.  Il  y  a  certes  du  courage  à  sup- 
porter la  vie ,  quand  on  est  si  malheureux.  Sans  doute  l'estime 
vaut  mieux  que  la  célébrité.  Il  vaut  mieux  sans  doi;te  faire  le  bien 
que  de  le  connaître;  mais  on  le  fait  plus  sûrement  quand  on  le 
connaît.  (CuaulemagneOEu  général  les  hommes  qui  n'ont  point  de 
caractère  n'ont  point  de  physionomie.  (  LaBaumelle.  )  Les  hommes 
en  général  sont  plus  dignes  de  compassion  que  de  mépris  ou  de 
haine.  (D'Arcon ville.)  On  le  blâme  de  cela,  mais  au  fond  il  n'a 
pas  tort.  (Académie.)  Il  a  peut-être  parlé  avec  trop  de  chaleur,  tnais 
dans  le  fond  il  a  raison.  (Id.)  Il  est  capricieux ,  du  reste  il  est 
honnête  homme,  du  heste  honnête  homme.  {Id.)  Il  est  un  peu  vif, 
mais  au  demeurant  bon  garçon.  ( Id.)  Ici  au  demeurant  est  isolé, 
dans  le  texte,  entre  deux  virgules,  bien  que  cette  locution  soit  tout 
à  fait  analogue  à  celle  qui  précède.—//  a  quelques  défauts,  mais  au 
surplus  il  est  honnête  homme  (Id.)  V^oiliî  encore  une  locution  sy- 
nonyme de  celle  qui  précède  ;  pourquoi  l'Académie  ne  l'a-t-elle  pas 
aussi  retranchée  derrière  deux  virgules? — Enfin  cette  affaire  est  ter- 
minée, fjrf.j  Enfin  ye  voîis  trouve,  fjd.j  Pourquoi  l'Académie  écrit- 
elle  le  premier  de  ces  deux  exemples  avec  une  virgule,  et  le  second 
sans  virgule  ?£n^w  ne  doit  s'isoler  que  lorsqu'il  signifie  ôre/'. — A  la 
FIN  il  est  convenu  de  tout.  (Id.)  Si  l'on  écrit  :  Enfin,  je  vous  trouve, 
avec  une  virgule ,  à  plus  forte  raison  faut-il  en  mettre  une  dans  ce 
dernier  exemple  ,  pourtant  tout  à  fait  analogue  à  celui-ci ,  que  l'A- 
cadémie écrit  à  bon  droit  sans  virgule  :  Finalement  il  en  vint  à 
bout. — Donnez-lui  du  moins  de  quoi  vivre.  {Id.)jy otimN mue  il 
étudie  sept  heures.  (  \d.)—Pour  l'ordinaire  équivaut  a  une  propo- 
sition ,  et  s'isole  par  conséquent:   Pour  l'ordinaire,  les  sots  sont 
méchants.  {Id.)  Toutefois  .  en  y  réfléchissant  bien  ,  je  trouve  que 
potir  l'ordinaire  fait  corps,  comme  tout  autre  adverbe,  avec  la 
pensée  rpion  veut   exprimer,  cl  ne  devrait  pas  en  cire  sépare. 


"'OS  GUAMMAIKE   FRANÇAISE. 

l'our  la  même  raison,  j'écrirais  volontiers  sans  virgule  :  Je  vous  re- 
commande SUR  TOUTES  CHOSES  de  bien  vous  soigner,  Sur  toutes 
choses,  en  effet,  ne  dit  pas  p\u3  que  surtout. — Sur  le  tout^c  m'en 
rapporte  à  vous.  (Acad.)  Par  BOMiEURyeme  trouvai  avoir  assez 
d'urgent  pour  le  payer.  (Acad.)  I'ar  bonheur  pour  \.vijcme  trouvai 
là.  (Id.)  Ces  deux  derniers  exemples  sont  écrits  avec  une  virgule 
dans  le  dictionnaire  de  l'Académie  ;  mais  si,  selon  la  définition  de  l'A- 
cadémie, j)ar  bonhetir  est  l'exact  synonyme  d'heureusement,  pour- 
quoi la  virgule  là  ,  et  point  ici  :  J'étais  inquiet  de  son  retard ,  heu- 
reusement ^7  arriva.  {Id.) — Par  malheur  il  rencontra  son  ennemi. 
(/<0.MALHEUREUSEMENTî7esfn<mt'.(Jrf).  Les  deux  derniers  exemples 
sont  analogues  aux  deux  précédents,  et  donnent  lieu  à  la  même 
observation.— St  par  malheur  vous  verriez  à  le  rencontrer.  Si,  dans 
cet  exemple  ,  l'expression  jmr  malheur  doit  être  isolée  entre 
deux  virgules,  il  faal  que  Vad\erhe  simp\e  malheureîisement ,  qui 
a  la  même  signification  et  ne  modifie  par  le  sens  d'une  autre  ma- 
nière ,  le  soit  aussi.  Cependant  on  écrit  sans  virgule  :  Si  vous  veniez 
à  le  rencontrer  malheureusement.  Si  malheureusement  vous 
veniez  à  le  rencontrer.  La  même  observation  s'applique  à  l'exemple 
suivant  :  Si  vous  le  rencontrez  par  hasard  ,  Si  par  hasard  vous  le 
rencontrez . 

Quelle  différence  y  a  t-il,  en  effet,  entre  les  locutions  dont  on 
vient  de  parler  et  celles-ci  :  à  bon  droit,  avec  raison,  sans  raison, 
avec  précaution ,  par  précaution  ,  par  prudence,  etc.?  Cependant 
ces  dernières  ne  sont  jamais  isolées  du  corps  de  la  phrase  qu'elles 
modifient.  Et  cela  doit  être  ;  car  ,  si  l'on  écrit  avec  deux  virgules , 
Rivarol  disait  des  Hambourgeois ,  fort  spirituellement,  qu'ils 
se  cotisent  pour  entendre  un  bon  mot ,  il  n'y  a  plus  de  raison  pour 
qu'on  n'écrive  pas  :  //  aime ,  tendrement  ,  sa  mère.  Je  crois,  fer- 
mement, qu'il  y  a  un  Dieu,  Cela  est ,  effectivement  ,  vrai. 

Est-il  nécessaire  d'ajouter  que ,  si  ces  adverbes  sont  suivis  de 
quelque  incise,  ce  n'est  pas  proprement  l'adverbe  qui  est  isolé, 
mais  l'incise  elle-même?  Assurément,  de  quelque  manière  que  le 
vice  existe ,  il  n'en  est  pas  moins  le  vice. 

En  effet ,  employé  par  manière  de  conjonction  ,  s'isole  pourtant 
toujours  ,  afin  qu'on  puisse  le  distinguer  de  lui-même  ,  lorsqu'il  est 
adverbe  et  qu'il  signifie  réellement.  Il  dit  que  telle  chose  est  ;  i:n 
EFFET,  peut-on  en  douter ,  après  tant  d'eapériences  ?  l'eut-on  en 
douter,  en  effet,  après  tant  d'expériences  P  Dans  le  sens  de  réel- 


DES  SIGiNES  DE  l'OiNCTLATIOA.  509 

lement  :  Ce  n'est  point  un  conte,  cela  est  en  effet;  //  a  raison  en 
EFFET  ,  Il  le  mérite  en  effet.  Au  fait  s'isole  de  même  :  Au  fait  , 
que  craignez-vous  ? 

Quant  à  la  particule  or ,  on  ne  doit  pas  l'isoler,  à  moins  qu'elle  ne 
soit  immédiatement  suivie  d'une  proposition  incidente,  comme  dans 
ces  exemples  :  Or,  jfonr  en  revenir  à  ce  que  nous  disions,  vous 
saurez  qu'il  était  mon  ennemi  le  plus  acharné. 

Or  ,  autant  le  ciel  est  au-dessus  la  terre,  autant  nous  qui  sommes 
les  rois  du  ciel,  nous  sommes  au-dessus  des  rois  de  la  terre. 

(L.  N.  Le  Livre  de  Tous.) 

II  y  en  a  qui ,  au  commencement  et  même  dans  le  corps  des  phrases  , 
isolent  les  mots  toutefois,  celle  fols ,  cependant,  pourtant ,  par  conséquent , 
maintenant,  puis,  etc.  Exemples:  l.e  dogme  de  l'égalité  devant  la  lolavait  été, 
cependant,  inscrit  dans  la  Clmrtc.  (L.  Blanc.)  Le  mal  s'aggravait,  cependant, 
dejour  enjour.  (Id.)  M.  Tliiers,  pourtant ,  avait  connu  Armand  Carrel  dans 
l'intimité  ,  et  il  le  savait  loyal  Jusi/u'au  scrupule.  (Id.)  De  l'église  de  iSaint- 
Paul ,  où  les  corps  avaient  été  provisoirement  déposés,  jusqu'à  l'hôtel  des  In- 
valides ,  leur  destination  suprême,  ce  n'était  qu'un  océan  de  tctes  ,  océan  dont 
aucune  tempête  ne  devait ,  cette  fois  ,  troubler  les  profondeurs ,  et  qui  rou- 
lait lentement  à  travers  la  ville,  en  la  remplissant  de  son  silence.  (Id.)  Puis  , 
le  roi,  suivi  de  ses  enfants ,  Jeta  l'eau  bénite  sur  le  corps.  (Id.)  Maintenant, 
nous  sommes  sûrs  de  réussir.  (  Id.  ) 

C'est  élrangemcnt  abuser  de  la  virgule.  Mais  est-ce  que  les  mois  ne  font 
pas  partie  intégrante  de  la  pensée  exprimée  par  l'auteur  ?  Ces  mots,  comme 
la  particule  or,  ne  doivent  se  trouver  devant  la  virgule  qu'autant  qu'ils 
sont  séparés  par  une  incise  de  la  proposition  principale  à  laquelle  ils  ap- 
partiennent. 

La  ponctuation  n'est  certes  pas  la  partie  la  mieux  traitée  dans  le  livre  si 
remarquable  de  M.  Louis  Blanc.  Il  n'y  a  pas  jusqu'à  la  conjonction  car  qui 
n'y  soit  flanquée  d'une  virgule  :  Car ,  telle  est  la  misère  des  monarchies ,  tel 
est  le  vice  de  l'engrenage  politique  dont  elles  forment  le  principal  ressort,  que 
la  destinée  d'un  grand  peuple  y  semble  dépendre  de  l'existence  d'un  seul 
homme,  c'est  a  dikb  ,  d'un  coup  de  poignard,  d'une  maladie  aiguë ,  d'une 
roue  de  voilure  qui  se  brise ,  d'un  cheval  qui  s'emporte.  .4ussl  peut-on  dire  que 
te  régime  monarchique  abaisse  outre  mesure  le  niveau  de  l'humanité. 

En  revanciie  on  n'en  a  jias  mis  après  c'est  à  dire,  en  sorte  que  d'un  coup 
de  poignard  se  trouve  être  le  régime,  non  de  dépendre,  mais  de  dire.  II  i'aut 
toujours.une  virgule  après  c'est  à  dire,  quand  il  n'est  pas  immédiatement 
suivi  de  la  conjonction  que  :  L'âme,  c'est  à  dire,  l'intelligence.  (  Acad.) 
yous  êtes  belle  cl  bonne,  c'est  à  dire,  adorable.  Adorable,  comme  belle  et 
bonne,  se  rai>porle  à  vous  êtes,  non  a  c'est  à  dire.  C'est  comme  s'il  y  avait  ; 


■"ilO  GKAMAI.VIKE  lUAAÇAISE. 

f^ous  clés  Oelle  et  bonne,  c'est  a  dire,  vons  êtes  adorable.  Môme  la  conjonc- 
tion que,  quand  elle  dépend  du  verbe  de  la  proposition  principale,  n'em- 
pêclie  pas  la  virgule  :  //  faut  que  Je  me  venge  sur  lui,  c'est  à  dire,  que  je  le 
tue.  C'est  connue  s'il  y  avait,  c'est  à  dire,  il  faut  queje  le  tue.  Dans  la 
phrase  suivante  au  contraire  il  ne  faut  point  de  virgule  :  F^ous  serez  parfai- 
tement libre;  c'est  à  dire  que  vous  travaillerez  à  votre  aise ,  et  que  nul  n'aura 
te  droit  de  vous  contrôler.  (Acad.l  Dans  ce  dernier  cas,  c'est  à  dire  est  pres- 
que toujours  précédé  d'un  point-virgule. 

Quoi  de  pins  disgracieux  que  l'isolement  des  mois  du  moins  dans  cette 
autre  phrase  du  même  livre  .'  Revendiquer  la  ligne  du  Rhin  ,  accepter  la  Bel- 
giquequi  s'offrait,  ou,  du  moins,  provoquer  dans  un  congrès  un  nouveau  règle- 
ment des  affaires  du  monde,  M.  Thiers  n'avait  cru  rien  de  cela  possible.  M.  Wey 
a  bien  raison  ,  on  ne  sait  comment  lire  un  écrit  fourmillant  de  virgules. 

Je  blâme  de  même  l'usage  de  la  virgule  après  les  adverbes  corrélatifs 
ici  et  là  dans  cette  phrase  :  La  ,  /e  vigneron  effeuillait  le  cep  sur  une  colline 
pierreuse  ;  ici  ,  le  cultivateur  appuyait  les  branches  du  pommier  trop  chargé. 
(  CnATEACBRiAKD.  )  Lcs  exemples  suivants  de  l'Académie  en  sont  la  con- 
damnation formelle.  Ici  il  y  a  une  forêt ,  là  une  montagne.  Ici  Alexandre 
gagna  une  bataille,  là  il  passa  une  rivière.  Ici  il  pardonne,  là  il  punit.  Le 
peintre  avait  rassemble  dans  un  même  tableau  plusieurs  objets  différents  :  là 
une  troupe  de  bacchantes ,  ici  un  groupe  déjeunes  gens;  là  un  sacrifice ,  ici 
une  réunion  de  philosophes. 

Mais  je  ne  sais  pas  pourquoi  l'Académie  met  une  virgule  après  d'ici  là , 
dans  cette  phrase,  où  nous  la  supprimons  sans  scrupule  :  D'ici  là  nous 
comptons  deux  lieues.  D'ici  là  ne  fait-il  donc  pas  partie  essentielle  de  la 
pensée  que  vous  voulez  exprimer  ? 

Là  explétif  s'isole  naturellement.  Voyez-vous  toujours  ce  certain  monsieur, 
là,  qui  disait  de  si  plaisantes  choses.  (Acad.)  Fous  souvenez-vous  de  ce  grand 
homme  sec  ,  là ,  qui  venait  si  souvent  chez  moi  autrefois  ?  (  Id.) 

J'en  suis  heureuse,  là,  j'en  ris  ,  ne  vous  déplaise. 

(_  L.   N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

J'espère  que  M.  Francis  Wey  nous  saura  gré  de  cette  éclaircie  dans  les 
«paisses  broussailles  de  la  virgule. 

Mais  je  vous  en  avertis  bien  ,  n'allez  pas,  pour  faire  plaisir  à  M.  Wey, 
perdre  de  vue  le  principe  que  nous  avons  posé  plus  haut;  et,  en  fait 
d'adverbes  surtout  ,  faites  bien  attention  s'ils  se  rapportent  au  verbe  ex- 
primé dans  la  phrase,  ou  s'ils  forment  un  sens  à  part.  Sans  doute  il  serait  fort 
ridicule  de  supprimer  la  virgule  après  d'abord,  puis,  enfin,  dans  la  phrase 
suivante:  D'abord,  agir  de  la  sorte,  c'est  risquer  beaucoup;  puis,  nous  ne 
sommes  pas  en  mesure.  —  En/in  ,  que  faire?  Mais  il  ne  serait  pas  moins  ri- 
dicule d"nn.'li:i  d'abord  vi  ensuite  dans  celle-ci  :  D'abord  travaillons,  ensuite 
nous  nous  amu.serons. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  Ôf  I 

Encore  quelques  exemples  généraux  pour  en  finir  avec  ce  para- 
graphe le  plus  compliqué  de  Ions  et  le  plus  difficile  assurément , 
dans  la  science  de  la  ponctuation. 

Quanta  madame  Ueslaurières,  je  ne  pouvais  me  lasser  de  la  re- 
garder, non  pas  tant  pour  admirer  la  parfaite  élégance  de  ses 
mains,  la  blancheur  délicate  de  sa  peau,  la  grâce  presque  enfantine 
de  ses  traits  lorsqu'ils  étaient  un  moment  en  repos  (I  ),  mais  pour  me 
demander  comment  ces  lèvres  fraîches  et  roses ,  s'umyrant  douce- 
ment sur  des  dents  d'émail,  comment  cet  œil  profond  sous  un  sour- 
cil noir  et  où  la  pensée  semblait  devoir  rayonner  sans  cesse,  com- 
ment ce  front  vaste  et  élevé,  commentées  longs  cheveux  blonds, 
légèrement  ondulés  à  la  racine ,  comme  ceux  de  la  Psyché  anti- 
que (2);  comment,  dis-je,  cette  figure  presque  virginale  pouvait  ser- 
vir d'enveloppe  a  une  pareille  âme  et  a  un  pareil  esprit. 

(Frédéric  Soulié.) 

Cette  plirase,  bien  qu'imprimée  dans  le  Journal  des  Débals,  est  un  modèle 
parfait  de  ponctuation.  Seulement  il  faudrait  que  au  lieu  de  mais  ,  car 
mais  n'a  point  de  corrélation  avec  tant.  Les  fautes  de  cette  nature  fourmi- 
llent chez  tous  nos  faiseurs  de  romans.  On  voit  de  reste  qu'ils  écrivent  moins 
pour  la  gloire  que  pour  l'argent. 

Ne  laissons  pas  échapper  cette  occasion  de  relever  une  faute  constante 
du  Journal  des  Débats  ;  c'est  la  suppression  de  la  virgule  entre  que  et  si , 
dans  des  phrases  analogues  à  celle  que  voici  :  Je  vocs  dis  que  si  vous  atta~ 
quez  le  Journal  des  Débals,  vous  êtes  un  homme  pkbdc.  (Anonyme.  )  Si  voux 
attaquez  le  Journal  des  Débats,  étant  une  phrase  incidente,  doit  nécessai- 
rement être  isolé  entre  deux  virgules. 

Dans  l'une  des  phases  de  la  maladie  à  laquelle  succomba  le 
grand  Frédéric,  le  royal  patient  éprouva  une  crise  qui  sembla  faire 
diversion  au  mal.  Les  médecins  s'en  entretenaient  et  laissaient  con- 
cevoir l'espérance  d'un  rétablissement.  Frédéric,  se  tournant  alors 
du  côté  de  son  neoeu  qui  était  près  du  lit,  lui  dit,  «cec  ce  sourire  sar- 

(4)  Un  écolier  inintelligent  ne  manquerait  pas  de  meUre  une  virguh;  avant 
lorsque,  dans  cette  partie  de  phrase,  sans  considérer  que  la  grâce  enfantine 
ne  subsiste  chez  la  personne  dont  il  s'agit  qu'autant  que  les  traits  île  cette 
personne  sont  en  repos. 

(2)  Ici  l'adverbe  comment  est  séparé  par  un  signe  plus  fort  de  ce  qui 
précède,  parce  qu'il  s'agit  de  résumer  d'un  trait  toutes  les  qualités  par- 
tielles que  l'on  vient  d'énumérer. 


i 


"12  r.R.VMMAIRK   FUVNr.VTSE. 

(loinijiie  i/iii  lui  rhiil  linhitiiel  :  «  Pardoii ,  mon  rieoeii,  si  jo  vous  fais 

attendre.  » 

\-t-il  la  foi ,  celui  qui  oublie  ainsi  dans  les  plaisirs  des  sens  qu'as- 
socié aux  animaux  par  le  corps  ,  comme  il  Pesi  par  l'âme  aux  es- 
prits immortels,  plus  il  s'attache  aux  choses  matérielles,  plus  il 
s'assimile  a  la  brute?  (L.  N.  Le  Livre  de  Tous.) 

Ainsi  ,  quand  la  particule  que  se  trouve  suivie  d'une  plirase  incidente 
dont  le  premier  mot  commence  par  une  voyelle ,  on  ne  l'en  sépare  point 
par  la  vhgule.  Pourquoi  cela?  Apparemment  parce  que  l'élision  ne  permet 
pas  à  la  voix  de  s'arrêter  sur  que.  Mais  il  s'agit  bien  de  la  voix  !  Pour  la  cen- 
tième fois,  il  ne  s'agit  que  de  la  phrase.  Par  conséquent  je  ne  vois  pas  trop 
pourquoi  l'apostrophe  el  la  virgule  s'exclueraient  l'une  l'autre,  quandl'accent 
et  l'apostrophe  ne  s'excluent  pas,  par  exemple,  dans  l'état.  Faisant  accueil  à 
la  virgule  et  réprouvant  l'apostrophe,  MM.  Firmin  Didot  ont  trouvé  joli 
d'imprimer  ces  mots  du  Livre  de  Tous  ainsi  qu'il  suit  :  Qdb  ,  associé  aux 
animaux  par  le  corps.  Pour  moi,  je  ne  me  lerais  pas  le  moindre  scrupule 
d'écrire  :  Qu',  associé  aux  animaux  par  le  corps. 

Que  le  riche  parle,  tous  se  taisent  et  ils  élèvent  ses  paroles  jusqu'aux  nues. 
Aussi  le  Journal  des  Débats  imprime-t-il,  à  l'exemple  de  M.  Firmin  Didot: 
a  C'est  ce  que ,  avant  toutes  choses ,  je  demande  à  ton  amitié. 

«  Il  y  a  des  antipathies  naturelles  qui  sont  bizarres.  On  a  vu 
des  personnes  qui  s'évanouissaient  h  l'odeur  des  roses  et  qui  ai- 
maient celle  des  jonquilles  et  des  tubéreuses  ,  un  gouverneur  de 
ville  frontière  qui  tombait  en  convulsion  en  voyant  des  œufs  de 
carpe ,  une  dame  sujette  a  la  même  incommodité  h  la  vue  d'une 
écrevisse  cuite.  Erasme ,  qui  était  né  à  Rotterdam ,  avait  tant  d'a- 
version pour  le  poisson  ,  qu'il  n'en  pouvait  même  sentir  sans  avoir 
la  fièvre;  et,  si  Ton  en  croit  ytmbroise  Paré  ^  une  personne  fort 
considérable  ne  voyait  jamais  d'anguille  dans  un  repas  qu'elle  ne 
tombât  en  défaillance.  Jamais  Joseph  Scaliger  ne  mangea  de  lait  ; 
ce  qui  lui  a  été  commun  avec  Pierre  d'Apono.  Cardan  avait  hor- 
reur des  œufs  ;  Jules  César  Scaliger  du  cresson  ;  Cladislas  Jagellon, 
roi  de  Pologne ,  des  pommes  ;  et ,  si  Von  en  faisait  sentir  quelqu'une 
à  Du  Chesnc,  secrétaire  de  François  P'^,  il  lui  sortait  une  prodi- 
gieuse quantité  de  sang  du  nez.  Henri  111  ne  pouvait  demeurer  dans 
une  chambre  où  était  un  chat  ;  le  maréchal  duc  de  Schomberg  , 
goin'erneur  du  Languedoc  ^  avait  la  nR'Uie  aversion.  L'empereur 


DES  SIGNES   DE   PONCTUATION.  51' 

Ferdinand  fit  voir,  à  Inspruck  (I),  au  cardinal  de  Lorraine  un 
gentil  homme  qui  avait  tant  de  peur  des  chats  ,  qu'il  saignait  du 
nez  a  les  entendre  seulement  de  loin.  M.  de  Lancre  ,  conseiller  au 
Parlement  de  Bordeaux  ,  témoigne,  dans  son  Tableau  de  l'incon- 
stance DE  TOUTES  CHOSES,  qu'il  avait  connu  un  fort  honnête 
homme  qui  avait  été  si  effrayé  (2)  à  la  vue  d'un  hérisson  ,  qu'il 
crut  plus  de  deux  ans  que  ses  entrailles  étaient  mangées  par  cet 
animal  ;  et  qu'il  avait  vu  un  gentil  homme  fort  brave  qui  ne  l'était 
point  assez  pour  oser  attendre  ,  l'épée  à  la  main ,  une  souris.  Jules 
César  Scaliger ,  dans  ses  Exercitations  contre  Cardan,  dit  qu'un 
gentil  homme  gascon  craignait  tellement  le  son  de  la  vielle  ,  qu'il 
ne  le  pouvait  jamais  entendre  sans  une  envie  extraordinaire  défaire 
de  l'eau.  On  en  fit  l'expérience  par  un  vielleur  que  l'on  fit  cacher  sous 
une  table.  Celui-ci  ne  commença  pas  plus  tôt  a  jouer  que  l'on  s'aper- 
çut de  l'imperfection  du  gentil  homme.  Il  y  en  a  qui  ne  sauraient 
voir  des  araignées  ,  et  l'on  sait  que  les  Chinois  s'en  font  un  régal. 
M.  Vanghneim,  grand  veneur  de  Hanovre  ,  tombait  en  faiblesse  ,  ou 
s'enfuyait,  quand  il  voyait  un  cochon  rôti.  Le  philosophe  Chrysippe 
avait  une  si  grande  aversion  pour  les  révérences,  qu'il  tombait 
quand  il  était  salué  ,  et ,  ce  qui  paraîtra  beaucoup  plus  bizarre , 
Fabrice  Campani  assure  que  don  Juan  Roi ,  chevalier  d'Alcantara ^ 
tombait  en  syncope  quand  il  entendait  prononcer  lana  ,  quoique 
l'habit  qu'il  portait  fût  de  laine.  »  (  Anonyme.  ) 

J'ai  connu  ,  moi  qui  vous  parle  ,  un  officier  plein  de  bravoure 
qui  n'allait  jamais  en  voiture ,  de  peur  de  verser. 

Tel  s'est  distingué  depuis  ,  en  Afrique,  par  sa  bravoure  ,  qui  à 
vingt  ans  n'osait  le  soir  monter  sans  lumière  l'escalier  de  son  ap- 
partement. 

Se  peut-il  qu'il  y  ait  dans  mon  empire,  et  jusque  dons  mon  jardin, 
un  oiseau  si  rare  ,  et  que  je  n'en  aie  jamais  entendu  parler? 

«  Toutefois  ,  si  admirable  que  vous  semble  le  Paris  d'à  présent , 

(1)  Dans  le  tcxle,  c'est  le  régime  indirect  au  cardinal  de  Lorraine  qni  est 
isolé  ,  ce  qui  est  une  faute. 

(2)  Dans  le  texte  il  y  a  seulement  un  fort  honnf.te  homme  si  effraye.  Il 
faut  qui  avait  èié  si  effrayé  ,  car  il  ne  s'agit  pas  ici  d'exprimer  une  manière 
d'être  constante,  mais  une  action  subie  .'i  un  certain  temps. 

T.  II.  4^0 


■  HA  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

refaites  le  Paris  du  quinzième  siècle  ,  reconslruisez-le  dans  voire 
pensée;  regardez  le  Jour  à  travers  celte  haie  surprenante  d'aiguilles, 
de  tours,  et  <ie  clochers;  répandez  au  milieu  de  l'immense  ville, 
déchirez  à  la  pointes  des  îles ,  plissez  aux  arches  des  ponts,  (I)  la 
Seine  avec  ses  larges  flaques  vertes  et  jaunes,  plus  changeante  qu'une 
robe  de  serpent  ;  détachez  nettement  sur  un  horizon  d'azur  le  profil 
gothique  de  ce  vieux  Paris  ;  faites-en  flotter  le  contour  dans  une 
brume  d'hiver  qui  s'accroche  a  ces  innombrables  cheminées  ; 
noyez-le  dans  une  nuit  profonde,  et  regardez  le  jeu  bizarre  des  té- 
nèbres et  des  lumières  dans  ce  sombre  labyrinthe  d'édifices  ; 
jetez-y  un  rayon  de  lune  qui  le  dessine  vaguement  et  fasse  sortir 
du  brouillard  les  grandes  têtes  des  tours  ;  ou  reprenez  cette  noire 
silhouette ,  ravivez  d'ombre  les  mille  angles  aigus  des  flèches  et  des 
pignons ,  et  faites-la  saillir ,  plus  dentelée  quhtne  màrJioïre  de 
requin  ,  sur  le  ciel  de  cuivre  du  couchant. 

»  Et  puis  comparez  (2). 

»  Et ,  (5)  si  i>ous  voulez,  recevoir  de  la  vieille  ville  une  impression 
que  la  moderne  ne  saurait  plus  vous  donner ,  moulez ,  un  matin  de 
grande  fête,  au  soleil  levant  de  Pciques  ou  de  la  Pentecôte,  montez 
sur  quelque  point  élevé  d'où  vous  dominiez  la  capitale  entière ,  et 
assistez  a  l'éveil  des  carillons.  Voyez,  à  un  signal  parti  du  ciel,  car 
c'est  le  soleil  qui  le  dorme ,  ces  mille  églises  tressaillir  à  la  fois.  Ce 
sont  d'abord  des  tintements  q^^x^  ,  allant  d'une  église  a  Vautre, 
comme  lorsque  des  musiciens  s' avertissent  qu'on  va  commencer. 
Puis,  tout  à  coup  ,  (4)  voyez,  car  il  semble  qu'en  certains  instants 
l'oreille  aussi  a  sa  vue ,  voyez  s'élever  au  même  moment  de  chaque 
clocher  comme  une  colonne  de  bruit  (5) ,  comme  une  fumée  d'har- 

(1)  Sans  cette  virgule  la  Seine  ne  serait  pas  à  la  fois  le  régime  des  trois 
verbes  répandez,  déchirez,  et  plissez,  mais  le  régime  du  seul  verbe  plissez. 

(2)  Le  texte  porte  uoe  virgule  après  Et  puis.  C'est  une  puérilité. 

(3)  Il  n'y  a  point  de  virgule  après  Et,  dans  le  texte  ,  et  cependant  elle  y 
est  nécessaire  ,  à  cause  de  la  phrase  incidente  qui  rompt  le  sens  principal 
et  force,  aussitôt  après  la  conjonction,  la  voix  à  changer  de  ton. 

(h)  Ici  tout  à  coup  doit  être  isolé  ,  car  il  ne  se  rapporte  nullement  au 
verbe  voyez,  mais  équivaut  à  peu  près  à  ceci  :  au  moment  où  vous  y  atten- 
dez le  moins. 

(5)  Remarquez  quel  contre-sens  ferait  «inc  virgule  placée  entre  cloclnr 
et  comme  une  colonne  de  bruit. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  5^  3 

mouie.  1)  abord  (I)  la  vibration  de  chaque  clociie  moule  droite  , 
pure,  et  pour  ainsi  dire  isolée  des  autres,  dans  le  ciel  splendide 
du  matiu  ;  puis  ,  peu  à  peu  ,  en  grossissant  (2)  ,  elles  se  fondent , 
elle  se  mêlent ,  elles  s'effacent  l'une  dans  l'autre ,  elles  s'amalga- 
ment dans  un  magnifique  concert.  Ce  n'est  plus  qu'une  masse  de 
vibrations  sonores  qui  se  dégage  sans  cesse  des  innombrables  clo- 
chers, qui  flotte,  ondule,  bondit,  tourbillonne  sur  la  ville,  et 
prolonge  bien  au  delà  de  l'horizon  le  cercle  assourdissant  de  ses 
oscillations.  Cependant  cette  mer  d'harmonie  n'est  point  un  chaos. 
Si  grosse  et  si  profonde  qu'elle  soit ,  elle  n'a  point  perdu  sa  trans- 
parence. Vous  y  voyez  serpenter  a  part  chaque  groupe  de  notes  qui 
s'échappe  des  sonneries.  Vous  y  pouvez  suivre  le  dialogue ,  tour  à 
tour  grave  et  criard ,  de  la  crécelle  (5)  et  du  bourdon  (4)  ;  vous  y 
voyez  sauter  les  octaves  d'un  clocher  à  l'autre  ;  vous  les  regardez 
s'élancer  ailées ,  légères  et  sifflantes  (5) ,  de  la  cloche  d'argent , 
tomber  cassées  et  boiteuses  de  la  cloche  de  bois  ;  vous  admirez  au 
milieu  d'elles  la  riche  gamme  qui  descend  et  remonte  sans  cesse  les 
sept  cloches  de  Saint-Eustache  ;  vous  voyez  courir  tout  au  travers 
des  notes  claires  et  rapides  qui  font  trois  ou  quatre  zigzags  lumi- 
neux (6) ,  et  s'évanouissent  comme  des  éclairs.  Là-bas,  c'est  l'ab- 

(1)  Le  texte  porte  encore  une  virgule  après  d'abord ,  mais  elle  est  pour  le 
moins  inutile. 

(2)  Si  peu  à  peu  était  le  seul  modificatif  des  verbes  qui  suivent,  il  serait 
inutile  et  même  blâmable  de  l'isoler;  mais  l'expression  en  grossissant  qui  le 
complète  l'oblige  à  se  ranger  à  côté  de  lui  sur  le  second  plan. 

(.5)  Moulinet  de  bois  qui  fait  un  bruit  aigu  ,  et  dont  on  se  servait  autre- 
fois ,  au  lieu  de  cloches,  le  jeudi  et  le  vendredi  de  la  semaine  sainte. 
(AcAD.)  Si  celte  définition  est  juste,  comment  le  son  des  crécelles  peut-il 
se  rencontrer  avec  celui  des  cloches  !  Cela  n'est  guère  possible  ;  à  moins 
que  le  poète  n'ait  choisi  le  moment  oîi  les  cloches ,  impatientes  de  se  faire 
entendre  ,  après  un  silence  forcé  de  deux  jours  ,  s'élancent  à  toute  volée  , 
sans  attendre  que  les  crécelles  aient  fini  leur  discours.  Que  M.  ^'iclor 
Hugo  ,  je  l'en  prie,  me  pardonne  cette  humble  observation  ,  qui  est  sans 
doute  celle  d'un  boni  me  tout  à  fait  ignorant  en  fait  de  cloches  et  de  sonneries. 

{à)  Giosse  cloche.  Le  bourdon  de  Noire-Dame  de  Paris.  (  Acad.) 

(5)  Point  de  virgule  après  légères ,  parce  qu'il  n'est  en  quelque  sorte  que 
la  reprise  de  son  synonyme  «l'/ccv,  et  qu'ainsi  il  n'y  a  que  deux  épilhèles 
bien  distinctes  ,  nalurellenienl  liées  par  la  conjonction  c/. 

(6)  Ciombien  se  sont  étonnés  et  s'étonneront  encore  de  voir,  d'un  bout 
à  l'autre  de  oc  nmrceau  si  magnifique  ,  le  son  constamment  confondu  avec 
la  lumière!  Ils  ne  songeront  pasqne  c'est  la  conséquence  toute  naturelle  de 
l'éclat  du  son,  exprcsiiion  contre  laquelle  nul  assuri'uicnl  n'oserait  s'inscrire. 


IKi  UKAMMAIRE  l'HANÇAlSE. 

baye  de  Sainl-Marlin,  chanteuse  aigre  et  fêlée;  ici{\) ,  la  voix  si- 
nistre et  bourrue  delà  Bastille;  à  l'autre  haut ,  la  grosse  tour  du 
Louvre  avec  sa  basse-taille  (2).  Le  royal  carillon  du  palais  jette 
sans  relâche  de  tous  côtés  des  trilles  (5)  resplendissantes ,  sur  les- 
(juelhs  tomheni  à  tevips égaux  les  lourdes  coupetées  (A)  du  beffroi {p) 
de  Notre-Dame,  qui  les  font  étinceler  comme  V  enclume  sous  le  mar- 
teau. Par  interoulle,  vous  voyez  passer  des  sons  de  toute  forme  qui 
viennent  de  la  triple  volée  de  Sainl-Germain  des  Prés.  Puis  encore, 
de  temps  en  temps  ^  cette  masse  de  bruits  sublimes  s'enir'ouvre  el 
donne  passage  a  la  strette  (6)  de  l'Ave-Maria  ,  qui  éclate  et  pétille 
comme  une  aigrette  d'étoiles.  Au  dessous  ,  au  plus  profond  du  con- 
cert ,  vous  distinguez  confusément  le  chant  intérieur  des  églises 
qui  transpire  a  travers  les  pores  vibrants  de  leurs  voûtes. —  Certes 
c'est  la  un  opéra  qui  vaut  la  peine  d'être  écouté.  D'ordinaire  la  ru- 
meur qui  s'échappe  de  Paris  le  jour,  c'est  la  ville  qui  parle;  la 
nuit,  c'est  la  ville  qui  respire  :  ici,  c'est  la  ville  qui  chante  (7). 

et  qui  rf'sume  pourtant  en  soi  toutes  les  couleurs  employées  ici  par  le 
poète  pour  peindre  le  son.  Toutefois  il  faut  convenir  que  la  conséquence 
est  poussée  un  peu  loin  ,  et  qu'un  style  si  éblouissant  n'est  certes  pas  fait 
pour  tous  les  yeux.  Cela  est  vrai;  mais,  qu'on  le  sache  bien  ,  on  peut  dire  : 
un  son  clair  comme  la  lumière,  de  même  qu'on  dit:  sa  voix  élail  douce 
comme  le  miel  du  mnnt  Hybla.  C'est  ce  que  les  rliéteurs  appèlent,  je  crois, 
dans  leur  langue  ,  une  calachrèse. 

(1)  C'est  moins  à  cause  de  l'ellipse  qu'on  isole  l'adverbe  ici  qu'à  cause 
de  l'énumération  des  circonstances  de  lieu  ,  qui,  étant  en  nombre  de  plus 
de  deux  ,  ont  besoin  d'être  détachées  en  relief. 

(2)  Le  texte  porte  une  vigule  entre  la  grosse  tour  du  Louvre  et  avec  S(f 
Lasse  taille.  Elle  me  semble  ,  à  moi  ,  pour  le  moins  inutile. 

(3)  Terme  de  Musique.  Battement  de  gosier  qui  se  fait  ordinairement 
sur  l'avant-dernière  note  d'une  phrase  de  chant,  et  qu'on  appelait  autrefois 
Cadence.  De  l'italien  trille,  tremblement,  d'où  il  suit  que  le  féminin  est 
une  faute.  Conformément  à  l'etymologie  ,  l'Académie  le  fait  en  effet  mas- 
culin ,  et  même  elle  commence  à  écrire  seulement  tril ,  ce  qui  est  l'ortho- 
graphe la  plus  conforme  au  génie  de  notre  langue. 

(li)  Voilà  un  mot  qu'on  ne  trouve  encore  dans  aucun  dictionnaire  ,  el 
dont  l'auteur  aurait  bien  dû  nous  donner  l'explication.  Cela  veut-il  dire 
Les  coups  répètes  du  battant  sur  la  cloche  ? 

(5)  Tour  ou  clocher  où  il  y  a  une  cloche  pour  sonner  l'alarme  ;  cloche  qui 
est  dans  le  beffroi  ;  charpente  qui  porte  les  cloches. 

(G)  Partie  d'une  fugue  où  le  sujet  est  traité  d'uue  manière  plus  scrne 
qu'au  commencement.  On  se  seil  aussi  de  ce  mot  pour  indiquer  le  mouve- 
ment accéh  ré  des  finals  d'opéra.  De  l'italien  strctia.  Il  n'existe  point  pour 
r.'Vcadéniie. 

(7)   D'ordinaire;  mol  par  lequel  comuienec  celle  phrase,  est  isole  dans  le 


DES  SIGNES  DE  l'OACTLATlO.N.  517 

Prêtez  donc  l'oreille  ace  tutti  (1)  des  clochers  ;  répandez  sur  l'en- 
semble le  murmure  d'un  demi-million  d'hommes,  la  plainte  éter- 
nelle du  fleuve,  les  souffles  inQnis  du  vent ,  le  quatuor  grave  et 
lointain  des  quatre  forêts  disposées  sur  les  collines  de  l'horizon 
comme  d'immenses  buffets  d'orgue  ;  éteignez-y  ,  ainsi  que  dans  une 
demi-teinte ,  tout  ce  que  le  carillon  cenfral  aurait  de  trop  rauque 
et  de  trop  aigu ,  et  dites  si  vous  connaissez  au  monde  quelque 
chose  lie  plus  riche ,  de  plus  joyeux ,  de  plus  doré  ,  de  plus 
éblouissant ,  que  ce  tumulte  de  cloches  et  de  sonneries ,  que 
cette  fournaise  de  musique  ,  que  ces  dix  mille  voix  d'airain 
chantant  a  la  fois  dans  des  flûtes  de  pierres  hautes  de  trois  cents 
pieds,  que  celte  cité  qui  n'est  plus  qu'un  orchestre,  que  cette 
symphonie  qui  fait  le  bruit  d'une  tempête  (2)  !  »        (V.  Hugo.) 

C'est  une  idée  consolante  (  disons-le  en  passant  )  de  songer  que 
la  peine  de  mort ,  qui^  il  y  a  trois  cents  ans ,  encombrait  encore  de 
ses  roues  de  fer  ,  de  ses  gibets  de  pierre  ,  de  tout  son  attirail  de 
supplices , permanent  et  scelle  dans  le  pai>êy  la  Grève  ,  les  Halles, 
la  place  Baupliine ,  la  Croix  du  Tralioir,  le  Marché-aux-Pour- 
ceaux,  ce  hideux  Mont  Faucon,  la  barrière  des  Sergents,  la  Place- 
aux-Chats,  la  porte  Saint-Denis,  Champeaux,  la  porte  Baudets,  la 
porte  Saint-Jacques ,  sans  compter  les  innombrables  échelles  des 
préoôts,  de  Vévêque,  des  chapitres,  des  abbés,  des  prieurs  ayant 
justice;  sans  compter  les  noyades  juridiques  en  riç'ière  de  Seine;  il  est 
consolant  qu'aujourd'hui ,  après  avoir  perdu  successivement  toutes 
les  pièces  de  son  armure,  son  luxe  de  supplice,  sa  pénalité  d  imagina- 
tion et  de  fantaisie,  sa  torture  à  laquelle  elle  refaisait  tous  les  cinq 

texte;  mais  bien  à  tort  selon  nous,  d'autant  plus  que  ce  mot  ne  penl  se 
rapporter  qu'aux  deux  premiers  membres  de  la  phrase,  et  nullement  au  troi- 
sième ,  où,  par  le  seul  effet  de  l'ellipse,  il  n'est  pourtant  déjà  que  trop  sous- 
entendu.  Voici,  en  eifft,  ce  qui  résulterait  de  la  constructimi  pleine  :  d'or- 
dinaire la  rumeur  qui  s'échappe  de  Paris  te  jour ,  c'est  la  ville  qui  parle  ; 
d'ordinaire  la  rumeur  qui  s'échappe  de  Paris  la  uuil,  c'est  la  ville  qui  respire  : 
d'ordinaire  la  rumeur  qui  s'en  échappe  ici,  c'est  la  ville  qui  chante.  Cette  ana- 
lyse e.\})lique  la  présence  de  la  virgule  après  ici. 

(1)  Mot  italien  qui  signifie  tous,  et  qui  désigne  ,  en  musique,  qu'un 
morceau  doit  être  exécuté  par  tous  les  instrumenlisles  ou  lt;s  cliauttMus  a 
la  i'ois. 

(2)  Le  texte  i)orte  un  point  viigiile  entre  ces  derniers  f  onii>lenienls. 
Pourquoi  cela  ? 


ÔIN  (illAMMAlKE    MIA.NÇAISE. 

(Uis  un  lit  de  cuir  au  Grand-Chàtelct ,  celte  vieille  suzeraine  de  la 
société  féotlale  ,  presque  mise  hors  de  nos  lois  et  de  nos  oilles^  tra- 
(fuée  de  code  en  code,  chassée  de  place  en  place  ^  n'ait  plus  dans 
notre  immense  Paris  qu'un  coin  déshonoré  de  la  Grève,  qu'une 
misérable  guillotine ,  (I  )  furtii>e,  inquiète  ,  honteuse,  qui  semble 
toujours  craindre  d'être  prise  en  flagrant  délit  ,  tant  elle  disparaît 
vite  après  aooirfait  son  coup  !  (Id.) 

C'est  a  vous  à  faire  la  preuve  que  vous  êtes  favorable  a  cet  ordre 
de  choses  par  les  ver! us  que  vous  recommanderez ,  et  par  l'esprit 
général  que  répandront  vos  enseignements,  libres  et  respectés. 

(Cousin.) 

A  Vheure  qu'il  est,  la  peine  de  mort  est  déjà  hors  de  Paris. 

{Id.) 

Donnez  au  peuple  ,  qui  tramille  et  qui  souffre  ,  donnez  au 
peuple,  pour  qui  ce  monde-ci  est  mammis,  la  croyance  a  un  meilleur 
monde  fait  pour  lui.  Il  sera  tranquille,  il  sera  patient.  La  patience 
est  faite  d'espérance.  (  Id.  ) 

Les  coups  d'essai  sont  toujours  dangereux,  ce  quia  donnné lieu 
au  proverbe  :  De  novice  avocat,  héritage  perdu  ;  de  nouveau  mé- 
decin ,  cimetière  bossu.  Cela  veut  dire  :  ce  qui  résulte  des  soins 
d'un  avocat  novice ,  c'est  la  perte  de  son  procès  ;  ce  qui  résulte  des 
soins  d'un  médecin  nouveau  ,  c'est  la  mort. 

Pour  résumer  en  peu  de  mots  tout  ce  que  nous  venons  de 
dire ,  isolez  tout  ce  qui  n'est  pas  essentiel  à  la  proposition 
principale,  mais  ne  touchez  à  rien  de  ce  qui  fait  corps 
avec  elle,  soit  adverbes,  soit  conjonctions  ^  mots,  dont  l'in- 
version même,  lorsqu'ils  n'offrent  aucun  sens  à  part,  ne 
justifie  pas  l'isolement.  , 

L'inversion  ,  qu'on  ne  l'oublie  pas  ,  n'appelle  la  virgule  qu'autant 
qu'elle  rompt  la  liaison  des  idées.  Mais ,  en  supposant  qu'on  pût 


(i)  Pciinl  de  virgule  uni ve  fur (ive  et  f^iiitlotine ,  parce  que  furlive  n\-x- 
priine  pas  une  qualité  inhcienle  à  la  giiiiluline,  mais  seulement  une  qualité 
aucidenlelle,  de  même  que  les  adjectils  suivants,  qni  Ibruienl  aussi  ehacun 
une  phrase  incidente. 


DES  SIG.NES  DE  PONCTUATION.  Ô  H) 

dire  en  Irançais  comme  en  allemand  :  Votre  lettre  je  )ia>  reçue 
qu'aujourd'hxii  (  Ihren  lirief  habe  ich  nur  heute  empfaugen  )  , 
malgré  celle  monstrueuse  inversion,  il  ne  faudrail  pas  encore  de 
virgule ,  parce  que  les  idées  ne  cessent  pas  d'être  en  rapport  direct. 

ISous  disons  en  français,  pour  donner  plus  de  force  à  l'expres- 
sion :  Votre  lettre,  je  ne  l'ai  reçue  qu'aujourd'hui;  mais,  dans  ce 
cas  ,  ce  n'est  pas  l'inversion  qui  nécessite  la  virgule  ,  c'est  le  pléo- 
nasme. 

A  propos  de  pléonasme,  il  y  en  a  qui  proposent  de  rejeter  la  vir- 
gule entre  un  sujet  exprimé  et  le  pronom  ce  qui  n'est  que  la  répé- 
tition, la  reprise  de  ce  sujet.  Gardez-vous-en  bien. 

Toul  cela,  c'est  la  terre,  et  Vaniour ,  c'est  le  ciel. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations,  ) 

Vivre  ainsi ,  c'est  languir  ,  c'est  attendre  de  vivre. 

(Lamartine.  ) 

L'un  des  meilleurs  remèdes  contre  nos  propres  cJiagn'ns,  c'est  de 
chercher  des  consolations  pour  le  chagrin  des  autres.   (Dufresne.) 

Ce  qui  donne  le  plus  d'éloignement  pour  les  dévots  de  profession, 
c'est  cette  âpreté  de  mœurs  qui  les  rend  insensibles  a  l'humanité. 

(  J.  J.  Rousseau.  ) 

L'esclavage  ne  se  corrige  pas  ,  et  la  meilleure  manière  de  t amé- 
liorer,  c'est  de  le  supprimer.  (  Le  comte  Beugnot.) 

S'il  y  a  quelque  chose  qui  soit  de  nature  à  perpétuer  l'immora- 
lité et  l'irréligion  ,  c'est  l'esclavage.  (  Le  duc  d'IlARcouRT.) 

Le  pléonasme  prête  aussi  sa  force  aux  deux  exemples  suivants  : 

11  n'aime  pas  Dieu ,  celui  qui  n'aime  pas  comme  lui-même  Ions 
les  hommes  sans  exception. 

Celui-là  seul  est  bon  ,  qui  souffre  pour  le  bien  qu'il  fait. 

VI. 

La  virgule  s'emploie  encore  quelquefois  pour  tenir  lieu 
d'un  verbe  sous-entendu. 

De  Danaûs  étaient  issus  \crisius  ,  Pevsée  ,  Hercule  ;  de  Pelops . 
Atrée ,  Agamennon ,  Oreste. 

La  jalousie  \'ous  dispute  une  vaine  l)oaulé;  la  fierté,  voirr  nais- 


Ô20  GRAMMAIRK   IR.VN(;aISE. 

saïu'c  ;  rambition  ,  voire  valour  et  vos  services;  l'orgueil,  vos  la- 
leiils  et  voire  suflisaiice  (I).  (  Mvssh,lo>',  cité  \)ixv  lioitifare.) 

Toutefois  nous  nous  l)orncrions  volorHiers  à  diviser  cette  der- 
nière phrase  ainsi  qu'il  suit  :  La  jalousie  vous  dispute  une  vaine 
beauté,  la  fierté  votre  naissance,  l'ambition  votre  valeur  et  vos 
services,  l'orgueil  vos  talents  et  votre  suffisance.  Il  me  semble 
que  celte  phrase ,  ainsi  ponctuée  ,  ne  perd  rien  de  sa  clarté,  et  y 
gagne  au  contraire  une  allure  plus  vive. 

Une  chose  certaine  ,  c'est  que ,  dans  les  exemples  suivants  ,  la 
virgule  ne  serait  pas  tolérable. 

L'amour  de  la  gloire  meut  les  grandes  âmes ,  et  l'amour  de  l'ar- 
gent les  âmes  vulgaires.  (Cité  par  MM.  Noël  et  Chapsal.  ) 

MM.  Noël  et  Chapsal  emploient  pointant  la  virgule  dans  cet  exemple. 

Les  dons  sont  dans  leurs  mains ,  sur  leurs  fronts  l'allégresse. 

(GiNGUENÉ  ,  cité  par  Boniface.  ) 
Le  cœur  vit  dans  le  présent ,  l'esprit  dans  l'avenir  ;  de  là  vient 
qu'ils  sont  si  peu  d'accord. 

Lorsque  la  Providence  veut  élever  ou  abaisser  un  homme ,  les 
ailes  d'un  insecte  suffisent  pour  le  soutenir ,  un  grain  de  poussière 
pour  le  renverser. 

Le  brave  ne  se  connaît  qu'a  la  guerre  ,  le  sage  que  dans  la  colère, 
l'ami  que  dans  le  besoin. 

L'ignorance  ne  prévaudra  jamais  contre  la  science ,  l'esclavage 
contre  la  liberté  ,  le  fanatisme  contre  la  philosophie. 

Il  n'y  a  pas  de  plus  grand  sophiste  que  l'esprit  de  parti.  Par  lui 
le  mal  devient  le  bien  ,  le  j aux  le  vrai ,  l'esclavage  la  liberté. 

Le  pÊcheur  a  la  barque  où  l'espoir  l'accompagne  , 
Les  cygnes  ont  le  lac,  les  ais^lcs  la  monia^^ne , 

Les  âmes  ont  l'amour.  (Victob  Hugo.) 

C'est  le  cas  de  dire  avec  M.  Wey:  «  Quand  la  clarté  n'a  pas  à 
souffrir  de  l'absence  d'un  signe,  abstenez-vous-en.  L'abus  rend  le 
discours  haché  ,  décousu  ,  pénible  ,  et  languissant.  » 

N  oublions  pourtant  pas  que  dans  le  premier  exemple  la  virgule 
est  indispensable,  pour  remplacer  le  verbe  étaient  issus. 

(1)  Ici  suffisance  signifie  capacité,  mais  il  n'est  plus  usité  en  ce  sens. 


DES  SIGNES  DE  POXCTUATIOA.  .',2| 

VII. 

La  virgule  suffit  encore  au  commencement  d'une  cita- 
tion, quand  cette  citation  a  peu  d'étendue,  et  qu'elle  est 
différenciée  par  le  caractère  ,  comme  dans  ces  exemples: 

Les  prédicateurs  ,  en  parlant  a  leurs  auditeurs ,  disent ,  Mes 
frères,  mes  chers  frères. 

On  dit ,  La  mer  frémit  .  pour  dire,  Elle  commence  à  s'agiter. 

On  dit  proverbialement  et  elliptiquement,  A  vieille  mule,  frein 
doré;  ce  qui  signifle,  On  pare  une  vieille  bête  pour  la  mieux  vendre. 
Les  pieds  lui  frétillent ,  c'est  a  dire  ,  Il  a  impatience  d'aller. 

Qui  refuse  muse,  dit  le  proverbe.  C'est  comme  s'il  y  avait,  Celui 
qui  refuse  muse. 

Mais  si  la  citation  est  subdivisée,  si  elle  comprend  plusieurs 
propositions  ,  ou  si ,  quoique  simple  et  courte  ,  elle  n'est  pas  dif- 
férenciée par  le  caractère  ,  la  virgule  n'est  plus  suffisante  ,  et  doit 
être  remplacée  par  un  signe  qui  rende  la  perception  plus  rapide. 
Je  suis  donc  loin  d'approuver  la  manière  dont  ces  deux  vers  sont 
ponctués  : 

J'entends  crier  partout,  Au  meurtre  !  On  m'assassine  ! 
Ou  ,  Le  feu  vient  de  prendre  à  la  maison  voisine  ! 

Je  blâme  encore  davantage  la  suppression  de  toute  espèce  de 
signe  dans  cet  exemple  : 

L'histoire  reproche  a  Louis  XIV  d'avoir  dit  L'État,  c'est  moi. 

C'est  M,  Frey  qui  ponctue  ainsi.  Vous  voyez  que  M.  Frey  rime  fort  bien 
avec  M.  Wey. 

Si  la  citation  ne  consiste  que  dans  un  seul  mot  ou  une  suite  de 
mots  pris  matériellement,  et  par  conséquent  toujours  différenciés 
par  le  caractère ,  elle  reste  de  fait  iucorporée  à  la  phrase  comme 
sujet  ou  comme  régime,  et  n'admet  l'intermédiaire  d'aucun  signe. 

Les  expressious/rère  germain  ,  frère  consanguin  ,  frère  utérin , 
ne  sont  guère  usitées  qu'en  jurisprudence. 

On  dit  meilleur,  et  non  pas/?/M5  hon. 

On  dit  un  fidèle  ami .  et  on  ne  <lit  pas  un  fidèle  homme. 
1    11,  41 


522  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

On  ne  dit  pas  pardonner  quclquhm  ,  ni  je.  i>oiis  fais  pardon. 

Il  me  répondit  un  non  très-court. 

An  lien  iVuspecf,  page  ^0ô  du  présent  volume ,  vers  \li,  lisez 
esprit. 

Aspect,  esprit ,  dans  cette  phrase ,  ne  sont  que  le  régime  ,  l'un  de  la  pré- 
position au  lieu  de,  l'autre  du  verbe  lisez. 

Au  lieu  de  qui  commence  par  une  autre  syllabe ,  page  97  ,  ligne 
1 8  de  la  note  \  ,  lisez  qui  commence  une  autre  syllabe. 

Au  lieu  de  qu'à  moitié  rempli ,  page  1 08 ,  ligne  5  de  la  note  1  , 
lisez  pas  atteint. 

Au  lieu  de  par  lesquels  ils  se  copient,  page  548  de  la  Méthode 
DU  Genre  ,  ligne  22  ,  lisez  par  lequel  ils  se  copient ,  ou  mieux  ,  qui 
consiste  à  se  copier. 

Au  lieu  de  se  troma ,  page  558  de  la  Méthode  du  Genre  ,  ligne 
iO  de  l'article  Cale ,  lisez  se  samm. 

Au  lieu  de  Ce  coloris  en  est  vrai,  page  560 ,  ligne  1 1  de  l'article 
Chair,  lisez  Le  coloris  en  est  orai. 

Si  la  majuscule  est  dans  le  texte  ,  il  faut  naturellement  la  reproduire 
dans  la  citation,  comme  nous  l'avons  fait  dans  ce  dernier  exemple. 

C'est  un  diable  déchaîné ,  se  dit  d'un  méchant  homme  qui  se 
permet  tout ,  qui  ne  garde  aucune  mesure,  (  Académie.  ) 

Pourquoi  l'Académie  met-elle  une  virgule  avant  se  dit?  C'est  un  diable 
déchaîné  n'est-il  pas ,  comme  un  seul  mot ,  le  sujet  de  se  dit? 

Que  veut  dire  tel  mot  en  français?  Il  veut  dire y'oï*?. 
Que  signifie  Tugend  en  français  ?  Il  signifie  vertu. 

Entre  autres  exemples,  l'Académie  écrit  dans  son  dictionnaire:  «Dé- 
CHAÎHER ,  signifie  figurément,  Exciter;  »  en  sorte  que  le  verbe  de  cette  pro- 
position est  isolé  à  la  fois  de  son  sujet  et  de  son  régime.  Mais,  quelque 
étrange  que  soit  une  telle  ponctuation  ,  elle  est  facile  à  concevoir  dans  un 
dictionnaire ,  où  le  mot  principal  doit  toujours  se  détacher  en  relief  et  se 
distinguer  nettement  de  tout  ce  qui  l'explique  et  le  définit.  On  peut  ainsi 
considérer  cette  phrase  du  dictionnaire  de  l'Académie  comme  elliptique  , 
comme  équivalente  à  celle-ci  :  «Déchaîner,  voici  ce  que  cela  signifie  figu- 
rément, Exciter  ,  animer,  soulever.  »  La  présence  de  la  virgule  après  C'est 


DES  SIGNES  DE    PONCTUATION.  ô2o 

un  diable  decluùnc,  dans  l'exemple  cité  plus  haut,  peut  se  justifier  de  la 
même  manière.  C'est  encore  une  ellipse  de  ce  genre  qui,  dans  le  nièmi; 
dictionnaire,  substitue  la  virgule  au  point  entre  une  loculion  quelconque 
et  l'expression  qui  la  définit.  Exemples  :  Poire  d'angoisse.  Sorte  de  poire 
âpre  ;  Pomme  à  cidre.  Pomme  qu'on  ne  mange  point ,  et  dont  on  fait  du 
cidre  ;  Bateau  porte.  Bateau  que  l'ou  coule  à  fond  à  la  porte  d'un  bassin 
pour  le  fermer;  etc.  De  là  aussi  la  nécessité  de  commencer  par  une  ma- 
juscule le  premier  mot  de  la  définition  qu'on  prendrait  sans  cela  pour  une 
incidente  explicative,  pour  une  apposition  jetée  entre  un  sujet  constitué 
par  le  mot  principal  et  un  verbe  censé  devoir  suivre.  Les  dictionnaristes 
n'ont  point  réfléchi  à  cela. 

En  somme  ,  il  est  bon  que  toute  loculion  dont  on  cherche  l'explication 
dans  un  dictionnaire  y  soit  détachée  du  reste  par  la  virgule,  et  de  plus  tou- 
jours différenciée  par  le  caractère  et  par  la  majuscule. 

Du  Poînt-Virgale. 

Le  point -virgule  consiste  en  un  point  placé  sur  une 
virgule   (•,  ). 

l'^  En  général  le  point-virgule  marque  entre  deux  pro- 
positions un  rapport  plus  éloigné  que  la  simple  virgule.  Il 
se  met,  dit  l'Académie,  à  la  fin  d'une  proposition  dont  le 
sens  grammatical  est  complet,  mais  qui  a  une  liaison  lo- 
gique et  nécessaire  avec  la  suivante. 

Exemples  : 

Les  auteurs  d'autrefois  écrivaient  pour  instruire  ; 

l^es  auteurs  de  nos  jours  écrivent  pour  écrire.  [\y4nonyme.) 

Prescrire  aux  autres  des  règles  de  bonheur  est  absurde  ;  ooulnir 
les  leur  faire  adopter  est  tyrannique.  (  Fieldiing.  j 

Les  amants  qui  se  lient  d'une  chaîne  éternelle  eut  le  pressenti- 
ment de  l'immortalité  ;  c'est  trop  peu  de  la  oie  pour  une  âme  fidèle. 

Les  médecins  des  hôpitaux  ressemblent  aujourd'hui  à  des  in- 
quisiteurs ;  on  guéri/  maintenant  comme  on  punissait  jadis . 

(  Z***,  Cité  psirE.  Sue.) 

Toute  grande  passion  n'est  qu'une  espérance  prolongée;  elle 
tombe  dès  que  l'espérance  ne  la  soutient  plus. 


}2't  GUAMMAIHE   FRANÇAISE. 

Les  économistes  divisent  les  peuples  en  consommateurs  et  en 
producteurs  ;  ces  derniers  sont  les  plus  utiles  et  les  moins  pro- 
tégés. 

Les  charlatans  sèment  les  erreurs  agréables  ;  ils  savent  qu'elles 
se  ramassent  avec  plus  d'empressement  que  les  vérités  utiles. 

Soyez  ici  des  lois  l'interprète  suprême; 

Rendez  leur  ministère  aussi  saint  que  vous-même  ; 

Enseignez  la  raison,  ta  justice,  et  la  paix.  (Boileau.) 

M.  Francis  Wey  trouve  qu'au  bout  de  chacun  des  deux  premiers  vers , 
dans  ce  dernier  exemple,  on  aurait  dû  se  contenter  d'une  simple  virgule. 
Mais  M.  Francis  Wey,  on  lésait,  ne  voit  quelquefois  qu'un  côté  des  choses. 
S'il  est  vrai  que  la  virgule  dût  être  sufRsante  dans  le  cas  indiqué  ci-dessus, 
à  plus  forte  raison  devrait-elle  suffire  après  chacune  des  phrases  partielles 
qui  composent  l'exemple  suivant  : 

Il  faut  se  représenter  que  sous  ses  pas  l'éléphant  ébranle  la  terre  ; 
que  de  sa  main  il  arrache  les  arbres  ;  que  d'un  coup  de  son  corps  il 
fait  brèche  dans  un  mur.  (  Buffon  ,  cité  par  M.  Boniface.) 

Pour  combler  l'intervalle  qui  sépare  deux  propositions  d'une 
certaine  étendue,  la  virgule,  on  l'a  vu,  a  besoin  d'être  assistée 
des  conjonctions  et,  ni,  ou;  conjonctions  destinées  bien  moins  à 
unir  qu'à  rapprocher. 

Avec  toute  autre  conjonction  qui  n'exprime  point  par  elle-même 
un  rapport  intime  entre  les  deux  propositions  qui  réclament  son 
intermédiaire,  le  point-virgule  continue  de  régner  en  maître: 

Le  public  aime  si  peu  les  vers,  que  plusieurs  excellents  poètes 
passent  inaperçus  ;  takdis  que  les  plus  plats  phraseurs  sont  au 
pinacle. 

Beaucoup  de  gens  ont  dû  leur  réputation  et  leurs  succès  a  l'impu- 
dence avec  la  quelle  ils  se  sont  eux-mêmes  préconisés;  tant  le 
public  aime  les  jugements  tout  faits. 

On  trouve  des  moyens  pour  guérir  de  la  folie  ;  mais  on  n'en 
trouve  pas  pour  redresser  un  espi-it  de  travers. 

Le  sage  ne  dit  pas  ce  qu'il  fait  ;  mais  il  ne  fait  rien  qui  ne  puisse 
être  dit. 

Il  ne  se  faut  jamais  moquer  des  misérables  ; 

C^B  qui  peut  se  vanter  d'être  toujours  heureux         (  La  Foniaune.) 


DES  SIGNES   DE    POiNCTl  ATIO.X.  o2-J 

Avec  la  conjonction  et  elle-même  le  point-virgule  est  souvent  né- 
cessaire pour  délimiter  la  borne  de  deux  propositions  : 

Vous -laisserez  toujours  quelques  fruits  sur  la  branche  , 

Pour  que  le  voyageur  vers  sa  lèvre  la  penche  ; 

Et  vous  n'amasserez  jamais  que  pour  un  temps. 

Car  la  terre  pour  vous  germe  chaque  printemps.         (  Lamahtinb.) 

Tout  dépend  ,  je  le  répèle ,  du  plus  ou  du  moins  de  liaison  que 
les  idées  exprimées  ont  entre  elles.  Toute  proposition,  tout  ap- 
pendice ,  tout  sens  qui  n'a  pas  avec  le  sens  qui  précède  un  rapport 
intime  ,  en  doit  être  séparé  par  un  point-virgule  : 

J'en  suis  à  me  demander  où  le  Journal  des  Débats  a  pris  le  zèle 
qu'il  met  à  défendre  la  cause  des  noirs  ;  n'étant  pas  accoutumé  à 
tant  de  générosité  de  sa  part. 

Le  Journal  des  Débats  s'est  véritablement  surpassé  dans  la  ma- 
nière dont  il  a  réfuté  le  discours  odieux  de  M.  Dupin  contre  le 
projet  d'émancipation  ;  tant  il  est  {>rai  que  les  idées  généreuses 
sont  la  source  de  toute  éloquence. 

Cela  me  réconcilierait  un  peu  avec  le  Journal  des  Débats,  s'il 
n'était  malheureusement  trop  certain  qu'il  n'a  été  que  l'heureux 
écho  d'une  idée  heureuse ,  et  qu'au  besoin  il  eiit  tenu  un  langage 
tout  à  fait  contraire  ;  triste  conséquence  de  l'état  de  sen>itude  au 
quel  il  est  attaché. 

Car  je  ne  suis  pas  l'un  de  ces  types  suprêmes  , 

Vils  faquins  sans  courage,  et  qui  ,  gonflés  d'eux-mêmes  , 

Se  drapent  dans  leur  aise  ainsi  qu'en  un  manteau; 

Habiles   ici-bas  à  ne  se  faire  étude 

Que  de  bien  conserver  leur  douce  quiétude. 

Sourds  ù  ceux  que  le  mat  brise  dans  son  élau. 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

L'orgue  majestueux  se  taisait  gravement 

Dans  la  nef  solitaire  ; 
L'orgue ,  le  seul  concert,  le  seul  gémissement 

Qui  mêle  aux  deux  la  terre  !  (  Victor  Hugo.  ) 

Avec  les  conjonctions  parce  que ,  puisque^  potirvu  que,  lorsque, 
dès  que,  aussitôt  que,  pendant  que,  etc.,  la  virgule  est  presque 
toujours  suffisante  ;  tant  ces  conjonctions  expriment  d'elles-mêmes 
un  rapport  intime  entre  les  deux  idées  qu'elles  mettent  en  pré- 


5-26  (JKAMMAIKE    FIÎANÇAISE. 

seiice.  M.  de  Monlansier  était  respecté ,  parce  qu'il  était  juste.  Je 
le  veux  bien,  puisque  vous  le  voulez.  Je  vous  obéirai  en  tout, pourvu 
que  vous  m'aimiez.  Cest  un  homme  qui  a  le  secret  déplaire,  lors 
même  qu'il  contredit.  Il  s'éloigna ,  dès  qu'il  m'aperçut.  Le  vrai 
sage  n'est  appliqué  qu'à  bien  faire  ,  pendant  que  le  fanfaron  tra- 
vaille à  ce  que  l'on  dise  de  lui  qu'il  a  bien  fait.  (  Lxbkvyère.)  Dieu 
accorde  quelquefois  le  sommeil  aux  méchants ,  afin  que  les  bons 
soient  tranquilles.  (Sadi.)  Le  rapport  peut  même  devenir  si  étroit, 
on  l'a  déjà  vu  à  l'article  de  la  virgule  ,  que  les  deux  phrases  en  de- 
meurent inséparables.  Dieu  absout  aussitôt  qu'il  voit  la  pénitence 
dans  le  cœur.  On  n'instruit  plus  des  qii'o^i  devient  pédant.  Qu'on 
vienne  dire  encore  que  c'est  le  besoin  de  respirer  qui  règle  l'emploi 
des  points  et  des  virgules  !  Je  l'ai  déjà  dit ,  je  ne  saurais  assez  le 
répéter  ,  l'art  de  la  ponctuation  est  tout  entier  dans  la  logique.  Cet 
art ,  aucun  procédé  mécanique  ne  peut  le  donner.  Que  les  gram- 
mairiens ,  que  les  maîtres  de  langue,  que  les  ignorants  ne  s'éton- 
nent donc  plus  de  rencontrer  devant  les  conjonctions  car,  mais, 
tandis  que ,  tant,  et,  tantôt  une  simple  virgule  ,  tantôt  un  point- 
virgule  ,  parfois  un  point  ;  d'y  remarquer  même  assez  souvent 
l'absence  de  tout  signe.  Quand  ils  seront  initiés  à  l'art  d'écrire  ,  à 
l'art  de  penser  ;  quand  ils  auront  appris  à  saisir  les  rapports  qui 
existent  entre  leurs  idées,  ils  ne  témoigneront  plus  à  cet  égard  au- 
cune surprise.  Ce  qui  m'étonne  moi-même  ,  ce  qui  me  confond  , 
c'est  qu'il  ne  soit  pas  possible  de  trouver  un  seul  ouvrage  ,  quelque 
soigné  qu'il  soit ,  quelque  correct  qu'en  soit  l'auteur  ,  où  ,  comme 
l'observe  M.  La  Loy  ,  «  l'on  reconnaisse  un  système  uniforme  de 
ponctuation  ,  où  la  ponctuation  de  toutes  les  phrases  analogues 
puisse  s'expliquer  par  un  principe  analogue  ». 
Reprenons. 

2°  Le  point-virgule  vient  au  secours  de  la  virgule,  quand 
celle-ci,  employée  à  distinguer  les  parties  subalternes  d'une 
période,  ne  peut  plus  suffire  à  marquer  la  limite  qui  sépare 
les  principaux  membres. 

Le  plus  riche  est  celui  qui  jouit  le  plus  ,  fiit-il  le  plus  pauvre  ; 
et  le  plus  pauvre  celui  qui  jouit  le  moins ,  fût-il  le  plus  riche. 

(  Déjà  cité. } 

Il  faut  qu'i'n  reni  t'arnns  ,./>n(/r  plaire,  il  se  replie; 


DES    SIGNES    DE    POACTUATIO.N .  327 

Que  tantôt  il  s'élève  ,  et  tantôt  s'humilie  ; 

Qu'en  nobles  sentiments  il  soit  partout  fécond  ; 

Qu'il  soit  aisé,  solide  ,  agréable  ,  et  profond.  (  Boileau.) 

M.  Francis  Wey  se  contenterait  volontiers  d'une  simple  virgule  au  bout 
de  chacun  de  ces  vers.  Il  blâme  surtout  la  virgule  après  il  s'élève:  et  les 
mots  pour  plaire  ,  flanqués  de  deux  autres  virgules,  lui  font  un  effet  très- 
désagréable.  Il  vous  propose  sérieusement  d'en  supprimer  une  (  la  se- 
conde )  ,  sans  songer  que  cela  romprait  tout  à  fait  le  fil  de  la  phrase.  Mais 
il  vaudrait  beaucoup  mieux  les  supprimer  toutes  deux  ;  car  l'inversion  est 
si  simple  ,  en  effet,  qu'elle  ne  justifie  guère  l'usage  de  la  virgule.  En  tout 
cas  ,  la  colère  hop  souvent  justifiée  de  M.  Francis  Wey  contre  les  poêles, 
tes  pédagogues,  et  les  fabricants  de  grammaires,  (1)  qui  ont  revu,  corrigé,  (2) 
et  reponctué  te  satirique  ,  nous  semble  ici  fort  déplacée. 

Impossible  de  ranger  notre  cathédrale  dans  cette  antique  famille 
d'églises  sombres  ,  mystérieuses ,  basses  ,  et  comme  écrasées  parle 
plein-cintre;  presque  égyptiennes  au  plafond  près;  toutes  liiéro- 
glyphiques,  toutes  sacerdotales,  toutes  symboliques  ;  plus  chargées, 
dans  leurs  ornements ,  de  losanges  et  de  zigzags  que  de  fleurs ,  de 
fleurs  que  d'animaux ,  d'animaux  que  d'hommes  ;  œuvre  de  l'ar- 
chitecte moins  que  de  l'évêque  ;  première  transformation  de  l'art , 
tout  empreinte  de  discipline  Ihéocratique  et  militaire ,  qui  prend 
racine  dans  le  Bas-Empire ,  et  s'arrête  a  Guillaume  le  Conquérant. 

(  Victor  Hugo.  ) 

Sans  l'aide  du  point-virgule  comment  l'œil  pourrait-il  suivre  les  divers 
détails  du  magnifique  tableau  que  voici  : 

SATE    ZiILIA. 

Oh  1  si  vous  rencontrez  quelque  part  sous  les  cieux 
Une  femme  au  front  pur ,  au  pas  grave ,  aux  doux  yeux  , 
Que  suivent  quatre  enfants  dont  le  deinier  chancelé  ; 
Les  surveillant  bien  tons,  et ,  s'il  passe  auprès  d'elle 
Quelque  aveugle  indigent  que  l'âge  appesantit , 

(1)  Une  virgule  avant  qui,  parce  que  ce  pronon»  ne  se  rapporte  pas 
seulement  à  fabricants  de  grammaires,  mais  encore  à  poètes  et  à  pédagogues,^ 
Après  fabricants  de  grammaires  la  voix  ne  continue  pas  sur  le  même  ton. 
Elle  s'arrête  un  instant,  puis  s'élève  sur  le  pronom  qui  pour  indiquer  la 
reprise  mentale  des  trois  substantifs  remplacés  par  ce  pronom.  11  va  sans 
dire  que  M.  Wey  ne  ponctue  pas  ainsi. 

(2)  Toute  personne  qui  lit  bien  observera  un  repos  après  corrigé  ,  C(jmmc 
après  revu.  De  là  la  virgule,  ("est  ce  que  nous  avons  suffisamment  expliqué 
en  son  lieu. 


■")28  GRAMMAIUK    FKA.NÇVISE. 

Mettant  une  luuuble  aumône  aux  muins  du  plus  petit  ; 

Si ,  quand  la  diatribe  autour  d'un  nom  s'élance. 

Vous  voyez  une  femme  écouter  en  silence  , 

Et  douter  ,  puis  vous  dire  :  «  Attendons  pour  juger  ; 

0  Quel  est  celui  de  nous  qu'on  ne  pourrait  charger  ? 

»    On  est  prompt  à  ternir  les  choses  les  plus  belles; 

«  La  louange  est  sans  pieds  et  le  blâme  a  des  ailes  ;  »    (1) 

Si,  lorsqu'un  souvenir,  ou  peut-être  un  remords, 

Ou  le  hasard  vous  mène  à  la  cité  des  morts  , 

Vous  voyez ,  au  détour  d'une  secrète  allée  , 

Prier  sur  un  tombeau  dont  la  route  est  foulée  , 

Seul  avec  des  enfants ,  un  être  gracieux 

Qui  pleure  en  souriant  comme  l'on  pleure  aux  cieux  ; 

Si  de  ce  sein  brisé  la  douleur  et  l'extase 

S'épanchent  comme  l'eau  des  fêlures  d'un  vase  ; 

Si  rien  d'humain  ne  reste  à  cet  angeéploré; 

Si,  terni  par  le  deuil,  son  ceil  chaste  et  sacré  , 

Bien  plus  levé  là- haut  que  baissé  vers  la  tombe  , 

Avec  tant  de  regret  sur  la  terre  retombe 

Qu'on  dirait  que  son  cœur  n'a  pas  encor  choisi 

Entre  sa  mère  au  ciel  et  ses  enfants  ici; 

—  Quand,  vers  Pâque  ou  Noël,  l'église,  aux  nuits  tombantes  , 

S'emplit  de  pas  confus  et  de  cires  flambantes, 

Quand  la  fumée  en  flots  déborde  aux  encensoirs 

Comme  la  blanche  écume  aux  lèvres  des  pressoirs, 

Quand  au  milieu  des  chants,  d'hommes,  d'enfants,  de  femmes, 

Une  âme  selon  Dieu  sort  de  toutes  ces  âmes  ,  (2) 

Si  ,  loin  des  feux  ,  des  voix,  des  bruits  et  des  splendeurs  (3) , 

Dans  un  repli  perdu  parmi  les  profondeurs  , 

Sur  quatre  jeunes  fronts  groupés  près  du  mur  sombre 

Vous  voyez  se  pencher  un  regard  voilé  d'ombre  , 

(1)  Dans  le  texte  ces  nobles  paroles  de  la  femme  ne  sont  détachées  du 
reste  que  par  deux  tirets,  l'un  au  commencement,  l'autre  à  la  fin.  Ces 
signes  sont  insuffisants.  11  faut  absolument  un  signe  qui  se  reproduise  en 
tête  de  chacun  des  vers  qui  forment  ce  petit  discours. 

(2)  Voilà  trois  phrases  commençant  par  la  conjonction  quand  qui  sem- 
bleraient devoir  être  séparées  entre  elles  par  le  point-virgule  ;  mais  il  faut 
considérer  qu'elles  ne  sont  que  des  subdivisions  d'un  membre  de  la'période, 
et  non  pas  un  membre  elles-mêmes. 

(3)  Point  de  virgule  après  bruits,  dans  le  second  hémistiche  de  ce  vers; 
parce  que  les  mots  bruits  et  splendeurs  ne  sont  pas  la  suite  d'une  énumé- 
ration  ,  mais  seulement  la  reprise  des  dcnx  idées  feux  et  iwix  présentées 
sous  une  lorme  nouvelle  cl  plus  an)ple. 


DÉS    SIGNES    DE    PONCTUATION.  320 

Où  se  mêle  ,  plus  doux  encor  que  solennel  , 
Le  rayon  virginal  au  rayon  maternel  ;  (1) 

Oh  !  qui  que  vous  soyez,  bénissez-la  ;  (2)  c'est  elle  ! 

La  sœur,  visible  aux  yeux  ,  (3)  de  mon  âme  immortelle; 

Mon  orgueil ,  mon  espoir,  mon  abri ,  mon  secours  ; 

Toit  de  mes  jeunes  gens  qu'espèrent  mes  vieux  jours! 

C'est  elle  !  la  vertu  sur  ma  tèle  penchée  ; 

La  figure  d'albâtre  en  ma  maison  cachée; 

L'arbre  qui ,  sur  la  route  où  je  marche  à  pas  lourds  , 

Verse  des  fruits  souvent  et  de  Tombre  toujours; 

La  femme  dont  ma  joie  est  le  bonheur  suprême; 

Qui ,  si  nous  chancelons  ,  ses  enfants  ou  moi-même, 

Sans  parole  sévère  et  sans  regard  moqueur  , 

Les  soutient  de  la  main  et  me  soutient  du  cœur; 

Celle  qui,  lorsqu'au  mal  ,  pensif,  je  m'abandonne  , 

Seule  peut  me  punir  et  seule  me  pardonne  ; 

Qui  de  mes  propres  torts  me  console  et  m'absout; 

A  qui  j'ait  dit:  toujours!  et  qui  m'a  dit:  partout! 

Elle!  tout  dans  un  mot!  c'est  dans  ma  froide  brume 

Une  fleur  de  beauté  que  la  bonté  parfume. 

D'une  double  nature  hymen  mystérieux  ! 

La  fleur  est  de  la  terre  et  le  parfum  des  cieux.  (V,  Hugo.) 

Le  texte  ,  imprimé  par  M.  Wahlen  ,  de  Bruxelles,  est  loin  d'être  correct, 
mais  ce  n'est  sûrement  pas  la  faute  de  l'auteur. 

Citons  encore  cet  exemple  qui  ne  laisse  pas  que  d'offrir  quelques 
difficultés  : 

Trois  sortes  de  ravages  défigurent  aujourd'hui  rarcliilecture 
gothique.  Rides  et  verrues  a  l'épiderme;  c'est  l'œuvre  du  temps. 
Voies  de  faits ,  brutalités ,  contusions ,  fractures  ;  c'est  l'œuvre  des 

(1)  Plusieurs  mettraient  ici  un  deux-points  pour  mieux  marquer  la  di- 
vision ;  mais ,  comme  ce  qui  suit  ,  jusqu'au  point ,  n'est  autre  chose  que  le 
complément  de  ce  qui  précède,  le  point-virgule  est  suflisant,  puisqu'en 
pareil  cas  même  il  ne  fait  que  suppléer  la  simple  virgule.  Au  besoin,  plutôt 
que  d'employer  le  deux-points  dont  la  destination  est  totite autre,  on  peut 
s'aider  du  tiret  ou  de  l'alinéa.  C'est  à  ce  dernier  moyen  ,  on  le  voit,  qu'a 
eu  recours  le  poète  que  nous  citons. 

(2)  Ce  pronom  féminin  la,  s'accordant  non  pas  avec  regard,  mot  au- 
quel il  se  rapporte  grammaticalement,  mais  avec /èwwc ,  mot  laissé  loin 
derrière  la  période,  et  auquel  il  ne  correspond  plus  que  par  le  sens,  est  nn 
nouvel  exemple  de  la  figure  appelée  syllepse. 

(3)  Remarquez  ,  je  vous  en  prie  ,  la  confusion  qui  résulterait  de  la  sup- 
pression de  cette  virgule. 

T.  II  4-2 


•~50  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

révolutions  deiuiis  Liillierjusqu'U Mirabeau.  Mutilations,  amputa- 
tions, dislocation  de  la  membrure,  restaurations  ;  c'est  le  travail 
grec  ,  romain  ,  et  barbare ,  des  professeurs  selon  Vitruve  et  Vi- 
gnole.  (  Victor  Hugo.) 

Les  grammairiens  n'auraient  pas  manqué  de  rattacher  à  la  première 
phrase  par  un  deux-points  tontes  celles  qui  la  suivent  (1)  ,  en  les  séparant 
entre  elles  par  un  point-virgule  ;  tandis  qu'ils  auraient  été  hommes  à  se 
contenter  d'une  simple  virgule  à  tous  les  endroits  où  figure  ici  le  point- 
virgule. 

Mais,  nous  l'avons  dit,  savoir  ponctuer  ,  c'est  savoir  écrire  ;  et  personne, 
je  crois,  ne  s'y  entend  mieux  que  Victor  Hugo.  La  manière  dont  il  a  divisé 
ces  phrases  est  parfaite  (2). 

Encore  un  exemple  emprunté  ,  celui-ci,  h  Girault  Duvivier,  qui  l'a  em- 
prunté à  je  ne  sais  qui  ;  cela  pour  faire  plaisir  aux  partisans  7((r/«f/ wc/dc 
du  sieur  Girault  Duvivier  : 

Politesse  noble  ,  qui  sait  approuver  sans  faveur ,  louer  sans  ja- 
lousie ,  railler  sans  aigreur  ;  qui  saisit  les  ridicules  avec  plus  de 
gaieté  que  de  malice  ;  qui  jette  de  l'agrément  sur  les  choses  les  plus 
sérieuses  ,  soit  par  le  sel  de  l'ironie,  soit  parla  finesse  de  l'expres- 
sion ;  qui  passe  légèrement  du  grave  a  l'enjoué;  sait  se  faire  en- 
tendre en  se  faisant  deviner  ;  montre  de  l'esprit  sans  en  chercher , 

(1)  C'est  ce  qu'a  fait  Bossuet  lui-même  dans  sa  description  du  cheval 
dompté,  «  Voyez  cet  animal  ardent  et  impétueux  :  pendant  que  son  écuyer 
le  conduit  et  le  dompte  ,  que  de  mouvements  irréguliers  !  etc.  »  Evidem- 
ment, à  la  place  du  deux-points,  il  faudrait  un  point. 

(2)  On  n'en  peut  pas  dire  autant  même  de  Bossuet.  o  A  la  fin  il  est 
«dompté:  il  ne  fait  que  ce  qu'on  lui  demande:  il  sait  aller  le  pas,  il  sait 
«courir,  noti  plus  avec  cette  activité  qui  l'épuisait,  par  laquelle  son  obéis- 
«sance  était  encore  désobéissante.  Remarquez  :  elle  n'est  j)as  détruite  , 
»  elle  se  règle ,  il  ne  faut  plus  d'éperon  ,  presque  plus  de  bride  ;  car  la  bride 
»ne  fait  pasl'eËfet  de  dompter  l'animal  fougueux  ;  parun  petit  mouvement, 
nqui  n'est  que  l'indication  delà  volonté  de  l'écuyer,  elle  l'avertit  plutôt 
«qu'elle  ne  le  force,  et  le  paisible  animal  ne  fait  plus,  pour  ainsi  dire, 
«qu'écouler:  son  action  est  tellement  unie  à  celle  de  celui  qui  le  mène, 
«qu'il  ne  s'ensuit  plus  qu'une  seule  et  même  action.» 

Rien  de  plus  mal  ponctué  que  ces  phrases.  Dans  la  première ,  li»  où  il  y 
a  deux  points,  il  faudrait  un  point- virgule.  Dans  la  seconde  ,  à  la  place 
du  deux-points  qui  précède  les  mots  son  action  ,  il  faudrait  on  point.  Il  en 
faudrait  aussi  un  Après  fougueux.  En  outre,  dans  la  première  phrase,  non 
plus  fait  supposer  un  appendice  adversatif  que  l'espiit  s'étonne  de  ne  pas 
trouver.  Puis  remarquer  ne  se  dit  pas  absolument.  Il  faudiail  :  licmarqucz 
qu'elle  n'est  pas  détruite  ;  qu'elle  se  régie  ;  qu'il  ne  faut  plus  d'éperon,  presque 
plus  de  bride,  etc.  Quelles  rduieui  s  l'auteur  de  Notic-Dainc  cùl  jetées  siii  ci 
tableau  ! 


DES   SIGNES    DE    PONCTUATION.  554 

et  donne  "a  des  sentiments  vertueux  le  ton  et  les  couleurs  du  no 
joie  douce. 

A  en  juger  j)ar  les  quatre  ou  cinq  règles  que  l'auteur  de  la  Grammaire  des 
Grammaires  a  rédigées  en  trente-deux  lignes,  qui  toutes  ensemble  ne  disent 
pas  tant  que  les  quatre  lignes  de  notre  second  précepte ,  il  semblerait  que 
l'honorable  maître  ait  pris  chaque  formule  de  la  même  idée  ,  du  même 
principe,  dans  les  quatre  ou  cinq  grammaires  qu'il  a  copiées ,  pour  une 
idée,  pour  un  principe  à  part. 

Je  ne  sache  rien  au  monde  de  plus  diffus,  de  plus  lourd,  de  plus  redon- 
dant, de  plus  pâteux  ,  de  plus  incorrect ,  que  le  style  (  si  style  il  y  a  )  dont 
est  rédigée  la  Grammaire  des  Grammaires.  Il  n'y  a  que  le  style  de  Napo- 
léon Landais  et  de  Boiste  qui  le  dispute  à  celui  de  M.  Girault  Duvivier. 
Encore  ne  dis-je  rien  des  préceptes,  tous  plus  faux  les  uns  que  les  autres; 
ce  qui  n'empêche  pas  tels  maîtres  de  langue  de  Vienne  déconsidérer  Na- 
poléon Landais  et  Girault  Duvivier  comme  deux  oracles.  Il  est  vrai  que 
les  oracles  n'eurent  guère  de  vogue  qu'en  Béotie  ;  et,  si  vous  avez  lu. 
dans  le  Livre  des  Ceyit  et  un  ,  certain  article  fort  spirituel  de  M.  Charles  ou 
Louis  Desnoyers  ,  vous  n'ignorez  pas  que  les  Béotiens  forment  encore  de 
nos  jours  un  peuple  nombreux,  où  se  recrutent  surtout  les  m-tîtrcs  dr 
langue. 

Pour  se  venger  de  l'épigramme,  ces  messieurs  me  reprocheront  aussi  des 
longueurs.  Ils  condamneront  comme  superflus  les  ornements  que  je  sème 
à  pleines  mains  sur  les  quatre  murs  nus  et  froids  de  la  Grammaire  ,  cette 
prison  obscure  où  s'étiolent,  faute  d'air  et  de  jour,  les  jeunes  intelligences, 
avides  de  soleil;  ils  traiteront  de  bavardage  les  causeries  vives  et  sautil- 
lantes dont  je  cherche  à  égayer  mon  grave  sujet.  Il  est  vrai  que,  pour  leur 
compte,  ils  ne  se  piquent  guère  d'être  amusants.  Ils  aiment  mieux  être 
lourds,  à  l'exemple  de  leur  maître  Girault  Duvivier.  Pourvu  qu'ils  puis- 
sent tourner  l'espace  d'une  heure  dans  le  même  cercle  de  phrases  pénibles 
et  embarrassées,  la  plupart  du  temps  inintelligibles  pour  eux-mêmes,  mais 
débitées  pompeusement,  solennellement,  comme  il  convient  à  des  hommes 
graves  ,  sans  le  moindre  petit  mot  pour  rire  ,  sans  un  geste  capable  de 
porter  atteinte  à  leur  dignité  ,  les  voilà  heureux  et  tout  fiers  d'eux-mêmes. 
Que  leur  importe  d'avoir  été  assommants  \ 

Eh!  messieurs,  pour  peu  que  mes  petites  observations  vous  paraissent 
déplaisantes,  il  ne  vous  est  pas  bien  difficile  de  les  esquiver.  A'oyez  comme 
elles  se  font  petites,  comme  elles  se  diminuent ,  comme  elles  se  rangent 
de  côté  ,  pour  faire  place  au  digne  et  grave  cortège  des  préceptes  gramma 
licaux.  Elles  n'entravent  en  rien  sa  marche;  elles  ne  causent  aucun  tioublc. 
aucun  désordre  ;  elles  ne  mettent  aucun  obstacle  entre  vous  et  lui  :  elles 
ne   l'empèchcnl   pas  de  Iraucher   vivemeul  sur   le  fond,  de  manière  qui 


5d2  grammaire  fk.\nçaise. 

vous  ne  puissiez  le  perdre  un  instant  de  vue.  Ces  notes,  ces  remarques,  ces 
conjuicntaires,  qui  vous  offusquent...  mais  c'est  la  l'oule  curieuse,  agitée, 
bariolée^  pleine  de  bruits  et  de  voix,  qui,  loin  de  nuire  au  tableau,  l'anime 
et  le  vivifie!  Si  vos  regards  sont  distraits  par  elle,  c'est  votre  faute.  Vous 
n'avez  qu'à  les  tenir  constamment  fixés  sur  la  masse  saillante  du  cortège. 

Au  fait,  de  quoi  vous  plaignez-vous  f  L'article  présent ,  par  exemple, 
ne  contient  que  deux  formules;  et  ces  formules,  si  courtes  qu'elles  font 
ensemble  à  peine  buit  lignes ,  sont  encore  détachées  du  reste  par  un  carac- 
tère si  gros  qu'elles  sautent  de  suite  aux  yeux.  Est-ce  par  hasard  au  sieur 
Giraull  Duvivier  que  vous  attribuez  l'art  de  dire  plus  de  choses  en  moins 
de  mots  ?  Tenez-vous-en  donc  au  sieur  Girault  Duvivier  ,  votre  coryphée  ; 
car  je  n'aime  pas  assez  les  sots  et  les  esprits  de  travers  pour  vouloir  leur 
faire  du  bien  malgré  eux. 

Je  suis  toutefois  bien  sûr  que  ceux  d'entre  vous  qui  ont  de  l'esprit ,  et  le 
nombre  en  est  grand ,  je  n'en  doute  pas  ,  loin  de  me  blâmer  ,  m'applaudi- 
ront. Ils  conviendront  tout  d'abord  que  les  exemples,  tristes  ou  gais,  plai- 
sants ou  sérieux,  dont  je  cherche  à  varier  mon  ouvrage,  avec  les  commen- 
taires qui  les  accompagne.it  ,  sont  faits  pour  jeter  un  jour  infini  sur  les 
sombres  questions  que  je  traite  et  pour  faire  de  la  grammaire  une  étude 
amusante  autant  qu'instructive. 

D'ailleurs  à  qui  pouvez-vous  vous  en  prendre  de  mes  discussions?  La 
question  serait  bien  plus  simple  et  bien  plus  facile  à  traiter  en  peu  de 
mots  ,  si  vous  ne  l'aviez  pas  tant  embrouillée.  ÎNe  faut-il  pas  que  je  réfute 
les  mille  absurdités  qu'on  vous  a  débitées  jusqu'ici,  et  qu'à  votre  tour  vous 
débitez,  bien  innocemment,  j'en  conviens,  à  ce  bon  public,  qui,  la 
bouche  béante,  attrape  à  la  volée,  plus  adroitement  qu'un  chien,  toutes 
vos  pilules,  et  les  avale  comme  pain  bénit  ?  Pauvre  dupe  !  ne  faut-il  pas 
que  je  cherche  à  l'éclairer,  à  le  désabuser  ?  Or  c'est  là  une  chose  qui  de- 
mande beaucoup  de  temps,  beaucoup  de  paroles.  Je  n'en  veux  pour 
preuve  que  les  interminables  disputations  des  deux  Chambres  à  propos  de 
bottes,  renforcées  de  la  polémique  de  tous  les  journaux  du  monde.  Quel 
déluge  de  motsl  II  semblerait  que  Dieu  ,  se  repentant  de  nouveau  d'avoir 
fait  l'homme  ,  et  ne  pouvant ,  aux  termes  de  l'alliance  ,  l'ensevelir  encore 
une  fois  sous  les  eaux,  ait  résolu  d'arriver  à  la  même  fin  par  la  presse  et 
surtout  par  le  Journal  des  Débats. 

Pauvre  humanité  ! 

Mais,  direz-vous,  il  y  a  tant  de  choses  qui  me  sont  personnelles  1  Que 
voulez-vous!  j'ai  beau  poser  mes  deux  mains  sur  l'horrible  plaie  de  mon 
cœur  ,  le  sang  coule  à  travers  mes  doigts. 

Je  ne  finirai  pas  cet  article  sans  faire  observer  aux  Allemands 
qu'ils  emploient  la  simple  virgule  dans  bien  des  cas  où  il  faudrait 


DES    SIGNES    DE    PONdUATION.  553 

le  point-virgule  ;  ce  qui  nuit  considérablement  à  la  clarté  de  leur 
style  ,  d'ailleurs  si  précis ,  quand  il  n'est  pas  diffus. 

L'art  de  ponctuer ,  tout  entier  fondé  sur  la  logique  ,  doit  être  le 
même  dans  toutes  les  langues. 

Du  Deux-Points. 

Le  deux-points  consiste  en  deux  points  disposés  verti- 
calement (:).     ■ 

L'emploi  de  ce  signe  semble  vouloir  rester  une  énigme  ,  non-seulement 
pour  les  Béotiens  dont  j'ai  parlé,  mais  pour  tout  le  monde  en  général.  Il 
n'est  pas  rare  ,  en  effet ,  de  le  voir  confondu  avec  le  point-virgule  ,  le  point 
simple,  et  même  la  simple  virgule,  dans  des  cas  absolument  identiques. 

Exemples  : 

L'exercice ,  la  sobriété,  et  le  travail  :  voilà  trois  médecins  qui  ne  se  trom- 
pent pas. 

(  Cité  par  MM.  Noël  et  Cliapsal,  à  l'appui  d'une  règle  absurde.  ) 

0  Les  deux  points  me  paraissent  déplacés  dans  cette  phrase,  dit  avec 
raison  M.  Francis  Wey.  On  sait  qu'ils  servent  toujours  ,  suivant  nos  gram- 
mairiens ,  «  arrêter  une  proposition  que  doit  suivre  un  appendice  explicatif. 
Or  ,  dans  le  second  exemple,  remplacez  le  mot  voilà  par  un  équivalent, 
et  dites:  L'exercice,  la  sobriété ,  et  le  travail  stmi  trois  médecins  qui  ne  fe 
trompent  pas ,  vous  verrez  que  rien  ne  doit  être  suspendu,  et  que  le  mot 
voilà  tenant  lieu  du  verbe,  demande  une  simple  virgule.» 

M.  Wey  a  raison  au  fond  ,  mais  non  pas  tout  à  fait  dans  la  forme  ,  qui 
laisse  bien  quelque  chose  à  désirer.  Voilà  ,  dans  l'exemple  cité  ,  est  l'équi- 
valent exact  de  ce  sont  ;  et  cela  est  si  vrai  qu'on  ne  pourrait  guère  le  tra- 
duire en  allemand  que  par  es  sind.  D'où  il  suit ,  [que  si  l'on  veut  bien  se 
rappeler  nos  règles  sur  la  virgule  ,  on  n'hésitera  pas  un  instant  à  réprouver, 
dans  le  cas  actuel ,  l'usage  intempestif  du  deux-points. 

11  faut  autant  qu'on  peut  obliger  tout  le  nionde  : 
On  a  souvent  besoin  d'un  plus  petit  qjie  soi, 

(  1-A  Fontaine,  cite'  (>ai-  MM.  Noël  cl  Chapsal  à  l'appui  iruiic 
règle  non  moins  absurde.) 

Le  point-virgule  est  d'autant  plus  nécessaire  ici,  que  c'est  comme  s'il  y 
avait  :  Il  faut  obliger  fout  le  monde  ;  car  on  a  souvent  besoin  d'un  plus  pcli: 
que  soi.  Cet  exemple  n'cst-il  pas  tout  à  fait  analogue  à  celui-ci  : 

H  ne  se  faut  jamais  moquer  des  misc'rahles  j 
Car  qui  peut  se  (laller  d'élrc  toujours  heureux? 


■)■)'»  GUAMMAIKË   FKAISCjAlSt;. 

Pépin  protège  contre  eux  l'Eglise  romaine  ,  et  lui  donne  une  grande 
partie  de  l'Italie:  premier  fondement  de  la  puissance  temporelle  du  Saint 
Siège.  (  Le  R.  P.  Lobiqubt.  ) 

Godefroi  de  Bouillon,  prince  aussi  pieux  que  vaillant,  marche  en  Asie 
à  la  tête  des  Croisés  :  il  prend  la  ville  de  Jérusalem  et  en  est  proclamé  roi. 

(Idem.) 

La  sagesse  de  Charles  V  et  la  valeur  de  du  Guesclin  réparent  les  pertes 
de  l'Etat  :  mais  à  peine  ces  deux  grands  hommes  ont-ils  les  yeux  fermés  que 
la  démence  de  Charles  VI ,  la  guerre  qui  s'allume  entre  les  maisons  d'Orléans 
et  de  Bourgogne ,  et,  par  dessus  tout,  les  armes  anglaises,  plongent  la 
France  dans  les  derniers  malheurs.  (  Idem.  ) 

Les  premiers  hommes  ,  doués  d'une  grande  longévité  ,  peuplèrent 
bientôt  une  partie  de  l'Asie:  ils  n'eurent  longtemps  d'autres  occupations  que 
la  culture  de  ta  terre  et  le  soin  des  troupeaux.  (Histoire  ancienne.) 

Un  des  petits  fils  de  Caïn  pratiqua  l'agriculture  :  Jubal  inventa  la  mu- 
sique ;  Tubal-Caïn  l'art  de  forger  le  fer;  une  femme  ,  nommée  Naamach, 
l'art  de  filer  et  de  faire  des  tissus.  (  Ibid.  ) 

Dans  tous  ces  exemples,  l'emploi  du  deux-points  est  un  abus  criant. 

Le  comparatif  exprime  la  qualité  avec  comparaison  :  il  y  a  deux  sortes  de 
comparatifs.  (  Noël  et  Chapsal.  ) 

Le  passé  défini  ne  se  dit,  au  contraire,  que  d'un  temps  complètement 
écoulé  et  éloigné  au  moins  d'un  jour  de  l'instant  où  l'on  parle  :  ainsi  l'on 
ne  dira  pas  ,  etc.  [lidcm.  ) 

Quel  démon  a  pu  pousser  ces  messieurs  à  substituer  ici  le  deux  points 
au  point  simple  ?  Il  n'est  personne,  je  crois,  qui  ne  reconnaisse  que  le  deux- 
points  n'est  pas  à  sa  place  ici.  En  outre  pourquoi  flanquer  l'adverbe  au 
contraire  de  deux  virgules  ?  Cela  se  doit  quelquefois,  mais  ce  n'est  pas  ici  le 
cas. 

C'est  encore  le  point  simple  qu'il  faudrait  substituer  au  deux-points 
dans  les  deux  exemples  qui  suivent  : 

Ce  siècle  voit  fleurir  le  célèbre  Pétrarque  :  plusieurs  universités  s'élèvent, 
et  promettent  la  renaissance  prochaine  des  lettres.  (  Le  R.  P.  Lohiquet.  J 

Messieurs,  c'est  un  grand  moment  dans  la  vie  de  tout  homme  de  lettres 
que  celui  où  il  entre  à  l'Acadénne  :  c'en  est  un  surtout  bien  imposant  et 
tout  à  fait  décisif  pour  l'écrivain  dont  les  débuts  étaient  loin  de  se  diriger  vers 
un  prix  si  glorieux  et  pouvaient  même  sembler  s'en  détourner  quelquefois  (1). 

Que  l'auteur  de  Volupté  me  pardonne  ma  hardiesse,  mais  il  ne  fait  pas 
du  deux-points  un  usage  plus  heureux  que  le  révérend  Père  Loriquet,  qui, 
lui  du  moins,  rencontre  quelquefois  assez  juste ,  comme  dans  cet  exemple  : 


(1)  Quell(!  phrase  1  En  qualité  de  grammairien  ,  appelé  à  juger  toute 
question  de  ma  compétence  ,  je  dois  j)révenir  mes  lecteurs  que  je  suis  loin 
de  regarder  le  discours  de  M.  Sainte-Beuve  à  r.\cadémie  comme  un  mo- 
dèle de  l'art  de  jienser  et  de  s'exprimer.  Je  n'ose  en  dire  davantage  ;  mais 
on  doit  se  défier  de  la  phrase  même  que  nous  citons  ,  passablement  alam- 
biquce  comme  tout  le  reste. 


DES   SIGNES    DE    PONCTUATION.  555 

Cependant  les  Français  et  les  Vénitiens  se  vengent  de  toutes  les  perfidies  des 
Grecs  envers  tes  Croisés  :  ils  prennent  d'assaut  Constanllnoplo  ,  et  en  font  le 
siège  de  l'empire  latin  d'Orient.  La  seconde  de  ces  deux  propositions  rentre 
exactement ,  eu  effet,  dans  la  première.  C'est  la  même  idée  présentée  sous 
une  forme  positive  et  palpable,  de  vague  et  indécise  qu'elle  était  d'aliord  , 
ce  qui  est  tout  à  fait  du  ressort  des  deux  points.  C'est  comme  s'il  y  avait  : 
Les  Vénitiens  se  vengent ,  et  voici  comment  :  ils  prcnncrit  d'assaut  Constanti- 
nople,  etc. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  intolérable,  c'est  de  voir  le  même  exemple  traité 
par  les  grammairiens  comme  une  selle  à  tous  chevaux  ,  c'est  à  dire  ,  in- 
voqué par  eux  à  l'appui  de  règles  toutes  contraires  ,  et  ponctué  tantôt 
d'une  manière,  tantôt  de  l'autre,  selon  le  besoin  du  moment. 

Tel  est  celui-ci  dont  la  dernière  proposition  ,  il  faisait  la  grimace  ,  est  sé- 
parée par  un  deux-points  dans  la  grammaire  de  M.  lîoniface  ,  et  par  un 
point-virgule  seulement  dans  celle  de  M.  Girault  Duvivier.  On  a  dit  de  La- 
motte  :  Il  voulait  rire  comme  La  Fontaine,  ;  mais  il  n'avait  pas  la  bouche  faite 
comme  lui  :  ;  il  faisait  la  grimace. 

Si  du  moins  ces  messieurs  pouvaient  se  mettre  d'accord!  Mais,  ce  que 
j'ai  déjà  dit ,  je  puis  l'affirmer  de  nouveau  en  toute  sûreté  de  conscience, 
leurs  livres  ne  sont  qu'un  fouillis  d'absurdités  et  de  contradictions. 

C'est  ainsi  que  M.  Boniface  pose  en  principe  que  «  lorsqu'une  phrase 
«est  divisée  en  deux  grandes  parties,  et  que  les  parties  secondaires  sont  déj.i 
»  séparées  par  la  virgule  et  le  point-virgule,  on  indique  les  deux  grandes  di- 
»  visions  par  les  deux  points.  Exemple:  En  ce  moment ,  je  sentis  mon  cœur 
a  partagé;  j'étais  touché  de  la  naïveté  de  Néoptolème ,  et  de  -la  bonne  foi  avec 
V  laquelle  il  m'avait    rendu  nw7i  arc  :  mais  je  ne  pouvais  me  résoudre  a  voir 

»  ENCORE   LE  jour,    s'iL  FALLAIT   CÉDER   A    UlVSSE.  b  (FéNÉLON.) 

Tout  le  respect  que  m'inspire  le  nom,  pour  moi  sacré,  de  Fénélon  ne 
saurait  me  faire  adopter  cet  emploi  du  deux-points. 

M.  Boniface  établit  encore  que  a  lorsque  deux  phrases  indépendantes 
»  quant  à  la  construction ,  (1)  sont  mises  en  opposition  l'une  à  l'autre  (2)  , 
ocetle  opposition  est  indiquée  par  les  deux  points.  Exemple  :  Un  avare 
test  un  malade  qui  meurt  éioujfé  dans  son  sang  :  un  prodigue  est  un  autre 
•>  malade  qui  meurt  à  force  de  saignées  »  . 

11  y  a  entre  ces  deux  propositions  la  conjonction  et  de  sous-entendue. 
Comment  dès  lors  expliquer  la  présence  du  deux-points  ? 

Il  est   vrai  que    M.  Landais  y  regarde  encore  de  moins  près,  lui  qui  ne 


(1)  Que  fait  ici  cette  virgule  ? 

(2)  Il  faudrait  sont  mises  en  opposition  l'une  avec  l'autre.  On  peut  s'en 
convaincre  à  l'aide  d'une  légère  transposition  :  sont  mises  l'une  avkc  l'autre 
en  opposition. 


Ô5G  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

craint  pas  de  se  lieuiter  avec  le  deux-poiiils  contre  celte  inruneconjonrlion 

exprimée. 

Si  les  beautés  de  l'éloculion  oratoire  ou  poétique  étaient  palpables,  rien 
ne  serait  plus  commun  que  l'éloquence;  un  médiocre  génie  pourrait  y  at- 
teindre :  et  quelquefois  ,  faute  de  les  connaître  assez  ,  un  homme  ne  pour  l'é- 
toquence  reste  en  chemin  ou  s'égare  en  roule,  (Cité  par  M.  A'^.  Landais.  ] 

Je  suis  presque  sur  que  de  cette  phrase ,  si  bizarrement  coupée , 
Rï.  Victor  Hugo  en  eût  fait  trois;  c'est  à  dire  qu'il  aurait  mis  un  point 
après  l'éloquence ,  et  encore  un  point  après  y  atteindre.  Cela  serait  d'autant 
plus  raisonnable  ,  que  ces  trois  propositions  ,  grammaticalement  indépen- 
dantes l'une  de  l'autre  ,  n'ont  pas  entre  elles  d'autre  liaison  que  celle  qui 
résulte  de  l'enchaînement  des  idées.  Elles  n'en  ont  pas  plus  assurément  que 
les  phrases  suivantes,  toutes  séparées  pourtant  par  un  point  : 

Que  les  criminalistes  les  plus  entêtés  y  fassent  attention  ,  depuis  un 
siècle  la  peine  de  mort  va  s'anioindrissant.  Elle  se  fait  presque  douce. 
Signe  de  décrépitude.  Signe  de  faiblesse.  Signe  de  mort  prochaine.  La 
torture  a  disparu.  La  roue  a  disparu.  La  potence  a  disparu.  Chose  étrange  ! 
la  guillotine  elle-même  est  un  progrès.  (Victor  Hugo.) 

A  son  tour  M.  Girault  Duvivier  prescrit  l'usage  du  deux-points  a  après 
•  une  phrase  finie  ,  mais  suivie  d'une  autre  qui  l'éclaircit ,  ou  qui  sert  à  la 
s  développer  ».  Et  à  l'appui  de  cette  étrange  règle,  déjà  émise  <i  propos 
du  point-virgule ,  il  cite  ces  vers  de  Rousseau  : 

Les  cieux  instruisent  la  terre 
A  re've'rer  leur  auteur  : 
Tout  ce  que  leur  globe  enserre 
Célèbre  un  dieu  créateur. 

Oïl  est  la  nécessité  d'user  ici  du  deux-points?  Est-ce  que  ces  deux  phrases 
à  franges  ne  seraient  pas  suffisamment  séparées  par  le  point-virgule  ?  Je  suis 
bien  sûr  que  M.  Francis  Wey  sera  de  mon  avis,  lui  qui  a  une  si  grande 
horreur  du  deiix-points  ! 

a  Employez,  dit-il ,  employez  volontiers  le  point-virgule  aux  endroits  où 
votre  maître  d'écriture  vous  a  conseillé  les  deux  points.  L'usage  immodéré 
des  deux  points  est  ce  qu'il  y  a  de  moins  gracieux  et  de  moins  raisonnable.» 

L'exemple  suivant  en  est  une  preuve  : 

Vos  lois  sont  vos  tyrans  :  leur  barbare  rigueur 
Det'ient  sourde  au  mérite,  nii  sang,  à  lajaveur  : 
Le  sénat  vous  opprime  et  le  peuple  vous  brave. 
Il  faut  s'en  faire  crainthe  ou  ramper  leur  esclave. 

(  VoLTAinE,  cite'  par  M.  Girault  Duvivier.) 

Peut-on  rien  voir  de  plus  mal  ponctué  que  ces  vers  ,  tout  signés  qu'ils 
sont  du  nom  de  Voltaire  ?  Voltaire  n'avait  pas  raison  tous  les  jours. 

Ne  concluez-vous  pas  avec  moi  de  tout  ce  qui  précède  que  toutes 
les  grammaires  sans  exception ,  publiées  jusqu'à  ce  jour ,  sont  ex- 
cellentes... pour  l'épicier?  I.cs  meilleures  sont  sans  conlredil 
celles  du  plus  grand  format. 


DES   SIGNES   DE   PONCTUATION.  .>">7 

Raillerie  à  pari,  est-il  donc  si  difficile  de  déterminer  la 
différence  qu'il  y  a  entre  le  deux-points  et  le  point-virgule? 

Le  point-virgule  annonce  à  celui  qui  lit  —  une  proposition  le  plus 
souvent  analogue  de  construction  à  celle  qui  la  précède,  et  destinée 
à  l'étendre,  à  la  développer,  à  l'expliquer,  à  la  nioliver  (I) ,  but  qui 
est  fréquemment  et  peut  toujours  être  indiqué  par  quelque  conjonc- 
tion ;  en  sorte  que  la  seconde  se  trouve  ainsi  dépendre  même  gram- 
maticalement de  la  première  ,  et  point  la  première  de  la  seconde. 
Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  les  exemples 
de  la  première  série,  à  Vail'idc  point-virgiile.  On  verra  que,  dans 
chacun  d'eux ,  on  peut  très-bien  glisser  une  conjonction  entre  les 
deux  phrases.  Ce  sera  mais  ou  tandis  que  pour  le  premier,  car  pour 
le  second  et  le  neuvième,  w  pour  le  troisième  et  le  huitième,  et  pour 
le  quatrième,  pour  le  sixième,  et  pour  le  dixième ,  en  effet  pour  le 
cinquième,  et  c' est  pourquoi  pour  le  septième. 

Le  deux-points  au  contraire  annonce  une  proposition 
très-rarement  analogue  de  construction  à  celle  qui  précède, 
et  destinée  non  pas  seulement  à  développer  celle-ci,  à  l'ex- 
pliquer, à  la  motiver,  mais  de  plus  à  la  prouver,  à  la 
mettre  en  relief  par  une  réflexion  d'une  vérité  incontes- 
table, avec  la-quelle  on  la  confronte, —  par  un  contraste  frap- 
pant, une  opposition  vive  et  tranchée.  Il  annonce  une 
proposition  qui  n'est  que  la  môme  idée  vague  devenue 
palpable,  devenue  fait,  une  proposition  qui  est  presque  in- 
dispensable à  l'intelligence  de  celle  qui  la  précède^  en  sorte 
que  la  première  dépend  bien  plus  de  la  seconde  que  celle-ci 
de  la  première.  On  peut  môme  dire  que  l'annonce  de  la  se- 
conde est  toujours  explicitement  ou  implicitement  contenue 
dans  la  première,  et  qu'ainsi  la  première  laisse  toujours 
l'esprit  dans  l'attente  d'une  seconde,  qui  en  est  le  complé- 
ment inséparable;  si  bien  qu'il  est  fort  peu  de  cas  où  l'on  ne 
puisse  faire  précéder  le  deux-points  de  quelqu'une  des  ex- 

(1)  On   ne  doit  pas  ontjlier   qn'enlre  des  phrases  simples  et  couiles  la 
virgule  a  le  mèaïc  elFel. 

T.  II.  43 


Ô38  GnAMMAIItE    FIW.XÇAISE. 

pressions  ,  en  voici  la  preuve^  voici  comment.,  voici  la  chose, 
savoir j  etc. 

I.e  poinl-virgule,  coniinela  virgule,  exprime  une  cerlaine  liaison 
entre  des  idées  successives,  naissant  l'une  de  l'aulre  naturellement, 
sans  effort,  sans  transition  brusque,  se  fondant  bien  ensemble,  et 
formant  une  gradation  insensible. 

Le  deux-points  a  une  tout  autre  destination.  îl  tient  lieu 
de  toute  transition  entre  les  idées ,  qu'il  met  brusquement 
à  côté  l'une  de  l'autre  sans  observer  entre  elles  aucun  adou- 
cissement ,  aucune  nuance. 

Les  propositions  rapprochées,  par  le  point-virgule  se  sui- 
vent,  et  forment  comme  les  divers  anneaux  d'une  chaîne; 
celles  que  distingue  le  deux-points  marchent  de  front,  et 
sont  comme  deux  roues  engagées  dans  le  même  essieu,  les 
quelles  se  soutiennent  mutuellement. 

Telle  est  la  véritable  nature  du  deux-points.  Il  ne  faut 
pas  lui  en  attribuer  une  autre.  Exemples  : 

C'est  un  métier  l)ieu  méprisable  que  celui  d'écrivain  du  Journal 
des  Débals  :  //  faut  que  la  girouette  tourne  sans  cesse  ou  qu'elle  se 
hrise. 

De  ces  deux  propositions  la  première  peut  sembler  d'abord  im  peu  ha- 
sardée ;  on  sent  qu'il  y  faut  une  preuve  ;  on  l'attend  ;  mais  dés  qu'elle  pa- 
raît les  plus  incrédules  sont  convaincus. 

Les  cariatides  sont  un  ornement  d'architecture  qui  ne  convient 
qu'à  la  tyrannie  :  les  hommes  ne  doivent  jamais  être  ai'ilis  même 
dans  les  fictions. 

La  grossièreté  des  mœurs  n'exclut  pas  la  corruption  :  les  fruits 
sauvages  pourrissent  comme  les  autres. 

Le  diamant  est  l'image  de  l'égoïste  :  il  a  du  poli,  de  l'éclat,  cl  sa 
dureté  est  impénétrable. 

Il  en  est  du  riant  avenir  comme  d'un  paysage  enchanteur  :  en 
Y  pénétrant  tout  le  charme  disparaît. 


DES  SIGNES  DE   PONCTUATION.  Ô59 

L'esprit  humain  a  la  fureur  de  diviser  et  de  classer:  il  croit  mul- 
tiplier ses  richesses  en  les  séparant.  (Thomas.) 

La  sagesse  qui  conçoit  et  dispose  mérite  la  préférence  sur  la  va- 
leur qui  exécute  :  celle-ci  est  le  propre  de  la  grandeur  d'unie ,  celle- 
là  réunit  la  grandeur  d'âme  et  celle  de  l'esprit. 

Le  peuple  romain  fut  toujours  un  peuple  horrible  :  on  ne  tombe 
point  dans  les  oie  e  s  qu'  il  fit  éclater,  sans  une  certaine  perversité  na- 
turelle. (Chateaubriand.  ) 

Athènes  corrompue  (  i  )  ne  fut  jamais  exécrable  :  dans  les  fers 
elle  ne  songea  qu'à  jouir. 

D'autres  l'ont  déjà  dit  (2),  le  drame  est  un  miroir  où  se  réfléchit 
la  nature.  Mais  si  ce  miroir  est  un  miroir  ordinaire,  une  surface 
plane  et  unie,  il  ne  renverra  des  objets  qu'une  image  terne  et  sans 
relief;  fidèle,  mais  décolorée  :  on  sait  ce  que  la  couleur  et  la  lu- 
mière perdent  à  la  réflexion  simple.  (Victor  Hugo.  ) 

Ainsi  le  but  de  l'art  est  presque  divin  :  ressusciter  ^  s'il  fait  de 
l'histoire;  créer,  s'il  fait  de  la  poésie.  (Idem.) 

(1)  Nouvelle  preuve  que  les  noms  de  villes  sont  bien  lous  réellement 
féminins  ,  à  quelque  terminaison  ,  je  le  lépète,  qu'ils  appartiennent. 

(1)  Plusieurs  pourraient  croire  à  la  nécessité  d'un  deux-points  après  cette 
première  proposition  ;  mais  ils  feraient  preuve  de  peu  de  tact.  D'autres 
l'ont  déjà  dit  n'est  qu'une  idée  accessoire  et  presque  inutile,  qu'on  peut 
placer  indifiFéremment  au  commencement  ou  à  la  fin  de  la  phrase,  on 
même  supprimer  tout  à  (ait,  sans  nuire  le  moins  du  monde  au  sens  prin- 
cipal; tandis  que,  remarquez-le  bien,  les  deux  phrases  quelle  le  deux- 
points  sont  comme  deux  sœurs  jumelles  qui  ne  peuvent  guère  vivre  l'une 
sans  l'autre.  L'exemple  suivant  serait  dans  le  même  cas  ,  si  la  première 
proposition  n'était  suivie  d'app(^ndic(.'S  explicatifs  qui,  par  leur  complica- 
tion, rendent  nécessaire,  avant  la  citation  annoncée,  la  présence  du  deux- 
points  :  On  l'a  dit  quelquefois  ,  mais  on  ne  saurait  trop  le  répéter  ,  parce  que 
cette  observation  n'a  pas  encore  dépassé  un  nombre  fort  limité  d'esprits  :  le  ca- 
ractère dominant  du  christianisme,  c'est  l'esprit  d'égalité. —  Ceux  qui  substi- 
tueraient le  flcux-points  à  la  virgule,  entre  les  deux  propositions  suivantes, 
nesemontreraientguère  plusjudicieux../'e«.s  beau  faire  et  beau  dire, il  persista 
da7}s  sa  résolution.  (  Acad.  )  N'est-ce  pas  comme  s'il  y  avait  ,  Mali^ré  tout 
ce  que  je  pus  dire  et  faire  ?  Et  par  conséquent  cela  n'esl-il  pas  tout  à  fait  du 
ressort  de  la  virgule  ?  Le  Join-nal  des  Débats  n'y  regarde  pas  de  si  près  ; 
o  La  politique  a  beau  faire:  il  est  des  idées  grandes  et  libérales  qui  auront 
toujours  le  privilège  de  rallier  toutes  les  convictions  indépendantes,  tes  hommes 
généreux  de  tous  les  partis;  et  telle  est  l'émancipation  de  la  race  noire.» 
Quelque  intempestif  que  soit  l'emploi  du  deux-points  ,  dans  cette  phrase  , 
après  la  politique  a  beau  faire  ,  cependant  soyons  indulgent  en  faveur  d'une 
idée  si  large,  si  généreuse,  et  si  dépaysée  dans  le  Journal  des  Débals. 


5-50  <;KAAf.M.VlliE    (KA.NCAISK. 

Si  le  deux  poinl!.  ne  tenait  lieu,  comme  nous  l'avoas  dit,  de  toute  transi 
tion  entre  les  idées,  il  faudrait  :   Le  but  de  l'art  est  divin ,  puisqu'il  consiste 
à  ressusciter ,   etc.   Toujours  est-il  qu'on  sous-entend  il  consiste  en   ceci 
avant  le  deux-points. 

Demandez  a  beaucoup  criiomines  d'importance  ce  qu'ils  ont  l'ait 
dans  leur  vie  :  /7^  ont  dîné  tous  les  jours. 

On  sous-entend  ,  avant  le  deux-points  ,  voici  ce  tju'ils  ont  fait. 

J'aime  les  gens  distraits  :  les  sots  et  les  méchants  ont  toujours  de 
la  présence  d'esprit.  (De  Ligne.) 

Dans  cet  exemple  ,  l'auteur  passe  de  même  sans  transition  d'une  asser- 
tion personnelle  à  une  observation  générale.  L'esprit  ne  peut  être  amené 
à  cette  conclusion  qu'au  mo3'en  d'une  idée  intermédiaire  sous-entendue. 
La  phrase  pleine  serait  :  J'aime  les  ^ens  distraits;  parce  que  tes  gens  bons, 
tes  gens  d'esprit ,  sont  ordinairement  distraits  ;  tandis  qu'au  contraire  les  sols 
et  les  méchants  ont  toujours  de  la  présence  d'espril.  Et  dès  lors  ,  on  le  voit ,  le 
point-virgule  suQirait  à  en  distinguer  les  parties  ])rincipales  ;^  cette  phrase 
devenant  ainsi  tout  à  fait  analogue  à  cette  autre  du  même  auteur,  déjà 
citée  dans  la  Méthode  du  Genre  :  J'aime  les  gens  d'espril  qui  sont  bêles;  leur 
bêtise  est  toujours  aimable  et  bonne;  mais  craignons  les  sots.  Le  deux-points 
indique  donc  généralement  une  interruption  dans  la  génération  des  idées; 
il  tient  donc  lieu  d'une  proposition  intermédiaire ,  jugée  inutile  ,  et  qu'on 
supprime  pour  donner  à  sa  pensée  plus  de  vivacité  ,  plus  de  nerf  ,  plus  de 
saillie. 

D'ordinaire  la  rumeur  qui  s'échappe  dé  Paris  le  jour,  c'est  la 
ville  qui  parle;  la  nuit,  c'est  la  ville  qui  respire  :  ici,  c'est  la  oille 
qui  chante.  (  Déjà  cité.  ) 

C'est  comme  s'il  y  avait  :  Paris  ,  le  jour ,  c'est  la  ville  qui  parle  ;  la  nuit , 
c'est  la  ville  qui  respire;  mais  ici  c'est  bien  autre  chose  :  ici,  c'est  la  ville  qui 
chante.  On  sent  que  le  deux-points  pouvait  seul  indiquer  celte  opposition  , 
et  qu'en  le  remplaçant  par  le  point-virgule  on  ferait  un  contre-sens 
énornve.  Cet  exemple  sufiBrait  seul  à  démontrer  l'importanjce  du  signe  dont 
nous  nous  occupons  ,  et  surtout  la  nécessité  d'en  bien  connaître  la  nature 
et  la  destination,  afin  de  ne  pas  l'employer  en  aveugle  à  tout  piopos. 

On  nous  dcmandra  peut-être  rexplicaliou  de  ce  signe  dans 
l'exeniple  suivant  ; 

Trompette,  s    (.  Poisson  -./islulairr ,  centristjuc,  syngnate. 

(Méthode  du  Genre,  paj^e  oVo,  ligue  6.) 


DES   SIGNES    DE    I'0>CTLATIO.\.  5 M 

La  raison  pour  laquelle  le  deux-points  figure  après  poisson,  c'est  qu'on 
sousentend  dont  voici  les  principales  espèces;  ce  qui  amène  naturellement 
Je  signe  en  question. 

Pauvres,  nous  avons  été  sacrés  rois  du  ciel  :  quel  est  donc  le  roi 
de  la  terre  qui  oserait  se  prévaloir  sur  nous  de  sa  royauté  ? 

(L.  N.  Ze  Lii're  de  Tous.) 

La  transition  naturelle  entre  les  deux  idées  serait,  puisqu'il  en  est  ainsi  j 
puisque  nous  sommes  les  rois  du  ciel,  et  que  le  ciel  est  si  fort  au  dessus  de  la 
terre,  quel  est  le  roi  de  ta  terre ,  etc.  Mais  on  sent  combien  cotte  marche 
serait  lourde  et  traînante. 

Le  plus  fort  et  le  plus  pénible  est  de  donner  :  que  coûte-il  donc 

(Fy  ajouter  un  sourire  ? 

La  proposition  intermédiaire  est  celle-ci  ;  puisqu'il  en  est  ainsi ,  puisque 
vous  êtes  bien  convaincu  de  cela,  répondez-moi  :  que  coûle-til ,  etc. 

Le  cœur  ne  se  gouverne  pas  comme  l'esprit  ;  on  ne  lui  commaude 
point  :  c'est  lui  plutôt  qui  nous  conduit.        (  M°^  DE  PuisiEUX.) 

II  y  a  de  même  avant  le  deux-points  un  intervalle  que  l'on  pourrait 
combler  par  ces  mots  :  car  le  cœur  est  ce  qui  exerce  le  plus  d'empire  sur 
nous,  en  sorte  que  c'est  lui,  etc.  Telle  est,  en  effet ,  la  marche  naturelle 
des  idées.  Elles  s'engendrent  l'une  de  l'autre,  elles  se  succèdent  l'une  à 
l'autre  sans  interruption.  (]omme  les  plantes  nées  de  la  terre,  elles  pous- 
sent des  branches,  des  rameaux  ,  des  feuilles  ;  le  bouton  produit  la  Heur  , 
la  fleur  enfante  le  fruit.  Mais  il  est  du  goût  de  retrancher  de  celte  végéta- 
tion tout  ce  qu'il  juge  inutile,  d'en  augmenter  l'effet,  de  le  varier  au 
moyen  d'une  habile  disposition  ,  de  hâter  à  son  gré  les  fleurs  et  les  fruits. 

Le  Système  de  la  Nature,  qui  détruit  tout;  le  Livre  de  l'Esprit, 
qui  fait  tout  haïr,  ne  sont  pas  de  mon  goût  -.faible,  jai  besoin  d'ap- 
pui; sensible,  j'ai  besoin  d'aimer.  (  M"'=  Clairon.) 

Si  la  partie  soulignée,  dans  cet  exemple,  était  la  conséquence  immédiate 
de  ce  qui  précède,  on  pourrait  sans  inconvénient  substituer  le  point-vir- 
gule au  deux-points,  en  sous-entendant  seulement  la  conjonction  car. 
Mais  l'esprit  ne  procède  pas  ainsi.  Avant  d'arriver  à  celte  conclusion,  il  a 
dû  passer  par  ces  propositions  intermédiaires  ; /;(7"r7HOt  we  soH<-e//ci' /;«*■ 
de  mon  f^oûl  ?  en  voici  la  raison. 

Il  n'y  arien ,  absolument  i)inlant,  «le  laid  dans  la  nature;  la 
beauté  n'est  que  relative:  nie/iez.  des  luncKes  trop  faibles  ou  trop 
fortes,  elle  disparaît . 


■>t2  fillAMMAlUE    FUANÇAISE. 

On  pourrait  dire  avec  le  point-virgule  :  La  beauté  n'est  (jue  relative;  cela 
est  si  vrai  que,  si  vous  mettez  des  lunettes  trop  faibles  ou  trop  fortes ,  elle 
disparait  ;  parce  qu'alors  les  idées  se  suivent  sans  interruption. 

11  me  faut  l'auteur  de  tout  l'univers  pour  raison  de  tout  ce  qui 
m'arrive  :  quand  c'est  à  lui  i^u  il  faut  m  en  prendre,  je  ne  m'en  prends 
plus  à  personne ,  et  me  soumets. 

Mêmes  raisons  ,  mêmes  explications. 

Dès  ^  567,  la  ville  se  répand  tellement  dans  le  faubourg  qu'il 
faut  une  nouvelle  clôture,  surtout  sur  la  rive  droite  :  Charles  V  la 
fjàtit.  (Victor  Hugo.) 

Le  piano  tremble  sous  ses  mains  redoutables  ;  il  embrasse  pres- 
que toute  l'étendue  du  clavier  ;  il  jette  les  notes  à  flots  :  c'est  une 
mitraille  d'accords  ,  de  traits  ,  DE  BRODERIES ,  à  donner  le  oertige. 

(Berlioz.) 

Une  mitraille  de  traits  ,  passe  encore.  Mais  «)!e  mitraille  de  broderies! 
Si  le  style  de  M.  Berlioz,  comme  compositeur,  est  aussi  extravagant  que 
son  style  ,  comme  critique,  je  ne  suis  plus  si  étonné  du  mal  qu'en  disent 
tous  les  gens  sensés  qui  ont  eu  la  rare  occasion  de  l'entendre.  En  revanche, 
M.  Berlioz  excelle  à  poser  le  deux-points  : 

Quant  à  ses  compositions,  je  crois  qu'il  ne  faut  pas  leur  accorder 
beaucoup  d'importance  :  dest  de  la  musique  d'amateur. 

(Berlioz.) 

Pour  M.  Berlioz,  la  musique  de  Rossini  est  bien  près  d'être  une  mu- 
sique d'amateur.  Ce  qu'il  lui  faut,  c'est  un  horrible  charivari  d'instruments 
de  cuivre  et  de  grosses  caisses.  Il  fondrait  volontiers  tous  les  chaudrons  et 
toutes  les  casseroles  de  la  capitale  pour  en  faire  des  trompettes  et  des 
cymbales  ;  il  arracherait  volontiers  la  peau  à  tous  ceux  qui  n'aiment  pas  sa 
musique  pour  en  faire  des  timbales  et  des  tambours.  Vous  connaissez  ses 
vœux  philanthropiques! —  Au  train  dont  il  y  va  ,  la  musique  finira  bientôt 
par  où  elle  a  commencé  ,  par  des  tambours  et  des  trompettes ,  et  nous 
verrons  se  renouveler  le  miracle  de  Jéricho. 

Tout  a  contribué  a  rendre  cette  soirée  intéressante  :  l'excellent 
choix  de  Lahlache  ,  la  perfection  du  jeu  de  Dorus ,  la  présence  des 
deux  ténors^  l'un  avec  cet  organe  si  plein  de  charme  et  si  puissant, 
avec  ce  chant  si  entraînant  et  si  tendre  ,  Vautre  doué  d'une  voix 
suave  et  légère  ,  et  maître  consommé  dans  son  art. 

(Berlioz.  ) 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  Ô  '("> 

J'ai  dit  que,  de  deux  propositions,  de  deux  parties  de  phrases 
jointes  par  le  deux-poinls,  la  seconde  est  toujours  implicilement  ou 
explicitement  annoncée  par  la  première.  Ici  cette  annonce  est  for- 
melle, commie  il  arrive  toujours  pour  une  énumération. 

Entre  une  énumération  et  l'assemblage  de  mots  qui  annonce 
cette  énumération,  l'emploi  du  deux-points  n'est  donc  nullement 
équivoque. 

Trois  choses  Oxent  la  valeur  d'un  présent:  le  sentiment,  fà- 
propos,  et  la  manière.  (M"*  DE  SOMÉllY.) 

On  sous-entend  avant  le  deux-points  le  mot  savoir,  appelé  par  les  gram- 
mairiens conjonction  explicative. 

Il  n'y  a  maintenant  que  deux  classes  en  Europe  :  celle  qui  de- 
mande des  privilèges ,  et  celle  qui  les  repousse.         (Bonaparte.) 

En  tout  pays,  si  l'on  voulait  s'entendre,  il  y  aurait  place  pour 
quatre  :  le  roi,  les  nobles,  les  prêtres,  et  la  nation. 

(Cité  par  Boiste.  ) 

Il  faut  combattre  dans  la  carrière  littéraire  trois  redoutables  en- 
nemis :  V amour  propre,  V intérêt,  et  Vopinon. 

On  demande  quatre  choses  a  une  femme  :  que  la  vertu  habite  dans 
son  cœur;  que  la  modestie  brille  sur  son  front;  que  la  douceur 
découle  de  ses  lèvres,  et  que  le  trai>ail  occupe  ses  mains. 

(Cité  par  tous  les  grammairiens .  ) 

Il  y  a  dans  la  nature  de  l'iiomme  deux  principes  opposés  :  l'a- 
mour propre ,  qui  nous  rappelle  à  nous  ;  et  la  bienveillance ,  qui 
nous  répand.  (  DiDEiiOT .  ) 

Il  y  a  deux  sortes  de  curiosité  :  l'une  d'intérêt,  qui  nous  porte  à 
désirer  d'apprendre  ce  qui  peut  nous  être  utile;  et  l'autre  d'orgueil, 
qui  oient  du  désir  de  savoir  ce  que  les  autres  ignorent. 

(La  Rochefoucauld.) 

Au  quinzième  siècle  Paris  était  encore  divisé  en  trois  villes  tout  à 
fait  distinctes  et  séparées,  ayant  chacune  leur  physionomie,  leur 
spécialité,  leurs  mœurs,  leurs  coutumes,  leurs  privilèges,  leur  his- 
toire :  la  Cité,  l'Université,  la  Ville.  (  ViCTOR  HUGO.  ) 

M.  Victor  Hugo  s'est  pourtant  conlenté  de  la  simple  virgule  dan? 
l'exemple  suivant  : 


'^4  ORAMMAIHE    FRANÇAISE. 

Tout  VOUS  prenait  aux  yeux  à  la  fois,  le  pignon  taillé,  la  toiture 
aiguë ,  la  tourelle  suspendue  aux  angles  des  murs,  la  pyramide  de 
pierre  du  onzième  siècle ,  V obélisque  d'ardoise  du  quinzième^  la  tour 
ronde  et  nue  du  donjon,  la  tour  carrée  et  brodée  de  téglise,  le  grand, 
le  petit,  le  massif,  P aérien.  (  Déjà  cité.  ) 

C'est  que  l'énuméralion  dont  il  s'agit  n'est  pas  dans  les  conditions 
voulues  pour  le  deux-poinis. 

Tout,  au  commencement  de  cette  phrase ,  n'est  que  la  récapilu- 
lalion  de  plusieurs  sujets  qui  le  suivent  au  Heu  de  le  précéder,  voilà 
tout.  On  pourrait  dire  lout  aussi  bien  ,  Le  pignon  taillé ,  la  toiture 
aiguë,  la  tourelle  suspendue  ,elc.,  tout  vous  prenait  aux  yeux  à 
la  fois.  L'auteur  a  voulu  vous  peindre  l'effet  avant  la  cause,  et  il  a 
renversé  sa  phrase;  mais  il  s'est  bien  gardé  du  deux-points. 

C'est  pourquoi ,  dans  l'exemple  suivant,  le  deux-poinls  pourrait 
aussi  céder  le  pas  à  la  simple  virgule  ;  cela  sans  compromettre  sa 
dignilé. 

Tout  plaît  dans  les  synonymes  de  l'abbé  Girard  :  la  finesse  des 
remarqites,  la  justesse  des  pensées^  le  choix  des  exemples. 

{ Cité  par  tous  les  grammairiens.  ) 

M.  Victor  Hugo  certes  en  sait  plus  long  qa*  tous  les  grammairiens  de 
tout  le  globe. 

Ils  vous  disent,  les  grammairiens,  qu'on  fait  usage  aussi  du  deux- 
poinls  après  une  énumération.  Encore  faudrail-il  que  cette  énuméra- 
tion  fût  très-longue  et  que  les  détails  en  fussent  très-compliqués, 
comme  dans  cet  exemple  : 

Avoir  une  âme  d'esclave  ;  savoir  être  infidèle  au  malheur  et  in- 
grat; ramper  dans  la  tyrannie;  ne  sentir  ni  l'orgueil  des  choses  su- 
blimes, ni  l'ambition  des  vastes  desseins;  être  assez  médioci^epour 
qu'on  dédaigne  de  vous  haïr,  et  assez  vil  pour  qu'on  se  serve  do 
vous,  même  en  vous  méprisant  :  voilà  ce  qu'il  faut  pour  être  un 
grand  homme  politique  comme  M.  de  Talleyrand. 

(Louis  Bl.ViNC.) 

Même  dans  cet  exemple,  l'emploi  du  deux-poinls  n'est  appuyé 
suraucunvraiprincipe.il  n'y  a  pas  ici  deux  propositions.  Les  parties 
de  cette  énumération  ne  sont  que  les  divers  sujets  d'un  même 
verbe,  et  ne  doivent  pas  être  séparées  de  l'attribut  par  une  ponctua- 
tion ()lus  forte  que  celle  qui  les  disliniiuc  entre  elles.  Le  point-vir- 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION,  Ô4S 

guie  doit  sufCire  ici,  comme  la  virgule  suffit  après  une  énuinération 
simple:  Désirer,  regretter,  souffrir,  voilà  ce  qu'on  appelle  vivre  ! 
—  L'abolition  des  dettes ,  la  ijroscription,  des  riches ,  le  pillage  de 
Rome ,  le  partage  de  toutes  les  dignités  dans  le  nouveau  gouverne- 
ment qu'il  se  proposait  d'établir,  telles  étaient  les  récompenses  que 
Catilina  faisait  entrevoir  à  ses  partisans. 

Du  lait,  du  pain,  des  fruils,  de  l'herbe,  une  onde  pure, 
C'était  de  nos  a'ieux  la  saine  nourriture. 

(Cité  par  Giraiilt  Duvivier,  avec  un  deux-pointîî 
après  le  premier  vers.) 
Le  deux-points,  dira-l-on,  marque  le  point  précis  où  s"arrète  l'é- 
numération.  Mais  ce  n'est  pas  là  l'objet  du  deux-points;  c'est  l'ob- 
jet du  tiret,  destiné,  en  effet,  à  servir  de  signe  de  distinction  entre 
des  phrases  ou  des  parties  de  phrases  qu'il  est  nécessaire  d'isoler, 
de  détacher  nettement. 

Il  y  en  a  qui  mettraient  un  deux-points  entre  les  deux  proposi- 
tions suivantes  : 

Il  y  a  deux  sortes  de  procédures  criminelles  ;  rime  cherche  des 
innocents  et  Vautre  des  coupables. 

Je  crois  qu'ils  auraient  tort,  car  la  seconde  ne  coîistitue  pas  une 
énumération  telle  que  la  fait  supposer  le  deux-points  ;  elle  n'est 
qu'une  émanation  naturelle,  une  suite  de  la  première. 

En  effet,  c'est  comme  s'il  y  avait  :  Il  y  a  d^iix  sortes  de  procé- 
dures criminelles  ;  de  ces  deux  procédures ,  l'une  cherche  des  inno- 
cents et  l'autre  des  coupables. 

On  sent  dès  lors  combien  le  deux-points  y  serait  déplacé. 

A  la  bonne  heure,  si  la  phrase  était  construite  ainsi  qu'il  suit  : 
Il  y  a  deux  sortes  de  procédures  criminelles  :  l'une  qui  cherche  des 
innocents,  l'autre  des  coupables. 

Alors  le  deux-points  serait  tout  à  fait  sur  ses  domaines. 

D'où  il  suit  que  le  juste  emploi  du  deux-points  demande  bien 
quelque  intelligence. 

Son  application  la  moins  douteuse  a  lieu  après  l'annonce  d'un  dis- 
cours direct,  d'un  dialogue,  ou  d'une  citation. 

Le  plus  grand  ennemi  de  l'humanité  fut  celui  qui  le  premier  osa 
dire  :  11  n'y  a  point  de  Dieu. 

A-t-on  jamais  vu  un  heureux  se  dire  :  c'est  assez  ? 

T.  II.  44 


540  GRAMMAIRE    FRAiNÇAISE. 

Dis,  toi ,  ma  fille  :  O  vierge  ,  appui  des  chastes  coeurs  , 

Qui  sans  doute  veillez  sur  toutes  les  blancheurs  , 

Sur  les  cygnes,  la  neige  ,  et  sur  les  jeunes  âmes  , 

Gardez-moi  bien  à  moi ,  lis  de  votre  vallon  , 

La  sainte  pureté  qu'on  appelle  ,  dit-on  , 

Candeur  chez  les  enfants ,  et  vertu  chez  les  femmes. 

(  An  aïs  Ségalas.  ) 
Vous,  petits  ,  indigents  ,  dites  :  Jésus,  c'est  nous  , 
Les  pauvres  ,  les  petits,    qui  prions  à  genoux.  (Idem.) 

Pythagore  a  dit  :  Mon  ami  est  un  autre  moi-même;  et  Plaulo  : 
Le  bien  que  l'on  fait  a  d'iionnêtes  gens  n'est  jamais  perdu. 

(Cité  par  Girault  Dumner.  ) 

Un  jour  que  M.  le  marquis  de  F.  insistait  auprès  d'un  souve- 
rain pour  faire  admettre  dans  un  corps  savant  un  grand  seigneur, 
le  prince  impatienté  lui  répondit  :  «  Laissez-nous  au  moins  la  ré- 
publique des  lettres.  » 

Quelqu'un  disait  :  J'ai  renoncé  a  l'amitié  de  deux  hommes  ;  a 
l'amitié  de  l'un,  parce  qu'il  ne  m'a  jamais  parlé  de  lui;  a  celle  de 
l'autre,  parce  qu'il  ne  m'a  jamais  parlé  de  moi. 

Le  roi  d'Angleterre,  apercevant  dans  une  rue  de  Londres,  Pope, 
qui  était  bossu  ,  dit  a  ses  courtisans  :  «  Je  voudrais  bien  savoir  à 
quoi  sert  ce  petit  homme  qui  marche  tout  de  travers.  »  Pope  l'en- 
tendit et  cria  en  se  retournant  :  «  A  vous  faire  marcher  droit.  » 

Gourville  rencontrant  au  bois  de  Boulogne  un  médecin  de  ses 
amis  qui  avait  un  fusil ,  lui  dit  :  «  Où  allez-vous  donc?  —  Voir  un 
malade  a  Auleuil.  —  Il  parait,  répliqua  Gourville  ,  que  vous  avez 
peur  de  le  manquer.  » 

On  disait  a  Masséna,  qui  n'avait  que  deux  mille  hommes  a  oppo- 
ser à  trente  mille  Russes  :  «  L'ennemi  est  bien  près  de  nous.  — 
Dites  que  nous  sommes  bien  près  de  lui,  »  répondit-il. 

En  1753,  l'abbé  de  Voisenon  donna  au  Théâtre-Italien  un  petit 
acte  assez  maussade.  La  pièce  n'ayant  eu  aucun  succès,  quelqu'un 
lui  demanda  pourquoi  il  l'avait  risquée  à  la  scène  :  «  Il  y  a  si  long- 
temps, répondit  Voisenon,  que  tout  Paris  m'ennuie  en  détail,  que 
j'ai  saisi  cette  occasion  pour  rassembler  tout  mon  monde  et  prendre 
ma  revanche  en  gros.  •> 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  547 

Madame  de  Slaël  disait  de  Talieyrand  :  «Ce  bon  Maurice!  il  res- 
semble aux  petits  bons  hommes  que  l'on  donne  aux  enfants,  et  dont 
la  tète  est  en  liège  et  les  jambes  en  plomb  :  on  a  beau  les  jeter  et 
les  renverser,  ils  se  retrouvent  toujours  sur  leurs  pieds.  » 

On  voit  par  cet  exemple  qu'une  citation  petit  être  composée  de  phrases 
susceptibles  ^d'être  distinguées  elles-mêmes  par  le  deux-points. 

M.  de  Talieyrand  a  défini  un  grand  métaphysicien  :  Un  homme 
qui  excelle  à  mettre  de  l'encre  noire  sur  du  drap  noir. 

La  virgule  se  substitue  quelquefois  au  deux-poinis  avant  une 
citation  composée  de  peu  de  mots  ,  surtout  dans  un  ouvrage  didac- 
tique ,  une  grammaire,  un  dictionnaire;  encore  faut-il  souligner 
cette  citation  dans  l'écriture,  et  la  différencier  par  le  caractère  dans 
l'impression. 

On  dit  figurément ,  Epuiser  une  matière  ^  ne  rien  oiwfier  de  ce 
qui  peut  être  dit  sur  la  matière  qu'on  traite. 

Si  même  les  mots  cités  font  corps  avec  votre  phrase  de  manière 
à  n'en  pouvoir  être  séparés,  contentez-vous  de  les  distinguer  par  le 
caractère  ou  par  des  guillemets. 

Guider  aux  champs  de  la  victoire  sera  mauvais  tant  qu'il  sera 
permis  de  dire  guider  à  la  victoire.  (Francis  Wey. ) 

Si  l'on  a  eu  pour  objet  ces  concetti  fades  et  tourmentés  dont 
Pétrarque  a  fourni  le  modèle  à  Voiture,  à  Campistron  ,  à  Scudéry , 
à  la  Calprenède,  et  à  M.  de  Fontanes,  alors  le  style  fleuri  n'est 
plus  qu'un  souvenir;  ses  fleurs  artilicielles  sont  fié  tri  es  et  mises  en 
foin,  toutes  desséchées  et  mortes,  suivant  l'expression  de  Brantôme. 

(Idem.) 

Dans  l'EcoLE  des  Vieillards,  Danville,  faisant  un  retour  sni 
lui-même,  se  sent 

«  Rongé  de  plus  d'ennuis  qu'au  temps  où  l'intérêt 

«  Tenait  à  ses  calculs  la  jeunesse  asservie  ».  (  Idctu.  ) 

Si  donc  vous  tenez  a  parler  comme  au  moyen  âge,  si  vous  tenez  à 
faire  du  droslati(jue,  faites-vous  une  orthographe  (1)  ;  et  ne  croyez 
pas,  avec  Voltaire,  qu'  «  il  eût  autant  valu  parler  l'ancien  celte 

(1)  Nous  ajouterions  appropriée  au  genre. 


■>4t>  GRAMIUIRK  FRANÇAISE. 

»  que  le  français  du  temps  deCharlcs  Mil  et  de  Louis  Xll,  et  que  (I) 
»  la  langue  était  inintelligible  avant  François  1»^.  »  (Idem.) 

"N'oyez  ce  que  j'ai  déjà  dit  sur  ce  sujet  au  chapitre  de  la  virgule,  et  ce 
qucj'en  dirai  encore  au  chapitre  du  guillemet. 

En  .somme,  il  est  aisé  de  voir  que  tous  les  usages  du  deux-points 
se  rapi»oitenl  au  même  principe.  C'est  pourquoi  je  ne  comprends 
pas  que  les  Allemands  n'en  usent  qu'avant  une  énumération  ou  une 
cilalion.  l'ourlant  il  n'y  a  pas  deux  logiques  ,  et  conséquemment  il 
n'y  a  pas  deux  manières  de  ponctuer.  On  m'a  dit  que  leur  grand 
Grimm,  comme  ils  Tappèlent,  avait  imaginé,  pour  les  autres  cas,  de 
mettre  un  point  avant  la  seconde  proposition  et  de  commencer  celle- 
ci  par  une  minuscule.  Mais  quoi  de  plus  disgracieux  qu'une  minuscule 
après  un  point  simple  !  Il  faut  avoir  une  singulière  manie  dinven- 
ter  !  Eh  !  rappelez -vous  donc  ,  inventeurs  maudits,  qu'il  n'y  a  rien 
de  nouv^^  sous  le  soleil  ! 

M.  Grimm  a  fait  preuve  de  plus  de  tact,  lorsqu'il  a  suprimé  la 
majuscule  des  substantifs  communs  ;  idée  juste,  idée  logique,  que 
personne  n'a  encore  osé  adopter,  tant  les  hommes  sont  attachés  à 
leurs  préjugés  ! 

Voici ,  pour  finir,  un  exemple  qui  semble  fait  tout  exprès 
pour  préciser  la  différence  qu'il  y  a  entre  les  fonctions  du 
deux-points  et  celles  du  point-virgule  : 

11  y  a  le  Paris  de  Catherine  de  Médicis,  aux  Tuileries  ;  le  Paris  de 
Henri  11,  a  l'Hôtel  de  Ville:  deux  édifices  encore  d'un  grand  goiit; 
le  Paris  de  Henri  IV,  à  la  Place-Royale:  façades  de  briques  a  coins 
de  pierres  et  a  toits  d'ardoise ,  des  maisons  tricolores  ;  le  Paris  de 
Louis  XIII,  au  Val-de-Grâce  :  une  architecture  écrasée  et  trapue,  des 
voûtes  en  anses  de  panier,  je  ne  sais  quoi  de  veotru  dans  la  colonne 
et  de  bossu  dans  le  dôme;  le  Paris  de  Louis  XIV,  aux  Invalides  : 
grand,  riche,  doré  et  froid  ;  le  Paris  de  Louis  XV,  àSaint-Sulpice  : 
des  volutes ,  des  nœuds  de  rubans ,  des  nuages ,  des  vermicels  et 
des  chicorées,  le  tout  en  pierre  ;  le  Paris  de  Louis  XVI,  au  Pan- 
théon :  Saint-Pierre  de  Rome  mal  copié  (l'édifice  est  lassé  gauche- 

(1)  Evidemment  ce  que  n'appartient  pas  à  la  phrase  de  Voltaire.  Faut- 
il  pour  cela  fermer  le  guillemet  avant  et  le  rouvrir  après  ce  gi'c  ?  Cela 
biraif  souvcrainmicnt  puéril. 


DES  SIGNÉS  DE  l'O.NCl  LAÏIO.X.  ùA9 

meiU,  ce  qui  n'a  pas  raccommodé  les  lignes)  ;  le  Paris  de  la  Répu- 
blique a  rÉcole-de-Médecine  :  un  pauvre  goût  grec  et  romain ,  qui 
ressemble  au  Colisée  ou  au  Parthénon  comme  la  constitution  de  l'an 
m  aux  lois  dé  Minos  ;  on  l'appelle  en  arcbitecture  le  goût  messidor; 
le  Paris  de  Napoléon  ,  a  la  place  Vendôme  :  celui-là  est  sublime, 
une  colonne  de  bronze  faite  avec  des  canons  ;  le  Paris  de  la  Restau- 
ration ,  a  la  Rourse  :  une  colonnade  fort  blanche  supportant  une 
frise  fort  lisse;  le  tout  est  carré  et  a  coûté  vingt  millions. 

(  Victor  Hugo.  ) 

L'auteur  aurait  bien  fait  de  prêter  au  point-virgule  le  secours  du  tiret , 
entre  chaque  membre  de  sa  période,  pour  en  mieux  détacher  les  parties 
aux  yeux.  De  cette  manière  ,  le  tout  est  carré  et  a  coûte  vingt  millions  n'au- 
rait pas  l'air  de  se  rapporter  à  tout  ce  qui  précède. 

J'ai  dit.  ' 


Du  Point  Absolu, 

Le  point  consiste  en  une  petite  marque  ronde  (.)  par 
laquelle  on  termine  toute  phrase  finale ,  ainsi  que  toute 
proposition,  soit  simple,  soit  composée,  dont  le  sens  est 
entièrement  indépendant  de  celle  qui  la  suit.  Exemples  : 

L'impatience  est  une  vertu  dans  une  âme  douce  et  honnête;  elle 
y  nait  de  l'amour  du  bien  et  de  la  haine  du  mal.         (Vanière.) 

A  une  grande  vanité  près ,  les  héros  sont  faits  comme  les  autres 
hommes.  (La  Rochefoucauld.) 

Gâter  un  enfant,  c'est  lui  préparer  l'infériorité  en  tout  genre  cl 
le  malheur. 

La  nature  confond  notre  jugement,  en  mêlant  dans  un  individu 
le  bien  et  le  mal  à  tel  point  qu'on  hésite  a  l'appeler  héros,  brigand, 
ou  l'un  et  l'autre. 

La  modestie  en  actions ,  en  pensées ,  en  paroles ,  est  la  première 
grâce  des  femmes. 

Le  travail  est  souvent  le  père  du  plaisir. 

Je  plains  l'homme  accablé  du  poids  de  son  loisir.      (\oLiAiaii.) 


•"».")0  (ili.VMMAlRE    FKANÇAISE. 

Térence  était  de  Carthage.  On  ignore  le  nom  de  sa  famille, 

(  BOiMFACE.) 
Le  monde  est  vieux ,  dit-on  ;  je  le  crois.  Cependant 
Il  le  faut  amuser  encor  coninie  un  enlant.  (La  Fontaine.) 

Dufresny  est  (in  par  saillies;  chez  Fonlenelle  la  finesse  tient  a  la 
réflexion  ;  elle  est  pour  Marivaux  l'effet  de  la  sagacité.  L'esprit  du 
premier  est  plus  vif,  l'esprit  du  second  plus  simple  et  plus  adroit, 
celui  du  troisièmeest  souventdélié  jusqu'à  la  subtilité.  Dufresny  s'a- 
muse du  moment,  Fontenelle  a  de  la  portée  dans  ses  paroles,  Mari- 
vaux a  trop  de  coquetterie  dans  son  style.  Dufresny  raille,  Fontenelle 
badine ,  Marivaux  séduit.  La  gaîté  de  l'un  me  plaît ,  j'admire  la  ré- 
serve de  l'autre,  je  m'abandonne  au  charme  du  troisième.  Supposez 
une  femme  tendre,  elle  serait  inquiète  avec  Dufresny,  froide  el  polie 
avec  Fontenelle,  et  mettrait  son  bonheur  a  rendre  heureux  Mari- 
vaux ;  (I)  par  un  mariage,  bien  entendu  !       (Fs.  (2)  Barrière.) 

Les  grammairiens  appèlent  rapports  vagues  et  généraux  la  cohérence  qui 
existe  naturellement  entre  plusieurs  propositions  successives  ,  nées  du 
même  sujet,  comme  plusieurs  branches  du  même  tronc,  et  ne  faisant 
qu'un  tout  avec  lui,  bien  que  distinctes  entre  elles. 

Je  ne  voyais  plus  rien  de  ce  site  enchanté, 

Dont  nous  étions  venus  admirer  la  beauté. 

Toutes  mes  facultés  ne  vibraient  que  pour  elle. 

Pendant  que  j'aspirais  le  ciel  dans  sa  prunelle  , 

D'un  jour  surnaturel  me  sentant  inonder, 

Je  la  voyais  aussi  parfois  me  regarder. 

Oh  !  sur  moi  ce  regard  plein  de  vague  tristesse  , 

C'était  comme  un  torrent  de  bonheur  et  d'ivresse  , 

Qui  se  précipitant  sur  moi  du  haut  des  cicux , 

Me  laissait  quelque  temps  sans  parole  et  sans  yeux. 

(L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 
N'est-ce  pas  que  ce  jour  fut  un  jour  magnifique  ? 
Les  haines  s'éteignaient  dans  l'ivresse  publique  ; 

(1)  Le  texte  porte  un  deux-points  à  la  place  d'un  point-virgule.  Mais 
c'est  un  abus  ;  car  le  deux-points  n'est  point  destiné  à  précéder  une  queue 
«le  jihrase,  ajoutée  par  réflexion  à  ce  qu't)n  vient  de  dire  pour  le  modifier. 
Le  di'ux-points  ne  serait  pas  plus  déplacé  entre  les  deux  propositions  sui- 
vantes :  Je  vous  aime,  Stella  ;  je  vous  aime  de  toutes  les  forces  de  mon  àme. 

(2)  Celte /"et  celles  sont  apparemment  l'iniliale  el  la  finale  d'un  nom. 
Le  point  devrait  donc  figurer  entre  l'/'ct  l'.s ,  non  après  celte  dernière. 


DES    SIGNES    DE    PONCTUATION.  551 

Un  même  sentiment  nous  faisait  tous  joyeux  ; 

Et  des  larmes  d'amour  coulaient  de  tous  les  yeux. 

L'amour ,  soleil  divin  ,  épanchait  dans  les  âmes 

Et  ses  plus  doux  rayons  et  ses  plus  vives  flammes. 

Avec  plus  de  transport ,  sur  son  sein  triomphant  , 

La  mère  plus  heureuse  enihrassait  son  enfant. 

La  beauté ,  se  parant  d'une  grâce  nouvelle  , 

Répandait  un  parfum  plus  suave  autour  d'elle. 

Le  frère  en  aimait  mieux  sa  soeur  ;  dans  leur  cli(!min  , 

Les  amis  se  pressaient  plus  vivement  la  main  ; 

Et  des  petits  enfants  la  voix  douce  et  fervente 

Priait  tout  bas  avec  une  foi  plus  vivante. 

(  Id.   Amertumes  et  Consolations.  ) 

Allez  clans  les  bagnes,  appelez  antour  de  vous  toute  la  cliiourme. 
Examinez  un  a  un  tous  ces  damnés  de  la  loi  humaine.  Calculez 
l'inclinaison  de  tous  ces  profils ,  tâtez  tous  ces  crânes.  Chacun  de 
ces  hommes  tombés  a  au  dessous  de  lui  son  type  bestial;  il  semble 
que  chacun  d'eux  soit  le  point  d'intersection  de  telle  et  telle  espèce 
animale  avec  l'humanité.  Voici  le  loup  cervier,  voici  le  chat,  voici 
le  singe,  voici  le  vautour,  voici  l'hyène.  Or  de  ces  pauvres  têtes  mal 
conformées,  le  premier  tort  esta  la  nature  sans  doute,  le  second  a 
l'éducation.  La  nature  a  mal  ébauché,  l'éducation  a  mal  retouché 
l'ébauche.  Tournez  vos  soins  de  ce  côté.  Une  bonne  éducation  au 
peuple.  Développez  de  votre  mieux  ces  malheureuses  têtes,  afin  que 
l'intelligence  qui  est  dedans  puisse  grandir.  Les  nations  ont  le  crâne 
bien  ou  mal  fait  selon  leurs  institutions.  Rome  et  la  Grèce  avaient 
le  front  haut.  Ouvrez  le  plus  que  vous  pourrez  l'angle  facial  du 
peuple.  (Victor  Hugo.) 

Quand  la  France  saura  lire,  ne  laissez  pas  sans  direction  celle 
intelligence  que  vous  aurez  développée.  Ce  serait  un  autre  désor- 
dre. L'ignorance  vaut  encore  mieux  que  la  mauvaise  science.  Non, 
Souvenez-vous  qu'il  y  a  un  livre  plus  philosophique  que  leCompère 
Mathieu,  plus  populaire  que  le  CoustUutionnel ,  plus  éternel  que 
la  Charte  de  1830.  C'est  l'Écriture  Sainte.  Et  ici  un  mot  d'explica- 
tion. Quoi  que  vous  fassiez,  le  sort  de  la  grande  foule,  de  la  multi- 
tude, de  la  majurité.  sera  toujours  relativement  pauvre  el  malheu- 
reu.\,el  Irisle.  A  elle  le  dur  travail,  les  fardeaux  a  pousser,  les  fai- 


-Vi2  GRAMMAIHE  FRANÇAISE. 

deaux  a  liaîner ,  les  fardeaux  à  porter.  Examinez  celle  balance  : 
toutes  les  jouissaïiccs  dans  le  plateau  du  riche,  toutes  les  misères 
dans  le  plateau  du  pauvre.  Les  deux  parts  ne  sont-elles  pas  iné- 
gales? La  balance  ne  doit-elle  pas  nécessairement  pencher,  et  l'État 
avec  elle  ?  Kt  maintenant  dans  le  lot  du  pauvre,  dans  le  plateau  des 
misères,  jetez  la  certitude  d'un  avenir  céleste,  jetez  l'inspiration  au 
bonheur  éternel ,  jetez  le  paradis,  contrepoids  magniOque  !  Vous 
rétablissez  l'équilibre.  La  part  du  pauvre  est  aussi  riche  que  la  part 
du  riche.  C'est  ce  que  savait  Jésus  qui  en  savait  plus  long  que  Vol- 
taire. (Idem.) 

Mon  épouvante  est  aisée  h  concevoir.  Supposez  que  l'être  que 
vous  chérissez  le  plus  au  monde  vous  a  quittée  pour  quelque  temps, 
en  vous  promettant  de  revenir  sans  faute  tel  jour,  a  telle  heure.  Le 
jour  arrive,  l'heure  sonne,  votre  ami  n'est  pas  là.  Un  quart  d'heure 
de  retard.  Une  heure,  deux  heures  de  retard,  et  il  ne  vient  pas. 
Mon  Dieu!  que  lui  est-il  arrivé?  vous  écriez-vous,  le  cœur  plein 
d'angoisse.  Et  vous  voila  supposant  les  malheurs  les  plus  extraor- 
dinaires, les  plus  incroyables,  les  plus  impossibles,  sans  même  son- 
ger que  l'événement  le  plus  simple  peut  être  la  cause  de  ce  retard. 
Les  heures  se  passent ,  votre  inquiétude  augmente  ,  vos  craintes 
redoublent,  votre  perplexité  devient  de  plus  en  plus  affreuse  et  in- 
supportable. On  a  beau  vous  parler ,  vous  rassurer,  vous  prouver 
par  les  meilleures  raisons  qu'il  est  impossible  qu'il  soit  arrivé  quel- 
que chose  à  votre  ami ,  vous  ne  voyez  rien ,  vous  n'entendez  rien  ; 
cela  parce  que  vous  aimez  ,  parce  qu'on  tremble  toujours  pour  ce 
qu'on  aime,  parce  que  l'amour  est  plus  fort  que  la  raison. 

(L.  N.  Fleurs  du  Danube) 

Les  hommes  foulent  aux  pieds  la  vérité  et  la  justice  ;  un  désir  in- 
satiable de  richesse  et  de  gloire  les  poursuit  sans  cesse.  Pour  moi, 
qui  fuis  l'ambition,  l'envie,  la  vaine  émulation  attachée  a  la  gran- 
deur, je  n'irai  point  à  la  cour  deSuze,  sachant  me  contenter  de  peu 
et  dépensant  ce  peu  selon  mon  cœur.        (Heraclite  a  Darius.) 

M.  Fiey  croit  qu'il  faut  un  deux-points,  au  lieu  d'un  point ,  entre  ers 
deux  propositions.  Sans  doute  qu'il  y  a  entre  les  deux  idées  qu'elles  expri- 
ment une  certaine  liaison  logique;  mais  cette  liaison  n'est  pas  assez  foric 
poTU'  nécessiter  la  présence  «lu  donx-pnints  dont  il  faut  craindre  <Ie  trr.]) 


DES  SIGNKS  DE  PONCTUATION.  •'»;>. i 

-compliquer  les  usages.  Ces  deux  propositions  n'ont  d'autre  rapport  entre 
elles  que  celui  qui  les  rattache  au  même  sujet  ,  rapport  suffisamment  ex- 
primé par  leur  juxtaposition.  Il  en  est  de  même  des  suivantes: 

Une  femme  prude  paye  de  maintien  et  de  paroles;  une  femme 
sage  paye  de  conduite.  Celle-là  suit  son  humeur  et  sa  complexion; 
celle-ci  sa  raison  et  son  cœur.  L'une  est  sérieuse  et  austère;  l'autre 
est,  dans  les  diverses  rencontres,  précisément  ce  qu'il  faut  qu'elle 
soit.  La  première  cache  des  faiblesses  sous  des  dehors  plausibles  ; 
la  seconde  couvre  un  riche  fonds  sous  un  air  libre  et  naturel. 

(  La  Bruyère,  cité  par  Landais.) 

Partout  où  figure  ici  le  point  simple  ,  le  texte  porte  un  deux-points.  Ce- 
pendant ces  phrases  sont  analogues  de  forme  à  celles  qui  sont  plus  haut  si- 
gnées F. s  Barrière,  et  n'ont  pas  entre  elles  une  liaison  plus  étroite.  Unité 
de  principes  ,  unité  de  principes  ,  je  le  répète  ;  où  le  désordre  ira  toujours 
croissant  avec  les  difficultés. 

Leurs  voiles  étaient  meilleures  que  les  nôtres;  le  vent  les  favori- 
sait, leurs  rameurs  étaient  en  plus  grand  nombre.  Ils  nous  abor- 
dent, nous  prennent ,  et  nous  emmènent  prisonniers  en  Egypte. 

(FÉNÉLON.) 

Le  texte  porte  un  deux-points  ,  au  lieu  d'un  point ,  avant  Ils  nous  abor- 
dent ;  mais,  pour  les  raisons  exposées  plus  haut,  nous  n'en  voyons  pas 
l'utilité. 

Dans  Y  Ecole  des  Vieillards,  un  vieux  traflcant,  livré  à  la  jalou- 
sie, combat  ce  sentiment,  et  s'écrie  : 

Non  ,  cette  Irénésie 

N'a  point  part  aux  transports  dont  mon  ùme  est  saisie. 

Période  trop  arrondie  dans  la  bouche  d'un  bon  homme  exaspéré. 

(Francis  Wev.  ) 

11  y  eu  a  qui  auraient  hésité  à  mettre  un  point  devant  cette  apposi- 
tion finale;  oubliant  que  la  ponctuation  giadue  ces  signes  d'après  le  plus 
ou  le  inoins  d'adhésion'que  les  idées  ont  entre  elles,  et  non  d'après  la  forme 
matérielle  qu'elles  revêtent  ;  en  sorte  que  les  conjonctions  elles-mêmes,  on 
l'a  déj.i  vu  ,  se  conformant  à  cette  progression  logique  des  idées  ,  récla- 
ment tantôt  la  virgule  ,  tantôt  le  poinl-virgulc  ,  tantôt  le  point  ,  entre  les 
parties  qu'elles  mettent  en  rapport. 

Les  futaies  du  jardin  du  toi  (jiii  loiiviaicnl  la  poiiile  ociidciihile 
r   II,  4S 


534  GKAMMAIUE    FRANÇAISE. 

delaCiléniasquaienl  l'îloldu  passeur.  Quant  àV  eau,  on  ne  la  voyait 
guère  des  deux  côtés  de  la  cité  :  la  Seine  disparaissait  sous  les  ponls^ 
les  ponts  sous  les  maisons.  (Victor  Hugo.  ) 

Voyez  Claude  Gueux.  Cerveau  bien  fait,  cœur  bien  fait  sans  nul 
doute.  Mais  le  sort  le  met  dans  une  société  si  mal  faite,  qu'il  finit 
par  voler.  La  société  le  met  dans  une  prison  si  mal  faite,  qu'il  finit 
par  tuer.  (Idem.) 

Je  suis  sorti  de  l'horrible  anxiété  où  m'avait  jeté  la  visite  du  di- 
recteur. Car,  je  l'avoue,  j'espérais  encore...  Maintenant,  Dieu 
merci ,  je  n'espère  plus.  {Idem.) 

Un  conseil  de  brahmines  serait  beau,  prenant  en  main  la  cause 
du  paria.  Et  ici  la  cause  du  paria,  c'était  la  cause  du  peuple.  [Idem.) 

Que  dites-vous  de  ces  trois  phrases  : 

Cela  s'est  fait.  Cela  s'est  vu.  Oui.  (Victor  Hugo.) 

Môme  les  parties  d'une  énumération,  quand  elles  sont  trop  com- 
pliquées, peuvent  être  séparées  par  un  point  : 

L'image  générale  du  vieux  Paris,  nous  la  résumons  en  quelques 
mots.  Au  centre,  l'île  de  la  Cité,  ressemblant  par  sa  forme  à  une 
énorme  tortue,  et  laissant  sortir  ses  ponts  écaillés  de  tuiles,  comme 
des  pattes,  de  dessous  sa  grise  carapace  de  toits.  A  gauche,  le  tra- 
pèze monolithe,  ferme,  dense,  hérissé,  de  l'Université;  a  droite,  le 
vaste  demi-cercle  de  la  Ville ,  beaucoup  plus  mêlé  de  jardins  et  de 
monuments.  Les  trois  blocs.  Cité,  Université,  Ville,  marbrés  de 
rues  sans  nombre.  Tout  au  travers,  la  Seine,  «  la  nourricière  Seine,  » 
comme  le  dit  le  P.  Du  Breul ,  obstruée  d'îles ,  de  ponts,  et  de  ba- 
teaux. Tout  autour  une  plaine  immense,  rapiécée  de  mille  sortes  de 
cultures ,  semée  de  beaux  villages  ;  à  gauche ,  Issy,  Vanvres, 
Vaugirard,  Mont-llouge,  Gentilly  avec  sa  tour  ronde  et  sa  tour 
carrée,  etc.;  à  droite,  vingt  autres,  depuis  Conflans  jusqu'à  la 
Ville-l'Évêque.  A  l'horizon,  un  ourlet  de  collines  dispersées  en  cer- 
cle comme  le  rebord  du  bassin.  Enfin,  au  loin,  h  l'orient,  Vin- 
cennes  et  ses  sept  tours  quadrangulaires ;  au  sud,  Bicêtre  et  ses 
tourelles  pointues;  au  septentrion,  Saint-Denis  et  son  aiguille  ;  à 
foccidenl ,  Saint-Clond  et  son  donjon.  Voila  le  Paris  que  voyaient 


DES   SIGNES   DE   PONCTUATION.  555 

du  haut  des  tours  de  Notre-Dame  les  corbeaux  qui  vivaient  eu  1 182. 

(Victor  Hugo.) 

Toutefois  l'auteur  aurait  peut-être  bien  fait  de  conserver  le  point- virgule, 
en  s  aidant  du  firet ,  car,  excepté  la  première,  toutes  ces  phrases  ensemble 
n'en  forment  réellement  qu'une  seule. 

Dans  les  abréviations ,  on  remplace  les  lettres  retran- 
chées par  un  point.  Ainsi  l'on  écrit  M.,  M."'^  M."%  au  lieu 
de  Monsieur, Madame,  Mademoiselle  (1)^  S.  M.,  S.  A.  R., 
au  lieu  de  Sa  Majesté ,  Son  Altesse  Royale  ^  etc. 

Les  Alleinands  mettent  volontiers  un  point  après  les  noms  de 
nombre  ii,  iii,iv,  v,etc.,  dans  de  telles  phrases  :  Le  roi  d'Angle- 
terre Charles  n  etit  la  tête  tranchée  le  oQ  janvier ,  1649;  —  Louis  xvi 
mourut  sur  l'échafaud,  le  21  janvier  M^o,  avec  un  grand  courage; 
—  Louis  xviii,  chassé  du  trône  par  le  retour  de  Napoléon  (181  5),  se 
retira  à  Gand  pendant  les  cent  jours.  Libre  aux  Allemands  de 
mettre  un  point  après  n,  après  xvi,  après  xviii  ;  leurlanguen'y  re- 
garde pas  de  si  près;  mais  je  les  prie  de  s'en  dispenser  dans  les 
livres  qu'ils  se  permettent  de  publier  en  français  et  d'imprimer  avec 
d'affreux  caractères ,  sur  d'affreux  papier,  et  avec  des  millions  de 
fautes. 

L'usage  veut,  en  outre,  que  Ion  mette  des  points  sur  les  i. 

De    l'Alinéa  (2). 

L'alinéa  est  le  plus  fort  des  signes  de  ponctuation.  La 
marque  de  l'alinéa  est  la  rentrée  qu'on  observe  au  com- 
mencement de  la  première  ligne  d'un  discours,  d'une  nar- 
ration. Il  est  figuré,  en  imprimerie,  par  un  petit  morceau 

(1)  Encore  est-il  vrai  de  dire  que,  partout  où  le  point  aliréviatif  se  trouve 
en  concurrence  avec  des  lettres  supérieures,  on  le  supprime  aujourd'hui  en 
typographie,  comme  étant  désagréable  à  l'œil;  qu'ainsi  l'on  imprime  sim- 
plement M"',  M'l«,  1°,  2",  etc. 

(2)  Du  latin  a,  de,  et  lineâ ,  ligne  :  à  la  ligne.  Quand  on  dicte  à  quel- 
qu'un ,  on  dit  alinéa,  c'est  à  dire  ,  quittez  la  ligne  où  vous  êtes  ,  et  com- 
mencrz-en  une  autre  au  dessous.  Dans  ce  sens  il  est  adverbe.  Mais  il  s'em- 
ploie le  plus  souvent  comme  substantif  masculin  ,  précisément  dans  le  sens 
dont  il  s'agit  ici.  Observons  en  passant  que  l'Académie  qui  éci  it  des  opéras, 
des  af;cndas  ,  des  folios  ,  etc.  ,  n'ose  écrire  des  alinéas ,  avec  la  marque  du 
pluiii'l.  Nous  nous  nionlrerons  plus  raisonnable  cl  plus  accommodant. 


•'>">^1  GIUMMAIKE    1KA.\(JA1SE. 

(le  fonte  plus  bas  que  les  lettres  et  de  la  largeur  de  deux 
chiffres,   lequel  ne  marque  pas  sur  le   papier,   et  qu'on 
appelle  cadratin. 
«On  doit  employer  ce  signe,  dit  Beauzéc,  cité  par  Duvivicr, 

pour  différencier  ,  par  exemple,  les  diverses  preuves  d'une  même  vérité, 
les  diverses  considérations  que  l'on  peut  faire  sur  un  même  fait  (faire  des 
considéraiions  !  )  ,  sur  un  même  projet  (  faire  dCS  COTlSidérationS  SUT 
un  projet,  à  propos  de  ponctuation!  ) ,  les  différentes  affaires 
dont  on  parle  dans  une  leltre,  dans  un  mémoire  ;  en  un  mot,  toutes  les 
fois  que  l'on  passe  d'un  point  de  vue  dont  l'exposition  fl'eXpOSition  d'un 
point  de  vue!  J  «  eu  une  certaine  étendue  ,  à  un  autre  point  de  vue  qui 
permet  de  prendre  un  repos  pfus  considérable  que  celui  du  point.  « 

Seigneur,  mon  Dieu  !  quel  style!  Mais  il  n'est  pas,  daas  notre 
siècle  tant  décrié,  un  simple  commis  aux  barrières  qui  ne  s'exprime 
avec  plus  de  justesse  et  d'élégance  !  El  c'est  Beauzée  qui  écrit  ainsi  ! 
le  célèbre  Beauzée,  membre  de  l'Académie  française,  auteur  d'une 
fameuse  traduction  de  Quinte-Curce ,  dans  laquelle  on  me  faisait 
apprendre,  au  collège,  la  belle  langue  de  Racine  et  de  Molière! 
J'aurais  pris  volontiers  cela  pour  du  GiratiU  Dumvier  tout  pur, 
mais  l'honnête  grammairien  de  ce  nom  ne  manque  jamais  de  vous 
citer  son  auteur. 

Bref,  je  dirai,  moi,  que  l'alinéa  indique  entre  les  idées 
une  séparation  plus  profonde  que  le  point  ;  qu'il  sert  à 
distinguer  les  différents  groupes  d'idées  dont  se  compose 
un  discours ,  un  récit. 

Les  signes  de  ponctuation  sont,  sur  le  papier,  comme 
les  détroits  et  les  canaux  qu'on  voit  dans  un  archipel. 
La  virgule  marque  les  échancrures ,  les  enfoncements , 
les  divisions  partielles  et  plus  ou  moins  variées  d'une  île. 
Le  point  et  le  deux-points  sont  des  ponts  jetés  entre  deux 
ou  plusieurs  îles  extrêmement  rapprochées,  pour  les  mettre 
en  communication.  Le  point  distingue  entre  elles  les  îles 
d'un  même  groupe;  et  l'alinéa  marque  la  distance  d'un 
groupe  à  l'autre.  Ou  bien  encore  :  les  phrases  et  les  parties 
de  phrases  séparées  par  la  virgule  ou  le  point-virgule  sont 


DES  SIGKES  DE  PONCTLATION.  Ôo' 

comme  les  fleurs,  les  feuilles,  les  rameaux  d'une  même 
branche  ^  les  phrases  qui  ont  entre  elles  un  deux-points  sont 
comme  deux  branches  jumelles  d'un  même  arbre;  celles 
que  divise  le  point  sont  comme  les  diverses  branches  qui 
jaillissent  d'une  même  tige  et  forment  ensemble  un  tout 
plus  ou  moins  touffu,  plus  ou  moins  épais.  L'alinéa  est 
l'intervalle  qui  existe  entre  ces  divers  touts,  rangés  avec 
symétrie,  comme  les  marronniers  de  Schœnbrunn  ou  des 
Tuileries,  et  destinés  trop  souvent  comme  eux,  surtout 
dans  la  grammaire  de  Girault  Duvivier  et  le  Journal  des 
Débats,  à  intercepter  la  lumière  trop  vive  du  soleil. 

Tel  est  l'ordre  proportionnel  que  suivent  les  signes  de 
ponctuation.  Ce  que  nous  venons  de  dire  sur  l'alinéa  offre 
déjà  plusieurs  exemples  de  ce  signe.  En  voici  quelques 
autres  : 

Le  Lacédémonien  Pédarète  se  présente  pour  être  admis  au  con- 
seil des  Trois-Cents  ;  il  est  rejeté  ;  il  s'en  retourne  tout  joyeux  de  ce 
qu'il  s'est  trouvé  dans  Sparte  trois  cents  hommes  valant  mieux  que 
lui.  Je  suppose  ceUe  démonstration  sincère,  et  il  y  a  lieu  de  croire 
qu'elle  l'était  :  voilà  le  citoyen. 

Une  femme  de  Sparte  avait  cinq  fds  à  l'armée ,  et  attendait  des 
nouvelles  de  la  bataille.  Un  ilote  arrive;  elle  lui  en  demande  eu 
tremblant:  «Vos  cinq  fils  ont  été  tués.  —  Vil  esclave,  t'ai-je  de- 
mandé cela?  —  Nous  avons  gagné  la  victoire.  »  La  mère  court  au 
temple  et  rend  grâce  aux  dieux  :  voila  la  citoyenne. 

(J.  J.  Rousseau.) 

Quoique  Agricole  ne  fût  pas  de  beaucoup  en  retard  {\  ),  la  phy- 
sionomie de  sa  mère  exprimait  autant  d'inquiétude  que  de  tristesse; 
on  voyait  à  ses  yeux  rougis  qu'elle  avait  beaucoup  pleuré. 

La  pauvre  femme,  après  de  douloureuses  et  longues  incertitudes, 
venait  d'acqnérir  la  conviction  que  sa  vue,  depuis  long-temps  très- 
affaiblie,  ne  lui  permettrait  bientôt  plus  de  travailler  même  deux 

(1)  Le  texte  porte  très  en  retard ,  mais  cela  n'est  pas  franrais. 


•">')S  GUAMAIAIKE  l'UAiNÇAlSE. 

OU  trois  heures  par  jour,  aiusi  qu'elle  avait  coutume  de  le  faire. 

D'abord  excellente  ouvrière  en  lingerie,  a  mesure  que  ses  yeux 
s'étaient  fatigués,  elle  avait  dû  s'occuper  de  couture  de  plus  en  plus 
grossière,  et  son  gain  avait  nécessairement  diminué  en  proportion. 
Enfin  elle  s'était  vue  réduite  à  la  confection  de  sacs  de  campement, 
qui  comportent  environ  douze  pieds  de  couture.  On  lui  payait  ses 
sacs  a  raison  de  deux  sous  chacun  (1),  et  elle  fournissait  le  fil.  Cet 
ouvrage  étant  très-pénible,  elle  pouvait  au  plus  parfaire  trois  de 
ces  sacs  en  une  journée.  Son  salaire  était  ainsi  de  six  sous. 

On  frémit  quand  on  pense  au  grand  nombre  de  malheureuses 
femmes  dont  l'épuisement,  les  privations,  l'âge  et  la  maladie  (2),  ont 
tellement  diminué  les  forces,  ruiné  la  santé,  que  tout  le  labeur  dont 
elles  sont  capables  peut  a  peine  leur  rapporter  quotidiennement 
cette  somme  si  minime.  Ainsi  leur  gain  décroît  en  proportion  des 
nouveaux  besoins  que  la  vieillesse  et  les  infirmités  leur  créent. 

(Eugène  Sue.  ) 

Le  texte  comporte  une  foule  de  fautes  de  ponctuation  que  nous  avons 
fait  disparaître.  M.  Eugène  Sue,  comme  la  plupart  des  romanciers,  fait  un 
étrange  abus  du  point  suspensif  ou  de  réticence. 

Remarquez  qu'il  faut  continuer  à  la  ligne,  mais  sans  rentrée,  le 
discours  interrompu  par  une  citation  quelconque  qu'on  ne  veut  pas 
ou  qu'on  est  empêché  de  placer  immédiatement  à  la  suite  de  la  ligne 
où  l'on  en  est  ,  comme  lorsqu'on  rapporte  une  inscription ,  des 
vers,  etc.  : 

Un  des  inconvénients  des  mois  recherchés,  c'est  qu'ils  s'ajustent 
souvent  avec  peu  de  justesse  aux  expressions  plus  naturelles,  et 
qu'ils  ôtent  au  style  un  peu  de  sa  précision.  Le  grand  Corneille,  fort 
ménager  de  ces  froides  locutions,  en  écrivant  dans  le  Cid  : 

percé  jusques  au  fond  du  cœur 

D' une  alteinte  imprévue  aussi  bien  que  mortelle  , 

a  autorisé  Casimir  Delavigne  a  construire  ce  vers  : 

Je  suis  tombé  ,  perce  d'une  atteinte  mortelle. 

(1)  Le  texte  porte  chaque,  au  lieu  de  chacun,  mais  évidemment  c'est 
une  faute,  chaque  étant  un  adjectif  qui  doit  toujours  précéder  le  substantil. 
Chaque  â^c.  Chaque  état.  Mettez  chaque  chose  à  sapUice. 

(2)  L'â!;6  et  la  maladie  doivcnl  rester  unis,  parce  qu'il  résument  en  eux 
tout  ce  qui  précède. 


DES  SIGNES  DE  PONCTIJATIOX.  559 

Tour  bien  recherché  dans  la  bouche  d'un  mourant.  Atteinte  est 
plus  noble  que  coup ,  que  blessure;  pourquoi?  La  réponse  est  im- 
possible. Or  percé  d'une  atteinte  est  une  méchante  locution  ;  V at- 
teinte touche  à,  ad-tangit;  mais  elle  ne  perce  pas. 

(Francis  Wey.  ) 

Lorsque ,  dans  Hernani ,  don  Carlos ,  en  sortant  d'une  armoire, 
dit: 

Mais  à  ce  qu'il  paraît , 

Je  ne  chevauchais  pas  à  travers  la  forêt ,   (J) 

l'auditoire  est  indisposé  soudainement  contre  le  poète.  Ce  vers,  (2) 
condamnable,  il  faut  l'avouer,  était  facile  à  éviter.  Dans  la  scène 
précédente,  cette  question  faite  par  le  roi  : 

Serait-ce  d'aventure  (3) 

Le  manche  du  balai  qui  te  sert  de  monture  ? 

avait  produit  un  effet  fâcheux  au  théâtre.  Les  aristarques  se  sont 
armés  de  toutes  les  foudres  d'Aristote ,  retrempées  par  La  Harpe , 
pour  accabler  l'ouvrage  au  moyen  de  douze  syllabes  mal  ordonnées 

et  malsonnantes.  (  Idem.  ) 

< 
Dans  la  poésie,  il  est  de  bon  goût  de  n'indiquer  l'alinéa  que  par 
une  ligne  de  blanc  ou  un  blanc  quelconque,  sans  rentrée  : 

Par  elle  j'ai  compris  ,  je  lui  dois  cette  grâce  , 
Le  bonheur  des  élus  à  voir  Dieu  face  à  face. 

Jugez  de  mes  regrets  !  Je  suis  bien  ici  bas 
Le  plus  infortuné  des  hommes  ,  n'est-ce  pas? 

Ah  !  si  vous  pouviez  voir  quelle  douleur  me  ronge  , 


(1)  M.  Wey  emploie  le  guillemet  au  commencement  et  à  la  fin  de  ces 
vers  ;  mais  ce  signe  est  ici  superflu  ,  puisque  la  citation  est  suflisammenl 
distinguée  par  son  isolement,  dans  l'écriture,  et,  déplus,  dans  l'impression, 
par  la  différence  du  caractère. 

(2)  Le  texte  ne  porte  point  de  virgule  après  ce  vers  ,  mais  évidemment 
il  en  faut  une;  car  sans  celte  virgule  l'auteur  l'ait  entendre  qnn  a  ce  vers  cnn— 
dautnuble  était,  il  faut  l'avouer ,  facile  à  éviter,  »  tandis  que  bien  certai- 
nement il  a  voulu  dire  que  v  ce  vers,  qui,  il  faut  l'avouer  ,  est  condaiiina- 
bh;,  était  facile  à  éviter.  »  Nouvelle  preuve  de  la  dffiéience  qui  peut 
résulter,  dans  le  sens  d'une  phrase,  du  déplacement  ou  de  la  suppression 
d'une  simple  viignle. 

(3)  Pourquoi  A'aventure  entre  deux  viigules,  dans  le  texte  ?  J'ai  cru  devoir 
les  supprimer. 


")C0  GRAMMAIRE    FRA>ÇAISE. 

El  dans  quel  dtniil  pioloiul  son  souvenir  me  plonge  , 
Si  vous  saviez  quel  vide  alï'ieux  est  dans  mou  cœur, 
Depuis  que  Dieu  m'a  pris  ainsi  tout  mon  bonhetir  , 
Vos  yeux  où  se  reflète  une  âme  douce  et  bonne  . 
D'une  larme  à  coup  sûr  me  verseraient  l'aumône. 

Accablant  souvenir  !  cruelle  illusion  ! 

Son  image  me  suit  comme  une  vision. 

Je  passe  à  la  pleurer  des  jours,  des  nuits  entières. 

Je  l'invoque  cent  fois  dans  toutes  mes  prières  ; 

Car,  s'il  est  dans  le  ciel  un  ange  doux  et  bon  , 

Une  sainte  bénie  ,  et  digne  de  ce  nom  , 

Assurément  c'est  elle,  elle,  cette  nature 

Si  pleine  de  candeur ,  si  sublime  ,  si  pure  ; 

Elle  ,  cette  âme  chaste  ;  elle,  ce  cœur  chrétien  ; 

Elle  qui  ne  vécut  que  pour  Faire  le  bien , 

Et  qui  disait  souvent  :  «  La  vie  est  quelque  chose 

»    Pour  qui  peut  y  semer  quelques  feuilles  de  rose 

»    Aux  pieds  du  malheureux  ,  pauvre  débris  humain  , 

»    Dont  la  ronce  et  l'épine  encombrent  le  chemin.  » 

(  L,  N.  Flmrs  du  Danube.  ) 

Dans  les  vers  de  mesure  inégale  (  1  )  on  est  bien  forcé  de  re- 
courir à  ce  moyen  ,  si  l'on  ne  veut  pas  que  la  marque  ordinaire  de 
l'alinéa  ne  se  confonde  avec  une  autre  rentrée,  celle  que  nécessite 
l'inégalité  de  la  mesure.  Exemple: 

A  M™»  IiOVISE  DE  "W'*", 

LB    25    SEPTEMBRE    1S42  ,    JOUR    A.NNIVEnsAIRE    DE    SA    NAISSAÎVCR. 

La  beauté  plaît  aux  yeux ,  la  bonté  plaît  au  cœur. 
L'une ,  c'est  le  parfum ,  et  l'autre  ,  c'est  la  fleur. 

Fleur  et  parfum  ,  voilà  ce  que  vous  êtes. 
Un  gracieux  ensemble  ,  un  mélange  divin 
Des  qualités  les  plus  parfaites. 

Aussi  pourquoi  ce  jour  brille-t-il  si  serein? 

Le  savez-vous  ?  —  Pourqucà  ,  contre  toute  apparence  , 

Le  soleil  aujourd'hui  s'est-il  levé  si  pur  ? 

Pourquoi  le  ciel  a-t-il  repris  tout  son  azur  ? 

(1)  11  y  a  des  grammairiens  qui  croient  que  des  lers  irrrgiiliers  et  des 
vers  de  mesure  inégale ,  c'est  la  même  chose. 


DES  SIGNES  DE   PONCTUAHON.  ÔO  | 

En  voici  la  raison  :  c'est  que  votre  naissance 
Fut  un  acte  d'amour  de  la  Toute-Puissance  , 
Un  germe  de  bonheur  semé  dans  l'avenir, 
Dont  les  fruits  à  nos  cœurs  seraient  doux  à  cueillir. 

De  ce  jour  consacré  par  la  reconnaissance 
La  Nature  ,  voyez,  n'a  pu  se  souvenir 

Avec  IndiBTérence  ; 
Et ,  voulant  aujourd'hui  vous  fêter  a  son  tour  , 
Elle  sourit  à  ce  beau  jour. 

Or,  tandis  que  chacun  vous  offre,  avec  l'hommage 

De  son  esprit  et  de  son  cœur  , 
Des  plus  purs  sentiments  quelque  sensible  gage; 
L'un  un  riche  présent ,  l'autre  une  simple  tleur  , 
L'autre  un  charmant  produit  de  son  art  qu'on  admire , 
Vos  enfants  leurs  baisers  et  leur  naïf  sourire, 
La  Nature  est  surtout  magnifique  envers  vous  ; 
Elle  fait  de  ce  jour  une  fête  pour  tous. 

Aussi  bien  la  voilà  ,  de  leur  source  féconde , 
La  voilà  qui  répand  ses  trésors  sur  le  monde. 

Chants  d'oiseaux  dans  les  airs,  chauds  rayons  du  soleil. 
Soupirs  mélodieux  du  vent  dans  les  feuillages. 
Parfums  ,  lumière,  azur  ,  verdure,  frais  ombrages  , 

Gomme  en  l'été  vermeil , 
Voilà  ce  que  sa  main  vous  offre  à  son  réveil. 

(L.   N.  Fleurs  du  Danube.) 

Dans  la  poésie  lyrique,  cet  espacement  est  aussi  le  seul  moyen 
propre  à  distinguer  les  stances,  les  strophes,  les  couplets. 

A  uni:  jeuni:  rzin-e. 

O  merveille  !  on  eût  dit  le  plus  beau  des  archanges 
Descendu  parmi  nous  de  son  trône  immortel  , 
Pour  recueillir  nos  vœux,  notre  encens  ,  nos  hmangcs, 
Et  les  porter  ensuite  aux  pieds  de  l'Eternel. 

A  vous  voir  absorbée  ainsi  dans  la  prière. 
On  efit  dit  sur  l'autel  un  ange  adorateur. 
Un  ardent  chérubin  tout  vêtu  de  lumière  , 
Entre  l'homme  et  h>  ciel  touchant  médiateur. 

T.  II.  4C 


562  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

Ht  je  crus  ,  à  la  fin  de  la  cérémonie, 
Comme  un  rêve  éclatant  prompt  à  s'évanouir, 
Que  soudain  vous  alliez  d'un  vol  plein  d'harmonie 
Vous  élancer  aux  cieux  d'où  vous  semblez  venir  ; 

Et  que ,  reine  là-haut  d'une  nation  d'anges  , 
Vous  alliez  ,  remontant  vers  les  palais  du  jour  , 
Rendre  à  vos  peuples  saints  ,  lumineuses  phalanges  , 
La  joie  et  le  bonheur  par  votre  prompt  retour. 

Je  le  crus,  tant  sur  moi  ïxms  aviez  de  puissance  ; 
Tant  votre  corps  céleste  à  mes  regards  surpris 
Semblait  appartenir  à  la  divine  essence 
Dont  le  suprême  auteur  a  formé  les  esprits  ! 

Tant  vos  yeux  bleus,  baignés  d'une  limpide  flamme, 
Tant  votre  front,  brillant  d'un  jour  sjirnaturci  , 
Répandaient  au  dehors  la  splendeur  de  votre  âme, 
Visible  à  tous  les  yeux  comme  une  étoile  au  ciel  ! 

Tant  ce  reflet  suave  ,  attribut  de  Dieu  même , 
Qui  vous  enveloppait  comme  un  voile  d'azur, 
Vous  faisait  rayonner  d'une  beauté  suprême  , 
Et  qui  n'a  pas  de  nom  sur  notre  globe  obscur  ! 

Tant  votre  air  ineffable  et  vos  traits  pleins  de  charmes 
Exprimaient  de  bonté,  de  grâce,  et  de  douceur, 
Vous  faisant  ressembler  à  celle  dont  les  larmes 
Amortissent  la  foudre  aux  mains  du  Dieu  vengeur. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 

Cette  division  par  strophes,  cet  espacement  d'un  si  bel  effet,  ces 
relais  établis  de  distance  en  distance  ne  sont  souvent  qu'un  leurre, 
pour  conduire  le  lecteur  de  strophe  en  strophe  jusqu'à  la  fin  d'un 
poème,  dont  la  longueur  autrement  pourrait  l'effrayer  et  le  décou- 
rager : 

1. 

J'ai  connu,  l'an  dernier  ,  un  jeune  homme  nommé 
Mardoche  ,  qui  vivait  nuit  et  jour  enfermé. 
O  prodige  !  il  n'avait  jamais  lu  de  sa  vie 
Le  Journal  des  Débats  ,  ni  n'en  avait  envie. 
Il  n'avait  vu  ni  Kean  ,  ni  Bonaparte  ,  ni 
Monsieur  dr-  Meltcrnich.  — Quand  il  avait  fini 


I 


UES  SIGINES  DE  l'OiXCTllATIOiN.  56ô 

De  souper  ,  se  couchait  ;  précisément  à  l'heure 
On  ,  quand  par  le  brouillard  la  chatte  rôde  et  pleure  , 
Monsieur  Hugo  va  voir  mourir  Phébus  le  blond. 
Vous  dhe  ses  parents,  cela  serait  trop  long. 

II. 

Bornez-vous  à  savoir  qu'il  avait  la  pncelle 
D'Orléans  pour  aïeule,  en  ligne  maternelle. 
D'ailleurs  son  compagnon  ,  compère  et  confident  , 
Etait  un  chien  anglais  ,  bon  pour  l'œil  et  la  dent. 
Cet  homme  ainsi  reclus  vivait  en  joie.  —  A  peine 
Si  le  spleen  le  prenait  quatre  fois  la  semaine. 
Pour  ses  moments  perdus,  il  en  donnait  parfois 
A  l'art  mystérieux  de  charmer  par  la  voix  ; 
Les  Muses  visitaient  sa  demeure  cachée  ; 
Et,  quoiqu'il  fit  rimer  idée  avec  fâchée, 

III. 

On  le  lisait.  C'était  du  reste  un  esprit  fort  ; 

Il  eût  fait  volontiers  d'une  tête  de  mort 

Un  fallût ,  et  mangé  sa  soupe  dans  le  crâne 

De  sa  grand'mère.  — Au  fond  ,  il  estimait  qu'un  âne. 

Pour  Dieu  qui  nous  voit  tous,  est  autant  qu'un  ànier. 

Peut-être  que ,  (1)  n'ayant  pour  le  désennuyer  j 

Qu'un  livre  (c'est  lecœnr  humain  que  je  veux  dire) , 

Il  avait  su  trop  tôt  (2)  et  trop  avant  y  lire. 

C'est  un  grand  mal  d'avoir  un  esprit  trop  hâtif. 

Il  ne  dansait  jamais  au  bal  pour  ce  motif. 

(  Alfred  de  Musset,  ) 

Dans  la  prose  ,  indépendamment  de  la  rentrée  ,  on  ajoute  aussi 
quelquefois  une  ligne  ou  plusieurs  lignes  de  blanc.  Exemple: 

.le  viens  de  faire  mon  testament. 


(1)  Cette  virgule  ne  figure  point  dans  le  texte,  où  elle  est  pourtant  né- 
cessaire. 

(2)  Le  texte  porte  une  virgule  après  trop  tôt.  Mais  que  vais-je  m'inquiéter 
des  points  et  des  virgules  à  propos  d'Alfred  de  Musset?  A  propos  d'Alfred 
de  Musset  plus  que  de  tout  autre  ;  car  Alfred  de  Musset  est  à  la  fois  grand 
poète  et  excellent  écrivain.  Au  reste  c'est  seulement  pour  vous  faire  ob- 
server qu'il  existe  peu  d'ouvrages,  si  soignés  qu'en  soient  à  la  fois  le  style 
et  riiiipression  ,  où  l'on  puisse  trouver  dix  lignes  de  suite  dont  la  ponctua- 
tion ne  laisse  rien  à  désirei. 


ô()4  GltAMMAIRE   FRANÇAISE. 

A  quoi  bon?  je  suis  condamné  aux  frais,  et  tout  ce  que  j'ai  y 
suffira  a  peine.  La  guillotine,  c'est  fort  cher. 

Je  laisse  une  mère,  je  laisse  une  femme,  je  laisse  un  enfant. 

Une  petite  fille  de  trois  ans,  douce,  rose,  frêle,  avec  de  grands 
yeux  noii^  et  de  longs  cheveux  châtains. 

Elle  avait  deux  ans  et  un  mois  quand  je  l'ai  vu  pour  la  dernière 
fois. 

Ainsi,  après  ma  mort,  trois  femmes  sans  fils,  sans  mari ,  sans 
père.  Trois  orphelins  de  différente  espèce;  trois  veuves  du  fait  de 
la  loi. 

J'admets  que  je  sois  justement  puni.  Ces  innocentes,  qu'ont-elles 
fait?  IN'importe!  On  les  déshonore,  on  les  ruine  :  c'est  la  justice. 

Ce  n'est  pas  que  ma  pauvre  vieille  mère  m'inquiète;  elle  a 
soixante  quatre  ans  ;  elle  mourra  du  coup  (^).  Ou  si  elle  va  quel- 
ques jours  encore,  pourvu  que  jusqu'au  dernier  moment  elle  ait 
un  peu  de  cendre  chaude  dans  sa  chaufferette,  elle  ne  dira  rien. 

Ma  femme  ne  m'inquiète  pas  non  plus  ;  elle  est  déjà  d'une  mau- 
vaise santé  et  d'un  esprit  faible.  Elle  mourra  aussi. 

A  moins  qu'elle  ne  devienne  folle.  On  dit  que  cela  fait  vivre; 
mais  du  moins  l'intelligence  ne  souffre  pas;  elle  dort,  elle  est 
tomme  morte. 

Mais  ma  fille ,  mon  enfant,  ma  pauvre  petite  Marie ,  qui  rit ,  qui 
joue,  qui  chante  a  cette  heure  et  ne  pense  à  rien ,  c'est  celle-là  qui 
me  fait  mal  !       (  Victor  Hugo.  Le  dernier  jour  d'un  condamné.) 

Nous  n'avons  pas  trouvé  dans  le  texte  de  ce  passage  une  seule  faute  de 
ponctuation.  Mais  aussi  cela  est  de  Victor  Hugo  ,  le  seul  vrai  modèle  dans 
l'ait  de  ponctuer  ,  comme  aussi ,  il  faut  bien  le  dire  ,  dans  celui  de  multi- 
plier les  blancs  sans  nécessité,  et  d'étirer,  d'allonger  ainsi  la  matière  de 
quelques  pages  jusqu'à  un  volume.  En  cela,  M.  Victor  Hugo  n'est  pas  un 
nuidèlu  inimitable.  Je  crois  même  que  le  modèle  a  été  surpassé. 

Alinéa  se  dit  par  extension  d'un  passage  compris  entre  deux 
alinéas.  Le  ■premier  alinéa  de  ce  chaintre  est  fort  long.  Un  petit  ali- 
néa. Un  alinéa  IrH-court. 

(I)  Remarquer  ce  point  avant  la  conjonction  01/. 


DES  SIGNES  DE  PONCTLATION.  565 

On  met  ainsi  en  alinéa  tout  ce  qu'on  veut  rendre  plus  saillant 
aux  yeux.  Exemple  : 

Oh  I  je  vous  le  répèle ,  a  moins  que  la  plus  affreuse  nécessité  ne 
vous  ait  cloué  sur  son  pilori ,  fuyez ,  fuyez  ,  la  petite  ville. 

Car  tous  les  préjugés  y  sont  dans  leur  plus  grande  vigueur. 
Car  la  morgue  la  plus  stupide  y  trône  sur  un  socle  de  vanité. 
Car  nulle  part  la  religion  n'est  plus  mal  comprise ,  et  sa  morale 
plus  sacrifiée  a  la  forme  extérieure. 

Malheur  a  celui  qui ,  doué  de  quelque  grandeur  d'âme,  est  con- 
traint d'habiter  la  petite  ville! 

Mieux  vaudrait  habiter  la  caverne  de  Molina.  On  y  serait  exposé 
à  moins  de  dangers  qu'au  milieu  des  vipères  qui  peuplent  la  petite 
ville. 

Une  petite  ville,  c'est  l'antre  du  démon  même. 
La  conduite  la  plus  innocente  y  donne  prise  a  la  calomnie  ;  la 
plus  simple  démarche  y  est  incriminée. 

Étes-vous  bon,  aimant ,  généreux  ? 

D'un  caractère  enjoué,  causant  a  cœur  ouvert  avec  tout  le  monde? 

Malheur  a  vous  ! 

Le  vent  n'emporte  aucune  de  vos  paroles. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations). 

Qui  oserait  nier  qu'une  telle  division  ne  soit  dans  certains  cas  d'un  très- 
bon  effet?  II  va  sans  dire  qu'alors  les  séparations  plus  profondes  de  la 
pensée  se  marquent  par  des  blancs,  et  que  ce  qui  est  compris  entre  deux 
de  ces  blancs  constitue  une  sorte  de  paragraphe. 

La  division  dont  on  vient  de  voir  un  exemple  est  surtout,  en 
concurrence  avec  le  tiret ,  affectée  au  dialogue  ,  lorsqu'il  présente 
une  certaine  étendue  : 

—  Jeannette,  je  ne  suis  pas  content  devons. 

—  Monsieur  n'est  jamais  content  de  rien. 

—  Ne  me  répondez  pas. 

—  Je  réponds  a  monsieur? 

—  Oui ,  vous  me  répondez. 


•"»<>(i  (;RAMMAIKE  FKA.NÇAISE. 

—  Je  ne  réponds  pas  k  monsieur.  Seulement  je  dis  à  monsieur 
ijue  je  lui  réponds... 

—  Encore  ! 

—  Monsieur  ne  veut  pas  m'entendre.  Je  disais  que  je  réponds  à 
monsieur  qu'il  trouvera  difficilement  quelqu'un  qui  le  serve  mieux 
que  je  ne  le  fais. 

—  Vous  ne  faites  que  des  sottises. 

—  Cela  plaît  à  dire  à  monsieur. 

—  Et  cela  vous  plaît  a  faire. 

—  Je  certifie  à  monsieur  que  rien  ne  me  plaît  a  faire. 

—  C'est  justement  ce  que  je  vous  reproche.  11  semble  que  je 
vous  paye  pour  rester  les  bras  croisés! 

—  Monsieur  se  trompe,  je  ne  reste  jamais  les  bras  à  la  fenêtre. 

—  Qui  est-ce  qui  vous  parle  de  la  fenêtre? 

—  Monsieur  n'a-t-il  pas  dit  que  je  reste  les  bras  a  la  croisée? 

—  Est-ce  que  vous  faites  des  calembours? 

—  Mais,  monsieur,  quand  on  a  l'honneur  de  vivre  avec  un 
homme  d'esprit... 

—  Impertinente!  vous  sortirez  dans  huit  jours. 

—  Dans  un  mois ,  monsieur. 

—  Je  vous  dis  dans  huit  jours  !  {VEntv'acte.) 

Bien  qu'il  y  ait  entre  toutes  les  phrases  qui  composent  le  tableau 
suivant  une  liaison  très-intime,  et  qu'elles  appartiennent  toutes 
réellement  à  la  même  période  ,  cependant  comment  distinguer  les 
parties  plus  tranchées,  si  l'on  n^a  recours  à  l'alinéa? 

COUP    D'œiL  SUR  BERLIN. 

Des  maisons  longues  comme  des  granges  et  élevées  de  cinq  étages 
au  plus,  y  compris  le  rez-de-chaussée  et  l'étage  souterrain,  c'est  à 
dire  la  cave,  qui  est  toujours  habitée;  — bâties  de  briques  et  de  plâ- 
tre, surmontées  d'un  toit  en  bahut  que  recouvrent  des  tuiles  plates 
superposées  ;  avec  des  façades  badigeonnées  de  la  base  au  sommet 
de  rouge,  de  jaune,  de  vert,  de  bleu,  de  violet,  de  couleur  de 
chair  et  autres;  de  plus,  ornementées  de  toute  façon  et  surchargées 
de  moulures,  de  cannelures,  de  festons,  de  couronnes,  de  guirlan- 
des, de  mascarons ,  de  bossages  de  toutes  sortes  ;  paiCois  décorées 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  Ô<>/ 

iruii  frontispice  a  colonnes  ioniques  ou  corinthiennes,  avec  un 
balcon  de  fer  demi-circulaire  ou  rectangulaire  ;  d'autres  fois  ceintes 
d'une  ceinture  de  bas-reliefs;  souvent  couronnées  d'acrotères  que 
surmontent  des  vases  ou  des  statues;  toujours  pour  le  moins  d'un 
entablement  complet ,  avec  architrave,  frise,  corniche ,  et  tous  les 
ornements  dont  ces  membres  sont  susceptibles,  tels  que  modillons, 
mutules,  triglyphes ,  etc.  ; 

Des  rues  larges,  très-larges  même,  et  si  longues  que  le  brouillard 
vous  en  dérobe  les  extrémités  ;  parfaitement  droites ,  mais  couver- 
tes de  boue  ,  pavées  a  peu  près  comme  le  lit  d'une  rivière  ou  d'un 
torrent;  éclairées  le  soir  de  quelques  rares  lanternes  pendues  à  des 
sortes  de  potences  de  fer  ;  presque  aussi  désertes  le  jour  que  la  nuil; 
—  pour  trottoirs,  quelques  dalles  incrustées  parmi  ces  cailloux 
anguleux  avec  une  régularité  quelconque,  tantôt  rasant  le  mur, 
tantôt  s'en  éloignant  de  quatre  ou  cinq  pieds  et  courant  le  long  d'un 
ruisseau  profond  aux  bords  abrupts  et  crevassés;  les  quelles,  pour  le 
plus  grand  bonheur  des  pauvres  piétons  ,  formant  de  distance  en 
distance  une  sorte  de  lisière  d'un  côté  de  la  rue  a  l'autre,  y  établis- 
sent comme  une  voie  de  salut  sur  cet  abîme  d'aspérités  déchiran- 
tes ;  —  d'innombrables  tuyaux  de  descente  se  précipilant  des  toits 
a  travers  les  frontons,  les  moulures,  les  bas-reliefs,  et  se  dégorgeant 
gracieusement  dans  vos  jambes  ;  —  pas  la  moindre  déclivité  de  ter- 
rain, en  sorte  que  l'eau,  dans  ce  ruisseau  ou  plutôt  cet  égout ,  an 
lieu  de  s'écouler,  y  séjourne  et  y  dort,  ce  qui  doit  produire  en  été 
les  exhalaisons  les  plus  parfumées  et  les  plus  salubres  ; 

Une  rivière  noire,  appelée  la  Sprée  ,  qui  ne  coule  pas  ,  mais  se 
traîne  pesamment  dans  la  direction  nord-ouest  ;  obstruée  de  longs 
bateaux  plats  et  rouges ,  dont  elle  semble  n'avoir  que  faire  ;  profon- 
dément encaissée  entre  un  double  pâté  de  maisons  malvenues  et 
rechignées ,  séparées  quelquefois  de  l'eau  par  une  petite  arrière- 
cour  ou  prétendu  jardin  ;  rivière  moins  considérable  assurément 
que  celle  des  Gobelins ,  et  surtout  moins  précieuse,  si  ce  n'est 
comme  récipient  et  véhicule  des  immondices ,  laquelle  se  divise  en- 
core au  milieu  de  la  ville  en  trois  branches,  qui,  en  s' écartant  pour 
se  réunir  de  nouveau  ,  y  forment  comme  la  tête  d'une  guimbarde; 
et  enjambée ,  dit-on  ,  par  quarante  ponts  dont  le  plus  long  no  l'osl 


•'>f»8  GRAMM.URE   FRANÇAISE. 

guère  que  d'une  centaine  de  pas,  —  sur  presque  autant  de  large, 
il  est  vrai  ; 

Quelques  grands  édifices  dont  les  plus  remarquables  sont  : 

H»  Le  Château  Royal,  vaste  trapèze  à  trois  étages ,  dont  la  cour 
intérieure,  où  l'on  pénètre  de  divers  côtés  par  cinq  grandes  portes 
corinthiennes  ,  est  coupée  en  deux  par  une  double  masure  noire, 
jadis  crépie  ;  palais  du  reste  assez  imposant  par  sa  masse  sombre . 
dont  deux  tourelles,  du  côté  de  la  Sprée,  restes  précieux  du  donjon 
de  Frédéric  ÏI,  visitées  jadis  par  la  dame  blanche,  relèvent  encore 
la  physionomie  originale  ; 

2°  Lq  Musée,  formant  un  parallélogramme  parfait,  orné  d'un 
vaste  pœciléoh  l'on  arrive  par  un  large  escalier  de  vingt-huit  mar- 
ches, et  d'où  l'on  pénètre  dans  une  belle  rotonde  largement  éclairée 
par  un  œil  de  voûte,  entourée  de  galeries  en  balustrades ,  et  déco- 
rée, au  milieu,  d'un  superbe  vase  de  malachite;  la  quelle  sert  d'en- 
trée a  la  galerie  de  tableaux ,  une  des  plus  pauvres  qui  existent , 
mais  où  une  chose  m'a  frappé  :  c'est  l'ordre  admirable  dans  le  quel 
sont  distribués  les  tableaux ,  selon  l'école  à  la  quelle  ils  appartien- 
nent, dans  une  longue  suite  de  compartiments  carrés  où  ils  se  pré- 
sentent dans  le  meilleur  jour,  ainsi  que  les  étiquettes  disposées  sur 
le  mur,  à  l'entrée  de  chaque  salle  ou  dans  l'embrasure  des  croisées, 
dans  le  même  ordre  et  les  mêmes  rapports  de  dimension  que  les 
tableaux  qui  s'y  trouvent ,  et  servant  comme  de  notes  de  renvoi  ; 

5°  L'Arsenal,  carré  parfait,  tout  chargé  sur  ses  quatre  façades 
extérieures  de  casques,  d'armures,  de  trophées,  de  figures  allégori- 
ques, telles  que  l'Arithmétique,  la  Géométrie,  la  Mécanique,  la 
Pyrotechnie,  le  Repentir  ;  orné ,  du  côté  de  la  cour ,  de  vingt-deux 
mascarons ,  qui ,  pour  l'édification  du  soldat,  râlent  et  agonisent 
dans  toute  la  perfection  désirable;  divisé  intérieurement  en  deux 
vastes  salles  ou  galeries,  l'une  inférieure,  l'autre  supérieure,  que 
je  n'ai  point  parcourues  sans  une  certaine  émotion  a  l'aspect  des 
nombreux  drapeaux  français  qui  en  décorent  les  murailles  et  les 
piliers:  bel  édifice,  en  effet,  dont  on  a  dit  qu'il  ne  s'y  trouve  pas 
une  seule  faute  d'architecture  ; 

40  Le  Théâtre  Je  VOpéra,  dont  le  frontispice  est  supporté  par 
six  colonnes  d'ordre  corinthien  ,  et  dont  l'un  des  frontons  repré- 


DÉS   SIGNES   DE    PONCTUATION,  569 

sente  Orphée  entouré  de  bêtes  sauvages  qu'au  dire  des  bons  habi- 
tants de  Berlin,  il  tâche  (V attirer  à  V Opéra;  édifice  très-remarquable 
autant  en  longueur  qu'en  largeur  (!)  ; 

50  La  Bibliothèque  Royale,  bâtiment  de  la  forme  la  plus  bizarre 
qu'il  doit  à  une  étrange  fantaisie  de  Frédérie  le  Grand  qui  ordonna 
à  l'architecte  de  le  faire  sur  le  modèle  d'une  certaine  commode  cé- 
lèbre, et  où  se  trouvent,  par  exemple,  entre  autres  choses  remar- 
quables, la  bible  hébraïque  de  Luther  avec  des  notes  marginales  de 
sa  propre  main  ,  ainsi  que  le  livre  de  prières  que  Charles  I^r  porta 
surl'échafaud  et  qu'il  donna  avant  sa  mort  a  l'évoque  Juxon  ; 

60  Le  Palais  de  V  Université,  vaste  édifice  avec  deux  ailes  en  re- 
tour, admirablement  approprié  a  sa  destination,  et  situé  sur  la  nie 
des  Tilleuls ,  ainsi  que  V Arsenal  et  VOpéra  ; 

Du  reste  pas  une  église  digne  de  ce  nom  ; 

Deux  autres  théâtres  assez  apparents  ; 

Pour  tous  monuments  que  réclame  l'art,  la  statue  équestre  du 
Grand  Electeur  sur  le  Grand  Pont ,  à  l'extrémité  nord-est  de  la 
place  Royale  ou  place  du  Château,  et  la  statue  pédestre  du  feki- 
maréchal  Blûcher ,  en  face  du  nouveau  Corps  de  Garde ,  entre  le 
théâtre  de  l'Opéra  et  le  palais  de  la  princesse  de  Liénit^ ,  qui  n'est 
séparé  de  la  résidence  privée  du  roi  défunt ,  au  quel  la  princesse 
était  unie  par  un  mariage  de  la  main  gauche,  que  par  une  petite 
galerie  couverte  jetée  en  pont  sur  la  rue  Oberwall;  —  monuments 
en  bronze,  tous  deux  chargés  d'inscriptions  et  d'emblèmes  abraca- 
dabrants • 

Pour  tout  passage  et  toute  galerie  où  vous  puissiez  vous  prome- 
ner a  couvert  de  la  pluie  et  du  brouillard  ,  une  courte  suite  d'ar- 
cades basses  et  larges  tout  au  plus  de  trois  à  quatre  pieds  ,  aux  pi- 
liers carrés  et  trapus,  tout  peinturlurés  de  jaune  sur  un  crépi  qui 
s'écaille  el  tombe  en  lambeaux,  a  la  voûte  entièrement  tapissée  do 
toiles  d'araignées,  au  pavé  inégal  et  mal  affermi,  moitié  dalles,  moi- 
tié planches;  formant  le  côté  sud-ouest  de  la  place  du  château; 
éclairées  dans  toute  leur  longueur  par  un  seul  réverbère;  et  où 
vous  avez  un  papetier,  un  mercier,  un  libraire,  deux  orfèvres,  une 
fruitière,  une  débitante  de  tabac  ;  —  arcades  ridicules,  que  cescan- 

(1)  H  a  brûlé  depuis. 

T.  II.  47 


>7(l  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

(licles  ciladins  ;tppMciU  une  ro/on/iade ,  un  portique  à  culunnes  ; 
Pour  toulc  promenade  inlérieure,  un  Jardin  du  Roi,  sur  la 
Sprée ,  entre  le  Musée  et  le  Château  Royal ,  comme  qui  dirait  six 
petits  compartiments  de  gazon,  formés  par  trois  allées  qui  sont 
croisées  par  trois  autres ,  et  auprès  du  quel  notre  esplanade  des  In- 
valides est  certainement  la  huitième  merveille  du  monde ,  mais  où 
l'on  admire  pourtant,  devant  l'entrée  du  Musée,  un  colossal  bassin 
de  granit  poli ,  de  vingt  a  vingt-deux  pieds  de  diamètre  ; 

Hors  de  l'enceinte ,  par  exemple ,  un  certain  espace  de  terrain , 
dit  le  Parc  aux  Cerfs ,  principalement  planté  de  chênes  et  de  sa- 
pins qui  luttent  ensemble  de  fierté  et  de  bonne  grâce ,  et  traversé 
par  la  route  de  Charlottembourg,  que  croisent  bon  nombre  d'allées 
tout  aussi  boueuses  que  jadis  l'Allée  des  Veuves ,  aux  Champs-Ely- 
sées, sinon  aussi  larges  ;  —  assez  vaste  enclos  du  reste,  que  Malte- 
brun  compare  a  notre  bois  de  Boulogne  avec  le  quel  il  n'a  pas  le 
moindre  rapport,  orné  de  trois  a  quatre  misérables  statues  de 
femmes  qui  grelottent  au  bord  d'un  bassin  étroit  et  glacé;  et  auquel 
aboutit ,  par  la  porte  de  Brandebourg,  espèces  de  propylées,  la 
belle  rue  des  Tilleuls  a  la  riche  bordure  d'hôtels  et  de  palais,  pres- 
que aussi  large  que  nos  boulevards,  mais  qui  leur  ressemble  comme 
la  vie  resssemble  a  la  mort ,  l'hiver  au  printemps  ; 

Dans  cette  rue ,  comme  dans  aucune  des  autres  rues  les  moins 
délaissées,  pas  un  magasin  de  quelque  apparence  devant  le  quel  un 
flâneur  de  mon  espèce  pût  être  tenté  de  s'arrêter  un  moment  à  con- 
sidérer les  divers  produits  de  l'art  et  de  l'industrie;  mais  des  bou- 
tiques d'une  humilité  profonde  qui  ferment  à  la  nuit  tombante. 

Dès  neuf  heures  du  soir,  plus  une  seule  lumière  aux  fenêtres  , 
plus  d'autre  clarté  que  celle  des  pâles  réverbères  autour  des  quels 
le  brouillard  épais  forme  une  irradiation  merveilleuse  ; 

Pas  un  lieu  de  réunion ,  pas  un  café  un  peu  confortable  où  vous 
puissiez  aller  un  moment  vous  distraire  de  votre  ennui  ; 

Des  appartements  d'une  simplicité  pins  que  patriarchale ,  sans 
rideaux  aux  lits,  sans  autre  draperie  aux  fenêtres  qu'un  humble 
store  de  serge  ou  de  toile  ,  sans  une  moulure  au  plafond,  sans  une 
sculpture  ni  aux  meubles  ni  aux  lambris,  et  complètement  dépour- 
vus, sous  ce  rapport,  de  ce  qui  abonde  au  dehors  sur  les  faça<lcs 
des  maisons  : 


PES  SIGNES  DE  rO.VCTLi.VTlON .  371 

Des  hôlels  où  l'on  vous  sert ,  a  table  d'hôte,  poui  la  somme  mo- 
dique de  quatre  francs,  une  soupe  assez  comparable  au  brouet  clair 
de  compère  Renard ,  accompagnée  de  trois  plats  non  moins  insipi- 
des ,  sans  vin ,  ni  bière ,  ni  fruit  ; 

Une  société  où  prime  le  militaire  ,  ce  qui  doit  vous  donner  une 
idée  des  formes  qu'on  y  apporte  ;  une  aristocratie  des  plus  inhos- 
pitalières; une  cour  des  plus  bourgeoises  ; 

Bien  peu  de  beaux  équipages ,  quoique  Berlin  passe  pour  une 
des  villes  les  plus  carrossières  du  monde  ;  mais  en  revanche  un 
assez  grand  nombre  de  fiacres  ou  droschkes ,  sous  le  contrôle  de  la 
police,  qui,  pour  vos  quarante-cinq  sous,  vous  cahotent  une  heure 
sur  cet  horrible  pavé  d'enfer,  ce  qui  est  pourtant  une  moins  rude 
pénitence  que  d'y  marcher  à  pied  ; 

J'oubliais  de  vous  dire,  des  femmes  plutôt  grandes  que  petites, 
plutôt  laides  que  jolies,  aux  cheveux  rouges  ou  couleur  de  suie, 
aux  yeux  gris  ou  verts;  avec  un  nez  tellement  enfoncé  vers  sa  ra- 
cine qu'il  forme  avec  le  haut  du  front  comme  une  large  ouverture 
de  compas ,  et  de  môme  parfaitement  triangulaire  a  l'endroit  des 
narines  ;  un  menton  saillant,  des  lèvres  pincées,  un  teint  rougeâtre 
et  terreux ,  des  paupières  rouges  et  gonflées,  des  visages  couperosés 
ou  pointillés,  de  longues  figures  anguleuses  qui  ne  le  cèdent  en 
rien  sous  ce  rapport  au  type  anglais ,  d'ailleurs  si  gracieux  ;  le  pied 
large  et  la  jambe  forte  ,  ce  qui  prouve  en  faveur  d'une  nature  pré- 
voyante ,  car  comment  un  pied  délicat  et  une  jambe  mignonne  pour- 
raient-ils se  tenir  sur  ces  cailloux  pointus?  —  au  demeurant  fort 
bonnes  personnes,  à  ce  que  je  crois  ;  portant  sur  leur  physionomie 
une  ineffable  expression  de  douceur  ;  excellentes  ménagères,  je  n'en 
puis  douter,  tout  entières  a  leurs  devoirs  d'épouses,  de  mères,  de 
filles  ,  allant  au  marché ,  surveillant  leur  maison ,  tenant  toutes 
choses  en  bon  état ,  et  parmi  les  quelles  ne  se  trouvent  pas  de  bas 
bleus  ,  que  je  sache  ;  seulement  un  peu  trop  nerveuses ,  un  peu 
trop  fanatiques  de  la  musique,  un  peu  trop  amoureuses  de  M.  Listz, 
recueillant  avec  trop  d'avidité  dans  leurs  mouchoirs  de  batiste  les 
gouttes  d'eau  qui  restent  dans  le  verre  où  le  dieu  a  trempé  ses  lè- 
vres, applaudissant  avec  un  peu  trop  d'enthousiasme  k  l'épée  d'hon- 
neur offerte  au  nouvel  Oiphéo  par  les  Scythes  de  la  Hongrie  ,  pous- 


(iUAMMAIltE  FHANÇAISE. 


saut,  jusque  dans  la  rue ,  des  ah  un  peu  trop  significatils  a  la  vue 
d'un  simple  croquis  de  la  figure  divinisée,  un  peu  trop  promptes  a 
concevoir  qu'une  femme  puisse  tout  quitter ,  rang  dans  le  monde  , 
fortune,  enfants,  mari,  pour  un  pareil  homme;  en  un  mot,  non 
moins  folles  de  Lîstz  que  les  Viennois  ne  sont  fous  de  Fanny  Elssler; 

Ajoutez,  des  hommes  rouges,  qui ,  malgré  leur  couleur  et  leur 
nom  de  Prussiens,  dont  on  me  faisait  si  grand' peur  dans  mon  en- 
fance ,  n'ont  pourtant  rien  de  trop  féroce  ; 

Bon  nombre  de  chiens  hurlant  a  la  lune  ; 

Un  ciel  gris  de  plomb  sans  la  moindre  apparence  de  soleil  ; 

Pas  d'émeutes,  il  est  vrai ,  pas  d'agitations  excitées  par  des  jour- 
naux incendiaires ,  mais ,  au  contraire ,  la  tranquillité  la  plus  ab- 
solue, le  silence  le  plus  profond  ;  en  un  mot,  le  repos  et  l'obscu- 
rité de  la  tombe  ,  au  propre  comme  au  figuré  ; 

Tout  cela  s' allongeant,  s'alignant,  se  superposant,  déjeunant, 
dînant,  soupant,  digérant,  allant,  venant,  s'agitant,  grouillant, 
criant ,  hurlant ,  etc.,  sur  un  espace  d'environ  quatre  lieues  de  cir- 
cuit, au  milieu  d'une  mer  de  sable  terminée ,  au  nord ,  par  la  mer 
Baltique,  et,  au  sud,  par  une  suite  indéfinie  de  plaines  non  moins 
monotones  : 

VoiPa  en  gros  Berlin  tel  que  je  l'ai  vu  pour  la  première  fois  le 
lundH4  février  -1842  et  jours  suivants  jusqu'au  24. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Celui  qui  saurait  parfaitement  ponctuer  cette  phrase,  si  compli- 
quée sans  cesser  d'être  claire  et  précise,  j'ose  le  dire, —  serait  déjà 
très-habile  dans  la  ponctuation  ;  car  cette  phrase  résume  en  elle 
seule  les  plus  grandes  difficultés  de  l'art  dont  nous  venons  d'indi- 
quer les  principes.  C'est  pourquoi  nous  avons  cru  devoir  la  citer 
tout  entière.  On  pourra  la  donner  pour  composition. 

AFFENDICX. 


Paragraphe,  Petitesection  d'un 
discours  ,  d'un  chapitre.  Un  para- 
graphe se  compose  ordinairement  de 
plusieurs  alinéas,  de  plusieurs  slro- 
phes,  de  plusieurs  stances.  II  est  prin- 
cipalerucnt  d'usage  en  parlant  des 
livres  de  droil.  Paragraphe  prcnùcr. 
Parat^raplic  second.    Telle  loi  est  au 


paragraphe  cinq,  11  se  dit,  en  Impri- 
merie, d'un  signe  figuré  de  cette 
manière  §,  que  l'on  met  quelquefois 
en  tète  ou  au  commencement  d'un 
paragraphe. 

Article,  Une  des  petites  parties 
qui  Ibrnient  les  divisions  ou  subdivi- 
sions d'un  Irailé  ,  d'un  contrat,  d'un 


DES  SIGNES  DE  FO.NCTUATION. 


o/o 


compte  ,  d'un  Journal ,  etc.  L'article 
quatorze  de  ta  Charte.  L'article  dix  du 
titre  deux  de  telle  loi.  Discuter  un  ar- 
ticle de  loi.  Amender  un  article.  Les 
articles  d'un  traité  de  paix.  Il  approuva 
tous  les  articles  de  la  capitulation.  Les 
articles  d'un  contrat  de  vente,  de  ma- 
riage ,  etc.  Dresser  des  articles  de  ma- 
riage. Signer,  proposer  des  articles. 
Les  articles  d'un  compte.  Examiner 
un  compte  article  par  article.  Débattre, 
allouer,  contester,  rayer  un  article. 
Un  article  de  dépense,  de  recette.  Met- 
ire  par  articles.  Les  articles  d'un  jour- 
nal. Avez-vous  lu  l'article  de  Londres, 
l'article  Spectacles?  (Acad. }  Cet  ar- 
ticle est  de  tel  rédacteur.  Insérer  un 
article  au  Moniteur,  dans  le  Moniteur. 
Les  articles  d'un  dictionnaire.  Cher- 
cher un  article.  Consulter  un  article. 
Un  article  peut  être  contenu  dans  un 
seul  alinéa.  Article  a  plusieurs  autres 
significations  dont  nous  n'avons  pas 
à  nous  occuper  ici. 

Titre  ,  inscription  qui  fait  con- 
naître la  matière  d'un  livre,  et  ordi- 
nairement le  nom  de  l'auteur  qui  l'a 
composé,  etc.,  qui  se  dit  également 
des  inscriptions  analogues  placées  au 
commencement  des  divisions  d'un 
livre,  s'applique  aussi,  par  extension, 
à  certaines  subdivisions  employées 
dans  les  codes  de  lois  ,  dans  les  re- 
cueils de  Jurisprudence  ,  etc.  Livre 
douze ,  titre  trois  du  digeste.  Le  titre 
des  Successions,  dans  te  Code  civil.  Ce 
mot  répond  à  peu  près  à  celui  de 
chapitre.  Notre  code  civil  est  divisé  en 
livres,  subdivisés  eux-mêmes  en  ti- 
tres, chapitres,  parties ,  sections,  pa- 
ragraphes,  articles ,  alinéas. 

Chapitre,  Une  des  parties  qui 
servent  à  diviser  certains  livres.  Un 
livre  divisé  par  chapitres.  Il  a  divisé 
l'ouvrage  en  livres,  et  tes  livres  en 
chapitres.  On  dit,  dans  nn  sens  ana- 
logue, en  termes  de  Finances:  Cha- 
pitre de  recette  ;  Cliapitre  de  dépense; 
Un  cliapitre  du  budget  ;  etc.  Trait  de 
l'Écriture  ,  que  l'olTiciant  chante  ou 
récite  entre  le  dernier  psaume  et 
l'hymne.  On  dit  plus  communément, 
capitule.  Ilsignifie  figurément  la  ma- 
tière, le  sujet  dont  on  parle,  le  propos 


sur  le  quel  on  est.  Puisque  nous  som- 
mes sur  ce  chapitre.  Nous  reviendrons 
sur  ce  chapitre.  On  dit  dans  le  même 
sens,  Nous  reviendrons  sur  cet  article. 
XilVRE,  assemblage  de  feuilles  de 
papier  imprimées  ou  écrites  à  la 
main,  etc.,  signifie  aussi,  Une  des 
principales  parties  qui  forment  la  di- 
vision de  certains  ouvrages.  Le  pre- 
mier,  le  second  livre  des  Rois.  Les 
douze  livres  de  l'Enéide.  Le  nom  de 
chant  est  plus  particulièrement  af- 
fecté aux  divisions  d'un  poème.  On 
ne  donne  le  nom  de  livres  qu'aux 
chants  de  certains  poèmes  anciens. 
Le  premier  chant  ou  premier  livre  de 
l'Iliade,  de  l'Odyssée,  de  l'Enéide. 
Le  premier  chant  de  la  Jérusalem  dé- 
livrée,  de  ta  Henriade ,  du  Lutrin. 
L'Art  poétique  de  Boileau,  chant  qua- 
tre. L'argument  d\in  livre.  Le  sujet 
ou  abrégé. 

Verset,  Petite  section  composée 
ordinairement  de  deux  ou  trois  li- 
gnes ,  et  contenant  le  plus  souvent 
un  sens  complet.  Il  ne  se  dit  guère 
qu'en  parlant  des  livres  de  l'Ecriture. 
Les  chapitres  de  l'Ecriture  sont  divisés 
par  versets.  Le  dixième  verset  de  tel 
chapitre,  de  tel  psaume.  Il  se  dit  aussi 
de  quelques  paroles  tirées  ordinaire- 
ment de  l'Ecriture  ,  et  suivies  quel- 
quefois d'un  répons,  qu'on  dit,  qu'on 
chante  dans  l'office  de  l'Eglise.  Chan- 
ter un  verset  et  un  répons.  —  Signe 
d'Imprimerie  qui  sert  à  marquer  les 
versets,  et  qui  a  la  forme  d'un  V  barré 
{^).  Le  signe  du  répons  est  ime  R 
barrée  (  l}). 

Volume  ,  Livre  relié  ou  broché. 
Un  gros  volume.  Un  petit  volume.  Un 
volume  in-ptano ,  in-folio,  in-quarto, 
in-octavo,  in-douze,  in-seize,  in-dix- 
huit,  in-vingt- quatre,  in-trente  deux. 

TOIHE,  Volume  qui  fait  partie  d'un 
ouvrage  imprimé  ou  manuscrit.  Une 
histoire  imprimée  en  deux  tomes.  Il  a 
fait  relier  les  deux  tomes  en  un  seul 
volume.  Il  signifie  quelquefois  seule- 
ment ,  volume.  Il  a  fait  imprimer  tous 
ses  ouvragesen  un  tome.  (Acad.  )  Dans 
ce  dernier  sens  ,  il  n'est  guère  d'u- 
sage que  dans  le  Dictionnaire  de  l'A- 
cadémie, 


On  appelé  acte   chacune    des    partici    principales   dont  une  pièce   de 


•>/  <  OKAMM.VIKE   1U.V.\(JA1SE. 

lUcàtrc  ti>l  couipobec,  i,l  (;nlre  ies  quelles  il  y  a  un  intervalle  qu'on  noiimir 
entracte.  Les  actes  se  divisent  en  srénes. 

Les  poètes  modernes,  un  peu  trop  enclins  parfois  à  se  singulariser,  di- 
visent souvent  leurs  ouvrages  en  époques,  en  Journées,  en  visions.  Ils  ont  en 
outre  ,  au  théâtre  ,  imaginé  des  tableaux.  Drame  en  cinq  actes  et  en  huit 
tableaux. 

Entracte  se  dit  quelquefois  d'un  petit  spectacle  qui  ne  fait  point  partie 
de  la  pièce  principale  et  qui  se  donne  entre  les  actes.  //  y  avait  des  danses 
pour  entractes.  (  Acad.  )  Le  premier  entracte  était  une  noce  de  village  (  Id.  ) 
Dans  ce  sens  on  dit  plus  ordinairement  intermède. 

Les  principales  divisions  d'im  livre  sont  quelquefois  distinguées  par  des 
filets ,  des  vignettes,  des  fleurons  ,  des  cul-de-lampes. 

On  nomme  filets,  en  Imprimerie,  certains  traits  plus  ou  moins  longs  , 
plus  ou  moins  déliés,  et  servant  à  divers  usages.  Filet  double.  Filet  maigre. 
Filet  décadré.  Filet  d'ornement.  Filets  anglais.  Séparer  les  colonnes  d'un 
tableau  par   des  filets.  Mettre  un  filet  au  dessous  d'un  titre. 

On  nomme  trembléun  fllet  serpentant  et  alternativement  gras  et  maigre. 

Les  lames  de  métal  qui  servent  à  imprimer  ces  sortes  de  traits  se 
nomment  également  filets.  Les  filets  sont  d'aeier ,  de  cuivre,  ou  de  métal  à 
carac  lères. 

On  appelé  vignettes  de  petites  estampes  ou  dessins  dont  on  orne  le 
commencement  ou  la  fin  des  chapitres  d'un  livre.  Leur  nom  vient  de  ce 
qu'elles  ne  représentaient  autrefois  que  des  pampres  et  des  raisins  ;  mais 
on  y  grave  maintenant  toutes  sortes  de  figures,  f^ignettes  en  taille-douce. 
Il  y  a  aussi  des  vignettes  qui  servent  d'encadrement  pour  les  tableaux ,  les 
couvertures  de  livres,  etc.  —  Papier  à  vignettes.  Papier  à  lettres  dont  les 
bords  sont  ornés  de  petites  guirlandes  coloriées. 

Le  fleuron  est  un  ornement  qui  autrefois  représentait  ordinairement  des 
fleurs.  Le  sujet  d'un  fleuron  doit  être  approprié  à  la  matière  du  chapitre  qu'il 
termine.  (Acad.  ) 

Le  cul-de- lampe  est  un  ornement,  aujourd'hui  peu  employé,  qui  se  ter- 
mine ordinairement  en  pointe.  Édition  ornée  de  vignettes,  fleurons,  cl 
cul-de-lampes  ou  cudelampes.  (  Acad.  ) 

SIGNES    AUXILIAIRES. 

SIGNES  MODIFICATIFS. 
Do   Signe   Interrogatîf, 

ou  POINT  INTERROGANT,  POINT  D'INTERROGATION. 

Dans  une  taverne  de  Londres  .  on  avait  proposé  à  Pope  d'expli- 
<\\\cv  un  passage  d'Honifue  ,  qui  l'embarrassait. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  o7i> 

Un  officier  prétendil  avoir  découvert  le  vrai  sens  du  texte ,  en 
faisant  observer  que  pour  le  rendre  clair  il  ne  fallait  que  placer  un 
point  d'interrogation  dans  un  endroit  où  il  n'y  en  avait  pas. 

L'écrivain  anglais ,  piqué  qu'un  militaire  lui  donnât  une  leçon  de 
grec, lui  dit  d'un  ton  dédaigneux:  «  Monsieur  ,  savez-vous  seule- 
ment ce  que  c'est  qu'un  point  d'interrogation?  —  C'est,  répondit 
l'officier,  une  petite  figure  tout  de  travers  qui  fait  la  question.»  Pope, 
qui  était  contrefait ,  n'eut  pas  de  peine  à  se  reconnaître  dans  la  pe- 
tite figure. 

Le  point  interrogant  est  le  signe  dont  on  se  sert  dans  l'é- 
criture pour  marquer  l'interrogation,  et  que  l'on  figure 
ainsi  (?).  Il  se  met  à  la  fin  de  toute  proposition  interroga- 
tive,  soit  pleine,  soit  elliptique,  soit  que  l'interrogation  se 
trouve  dans  la  forme  ou  seulement  dans  le  sens.  Il  y  tient  la 
place  ou  du  point,  ou  du  point-virgule  ,  ou  d'une  virgule, 
mais  jamais  du  deux-points,  toujours  plus  nécessaire. 
Exemples  : 

Victor  Hugo  peut-il  s'étonner  des  critiques  méchantes  ou  slupi- 
des  dont  il  est  l'objet?  Ne  sait-il  pas  que  c'est  le  sort  de  tous  les  écri- 
vains originaux  de  voir  nier  leur  génie?  A-t-il  oublié  ce  quatrain 
fameux  sur  La  Bruyère,  qui,  comme  lui,  ne  fut  admis  au  faulouil 
académique  qu'avec  la  plus  grande  difficulté  : 

Quand  La  Bruyère  se  présente. 
Pourquoi  faut-il  crier  Haro  ? 
Pour  faire  le  nombre  quarante 
Ne  fallait-il  pas  un  zéro  ? 

Et  qu'estiines-tu  donc,  âme  ignorante  et  fière  , 

Qui  n'a  rien  d'élevé  qu'une  ignorance  altière  ?  (Le  Iîrun.) 

Qu'enviait  Alexandre  au  vainqueur  des  Troyens  ? 

hiait-ce  des;  exploits  effacés  par  les  siens  ? 

Fut  ce  l'éclat ,  le  sanfj;  d'une  immortelle  mère  ? 

Non  ,  aux  deslins  d'Acliille  il  n'envia  qu'Homère.  (  hl.  ) 

L'Arabe  vagabond  foule  à  ses  pieds  Athènes  ; 

A-t-il  pu  conquérir  Sophocle  ou  Démoslhènes  ?  (  ïd.  ) 

Rome  ,  que  l'a  servi  tout  l'éclat  de  tes  armes  ? 

Mais  le  génie  encor  le  défend  par  ses  charmes.  (  /</.  ) 


"76  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

Quoi  de  plus  misérable  que  toutes  les  pauvretés  qui  se  débitent 
tous  les  jours  dans  des  millions  de  livres  et  de  journaux  ?  Est-ce 
qu'il  n'y  a  pas  plus  de  philosophie,  plus  de  sagesse,  plus  de  science 
dans  un  seul  vers  de  Lamartine  ou  de  Victor  Hugo  que  dans  toute  la 
collection  complète  du  Journal  des  Débats? 

Quel  mérite  y  a-t-il  à  naître  ? 

Quelle  différence  y  a-t-il ,  en  dehors  du  mérite  personnel ,  entre 
le  fils  d'un  paysan  et  le  fils  d'un  prince  ? 

Quelle  différence  y  a-t-il  entre  un  automate  jlûteur  ou  joueur 
(T échecs  et  la  plupart  de  ces  jeunes  gens  dont  l'éducation  se  borne  à 
certains  exercices  du  corps;  dont  tout  le  talent  consiste  à  monter  à 
cheval ,  à  courre  le  lièvre ,  à  faire  la  roue  dans  le  monde;  qui 
n  ont  pas  une  idée,  pas  un  sentiment  ;  qui  ne  savent  ni  se  réjouir  du 
bien  ni  s'affliger  du  mal;  que  les  vices  dévorent  comme  les  vers  dé- 
vorent un  cadavre  ?  Assurément  l'avantage  reste  à  l'automate. 

(  L.  N.  ie  Livre  de  Tous.) 

Veux-tu  nous  replonger  dans  la  nuit  de  ces  âges 
Où  l'erreur  nous  armait  pour  de  saints  brigandages? 

(  Le  Brun.  ) 
Veux-tu  nous  ramener  ce  jour  trop  lamenlable  , 
De  tant  d'assassinats  complice  épouvantable  , 
Où  le  zèle  en  fureur,  levant  ses  étendards , 
Ordonna  le  carnage ,  aiguisa  tes  poignards  ? 
Qu'il  périsse,  ce  jour!  Que  les  nuits  les  plus  sombres. 
Qu'un  silence  éternel ,  (1)  le  couvrent  de  leurs  ombres  1 
Qu'il  devienne  incroyable  à  la  postérité  ! 
Que  dis-je  ?  s'il  se  peut ,  qu'il  n'ait  jamais  été  !  (  I^-  ) 

Comment  des  hommes  comme  M.  Thiers  peuvent-ils  se  laisser  sé- 
duire aux  caresses  des  cours? 

Lorsque  vous  êtes  si  grands  . 

Gomment  le  souverain  qui  vous  doit  sa  couronne 

Ne  serait-il  pas  sur  son  trône 
Elevé  d'une  étoile  au  dessus  des  tyrans? 

(  L.  N.  La  Bataille  d'Isly.  ) 

Ah  !  n'est-ce  pas,  mon  Dieu,  qu'il  y  a  une  autre  vie  meilleure  que 

(1)  Le  texte  ne  porte  point  de  virgule  après  qu'un  silence  éternel ,  qui 
pourtant  ne  peut  seul  servir  de  sujet  au  verbe  couvrent. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  577 

celle  d'ici-bas ,  où  vous  rendrez  ma  mère  bien  lieureuse ,  et  d'où 
elle  pourra  me  voir ,  me  bénir,  et  ra'aimer  encore?  N'est-ce  pas, 
mon  Dieu  ,  que  ce  n'est  pas  la  une  vaine  illusion?  N'est-ce  pas 
qu'a  celte  heure,  esprit  bienheureux,  victorieuse  des  obstacles  qui 
nous  séparaient,  ma  mère  me  voit  et  m'entend?  N'est-ce  pas  qu'elle 
est  en  effet  bien  heureuse  ,  ma  pauvre  mère,  etqu'elleprie  pour  moi 
au  pied  de  votre  trône,  pour  que  vous  daigniez  fortiûer  la  foi  de  mon 
âme  et  l'espérance  de  mon  cœur?  N'est-ce  pas  qu'elle  vous  prie,  mon 
Dieu,  pour  son  pauvre  flis  désespéré  d'avoir  perdu  sa  mère,  parce 
qu'il  doute,  parce  qu'il  ne  croit  pas  assez  à  cette  autre  vie  de  gloire 
et  de  bonheur,  où  vous  aurez,  n'est-ce  pas?(l)  daigné  admettre  ma 
bonne  mère?  N'est-ce  pas  qu'elle  vous  prie  d'adoucir  l'amertume 
de  mes  regrets  en  me  persuadant  qu'elle  est  heureuse,  et  d'avoir 
pitié  de  mon  désespoir?  (L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

N'est-il  pas  juste  que  les  secondes  listes  du  jury  et  les  magistrats 
fassent  partie  de  la  liste  électorale  ?  (Crémieux.  ) 

Y a-t-ildes  théologiens  de  bonnejoi?  —  Oui ,  dit  l'abbé  de  Saint- 
Pierre  ,  comme  il  y  a  des  gens  qui  se  croient  sorciers. 

Quand  est-ce  qu'on  peut  manger  un  vaisseau  de  ligne  aoec  tous 
ses  agrès  et  apparaux ,  tous  ses  canons  ,  tous  ses  mâts ,  tout  son 
équipage  F  —  Quand  il  échoue  (est  chou.  ) 

Quand  est-ce  qu'on  peut  tenir  le  ciel  dans  ses  niains  F  —  Quand 
il  est  serein  (serin). 

Peut-on  regarder  le  ciel  et  contempler  ce  qui  s'y  passe ,  sans 
voir  (2) ,  avec  toute  l'évidence  possible,  qu'il  est  gouverné  par  une 
suprême  ,  par  une  divine  intelligence? 

(CicÉRON,  cité  par  Girault  Duvioier.) 

Dans  tout  les  exemples  qui  précèdent ,  le  point  interrogant  rem- 
place le  point.  En  voici  où  il  remplace  le  point-virgule. 


(1)  Ces  mots,  n'étant  mis  là  que  pour  donner  plus  de  force  à  l'interro- 
gation, entraînent  naturellement  avec  eux  le  signe  interrogatif. 

(2)  Le  texte  ne  porte  point  de  virgule  après  sans  voir,  quoiqu'il  y  en  ait 
une  après  possible.  11  est  vrai  que,  si  la  phrase  est  de  Cicéron  et  l'expres- 
sion de  l'abbé  d'Olivet ,  la  ponctuation  de  cette  phrase  est  de  l'abbé  d'O- 
livrt  et  de  GirauU  Dnvivier  réunis. 

r   II,  48 


>7S  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

Qui  comprendra  jamais  ce  que  j'ai  souffert ,  ce  que  je  souffre  ? 
ce  qu'il  m'a  fallu  de  courage  pour  résister  aux  tempêtes  qui  m'ont 
assailli  ?  de  force  pour  souffrir  autant  sans  mourir? 

Qui  me  consolera  de  n'avoir  plus  ma  bonne  mère  a  aimer ,  à 
soigner,  à  nourrir?  de  ne  l'avoir  plus  là  pour  jouir  de  la  joie  qu'elle 
aurait  de  mon  amour,  de  mes  soins,  de  mes  attentions?  de  ne  l'a- 
voir plus  la  pour  l'entendre  dire  encore  toute  radieuse  :  «  On  me 
l'avait  bien  prédit ,  que  mon  enfant  ferait  un  jour  mon  bonheur  et 
ma  joie  »?  (L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Ah  !  madame,  esl-il  vrai  qu'un  roi  per  et  terrible 

Aux  charmes  de  vos  yeux  soit  devenu  sensible? 

Que  l'hymen  aujourd'hui  doive  combler  vos  vœux  ?      (CHÉBlr.I,u^.) 

Comprennent- ils  queDieu  pour  nos  cœurs  au  grand  livre 
Marqua  d'autres  besoins  que  de  vivre  pour  vivre? 
Qu'il  nous  faut  la  pensée  et  tes  émotions  ? 
Et  que  nous  donnerions  pour  un  sourire  d'ange  , 
Pour  une  amitié  pure ,  et  vraie  ,  et  sans  mélange  , 

Tous  les  trésors  des  nations  ?         (  L.  N.  Amerl.  et  Consol.  ) 

Ai>ez-i>ous  songé ,  Charistie ,  que  je  pourrais  vous  suivre  dans  la 
route  ail  vous  me  menez  et  qu'il  pourrait  ne  pas  me  plaire  de  m^ ar- 
rêter précisément  à  Vendrait  oii  vous  vous  êtes  arrêtée  ?  que ,  puis- 
que vous  êtes  en  train  de  raconter  mon  passé ,  il  pourrait  m'être 
permis  de  raconter  le  vôtre  ?  (  Frédéric  Sodlié.  ) 

Dans  les  exemples  suivants  ils  ne  remplace  que  la  virgule  : 

A  quel  âge  avez-vous  été  fait  évêque  ?  demandait  le  dernier  duc 
de  Bourgogne  à  l'évêque  d'Amiens ,  La  Mothe  d'Orléans.  —  Mon 
prince ,  a  cinquante  ans.  —  C'est  bien  tard. —  C'est  que,  quand  le 
roi  votre  aïeul  a  une  faute  a  faire,  il  la  fait  toujours  le  plus  tard 
qu'il  peut. 

Que  m'importe  la  gloire ,  Stella?  si  je  ne  t'ai  pas  pour  témoin 
de  ma  gloire,  (L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

II  y  eu  a  qui  transporteraient  le  signe  inlerrogatif  à  la  fin  de  la 
phrase.  Auraient-ils  raison?  De  ces  deux  propositions  ,  mises  en 
rapport  par  la  conjonction  si,  Tune  étant  interrogative,  l'autre  af- 
liiinalivc  ,  le  poini  inlerroganl  ne  doit-il  pas  se  ?noHre  naturelle- 


DES   SIG.NES    DE    POACTUAllO.X.  579 

ment  après  celle  qu'il  modifie?  Mais ,  dira-l-on  ,  ces  deux  proposi- 
tions ont  entre  elles  une  telle  dépendance  à  la  fois  logique  et  gram- 
maticale, qu'on  ne  peut  faire  autrement  que  de  les  comprendre 
toutes  deux  dans  l'interrogation.  Cela  ne  me  semble  pas  tout  à  fait 
clair,  puisqu'on  dirait  tout  aussi  bien:  Que  m'importe  la  gloire, 
Stella  ?  je  ne  t'ai  pas  pour  témoin  de  ma  gloire.  Il  y  a  successive- 
ment interrogation  et  affirmation.  J'interroge  d'abord,  puis  je  mo- 
tive mon  interrogation.  Si  l'on  ne  reconnaît  pas  le  principe  que 
nous  émettons,  comment  fera-l-on  pour  ponctuer  raisonnablement  la 
phrase  suivante  : 

Peut-on  concevoir  que  la  religion  du  Chiist  ail  produit  tant  de 
sectes  ennemies  les  unes  des  autres  ?  quand  on  songe  que  toute  la 
doctrine  évangélique  se  réduit  a  ces  deux  préceptes ,  qui  n'en  sont 
qu'un  dans  le  fond  :  «  Aimez  Dieu  de  tout  votre  cœur  ;  Aimez 
VOTRE  PROCHAIN  COMME  VOUS-MÊME.  »?      (L.  N.  X^  Lwre  de  Tous.  ) 

Celte  phrase  comprend  plusieurs  propositions  dont  la  première 
seule  est  interrogative,  et  la  seule  par  conséquent  à  laquelle  puisse 
convenir  le  signe  de  l'interrogation.  Les  autres ,  quoiqu'elles  dé  - 
pendent  par  le  sens  et  par  la  construction  de  cette  première,  ne 
peuvent  pas  pour  cela  ,  d'affirmatives  qu'elles  sont  de  leur  nature  , 
devenir  interrogatives  ;  pas  plus  qu'elles  ne  pourraient  devenir 
négatives,  si  la  premljre  était  négative. 

Puis-je  croire  que  vous  m^ aimez  F  quand  je  vous  vois  si  indiffé- 
rente. 

Que  d'interrogalive  la  première  de  ces  deux  propositions  de- 
vienne négative,  la  seconde  en  changera-t-elle  de  nature?  Non  as- 
surément. Je  ne  puis  croire  que  tu  m'aimes,  quand  je  te  vois  si  in- 
différente. La  dépendance  qui  existe  entre  elles  n'en  est  pourtant 
pas  diminuée. 

Qiit  clcvlendrai-jc'i  hélas!  si  voub  m'abandonnez. 

N'est-il  pas  naturel  de  placer  le  signe  interrogatif  immédiate- 
ment après  l'interrogation?  comme  on  le  lait  pour  le  signe  excla- 
matif. 

Cependant,  conmie  la  clarté  est  la  première  loi  de  la  ponctua- 
tion, il  est  peut-être  bon  d'éviter  que  le  signe  interrogatif  se 
montre  au  bout  d'un  vers  dont  le  sens  n'est  pas  complet ,  à  cause 
•le  la  majuscule  qui  doit  le  suivre  .  el  qui  pourrait  faire  croire  au 


'SO  GRAJWMAIRK   I'AA^(;A1SI!;. 

premier  abord  que  la  phrase  finit  au  point  d'interrogation.  Exem- 
ple : 

Mais  que  devcniczvous  ,  avec  ce  grand  appui , 
S'ils  se  fussent  encore  emparés  de  la  ville  ? 

Je  vais  plus  loin.  Si  le  signe  dont  il  s'agit  a  réellement  pour  but 
d'indiquer  qu'une  proposition  est  interrogative  et  qu'il  faut  la 
lire,  la  prononcer  du  ton  qui  convient  à  l'interrogation,  à  quoi 
pourrait-il  servir?  transporté  à  la  fin  de  la  phrase  ,  dans  l'exemple 
suivant  : 

Est-il  digne  de  P absolution ,  ce  grand  du  monde  ,  comme  on 
l'appèle,  qui  ne  vit  que  pour  le  faste  et  l'ostentation  ;  qui,  avec 
des  richesses  si  immenses  (I  )  qu'on  ne  saurait  les  compter,  ne  cher- 
che qu'a  frapper  les  yeux  des  hommes  par  la  magnificence  de  son 
train  et  de  ses  équipages,  qu'à  se  distinguer  parmi  eux,  qu'a  pro- 
voquer leur  admiration  ou  leur  respect,  qu'a  s'élever  enfin  au 
dessus  d'eux  tous,  sans  penser  jamais  à  ceux  qui  gèlent,  qui  souf- 
frent ,  qui  ont  faim  et  soif;  qui  n'ont  ni  vêtement,  ni  abri,  ni  pain; 
sans  penser  jamais  à  ces  pauvres  anges  venus  du  ciel  vers  une  nou- 
velle Sodome,  qui,  faute  d'un  autre  Loth  pour  les  recueillir  et  les 
protéger ,  demeurent  exposés  dans  la  rue  a  toutes  les  violences,  à 
tous  les  outrages? 

Évidemment ,  dans  cette  phrase  ,  il  n'y  a  que  les  mots  Est-il  di- 
gne de  l'absolution  qui  soient  interrogatifs.  C'est,  en  effet,  comme 
s'il  y  avait  :  Ce  grand  du  monde  qui  ne  vit  que  pour  le  faste  et  l'os- 
tentation, etc.,  CET  HOMME,  JE  VOUS    LE  DEMANDE,    EST-IL  DIGNE  DE 

l'absolution  ?  En  quoi  ce  qui  précède  cette  demande  finale  de- 
vrait-il être  dit  sur  le  ton  de  l'interrogation?  La  phrase,  au  lieu  de 
finir  par  une  interrogation ,  pourrait  tout  aussi  bien  finir  par  une 
affirmation  ou  une  négation,  sans  que  le  sens  de  ce  qui  précède  en 
l'M  le  moins  du  monde  altéré  ou  modifié.  Or,  dans  l'exemple  cité, 
pour  savoir  comment  je  dois  prononcer  Est-il  digne  de  l'absolution, 
faut-il  attendre  que  j'arrive  essoufflé  au  bout  de  la  phrase  entière? 
Cela  serait  absurde.  Donc  la  place  du  signe  inlerrogatif  est  immé- 
diatement après  absolution. 

D'après  ce  principe,  voici  comment  je  ponctue  la  phrase  sui- 
vante: 

(1)  Inutile  de  coiipei  celte  incidente  par  une  virgule  Hprcs  immenses. 


DES  SIGiNKS    DK    FOiNCTlJAïK».  581 

Peut-il  croire  à  la  vertu  ?  celui  qui  ne  voit  paiioul  qu'infa- 
mie (I). 

L'application  de  ce  principe  est  chose  d'autant  plus  urgente,  que 
le  signe  interrogatif  se  trouve  souvent ,  dans  la  môme  phrase ,  en 
concurrence  avec  le  signe  exclamalif ,  comme  dans  ces  exemples  : 

Est-il  digne  de  V absolution  !'  l'homme ,  même  vertueux ,  qui 
n'étouffe  pas  dans  son  cœur  tout  sentiment  de  complaisance  aveugle 
pour  lui-même  ;  qui,  lorsqu'il  jeûne,  affecte  un  air  triste  ,  comme 
les  hypocrites,  pour  que  son  jeûne  paraisse  aux  yeux  des  hommes  ; 
qui  fait  sonner  la  trompette  devant  lui,  lorsqu'il  fait  l'aumône,  pour 
être  honoré  des  hommes  ;  qui,  loin  de  rapporter  a  Dieu  seul ,  avec 
une  humble  reconnaissance,  la  gloire  de  tout  ce  qu'il  a  en  lui- 
même  de  bon,  de  tout  ce  qu'il  possède  d'utile,  de  tout  ce  qu'il  fait 
de  louable ,  se  persuade  au  contraire  qu'il  n'a  besoin  que  de  lui- 
même  pour  être  bon,  comme  il  n'a  besoin  que  de  lui-même  pour  être 
méchant;  et  qui,  présumant  témérairement  de  cette  vertu  dans 
laquelle  il  s'admire,  est  toujours  prêt  a  jeter  la  pierre  aux  autres,  a 
les  charger  impitoyablement,  a  les  condamner  pour  la  moindre 
faute  ;  comme  s'il  était  lui-même  à  l'abri  de  toute  chute ,  de  tout 
manquement  !  comme  si  l'exemple  déplorable  de  Salomon  ne  suffi- 
sait pas  pour  démontrer  aux  hommes  leur  corruption^  contre  laquelle 
il  n'est  de  préservatif  assuré  que  dans  la  miséricorde  du  Seigneur! 

(  L.  N.  Le  Lii>re  de  Tous.) 

Pourquoi  tiendrais-je  a  la  vie  ?  moi  qui  suis  si  malheureux  !  moi 
qui  n'ai  plus  rien  a  espérer  sur  la  terre  !  (  Idem.} 

Si  une  phrase  interrogative  est  composée  de  plusieurs  propositions 
toutes  également  iulerrogatives,  le  signe  de  l'interrogation  doit  se 
répéter  après  chaque  proposition.  Exemples  : 

Qui  n'eût  cru  que  la  perte  de  Spinosa,  qui  tramait  la  même  chose 
que  nous ,  serait  l'occasion  de  la  nôtre  ?  que  le  licenciement  des 
troupes  de  Lievestein ,  qui  nous  étaient  toutes  dévouées,  divulgue- 
rait ce  que  nous  tenions  caché?  que  la  dispersion  de  la  petite 
tiotte  romprait  toutes  nos  mesures ,  et  serait  une  source  féconde  (h; 

(1)  Toiitet'oib  daus  des  phrases  aussi  si  simples  ,  aussi  courlc*  ,  le  point 
d'inteiiogalion  peut  se  transporter  à  la  fin  sans  inconvénient. 


">S2  (ilUMMAlKE    IIU.XÇAISK. 

nouveaux  iiicouvénients?  que  la  découverte  de  Ciême,  que  celle  de 
Marau,  allircraient  uéccssairement  après  elles  la  découverte  de  tout 
le  parti?  (Saim-Réal.) 

Cela  n'est-il  pas  plus  gracieux  ainsi?  plus  net ,  plus  limpide? 

Plusieurs  se  contenteraient  d'une  virgule  après  ainsi.  Us  auraient  tort; 
car  ils  feraient  supposer  que  plus  net,  plus  limpide ,  sont  la  suite  naturelle 
de  la  même  proposition  ,  tandis  qu'ils  forment  à  eux  seuls  une  véritable 
proposition. C'est, en  effet,  commes'il  y  avait  :  Cela  n'est-il  pas  plus  gracieux 
ainsi  ?  Cela  n'est-il  pas  plus  net ,  plus  limpide  ?  Pour  que  plus  net,  plus  lim- 
pide, appartinssent  à  la  même  proposition  que  plus  gracieux,  il  faudrait 
que  l'adverbe  ainsi  fût  placé  immédiatement  après  le  verbe  ou  transporté 
tout  à  la  fin  de  la  phrase,  de  celte  manière  :  Cela  n'est-it  pas  ainsi  plus  gra- 
cieux ,  plus  net ,  plus  limpide  ?  Cela  n'esl-il  pas  plus  gracieux,  plus  net,  plus 
limpide  ainsi  ?  Le  lecteur  qui  ne  sentirait  pas  cette  différence  ne  pourrait 
être  qu'un  partisan  de  Girault  Duvivier. 

Comment  la  voir?  comment  lui  parler?  comment  la  sauver? 

Poiut  de  majuscule,  comme  on  le  voit,  là  où  le  signe  interroga- 
lif  ne  remplace  que  la  virgule  ou  le  point-virgule.  Mais ,  s'il  équi- 
vaut à  un  point  réel ,  la  propositiou  qui  le  suit  doit  naturellement 
commencer  par  une  majuscule.  Exemples  : 

Qu'est-ce  qu'il  y  a  de  plus  beau  ?  L'univers.  —  De  plus  fort  l' 
La  nécessité.  —  De  plus  difficile  ?  De  se  connaître.  — Déplus  fa- 
cile l"  De  donner  des  avis.  —  De  plus  rare  F  Un  véritable  ami. 

(ThALÈS  de  MlLET.  ) 

La  réponse  à  ces  questions,  Girault  Duvivier  l'écrit  sans  majuscule.  Far 
le  maître  ,  vous  pouvez  juger  des  esclaves. 

Cet  homme  sait  mou  secret  (I).  Qui  donc  le  lui  a  appris  'F  C'est 
vous,  dit-il.  Quand?  A  l'époque  où  vous  cherchiez  à  m' épouser 
pour  réparer  le  désordre  de  vos  affaires  et  vous  assurer  une  for- 
tune. (Frédéric  Soulié.) 

Quel  serait  le  résultat  dune  famine  dans  Paris?  De  forcer  les 
pauvres  a  se  ruer  sur  les  riches.  (  Allard.  ) 

(1)  J'ai  cru  devoir  substituer  ce  point  au  point-virgule  que  porte  le  texte. 


DES    SIGNES    DE    PONCTUATION.  ÔS', 

Qu'est-ce  ifii'un  prince  qui  n'a  d'autre  mérite  que  son  rang,  r7  son 

nom}' 

De  loin  c'est  quelque  chose,  et  de  prés  ce  n'est  rien. 

Pourquoi  vous  disputer  la  terre  ?  Il  y  aura  toujours  assez  de 
place  pour  vos  tombeaux. 

Dans  tout  cela  les  grammairiens  n'ont  vu  que  du  Peu,  et  leur  ordre  n'est 
que  désordre.  Quant  au  Journal  des  Débats,  l'emploi  bizarre  qu'il  fait  du 
signe  interrogatif  ferait  croire 

Qu'il  n'a  pas  tous  les  jours  la  pleine  intelligence 
De  tout  ce  qu'il  débite  avec  tant  d'assurance. 

Maintenant  se  présente  une  autre  difficulté.  Jai  dit  que  le  point 
interrogant  n'usurpe  jamais  la  place  du  deux-poinls,  toujours  indis- 
pensable pour  indiquer  une  citation.  Or  quel  parti  faut-il  prendre? 
quand  une  interrogation  est  terminée  par  une  citation  affirmative, 
comme  dans  cet  exemple  : 

Quel  est  celui  qui ,  n'ayant  pas  les  qualités  nécessaires  pour  un 
emploi  avantageux ,  veuille  bien  le  reconnaître  et  se  rendre  a  soi- 
même  cette  justice  :  Non ,  je  n'ai  pas  ce  qu'il  faut  pour  occuper 
celle  place. 

Il  y  en  a  qui  voudraient  qu'on  joignît ,  entre  ces  deux  proposi- 
tions, le  point  interrogant  au  deux-points;  mais,  sans  s'arrêter  à 
l'effet  disgracieux  d'une  telle  complication  de  signes,  ne  voit-on  pas 
que  ,  la  seconde  proposition  n'élant  que  le  complément  de  la  pre- 
mière ,  le  sens  de  l'inlerrogalion  n'est  réellement  achevé  qu'après 
la  citation  ?  C'est  donc  après  la  citation  que  devrait  figurer  le  signe 
interrogatif!  Mais  alors  comment  distinguer  les  citations  par  elles- 
mêmes  interrogalives  de  celles  qui  ne  le  sont  pas? 

Quant  la  citation  peut  s'enlourer  de  guillemets,  et  qu'elle  n'est 
pas  trop  longue,  la  chose  est  facile.  Il  ne  s'agit  que  de  placer  le 
point  interrogant  avant  ou  après  le  guillemet  final.  Avant  le  guil- 
met,  si  la  citation  seule  est  interrogative;  après  le  guillemet,  si 
c'est  la  phrase  entière  qui  est  interrogative.  Exemples  -. 

Ignorons-nous  le  préceplc  de  Dieu  :  «Vous  aimerez  le  prochain 
comme  vous-même  »  ?  Ignorons-nous  le  commandement  de  Jésus- 
Clirisi  :  «  Je  vous  commande  de  vous  nimer  les  uns  les  autres  »  ';' 

(  L.  N.  Li\>re  de  Tous.  ) 


ÔK-t  GIU.MM/URE  FRANÇAISE. 

Ne  l'entendez-vous  pas  qui  pleure  et  nou»  appelé  , 
Et  nous  tend  ses  deux  mains  et  nous  ouvre  son  aile  , 
Et  nous  dit  ;  c  Ne  me  quittez  pas  ; 

•  Revenez,  revenez;  à  ma  tendre  prière 

•  Votre  père  du  ciel  calmera  sa  colère , 

«  Et  vous  pressera  dans  ses  bras  ■  i 

{Id.  Amertumes  et  Consolations.) 

Écoutez  ce  qu'elle  répondit  un  jour  à  quelqu'un  qui  lui  repro- 
chait sa  trop  grande  libéralité  :  «  Et  pourquoi  est-on  riche ,  sinon 
pour  faire  part  de  sou  bien  aux  pauvres  ?  » 

Qui  oserait  nier  l'avantage  d'une  telle  distinction  ?  Peut-être  MM.  Fir- 
mln  Didot ,  naturellement  ennemis  de  toute  réforme  typographique  qui 
n'est  pas  de  leur  invention.  11  faut  convenir  qu'il  y  a  des  hommes  qui 
deviennent  riches  et  illustres  à  peu  de  frais.  Il  y  a  deux  ans  qu'un  membre 
obscur  d'une  célèbre  académie  d'Italie  est  venu  à  bout  d'occuper  deux 
séances  entières  du  corps  savant  auquel  il  appartient  et  je  ne  sais  combien 
de  colonnes  dans  les  journaux  avec  la  proposition  qu'il  fit  d'ajouter  aux  ri- 
chesses de  la  ponctuation  un  point  ironique  de  sa  création.  Malheureuse 
Italie  !  à  quelles  extrémités  une  nation  peut  être  réduite  par  la  censure  I 

Dans  le  cas  où  la  citation  ne  saurait  être  accompagnée  de  guille- 
mets ,  on  obtiendrait  le  même  résultat  en  faisant  précéder  d'un  ti- 
ret le  signe  inlerrogatif,  lorsqu'il  n'est  pas  destiné  à  modifier  la  ci- 
tation ,  mais  l'ensemble  de  la  phrase ,  comme  dans  cet  exemple  : 

N'est-il  pas  honteux  qu'on  écrive  d'une  femme  :  elle  a  de  la 
croupe ,  on  lui  trouve  une  belle  encolure,  un  poitrail  superbe  ,  et  le 
pas  fringant  —  ?  (  FRANCIS  Wey.  ) 

Parfois  rinterrogation  n'est  que  dans  le  sens,  comme  lors- 
qu'en  désignant  de  la  main  un  objet  on  demande  : 

C'est  la  ce  dont  vous  parlez  ? 

On  sent  dans  ce  cas  combien  le  signe  interrogalif  devient  néces- 
saire. 

Si  je  oeuiv  cela  ?  belle  demande  !  (  Académie.  ) 

(Jn  précepte  est  aride  ?  il  le  faut  embellir  ; 

Ennuyeux?  l'égayer;  ww/g'oJre.' l'ennoblir.         (Deulle.) 

l.es  demandes  et  les  réponses  ,  dans  cet  exemple  ,  étant  combi- 
nées de  manière  qu'elles  ne  forment  ensemble  qu'une  seule  phrase. 


DES  SION'ES  DE  PONCTUATION.  ÔSri 

il  s'ensuit  qu'il  n'y  faut  point  de  majuscule  après  le  signe  interro- 
gatif.  Il  en  est  de  même  à  l'égard  des  exemples  suivants  : 

Êies-vous  marchand  F  ne  prenez  pas  la  bonne  foi  pour  enseigne, 
mais  prenez-la  pour  règle  de  conduite.  Etes-vous  magistrat  l'  n'o- 
béissez qu'a  la  loi.  Ètes-vous  inaperçu  dans  le  monde  littéraire?  ne 
faites  pas  faire  votre  portrait.  Aimez-oous  la  vérité  F  ne  lisez  pas 
les  journaux  fanatiques.  Ètes-vous  libraire  P  ne  vendez  pas  du  pa- 
pier blanc. 

Les  grammairiens  (singulières  gens!)  nous  enseignent  de  l'air  le  plus 
sérieux  qu'il  n'y  a  point  là  d'interrogation,  que  c'est  une  manière  de  parler 
suppositive ,  que  c'est  comme  s'il  y  avait:  si  vous  êtes  marchand ,  si  vous 
êtes  magistrat ,  etc.  ;  et  qu'en  conséquence  il  faut  remplacer  le  signe  inter- 
rogatif  par  une  virgule  dans  tous  les  cas  analogues  à  celui  dont  nous  venons 
de  citer  un  exemple. 

Honnêtes  citoyens  ,  de  quoi  vous  mêlez-vous  ? 

Ne  feriez-vouspas  mieux  d'aller  planter  des  clioux  ? 

Puis  étonnez-vous  que  le  goût  du  public  ,  formé  par  de  pareils  maîtres  , 
en  vienne  à  préférer 

T-e  moindre  grain  de  mil  à  la  plus  Lelle  perle  ! 
Étonnez  -  vous,    comme  dit    Berlioz,     de    son    abrutissement,    de    son 
inintelligence  des  choses  de  l'imagination  et  du  cœur,  de  son  amour  pour 
les  platitudes,  de  la  bassesse  de  tous  ses  instincts  littéraires  et  mélodiques  1 

«  La  suppression  du  point  interrogatif  à  la  fin  des  phrases  interrogatives 
qui  contiennent  implicitement  la  conjonction  si ,  est  fondée  ,  dit  Boinvil- 
liers  d'après  d'autres,  sur  ce  que  ces  genres  d'interrogations  ne  demandent 
pas  de  réponses.  » 

Admirable  logique  ! 

Et  qu'importe  la  réponse  ?  si  la  phrase  est  réellement  interrogative,  et  si 
le  ton  dont  il  faut  la  prononcer  est  bien  celui  de  l'interrogation.  Oseriez- 
vous  ,  graves  magistrats,  oseriez-vous  débiter  ce  passage  de  VOraison  fu 
nèbre  de  Turenne  par  Fléchier  ,  sans  donner  aux  propositions  soulignées  le 
ton   de  l'interrogation  : 

«  Qui  fit  jamais  de  si  grandes  choses  ?  (])  Qui  les  dit  avec  plus  de 
retenue?  Remportait-il  quelque  avantage  ?  ce  n'était  pas  qu'il  fût 

(1)  Le  texte  porte  une  virgule,  au  lieu  d'un  point  interrogant ,  après 
choses.  Mais  ,  comme  on  le  verra  plus  loin,  U:  point  interroj^jant  doit  se  ré- 
pt^ler  après  chaque  proposition  interrogative  ,  quand  eiJrs  ne  sont  pas 
jointes  par  la  coujonclion  cl. 

T.  II.  49 


Ô86  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

Iiabile,  mais  l'ennemi  s'élait  trompé.  Rendait-il  compte  d'une  ba- 
taille ?  il  n'oubliait  rien,  sinon  que  c'était  lui  qui  l'avait  gagnée. 
Racontait-il  (juelques  unes  de  ces  actions  qui  l'ont  rendu  si  célèbre  P 
on  eût  dit  qu'il  n'en  avait  été  que  le  spectateur,  et  l'on  doutait  si 
c'était  lui  qui  se  trompait,  ou  la  renommée.  Reoenait-il  de  ces  glo- 
rieuses campagnes  qui  rendront  son  nom  immortel  ?  il  fuyait  les  ac- 
clamations populaires,  il  rougissait  de  ses  victoires  ,  il  venait  rece- 
voir des  éloges  (1  )  comme  on  vient  faire  des  apologies,  et  n'osait  pres- 
que aborder  le  roi,  parce  qu'il  était  obligé ,  par  respect ,  de  souffrir 
patiemment  les  louanges  dont  Sa  Majesté  ne  manquait  jamais  de 
l'honorer.»  (2) 

Comment  ne  pas  reconnaître  que  ces  façons  de  parler  propres  à  l'orateur 
impliquent  une  interrogation  réelle  ?  que  c'est  comme  s'il  y  avait  :  Voulez- 
vous  te  voir,  voulez-vous  l'entendre  lorsqu'il  remportait  quelque  avantage,  lors- 
qu'il rendait  compte  d'une  bataille,  etc.?  D'un  autre  côté  ,  comment  pré- 
tendre que  ces  sortes  d'interrogations  n'admettent  aucune  réponse?  La  ré- 
ponse, sous-entendue  parce  qu'elle  est  inutile  ,  parce  qu'elle  ralentirait  le 
mouvement  de  la  période  ,  est  naturellement  celle-ci  :  Oui ,  sans  doute, 
n'est-ce  pas?  Après  cette  réponse  exprimée,  l'orateur  reprendrait  :  £/i 
bien!  il  disait  que  ce  n'était  pas  qu'il  fût  habile,  etc.  Cette  ellipse  explique 
pourquoi  dans  ces  phrases  le  signe  interrogatif  n'est  pas  suivi  d'une  majus- 
cule. La  réponse  n'ayant  pas  lieu  ,  ce  qui  suit  se  trouve  faire  partie  de  la 
même  phrase,  comme  s'il  y  avait  réellement,  ainsi  que  le  veulent  les 
grammairiens  :  S'il  retnportait  quelque  avantage  ,  ce  n'était  pas  qu'il  fut  ha- 
bile; etc.  Remarquez  pourtant  que  d'après  cette  analyse  des  grammai- 
riens ,  la  phrase  signifierait  que,  bien  qu'il  remportât  quelques  avantages, 
Turenne  n'était  pas  habile. 

Il  n'est  pas  de  belle  pensée  dont  un  grammairien  ne  puisse  tirer  une 
grosse  bêtise. 

Pauvres  auteurs  I  pauvres  poètes  ! 

Voici  un  exemple  qui  prête  à  mon  raisonnement  un  appui  incontestable  : 
yotilez-fous  du  public  mériter  les  amours  ? 
Sans  cesse  en  écrivant  variez  vos  discours.  (  Boileau.) 

Supposez  que  l'auteur   eût   dit  en  prose  :  Vous  voulez  sans  doute  mériter 

(1)  Le  texte  porte  une  virgule  après  c/og-es.  Pourquoi  cela  ?  Comme  on 
vient  faire  des  apologies  est  absolument  nécessaire  au  sens. 

(2)  Cette  citation  est  trop  longue,  se  composant  de  plusieurs  phrases 
distinctes  et  indépendantes  les  unes  des  autres,  pour  qu'il  soit  possible  de 
placer  encore  ici  un  point  d'interrogation  se  rapportant  à  la  phrase  inter- 
rogative  qui  amène  cette  citation, 


DES  SIGAES  DE    I»0>CTUAÏ10>.  ÔS7 

les  amours  dit  pub(ic.?¥onrtiçz-\ou&  alors  vous  passer  du  point  iiilerrogatil'? 
l'inleiTOgation  n'étant  plus  que  dans  le  sens  ,  ayant  disparu  de  la  forme. 
Pourquoi  donc  le  vers  de  Boileau  ne  serait-il  pas  aussi  terminé  par  un 
point  d'interrogation  ? 

Nous  sommes  heureux  de  nous  rencontrer  une  fois  avec  le  Journal  des 
Débats  dans  le  sentier  si  glissant  et  si  peu  fréquenté  de  la  raison.  Le  Jour- 
nal des  Débats,  en  effet,  se  conforme  parfaitement  au  principe  que  nous 
venons  d'établir  : 

Ils  ont  surtout  un  art  merveilleux  pour  tirer  un  parti  également 
avantageux  des  faits  les  plus  contraires.  La  situation  coloniale  est- 
elle  prospère  ?  il  serait  insensé  de  tarir  la  source  de  cette  prospé- 
rité. Un  fléau  a-t-il  exercé  ses  ravages  à  la  Guadeloupe  ou  à  la 
Martinique?  il  serait  barbare  de  ne  pas  leur  laisser  le  temps  de  se 
remettre  de  la  secousse.  Nos  rapports  avec  r  Angleterre  sont-ils  à 
la  veille  de  s'altérer?  atttendons  que  la  paix  soit  bien  affermie  ;  il 
ne  faut  pas  que  nos  colonies  soient  surprises  par  la  guerre  au  mi- 
lieu d'une  crise. 

Je  le  répète,  la  manière  dont  le  Journal  des  Débats  a  répondu  aux 
hommes  sans  pudeur  ,  qui,  tout  en  se  disant  les  adversaires  de  l'esclavage, 
ont  osé  ,  du  haut  d'une  tribune  française  ,  plaider  la  cause  de  l'esclavage  ; 
la  manière  dont  il  a  apprécié  les  nobles  paroles  de  M.  le  duc  d'Harcourt 
en  faveur  de  l'émancipation  me  ferait  presque  aimer  cet  odieux  journal , 
si  je  n'étais  par  trop  convaincu  qu'il  n'est  entre  les  mains  du  pouvoir 
qu'une  manivelle. 

Les  grammairiens  ont  confondu  les  phrases  inlerrogalives  don! 
nous  venons  de  parler  avec  les  phrases  conditionnelles  de  la  na- 
ture de  celle-ci  : 

Seriez-vous  trois  mille  hommes  et  trois  mille  femmes  entassés 
dans  une  salle  de  spectacle,  notre  humoriste  y  mettrait  le  même  sans- 
gêne.  (Jules  Janin.) 

Évidemment  il  n'y  a  pas  là  d'interrogation  ,  car  celte  forme  n'est  qu'une 
légère  variante  de  celle-ci  :  Fous  seriez  trois  mille  hommes  et  trois  mille 
femmes ,  que  notre  humoriste,  etc. 

Dans  le  doute  abstibns-toi.  M.  Girault  Duvivier  a  su  mettre  à  profit  cette 
sage  maxime.  11  a  prudemment  esquivé  les  difficultés  que  présentai!  la 
question  que  nous  venons  de  traiter. 

Encore  un  mol.  Les  Allemande  mettent  lui  point  interroyalil 


388  GUAMMAIRE    FRANÇAISE. 

après  cette  phrase  :  Er  (ragte  mich,  wie  viel  Ultr  es  war  ?  (Il  rue 
demanda  quelle  heure  il  était)  quoiqu'il  n'y  ait  pas  plus  d'inter- 
rogation dans  celte  phrase  qu'il  n'y  en  a  dans  celle-ci  :  Il  m'adressa 
la  parole  pour  savoir  quelle  heure  il  était.  Il  est  vrai  qu'ils  met- 
tent aussi  une  virgule  après  Er  fragte  mich.  Pour  des  gens  qui  se 
piquent  d'être  profonds,  cela  est  bien  superficiel.  Les  Français  font 
preuve  de  plus  de  logique  eu  se  contentant  d'un  point  simple  au 
bout  de  la  phrase. 

Bref,  dès  que  la  demande  n'est  pas  directe,  dès  que  les  mots 
qui  énoncent  cette  demande  ,  loin  de  former  une  proposition  in- 
lerrogative,  ne  sont  que  le  complément  d'une  proposition  exposi- 
tive, de  toute  évidence  il  ne  faut  pas  de  point  d'interrogation  (I). 
Que  les  Allemands  ne  l'oublient  pas.  Exemples  : 

Mentor  demanda  ensuite  a  Idoménée  quelle  était  la  conduite  de 
Protésilas  dans  le  changement  des  affaires. 

(FÉNKLON,  cité  par  Gîrault  Dwwier.) 

S'il  fallait  condamner  tous  les  ingrats  qui  sont  au  monde  ,  dites- 
moi  a  qui  il  faudrait  pardonner. 

(Vers  de  La  Fontaine  mis  en  prose  par  M.  Lemare.) 

Est-ce  tout?  dites-moi.  N'y  suis-je  point  encore? 
Nenni.  — M'y  voici  donc?  —  Point  du  tout.  — M'y  voilà? 
Vous  n'en  approchez  point.  (!2) 

(1)  Voici  comment  s'exprime  M.  Girault  Diivivier  sur  le  même  sujet  : 
«  Si  la  phrase  interrogative  n'est  pas  directe,  et  que  la  forme  en  soit  ren- 
due dépendante  de  la  construction  grammaticale  d'une  proposition  princi- 
pale qui  précède  ,  on  ne  doit  pas  mettre  le  point  interrogatif ,  et  la  ponc- 
tuation doit  se  régler  sur  la  proposition  principale  ,  dans  la  quelle  celle-ci 
n'est  qu'incidente.»  Et  d'abord  il  n'y  a  pas  de  phrase  interrogative.  S'il  y 
avait  une  phrase  interrogative,  il  faudrait  un  point  interrogatif. 

II  n'y  a  pas  non  plus  d'incidente  ,  il  y  a  un  complément  nécessaire  de  la 
proposition  principale.  Admirez  en  outre  la  légèreté  de  ce  style.  Il  pourrait 
servir  de  correctif  aux  feuilletons  de  Jules  Janin. 

(2)  Les  Espagnc)ls  font  le  même  usage  que  nous  du  point  interrogatif; 
mais  ils  font  précéder  les  phrases  interrogatives  du  même  signe  renversé 
(p,  ).  M.  Napoléon  Landais  à  qui  nous  empruntons  cette  observation  trouve 
qu'il  serait  utile  d'imiter  cette  méthode.  Avis  aux  maîtres  de  langue. 


DES   SIGNES    DE    P0iNCTlJAT10.\.  589 


DU  SIGNE   INTERJECTIF, 

APPELÉ    PAR    LES    GnAMMAIRlKNS 

POINT   ADMIRATIF    OU    d' ADMIRATION  ,    d' EXCLAMATION  . 
POINT  EXCLAMATIF  (\]. 

Le  point  d'exclamation,  signe  qu'on  figure  ainsi  (!), 
se  met  après  une  exclamation,  c'est  a  dire  ,  après  toute 
phrase,  tout  assemblage  de  mots,  tout  mot  qui  exprime  par 
exclamation  quelque  élan  de  l'âme,  quelque  mouvement 
subit  de  douleur,  de  joie,  décolère,  d'admiration,  etc.  (2) 
Exemples  : 

Que  je  suis  malheureux  !  que  je  souffre  ! 

Que  rhomme  est  vil  !  que  l'homme  est  auguste  !  quel  coiilraste 
de  richesse  et  de  pauvreté,  d'abjection  et  de  grandeur! 

(Letourneur,  cité  par  Girault  Bmmner.) 

Qu'il  serait  a  désirer  que  de  nouveaux  apôtres  vinssent  prêcher 
la  charité  ! 

Combien  il  en  est  qui  s'arrêtent  comme  si  le  temps  les  atten- 
dait! 

Que  j'éprouve  de  joie  à  t'aimer  !  —  Que  je  t'aime  ! 
Quel  bonlieur  ,  ô  mon  Dieu  ,  de  t'avoir  retrouvé  ! 
Et  tu  semblés  pourtant  plus  heureux  que  moi-même 
D'accepter  mon  amour  et  de  m'avoir  sauvé  I 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 
^ • 

(d)  11  est  à  lemarquer  que  l'Académie  ne  dit  ni  point  exctamatif  ni  point 
interro^atif,  quoique  ces  dénominations  soient  tièsusitées,  et,  qui  plus  esl, 
li<'s-raisi)nnal)Ies.  Elle  ne  dit  pas  non  plus  .?(^'7iC  interjectif,  qui  est  pourtant 
la  dénomination  la  plus  convenable,  comme  étant  celle  dont  la  signification 
esl  la  plus  étendue. 

(2)  MM.  Noël  et  Chapsal  s'expriment  plus  biiévement  :  «  Le  point  ad- 
uiiiatif  se  met  à  la  fin  d'une  pliiase  qui  exprime  une  admiration  ou  une  ex- 
clanialion.  1  Une  phrase  qui  exprime  une  excltimat'on!  quel  style!  J'avais 
cru  que,  ])oui'  i)Ouvoir  enseif^ner  un  art,  il  Callail  au  moins  en  posséder 
les  j)remiers  déments.  1 1  parait  que  je  m'abusais.  Une  grande  j)arlie  d(;s 
maîtres  de  langue  de  ^  ienni' .sont  bien  la  j^renve  du' contraire.  M.  "'*'. 
|)rofesseur  de  l'rançais  en  l'imixersité  de  celle  ville,  en  «si  ,  dit-on  ,  une 
preuve  éclat anle. 


51>0  (iKAMMAlKE    l'IlAiNÇAlSE. 

Que  n'ai-je,  à  défaut  de  couronne  , 
O  soldats  de  l'Isly  ,  soldats  de  Mogador, 

Que  n'aî-je,  à  défaut  de  colonne 
Où  graver  tous  vos  noms  en  caractères  d'or  , 
Que  n'ai-je  le  pouvoir  de  vous  sculpter  mon  âme, 
Ou  d'en  faire  jaillir  quelque  globe  de  flamme  , 

Quelque  monument  éclatant  , 
Où  les  nouïs  de  vous  tous  ,  vos  noms  impérissables 

Brillent  en  traits  ineffaçables  , 
Soleil  de  gloire  au  loin  sur  le  monde  flottant  ! 

{Id.  La  Bataille  de  l'Isly.) 

Heiiroux  le  peuple  dontriiistoire  est  ennuyeuse!  (Montesquieu.) 

Malheur  à  vous  qui ,  fiers  de  votre  rang  sublime  , 
Fermez  l'oreille  au  cri  qui  monte  de  l'abîme  ! 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 
Honte  à  ceux  qui ,  poussés  par  un  sombre  vertige  , 
Dépouillent  sans  pitié  l'homme  de  tout  preslige, 
Et,  de  sa  plaie  affreuse  arrachant  l'appareil  , 
Ueuiant  à  grands  cris  l'intelligence  et  l'âme  , 
Digne  fils  du  néant  que  le  néant  réclame  , 
L'étaient  dans  la  fange  aux  yeux  de  son  pareil  !  {Id.  ibid.  ) 

Mille  anathèmes  sur  les  vils  instruments  de  l'oppression  ,  de  la 
tyrannie  !  (  Id.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Mille  anathèmes  sur  les  flatteurs,  sur  les  intrigants ,  sur  les  hy- 
pocrites !  (  Id.  Ihid.  ) 

Mille  anathèmes  sur  l'égoïsme  ,  sur  l'arrogance,  sur  la  sottise , 
sur  la  vanité,  sur  la  lâcheté,  sur  la  calomnie,  sur  toute  infamie  ! 

(Id.  Ihid.) 

Mais  aussi  mille  bénédictions ,  mille  actions  de  grâces  sur  la 
bonté,  sur  la  vertu  !  [Id.  Ibid.) 

Mille  bénédictions  sur  ceux  qui  sont  bons  et  miséricordieux  , 
pleins  de  douceur  et  d'indulgence  !  {Id.  Ihid.) 

La  plupart  des  observations  que  nous  avons  faites  sur  le  point  in- 
lerrogafif  sont  applicables  au  point  exclamalif. 

Il  se  place  immédiatement  après  chaque  exclamation,  chaque 
interjection. 

Quel  secret  doit  aooir  eu  la  naturel  disait  Fontenelle,  pour  va- 
!  ii'i  on  tant  de  manières  une  chose  aussi  simple  qu'un  visage. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  "91 

Que  V homme  est  aveugle!  puisque  l'expérience  même  la  plus 
souvent  répétée  parvient  si  rarement  à  l'éclairer, 

(Cité  par  Demandre.) 

Oh  !  malédiction  !  quand  la  toile  ou  la  pierre, 
La  lyre  ou  le  pinceau  célèbrent  la  matière. 

(  GusiAVB  DE  La  Node.  ) 

Ah!  que  de  la  vertu  les  charmes  sont  puissants  !  (Cobnkii.i.k.  ) 

Hn  !  ha  !  (I  )  monsieur  est  Persan  ?  comment  peut-on  être  Persan? 

(Montesquieu.) 

Eh  !  qui  n'a  pas  pleuré  quelque  perte  cruelle?  (  Dei.ili.k.) 

Eh  quoi  !  ton  âme  sombre  et  tes  yeux  éblouis 
N'osent-ils  contempler  le  siècle  de  Louis?  (  Lebrun.  ) 

Eh  bien  I  manger  moutons  ,  canaille  ,  sotte  espèce , 
Est-ce  un  péché  ?  Non  ,  non  ;  vous  leur  fites  ,  seigneur, 

En  les  croquant  beaucoup  d'honneur.  (La  Fontaine.  ) 

He!  hé  !  d'où  vient  donc  ce  plaisant  mouvement  ? 

(Molière.) 
Ho  !  ho  !  vous  faites  bien  l'entendu.  (  Académie.  ) 

Hélas!  on  voit  que  de  tout  temps 
Les  petits  ont  pâti  des  sottises  des  grands.         (La  Fostai>k.  ) 

Oh  !  oh  !  dit-il,  le  gros  message  !  (  Victor  Hugo.) 

Aïe  !  aïe  !  à  l'aide  1  au  meurtre!  au  secours!  on  m'assomme. 
Ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  ah  I  ah  !  ô  traître  !  ô  bourreau  d'homme  1 

(MOLIKBK.) 

Noël!  Noël!  cria  la  cohue.  (Victor  Hugo.) 

Il  ne  suffit  pas  d'entasser  les  k  et  les  y  pour  arriver  a  un  style 
oriental,  et  tout  homme  qui  s'écrie:  allah!  alluh!  n'entre  pas 
au  paradis  de  Mahomet.  (  Fr.  Wey.  ) 

Oh  !  quel  égarement  d'espérer  quelque  chose 

De  leur  cœur  venimeux  ,  de  leur  main  toujours  cluse  ! 

Oh  !  quel  égarement  et  quelle  lâcheté  1 

(  L.  N.  Amerliimes  et  Consolations.  ) 


(i)  M.  Girault  Duvivier  enseigne  que  lorsque  l'exclamation  est  répétée, 
le  point  exclamatit'  ne  se  met  qu'après  la  dernière  exclamation  :  ah,  ahl 
C'est  prendre  un  i'urieux  plaisir  à  augmenter  sans  raison  les  exceptions  et 
les  dillicultés.  L'Académie  répète  toujours  le  point  exclamatif.  Au  con- 
ir.Tirc  ^L  Riinit'aresupprimc  mèuie  la  virgule  de  M.  (iirault  Duvivier  :  o/i  ah! 


-"»î>2  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

Toutefois  la  répélilion  du  signe  interjectif  après  chaque  vers  des 
slroplips  suivantes,  où  l'cxclamalion  est  peu  sensible,  serait  d'un 
effet  choquant.  Il  suffit  de  le  reproduire  après  chaque  strophe. 

Donce  religion  qui  prie  et  qui  console  , 
Espoir  toujours  naissant  sous  l'espoir  qui  s'envole  , 
Germe  réparateur  des  biens  que  l'on  n'a  plus  , 
Pont  sublime  jeté  sur  l'abîme  qui  s'ouvre  , 
Riche  bouquet  de  fleurs  dont  la  tombe  se  couvre. 
Coupe  de  miel  pour  ses  élusl 

Phare  du  matelot  qui  navigue  dans  l'ombre. 
Éclair  de  sa  tempête  ,  aube  de  sa  nuit  sombre , 
Voix  qui  fait  expirer  le  vent  des  passions  , 
Gouvernail  du  vaisseau  qui  mugit  sous  l'orage, 
Sérénité  des  cieux  ,  des  flots,  et  du  rivage , 
Port  et  salut  des  nations  1 

Lumière  de  l'esprit  qui  s'égare  et  qui  doute  , 
Ombrage  toujours  frais  aux  deux  bords  de  la  route , 
Simple  et  riant  berceau  tout  tissu  de  jasmin  ; 
Couche  de  gazon  vert  et  de  feuilles  de  rose  , 
Où  l'âme  haletante  un  moment  se  repose 
De  la  fatigue  du  chemin  1 

(  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

De  deux  phrases  exclamalives ,  jointes  par  la  conjonction  et ,  la 
dernière  seule  prend  le  signe  interjectif: 

Que  les  sages  sont  en  petit  nombre,  et  qu'il  est  rare  d'en  trouver  ! 

(Cité  par  Girault  Diawier.) 

La  conjonction  et  dans  les  vers  suivants  ne  fait  qu'ajouter  plus 
de  force  à  l'exclamation. 

Et  tous  en  ricanant  me  regardaient.  O  rage  1 
Et  ne  pas  leur  jeter  de  la  boue  au  visage  ! 
Et  ne  pas  les  punir  de  tant  de  lâcheté  1 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.  ) 

Avec  les  citations ,  on  procède  absolument  comme  pour  le  point 

inlerrogatif. 

Il  leur  disait  :   «  Malheur  sur  vous  et  sur  vos  pères  , 
O  sépulcres  blanfliis.  A  race  de  vipères  !  » 

[î  ABTHi^i.EMv.  iSéniési.t.  ) 


T)ES  SIGNES   DE  l'OiXCTUATW.N  .  ~)V)Ô 

Plût  à  Dieu  que  chacun  pensât  comme  celui  qui  a  dit  :  «  Fais  à 
autrui  ce  que  tu  voudrais  qu'on  te  fit  !  » 

(Cité  par  M.  Boni  face.) 

0  ne  prend  point  de  signe  immédiat  : 

O  temps  !  6  mœurs  !  ô  douleur  !  ô  regret  ! 
O  rage  !  ù  désespoir  !  ô  fortune  ennemie! 

0  le  malheureux  d'avoir  fait  cette  méchante  action  ! 

Il  en  est  de  même  de  toute  interjection ,  de  toute  exclamation 
qui  fait  corps  avec  un  autre  mot ,  qui  entre  dans  la  construction  de 
la  phrase ,  comme  dans  ces  exemples  : 

Eh  bien  !  Eh  bien  donc  !  Eh  quoi  !  ylh  ciel  !  Ah  Dieu  !  Oh  Dieu  ! 
que  je  souffre  ! 

Fi  du  plaisir  que  la  crainte  peut  corrompre! 

Foin  du  loup  et  de  sa  race  !  (  La    Fontaink.  ) 

Au  diantre  soit  le  fou  !  peste  soit  des  fâcheux  !  (1) 

O  ne  prend  jamais  de  signe  immédiat  ,  parce  qu'il  n'a  pas  par 
lui-même  une  signification  bien  déterminée  ,  et  qu'il  n'est  guère 
que  la  marque  du  vocatif  (2). 

Les  mots  employés  au  vocatif  (ô),  avec  ou  sans  o,  ne  constituent 
pas  une  exclamation,   et  ne  prennent  pas  par  conséquent  le  signe 


(1)  Mais  M.  l^'rey  a  grand  tort  d'écrire,  sans  point  d'exclamation  après 
oh  :  Oh  que  n  est-il  des  nùroirs  pour  l'esprit!  M.  Frey  ,  qui  a  bien  les  idées 
les  plus  étranges,  prétend  que  —  Vinterjeetion  oh,  dans  cet  exemple,  modifie 
l'énonciation  finale  que,  et  que  dcins  ce  cas  on  est  conforme  à  cette  autre  Mirt- 
niére  :  ÙM01  ÙiKv  lu  Mk.  patrie! — Etonnez  vous  après  cela  que  M.  Frey  ait 
obtenu  les  suffrages  de  MM.  Firmin  Didot  !  -C'est  lui,  M.  Fiey ,  qui 
veut  qu'on  divise  le  mot.  juste  ainsi  '.  juste. 

(2)  On  trouve  pourtant  dans  Girault  Duvivier  :  —  O  !  qu'il  est  difficile  de 
se  modérer  dans  une  grande  fortune'.  (Acad.) —  O  !  suprême  plaisir  de  prati— 
f/uer  la  vertu!  (  Dumkrgi  F.)  —  O!  si  la  sa^'esse  était  visible,  de  quel  amour 
les  hommes  s'enflammeraient  pour  elle!  (L'abbé  d'Olivet,  (rad.  de  CicÉ- 
RON.)  Mais  cela  est  intolérable.  Le  premier  exemple  a  disparu  du  dic- 
tionnaire de  l'Académie.  Quant  aux  deux  autres  ,  ils  sont  tout  à  fait  dignes 
de  leurs  auteurs. 

(.3)  Le  vocatif  est  le  cas  dont  on  se  sert  quand  on  adresse  la  parole  à  quel- 
qu'un. Dans  nnire  langue,  oii  il  n'y  a  point  de  cas,  (jn  y  supplée  par  l'in- 
lerjecliiMi  ô,  que  l'un  Fous-enti'nd  le  plus  souvent. 

T.  II.  ;>0 


■'9  '«  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

interjeclif  (1).  O  mon  Difu  ,  ayez  pilié de  moi.  Qu'il  est  doux^Moy 
Dieu,  de  t'aimer!  0  toi  que  j'implore.  Toi  que  J'implore.  0  Franck, 
MA  CHÈRE  PATRIE,  qucitid  me  seru-l-H  donné  de  te  revoir?  O  ma 
MÈRE  ,  MA  MÈRE  CHERIE,  jc  ne  VOUS  reverrai  doHc  plus  sur  lu  terre  ! 
O  Stéphanie,  vous  ne  m'aimez  donc  pas! 

O  misérable  race  humaine. 
Esclaves  idiots ,  exécrables  tyrans , 

De  mon  mépris  et  de  ma  haine, 
Océan  contenu  ,  que  ne  pnis-je  à  torrents 

Vous  verser  le  flot  salutaire, 
Et,  comme  aux  jours  lointains  oii  le  ciel  éclata. 

Voir  se  renouveler  la  terre 
Sons  ce  flot  de  courroux  que  l'amour  enfanta  ! 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Mais  ces  mots  peuvent  u'èlte  qu'un  cri  spontané  de  l'âme ,  une 
manifestation  rapide  de  quelque  subit  sentiment  de  joie  ou  de  dou- 
leur, une  exclamation  isolée,  enfin.  Ils  deviennent  alors  de  véri- 

(1)  Ce  qui  n'empêche  pas  les  Allemands  de  commencer  toutes  leurs 
lettres  par  monsieur!  madame!  mademoiselle!  avec  un  grand  point  d'excla- 
mation. Il  est  pourtant  vrai  de  dire  que  ces  mois  peuvent,  dans  cerlains 
cas,  devenir  de  véritables  exclamations.  Exemple  :  Monsieur!  vos  propos 
sont  inconvenants.  (  Le  Ion  fait  la  chanson.) 

Victor  Hugo  lui-même  n'y  regarde  pas  de  plus  près  que  les  Allemands. 
Mais  ,  malgré  l'admiration  sans  bornes  que  m'inspirent  les  merveilleuses 
qualités  que  Victor  Hugo  possède  comme  écrivain  ,  je  ne  saurais  approuver 
qu'il  confonde  en  toute  occasion  le  vocatif  avec  l'exclainalion.  Oui  certes  , 
tout  grand  qu'il  est,  tout  inviolable  qu'il  est,  j'oserai  lui  représenter  qu'il 
a  grand  tort  d'écrire  avec  le  signe  interjecfif  : 

O  vierge  .'  ciois-tu  donc  que  .  dans  la  nuit  perfide  , 
La  voix  du  silphe  errant  caclie  un  anianl  trompeur  ? 

Non  certes,  O  vierge  n'est  pas  une  interjection  dans  ces  vers.  M.  Victor 
Hugo  semble  ne  pas  se  douter  que  le  signe  interjeclif  employé  hors  de 
propos  occasionne  un  contre-sens  dans  la  prononciation.  La  môme  faute 
se  reproduit  sans  cesse  dans  ses  merveilleux  écrits.  Sibe  1  votre  majesté  sait 
que  maître  Simon  Badin  est  mort.  Sibe  !  votre  majesté  daignera  m' entendre! On  1 
sire!  la  clémence  est  la  seule  lumière  qui  puisse  éclairer  t'inlérieur  d'une 
grande  âme.  D'après  cette  ponctuation  ,  un  étranger,  peu  familier  avec  la 
langue  française  ,  pourrait  très- bien  prendre  la  qualité  de  sire  pour  une  in- 
terjection. Main  basse,  Tristan  !  main  basse  sur  ces  coquins!  Qui  peut  em- 
pêcher un  maître  de  langue  ignorant  de  prendre  de  même  Tristan  pour  un 
des  jurons  favoris  de  Louis  XI  ?  Ne  me  mords  pas,  mo^sibe  !  cria- 1 -elle.  On 
peut  crier  à  quelqu'un  de  tontes  ses  foices  qu'il  est  un  monstre  sans  faire 
une  exclamation.  Crier  ce  n'est  pas  s'écrier.  Il  faut  aussi  qu'il  y  ait  une 
différence  entre  :  Viens ,  ma  fille  ,  que  je  te  baise,  et.  Ma  fiile  !  ma  fille  I 
disait-elle ,  j'ai  ma  fillel  Le  texte  porte  un  point  d'exclamation  même 
après   Que  je  te  baise,  ainsi   qu'après  disait-elle.  C'esl  en  exclamations  un 


I 


DKS    SIG.XKS    DE  I>()\CTUAT1(>\.  595 

lablos  iulcijectiuus,  el  preuueut  uaUirellemenl  le  signe  oxclaïualif. 
Dieu  !  que  cela  est  beau'.  En  !  MON  DiEu!  laissons  cela.  (jRAND 
Dieu!  qu'avez-oous  fait? 

O  ciel',  ail  Dieu  !  —  Que  vois-je  ?  —  O  douleur  !  O  misère  I 

(  Classitf  ae.i.  ) 

A  moi  tant  de  bonheur  !  à  moi  1  mon  Dieu  !  mon  Dieu  ! 

(L.  N.  amertumes  et  Confolalion.s.) 
0  mon  Dieu!  0   mon  saui>eur ! — 0  MXLHt^VKEVxl  qu'ai-je fait  ! 

—  Quai-je  fait  !  MALHEUREUX!  0  FRANCE  !   0  MA  chère  PATRIE  ! 

0  MA  MÈRE  !    MA  MÈRE  !    MA  PAUVRE  MÈRE  ! 

O  misérable  race  humaine  ! 
Esclaves  idiots'  excècrables  tyrans'. 

Il  y  a  la  même  distinction  à  faire  à  l'égard  de  certains  mots  ,  de 
certaines  locutions  du  langage  analytique,  qu'on  assimile  parfois  aux 
interjections  par  l'usage  qu'on  en  fait  pour  exprimer  quelque  mou- 
vement de  l'âme. 

pfu  trop  dépense!-.  Que  je  te  baise',  avec  un  point  d'exclamation  voudrait 
(lire  combien  je  te  baise  '.  si  combien  pouvait  modifier  le  verbe  baiser  comnir 
il  modifie  le  verbe  aimer  dans  que  je  t'aime  ! 

D'une  phrase  purement  expositive  on  impérative  M.  Victor  Hugo  n'a 
|)as  plus  de  peine  à  l'aire  une  phrase  exclamative. 

Toi  ffu'en  ces  nuirs  ,  pnreille  aux  icveuses  silphides  , 
Ce  village  éclaiié  monlie  à  mes  veux  avides  , 
Jeune  fille,  oxwre-nioi  '. 

«Gudule!  Gudule  !  voici  l'Egyptienne!  venge-toi  I — Tiens  bien  !  dit  le 
prêtre,  c'est  l'Egyptienne  échappée!  iVe  la  lâche  pas!  Tu  la  verras 
pendre  !  » 

Enfin,  il  n'est  personne  qui  abuse  autant  dusigneinteijectif'que  M,  Victor 
Hugo.  C'est  le  couronnement  nécessaire  de  chacune  de  ses  strophes  ,  de 
chacune  de  ses  phrases.  Apparemment  que  M.  Victor  Hugo  n'a  pas  lu  ces 
lignes  de  M.  Francis  Wey  :  «  Il  est  prudent  de  se  servir  avec  réserve  des 
points  exclamatifs,  qui  assimilent  la  phrase  à  une  interjection,  à  un  cri 
spontané  de  l'âme.  Ilien  de  soudain,  rien  d'imprévu  comme  ces  mouve- 
ments intérieurs  qui  se  trahissent  de  la  sorte.  Ils  ne  peuvent  donc,  la  nature 
l'indique,  se  renouveler  sans  cesse,  et  dès  qu'ils  font  visiblement  partie 
du  métier  d'un  rhéteur,  ils  donnent  au  discours  un  air  d'exagération.  » 
M.  Victor  Hugo  un  rhéteur  !  le  cas  serait  grave. 

Toujours  est-il  que  M.  Victor  Hugo  nous  parait  être  dans  l'erreur ,  de 
croire  que  le  point  ea;laniat  if  est  destiné  à  indiquer  le  sens  pathétique.  On 
l)Ourrait  se  tromper  sur  le  sens  inlerrogalif  ou  exclamatif ,  tout  â  f';iit  du 
ressort  de  la  grammaire  ;  mais  on  ne  se  trompe  pas  sur  le  sens  ])athétiqiie; 
il  est  indiqué  |)ar  la  situation.  En  un  mut,  un  veis  pour  être  louchant 
n'est  pas  exclamatif.  Un  ordre  ,  un  commandement,  une  prière,  ne  sont 
l)as   de  leur  nature  des  exclamations.  Voilii  ce  qu'il  est  nécessaire  de  dis- 

•illLMMM'. 


Ô9() 


«iKAMMAUlE  FnAiNCAlSE. 


yotis  lui  (liiez  rouis  mu  /dire  ?  c'est 
bon,  ou  siuiplciiient ,  don.  Bon  -j'en- 
Icnds.  Bon,  non  ,  cela  suffit. 

Bien  ,  fobt  bikn  ,J6  n'y  vois  aucun 
cn>i>cclicuieiit.  Bien,  bien,  J'rnlcncls 
ce  que  I  ous  voulez  dire-. 


Enfin  je  vous  trouve. 

Voulez-vous  savoir  comment  i(  faut 
ilonuer.'  mctlcz-voiis  à  la  place  de  celui 
ifui  reçoit.  (11     (M™*  DE  PuisiEUX.) 

Qicii  de  plus  heureux  que  ce  qui 
vous  arrive?  Voilà  de  quoi  je  voulais 
vous  entretenir. 

Tenez  ferme. 

Je  vous  déclare  ,  foi  o'honnète 
iiOHMB,  que  je  n'en  savais  rien. 

Patience,  i:s  moment  de  patience  , 
je  vous  en  prie. 

S'il  se  conduit  sagement  ,  tant 
MIEUX  pour  lui.  Si  cela  arrive  ,  tant 

PIS. 

Lui  uvez-vous  pai'lc  ? —  Oui-da. 


//  est  parti  ?  bon  I  vous  voulez  rire. 

Bon  !  (uii  ;  il  faut  appicniire  à  vivre  à  la  jt'unesse. 

(Kkcnard.  ) 
Le  serpent  de  TenTie  a  sifflé  dans  son  cœur. 
Oh  !  bien  !  bien  !  douHc  joie  en  ce  caspour  le  nôtn  ' 
(PmoN.  ) 

Ah!  fort  bien  !  tous  nommez  les  passions  des  maux? 
Sans  elles  nous  serions  au  rang  des  animaux. 
(  Colis  n'HARLEviLLB,  cité  par  Alif.  Be.vheretU.) 

Enfin  !  le  voilà  parti. 
Comment!   malheureux,  avez-vous 
bien  l'assurance  de  soutenir  cela  ? 

Qtoi!  c'est  là  le  bonheur '.T^h  quoi  ! 
vous  n'êtes  pas  encore  parti  ! 

Allons  !  ferme  !  tncs  amis. 

Ma  foi  !  (2)  sur  l'aTenir  bien  fou  qui  se  fiera  ' 

(B\CIXE.  ) 

Par  ma  foi  \je  n'en  savais  rien. 

Poliencc  !  (3)  avantpeu  tout  cela  Ta  cliangcr. 
(Colis  d'IIarletillb.  J 

Rien denouveau dans  l' État. — TA^T 
mieux  !  moins  de  nouvelles ,  tiwins  de 

sottises.  (  VOLTAIBE.  ) 

J'ai  fait  Tœu  d'ë  trc  veuve  ,  et  je  le  (4}  Teux  tenir. 
—  Oui-dà  l  (5;  rélat  de  veuve  est  une  douce  chose; 
On  aplusieurs  amants  sans  que  personne  en  glose. 
(Recn»iid.) 

Oui-da  !  dit  le  roi  à  voix  basse,  tout 
pâle  et  tout  tremblant  décolère. 
(  Victor  IIuoo.  ) 


En  général  11  faut  bien  distinguer  ce  qui  est  exclamadf  de  ce  qui 
n'est  qu'elliptique. 

(d)  Lps  grammairiens  sont  capables  de  ne  voir  lit  aucune  idée  d'interro- 
galion  ,  de  n'y  apercevoir  qu'une  manière  de  parler  suppositive,  et  de 
trouver  qii<'  le  point  inlerrogalif  y  est  une  faute. 

(2)  Ma  foi  dans  ce  vers  ne  signifie  pas  rigoun-usement ,  comme  le  pré- 
tendent MM.  Bescherelle  ,  j'en  jure  pur  ma  foi.  C'est  une  simple  interjec- 
tion ,  affirmalive  ,  si  l'on  veut ,  mais  toujours  interjection. 

(3)  Patience  se  dit  ici  par  forme  de  menace.  Dans  son  sens  naturel,  il 
ne  forme  qu'une  proposition  elliptique,  et  ne  jnend  pas  le  signe  inferjectif. 

(Il)  Le  pronom  le  ne  peut  se  rapporter  qu'à  un  substantif  déterminé. 
Pour  que  la  plirase  ffit  corrfcte  ,  il  faudrait.  J'ai  fait  vœu  d'être  veuve  ,  et 
je  veux  tenir  ce  vœu  ,  ou  ,  J'ai  fait  le  voeu  d'être  veuve  ,  et  je  veux  le  tenir. 
M.  Philarète  Chasles  a  beau  dire  ,  c'est  là  un  principe  inviolable.  D'un  au- 
tre côté  ,  rexj)ression  J'ai  fuit  vœu  c/'étre  veuve  est-elle  bien  juste  ?  11 
semblerait  que  la  dame  a  tiuil  bonnement  résolu  de  se  débair.isseï-  de  sou 
inari.  C'est  j'ai  fait  vœu  de  rester  veuve  qu'il  faudrait.  11  n'y  a  que  les 
classiques  pour  s'exprimer  de  la  sorte.  Ab  !  M.  Cuvillier  Fleury  ! 

(5)  Oui-dà  a  ici  un  sens  l<uil  pailituliei.  Il  siguifii' /c  ('()Hi/>rf"</.v  .  daii- 
le  :jeiis  ironique. 


DES   SIGNES    DE   l'O.NGl  UATIOV  .  ô!)7 

Moi ,  lui  pardonner!  Jamais.  C'est  à  dire,  jamais  je  ne  lui  par- 
donnerai. 


Coitinicnl  vous  portez-vous  ?—  Très- 
bien,  DiKu  MERCI.  Gbace  a  Dieu, je 
me  porte  bien. 

Vous  me  donnez  cela,  merci,  grand 

MERCI. 


CÎKACE  AU  CIEL  !  Ic  voUà  parti.  Dieu 
SOIT  LOUÉ  !  nous  voilà  délivrés  de  cet 
iniporltin. 

Vous  voudriez  encore  m'altraper? 
merci!  —  Merci  de  ma  vie.'.s'iV  larde 
encore  à  venir ,  je  m'en  vais. 

Pour  la  plupart  merci  est  toujours  interjection.  Il  en  est  de  même 
des  mots  grâce,  pitié,  silence,  où  la  même  différence  existe  pourtant. 

Gracb,  sire  ,  faites  grâce.  I'itik  de  Grâce  !  grâce  !  s'écria-l-il  avec  dé- 
moi,    mon  Dieu  ,  je  vous  en  conjure,     sespoir. 

Crier  grâce.  Crier  pitié.  Que  je  suis  malheureux  !  pitié  !  pi- 

tié de  moi  1 

Silence,  du  silence  ,  un  peu  de  si-         Silence  !  silence  donc  !  silence  la  ! 

LENCE.  I 

Bonjour  signifie  ye  vous  souhaite  le  bonjour.  Adieu  signifie  je 
vous  recommande  à  Dieu .  Que  Dieu  vous  garde  signifie  je  souhaite 
que  Dieu  vous  garde.  Il  n'y  a  point  là  exclamation,  il  y  a  ellipse. 
Cependant  quelques  grammairiens  écrivent  :  Bonjour  !  Adieu  !  Que 
Dieu  vous  garde  !  Il  n'est  pas  jusqu'à  Victor  Hugo  lui-même  qui 
n'écrive  Bonjour,  Quasimodo  ! 

Encore  une  fois,  demander,  prier,  supplier^  invoquer,  comman- 
der, crier  même ,  ce  n'est  pas  s'écrier.  L'exclamation  ne  s'adresse 
à  personne,  elle  est  toute  en  soi.  C'est  un  cri  spontané  de  joie  ,  de 
douleur,  d'effroi,  d'étonnement,  d'admiration,  d'amour,  de  pitié  , 
de  haine,  d'horreur,  de  colère,  de  rage  ,  de  désespoir,  et  ce  n'est 
pas  autre  chose. 

C'est  pourquoi  il  faut  bien  se  garder  de  confondre  une  formule 
de  serment  ou  de  simple  affirmation  avec  un  juron  ,  une  irapréca- 
cation. 

Par  saint  Janvier,  mon  patron  , 
je  jure  que  j'ai  dit  la  vérité. 

(  Scribe.  ) 

Pur  saint  Janvier  n'est  qu'un  com- 
plcnumt  de  je  jure.  C'est  comme  s'il 
V  avait  Je  jure  par  saint  Janvier,  mon 
patron.  La  distinction  est  claire 
comme  le  jour. 


Sl'r  mon  T)iev  ,  je  .•!uis  innocent  de 
ce  dont  oh  m'accuse.  Devant  DiEu.ye 
ne  connais  point  cet  homme.  Dieu  m'en 


Jour  de  Bien  !  je  saurai 
Par  le  diable  el  l 


ous  frotter  fes  oreilles. 
Moi.iiinE, 
fer!  il  faut  que  je  me  yenge, 
L.  N. 


Barbe-Mahom  !  cria  Trouille  fou. 
("Victor  Hugo.)  Que  BELZÉruTH  t'é- 
trangle! dit  le  bourru  Clopiii.  (Id.  ) 
Croix-Dieu  !  grommela  Coppcnolc  , 
je  suis  las  d'èlre  debout.  Est-ce  qu'il 
n'y  a  pas  de  chaise  ici?  (  Id.  ) 

Notre-Dame!  Cria  le  roi,  voilà  une 
cage  oulragcusc.  (Id.)  Ventre  saint- 
cris  !   (i)  j'en  suis  fâché,    dit  le  roi. 


(1)   Juron  f.ivoii  de  Henri  l^ 


■)!)S 


<;u.\M.\i.\iKE  i'ua-\(;aisk. 


est  témoin, je  n'iiiais  pus  l'intention  de 
de  vous  offenser. 


Par  ma  foi  ,  je  n'en  siti  ais  rien.  Je 
vous  déclare,  foi  d  honwéte  humme, 
If  lie  Je  n'en  savais  rien.  Sur  mon  hon- 
neur ,  je  vous  dis  la  vérité.  M  a  pabulr 
d'uon.\ki'h,  Lcla  s  est  passé  comme  je 
vous  le  dis.  Elc.  ,  etc. 


I'biîdame  I  monsieur,  est-ce  que  mada- 
me Jourdain  est  décrépite?  (Molièhk.) 
Monsieur  ,  votre  cpée  m'incommode. 
— Gadédis!    elle  en  a  bien  incommode 
d'autres.  (Un  Gascon.) 

Part/eu!  tu  jugeras toi-mimc  si  )'ai  tort.  (Moi.ùaE.) 

Puisqu^à  se  ruiner  on  se  fait  tant  d'honneur, 
CorbUu  !  j*y  vais  aussi  travailler  de  bon  cœur. 
(  Destoi;cucs.  J 

Mon  de  ma  vie  !  est-ce  un  crime  d'avoir 

Un  tendre  engagement  avec  un  honnête  homme  ■' 
(  Kegnard.  ; 

Que  ta  foudre  à  vos  yeux  m^écrafe  !  si  je  mens. 

(  Coi\SEII.I.F..  ) 

(Combien  de  propositions  purement  expositives  peuvent  de  même 
devenir  des  exclamations  ! 


E 


LUE  M  AisiE  ,j  en  SUIS  sur. 


J      Elle  m'aime  1  ô  6on/iÊur.' 


Dans  les  exemples  suivants ,  l'exclamation  est  bien  moins  dans  la 
forme  que  dans  le  sens  : 

Tant  de  bonheur  fut  donc  nne  anière  ironie! 

(  L.  N.  amertumes  et  Consolations.) 
Si  vous  la  connaissiez  ,  la  vierge  au  front  candide  , 
Celle  dont  le  cœur  fut  toujours  pur  et  splendide  , 

Et  plein  d'un  chaste  amour! 
Si  vous  la  connaissiez  ,  la  simple  jeune  fille 
De  qui  rien  n'a  terni  l'innocence,  et  qui  brille 

Comme  un  rayon  du  jour  !  (  Id.  ibid.  ) 

Sans  le  point  d'exclamation,  qui  indique  la  nature  de  ces  deux  dernièros 
phrases  ,  le  lecteur  les  prendrait  pour  les  premiers  membres  d'une  phrase 
conditionnelle.  L'exemple  suivant  présente  un  cas  analogue: 

Je  l'aime,  car  ses  yeux  sont  si  doux!  ^ 

{  L.  N.  Amertumes  et  Consolations.) 
Le  point   d'exclamation  seul  avertit  que  le  sens  de  la  phrase  s'arrête  I;i. 

Autres  exemples  : 

....  Mon  enfant  ,  c'est  Dieu  qui  me  l'envoie 
Pour  être  quelque  jour  mon  soutien  et  ma  joie. 

(  L.  N.  Amertumes  cl  Consolations.) 

Vous  menimez!  cria-t-il  en  promenant  ses  yeux  creux  sur  le 
cahier.  Qu'est-ce  que  tout  cela?  Qu'avous-nous  besoin  d'une  si 
prodigieuse  maison  ?  Deux  chapelains  à  raisun  de  dix  /ivres  par 
t?iois  chacun  J  et  un  clerc  de  chapelle  à  cent  sols!  Un  valet  de 
chambre  a   qualrtvingt-dix  livres  par  an  !   Quatre  ecuyers  de  cui- 


DES  SIGNES  DE  PO.NCTl'ATIO.X.  .><)<♦ 

.sifir  {]]  ù  i'ingt-sj'x  livres  par  un  chacun!  Un  hasteur  (2),  un  pota- 
ger (3),  un  saussler  (4)  ,  un  queux  (5),  un  sotnmelier  d'armoires  (()), 
deux  valets^  de  sommiers  (7) ,  à  raison  de  dix  liores  par  mois  CHA- 
QUE (8)!  Deux  galopins  de  cuisine  (d)  ù  huit  livres!  Un  paîefre- 
nier(iO)et  ses  drux  aides  à  i>ingt-quatre  livres  par  mois .'  Un  porteur, 
un  pâtissier j  un  boulanger ,  deux  charretiers ,  chacun  soixante  livres 
par  an  /  Et  le  maréchal  des  forges  six  vingts  (\  \  )  livres  !  Et  le  maî- 
tre de  la  chambre  de  nos  deniers,  douze  cents  livres  !  Et  le  contrô- 
leur, cinq  cents!  Qliesais-je,inoi?  C'est  une  furie!  Les  gagesdenos 
domestiques  mettent  la  France  au  pillage!  Tous  les  magots  (12)  du 
Louvre  fondront  à  un  tel  feu  de  dépense  !  Nous  y  vendrons  nos  vais- 
selles! Et  l'an  prochain ,  si  Dieu  et  Notre-Dame  nous  prêtent  vie , 
nous  boirons  nos  tisanes  dans  un  pot  d'étain  ! 

(  Victor  Hugo,  ) 
Je  ne  vois  autour  de  moi  que  des  gens  qui  s'engraissent  de  ma 

(1)  On  appelé  éciiyer  de  cuisine  onde  bouche  les  maîtres  cuisiniers  d'un 
prince. 

(2)  Ancienne  orthographe  du  mot  hâteur.  Officier  des  cuisines  royales, 
dont  l'emploi  est  d'avoir  soin  des  viandes  qui  sont  à  la  broche  ,  et  de  lair(; 
qu'elles  soient  rôties  à  propos.  Hâteur  de  la  bouche  du  roi.  (Acad.) 

(3)  Cuisinier  qui  fait  le  potage.  L'jVcadéuiie  ne  le  d(mne  pas  dans  cette 
acception. 

{!i)  On  écrit  aujourd'hui  saucier ,  de  sauce.  Cuisinier  qui  fait  les  sauces. 
Inconnu  pour  l'Académie. 

(5)  Cuisinier.  Il  y  avait  des  niaîlres  queux  dans  la  maison  du  roi.  (Acad.  ) 

(6)  En  latin  iw>nm(//ar(HS,  desummula,  diminutif  de  si/mma  ,  somme , 
compte.  Celui  qui,  dans  une  grande  maison,  a  en  sa  charge  le  linge  ,  la 
vaisselle,  le  pain,  le  vin,  et  les  liqueurs.  Le  texte,  édition  de  Bruxelles  ,  porte 
sommelier  d'armoieries,  mais  évidemment  c'est  une  faute  d'impression. 

(7)  Sommier  signifie  cheval  de  somme.  Les  sommiers  des  pourvoyeurs  de 
ta  maison  du  prince.  (  Acad.) 

(8)  J'en  demande  humblement  pardon  à  M.  Victor  Hugo  ,  mais  cAa^f/r 
est  une  faute.  Evidemment  M.  Victor  Hugo  n'a  employé  chaque  que  pour 
éviter  le  retour  monotone  de  chacun,  sans  songer  qu'il  vaut  encore  mieux 
pécher  contre  l'harmonie  que  contre  la  langue.  J'en  suis  fAché  pour  lui,  et 
pour  l'école  moderne. 

(9)  Petits  marmitons. 

(10")  A'alet  qui  pans(î  les  chevaux. 

(Id)   Dans  le  texte  six  i:in(,'ts  est  écrit  avec  un  trait  d'unio:i,  mais  à  tort. 

(12)  Amas  d'argent  caché.  M.  Wahlen ,  de  Bruxelles,  imprime  H^(/i,'0^ 
C'est  sans  doute  pour  de  telles  merveilles  qu'il  a  été  décoré  (\o  l'oiflre  (\v 
(iustave  Wasa. 


'«0(1  CKAMMAIHi:    l'IiViNCAISE. 

maigrein!  Vous  me  sucez  des  écus  par  tous  les  pores!  C'est  comme 
celte  rcqucle  en  latin  de  la  soigncutie  de  France,  pour  que  nous 
ayons  h  rétablir  ce  qu'ils  ap[)èlent  les  grandes  charges  de  la  cou- 
ronne! Charges  en  effet  !  charges  qui  écrasent!  Ah!  messieurs! 
vous  dites  que  nous  ne  sommes  pas  un  roi  pour  régner  daplfero 
millo ,  huticulario  niillo  (  I  )  !  Nous  vous  le  ferons  voir ,  Pasquc- 
Dieii  (2)  !  si  nous  ne  sommes  pas  un  roi  !  (Idem.) 

O  monstre  !  que  Mégère  en  ses  flancs  a  porté  I 

Monstre  (S) ,  que  dans  nos  bras  les  enfers  ont  jeté  ! 

Quoi!  tu  ne  mourras  pas  1  Quoi!  pour  punir  son  crime... 

Mais  ou.  va  ma  douleur  chercher  une  victime  1 

Quoi  !  pour  noyer  les  Grecs  et  leurs  mille  vaisseaux , 

Mer,  tu  n'ouvriras  pas  des  abîmes  nouveaux!  (  Racine.) 

Mais  qu'il  y  a  loin  de  ces  phrases  qui  ne  procèdent  que  par  se- 
cousses, où  la  voix  comme  un  torrent  impétueux  bondit ,  et  se  pré- 
cipite ,  et  se  brise  en  cascades ,  qu'il  y  a  loin  de  ces  phrases  à 
celles-ci  : 

Donc  ne  me  jugez  pas  séditieux  et  pillard,  a  mon  habit  usé  aux 
coudes!  Si  vous  me  faites  grâce,  sire!  je  l'userai  aux  genoux  a 
prier  Dieu  soir  et  malin  pour  vous!  Faites-moi  grâce,  sire!  Cela 
faisant,  vous  ferez  une  action  galante  (4)  a  Notre-Dame,  et  je  vous 
jure  que  je  suis  très-effrayé  de  l'idée  d'être  pendu  ! 

(Victor  Hugo.) 

Ne  me  crains  pas  ,  c'est  moi  qui  suis  faible  et  timide  , 

Et  si  j'avais  une  ombre  ,  hélas  !  j'en  aurais  peur  !  (  Id.  ) 

Venez  ,  que  je  vous  parle  ,  ô  jeune  enchanteresse  !  (  ^'^-  ) 

(1)  C'est  à  dire,  sans  officier  de  bouche  et  sans  sommelier.  Buliculuriiis 
vient  de  buticum  ,  lin  d'Egypte. 

(2)  Juron  favori  de  Louis  XI.  Notre  mission  nous  fait  une  loi  de  signaler 
encore  une  faute  dans  Victor  Hugo.  On  lit  dans  l'admirable  chapitre  d'où 
sont  tirés  ces  exemples  :  «  A  ce  juron  ,  qui  était  le  favori  de  Louis  XI  ,  il 
parut  que  quelqu'un  se  réveillait  dans  l'intérieur  de  la  cage.»  Que  M.  ^'ic- 
tor  Hugo  me  pardonne  mon  audace  ,  mais  il  faudrait ,  qui  était  le  juron  fa- 
vori de  Louis  Kl. 

(3)  Dans  le  premier  vers,  ô  monstre  !  mot  par  lequel  la  colère  éclate  et 
fait  explosion,  est  une  vérilable  exclamation.  Dans  le  second ,  on  parle  à 
ce  monstre  comme  s'il  était  présent.  C'est  le  vocatif. 

(fi)  Il  y  en  a  qui  pourront  se  trouver  choqués  de  celte  expression,  oii- 
hjiant  (jiic  galant  «iignine  agiéab/c  et  qwe  (•'«■si  à  Lonis  XI  qu'on  parle. 


I 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  't()\ 

Oh  !  que  l'été  brille  ou  s'éteigne , 

Pauvres  ,  ue  désespérez  pas  ! 

Le  Dieu  qui  soiifTiit  et  qui  règne 

A  mis  ses  pieds  où  sont  vos  pas  ! 

Quand  sur  nous  une  chaîne  tombe  , 

II  la  brise  anneau  par  anneau  1 

Pour  l'esprit  il  se  fait  colombe  , 

Pour  le  cœur  il  se  lait  agneau  !  (  ^<^-  ) 

Vous  ne  déroberez  jamais  le  champ  d'autrui  , 
Car  ce  que  l'homme  a  fait  de  sa  sueur,  c'est  lui  ! 
Vous  ne  porterez  pas  un  désir  sur  sa  femme  , 
Car  la  femme  de  l'homme  est  son  corps  et  son  âme  ; 
Dérober  ce  trésor  de  son  cœur  à  ses  bras, 
C'est  lui  voler  sa  part  de  son  ciel  ici-bas!  {  Lamartine.) 

En  quoi,  je  le  demande,  ces  phrases  ,  si  émouvantes  qu'elles  soient,  si 
palpitantes  qu'elles  soient  de  crainte,  d'amour  ,  de  pitié  ,  sont-elles  excla- 
matives?  Les  phrases  exclamatives  présentent  presque  toujours  un  sens  in- 
complet ou  détourné.  Ce  ne  sont  pas  même  des  phrases  ,  ce  sont  des  cris 
de  l'âme  qui  n'affirment  ni  ne  nient  ,  et  qui  le  plus  souvent  échappent  à 
l'analyse.  Les  exemples  suivants  en  sont  une  nouvelle  preuve  : 

Etre  heureux  désormais  sans  ma  pauvre  mère!  cela  se  peut-ili* 
Heureux  a^ec  la  pensée  que  ma  paui>re  mère  a  vécu  et  est  morte  si 
malheureuse  !  Rire  avec  la  pensée  que  ma  pampre  mère  a  tant 
pleuré!  Jouir  voluptueusement  de  la  vie ,  quand  ma  pauvre  mère  a 
tant  soufert  !  Goûter  la  saveur  d'un  mets  succulent  ou  d'un  vin  ex- 
quis, quand  ma  pauvre  mère  n'a  guère  vécu  que  de  privations  !  Dé- 
licater  mon  corps  !  me  délecter  dans  la  mollesse  et  la  bonne  chère 
quand  le  corps  de  ma  pauvre  mère  est  dans  la  terre ,  mangé  des 
vers ,  quand  il  pleut  et  neige  sur  le  corps  de  ma  pauvre  mère  ! 
M' épanouir  dans  la  joie,  quand  ma  pauvre  mère  s'est  éteinte  dans 
la  douleur  !  Me  consoler  de  ma  mère  ! — A  la  bonne  heure,  si  ma 
mère  eût  été  quelque  riche  privilégiée  de  la  terre,  pour  qui  la  vie  eût 
eu  plus  de  sourires  et  moins  de  larmes,  plus  de  plaisirs  et  moins  de 
douleurs,  plus  de  roses  et  moins  d'épines/  A  la  bonne  heur  e ,  si  ma 
pauvre  mère  avait  eu  aussi  sa  part  de  bonheur  en  ce  monde!  Peiil- 
t'tre  qu'alors  je  parviendrais  aussi  a  me  résigner.  Je  me  dirais  :  elle 
a  vécu,  elle  est  morte,  c'est  le  cours  de  la  nature.  Mais  penser 
qu'elle  n'a  vécu  toute  sa  vie  .  >/ta  pauvre  mère  f  que  de  peines  et  de 

I.  Il  M 


AO'À  UKAMMAIRE  FHANÇAISE. 

privations  !  Penser  (jiCelle  a  tant  souffert  /  penser  qu'elle  est  inovle. 
sans  voir  se  réaliser  aucune  des  espérances  qu^elle  avait  fondées  sur 
moi!  morte  sans  pouvoir  m^  embrasser ,  moi  ,  quelle  aimait  tant  et 
qui  r aimais  tant ,  sans  pouvoir  m' embrasser  à  sa  dernière  heure  ! 
Oh  !  cela  n'est-il  pas  affreux?  (L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

Ea  voilà  assez,  je  crois,  pour  déterminer  la  différence  qu'il  y  a  entre  les 
phrases  exclamatives  et  celles  qui  ne  le  sont  pas.  J'ose  espérer  que  M.  Vic- 
tor Hugo,  plus  accessible  que  le  Journal  des  Débats  aux  timides  repré- 
sentations qu'ose  lui  faire  le  plus  humble  à  la  fois  et  le  plus  enthousiaste 
de  ses  admirateurs  ,  écimera  quelque  peu  sa  ponctuation.  Je  m'attends  à 
la  même  complaisance  de  la  part  de  M.  de  Lamartine,  qui  écrit  aussi 
avec  points  d'exclamation  :  «  La  civilisation  de  l'intelligence  et  du  travail, 
voilà  ce  temps-ci!  C'est  en  leur  nom  qu'il  faut  régner!  »  Pour  l'amour 
que  je  porte  à  ces  deux  gloires  de  notre  France,  je  voudrais  bien  que  la  ponc- 
tuation de  leurs  ouvrages,  au  lieu  d'être  abandonnée  à  leurs  éditeurs, 
comme  il  le  paraît  en  bien  des  cas,  me  fût  entièrement  confiée. 

Souvent  la  phrase  ,  exclamalive  par  le  sens  est  interrogalive  par 
la  forme.  Il  n'en  faut  pas  moins  employer  le  signe  de  l'exclama- 
tion. 

Que  voulez-vous  .'  chez  eux  tout  n  était  que  matière. 
Vivre,  c'est  leur  souci  pendant  la  vie  entière. 

(  [..   N.  Amertumes  et  Consoliilions .) 

Suis-je  malheureux  ! 

a  De  toute  évidence,  dit  fort  sensément  M.  Wey,  on  ne  se  demande  pas, 
afin  d'obtenir  de  soi-même  une  réponse,  si  l'on  trouve  qu'on  soit  suffisam- 
ment malheureux.  On  est  au  désespoir,  on  s'écrie  pour  déplorer  des  maux 
trop  bien  avérés  et  des  quels  on  ne  doute  en  aucune  façon.  » 

Est-il  rien  de  plus  beau  que  la  vertu  ! 

«  Ce  n'est  pas  là  non  plus  une  question  que  l'on  fait,  ajoute  M.  Wey, 
c'est  une  exclamation  qu'on  laisse  échapper,  et  qui  provient  d'une  .ndmi- 
ration  très-vive.  » 

De  Virgile  ou  d'Homère,  ah  !  que  n'ai-je  la  lyre  ! 

Ah  !  de  votre  gloire  enivré, 
Que  ne  puis-ie  changer  chaque  élan  de  mon  âmi'  , 

Foyer  dont  vous  soufflez  la  flamme  , 
En  un  coup  de  canon  dans  l'avenir  tiré  ! 

(L.  N.  La  Bataille  (le  t'TsIx) 
Evidemment   le  point    interrogatif  serait  de  même  fort  déplacé  h  la  fin 
de  ces  vers. 

Pour  la  niC'nio  raison  que  relie  i)hrase  :  //  lUc  ilniuinda  oirp.j.r.f: 


DKS    SIGNES    DE    l'ONCTllAlK» .  iOô 

HKLRH  IL  ÉTAIT  ,  ii'est  pas  inlerrogalivc ,  la  suivante  ne  saurait  èlre 
exclamalive  : 

Songez  quel  déshonneur  va  souiller  votiv  gloire  , 

Quand  le  chantre  demain  entendra  la  victoire.  (  Boil.EAi,'.) 

Le  texte  porte  pourtantun point  d'exclamation.  Vraiment,  l'abus quefont 
de  ce  signe  tant  les  classiques  que  les  romantiques  est  une  chose  mon- 
strueuse ,  capable  de  faire  dresser  les  cbeveux  à  de  moins  susceptibles 
que  M.  Francis  Wev.  C'est  bien  un  peu  la  faute  des  grammairiens. 

Voyez  combien  de  distinctions  ils  auraient  dû  faire  ,  et  qu'ils  n'oni  pas 
faites.  Demandez-leur  pourquoi.  C'est  qu',  incapables  de  rien  décider  par 
eux-mêmes,  ils  auraient  eu  vainement  recours  au  dictionnaire  de  l'Aca- 
démie. 

Constatons  encore  quelques-unes  des  contradictions  qui  font  tache  dans 
ce  chel-d'œuvre  des  dictionnaires  ,  et  qui,  si  elles  ne  détruisent  pas  l'es- 
time profonde  que  m'inspire  l'auguste  corps  des  académiciens  ,  comme  dit 
Napoléon  Landais,  ébranlent  du  moins  profondément  ma  croyance  en  son 
infaillibilité  ,  et  m'excitent  de  plus  en  plus  à  ne  reconnaître  d'autre  autorité 
que  la  mienne,  c'est  à  dire,  celle  de  la  raison. 

Cherchez  Gabe  ,  vous  trouvez  gare  ta  bombe!  avec  un  point  d'exclama- 
tion. Cherchez  bombb  ,  le  même  exemple  vous  apparaît  dépouillé  de  son 
attribut  distinctif.  Au  mot  allons  ,  on  trouve  de  même /4//ons,  courag^c' 
orné  du  signe  interjectif  ;  mais  au  mot  courage  le  signe  a  disparu. 

L'Académie  nous  étonne  encore  plus  d'avoir  envoyé  les  phrases  sui- 
vantes courir  le  monde , 

Sans  leur  mettre  à  la  main  leur  bâton  de  voyage  : 

Allons,  enfants  ,  courage. —  Allez  ,  vous  me  faites  horreur.  —  Va  ,  mal- 
heureux. Va  ,  misérable. —  Eh  bien,  que  /a(<es-i'0«5?— Ek  bien,  continuez. 
—  Hk,  que  je  suis  misérable  !  Hé,  vous  voilà  ?  Hé,  bonjour.  Il  y  a  long— temps 
qu'on  ne  vous  a  vu.  —  Hé  ,  hé,  pourquoi  pas?  Hé  ,  ai,  je  ne  dis  pas  non. — 
Hein,  que  dites-vous  donc  là? — Hem,  hem,  vêtiez  çà.  —  Haïe,  haïe. — 
Hola  ,  ne  eûtes  pas  tant  de  bruit.  —  HAt.TE  la  (1)  ,  monsieur;  vos  propos 
sont  inconvenants. — Pouah,  quelle  infection!  — Chut,  paix.  Eh,  paix 
donc.  Patience,  j'aurai  mon  tour.  (2).  —  St,  st  ,  venez  icide  suite. —  Sus  , 
mes  amis,  sus  donc,  levez-vous.  —  //  m'a  voulu  faire  croire  cela,  mais 
tababb.  —  Tout  beau  ,  ne  vous  emportez  pas.  —  Tenez  ,  tout  ce  que  vous  me 
dites  là  ne  me  touche  pas.  Etc.  ,  etc.  ,  etc. 

Certainement  cette  économie  du  signe  interjectif  est  fort  déplacée.  11 

(1)  L'Académie  écrit  halte-là,  avec  un  trait  d'union.  II  n'y  a  pas  de 
raison  alors  pour  ne  pas  écrire  ehbien-donc,  avec  deux  traits  d'union. 

(2)  L'Acadéiiiie  dit  que  patience  en  ce  sens  est  une  espèce  d'adverbe. 
Voilà  qui  est  digne  en  lout  de  Giiaull  Duvivier. 


5t>i  GK,^MMAiU£   FHANÇAlSfi. 

n'y  a  pas  un  des  mots  imprimés  ici  en  petites  capitales  qui  ne  doive  être 
accompagné  du  signe  interjectif.  Les  mots  allez,  tenez,  aux  quels  l'usage  et 
l'Académie  le'refusent  obstinément,  en  ont  tout  autant  besoin  que  les  au- 
tres. Sinon,  comment  saurai  je  que,  dans  cette  phrase  :  Allez,  vous  me 
faites  Jiorreiir  ,  allkz  ne  veut  pas  àiiG  allezvous-en ,  en  latin  ((e^  et  qu'il 
n'est  qu'une  exclamation  d'horreur? 

Allez  1  j'ai  bien  souffert  !  contre  la  destinée 
J'ai  soutenu  long-temps  une  lutte  acliarne'e. 

(  L.  ^.Amertumes  et  Consolations .) 

Allons  !  je  vois  que  je  ne  réussirai  jamais,        (Marmontel.) 

y  a  !  fa  '.  dans  sa  douleur  le  sexe  est  raisonnable  , 

Et  je  n'ai  jamais  vu  de  femme  inconsolable.     (  CoLLiN  D'HARLEVlLtE.) 

Hé  là  !  hé  là  !  mon  petit  ami.  (Molière.)  —  Hein .'  rusée  signora. 
(Beaumarchais.) —  Haie!  haie!  ceci  ne  vaut  pas  le  diable.  (Dan- 
coDRT.)  —  Hola  !  ho!  descendez.  (La  Fontaine.) 

Halte  là!  mon  b eau- frère  , 

Vous  ne  connaissez  pas  celui  dont  vous  parlez.  (MoLiiiHE.) 

Il  venait  de  tremper  ses  lèvres  dans  le  hanap  (1  ),  et  recrachait  le 
breuvage  en  disant  :  pouah  !  la  fâcheuse  tisane  ! 

(Victor  Hugo.) 
Chut  !  chut  !  parlez  donc  bas.  (  Collin  d'Harleville.) 

Une  femme  de  quatrevingt-dix  ans  disait  a  Fontenelle,  qui  en 
avait  quatrevingt-quiuze  :  «  La  mort  nous  a  sûrement  oubliés.  — 
Chut  !  »  lui  répond  Fontenelle,  en  se  mettant  le  doigt  sur  la  bouche. 

.  .  .   5< .' s< .' un  mot.  Comme  amis  l'un  de  l'autre , 

Buvez  à  ma  santé  ,  je  vais  boire  à  la  vôtre.  (  Boubsault.) 

Sus!  que  de  ma  maison  on  sorte  de  ce  pas.  (MoLiisaB.) 

Peut-être  la  beauté?  —  Tarare  /  la  beauté  !  la  beauté  !  C'est  bien 
la  beauté,  vraiment!  qui  prend  un  homme  comme  lui.  (Brueys.) 
—  Tout  beau  !  monsieur  le  tireur  d'armes  ,  ne  parlez  de  la  danse 
qu'avec  respect.  (Molière.)  —  Tout  doux!  vous  dis-je.  (Id.)  etc. 

Il  convient  que  toute  interjection ,  tout  mot  employé  comme  in- 
lerjeclion  soit  accompagné  du  signe  interjectif,  et  se  dislingue  ainsi 

(J)  Grand  vase  à  boire. 


DES   SIGNES    DE    PO^CTLAIIOA.  405 

clairement  des  autres  parties  du  discours.  Contre  l'avis  de  l'Aca- 
démie ,  nous  ne  serions  pas  éloigné  de  mettre  au  même  rang  cer- 
taines onomatopées  ou  mimologismes,  qui  sont,  en  effet,  de  véri- 
tables exclamations. 

Il  posa  le  pied  maladroitement,  et,  PATATRAS  !  le  voilapar  terre. 
(Académie.)  Le  texte  porte  une  virgule  au  lieu  du  point  exclama- 
tif. 

Madame  se  trouve-elle  incommodée  ?  Zest  !  en  deux  pas  te  voilà 
chez  elle.  Monsieur  a-t-il  besoin  de  moi?  Crac!  en  trois  sauts  je 
suis  dans  sa  chambre. 

(Beaumarchais,  cité  par  MM.  Bescherelle.) 

Et  chi!  Et  cha!  l'un  m'éternue  au  nez,  l'autre  m'y  bâille. 

(Idem.) 
Ils  passaient  au  travers  de  Nanteire,  tra!  tra!  irai  Ils  rencon- 
trent un  hormne  a  cheval ,  gare!  gare!  (M.""  de  Sévigné.) 

Mais  Lemare  a  tort  d'écrire  avec  un  point  d'exclamation  :  J'ai 
entendu  pouf  !  c'était  un  male/as ,  pouf  n'étant  là  que  le  régime 
direct  du  verbe  qui  le  précède,  comme  holà,  haro,  bravo,  dans 
mettre  le  holà,  crier  haro ,  crier  bravo,  etc.  Le  point  exclamatif 
ne  convient  après  ces  mois  qu'autant  que  je  les  sépare  du  verbe 
par  une  virgule,  qui,  avant  une  citation  courte,  équivaut,  on  le  sait, 
au  deux-points  ;  qu'aulant  que  je  les  rapporte  comme  ayant  été 
prononcés  par  quelqu'un  dans  la  bouche  de  qui  ils  n'ont  pu  être 
que  des  exclamations.  Exemple: 

On  fait  crier,  broi^o  !  hraoo  !  Des  échos  disposés  avec  art  le  ré- 
pètent,  et  ces  voix  passent  pour  l'opinion. 

D'un  autre  côté  l'Académie  a  peut-être  raison  d'écrire  sans  point 
d'exclamation  :  Silence,  messieurs,  Paix  là,  messieurs,  Paix  donc. 
Paix.  Cela  veut  dire,  en  effet  :  Faites  silence ,  Donnez-fiotis  la 
paix.  Il  y  a  ellipse,  voilà  tout.  Du  reste  la  phrase  est  impérative 
et  non  exclamative. 

En  résumé,  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  peut  se  réduire 
à  ceci  :  Le  signe  interjectif  se  met  après  toute  exclamation, 
toute  interjection  :  formule  bien  simple  assurément ,  à  la- 
quelle nous  aurions  pu  noii^  borner  .  si  les  cjrammairicns 


lOO  (iKAMMAJUE    IHANCAISJ:. 

n'avaient  fait  de  cette  chose  si  simple,  à  force  de  la  tortiller 
et  retortillcr ,  un  écheveau  presque  indcbrouillable  (1) . 

Nous  terminerons  par  celte  petite  remarque  nous  moins  judi- 
cieuse que  facétieuse  de  M.  Francis  Wey  : 

a  Quelque  personnes  placent  trois  points  d'exclamation  à  la  file  : 
—  Grand  Dieu  !!! 

«Souhaitons  que  leur  émotion  ne  soit  pas  décuplée;  nous  n'ea 
serions  pas  quittes  à  moins  de  trente  points  exclamatifs.  » 

Du  Sigue  ou  Point  ISuspensir. 

Le  signe  suspensif  consiste  en  trois  points  mis  à  la  suite 
les  uns  des  autres  pour  marquer  suspension  ou  interrup- 
tion du  sens. 

Quos  ego...  sed  motos  prœstat  componere  fluclus.  (V  irgilius.) 

Par  la  mort  !...  il  n'acheva  pas , 

Car  il  avait  l'àme  trop  bonne. 

Allez  ,  dit-il  ,  je  vous  pardonne  ; 

Mais  ,  enfants  ,  n'y  revenez  pas.  (  Scahkon.  ) 

Je  devrais  sur  l'autel  où  ta  main  sacrifie 

Te, . .  Mais  du  prix  qu'on  m'offre  il  faut  me  contenter.    (  Hacinb.) 

Mais  tout  n'est  pas  détruit ,  et  vous  en  laissez  vivre 

Un. . .  Votre  fils,  seigneur,  me  défend  de  poursuivre.     (I<1.  ) 

C'est  que  je  suis  jaloux,  au  moins  !  Garde-toi  bien 

De  me  tromper,  de  me...  Fidèle  comme  un  chien  , 

Et  doux  comme  un  agneau  ,  dans  la  paix  , —  dans  la  guerre  , 

Je  deviens  un  lion  ,  un  tigre  ,  une  panthère. 

(  L.N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Après  le  malheur  eCTroyable 

Qui  vient  d'arriver  à  mes  yeux  , 

Je  croirai  désormais  ,  grands  dieux  ! 
Qu'il  n'est  rien  d'incroyable. 

J'ai  vu...  sans  mourir  de  douleur. 
J'ai  vu, ..  (siècles  futurs  ,  vous  ne  pourrez  le  croire  ! 
Ah  !  j'en  irémis  encor  de  dépit  et  d'horreur!  ) 
J'ai  vu...  mon  verre  plein  ,  et  je  n'ai  pu  le  boiie.       (  Scahkon.  ) 

(1)  Je  vous  préviens  que  ce  mot  ne  se  trouve  point  dans  le  dictionnaire 
de  l'Académie  ,  et  que  lîoisfe  h;  donne  comme  l)urlcsque.  En  quoi  serait-i! 
plus  t)url«sque  (\u'ind('chif}'r(ible  ?  Le  bon  jjoùl  rvclamc  incJLifricablc. 


DES   SIGNES   DE    PONCTUATION.  -iOT 

Xénoplion  avait  un  fils  qui  fut  tué  à  la  bataille  de  Mantinée.  Celte 
nouvelle  lui  fut  annoncée  au  moment  où  il  offrait  un  sacrifice.  Au 
milieu  des  cérémonies,  un  murmure  confus  et  plaintif  se  fait  en- 
tendre. Le  courrier  s'avance.  «  Les  Thébains  ont  vaincu  ,  dit-il ,  et 
votre  fils...»  Des  larmes  abondantes  l'interrompent.  «  Comment 
est-il  mort?  »  répond  le  père. 

On  en  fait  usage  pour  marquer  le  prolongement  d'un  bruit  quel- 
conque, entre  autres  celui  d'une  bouche  à  feu:  fourni... 

Rien  de  plus  ridicule  que  l'abus  que  font  de  ce  signe  certains  écrivains; 
s'imaginant  que  ,  pour  donner  à  leur  langage  le  ton  de  la  passion  et  l'em- 
preinte d'une  sensibilité  profonde,  il  suffît  d'en  interrompre  fréquemment 
le  sens  par  une  kyrielle  de  points. 

0  Une  femme un  ange qui  m'aimait et  qu'un  rival. . .  . 

se  peut-il! Non mais  pourtant cette  lettre cet 

avis  mystérieux etc > 

«  Achève  donc  ,  ennuyeux  mortel  1  s'écrie  à  ce  sujet  M.  Francis  Wey. 
Autant  ces  petits  moyens  peuvent  être  utiles  quand  on  les  emploie  rare- 
ment ,  autant  ils  fatiguent  dès  qu'on  les  met  en  œuvre  à  tout  propos.  » 

«L'abus  du  point  suspensif,  ajoute  M.  Wey  ,  est  propre  à  la  niaiserie. 
Les  lettres  des  écoliers  ,  les  épîtres  des  grisettes,  les  mauvais  romans  de 
pacotille  ,  sont  les  modèles  du  genre.  » 

Il  est  à  remarquer  que  la  Notre-Dawe  de  Paris  de  Victor  Hugo,  qui 
n'est  pas  un  roman  froid,  que  je  sache,  n'en  offre  peut-être  pas  six  exem- 
ples. Pour  ma  part ,  le  point  suspensif  m'inspire  une  telle  horreur  que  j'iu- 
site  même  à  l'employer  lorsqu'il  est  nécessaire. 

Points  finpplétifis* 

On  se  sert  de  plusieurs  points  successifs ,  quelquefois 
d'une  ligne  entière  de  points  pour  marquer  les  omissions 
forcées  on  volontaires  qu'on  fait  dans  une  citation. 

Exemples  : 

Dans  quelques  jours  l'armement  des  fortifications  de  Paris  sera 
une  loi Mais  soyez  tranquilles,  alors  môme  que  ces  remparts  se- 
ront armés  de  leurs  trois  mille  bouches  a  feu,....  ils  ne  seront  jamais 
un  danger  d'asservissement,  tant  qu'il  y  aura  en  face  de  ces  bas- 
tions une  presse  indépendante  ,  une  tribune  debout ,  des  voix  in- 
trépides, et  des  cœurs  comme  les  vôtres,  pour  leur  répondre  du  fond 
du  peuplede Paris  etdes  dépailemenis,  et  pour  répandre paimi  ces 


408  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

masses  d'où  vous  sortez,  avec  le  respect  de  l'ordre,  le  sentiment  de 
leur  inviolabilité  légale ,  de  leurs  devoirs  (\  )  et  de  leurs  droits. 

(Lamartine.) 
Faliéro,  se  proposant  défaire  couler  le  sang  des  tyrans,  s'écrie  : 

0 Dans  son  sang  noyez  la  tyrannie.»      (Francis  Wey.) 

On  remplace  aussi  par  des  points  successifs  les  syllabes  d'un 
nom  propre  dont  on  ne  met  que  la  lettre  initiale.  Mais  c'est  là  prin- 
cipalement l'objet  de  l'astérisque,  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Ils  s'emploient  concurremment  avec  les  autres  signes  de  ponc- 
tuation ,  qu'ils  ne  sauraient  remplacer. 

Points  Conducteurs  ou  Points  Carrés. 

En  imprimerie  ,  on  nomme  points  conducteurs  ou  points 
carres  ,  une  suite  de  points  servant  à  prolonger  une  ligne , 
de  manière  à  mettre  en  rapport,  à  faire  correspondre  des 
parties  qu'une  disposition  méthodique  ou  symétrique  oblige 
à  séparer.  Exemple  : 

L'homme  ,  dont  la  vie  entière 

Est  de  quatrevingt-seize  ans,  ^ 

Dort  le  tiers  de  sa  carrière. 

C'est  juste  trente-deux  ans 32 

Ajoutons  pour  maladie  , 
Procès,  voyages  ,  accidents, 
Au  moins  un  quart  de  la  vie. 

C'est  encor  deux  fois  douze  ans 24 

Par  jour  ,  deux  heures  d'études  , 

Ou  de  travaux,  font  huit  ans 8 

Noirs  chagrins  ,  inquiétudes  , 

Pour  le  double  ,  font  seize  ans 16      ^ 

Pour  affaires  qu'on  projeté 

Demi-heure ,  encor  deux  ans 2 

Cinq  quarts  d'heure  de  toilette , 

Barbe,  e<  cœ<cra,  cinqans 5 

Par  jour,  pour  manger  et  boire, 

Deux  heures,  font  bien  huit  ans 8 

Cela  porte  le  mémoire 

Jusqu'à   quatrevingt-quinze   ans 95 

(1)  Point  de  virgule  après  devoirs.  Les  devoirs  et  les  droits  sont  insépa- 
rables, comme  s'ils  ne  formaient  qu'un  seul  tout. 


DES   SinNES    DE    FONCÏCATION .  ^09 

Reste  encore  un  an  pour  faire 

Ce  qu'oiseaux  font  au  printemps. 

Par  jour  rbouime  a  donc  sur  terre 

Un  quart  d'heure  de  bon  temps.  (Dkspbéaux.  ) 

Il  serait  bon  de  détacher  le  point  final  des  points  conducteurs  par  un 
petit  espace  comme  nous  l'avons  fait  ici. 

On  fait  usage  des  points  conducteurs  dans  les  tables,  dans  les  index. 
DES  SIGNES  PUREMENT  DISTINCTIFS. 
Dn  Tiret  appelé  Moins  en  algèbre. 

Le  tiret  consiste  en  un  petit  trait  horizontal  plus  long 
que  le  trait  d'union  ( — ). 

II  sert  à  rendre  plus  sensibles  la  virgule,  le  point-virgule, 
le  deux-points,  le  point;  à  distinguer  certaines  parties  de 
phrases  susceptibles  de  se  confondre  par  leur  contact  immé- 
diat; à  séparer  des  pensées  détachées,  des  maximes,  qu'on 
juge  à  propos  d'écrire  de  suite ,  etc. 

Sous  le  charme  irrésistible  de  ce  regard  je  sentais  mon  cœur  se 
fondre  de  joie.  Puis,  attaché  a  vous  comme  le  fera  l'aimant,  ne 
pouvant  détourner  mes  yeux  de  la  vision  ineffable  qui  était  devant 
moi,  je  suivais  spontanément  votre  trace  lumineuse ,  heureux 
d'un  bonheur  indicible  quand  votre  doux  visage  se  tournait 
vers  moi  par  hasard;  et  lorsque  vous  disparaissiez  enfin  au  seuil  de 
votre  maison  ,  comme  le  soleil  derrière  les  montagnes,  —  comme 
le  soleil,  votre  image  répandait  encore  dans  mon  âme  une  réverbé- 
ration magnifique,  qui  ne  s'effaçait  pas  et  qui  m'éclaire  toujours. 

{L.  N.  Fleurs  dn  Danube.) 

La  note  (1)  qui  se  trouve  à  la  page  108,  ainsi  que  l'exemple  intitulé 
Coup  cl'œil  sur  Berlin,  page  .366,  en  offrent  des  exemples  remarquables. 

Le  tiret  remplace  les  dit-il .  dit-elle,  reprit-il,  reprit-elle,  etc., 
ou  même  le  nom  des  interlocuteurs  ,  dans  le  dialogue  vif  et  pressé. 
Exemples  : 

Je  vous  offre  mon  crédit,  dit  un  représentant  du  peuple  a  Latour 
d  Auvergne ,  premier  grenadier  dcFrance. — Jeracceple. — Ehbien  ! 
voulez-vous  un  régiment  ?  —  >ion,  je  veux  une  paire  de  souliers. 

T.  n.  r-t> 


^\0  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

Un  jour  que,  vêtu  d'une  redingote  boutonnée,  (^)  et  accompagné 
d'un  seul  domestique  sans  livrée,  l'empereur  Joseph  II  était  allé, 
dans  une  calèche  a  deux  places ,  qu'il  conduisait  lui-même  ,  faiie 
une  promenade  du  matin  aux  environs  de  Vienne,  il  fut  surpris  pai 
la  pluie,  comme  il  reprenait  le  chemin  de  la  ville. 

Il  en  était  encore  éloigné,  lorsqu'un  sergent  qui  regagnait  aussi 
la  capitale,  accourant  vers  lui,  le  prie  de  lui  donner  une  place 
dans  sa  voiture.  «  Cela  ne  vous  gênerait  pas  beaucoup,  dit-il,  puis- 
que vous  êtes  seul,  et  cela  ménagerait  mon  uniforme  que  je  mets 
aujourd'hui  pour  la  première  fois. — Ménagez  votre  uniforme,  mon 
brave,  dit  l'empereur,  et  mettez-vous  la.  D'où  venez-vous  comme 
cela  ?  —  Ah  !  ma  foi  !  je  viens  de  chez  un  garde  de  mes  amis  où  j'ai 
fait  un  fier  déjeuner. —  Qu'avez-vous  donc  mangé  de  si  bon  ? — De- 
vinez. —  Que  sais-je!  moi  !  une  soupe  à  la  bière?  —  Âh  !  bien  ouiJ 
une  soupe!  Mieux  que  ça.  — •  De  la  choucroute? —  Mieux  que  ça. 

—  Une  longe  de  veau?  —  Mieux  que  ça.  —  Oh!  ma  foi  !  je  ne  sais 
plus  que  supposer,  dit  Joseph.  —  Un  faisan  ,  mon  digne  homme  ; 
un  faisan  tué  sur  les  plaisirs  de  Sa  Majesté,  reprend  le  camarade  en 
frappant  sur  la  cuisse  de  son  interlocuteur.  —  Ah!  tué  sur  les 
plaisirs  de  Sa  Majesté  !  Il  n'en  devait  être  que  meilleur.  —  Je  vous 
en  réponds.  » 

Comme  on  approchait  de  la  ville ,  et  que  la  pluie  tombait  de 
plus  belle,  Joseph  demanda  à  son  compagnon  dans  quel  quartier 
il  logeait,  afin  qu'il  le  descendît  à  sa  demeure.  Le  sergent,  lui  ma- 
nifestant rondement  sa  gratitude,  demanda  à  connaître  celui  dont 
il  recevait  tant  d'honnêtetés.  «  A  votre  tour,  dit  le  prince,  devinez. 

—  Monsieur  est  militaire? — Comme  dit  monsieur.  — Lieutenant? 

—  Ah  bien  oui!  lieutenant!  Mieux  que  ça.  — Colonel  peut-être? 

—  Mieux  que  ça.  —  Comment  diable!  dit  le  sergent  en  se  renfon- 
çant dans  un  coin  de  la  calèche;  seriez-vous  feld-maréchal?  — 
Mieux  que  ça.  —  Ah  !  mon  Dieu!  c'est  l'empereur  !  — Lui-même  » . 
dit  Joseph,  se  déboutonnant  pour  montrer  ses  décorations. 

(1)  Sans  la  virgule  on  s'attendrait  à  trouver  après  la  conjonction  el  un 
.iiitrf^  qnalifîcalil'  rlii  mot  reHintrole. 


DES  SIGNES  DE  POMCTliATION.  ■^^^ 

Il  n'y  iivail  pas  luoyen  de  tombera  genoux  dans  une  calèche.  Le 
sergent  se  confond  en  excuses,  et  supplie  l'empereur  d'arrêter  pour 
qu'il  puisse  descendre.  Non  pas,  non  pas,  lui  dit  Joseph.  Après 
avoir  mange  mon  faisan,  vous  seriez  trop  heureux ,  malgré  la  pluie, 
de  vous  débarrasser  de  moi  aussi  promptement.  J'entends  que  vous 
ne  me  quittiez  qu'à  votre  porte  »  ,  et  il  l'y  descendit. 

(L.  Mémoires.) 


Hélas  !  hélas  !  tout  travaille 
Sous  tes  yeux, ô  Jéhovah. 
De  quelque  côté  qu'on  aille, 
Partout  un  flot  qui  tressaille. 
Partout  un  homme  qui  va. 


Où  vas-tu? —  Vers  la  nuit  noire. 

Où  vas-tu  ?  —  Vers  le  grand  jour. 

Toi?  —  Je  cherche  s'il  faut  croire. 

Et  toi  ?  —  Je  vais  à  la  gloire. 

Et  toi  ?  —  Je  vais  à  l'amour. 
Vous  allez  tous  à  la  tombe  ! 
Vous  allez  où  tout  retombe  , 
Et  d'où  rien  n'est  revenu!  (Victob  Hugo.) 

Lorsque  chaque  reprise  du  dialogue  forme  un  alinéa,  le  tiret  doit 
être  au  coraniencement  de  l'alinéa. 

LE  RICHE   ET  LE  PAUVRE. 

Vous  êtes  malheureux?  dit  le  riche  au  pauvre. 

—  Oui ,  et  mon  malheur  est  d'autant  plus  sensible ,  qu'autre- 
fois... 

—  J'entends ,  mon  ami  ;  il  faut  espérer. 

—  Sans  doute,  mais... 

—  Dieu  est  notre  seule  espérance  dans  l'infortune.  Vous  avez 
des  enfants? 

—  Cinq  fils,  dont  l'un  trop  faible  pour  supporter  notre  misère... 

—  Cela  est  triste;  mais  l'espérance  fait  vivre  l'homme. 

—  Hélas!  peut-être.   Mais... 

—  Mais  espérez  en  la  bonté  divine  ;  eii  attendant... 

—  En  attendant ,  faites-moi  la  charité ,  je  vous  en  supplie. 

—  La  charité!  La  charité  suit  l'espérance.  C'est  la  troisième  vertu 
théologale.  (G.Péruset.) 

II  se  met  de  même  au  ooranienceraenl  du  vers,  el  non  pas  à  la 
fin. 

Faisant  le  catéchisme  ,  hier  notre  vicair»' 
lni«nroo[rait  ainsi  Guillaume  Farinel  ; 


À\2  OKAMMAIKE    FH.UNÇAISE. 

•  Qu'est-ce  que  Dieu  î  —  Monsieur,  c'est  le  Père  éternel.  ' 

—  Et  le  Fils,  ost-il  Dieu  ?  —  Lui ,  c'est  une  autre  att'aire. 

—  Comment  donc  !  —  Laissez-moi  le  temps  de  m'expliquer. 
11  ne  l'est  pas  encor,  mais  à  la  mort  du  Père, 

Quand  le  diable  y  serait,  ça  ne  peut  lui  manquer.     (  Anonyme.) 

Ce  signe  vient  au  secours  des  autres  signes,  mais  ne  saurait  les 
remplacer.  Il  ne  fait,  je  l'ai  dit,  que  les  rendre  plus  sensibles. 
M.  Alphonse  Karr  a  donc  tort  d'écrire  sans  virgule:  Aujourd'hui 
—  grâce  au  progrès  —  les  pauvres  gens  sont  volés  comme  les  autres . 

En  général  les  auteurs  modernes  abusent  ridiculement  du  tiret.  11 
l'aut  que  leur  pensée  soit  bien  obscure,  puisqu'ils  ne  croient  pouvoir  la 
rendre  sensible  qu'à  grand  renfort  de  tirets.  Chez  M.  Alphonse  Karr  l'a- 
mour du  tiret  est  une  véritable  manie.  «  La  châtelaine  de  M.  Dreux  — 
présentait  sans  doute  de  grandes  difficultés  que  l'auteur  s'est  imposées  lui- 
même, —  les  difficultés  ne  sont  un  mérite  que  lorsqu'elles  sont  vaincues 
complètement,  —  celles  que  l'on  cherche  ne  sont  jamais  un  mérite, — la 
femme  vêtue  de  blanc  sur  son  cheval  blanc  est  loin  de  valoir  le  tableau 
que  le  même  peintre  a  exposé  l'année  dernière  et  dont  nous  avons  dit 
quelques  mots ,  —  le  cheval  est  beaucoup  trop  long.  »      {  Les  Guêpes.  ) 

Tant  d'esprit ,  dira-t-on  ,  peut  se  passer  de  points  et  de  virgules.  Non  , 
morbleu  !  pas  plus  que  le  plus  bel  habit  brodé  d'or  ne  peut  se  passer  de 
boutons  et  de  boutonnières. 

Les  graves  Allemands  n'abusent  pas  moins  du  tiret,  qu'ils  n'ac- 
compagnent d'aucun  autre  signe  j  en  sorte  que  la  relation  d'un  mot 
à  l'autre,  d'une  phrase  à  l'autre,  reste  une  énigme  pour  le  lecteur. 
Ils  l'emploient  aussi  en  guise  de  point  suspensif  et  même  de  pa- 
renthèse ,  ce  qui  est  un  tort  aussi  grave  qu'eux. 

Du  CJutllemet. 

Le  guillemet  est  un  signe  ainsi  figuré  :  («)  (»),  lequel  se 
met  au  commencement  et  à  la  fin  d'une  citation,  et  souvent 
même  au  commencement  de  chacune  des  lignes  qui  la  com- 
posent. Il  se  répète  toujours  au  commencement  de  chaque 
alinéa,  s'il  y  en  a  dans  la  citation.  Exemples: 

M.  Delangle  s'est  révélé  dernièrement  a  la  chambre  des  députés 
par  un  morceau  d'une  rare  éloquence.  Ecoutez  plutôt  : 

«  Je  serais,  messieuis,  de  l'avis  de  l'auteui  de  rarlicle,  si  l;i  jeu- 
nesse d'aujounlhui,  telle  qu'on  appelé  dorée,  vivait  comme  lii 


DES  SIGNÉS  DE  POiNCTUAllO.N.  VI  •> 

jeunesse  d'aulrelois ,  si  elle  passait  sa  vie  dans  les  mauvais  lieux , 
si  elle  croyait  encore  qu'on  peut  battre  le  guet  et  opprimer  ses 
vassaux.  (Rires  et  murmures  divers.) 

wMais  la  jeunesse  d'aujourd'hui ,  celle  que  l'on  attaque,  est  sé- 
rieuse et  laborieuse.  Elle  désire  être  utile  a  son  pays,  et  elle  en  étu- 
die les  lois. 

»  Et  quelle  est  donc,  dans  la  pensée  de  l'auteur  de  l'article,  la 
jeunesse  forte  ?  Serait-ce  par  hasard  cette  nuée  de  poètes  incompris. . . 
(bruyante  hilarité),  d'avocats  sans  cause  et  de  médecins  sans  ma- 
lades... (nouvelle  hilarité),  qui  ne  font  tant  de  bruit  que  parce  qu'on 
n'achète  pas  leur  prétendue  poésie,  qu'on  ne  paie  pas  leur  préten^ 
due  éloquence  et  leurs  prétendues  consultations?  »  (Bruit.) 

(  Journal  des  Débats.  ) 

Ce  qui  met  si  fort  en  colère  M.  Delangle  contre  les  poètes  sans 
poésie,  les  avocats  sans  cause,  et  les  médecins  sans  malades,  ce  sont 
ces  quelques  lignes  de  M.  Ledru  Roliin,  publiées  dans  un  journal: 

«  Les  portes  de  la  députation  ne  s'ouvrent  pas  à  cette  portion  de 
la  jeunesse  éclairée ,  studieuse  et  grave ,  qui  s'est  plus  occupée  de 
la  culture  de  l'âme  que  de  celle  de  l'habit ,  et  qui  a  plus  de  richesse 
dans  son  cœur  que  dans  sa  caisse.  La  jeune  génération  de  -1 850  n'a 
guère  dans  la  Chambre  que  des  représentants  dont  les  vertus  bri- 
lleraient beaucoup  plus  parmi  de  frivoles  courtisans  que  dans  une 
assemblée  de  citoyens  et  de  législateurs. 

»  La  jeunesse  forte  est  contrainte ,  par  le  cens  d'éligibilité ,  de 
céder  la  place  a  la  jeunesse  dorée.  Il  est  de  mode  dans  cette  aris- 
tocratie qui  portait  hier  le  nom  d'un  paysan  ou  d'un  ouvrier,  de 
honnir  la  révolution  sans  la  quelle  elle  serait  encore  a  la  charrue, 
d'adorer  l'immobilité  politique  et  de  placer  son  bien-être  personnel 
au  dessus  de  toutes  ces  misères  qu'on  appelle  emphatiquement 
progrès  et  patrie.  » 

M.  Allard  a  terminé  ainsi  son  rapport  sur  l'armement  des  fortili- 
cations  de  Paris  : 

«Ne  cherchons  pas,  messieurs,  à  créer  des  déflances  autour 
d'une  œuvre  qui,  pour  être  grande  o(  efficace  connnc  vous  l'avcir 
voulue  ,  H  besoin  avant  tout  «Têlre  naliniKtleet  populaire  INc  la  dé- 


'Il  GHAMMAlllE   FRANÇAISE. 

|)Ouilloiis  pas,  par  des  calculs  mesquins,  du  prestige  de  grandeur  que 
nous  y  avons  atlaché. 

»  Que  la  garde  nationale  et  l'armée,  que  nous  ne  séparons  jamais 
dans  nos  esprits,  sachent  bien  qu'elle  est  confiée,  comme  la  Charte 
de  nos  libertés  extérieures ,  a  leur  patriotisme  et  à  leur  courage. 

»  Que  tous  les  citoyens  de  Paris,  que  ces  braves  ouvriers  qui  vi- 
vent dans  son  sein ,  que  cette  jeunesse  de  nos  écoles  ,  pleine  de 
sentiments  si  généreux,  s'habituent  a  cette  pensée,  que,  si  des 
jours  malheureux  venaient  a  peser  sur  notre  patrie ,  ils  auraient  la 
certitude  de  trouver  autour  de  la  capitale  un  champ  de  bataille  di- 
gne de  leur  ardeur ,  et  sur  le  quel  il  dépendrait  d'eux  d'assurer  le 
salut  et  l'indépendance  du  pays  tout  entier.  »  (  i  ) 

Car,  dites,  n'est-ce  pas  un  supplice  eflProyable 
De  ne  pouvoir  pas  tendre  une  main  secourable 
A  ceux  qu'on  voit  pleurer  et  que  l'on  sent  soufTrir  ï 

De  n'être  pas  monté  sur  une  haute  cime, 
Pour  dire  à  ceux  d'en  lias  avec  un  cri  sublime  : 
«  O  vous  tous  que  la  nuit  couvre  de  son  horreur, 
»    Qui  n'avez  pour  dormir  qu'une  pierre  glacée  , 
»    Qui  de  l'aim  ou  de  soif  avez  l'âme  oppressée, 
»    Et  qui  rongez  en  vain  la  chaîne  du  malheur  ; 
»   Venez  tous,  venez  tous  ,  venez  sur  la  montagne  , 
»    Au  milieu  des  parfums  qu'exhale  la  campagne  , 
»    Respirer  un  air  libre  en  face  du  soleil. 
»    Venez  ,  venez  à  moi.  Je  briserai  vos  chaînes  , 
»    Je  vous  consolerai ,  j'adoucirai  vos  peines  , 
•    Sur  toutes  vos  douleurs  je  mettrai  l'appareil. 
»    Pauvres  et  souffreteux  ,  que  le  monde  repousse  , 
»    Pour  vos  membres  meurtris  j'aurai  des  lits  de  mousse  , 
»    Au  bord  de  clairs  ruisseaux  ,  sous  des  dômes  en  fleui-s  ; 
»   —  Venez  ,  —  et ,  pour  calmer  le  mal  qui  vous  dévore , 
»    Des  remèdes  puissants  que  là-bas  on  ignore  ; 
»    Venez,  je  tarirai  la  source  de  vos  pleurs. 

'>    Vous  surtout  que  dédaigne  une  foule  insensée  , 
»    Vous  les  plus  malheureux  ,  martyrs  de  la  pensée  , 
"    Anges  tombés  du  ciel  dans  ce  cloaque  impur  , 

{i)  Il  va  sans  dire  que  le  Jnurnal  des  Débats  n'a  ni  orthographié  ni 
P'>nclué  comme  nous  ces  divers  |iassages. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  A  I  ■* 

»    Où  vous  avez  souillé  votre  robe  immortelle  , 

»    Où  vous  allez  ,  saignant  du  flanc  ,  et  traînant  l'aile , 

»    Refoulés  par  l'envie  au  coin  le  plus  obscur  ; 

»  Vous  qu'on  entend  jeter  une  plainte  inconnue, 

i>  Cri  sublime  qui  semble  exhale  de  la  nue  , 

»  Vous  qui  buvez  l'absinthe  et  répandez  le  miel  , 

»  Vous  tous  ,  enfants  de  l'art,  venez  ,  troupe  choisie, 

»  Venez  sécher  votre  aiie  au  vent  de  poésie , 

»  Et  prendre  de  nouveau  votre  essor  vers  le  ciel.  »  (1) 

(  L.  N.  Amerlumes  et  Consolations.  ) 

Faut-il ,  à  Texempie  de  quelques  auteurs ,  fermer  le  guillemet 
avant  les  expressions  dit-il,  dit-elle,  eic,  insérées  dans  la  citation 
même,  elles  ouvrir  immédiatement  après?  Faut-il  en  faire  de 
même  à  l'égard  du  tiret,  dans  un  dialogue  guillemeté?  Après  en 
avoir  délibéré  avec  moi-même,  je  trouve  que  dans  l'un  et  l'autre 
cas  c'est  une  minutie  digne  de  MM.  Firmin  Didot. 

On  répétait  un  jour ,  en  présence  de  l'abbé  de  Saint-Pierre ,  cette 
phrase  si  souvent  appliquée  par  la  flatterie  et  la  bassesse  à  des  sou- 
verains indignes  du  trône  :  Les  rois  sont  les  dieux  de  la  terre.  «  Je 
ne  sais,  dit-il,  si  Néron,  Caligula,  Domitien  ,  et  leur  pareils, 
étaient  des  dieux  ;  mais  je  sais  bien  qu'ils  n'étaient  pas  des  hom- 
mes. » 

Comme  M.  Etienne  était  près  de  mourir  et  qu'il  avait  a  peu  près 
perdu  connaissance,  M.  Thiers  alla  pour  le  voir,  et,  comme  on 
refusait  de  le  laisser  entrer  :  «  Je  n'insisterai  pas,  dit-il;  mais,  je 
vous  en  prie,  si  la  connaissance  lui  revient ,  dites-lui  que  je  suis 
venu  pour  le  voir;  dites-lui  que  c'est  moi,  Thiers,  le  pauvre  jeune 
homme  au  quel  il  a  mis ,  dans  le  temps,  le  pain  a  la  main.  » 

( Alphonse  Karr.  ) 

Vous  croyez  que  le  génie  a  le  succès  pour  mesure?  Ah  !  qu'où 
descende  jusqu'aux  plus  humbles  conditions  ;  qu'on  regarde  ce 
malheureux  aux  prises  avec  la  misère  ;  qu'on  calcule  l'étendue  des 
ressources  qu'il  est  obligé  de  mettre  en  œuvre  pour  échapper  a  la 
faim  ,  la  force  de  volonté  qu'il  emploie  contre  le  désespoir...  «Vous 


(1)  Une  telle  poésie  est  bien  peu  de  chose  à  côté  de  l'éloquence  de 
M.  Delangle.  La  Franco  a  fièrement  raison  de  mc-priser  les  poètes  au  prnfif 
de  M.  Delanglo.  M.  Dcdangle  est  bien  plus  iulcrcssanl.   —  sûremenl. 


<H»  On.VMWAIRE  FRANÇAISE. 

VOUS  croyez  un  grand  homme ,  monsieur  le  comle  ,  parce  que  vous 
^les  un  grand  seigneur,  dit  Beaumarchais.  Kli  morbleu!  perdu 
dans  la  foule  obscure,  il  m'a  fallu  déployer  plus  de  science  pour 
subsister  seulement  qu'on  n'en  amis  depuis  cent  ans  a  gouverner 
toutes  les  Espagnes.  »  (Louis  Blanc.) 

A  la  malheureuse  journée  de  Chiari,  Catinat,  tout  blesse  qu'il 
était,  cherchait  a  rallier  les  troupes.  Un  officier  lui  dit:  «  Où  vou- 
lez-vous que  nous  allions?  la  mort  est  devant  nous.  —  Et  la  houle 
derrière ,  »  reprend  Catinat. 

Henri  IV  apercevant  Crillon  :  «Voila,  dit-îl ,  l'homme  le  plus 
brave  de  mon  royaume.  —  Vous  en  avez  menti,  sire,  c'est  vous.  » 

Pour  rendre  distincte  une  citation  de  citation,  on  se  contente  d'un 
guillemet  au  commencement  et  à  la  fin  de  la  citation  principale, 
tandis  qu'on  le  répète  à  chacune  des  lignes  qui  composent  la  citation 
subordonnée. 

La  Biographie  nouvelle  des  Contemporains  rapporte  le  fait  sui- 
vant : 

«  A  la  prise  de  Figuières,  un  général  espagnol  se  défendait  avec 
courage  contre  plusieurs  Français,  mais  il  allait  succomber,  acca- 
blé par  le  nombre.  Apercevant  a  peu  de  distance  le  général  Duphot, 
il  lui  cria  :  «  Général,  ne  souffrez  pas  que  vos  soldats  souillent 
»  leur  triomphe  ;  faites  cesser  le  carnage  et  battons-nous  ensem- 
»  ble.  »  Duphot  accepte  le  défi...  »  ^Cité  par  M.  Frey.) 

Comme  on  le  voit  par  les  exemples  ci-dessus,  le  guillemet  final 
semet  toujours  après  le  point,  ou  le  point-virgule,  ou  la  virgule  qu'il 
accompagne.  Je  ne  sais  à  quoi  lient  cet  usage.  A  mon  avis,  suivant 
que  tel  ou  tel  autre  signe  de  ponctuation  appartient  à  la  phrase  en- 
tière ou  seulement  à  la  citation  ,  il  doit  se  mettre  avant  ou  après  le 
guillemet.  De  toute  évidence,  dans  les  deux  exemples  suivants,  le 
guillemet  final  doit  précéder  le  point. 

L'habileté  du  chirurgien  dentiste  Lécluse  l'avait  placé  au  nombre 
des  meilleurs  praticiens,  et  il  fut  nommé  chirurgien  dentiste  du  roi 
de  Pologne  Stanislas  11,  «  le  jour  même,  dit  Lécluse,  où  Sa  Majesté 
perdit  sa  dernière  dent  ». 

Les  maîtres  du  siècle  passé  confessaionl  que   <(  Ifs  pensêrs  (/ni 


DES  SIGNES  DE  rONCTUATIO.V.  ÎIT 

sont  partout  un  mérite  essentiel,  le  sont  dans  une  ode  moins  que  pur- 
tout  ailleurs,  parce  que  V  harmonie  peut  aisément  en  tenir  lieu.  »  (I) 
Voyez  les  articles /^o<n<  interrogatlf  el  point  exclamatif. 

M.  Frey  se  plaint  que,  quand  on  rapporte  des  articles  de  codes 
ou  de  lois,  l'usage  le  plus  général  fait  placer  le  guillemet  après  le 
numéro  de  l'article.  Ne  suffit-il  pas,  ajoule-t-il,  de  faire  remar- 
quer que  ce  numéro  fait  partie  intégrante  du  texte  même  de  l'article, 
pour  prouver  qu'il  faut  le  placer  avant  et  non  après?  Exemple  : 

Telles  sont  les  principales  dispositions  de  la  Charte  : 

«  Art.  ^er.  Les  Français  sont  égaux  devant  la  loi,  quels  que  soient 
d'ailleurs  leurs  titres  et  leurs  rangs. 

»  2,  Ils  contribuent  indistinctement,  dans  la  proportion  de  leur 
fortune ,  aux  charges  de  l'Etat. 

»  5.  Us  sont  tous  également  admissibles  aux  emplois  civils  et  mi- 
litaires. 

»  h.  Leur  liberté  individuelle  est  également  garantie,  personne  no 
peut  être  poursuivi  ni  arrêté  que  dans  les  cas  prévus  par  la  loi,  et 
dans  la  forme  qu'elle  prescrit. 

»  5.  Chacun  professe  sa  religion  avec  une  égale  liberté,  et  oblieiil 
pour  son  culte  la  même  protection. 

»  7.  Les  Français  ont  le  droit  de  publier  el  de  faire  imprimer 
leurs  opinions,  en  se  conformant  aux  lois. 

»  La  censure  ne  pourra  jamais  être  rétablie.  » 

On  procède  de  même  à  l'égard  des  points  supplétifs.  Exemple  : 
Racine,  pour  exprimer  ces  mots,  fart  d'écrire ,  mettra  : 

« L'arf  consolateur 

»  Qui  confie  au  papier  les  sentiments  du  cœur.  » 

(  FRA>ris  Wey.  ) 

Le  tiret ,  employé  au  commencement  d'un  dialogue  guillemeté  , 
devrait  de  même  céder  le  pas  à  son  compagnon  : 

Le  chevalier  de  Grammont ,  a  l'article  de  la  mort ,  refusait  de  se 
confesser.  Le  chevalier  d'Angeau  entre  chez  lui  et  lui  dit  :  m  —  Tu 
ne  veux  pas  te  confesser,  tu  as  tort.  Dans  quatre  jours  tu  pourras 
faire  ta  cour  au  roi  ;  mais  il  te  recevra  mal  ;  tu  sais  qu'il  est  dévot. 

(1)  C'est  Marniontfl  qui  a  ilil  cela.  Qticlle  folie  '. 

f.  11.  ?i"> 


'i  i  s  GRAMMAIKÈ   FRANÇAISE. 

—  Ahl  cela  est  vrai.  Vile  un  confesseur.»  Le  clievalier  de  firam- 
mont  se  confesse  et  meurt.  Voila  la  religion  du  courtisan. 

(yinonyme.  ) 
Quand  le  dialogue  est  coupe  par  alinéas,  le  guillemet  devient 
inutile;  le  tiret  suffit  ordinairement  : 

Puis,  rompant  le  silence  la  première,  elle  lui  dit  en  faisant  plus 
douce  encore  sa  douce  voix  : 

—  Comment  vous  appelez-vous,  monsieur  le  gendarme? 

—  Le  capitaine  Phœbus  de  Châteaupers,  pour  vous  servir,  ma 
belle,  répondit  l'officier  en  se  redressant. 

—  Merci ,  dit-elle.  (Victor  Hugo.) 

Quand  une  citation  ,  dont  le  premier  mot  commence  par  une 
voyelle,  est  amenée  dans  le  discours  par  un  mot  dont  la  dernière 
syllabe  s'élide  par  la  substitution  de  l'apostrophe  ,  n'est-il  pas  plus 
exact,  demande  M.  Frey,  d'ouvrir  le  guillemet  après  l'apostrophe, 
comme  dans  ces  cas  entre  autres ,  qu'on  trouve  en  foule  dans  le 
volumineux  Répertoire  universel  de  Jurisprudence: 

La  cour  a  arrêté  qu'  «attendu...  qu'  «il  serait...  qu'  «eu 
égard...  etc. 

M.  GiraultDuvivier  prétend  que  les  guillemets  sont  superflus, 
si  la  citation  est  en  vers  dans  un  ouvage  en  prose  ;  que  «  la  manière 
de  l'écrire  la  distingue  suffisamment.»  Oui,  la  manière  dont  on 
écrit  les  vers  les  dislingue  suffisamment  de  la  prose ,  mais  ne  fait 
pas  connaître  s'ils  appartiennent  au  texte  principal  ou  s'ils  lui  sont 
étrangers.  Voilà  pourquoi  les  guillemets  ne  sont  pas  toujours  su- 
perflus dans  le  cas  même  dont  il  s'agit ,  surtout  si  la  citation  ne 
contient  que  deux  ou  trois  vers.  Par  exemple,  on  aurait  tort  de  ré- 
péter le  guillemet  au  commencement  de  chacun  des  vers  contenus 
dans  la  citation.  Exemple  . 

Le  poète  Théophile  dédia  un  livre  au  roi  d' Angleterre  Jacques  l"^»*. 
Il  espérait  que  le  roi  témoignerait  le  désir  de  le  voir  ,  mais  il  n'en 
fut  rien.  Pour  s'en  consoler  le  poète  fit  ces  vers  : 

«  Si  Jacques ,  roî  de  grand  savoir , 
N'a  pas  trouvé  hoti  de  me  voir , 
En  voici  la  cause  infaillible  : 
(l'rsl  que,  ravi  d<'  mon  rciil. 


DES  SIGNES  DE  1'0M;J  IJAT10>.  519 

il  crut  que  j'étais  loiit  esprit , 
Et'par  conséquent  invisible.  » 

Je  ne  conteste  pas  au  sieur  Girault  Duvivier  qu'on  ne  puisse  sup- 
primer les  guillemets  dans  l'exemple  suivant  : 

Delilie  a  tracé  ainsi  le  portrait  du  magister  : 

Son  port ,  son  air  de  suffisances 

Marquent  dans  son  savoir  sa  noble  confiance. 
11  sait ,  le  fait  est  sur  ,  lire ,  écrire  ,  et  compter  ; 
Sait  instruire  à  l'école,  au  lutrin  sait  chanter  , 
Connaît  les  lunaisons,    prophétise  l'orage. 
Et  même  du  latin  eut  jadis  quelque  usage. 
Dans  les  doctes  débats,  ferme  et  rempli  de  cœur, 
Même  après  sa  défaite,  il  tient  tète  au  vainqueur;  etc. 

On  conçoit,  en  outre,  que  les  exemples  d'un  livre  didactique  tel 
que  celui-ci  ne  soient  point  guillemelés;  car  ils  sont  censés  faire 
corps  avec  le  texte  même  de  l'ouvrage. 

Voyez  ce  que  j'ai  dit ,  à  la  fin  des  articles  virgule  q\.  deux-points, 
touchant  les  citations  simples  et  courtes.  J'ai  dit  que  le  deux-points 
suffit  alors  ordinairement,  et  même  la  virgule ,  quand  on  les  sou- 
ligne dans  l'écriture  et  qu'on  les  rend  dans  limpression  en  lettres 
italiques. 

De  la  Parentlièse  (1). 

Parenthèse  se  dit  à  la  fois  d'une  phrase  formant  un  sens 
distinct  et  séparé  de  celui  de  la  période  où  elle  est  insérée , 
et  des  marques  dont  on  se  sert  dans  l'écriture  et  dans  l'im- 
primerie pour  enfermer  les  mots  à' nue  parenthèse.  Ces  mar- 
ques sont  deux  arcs  disposés  verticalement  et  s'opposant 
l'un  à  l'autre  par  leur  concavité ,  de  cette  manière  (  ).  C'est 
d'après  ce  rapport  de  position  qu'on  dit,  comme  pour  le  guil- 
lemet, ouvrir  la  parenthèse ,  fermer  la  parenthèse. 

Je  ne  sais  où  M.  Napoléon  Landais  a  vu  que  la  parenthèse  u^est 

(1)  En  grec  parenlhesis,  interj)0siti()n;  de  para,  entre,  en,  dans,  et  titlièmi, 
je  place.  M.  Girault  Duvivier  range  la  parenthèse  parmi  les  signes  ortho- 
graphiques. En  quoi  la  parenthèse  est  clic  autre  chose  qunn  signe  de  dis 
liiiction  ? 


'-<'  MIAMMAIHE    l'KAlNÇAISE. 

plus  usitée  dans  la  haute  lilléraliire  et  dans  le  beau  stjle.  Sans 
doute  il  est  bon  d'en  user  sobrement,  mais  il  est  des  cas  où  elle  est 
indispensable.  Par  quel  autre  signe,  en  effet,  pourrait-on  la  rempla- 
cer pour  distinguer  ces  phrasessubites  et  imprévues  qui  sillonnent  la 
phrase  principale  comme  un  éclair,  et  que  M.  Napoléon  Landais 
lui-même  compare  à  des  notes  de  musique?  (  Quelles  notes  de  mu- 
sique ?  Apparemment  des  dièses  et  des  bémols.)  Exemples  : 

La  boue  de  Paris,  songea-t-il  (car  il  croyait  être  sur  que  déci- 
dément le  ruisseau  serait  son  gîte; 

Et  que  faire  en  un  gîte  à  moins  que  l'on  ne  songe?), 

la  boue  de  Paris  est  particulièrement  puante;  elle  doit  renfermer 
beaucoup  de  sel  volatil  et  nitreux.  (Victor  Hugo.) 

Vous  avez  été  enfant,  lecteur,  et  vous  êtes  peut-être  assez  heu- 
reux pour  l'être  encore.  Il  n'est  pas  que  vous  n'ayez  plus  d'une 
fois  (  et  pour  mon  compte  j'y  ai  passé  des  journées  entières  ,  les 
mieux  employées  de  ma  vie  !)  suivi  de  broussailles  en  broussailles, 
au  bord  d'une  eau  vive,  par  un  jour  de  soleil ,  quelque  belle  de- 
moiselle verte  ou  bleue ,  brisant  son  vol  a  angles  brusques  et  bai- 
sant le  bout  de  toutes  les  branches.  Vous  vous  rappelez  avec  quelle 
curiosité  amoureuse  votre  pensée  et  votre  regard  s'attachaient  à  ce 
petit  tourbillon  sifflant  et  bourdonnant  d'ailes  de  pourpre  et  d'azur, 
au  milieu  duquel  flottait  une  forme  insaisissable,  voilée  par  la  ra- 
pidité même  de  son  mouvement.  L'être  aérien  qui  se  dessinait  con- 
fusément à  travers  ce  frémissement  d'ailes  vous  paraissait  chimé- 
rique ,  imaginaire,  impossible  à  toucher,  impossible  à  voir.  Mais, 
lorsqu'enGn  la  demoiselle  se  reposait  a  la  pointe  d'un  roseau,  et 
que  vous  pouviez  examiner,  en  retenant  votre  souffle,  les  longues 
ailes  de  gaze,  la  longue  robe  d'émail,  les  deux  globes  de  cristal, 
quel  étonnement  n'éprouviez-vous  pas,  et  quelle  peur  de  voir  de 
uouveau  la  forme  s'en  aller  en  ombre  et  l'être  en  chimère!  (Idem.) 

Peut-être  ce  style  ne  s'élève-t-il  pas  assez  haut  pour  êlre  à  l'abri  de  la 
(larenthèse. 

M.  Napoléon  Landais  indique  ks  exemples  suivants  : 

Une  petite  bouche,  pourvu  qu'elle  ne  le  soit  pas  excessivement 
(car  tous  les  excès  sont  des  défauts)  est  belle  naturellement,  parce 
qu'elle  s'ouvre  avec  plus  de  grâce  et  \\\\  souris  plus  lin.  f  tnonyme.) 


DES  SIGNES  DE  POi\CÏUATIO;\.  i2l 

Il  (f  incrédule)  porte  dans  son  cœur  le  juge  qui  le  condamne. 

(YOUNG.) 
Conlbndant  rapostro[jhe  avec  la  parenthèse,  M.  Napoléon  Landais  vous 
avertit  charitablement  que  asi  le  discours  insère,  qui  l'ait  parenthèse,  est  très- 
court,  on  ne  se  sert  pas  du  signe  delà  parenthèse,  mais  qn'on  le  met  seule- 
ment entre  deux  viigules.  »  (1)  A  cet  avertissement  si  gracieux  il  joint  cet 
exemple  non  moins  gracieux. 

Que  direz-vous,  races  futures. 

Quand  un  véritable  discours 

Vous  apprendra  les  aventures 

De  nos  abominables  jours  ?  (  Akokymr.  ) 

•  II  est  essentiel,  ajoute-t-il,  que  la  parenthèse  soit  très-courte.  •  Dans 
Notre-llanie  de  Paris  ,  Victor  Hugo  s'en  permet  de  passablement  longues. 
Ces  deux  exemples  du  Dictionnaire  de  l'Académie  :  Longue  parenthèse. 
Courte  parenthèse,  prouvent  qu'en  effet  il  y  en  a  de  longues  et  de  courtes. 
Je  ne  veux  pas  dire  par  là  que  les  longues  soient  préférables  aux  courtes. 
C'est  comme  si  je  disais  qu'un  feuilleton  de  Jules  Janin  vaut  mieux  qu'un 
vers  de  Victor  Hugo,  ou  le  Journal  des  Débats  mieux  que  le  Charivari.  En 
fait  de  choses  longues,  je  n'aime  que  les  longs  jours  et  les  longs  amours. 
Bref,  retenez  bien  qu'un  style  embarrassé  de  parenthèses  est  aussi  agréa- 
ble qu'un  chemin  semé  d'ornières  et  de  cailloux. 

M.  Victor  Hugo  et  les  poètes  modernes  ont  trouvé  que  la  pareu- 
Ihèse  était  d^un  effet  peu  gracieux  dans  les  vers ,  et  Tont  remplacée 
la  plupart  du  temps  par  le  tiret  qui  ne  peut  nullement  en  tenir 
lieu.  Pour  ma  part,  je  reste  à  cet  égard  tout  à  fait  classique. 

—  Waterloo  1  Waterloo  1  —  Qu'ils  sont  fiers  de  leur  gloire  ! 
Et  pourtant  ont-ils  rien,  même  dans  leur  victoire 

(  Que  l'art  sublime  des  combats  , 
Moins  que  la  trahison  ,  vous  savez ,  leur  a  faite  ) , 

Qui  vaille,  au  front  de  la  défaite, 
Ce  mot:   a  La  gardr  mkurt,   elle  ke  se  rkad  pas»? 

(L.  N.  La  Bataille  d'Is/y.) 
Les  deux  vers  mis  en  parenthèse,  dans  cet  exemple,  doivent  être  pro- 
noncés plus  bas ,  comme  quelque  chose  qu'on  n'ose  se  dire ,  tant  c'est  hon- 
teux pour  l'humanité;  ce  qu'indique  parfaitement  la  parenthèse;  ce  que 
n'indiquerait  pas  la  virgule,  ni  n)êniele  tiret. 

On  met  aussi  entre  deux  parenthèses  les  chiffres  qui  marquent 
l'année  d'un  événement,  —  les  renvois,  soit  en  nuniéros,  soit  en 

(1)  l'iirase  liés  claiit  cl  très  tléganle  '. 


•<--  (.Jl.VM.UAJKE    IIVAAÇAISK. 

aslérisques,  qui  iiidiquenl  une  oole  au  bas  de  la  page  ou  à  la  lin 
du  discours,  du  chapitre,  —  ainsi  que  le  nom  des  auteurs  cités. 
Exemple  : 

Cent  dix  mille  Perses  ,  sous  les  ordres  de  Mardoniiis,  abordèrent 
dans  les  plaines  de  Marathon ,  où  ils  furent  défaits  par  dix  mille 
Athéniens  et  mille  Platéens,  que  commandait  Miltiade  (490). 

Une  chose  des  plus  importantes  à  laquelle  n'ont  pas  songé  les 
grammairiens ,  c'est  la  place  que  doivent  occuper  les  signes  de 
ponctuation  par  rapport  à  la  parenthèse. 

Au  milieu  d'une  phrase  simple  ,  les  signes  de  la  parenthèse  rem- 
placent la  virgule ,  qu'on  emploierait  pour  une  proposition  moins 
indépendante.  Exemple  : 

Le  pigeon  profita  du  conflit  des  voleurs. 
S'envola,  s'abattit  auprès  d'une  masure  , 

Crut  pour  ce  coup  que  ses  malheurs 

Finiraient  par  rette  aventure; 
Mais  un  lïipon  d'enfant  [cet  âge  est  sans  pitié) 
Prit  sa  fronde  et  du  coup  tua  plus  d'à  moitié 

La  volatile  (d)  malheureuse.  (La  1''omtaink.) 

Je  crois  aussi  (soit  dit  sans  vous  déplaire) 

Que  femme  pi-ude  ,  en  sa  vertu  sévère, 

Peut  en  public  faire  beaucoup  de  bien, 

Mais  en  secret  souvent  ne  valoir  rien.  (Voltaire,  cité  par  ^iV.  D.) 

Si  la  parenthèse  vient  à  la  suite  de  la  proposition  qu'elle  expli- 
que ou  raodiûe  ,  le  signe  de  ponctuation  qui  doit  suivre  cette  pre- 
mière proposition  se  place  immédiatement  après  la  parenthèse 
fermée.  Exemple  : 

Caton  se  la  donna  (  la  morl).  —  Socrate  l'attendit.      (Lemierbb.) 

C'est  qu'il  ne  suffit  pas  aux  nobles  , 
Pour  être  plus  que  vous,  d'avoir  un  nom  pompeux 

(Et  d'ailleurs  vous  êtes  tous  nobles  , 
Car  n'avez-vous  pas  tous  des  héros  pour  aïeux  ?  )  ; 
C'est  qu'un  souffle  divin  frissonne  dans  vos  fibres  ; 
C'est  que  vous  êtes  grands  ,  c'est  que  vous  êtes  libres  , 

Et  que  la  liberté,    doux  fruit 
De  vos  efforts  marqués  par  de  sanglants  vestiges  , 

Fait  éclore  de  tels  prodiges 
Au  cœur  des  nations  ou  son  soleil  reluit.    (L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

(I)   ro/«<(76  est  leguiiéremiut  masculin. 


DES  SIGNES   DE   PONCTlUTfOX.  425 

Je  croyais,  moi  (jugez  de  ma  simplicité),  (1) 

Que  l'on  devait  rougir  de  la  duplicité  , 

Que  trahir  son  ami,  c'était  faire  un  grand  crime.    (Destouchks.) 

Quand ,  au  contraire ,  les  mots  en  parenthèse  sont  placés  en  tète 
delà  proposition  qu'ils  expliquent  ou  modifient,  la  parenthèse  fer- 
mée n'est  suivie  d'aucun  signe.  Exemple  : 

(  888)  La  diète  germanique,  que  Charles  le  Gros  avait  convoquée, 
et  par  la  quelle  ce  prince  fut  déposé  lui-même,  éleva  au  trône  Ar- 
nould ,  bâtard  de  Carloman  de  Bavière. 

Quand  la  phrase  en  parenthèse  se  rapporte  à  une  suite  de  propo- 
sitions complètes  dont  elle  est  entièrement  séparée  par  la  ponc- 
tuation ,  elle  reçoit  elle-même  un  point  avant  la  parenthèse  fer- 
mée. 

Quatre  corps  étendus  !  que  de  biens  !  Mais  pourtant 
Il  faut  les  ménager  ;  ces  rencontres  sont  rares. 

(Ainsi  s'excusent  les  avares.  )  (La  Fontaine.  ) 

C'était  un  privilège  des  écoliers  d'être  pendus  chez  eux. 

(La  plupart  de  ces  privilèges,  pour  le  noter  en  passant,  et  il  y 
en  avait  de  meilleurs  que  celui-ci ,  avaient  été  extorqués  au  roi  par 
révoltes  et  mutineries.  C'est  la  marche  immémoriale.  Le  roi  ne  lâ- 
che que  quand  le  peuple  arrache.  Il  y  a  une  vieille  charte  qui  dit  la 
chose  naïvement ,  a  propos  de  fidélité  :  —  Cnnbusjidelitas  in  reges, 
quœ  tamen  aliquoties  seditionibus  interrupta,  multa  peperit  pvnnlc- 
gia  )  (2).  (  Victor  Hugo.  ) 

CROC-EN-.TAMBE ,  S.  m.  (Le  G  final  de  cuoc  se  prononce  forte- 
ment. )  (Dictionnaire  de  V Académie.) 

Aucun  des  signes  modificatifs  (Je  point  interrogatif  et  le  point 
exclamatif)  ne  peut  être  remplacé  par  les  parenthèses  :  Exemple. 

Mais  que  John  Bull  a  bonne  grâce 
A  vous  braver  ainsi,  caché  modestement 

(Oh  !  le  superbe  trait  d'audace  !  ) 
Derrière  le  Hongrois,  le  Russe,  et  l'Allemand  !  [h.^. Fleurs  du  Dan.) 

11  en  est  de  même  du  guillemet. 

(1)  Cette  virgule  est  nécessitée  par  le  pronom  mol. 

(2)  La  fidélité  envers  les  rois,  en  tant  qu'elle  est  pourtant  quelquel'oi.» 
inlerronipue  par  lies  séditions  ,  l'nl'anlf  fx'îiiicoup  de  privilé^rs. 


i24  ghammaiuk  phancafse. 

Des  Crocbets. 

On  appelle  crochets,  en  termes  d'imprimerie,  certaines 
parenthèses  moins  usitées  que  les  parenthèses  ordinaires, 
et  qui  consistent  en  des  lignes  verticales  dont  les  extrémités 
sont  recourbées  à  angle  droit  [J.  On  ne  les  emploie  guère 
que  lorsque  les  parenthèses  jouent  déjà  un  rôle  particu- 
lier. Exemple  : 

Dufort  esl  mon  ami  d'enfance.  11  est  appelé  à  une  place  émi- 
nente;  il  connaît  mes  besoins ,  et  plus  d'un  emploi  est  à  sa  dispo- 
sition ;  il  est  flatté  de  me  voir ,  mais  il  n'est  pas  obligé  de  deviner 
l'objet  de  ma  visite  [tous  les  amis  ne  ressemblent  pas  a  cenx  du 
Monomotapa  (La  Fontaine,  fable  des  Deux  Jm>s]\;  je  le  mets  sur 
la  voie ,  etc.  (Cité  par  M.  Frey.  ) 

On  met  ordinairement  entre  deux  crochets  les  mots  d'un  texte 
qui  sont  interpolés  (et  non  pas  interposés ,  comme  dit  M.  Napoléon 
Landais) ,  c'est  à  dire ,  insérés  par  ignorance  ou  par  fraude. 

On  nomme  encore  crochets  certaines  figures  recourbées  qui  ser- 
vent à  lier  ensemble  deux  ou  plusieurs  articles. 

Crochet  se  dit  encore  de  ces  traits  recourbés  ou  droits  qui  s'a- 
joutent à  la  queue  de  certaines  notes  de  musique. 

De  r.4ccolafle  (1). 

Uûccolade  est,  dit  l'Académie,  une  sorte  de  trait  en 
forme  de  crochet  brisé  à  son  milieu  ( — ■),  qui  sert  dans 
récriture  et  dans  l'impression,  à  embrasser  plusieurs  objets, 
soit  pour  en  former  un  tout,  soit  pour  montrer  ce  qu'ils  ont 
de  commun  ou  d'analogue  entre  eux. 

L'accolade  s'emploie  souvent  dans  les  comptes,  dans  la 
formation  des  tableaux,  etc.,  et  se  place,  suivant  le  besoin, 
horizontalement  ou  perpendiculairement;  elle  est  droite  ou 
renversée.  Exemples  : 

(1)  Du  latin  <?</,  a,  et  c«//h»i  ,  con  :  euibrassement ,  liaison. 


T.  II. 


42(J  IIKAIMMAII'.K    IKWÇAISK. 

Variation  et  gradation  des  Caractères. 

Il  ne  suffit  pas  qu'au  moyen  des  signes  de  ponctuation  le  sens 
soit  rendu  parfaitement  clair  et  intelligible,  il  est  en  outre  de  cer- 
tains mots,  de  certaines  expressions,  de  certains  passages  qui  de- 
mandent à  être  distingués  du  reste  du  discours.  On  emploie  pour 
cela  des  caractères  différents.  Exemples  : 

On  avait  autrefois  tant  de  confiance  dans  la  vertu  de  certaines  her- 
bes ,  qu'on  les  croyait  capables  d'opérer  par  le  seul  contact.  De 
la  cette  expression  (qu'on  emploie  en  parlant  a  une  personne  de 
mauvaise  humeur):  Sur  quelle  herbe  aeez-vous  marché  aujourd'hui'^ 

Cy***,  l'ami  de  tous  les  gens  de  lettres,  a  la  manie  de  tutoyer 
toutes  les  personnes  qu'il  a  vues  deux  fois.  Rencontrant  un  jour 
M.  Alexandre  Dumas ,  il  lui  prit  la  main  en  disant:  «  Bonjour, mon 
ami  ;  comment  te  portes-tu  ?  —  Très-bien  ,  mon  ami  ;  comment  te 
nommes-tu?  » 

L'énigme  a  quatre  mois  :  Le  peuple  vedt  manger. 

(Babthklbmy.  Némésis.  ) 

Les  citations  latines,  les  inscriptions  doivent  toujours  être  diffé- 
renciées par  le  caractère.  Exemples  : 

On  spécule  partout  sur  le  sale  décime  ; 
L'rturt  sacra  fumes  (1)  est  leur  seule  maxime. 

(Barthélémy,  Néwésls.) 

Le  prince  Henri  de  Prusse ,  visitant  a  Genève  les  fabriques  d'hor- 
logerie, s'arrêta  long  temps  dans  l'atelier  d'un  artiste  en  rouages. 
En  sortant  il  lut  sur  la  porte  cette  inscription  :  Le  loisir  des  gens 

OISIFS  FAIT  LE   TOURMENT  DES  PERSOiNNES  OCCUPÉES.    «  Cela  pourrait 

me  regarder?  dit  le  prince.  —  Oui,  monseigneur,  répondit  l'ar- 
tiste ,  c'est  a  cause  de  vous  que  cette  inscription  est  là  depuis  vingt- 
cinq  ans.  Je  recevais  alors  d'exactes  nouvelles  d'Allemagne  ;  tout  le 
quartier  accourait  chez  moi  pour  entendre  le  récit  de  vos  victoires , 
et  je  fus  obligé  d'avoir  recours  a  cet  avertissement  pour  écarter  les 
importuns.  » 

On  souligne  dans  l'écriture  les  mots  ou  les  passages  qui  doivent 
être  imprimés  en  caractère  différent.  Une  ligue  pour  l'italique,  deux 
lignes  pour  les  petites  capitales  ou  médiuscules. 

(1)   La  sacrée  l'ai  m  de  l'or. 


DES  SKIÎVES  DE  PONCTUATION.  427 

Des  Caractères  d'Imprimerie. 

On  enlend  par  caractères  d'imprimerie  de  pelils  parallélipi- 
pèdes  métalliques  dont  chacun  porte  gravée  en  relief,  à  une  de 
ses  extrémités ,  une  lettre  ou  toute  autre  figure  employée  dans 
l'impression  des  livres.  La  matière  des  caractères  d'imprimerie  se 
compose  ordinairement  d'un  mélange  de  plomb  et  de  régule  d'anti- 
moine. Graver,  fondre  des  caractères.  Graveur,  fondeur  en  carac- 
tères. Caractères  neufs.  L'invention  des  caractères  d'imprimerie  est 
due  à  Schaeffer  et  date  de  1450.  On  dit  aussi:  types. 

Caractère  se  dit  souvent  de  l'ensemble  des  types  de  même  gros- 
seur ou  force  de  corps.  Caractère  usé.  La  force  de  corps  d'un  ca- 
ractère ,  la  dimension  de  la  pièce  fondue  que  supporte  l'œil  de  la 
lettre  ,  et  qui  se  mesure  par  points  typographiques  du  côté  du  cran. 
Ce  caractère  est  fondu  sur  le  corps  dix,  sur  le  corps  douze,  etc., 
c'est  à  dire,  sur  un  corps  de  dix  points,  de  douze  points  typographi- 
ques. —  Le  poitit  typographique  est  une  mesure  qui  vaut  deux  points 
ou  un  sixième  de  ligne. — On  nomme  lettre  de  deux  points  une  grande 
lettre  en  forme  de  capitale  qu'on  place  au  commencement  d'un  ou- 
vrage ou  de  chacune  de  ses  principales  divisions,  et  qui  a  une  force 
de  corps  double  de  celle  du  caractère  qu'elle  accompagne.  A  cette 
dénomination  amphibologique  on  a  cru  devoir  substituer  le  nom 
de  lettre  binaire.  Il  y  en  a  qui  lui  préfèrent  celui  de  lettre  initiale, 
sans  songer  que  chaque  mot  a  aussi  sa  lettre  initiale  qui  n'est  pas 
du  tout  celle  dont  il  s'agit.  La  lettre  binaire  a  succédé  à  la  lettre 
montante ,  qui  avait  succédé  à  l'ancienne  lettre  dite  de  deux 
points.  Il  y  a  une  différence  sensible  entre  la  lettre  binaire  ou  de 
deux  points  et  la  lettre  majuscule  ou  capitale.  La  lettre  binaire  a 
une  forme  carrée,  plus  développée;  les  jambages  en  sont  plus  dis- 
tants l'un  de  l'autre. —  L'œil  d'un  caractère,  le  relief  de  la  lettre,  la 
partie  du  caractère  qui  laisse  son  empreinte  sur  le  papier,  et  qui 
dans  les  caractères  de  même  corps  varie  souvent  de  dimension. 
Gros  œil.  Petit  œil.  OEil  ordinaire.  OEil  moyen.  OEil  se  dit  aussi  de 
l'ensemble  que  présentent  à  la  vue  les  caractères  imprimés.  L'œil 
de  ce  caractère  ne  me  plaît  point,  il  est  trop  gros ,  il  est  trop  petit. 

Les  pleins,  les  déliés  d'une  lettre.  Des  pleins  maigres.  Des  pleins 
bien  nourris.  Les  jambages  d'une  lettre.  Lettres  taillées.  Lettres 
ornées.  Lettres  ombrées  ou  à  relief.  Lettre  grise  ou  historiée, 
grande  capitale  ornée  de  certaines  figures  et  ordinairement  gra- 
vée sur  du  bois  ou  sur  du  cuivre. 


i'ii^  (iUAMMAlKE  KKA.NÇAISE. 

On  appelle  cran  le  pelil  sillon,  la  petite  cannelure  faite  sur  uu 
des  côtés  du  corps  de  chaque  lettre,  pour  que  l'ouvrier  puisse  pla- 
cer les  caractères  dans  le  sens  convenable  ,  lorsqu'il  compose.  Le 
côté  du  cran. —  Il  faut  distinguer  les  côtés  du  corps  des  deux  côtés 
dits  d'approche.  —  Le  bas  et  le  dessous  de  la  \lige  forment  le  pied. 
L'épaisseur  de  la  tige  se  mesure  entre  les  deux  côtés  d'approche. 
Approche  horizontale ,  dislance  entre  les  lettres.  Approche  verti- 
cale, distance  entre  les  lignes. 

On  n'a  distingué  pendant  long-temps  que  deux  sortes  de  carac- 
tères :  le  romain  et  Vitalique.  Depuis  quelques  années  on  a  intro- 
duit dans  l'imprimerie  cinq  autres  espèces  d'écriture:  la  bâtarde, 
la  coulée,  Y  anglaise,  la  ronde ,  et  la  gothique. 

La  bâtarde  est  une  sorte  d'écriture  penchée ,  à  jambages  et  à  liai- 
sons arrondies,  qui  tient  le  milieu  entre  la  ronde  et  la  coulée. 

La  coulée  est  un  caractère  d'écriture  penché,  dont  toutes  les 
lettres  se  tiennent  et  dont  les  jambages  sont  droits.  Ces  deux  carac- 
tères n'existent  déjà  plus. 

V anglaise  est  une  sorte  d'écriture  également  penchée,  à  pleins 
un  peu  grêles  et  à  déliés  très-fins.  Exemple  : 

^Z^&f  Âo??vm&J  •ne  a^ère?^â  e^tli'e  ecMv  aue  /uif^  le  mérUe. 

La  ronde  est  une  sorte  d'écriture  dont  les  traits  son  presque  per- 
pendiculaires. Exemple  : 

CUeuœ  (oi^  aoyiv&tvawï  ve  monde  :  ta  loi/  du>  pM,i4  rotb  eh  laloi  cm  piiu)  rir;. 

La  gothique  est  un  caractère  d'écriture  à  traits  sinueux  et  à  ex- 
trémités angulaires.  Il  y  a  la  gothique  dite  allemande  et  la  gothique 
moderne.  Exemple  de  l'une  et  de  l'autre  : 

^Çimes^-vous  les  uns  Ui  attires,  afin  Vlin  (jeureujr. 

Il  existe  un  nouveau  caractère  d'écriture  nommée  américaine, 
que  quelques  uns  recommandent  comme  de  beaucoup  préférable  à 
Y  anglaise. 

Il  y  a  encore  X égyptienne ,  caractère  exagéré ,  à  la  vue  duquel 
M.  Frev  s'écrie  : 


DES  SIGNES  DE  POi\CTUATIO-\. 
Il  nous  faut  du  nouveau  ,  n'en  fùtU  plus  au  monde  1 


120 


Exemple  : 

Les  hommes  sont  égaux. 

Le  grand  nombre  de  caractères  divers  que  possède  aujourd'hui 
l'imprimerie  française  offre  deux  genres  ou  types  bien  marqués  parla 
nature  même  de  leurs  services  :  1°  le  type  ordinaire  ,  que  son 
adaptation  variée  sur  les  corps  divise  en  régulier  et  irrégulier; 
2°  le  TYPE  AUXILIAIRE  OU  de  FANTAISIE ,  que  la  forme  particulière 
de  ses  lettres  partage  en  trois  espèces  :  œil  modifié  du  romain  or- 
dinaire ,  œil  à  extrémités  généralement  circulaires ,  et  cuil  à  ex- 
trémités angulaires. 

Tablean  des  divers  Caractères  d'imprimerie. 


PoinU 
typographiques 

crtés 

par  FoDKNiEn 

en  1-37. 

NOMS 

CONVENTIONNELS 

ASCIEXS. 

EXEMPLES. 

Corps  3. . 
II.. 

leur  toniact .  el  t'est  leur  privatioDsqui  les  rend  mal- 

Perle  

5.. 

Parisienne 

heureux  L'amour,  la  charité  pourrait  faire  un 

6.. 

Non-pareille  (1).... 

paradis  de  la  terre. 

!.. 

Mignonne 

Où  règne  ramour,renvie  ne  peut  se'journer 

8.. 

Petit- texte 

Les  hommes  d'exception  ont  le 

9.. 

10.. 

Gaillarde 

tort  de  croire  toutes  les  natures 
taillées  sur  leur  patron.  Peuples, 

Petit-romain 

H.. 

Philosophie  ....... 

n'oubliez  pas  que  c'est  la  ré- 

12.. 

Cicéro.. 

volution  française  qui  a  pro- 
clamé le  grand  principe 
de  la  liberté  dont  elle 

14.. 
16.. 

Saint-Augustin. . . . 
Gros-texte 

18.. 

Gros-romain 

voudrait  répandre  les 

20.. 

Petit-parangon  .... 

bienfaits  sur  toutes 

22.. 

Gros-parangon 

les  nations. 

24.. 

Palestine 

Je  mii  pas 

changé  en 

28.. 

1 

Petit-canon 

fl)  L'Académie  écrit  en  un  seul  mot  nonpareille.  Les  autres  écrivent  nompartiUe.  La  véritable  or- 
thographe de  ce  mot  est  nim-parcilk;  uni  ne  poutiint  se  rappiochci  de  panilU  .  ^ans  se  changer  en 
mnn  à  cause  du  p.  ce  qui  le  défigure  passaMrminl. 


■ÎÔO  GUVMMAmE    l'U.V.XÇAISi:. 

II  y  a  encore  le  36  ou  Trismégiste,  le  44  ou  Gros-canon,  le  56 
ou  Double-Canon,  le  72  ou  Triple-canon,  le  96  ou  Grosse  Non- 
jHireUle ,  tous  caractères  trop  gros  pour  pouvoir  figurer  ici. 

De  la  combinaison  bien  entendue  de  ces  divers  caractères  résulte 
l'art  de  parler  aux  yeux. 

Cicéro  gros  œil.  Vicéro  petit  œil.  On  dit  par  ellipse  du  quatre,  du 
cinq,  du  six,  etc.,  pour  du  caractère  dont  le  corps  a  quatre,  a 
cinq,  a  six  points  typographiques.  On  nomme  caractère  poétique 
une  espèce  de  caractère  romain  qui  diffère  du  type  régulier  par  un 
œil  maigre ,  à  panses  et  à  jambages  plus  serrés.  Il  offre  cet  avan- 
tage ,  que  ,  par  exemple ,  le  onze  poétique  peut  généralement  re- 
produire sans  coupure  le  vers  alexandrin  dans  un  in-octavo  moyen, 
et  le  dix  poétique  dans  l'in-douze ,  tandis  qu'il  faudrait  dans  les 
deux  cas  le  caractère  ordinaire  immédiatement  au  dessous  pour 
faire  entrer  le  même  vers  dans  une  seule  ligne. 

Lettres  supérieures,  Lettres  plus  petites  que  le  caractère  qu'elles 
accompagnent,  et  qui  figurent  en  haut  dans  les  abréviations  :  1°,  1", 
M^e,  etc.  Lettres  microscopiques ,  Lettres  très-petites. 

Voilà,  je  l'espère,  un  traité  complet  de  ponctuation  (1), 
lequel,  pour  parler  comme  Jules  Janin ,  ne  laisse  rien  à  dé- 
sirer. Qu'il  y  ait  dans  tout  cela  beaucoup  d'esprit  et  de  lo- 
gique, qui  en  doute?  Peut-être  quelques  maîtres  de  langue, 
infatués  de  Girault  Duvivier  ou  de  Napoléon  Landais,  et  in- 
corporés de  telle  sorte  avec  eux ,  qu'on  ne  saurait  les  en  sé- 
parer sans  les  faire  crier.  Criez  ,  sifflez,  soufflez,  cela  m'est 
bien  égal.  Jetez  votre  langue  aux  chiens,  je  n'irai  pas  la 
ramasser. 


(1)  Seulement  cela  nous  a  mené  plus  loin  que  je  ne  pensais.  Je  com- 
mence à  craindre  que  l'ouvrage  ne  puisse  tenir  dans  les  limites  que  nous 
nous  étions  imposées.  Est-ce  que  nos  souscripteurs  oseraient  se  plaindre 
que  la  mariée  est  trop  belle  ?  J'ose  espérer  au  contraire  qu'ils  apprécieront 
la  peine  que  je  me  donne  pour  leur  faire  un  livre  digne  d'eux,  et  que,  sen- 
tant eux-mêmes,  mieux  que  je  ne  l'ai  l'ait  d'abord,  combien  il  est  impossi- 
ble de  prévoir  jusqu'où  peut  aller  un  ouvrage  de  la  nature  de  celui-ci ,  où 
tout  est  à  créer,  ils  ne  paralyseront  pas  par  de  misérables  cbicanesle  zèle 
qui  m'anime  pour  le  bien  public. 

On  ne  doit  pas  oublier  que  pour  les  enfants  qui  apprennent  à  lire,  et  pour 
tous  ceux  en  général  qui  lisent  sans  comprendre  ,  les  signes  de  ponctua- 
tion ne  sont  que  des  repos. 


DES  SIGNES  DE  PONCTUATION.  A~)\ 

Il  ne  faut  tenir  qu'an  suffrage  des  cœurs  bons  et  des  es- 
prits droits. 

C'est  ce  que  me  répète  tous  les  jours  mon  compatriote  et 
ami  M.  C.  Etienne,  la  seule  voix  encourageante  qu'il  me 
soit  donné  d'entendre  dans  mon  exil ,  au  milieu  d'un  peuple 
qui  ne  donne  pas  dans  l'amour  exagéré  des  lettres  ni  des 
lettrés...  Chut  ! 

A  chacun  donc  son  élément  1 
Ridicules  pédants  (1),  qu'une  idée  assassine, 
Si  vous  ne  roulez  pas  de  ce  livre  charmant , 
Où  partout  un  palais  remplace  une  ruine. 

Dans  la  bourbe  de  la  routine 

Barbottez  éternellement. 


De  quelques  antres  (Signes  nsités  dans 

l'Imprimerie. 

C'eût  été  ici  le  lieu  de  parler  des  lettres  majuscules,  qui  sont 
aussi  des  auxiliaires  de  la  ponctuation  ;  mais,  puisque  nous  en  som- 
mes sur  les  signes  propres,  nous  terminerons  auparavant  le  chapitre 
des  signes.  4 


XetTRE  dominicale,  La  lettre  qui 
marque  le  dimanche  dans  l'a Imanach  per- 
pétuel. Il  yen  a  sept,  et  ce  sont  les  sept  pre- 
mières, de  A  à  G.  A  indique  le  premier 
jour  du  mois,  B  le  second,  G  le  septième. 
On  met  ensuite  A  pour  le  huitième,  et 
ainsi  de  suite.  Si  A  est  la  lettre  domini- 
cale d'une  année  ,  tous  les  jours  du  mois 
où  se  trouve  un  A  sont  des  dimanches. 
Il  en  est  de  même  des  autres  lettres  qui 
deviennent  successivement  dominicales. 
Dans  les  années  bissextiles,  il  y  a  deux 
lettres  dominicales,  dont  l'une  sert  depuis 
le  1'''  janvier  jusqu'au  l^'  mars,  et  l'autre 
depuis  cette  époque  jusqu'à  la  fin  de  l'an- 
née. Les  lettres  deviennent  dominicales 
d'une  année  à  l'autre,  dans  un  ordre  ren- 
versé. Si  la  lettre  dominicale  d'une  année 
est  A,  l'année  suivante,  c'est  G.  Pour  cal- 
culer les  lettres  dominicales  des  années, 
entre  1800  et  1900,  on  prend  le  nombre 


de  l'année,  sans  tenir  compte  des  siècles, 
Zi5  par  exemple,  s'il  s'agit  de  l'année  18/15. 
On  ajoute  le  quart  exact  de  ce  nombre , 
sinon  le  quart  avec  l'excès.  On  divise  en- 
suite par  7  et  on  retranche  de  6  le  reste  de 
la  divison.  La  différence  indique  la  lettre 
dominicale  en  prenant  les  lettres  dans 
l'ordre  alphabétique,  c'est  à  dire  A  pour  1, 
B  pour  2,  etc.  Si  la  différence  est  O,  la 
lettre  dominicale  est  G. 

Le  cycle  des  lettres  dominicales  est  de 
vingt-huit  ans. 

(En  latin  dominicalis ,  de  dominus,  sei- 
gneur.) 

liETTRES  HIÉROGLYPHIQUES,  SC  dit 
improprement  de  certaines  figures,  de  cer- 
tainscaractères  dont  se  servaient  les  Egyp- 
tiens. (Du  grec  Itiéros ,  sacré,  et  gluphu  , 
je  grave.  ) 

IiETTRES  NUMÉRALES,  Les  lettres  dont 
les  Grecs  et  les  Romains  se  servaient  pour 


(1)  Je   n'entends  ]>arler  que  de  certains  Béotiens,  comme  j'en  ai  rencontré  quel- 
ques uns.  Quant  aux  hommes  bons  et  intelligents,  ils  (mt  tous  droit  à  mes  hommages. 


.1 


.',7,1 


GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 


représenter  les  nombres.  Les  lettres  nu- 
mérales des  Romains,  au  nombre  de  sept , 
sont  :  C,  D,  I,  L,  M,  V,  X.  On  les  ap- 
pelé encore  chiffres  romains  ou  chiffres  de 
compte.  (Du  latin  numerus,  nombre.) 

liETTHlNE ,  Petite  lettre  qui  se  met  en- 
tre parenlbèscs,  au  dessus  ou  à  cùlé  d'un 
mot ,  pour  renvoyer  le  lecteur  à  des  notes 
placées,  soit  à  la  marge,  soit  au  bas  des 
pages.  11  se  dit  également  des  lettres  ma- 
juscules qui  se  mettent  au  haut  des  colonnes 
ou  des  pages  d'un  dictionnaire,  pour  indi- 
quer les  initiales  des  mots  qui  s'y  trouvent, 
ou  danslespagesjdansles colonnes  mêmes, 
pour  indiquerle  changement  de  la  syllabe 
initiale.  Les  lettrines  ne  sont  susceptibles 
d'aucune  ponctuation. 

Astérisque   ou   étoile,    Signe   en 

forme  d'étoile  ('),  qui  indique  un  renvoi, 
ou  qu'on  emploie  pour  quelque  désignation 
convenue.  Quand  il  n'y  a  qu'une  ou  deux 
notes  dans  la  page  ,  l'astérisque  entre  pa- 
renthèses suffit.  S'il  y  en  a  trois,  ou  plus, 
il  faut  se  servir  de  chiffres  :  (1),  (2),  (3),  etc. 
L'astérisque  sans  parenthèses  convient 
pour  les  notes  de  notes.  Dans  les  pièces 
de  théâtre,  on  marque  souvent  d'un  asté- 
risque les  vers  qui  doivent  être  suprimés  à 
la  représentation.  On  remplace  ordinaire- 
ment par  des  astérisques  les  syllabes  d'un 
nom  propre,  dont  on  ne  met  que  la  lettre 
initiale  :  M.  G^**'.  Souvent  on  met  autant 
d'astérisques  que  le  nom  propre  comporte 
de  lettres.  De  cette  manière  l'anonyme 
n'existe  plus  guère  que  pour  les  étrangers. 
On  désigne  par  l'expression  Monsieur  trois 
étoiles  quelqu'un  qu'on  ne  veut  pas  nom- 
mer ,  ou  qui  n'est  qu'un  personnage  ima- 
ginaire. On  écrit  et  on  imprime  Monsieur 
ou  M.  "'*. 

(En  latin  asleriscus,à'aster, astre.)  M.  Na- 
poléon Landais  raille  l'Académie  sur  ce 
qu'elle  n'écrit  pas  à  la  française  astériqtic 
au  lieu  d'astérisque,  beaucoup  trop  grec  et 
trop  latin.  Pourquoi  ne  pas  écrire  de 
mêmeotc/i^ueaulieu  d'o6e/(i'7«e.' C'est,  dit 
M.  Napoléon  Landais,  que  l'Académie 
veut  que  nous  soyons  Grecs  et  Latins  avant 
d'être  Français.  Ah  1  Messieurs  les  maîtres 
de  langue!  Ah!  Monsieur  J.  B.!  Ah! 
Monsieur  L***!  Que  vos  jugements  sont 
impénétrables! 

Guidon  de  renvoi,  ou  simplement 
GUIDON,  Marque,  signe  quelconque  que 
l'on   fait  en  ajoutant  quelque  chose  à  un 


écrit,  pour  indiquer  l'endroit  où  l'addition 
doit  être  placée  ,  et  que  l'on  répète  au 
commencement  df  cette  addition.  —  En 
Musique ,  Marque  que  Von  fait  au  bout 
d'une  ligne,  pour  indiquer  l'endroit  où  doit 
être  placée  la  note  qui  commence  la  ligne 
suivante. 

M.  Napoléon  Landais  prétend  que  le 
guidon  est  absolument  la  même  chose  que 
l'astérisque.  Aussi  n'en  parle-t-il  que  pour 
mémoire.  11  aurait  mieux  fait  de  n'en  pas 
parler  du  tout,  à  l'exemple  de  M.  Girault 
Du  vivier,  dont  la  curiosité  ne  va  pas  si 
loin,  fort  heureusement. 

Croix,  Marque  formée  de  deux  traits 
croisés  ("f*).  Autrefois  on  se  servait  de  mi- 
nuscules italiques  du  même  corps  que  le 
texte  ,  accompagnées  de  parenthèses  , 
quand  les  notes  étaient  fréquentes.  Lors- 
qu'elles l'étaient  moins,  la  minuscule  était 
remplacée  par  Vastèrisqac  entre  paren- 
thèses; on  doublait  l'astérisque  pour  une  se- 
conde note  de  la  même  page,  mais  pour 
la  troisième  on  mettait  une  croix ,  et  pour 
la  quatrième  un  pied-dc-ntouche.  On  met 
dans  certains  livres,  dans  les  dictionnaires 
surtout,  une  croix  en  tête  des  articles  ou 
des  mots  qu'on  veut  faire  remarquer.  C  'est 
ainsi  que  dans  le  Dictionnaire  des  Dic- 
tionnaires,  tous  les  mots  omis  par  l'Aca- 
démie sont  précédés  d'une  croix. 

FlED-DE-MOUCHE,  Signe  qu'on  figure 
ainsi  (^)  et  dont  on  se  sert  quelquefois 
pour  les  renvois. 

Main.  |^3?*  «  On  ne  se  sert  guère  d'une 
main  dessinée  que  dans  les  feuilles  pu- 
bliques, pour  attirer  les  yeux  sur  une  an- 
nonce de  quelque  utilité  ou  de  quelque  im- 
portance." M.  Napoléon  Landais  n'en  parle 
ainsi  que  pour  éviter  le  reproche  d'avoir 
fait  des  omissicms.  Nous  lui  ferons  pour- 
tant celui  d'avoir  omis  le  pied  de  mouche. 

Pourvu  qu'on  ne  me  fasse  pas ,  à  moi , 
celui  de  disputer  sur  un  pied-de-mouche! 

Aux  yeux  de  M.  Napoléon  Landais,  le 
pied-de-mouche,  la  main,  la  croix,  le  gui- 
don, etc.,  sont  des  signes  orthographiques. 

RÉCLAME,  y.  Méthode  du  Genre, 
page  559. 

Signature,  Lettres  ou  chiffres  que 
l'on  met  au  bas  des  feuilles  imprimées, 
pour  en  reconnaître  l'ordre  quand  il  s'a- 
git de  les  assembler  et  d'en  former  un  vo- 
lume. Vérifier  les  signatures. 


DE  QUELQUES  AUTRES  SIGNES  d' IMPRIMERIE.  J?55 

Des  signes  de  Correction. 

Aujourd'hui  que  Tari  d'écrire  est  la  proie  de  tous,  que  chacun 
aspire  au  litre  d'auteur,  que  chacun  a  ses  petites  impressions  de 
voyage ,  ses  petites  esquisses  de  salons ,  sa  petite  tragédie  classi- 
■que  ou  romantique ,  son  petit  roman,  sa  petite  anecdote,  sa  petite 
correspondance,  sa  petite  traduction,  son  petit  pamphlet  politique 
ou  littéraire  ,  sa  petite  ordonnance  municipale  ou  ecclésiastique ,  sa 
petite  harangue,  son  petit  manifeste,  sa  petite  circulaire,  son  pe- 
litprospectus,  son  petit  bouquet  à  Iris,  sa  petite  charade,  son  petit 
rébus,  sa  petite  prose  ou  ses  petits  vers  à  faire  imprimer,  la  correc- 
tion des  épreuves  est  devenue  partie  intégrante  de  la  grammaire. 
^  Z)c/ert<Hr,  effacez  ou  supprimez.         ,  ^ Redressez. 

2)  Retournez,  - Nettoyez. 

^/  ALaissez  un  blanc  quelconque. 


.  Nettoyez  et  redressez. 

I I     Remontez. 

I .  Rentrez  pour  marquer  l'alinéa. 

[       Alignez  verticalement. 

I    Alignez  liorizontalemrnt, 

'^^^^^  Remaniez. 


~\ 


1     |_J  Transposez  horizontalement. 

I '  Transposez  verticalement. 

XL  Ecartez  horizontalement. 

Ui-  Écartez  verticalement. 

Rapprochez  horizontalement, 
r     )  Rapprochez  verticalement. 

Observations  particulières. 

Les  substitutions  et  les  additions  ne  peuvent  être  marquées 
que  par  des  signes  de  renvoi  figurés  sur  l'impression  et  reproduits 
sur  la  marge  à  côté  des  lettres  ou  des  mots  à  substituer,  à  ajouter. 
Ces  signes  sont  de  simples  traits  verticaux  (  //  )  qu'on  multiplie  ac- 
cidentellement en  les  variant  par  des  traits  horizontaux  ([[]]). 
Lorsqu'il  s'agit  d'ajouter  une  lettre  dans  un  mot  en  même  caractère, 
et  que  l'endroit  où  il  faut  îa  faire  entrer  n'offre  pas  assez  d'espace 
pour  qu'on  puisse  y  insérer  le  trait  vertical  sans  effacer  les  lettres 
voisines,  on  a  recours  à  un  autre  signe  qui  a  la  forme  d'un  angle  a 
et  dont  on  applique  la  partie  aiguë  à  la  base  de  l'œil,  entre  les  deux 
lettres  qu'on  veut  ménager.  On  peut  aussi  modifier  ce  signe  ,  s'il 
doit  être  employé  plusieurs  fois  dans  la  même  ligne. 

Si  l'ajouté  est  considérable  et  qu'on  soit  obligé  de  le  transcrire 

T.  II.  SS 


434  GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 

sur  la  marge  do  lêle  ou  de  pied ,  on  a  soin  de  rendre  le  signe  de 
renvoi  plus  saillant ,  surtout  sur  la  marge. 

La  substitution  de  Vitalique  au  romain  ou  du  romain  à  l'itali- 
que ,  pour  un  mot  ou  plusieurs  mots ,  dit  M.  Frey ,  se  marque  sur 
l'impression  par  un  trait  vertical  placé  à  côté  de  la  première  lettre, 
auquel  on  joint ,  en  dessous  et  dans  toute  la  longueur  des  mots,  un 
trait  horizontal ,  lequel  forme  à  son  point  de  jonction  avec  l'autre 
un  angle  droit.  Ce  trait  angulaire  est  reproduit  en  raccourci  sur  la 
marge ,  et  en  dedans  de  l'angle  on  écrit  abréviativement  rom,  ou 
it.  On  en  fait  autant  pour  le  changement  en  médiuscules  ou  en  ma- 
juscules, en  mettant  méd.  ou  maj.  au  lieu  d'if,  ou  rom. 

Si  la  substitution  ne  doit  avoir  lieu  que  pour  une  ou  deux  lettres, 
on  peut  se  contenter  des  simples  traits  verticaux ,  en  soulignant 
les  lettres  indiquées  sur  la  marge  une  fois  pour  l'italique,  deux 
fois  pour  les  médiuscules ,  trois  fois  pour  les  majuscules,  et  quatre 
fois  pour  les  binaires  ou  lettres  de  deux  points. 

Pour  les  2)ages  à  colonnes,  pour  les  tableaux,  si  leurs  blancs  sé- 
paratifs  sont  trop  étroits,  voici  comment  on  s'en  tire  :  on  trace  d'a- 
bord un  signe  de  renvoi  sur  l'impression;  puis,  ce  signe,  on  le 
prolonge,  au  moyen  d'un  trait  fort  léger,  jusqu'au  blanc  le  plus 
voisin ,  où  l'on  indique  la  correction  à  faire. 

Pans  les  corrections  du  plain-chant  et  de  la  musique  on  trace 
un  trait  vertical  sur  la  note  à  changer,  on  reproduit  ce  trait  sur 
la  marge ,  et  à  côté  l'on  figure  sur  quatre  ou  cinq  barres  la  note  à 
substituer. 

Encore  une  observation  générale  et  préalable ,  comme  dit 
M.  Frey. 

Les  corrections  se  marquent ,  dans  leur  ordre  successif,  à  droite 
sur  le  recto  des  feuillets ,  et  à  gauche  sur  le  verso  ;  c'est  à  dire 
que  sur  le  recto  la  première  faute  doit  être  indiquée  immédiate- 
ment au  bout  de  la  ligne  ,  la  seconde  à  droite  de  la  première  , 
et  ainsi  de  suite;  tandis  que  sur  le  verso  l'indication  de  la  pre- 
mière faute  se  place  tout  près  du  début  de  la  ligne ,  où  elle  figure 
comme  chef  de  file. 

Si  la  marge  de  droite  ou  de  gauche  ne  suffit  pas ,  on  peut  em- 
ployer les  marges  de  tète  et  de  pied  ,  en  se  servant  de  signes  par- 
ticuliers plus  saillants. 

Le  tableau  suivant  en  apprendra  plus  sur  ce  sujet  que  toutes  les 
théories. 


DE  QLELOUES  ALIKES  SIGNES  DIMPRIMEKllf. 

Tableau  des  Signes  de  Correction! 


555 


VALEUR    DBS    SIGNES. 


Supprimez  en  rapprochant 

—  en  écartant 

—  des  mots  ou  lignes  . 

—  des  blancs 

Retournes  des  lettres 

—  des  mots 

Transposez  horizontalement 

—  verticalement 

Ecartez  horizontalement. . 

—  verticalement 

Rapprochez  horizontalemen  l 

—  verticalement 

Redressez 

—  et  nettoyez 

Substituez 

Ajoutez  des  lettres 

—  des  vwts 

Lettres  gâtées,  hautes  .... 

—  d'un  autre  corps, .. 
Majuscules,  médiuscules. . 

Italique,  romain 

Lettres  supérieures 

Apostrophes 

Alinéa  à  marquer 

—  rt  supprimer 

Alignez  verticalement. . . . 

—  horizontalement . . . 
Remaniez 

Bourdon  

Eupacci  a  baisser  =.  =  :.—  • 


TEXTE     A    COaHlGER. 


C'est  que  je  crois,  lui  di^s-je , 
quelle  bonheur  n'appartient 
pas  aux  JgIqsoos}  classes,  mais 
aux  individus. ^^C'^st^^vrai, 
repy^it  -  il ,  et  il  est  désol^^t 
d'être  aojoj-a  en  revenir  a  cette 
vulgaire  [te[véri],  [ujqje  le  ma- 


SIGNES    DE   RENVOI. 


désirs  à  la   somme  des  qua^ 


nouvrier   qui   sait   borner   ses 


rante^ous  qu'il  gagne  par  jour 
est  plus  heureux  que  l'empe- 
reur à  qui  la^^^puissance  et 


l'immensité  de  son  empire  ne 


suffisent  pas.  Hélasloui^re- 


"prït-il,  c'est  l'éducation  mo- 
Tâ^eT^èTiion  p^s  le  bien-êt^e 
maériel,  qui  est  le  princ/pe 
réel  et  solide  de  J  félicité.  Je 
n'ai  pas  voi/lu  le  croi/e,  j'ai 
été  biej,*  fou. 

(/tfrédéric  Soulié.  ] 

[Amour  \tout  est  dans  ce  mot. 
Mn()/  Desbordes  Valmore  est 

l/un  de  nos  plus  grands  poètes. 
[ÏÏn  Français  ne  se  rend  pas. 
"^Vaincre  ou  mourir. 

3/i57  2341 

nS620  1512 

La  garde  meu'  '?  ne  se  rend  pas. 


Vi- 


Parmi  les  grandes  dames  de 
enne,  le  sort  de  celles  qui  [ôïTt  du 
cœur  et  de  l'intelligence  j n'est 


^A#     / 

r/3// 

3/ 

rLJ  0; 


#/ 


-/f 


me    // 
//  // 


fous  les  plaisirs  du  cœur  et  de 
l  inlelligeuce'lem  soul'intcrdits. 


_  vou.  cc^ue 

x/  x/ 


556 


GIUMMAIUE    FUAAÇAISE. 


Ajoutons  eu  passant  l'explication  de  quelques  termes  particuliers,  usités 
dans  rimprimeric,  la  librairie,  etc. 


Ax-PHABÉTIQUË ,  Qui  ost  selon  l'ordre 
de  l'alpliabet.  Une  table  alphaùclu/uc.  Un 
index  alpliabéliquc. 

Ordre  alphabétique  ,  L'ordre  snl(in  le- 
quel les  lettres  sont  rangées  dans  l'alpha- 
bet. L'ordre  nlpliabéliqac  est  employé  dans 
tous  tes  vocabulaires. 

Écriture  alphabétique,  L'écriture  an 
moyen  des  lellres  de  l'alphabet,  par  oppo- 
sition à  Ecriture  hicrof^lyplûque. 

Alphabétiquement,  Dans  l'ordre  al- 
phabétique. 

Bau.es,  Instrument  avec  lequel  on 
étend  l'encre  sur  les  l'ornies.  11  consiste  en 
un  manche  de  bois,  évasé  en  entonnoir, 
dont  le  creux  est  rempli  de  laine  que  re- 
couvre une  double  peau  de  mouton  ou  de 
chien  fixée  avec  de  petits  clous.  Toucher 
une  forme  avec  les  baltes.  Les  baltes  sont 
aujourd'hui  beaucoup  vwijis  employées  que 
les  rouleaux. 

Démonter  les  balles ,  Déclouer  un  cùté 
des  peaux  ,  et  ûler  la  laine. 

Charger  les  balles  ,  Prendre  de  l'encre 
et  la  distribuer  sur  la  peau  des  deux  balles. 

Banque  ,  Le  payement  qui  se  fait  aux 
ouvriers  ,  chaque  semaine  ,  ou  tous  les 
quinze  jours,  ordinairement  le  samedi. 
Jour  de  banque.  Livre  de  banque. 

Barre  du  châssis,  Pièce  de  fer  qui 
traverse,  dans  le  sens  de  la  hauteur  ou  de 
la  largeur,  le  chûssis  dans  lequel  on  assem- 
ble ou  impose  les  pages. 

BiSSAUX  ,  Morceaux  de  bois  coupés 
obliquement. 

Blanc  ,  Tout  intervalle  plus  grand  que 
les  espaces  ou  les  interlignes  ordinaires. 
Une  ligne  de  blanc.  On  dit  qu't/«e  lettre 
porte  du  blanc,  pour  dire  que,  dans  la 
composition  ,  elle  laisse  naturellement  de 
l'espace  entre  elle  et  les  autres  lettres 
qu'elle  touche. 

Blanchet  ,  Morceau  d'étoffe  de  laine 
ou  de  soie  dont  on  garnit  le  tympan  d'une 
presse,  pour  amorlirle  coup  de  la  platine 
et  rendre  ainsi  le  foulage  plus  égal. 

Blocage,  Lettre  renversée  ou  retour- 
née que  l'on  met  dans  la  composition 
])Our  t('nir  provisoirement  la  place  d'une 
lettre  qui  manque. 

Bourdon  ,  Faulcd'un  compositeurqui 
a  passé  un  on  plusieurs  mots  de  la  copie. 
//  ,v   a  plusieurs  bourdons  dans  celle  page. 


Bout  de  ligne  ,  La  dernière  ligne 
d'un  alinéa  ,  quand  elle  est  terminée  par 
un  blanc  plus  ou  moins  considérable. 

Brocher,  Assembler  et  plier  les  feuil- 
les d'un  livre  de  manière  que  les  pages  se 
suivent,  puis  les  coudre  ensemble  avec  de 
la  ficelle  ou  du  fil  passé  dans  la  marge  in- 
térieure, et  les  couvrir  d'un  papier  de  cou- 
leur ou  autre.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  relier 
ces  cahiers  ,  il  suffît  de  les  brocher.  (  Acad.  ) 

Brochure  ,  Action  de  brocher  un  li- 
vre ,  des  livres  ;  ou  le  résultat  de  cette  ac- 
tion. Cette  femme  est  occupée  à  la  brochure. 
Des  livres  en  feuilles  et  en  brochure.  Dans 
le  premier  sens  on  dit  aussi  brochage. 

Brochure,  Ouvrage  imprimé  qui  a  peu 
d'étendue  et  qui  n'es!  que  broché.  Brochure 
politique.  Faire  relier  plusieurs  broeliuresen 
un  seul  volume.  Les  éditeurs  donnent  par- 
fois le  nom  de  demi-volume  a  une  brochure. 

Cadrât,  Petit  morceau  de  fonte  plus 
basque  les  lettres,  et  de  la  largeur  de  trois 
ou  quatre  chiffres  au  moins  ,  qui  main- 
tient les  caractères  et  ne  marque  point 
sur  le  papier. 

Cadratin  ,  Petit  cadrât  de  la  largeur 
de  deux  chiffres.  Dcmieadratin ,  Petit  ca- 
drî^tin  de  la  largeur  d'un  chiffre. 

Cahier  ,  Une  feuille  ou  une  demi- 
feuille  d'impression  pliée  selon  son  format. 
Dans  les  volumes  de  notre  Grammaire  ,  les 
feuilles  sont  divisées  en  deux  cahiers  pour 
plus  de  régularité,  bien  que  cela  augmente 
te  prix  de  coulure.  Mais  nous  ne  sommes  pas 
des  gens  si  intéressés ,  mes  éditeurs  et  moi; 
bien  que,  pour  ma  part  ,  J'aie  reçu  à  cet 
égard  une  bonne  leçon  de  M"  Firmin  Didot. 

Carton,  Un  ou  plusieurs  feuillets  d'im- 
pression détachés  d'une  feuille  entière. 
Le  litre  de  notre  ouvrage  forme  un  carton  de 
quatre  pages. 

Carton,  Feuillet  qu'on  refait,  à  cause 
de  quelques  fautes  qu'on  y  veut  corriger, 
ou  de  quelque  changement  qu'on  y  veut 
faire.  Faire  un  carton.  Mettre  un  carton  d 
un  livre.  En  ce  sens  on  dit  aussi  Onglet. 

Casse,  Sorte  de  caisse  ou  de  boîte 
plate  et  découverte  ,  composée  de  deux 
parties  qui  forment  ensemble  un  carré  ,  et 
divisée  en  petites  cases  contenant  chacune 
tous  les  caractères  d'une  même  lettre. 
Casse  d'italique.  Casse  de  romain.  Haut  dç 
casse,    La  partie  supérieure  de  la  casse, 


DE  QUELQUES  AUTRES 

celle  qui  contient  les  capitales  et  différents 
autres  caractères.  Bas  de  casse,  La  partie 
inférieure 'de  la  casse,  celle  qui  contient  les 
minuscules  ou  lettres  ordinaires,  appelées 
aussi  pour  cette  raison  Lel  très  du  bas  de  casse. 

CasSEAUou  Bardeau,  Moitié  de  casse 
dont  les  compartiments  sont  plus  grands 
et  plus  profonds,  et  qui  sert  de  reserve 
pour  différents  caractères. 

Cassetin,  ^Chacune  des  petites  casses 
ou  cellules  de  différentes  grandeurs  qui 
divisent  une  casse. 

Chaperon  ,  La  quantité  de  feuilles 
ajoutées  au  nombre  Gxé  ,  et  destinées  à 
remplacer  les  feuilles  gâtées  pendant  le 
tirage.  On  dit  plus  ordinairement  Main  de 
passe. 

Châssis,  Cadre  de  fer,  ordinairement 
traversé  d'une  barre  ,  dans  lequel  on  place 
les  caractères  assemblés  en  page,  en  les  ser- 
rant de  tous  côlés  avec  des  coins  et  des 
biseaux.  Toyez  Rameite. 

Chevauchage  ou  Chevauchement, 
Effet  de  ce  qui  chevauche. 

Chevaucher,  se  dit  des  mots  qui  vont 
de  travers,  et  particulièrement  des  bouts 
de  lignes  qui  montent  ou  descendent.  Ces 
lignes  chevauchent. 

Clichage,  L'art  ou  l'action  de  clicher. 
Les  procédés  de  clichage  varient. 

Clicher  ,  Faiie  des  planches  solides  qui 
reproduisent  en  relief  l'empreinte  d'une 
composition  en  caractères  mobiles,  et  qni 
peuvent  servir  à  plusieurs  tirages.  Clicher 
une  page.  Clicher  un  dictionnaire.  On  dit  de 
même,  Clicher  un  fleuron,  une  vignette. 

Cliché  ,  se  dit  substantivement  d'une 
planche,  d'un  relief  obtenu  par  le  clichage. 
Le  cliché  d'une  page.  Faire  des  corrections 
sur  les  clichés, 

Clicheur,  Ouvrier  qui  cliché.  Un  ha- 
bile clicheur. 

Coins,  Petits  morceaux  de  bois  angu- 
laires, que  l'on  chasse  entre  le  châssis  et 
les  biseaux  pour  serrer  la  forme. 

Colonne,  Chacune  di;s  parties  d'une 
page  qui  est  divisée  de  haut  en  bas  en 
plusieurs  parties.  Livre  imprimé  par  co- 
lonnes. Les  colonnes  d'un  Journal.  Les  co- 
lonnes d'un  registre  ,  d'un  tableau.  Les  di- 
visions ,  les  comparlimenls  d'un  registre  , 
d'un  tableau,  indiqués  par  des  lignes  tracées 
de  haut  en  bas.  Une  colonne  de  chiffres , 
Plusieurs  chid'ies  placés  les  uns  au  dessus 
des  autres.  La  colonne  des  unités,  des  dizai- 
nes, des  centaines ,  etc. 


SIGNES  D'OfPRIMERlE.  437 

Composer,  Assembler  les  earaclères 
pour  en  former  des  mots,  des  lignes,  et 
des  pages.  La  feuille  est  composée,  maïs 
elle  n'est  pas  tirée. 

Compositeur  ,  Celui  qui  compose. 
Compositeur  aux  pièces.  Compositeur  en 
conscience.  Compositeurs ,  c'est  de  vos  rangs 
(jue  sont  sortis  le  sage  Franklin,  le  maré- 
chal Brune ,  le  poète  Bcrenger. 

Composition  ,  L'art  ou  l'action  de 
composer.  Jpprendre  la  composition. 

Composteur,  Petite  règle  de  métal, 
com])osée  de  deux  parties  assemblées  en 
équerre  sur  laquelle  le  compositeur  ar- 
range les  lettres  ,  pour  former  des  lignes 
toujours  égales  ,  d'après  la  longueur  déter- 
minée. 

Conscience,  Travail  pour  lequel  on 
s'en  rapporte  à  la  conscience  de  l'ouvrier. 
Une  journée  de  conscience.  Mettre  uncompo- 
siteur  en  conscience. 

Conscience,  La  réuni(m  des  ouvriers 
qui  sont  habituellement  en  conscience;  le 
lieu  où  ils  travaillent.  C'est  ordinairement 
la  conscience  qui  corrige  les  tierces.  Aller  à 
la  conscience. 

Copie  ,  L'écrit  ou  l'imprimé  d'après  le 
quel  on  compose.  Copie  manuscrite.  Copie 
imprimée.  Envoyez-nous  de  la  copie. 

Coquille,  Lettre  qui  a  été  employée 
pour  une  autre  dans  la  composition  ,  et 
qu'il  faut  corriger.  Faire  des  coquilles. 

Coquille  on  papier  coquille ,  Sorte  de 
papier  collé  dont  la  marque  est  une  co- 
quille. 

Cornières  ,  Équerres  de  fer  qui  sont 
attachées  aux  angles  du  marbre  d'une 
presse  d'imprimerie  ,  et  qui  servent  à 
maintenir  la  forme. 

Correcteur  ,  Celui  qui  corrige  les 
épreuves. 

Correction  ,  L'art  ou  l'action  de  cor- 
riger les  épreuves,  d'indiquer  les  fautes 
de  composition,  afin  que  l'ouvrier  les  fasse 
disparaître. 

Correction,  L'action  du  compositeur  qui 
exécute  les  changements  indiques  sur  l'é- 
preuve par  le  correcteur  ou  par  l'auteur.  La 
correction  de  celte  épreuve  est  terminée. 

Corrections,  Cihangements  écrits  à  la 
marge  ou  entre  les  lignes  d'une  épreuve 
(lu  d'un  manuscrit.  Epreuve  chargée  de 
corrections. 

Couplets  ,  Charnières  qui  réunissent 
la  frisquette  au  grand  tympan  au  moyen 
de  brochettes  cylindriques  en  fer. 


458  GIIAMMAIRE 

COUFOIR,  Insirumcnt  pour  "couper  ou 
rogner  des  interlignes,  des  filets  ,  etc. 

COUVERTURE,  Le  papier, la  jjean,  etc., 
qui  sert  à  couvrir  un  livre.  Couverture  im- 
primée. Couverture  de  vélin,  de  veau,  de 
basane,  de  maroquin,  de  chaf,'rin.  Couver- 
ture dorée.  Riche  couverture.  Quand  la  cou- 
verture d'un  livre  est  de  peau,  on  dit  plus 
ordinairement  reliure.  L'élégance  d'une 
couverture  imprimic  n'est  pas  sans  influence 
sur  la  détermination  des  acheteurs.  L'ima- 
gination du  compositeur  ,  du  prote  ,  du 
patron  ,  de  l'éditeur  ,  est  souveraine  ici. 
Couverture  avec  cadre  ,  fleurons,  vignettes. 

DÉCHARGE  ou  Papier  de  décharge, 
Feuille  de  papier  non  collée  ,  qu'on  place 
sur  le  tyn)pan  pendant  le  tirage ,  pour  em- 
pêcher la  maculation. 

DÊCOGNOIR,  Outil  en  bois  qui  sert  à 
chasser  les  coins. 

Distribuer  ,  Replacer  dans  leurs  cas- 
setins  les  différentes  lettres  d'une  forme 
qu'on  vient  de  tirer. 

Distribution,  Action  de  disfribuer; 
lettres  .i  distribuer.  La  distribution  exige 
beaucoup  d'Iiabileté  et  de  soin.  Foici  de  la 
distribution. 

Doublage  ,  Défaut  qui  consiste  à  faire 
paraître  doubles  les  lignes  ou  les  mots. 

Doublon  ,  Faute  qui  consiste  à  com- 
poser deux  fois  de  suite  un  ou  plusieurs 
mots. 

Encarter,  Mettre,  insérer  un  car- 
ton à  l'endroit  d'une  feuille  où  il  doit  être. 
Ces  quatre  pages  doivent  être  encartées,  doi- 
vent s'encarter  entre  ces  deux-là. 

ÉPILOGUE,  La  dernière  partie  ou  la 
conclusion  d'un  poème,  d'un  discours,  etc. 
(Du  grec  epi ,  sur,  après,  et  logos,  dis- 
cours. ) 

ÉPISODE  ,  Action  incidente  liée  à  l'ac- 
tion principale  dans  un  poème,  dans  un 
roman.  Un  épisode  bien  amené.  (Du  grec 
epi.^  sur,  par  dessus,  et  eisodios,  qui  arrive.) 

ÉPREUVE  ,  Feuille  d'impression  sur  la- 
quelle l'auteur  ou  une  autre  personne  in- 
dique les  corrections  ,  les  changements 
que  devra  faire  l'imprimeur.  La  première 
épreuve.  La  seconde  épreuve.  Corriger,  re- 
voir une  épreuve.  L'épreuve  est  revue,  il  n'y 
a  qu'à  tirer.  On  tire  les  épreuves  parfois  au 
laquoir ,  à  la  brosse,  plus  souvent  a«  rou- 
leau, maisphisgénéralementiOHS  presse. — 
Les  Allemands  ,  faisant  toujours  des  mots 
qu'ils  noTis  empruntent  la  plus  bizarre  ap- 
plication, disent  correclionau  lieu à'épreu- 


FllAiSÇAlSE. 

v6,commcihàisent  preiivepourrépétition, 
et  rccension  pour  revue  critique.  C'est  quel- 
que chose  de  curieux. 

Épreuve,  se  dit  également  des  premiè- 
res feuilles  qu'on  tire  sur  ime  planche 
gravée  pour  juger  de  l'état  du  travail ,  et 
voir  s'il  n'y  a  point  de  fautes.  La  première 
épreuve  de  cette  estampe  n'est  pas  bien  ve- 
nue. (  AcAD.)  Il  se  dit,  par  extension,  de 
toute  estampe,  de  toute  gravure,  tirée 
après  que  le  travail,  est  entièrement  ter- 
miné. Epreuve  ou  estampe  avant  la  lettre. 
Epreuve  tirée  avant  qu'on  ait  gravé  au  bas 
de  la  planche  l'inscription  qui  en  indique 
le  sujet.^  Epreuve  ou  estampe  avec  la  lettre 
grise.  Epreuve  tirée  lorsque  l'inscription 
n'est  encore  gravée  qu'au  trait.  Epreuve 
ou  estampe  gravée  après  la  lettre.  Epreuve 
tirée  avec  l'inscription  au  bas. 

Errata,  Liste  des  fautes  survenues 
dans  l'impression  ,  dit  l'Académie  ,  en 
ajoutant  que,  lorsqu'il  ne  s'agit  que  d'une 
faute  à  relever ,  quelques-uns  disent  erra- 
tum. Ilfaut  convenir  que,  si  l'Académie  a 
une  manche  étroite,  elle  al'autre  fort  large. 

Le  père  Le  Vasseur  ,  n'ayant  trouvé 
qu'une  faute  dans  un  de  ses  ouvrages,  con- 
sulta ses  amis  pour  savoir  s'il  fallait  mettre 
errata  ou  erratum.  Le  père  Simon  lui  dit  : 
Donnez-le-moi,  j'en  trouverai  encore  une, 
et  l'on  mettra  errata. 

Cett(!  anecdote  fait  ressortir  tout  ce  que 
la  double  terminaison  adoptée  pour  le 
mot  dont  il  s'agit  a  de  ridicule.  Errata  ne 
signifie  pas  plusieurs  fautes,  mais  une  liste 
de  fautes.  Un  errata  n'est  pas  une  faute  à 
indiquer,  mais  l'indication  d'une  faute  ou 
de  plusieurs  fautes.  Ecrivez  donc  au  sin- 
gulier un  errata,  et  au  pluriel  des  erratas  ; 
et,  si  vous  voulez  être  conséquents,  si  vous 
ne  voulez  pas  être  obligés  de  dire  un  pen- 
sum et  des  pensa,  un  agcndum  et  des  agenda, 
un  mémorandum  et  des  mcmorenda ,  un 
dupUcatum  et  df;s  duplicata ,  de  manière  à 
introduire  les  déclinaisons  latines  dans 
notre  langue,  pincez-moi  rudement  l'erra- 
tum  et  rejetez-le-moi  vite  dans  son  néant. 

Pourtant  nous  avons  contre  nous  cette 
phrase  digne  de  figurer  dans  les  annîiles  de 
la  langue  :  Des  deux  maxi.ma  et  minima  de 
la  plaine,  le  uxxiMVii  et  le  Mimnvii  noctur- 
nes subsistent  seuls;  te  maximum  et  /c  mini- 
mum diurnes  sont  supprimés  :  l'amplitude 
totale  de  cette  excursion  est  de  2/3  de  »u7/i- 
ni6/re.s-.  (A.BRAVAisetCH.MAHTiris.7o«rn<i/ 
des  Débats.  ) 


DE  QUELQUES  AUTRES 

11  est  vrai  que  MM.  Bravais  et  Martins 
sont  des  savants  qui  prennent  les  choses  de 
haut. 

Espaces  ,  Petites  pièces  de  fonte  ,  plus 
basses  que  la  lettre  ,  qui  ne  marquent  pas 
sur  le  papier  ,  et  qui  servent  à  séparer  les 
mots  l'un  de  l'autre.  Vne  espace  fine,  une 
espace  forte. 

ESPACEMENT,  Intervalle  qu'on  laisse 
entre  les  mots  ou  entre  les  lignes.  iB.;)oac6- 
vient  régulier. 

Espacer  ,  Laisser  un  intervalle  entre 
les  mots  ou  entre  les  lignes.  Ce  composi- 
teur espace  bien  Les  mots. 

Etendage,  Assemblage  de  cordes  ten- 
dues horizontalement  sur  les  quelles  on 
étend  les  feuilles  qui  sortent  de  la  cuve  du 
fabricant  de  papier  et  celles  qui  sortent 
des  presses  de  l'imprimerie.  Faites  porter 
ce  papier  à  l'étendage. 

Étendage,  Lieu  où  est  l'étendage.  Al- 
ler A  l'étendage. 

Etendoir,  Espèce  de  petite  pelle  à 
long  manche,  qui  sert  à  placer  sur  l'éten- 
dage les  feuilles  imprimées. 

ETOFFES,  Ce  que  l'imprimeur  fait  payer 
à  raison  de  tant  pour  cent,  au  delà  des 
frais  d'impression  ,  afin  de  se  couvrir  des 
dépenses  que  nécessitent  le  matériel,  la 
correction ,  l'éclairage ,  etc.  Payer  les 
étoffes. 

lies  étoEFes  d'une  presse  ,  Les  acces- 
soires indispensables  pour  la  faire  rouler  , 
tels  que  blanchets,  tympans,  etc. 

Feinte  ,  Défaut  de  touche  dans  une 
feuille  imprimée,  imperfection  qui  résulte 
de  ce  qu'une  partie  de  la  forme  n'a  pas 
reçu  assez  d'encre.  Faire  une  feinte. 

TOLIO,  mot  emprunté  du  latin.  Feuillet. 
Il  ne  se  dit  qu'en  parlant  de  registres  ,  de 
manuscrits,  etc.,  numérotés  par  feuillets 
et  non  par  pages.  Folio  recto ,  ou  simple- 
ment recto  ,  La  première  page  du  feuillet. 
Folio  verso ,  ou  simplement  verso  ,  Le  re- 
vers. Voyez  au  folio  premier,  au  folio  dix. 

1*0110,  dans  l'Imprimerie,  Le  cliifTie 
numéral  qui  se  met  au  haut  de  chaque 
page.  Le  folio  de  cette  page  est  tombé.  Vé- 
rifier,  changer  les  folios. 

Format,  La  dimension  d'un  volume 
en  hauteur  et  eu  largeur.  Elle  est  détermi- 
née par  le  nombre  et  la  dimension  des 
feuillets  que  chaque  feuille  renferme.  Dans 
le  format  in-plano,  ou  format  atlantique,  la 
feuille  ne  contient  qu'une  page  de  chaque  côté. 
Dans  le  format  in- folio,  la  feuiilen'a  que  deux 


SIGNES  d'imprimerie. 


459 


feuillets,  n'est  ptiée  qu'en  deux.  Le  format 
in-quarto  a  quatre  feuillets  ou  huit  pages  ;  le 
format  in-octavo  huit  feuilles  ou  seize  pages. 
Format  in-douze  ,  in-seize,  in-dix-huit,  in- 
trente-deux.  Grand  format.  Petit  format. 
Le  format  d'un  volume. 

Forme,  Châssis  de  fer  dans  lequel  sont 
contenues  des  pages  de  caractères.  Impo- 
ser une  forme.  Serrer  les  pages  d'une  forme 
avec  des  coins.  Serrer  une  forme.  Chaque 
feuille  se  compose  de  deux  formes.  Tirer  une 
forme.  Une  forme  de  quatre  pages ,  de  huit 
pages ,  etc.  Laver  les  formes.  Le  lavage  des 
formes. 

Foulage,  Action  de  la  presse  sur  les 
feuilles  qui  reçoivent  l'impression.  La  ré- 
gularité du  foulage  contribue  à  la  beauté  de 
l'impression. 

Fouler.  Cette  presse  foule  bien  ;  elle 
foule  également ,  régulièrement. 

Frisquette  ,  Châssis  sur  lequel  on 
colle  plusieurs  feuilles  de  papier  très-fort, 
où  l'on  découpe  autant  de  pages  qu'il  y  en 
a  à  la  forme  ,  et  qu'on  abat  sur  le  tympan, 
afin  d'empêcher  que  les  marges  ettout  ce 
qui  doit  rester  blanc  ne  soient  maculés. 
Découper  la  frisquette.  Abattre  la  fris- 
quette. 

Frontispice,  Le  titre  imprimé  d'un 
livre,  placé  à  la  preuiière  page,  et  entouré 
ou  accompagné  d'ornements  et  de  vignet- 
tes. On  avait  mis  des  attributs,  des  ara- 
besques au  frontispice  de  ce  livre.  (Acad.) 

Frontispice,  Gravure  que  l'on  place  en 
regard  du  titre  d'un  livre,  et  dont  le  sujet 
est  analogue  au  but  et  à  l'esprit  de  l'ou- 
vrage. Le  sujet  d'un  frontispice. 

Galée  ,  Espèce  de  planche  carrée  avec 
un  rebord  où  le  compositeur  met  les  lignes 
à  mesure  qu'il  les  compose. 

Garnitures  ,  Les  divers  morceaux  de 
bois  ou  de  métal  dont  on  se  sert  pour  sé- 
parer les  pages  et  former  les  marges.  Gar- 
niture de  bois.  Garniture  de  fonte. 

Garniture,  Tout  ce  qui  est  nécessaire 
pour  imposer,  comme  châssis  ,  coins,  bi- 
seaux ,  etc. 

Hausses,  Petits  morceaux  de  papier 
que  l'on  colle  çà  et  là  sur  le  tympan,  aux 
ejulioits  où  l'impression  vient  faible. 

Imposer,  placer  sur  le  marbre  une 
composition  quelconque,  la  garnir  con- 
venablement de  son  châssis,  de  ses  bi- 
seaux, et  la  serrer  pour  en  faire  une  forme. 
Ces  pages  sont  composées,  il  faut  les  imposer. 
Imposer  une  feuille. 


<'«0  GRAMMAIRE   FRANÇAISE 

Imposition,  Aciion'ou  mani»  rf  il'im- 
|)Oser.  Faire  l'imposition  d'une  forme.  Les 


divers  i;cnre.'<  d'impositions 

Imprimerie  ,  L'art  d'imprimer  des 
livres,  etc.  c  IJ  invent  ion  de  l'imprimerie 
est  le  plus  ffrand  événement  de  l'histoire. 
C'est  larèvolution  mère. 

»  Sous  la  forme  imprimerie,  la  pensée  est 
plus  impérissable  que  jamais  ;  elle  est  vo- 
latile, insaississable,  indestructible.  Elle  se 
mêle  à  l'uir.  Du  leuips  de  l'architecture  , 
elle  se  faisait  montagne  et  s'emparait  puis- 
samment d'un  siècle  et  d'un  lieu.  Mainte- 
nant elle  se  fait  troupe  d'oiseaux,  s'épar- 
pille aux  quatre  vents  ,  et  occupe  à  la  fois 
tous  les  points  de  l'air  et  de  l'espace. 

•  Vienne  un  déluge,  la  montagne  aura 
disparu  depuis  long-temps  sous  les  Qots 
que  les  oiseaux  voleront  encore;  et  qu'une 
seule  arche  Hotte  à  la  siuface  du  cata- 
clysme, ils  s'y  poseront,  surnageront  avec 
elle,  assisteront  avec  elle  à  la  décrue  des 
eaux,  et  le  nouveau  monde  qui  sortira  de 
ce  chaos  verra,  en  s'é veillant,  planer  an 
dessus  de  lui,  ailée  et  vivante ,  la  pensée 
du  monde  englouti,  d  (V.  Hlgo.} 

L'imprimerie  est  la  terreur  des  tyrans  et 
l'espérance  des  philanthropes. 

Destinée  à  porter  au  loin  la  lumière  , 
l'imprimerie,  espérons-le,  finira  par  éclai- 
rer également  tous  les  points  du  globe,  et 
alors,  comme  dit  Victor  Hugo,  sera  ac- 
compli le  magnifique  rêve  de  l'intelligence, 
avoir  pour  patrie  le  monde  et  pour  nation 
l'humanité.  L'invention  de  l'imprimerie 
est  due  à  Laurent  Goster,  de  Harlem  ,  qui 
se  servit  de  caiactères  d'abord  de  bois , 
puis  de  plomb  ,  et  ensuite  d'etain.  Un  de 
ses  ouvriers,  Faust ,  alla  habiter  successi- 
sivement  Amsterdam,  Cologne,  Mayence, 
et  Paris  (1462) ,  et  publia  plusieurs  ouvra- 
ges ,  avec  Pierre  Schajffer  et  Jean  Gens- 
lleich,  surnommé  Guttemberg.  Ces  trois 
hommes  s'attribuèrent  l'invention  de  l'im- 
primerie.—  On  dit  aussi  Typographie. 

Imprimerie,  Les  caractères,  les  presses, 
et  tout  te  qui  sert  à  l'impression  des  ou- 
vrages. Acheter  une  imprimerie.  Les  usten- 
siles,  le  matériel  d'une  imprimerie.  Une  im- 
primerie portative. 

Imprimerie,  Etablissement  où  l'on  im- 
prime des  livres  ,  etc.  Aller  à  l'imprimerie 
royale.  Les  ouvriers,  le  prote  d'une  impri- 
merie. 

Imprimerie  en  taille-douce,  imprime- 
rie lithographique,  Etablissement,  lieu 


où  l'on  imprime  des  gravures   en  taille 
douce,  des  lithographies. 

Imprimeur,  Celui  qui  fait  imprimer 
des  livres  ,  etc. ,  par  des  ouvriers  qu'il 
dirige  ;  ouvrier  qui  travaille  à  la  presse  ; 
tout  ouvrier  qui  travaille  dans  une  impri- 
merie. Imprimeur  du  roi.  —  Il  y  a  vingt 
imprimeurs  dans  cette  imprimerie.  Compa- 
gnon imprimeur. 

INTERFOLIER,  Brocher  ou  relier  un 
livre,  manuscrit  ou  imprimé  ,  en  insérant 
des  feuillets  blancs  entre  les  feuillets  qui 
portent  l'écriture  ou  l'impression.  Faire  in- 
terfolicr  un  livre  où  l'on  veut  écrire  des  notes. 

Interligne  ,  L'espace  qui  est  entre 
deux  lignes  écrites  ou  imprimées.  De 
grands    interlignes. 

Interligne,  Lame  deniétal,servantprin- 
cipalement  à  séparer  les  lignes  et  à  les  main- 
tenir. La  longueur  d'une  interligne. 

Interligner  ,  Séparer  par  des  inter- 
lignes. Celle  composition  n'est  pas  interli- 
gnée partout  également. 

Justification,  La  longueur  des  U- 
gnes.  La  Justification  est  fixée  invariable- 
ment dans  le  composteur  de  l'ouvrier.  Justi- 
fication ordinaire.  Grande  Justification.  Ce 
vers  dépasse  la  Justification. 

Justifier  ,  Donner  à  une  ligne  la 
longueur  qu'elle  doit  avoir.  Justifier  une 
ligne.  Absolument,  Cet  ouvrier  Justifie  avec 
exactitude. 

IiABEUR,  Ouvrage  considérable  et  tiré 
à  grand  nombre,  par  opposition  aux  ou- 
vrages de  peu  d'étendue  ,  que  l'on  nomme 
ouvrages  de  ville. 

IiARRON,  Pli  qui  se  trouve  dans  une  feuil- 
le de  papier  mise  sousla  presse,  et  qui  cause 
une  défectuosité  dans  l'impression. — Pe- 
tit morceau  de  papier  qui ,  se  trouvant 
sur  la  feuille  à  imprimer  ,  reçoit  l'impres- 
sion, et  laisse  un  blanc.  —  En  termes  de 
Librairie,  Lepli  d'un  feuillet  qui  n'apas  été 
rogné  ,  quand  on  a  relié  le  livre.  Le  relieur 
a  laisse  plusieurs  larrons  dans  ce  volume. 

IiIGNE ,  Les  caractères  rangés  sur  une 
ligne  droite  dans  une  page.  Il  faut  que  le 
compositeur  redresse  cette  ligne.  Ce  livre 
n'est  pas  à  deux  colonnes ,  il  est  imprimé  à 
longues  lignes.  Ligne  de  vers.  Ligne  de 
sommaire.  Ligne  de  titre.  Ligne  de  pied  ou 
de  blanc.  Bouts  de  ligne. 

Maillet,  Espèce  de  marteau  à  deux 
tètes  qui  est  ordinairement  de  bois,  et  qui 
sert  pour  serrer. 

Main  de  passe.  Voyez  Chaperon. 


DE  QUELQUES  AUTRES  SIGNES  D  IMPRIMERIE. 


4 'ri 


Majuscule  ,  lettre  mAjuscuLE  , 
CARACTÈRE  MAJUSCULE,  Grande  lettre, 
lettre  capitale.  (Du  latin  ntajiis,  plus  grand.) 

Marbre  ,  Piene  sur  laquelle  on  pose 
les  pages,  pour  les.  imposer,  et  les  formes, 
pour  les  corriger.  —  La  plaque  de  fonte 
qui  recouvre  le  coffre  de  la  presse  ,  et  sur 
laquelle  pose  la  forme. 

Marchepied  ,  Planche  en  talus  sur  la- 
quelle l'imprimeur  place  un  pied  ,  soit  en 
touchant  ,  soit  en  tirant  le  barreau. 

Marge  ,  Le  blanc  qui  est  autour  d'une 
page  imprimée  ou  écrite  ;  et  principale- 
ment le  blanc  qui  est  à  droite  du  recto  ,  à 
gauche  du  verso,  et  au  bas  des  pages. 
Grande ,  belle ,  pelile  marge.  Marge  de  lete, 
de  pied. 

Marger,  Composer  les  marges  d'une 
ieuille  à  imprimer  ,  pour  les  mettre  en 
rapport  avec  la  forme. 

Marginal,  ale.  Qui  est  à  la  marge  , 
en  marge.  Note  marginale.  Les  notes  mar- 
ginales des  manuscrits  ont  souvent  passé 
datis  le  texte. 

Marginer,  Ecrire  sur  la  marge  d'un 
manuscrit ,  d'un  livre  imprimé.  J'ai  mar- 
giné  quelques  pages  de  votre  mémoire. 

Marron  ,  Ouvrage  imprimé  furtive- 
ment. 

Marteau  ,  Outil  de  fer  qui  a  un  man- 
che ordinairement  de  bois  ,  et  qui  est 
propre  à  serrer  comme  le  maillet. 

MÉDIUSCULE ,  Petite  capitale.  (  Du 
latin  médius,  moyen.) 

Mettre  en  pages,  ^Rassembler  plu- 
sieurs paquets  de  composition  ,  pour  en 
former  des  pages  d'une  longueur  déter- 
minée. 

Metteur  en  pages,  Compositeur 
chargé  de  la  mise  en  pages. 

Mise  en  pages  (1),  Action  de  mettre 
en  pages. 

MINUSCULE,  Lettre  ordinaire,  appelée 
aussi  lettre  du  bas  de  casse.  (Dulat.  minus, 
plus  petit.  ) 

Mise  en  train  ,  Action  de  tout  dis- 
poser pour  le  tirage  d'une  forme. 

Moine  ,  Endroit  d'une  feuille  impri- 
mée ,  qui  n'ayant  pas  été  touché  ou  ne 
l'ayant  été  que  légèrement,  est  venu  blanc 
ou  pâle. 


Onglet,  Carton  de  deux  pages. 

Opérations,  Compositions  en  plus 
petit  caractère  que  le  texte,  où  des  chiffres 
simples  ou  compliqués  de  fractions  ont 
une  disposition  de  colonnes  conforme  au\ 
opérations  arithmétiques  ,  qu'elles  soient 
séparées  ou  non  par  quelques  filets  per- 
pendiculaires;— tout  parangonnage  un  peu 
compliqué  avec  ou  sans  accolade.  Opéra- 
tions d  deux  colonnes.  Opérations  partielles. 

Ouvrages  de  ville  ou  éventuels  , 

Les  affiches,  les  billets  de  naissance,  de 
mariage  ,  de  décès  ,  les  adresses  ,  les  fac- 
tures ,  les  circulaires  ,  etc.  11  est  opposé  à 
labeur. 

Page  ;  Un  des  côtés  d'im  feuillet.  Les 
deux  pages  d'im  feuillet.  Numéroter  et 
parapher  les  pages  d'un  registre.  Page 
blanche. —  L'écriture  ou  l'impression  con- 
tenue dans  la  page  même.  Il  faut  tenir,  il 
faut  faire  la  page  plus  longue  d'une  ligne. 
Dans  ce  volume  la  page  a  trente  lignes  ,  il 
y  a  trente  lignes  à  la  page.  Une  page  à  deux, 
à  trois  colonnes.  Cette  page  est  trop  blanche, 
le  tirage  n'est  pas  égal. — Contenu  de  la 
page  considérée  sous  le  rapport  littéraire. 
Il  y  a  de  belles  pages  dans  cet  ouvrage. 

Pagination,  Série  des  numéros  de 
pages  d'un  livre.  La  pagination  de  ce  livre 
commence  au  titre.  Faute  de  pagination. 

Paginer,  Numéroter  les  pages  d'un 
livre.  La  préface  est  paginée  en  cltifj'res  ro- 
mains, et  le  reste  du  livre  en  chiffres  arabes. 

Papier,  Composition  faite  ordinaire- 
ment de  vieux  linge  détrempé  dans  l'eau, 
pilé  par  des  maillets  ou  broyé  par  des  cy- 
lindres armés  de  lames,  et  réduit  en  pâte, 
ensuite  étendu  par  feuilles  ,  que  l'on  fait 
sécher.  Le  papier  ainsi  préparé  ne  peut 
encore  servir  qu'à  l'impression.  Pour  le 
rendre  propre  à  l'écriture  il  faut  lui  faire 
subir  une  opération  qu'on  appelé  le  collage, 
et  qui  consiste  à  plonger  les  feuilles  dans 
un  mélange  d'amidon  et  d'alun.  Bon  pa- 
pier. Mauvais  papier.  Papier  fm.  Papier 
qui  a  du  corps,  qui  n'a  pas  de  corps.  Papier 
de  bonne  pâte.  Papier  de  cuve.  Papier  méca- 
nique de  toute  longueur.  Papier  fort.  De 
grand  papier ,  de  petit  papier.  Papier  à  let- 
tres. Papier  vélin.  Papier  bien  collé,  mal 
collé.  Ce  papier  boit ,  parce  qu'on  ne  l'a  pas 


(1)  M.  Frey  a  cru  devoir  simplifier  ce  mot  ainsi  qu'il  suit  :  misenpage.  Il  a  eu  grand 
tort,  parce  que  cette  locution  n'est  pas  nn  nom  composé,  pas  plus  que  mise  en  oeui're, 
mise  en  vente,  mise  en  liberté,  mise  en  accusation,  mise  hors,  etc.  M.  Frey  a  simplifie 
mise  en  train  delà  même  manière.  Cela  n'est  fias  loiérabie. 


T,  II. 


;.G 


^42 

bien  colle.  Papier  battu ,  lavé,  rii^lc.  Pa- 
pier dot-é  sur  tranche.  Papier  satine.  Papier 
à  vigtieltcs.  Rame,  main  de  papier.  Il  y  a 
rinfft  7nains  de  papier  à  la  rantc,  et  rinf^l- 
cinq  feuilles  d  la  tnain.  Moulin  à  papier.  Pa- 
pier blanc  ,  papier  écrit.  lÀvre  imprimé  sur 
grand  papier ,  sur  petit  papier.  Papier  de 
soie.  On  a  fabriqué  du  papier  avec  de  la 
paille,  de  l'ortie,  du  chardon,  etc.  Papier  de 
Chine,  Papier  fait  avec  la  seconde  pellicule 
de  l'écorce  de  haaibou,  réduite  en  pâte. 

Format  et  Dimension  des  diverses 
espèces  de  Papier. 


GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 


Roms  des  Papiers, 


Papier  pot 

—  tellière  ou  ministre 

—  couronne  

—  petit  à  la  main.. . 

—  écu 

—  carré  et  coquille.. 

—  cavalier 

—  grand  raisin 

—  Jésus 

—  chapelet  et  soleil. 

—  colombier 

—  grand  aigle 

—  grand  monde .... 


hauteur, 


largeur. 


32/i,84 
32i!i,84 
351,91 
351,91 
385,75 
426,36 
446,66 
460,19 
527,86 
568,47 
588,37 
703,82 
785,03 


mijlimirtres 

4  06,05 
433,12 
460,19 
527,86 
500,76 
541,40 
554,94 
595,55 
703,82 
785,03 
866,24 
1,028,66 
1,191,08 


Nota.  Ces  grandeui'S  sont  prises  sur  papier  d'Au- 
vergne. Le  papier  d'Auvergne  est  un  peu  moins 
grand  que  celui  d'Angoulêmc,  qui  luî-niênie  est 
moins  grand  que  celui  d'Annonay.  La  différence 
est  peu  sensible. 


Le  papier  tellière  est  employé  pour  les 
impressions  de  bureau  et  pour  les  pétitions. 
Le  couronne  est  une  sorte  de  papier  dont  la 
marque  est  une  couronne ,  et  qui  sert  éf^alc- 
ment  pour  les  impressions  de  bureau.  Selon 
l'Académie,  Couronne  serait  féminin, 
même  en  ce  sens.  Mais  l'ellipse  !  l'ellipse! 
Faites  attention  à  l'ellipse,  tant  recom- 
mandée par  MM.  Bcsclicrelle.  Une  rame 
de  carré.  Le  carré  est  le  papier  qu'on  emploie 
dans  l'imprimerie  ,  pour  le  plus  grand  nom- 
bre des  ouvrages.  L'ouvrage  sera  imprimé 
sur  papier  carré  fin,  sur  cavalier  vélin,  sur 
Jésus,  sur  grand  colombier.  Le  coquille  est 
une  sorte  de  papier  collé  dont  la  marque  est 
une  coquille.  Le  grand  raisiii  s'emploie  sur- 
tout pour  les  ouvrages  qu'on  imprime  avec 


un  certain  luxe.  Le  papier  nom  de  Jésus ,  ou 
simplement,  papier  Jésus,  est  une  sorte  d» 
papier  dont  la  marque  portait  autrefois  le 
nom  de  Jésus  (I.  N.  S.).  Le  papier  méca- 
nique  ,  d'une  longueur  indéfinie,  entière- 
ment fabriqué  en  coton,  plus  ou  moins  plu- 
clieux  ,  beaucoup  moins  fort  que  le  papier 
fabriqué  à  la  main  ,  et  désaventageux  encore 
eti  ce  que  l'un  des  côtés,  comme  le  fuit  ob- 
server M.  Frcy  ,  porte  l'emprcin  te  de  la 
toile  sur  laquelle  il  pose  lors  de  la  fabrica- 
tion, tend  néanmoins  d  tout  envahir. Ce  pa- 
pier n'est  pas  fait  pour  résister  à  l'action  des 
siècles,  et  convient  parfaitement  pour  les 
ouvrages  de  Jules  Janin  et  autres.  Les  an- 
ciens ne  connaissaient  pas  le  papier.  Ils  se 
servirent  ,  pour  le  même  usage  ,  d'abord 
de  feuilles  ou  d'écorce  d'arbre,  puis  de 
tablettes  enduites  de  cire,  sur  les  quelles 
on  écrivait  avec  une  sorte  de  poinçon  ou  de 
grosse  aiguille  appelée  style,  et  enfin  de 
feuilles  faites  avec  des  tiges  de  papyrus 
battues.  Le  papyrus  est  une  plante  qui 
croît  en  Egypte  le  long  du  Nil ,  et  dont  la 
tige  est  triangulaire.  De  papyrus  est  venu 
le  mot  papier.  Au  vu''  siècle  ,  l'usage  du 
parchemin  remplaça  celui  du  papyrus. 
L'invention  du  papier  date  du  xi«  siècle, 
et  son  emploi  du  xiii^  siècle  seulement. 
Les  papeteries  ne  s'introduisirent  même 
guère  en  France  que  vers  1340.  C'est  en 
1798  qu'on  a  inventé  en  Allemagne  une 
machine  qui  convertit  les  chiffons  en  pâte 
et  la  pâte  en  papier  continu.  Deux  minu- 
tes suffisent  pour  rendre  le  papier  parfait 
lorsqu'il  est  réduit  en  pâte  ,  et  la  fabrica- 
tion marche  si  rapidement  qu'elle  fournit 
par  minute  environ  vingt-trois  pieds  carrés 
de  papier.  C'est  le  papier  mécanique.  Ce 
procédé  a  été  introduit  en  France  en  1814. 

L'invention  du  papier  n'est  pas  moins 
importante  que  celle  de  l'imprimerie. 

Papier  libre  ou  mort,  Le  papier  non 
timbré. 

Papier  réglé ,  Papier  où  sont  tracées 
d'avance  les  lignes  sur  les  quelles  on  place 
les  notes  de  musique. 

Papier  timbré  ou  marqué,  Papier  mar- 
qué d'un  timbre  ,  dont  on  est  obligé  de  se 
servir  pour  les  écritures  judiciaires  ,  et 
pour  les  actes  publics  ou  privés  ,  dans  les 
cas  déterminés  par  la  loi. 

Papier  de  décharge.  Toyez  Décharge. 

PapilloTAGE  ,  Effet  de  l'impression  , 
quand  le  caractère  a  marqué  double  ,  on 
a  laisse  certaines  petites  taches  noires  aux 


DE  OLELOLES  ALTliES 

extréniiles  des  pages  et  des  lignes.  On  dit 
aussi  frisoltemenl  at  doublage. 

FAFILI.OTER.  Celle  feuille  papUlole  un 
peu. 

Paquet,  Une  certaine  quantité  de  li- 
gnes de  composition  ,  à  peu  près  de  l'é- 
tendue d'une  page  ordinaire,  mais  sans 
folio  ni  titre  courant ,  et  liée  avec  une  fi- 
celle. Ce  cotuposUeui'  fait  lanl  de  paquets 
par  jour. 

Paqtjetier  ,  Compositeur  qui  travaille, 
qui  compose  des  paquets,  qui  fait  des  pa- 
quets. Ce  metleur  en  pages  occupe  cinq  pa- 
queliers. 

Farangoitnage  ,  Action  de  paran- 
gonner.  Faire  u7i  parangonnage. 

Faramgonmer,  Faire  qu'un  caractère 
qui  n'est  pas  du  même  corps  que  celui 
dont  on  se  sert  s'aligne  bien  avec  lui. 

PÂTÉ  ,  Certaine  quantité  de  caractères 
mêlés  et  confondus  sans  aucun  ordre;  ce 
qui  arrive  quand  une  forme  se  rompt  par 
quelque  accident. 

PEAtr  DE  VÉUK,  Peau  de  veau  préparée 
pour  la  reliure  ou  pour  l'impression.  Un 
exemplaire  imprimé  sur  peau  de  vélin. 

Pince  ,  Espèce  de  petites  tenailles  , 
qui  sert  à  enlever  les  lettres,  quand  on 
corrige  sur  le  plomb. 

Placard  ,  épreuve  en  placard  , 
Epreuve  imprimée  d'un  seul  côté  de  la 
feuille,  et  sans  que  la  composition  ait  été 
divisée  en  pages. 

Pointe.  Les  imprimeurs  ont  des  pointes 
dont  ils  font  le  même  usage  que  de  la  pince. 

Pointer  ,  Placer  aur  le  tympan  les 
feuilles  qui  sont  en  retiration  ,  de  manière 
que  les  pointures  entrent  exactement  dans 
les  trous  qu'elles  y  ont  faits  ,  lorsqu'on  ti- 
rait le  premier  côté. 

Pointures  ,  Les  deux  petites  pointes 
de  fer  attachées  au  tym[)an,  qui,  perçant 
d'abord  à  deux  de  ses  extrémités  la  feuille 
de  papier  qu'on  veut  imprimer  d'un  côté, 
la  traversent  aux  mêmes  endroits  quand  on 
veut  l'imprimer  de  l'autre  côté,  et  font 
que  les  pages  opposées  se  correspondent 
exactement. 

Police,  Évaluation  de  la  quantité  re- 
lative des  lettres  dont  une  fonte  doit  être 
composée;  ou  ces  lettres  même.  Faire  ta 
police  d'un  caractère.  (A.CAn.)  Le  poids  d'une 
police  de  caractères.  (  Id.) 

Une  police  de  cent  mille  lettres  pèse 
environ  : 


SIGAES  l/lMI'RlMLlVlE.  445 

Poids  approximatif  de  Police. 

En     6 50  kilog. 

En     7 60     — 

En     7  et  1/2 75     — 

En     8 100     — 

En     9 125     — 

Eu  10 150     — 

En  11 175     — 

En  12  on  13 225     — 

En  14  ou  16 275     — 

En  16  ou  18 325     — 

En  18  ou  20 500     — 

En  20  ou  22 600     — 

Lescadrats  et  les  espaces,  ne  sont  pas  com- 
pris dans  cette  évaluation.  On  ajoute  par 
chaque  centaine  de  kilogrammes  environ 
vingt  kilogrammes  pour  les  blancs. 

Post-Face  ,  Avertissement  placé  à  la 
fin  d'un  livre. 

Préface  ,  Avant-propos,  discours  pré- 
liminaire que  l'on  met  ordinairement  à  la 
tête  d'un  livre.  —  Cette  partie  de  la  messe 
qui  précède  immédiatement  le  canon.  {Le 
canon  de  la  messe  consiste  dans  les  prières 
qui  contiennent  les  paroles  sacramentelles, 
et  d'autres  oraisons,  jusqu'à lacommunion 
exclusivement.  ) 

Presse  j  La  machine  au  moyen  de  la 
quelle  on  imprime  ,  soit  les  feuilles  d'un 
livre  ,  soit  des  estampes  ,  etc.  Presse  d'im- 
prlmerie.  Faire  rouler  la  presse.  Travailler  à 
trois  presses  sur  un  même  ouvrage.  Presse 
de  bois.  Le  chapeau,  les  jumelles,  le  sommier 
d'une  presse  de  bois.  Baisser ,  relever  le 
sommier.  Le  sommier  d'en  haut.  Le  sommier 
d'en  bas.  Les  nouvelles  presses  n'ont  point 
de  sommiers  mobiles.  La  platine  de  la  presse, 
La  partie  de  la  presse  qni  foule  sur  le  tym- 
pan. Les  branches  de  la  platine.  Les  tablet- 
tes de  la  presse.  L'arbre  de  la  presse.  L'axe. 
Le  barreau  de  la  presse ,  Barre  de  fer  ter- 
minée par  un  gros  manche  de  bois,  qui 
sert  à  faire  mouvoir  la  vis  de  la  presse.  Le 
train  de  la  presse ,  La  partie  de  la  presse 
sur  laquelle  on  pose  la  foime  ,  et  qui 
avance  sous  la  platine  et  s'en  retire  par  le 
moyen  de  la  manivelle.  Le  berceau  de  la 
presse,  La  partie  antérieure  qui  soutient 
le  train.  La  potence  de  la  presse,  La  partie 
qui  soutient  le  berceau.  Les  bandes  de  la 
presse ,  Les  lames  de  fer  sous  les  quelles 
glisse  le  train.  L'encrier  de  la  presse,  Sorte 
de  planche  ou  de  table  carrée  sur  laquelle 
les  imprimeurs  prennent ,  avec  les  balles 
ou  avec  le  rouleau  ,  l'encre  dont  ils  noir- 
■  ibscnt  la  l'orme.   On  appelé  servante  un 


AAA 


GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 


nioiceau  de  bois  sur  lequel  repose  la  fris- 
quette ,  pendanl  que  l'imprimeurpointe  la 
feuille.  Le  chevalet  de  ta  presse.  On  nomme 
tympan  ime  espèce  de  châssis  compose 
de  quatre  barres  de  bois  ou  de  fer,  sur 
les  quelles  est  tendu  un  morceau  d'étoD'e 
ou  de  parchemin.  Le  grand  tym/'an  ,  le 
petit  tympan.  On  clend  sur  le  grand  tym- 
pan tes  feuilles  à  imprimer,  et  te  petit  tym- 
pan reçoit  l'action  de  la  platine.  La  Fris- 
quette. Voyez  ce  mot  à  son  rang  alpha- 
bétique. Presse  de  fonte.  La  presse  dite 
CoLOMBiENHB  est  composée  d'un  contre- 
poids, d'un  petit  levier  ,  d'un  grand  levier, 
de  brides,  de  tirants,  d'une  virgule  cin- 
trée, d'un  régulateur ,  d'un  barreau,  d'une 
noix,  A'nnarbre,  d'une  platine,  d'an  corps 
de  presse,  d'un  marbre,  d'un  chariot,  d'un 
rouleau,  d'une  manivelle ,  d'une  colonne 
dite  du  train,  de  tympans,  d'un  patin,  etc. 
Pbbsse  sTAPiHOPK,  dite  anglaise  :  Fase,  tirant, 
virgule  cintrée,  virgule,  vis,  ècrou ,  cpau- 
lette ,  branche  du  contrepoids  ,  colonne  du 
barreau  ,  barreau  ,  botte  coulante  ,  corps  de 
presse,  pied,  crochet  du  contrepoids ,  con- 
trepoids,  platine,  marbre,  chariot,  rou- 
leau, oreille  du  rouleau,  manivelle,  colonne 
du  train,  patin,  cric  du  chariot,  tympan  cou- 
vert de  sa  frisquette.  Presse  Frapik  :  Cin- 
tre en  fer  forgé,  sommier  en  fonte,  platine, 
marbre,  corps  de  presse,  chariot,  colonne, 
barreau  ,  tirant  en  fer  forgé  ,  banc  en  bois  , 
treuil  pour  la  corde,  cornières,  brides  en  fer, 
manivelle.  Presse  a  touchehr  mécamque, 
de  Selligue  :  Chapiteau,  colonnes  carrées  sur 
les  quelles  sont  ajustées  les  pièces  qui  portent 
les  roues;  colonnes  rondes;  base  où  sont 
fixées  les  colonnes  ainsi  que  les  coulisses  sur 
les  quelles  le  châssis  va  et  vient  ;  marbre  en 
fer  sur  le  quel  est  posée  une  plaque  à  surfa- 
ces parallèles ,  qui  porte  le  châssis  dan^  le 
quel  est  le  caraclère  ;  platine  portant  un  cadre 
qui  contient  tes  étoffes  nécessaires  à  l'impres- 
sion, et  qu'on  nomme  lympan  dans  tes  pres- 
ses ordinaires  ;  châssis ùlrois compartiments, 
dont  celui  du  milieu  contient  deux  ou  trois 
cylindres  en  gélatine,  servant  à  encrer  te  ca- 
raclère avant  l'impression  ;  frisquettes  ;  le- 
viers conjugues  qui  opèrent  ta  pression  ;  pièce 
de  retivoi  du  mouvement  de  ta  manivelle  aux 
leviers  conjugués  ;  roue  qui  porte  la  mani- 
velle pour  opérer  la  pression  par  tes  leviers 
conjugués  ;  roue  avec  une  manivelleà  chaque 
bout  de  son  axe,  pour  opérer  la  pression 
des  deux  côtés  de  la  presse;  support  de  ta 
roue  et  de  l'arbre  de  la  platine  ;  roues  d'en- 


grenage; contrepoids  de  ta  platine  ;  coulisses 
sur  tes  quelles  pose  et  glisse  le  châssis  ;  pla- 
que à  surfaces  parallèles  de  la  grandeur  du 
marbre,  la  quelle  porte  la  forme  ;  châssis  et 
caractères  sous  presse  ;  planche  pour  porter 
le  papier  à  imprimer  ;  cylindres  de  gélatine 
pour  encrer  les  caractères  ;  cylindres  pour  la 
distribution  de  l'encre  au  nombre  de  cinq  ou 
six  ;  supports  des  cylindres  de  gélatine  ; 
pièce  qui  enlève  la  plaque  et  ta  fait  glisser 
sur  un  galet  quand  on  a  besoin  d'ôter  ou  de 
mettre  une  forme  sous  presse.  Etc.  Une 
presse  mécanique  fait  autant  de  travail  que 
huit  presses  ordinaires.  On  n'emploie  les 
presses  mécaniques  que  pour  les  ouvrages 
communs,  comme,  par  exemple ,  le  Journal 
des  Débals.  Presse  d'imprimerie  en  taille- 
douce.  Presse  lithographique. 

La  liberté  desy3rcs.çes  doit  exister,  comme 
nous  avons  toujours  eu  la  liberté  des  écri- 
toires.  (  Rababd  Sai.m-Etiennb.  ) 

L'ouvrage  est  sous  presse,  11  s'imprime 
actuellement,  il/e^^re  un  ouvrage  sous  presse. 
Le  livrera  l'impression,  le  faire  imprimer. 
Fig.,  Faire  gémir  la  presse.  Faire  imprimer 
un  ouvrage.  J 1  se  dit  plus  souvent  par  rail- 
lerie. Fig.,  La  liberté  de  la  presse.  Liberté 
de  mettre  au  jour,  par  la  voie  de  l'impres- 
sion ,  ses  idées,  ses  opinions  sur  toutes 
sortes  de  matières  ,  sans  être  obligé  de  les 
soumettre  à  une  censure.  La  liberté  de  ta 
presse  existe  en  France  et  en  Angleterre.  La 
presse  est  libre  en  France. 

Les  Français  ont  le  droit  de  publier  et 
de  faire  imprimer  leurs  opinions  ,  en  se 
conformant  aux  lois.  La  censure  ne  pourra 
jamais  être  rétablie.  (Art.  7  de  la  Charte.  ) 

La  liberté  de  ta  presse  achève  la  démar- 
cation que  la  parole  a  commencée  entre 
l'homme  et  la  brute.  (  Lemontey.  ) 

La  liberté  de  la  presse  est  sans  cesse  ré- 
clamée par  les  opprimés  ;  son  asservisse- 
ment par  les  oppresseurs,  (  Gkokcel.  ) 

II  n'est  point  de  gouvernement  repré- 
sentatif qui  n'ait  pour  objet  et  pour  fon- 
dement la  liberté  publique  et  individuelle; 
il  n'est  point  de  liberté  publique  et  indi- 
viduelle sans  la  liberté  delà  presse  ,  et  il 
n'est  point  de  liberté  de  la  presse  sans  la  li- 
berté des  journaux.  (De  Lai.ly-Tolkndal.) 

Le  gouvernement  de  Charles  X  a  péri, 
parce  qu'il  a  voulu  enchaîner  la  presse. 
Périsse  de  même  tout  gouvernement  en- 
nemi des  lumières  ! 

Quelle  lâcheté  aux  tyrans  d'enchaîner  la 
presse  '  il  n'y  a  que  les  voleurs  cl  Icsmcuï- 


DE  QUELQUES  AUTRES 

tiiers  qui  n'osent  agir  au  grand  jour,  et 
qui  recherchent  les  ténèbres. 

La  liberlé  de  la  pensée  et  de  la  parole  , 
c'est  la  libre  respiration  de  l'âme.  Honte 
et  malheur  sur  lesliomnies  au  cœur  étroit, 
aux  idées  étroites,  qui,  par  l'asservisse- 
ment de  la  presse ,  cherchent  à  étouffer 
l'âme  sous  la  matière  ! 

Comment  des  millions  d'âmes  ,  ayant  à 
leurservice  des  bras  de  chair,  peuvent-elles 
se  laisser  bâillonner  ainsi  ?  Quel  homme 
en  France  ,  doué  de  quelque  noble  ins- 
tinct, n'aimera  mieux  se  faire  écharper  que 
de  souffrir  qu'on  attente  encore  à  la  liberté 
de  la  presse,  cette  conquête  glorieuse  de 
nos  pères,  qui  leur  a  coûté  tant  de  sang. 
tant  de  sacrifices? 

La  presse  est  le  levier  du  monde.  O  ty- 
rans, vous  avez  beau  vous  roidir  contre 
elle,  la  presse  finiraparrenverser  vos  trônes 
séculaires.  |Ne  vaudrait-il  pas  mieux  pré- 
venir la  secousse  ,  et  l'avoir  dès  à  présent 
pour  alliée  plutôt  que  pour  ennemie  ?  O 
rois  ,  n'y  a-t-il  donc  en  vous  aucun  noble 
instinct  qui  vous  porte  à  quelque  chose  de 
grand  et  de  courageux  ?  O  rois  ,  vous  avez 
donc  peur  !  Vous  n'êtes  donc  pas  sûrs  de  la 
validité  de  vos  titres  !  vous  vous  sentez 
donc  faibles  et  petits  !  De  quelle  gloire, 
de  quelle  puissance  ,  de  quelle  grandeur  , 
vous  vantez-vous  donc?  Belle  gloire  que 
de  commander  à  des  esclaves  enchaînés  , 
à  des  forçats,  à  des  brutes  !  Belle  puissance 
que  celle  d'un  geôlier  ,  qui  ,  pour  un  mot 
qu'il  ne  trouve  pas  assez  humble,  c'est  à 
dire  ,  assez  vil,  peut,  en  effet  ,  infliger  à 
tel  de  ses  prisonniers  huit  jours  de  chaîne 
et  de  cachot  1  Belle  grandeur  que  celle 
d'un  bourreau  monté  siu'  l'échafaud  ,  avec 
tous  les  insignes  et  tous  les  instruments  de 
sa  profession,  pour  y  torturer  de  nobles  vic- 
times, que  lui  abandonnent  l'ignorance, 
la  superstition,  et  le  fanatisme  1  Ah  1  que 
j'aime  bien  mieux  n'être  qu'un  simple  in- 
stituteur ,  régnant  sur  mon  petit  peuple 
par  la  seule  autorité  de  la  raison  et  de  l'a- 
inourl  — O  rois,  ne  vous  offensez  point  de 
ces  humbles  représentations;  ne  me  mor- 
dez pas  ,  parce  que  j'ai  voulu  vous  l'aire  du 
bien.  N'allez  pas  me  prouver  par  là  que  , 
loin  d'être  des  dieux  ,  comme  vcuis  le  pré- 
tendez ,  vous  n'êtes  que  des  hommes  ti- 
mides et  arrogants.  Rois  ,  je  ne  suis  point 
votre  ennemi  ,  mais  j'aimerais  à  vous  voir 
régner  ,  non  sur  des  esclaves ,  mais  sur  des 
hommes  libres  ,  non  sur  des  aulomalcs . 


SIGNES  D  IMPRIMEUIE.  445 

mais  sur  des  hommes.  C'est  alors  que  je 
vous  regarderais  comme  les  plus  nobles 
images  de  la  divinité  sur  la  terre.  Les  rois 
ne  sont  jamais  plus  grands  que  lorsqu'ils 
soumettent  toute  leur  grandeur  à  lajustice. 

PROTe  ,  Celui  qui,  sous  les  ordres  de 
l'imprimeur  ,  est  chargé  de  diriger  et  de 
conduire  tous  les  travaux  ,  de  maintenir 
l'ordre  dans  l'étar^lissement ,  et  de  payer 
les  ouvriers.  (  Du  grec  prôlos,  le  premier.) 
Un  proie  intelligent ,  attentif,  vigilant.  Un 
proie  négligent. 

Il  se  disait  aussi  autrefois  de  ceux  quili- 
sent  et  corrigent  les  épreuves.  Un  proie  ne 
saurait  être  trop  instruit.  (  Acad.) 

Prolégomènes,  Longue  et  ample  pré- 
face. Les  prolégomènes  de  la  Bible.  (En 
grec  protégoména ,  de  prolégô  ,  je  dis  au- 
paravant. ) 

Prologue,  Préface,  avant  propos.  — 
Ouvrage  qui  snrt  de  prélude  à  une  pièce 
dramatique.  (  Du  grec  pro,  avant,  et  logos, 
discours.  ) 

Proterie,  Emploi  de  prote  ; — Durée 
des  fonctions  du  piote  ; — Bureau,  cabinet 
du  prote. 

Prototype  (  Du  grec  prôtolupos ,  ori- 
nal,  modèle,  premier  type).  Instrument 
créé  par  Fournier  jeune  pour  servir  à  ré- 
gulariser la  force  des  corps.  Sa  longueur, 
basée  sur  le  pied  de  roi,  est  de  deux  cent 
quarante  points  typographiques;  en  sorte 
qu'il  faut,  pour  l'égaler,  AS  lettres  du  corps 
5,  40  du  corps  6,  etc. 

Le  Typomètre  (  du  grec  iitpos  ,  type  , 
et  métron ,  mesure),  dont  la  longueur 
est  de  cent  quatre-huit  points  typogra- 
phiques ,  a  remplacé  le  prototype.  Aux 
yeux  de  M.  Frey,  auteur  d'un  Manuel  de 
Typographie,  et  qui  a  peut-être  plus  de 
justesse  dans  ses  vues  que  dans  son  style  , 
ce  n'est  pas  un  progrès. 

*  En  général,  le  style  des  manuels,  comme 
celui  des  grammaires  et  des  dictionnaires 
(si  style  il  y  a),  est  détestable.  Cela  est 
d'une  diffusion  ,  d'une  lourdeur  assom- 
mante ,  d'une  incorrection  inouïe;  cela 
fourmille  de  fautes  grossières  ;  cela  ressem- 
ble à  un  traité  germanique  ou  h  une  com- 
position de  maître  de  langue  ;  cela  n'est  pas 
à  lire.  Et  cela  fait  pourtant  l'affaire  du  gros 
public,  beaucoup  mieux  que  le  meilleur 
poème.  Le  coq  s'arrange  mieux  d'un  grain 
de  millet  que  d'une  perle  ,  et  l'âne  à  son 
tour 

Picfcrc  un  fil  chaidon  an  flus  l'il  ananas 


i5{i 


f;UAMMAIUE    FUANCAISE. 


Queue,  Bas  d'une  page  qui  n'est  point 
rempli.  La  q  tic  ue  d'un  g,  d'un  p,  d'un  q,ii\.c.. 
Ce  qui  exc«';de  par  en  bas  le  corps  de  ces 
différentes  lettres.  La  queue  d'une  note,  Le 
trait  qui  tient  au  corps  de  la  noie,  et  qui 
monte  ou  descend  perpendiculairement  à 
travers  la  portée. 

B.AIHETTE ,  Châssis  de  fer  qui  n'a  point 
de  barre  au  milieu,  et  qui  sert  à  imposer 
les  ouvrages  d'une  seule  page  ,  comme  les 
placards,  les  aCBches,  les  tableaux,  etc. 

B.EGISTRE,  La  correspondance  que  les 
lignes  des  deux  pages  d'un  feuillet  ont 
l'une  avec  l'autre.  Bon  registre.  L'exacti- 
tude de  cette  correspondance.  Mauvais  re- 
gistre. Le  défaut  de  celte  correspondance. 
Faire  le  registre.  Tirer  l'une  sur  l'antre  les 
deux  pages  d'im  feuillet,  de  manière  que 
les  lignes  se  répondent  exactement. 

BiiGLET,  synonyme  peu  usité  de /i/c/. 
Règlel  simple,  double,  triple.  Séparez  ces 
deux  articles  par  un  réglct.  (Acad.) 

HÉGLETTE,  Petite  règle  de  bois  ou  de 
fonte,  qu'on  emploie  principalement  pour 
former  des  garnitures. 

B.ELIER,  (]oudre  ensemble  les  feuilles 
d'un  livre  et  y  mettre  une  couverture. 
Relier  un  livre  ;  le  faire  relier  en  maro- 
quin ,  en  veau ,  en  vélin  ,  en  basane,  en 
parchemin  ,  etc.  Cet  ouvrier  relie  bien,  relie 
proprement.  Voyez  Livbe  ,  page  524  de  la 
Méthode  du  Genre. 

Reliure  ,  L'ouvrage  d'un  relieur  ,  et 
la  manière  dont  un  livre  est  relié.  J'ai  payé 
tant  pour  la  reliure  de  ce  livre.  Reliure  de 
veau  ,  de  maroquin.  Demi-reliure.  ^ 

Remaniement  ou  Remanîment  , 
Travail  qu'on  fait,  lorsqu'on  change  des 
pages  composées,  de  petit  en  grand,  de 
grand  en  petit;  ou  lorsqu'on  est  obligé, 
soit  par  la  faute  du  compositeur,  soit  par 
les  changements  indiqués  sur  l'épreuve  , 
de  reculer  et  de  reformer  plusieurs  lignes 
de  suite,  ou  de  transposer  des  lignes  d'une 
page,  d'une  colonne  dans  une  autre.  Faire 
le  remaniement  d'une  feuille.  Un  long  rema- 
niement. De  nombreux  remaniements. 

Remanier.  Voyez  ci-dessus  Rema- 
niement. Remanier  une  feuille,  une  page. 
Remanier  plusieurs  ligues.  Il  y  a  beaucoup 
à  remaiiicr.  Remanier  te  papier,  Ketourner 
en  divers  sens,  et  par  parties  ,  le  papier 
qui  a  été  trempé  ,  afin  que  les  feuilles 
soient  toutes  également  pénétrées  d'humi- 
•litc.   Il  se  dit  f)gurcn)cnt  en  parlant    des 


ouvrages  d'esprit  qu'on  retouche,  aux  quels 
on  fait  de  grands  changements. 

Rentrée.  Voyez  Alinéa,  page  355. 

RÉSERVE  ,  Armoires  qui  contiennent 
le  caractère  en  réserve. 

RetiraTION  ,  Action  d'imprimer  le 
second  côté  d'une  feuille  de  papier,  au- 
trement dit  le  verso.  Voyez  Tirage. 

RÉVISION,  Action  par  laquelle  on  re- 
voit, on  examine  de  nouveau.  Faire  la  ré- 
vision d'une  feuille  pour  s'assurer  qu'il  n'y 
reste  plus  de  faut  es, 

Romain.  L'imprimerie  est  redevable 
de  ce  caractère,  qui  est  devenu  celui  de 
l'Europe  .  à  un  Français,  nommé  Nicolas 
Janson.  (  A.  Frey. ) 

Rouleau,  Cylindre  de  bois  sur  lequel 
on  a  coulé  une  composition  de  colle  et  de 
mélasse  ,  et  qui  sert  à  étendre  l'encre  sur 
les  formes.  On  fait  plus  souvent  usage  main- 
tenant du  rouleau  que  des  baltes.  Prendre 
l'encre  avec  te  rouleau. 

Rouler.  Fairerouterta  presse.  Faire  im- 
primer des  ouvrages.  On  dit  qu'une  presse 
roule,  lorsque  la  mise  en  train  est  terminée  et 
que  le  tirage  se  continue  sans  interruption. 

Sabot,  La  platine  en  bois  des  presses 
hollandaises. 

Satinage,  L'action  de  satiner,  ou  le  Ré- 
sultat dece.lteaction. Lesatinagei'end le  pa- 
pier plus  lisse  et  plus  fin.  Carton  de  satinage. 

Satiner  ,  Donner  au  papier  l'œil  du 
satin,  au  moyen  de  cartons  fort  lisses,  ap- 
pelés cartons  de  satinage,  entre  les  quels 
on  presse  chaque  feuille.  Presse  à  satiner. 

Sommaire,  Extrait  ,  abrégé.  Le  som- 
maire d'un  livre  ,  d'un  discours.  Mettre  des 
sommaires  en  icle  des  chapitres  d'un  livre. 
Dans  les  ouvrages  imprimes ,  la  première 
ligne  d'un  sommaire  doit  sortir  au  lieu  de 
rentrer.  Table  des  sommaires. —  Sous-titre 
phrasé  dont  la  disposition  linéaire  affecte 
une  forme  contraire  à  celle  de  l'alinéa  ,  et 
différente  de  celle  de  la  poésie.  Forme  li- 
néaire des  sommaires.   (  A.  Frey.) 

Stéréotypage,  Action  de  stéréotyper, 
ou  L'ouvrage  qui  en  résulte.  Procédé  de 
stéréotypage. 

Stéréotype,  Imprimé  avec  des  pages 
ou  planches  dont  les  caractères  ne  sont  pas 
mobiles  ,  et  que  l'on  conserve  pour  de 
nouveaux  tirages.  Edition  stéréotype. 

Stéréotyper,  Imprimer  avec  des 
clichés,  avec  des  pages  ou  planches  soli- 
des. Stéréotyper  un  ouvrage  classique. 

Stéréotypïe  ,  Art  de  sléréolyper.  — 


DE  QUELQUES  AUTRES  SIGNES  D  IMPRIMERIE. 


447 


Atelier  où  l'on  stéréotype.  (  Du  grec  sté- 
réos ,  solide  ,  et  typos  ,  type.  ) 
Supports  du  traxn  ou  Tasseaux  , 

Fortes  pièces  de  fer  placées  en  saillie  et 
loDgitudinalemerrt  sous  le  train  en  dehors 
des  bandes. 

Tableau,  Feuille,  planchesur  la  quelle 
des  matières  didactiques,  historiques,  et 
autres  ,  sont  rédigées  et  rangées  méthodi- 
quement, pour  être  vues  d'un  coup  d'œil. 
Tableau  synoptique.  Tableau  régulateur  du 
prix  des  grains.  Tableau  sialisli que.  Les  co- 
lonnes d'un  tableau.  Le  cadre  d'un  tableau. 
Toyez  en  un  bel  exemple  ,  page  à25. 

Taquoir,  Morceau  de  bois  blanc  ,  de 
la  grandeur  d'une  page  in-octavo,  et  dou- 
blé en  bois  de  chêne,  sur  le  quel  on  frappe 
avec  un  maillet  pour  égaliser  dans  le  châs- 
sis tous  les  caractères  dont  une  forme  est 
composée. 

Texte  ,  Les  propres  paroles  d'un  au- 
teur, considérées  par  rapport  aux  notes  , 
aux  commentaires,  aux  gloses  qu'on  a  faites 
dessus.  Ce  texte  est  corrompu,  falsifié,  ob- 
scur. Le  texte  n'est  pas  correct.  Texte  sup- 
posé. Interpoler  le  glose  dans  le  texte.  L'y 
insérer  par  ignorance.  Restituer  le  texte , 
Rétablir  l'ordre  ,  les  mots  ,  ou  la  ponctua- 
tion dont  on  suppose  que  l'auteur  s'est 
servi. — Passage  de  TEcriture  Sainte  qu'un 
prédicateur  prend  pour  sujet  de  son  ser- 
mon. Le  texte  d'un  sertnon. 

Tierce,  Dernière  épreuve  que  le  prote 
confère  avec  la  précédente,  pour  être  sûr 
que  toutes  les  corrections  sont  exécutées. 
Donner  la  tierce.  Voir  la  tierce.  Corriger  la 
tierce.  Signer  la  tierce,  Y  apposer  le  bon  à 
tirer  ,  avec  sa  signature. 

Tirage,  Action  de  mettre  la  feuille 
sous  presse  et  d'y  imprimer  les  caractères. 
Ce  tirage  n'a  pas  été  soigné.  On  a  déjà  fait 
plusieurs  tirages  de  cet  ouvrage,  c'est  à  dire, 
plusieurs  réimpressions  avec  les  mêmes 
formes  ou  planches.  Premier,  second,  troi- 
sième tirage.  On  le  dit  aussi  en  parlant  des 
estampes  et  desdessitjs  lithographies.  Tirage 
en  blanc.  L'action  d'imprimer  le  premier 
côté  d'une  feuille  de  papier,  autrement  dit 
le  recto,  par  opposition  a  tirage  cnretira- 
tion.  Aller  en  blanc.  Aller  en  retiration. 
Mettre  une  feuille  en  retiration. 


TIRER,  Imprimer.  Tirer  des  feuille.'^. 
Tirer  des  estampes.  Bon  à  tirer. 

Titre,  Inscription  qui  fait  connaître 
la  matière  d'un  livre,  et  ordinairement  le 
nom  de  l'auteur  qui  l'a  composé,  etc.  On 
le  dit  également  des  inscriptions  analo- 
gues placées  au  commencement  des  divi- 
sions d'un  livre.  Le  titre  d'un  livre.  Le  titre 
d'unchapitre,  d'un  paragraphe.  Nos  fameux 
critiques  dujour  possèdent  l'art  de  juger  un 
livre  sur  le  titre.  Titre  courant,  Ligne  en 
petites  capitales  qui  est  mise  au  haut  de 
chaque  page  d'un  livre  pour  indiquer  le  su- 
jet dont  il  traite.  Titre  courant  changeant. 
Sous-titre,  Le  second  titre  qu'on  donne  à 
un  livre,  comme  :  LE  LIVRE  DE  TOUS 
on  Foi,  espébanck  ,  charité.  Voyez  Fron- 
tispice, 

Tremper  le  papier,  ou  absolument, 
tremper,  Imbiber  d'eau  ,  humecter  le 
papier  destiné  à  l'impression ,  pour  lui 
donner  de  la  moiteur  et  de  la  souplesse. 
Tremper  à  la  main.  Tremper  au  balai.  Le 
papier  se  trempe  ordinairement  une  fois  par 
main. 

TREMPERIE  ,  L'endroit  d'une  impri- 
merie oii  l'on  trempe  le  papier.  Aller  à  la 
tremperie. 

Tympan.  Voyez  Presse. 

Type  ,  Caractère  d'imprimerie.  Des 
Types  mobiles.  De  beaux  types.  (Du  grec 
tupos.) 

Typographe,  Celui  qui  sait,  qui  exerce 
l'art  de  la  typographie.  Manuel  du  typo- 
graphe. 

Typographie,  L'art  de  l'imprimerie; 
et,  plus  spécialement,  La  réunion  de  tous 
les  arts  qui  concourent  à  l'imprimerie.— 
Grand  établissement  typographique.  (Du 
grec  tupos,  type,  modèle,  caractère,  et 
^rn/j/ij,  j'écris.) 

Typographique,  Qui  a  rapport  à  la 
typographie.  Caractères ,  presses ,  procédés 
typographiques. 

VISORIUM,  Instrument  qui  sert  à  te- 
nir la  copie  sous  les  yeux  du  compositeur, 
et  qui  se  fixe  à  la  casse  par  une  pointe.  Il 
est  formé  d'une  petite  planchette  longue 
sur  laquelle  on  applique  les  feuillets  en  les 
arrêtant  au  moyen  d'une  pince  mobile  de 
bois  aj)pelée  mordant. 


Il  n'est  pas  un  écrivain,  pas  un  professeur,  pas  un  homme  vivant  quelque  peu  avec 
les  livres  ,  érudit  ,  poète  ,  journaliste  ,  avocat,  qui  puisse  se  dispenser  d'acquérir  la 
connaissance  exacte  de  tous  les  termes  indiqués  ci-dessus. 

La  Clef  de  la  Langue  sous  le  bras,  un  précepteur  pourra  sortir  nn  beau  matin  avec 
son  élève  et  lui  faire  visiter  avec  quelque  fruit  une  imprimerie. 


-Î48 


GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 


fillgnes  Divers. 


Signes  algébriques. 

-J-  Plus.  Signe  de  r.Tdditioli ,  formé  d'une 
ligne  hfjiizontale  traversée  par  une  ver- 
ticale. On  écrit  3  ab,  pour  al/  -{•  ab  -)- 
ab.  3 ,  comme  on  le  voit ,  est  ici  un  si- 
gne d'abréviation.  Il  se  nomme  coc//?- 
cient,  parce  qu'il  marque  combien  de 
l'ois  le  terme  ab  doit  être  répété.  (En 
latin  coefjlcu'ns ,  de  citm ,  avec,  et  cffi- 
cere ,  faire:  qui  fait  un  même  terme 
avec  la  quantité  algébrique.) 

—  Moins.  Signe  de  la  soustraction,  formé 
par  une  seule  ligne  horizontale. 

•4~  Plus  ou  moins. 

=  Egale  ou  est  égal  à.  Signe  de  l'égalité, 
formé  de  deux  traits  horizontaux  et  pa- 
rallèles . 
X  MullipUé  par.  Signe  de  la  multiplica- 
tion,  composé  de  deux  lignes  obliques 
croisées.  On  exprime  encore  la  multi- 
plication en  séparant  les  facteurs  par 
un  point,  ou  même  en  les  écrivant 
l'un  À  côté  de  l'autre,  sans  l'interposi- 
tion d'aucun  signe.  Ainsi  les  trois  for- 
mules suivantes,  a  X  b,  a.b,  ab,  signi- 
fient toutes  également  a  multiplié  par 
b.  Si  l'on  avait  à  multiplier  a  par  a,  et 
encore  par  a,  puis  par  b  et  encore  par 
b,  puis  enfin  par  c,  on  écrirait  aaabbc. 
Mais  pour  abréger  on  écrit  aussi,  a-bic. 
3  exprime  qu'a  est  trois  fois  facteur,  et 
s'appèle  exposant.  Il  en  est  de  même  de 
2  par  rapport  à  b.  L'exposant  de  c  est 
censé  1  ,  chiffre  qu'on  est  libre  d'écrire 
on  de  ne  point  écrire. 
;  Divisé  par  ou  est  à.  Signe  formé  de  deux 
points  placés  l'un  sur  l'autre. 

'.]  Comme,  /j  :  7  :  :  8  :  11  (4  est  à  7  comme 
8  est  dll). 

>  Plus  grand  que.  Signe  de  supériorité. 
Espèce  d'angle  aigu  qui  se  place  entre 
deux  quantités  pour  exprimer  que  l'une 
est  plus  grande  que  l'autre.  La  quan- 
tité vers  la  quelle  est  tournée  l'ouver- 
ture de  l'angle  est  toujours  la  plus 
grande. 

<  Plus  petit  que. 
—r-  Progression  par  quotient. 
-7-  Progression  par  différence. 

v'^    Signe  radical.    11  se  met    devant  les 


quantités  dont  on  vent  extraire  les  ra- 
cines. 
co  Infini. 

Termes  d'Algèbre  et  d'Arithmétique. 

Algèbre.  L'algèbre  est  l'arithmétique 
généralisée;  c'est  la  science  du  calcul  des 
grandeurs  ou  quantités  en  général ,  dans 
la  quelle  on  emploie  ,  au  lieu  de  chiffres  , 
les  lettres  de  l'alphabet,  qui,  n'ayant  au- 
cune valeur  déterminée,  peuvent  repré- 
senter toutes  sortes  de  grandeurs.  Selon  la 
définition  de  l'Académie,  l'algèbre  est 
cette  partie  des  mathématiques  qui,  con- 
sidérant les  grandeurs  d'une  même  nature 
sous  la  seule  acception  abstraite  de  leur 
inégalité,  les  exprime  par  des  caractères 
communs  À  toutes  leurs  valeurs  particu- 
lières ,  et  développe  ainsi  leurs  relations 
de  quantité  les  plus  générales.  —  Traité 
d'algèbre.  L'algèbre  de  Bczout.  — Fig.  et 
fam.,  C'est  de  l'algèbre  pour  lui.  Il  n'y  en- 
tend rien.  (De  l'arabe  al,  le,  et  Geier, 
nom  d'un  mathématicien.  ) 

AXGÉBRIQUE,  Qui  appartient  à  l'algè- 
bre. Calcul  algébrique  ou  d'algèbre.  For- 
mule algébrique.  Ensemble  de  termes  al- 
gébriques qui  compose  l'expression  la  plus 
générale  d'un  résultat  de  calcul.  Opérations 
algébriques. 

AlgÉBRISTE,  Celui  qui  sait  l'algèbre, 
qui  fait  des  opérations  d'algèbre. 
Antécédent.  Voyez  Terme. 
Arithmétique  ,  Science  des  nom- 
bres ,  art  de  calculer.  Arithmétique  prati- 
que. Arithmétique  spéculative.  Arithmétique 
décimale.  Les  quatre  premières  règles  de 
l'arithmétique  sont  l'addition,  la  soustrac- 
tion,  la  multiplication ,  et  ta  division.  (Du 
grec  arithmos,  nombre.) 

BINOIHE  ,  Quantité  algébrique  compo- 
sée seulement  de  deux  termes  unis  entre 
eux  par  les  signes  plus  ou  moins,  a  X  b  est 
un  binôme  qu'on  exprime  ainsi ,  a  plus  b. 
Binôme  de  Newton,  Formule  donnée  par 
Newton  pour  élever  un  binôme  à  des  puis- 
sances quelconques.  (  Du  latin  bis ,  deux 
fois,  et  du  grec  nome,  part,  division.)  L'é- 
tymologie  grecque  nome,  par  omicron,  me 
force  à  demander  pourquoi  l'on  écrit  or- 
dinairement nôme  avec  un  accent  circon- 
flexe. 
Carré  mieux  quarbè.  Pied  carré,  mè- 


SIGNES  DIVERS.    ARITHMETIQUE  ET  ALGEBRE, 


449 


Irc  quarré,  etc.,  surface  quarrée  dont  cha- 
que côté  a  un  pied,  un  mètre,  etc.)  Voyez 
Nom  bre . 

COEFFICIENT,  Le  nombre  ou  la  quan- 
tité connue,  ou  censée  telle,  qui  s'écrit  au 
devant  d'une  quantité  algébrique  incon- 
nue, et  qui  la  multiplie.  Lorsqu'une  lettre 
n'est  précédéed'aucun  nombre  elle  est  tou- 
jours censée  avoir  1  pour  coefficient.  Dans 
5'',  vx,  etc.,  5  est  le  coefBclent  de  b,  v celui 
de  X.  C'est  pour  abréger  qu'on  écrit  ainsi 
5',  au  lieu  de  b~{-b+  b-j-  b-{~b. 

Conséquent.  Voyez  Terme. 

CuB£.  Voyez  Nombre. 

DÉMONSTRATION,  Raisonnement  qui 
prouve  d'une  manière  évidente  et  convain- 
cante. Z)é»iOns<ra<(on  mathématique,  f;éo- 
tnétrique.  Il  a  trouve  la  démonstration  de  ce 
problème. 

DÉNOIHINATEUR.  C'est,  des  deux  nom- 
bres qui  expriment  une  fraction,  Celui  qui 
s'écrit  au  dessous  de  l'autre,  et  qui  marque 
en  combien  de  parties  on  suppose  l'unité 
divisée.  Dans  la  fraction  ^  (trois  quarts j, 
k  est  le  dénominateur,  3  est  le  numérateur. 
De  mètne,  dans  la  fraction  ^  b  est  le  déno- 
minateur, A  le  numérateur.  Réduire  deux 
fractions  au  même  dénominateur  ou  à  une 
même  dénomination.  Le  numérateur  et  le 
dénominateur  sont  appelés  les  deux  termes 
de  la  fraction. 

Différentiel,  Qui  procède  par  dif- 
férence. Calcul  différentiel ,  Sorte  de  cal- 
cul qui  considèie  les  quantités  variables 
dans  leur  mode  d'accroissement  par  diffé- 
rences infiniment  petites,  y  osez  Quantité, 

Dividende  ,  Nombre  à  diviser  selon 
la  règle  de  la  division.  Le  dividende  s'écrit 
à  lu  gauche  du  diviseur,  dont  on  le  sépare 
par  un  trait.  (Du  latin  dividendits  nume- 
rus.)  —  En  termes  de  Commerce  et  de  Fi- 
nance, La  portion  d'intérêt  ou  de  bénéfice 
qui  revient  à  chaque  actionnaire  d'une 
compagnie  de  commerce  ou  de  finance, 
et  qui  se  paye,  soit  à  la  fin  de  l'année,  soit 
à  d'autres  époques  convenues.  Toucher,  re- 
cevoir son  dividende.  Un  faible  dividende. — 
La  portion  afférente  à  chaque  créancier 
sur  la  somme  qui  reste  à  partager  après  la 
liquidation  d'une  maison  en  faillite.  Celte 
faillite  ne  présente  qu'un  dividende  de  cinq 
pour  cent.  (Acad.) 

Diviseur,  Nombre  par  lequel  on  en 
divise  un  plus  grand.  Quand  on  divise  cent 
par  dix ,  dix  est  le  diviseur  et  cent  est  le  di- 
vidende.   Le  commun  diviseur  de  pluMCurs 


quantités  est  la  quantité  qui  les  divise 
toutes  exactement;  ainsi  3  est  commun 
diviseur  de  12  ,  15  ,  21 ,  30  ,  parce  que  ces 
nombres  sont  divisibles  par  S.  Le  plus 
grand  commun  diviseur.  On  l'obtient  en 
divisant  le  plus  grand  nombre  par  le  plus 
petit ,  puis  le  plus  petit  par  le  reste  de  la 
première  division  ,  puis  le  reste  de  la  pre- 
mière division  par  celui  delà  seconde,  etc., 
jusqu'à  ce  que  l'on  trouve  zéro  pour  reste. 
Le  dernier  diviseur  est  le  plus  grand  com- 
mun diviseur  cherché. 

Élimination,  Opération  dont  le  but 
est  de  faire  disparaître  toutes  les  («connues, 
moins  une,  qui  se  trouvent  dans  une  équa- 
tion. 

Équation,  L'expression  de  la  condition 
d'égalité  établie  entre  deux  quantités  al- 
gébriques. Deux  quantités  égales  écrites  à 
la  suite  l'une  de  l'autre, et  séj)arées  par  le 
signe  égale,  forment  une  équation.  Les 
quantités  séparées  par  ce  signese  nomment 
les  membres  de  l'équation.  Le  premier,  le 
second  non\bre  d'une  équation.  Résoudre  une 
équation.  Trouver  la  valeur  de  la  quantité 
inconnue  qui  s'y  trouve  liée  aux  quantités 
connues;  valeur  dont  la  substitution  dans 
chaque  membre  à  la  place  de  l'inconnue 
doit  rendre  ces  nombres  identiques.  Ré' 
duire  une  équation.  Equation  du  premier, 
du  second,  du  troisième  degré,  etc..  Equa- 
tion dontl'inconnue  est  à  la  première  puis- 
sance ,  à  la  seconde  puissance,  etc.  On 
désigne  cette  puissance  par  l'exposant.  Les 
quantités  inconnues  sont  désignées  parles 
lettres  £, y,  x,  v;  les  quantités  connues  par 
des  chiffres  ou  les  piemières  lettres  de  l'al- 
phabet a,  b,  c,  d.  Dégager  l'inconnue,  La 
faire  sortir  des  relations  algébriques  oii  elle 
cstengagée.Uneé^ua^onestnomméeà^ne, 
à  deux,  à  trois  inconnues,  selon  le  nombre 
de  quantités  inconnues  qu'elle  renferme. 
Equations  algébriques ,  Celles  qui  ne  con- 
tiennent que  des  puissances  entières  des 
inconnnes. Equations  transcendantes.  Celles 
qui  ne  renferment  que  des  puissances  ir- 
rationnelles, des  quantités  infinitésimales. 
Équations  exponentielles,  dans  les  quelles  il 
entre  des  quantités  exponentielles.  Les 
quantités  exponentielles  aont  des  puissances 
dont  l'exposant  est  indéterminé  ou  va- 
riable ,  telles  qu'a*,  x'-.  Le  calcul  exponen- 
tiel est  l'ensemble  des  procédés  à  l'aide 
desquels  on  trouve  les  différentielles  et  les 
intégrales  des  quantités  exponentielles. 
(  En  latin  œquatio,  d'œquare,  égaler.} 


îTiO 


GltAMUArRE    FRANÇAISE. 


Exposant,  l.e  nombr*!  qui  exprime  le 
rapport  de  deux  aulres.  Trois  est  ['expo- 
sant du  rapport  de  douze  à  quatre.  —  Le 
nombre  qui  exprime  le  degjré  d'une  puis- 
sance. Deux  est  l'exposant  du  r/uarré,  trois 
est  celui  du  cube,  etc.  L'expos.int  s'écrit  à 
la  droite  et  un  peu  an  dessus  de  la  quan- 
tité exprimée.  Dans  6^  le  chifl're  4  indique 
que  la  quantité  b  doit  être  multipliée  qua- 
tre fois  par  elle-même.  Ce  qu'il  faudrait 
indiquer  autrement  par  6 -j- /*  — }- 6  — [- 6 . 
C'est  Descartes  qui  est  l'inventeur  de  Tex- 
pos  ant. 

Expression,  Nom  donné  à  la  formule 
qui  représente  la  génération  d'une  quantité. 

Facteur,  Chacune  des  quantités  qui 
servent  à  former  un  produit.  En  divisant 
le  produit  par  l'un  des  facteurs,  on  a  pour 
quotient  le  produit  de  tous  les  autres. 

Fraction^  Quantité  qui  contient  un 
certain  nombre  de  parties  de  l'unité, et  dont 
l'expression  est  généralement  formée  de 
deux  termes,  l'un  appelé  numérateur,  ex- 
primant le  nombre  des  parties  d'unité,  et 
l'autre  dénominateur ,  indiquant  combien 
il  faudrait  de  ces  parties  pour  former  l'u- 
nité entière.  Un  demi  ({),  deux  tiers  (|) , 
trois  quarts  (f  )  sont  des  fractions.  Le  numé- 
rateur et  le  dénominateur  s'appètent  tes  ter- 
mes de  la  fraction.  Une  fraction  ne  change 
pas  de  valeur  lorsqu'on  multiplie  ou  qu'on 
divise  ses  deux  termes  par  un  même  nombre; 
ce  qui  donne  le  moyen  de  réduire  tes  frac- 
tions à  une  plus  simple  cxprcsssion.  Ainsi 
i  =  I  =  Y^  = -1^.  Si  le  numérateur  d'une 
Iractionest  plus  grand  que  son  dénomina- 
teur, cette  fraction  vaut  plus  de  1,,  et  con- 
tient des  unités  principales.  Pour  trouver 
ces  unités  on  divise  le  numérateur  par  le 
dénominateur.  A.ins'i  ^  égale  17  divisé  par 
6  ou  2  entiers  et  ^.  Pour  réduire  des  frac- 
tions au  même  dénominateur,  c'est  à  dire, 
leur  donner  un  dénominateur  commun  , 
par  exemple  les  fractions  v,|,  |,   y  ,  on 


foit  le  produit  des  trois  dénominateurs  5, 
6,  7;  le  quel  est  210.  On  multiplie  210 
par  la  première  fraction,  et  l'on  obtient 
la  nouvelle  fraction  j-^.  Pour  la  deuxième 
fraction,  on  fait  le  produit  des  dénomina- 
teurs 3,  6,  7  ;  lequel  est  126.  On  multi- 
plie 126  par  la  deuxième  fraction,  et  l'on  a 
la  nouvelle  fraction  |||.  Et  ainsi  des  an- 
tres. Pour  l'addition  et  la  soustraction  des 
fractions,  quand  les  dénominateurs  sont 
égaux,  on  opère  sur  les  numérateurs 
comme  sur  les  nombres  entiers  ,  et  l'on 
donne  a  la  somme  ou  au  reste  le  dénomi- 
nateur commun.  Exemples:  H— 1+  |-{- 
1  =  ^=2.^  —  1  =  1.  Si  les  dénomina- 
teurs sont  différents,  on  réduit  d'abord  les 
fractions  au  même  dénominateur.  Pour 
multiplier  deux  fractions  l'une  par  l'autre, 
on  multiplie  les  numérateurs  l'un  par  l'au- 
tre, ainsi  que  les  dénominateurs.  Exem- 
ple :  1^  X  f  =  tI-  Pour  la  division ,  on  mul- 
tiplie la  fraction  dividende  par  la  fraction 
diviseur  renversée.  Exemple  :  |  :  y=  |x 
j=|4-.  Fractions  de  fractions.  De  même 
que  les  fractions  ordinaires  se  forment  de 
parties  de  l'unité  principale,  on  peut  con- 
cevoir les  fractions  elles-mêmes  divisées  en 
plusieurs  parties  égales,  qu'on  appelé  frac- 
tions de  fractions.  Si  on  a  la  fraction  |,  et 
qu'on  en  prenne  le  r,  on  formera  Ia  fraction 
de  fraction  i  de  |,  qui  s'énonce  un  demi  de 
deux  tiers.  Pour  réduire  des  fractions  de 
fractions  à  des  fractions  simples,  on  les 
multiplie  simplement  l'une  par  l'autre. 
Exemple  :iW6|==|x|=|.  Frac- 
tions continues.  Séries  de  nombres  frac- 
tionnaires, numériques  ou  algébriques  (1), 
qui  se  prolongent  indéfiniment.  Fractions 
décimales ,  Fractions  exprimées  en  parties 
décimales  de  l'unité,  comme  des  dixièmes, 
des  centièmes,  des  millièmes,  des  dix  mil- 
lièmes ,  des  cent  millièmes,  des  millioniè- 
mes, etc.,  qu'on  écrit  à  la  droite  des  uni- 
tés simples  selon  leur  rang  de  subdivision, 


(l)  Si  [ei  trois  ai]ecti[s J'raclionnaires ,  numériffues ,  algébriques,  exprimaient  trois  qualités 
distinctes  du  même  objet,  il  faudrait  une  virgule  avant  la  conjonction  ou]  mais  les  deux  mots 
nombres  fractionnaires  ne  forment  ensemble  qu'une  dénomination  de  la  cbose  qualifiée  par  les  ad- 
jectifs numériques  et  algébriques.  C'est  comme  pour  le  titre  de  notre  livre  :  Nouvelle  Grammaire 
française,  encyclopédique  et  morale.  Nouvelle  grammaire  française  est  la  de'nomination  de 
l'ouvrage,  encyclopédique  et  morale  eu  sont  deux  qualificatifs.  Donc,  point  de  virgule.  En  re- 
vanche, M.  notre  honorable  éditeur  aurait  bien  fait  d'en  mettre  une  après  de  lecture  ,  ainsi  que  je 
vaisle  [aire  ,  duas  Aféthode  de  prononciation  ,  de  lecture,  et  d'orthographe.  Mais  nous  ne  con- 
naissions alors  que  la  ponctuation  de  MM.  Boiste,  Giiault  Duvivier.  Napoléon  Landais,  etc.;  ce  qui 
vous  fera  comprendre,  ami  lecteur,  pourquoi  la  première  partie  de  notre  ouvrage  s'écarte  quelque- 
fois des  excellents  principes  que  votre  saine  critique  (ceci  ne  s'adresse  pas  à  toutes  sortes  de  lec- 
teurs) n'aura  pas  manqué  d'approuver  dans  notre  nouvelle  Grammaire  française,  vraiment  nouv^lU- 
et  vraiment  française  ,  à  laquelle  vous  vous  félicitez,  je  l'espère  ,  d'avoir  souscrit. 


ïilOES   DlVEllS. 

tu  les  séparant  de  ces  unités  par  une  vir- 
gule, pour  indiquer  où  les  subdivisions 
fractionnaires  commencent.  Les  fractions 
décimales  cinq  dixièmes  (0,5)  et  cinquante 
centièmes  {O^bO)  répondent  à  un  demi  (!)• 
(AcAD.)  Comme  on  le  voit  par  cet  exem- 
ple, le  premier  chiffre  à  droite  de  la  vir- 
gule prend  le  nom  de  dixième,  le  deuxième 
celui  de  centième,  le  troisième  celui  de 
millième,  etc.  La  fraction  27,389  s'énon- 
cera 27  entiers  389  millièmes,.  L'addition 
et  la  soustraction  s'effectuent  comme  s'il 
s'agissait  de  nombres  entiers.  11  faut  seu- 
lement avoir  soin  de  maintenir  la  virgule 
à  sa  place.  La  multiplication  s'effectue  d'a- 
bord comme  s'il  n'y  avait  pas  de  virgule, 
et  l'on  sépare  ensuite  à  la  droite  du  pro- 
duit obtenu  autant  de  décimales  qu'il  y 
en  a  dans  les  deux  facteurs.  Exemple;  22,15 
X  12,50  =  276,8750  ou  276  entiers  8750 
dix-millièmes.  La  division  présente  deux 
cas.  Lorsque  les  deux  facteurs  contiennent 
le  même  nombre  de  décimales,  on  obtient 
le  quotient  en  effectuant  la  division  comme 
s'il  n'y  avait  pas  de  virgule.  Lorsque  le  di- 
vidende et  le  diviseur  ne  contiennent  pas 
le  même  nombre  de  décimales,  on  ramène 
ce  cas  au  précédent,  en  plaçant  à  la  droite 
du  nombre  qui  en  contient  le  moins  au- 
tant de  zéros  qu'il  en  faut  pour  égaler  l'au- 
tre. Exemple:  254,/i81  :  22,4  =  25/i,481: 
22,400  =  11 ,  ,^^,  11  entiers  8081  parties 
d'un  tout  qui  en  contient  10000.  Pourcon- 
vertir  une  fraction  ordinaire  en  fraction 
décimale,  il  faut  diviser  le  numérateur 
augmenté  d'un  certain  nombre  de  zéros 
par  le  dénominateur,  et  séparer  au  quo- 
tient, par  une  virgule,  autant  de  décimales 
qu'on  a  ajouté  de  zéros.  Exemples  :  f  ou 
0,75.  Fractions  sexagésimales ,  Fractions 
dont  les  dénominateurs  dérivent  du  nom- 
bre 60.  Fractions  littérales  ou  algébriques , 
Fractions  désignées  par  des  lettres.  ^  est 
une  fraction  littérale  qu'on  énonce  a  sur  b. 
On  fait  sur  elles  les  mêmes  opérations  que 
sur  les  fractions  algébriques.  Fractions  ra- 
tionnelles ,  Expressions  algébriques  com- 
posées de  fractions,  et  ne  renfermant  que 
des   exposants    entiers. 


Grandeur  ,  Tout  ce  qui  est  suscepti- 
ble d'augmentation  ou  de  diminution. 
Voyez  Quantité. 

Incrément,  Ce  dont  croît  ou  décroît 
une  quantité  variable.  (En  latin  incremcn- 
tuvi,  de  cresccrc,  croître.) 

Infinitésimal  (Calcui,  ),  Le  calcul 
des  infiniment  petits.   Le  calcul  infmitési- 


\KlTHMEliyiJE  Kl  AL(iEBKE.  io\ 

mal  a  deux  branches  :    le  calcul  dij forent iet 
et  le  calcul  intégral. 

Intégrai.  (  Calcul  ) ,  l^e  calcul  par  le 
quel  on  remonte  des  incréments  infini- 
ment petits  aux  quantités  finies  dont  ils  dé 
rivent. — L'intégrale  d'une  quantité  différen- 
tielle, La  quantité  finie  dont  cette  diffé- 
rentielle est  l'incrément  infiniment  petit. 

Irrationnel.  Quantités  irratiotmelles. 
Qui  n'ont  aucune  commune  mesure  avec 
l'unité ,  c'est  à  dire  ,  qui  ne  peuvent  être 
représentées  ni  par  des  nombres  entiers 
ni  par  des  fractions.  Nombre  irrationnel. 

IiOGARITHME.  (Du  grec,  logas  ,  raison, 
proportion,  et  «ri//i»io.ç,  nombre:  nombre 
en  proportion  avec  un  autre.  Voyez  Table. 

Mathématique  ,  s.  f.  (  Du  grec  ma- 
thema,  au  pluriel  matliemata,  science  :  la 
science  par  excellence;  parce  que  les  mathé- 
matiques sont  les  seules  connaissances  na- 
turelles susceptibles  d'une  démonstration 
rigoureuse.)  Science  qui  a  pour  objet  les 
propriétés  de  la  grandeur  en  tant  qu'elle 
est  calculable  ou  mesurable.  Il  s'emploie  le  plus 

ordiiiaiiemeiit  au  pluriel.  On  ne  remploie  jamais  au  sin 

i;ulier  avec  l'article.  Etudier  en  mathématique. 
Principes,  propositions ,  théories,  problême 
de  mathématiques.  Instrument  de  malhéma 
tique.  Il  sait  les  mathématiques.  La  géomé- 
trie, l'optique,  l'aslronomie,  sont  des  parties 
des  mathématiques.  Coursde  mathématiques. 

Hîui  de  mathématique  ,  Etui  dans  le 
quel  sont  renfermés  les  instruments  néces- 
saires aux  mathématiciens. 

Mathématiques  pures,  Celles  qui  con 
sidèrent  les  propriétés  de  la  grandeur  d'une 
manière  abstraite.  Mathématiques  mixtes 
ou  Mathématiques  appliquées.  Celles  qui 
les  considèrent  dans  certains  corps  ou  su- 
jets particuliers.  Les  mathématiques  pures, 
comprennent  la  science  des  nombres  ou 
algorithmie  et  la  science  de  l'étendue  ou 
géométrie.  L'algorithmie  se  divise  en  deux 
branches  ,  comprenant  l'une  les  nombres 
considérés  en  général  ou  les  lois  des  nom- 
bres ,  l'autre  les  nombres  considérés  en 
particulier  ou  les  faits  des  nombres.  La 
première  est  Valgcbre  on  arithnomie,  la 
seconde  est  l'arithmétique  ou  arithmogra- 
p/itc.  Les  mathématiques  appliquées  le  sont 
ou  aux  objets  de  la  nature  ou  aux  objets  de 
l'ur^  Dans  le  premier  cas  elles  sont  phy- 
sico-mathématiques, et  dans  le  second  tech- 
nico-malhematiques.  Les  premiers  renfer- 
ment la  mécanique  et  toutes  ses  branches  : 
l'astronomie,  l'hydraulique,  l'optique,  l'a- 
coustique, etc.  Les  secondes    renferment 


452 


l'arpentage,  l'arch'Ueclure,  la  gnomoniqiie, 
la  géodésie,  etc. 

MONOME,  Grandeur  qui  est  exprimée 
sans  que  celles  qui  la  composent  soient 
jointes  par  les  signes  plus  ou  moins.  (Du 
grec  nwnos,  seul,  et  iioiinl.) 

Moyenne  proportionnelle  ,  Quan- 
tité moyenne  entre  deux  autres.  Moyenne 
proportionnelle  arilhmèliqite  ,  Moitié  de  la 
somme  de  deux  quanlitésinégales. .Voyenwc 
proportionnelle  géométrique,  La  racine  qnar- 
rée  du  produit  de  deux  nombres.  4  est 
moyenne  aritlimélique  entre  2>elf>,  6  entre 
5  c<  7  ,  20  entre  9  et  SI.  12  est  moyenne 
géométrique  entre  8  et  18,  parce  que  le  quarré 
de  12,  144,  égale  le  produit  de  8  par  18. 

Multiplicande,  Nombre  à  multiplier 
par  un  autre.  Dans  la  multiplication  de  G 
par  7,  6  est  le  multiplicande.  (  Du  latin  miil- 
tiplicandus  numerus.) 

Multiplicateur,  Nombre  par  lequel 
on  en  multiplie  un  autre.  Dans  la  multi- 
plication de  7  pard,  6est  le  multiplicateur. 

NOKBRE,  Unité,  collection  d'unités, 
partie  de  l'unité.  Le  nombre  se  considère  de 
deux  manières  ,  comme  nombre  abstrait  ou 
comme  nombre  concret.  Nombre  abstrait. 
Tout  nombre  considéré  en  lui-même,  sans 
application  à  rien  de  déterminé.  On  dit 
aussi,  mais  rarement,  nombre  nombrant. 
Nombre  concret,  ou  nombre  nombre  ,  se  dit 
de  l'application  du  nombre  abstrait  à  quel- 
que sujet  que  ce  soit.  Nombre  entier.  Celui 
qui  contient  l'unité  un  certain  nombre 
de  fois  exactement ,  comme,  un,  deux, 
trois,  etc.  ;  et  Nombre  rompu  ou  fraction- 
naire, ou  simplement,  Fraction,  Celui  qui 
ne  contient  que  des  parties  de  l'unité  , 
comme,  un  demi,  deux  tiers,  trois  quarts, 
etc.  Nombres  composes.  Nombres  composés 
de  différentes  espèces  d'unités,  tels  que 
5  livres  10  sous  7  deniers,  5  pieds  6  pouces 
2  lignes.  Nombre  premier.  Tout  nombre 
qui  ne  peut  être  divisé  exactement  et  sans 
reste  par  aucun  autre  nombre  que  par  l'u- 
nité, comme.  Trois,  cinq,  sept,  onze,  etc. 
Nombre  quarré,  ou  simplement  et  plus  or- 
dinairement,Ç«arré,Leproduit  qui  résulte 
d'un  nombre  multiplié  par  lui-même, .Sctre 
est  le  quarré  de  quatre.  Neuf  est  le  quarré  de 
trois.  Le  quarré  de  douze  est  cent  quarante- 
quatre.  Voyez  Racine  quarrce.  Nombre  cube 
ou  cubique  ,  ou  simplement  et  plus  ordi- 
nairement. Cube,  Le  produit  d'un  nombre 
multiplié  deux  fois  par  lui-même.  Huit  est 
un  nombre  cube,  dans  lequel  quatre  qui  est 
le  nombre  quarré,  est  multiplie  par  sa  racine, 


GIUMMAIKE    FRANÇAISE. 

qui  est  deux.  Nombre  décimal.  Nombre  dé- 
parties de  l'unité  divisée  en  dix.  (Du  latin 
numerus.) 

Numérateur,  Le  nombre  qui  indi- 
que, dans  une  fraction,  combien  elle  con- 
tient de  parties  de  l'unité.  Dans  la  frac- 
tion —  ,  le  chiffie  10  indique  que  l'unité 
a  été  divisée  en  dix  parties  égales  ,  et  le 
chiffre  6,  qu'on  a  pris  seulement  six  de 
ces  parties.  Ce  dernier  est  le  numérateur. 

Numération,  Art  de  former  les  nom- 
bres.etparlà  d'exprimer  une  quantitié  quel- 
conque par  des  chiffres.  Ces  chiffres  sont 
0,1,2,3,  4,  5,  6,  7,8,  et  y.  Le  premier, 
appelé  zéro  ,  n'a  par  lui-même  aucune  va- 
leur, mais  il  influe  sur  celle  des  autres  par 
la  place  qu'on  lui  fait  occuper.  Il  n'est 
pas  de  quantité,  si  élevée ,  si  compliquée 
qu'elle  soit ,  qu'on  ne  puisse  exprimer  à 
l'aide  de  ce  petit  nombre  de  chiffres.  Ils 
suffisent  à  toutes  les  combinaisons  du  cal- 
cul, comme  les  vingt-cinq  lettres  de  l'al- 
phabet à  toutes  celles  de  la  pensée.  Cela 
tient  .i  ce  qu'un  chiffre  acquiert  une  va- 
leur de  plus  en  plus  grande,  à  mesure  qu'il 
s'éloigne  d'un  rang  vers  la  gauche.  Pre- 
nons pour  exemple  le  nombre  1325.  Le 
chiffre  2,  qui  est  au  deuxième  rang,  vaut 
dix  fois  2  ou  20;  le  chiffre  3  ,  qui  occupe 
le  troisième,  vaut  trois  fois  cent,  ou  300;  le 
chiffre  1,  placé  au  quatrième  ,  vaut  10  fois 
cent,  ou  1000  (mille  trois  cent  vingt-cinq). 
1  placé  à  gauche  du  zéro  (10)  vaut  dix. 
Pour  faciliter  renonciation  d'un  nombre 
élevé  ,  on  en  sépare  les  chiffres  de  trois  en 
trois  par  une  virgule ,  en  commençant  à 
droite.  Exemple  : 


^fi^    wfi^^     ^'PiS    ^fiS    oQΗ ' 

692,473,527,558,825  hommes. 


I  huit  cent  vingt-cinq 
I      hommes. 

nq  cent  trente-huit  mille, 

trois  cent  vingt-sept  millions. 

quatre  cent  soixante-treize  liillioiis  on  nul 
liards. 

ml  quatri'vinjt-ilou/.c  Irillion». 


SIGNES  DIVERS.  AKITHMÉTIQLE  ET  ALGÈBRE.  ^55 


Chiffres. 

Chiffres 

arabes. 

Chiffres  romains. 

Valeur. 

\ 

I 

un. 

2 

II 

deux. 

3 

III 

trois. 

4 

IV  ou  IIIl 

quatre. 

5 

V 

cinq. 

6 

VI 

six. 

7 

VII 

sept. 

8 

VIII 

huit. 

9 

IX 

neuf. 

iO 

X 

dix. 

H 

XI 

onze. 

12 

XII 

douze. 

13 

XIII 

treize. 

14 

XIV 

quatorze. 

15 

XV 

quinze. 

16 

XVI 

seize. 

17 

XVII 

dix-sept. 

18 

XVIII 

dix-huit. 

19 

XIX 

dix-neuf. 

20 

XX 

vingt. 

21 

XXI 

vingt-un. 

22 

XXII 

vingt-deux. 

23 

XXIII 

vingt-trois. 

24 

XXIV 

vingt-quatre. 

25 

XXV 

vingt-cinq. 

26 

XXVI 

vingt-six. 

27 

XXVII 

vingt-sept. 

28 

XXVIII 

vingt-huit. 

29 

XXIX 

vingt-neuf. 

30 

XXX 

trente. 

31 

XXXI 

trente-un. 

40 

XL  ou  XXXX 

quarante. 

41 

XLI 

quarante-uD. 

SO 

L 

cinquante. 

51 

LI 

cinquante-un. 

60 

LX 

soixante. 

61 

LXI 

soixante-un. 

62 

LXII 

soixante-deux. 

63 

LXIIl 

soixante-trois. 

64 

LXIV 

soixante-quatre. 

65 

LXV 

soixante-cinq. 

66 

LXVI 

soixante-six. 

67 

LXVII 

soixante-sept. 

68 

LXVI  II 

soixante-huit. 

69 

LXIX 

soixante-neuf. 

70 

LXX 

septante  ou  soixante-dix 

tiUAMMAlUE  l'KAiNCAISE. 


Chiffres  arabes.  Chiffres  romains. 

71  LXXI 

72  LXXII 

73  LXXIIl 

74  LXXIV 
7o  LXXV 

76  LXXVI 

77  LXXVI  l 

78  LXXVIIl 

79  LXXIX 

80  LXXX 

81  LXXXI 

82  LXXXII 

83  LXXXIII 

84  LXXXIV 

85  LXXXV 

86  LXXX  VI 

87  LXXXVII 

88  LXXXVIII 

89  LXXXIX 

90  XC 

91  XCI 

92  XCIl 

93  XCIII 

94  XCIV 

95  XCV 

96  XCVI 

97  XCVII 

98  XCVIII 

99  XCIX 

100  c 

101  CI 

102  CII 

105  cm 

104  CIV 

105  CV 

106  CVI 

107  CVII 

108  CVIII 

109  CIX 

110  ex 

111  CXI 

200  ce 

201  CCI 

300  CCC 

301  ceci 

400  cece 

101  cccci 


Valeur. 

soixante-onze  ou 

septante-un. 
soixante-douze, 
soixante-treize, 
soixante-quatorze, 
soixante-quinze, 
soixante-seize, 
soixante-dix-sept, 
soixante-dix-liuit. 
soixante-dix-neuf. 
octante  ou  quatrevingls. 
quatrevingt-un  ou 

octante-un . 
quatreviugt-deux. 
quatreviugt-trois. 
quatrevingt-quatre. 
quatrevingt-cinq. 
quatrevingt-six. 
quatrevingt-sept, 
quatrevingt-huit. 
quatrevingt-neuf. 
nouante  ou  quatrevingl-dix 
quatreVingt-onze  ou 

nonante-un. 
quatrevingt-douze. 
quatrevingt-treize. 
qualreviogt-quatorze. 
quatrevingt-quinze. 
qualreviugt-seize. 
qualreviugt-dix-sept. 
quatrevingt-dix-huit. 
quatrevingl-dix-ueuf. 
cent, 
cent  un. 
cent  deux, 
cent  trois, 
cent  quatre, 
cent  cinq, 
cent  six. 
cent  sept, 
cent  liuit. 
cent  neuf, 
cent  dix. 
cent  onze, 
deux  cents, 
deux  cent  un. 
trois  cents, 
trois  cent  un. 
quatre  cents, 
quatre  cent  un. 


SIGNES  DIVERS.  ARITHMÉTIQUE  ET  ALGÈBRE.  ^^.'> 


Chiffres  arabes. 
500 
KOI 
600 
601 
700 
701 
800 
801 
900 
901 
1,000 
1,001 
1,100 
2,000 
10,000 


100,000 

900,000 
1 ,000,000 

10,000,000 

100,000,000 

200,000,000 

1,000,000,000 

10,000,000,000 

100,000,000,000 


1,000,000,000,000 


Chiffres  romains. 

D  ou  13 
DI 
DC 
DCI 
DCC 
DCCÏ 
DCCC 
DCCCl 
DCCCC 
DCCCCI 
M  ou  CI3 
MI  ou  CI3Ï 
MC 

MM  ou  IlCn 
XMouXCID,ou 
CCm ,  ou  DMC, 
ou  X 

CM,  ou  _ 

CCCI3DD ,  ou  C 
DCCCCM 
M.  ou 
CÇÇCIDDDD 
XM 
CM_ 
CCM 
MM   _ 
XCIDM 
CMM,  ou_ 
ÇÇCIDDDM  ,  ou 
Ç}i_ 
MM 


Valeur. 

cinq  cents, 
cinq  cent  un. 
six  cents, 
six  cent  un. 
sept  cents, 
sept  cent  un. 
huit  cents, 
huit  cent  un. 
neuf  cents, 
neuf  cent  un. 
raille, 
mille  un. 
raille  cent, 
deux  mille. 


dix  mille. 

cent  mille, 
neuf  cent  mille. 

un  million, 
dix  millions, 
cent  raillions, 
deux  cent  raillions 
un  billion  ou  railliard. 
dix  billions. 


cent  billions. 
un  irillion. 


Ainsi  tout  nombre  exprimé  en  chiffres 
est  partagé  en  unités  de  différentes  espè- 
ces, toujours  décuples  les  unes  des  autres 
en  allant  de  droite  à  gauche.  Lorsqu'il 
manque  une  unité  d'un  ordre  quelconque, 
on  la  remplace  par  le  zéro ,  qui  conserve 
de  cette  manière  la  valeur  des  chiffies  en 
les  maintenant  chacun  à  leur  rang  naturel. 
Exemples  : 

700,000  hommes.  Sept  cent  mille  hommes. 

80.T,022        —       .    Huit   cent    cinq    mille 

vingt-deux  hommes. 

Outre  les  sept  lettres  C  D  I  L  M  V  X, 
on  trouve  encore  chacune  des  autreslettres 
de  l'alphabet  latin  employée  comme  nu- 
mérale. 


A  valait  500,   A  surmonté  d'un  irait  valait  500, 000 

B. .  — . .  300,  B.' - 300,000 

E  (1)—.  250,  Ë — 250,000 

F..—..   40,  F — A0,000 

G..—..     3,  G — 3,000 

H..—  . .  200,  H — 200,000 

J   est  la  même  lettre  que  I. 

K  n'est  point  une  lettre  latine,  mais  grecque 

N. ,  — . .  900,  N — 900,000 

O..— ..    11,0 — 11,000 

P . .  100,  P — 400,000 

Q..  — . .  500,  Q — 500,000 

II..-..    80,  R — 80.,00(> 


(l)   E  qiioquF  ducentni  ft  iyriinr/iin!.'inlri  tenehil. 


M)ù  GRAMMAIRE 

S..—..     7,S — 7,000 

T. .  — . .  160,  T — 100,000 

U  est  la  incino  que  V. 

Y. .  — . .  150,  Y. - 150,000 

Z. .  —  2,000,  Z — /i, 000, 000 

Exemples  de  Chiffres  Romains. 
On  vint  annoncer  à   Louis  XIV  que  le 
cardinal  Mazaiin  venait  de  rendreson  âme 
à  Dieu.    «Sire,  dit  un  courtisan,  je  doute 
que  Dieu  l'ait  acceptée.» 

CHRONOGRAMMES. 

(  Du  grec  cftrontïs,  temps,  etgrammUt   lettre). 

On  appelé  chronogramme  une  inscription  dans  la  quelle 
les  letlrts  numérales  forment  la  date  de  PéTénement  dont 
il  s'agit.  Pierre  le  Grand  ,  par  exemple,  toulant  consa- 
crer la  mémoire  de  la  victoire  de  Pultava,  Ut  frapper 
une  médaille  avec  ces  mots  : 

PVLtaVa  Mira  CLaDe  Insignis,  où  se 

trouve  la  date  de  l'événement   (MDCLLYVIIII, 
i.'] i.tlj  ,T)e  même  les  lettres  numérales, dans  ce  vers  la  tin: 

FranCorVM  iVrbls  sICVLVs  ferl  fVnera  Vesper, 
rangées  dans  l'ordre  su  ivant  : 

MCCLVVVVVYil,  donnentia  date  des  Vêpres  Si- 
ciliennes (1282). 

Nl7iaÉRlQ0Q,  Qui  appartient  aux  nom- 
bres. Opération  numérique.  Rapport  nu- 
mérique. L'unité  numérique.  —  Calcul  nu- 
mérique ,  Celui  qui  se  fait  avec  des  nom- 
bres, et  qu'on  appelé  ,\ritlimétique.  Calcul 
littéral,  Celui  qui  se  l'ait  avec  des  lettres  , 
et  qu'on  nomme  Aljj'èbre.  Numériquement, 
En  nombre  exact.  Trente  témoins  qui  se 
répètent  n'en  font  souvent  qu'un  ou  deux 
numériquement.  (Acad.) 

Opérations,  Les  supputations,  les 
calculs  ,  qu'un  fait  par  Vaddition  ,  la  sous- 
traction, la  multiplication ,  et  la  division. 
"L'addition  est  la  règle  qui  enseigne,  qui 
sert  à  trouver  la  somme  totale  de  plusieurs 
nombres  ajoutés  l'un  à  l'autre.  Faire  une 
addition.  Pratiquer  ce  qu'enseigne  la  règle 
d'addition.  Faire  la  preuve  d'une  addition. 
Cette  addition  est  bonne,  est  exacte,  addi- 
tion de  fractions.  Voyez  Fraction,  jid- 
dition  algébrique.  (En  latin  addilio,  à'ad- 
dere,  ajouter.)  La  soustraction  est  une  opé- 
ration par  laquelle  on  soustrait,  on  ôte,  on 
retranche  un  nombre  d'un  autre  nombre. 
Par  la  soustraction  on  connaît  la  différence 
de  deux  nombres.  Le  résultai  de  la  soustrac- 
tion se  nomme  reste.  Soustraction  des  frac- 
tions. (Du  latin  sublrahere ,  sous-tirer.  )  La 
multiplication  est  une  opération  par  la- 
quelle on  répèle  un  autre  nombre  apj)elc 
multiplicande  autant  de  l'ois  qu'il  y  a  d'u- 
nités dans  un  autre  nombre  donné,  appelé 


FRANÇAISE. 

multiplicateur.  Soit  17  à  multiplier  par  7:  il 
faut  répéter  7  fois  17,  c'est  à  dire,  l'ajou- 
ter t)  fois  à  lui-même.  Le  produit  de  la  mul- 
tiplication de  17  par  7  est  119.  La  défini- 
tion ci-dessus  n'est  applicable  qu'aux  nom- 
bres entiers.  Celle-ci  s'applique  également 
aux  nombres  entiers  et  aux  fractions  :  La 
multiplication  est  une  opération  par  la^ 
quelle,  deux  nombres  étant  donnés,  on 
cherche  un  troisième  nombre  qui  soit  com- 
posé avec  le  premier  comme  le  second 
l'est  avec  l'unité.  Faire  une  multiplication, 
la  preuve  d'une  multip  licalion. {Enlatin  mut- 
tiplicatio,  de  mulliplicare,  multiplier,  aug- 
menter un  nombre). La c/ii,'(sion  est  une  opé- 
ration par  laquelle  on  divise,  c'est  à  dire, 
par  la  quelle  on  cherche  combien  de  fois 
un  nom bre a ppelé</ii'(4e«r  est  contenu  dans 
un  autre  nombre  appelé  dividende.  Pour 
diviser  un  nombre  par  un  autre,  on  écrit 
le  diviseur  à  droite  du  dividende  en  les  sé- 
parant par  un  trait  (1972 1 17).  On  prend 
assez  de  chiffres  sur  la  gauche  du  dividende 
pour  que  le  nombre  qui  en  résulte  con- 
tienne le  diviseur.  On  cherche  le  nombre 
qui  exprime  combien  de  fois  ce  dividende 
partiel  renferme  le  diviseur  (en  19  com- 
bien de  fois  17  ?  1  fois)  :  ce  nombre  sera  le 
premier  chiffre  à  gauche  du  quotient.  On 
multiplie  le  diviseur  parce  nombre  (1  fois 
17).  On  le  retranche  du  dividende  partiel 
(17  de  19  laisse  2),  et  l'on  ajoute  à  ce  reste 
le  premier  des  chiffres  du  dividende  qui 
n'ont  pas  été  employés  (27).  Onrépète  ces 
opérations  jusqu'à  l'entier  épuisement  des 
chiffres  du  dividende.  La  preuve  de  la  di- 
vision est  la  multiplication  du  quotient 
par  le  diviseur.  On  ajoute  au  produit  le 
reste  s'il  y  en  a.  Le  quotient  de  1972  divisé 
par  17  est  116,  sans  reste.  La  division  des 
nombres  entiers.  La  division  des  fractions. 
Faire  une  division.  (En  latin  divisio,  de  di- 
videre,  diviser.  ) 

Poi.TNOniE,  Toute  quantité  algébrique 
distingueepar  les  signes  plus  (-f-)  ou  moins 
( — ).  On  dit  aussi  mais  plus  rarement  mul- 
tinome. 

Preuve,  La  vérification  d'une  opéra- 
tion, qui  se  fait  par  l'opération  opposée. 
La  preuve  de  la  multiplication  se  fait  par  la 
division. 

ProbÙME,  Question  à  résoudre  sui- 
vant les  règles  de  la  science.  Problème 
d'alifébre.  Problème  de  géométrie.  Proposer 
un  problème.  Résoudre  un  problème.  La  so- 
lution d'un  problème.    Un  problème  insolu- 


SIGNES   DIVERS.    ARITHMETIQUE   ET    ALGÈBRE. 


457 


tk,  difficileà  résoudre.  (En  grec,  problCma, 
ile  pro,  avant,  et  ia//y  ^  je  jète,  je  mets  en 
avant.  ) 

Produit,  Le  nombre  qui  résulte  de 
deux  nombres  multipliés  l'un  par  l'autre, 
les  quels  prennent^  son  égard  le  nom  de 
facteurs. 

Progression,  Suite  de  nombres  ou  de 
quantités  qui  dérivent  successivement  les 
unes  des  autres,  suivant  une  môme  loi. 
Progression  par  différence  ou  arilhmétiquc, 
Celle  où  la  différence  de  cbaque  terme  au 
terme  précédentest  constante.  3,  6,  9,  12, 
15  ,  oit  la  différence  est  3  ,  que  l'on  ajoute  à 
chaque  terme  pour  avoir  le  ternie  suivant , 
sont  des  grandeurs  en  progression  arithmé- 
tique. Progression  par  quotient  ou  géomé- 
trique. Celle  où  le  rapport  de  cliaque  terme 
au  terme  précédent  est  constant.  2,  G,  18, 
54,  162,  oii  te  quotient  est  3,  nombre  par  le- 
quel on  multiplie  chacun  des  termes  pour 
avoir  le  terme  suivant,  forment  une  progres- 
sion géométrique.  Progression  indéfinie. 
Celle  qui  est  indéfiniment  continuée.  La 
progression  est  ditecroissanteoudécroissante, 
selon  que  les  termes  vont  en  augmentant  ou 
en  diminuant. 

Proportion  ,  L'égalité  de  deux  ou  de 
plusieurs  rapports  par  différence  ou  par 
quotient.  Proportion  par  différence  ou  aritli- 
mélique.  Proportion  par  quotient  ou  géomé- 
trique. 2  :  5  :  :  6  :  9  (deuxcA'f  «  cinq  comme 
six  est  d  neuf)  est  une  proportion  par  diffé- 
rence, dans  laquelle  la  différence  est  trois.  2  : 
à  :  :  G  :  12  est  une  proportion  par  quotient, 
dans  la  quelle  le  quotient  est  2.  On  peut 
encore  donner  tant  à  la  différence  qu'au 
quotient  le  nom  de  raison.  Proportion  har- 
monique ,  Celle  dans  laquelle  le  premier 
terme  est  au  troisième  ,  ciuiime  la  diffé- 
rence du  premier  et  du  second  est  à  la  dif- 
férence du  second  et  du  troisième.  Pro- 
portion continue.  Celle  où  le  conséquent 
de  la  première  raison  est  l'antécédent  de 
la  seconde. 

Proportionnalité  ,  Condition  des 
quantités  qui  sont  proportionnelles  entre 
elles.  Etablir  la  proporlionnalilè. 

Puissance,  Chacun  des  différents  de- 
grés aux  quels  on  élève  une  grandeur,  une 
quantité  en  la  multipliant  toujours  par 
elle-même.  Quatre  est  la  seconde  puissance 
de  deux ,  huit  est  la  troisième,  seize  est  la 
quatrième,  etc.  Elever  un  nombre  à  la  se- 
conde, à  la  troisième,  à  la  quatrième  puis- 
sance 


g? 

g 

1 

quarrés, 

cubes, 

puissance, 

5n,e 

pu'ssance. 

1 

1 

1 

1 

2 

4 

8 

16 

52 

3 

4 

9 

27 

81 

243 

16 

64 

256 

1024 

5 

2.n 

125 

625 

3125 

7 

36 

216 

1296 

7776 

49 

343 

2401 

16807 

8 

(H 

512 

4096 

32768 

9 

81 

729 

6561 

59049 

QUADRINOME ,    Expression   algébrique 
composée  de  quatre  termes. 

Quantité,  Tout  ce  qui  peut  être  me- 
suré ou  nombre  ,  tout  ce  qui  est  suscep- 
tible d'accroissement  ou  de  diminution. 
On  dit  aussi  grandeur.  Quantité  ou  gran- 
deur continue.  Celle  qui  n'offre  à  l'esprit 
qu'un  tout  sans  distinction  de  parties, 
comme  une  surface,  une  longueur  linéai- 
re, c'est  à  dire,  l'étendue  d'un  corps  en 
longueur,  largeur,  et  profondeur.  Quantité 
discrète.  Celle  qui  résulte  des  parties  dis- 
tinctes et  séparées,  dont  notre  esprit  fait 
un  tout  artificiel.  Exemple  :  dix  hommes, 
vingt  arbres.  L'arithmétique  et  l'algèbre 
ont  pour  objet  la  quantité  discrète.  La  quan- 
tité continue  est  du  ressort  de  la  géométrie. 
Quantité  difjcrcnlieUc,  ou  substantivement. 
Différentielle,  Accroissement  d'une  quan- 
tité variaide,  considéré  comme  infiniment 
petit.  Une  différentielle.  L'intégrale  d'une 
quantité  différentielle ,  La  quantité  finie 
dont  cette  différentielle  est  l'incrément  in- 
finiment petit.  Une  quantité  finie  ou  déter- 
minée. Quantités  variables ,  Celles  qui  va- 
rient de  grandeur;  par  opposition  à  Quan- 
tités constantes.  Celles  qui  ne  varientpoint. 
Dans  un  cercle,  le  diamètre  est  une  quantité 
constante,  et  l'abscisse  une  quantité  variable, 

(  Le  diamètre  est  la  ligne  droite  qui  \a  d'un  point  de  la 
circonféi'cncu  d'un  cercle  à  un  autre  point,  en  passant  par 
le  centre.  Du  grec  rfi'a,  à  travers,  et  metron.  mesure.  LV6. 
scisse  est  une  ligne  droite  qu!  sert  à  dcteiminer  la  position 
d'un  point  conjointement  avec  rorrfonntc.  L'abscisse  et 
l'ordonnée  se  nomment  CDorrfonnc'es.)  Quantités  SOUr- 

des  ,  Les  quantités  incommensurables  , 
c'est  à  dire  ,  celles  qui  ne  peuvent  être  ex- 
primées exactement ,  ni  par  des  nombres 
entiers  ni  par  des  fractions.  La  racine 
quarrée  de  deux   est   une  quantité  sourde. 


I.   II. 


58 


-iSS  r.U.VMMAIllE 

(  AcAD.  )  Différcnlifr  une  t/iianlltc  vuvlahlc. 
En  prendre  raoci'olssciiieut  infinimciU  pe- 
tit. 

Quotient,  Nomljre  qui  résulte  do  la 
division  d'un  nombre  par  un  autre.  Le  quo- 
iicnldu  nombre  douze  divise  par  Irais  est  qua- 
tre,cl  celui  du  nictnc  Jiontljre  divise  par  tj  un  Ire 
est  trois.  Le  dividende,  le  diviseur,  et  le  quo- 
tient. (Du  latin  quoties,  combien  de  fois.) 

Il,ACINE.  La  racine  quarrée  d'un  nombre 
proposé.  Le  nombre  qui,  multiplié  par  lui- 
même,  produit  ce  nombre-là.  2  est  la  ra- 
cine quarrée  de  k.S  est  laracinequarrcc  de  9. 
La  racine  cube  ou  cubique.  Le  nombre  qui, 
multiplié  parson  quarré,  produit  le  nombre 
proposé.  2  est  la  racine  cube  de  S,  puisque 
2  multiplié  par  4  donne  8.  3  est  la  racine 
cube  de  9.1.  Tirer,  extraire  la  racine  quarrée, 
ta  racine  cubique  d'un  nombre.  On  dit  de 
même,  llacine  quatrième.  Le  nombre  qui, 
multiplié  par  son  cube  ,  donne  le  nombre 
proposé.  2  est  la  racine  quatrième  de  16. 
Voyez  Puissance. 

ÀaISON  ,  Le  rapport  d'une  quantité, 
soit  étendue,  soit  numérique  ,  à  r.ne  autre 
quantité.  Raison  arilhmélique.  Raison  géo- 
métrique. Il  y  n  même  raison  géométrique 
entre  trois  et  six  qu'entre  six  cl  douze.  Rai- 
son multiple.  Raison  double,  triple.  Raison 
composée.  La  raison  directe  de  deux  quan- 
tités ,  Le  rapport  de  la  première  à  la  se- 
conde, dans  l'ordre  direct  où  on  les  énon- 
ce; par  opposition  à  La  raison  inverse,  qui 
intervertit  Tordre  suivi  dans  l'énoncé.  La 
raisoyi  directe  de  6  à  5  est  2 ,  et  la  raison  in- 
verse de  CCS  mêmes  nombres  est  un  demi.  En 
Algèbre,  unrapport  itst enruisondirectcd'im 
autie  lorsque  les  quantités  du  premier  dé- 
pendent de  celles  du  deuxième,  et  que  le 
rapport  des  premières  est  le  même  que  celui 
des  secondes.  Ainsi  le  rapport  8  est  à  10 
est  direct  ou  en  raison  directe  avec  le 
rapport  12  est  à  Ih. 

Rapport,  La  relation  que  deux  gran- 
deurs ou  quantités  ont  l'une  avec  l'autre. 
Il  y  a  le  même  rapport  géométrique  entre  six 
et  douze  qu'entre  trois  et  six.  Une  proportion 
est  l'assemblage  de  deux  rapports  égaux.  Le 
premier,  le  second  terme  d'un  rapport. 

RÉDUCTION  ,  L'opération  par  laquelle 
on  trouve  le  rapport  que  les  différents  nom- 
bres, les  différents  poids  ,  les  différentes 
mesures,  les  différentes  monnaies,  ont  les 


rUANCAISE. 

uns  (1)  avec  les  autres.  Faire  la  réduction 
des  fractions  en  nombres  entiers.  Faire  la  ré- 
duction des  poids  étrangers  en  poids  de 
France,  et  des  poids  de  France  en  poids 
étrangers.  La  réduction  des  milles  d  Italie 
en  lieues  de  France,  des  lieues  en  degrés,  etc. 
C«  réduction  des  francs  en  centimes ,  et  des 
centimes  en  francs.  Par  la  réduction  de  la 
livre  tournois  au  franc ,  on  trouve  que  qua- 
trevin gis  francs  équivalent  à  qiiatrevingt-une 
livre  tournois.  Par  le  .•système  métrique  ,  on 
a  opéré  la  réduction  des  mesures  à  une  seule. 
Table  de  réduction.  Table  indiquant  le 
rapport  que  les  différents  poids,  les  diffé- 
rentes mesures ,  les  différentes  monnaies, 
ont  entre  elles.  Nous  allons  en  essayer  une. 
H70UV3:i.I.ES  ïaUSURES. 
Noms  y ,  Mesures  qu'elles 

systématiques  ^^'^'^-  remplacent. 

Mesures   Itinéraires. 

Myriamètre.  10,000  mètres.    Lieue. 
Kilomètre. .       1000       —    .    Mille. 

Mesures  de  Longueur. 
Décamètre..  10  mètres.    Perche. 

MÈTRE.  ...  Unité  fondamentale  des  AunC. 
poids  et  mesures  ;  dix 
millionnème  partie  du 
quart  du  méridien  ter- 
restre. 

Décimètre..  10"' de  met.  Palme  (le) 

Centimètre.         lOO'^demèt.  Doigt. 
Millimètre..       1000' de  met.  Trait. 

Mesures  Agraires. 
Hectare....    10,000  met.  q.   Arpent. 

Are lOO      —         perche    q. 

Centiare.  .  .  1      — 

Mesures  de  Capacité  pour  les  liquides. 
Décalitre. .  .  10  décim.  cub.  Velte. 

Litre 1     —         —      Pinte. 

Décilitre...    lO'dedéc. cub.  \'erre. 

Mesures  de  Capacité  pour  les  matières  sèches. 
Kilolitre.. . .        1  mètre  cube  Muid. 

ou    1000   décimè- 
tres cubes. 

Hectolitre..    100  déc».  cub».    Setier. 
Décalitre...      dO     —       —      Boisseau. 

Litre Idée.  cube.   Pinte. 

Mesures  de  Solidité. 
Stère 1  mètre  cub.  Demi-voie  , 

le   quart  de  la 
corde. 

Décistère...   lO'demèt.cub.  Solive. 


(l)   Sans  la    virgule  qui  pic'crde  o/i/ ,   il  l'a uc) rail  1rs  uni' 
lerait  qu'à  monnaies. 


paicr  qu'alors  rc  mol  ne  se  lappu 


SIG>ES    un  EUS 
POIDS  NOUVEAUX. 

Noms  Y ,  Poids  qu'ils 

s]slémaliques.  remplacent. 

Millier lOOOkilogram'.   Millier. 

i  Poids  du  tonneau  de 
mer.  ) 

100  kilogram*'.  Quintal. 


AUnilMETKJl'E    ET    ALGÈllliE 

KiluK-"" 


i5» 


Quintal. 


Hectogiam« 
Décagram^ 
Gramme. 


Poids  d'un  décimi'tie  Livi'C. 
cube  d'eau,  à  la  tem- 
pérature   de    4°    au- 
dessus  delà  j;Iare fon- 
dante. 10  onces. 

dO^diikilog.   Once. 

100«     —  Gros. 

1000<=     —  Denier. 


Di;cisramm«  10,000=     — 


Grain. 


Table  de  Réduction 

MESURES  DE  I.OBJGUEUR. 

Réduction  des  toises,  pieds,  etc.,  en  mètres 
et  décimales  du  mètre. 

La  Toise  ,  mesure  de  12 

pieds,  égale 1  mètre   9490/iO 

Le  Pied,   mesure  de   12 

pouces ,  égale 0 

Le   PoDCE  ,  mesure  de  12 


—  32/i840 

—  027070 

—  002256 


lignes  ,  égale 0 

La  Ligne  ,  mesure  de  12 

points  ,   égale 0 

La  Toise  QUAHRÉE,  égale.  3  lu.qu.  79S700 

La  Toise  CUBE =     7  m.cub.iOSQOO 

Le  Pied  QOARBÉ.. . .    =     0  m.  qii.  105500 
Le  Pied  CUBE =     0  m.  cub.03A280 

La  Brasse  est  une  ancienne  mesure  en  usage  dans  ta  Cla- 
rine. La  grande  brasse  est  longue  de  6  pieds,  iamoyetine 
rfe5  1(2  ,  et  la  petite  de  5. 

lièduction  des  mètres ,  décimètres  ,  centimè- 
tres, millimètres,  en  toises,  pieds,  pouces, 
lignes,  et  décimales  do  la  ligne. 

Le  Mètre =  0  toise       513074 

Le  MÈTBB =  3  pda  111.  296000 

Le  Décimètre =  3  p«' 8  1.  296000 

Le  Centimètre =  Il  lignes    /iSSOOO 

35  centimètres =  1  p"'.  11 1.15/iOOO 

Le  Millimètre =  0  ligne      4/i3000 


400  millimètres. 
Le  Mètre  qcabhé. 
Le  Mètre  cube.  . . 
Le  Mètre  quarhé. 
Le  Mètre  clbe.  . . 


=  177  lign.  318000 
=  0  t.  quar.  263200 
=  Ot.  cub.  135100 
=  9  p<i»  q.  480000 
=  29  p<>»  c.  170000 


MESURES  ITINÉRAIRES. 

Mesures  de  différents  pays  évaluées  en  mètres. 

Lieue  commune  de  France, 

de  25  au  degré txkhlx  m.  40  c. 

Lieue  marine,  de  20  an  de- 
gré     5555  —  50 

Mille  d'Allemagne,  de  15  au 

dogré 7'i07ni.20 


Mille  d'Angleterre ,  d'envi- 
ron 69  au  degré 1G17  —  70 

Mille   géographique  ,  de  60 

au  degré 1851  —  80 

Lieue  d'Espagne  ,  de  17  1/2 

au  degré 6349  —  20 

Verste  de  Russie,  de  86  au 

degré 1292—    » 


MESURES  DES  ANCIENS. 
Mille  romain 1473  m.  444  mill. 

(  Le  mille  romain  moderne  vaut  1480  m.  036  mill. 

Mille  grec _. . . .    1292  —     » 

Stade  grec,  olympique, 

de  94  toises  1/2 184  —  955 

30  stades  olympiques. .    5548  —  650 

Stade  égyptien 222—    20 

Coudée    naturelle    des 

Egyptiens,  divisée  en 

2  empans ,  6  palmes, 

24  doigts  ou  dactyles. 
Coudée  royale,  sacrée, 

ou  seplennaire,  de  28 

doigts 

Les  Hébreux  conservèrent  les 
deu.K  coudées  des  Egj"pliens.  La 
première  était  dite  coudée  virile 
ou  des  ouvriers^  et  la  deuxième 
coudée  sacrée  ou  du  sanctuaire.  La 
coudée  naturelle  des  Grecs  fut  la 
même  que  celle  des  Egyptiens. 

Coudée  olympique.. . . 

Coudée  romaine 

Coudée  ordinaire  pliilé- 
térienne ,  de  28  doigts 
olympiques  ,  établie 
en  Asie  par  les  suc- 
cesseurs d'Alexandre. 

Coudée  royale  pliilélé- 
rienne,  de  38  doigts 
olympiques 

Elle  est  devenue  l'archiiic  de» 
Rnssfs. 


450 


525 


462 

442 


540 


720 


-460 


On^lMMAlRE    FRANÇAISE. 


Coudée    naturelle    des 
Arabes 

Coudée  hachémiqiic   ou 

d'Omar,  de  32  doigls. 

Coudée  noire  des  Arabes. 

Les  coudées  sont  rcstccs  fus* 
qu'à  présent  en  usn^c  chez  les 
peuples  de  l'Asie  et  du  nord  de 
l'Afrique.  £n  Europe,  les  seules 
mesures  de  ce  nom  que  l'on  ren- 
contre encore  sont  la  coudée  de 
Portugal,  qui  Tout  657  millimè- 
tres, et  celle  d'Espagne  ,  qui  en 
Tant  424- 

Pied  romain  (10  pouces 
11  lignes  3  vingtièni.) 
Pied  grec  olympi(f lie  [  11 
pouces  II  lignes  65  cen- 
tièmes.)  

Pied  pbileféricn  (  1  pied 
1  pouce  1  ligne  38cen- 

tièmes.) 

Parasange    (  «"ivant  Hérodote 

des  )    et  Aenoplion... 

Perses.       )  ^""  '''"*  Strabon. 


Millimétrés. 
llSO 

640 
540 


395,8524 


308,2590 


354,7004 

30  st.  gr. 
40  — 
60  — 


Mesures   agraires. 


Évaluées  en 

Perche  des  Eaux 
et  Forêts 

Arpent  des  Eaux 
et  P'orèts 

Perche  de  Paris.. 

Ai'pent  de  Paris.. 

Are 

Hectare 


'?^^  quar. 

4S4 

48400 

32/i 

32400 

947,7 

94768,2 


T="quai 

13,44 

1344,44 
9, 
900, 
26,32 
2632,45 


M'"'^  qu. 

51,07 

5107,20 

34,19 

3418,87 

100, 
10000, 


REDUCTION 

des  Arpents  en  Hectares  et  des  Hectares  en 
arpents. 

Arpents  de  100  per- 
ches quarrées  ,  la 
perche  de  18  pieds 


linéaires. 
Arpents.  |  Hectares. 

1  I     0,3419 

Des  hectares  en  ar- 
pents de  18  pieds  la 
perche. 
Hectares.  |  Arpents. 
1  I    2,9249 


Arpents  de  100  per- 
ches quarrées  ,  la 
perche  de  22  pieds 
linéaires. 

Arpents.  |  Hectares. 
1  I     0,51072 

Des  hectares  en  ar- 
pents de  22  pieds  la 
perche. 

Hectares.  |  Arpents. 
1  I     1,9580 


POIDS. 

Réduction  des  anciens  poids  en  nouveaux, 
La  LirnG  vaut fl,'i895  gianiiues  ou 


millièmes  de   kilo- 


gramme. 

Ij'Oncb  vaut 30  grammes  59 

Le  Gros  vaut. . . , 
10   Gbaiks  valent 


3  grammes  824 
0,53  centigrammes. 


licduction  des  nouveaux  Poids  en  anciens. 

Le  Gramme  vaut. ..  .   19  grains. 

Le  KiLOGBAMME  vaut.  2  livres  5  gros  35 
grains  et  15  centiè- 
mes de  grain. 


Mesures  de  Capacité. 

L'Hectolitre  vaut..  641  millièmes  dese- 
tier. 

Le  Setier  vaut 1  hectolitre  560  mil- 
lièmes de  litre  ou 
millilitres. 


MESURES  ANGIiAISES 

CO.MPARÉES    AUX    MESURES  FRANÇAISES. 

Mesures   de   Longueur. 
Anglaises.  Françaises. 


Pouce  -jI  du  yard. . . . 

Pied  i  du  yard 

Yard 

Fathom  (2  yards).  . 
Pôle  ou  Perche  (5  |  y*'') 
Furlong  (220  yards) 


0,  m. 02539954» 
0,'— 30479449» 

0,  —91438348' 

1,  —  82876696  « 
5,  —02911000^ 

201,  —  16437000  ' 


Mille  (1760  yards)  . .    1609,  —  31490000  ' 


Françaises.  Anglaises. 

Millimètre..'. 0  p"»    0393700« 

Centimètre 0,  —    3937080' 

Décimètre 3,—    9370790= 

/■S9,—    3707900' 
Mètre I  3  P*^'     2808992' 

1 1  yard  0936330' 
Myriamètre 6miIles213S000' 

Mesures  de  Superficie. 
Anglaises.  Françaises. 

Yard  quarré 0,  ".  ,,.'836097' 

Rod  (perche  quarrée).  .  25,  —  291939' 
Rood  (1210  yards  quart.)  10  ares  116775' 
Acre  (4840  yards  quarr.)     0  hect.  404671'" 


Françaises.  Anglaises. 

Mètre  quarré 1  y""  q.  196033' 

Are Orood    098845= 


SIGNES   DIVERS.    ARITHMETIQUE    ET    ALGEBRE, 


Hectare 2  acres  /i711/i3« 


Mesures  de  Capacité. 
Anglaises.'  Françaises. 

Pinle  (  i  )  de  gallon 0,  lit.  56793200^ 

Quart  i  de  gallon 1,  —  13586/i00= 

Gallon". U,—  543/15797- 

Peck  (  2  gallons) 9,  —  08691590= 

Bushel  (  8  gallons) 36,  — 3Zi766;iO0<' 

Sack  (2  bushels) 1  hec.090/i3000'' 

Qiiarter  (8  bushels)....  2,  —  90781300' 

CLaldron  (12  sacfcs  ).. ..  1.3,  —  0851G000' 


FaANÇAisES.  Anglaises. 

Litre ." 1  pinte  7607730» 

Décalitre 2gal,       200966S' 

Hectolitre 22,—     0096680' 


POIDS. 

Anglais.  (TV-oy.)  Fhakçais. 

Grain  (aA^depennyweight)  Ogr.  065000 
Pennyweight  (20*  d'once.)  1,—  555000 
Once  (12«deliv.  troy.)  ..  31,— s  091000 
Livre  troy G  kilogr.  373096 


Anglais  {Avoir-dupoids .)       Français. 

Dram  (16=  d'once.  ) 1  gr"=.   7710 

Once  (16«  delà  livre.  )...      28, —s     3380 

Livre  avoir  du  poids 0  kilog.  4534 

Quintal  (112  livres.  ) 50,  — s  7800 

Ton  (20  quintaux.) 1015,  —s  6500 


Français.  Anglais. 

i  15 grains  troy. 438- 
Opennyw. .  .643- 
0oncetr...0322- 
,..,  (    2liv.   tr...   6803- 

Kilogramme f    21. '-^-p. .  .2055- 

La  livre  Troy  est  usitée  pour  les  matières 
sèches.  La  livre  Avoir-du- poids  sert  pour 
vendre  tous  les  objets  d'une  nature  gros- 
sière ,  tels  que  le  beurre  ,  le  fromage ,  la 
viande,  tous  les  différents  articles  du  com- 
merce d'épicerie,  le  blé,  le  pain,  et  les 
métaux  .autres  que  l'or  et  l'argent. 


E  VAI.UATION , 

En  mesures  françaises ,  des  principales  me- 
sures linéaires  étrangères ,  recueillies 
par  M.  DE   Prony. 

MiUiniclrcs. 

Amsterdam  ,  aune  (  M) ,  . , . .     690,3 


Anvers 
Berlin 


i  aune  pour  la  soie 

(    —    pour  la  laine 

(  aune,  ancienne  mesure. . . 

\    —   ,  nouvelle  mesure. .  . 

Berne ,  aune 

Bologne  ,  brasse 

Brunswick ,  au7ie 

Brème ,  aune 

Cagliari ,  raso 

Caune  pour  les  bols 

Carrare  \  brasse  marchande 

(^palme  pour  les  marbres.. 

Cassel  ,  aune 

Cologne  ,  aune 

„       .       .        ,      i  grande  mesure, . 
Constantmople    ;      ,•, 

'         (  petite  mesure. . . 

Copenhague  ,  aune  danoise 

Cracovie  ,   aune 

Crémone  ,  brasse 

Dresde ,  aune, 

r  brasse  pour  la  soie 

Ferrare  |      —    pour  le  colon  et  le 

\  linge 

Florence  ,  brasse 

Francfort  snr  le  Mein,  aune 

Gènes,  palme 

Genève  ,  autie 

,T       1  (  aune  de  Hambourg. . 

Hambourg  j    _    ^,  ^,^^^„,,^, . 

Hanovre  ,  aune 

TT     1        (  aune  ordinaire 

Harlem  <  ,     ,■ 

I  aune  de  linge 

Leide ,  aune 

Leipsik ,  aune 

Lisbonne  ,   vare 

Lubeck ,  aune 

Lucques  ,  brasse 

IMadrid ,  vare 

Mantoue ,   brasse 

Milan  ,  brasse 

Modène  ,  brasse 

Munich ,  aune 

Naples  ,  canne 

Neiif-Chàtel ,  aune 

Nuremberg ,  aune 

Ostende  ,  aune 

brasse  pour  le  drap 

brasse  pour  la  soie 

Palerme,  canne  divisée  en  8  palmes. 

(  brasse  pour  la  laine,  le  co- 
Parme  \       ton  ,  et  le  linge 

V  brasse  pour  la  soie 

Pétersboiirg ,  archlnc 

Haguse ,  aune 

Riga ,  aune 


Fade 


464 

limctrcs, 

694,3 
684,4 
667,7 
666,9 
542,5 
645,2 
570,7 
578,4 
549,3 
624,6 
619,7 
249,3 
569,4 
575,2 
669,1 
647,9 
627,7 
617.0 
594,9 
566,5 
634,4 

673,3 
594,2 
547,3 
248,3 

1143,7 
573,0 
691,4 
584,0 
683,5 
742,6 
683,1 
565,3 

1092,9 
577,0 
595,1 
848,0 
643,8 
594,9 
648,1 
833,0 

2096.1 

1111,1 
656,4 
699,3 
681,0 
637,5 

1942,3 

643,8 
594,4 
7H,& 
513,2 
548.2 


;(.-> 


r.lVAMMAIUE  l'K.\N(.AISE. 


Mlllinicti'cs. 


Rouie 


.' canne  des  niar-chands  divi- 

[       sée  en  8  palmes 1992,0 

1  brasse  des  niarcliands  divi- 

\      sec  en  h  palmes ii8,2 

f    —  des  tisserands  divisée 

\      en  3  palmes G36,l 

Rostock  ,  aune 575,2 

Stockholm  ,  aune  de  Suède 593,7 

Stuttfrard,  aune  de  fVurlemberg. .  614,3 

Turin  ,  raso  divisé  en  lli  onces 599, Zi 

Varsovie,  aune 58/j,6 

f^rande  brasse 649,0 

petite  brasse 6/i2,/i 

Weiniar  ,  aune 564,0 

brasse  pour  la  laine 683,4 

brasse  pour  la  soie 638,7 

f  brasse  de  drap 690,3 

l  brasse  de  soie 637,5 

aune  de  Vienne 779,3 

auncde  la  haute  Autriche.  799,7 

Zurich  ,  aune 600,1 


Véror 
Wein 
Venise  | 

Vicence 
Vienne  \ 


CIIMGE  ET  COURS  DES  MO^MIES. 

Monnaies  Duodécimales 

(  Anciennes  monnaies  dont  la  base  est  le 
nombre  12). 

Les  anciennes  monnaies  étaient  la  livre 
tournois,  le  denier,  le  liard ,  le  sou,  les 
pièces  de  quinze  et  de  trente  sous ,  Vécu  de 
six  livres  et  celui  de  trois  livres ,  le  louis  et 
le  double  louis.  La  livre  tournois  valait 
20  sous,  le  sou  12  deniers  ou  4  Hards  ,  et 
dans  le  nouveau  système  9876  dix-milliè- 
mes de  iVanc.  La  livre  parisis  était  plus 
foite  d'un  quart  que  la  livre  tournois.  iiSo«, 
denier  parisis. 

Il  y  avait  aussi  des  pièces  de  six /inerf* 
dont  on  trouve  encore  un  grand  nombre 
dans  quelques  provinces  de  la  France,  no- 
tamment dans  la  Marche  et  dans  le  Berry. 
On  nommait  blanc,  autrefois,  une  petite 
monnaie  de  la  valeur  de  cinq  deniers. 
Blanc  est  encore  usité   au  pluriel  ,    dans 


celte  expression  populaire  ,  six  blancs 
(  deux  sous  six  deniers  ). 

Le  carolus  était  une  petite  monnaie  de 
hillon  de  la  valeur  de  dix  deniers,  ainsi 
nommée  parce  qu'elle  n'eut  cours  que 
sous  Charles  VlU. 

On  entend  par  Poids  des  monnaies  ,  la 
pesanteur  déterminée  et  fixe  des  monnaies. 
Cette  monnaie  est  de  poids.  Elle  a  la  pesan- 
teur qu'elle  doit  avoir  suivant  la  loi.'Tï^re 
signifie  le  degré  de  fin  ou  métal  pur  de 
l'or  ou  de  l'argent  monnayé.  Celte  tiiotinaie 
est,  n'est  pas  au  titre  lèf^al.  En  général  le 
titre  des  monnaies  françaises  est  de  neuf 
dixièmes  de  fin  (0,900j  et  d'un  dixième 
d'alliage.  Le  titic  de  l'or  non  monnayé 
s'évalue  par  carats.  Le  carat  est  une  des 
parties  d'or  fin  contenue  dans  une  quan- 
tité d'or  quelconque  que  l'on  suppose  par- 
tagé en  vingt-quatre  parties  égales.  //  n'y 
a  point  dans  le  commerce  d'or  à  vingt-qua- 
tre carats.  Or  à  vingt-trois  ,  à  vingt,  à  dix- 
huit  carats,  etc.,  Or  dans  lequel  vingt- 
trois  parties,  ou  vingt ,  ou  dix-huit  ,  etc.  , 
sur  vingt-quatre,  sont  sans  alliage.  On  dit 
aussi,  or  au  vingtième,  au  dix-huitième 
carat.  (1).  Or  au  titre. 

/anciennes  pièces  d'or  droites  de  poids. 


Livres. 

Grammes. 

Titres. 

48 

15.2970G 

901 

24 

7,64853 

901 

ciennes  pièces  d'argent  droites  de  p 

6 

29,4883 

906 

3 

14,74415 

906 

30  sous. 

10,1366 

660 

15  sous. 

5,0683 

660 

Monnaies  di^cimales. 

(  Nouvelles  monnaies,  dont  la  base  est  le 
nombre  10.  ) 

La  nouvelle  unité  monétaireest  le /"ranc. 
La  pièce  d'un  franc  pèse  5  grammes.  Le 
dixième  d'un  l'ranc  s'appèle  décime,  et  le 


(i)  On  Jit  provcrb.  et  iig.,  Cel  luiniinc  csl  un  sot,  est  un  impertinent  à  vingt-quatre  earats,  il 
est  impeilineiit  au  souverain  degré'.  (  AcAB.) 

Carat,  signifie  anssi,  Le  poids  de  quatre  fjiains  ;  et  il  se  dit  en  parlant  des  petits  diamants,  des 
perles,  etc.  Ce  diuut/int,  celte  perle  pèse  tant  de  carnls.  Par  extension,  Pelils  diamants  qui  se  ven- 
dent au  poids.  Sa  girandole  parait  hcnucoup  de  loin,  cependant  elle  n'est  que  de  carnls.  (AcAP.) 
Ce  n'est  que  du  Carat .    (  Id . ) 


SIGNES    DIVERS.     ARITHMETIQUE    ET    ALGEBRE, 


!C' 


centième  centime.  Les  nouvelles  monnaies 
d'argent  sont  lus  pièces  d'an  franc,  à'u7i 
demi- franc ,  à' un  quart  de  franc,  de  deux 
francs ,  et  de  cinq  francs.  Les  nouvelles 
monnaies  d'or  sont  les  pièces  de  20  francs 
et  de  iO  francs.  Les  nouvelles  monnaies 
de  cuivre  sont  les  petites  pièces  d'un  cen- 
time ou  centième  de  franc  ;  la  pièce  de 
5  centimes  ou  le  nouveau  sou ,  et  la  pièce 
d'un  décime  ou  le  gros  sou,  qui  vaut  un 
dixième  de  franc. 

Les  nouvelles  monnaies  d'or  et  d'argent 
sont  à  neuf  dixièmes  de  fin  ,  c'est  à  dire 
qu'elle  contiennent  les  neuf  dixièmes  de 
leur  poids  en  mêlai  pur. 

On  nomme  remède  de  loi,  Laquantilé  d'al- 
liage dont  la  loi  tolère  l'emploi  dans  la  fa  b ri- 
cation, des  espèces  d'or  et  d'argent  au  delà 
de  ce  qu'elle  a  réglé.  Remède  de  poids ,  La 
quantité  de  poids  dont  la  loi  permet  aux 
monnaj'eurs  de  faire  les  espèces  plus  lé- 
gères qu'elle  ne  l'a  prescrit.  Cet  édil  accor- 
dait tant  de  grains  de  remède  de  loi ,  et  tant 
de  grains  de  remède  de  poids ,  dans  la  fabri- 
cation des  nouvelles  espèces.  (Acad.  )  On 
dit  aujourd'hui  tolérance. 

La  tolérance  du  litre  ,  soit  en  dessus, 
soit  en  dessous  ,  est  de  2  millièmes  sur  l'or, 
de  3  nàlUèmes  sur  l'argent. 

Poids  des  nouvelles  Pièces  de  IKEonnaie. 


Pièce  de  40  francs 12,90/i22 

Avec  tolérance  '      12,877/iO 

iivecioierance ^      12,92903 

Pièce  de  20  francs 6,A5161 

6,/i3871 
6,46451 

Pièce  de  5  francs 25,00000 

Avec  tolérance [      24,92500 

*      23,07500 

Les  pièces  de  40  francs  ont  26  millimè- 
tres de  diamètre  ,  celles  de  20  francs  ont 
21  millimètres  ;  de  sorte  que  32  pièces  de 
40  francs  et  8  de  20  francs,  mises  l'une  à 
côté  de  l'autre  ,  donnent  la  longueur  du 
mètre. 
Le    kilogramme    d'or    pur 

se  paye  ,  sans  retenue. .   3444  ^  44<^  444 
Et   aux  changes  des  mon- 
naies il  est  payé 3434,44,   klik 

Au   titre   de   0,900  il  vaut 
sans  retenue 3100,  00 


Avec  tolérance. 


Et  avec  la  retenue  faite  aux 

changes 3091,  00 

Le  kilogram  me  d'argent  pur 

se  paye  ,  sans  retenue...      222,  22,  222 

Et  aux  changes  il  est  payé.      218,88,  889 

Au  titre  de  0,900,  il  vaut 

sans  retenue 200,00, 

Et  avec  la  retenue  faite  aux 

changes 197,  00, 

On  nomme  argent  blanc ,  toute  sorte  de 

monnaie    d'argent  ,    par    opposition    aux 

monnaies  de  cuivre  ou    d'or;  at  Monnaie 

blanche,    les  petites   pièces   d'argent   qui 

forment  la   monnaie    d'une    plus    grande 

pièce. 


Valeur  au  Pair  des  monnaies. 

Le  pair  des  Monnaies  se  dit  de  l'égalité 
de  change  qui  résulte  de  la  comparaison 
exacte  du  titre,  du  poids  légal,  et  de  la 
valeur  intrinsèque  d'une  espèce  dans  un 
pays,  avec  le  titre,  le  poids  légal,  et  la  va- 
leur intrinsèque  de  la  même  espèce  dans 
un  autre  pays.  On  dit  ,  Le  change  est  au 
pair,  lorsqu'il  n'y  a  rien  à  gagner  ni  à  per- 
dre dans  les  traites  et  dans  les  remises  .d'ar- 
gent  de  tel  pays  à  tel  autre.  (On  dit  de 
même  que  la  rente  est  au  pair ,  quand  elle 
ne  perd  rien  sur  la  place,  quand  elle  se  vend 
et  s'achète  au  prix  de  sa  création.  ) 

Dès  l'instant  que  le  change  est  au  pair  , 
il  est  aisé,  par  un  calcul  très-simple  ,  de 
convertir  en  monnaie  d'un  pays  une  somme 
quelconque  exprimée  en  monnaie  étran- 
gère ,  et  réciproquement. 

Supposons  qu'on  veuille  savoir  ce  que  la 
guinée  anglaise,  d<'  21  schellings,  vaut  en 
nouvelle  monnaie  d'or  de  France  ?  Le  titre 
légal  de  la  guinée  est  de  0,917,  le  poids  de 
8  grammes  3802. 

J'établis  cette  proportion  : 

10  :  83802  :  :  917  :  x  ,  et  multipliant  les 
termes  moyens  l'un  par  l'autre,  je  trouve 
que  la  guinée  contient  7  g,  6846434^  de 
métal  pur. 

La  pièce  de  20  francs  de  France  est  au 
titre  légal  de  0,900  ;  elle  pèse  6  g,  45161  ; 
elle  contient  en  matière  pure  5  g,  806449, 

Je  dis  donc  : 

5806/149  :  20  <■.•  :  76846434  :  x  ,  et ,  mul- 
ti|>liant  le  troisième  terme-  jjar  le  second  , 
j'ai  pour  produit  15,3692868  dont  le  quo- 
tient par  le  premier  ternie  est  2650.  Donc 
5  gr.  806449  :  20  f  :  :  7  gr.  6846434  :  X  ==- 
26  f.  50  '. 


<<»''♦  GUAMMAIRE    IHAXÇAISE. 

C'onvcr«lon  en  Argent  <le  France 

Des  diverses  Monnaies  Étrangères ,  toutes  supposées  exactes  de  poids  et  de  titre. 


■^ 

DéneminaliûD 

Poidslégal 

Tilre 

Valeur. 

5 

Dénomination 

Poidslégal 

Tilre 

^ 

DES     ESPÈCES. 

légal, 

:S 

DES     ESPÈCES. 

légal: 

Gr. 

Fr.      C. 

Gr. 

AnGI.8TI!BRE. 

Danemarck 

O)-. 

Guinée  de  21  sch. 

8,3802 

917 

26  50, 

et    IIOLSTEIN. 

Deml-^uinéc 

4,1901 

917 

13  25, 

Or. 

Ducat  courant,  de- 

Quart de  gnince. . 

2,0950 

917 

6  62,50 

puis  1767 

3,  143 

875 

Tiers  de  guinée  ou 

Deniiducat 

1,5715 

875 

7  schellings. .  . 

2,7934 

917 

8  83,33 

Ducat  spécies,  1791 

Souverain    de    20 

à  1802 

3,  519 

997 

schfllinjjs  ,  de- 

Cliréticn, 1773... 

6,  735 

903 

puis  1818 

7,9808 

917 

25  20,80 

Arg. 

Rixdale     d'espèce 

Arg. 

Couronne  deb  sch. 

ou  doubleécu  de 

anciens 

30,0740 

925 

616, 

96  schellings  da- 

Schelling ancien. 

6,0150 

925 

1  23,60 

nois,  de  1776.. 

29,  126 

875 

Couronne ,  depuis 

Rixdale  courant  ou 

1818 

28,2514 

925 

5  80,72 

pièce    de   6 
marcksdan.  1750. 

Schelling,  depuis 

26,  800 

833 

1818 

5,6503 

925 

1  16,14 

Marck  ou  tnarc  da- 

Adtbiche et  Bo- 

nois, de  16  sch. 

hême. 

1776 

D         B 

688 

Or. 

Durât  de  l'emper. 

3,4910 

986 

11  86, 

Espagne. 

D(/ca<  de  Hongrie. 

3,4910 

990 

11  90, 

Or. 

Doublon  ,    depuis 

Souverain 

5,5670 

917 

17  58, 

1497  jusqu'en 

Arg. 

Rixdale   (  Reiclis- 
tlialer)  ,  depuis 

1786 

Pistole  ou  doublon 

1753.  

28,0640 

833 

5  19,50 

de  8  écus  d'or , 

Demi  -  rixdale  ou 

de  1772  à  1786.. 

27,  045 

901 

florinou  gulden. 

14,0320 

833 

2  59,75 

Pistole  de  II  écus.. 

13,5225 

901 

Zwanziger  ou   20 

—     de  2  écus.. 

6,7413 

901 

kreutzers 

6,6820 

583 

0  86,50 

Demi  -  pistole    ou 

Dix  Ixreutzers,. . . 
Cinq  krculzers.. . 

3,8980 
1,9490 

500 
500 

0  43,25 
0  21,62 

ccu ,  , 

3,3806 

901 

Pistole  ou  doublon 

Trois  kreutzers., . 

1,1694 

500 

12,975 

deSècus,ov  (jua- 

FAorin   papier    ou 

dru  pie  dep.ilSG 

27,  045 

875 

florin  sclicin,  de 

■ — ■      de  k  écus.. 

13,5225 

875 

60kreut.sc/ie/?i. 

B          » 

1  00, 

—      de  2  écus.. 

6,7613 

875 

Bade. 

Demi-  Pistole,  ou 

Or. 

Pièce  t/e  2  florins. 
Pièce  de  i  forin. 

6,  800 
3,   400 

901 
901 

21  04, 
10  52, 

écu ..  ,.,,,,,,,, 

3,3806 

875 

Arg. 

Piastre ,     depuis 

Arg. 

Pièce  de  2  florins. 

25,  450 

750 

4  18, 

1772 

27,  045 

903 

Pièce  de  1  florin. 

12,   725 

750 

2  09, 

Real  de  2,  ou  pié- 

Bavière. 

cette,  cinquième 

Or. 

Carolin 

9,  744 
6,  496 

771 

771 

25  66, 
17  48, 

de  la  piastre. .. 
Rêat  de  1  ou  demi- 

5,  971 

813 

Maximilien 

Arg. 

Couronne 

29,  343 

886 

5  66, 

piécette 

2,9855 

813 

Rixdale  de  \^(iQ.. 

27,  513 

833 

5  10, 

Réallillo,    ou  réal 

Teston  ou  Kopfs- 

de   vcillon,  2fi<= 

titch 

6,  643 

583 

0  86, 

de  la  piastre. . . 

1,4928 

813 

Belgique. 

Les   deux  '  précédents 
se     iioninient    Réaiix  de 

Or. 

Picccde20/"ranc.'i. 

6,45161 

900 

20  00, 

Plate. 

Pièce  de 40/;a«es. 

12,9032 

900 

40  00, 

Etats    Ecclésias- 

Arg. 

Pièce  de  5  francs. 

25,  000 

900 

5  00, 

tiques. 

—     de  2  francs. 

10,  000 

900 

2  00, 

Or. 

Pisioles  de  Pie  VI 

—     de  1  franc  . 

5,  000 

900 

100, 

et  Fie  VU.... 

5,  471 

916 

—     i  12  franc... 

2,  500 

900 

0  50, 

Demi-Pistole 

2.7355 

—     l/ft  de  franc. 

1,     25 

900 

0  25, 

.Vr'7(/(n.l779,Clé- 

SIGNES    DIVERS.    AKITHMETIOLE  ET  ALGEBRE. 


u;."i 


Or. 

Arg. 

Or. 

Arg. 


Urnorainaiiûn 

DES  ESPÈCES. 


Arg. 


ment  XlVetses 
successeurs. . . . 

Denn-sequin 

Ecu   de  10   pauls 
ou  100  bainqncs. 
3  iO^' d'ccK,  ou  lis- 
ton rfeSO  baïoqiies 
Un  3'  d'écii,  ou  pa 
peto  ,  de  20  bato- 

qiies 

Un  10"=  d'écit ,  ou 
paiil,  de  10  baïo- 

qncs 

Etats-Unis 

d'AmkrtqijK. 

Doublcaigle,  de  iO 

dollars.  ..... 

Al^le  de 5  dollars.. 

Doui-aigle 

Dollar.  ■ 

Demi-dollar 

Un  quart  de  dollar. 

Hambol'bg. 
Ducat  à  la  loi  de 

l'empire 

Ducat  nouveau. .  . 

Marc  banco 

Marc  de  16  scliel- 
lings,  d'après  la 
convention     de 

Lubeck 

îlixdale  de  consti- 
tution ou  écu  de 

banque 

Hollande. 
Pièce  de  10  florins 

—  de  5  forins. 
1  flor.,uu  ÏOO cents 

1/2  florin 

1/4  de  florin 

Pièce  de  10  cents. 

—  de    5  cents. 
Indes. 

(Approximativ"^.) 

Uoupie  du  Mogol. 

Demi-roupie 

Quart  de  roupie.. . 

Pagode  au  croissant 

Pagode  à  l'étoile,. 

Ducat  de  la  Coni- 
pafrnie  Hollan- 
daise  

Demi-ducat 

Roupie  du  Mogol.. 

Roupie  de  Madras. 

Roupie  d'Arcate.  . 

Roupie  de  Pondi- 
cliéry 


poids  légal 


3,  ^^26 

1,  713 

26,  A37 
7,  932 

5,  287 

2,  664 


Ture 
lép,al 


9164 
1000 

1000 

916| 

916| 

9161 


Valeur. 


17,  Zi80  917 
»,  7Z|0  917 
4,  370j917 


27,  000 

13,  500 

6,  750 


903 
903 
903 


11  80, 
5  90, 

5  38,50 

1  62, 

1  08, 

0  54, 


|55  21, 
j27  60.50 
13  80. 
I  5  /i2, 
I  2  71, 
135,50 


3,  491  986    'il  86, 
488 1 979    |H76, 
1  68, 


9,  16Zi'750 


29,  233  889 

I 
6,   729  900 
3,3645  900 

10.  766  993 
5,  383  993 
4,  2301569 
1,  692  669 
0,  846  569 


153, 


5  78, 

20  86,15 
10  43,09 
2  13,02 
1  06,81 
0  53, 
0  21,36 
0  10,68 


38  72, 

19  36, 

9  68, 

9  46, 

9  35, 


11  62, 

5  81, 
2  42, 
2  40, 
2  36, 

2  f,2, 


Or. 
Arg, 


Or. 


Arg, 


Dénomination 

DES   ESPÈCE.S. 


Roupie  du  Rcngalc 

Double  fanon. . . . 

Fanon. 

Pièce  de  la  Com- 
pagnie Hollan- 
daise  


poids  légal 


Lombabdo-Vé.m 
tien   (  Royaume.  ) 
Souverain ,  depuis 

1823 

Demi-  souverain. . 
Ecu    de   6     livres 
d'Autriche. . . . 
Demi-ècu    ou    flo- 
rin  

Livre  d' Autriche.. 

Naples. 

Ducats,  Le  titre  des 
ducats  est  trop  Tarie, 
pour  qu'on  puisse  en 
donner  réTaluation.. 

Once  de  3  ducats  , 
depuis  1818... 

Onceàe.  Sicile,  de- 
puis 1748 

QuiNTDPLB  de  15 
ducats  ,  depuis 
1818 

Décuple  de  30  du- 
cats  

12  carlins  de  120 
grains  ,  depuis 
1804 

Ducat  de  10  car- 
lins de  100  gr. 
1784 

2  carlins,  1804..  . 

Carlin,    1804 

Ducat  de  iQ  Car- 
lins de  1818. . . 

Parme. 

Sequin 

Pislole  de  1784.  . 

Pislole  de  1786  à 
1791 

40  lire  de  Marie- 
Louise  ,  depuis 
1815 

20  lire 

Ducat  de  1784  à 
1796 

Pièce  de  3  livres  , 
depuis  1790. . . 

Pièce  d'une  livre, 
depuis  1790. ,  . 


11,  332 
5,  666 

25,   986 

12,  993 
4,  331 


996 
3,  786  996 


Tilie 
légal. 


Valeur. 


900 
900 


900 


900 
900 


18,  933 
37,  865 

27,  533 


22,  810 
4,  589 
2,2945 

22,  943 


3,  468 

7,  498 

7,   141 


12,9032 
6,4516 

25,  707 

3,  672 

1.  836 


T.  II. 


996 
833Î 

839^ 


839J 
8331 
833^ 

833i 


1000 
891 

891 

900 
900 

906 

853 

833 

59 


ItiG 


(iKAMMAIllK  FRANÇAISE. 


Or. 


Arg. 

Or. 

Arg. 

Arg, 


Dénomimaliou 

DKS   ES  PÈCES. 


lire  do  Marie- 
Louise  ,  depuis 
1815 

2  tire 

1  lira 

1/2  lira 

1/4  </c  lira 

Perse. 

{Approximative.  ) 

Roupie 

Demi-roupie 

Double  roupie  de 
5  abassis 

Roupie 

Abassi  ,    ou    Abaa 

Mahmoudi 

Larin 

Portugal. 

Mœda  d'ouro ,  on 
Lisbonine  de  4800 
reis 

Meia  mœda  ou  de- 
mi-tisbonine.  ,  . 

Quarlino ,  quart 
de  Lisbonine.  . 

Meiadubrti,  ou  por- 
tugaise de  6400 
reis 

Demi-  portugaise . 

Pièce  de  16  les- 
tons, de  160  0 
reis 

— de  12  tcsions,de 
1200  reis 

— de  8  testons.. . . 

Cruzade  de  4  80 
reis 

Cruzade  neuve  de 
480  reis  aussi. . 

1000  reis 

160  reis 

Prusse. 

Ducat 

Frédéric 

Demi-Frédéric.  . . 

Rixdale  ou  t ha  1er 
deSOsilberffros, 
de  1823...".... 

Pièce  de  5  silbcr- 
S''0-'< 

Silbcrgros 

Ragusc. 

Talaro ,  ou  Ragu- 
sine 

Demi-lalaro 

Ducat 

12  grosscttcs 

<i  ::ro>i<:rltcs 


poids  légal 

Tilre 
tép,al. 

25,  000 

10,  000 

5,  00 

2,  50 

1,  25 

900 
900 
900 
900 
900 

s     D 

„ 

D     U 

» 

>     D 

» 

»     D 

» 

D     0 

» 

»     » 

» 

«    0 

" 

10,  752 

917 

5,  376 

917 

2,  688 

917 

14,  334 
7,  167 

917 

947 

3,  583 

917 

2,  538 
1,  792 

917 
917 

1,  045 

917 

14,  633 

903 

»      t) 

» 

"       » 

» 

3,  491 
6,  689 
3,3445 

979 
903 
903 

22,  292 

750 

3.  712 
2,  192 

750 
208 

29,  400 

14,  700 

13,  666 

4,  140 

2,  070 

600 
fiûO 
450 
450 
4.^)0 

Valeur. 


5  00, 

2  00, 

1  00, 

50, 

25, 


36  75, 
18  37,50 

4  90, 
2  45, 
0  97, 

0  48,50 

1  03, 


33  96, 

16  98, 

8  49, 


45  27, 
22  63,50 


11  31,75 

8  02, 

5  66, 

3  30, 

2  94, 

6  12,  5 
1  00, 

11  77, 
20  80, 
10  40, 


3  71,11 

61,85 
12,37 


3  90, 
1  95, 
1  37, 
0  41, 

0  20.50 


Or. 


Or. 


Arg. 


Or. 


Arg. 


Or. 

ArK. 


Arg. 


Deûominaliûn 

DES     ESPÈCES. 


Russie. 

Ducat ,  de  1755  à 
1763 

Ducat  de  1763... 

Impériale  de  10 
roubles,  de  1755 
à  1763 

Demi- impériale . . 

Impériale  de  10 
roubles  ,  depuis 
1763 

Detniimpérialc..  . 

Rouble  de  100  co- 
pccks,  de  1750  à 
1762 

Rouble  de  100  cop. 
depuis  1763. .  . 
Sardaigne. 

Carlin,  de  p.  1768 

Demi-carlin 

Pis  lolc 

Demipistole 

Ecu,  depuis  1768. 

Demi-ccu 

Quart  d'ccu  ou  1 
livre 

Ecu  neuf  de  5  li- 
vres, 1816 

Savoie  et  Piémont 

Sequin 

Double  pistole ,  de 
24  livres 

Demipistole  de  12 
livres 

Carlin,  dep.1755 

Demi-carlin 

Pistole  neuve  de  20 
livres,  de  1816. 

Ecu  de  6  livres , 
depuis  1755. . . 

Demi-ccu 

Quart  d'écu  ou 
trente  sous. .  . . 

Demi-quart  d'écu  , 
ou  quinze  sous. 

Ecu  neuf  de  5  li- 
vres  

Sequin  de  Gènes. . 

Ecu  de  Gènes. ..  . 
Saxe. 

Ducat 

Double  Auguste , 
ou  10  thalers. . 

Auguste 

Demi- Auguste.  . . 

Rixdale  d'espèce, 
owécudeconvcn- 
tion,  dpp.1763. 


poids  légal 

Titre 
légal. 

Or, 

3,  495 

3,  473 

979 
669 

16,  585 
8,2925 

917 
917 

13,  073 
6,  5365 

917 
917 

25,  870 

802 

24,  011 

750 

16,  056 

8,  028 

9,  118 
4,  559 

23,  590 
11,  795 

892 
892 
906 
906 
896 
896 

5,8975 

896 

25,  000 

900 

3,  468 

1000 

9,  620 

906 

4,  810 
48,  100 
24,  050 

906 
906 
906 

6,4516 

900 

35,  118 

17,  559 

906 
906 

8,7795 

906 

4,3897 

906 

25,  000 
3,  487 

900 
1000 

3,  491 

986 

13,  340 
6,  670 
3,  335 

903 
903 
903 

28,  064 

833 

S1(;-\KS    DIVERS.  AlilTHMETIOUE  El   AI.OEIiUE. 


'.(i7 


Dénominaiion 

DES      ESPÈCES. 


Or. 


Dcmi-rixdale ,  ou 
florin  de  conven- 
tion  

Thakr  de  24  bons 
Gros  (  monnaie 
imaginaire  ).. . 

Gros,  ou  32"  de 
rixdale  ,  ou  1h' 
de  ilialcr 

SlCILB. 

Onck,  dep.  1748. 

Ecu  de  12  larins.. 
Suède. 

Ducat 

Demi-ducal 

Quart  de  ducat.   . 

Rixdale  d'espèce, 
de48scheliings, 
de  1720  à  1802. 

2  tiers  de  rixdale. 

1  tiers  de  rixdale. 
Suisse. 

Pièce  t/c  32  fran- 
hen  de  Suisse. . 

Pièce  de  iQ  frank. 

Ducal  de  Zurich.. 

Ducat  de  Berne.  . 

Ducat  de  Bâte.  .  . 

Ducat  de  Lucerne. 

Pis  tôle  de  Berne.. 

Ecu  de  Bâlc,  de  30 
balz,  ou  2  llo 
rins 

Demi  ècu  ou  florin 
de  15  batz..  . 

Ecu  de  Zurich,  de- 
puis 1781 

Demi-écu  ,  ou  /?o 
rin 

Ecu  de  40  balz  de 
Bâieet  Soleure, 
1798 

Pièce  de  à  frankcn 
de  Berne,  1799. 

— de  4  frankcn  de 
Suissf!,  1803... 

— de  2  franhen  de 
Suisse,  1803... 

— d'un  fvanhen  de 
Suisse,  1803... 

Franken  de  Berne, 
1803 

ToSCAWE. 

Rusponc 


Poids  légal 


Tiiie 


14,  032 


1,  982 

A,  399 

27,  533 

3,  482 
1,  741 
0,8705 


29,  508 

19,  672 

9,  836 


15,  297 
7,6485 
3,  491 
3,  452 


7,  648 

23,  386 
11,  693 
25,  057 
12,5285 

29,  480 

29,  370 

30,  049 
15,0245 

7,5123 

7,5123 

10.  464 


Valeur, 


833 


368 
906 

833: 

976 
976 
976 


878 
878 
878 


904 
904 
979 
979 


902 

878 
878 

844 
844 

901 
901 
900 
900 
900 
900 
1000 


c. 


2  59,75 


3  89,63 


0  16,2J 

13  73, 

5  10, 

11  70, 
5  85, 
2  92,50 


5  75,73 
3  83,80 
1  91,91 


47  63, 
33  81,50 
1177, 
1164, 

10  85, 

11  86, 
23  76, 


4  56, 
2  28, 

4  70, 

2  35, 

5  90, 

5  88, 

6  0, 

3  0, 
1  50, 
1  50, 

30  0/| 


Deacmination 

DES   ESPÈCES. 


Are. 


Or. 


Ai-î 


Or. 

Ars 


Un  tiers-ruspone, 
on  sequin  aux 
lis 

Dcmi-sequin 

Scqiiin  à  l'effigie. 
Rosine 

Demi-rosinc 

Francescone  de  iO 
pauls  ,  livour - 
nine,  piastre  à  la 
rose,  lèopoldinc, 
ctècudeiO  pauls 

Pièce  de  5  pauls.  . 

—  de  2  pauls.  . 

—  de  1  pauL. . 

ïl'RQl'IE. 

Sequin  zermahboub 
du  'Sultan  Ab- 
doul  -  Haniyd  , 
1774 

Dcmi-zcrmah  boud. 

Sequin  zcrtr.nh  - 
boud  de    Sclini 

m 

Demi-sequin 

Quart  de  sequin  .  . 

Roubblè 

Altmichlec,  de  60 
paras  ,  depuis 
1771 

Yarcmiec,  de  20 
paras  ou  60  as- 
pres  ,  1757. . 

Roubb, de  lOparas 
ou    60    aspres 
1757 

Para  de  3  aspres  , 
1773 

Aspre,  1773... 

Piastre  de  40  pa- 
ras ,  ou  120  as- 
pres, 1780 

Pièce  de  5  pias- 
tres ,  de  Mah  - 
moud,  1811. .. 

^EMSE. 

Ducal 

Sequin 

Dcmi-sequin 

Ducat  effectifd'ar 

t;cnl 

Ducat  courant 
d'argent  ,  de 
124 sous,  mon- 
naiedcconiptc- 


3,  488 
1,  744 
3,  488 
6,  976 
3,  488 


27,  607 

13,7535 

5,  501 

2,  751 


2,  642 
1,  321 


2,  642 
1,  321 
0,  661 
0,  881 


28,  882 


18,   015 


1000 

1000 

1000 

896 

896 


12  01,33 
6  00,67 
12  01,33 
21  5'i, 
10  77, 


917  5  61, 

917  2  80,50 

917 1  1  12,20 

917  0  56,10 


958 
958 


802 
802 
802 
802 


550     3  52, 


0  99, 


500 


8  72, 
4  36, 


7  30. 
3  6-3, 
1  82,50 
1  43,23 


0  49,50 

0  04, 
0  01,33 


2  00, 


4  13,67 

7  49, 
12  0, 
6  0, 

4  18, 


3  23,95 


4(iS 


(;UA.MMAIKE  l'KAiNCAlSE. 


Que  les  iïoiivernt'nienls  atteints  d'albi- 
nisme, et  qui  par  cela  même  ne  peuvent 
suppiiiier  la  luiniére  du  jour,  s'empres- 
sent si  jxni  d'adopter  le  nouveau  syslème 
monétaire  de  la  France,  d'une  simplicité 
si  remarquable  ,  cela  se  conçoit;  mais  que 
l'Angleterre,  l'Angleterre  aux  prétentions 
si  exagérées  suive  encore  la  vieille  routine, 
en  sorte  qu'on  nepuisse  effectuer  une  som- 
mé de  50  t'iancs  ,  de  100  Francs,  de  1000 
francs,  sans  un  ap[)oint  en  petite  monnaie, 
Vraiment  cela  étonne.  J'en  dis  autant  pour 
les  poids  et  mesures,  dont  la  conversion 
au  système  métrique  offrirait  de  tels  avan- 
tages, qu'il  est  incomprébensible  comment 
tous  les  esprits  n'en  sont  pas  frappés. 

Certes  la  question  est  opportune  aujour- 
d'hui que,  grâce  à  la  merveilleuse  invention 
des  chemins  de  fer,  les  rapports  de  nation 
à  nation  vont  devenir  de  plus  en  plus  fré- 
quents. O  rois,  il  serait  temps  d'étenrire  à 
vos  peuples  les  bienfaits  de  la  philosophie.  O 
rois,  il  serait  temps  de  les  élever  tous  au  mê- 
me niveau,  afin  qu'en  se  rencontrpnt  pour  la 
première  fuis,  ils  ne  soient  pas  étonnés  de 
leur  disproportion  ;  afin  que  de  la  supério- 
rité des  uns  et  de  l'infériorité  des  autres  il 
ne  résulte  pas  de  ces  redoutables  conflits 
d'amours  propres  qui  sont  si  funestes  à 
l'humanité.  Orois,  que  j'aime,  parce  que 
je  vous  regarde  comme  destinés  à  repré- 
senter Dieu  sur  la  terre;  ù  rois,  c'est  au- 
tant votre  intérêt  que  celui  des  peuples 
qui  me  donne  le  courage  de  m'exposer  à 
votre  colère.  O  rois  ,  si  vous  n'approuvez 
pas  mes  raisons,  pourquoi  portez-vous  des 
aigles  dans  vos  armes  ?  L'aigle  ,  emblème 
de  force  et  de  puissance,  ne  tend  pas  ses 
pièges  dans  les  ténèbres.  11  ose  regarder 
le  soleil  en  face.  O  rois,  soyez  donc  fidèles 
à  votre  devise  :  Non  soll  cedo;  ou  plutôt,  je 
me  tromj)e  ,  renoncez  à  cette  devise  ,  et 
cédez  une  fois  le  pas  au  soleil.  Laissez  pé- 
nétrer la  lumière  dans  vos  demeures,  afin 
qu'unenouvelle  vie  les  anime.  Abjurezvotre 
antipatbieponr  l'esprit  et  l'intelligence.  Ne 
vous  cffiayez  pas  à  l'aspect  d'une  idée  ,  et 
ne  la  fuyez  pas  comme  un  spectre.  Les 
idées  publiques  sont  des  miroirs  pour  les 
rois.  Faites  en  sorte  que  vous  puissiez  vous 
y  voir  en  beau,  vous  n'en  aurez  plus  peur. 

Les  mots  mèlrc,  décimètre,  centimè- 
tre, etc.,  ne  plaisent  pas  à  M.  Francis  Wey. 


11  eût  préféré  mesure,  dixième  de  mesure , 
centième  de  mesure ,  etc.  «  Ces  mots  hybri- 
des, arlequins  lexicograpliii/iies,  ont  été  ad- 
mis, dit-il;  et,  grâce  à  messieurs  les  savants, 
nous  sommes  en  plein  chcvalorama.i 

M.  Francis  Wey  est  un  railleur  plein  de 
grâce  et  de  sel. 

«Mille  mètres,  ajoute-t-il,  forment  un  kl- 
»  lomélre.  C'est  hiliosmèlrc  qu'il  aurait  fallu 
udire,  kilios  signifiant  mille,  tandis  que 
n /;(7/oi  signifie  â;(C  ou  bourrique.  La  lieue  de 
»  France  équivaut  à  quatre  mesures  d'âne.o 

Le  Journal  des  Débats  n'est  pas  plus  spi- 
rituel. En  tout  cas  kilos  se  rapproche  bien 
plus  de  kilios  que  de  kiltos  ,  et  kilos  veut 
dire,  non  pas  bourrique ,  mais  nourriture. 
Mais  l'esprit  de  INL  Wey  ne  s'accommo- 
dait pas  de  cette  nourriture.  Il  lui  fallait 
quelque  chose  comme  uneânerie,  et  ilapar- 
l'iiilement  rencontre.  Comment  M.  Frnn- 
çis  Wey,  édité  par  MM.  Didot,  n'at-il  pas 
encore  été  célébré  par  le  Journal  des  Dé- 
bats? C'est  que,  la  main  sur  la  conscience, 
l'ouvrage  de  M.  Francis  Wey,  maigre  quel- 
ques défauts,  est  encore  trop  remarquable, 
et  surtout  d'un  trop  beau  style,  pour  que 
le  Journal  des  Débats  daignes'en  occuper. 
Puis  je  ne  sais  pas  trop  si  M.  Wey  n'est 
pas  de  l'opposition.  Et  vous  savez  comme 
le  Journal  des  Débats  traite  cette  pauvre 
opposition,  qui  du  reste  le  lui  rend  bien. 

Nul  n'aura  de  IV'sprit  hors  nous  et  nos  amis. 

Vous  le  voyez.  Monsieur  Francis  Wey, 
je  suis  tout  disposé  à  vous  rendie  justice. 
Mais  comment  un  homme  de  votre  talent 
peut-il  s'abandonner  à  de  telles  bouffonne- 
ries? Gomment  peut-il  s'oublier  jusqu'à 
appeler  les  nouvelles  mesures  des  incon- 
gruités mathématiques  el  lesauteurs  de  cette 
nouvelle  découverte  des  novateurs  pédan- 
Icsques  (1)?  "Personne,  dites  vous,  n'aie 
droit  de  changer  tout  un  langage,  de  sup- 
primer et  de  créer  de  vive  force  des  séries 
entières  de  mots.»  Mais  de  la  sorte  il  n'y 
aurait  pas  de  coupables  que  les  auteurs  du 
système  métrique;  et  les  Linné,  les.lussieu, 
les  Cuvier,  ainsi  que  les  inventeurs  du  6a- 
romètre  et  du  thermonièlre,  seraient  donc 
tous  aussi  de  fameux  crétins! 

Il  ne  fallait  donc  pas  vous  restreindre 
aux  seuls  noms  des  nouvelles  mesures  , 
mais  biffer  d'un  seul  trait  les  nomencla- 
tures de  zoologie,    de  chimie,  de  botani- 


(i)  Pédantcsf/iœ  ne  i'c»l  s,aèvc  ^p  liire  lU  s   iicrsoniies.   On   dit  un   sntair  pcdnntcst/ue ,   un  atr 
dnnlcsf/ui',  une  uhscnriliufi  prdiiulcs'/uc  ,  mais  on  ne  dil  i>as  une  personne  pedanlesr/uc. 


SIO'ES    DIVEKS.    AKllH 

ifite,  elc. ,  et  envoyer  les  savants  que  je 
viens  de  citer  faire  amende  honorable,  la 
torche  au  poing  et  la  corde  au  cou,  devant 
l'Académie,  pour  qu'elle  ait  occasion  de  1 
leur  dire|comnie  César  :  TanqttanscopuUmi, 
sic  ftigias  insolens  vtrbinn. 

Si  c'est  pour  protester  au  nom  du  bon 
goût  contre  l'admission,  dans  le  langage 
littéraire  et  poétique,  de  ces  vocables  mé- 
tis, ainsi  que  vous  les  appelez;  si  c'est  pour 
cela  que  vous  avez  fait  une  si  grande  dé- 
pense d'esprit,  eh  bien  !  soit  dit  sans  vous 
fâcher,  vous  avez  fait  une  dépense  inutile. 
Personne  n'ignore  que  les  nomenclatures 
scientifiques  sont  en  général  peu  propres  à 
la  poésie  ,  où  oxyclilorate  et  liytliocyunatc 
sonneraient  encore  plus  mal  assurément 
queinèlrc  et  kilomètre,  qui  vous  répugnent 
si  fort.  Cerlainemt^nt  les  anciennes  déno- 
minations sont  préférables,  non  seulement 
dans  la  poésie,  mais  encore  peut-être  dans 
le  langage  ordinaire  ;  et  s'il  n'est  guère  plus 
charmant  de  dire,  à  la  vue  d'une  jeune 
fille  qui  danse  avec  légèreté  ,  elle  ne  pèse 
pas  une  once,  elle  ne  pèse  pas  une  livre,  que 
de  dire  ,  elle  ne  pèse  pas  un  dccagramme  ou 
un  demi  kilogramme ,  du  moins  cela  est-il 
moins  insolite,  comme  dit  tel  maître  de 
langue  de  Vienne. 

Il  en  est  de  certains  mots  comme  du  vin. 
Il  faut  qu'ils  st)ient  vieux  pour  être  bons. 

Mille  fois  pardon.  Monsieur  Wey.  Mais 
vous  avez  si  bien  tort  de  toute  i'açon  , 
il  est  si  peu  vrai  qu'on  ait  voulu  con- 
traindre le  peuple  à  parler  grec  malgré  lui, 
que  je  puis  vous  citer  un  arrêté  du  13  bru- 
maire an  9  ,  qui  déclare  que  ,  dans  les  ac- 
tes publics,  comme  dans  l'usage  ordinaire, 
on  peut  écrire  et  dire  lieue  pour  myria- 
inétre,  mille  pour  kilomclrc,  livre  pour  ki- 
logramtne,  etc.  Voir  le  tableau  des  nou- 
velles mesures,  page  458.  Seulement  la 
nouvelle  livre  est  plus  forte  que  l'ancienne, 
voili»  tout,  .îe  vous  salue  (1). 

On  appelle  nwnnaiede  bilton,  toute  mon- 
naie de  cuivre  pur,  ou  de  cuivre  mêlé  avec 
un  peu  d'argent,  comme  les  sous.  Les 
blancs,  de  la  valeur  de  cinq  deniers,  les 
carolus ,  qui  en  valaient  dix,  étaient  des 
monnaies  de  hillon.  On  dit  encore  dans 
quelques  provinces  six  blancs,  pour  dire, 
deux  sous  et  demi. 


METiylJE  ET  ALGÈBRE.  Mi*J 

Real  ou  réale  de  billon ,  monnaie  espa- 
gnole. Le  maravédis,  autre  monnaie  de  bil- 
lon espagnole,  équivaut  environ  à  un  cen- 
time et  demi  de  France. 

Billon  se  dit  aussi  de  tonte  sorte  de  mon- 
naie décriée  ou  défectueuse.  Jt  a  trouve 
dans  un  sac  de  mille  francs  pour  plus  de  cent 
francs  de  billon.  (Acad.)  Le  poids  des  piè- 
ces de  monnaie  diminue  beaucoup  ]iai-  le 
frai,  c'est  à  dire,  par  l'usage  et  le  frotte- 
ment. M.  Thénard  rapporte  qu'un  sac  de 
220  pièces  de  6  livres  qui,  en  1816,  pesait 
5  kilogrammes  782 grammes, ne  pesait  plus 
que  5  kilogrammes  754  grammes  en  1830, 
et  5  kilogrammes  732  grammes  en  1834. 

Billon  se  prend  aussi  pour  le  lieu  oii  l'on 
porte  toutes  les  monnaies  défectueuses. 

L'analyse  chimique  a  démontré  qu'il 
existe  17  francs  50  centimes  d'or  dans  une 
valeur  de  1000  livres  en  argent. 

Notre  monnaie  est  si  bien  fiappée  et  de 
si  bon  aloi ,  qu'elle  a  cours  presque  par- 
tout. Aussi,  selon  le  rapport  fait  par  M.  Thé- 
nard il  y  a  quelques  années,  la  quantité 
d'espèces  décimales  frappée  depuis  la  loi 
du  28  mars  1803  jusqu'au  premier  janvier 
1834,  est  elle  en  or  de  1,056, 151, 660  francs, 
et  en  argent  de  2,665,609,482  francs  75 
centimes.  De  l'or,  de  l'argent  de  bon  aloi. 
Qui  est  au  titre  des  ordonnances.  De  l'or, 
de  l'argent  de  bas  aloi ,  Qui  n'est  pas  à  ce 
titre.  Fig. ,  Un  homme  de  bas  aloi,  qui  est 
de  basse  condition,  d'une  profession  vile, 
ou  qui  est  méprisable  par  lui-même.  Mar- 
chandises  de  mauvais  aloi.  Fers  de  mauvais 
aloi,  de  bas  aloi. 

On  nomme  coin  un  morceau  d'acier 
gravé  en  creux ,  dont  on  se  sert  pour  mar- 
quer la  monnaie  et  les  médailles.  Le  coin 
du  roi,  le  coin  d'Espagne.  Les  carolus  ont  eu 
ce  nom  parce  que  les  premiers  furent  frappés 
en  France  au  coin  de  Charles  FJIL 

Le  papier  monnaie  est  un  papier  créé 
par  le  gouvernement  pour  faire  office  de 
monnaie.  Monnaie  obsidionale ,  Monnaie 
frappée  dans  une  ville  assiégée,  oii  on  lui 
donne  coms  pendant  le  siège,  pour  une 
valeur  beaucoup  plus  forte  que  sa  valeur 
intrinsèque. 

Monnaies  de  compte. 

On    appelle  ainsi   certaines   valeurs  qui 


lies  ai'li-  le  sujet  d'une  j^iave  discussion  à  l'Académie  Franeaise.  Un  des  membre 
(proposé  de  sub.-litner  à  celte  expression  proverbiale  :  Avoir  un  pied  de  iir:,  celle 


(1)   L'emploi  d(  s  mesures  nou 
de  la  commission  du  dictiomialrt 

ci:  Jnolr  Irenlctrois  i-enlim'elres   rie 'nez.   Comme  M.    Villcmain   s'j   opposait:  n  Je  sais  bien,    dit  M.  de  Jouv,  «[uc 
rtïpri'Mion  n'est  pas  exacte,  el  qu'il  faudrait  ajouter  une  fraction.»  f  i.Nosiut.  ; 


'0 


GRAMMAIRE 


n'ont  jamais  cxislé,  ou  qui  n'existent  plus 
en  espèces  réelles  ,  mais  qui  ont  été  inven- 
tées ou  leleniies  pour  l'acililer  les  comptes, 
en  les  établissant  toujours  sur  un  pied  cer- 
tain et  non  variable.  Ou  dit  aussi  îuonnaics 
imaginaires  ou  fictives,  par  opposition  à 
monnaies  réelles  ou  effectives.  La  livre  tour- 
nois est  une  monnaie  de  compte.  Le  franc 
est  une  monnaie  réelle.  La  livre  sterling 
d'Angleterre,  valant  2/i  francs  75  centimes; 
les  féaux  de  veillon  espagnols  .,  dont  chacun 
vaut  Si  maravédis  ou  21  centimes;  les  rcis 
portugais  dont  1000  valent  6  francs  20  cen- 
times ;  la  livre  de  banque ,  usitée  en  Prusse 
(pi'und),  de  2!i  grocliens  à  12  pfennings, 
valant  à  francs  93  centimes;  sont  également 
des  monnaies  de  compte.  La  bourse,  mon- 
naie de  compte  usitée  dans  le  Levant,  est 
évaluée  à  500  piastres  (ilSi  francs  28  cen- 
times.) 

Monnaies  des  anciens. 

MONNAIES  ROMAINES. 

Elles  furent  d'abord  de  cuivre  de  bois 
peint,  de  terre  cuite,  etc.  Ce  fut  Servius 
ïullius  qui  le  premier  fit  frapper  de  la 
monnaie  d'airain.  On  ne  Gt  de  la  monnaie 
d'aigent  que  l'an  de  Rome  àSb.  L'or  ne 
fut  connu  des  Romains  que  62  ans  plus 
tard.  Tantôt  ovales,  oblongues,  circulai- 
res, les  plus  anciennes  portaient  l'efEgie 
d'un  animal  (pecus)  d'où  vient  le  mot  pe- 
cunia,  qui  signifie  toute  espèce  de  mon- 
naie.On  nommait  nummi  dentati  celles  dont 
le  contour  était  dentelé;  bigati  celles  qui 
avaient  au  revers  un  char  à  deux  chevaux; 
quadrigali  celles  qui  en  avaient  un  à  quatre 
chevaux;  victoriali  ceux  sur  les  quels  était 
empreinte  une  victoire.  Les  monnaies  ro- 
maines les  plus  connues  sont  Vas  ou  libra 
(1  sou,  de  œx  ,  aiiain  ,  et  librarc,  peser), 
portant  sur  la  face  une  tète  de  Janus  et  au 
revers  la  proue  d'un  vaisseau  ;  le  demi-as 
(semissis)  marqué  d'une  tête  de  .lupitercou- 
ronnée  de  laurier,  avec  un  S  au  bas;  le  tiers 
de  l'as(triens),  portant  une  tête  de  femme, 
avec  quatrepoints;  le  quart  d'as  (quadrans), 
avec  la  tête  d'Hercule  et  trois  points;  le 
sextans  ou  demi-triens,  avec  la  tète  de  Mer- 
cure et  deux  points  ;  le  dupundius,  ou  deux 
as;  le  denier  [denarius ,  de  déni ,  dix  à  dix, 
ou  nummus  urgenteus,  n<onnaie  d'argent), 
qui  valait  16  as;  le  quinaire  [quinarius)  , 
qui  valait  la  moitié  du  denier;  le  sesterce 
[sestertius  ou  nummus  argenti)  qui  valut 
tl'aboid  2  as  et  demi,  ensuite  li  as;  l'au- 


FRANÇAISE. 

reus  ou  satidus  (monnaie  d'or),  qui  valait 
25  deniers  d'aigent  ou  100  sesterces. 

Pour  indiquer  que  le  sesterce  valait  2 
as  et  demi  ou  2  livres  et  d<!inie,  on  le  mar- 
quaitainsi  :  L.  L.  S.  Les  deux  L  marquaient 
deux  livres  o«i  as,  et  l'.S  signifiait  semi 
(deux  livres  et  demie).  —  Ensuite  on  a  fait 
une  H  des  deux  LL ,  et  l'on  a  euHS; 
comme  on  le  trouve  dans  les  auteurs. 

On  appelle  le  sesterce  petit  sesterce, pour 
le  distinguer  du  grand  sesterce,  qui  était 
une  monnaie  idéale,  comme  la  livre  ster- 
ling chez  les  Anglais,  la  livre  tournois  en 
France,  et  qui  valait  mille petils  sesterces. 

Jusqu'à  mille  on  comptait  les  sesterces 
en  mettant  devant  ce  mot  la  somme  dont 
il  s'agissait.  Dix  sesterces,  sestertii  decem; 
vingt,  t'iifùi//;  cent,  centum.  Airivéà  mille, 
le  sesterce  prenait  le  nom  de  sestertiunt 
ou  grand  sesterce.  Dix  mille  sesterces  réels 
s'exprimait  indifféremment  par  decem 
millia  scstertiûm  (pour  scslertiorum)  ou  par 
dena  sesterlia  {dix  grands  sesterces).  On 
écrivait  cent  mille  sesterces,  centena  milita 
sestertii'im  ,  ainsi  qu'il  suit  :  CHS.  La  bai-re 
annonce  que  la  somme  s'élève  à  mille,  et  le 
C  indique  cent. 

Depuis  un  million  et  au  dessus  on  comp- 
tait par  les  adverbes  de  nombre ,  decies, 
vicies-,  cenlies,  etc.,  dix  fois,  vingt  fois, 
cent  fois,  etc.,  après  les  quels  on  sous-en- 
tendait  centena  millia,  cent  mille. Exemple: 
Un  million  de  sesterces,  decies  sestertiûm, 
c'est  à  dire,  decies  centena  millia  scstertiûm, 
dix  fois  cent  mille  sesterces.  11  était  pauvre 
avec  un  million  de  sesterces,  cui  sestertiûm 
centies  egestas  fuit. 

ÉVALUATION   EN   MONNAIE    IBANÇAISK. 

As,  jusqu'en  264  avant  J.-C 8  c. 

—  depuis  cetle  époque 5 

!82 
79 
78 
73 

—     sous  Domitien  et  Galba 70 

21 
20 

Sesterce . , {  i9 

18 
17 

Grand  sbstebce,  environ 177  f.  90 

AuRELs  ou  SoLiDi's,  cnviion...     17     79 

Le  nom  d'as  fut  donné  en  outre  à  toute 
espèce  d'unité  considérée  comme  divisi- 
ble. Ce  mot,  en  usage  dans  les  successions. 


SIGNES 

désignait  l'héritage  tout  entier.  Hœres  ex 
asse  signifiait  héritier  de  tout  un  bien. 

h'as ,  quelle  que  fût  la  nature  de  l'unité 
qu'il  représentait,  se  divisait  en  douze  par- 
ties noniiiiées  onces  [unciœ).  Les  fraclions 
de  Vas  étaient  le  deiinx  ,  valant  11  onces, 
le  dexlans ,  10  onces;  le  dodrans ,  9;  le 
bcs,  8;  le  septunx,  7;  le  semis  ou  semixsis, 
6;  le  quincunx ,  5;  le  qiiadrans  ou  tcrun- 
cius ,  3;  le  triens,  h  ;  le  sextiins,  2  ;  et  enfin 
l'once  et  la  demi-once  ou  scxciinx. 

L'as  libratis  ou  livre  romaine  était  l'unité 
de  poids  ,  et  valait  de  nos  poids  10  onces 
5gros/i0  grains,  ou  3  hectogrammes  27 
grammes  1S7  milligrammes. 

Monnaies  grecques. 

Leur  usage  ne  remonte  qu'à  Phédon 
(476  ans  avant  J.-C).  La  plus  ancienne 
monnaie  grecque  portait  l'empreinte  d'un 
bœuf.  Dans  la  suite  chaque  province  eut 
des  signes  particuliers.  Delphes  eut  un 
dauphin ,  Athènes  une  chouette,  Thèbes 
un  Bacchus  avec  une  grappe  de  raisin  et 
une  grande  coupe,  la  Macédoine  un  bou- 
clier, Rhodes  la  tète  radiée  du  soleil ,  etc. 
Les  Lacédémoniens  n'eurent  que  de  la 
monnaie  de  fer  depuisLycurguu,  qui  pros- 
crivit les  autres  sous  peine  de  mort,  jus- 
qu'à Lysandre.  L'unité  monétaire  des 
Grecs  était  la  drachme,  qui  se  divisait  en 
six  oboles. 

Evaluation  en  monnaie  française. 

Drachme,   à   peu  près 92c. 

Obolb 15 

AuBEus  (20  diachmes) 18  f.  33 

Mine  (100  drachmes)! 92     6850 

Talent  attique  d'argent,  jus- 
qu'au xi''  siècle  avant  J.-C.  5560     90 
—  Depuis   cette  époque  jus- 
qu'à la  soumission  de  la 

Grèce 5222     ^1 

Talent  attique  d'or,  (10  la- 
lents  d'argent) 55608     99 

Le  talent  n'était  qu'un  certain  poids 
d'argent  on  d'or,  différent  selon  les  pays 
où  l'on  s'en  servait.  Il  y  avait  une  foule 
de  talents.  Le  talent  d'Egine  on  de  Corin- 
ihe  valait  100  mines  ou  :] 0,000  drachmes 
(92680  francs).  Celui  dEubée  était  à  peu 
le  même  que  le  talent  attique. 

Le  talent  babylonien  valait  6/il6  francs. 
Les  Hébreux  avaient  deux  tal<;nts  ,  va- 
lant chacun   3000  sicles  ;  ce  qui  revient, 
pour  celui  d'argent,  à  /i867    francs,  et, 
pour  celui  d'or,  à  69531  francs. 


DIVERS.  171 

Le  sicle  (  de  l'hébreu  sekel,  peser  )  se 
divisait  en  k  drachmes.  Le  siclc  d'or  valait 
2  francs  31  centimes,  et  le  sicle  d'argent  un 
peu  plus  de  1  franc  G2  centimes. 

Le  dorique,  monnaie  d'or  de  Darius, 
valait  18  francs  54  centimes. 

La  drachme,  chez  les  Grecs,  servait 
aussi  d'unité  de  poids.  Elle  valait  1  gros  7 
grains,  ou  4  grammes  196  milligrammes. 

hsi  mine  poids  valait  14  onces,  2  gi'os ,  G 
gains,  ou  4  hectogiaiiimes  3  décagrammes 
6 grammes  3  décigrammes. 

L^unîté  des  mesures  de  cnpacité,  pour  les  liquides  , 
chf7,  les  Grecs,  était  le  méirctes  (  1958  pouces  culies,  IIS 
millièmes  ),  et  pour  les  matières  sèches  la  médimne  (2610 
pouces  cubes  905  millièmes).  Chez  les  Romains,  l'unité 
pour  les  liquides  était  Vamplwre  (1305  pouces  cubes  /|52 
millièmes)  ;  et,  pour  les  matières  sèches,  le  modius  (435 
pouces  cubesl50S}. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  si 
important  sans  y  ajouter  l'explicatiou 
de  quelques  termes  spéciaux ,  tenant 
d'assez  près  à  notre  sujet,  et  dont 
l'intelligence  parfaite  est  une  des 
choses  les  plus  indispensables. 

Principaux  Termes  de  [Finance. 

ACTION,  Document  qui  établit  que  telle  sonrine  a  été 
mise  dans  une  société  commerciale,  ayant  pour  but  une 
opéiatioii  déterminée,  et  donnant  au  porteur  un  droit 
proportionnel  dans  les  bénéfices  de  Pentreprise.  Action 
de  la  rompagnie  des  Indes,  de  la  Banque  deFrance.  Une  ac- 
tion de  cinq  cents  francs  ,  de  nulle  francs.  Créer  ,  proposer 
des  actions.  Prendre  une  action.  Action  nominative.  Action 
au  porteur,  fendre  ,  acheter,  négncier  des  actions.  Les  ac- 
tions ont  haussé,  ont  baissé.  Fig.  etfam..  Ses  actions  haus- 
sent,ses  actions  baissent,  se  dit  de  quelqu'un  doiitla  répu- 
tation, dont  le  crédit  s'accroît  ou  diminue. 

AGIO,  Bénéfice  qui  résulte  de  l'échanfre  d'une  mon. 
naie  contre  une  autre,  ou  de  réchar.gc  de  l'argent  contre 
les  ellèts  de  commerce.  L'agio  est  indépendant  du  taux  de 
l'intéiél  ou  de  l'escompte,  en  maliérede  négociation.  (AciD.) 
L'agio  est  nul  .  si  l'argent  abonde  sur  une  place  ;  il  s'élève 
au  contraire  en  raison  de  la  rareté  du  numéraire.  (  Ac*D.  ) 
l)e  l'italien  aggio,  dériïé  à'aggiugnnre,  ajouter,  selon  Na- 
poléon Landais. 

AGIOTAGE,  Trafic  que  l'on  fait  des  elTets  publics,  en 
spéculant  sur  la  hausse  et  la  baisse.  Jl  s'est  enrichi,  il  s'est 
ruine  à  l'agiotage.  Il  se  prend  en  mauvaise  part.  —  Ma- 
nœuvres clandestines  employées  pour  faire  iiausser  ou 
baisser  les  fonds  publics,  ou  pour  faire  varier  le  prix  de 
telle  denrée,  de  telle  marchandise  sur  la  quelle  on  spécule. 

AGIOTER,  Faire  l'agiotage. 

AGIOTEUR,  Celui  qui  fait  l'agiotage.  C'est  un  agio- 
teur bien  connu.    (Acad.  ) 

AMORTISSEMENT,  Le  rachat,  l'extinction  d'une 
dette,  d'une  pension,  d'une  rente,  d'une  redevance.  L'a- 
mortissement de  la  dette  publique.  Voyez  Rente.  Fonds  d'a- 
mortissement. Somme  destinée  à  l'extinction  d'une  rente. 
Caisse  d'amortissement  ,  Caisse  établie  pour  l'amortisse- 
ment graduel  de  la  dette  publique.  L'amortissement  d'un 
domaine,  d'une  terre,  d'un  héritage,  La  faculté  donnée  par 
le  roi  pour  faire  que  des  gens  de  mainmorte  pussent  de- 
venir propriétaires,  à  charge  de  ne  pointvendre  le  fond.1 
amorti.  Ces  religieux  ont  payé  tant  pour  l'amortissement  de 
telle  terre.  (Acad.  )   Droits  d'amortissement.  Gens  de  main- 


472 


GRAMMAIKE   FRANÇAISE. 


rmiti;  se  disait  des  corpj  cl  dos  commiiiinutés  qui ,  no- 
iiobstntit  les  diverses  maniiTCS  dont  les  individus  s'y  suc- 
cèdent^ sont  considérés  comme  perpétuels  et  formant 
toujours  la  même  corporation.  (Aciu.) 

BAISSE  ,  Diminution  de  prix,  de  valeur.  I!  se  dit  sur- 
tout en  parlant  des  fonds  publics,  des  clfets  publics  com- 
uicrrables.  Cette  nouvelle  a  rausé  une  grande  baisse  dans 
les  elVets  publics.  Ces  effets-ia  sont  en  baisse.  Jouer  à  la 
baisse.  Promettre  de  livrer  aux  prix  du  cours  actuel  rt  à 
une  époque  déterminée  les  etfets  ou  papier  de  crédit  pu- 
blic ,  danstVspoir  de  les  racbetcr  alors  ù  un  prix  infé' 
rieur.  Il  s'est  ruiné  en  Jouant  à  ta  baisse,   (  Acau.  J 

BANQUE,  (Commerce  qui  consiste  à  ouvrir  des  cré- 
dits ,  a  recevoir  des  fonds  à  intérêts  ;  à  écbanger  des  ef- 
fets ouà  les  escompter  avec  des  espèces,  moyennant  une 
prime  ou  bénéfice  que  l'on  nomme  change  dans  le  pre- 
mier cas,  et  agio  dans  le  second.  Faire  la  banque.  Maison 
rf<  Banque,  Maison  où  l'on  fait  le  commerce  de  banque; 
négociants  mètnes  qui  font  ce  commerce.  Banque  se  dit 
aussi  d'une  caisse  commune  ou  publique,  dontle  crédit 
repose  sur  des  fonds  considérables ,  et  où  les  particuliers 
déposent  leur  arpent  pour  en  tirer  un  intérêt,  avec  fa- 
culté de  le  reprendre  à  leur  volonté  ,  en  tout  ou  en  par- 
lie,  soit  en  nature,  soit  en  efl'ets  équivalents.  Les  ban- 
ijues  particulières  et  les  banques  publiques  sont  ordinaire- 
ment sous  ta  surveillance  de  l'autorilc.  Les  principales  ban- 
ques d'Europe  sont  celles  de  France  ,  de  Londres,  de  Hani- 
Iwurg  ,  d'Annterdam  ,  de  Copenhague  ,  de  f'ienne  ,  de  Saint- 
Pétersbourg,  et  de  Berlin,  La  baraque  de  France  a  été  insti- 
tuée le  14  avril  1803.  La  banque  de  Bordeaux.  Le  régent  de 
la  banque.  Action  de  la  banque.  Billet  de  banque  de  mille 
francs.  Avoir  un  compte  en  banque  ,  Y  avoir  des  fonds  dé- 
posés, et  s'y  faire  créditer  ou  dubiter.  Banque,  à  certains 
) eux  où  une  seule  personne  joue  contre  plusieurs ,  se  dit 
delà  Somme  que  celui  qui  tient  le  jeu  a  devant  soi,  pour 
payer  ceux  qui  gagnent  conlre  lui.  Faire  «;)c  bonne  ,  une 
mauvaise  banque  ,  Gagner  ou  perdre  en  tenant  le  jeu. 
Faire  sauter  la  banque.  Gagner  tout  l'argent  que  le  ban- 
quier à  mis  au  jeu. 

BANQUEROUTE,  Cessation  de  payement  et  de  com- 
merce, pour  cause  d'insolvabilité  réelle  ou  feinte.  Ban- 
queroute siinple ,  Celle  qui  est  causée  par  quelque  faute 
î;rave.  Banqueroute  fraudulcus:e  ,  Celle  qui  est  attribuée  à 
la  mauvaise  foi.  Les  cas  de  banqueroute  simple  sont  jugés 
par  les  tribunaux  correctionnels,  et  ceux  de  banqueroute 
frauduleuse  par  les  cours  d'assises*  La  peine  iulligée  parle 
Code  pénal  au  délit  de  banqueroute  simple  est  celle  de 
remprisonnement,  dont  la  durée  ne  peut  être  moindre 
d'un  mois,  et  ne  peut  excéder  deux  ans.  Le  crime  de 
banqueroute  frauduleuse  est  puni  de  cinq  ans  à  vingt  ans 
de  travaux  forcés.  Banqueroute  forcée  ou  faillite.  Banque- 
route non  frauiluieuse.  Sa  faillite  est  déclarée,  il  a  déposé 
son  bilan  au  greffe  du  tribunal  de  commerce,  ou  simplement. 
Il  a  déposé  son  bilan.  Le  bilan  est  l'état  écrit  qui  indique 
la  situation  de  l'actif  et  du  passif  d'un  négociant  en  fail- 
lite. Bilan  se  dit  aussi  de  !a  balanre  que  Ton  établit  entre 
ce  qu'on  possède  et  ce  qu'on  doit,  sans  pour  cela  être 
en  état  de  faillite,  et  seulement  pour  se  rendre  compte 
de  sa  situation. 

BANQUIER,  Celui  qui  fait  le  commerce  de  banque. 

Celui  qui  tient  le  jeu  contre  tous  ceux  qui  veulent 

jouer  avec  lui ,  etc. 

BILLET  ,  Papier  de  crédit  ayant  cours  dans  le  public. 
Billet  de  banque  de  mille  francs.  Billet  de  la  caisse  rf'es- 
compte.  Billet  de  l'épargne,  se  disait  anciennement  d'une 
inscription  payable  sur  le  trésor  royal ,  qu'on  appelait 
alors  l'e/jar^nc.  {  Acad.  |  —Écrit  portant  obligation  de 
payer  une  somme  à  époque  iixe.  Billet  à  ordre,  Billet 
payable  à  la  personne  qui  y  est  dénomnïée,  ou  à  telle  au- 
tre personne  qu'il  lui  plaira  de  substituer  à  sa  place.  La 
formule  d'un  billet  à  ordre  est:  Je  paierai  au  vingt  du 
mois  prochain  à  M,  Lecoq  ou  à  son  ordre  la  somme  de  cinq 
eents  francs,  valeur  reçue  de  lui  comptant.  Vienne,  le  \5juil- 
iet  18A5.  Billet  payable  au  porteur  ,  ou  6*7/6/  au  porteur. 
Faire  un  bill«t.  Souscrire  un  billet ,  Ecrire  son  nom  au  bas. 


Mégocier,  escompter,  acquitter,  payer,  rembourser ,  un  bit' 
Iet.  Kndosier  un  billet.  Mettre  son  ordre  au  dos  d'un  bil- 
let. Billets  discrédités.  Tombés  en  discrédit.  Les  hîlleta 
d'un  tel  sont  bien  discrédites  sur  ta  place.  {  Du  latin  barbare 
billetui,  diminutif  de  6i//us,  bille,  suivant  Ménaf;c.) 

BOURSE,  EdiUce,  lieu  public,  où  s'assemblent,  à 
de  certaines  heures,  les  négociants,  les  banquiers,  les 
agents  de  change  ,  les  courtiers  des  grandes  villes  de 
commerce,  pour  traiter  d'alVaires. —  La  réunion  mêmr 
des  négociants,  banquiers,  etc.  —  Le  temps  petidant  le 
quel  dure  leur  assemblée.  Le  résultat  des  négociations  et 
des  transactions  de  la  bourse  détermine  le  cours  du  change^ 
des  marchandises,  et  des  assurances.  Aller  à  la  bourse.  Fré- 
quenter la  lu)urse.  Affaires  de  bourse.  Bruits,  nouvelles  de 
bourse.  A  l 'heure  de  la  bourse.  A  l 'ouverture,  ii  ta  clôture  de 
la  bourse.  Pendant  ta  bourse.  Le  cours  de  la  bourse.  Le  cours 
des  elVets  publics.  Les  bourses  d'Europe  les  plus  remarqua* 
blés  comme  monuments  sont  celles  de  Paris,  de  Londres  y  dû 
Saint-Pétersbourg,  et  d'Amsterdam. 

BUDGET,  L'état  annuel  des  dépenses  qu'on  présume 
avoir  à  faire,  et  des  fonds  ou  revenus  aifectés  à  ces  dé- 
penses. Le  budget  de  VEtat.  Le  budget  de  la  guerre,  —  Le 
budget  de  l'Etat.  Dresser  le  budget.  Discuter  le  budget,  La 
discussion  du  budget.  Un  chapitre,  un  article  du  budget.  Di- 
minuer,  augmenter  te  budget.  Faniil.,  Le  budget  d'un  me- 
nage.  (  Terme  emprunté  de  l'anglais,  j 

CHANGE,  La  profession  de  celui  qui  fait  tenir,  qui 
fait  remettre  de  l'argent  d'une  ville  à  une  autre,  de  place 
en  place.  Faire  le  change,  opération  de  change.  Change  in- 
térieur.  Change  étranger.  —  Lettre  de  change.  Sorte  d'ef- 
fet de  coninierce  ,  sorte  de  lettre  par  laquelle  on  charge 
un  correspondant  de  payer  la  somme  énoncée  à  celui  quî 
présentera  cette  lettre.  Tirer  une  lettre  de  change.  I^^égo» 
cier,  endosser,  accepter,  faire  protester,  acquitter,  payer  une 
lettre  de  change.  Tirer,  payer  ii  lettre  vue.  Tirer  une  lettre 
de  change  payable  à  dix  jours  de  vue  ,  à  deux  mois  de  vue  , 
payable  ii  vue.  Lettre  de  change  à  une  usonce,  à  deux  usan- 
ces,  à  trois  usonces,  payable  au  bout  d'un  mois,  de  deux 
mois,  de  trois  mois.  Il  a  une  lettre  sur  un  tel  ù  usance.  Ti- 
rer par  seconde  de  change,  ta  premi'cre  ne  l'étant,  Faire  la 
copie  d'une  première  lettre  de  change  qui  a  été  envoyée 
à  Tacceptation,  et  qui  reste  entre  les  mains  d'un  tiers  à 
la  disposition  du  porteur  de  la  seconde.  Le  tireur  d'une 
lettre  de  change.  On  a  condamné  le  tireur  à  payer  lu  somme 
portée  par  la  lettre  protestée.  I^'accepteur  d'une  lettre  de 
change.  Celui  qui  l'accepte.  L'accepteur  d'une  lettre  de 
change  devient  personnellement  débiteur  de  la  somme.  L'en- 
dosseur d'une  lettre  de  change,  Celui  qui  a  endossé  une 
lettre  de  ehange,  pour  en  transférer  la  propriété  à  quel- 
qu'un. Le  tireur  et  les  endosseurs  d'une  lettre  de  change 
sont  gai  unis  solidaires  de  l'acceptation  et  du  payementh  l'é' 
chéance.  S'il  est  dit  dans  la  lettre  valeur  reçue  comptant^  le 
délai  est  de  10  jours  après  l'échéance,  Sil  y  a  valeur  re- 
çue en  marchandises,  le  délai  est  de  30  jourà. 

Modèle  d'une  lettre  de  change. 

Vienne,  le/»  juillet  18/i5, 
Monsieur, 

A  vue  ,  — au  dix  août  prochain;  —  à  trois  usances, 

II  vous  plaira  payer  par  cette  lettre  de  change  â 
M.  Leroux,  ou  à  son  ordre  (c'est  à  dire,  à  celui  qui  en 
sera  le  porteur  ) ,  la  somme  de  cinq  cents  francs ,  valeur 
reque  comptant  de  mondit  sieur,  que  vous  passerez  en 
compte  sans  autre  avis  de 

Votre  trés-humble  et  très-obéissant  serviteur, 
LENOÏR, 
A  monsieur  Leblanc, 
Banquier,  ù  Paris, 

Accepter  une  lettre  de  change.  C'est  prendre  l'engage- 
ment de  la  payer  à  son  échéance,  en  mettant  son  nom  au 
bas  ou  en  travers  du  corps  de  l'écriture,  avec  le  moi  Ac- 
cepté. L'acceptation  ,  une  fois  donnée,  ne  peut  plus  être  ré- 
voquée. Une  lettre  de  change,  acceptée  ^  peut  devenir  d'es 
lors  un  papier  de  commerce  jusqu'au  Jour  de  son  échéance  , 
c'est  à  dire,  passer  en  payement  d'une  personne  h  rautre. 
Chaque  personne  qui  la  reçoit  Vendosse ,  f.n  écrivant  sur 


SIGAES   DIVERS.    ARITHMETIQUE    ET    ALGEBRE. 

I«  il<ys  :  Payez  pottF  7»oi,  à  l'ordre  de  M,  Lebrun,  la  soniine 
de  cinq  cents  francs,  portée  en  l'autre  part. 

Paris,  le  4  juillet  1845.  Lebocce. 

Quand  un  banquier  manque  ii  payer  une  lettre  de  change 
dans  te  temps  prescrit,  il  faut  la  protester,  (Acad.  )  Le  pru- 
tt't  est' l'acte  par  le  quel ,  faute  d'acceptation  de  paye- 
ment d'une  lettre  de  ch,ange  à  l'époque  déterminée,  ou 
déclare  que  celui  sur  qui  elle  est  tirée  et  son  correspon- 
dant seront  tenus  de  tous  les  préjudices  qu'on  en  rece- 
vra. Faire  cm  protêt  par  devant  notaire.  Faire  signifier  un 
protêt.  Agent  de  chnnge.  Celui  qui  est  dûment  autorisé  à 
s'entremettre  entre  les  négociants  et  banquiers,  pour 
faciliter  le  commerce  de  l'argent  etdcs  lettres  de  change, 
et  par  l'intermédiaire  du  quel  doit  s'opérer  la  négociation 
des  ellets  publics.  Le  syndic  des  agents  de  change.  Le  car- 
net d'un  agent  de  change.  Change  signilie  encore  le  prix 
que  le  banquier  prend  pour  l'argent  qu'il  fait  remettre. 
te  change  d'ici  l'i  Paris  ,  d'ici  à.  Londres  est  de  tant  pour 
cent.  Ce  chang-  est  gros,  est  fort.  Le  change  a  haussé,  a 
baissé.  Le  change  est  au  pair.  Le  change  est  haut.  Le  change 
est  bas.  Le  change  est  désavantageux.  Le  cours  du  change, 
Le  taux  au  quel  est  le  cliauge.  Coter  le  change,  Marquer 
le  taux  du  change.  Change  signifie  aussi  quelquefois  le 
profit,  l'intérêt  de  l'argent  qu'on  prête  selon  le  cours  de 
la  place.  Prendre  à  change.  Change  signifie  aussi  le  com- 
merce du  changeur  et  le  prix  qu'il  prélève  sur  les  valeurs 
pour  les  quelles  il  donne  de  l'argent  et  des  billets  de  ban- 
que. Change  de  inonnaies.  Sureau  de  change.  Il  m'a  pris 
tant  pourle  change.  Il  désigne  parestension  le  lieu  où  l'on 
\a  changer  des  pièces  de  monnaie  pour  d'autres,  comme 
de  l'argent  blanc  pour  des  pièces  d'or,  etc.  Aller  au  change. 
Payer  comme  au  change  ,  Payer  sur  le  champ.  Il  s'est  dit 
autrefois  pour  bourse, 

CONSOLIDER,  Assigner  un  fonds  pour  assurer  le 
payement  d'une  dette  publique.  Le  gouvernement  a  con- 
solidé ces  sortes  de  renies.  Cinq  pour  cent  consolidé.  Le  tiers 
consolidé,  Le  capital  des  renies  sur  l'état  réduit  au  tiers 
par  la  loi  de  l'an  ti  (  1798  )  et  consolidé  par  l'inscription 
au  grand  livre.  Les  consolidés.  Sorte  de  fonds  anglais.  Les 
consolidés  sont  en  hausse.  Les  consolidés  ont  baissé  ù  ta  der- 
nière bourse.  Voyez  Dette  publique. 

CONTRIBUflOX  ,  Ce  que  chacun  donne  pour  sa  part 
d'une  dépense,  d'une  charge  commune.  Il  se  dit  surtDUt 
en  matière  d'impôts.  Contribution  fonciére,C<:\le  nui  csl  im- 
posée sur  les  immeubles,  sur  les  biens  fonds.  Imposition  mn- 
îiVière,  imposée  sur  les  meubles.Cu"/ri6ii(i"tm/jer50/ine//u,  Ce 
que  l'on  paye  individuellement  à  raison  de  sa  personne,  de 
son  logement,  elc.Contributiuns  des  portes  etfenétres.  Bureau 
lies  contributions.  Receveur  des  contributions.  Rôle,  registre 
dc!  contributions .  Répartir,  percevoir  une  contribution.  Payer 
les  contributions.  Contribution  volontaire.  Contributions  di- 
rectes, Les  impôts  directement  établis  sur  les  biens  ou  sur 
les  personnes.  Contributions  indirectes.  Les  impôts  établis 
sur  les  objets  de  commerce  et  de  consommation,  ou  sur 
certaines  choses  dont  le  besoin  est  éventuel.  Tels  sont  les 
droits  d'octroi,  dédouane,  de  timbre,  d'enregistrement,  elc. 
Contribution  au  sou  la  livre,  au  marc  la  livre,  au  marc  le 
franc,  La  répartition  de  ce  qui  doit  être  reçu  ou  payé 
par  charun  en  proportion  de  sa  créance,  ou  de  son  in- 
térêt dans  une  alfaire.  Absolument,  Distribution  par  con- 
tribution, entre  créanciers,  des  sommes  provenant  d'une  sai- 
sie faite  sur  leur  débiteur  commun.  Coniributîon  au  jet  dans 
lamer,  La  répartition  despertes  et  dommages  qui  se  fait 
tant  sur  les  clléls  que  sur  le  navire  et  le  fret,  lorsque  la 
tempête  ou  les  ennemis  ont  obligé  de  jeter  dans  la  mer 
une  partie  du  chargement  ou  des  agrès.  Contribution  se 
dit  aussi  de  ce  que  sont  forcés  de  payer  ou  de  donner 
les  habitants  d'un  pays  occupé  par  l'ennemi,  pour  se  ga- 
rantir du  pillage.  Lever  des  contributions  sur  les  vaincus. 
Mettre  le  pays  il  contribution.  Voyez  Impôts. 

COLRS,  Le  prix  actuel  des  marchandises,  le  taux  au- 
quel est  le  change,  la  renie,  elc.  Acheter  des  marchandises, 
des  effets  au  cours  de  ta  place,  au  cours  de  ta  bourse.  Le 
cours  du  marché.  Le  cours  du  change,  He  ta  rente,  des  effets 
putitics.  Fig.  etfam.,  Le  cours  du  marché,   le  cours  dc  la 

T.  11. 


475 

place.  L'état  d'une  afl'aire.  Ne  vous  engagez  pas  si  vite 
dan  s  ce  marché,  dans  celte  affaire  ;  voyez  auparavant  te  cours 
du  marché,  de  la  place.  (  Ai.An.  ) 

COURTIER,  Olui  qui,  moyennant  une  prime  ap- 
pelée droit  de  courtage,  s'entremet  pour  la  vente  ou  l'a- 
ehat  de  certaines  marchandises,  pour  faire  prêter  de  l'ar- 
gent sur  la  place ,  ou  pour  les  alïVélemenls,  les  assuran- 
ces, etc.  Les  courtiers  sont  nommés  par  ordomiance  du  roi. 
Courtier  de  marchandises.  Courtier  maritime.  Courtier  d'as- 
surances. Courtier  de  vin. Le  droit  de  courtage,  ou  simple- 
ment courtage,  est  fixé  à  un  huitième  pour  cent  payé  par 
le  vendeur  et  l'acheteur  ;  mais  le  plus  souvent  le  premier 
ne  paye  rien  au  courtier,  tandis  que  le  vendeur  lui  paye 
jusqu'à  deux  et  ti-ois  pour  cent.  Deux  pour  cent  de  com^ 
mission,  un  quart  pour  cent  de  courtage.  (Ac^u.  )  La  pro- 
fession du  courtier  s'appelle  aussi  courtage.  Faire  te  cour- 
tage des  vins.  Se  mêler  de  courtage.  Les  agents  de  change 
ne  sont  que  des  courtiers  chargés  de  négocier  les  elVets 
publics.  Courtier  marron  ,  Celui  qui  exerce  sans  brevet. 
Par  raillerie  ,  courtier  ou  courtière  de  mariage,  Olui  ou 
celle  qui  se  mêle  de  faire  des  mariages.  M.  de  Foy  s'in' 
tititule  négociateur  en  mariages. 

CREDIT  ,  Réputation  détre  solvable  etde  bien  payer, 
qui  fait  que  l'on  trouve  aisément  à  emprunter.  C'est  le 
crédit  qui  est  l'âme  du  commerce  et  qui  seul  vivifie  l'in- 
dustrie. Il  muintient ,  il  conserve  bien  son  crédit.  Cette  af- 
faire compromet  son  crédit,  a  ruiné  son  crédit.  Le  crédit  pu- 
blic. Prêter  son  crédit ,  Prêter  son  nom  et  fournir  son  olili- 
galion  pour  un  emprunt  qui  doitprofiter  à  un  autre.  Lettre 
de  crédit ,  Lettre  dont  le  porteur  peut  toucher  de  l'argent 
de  ceux  .î  qui  elle  est  adressée.  Lettre  de  crédit  limitée. 
Lettre  de  crédit  illimitée.  Ouvrir  un  crédit ,  faire  crédit  ii 
quelqu'un  ,  L'autoriser  àprcndre  à  une  caisse  jusqu'à  con- 
currence d'une  certaine  somme.  On  lui  a  ouvert  un  cré- 
dit de  cent  mille  francs  sur  le  trésor  public.  Avoir  un  crédit 
ouvert  chez  un  banquier,  un  crédit  de  tant  sur  tel  banquier. 
Faire  crédit,  donnera  crédit,  Domier  des  marchandises, 
des  denrées,  sans  en  exiger  sur  l'heure  le  payement,  etc. 
Crédit,  dans  la  tenue  des  livres,  signifie  par  opposition  à 
débit,  la  partie  d'un  compte  où  l'on  écrit  ce  qui  est  dû  à 
quelqu'un  ou  ce  qu'on  a  reçu  de  quelqu'un.  Tout  compte 
courant  est  tenu  par  débit  et  par  crédit.  Porter  un  article, 
une  somme  au  crédit  d'un  compte.  Le  crédit  est  toujours  au 
recto,  et  le  débit  au  verso  des  feuillets  du  grand  livre.  I.e 
côté  du  crcJil. 

CREDITER,  Ecrire  sur  le  journal  et  sur  le  grand  livre 
ce  que  l'on  doit  à  quelqu'un  ou  ce  que  l'on  a  reçu  de 
quelqu'un.  Je  vous  ai  crédité  de  500  francs  que  vous  m'a- 
vez prêtés.  Etre  crédité  sur  une  ville,  Avoir  des  lettres  de 
crédjt  sur  cette  ville. 

DÉBIT  ,  Le  compte  que  l'on  tient,  sur  le  grand  livre, 
des  articles  payés  ou  fournis  à  quelqu'un  ou  pour  quel- 
qu'un. J'ai  passé  telle  somme  à  votre  débit. 

DEBITER,  Inscrire  quelqu'un  sur  le  grand  livre  comme 
débiteur  dc  tel  ou  tel  article.  Je  vous  ai  débité  de  500 
francs. 

DETTE,  Ce  qu'on  doit  à  quelqu'un.  De((es  or/n es.  Les 
sommes  dont  on  est  créancier.  De(/es  passives.  Celles  dont 
on  est  débiteur.  Fni're  l'état  de  ses  dettes  actives  et  passives, 
de  l'actif  et  du  passif.  Dette  hypothécaire  ,  Dette  qui  donne 
hypothèque.  Dette  privilégiée.  Celle  pour  laquelle  le  créan- 
cier a  un  privilège  .spécial.  Dette  exigible  ,  Celle  qu'on 
peut  exiger  actuellement,  etc.  Dette  publique  ,  L'accumu- 
lation des  emprunts  que  les  gouvernements  contractent 
avec  les  particuliers  pour  se  créer  des  ressources  promp- 
tes. On  la  nomme  aussi  Dette  consolidée,  parce  qu'on  en 
paye  les  intérêts  sur  des  fonds  spéciaux  votés  chaque  an- 
née par  les  chambres.  Dette  flottante.  Portion  de  la  dette 
publique,  qui  n'a  point  été  consolidée,  et  qui  est  suscep- 
tible d'augmentation  ou  de  diminution  journalière,  parce 
qu'elle  se  compose  d'engagements  à  terme  ,  de  créances 
qui  ne  sont  pas  définitivement  réglées,  etc.  La  dette 
d'Angleterre  s'élève  à  plus  dc  20  milliards;  relie  delà 
France  à  .'>  milliards.  Ces  deux  dettes  sont  les  plus  fortes 
de  l'Europe. 

GO 


GRVMMAIUE    FRANÇAISE. 


EMPRUNTS  in:BLU;S  ,  I.ei«  valeurs  iinpruiiléos  par 
un  gouvcrncmnil  an  nom  de  la  sociclé  qu'il  rcprcsouU!. 
I,o«  valeurs  ainsi  empruntées  constituent  des  capitaux 
dont  on  paye  ehaque  année  les  intèi'éts,  les  revenus,  au 
moyen  des  contributions. 

EFFET,  Billet,  lettre  de  change,  papier  de  crédit. 
Un  effet  de  rommerre.  Il  a  beaucoup  d'effets  en  portefeuille. 
Houst'rire  un  effet.  l'-fft't  pnjtable  au  porteur»  ou  sinipletnent, 
effet  au  porteur.  Les  effets  puhlic!:,  Les  rentes  sur  l'étal,  les 
billets  ou  p.npier  d'étal  introduits  dans  la  banque  et  dans 
le  commerce.  Effets  mobiliers,  ou  simplement,  effets,  Biens, 
objets  meubles,  ou  censés  tels  d'après  la  loi.  Les  effets 
iVune  succession.  Il  abandonne  ses  effets  à  ses  créanciers. 
D'après  le  code  r/i'i7,  tes  rentes  constituées,  les  effets  publics, 
les  intérêts  dans  les  entreprises  de  commerce,  etc.  sont  des 
effets  mobiliers,  des  biens  mobiliers. 

ESCOMPTE,  Remise  faite  au  payeur  par  celui  qui  re- 
çoit un  payement  avant  l'ccbéance,  ou  avant  le  terme 
fixé  par  les  usages  du  comnierce.  7/  a  pris  tant  pour  l'es- 
compte.  Caisse  d'escompte.  On  disait  mieux  autrefois  ex- 
compte, 

ESCOMPTER  ,  Faire  l'escompte,  le  calculer  et  le  ré- 
duire. Quand  un  banquier  paje  une  lettre  de  change  avant 
l'échéance,  il  escompte  l'intérêt  du  temps,  {^.c^.v.]  Il  signifie 
aussi ,  payer  le  montant  d'un  elTet  avant  l'échéante  , 
moyennant  un  escompte.  Escompter  un  billet,  une  lettre 
de  change,  un  effet.  On  disait  mieux  autrefois  excomp- 
ler. 

FAILLITE,  Banqueroute  non  frauduleuse.  Voyez 
Banqueroute. 

FI.\ANCE,  Argent  comptant.  JlfurcnnanI /înonre. — 
Finatices,  au  pi..  L'état  de  fortune,  les  ressources  pé- 
cuniaires d'une  personne.  Ses  finances  sont  basses.  Fa- 
milier dans  ces  deux  sens. —  Finance,  La  somme  d'ar- 
gent qui  se  payait  an  roi,  soit  pour  lai  evéc  d'une  charge, 
soit  pour  quelque  droit  imposé.  Acheter  une  charge  pour 
le  prix  de  la  finance.  (Acju.)  ■ —  Finances,  au  plur.  , 
L'argent  et  les  revenus  de  l'état.  L'administration  des  fi- 
nances. La  toi  des  finances  ou  le  budget  de  l'état.  Le  minis- 
ire des  finances.  Le  ministère  des  finances.  L'hôtel  des  finan- 
ces. Receveur  des  fnances.  Inspecteur  des  finances.  Le  fonds 
des  finances.  Autrefois,  Surintendant  des  finances.  Contrô- 
leur général  des  finances,  Intendant  des  finances,  Le  bureau 
des  finances.  Le  conseil  royal  des  finances. —  L'art  d'asseoii-, 
de  régir,  et  de  percevoir  les  impositions.  Il  sait  bien  les  fi- 
nances, —  Finance  se  dit  par  extension  de  ceux  qui  ma- 
nient les  deniers  de  l'état,  ou  de  ceux  qui  font  des  opé- 
rations de  banque  ,  de  grandes  allaires  d'argent.  Entrer 
dans  ta  finance.  Un  homme  de  finance.  La  haute  finance.  — 
Affaires,  matières  de  finances  ,  Allaires,  matières,  rela- 
tives aux  finances.  Style  de  finance^  ternies  de  finance.  Le 
style,  les  termes  usités  dans  les  matières  de  finance. 
Ecriture  de  finance ,  Ecriture  en  lettres  rondes.  Chiffre  de 
finance.  Le  chiffre  romain.  (  Du  bas  latin  financia,  argent 
comptant.) 

FINANCIER,  Homme  de  finance.  Un  gros,  un  riche 
financier.  Le  financier  et  le  savetier.  Il  se  disait  particuliè- 
rement, autrefois,  de  ceux  qui  avaient  la  ferme  ou  la  ré- 
gie des  droits  du  roi.  Les  financiers  et  les  traitants  étaient 
sujets  à  recherche.  {  Acad.  )  —  Celui  qui  sait  les  finances, 
qui  entend  bien  les  allaires  de  finances.  Un  habile  finan- 
cier. Adjectiv.,  Système  financier.  Opérations  financières  , 
Législation  financière.  Question  financière.  Ecriture  finan- 
cière. Écriture  en  lettres  rondes. 

FONDS  PUBLICS.  Voyez  Fonps. 

FONDS  ,  Somme  plus  ou  moins  considérable  destinée 
à  quelque  usage.  Les  fonds  du  trésor  ,  de  la  Banque.  Fonds 
social.  Des  fonds  destinés  à  l'amortissement  de  la  dette  pu- 
biique.  Bailleur  de  fonds.  Appel  de  fonds.  Trouver  un  fonds. 
Divertir  les  fonds  de  l'étal.  Les  dilapider.  Tous  les  fonds  sont 
divertis.  Assigner  sur  un  mauvais  fonds.  Dissiper  un  fonds. 
Fonds  publics,  ou  simplement,  fonds.  Les  fonds  destinés  à 
servir  le»  intérêts  des  rentes  ou  des  actions  créées  par 
les  caisies  publiques  ;  et,  plus  ordinairement,  le  prix  de 
Ces  rentes,  de  cpj  actions  ,  sur  lequel  influent  les  événe- 


ments politiques  de  chaque  iout. Spéculer  sur  tes  fonds  pu- 
blics. Celte  nouvelle  a  fait  monter,  a  fait  huisseries  fonds. 
Les  fonds  tendent  il  la  hausse  ,  sont  ù  la  hausse,  sont  en 
hausse . 

GRAND  LIVRE,  La  liste  générale  des  créanciers  de 
l'état.  Inscrire  une  rente  au  grand  livre,  sur  le  grand  livre. 
Il  est  inscrit,  porté  sur  le  grand  livre. 

HAUSSE,  Augnunlalion  de  la  valeur  des  ellets  pu- 
blics. Les  fonds  sont  en  hausse.  Une  hausse  de  fonds.  Un<i 
hausse  subite.  Jouer  à  ta  hausse.  Promettre  de  payer,  au 
prix  du  cours  actuel,  et  à  une  époque  déterminée,  des 
elIcts  ou  papier  de  crédit  public,  dans  l'espoir  de  les  re- 
vendre alors  à  un  prix  supérieur. 

HAUSSER,  Augmentation  de  prix,  de  valeur.  Cette 
marchandise  a  haussée.  Les  actions,  les  renies  haussent.  Le» 
fonds  haussent.  Le  change  hausse, 

IMMOBILISATION,  Action  dimmobiliser,  ou  Le  ré- 
sultat de  celte  action.  Immobilisation  de  rentes  sur  l'état 

IM.MOBILISER  ,  Donner  à  un  efi-et  mobilier  la  qualité 
d'immeuble,  le  convertir  fictivement  en  immeuble.  Im- 
mobiliser des  rentes  sur  l'état. 

IMPOSITION,  Action  d'imposer  quelque  chose  depé- 
nible,  d'onéreux,  comme  une  peine,  un  tribut,  un  droit, 
des  contiibutions.  L'imposition  des  droits  d'octroi.  Faire 
l'imposition  de  la  contribution  foncière.  L'imposition  d'un 
nouveau  droit,  d'un  nouveau  subside.  Il  signifie  dans  un 
sens  absolu,  Droit,  contribution  imposée  sur  les  choses 
ou  sur  les  personnes.  Imposition  mobilière.  Lever  les  im- 
positions. Faire  payer  les  impositions,  lieceveur  des  imposi- 
tions.   ^ 

IMPOT,  Charge  publique,  droit  imposé  sur  certaines 
choses.  Impôt  territorial.  Impôt  foncier.  Impôt  sur  les  per- 
sonnes. Impôt  sur  les  vins.  Asseoir  les  impôts  ,  Les  établir. 
Lever,  percevoir  les  impôts.  Prélever  les  impôts.  Augmenter 
les  impôts.  Diminuer  les  impôts,  —Les  impôts  en  général, 
et  la  manière  de  les  établir.  Le  vote  de  l'impôt,  L'assietle 
de  l'impôt,  La  répartition  des  impôts,  des  coutributions. 
On  disait  de  même  autrefois  Vassietle  de  la  taille.  Taille 
signifiait  Une  certaine  imposition  levée  sur  toutes  les  per- 
sonnes qui  n'étaient  pas  nobles  ou  ecclésiastiques,  ou  qui 
ne  jouissaient  pas  de  quelque  exemption.  La  taille  person- 
nelle était  celle  qui  s'imposait  et  se  levait  sur  chaque  per- 
sonne taillable,  et  la  taille  réelle  celle  qui  s'imposait  et 
se  levait  sur  les  possessions.  Grâce  à  Dieu  et  à  la  révolu- 
tion, les  Français  ne  sont  plus  taillables  et  corvéables  à 
merci.  Aujourd'hui  tous  les  Français  sont  nobles,  car 
chaque  famille  a  produit  des  héros. 

INSCRIPTION  SUR  LE  GRAND  LIVRE  DE  LA 
DETTE  PUBLIQUE  ,  Titre  d'une  rente  perpétuelle  due 
par  le  Trésor. 

INTÉRÊT ,  Le  profit  que  l'on  retire  de  l'argent  prêté 
ou  dû.  Intérêt  à  cinq  pour  cent,  à  six  pour  cent  par  an. 
Intérêt  au  denier  vingt,  au  denier  vingt-cinq  ,  etc.  Intérêt 
annuel  d'un  vingtième,  d'un  vingt-cinquième,  etc.,  c'est 
à  dire  ,  à  cinq  pour  cent ,  à  quatre  pour  cent,  etc.,  seules 
locutions  employées  aujourd'hui.  Prêter,  mettre,  placer  de 
l'argent  ix  intérêt.  Intérêt  légal.  Intérêt  usuraire.  Le  capitai 
et  les  intérêts.  Intérêt  simple.  Intérêt  composé,  ou  intérêt 
d'intérêt. 

OBLIGATION,  L'acte,  fait  par  devant  notaire  ou 
sous  seing  privé  ,  par  lequel  on  s'oblige  à  payer  une  cer- 
taine somme,  etc.  Une  obligation  de  cinq  mille  francs.  Il 
lui  en  a  passé  obligation  devant  notaire.  La  minute,  la  grosse 
d'une  obligation.  Sceller  une  obligation.  Une  obligation 
n'est  pas  exécutoire  si  elle  n'est  scellée,  (  Acad.  )  Rendre  , 
acquitter  une  obligation.  Faire  honneur  il  ses  obligations, 
Payer, ses  dettes,  acquitter  ses  engagements. 

OPÉRATION,  Dessein  qui  est  ou  qui  doit  être  mis  à 
exéculiou.L'amoitissemenidela  dette  publique  est  une  opéra- 
tion longue  et  difficile,  f  Ai'AD.)  Les  opérations  du  commerce. 
Méditer,  tenter,  différer,  manquer  une  opération. 

PLACE ,  absolument.  Le  lieu  du  change,  de  la  banque, 
le  !ieu  où  s'assemblent,  dans  une  ville,  les  banquiers,  les 
négociants,  pour  y  traiter  d'aflaires.  Avoir  crédit  sur 
la  place,  l'argent  abonde  sur  ta  pince    Faire  des  remises  de 


(tta 


SIGNES    UIVKKS.    AIUTII 

nluce.  faire  vciluir  son  argent  sur  la  place.  Ces  bil- 


let! perdent ,  gagnent  sur  la  place. 

PROTÊT.  Voyez  Leilre  de  change. 

réduction",  Action  de  diminuer,  de  réduire.  Laré- 
duction  d'une  rente,  La  dimiuulioii  d'une  rente  à  un  taux 
plus  bas. 

REUBOUKSEMENT ,  Payement  qui  6C  fait  pour  ren- 
dre une  somme  que  l'on  doit.  FaiVe  un  remboursement . 
Recevoir  un  remboursement.  11  y  a  trois  moyens  pour  arri- 
ver à  l'extinction  des  dettes  publiques:  Vamortisseynent,  la 
réduction,  etle  remboursement.  Laquestion  du  rembourse- 
ment des  rentes  àvivementpréoccupe  lus  deux  chambres 
dans  ces  derniers  temps.  La  ditliculté  porte  non  pas  sur 
le  droit  de  remboursement,  droit  imprescriptible,  mais 
sur  la  chose  précise  à  rembourser  ou  à  racheter.  Le  rem- 
boursement n'est  en  général  propose  que  pour  amener  une  au- 
tre mesure  ,  la  réduction  II  un  moindre  intérêt.  (Cu.StiXT- 
Lacbbnt.  ) 

RENTE,  Revenu  annuel.  Il  vit  de  ses  rentes.  N'avoir 
ni  fonds  ni  rentes.  — Ce  qui  est  dû  tous  les  ans  pour  un 
fonds  aliéné,  cédé,  ou  alVcrmé.  Bcnîe  foncière.  Jiail  à 
renie.  Rente  de  bail,  d'héritage.  Rente  en  vin,  en  grelins,  en 
espèces.  Cette  maison  n'est  pas  à  lui  franche  et  quille,  il  en 
fait  la  rente.  (  Acad.  )  —  Ce  qui  est  dû  annuellement  pour 
une  somme  d'argent  aliénée  par  contrat  de  constitution. 
Rente  au  denier  vingt,  au  denier  vingt-cinq  ,  constituée  au  de- 
nier vingt-cinq.  Ces  locutions  ont  vieilli.  On  dit  aujour- 
d'hui :  Renie  à  cinq  pour  cent,  à  quatre  pour  cent.  Rente  à 
six  pour  cent.  Rente  annuelle  et  perpétuelle.  Renie  sur  l'élut. 
Rente  sur  des  particuliers.  Rente  sur  l'hôtel  de  ville.  Rente 
rachetable,  non  rachctable.  Rente  viagère.  Dont  on  ne  doit 
iouir  que  durant  sa  vie.  iie/i(e  fonst/lu^e  ,  créée,  établie. 
Tout  son  bien  est  en  rentes  constituées.  Renie  à  fonds  perdu  , 
en  viager.  Constitution  de  renie.  Les  rentes  mêmes  s'appé- 
lent  des  constitutions.  Contrat  de  rente.  Contrat  de  constitu- 
tion. Constituer  unerente.  Racheter  une  rente.  Se  libérer,  se 
décharger  d'une  rente  moyennant  vnie  certaine  somme 
une  fois  payée.  Rembourser  une  renie,  En  acquitter  le  prin- 
cipal. Amortir  une  rente  ,  L'éteindre,  la  faire  cesser,  en 
rembourser  le  capital.  Acheter,  vendre,  créer,  saisir, ar- 
rêter une  rente.  Asseoir  une  rente  sur  un  bien  qui  en  assure 
le  paiement.  L'assiette  d'une  renie,  Le  fonds  surlequel  une 
rente  est  assise,  est  assignée.  La  rente  court  du  jour  de  ta 
signature  du  contrat.  Le  sort  principal  d'une  rente,  Le  fonds, 
la  somme  qui  a  été  placée  en  rente.  11  a  vieilli.  On  dit  le 
capital,  le  principal.  One  rente  capitale,  principale.  Rente 
usuraire.  Rente  réductible.  Réduire  une  rente  qui  a  un  taux, 
à  un  denier  trop  haut.  Caution  d'une  rente.  Garantir  une 
renie.  Arrérages  d'une  rente.  Rente  prescrite.  Eteinte  par 
prescription.  Créancier  d'une  rente.  Débiteur  d'une  rente. 
Rente  payable  par  quartier,  par  trimestre  ,  par  semestre. 
Payeur  de  rentes.  Son  père  était  payeur  des  rentes  ù  l'hôtel 
de  ville.  Rente  se  dit  absolument  pour  signiâer  la  rente 
constituée  par  l'état.  La  rente  ù  trois  pour  cent,  à  cinq  pour 
cent.  Elliptiquement,  Le  trois  pour  cent,  le  cinq  pour  cent . 
Le  taux  de  ta  renie.  Le  cours  de  la  rente  a  haussé,  a  baissé, 
est  en  hausse,  est  en  baisse.  Acheter  des  rentes.  Payer  en 
rentes.  Transférer  des  rentes.  Le  transfert  des  rentes  se 
fait  sur  les  registres  du  Trésor.  Une  inscription  de  rente.  Il 
a  trente  mille  francs  de  rente  en  inscription  sur  le  grand  li- 
vre. Des  renies  immobilisées.  Converties  fietÎTemen/  en 
immeubles. 

SPÉCULATION,  Entreprise  commerciale.  Faire  des 
$péculalions.  Spéculation  hasardeuse.  Fausse  spéculi*liun. 
Spéculation  heureuse,  malheureuse.  Il  a  fait  là  une  bonne 
spéculation.  Les  spéculations  ont  réussi. 

TRÉSOR  PUBLIC,  TRÉSOR  DE  L'ETAT,  Les  reve- 
nus de  l'état,  les  sonnnes  d-;stinées  au  service  public. 
('elle  guerre  a  épuisé  le  trésor  public.  —  Le  lieu  où  les  re- 
venus de  l'état  sont  déposés  et  administrés.  En  le  sens  il 
s'emploie  presque  toujours  absolument.  Aller  au  trésor 
royal,  au  trésor.  Kmployé  au  trésor.  Chambre  du  (rester.  Ju- 
ridiction qui  était  établie  à  Paris  pour  juger  des  affaires 
du  domaine  du  roi.  iocftamtrc  du  trésor  était  tenue  par  les 
trésoriers  de  France.  1  Ai:ai'  ' 


METiyUK    El    ALGÈBRE.  "O 

RÈGLE,  Opéialion  qu'on  cxi;cuie  sur 
des  nombres  connus  pour  trouver  des 
nombres  inconnus.  Les  qualrcs  premières 
règles  sont  V addition,  la  soti.tlraclion,  la 
mulliplicalion  ,  et  la  division.  Ce  sont  aussi 
les  quatre  règles  fondamentales.  lUgte  de 
trois  ou  de  proportion,  Règle  par  la  quelle, 
ayant  trois  termes  connus ,  on  parvient  à 
trouver  un  quatrième  terme  inconnu,  qui 
doit  être  en  proportion  géoiiiétrique  avec 
les  trois  premiers.  Des  trois  quantités  con- 
nues, deux  sont  principales  et  de  même  es- 
pèce entre  elles;  l'autre  est  relative  et  de 
même  nature  que  la  quantité  cherchée.  La 
règle  de  trois  peut  être  directe,  inverse  ,  ou 
composée,  La  règle  de  trois  est  directe  lors- 
que ses  quantités  relatives  augmentent  dans 
la  même  proportion  que  les  quantités  prin- 
cipales. Elle  s'effectue  en  multipliant  la 
quantité  relative  connue  par  la  quantité 
principale  de  l'inconnue,  et  divisant  le  pro- 
duit par  le  troisième  nombre  donné.  Exem- 
ple :  Un  courrier  dont  la  vitesse  est  tou- 
jours égale  a  parcouru  6  myriamètres  en 
à  heures;  combien  en  parcourra-t-ilen  2/i  i" 
Dans  cet  énoncé  h  et  24  sont  les  quantité.s 
principales  et  6  est  la  quantité  relative  de 
II.  Or  6  X  24  =  144  et  144  :  4  =  36.  Le 
nombre  36  répond  à  la  question.  La  règle 
de  trois  est  inverse  quand  les  quantités  re- 
latives sont  d'autant  plus  giandes  que  leui s 
quantités  principales  sont  moindres.  Elle 
s'effectue  en  multipliant  la  quantité  princi- 
pale'^AY  sa  quantité  relative  connue,  et  divi- 
sant le  produit  obten  u  par  la  seconde  quantité 
principale,  ce  qui  donne  pour  quotient  la 
seconde  relative  cherchée.  Exemple:  20 
maçons  ont  construit  un  certain  nombre 
de  toises  de  muraille  en  16  jours  .-com- 
bien faudra-t-il  de  maçons  pour  faire  le 
même  ouvrage  en  8  jours  ?  Les  quanti- 
tés principales  sont  16 jours  et  8  jours,  la 
première  quantité  relative  est  20  maçons. 
Or  16  X  20  =  320  et  320  ;  8  =  40.  Le 
quotient  40est  la  seconde  quantité  relative. 
Les  règles  de  société  et  d'intérêt,  la  j'èglc 
d'alliage,  se  résolvent  par  la  règle  de  trois. 

Reste  ,  Résultat  que  donne  la  sous- 
traction ,  et  qu'on  nomme  autrement  ex- 
cès ou  différence. 

Somme,  La  quantité  qui  résulte  de 
plusieurs  quantités  jointes  ensemble.  La 
.loinme  des  unités  ,  des  dixaines ,  des  ccntai 
nés,  etc.  La  somme  des  termes  d'une  équa- 
tion. L'assemblage  de  tous  les  termes 
d'ime  équation. 


47() 


GllAMMAIRE 


Table 

Tal)li>  qui 
niuUiplica 
uns  par  le 

pytliai;orique  ou   rfe  Pythagorc  , 

contient  Ions  les  produits  de  la 

tion  des  noinhies  simples,   les 

autres  ,  depuis  un  jusqu'à  neuf. 

1 
■2 

5 

4 
5 

a 
1 

8 
9 

4 

G 
8 

10 
i2 
14 

IG 

18 

3 
G 
9 
\^ 

'l8 
21 

57 

4 

8 
12 
IG 
20 
24 
28 
32 
36 

10 

1¥ 

20 
25 
30 
35 
40 
45 

G 
12 

18 
24 
50 
3G 
42 
48 
o4 

7 

14 

21 

28 

55 

42 

49 

5G 

G3 

8 

IG 
24 
32 
40 
48 
56 
64 
72 

9 
18 
27 
56 
45 
54 
63 
72 

FRANÇAISE. 

Tables  de  logarithmes ,  Tables  de  nom- 
bres en  piogressinn  arithmétique  ,  corres- 
pondant à  des  nombres  d'une  progression 
géométrique,  dont  l'emploi,  universel  dans 
les  calculs  mathématiques,  ramène  les 
multiplications  et  les  divisions  numériques 
à  de  simples  additions  et  soustractions.  On 
à  suivi  pour  la  dresser  les  deux  progressions 
suivantes  : 

-^1:10.100:1001 


0   1.2 


Table  des  SiOs;arEtIiiues  des  ïVombreis  oaturels 
dopiiis  1  justiii'à  %00. 


Homhres 

Logarithmes. 

Nombres.]  Logarithmes, 

Nombres, 

Logarithmes. 

Nombres 

Logarithmes 

0 

1 

2 

infini  négatif 
0,000000 
0,301030 

27 
28 
29 

1,431364 
1,447158 
1,462398 

54 
55 
56 

1,732394 
1,740363 

1,748188 

81 
82 
83 

1,908485 
1,913814 
1,919078 

3 
h 
5 

0,/i77121 
0,G02060 
0,698970 

30 
31 
32 

1,477121 
1,491362 
1,505150 

57 
58 
59 

1,755875 
1,763428 
1,770852 

84 
85 
86 

1,924279 
1,929419 
1,934498 

6 

7 
8 

0,778151 
0,8/i5098 
0,903090 

33 
34 
35 

1,518514 
1,531479 
1,544068 

60 
61 
62 

1,778151 
1,785330 
1,792392 

87 
88 
89 

1,939519 
1,944483 
1,949390 

9 
10 
11 

0,9ô42'i3 
1,000000 
1,041393 

36 
37 
38 

1,556303 
1,568202 
1,579784 

63 
64 
65 

1,799341 
1,806180 
1,812913 

90 
91 
92 

1,954243 
1,959041 
1,963788 

12 
13 

1,079181 
1,1]  3943 
1,146128 

39 
40 
41 

1,591065 
1,602060 
1,612784 

66 
67 
68 

69 
70 
71 

1,819544 
1,826075 
1,832509 

93 
94 
95 

1,968483 
1,973128 
1,977724 

15 
17 

1,176091 
1,204120 
1,230449 

42 
43 
44 

45 
46 
47 

1,623249 
1,633468 
1,643453 

1,838849 
1,845098 
1,851258 

96 
97 
98 

1,982271 
1,986772 
1,991226 

18 
19 

20 

1,255273 
1,278754 
1,301030 

1,653213 
1,662758 
1,672098 

72 
73 

74 

1,857332 
1,863323 
1,869232 

99 
100 
101 

1,995635 
2,000000 
2,004321 

21 

22 
23 

1,322219 
1,342423 
1,361728 

48 
49 
50 

51 
52 
53 

1,681241 
1,690196 
1,698970 

75 
76 

77 

1,875061 

1,880814 
1,886491 

102 
103 
104 

105 
106 
107 

2,008600 
2,012837 
2,017033 

24 
25 
26 

1,380211 
1,397940 
1,414973 

1,707570 
1,716003 
1,724276 

78 
79 

80 

1,892095 
1,897627 
1,903090 

2,021189 
2,025306 
2,029384 

SIGiNES  DIVERS.   ARITHMETIQUE    ET   ALGEBRE. 

47T 

'.Nombres. 

Logarithmes. 

Nombres. 

Logarithmes. 

Nombres, 

Logarithmes. 

Nombres, 

Logarithmes- 

JOS 
109 
110 

2,033/i24 
2,037A26 
2,041393 

132 
133 
134 

2,120574 
2,123852 
2,127105 

156 

157 

158 

2,193125 
2,195900 
2,198657 

180 

181 
182 

2,255273 
2,257679 
2,260071 

111 
112 
113 

2,045323 
2,049218 
2,053078 

135 
136 
137 

2,130334 
2,133539 
2,136721 

159 
160 
161 

162 

163 
164 

2.201397 
2,204120 
2,206826 

183 
184 
185 

186 

187 
188 

2,262/i51 
2,264818 
2,267172 

114 
115 
116 

2,050905 
2,060698 
2,064458 

138 
139 
140 

2,139879 
2,143015 
2,146128 

2,209515 
2,212188 
2,214844 

2,269513 
2,271842 
2,274158 

117 
118 
119 

2,068186 
2,071882 
2,075547 

141 

1^2 
143 

2,149219 
2,152288 
2,155336 

165 
166 
167 

2,217484 
2,220108 
2,222716 

189 
190 
191 

2,276462 

2,278754 
2,281033 

120 
121 
122 

2,079181 
2.082785 
2,0863u0 

144 
145 
146 

2,158362 
2,16J36S 
2,164353 

168 
169 
170 

2,225309 

2,227887 
2,2304/1 9 

192 
193 
194 

2.283301 
2,285557 

2,287802 

123 
12/t 
125 

2,089905 
2,093422 
2,096910 

147 
148 
149 

2,167317 
2,170262 
2,173186 

171 

172 
173 

2,232996 
2,235528 
2,238046 

195 
196 
197 

2,290035 
2,292256 
2,294466 

126 
127 

128 

2,100371 
2,103804 
2,107210 

150 
151 
152 

2,176091 
2,178977 
2,181844 

174 
175 
176 

2,240549 
2,2/i303S 
2,245513 

198 
199 
200 

2,296665 
2,298853 
2,301030 

129 
130 
131 

2,1  J  0590 
2,113943 
2,117271 

153 
154 
155 

2,18/i69i 
2,187521 
2,190332 

177 
178 
179 

2,247973 
2,250/1 20 
1,252853 

201 
202 
203 

2,303196 
2,305351 
2,307496 

Supposons  que  j'aie  à  iiiultipliei'14  par  8. 
Je   vois   dans  la  table  que  le  logarithme 

de  14  est I,l/i6l28, 

que  celui  de  8  est 903090. 

J'additionnne  ces  deux  nom- 
bres ,  et  j'ai 2,0/19218 

Je  cherche  ce  dernier  nombre  dans  la 
table,  et  je  trouve  qu'il  répond  à  112. 
C'est  en  efiet  le  produit  de  14  X  8. 

Que  j'aie  de  même  à  diviser  165  par  15, 
je  cherche  le  logarithme  de  165, 

ci 2,217484 

Je  cherche  celui  de  15 1,176091 

Je  soustrais   ce  nombre    du 
premier;  il  reste 1,041393 

La  table  me  présente  à  côté  de  ce  nom- 
bre le  véritable  quotient  de  165.  C'est  11. 

Pour  qttarrer  un  nombre,  pour  le  cuber ^ 
pour  l'élever,  en  un  mot,  à  quelque  puis- 
sance que  ce  soit,  il  ne  s'agira  que  de  mul- 
tiplier son  logarithme  par  le  chiflVe  qui  ex- 
prime le  degré  de  cette  puissance.  Voulez- 
vous  l'élever  à  la  cinquième  ])uissance  , 
multipliez  par  cinq  le  logarithme  du  nom- 
bre proposé,  et  le  logarithme  du  produit 


sera  précédé  dans  la  table  du  nombre  ou 
de  la  puissance  que  vous  cherchez. 

S'agit-il  au  contraire  de  tirer  la  racine 
quarrée,  ciibit/iie,  qualrictne,  cinquième.,  etc. 
d'un  nombie  quelconque,  cherchez  seule- 
ment le  logarithme  de  ce  nombre.  Vous 
le  diviserez  par  le  nombre  qui  exprime  le 
degré  de  la  racine  demandée,  et  vous  trou- 
verez dans  la  table  cette  même  racine  à 
côté  du  logarithme  du  quotient,  etc. 

Je  parle  anglo-français.  Je  sais  l'aiitlimétique  , 
Et ,  si  je  n'exUals  pas  la  racine  cubique  , 
Pour  le  moins  jusqu^au  Joug  tlu  la  division 
Sais-je,  plier  ma  vive  imagination. 

f  L.  N.  Lord  Coxcomb,  J 

Terme.  Terme  d'un  rapport  ,  d'une 
proportion,  d'une  progression.  Chacune  des 
quantités  qui  composent  le  rapport,  la 
proportion  ,  la  progression.  Terme  d'une 
expression  alf^àbrique ,  Chacune  des  quan- 
tités qui  coui])osent  cette  expression,  et 
qui  sont  séparées  par  les  signes  plus  ou 
moins.  Une  expression  algébrujiie  se  com- 
pose de  quatre  termes.  Le  pr(ui)ier  des  deux 
termes  d'une  raison  ou  d'un  rapport  se 
nomme  antécédent ,  le  second  conséquent. 
Dans  la  raison  de  (rois  «  quatre,  trois  est 


Î78 


GKAJh^IAlKE    F llAiN («VISE . 


l'aniécédenl  ci  quatre  le  conséquent.  Le  pre- 
mier et  le  dernier  terme  d'une  expression 
algébrique  sont  appelas  cxtrétnes,  le  se- 
cond et  le  troisième  moyens.  On  sépare  , 
dans  une  proportion  aiillimétique,  chaque 
ternie  par  un  point  et  les  rapports  par 
deux.  Exemple  :  /i .  7  :  8  .  11  (4  est  à  7  conimo 
8  est  à  11).  Dans  la  proportion  géométrique 
on  double  le  nombre  des  points.  Exemple: 
7  :  21  :  :  9  :  27  (7c6tà21  conmie9està  27). 
,Transcendant,  Élevé,  sublime. 
Equations  transcendantes.  \ cyez  Équation. 


Géométrie  tra7iscendunte ,Cc\lti  qui  emploie 
l'infini  dans  ces  calculs.  (Du  latin  trans 
ascenderc,  monter  au  delà.) 

TRINOME,  Quantité  composée  de  trois 
termes.  (Du  grec,  ireis ,  trois,  ci  nomê  , 
division.  ) 

Unité  ,  Principe  du  nombre;  mesure 
conventionnelle ,  variable  à  l'infini ,  adop- 
tée pour  terme  de  comparaison  dans  l'é- 
valuation des  grandeurs.  Plusieurs  unités 
font  un  nombre.  Le  nombre  est  composé 
d'unités.  Voyez  Nombre. 


Certes ,  (l)  nos  souscripteurs  ne  m'accuseront  pas  de  leur  donner 
moins  que  je  ne  leur  ai  promis.  Je  leur  donne  au  contraire  beau- 
coup plus  qu'il  ne  leur  est  dû.  J'espère  qu'ils  ne  se  montreront  pas 
ingrats,  et  ne  se  plaindront  pas,  si  l'ouvrage  dépasse  le  nombre  des 
livraisons  annoncées.  M.  Cordier  m'a  déjà  écrit  à  ce  sujet  pour  me 
faire  part  de  ses  craintes  ;  mais  j'ose  croire  que  les  craintes  de 
M.  Cordier  sont  mal  fondées.  Quel  que  soit,  en  effet,  l'aveugle- 
ment du  public;  quelques  preuves  qu'il  ait  dounées  ,  dans  bien  des 
cas  ,  de  son  mince  discernement ,  il  lui  reste  pourtant  assez  de  bon 
sens  pour  comprendre  que  c'est  moins  notre  intérêt  que  le  sien  qui 
nous  lient  au  coeur.  Certes,  de  tels  travaux  n'ont  rien  d'assez  at- 
trayant pour  que  je  m'y  attache  de  préférence.  J'aimerais  mieux 
faire  des  vers.  J'aimerais  mieux  exhaler  de  temps  en  temps  ,  dans 
quelque  vigoureuse  satire,  la  bile  que  soulève  en  moi  la  prose 
impertinente  du  Journal  des  Débats.  Mais,  puisque  j'ai  tant  fait 
que  de  commencer,  il  faut  que  j'achève.  Il  faut  surtout  que  rien  ne 
manque  à  l'ouvrage  que  j'ai  entrepris. 

Combien  de  grandes  personnes,  d'ailleurs  instruites,  ignorent 
la  plupart  des  petites  choses  que  je  viens  de  résumer  ci-dessus?  Et 
pourquoi  les  ignorent-elles?  C'est  que  pendant  tous  le  cours  de 
leurs  éludes  elles  n'ont  eu  entre  les  mains  que  des  livres  insigni- 
fiants, qui  leur  fatiguaient  l'esprit  sans  leur  rien  apprendre.  Ou,  si 
elles  en  ont  eu  de  réllement  instructifs ,  ils  étaieut  si  peu  amusants, 
les  matières  en  étaient  si  mal  distribuées,  tellement  diffuses,  et 
presque  toujours  tellement  en  dehors  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  indis- 


(1)  Certes,  au  commencement  d'une  phrase ,  surtout  d'une  phrase  né- 
gative, s'isole  ordinairement,  parce  qu'il  ne  modifie  pas  proprement  le 
reste  de  celle  phrase ,  mais  qu'il  équivaut  le  plus  souvent  à  une  proposition 
de  la  nature  de  celle-ci  ;  J»  puis  (e  dire  aiec  certitude. 


SIGNES   DIVERS.    ARITHMÉTIQUE    ET    ALGÈBRE.  Î79 

pensable  à  savoir,  que  l'esprit  n'en  a  presque  rien  gardé,  ou  n'en  a 
gardé  que  des  choses  de  seconde  et  de  troisième  utilité. 

J'ai  déjà  dit  que  notre  grammaire  n'est  pas  faite  pour  être  d'un 
bout  à  l'autre  apprise  par  cœur.  C'est  un  livre  à  lire,  à  consulter, 
un  manuel,  un  meuble.  C'est  l'usage  saisi  au  vol  et  exposé  captif  à 
tous  les  yeux.  La  grammaire  étant  le  livre  qui  reste  le  plus  long- 
temps entre  les  mains  de  la  jeunesse  ,  j'ai  voulu  que  ce  livre  ren- 
fermât autant  d'idées,  autant  de  science  qu'il  était  possible,  afin 
que  l'élève,  entraîné  malgré  lui,  soit  par  curiosité,  soit  par  désœu- 
vrement, à  le  parcourir,  à  le  feuilleter,  y  puise  insensiblement 
toutes  les  notions  les  plus  nécessaires,  et  s'y  fortifie  surtout  dans 
l'art  de  penser  et  de  s'exprimer;  afin  que  de  son  côté  le  maître  ne 
justifie  plus  le  proverbe  trop  vrai  jusqu'à  ce  jour  :  Ignorant  comme 
un  maître  d'école. 

En  un  mot ,  j'ai  voulu  que  la  grammaire  soit  ce  qu'elle  doit  être  : 
La  Clef  de  la  Langue  et  des  Sciences. 

La  grammaire ,  ainsi  conçue ,  devient  le  vade-mecum  de  tous  les 
âges,  de  toutes  les  conditions. 

J'ai  entendu  l'autre  jour  une  dame,  une  jeune  et  gracieuse  com- 
tesse se  plaindre  qu'on  n'eût  pas  songé  à  lui  donner  au  moins  une 
légère  teinture  de  la  chimie.  «  On  raconte  tant  de  merveilles  de 
celte  science ,  disait-elle ,  qu'il  est  vraiment  douloureux  d'y  demeu- 
rer étrangère.» 

Or  qu'est-ce  que  je  demande  à  nos  honorables  souscripteurs? 
Uniquement  la  permission  de  faire  un  ouvrage  complet,  dont  ils 
aient  lieu  d'être  pleinement  satisfaits.  Messieurs,  serait-ce  bien 
beau  à  vous  de  m'imputer  à  crime  un  excès  de  zèle  pour  vos  inté- 
rêts? Mais  réfléchissez  donc  qu',une  fois  notre  grammaire  achevée, 
vous  pourrez  faire  des  pacotilles  de  toutes  celles  qui  encombrent  vos 
bibliothèques,  et  les  expédier,  sinon  pour  lesAntilles,  du  moins  pour 
chez  l'épicier,  qui  vous  remboursera  ce  que  vous  aura  coûté  l'excé- 
dant de  nos  livraisons.  Et,  si  je  vous  dis  cela ,  ce  n'est  pas  que  mon 
orgueil  soit  monté  au  niveau  de  celui  du  Journal  des  Débats,  ni 
que  je  me  croie  plus  d'esprit  qu'un  autre.  En  admettant  que  vous 
ayez  tous  plus  d'esprit  que  moi  (ce  n'est  toutefois  qu'une  hypothèse), 
je  vous  défie  d'avoir  ma  patience.  C'est  que  vous  ne  souffrez  pas 
comme  moi.  Or  il  faut  bien  que  je  cherche  quelque  diversion  à  ma 
douleur.  C'est  donc  le  seul  sentiment  de  ma  patience  et  de  mon 
courage  qui  me  donne  l'a.ssurance  que  vous  admirez.  Soyez  per- 


'(80  GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 

suadés,  messieurs  mes  lecteurs,  qu'au  fond  je  ne  m'aveugle  pas 
sur  mon  niérile ,  et  que  je  sais  très-bien  me  mettre  à  ma  place. 

Bref,  je  désire  faire  de  mon  mieux.  Or,  quand  M.  Didier,  non 
content  d'avoir  imprimé  et  réimprimé  à  vos  dépens  \e  Dictionnaire 
des  Diclionnaircs ,  vous  impose  encore  un  volume  de  douze  francs 
pour  y  coucher  tous  les  verbes  ENTiÈnEMENi  conjugués,  c'est  à  dire, 
tous  les  pensnms  rapportés  à  MM.  Verlac  et  Litais  de  Gaux  par 
leurs  écoliers ,  vous  pouvez  bien  m'accorder  quelques  pages  de 
plus  pour  un  ouvrage  aussi  colossal,  aussi  utile  que  celui  au  quel 
je  consume  ma  jeunesse,  c'est  à  dire  ,  les  courts  instants  de  loisir 
que  me  laissent  mes  fonctions  journalières,  et  que  je  pourrais  si 
bien  passer,  comme  le  Journal  des  Débats,  au  sein  des  plaisirs 
(style  classique).  Comment  fait  donc  M.  Didier  pour  vous  trouver 
toujours  de  si  bonne  composition  avec  lui?  Ne  répondez  pas  que 
c'est  le  mérite  de  ses  publications  qui  lui  vaut  cette  bonne  fortune. 
Non  ;  car,  en  général,  le  mérite  n'est  pas  ce  qui  prévaut  dans  le 
monde.  Bien  loin  de  là. 

Voyons,  faites  une  exception.  Que  le  mérite  de  notre  ouvrage 
ne  soit  pas  un  obstacle  à  votre  faveur.  Vous  pouvez  d'autant  mieux 
m'octroyer  la  grâce  que  je  réclame  de  votre  bonté  et  de  votre  in- 
dulgence, que  je  ferai  en  sorte  que  vous  puissiez  vous  passer  aussi 
des  verbes  entièrement  conjugués  de  M.  de  Gaux  et  de  ses  com- 
plices. 

Je  pense  encore  assez  bien  de  vous ,  messieurs  du  public ,  pour 
m'en  tenir  à  ces  humbles  frais  d'éloquence. 

Je  ne  sache  que  le  Journal  des  Débats  qui  puisse  trouver  à  re- 
dire à  l'objet  de  ma  demande.  Pour  lui  notre  ouvrage  n'est  déjà 
que  trop  long.  Il  le  supprimerait  gaîment  tout  entier,  et  s'en  vante- 
rait comme  d'un  exploit.  N'a-t-il  pas  essayé  l'autre  jour  de  souf- 
fler,  par  la  bouche  de  M.  Cuvillier  Fleury ,  sur  la  gloire  de  quel- 
ques uns  de  nos  bons  poètes?  Eh  !  mes  chers  confrères  en  Apol- 
lon, comme  dirait  M.  Cuvillier  Fleury  lui-même,  laissez  brailler 
le  Journal  des  Débats.  Au  failedes  grandeurs  la  tête  tourne,  elle 
Journal  des  Débats  a  bien  le  droit  d'être  un  peu  fou. 

Quand  je  vois  ces  hommes  ,  flétris  à  tout  jamais  du  nom  de  cri- 
tiques ,  ces  hommes  bouffis  d'orgueil , 

Qui  crèvent  dans  leur  peau  de  colère  et  de  rage 
De  n'avoir  pu  jamais  accoucher  de  cent  vers  ; 
quand  je  les  vois,  l'oeil  hagard,  la  lèvre  écumante,  se  déchaîner 


SIGNES    DIVERS.     AÏllTHMÉTIOUE    ET    ALGÈBRE.  481 

contre  la  poésie  ,  il  me  semble  voir  un  (as  de  pauvres  fous  qui .  fu- 
rieux de  ne  pas  posséder  sur  noire  océan  divin  la  plus  humble  bar- 
que, y  poursuivent  de  leur  haine  el  de  leurs  analhèmes  tout  beau 
navire  pavoisé  qui  passe  à  la  portée  de  leur  vue,  et  s'efforcent  de 
lui  susciter  une  tempête  avec  le  souffle  de  leurs  poumons. 

M.  Cuvillier  Fleury,  qui  ne  vise  guère  à  dire  quelque  chose  de 
neuf ,  reproche  aux  poètes  de  notre  époque  leurs  doléances ,  c'est 
à  dire,  leurs  cris  de  pitié  sainte  et  de  généreuse  indignation.  «Il 
semble,  dit-il  de  l'air  le  plus  facétieux  qu'il  peut  se  donner,  que 
la  révolution  de  juillet  ait  été  faite  pour  donner  du  génie  à  tout  le 
monde.  »  Ne  dirait-on  pas  que,  si  M.  Cuvillier  Fleury  est  dans  celte 
position  assez  confortable ,  qui  l'empêche  de  voir  les  choses  sous 
leur  vrai  jour,  c'est  à  son  génie  qu'il  le  doit?  A  une  hauteur  de 
quelques  pieds  à  peine  au  dessus  du  sol ,  les  hommes  sont  parfois 
pris    d'un  vertige  de  vanité ,  qui  les  rend  parfaitement  ridicules. 
Le  Journal  des  Débats  et  M.  Cuvillier  Fleury  ont  toujours  l'air 
d'oublier  que  le  mérite,  que  le  génie,  sont  souvent  plutôt  des 
obstacles  que  des   moyens  pour  arriver.  Ils  devraient ,  eux ,  le 
savoir  mieux  que  personne.  —  Qui  est-ce  qui  est  riche,  en  effet? 
<3ui   est-ce  qui  est  honoré?  Qui  est-ce  qui  est  heureux?  Est-ce 
l'homme  de  génie?  Est-ce  l'homme  de  cœur?  Est-ce  l'homme  sen- 
sible et   généreux,  l'homme  qui    pense  et  qui  sent,  l'homme 
qui    ne    peut   voir  une  infortune  sans    vouloir  donner  sa   vie 
pour  la  soulager?  Non  ,  c'est  celui  qui  n'a  jamais  pensé  qu'à  lui- 
même  ,  aimé  que  lui-même.  C  est  l'égoïste,  c'est  linsensible,  c'est 
l'avare  ,  c'est  l'homme  matière.  Et  celui-là,  parce  qu'il  est  riche, 
est  un  homme  honorable.  Chapeau  bas  devant  lui.   liangez-vous 
quand  il  passe.  Des  familles  sont  honorables  parce  qu'elles  sont 
opulentes.  El,  si  parmi  leurs  bassesses  de  toutes  sortes,  si  faciles 
à  cacher  sous  le  luxe,  il  leur  arrive  d'en  faire  une  qui  déchire  tous 
les  voiles  el  perce  toutes  les  murailles ,  il  faut  avoir  de  l'indul- 
gence, dit  le  Journal  des  Débals,  el  ne  pas  porter  le  trouble  dans 
des  familles  honorables.  Avec  nous  autres  ,  pauvres  parias,  on  ne 
fait  pas  tant  de  cérémonies. 
Voilà  ce  que  le  Journal  des  Débats  veut  nous  forcer  à  nier. 
Il  ne  veut  pas  que  les  poètes ,  les  seuls  hommes  restés  grands 
el  purs  au  milieu  de  la  corruption  générale ,  lui  parle  de  choses  si 
affligeantes.  Les  plaintes  des  malheureux  l'agacent ,  l'irritent ,  le 
transportent,  le  rendent  furieux.  Donc  respectez  sa  sensibilité. 

T.  u.  m 


•{82  GRAMMAIKE   TRA^NÇAISE. 

Les  poêles  seraient  en  odeur  de  sainteté  auprès  du  Journal  des  Dé- 
bats ,  si ,  à  l'exemple  du  comte  d'Essex,  ils  étendaient  leur  man- 
teau divin  sur  la  boue  où  marche  ce  roi  des  journaux. 

Mais  les  poètes  osent  dire  la  vérité  môme  aux  rois. 

Oui ,  le  génie  pauvre  est  un  aigle  enchaîné.  En  vain  s'allume  et 
brille  son  regard  de  feu ,  en  vain  se  déploient  ses  vastes  ailes ,  il 
reste  attaché  à  la  terre.  Pour  qu'on  l'aide  à  briser  sa  chaîne ,  pour 
qu'il  puisse  s'élever  jusqu'à  la  cime 

Où  d'une  façon  ridicule 
Le  Journal  des  Débats  s'agite  et  gesticule , 

semblable  à  un  télégraphe ,  ou  mieux  à  un  moulin  à  vent, — il  faut 

que  l'aigle  se  fasse  reptile. 

«  De  grâce ,  apprenez-moi  comment  l'on  fait  fortune  , 
Demandait  à  son  père  un  jeune  ambitieux. 
Il  est,  dit  le  vieillard,  un  chemin  glorieux, 
C'est  de  se  rendre  utile  à  la  cause  commune  ; 
De  prodiguer  ses  jours,  ses  veilles,  ses  talents, 
Au  service  de  la  patrie. 

—  Oh!  trop  pénible  est  cette  vie. 

Je  veux  des  moyens  moins  brillants. 
—  Il  en  est  de  plus  sûrs.  L'intrigue.  —  Elle  est  trop  vile. 
Sans  vice  et  sans  travail  je  voudrais  m'enrichir. 

—  Eh  bien  !  sois  donc  un  imbécile  ; 

On  en  voit  beaucoup  réussir.»  (Florian.) 

Le  Journal  des  Débats  n'en  conviendra  point ,  et  il  a  peut-être  ses 
raisons  pour  cela. 

Mais  assez  de  morale.  A  présent  de  la  science.  C'est  ainsi  que 
notre  ouvrage  doit  justiQer  d'un  bout  à  l'autre  son  titre  de  Gram- 
maire encyclopédique  et  morale. 


SIGNES    DIVEKS.     GEOMETRIE. 


Fignres  et  S»igiies  CSt^ométriqnes. 

x\OTIONS     PRÉLIMINAIRES. 

Ttwus  (k  Géomélne. 


Abscisse,  s.  f.  L'une  des  deux  coordon- 
nées lectîlignes  par  les  quelles  on  définit 
la  position  de  chaque  jtoint  d'une  combe 
plane.  L'autre  s'appèle  ordonnée.  L'axe  des 
abscisses,  l'axe  des  ordonnées.  Droites  indé- 
finies sur  les  quelles  les  abscisses  et  les  or- 
données se  mesurent  à  partir  d'une  com- 
mune origine,  qui  est  leur  point  d'intersec- 
tion. (  AcAD.)  (Du  latin  aùscindcre,  abscis- 
sum,  couper.  ) 

Adjacent,  ente.  adj.  Qui  est  situé  au- 
près. Aniilcs  adjacents,  Contigusl'un  .i  l'au- 
tre. Voyez  Angle.  (  En  latin  adjacens,  de 
ad  ,  auprès  ,  et  jflccre  ,  être  couché.  ) 

Aire.  s.  f.  L'espace  surperficiel embrassé 
par  une  figure  plane  rentrante  sur  elle- 
même.  L'aire  d'un  triangle.  L'aire  d'un 
carré.  L'aire  d'un  cercle.  Pour  mesurer  l'aire 
d'une  figure  plane,  on  cherche  combien  de. 
fois  elle  contient  l'unité  de  mesure  élevée  au 
fjiiarré.  (Du  latin  arca,  surface  plane.) 

Pour  unité  démesure  dans  l'évaluation  des  aires,  on 
est  convenu  de  prendre  le  qiiarré  construit  sur  l'unité  dp 
longueur  ,  c'est  à  dire,  un  quarré  dont  chaque  côté  est 
égal  à  celte  unilé  de  longueur.  On  appelle  mi-(re  quarré, 
toise  quarrte,  pied  quarré,  eic,  les  carrés  ayant  pour  côtés 
un  mètre,  une  toise,  uu  pied,  etc.  On  les  désigne  par 
m,  qu.  ,  t.  qu.  ,  p.  qu. 

Arcs.  n).  Portion  quelconque  du  cercle 
lorsqu'elle  est  moindre  que  sa  moilié.  Ârc 
de  cercle.  Corde  ou  sous-tcndante  d'un  arc, 
La  ligne  droite  qui  va  de  l'une  de  ses  ex- 
trémilés  à  l'autre.  Flèche  d'un  arc,  La  ver- 
ticale menée  au  milieu  de  la  corde  et  de 
l'arc.  j4rcs  égaux.  Arcs  semblables.  Arcs 
concentriques.  Le  sinus,  le  co-sinusd'unarc. 
Voyez  ces  mots.  (Eu  latin  arcus.) 

Arête,  s.  f.  Angle  saillant  que  forment 
deux  faces,  droites  ou  courbes.  Celte  ta- 
blette de  marbre  a  les  arêtes  écornées.  L'arête 
d'une  voi'ite.  L'angle  qu'elle  foime  avec  un 
mur  ou  une  autre  voftte.  (  Du  latin  arista, 
pointe  de  l'épi.  ) 

Arpentage,  s.  m.  Mesurage  de  terres 
par  ar|)enls  ou  parties  d'arpent  ou  autres 
mesures.  L'arpentage  d'une  terre.  — ■  La 
science  de  mesurer  les  terres.  Il  entend 
bien  l'arpentage. —  Voyez  à  la  fin  des  si- 
gnes de  géométrie. 

A-symptote.   s.    f.     Ligne  droite    qui , 


indéfiniment  prolongée  ,  s'approche  con- 
tinuellement d'une  courbe  ,  sans  pouvoir 
jamais  la  couper.  Les  a-sympiotes  de  l'hy- 
perbole, (Dugr.rt,  particule  privative,  syn , 
avec,  et  pthotos,  dérivé  de  piptô,  je  tombe.) 

A-symptotique.  adj.  Qui  appartient 
ou  qui  a  rapport  à  l'a  symptote.  Point 
a-symptotique.  Courbe  a-symptotique.  Es- 
pace a-symptotique. 

Axe.  s.  m.  Toute  ligne  qu'on  suppose 
traverser  le  centre  d'un  objet ,  ou  le  diviser 
en  deux  parties  égales  et  semblables.  L'axe 
d'une  courbe,  d'une  parabole,  etc.  Le  grand 
axe  d'une  ellipse,  La  ligne  menée  d'une  ex- 
trémité à  l'autre  d'une  ellipse  dans  le  sens 
de  sa  largeur.  Le  petit  axe  d'une  ellipse,  La 
perpendiculaire  menée  sur  le  grand  axe. 
L'arc  de  l'horizon.  L'axe  d'une  lentil'e.  de 
verre.  L'axe  du  corps  humain.  L'axe  d' une 
sphère.  L'axe  d'une  planète,  etc.  (En  latin 
axis,  du  grec  axon,  essieu  ,  pivot.  ) 

Axiome,  s.  m.  Vérité  évidente  par  elle- 
même  ;  proposition  générale,  reçue  et  éta- 
blie dans  une  science.  Axiome  de  philo- 
sophie. Axiome  de  mathématique.  Axiome 
indubitable.  C'est  un  axiome  en  physique. 
(Engr.  axiôma,  à'axios,  digne,  estimable.) 

Base.  s.  f.  Toute  chose  sur  la  quelle  ua 
corps  est  assis,  établi,  posé.  La  base  d'un 
clocher,  d'une  montagne.  Delà  base  au  som- 
met, etc.  En  géométrie,  La  surface  sur  la- 
quelle on  conçoit  que  certains  corps  soli- 
des sont  appuyés.  La  base  d'une  pyramide, 
d'un  cylindre,  d'un  cône.  (En  grec  basis,  de 
bailla,  je  marche, je  suis  appuyé.) 

Carré,  ée.  adj.  Il  se  dit  d'une  surface 
plane  qui  a  quatre  côtés  et  quatre  angles 
droits.  Figure  carrée.  Table  carrée,  etc.  (En 
latin  7H(jf/r(j/H??).)i;L'étymologieveut  qu'on 
écrive  quarré. 

Centre,  s.  m.  Point  également  éloigné 
des  extrémités  d'uni;  ligne,  d'une  surlace, 
ou  d'un  solide.  Le  centre  d'un  cercle  est  un 
point  également  distant  de  tous  les  points 
de  la  circonférence.  Le  centre  d'une  section 
conique  est  le  point  qui  divise  en  deux  son 
diamètre.  Dans  une  (ellipse  ce  point  est 
dans  la  figure;  il  est  dehors  dans  l'hypei- 
bole,  et  dans  la  parabole  il  est  à  une  dis- 


■484  UUAMMAIKE 

tance  infinie  du  sommet.  Le  centre  de  la 
terre.  Le  rentre  d'une  planète.  Toute  droite, 
meni'C  du  centre,  rencontre  la  surface  à  des 
dlitaiices  égales  dcx  Jeux  côtés.  Par  cxlen- 
smii  ,  I^e  milieu  d'un  espa<e  quelconque. 
(En  latin  ccittrum,  en  grec  kcntrôn.) 

Cerole.  s.  m.  A  oyez  aux  figures." 

Circonférence,  s.  f.  Contnur  d'un  cer- 
cle, courbe  dont  (ous  les  points  sont  à  égale 
dislance  du  point  inlérieiu-  nommé  centre. 
Toutes  Ici  Hgncs  droites  tirées  du  centre  à  la 
circonférence  sont  cigales  en  longueur.  Tirer 
des  li^'ncs  qui  /msscnt  par  le  centre,  qui  abou- 
tissent au  centre.  Les  mathématiciens  divi- 
sent la  circonférence  d'un  cercle  en  trois  cent 
.soixante  déférés.  Tracer  une  circonférence. 
Par  extension,  Toute  sorte  d'enceinte, 
quoiqu'elle  ne  soit  ])as  parfaitement  ronde. 
En  médecine,  Surface  extérieure  dn  corps. 
(  En  latin  circumfercntia  ,  de  circum,  autour, 
et  fcro,  je  porte.  ) 

Circulairemeut ,  D'une  manière  circu- 
laire, en  rond.  Un  corps  qui  se  meut  circu- 
laircmcnt. 

Cii-conscrire.  v.  a.  Circonscrire  une  fi- 
f;ure  à  un  cercle.  Tracer  une  figure  dont 
les  côtés  touchent  le  cercle.  Polygone  cir- 
conscrit à  un  cercle ,  Dont  les  cotés  sont  des 
tangentes  au  cercle.  Cercle  circonscrit  à  un 
polygone.  Dont  la  circonférence  passe  par 
tous  les  sommets  des  angles  du  jjolygone. 
Hyperbole  circonscrite ,  riy|ierbole  du  troi- 
sième ordre  qui  coupe  ses  a-symptotes  et 
dont  les  branches  renferment  au  dedans 
d'elles  les  parties  coupées  de  ces  a-symp- 
totes. (En  \si\\n  circumscribere  ,  de  circum, 
autour,  et  scribcre,  tracer.) 

Circulaire,  adj.  Qui  a  la  forme,  la  figure 
d'un  cercle.  Forme  circulaire.  Ligne  circu- 
laire.Mourcment  circulaire,  Qai  se  fait  en  dé- 
crivant un  cercle.  (Du  lat.  circulus,  cercle.  ) 

Coïncidence,  s.  f.  Etat  de  deux  choses  qui 
coïncident.  La  coïncidence  de  deux  lignes  , 
de  deux  surfaces.  Fig.,  La  coïncidence  de  ces 
deux  érénementscst  très-remarquable.  (Ac.) 

Coïncident,  ente.  adj.  Qui  coïncide. 
Lignes,  figures,  surfaces  coïncidentes.  En 
Médecine,  Symptômes  coïncidents.  Ceux 
qui  se  njontrent  simultanément. 

Coïncider,  v.  n.  S'ajuster  l'un  sur  l'au- 
tre dans  toutes  les  parties.  Ces  deux  lignes, 
ces  deux  surfaces  coïncident.  11  se  dit  fi- 
gurément  en  parlant  des  choses  qui  arri- 
vent en  même  temps.  Ces  deux  événements 
coïncidèrent.  (Acad.)  (  Du  latin  coinciderc, 
t\ccutii,  avec,  cl  incidcrc,  loniber.) 


l'K.4NÇAISE. 

Commensurabîlité.  s.  f.  Rapport  de 
nombre  à  nondjre  entre  deux  grandeurs 
qui  ont  une  mesuie  commune. 

Commensurable.  adj.  lise  dit  de  deux 
quantités  qui  (mt  un  rapport  de  nf)mbre  à 
nombre,  ou  ,  ce  qui  revient  au  même,  une 
mesme  commune.  Ainsi  deux  lignes  droi- 
tes dont  l'une  aurait  quinze  mètres  de 
long  et  l'autre  dix-huit,  sont  deux  lignes 
commensurables,  parce  qu'elles  sont  toutes 
deux  mesurées  par  une  même  ligne  prise 
pour  unité,  le  mètre.  Dans  le  cas  contraire, 
elles  sont  incommensurables.  La  circonfé- 
rence et  le  diamètre  d'un  cercle  sont  des 
grandeurs  incommensurables  (  Du  latin  bar- 
bare commensurabiUs ,  da  ciim  ,  avec  ,  et 
mensura  ,  mesure.) 

Concave,  adj.  Il  se  dit,  par  opposition 
<T  convexe,  d'une  surface  creusée  sphérique- 
ment.  Surface  concave.  Ferre  concave.  Les 
objets  vus  à  travers  les  verres  concaves  parais- 
sent plus  prochcset  plus  petits.  Miroir  con- 
cave. Le  ciel  nous  semble  concave.  Par  ana- 
logie ,  Le  côté  concave  d'une  ligne  courbe, 
d'une  parabole,  d'une  ellipse.  (  En  latin  con- 
cavus,  de  cum,  avec,  et  cavus,  creux.) 

Concentrique,  adj.  Il  se  dit  des  cercles 
tui  des  courbes  qui  ont  un  même  centre. 
Ces  deux  courbes  sont  concentriques.  (En  la- 
tin concentricus,  de  cum  ,  avec,  ensemble, 
et  centrum,  centre.  ) 

Conchoïde.  s.  f.  Espèce  particulière 
de  ligne  courbe  à  a-symptotes,  dont  Ni- 
coméde  est  l'inventeur.  (  Du  grec  coîic/ios, 
coquille,  et  eidos ,  fiume;  à  cause  de  sa 
ressemblance  avec  certaines  coquilles.  ) 

Convergence,  s.  f.  Disposition  de  deux 
ou  de  plusieurs  lignes  droites  qui  se  diri- 
gent vers  un  même  point,  soit  qu'elles  l'at- 
teignent,  soit  qu'elles  ne  l'atteignent  pas, 
La  convergence  de  deux  lignes.  La  conver- 
gence des  rayons  lumineux  réfîceltis  par  un 
miroir  concave. 

Convergent,  ente.  adj.  Qui  converge. 
Lignes  convergentes.  Bayons  convergents. 

Converger,  v.  n.  Se  diriger  vers  un 
même  point,  en  parlant  de  lignes  droites. 
Deux  lignes  qui  convergent.  Le  foyer  d'une 
lentille  est  le  point  vers  lequel  convergent  les 
rayons  lumineux  qui  la  travcr.'ient.  [Ac^d.) 
(En  latin  convergere ,  de  vcri;cre ,  pencher 
vers,    etc«(«,avec,   ensemble.) 

Convexe,  adj.  Bombé  sphériquement. 
Surface  convexe.  Un  miroir,  un  verre  con- 
vexe. Par  analogie.  Le  côté  conve.vc  d'uttg 
l'S^ne  courbe.  (En  latin  convcxus,  de  conr  ^ 


SIGNES    DIVEKS.    GEOMElRlli. 


485 


liere,  porter,  par  allusion  à  l'espèce  de 
cintre  ou  éniiuence  circulaire  des  corps 
destinés  à  en  porter  d'aiilres.  ) 

Coordonnées,  s.  f.  pi.  Il  se  dit  des  ab- 
cisses  et  des  ordonnées  d'une  courbe  , 
considérées  ensemble,  et  relativement  les 
unes  aux  autres,  f  Du  latin  ctim  ,  avec,  et 
ordinalœ,  ordonnées.) 

Corde,  s.  f.  Portion  de  la  ligne  droite 
traversant  un  cercle  et  teriiiinée  à  sa  cir- 
conl'érence,  comme  la  corde  d'un  arc  vé- 
ritable se  termine  aux  extrémités  de  sa 
courbure  { h.c  ad.).  Tonte  corde  partage  le 
cercle  en  deux  parues,  égales  ou  incgulcs  en 
surface,  qui  se  nomment  segments .  [Id.)  On 
l'appelle  aussi  sons-lendante. 

Cotangente.  s.  f.  La  tangente  du  com- 
plément d'un  angle.  La  cotangente'^  de  30 
grés  est  la  tangente  de  60  degrés. 

Co-sécante.  s.  f.  La  sécante  du  complé- 
ment d'un  angle.  La  co-sécante  de  30  de- 
grés est  la  sécante  de  60  degrés.  (Du  latin 
cum  ,  avec  ,  et  sccare ,  couper.  ) 

Co-sinus.  s.  m.  Le  sinus  du  complément 
d'un  angle.  Le  co-sinus  d'un  angle  de  30 
degrés  est  le  sinus  de  60  degrés.  (Du  la  lin 
cum  et  sinus.) 

Courbe,  adj.  et  s.  Qui  n'est  pas  droit  ou 
qui  n'est  pas  plane  .  qui  approche  de  la 
forme  d'un  arc.  Ligne  courbe.  Surface 
courbe.  Décrire  itnc  ligne  courbe,  une  courbe. 
La  théorie  des  courbes.  {  En  latin  currus.  ) 

Curviligne,  adj.  Qui  est  formé  par  des 
lignes  courbes.  Figure  cunnligne.  (Du  la- 
tin currus,  courbe,  et  tinea,  ligne.) 

Décrire. V.  a.  Tracer,  marquer,  l'ormer. 
Il  se  dit  surtout  en  parlant  des  lignes  cour- 
bes, des  directions,  des  trajets  en  ligne 
courbe.  Décrire  une  courbe  ,  un  cercle,  un 
demi-cercle,  un  arc.  L'orbite  qu'une  planète 
décrit  autour  du  soleil,  daiis  son  mouvc- 
ment.  Les  oiseaux  de  proie  qui  planent  en 
rond  décrivent  des  cercles  dans  les  airs.  Les 
ruisseaux  décrivent  des  sinuosités.  On  ne 
décrit  pas  des  lignes  droites,  on  les  trace. 
(En  latin  describerc.  Cicéron  se  servait  du 
substantif  rfexcr//'?(o,  pour  désigner  l'ordon- 
nance et  les  révolutions  des  é-loiles  :  o  Ita 
a  demetata  signa  sunt  ,  ul  in  tantis  descrip- 
»  tinnibus  divina  solertia  apparent.  » 

Diagonal,  aie.  adj.  Qui  va  d'un  angle 
d'unfi  figure  recliligne  à  l'angle  o|>j)osé.  Vue 
ligne  diagonale.  La  diagonale  d'un  qiiarré. 
(Du  gri^Cf/ù/,  à  yra\*irf.,v.\. gonia,  angle.  ) 

Uiamétrai ,  aie.  adj.  Appartenant  au 
diamètre.  Ligne  diamétrale . 


Diamétralement,  adv.  D'un  bout  du 
diamètre  à  l'autre.  Les  deux  pôles  sont  dia- 
métralement opposés  l'un  à  l'autre.  V'i^uré- 
ment ,  Ces  deux  hommes  sont  diamétrale- 
ment opposés.  L'avarirc  et  la  prodigalité  sont 
diamétralement  opposées. 

Diamètre,  s.  m.  Ligne  droite  qni  va 
d'un  point  de  la  circoniérence  d'un  cercle 
à  un  autre  point,  en  passant  par  le  centre. 
Le  diamètre  divise  la  circonférence  en  deux 
parties  égales.  Par  extension,  La  plus  grande 
largeur  ou  grosseur  d'une  chose  ronde,  arron- 
die ,  elliptique ,  cylindri'/ue ,  etc.  Le  diamè- 
tre de  la  terre.  Le  diamètre  d'une  colonne. 
(Du  grec  (/('rt,  à  travers,  et  mètron  ,  mesure.  ) 
Directrice,  s.  f.  Ligne  droite  le  long  de 
la  quelle  on  l'ait  couler  une  autre  ligne  on 
une  surface,  pour  la  formation  d'une  sur- 
face ou  d'une  solide.  (Ce  mot  n'existe 
point  pour  l'Académie.) 

Divergence,  s.  f.  Situation  de  deux  li- 
gnes, de  deux  rayons,  qui  vont  en  s'écar- 
tant.  Figurément,  Divergence  d'opinions. 

Divergent,  ente.  adj.  Il  se  dit  des  lignes, 
des  rayons,  qui  divergent.  Lignes  divergen- 
tes. Hayons  divergents.  Les  verres  concaves 
ont  la  propriété  de  rendre  divergents  les 
rayons  lumineux.  Figurément,  Des  opinions 
divergentes.  Des  principes  divergents. 

Diverger,  v.  n.  Aller  en  s'écartant. 
Deux  lignes  qui  divergent.  Une  direction 
qui  diverge  d'une  autre.  Aller  en  divergeant. 
(Du  latin  dis,  particule  qui  marque  diver- 
sité, et  vergere,  se  pencher  vers,  se  tour- 
ner vers.) 

Droit,  oite.  adj.  Qui  n'est  pas  courbe, 
qui  va  d'un  point  à  un  antre  par  le  plus 
court  chemin.  Ligne  droite.  —  Perpendi- 
culaire à  l'horizon,  qui  ne  penche  d'aucun 
côté.  Ce  mur  n'est  pas  droit.  Angle  droit. 
Angle  formé  par  deux  lignes  perpendicu- 
laires l'une  il  l'autre.  L'angle  droit  est  de 
90  degrés.  Deux  lignes  qui  se  coupent  à  an- 
gles droits.  En  Astronomie,  Sphère  droite, 
Celle  où  l'équateiir  et  ses  parallèles  cou- 
|ient  l'horizon  à  angles  droits.  (En  latin 
elirectus.) 

Égal,  aie.  adj.  Pareil,  semblable,  le 
même,  soit  en  natiu-e,  soit  en  quantité,  soit 
en  qualité.  Figures  égales.  Celles  qui,  su- 
])erposèes  l'une  à  l'autre  ,  coïncident  dans 
tous  leurs  points.  (En  latin  (rqualis.  ) 

Engendrer,  v.  a.  Produire;  son  sembla- 
ble, lise  (lit  particulièrement,  en  géouié- 
liie  ,  de  ce.  qui  est  censé  décrire  quelque 
figure  par  son    niouvcmcnl.  Le  roini   '/"• 


''^^  GKAAIMAIKE 

engendre  une  cycloïdc.  Une  courbe  engendrée 
parjc  développement  d'une  uittre. 

Equiangle.  adj.  Dont  tous  les  angles 
sont  «gaux  «;  litre  eux.  Leqiiarrcest  une  figure 
équianglc.  11  se  dit  aussi  d'une  figure  qui  a 
ses  angles  égnux  à  ceux  d'une  antre.  Deux 
figures  équiangics  entre  elles,  (Du  latin 
aiquus,  égal,  angiilus ,  angle.) 

Équidistant ,  ante.  adj.  (Prononcez 
écui-).  Qui  dans  toutesses  parties  est  égale- 
ment éloigné  des  parties  d'un  autre  corps. 
Deux  lignes  parallèles  sont  cquidislantes. 

Equilatéral,  aie.  Adj.  (Prononcezccin-). 
11  se  dit  d'un  triangle  qui  a  ses  trois  côtés 
égaux  entre  eux.  Triani^le  equilatéral.  (En 
latin  œqui/ateralis,  d'ccquus,  égal,  et  latus, 
laleris  ,  coté.  ) 

Equilatère.  adj.  Il  se  dit  d'une  figure 
dont  les  côtés  sont  égaux  à  ceux  d'une 
autre. 

Equivalent,  ente.  adj.  Qui  est  de  même 
valeur.  Figures  cquivalcntcs  ,  Celles  dont 
les  surfaces  ou  aires  sont  égales  en  quan- 
tité, sans  égard  à  la  dissemhtance  des 
formes.  (  Du  latin  œquiralcns  ,  l'ormé 
d'œquc,  également  ,  et  valens,  qui  vaut.) 

Espace,  s.  m.  Dans  son  acception  ab- 
solue ,  il  signifie  ,  L'étendue  indéfinie.  Le 
temps  et  l'espace.  L'espace  et  la  durée.  Dans 
un  sens  plus  particulier,  Grand  espace.  En- 
pacc  vide  ,  rempli.  Absolument  ,  Cette 
étendue  qui  embrasse  l'univers.  Les  corps 
célestes  roulent  dans  l'espace.  Parcourir  l'es- 
pace ,  les  espaces.  —  Un  grand  espace  de 
temps,  etc.  (  Du  latin  spatium.  ) 

Etendue,  s.  1'.  Dimension  en  longueur, 
largeur,  et  profondeur.  Selon  quelques  phi- 
losophes, l'étendue  est  l'essence  de  la  matière. 
(  AcAD.  )  L'étendue  appartient  aux  corps ,  et 
la  pensée  à  l'esprit.  (Id.)  Il  se  dit  aussi 
pour  indiquer  une  ou  deux  des  trois  di- 
mensions. L'étendue  d  iitie  ligne,  d'une  sur- 
face. Dans  le  langage  ordinaire  ,  Superficie. 
Pays  d'une  grande  étendue,  lise  dit  aussi 
en  parlant  du  temps.  La  vie  de  l'homme 
est  d'une  étendue  bien  bornée.  Figurément, 
L'étendue  du  pouvoir  j  de  l'autorité.  L'éten- 
due d'un  discours.  Ce  mot  n'a  pas  de  plu- 
riel. 

Excentricité,  s.  f.  Distance  du  centre 
d'une  ellipse  a  son  foyer.  On  la  nomme 
excentricité  simple.  Excentricité  double ,  La 
distance  qu'il  y  a  entre  les  deux  foyers  de 
l'ellipse. 

Excentrique,  adj.  11  se  dit  de  deux  ou 
plusieurs  cercles,  engagés  l'un  dansl'au- 


FRANÇAISE, 

Ire  ,  qui  ont  des  cealres  différents.  Ce  cer- 
cle est  excentrique  à  l'autre.  Deux  cercles 
excentriques.  (Du  latin  ex,  hors  ,  et  cen- 
trum  ,  centre.  ) 

Figure,  s.  f.  Espace  borné  par  une  on 
plusieurs  lignes.  Figure  plane.  Figure  quar- 
rée.  Figure  triangulaire.  Figure  circulaire. 
Tracer,  faire  une  figure,  des  figures  sur  un 
tableau.  On  le  dit  également  des  lignes  qui 
n'enferment  point  un  espace.  La  ligne  spi- 
rale et  la  cycloïdc  sont  des  figures  de  mathé- 
matique. (AcAD.)  11  se  dit,  en  termes  de 
danse,  des  difTérenles  lignes  qu'tm  décrit 
en  dansant.  Figure  de  contredanse.  Figure 
de  ballet.  Les  diverses  situations  oii  plu- 
sieurs personnes  qui  dansent  une  entrée 
de  ballet  se  mettent  les  imes  à  l'égard  des 
autres,  dans  les  difrérent<;  mouvements 
qu'elles  font.  (Acad.)  (En  latin  figura.) 

Flèche,  s.  f.  La  fléi^he  d'un  arc,  La  por- 
tion de  ligne  droite  qui,  menée  perpendi- 
culairement au  milieu  de  la  corde,  est  ter- 
minée il  l'arc. 

Générateur,  trice.  adj.  Qui  engendie 
quelque  ligne,  quelque  surface,  ou  quel- 
que solide  par  son  mouvement.  Point  gé- 
nérateur d' une  ligne .  Ligne  génératrice  d'une 
surface.  Surface  génératrice  d'une  solide.    , 

Génération,  s.  f.  La  formation  d'une  li- 
gne, d'une  surface,  d'un  solide,  par  le 
mouvement  d'un  point,  d'une  ligne,  ou 
d'une  surface.  La  géncralion  de  la  cycloïdc, 
de  la  spirale ,  du  cône,  etc. 

Géocentrique.  adj.  Qui  appartient  à 
une  planète  vue  do  la  teire.  Lieu  géocen- 
trique. Latitude  géocentrique.  (Du  grec  gc, 
terre,  et  hentrôn  ,  centre.) 

Géodésie,  s.  f.  Partie  de  la  géométrie  qui 
enseigne  à  mesurer  et  à  diviser  les  terres. 
Traite  de  géodésie.  (Du  gr.  geôdès,  terrestre.  ) 

Géodésique.  adj.  Qui  a  rapport  à  la 
géodésie.  Opérations  géodèslqucs. 

Géométrie,  s.  f.  Science  qui  a  pour  ob- 
jet l'étendue  considérée  sous  ses  trois  as- 
pects :  la  ligne  (étendue  en  longueur  seu- 
lement), la  surface  (étendue  en  longueur 
et  largeur),  et  le  corps  ( étendue  en  lon- 
gueur, largeur,  et  épaisseur.  )  La  géométrie 
est  le  fondement  des  autres  parties  des  ma- 
thématiques. La  géométrie  descriptive  n'est 
qu'une  application  de  la  géométrie  pure.  La 
géométrie  chmenlaire  étudie  les  propiiétés 
des  lignes  droites,  des  lignes  courbes,  des 
surfaces  ,  et  des  solides  les  plus  simples. 
La  géométrie  transcendante  résout,  au 
movcn   de   l'algèbre ,    du  calcul    dilTéren- 


SIGNES   DIVERS.    GEOMETRIE. 


487 


tiel ,  etc.,  des  questions  d'un  ordre  plus 
ùleTé.  La  géomclrie  contribue  à  rendre  l'es- 
prit rnètliodique  et  conséquent,  Axiome  de 
fi^éoniétrie.  Toute  la  géométrie  repose  sur 
les  cinq  axiomes  sui\^ants,  dont  l'évidence 
est  incontestable  :  1°  Deux  quantités  égales 
à  une  troisième  sont  égales  entre  elles.  2° 
Le  tout  est  plus  grand  que  la  partie.  3°  Le 
tout  est  égal  à  la  somme  des  parties,  k" 
D'un  point  à  un  autre  on  ne  peut  me- 
ner qu'une  seule  ligne  droite.  5°  Deux 
grandeurs,  ligne  ,  suri'ace  ,  ou  solide  ,  sont 
égales  lorsque,  étant  placées  l'une  sur  l'au- 
tre ,  elles  coïncident  dans  toute  leur  éten- 
due. Traite  de  géométrie.  Use  dit  souvent 
d'un  traité  de  géométrie. La  g^eowcirf'erfe  Lc- 
gendre.  (Du  grec  gê,  terre,  et  mélron,  me- 
sure.) 

On  représente  la  Géométrie  sous  la  fi- 
gure d'une  femme  qui  tient  d'une  main 
un  compas  et  de  l'autre  un  niveau  garni 
de  son  plomb. 

Homologue,  adj.  Il  se  dit  des  côtés  qui, 
dans  des  figures  rectilignes  semblables ,  se 
correspondent  etsont  opposés  à  des  angles 
égaux.  Dans  les  triangles  semblables ,  les 
côtés  homologues  sont  proportionnels.  [  En 
latin  liomologus,  du gvecliomos,  semblable, 
et  logos,  rapport.  ) 

Horizontal,  aie.  adj.  Parallèle  à  l'hori- 
zon. Ligne  horizontale.  Plan  horizontal.  Ca- 
dran horizontal.  Celui  qui  est  décrit  sur  un 
plan  parallèle  à  l'horizon.  (  Du  grec /lortzô, 
je  borne.) 

Horizontalement,  adv.  Parallèlement 
à  l'horizon.  Un  cadre  placé  horizontalement. 
Hypoténuse,  s.  1".  Le  côté  qui  est  op- 
posé à  l'angle  droit  dans  un  triangle  rec- 
tangle. L'hypoténuse  est  le  plus  grand  des 
irais  côtés  d'un  triangle  rectangle.  (  Acad,  ) 
Le  quarre  construit  sur  l'hypoténuse  d'un 
triangle  rectangle  est  égal  â  la  somme  des 
quarrés  construits  sur  les  deux  autres  côtés. 
(  En  latin  hypotenusa,  du  grec  hypo,  sous, 
et  téinô,  je  tends.) 

Incidence,  s.  i'.  La  rencontre  d'une  ligne 
ou  d'une  suri'ace  avec  une  autre  ligne  ou 
une  autre  surface.  Point  d'incidence,  Le 
point  où  la  rencontre  a  lieu.  Angle  d'inci- 
dence. L'angle  formé  par  le  rayon  incident 
avec  la  surface  rencontrée.  (  Du  latin  inci- 
dere,  tomber  sur.) 

Incident,  adj.,  sert  pour  qualifier  les 
rayons  lumineux  dans  l'acte  de  leurren- 
coHlreavec  les  surfaces  des  corps.  (Acad.) 
Hayon  incident. 


Inscrire  une  figure  dans  une  autre  ,  Tra- 
cer dans  l'intérieur  d'une  figure  une  autre 
figure  qui  en  touche  les  contours  intérieu- 
rement. Inscrire  un  triangle  dans  un  cercle. 
Inscrire  un  cercle  dans  un  quarre,  (En  latin 
inscribere.) 

Intersection,  s.  f.  Point  où  deux  lignes, 
deux  plans  ,  etc. ,  se  coupent  l'un  l'autre, 
s'entrecoupent.  Le  centre  d'un  cercle  ext  si- 
tué à  l'intersection  de  deux  diamètres.  Point 
d'intersection.  Ligne  d'intersection ,  Ligne 
où  deux  surfaces  se  coupent.  L'intersection 
de  deux  plans  est  une  ligne  droite,  et  celle  de 
deux  volumes  qui  se  coupent  une  surface 
plane  ou  courbe.  {Un  laiin  intersectto ,  de 
inter,  entre,  et  secarc,  couper.) 

Incommensurabilité,  s.  f.  Etat,  carac- 
tère de  ce  qui  est  incommensurable. 

Incommensurable,  adj.  11  se  dit  de 
deux  grandeurs  qui  n'ont  point  de  com- 
mune mesure.  Le  côté  d'un  carré  et  sa  dia- 
gonale sont  incommensurables. 
Isocèle,  adj.  Voyez  Triangle. 
Xigne.  s.  f.  Trait  simple  considéré 
comme  n'ayant  ni  largeur  ni  profondeur. 
Ligne  droite.  Celle  qui  va  d'un  point  à  un 
autre  par  le  plus  court  chemin.  Ligne 
courbe ,  Celle  qui  n'est  ni  droite  ni  formée 
de  lignes  droites.  Ligne  brisée.  Celle  qui  se 
compose  de  lignes  droites,  mais  dirigées 
dans  divers  sens.  Mener,  tirer  une  ligne  pa- 
rallèle à  une  autre.  Ligne  perpendiculaire, 
verticale,  horizontale,  oblique,  circulaire, 
elliptique.  Une  ligne  spirale.  Tirer  une  ligne 
d'un  point  à  un  autre.  Tracer  des  lignes.  On 
trace  des  lignes  droites  ,  on  décrit  des  lignes 
courbes.  En  termes  de  Fortification,  Ligne 
fichante.  Ligne  de  feu  dont  le  projectile, 
partant  du  liane  d'un  bastion,  frappe  la  face 
du  bastion  voisin.  Ligne  rasante.  Ligne 
droite  qui,  partant  du  liane  d'un  bastion, 
se  trouve  être  dans  la  direction  de  la  face 
du  bastion  voisin.  La  ligne  de  défense  fi- 
chante est  opposée  à  la  ligne  de  défense  ra- 
sante, (En  latin  linca,  de  linum ,  lin:  fil 
de  lin.) 

STormale.  s.  f.  Ligne  verticale  ou  per- 
pendiculaire. Les  corps  tombent  suivant  la 
normale.  (En  latin  norrnalis  ,  fait  à  l'é- 
querre  ,  de  norma  ,  équerre.  ) 

Oblique,  adj.  Qui  est  de  biais  ou  incli- 
né. Ligne  oblique.  Plan  oblique.  Couper  un 
cône  par  une  section  oblique.  Il  a  le  regard 
oblique.  Sphère  oblique.  Celle  où  l'équateur 
n'est  ni  parallèle  ni  perpendiculaire  à  l'ho- 


i8S  ORAMMAIIIE 

lizon.  Figurûnient ,  Sa  conduite  est  obli- 
que, t;tc.  (En  latin  obliquus.) 

Obliquité,  s.  f.  Incliiinison.  L'obliquité 
d'une  ligne.  L'obliquité  de  l'ccliplique.  L'an- 
5;le  que  rccliplique  l'ait  avec  l'équateur,  t;! 
qui  est  d't'nviron  viiii^t-liois  liegrcs  vingt- 
huit  minutes.  (En  lalin  ob/iquila.i,') 

Oblong,  ongue.  adj.  IJeaucoiip  plus  long 
que  large.  Un  qnarré  oblong.  Ce  jardin  est 
d'une  figure  oblongue.  11  se  dit,  en  librai- 
rie,  des  livres  qui  ont  moins  de  hauteur 
que  de  largeur.  Un  in  folio  oblong.  Les  li- 
vres de  musique  sont  souvent  obiongs.  (En 
latin  oblongus.  ) 

Ordonnée,  s.  f.  Ligne  dioite  tirée  d'un 
point  de  la  circonférence  d'une  courbe 
perpendiculairement  à  son  axe.  Voyez 
GooRDuNis'KES,  et  Abscisse. 

Ordre,  s.  m.  Classe.  On  distingue  divers 
ordres  de  lignes  correspondant  aux  degrés 
des  équations  gui  les  représentent.  Les  lignes 
droites  composent  le  premier  ordre,  dont  l'é- 
quation ne  s'élève  qu'au  premier  degré  ;  les 
sections  coniques  le  deuxième ,  doal  l'équa- 
tion ne  s'élève  qu'au  deuxième  degré  ;  et  les 
autres  courbes  le  troisième  ,  le  quatrième,  le 
cinquième  ,  etc. ,  suivant  que  leurs  équations 
sont  du  troisième,  du  quatrième ,  du  cin- 
quième degré. 

Parallèle,  adj.  et  s.  f.  Il  se  dit  d'une 
ligne  ou  d'une  surl'ace  également  distante 
d'une  autre  ligne  ou  d'une  autre  surface 
dans  toute  sont  étendue.  Deux  lignes  droi- 
tes, perpendiculaires  à  une  troisième,  et  deux 
obliques  dirigées  dans  le  môme  sens  et  éga- 
lement inclinées,  sont  parallèles.  Les  tro- 
piques et  l'équateur  sont  parallèles.  Deux 
rues  parallèles.  Tirer  une  ligne  parallèle  à 
une  autre,  une  parallèle.  La  théorie  des  pa- 
rallèles. (En  ^lec  parallclos.) 

Parallèlement,  adv.  D'une  manière  pa- 
rallèle. Ces  murs  sont  construits  parallèle- 
ment, parallèlement  les  uns  aux  autres. 

Parallélisme,  s.  m.  Etat  de  deux  lignes, 
de  deux  plans  parallèles.  Il  y  a  un  défaut 
de  parallélisme  entre  les  deux  galeries  du 
Louvre.  (  Acad.  ) 

Paramètre,  s.  m.  Ligne  constante  et 
invariable  qui  entre  dans  l'équation  ou 
dans  la  construction  d'une  courbe  ,  et  qui 
sert  de  mesure  fixe  pour  la  comparaison 
des  ordonnées  et  des  abscisses.  Le  para- 
mètre d'une  parabole  est  égal  à  quatre  fois 
ta  distance  du  foyer  de  la  parabole  au  som- 
met. Le  paramètre  d'une  ellipse  est  la  troi- 
néme  proportionnel  leau  grand  axe  et  au  pe'it. 


«•nANÇAISE. 

(  Du  grec  para,  à  côté,  et  métron,  mesure.) 

Périmètre,  s.  m.  Circonférence  ,  con- 
tour. Le  périmètre  d'une  figure.  Dans  tes 
figures  circulaires  le  périmètre  est  appelé  pé- 
riphérie ou  circonférence.  (  Du  grec  péri, 
autoin-,  et  mèlron,  mesure.) 

Périphérie,  s.  f.  Circonférence, contour 
d'une  figure  curviligne.  (Du  gvec  péri,  au- 
toiw,  et  phèrû,  je  porte.  ) 

Perpendiculaire,  adj.  Qui  se  dirige  à 
angles  droits,  en  formant  un  angle  droit. 
Ligne  perpendiculaire  à  une  autre  ligne,  à 
une  surface.  Tirer  une  ligne  perpendiculaire. 
il  signifie  quelquefois.  Vertical.  Ligne  per- 
pendiculaire. Direction  ,  position  perpen- 
diculaire. Substantivement,  en  géométrie, 
Tirer,  élever,  abaisser  une  perpendiculaire. 
(Du  lalin  perpendicularis ,  qui  pend,  qui 
tombe  d'aplomb.  ) 

Perpendiculairement,  adv.  En  situa- 
tion perpendiculaire.  Une  ligne  qui  tombe 
perpendiculairement  sur  une  autre. 

Perpendicularité.  s.  f.  Etat  de  ce  qui 
est  perpendiculaire.  La  perpendicularité 
d'une  ligne. 

Plan,  ane. adj.  Surface  plane,  Surface  sur 
la  quelle  une  ligue  droite  peut  s'appliquer 
complètement  dans  toutes  les  directions. 
Angle  plan.  Angle  tracé  sur  une  surface 
plane.  Figure  plane.  Figure  plate  et  unie. 
Carte  plane  ou  plate.  Carte  géographique 
dans  laquelle  une  portion  plus  ou  moins 
étendue  delà  terre  est  figurée  comme  si  la 
surface  de  la  terre  était  plane.  Miroir  plan, 
verre  plan,  Miroir,  verre  dont  la  surface 
est  plane;  par  opposition  à  miroir,  verre 
convexe  ou  concare. 

Plan.  s.  m.  Surface  plane,  Superficie 
plate.  Plan  liorizontal.  Plan  vertical.  Plan 
incliné.  Tracer  une  ligne  sur  un  plan.  Ligne 
parallèle  à  un  plan.  Une  ligne  est  parallèle 
d  un  plan,  lorsque  leur  distance  respective 
reste  toujours  égale,  si  loin  qu'on  les  pro- 
longe. La  condition  du  parallélisme  des  plans, 
comme  de  celui  des  lignes,  est  qu'ils  ne 
puissent  Jamais  se  rencontrer,  à  quelque 
dislance  qu'on  les  prolonge.  Lorsque  deux 
plans  se  coupent  ,  leur  intersection  ou 
arèle  commune  est  nécessairement  une  ligne 
droite.  L'angle  de  deux  plans  est  la  quantité 
plus  ou  moins  grande  dont  ils  s'écartent  l'un 
de  l'autre.  Les  angles  formés  par  deux  plans 
peuvent  cire  aigus,  droits,  ou  obtus.  On  les 
mesure  par  l'angle  rectiligne  que  font  en- 
tre elles  les  deux  droites  perpendiculaires 
menées  dans  le  plan  au   même  point  de 


SIGNES    DIVEUS.    GEOMETRIE. 


489 


l'arête  commune.  Les  plans  sont  mutuelle- 
ment perpendiculaires ,  lorsque  les  angles 
formés  par  leur  intersection  son  droits-  Les 
intersections  de  deux  plans  parallèles  à  un 
troisième  sont  parallèles.  La  ligne  parallèle 
à  une  droite  située  dans  un  plan  est  paral- 
lèle à  ce  plan.  Une  droite  étant  perpendicu- 
laire à  un  plan,  tout  plan  conduit  par  cette 
droite  sera  perpendiculaire  au  premier.  Si 
deux  plans  sont  perpendiculaires  entre  eux  et 
que  dans  l'un  d'eux  on  mène  une  droite  per- 
pendiculaire à  l'intersection  commune,  cette 
ligne  sera  perpendiculaire  d  l'autre  plan ,  et 
réciproquement.  Si  deux  plans  se  rencontrent 
de  telle  manière  qu'une  droite  menée  dans 
l'un  d'eux  perpendiculairement  à  l'intersec- 
tion, soit  en  même  temps  perpendiculaire  à 
l'autre  plan,  ces  deux  plans  seront  mutuelle- 
ment perpendiculaires.  (Du  latin  planas, 
plat,  uni.) 

Point,  s.  m.  La  plus  petite  portion  d'é- 
tendue qu'il  soit  possible  de  concevoir, 
ou  plutôt,  Ce  que  l'on  conçoit  comme 
n'ayant  aucune  étendue.  Les  mathémati- 
ciens disent  que  ta  ligne  n'est  considérée  que 
comme  la  trace  d'un  point  en  mouvement. 
(AcAD.)  Le  point  mathématique  est  l'extré- 
mité de  la  ligne,  (Id.)  (En  latin  punctum.) 

Polyèdre,  s.  m.  Corps  solide  à  plusieurs 
faces;  corps  solide  terminé  par  des  plans 
ou  surfaces  planes  dont  les  intersections 
sont  des  lignes  droites.  Ces  intersections 
s'appèlent  côtés  ou  arêtes  des  polyèdres. 
Lorsque  trois  plans  se  réunissent  en  un 
seul  point  et  sont  adjacents,  l'espace  angu- 
laire qai'ils  comprennent  prend  le  nom 
d'angle  solide.  En  fermant  par  un  qua- 
trième plan  la  base  de  l'angle  solide,  on 
forme  un  tétraèdre  ou  solide  qui  a  quatre 
faces.  Polyèdre  semblables ,  Dont  les  faces 
homologues  sont  semblables,  et  les  angles 
solides  correspondants  tous  égaux.  Polyè- 
dre régulier.  Polyèdre  irrégutier.  Les  polyè 
dres  réguliers  sont  des  solides  terminés  de 
tous  côtés  par  des  polygones  réguliers  égaux, 
et  dont  tous  les  angles  solides  sont  égaux  en- 
tre eux.  Il  n'en  existe  que  cinq  :  le  tétraè- 
dre, Vexaèdre  ou  cube,  l'octaèdre ,  le  dodé- 
caèdre, etVicosaèdre,  qui  ont  respective- 
ment quatre,  six,  huit ,  douze  ou  vingt  fa- 
ces. (Du  grec /5o/ys,  plusieurs  ,  et  tiédra, 
siège ,  base.) 

Polygone,  adj.  Qui  a  plusieurs  angles 
et  plusieurs  côtés.  Une  forteresse  de  figure 
polygone.  (Acad.)  U  est  aussi  substantif 
masculin.  Un  polygone  ou  figure  recliligne 

T.  II. 


est  un  espace  compris  entre  plusieurs  li- 
gnes droites.  Son  contour  prend  le  nom  de 
périmètre.  Toute  ligne  menée  du  sommet 
d'un  de  ses  angles  à  un  autre  s'appèle  dia- 
gonale. La  somme  de  tous  les  angles  d'un 
polygone  est  égale  à  autant  de  fois  deux  an- 
gles droits  qu'il  y  a  de  côtés  ,  moitis  deux, 
1 — ~\^Polygone  régulier.  Celui  dont  tous 
I  '  Jx^les  angles  et  les  côtés  sont  égaux. 
Tout  polygone  régulier  peut  être  inscrit  dans 
le  cercle  et  peut  lui  être  circonscrit.  Tous  les 
côtés  du  polygone  sont,  par  rapport  à  la  cir- 
conférence, des  cordes  égales  et  par  là  même 
également  éloignées  du  centre.  L'aire  d'un 
polygone  régulier  a  pour  mesure  le  produit 
de  son  périmètre  par  la  moitié  du  rayon  du 
cercle  inscrit.  Polygone  irrégutier.  Cette  fi- 
gure est  un  polygone  irrégulier.  Les  côtés,  les 
angles  d'un  polygone.  (  Du  grec  polus,  plu- 
sieurs, el  gonia,  angle.) 

Polygone,  En  terme  de  foi'tiCcotion ,  Figure  qui  déter- 
mine la  forme  générale  du  tracé  d'une  place  d«  guerre. 
Polygone  extérieuFt  Celui  qui  est  formé  de  lignes  unissant 
deux  à  deux  les  angles  saillants  des  haslions.  Polygone  In- 
téHeiir,  Celui  qui  est  formé  par  les  courtines  de  l'enceinte 
prolongées  jusqu'à  ce  qu'elles  se  rencontrent  dans  l'inté- 
rieur des  bastions. 

Polygone,  L'endroit  où  l'on  exerce  les  artilleurs  aux 
manœuvres  du  canon  et  des  autres  armes  à  feu  de  grande 
portée.  C'est  proprement  une  butte  de  terre,  à  plusieurs 
cotés  et  à  plusieurs  angles,  qui  sert  de  point  de  mire. 

Proportionnel,  elle.  adj.  Qui  est  en 
proportion  avec  des  quantités  du  mèuie 
genre.  Parties  proportionnelles.  Lignes  pro- 
portionnelles. Les  parties  de  deux  cordes  qui 
se  coupent  dans  un  cercle  sont  réciproque- 
ment proportionnelles.  Echelle  proportion' 
nelle.  Substantivement,  Les  deux  propor- 
tionnelles. Une  troisième,  une  quatrième 
proportionnelle.  Moyenne  proportionnelle, 
La  racine  carrée  du  produit  de  deux  nom- 
bres. 

Proportionnellement,  adv.  Avec  pro- 
portion. Réduire  proportionnellement  un 
grand  plan,  un  grand  dessin,  à  un  petit. 

Quadrangulaire.  adj.  Qui  a  quatre  an- 
gles. Figure  quadrangulaire.  (En  latin  qua- 
drangularis.  ) 

Quadratrice.  s.  f.  Courbe  inventée  par 
les  anciens  pour  parvenir  à  la  quadratiu-e 
approchée  du  cercle.  La  quadratrice  de  Di- 
nostrate.  C'est  une  courbe  mécanique  qui 
se  forme  par  l'intersection  des  rayons  d'un 
quart  de  cercle  avec  ime  règle  qui  se  meut 
imiformément  et  parallèlement  à  l'un  des 
rayons  extrêmes  de  ce  quart  de  cercle. 

Quadrature,  s.  f.  (  Prononcez  coua-  ). 
Réduction  de  quelque  figure  curviligne  à 

C2 


•iîlO 


GRAMMAIRE   FRANÇAISE. 


nu  qiiarri' éqnivalenl  (jn  siiilacc.  Lu  (/iiadra- 
luro  dit  cercle  est  regardée  connue  un  pro- 
hlcme  insoluble.  Il  consiste  il  évaluer  la  siir- 
i'ace  du  cercle ,  ce  qu'on  nr.  peut  l'aire  qu'en 
réduisant  le  cercle  en  quarré,  le  quarré 
étant  la  uiesuie  commune  de  toute  surface. 
Mais  pour  ci^la  il  faudrait  connaître  le  rap- 
port exact  du  diamètre  à  la  circonférence; 
rapport  qu'on  n'a  pu  déterminer  qu'appro- 
ximativement.  Archiuiède  a  trouvé  qu'il 
était  comme  7  à  22.  Les  modernes  en  ont 
approché  de  plus  près.  (Du  latin  f/uadra- 
lurn. ) 

Quadrilatère,  s.  m.  Figure  qui  a  qua- 
tre cùtés  ,  et  conséquemment  quatre  an- 
gles. Les  côtés  ,  les  angles d' un  (juadrilalcre. 
Le  parallélogramme,  le  losange,  le  quarré, 
sont  des  quadrilatères.  Quadrilatère  quian- 
gle.  (En  latin  quadrilaterus ,  de  quadrinus  , 
quatre,  et  latus,  lateris ,  côté.) 

Quart  de  cercle,  s.  m.  Instrument  qui 
est  la  quatrième  partie  d'un  cercle  divisé 
par  degrés,  minutes,  et  secondes.  On  se 
sert  du  quart  de  cercle  pour  prendre  les  hau- 
teurs ,  les  distances ,  et  pour  faire  plusieurs 
autres  opérations. 

Rayon,  s.  m.  Le  deini-dia mètre  d'un 
cercle ,  ou  la  ligne  droite  tirée  du  centre  à 
la  circonférence.  Ce  cercle  a  tant  de  pieds 
de  rayon.  Tous  les  rayons  d'un  cercle  sont 
égaux  entre  eux.  (En  latin  radius.) 

Rectangle,  adj.  Triangle  rectangle, 
qui  a  un  angle  droit.  Parallélogramme  rec- 
tangle, qui  a  ses  quatre  angles  droits.  Il 
s'emploie  aussi  substantivement ,  et  signi- 
fie, Un  parallélogramme  qui  a  ses  quatre 
angles  droits.  Tracer  un  rectangle.  On  l'ap- 
pelé aussi  quarré  long  ou  oblong.  (Du  latin 
reclus,  Avo'it.  ,&t  angulus,  angle.) 

Rectangulaire,  adj.  Figure  rectangu- 
laire, qui  a  quatre  angles  droits.  Triangle 
rectangulaire ,  qui  a  un  angle  droit. 

Rectili^ne.  adj.  Terminé  par  des  lignes 
droites.  Triangles  rectilignes  ,  par  opposi- 
tion à  triangles  curvilignes  ou  sphériques. 
(  Du  latin  rectus,  droit,  et  linea,  ligne.) 

Scalène.  adj.  Voyez  Triangle. 

Sécante,  s.  f.  Droite  menée  du  centre 
d'un  cercle  à  l'extrémité  d'un  arc  ,  et  ter- 
minée à  la  tangente  de  cet  arc.  Sécante 
d'un  angle.  Table  des  sécantes.  (  Du  latin 
secare ,  couper.  ) 

Section,  s.  f.  Partie  de  l'espace  où  des 
lignes  ,  des  plans  ,  des  surfaces  courbes  se 
coupent  mutuellement.  Deux  surfaces  qui 
se  rencontrent  ont  pour  section    une  ligne 


droite,  ou  une  ligne  courbe,  ou  un  point. 
Une  surface  et  un  solide  peuvent  avoir  pour 
section  une  surface.  Section  conique.  Section 
d'un  cùne  par  un  plan.  (En  latin  seclio, 
(je  secare  ,  couper.  ) 

Segment,  s.  m.  Partie  d'un  cercle  com- 
prise entre  un  arc  quelconque  et  sa  corde. 
Segment  de  cercle.  Segment  splièrique,  Le 
solide  entendre  par  un  segment  de  cercle 
tournant  autour  de  la  partie  du  rayon  qui 
passe  par  le  milieu  de  l'arc.  (En  latin  seg- 
ment um  ,  Ae  secare ,  couper.) 

Semblable,  adj.  Pareil ,  qui  ressemble  , 
qui  est  de  même  nature,  de  même  qualité. 
Figures  semblables ,  Celles  dont  tous  les 
angles  sont  respectivement  égaux,  et  dont 
les  côtés  homologues,  c'est  à  dire,  adja- 
cents à  des  angles  égaux  et  semblablement 
disposés  dans  les  deux  figures,  sont  pro- 
portionnels. Deux  f  gares  égales  sont  tou- 
jours semblables  ,  mais  deux  figures  sem- 
blables peuvent  être  souvent  fort  inégales. 

Sinus,  s.  m.  La  ligne  droite  menée  per- 
pendiculairement d'une  des  extrémités 
d'un  arc  sur  le  rayon  qui  passe  par  l'autre 
extrémité.  On  le  désigne  par  l'abréviation 
sin.  Table  des  sinus,  des  tangentes ,  et  des 
sécantes.  Sinus  verse,  La  partie  du  rayon 
comprise  entre  le  sinus  et  l'extrémité  de 
l'arc.  Sinus  total ,  Le  sinus  d'un  arc  ou 
d'un  angle  de  90  degrés  ,  lequel  est  égal  au 
rayon.  (  Mot  latin.) 

Solide,  adj.  et  s.  m.  L'étendue  considé- 
rée comme  ayant  les  trois  dimensions , 
longueur,  largeur,  et  profondeur  ou  épais- 
seur. 11  est  opposé  à  ligne  et  à  superficie 
ou  surface,  La  géométrie  mesure  les  corps 
solides,  les  solides.  Angle  solide.  Angle  com- 
posé de  trois  angles  plans  ou  davantage  , 
qui  se  rencontrent  dans  un  point.  (Du  latin 
solidus.) 

Solidité,  s.f.  Qualité  de  ce  qniestsolide. 
La  solidité  des  corps.  A  tort  ou  à  raison  les 
géomètres  en  font  encore  le  synonyme  de 
volume.  La  mesure  de  l'espace  déterminé 
par  la  forme  d'un  solide  ,  disent-ils  ,  est 
ce  qu'on  appelé  sa  solidité.  L'Académie  ne 
l'admet  en  ce  sens  que  dans  l'expression 
mesure  de  solidité,  qu'elle  définit.  Mesure 
servant  à  mesurer  les  solides.  Mais  l'Aca- 
démie n'est  pas  la  première  académie  dn 
monde  pour  rien.  Je  ne  sais  où  elle  a 
trouvé  que  solidité  et  solidarité  sont  syno- 
nymes. 

Solidité  convient  paifailcment  pour  ex- 


SIGNES    DIVERS 

primer  le  volume  apparent  des  corps.  (  Du 
latin  soUditas,  ) 

*  Pour  unité  de  mesure  dans  l'éTaluatiou  des  eolldités 
ou  volumes,  on  est  convenu  de  prendre  le  cu6e  construit 
sur  Tunité  de  la  longiieui*,  c'est  à  dire,  un  cube  dont 
chaque  arête  est  égale  à  cette  unité,  un  cube  dont  les  six 
carrés  de  la  surface  ontpour  côté  cette  unité  de  longueur. 
On  appelé  mètre  fu6e,  toise  cube,  pied  cube,  etc.,  les  cubes 
ayant  pour  faces  des  mètres  carrés,  des  toises  carrées, 
des  pieds  carrés.  On  les  désigne  par  m.  c,  t,  r. ,  p.  c,  etc. 

Sommet,  s.  m.  En  général.  Le  haut, 
la  partie  la  plus  élevée  d'une  chose  quel- 
conque. En  Géomélrie  ,  Le  point  le  plus 
élevé  d'une  figure  ou  d'un  corps,  l.e  sorn- 
met  d'un  angle.  Le  point  où  viennent  se 
réunir  les  deux  lignes  qui  forment  cet  an- 
gle. Angles  opposés  au  sotnmet  ,  Angles 
dont  les  pointes  ou  sommets  sont  opposés, 
dont  l'un  est  (brnié  par  le  prolongement 
des  côtés  de  l'autre.  Le  sommet  d'unecourbc. 
Le  point  de  la  courbe  où  sa  courbure  s'ar- 
rondit symétriquement,  de  manière  à  y 
borner  son  extension  ;  l'extrémité  de  l'axe 
d'une  courbe  qui  a  deux  parties  égales  et 
semblables,  également  et  sembiablement 
situées  par  rapport  à  son  axe.  Dans  son 
acception  la  plus  étendue.  Le  point  où  uue 
courbe  est  coupée  par  son  axe  ou  son  dia- 
mètre. Le  sommet  d'une  parabole  est  ait 
point  où  elle  coupe  son  axe.  L'ellipse  a  qtta- 
tre  sommets.  (  Du  latin  summitas.) 

Sous-normale,  s.  f.  La  partie  de  l'axe 
d'une  courbe  qui  est  comprise  entre  les 
deux  points  où  l'ordonnée  et  la  perpendi- 
culaire à  la  courbe  menée  du  point  tou- 
chant viennent  rencontrercet  axe  ;  en  d'au- 
tres termes  ,  Portion  de  l'axe  d'une  courbe 
intercepléeentrel'exlrémité  de  l'ordonnée 
et  le  point  où  la  perpendiculaire  à  la  tan- 
gente tirée  de  l'autre  extrémité  de  l'ordon- 
née coupe  l'axe  de  la  courbe.  La  sous-nor- 
maie  de  la  parabole  est  constante  et  égale  à 
la  moiliè  du  paramètre. 

Sous-perpendiculaire,  s.  f.  Synonyme 
de  sous  normale. 

Sous-tangente,  s.  f.  La  partie  de  l'axe 
d'une  courbe  qui  est  comprise  entre  l'or- 
donnée et  la  tangente  correspondante. 

Sous-tendante.  s.  1'.  La  ligne  droite  qui, 
menée  d'un  point  d'une  courbe  à  un  au- 
tre ,  forme  la  corde  de  l'arc  compris  entre 
eux. 

Spiral,  aie.  adj.  Qui  a  la  figure  d'une 
spirale.  Forme  spirale.  Ligne  spirale.  Le 
ressort  spiral ,  ou  substantivement,  le  spi- 
ral d'une  montre.  Des  ressorts  spirattx. 

Spirale,  s.  f.  Courbe  qui  fait  une  ou 
plusieurs  révolutions  autour  d'un  point  ou 


.  GÉOMÉTIUE.  '(Oî 

elle  commence  ,  et  dont  elle  s'ecarle  tou- 
jours de  plus  en  plus.  Il  y  a  une  infinité  de 
sortes  de  spirales,  parmi  les  quelles  celle 
d' Archimède  est  la  plus  célèbre.  (  Acad.  )  En 
spirale.  En  l'orme  de  spiiale.  La cliainc  d'une 
montre  se  roule  en  spirale  autour  do  la  fusée. 
(  Du  latin  spira,  tour.) 

Spire,  s.  f.  Un  des  tours  de  la  ligne  spi- 
rale. 

Superficie,  s.  f.  La  surface  ou  l'étendue 
d'un  corps  solide  ,  considéré  quant  à  sa 
longueur  et  à  sa  largeur,  sans  égard  à  sa 
profondeur  ,  à  son  épaisseur.  La  superficie 
des  corps.  Dans  le  langage  ordinaire  ,  La 
simple  surface  ,  l'étendue  d'une  surface. 
La  superficie  d'un  champ.  Mesurés  de  super- 
ficie. Il  se  dit  aussi  de  la  surface  des  corps, 
considérée  comme  ayant  quelque  épais- 
seur. Enlever  la  superficie  d'un  corps.  Fig., 
son  esprit  manque  de  profondeur,  il  n'a  que 
de  la  superficie. 

Surface,  s.  f.  Superficie.  Surface  plate  , 
unie,  raboteuse.  Une  stirface  plane.  Une 
surface  concave.  Une  surface  convexe.  Fig. , 
Extérieur  ,  dehors  ,  apparence.  Il  s'arrête 
(i  la  surface  des  choses. 

Tangence.  s.  f.  Synonyme  de  contact. 
Point  de  tangence.  Point  où  deux  lignes, 
deux  surfaces  se  touchent  sans  se  couper. 

Tangente,  s.  f.  Ligne  droite  qui  touche 
uue  courbe  sans  la  couper,  dans  quelqu'un 
de  ses  points.  Tirer  une  tangente,  mener 
une  tangent^  à  une  courbe.  La  tangente  du 
cercle  est  perpendiculaire  à  l' extrémité  du 
rayon.  La  tangente  d'un  angle  est,  dans  le 
cercle,  une  tangente  menée  a  l'une  des 
extrémités  de  l'arc  que  l'angle  embrasse  , 
et  terminée  au  prolongement  du  rayon 
qui  passe  par  l'autre  extrémité.  Prov.  et 
ûg.,  S 'échapper  par  la  tangente.  S'esquiver, 
se  tirer  d'affaire  adroitement.  (  Du  latin 
langens,  qui  touche.) 

Théorème,  s.  m.  Proposition  d'une  vé- 
rité spéculative  qui  se  peut  démontrer. 
Cette  proposition.  Dans  tout  triangle,  la 
somme  de  trois  angles  est  égale  à  deux  an- 
gles droits  ,  est  tm  théorème.  Un  problème 
est  une  question  à  résoudre,  suivant  les 
règles  de  la  science.  (En  grec  théorema, 
de  théoreô ,  je  contemple.  ) 

Tracer,  v.  a.  Tirer ,  disposer  les  lignes 
d'un  dessin,  d'un  plan,  sur  le  papier,  sur 
la  toile,  sur  le  terrain  ,  sur  un  mur,  etc. 
Tracer  des  lignes.  Tracer  un  plan.  Tracer 
une  épure,  (Du  latin  tractare.) 


^^'^  GIUMRIAIIIE 

Triangulaire,  adj.  Qui  a  trois  eûtes  et 
trois  angles.  Figure  triangulaire. 

Trigonométrie,  s.  f.  La  partie  de  la 
gcomi'lric!  q\ii  enseigne  à  calculer  tons  les 
éléments  d'un  triangle  ,  quand  un  certain 
nombre  de  ces  éléments  sont  donnés. 
(  AcAD.  )  Les  triangles  étant  curvilignes  ou 
rcctillgncs ,  c'est  à  dire,  formés  par  des 
lignes  courbes  ou  par  des  lignes  droites  , 
on  distingue  la  trigonométrie  rectiligne  et 
la  trigonométrie  sphèrique.  La  connaissance 
de  la  trigonométrie  sphèrique  est  absolument 
nécessaire  aux  astronomes.  (  Du  grec  Irigô- 
non,  triangle  ,  et  wc/roji,  mesure.) 

Trigonométrique.  adj.  Qui  appartient 
à  la  trigonométrie.  Calcul  trigonométrique. 
Opérations  trigonométriques. 

Trigonométrîquement.  adv.  Suivant 
les  règles  de  la  trigonométrie.  Cette  carte 
a  été  levée  trigonométrîquement. 

Vertical,  aie.  adj.  Perpendiculaire  au 
plan  de  l'horizon.  Ligne  verticale.  Cadran 
vertical.  Plan  vertical.  Les  cercles  verticaux . 
(  Du  latin  vertex ,  verticis ,  sommet  de  la 
tête,  faîte.  ) 

Verticalement,  adv.  Perpendiculaire- 
ment au  plan  de  l'horizon.  Plan  posé  verti- 
calement. 

Volume,  s.  m.  L'étendue  d'un  corps 
considéré  relativement  à  la  grandeur  de  ses 
dimensions.  Un  mètre  cube  de  bois  et  un 
mètre  cube  de  fer  sont  égaux  en  volume, 
mais  7ion  en  pesanteur  ni  en  densité.  11  y  a 
le  volume  apparent,  et  le  volf^me  réel.  Le 
volume  apparent  est  le  seul  que  nous  puis- 
sio7is  connaître.  Pour  avoir  le  volume  réel 
d'un  corps ,  il  faudrait  pouvoir  se  mettre  en 
contact  avec  les  particules  inatérielles  qui 
constituent  ce  corps.  Pour  distinguer  entre 
ces  deux  volumes,  les  géomètres  se  ser- 
vent du  mot  solidité,  qui  exprime  le  vo- 
lume apparent.  (Du  latin  volumen.) 

Zone.  s.  f.  Il  se  dit  ,  en  géométrie  ,  des 
divisions  d'une  sphère  ,  d'un  corps,  faites 
par  desseclions  parallèles.  (  Du  grec  zone, 
ceinture.  ) 

Z.IGB7i:S  ET  SURFACES. 

IiIGNE  DROITE.   Au  figuré 

comme  au  propre,  la  ligne  droite  est  la  plus 
courte.  Pour  diviser  une  droite  en  parties 
égales,  il  faut,  par  l'une  de  ses  extrémités, 
mener  une  oblique  indéfinie,  prendre  sur 
cette  oblique  autant  de  fois  une  certaine 
longueur  qu'il  y  '"*  de  jjarlies  cherchées,  et 
joindre  le  dernier  point  de  division  à  l'autre 


FKANÇAISE. 

extrémité  de  la  droite  ;  menant  alors,  par 
les  points  traversés,  autant  de  parallèles  à 
la  base  du  triangle  ,  la  droite  donnée  est 
partagée  en  parties  égales. 

ZiIGNE  COURBE. 
XiGNE  BRISÉE. 
XiGNES   PARALLÈLES. 


Xiigne  perpendiculaire.  Pour 
élever  ,  par  un  point  donné  ,  une 
perpendiculaire  sur  une  droite, 
prenez  sur  cet  te  droite  deux  points 
également  distants  du  premier.  De  ces 
points  comme  centres  et  avec  un  rayon 
plus  grand  que  leur  distance  du  point 
donné,  décrivez  deux  arcs  de  cercle.  En 
joignant  ce  point  avec  l'intersection  des 
arcs,  vous  aurez  la  perpendiculaire  de- 
mandée. 


Iiîgne  verticale. 
Iiigne  horizontale. 

Xigne  oblique. 


A       j        Xiigne  circulaire. 
_)      Iiigne  elliptique. 


Signe  d'égalité. 

Angle.  Ouverture  de  deux  li- 
.  gnes  qui  se  rencontrent  en  un 
point,  degré  d'inclinaison  qu'elles 
-  ont  l'une  à  l'égard  de  l'autre. 
(  AcAD.  )  Toute  ligne  droite  qui  en  rencontre 
une  autre  fait  avec  celle-ci  deux  angles  ad- 
jacents ,  dont  la  somme  est  égale  à  deux  an- 
gles droits.  Le  sommet  d'un  angle,  La 
pointe  d'un  angle,  le  point  d'intersection 
des  deux  lignes  qui  le  forment.  Les  côtés 
d'un  angle.  Les  deux  lignes  qui  forment 
cet  angle.  La  grandeur  d'un  angle  ne  dé- 
pend que  de  l'écartement  de  ses  côtés.  Angle 
de  quarante-cinq  degrés,  de  cent  degrés. 
On  désigne  un  angle  par  trois  lettres. 
B  A  C  ,  en  ayant  soin  de  placer  au  milieu 


celle  du  sommet ,  ou  bien  par  celle  du 
sommet  seulement ,  lorsqu'il  n'appartient 
pas  à  plusieurs  angles  à  la  fois.  (  En  latin 
angulus ,  du  grec  ankiilos,  crochu.) 

Angles  droits  ,  l'ormés  par  une 
ligne  qui  tombe  verticalement 
sur  une  autre  ligne  horizontale. 
-angles  adjacents,  immédiatement 


SIGNES  DIVERS.  GÉOMÉTRIE.  495 

chacun.  Deux  triangles  sont  égaux  lorsqu'ils 
ont  les  trois  côtés  égaux  chacun  à  chacun. 
Deux  triangles  semblables  sont  entre  eux 
comme  les  quarrés  de  leurs  arcs  numériques. 


h: 


contigus  l'un  à  l'autre,  de  manière  à  avoir 
un  côté  commun. 

Angle  obtus  ,  Celui  dont  l'ou- 

Zverture  est  plus  grande  que  celle 
de  l'angle  droit.  (Du  lat.  obtusus, 
émoussé.  ) 

\  Angle  aigu,  Celui  dont  l'ou- 

\  verture  est  plus  petite  que  celle 
"■ de  l'angle  droit.  (Du  lat.  acutus.) 

Angles  égaux.  Deux  angles 
qui  ont  les  côtés  parallèles  chacun 
à  chacun,  et  dirigés  dans  le  même 
sens , sont  égaux. 

Triangi,::  ,  Figure  qui  a  trois 
côtés  et  trois  angles,  Espace  com- 
pris entre  trois  lignes  droites  se 
coupant  mutuellement. 

Triangle  rectangle  ,  Celui  qui 
a  un  angle  droit.  On  nomme  hy- 
poténuse ,  dans  un  triangle  rec- 
tangle ,  le  côté  qui  est  opposé  à 
l'angle  droit  et  qui  est  le  plus  grand. 

Triangle  amblygone ,  Celui 
qui  a  un  angle  obtus.  (  Du  grec 
amblus,  obtus,  émoussé,  et  gonia, 
angle.  )  On  l'appelé  plus  ordinai- 
rement ol^tusartgle. 

Triangle  oxygone ,  Celui  qui  a 
trois  angles  aigus,  (Du  grec  oxiis, 
aigu  ,  et  gonia,  angle.)  On  l'ap- 
pelé plus  ordinaire mentac«<an.!^/e 

Triangle   équilatéral  ,    Celui 

A  qui  a  ses  trois  côtés  égaux  entre 
eux.  (Du  latin  œquus,  œqui,  égal, 
et  lalus,  lateris ,  côté.) 

Triangle  isocèle,  Celui  qui  a 

A  deux  côtés  égaux  entre  eux.  (  En 
grec  isoskelês,  de  isos ,  égal,  et 
skélos  ,  jambe.)  Mieux  isoscéle. 


Triangle  scalène  ,  Celui  dont 
les  trois  côtés  sont  inégaux.  (  Du 
grec  skalénos ,  oblique,  inf:gal.  ) 

Triangles  égaux  ou  sembla- 
bles. Deux   triangles  sont  égaux 
^lorsqu'ils  ont  un  côté é^^at  adjacent 
(i    deux    angles  égaux    chacun  à 


Triangle  curviligne,  Celui  qui 
est  formé  par  des  lignes  courbes. 


Le  Triangle  rectiligne  est  celui  qui  est 
formé  par  des  lignes  droites.  Tr/rtn^/e-ç/^Aé- 
rique.  Celui  dont  les  côtés  sont  des  arcs  de 
grands  cercles  de  la  sphère. 

Tout  triangle  étant  la  moitié  d'an  paral- 
lélogramme de  même  base  et  de  même  hau- 
teur,  l'aire  d'un  triangle  est  égale  au  pro- 
duit de  sa  base  par  la  moitié  de  sa  hauteur. 
On  détermine  la  hauteur  d'un  triangle  en 
abaissant  une  perpendiculaire  du  sommet  à 
la  base.  Voyez  Parai.lkiogramme. 

Les  anciens  comparaient  Dieu  au  trian- 
gle équilatéral  ,  les  génies  au  triangle  isos- 
céle, et  l'homme  au  triangle  scalène. 

□  QUARRÉ,  Surface  plane,  figure 
qui  a  quatre  côtés  et  quatre  an- 
gles égaux.  C'estle9//«rré/)ac/flt7, 
dans  lequel  les  côtés  sont  égaux 
entre  eux.  Le  quarrc  a  pour  mesure  le 
produit  de  sa  base  par  sa  hauteur.  Pour  ins- 
crire un  quarré  dans  un  cercle ,  il  faut  tirer 
deux  diamètres  à  angles  droits  et  joindre  les 
arcs  interceptés  par  deux  cordes. 

Quarré  long,  Quadrilatère  dont 
les  côtés  opposés  sont  égaux  ainsi 
que  les  angles  opposés.  On  l'ap- 
pelé aussi  rectangle. 

Parallélogramme,  Quarré  long 


£ 


"~7qui  a  deux  angles  obtus  et  deux 
/  angle 


gles  aigus.  L'aire  du  parallélo- 
gramme a  pour  mesure  le  produit 
de  sa  base  par  sa  hauteur.  On  détermine  la 
hauteur  du  parallélogramme  en  élevant  une 
perpendiculaire  sur  sa  base.  (  Du  grec  pa- 
rallélos ,  parallèle,  et  gramma,  ligne.) 

Iiosange  ou  Rhombe  ,  Paral- 
lélogramme dont  les  quatre  côtés 
sont  égaux,  sans  que  les  angles 
soient  droits.  Dans  le  quarré,  ou- 
tre l'égalité  des  côtés,  les  angles  sont 
droits.  Chaque  diagonale  du  losange  et  du 
quarré  partage  la  figure  en  deux  triangles  iso  • 
cèles  dont  ers  mêmes  diagonales  sont  les 
bases.  Les  diagon  a  les  du  losange ,  com  me  ce  lies 
du  quarré,  secoupent  àangles droits.  {lihombe 
vient  dn  grec  Hhombos,  qui  signilie  lo- 
sange. ) 


GKAMMAIUE    FllA^ÇAlSE. 


Z^ 


Trapèze,  Quadrilatère  plan  , 
dont  deux  côtes  seulement  sont 
parallèles.    L'aire   du    trapèze  a 
pour  mesure  la  sontme  des  bases 
parla  moitié  de  ta  hauteur.  Trapèze  régulier. 
Trapèze  irrégulier ,  Quadrila- 
tère dont  aucun  côté  n'est  paral- 
lèle à  son  opposé.  (  En  latin  tra- 
^ pezum,  du  grec  tetra,  quatre,  et 
peza ,  pied. 

Pentagone  ,  Figure  qui  a  cinq 
angles  et  cinq  côtés,  lin  penta- 
gone régulier.  Un  pentagone  irré- 
gulier. Adjectivement ,  Figure 
pentagone.  (Du  grec  pente,  cinq,  et  gonia, 
angle.  ) 

Hexagone ,  Figure  qui  a  six 
angles  et  six  côtés.  (  Du  grec  hex, 
six  ,  et  gonia  ,  angle.  )  Un  hepta- 
gone. Un  octogone.  Un  décagone. 
Vn  undécagone.  Un  dodécagone.  Pour  ins- 
crire un  hexagone  régulier  dans  un  cercle  , 
il  suffit  de  porter  le  rayon  six  fois  sur  la  cir- 
conférence ,  et  de  Joindre  doux  à  deux  les 
points  de  division. 

Cercle,  Surface  planetermi- 
née  par  une  ligne  courbe  que  l'on 
nomme  circonférence,  et  dont  tous 
les  points  sont  également  distants 
d'un  autre  point  qu'on  appelé  centre. 

La  circonférence  d'un  cercle  peut  être  con- 
sidérée comme  le  périmètre  d'un  polygone  ré- 
gulier de  côtés  infiniment  petits. 

..-'TX 

Diamètre  d'un  cercle.  Le  dia- 
mètre divise  la  circonférence  en 
deux  parties  égales. 


Demi-diamètre,  rayon  ou  si- 
nus total.  70/(5  les  rayons  sont 
égaux. 

Demi-cercle.   Quart  de  cercle. 
I      7  Arc  de  cercle.  Corde  ou  sous-tcn- 

I ^   dante  de  l'arc.  Segineyit  de  cercle. 

Deux  cordes  égales  dans  un  même 
cercle  sont  également  éloignées  du 
centre;  et  de  deux  cordes  inégales 
la  plus  petite  est  la  plus  éloignée  du 
centre.  Sécante  d'un  cercle.  Tan- 
gente au  cercle. Deux  parallèles  tan- 
gentes. Deux  parallèles  dont  l'une 
-y    est  sécante,  l'autre'jangente. 


Cercles  concentriques,  qui  ont 
un  luèuic  centre. 


Cercles  excentriques,  Qui  ont 

des  centres  différents. 

Cercles  extérieurs  l'un  à  l'au- 

/<~N  r~\  *J"e.   Deux  cercles  sont  extérieurs 

v^  \_J  l'un  à  l'autre  quand  la   distance 

des  centres  est  plus  grande    que 

la  somme  des  rayons. 

Cercles  se  touchant  extérieu- 

œ  rement.  Deux  cercles  se  louchent 
extérieurement  quand  [la  dislance 
des  centres  est  égale  à  la  somme 
des  rayons. 

Cercles  se  touchant  intérieurement.  Deux 
cercles  se  touchent  intérieurement  quand 
la  distance  des  centres  est  égale  à  la  diffé- 
rence des  rayons. 

Cercles  qni  se  coupent.  Deux  cercles  se 
coupent  quand  la  distance  des  centres  est 
plus  courte  que  la  somme  des  rayons. 

Cercles  intérieurs  l'un  à  l'autre.  Deux 
cercles  sont  intérieurs  l'un  à  l'autre  quand 
la  distance  des  centres  est  plus  petite  que 
la  différence  des  rayons. 

La  circonféience  d'un  cercle  se  divise 
en  360  parties  égales  qu'on  nomme  degrés. 
Chaque  degré  comprend  60  minutes  ,  cha- 
que minute  60  secondes ,  chaque  seconde 
60  tierces  ,  etc.  On  divise  aussi  le  quart  du 
cercle  en  lOO  degrés  ;  chaque  degré  en  100 
minutes,  chaque  minute  en  100  secondes, 
et  ainsi  de  suite.  C'est  la  division  moderne 
adoptée  par  les  astronomes  français. 

"  Degré. 

'  Minute. 

"  Seconde. 

Les  arcs  de  cercle  servent  à  la  mesure  des 
angles.  Tout  angle  peut  être  mesuré  par  un 
certain  arc. 

Angle  au  centre.  Tout  angle 
qui  a  pour  sommet  le  centre  d'un 
cercle  se  notnme  Ahgle  au  centre. 
Tout  angle  au  centre  a  pour  me- 
sure l'arc  total  compris  entre  ses  côtés.  Si 
chacun  des  arcs  partiels  est  un  degré,  de 
même  évidemment  chacun  des  angles  par- 
tiels correspondants  sera  la  90'  partie  d'un 
angle  droit. 

Angle  inscrit.  Tout  angle  dont 
le  sommet  est  placé  sur  la  circon- 
férence d'un  cercle  se  nomme  angle 
inscrit.  Tout  angle  insciit  a  pour 


SIGNES  DIVERS.  GEOMETRIE. 


495 


mesure  la  moitié  de  l'arc  compris  entre  ses 
côtés. 

Tout  angle  dont  le  sommet  est 
dans  l'intérieur  du  cercle,  c'est 
à  dire  ,  en^re  le  centre  et  la  cir- 
conférence ,  a  pour  mesure  la 
moitié  des  arcs  compris  entre  ces  deux 
côtés  et  les  côtés  de  l'angle  opposé  au 
sommet. 

Tout  angle  dont  le  sommet  est 
au  dehors  du  cercle  a  pour  me- 
sure la  demi-diiférence  des  arcs 
compris  entre  ses  côtés. 

Tout  angle  formé  par  une  tan- 
gente et  une  corde  a  pour  mesure 
la  moitié  de  l'arc  compris  entre 
ses  côtés. 

Le  cercle  pouvant  être  regardé  comme 
un  polygone  régulier  d'une  infinité  de 
côtés,  son  aire  est  égale  àsonpéiimètreou  à 
sa  circonférence  multipliée  par  la  moitié 
du  rayon.  [Cercle  vient  du  mot  latin  cir- 
eu  lus  ,  dérivé  du  mot  grec  kirkos.) 

Ovale   ou   Ellipse ,    vulgaire- 

Oment,  Figure  ronde  et  oblongue  ; 
en  géométrie,  courbe  que  l'on 
forme  en  coupant  obliquement 
un  cône  droit  par  un  plan  qui  le 
traverse. 

lie  grand  axe  d'une  ellipse, 
La  ligne  menée  d'une  extrémité 
à  l'autre  d'une  ellipse  dans  le  sens 
de  sa  largeur.  Le  petit  axe  d'une 
ellipse,  La  perpendiculaire  menée  sur  le 
grand  axe.  Le  centre  d'une  ellipse.  Le  point 
où  ces  deux  lignes  se  coupent.  On  nomme 
foyers  certains  points  pris  dans  l'aire  de 
certaines  courbes  (ellipses,  paraboles, etc.), 
où  la  concentration  des  rayons  lumineux 
peut  s'opérer  d'une  manière  absolument 
rigoureuse.  L'ellipse  a  deux  foyers.  L'orbite 
de  la  terre  est  une  ellipse  dont  le  soleil  oc- 
cupe un  foyer.  On  distingue  encore  dans 
l'ellipse  l'excentricité  et  les  rayons  vecteurs. 
On  entend  par  excentricité  la  distance  du 
centre  d'une  ellipse  à  son  foyer,  et  par 
rayon  vecteur  le  rayon  tiré  d'une  planète 
qui  se  meut  autour  d'un  centre  ou  du  foyer 
d'une  ellipse  à  ce  centre  ou  h  ce  foyer, 
L'elUpsea  plusieurs  propriétés  remarquables. 
Si  l'on  place  im  flambeau  à  l'un  des  foyers 
d'un  miroir  dont  le  profil  est  une  ellipse  , 
les  rayons  réfléchis  par  cette  surface  vont 
se  réunir  à  l'autre  foyer.  Deux  personnes 
placées  aux  foyers  d'une  voûte  elliptique 
s'entendent  en   parlant  tout  bas.  Les  pri- 


sons de  Venise  étaient  construites  d'après 
ce  principe.  (  Du  grec  elleipsis  ,  défaut  , 
manque  ,  parce  que  dans  cette  courbe  le 
quarré  de  l'ordonnée  est  moindre  que  le 
rectangle  du  paramètre  par  l'abscisse. 
Voyez  ces  mots.  ) 

Parabole,  Ligne  courbe  qui 
résulte  de  la  section  d'un  cône 
quand  il  est  coupé  par  un  plan  pa- 
rallèle à  un  de  ses  côtés.  La  para- 
bole est  la  ligne  courbe  que  décrivent  les  projec- 
tiles lancés  par  les  bouches  à  feu.  La  parabole 
est  une  ellipse  à  un  seul  foyer  et  à  unseul  axe. 
Les  propriétés  de  la  parabole  sont  fondées  sur 
le  principe  que  tous  ses  points  sont  également 
distants  du  foyer  et  d'une  ligne  appelée  di- 
rectrice ,  dont  la  direction  est  perpendicu- 
laire â  celle  du  diamètre  de  la  courbe,  et 
qui  est  aussi  éloignée  de  son  sommet  que  ce- 
lui-ci l'est  du  foyer.  Miroir  parabolique , 
Courbé  en  parabole.  Ligne  parabolique, 
(  Du  grec  paraballô  ,  j'égale  ,  parce  que  , 
dans  cette  courbe  ,  le  quarré  de  l'or- 
donnée est  égal  au  rectangle  du  paramè- 
tre, au  lieu  qu'il  est  plus  petit  dans  l'el- 
lipse et  plus  grand  dans  l'hyperbole.  ) 

Hyperbole  ,  Courbe  qui  ré- 
sulte de  la  section  d'un  cône 
quand  il  est  coupé  par  un  plan 
qui,  prolongé  ,  rencontre  le  cône 
opposé.  Les  propriétés  de  l'hyper- 
bole. Les  asymptotes  de  l'hyper- 
bole. Surface  hyperbolique.  Figure 
hyperbolique.  Verre  hyperbolique. 
Miroir  hyperbolique,  (  Du  grec  huper,  au 
delà  ,  et  ballô ,  je  jète.) 

Iiigne  spirale ,  Courbe  qui  fait 
une  ou  plusieurs  révolutions  au- 
tour d'un  point  où  elle  com- 
mence, et  dont  elle  s'écarte  tou- 
jours de  plus  en  plus.  Il  y  a  une  infinité  de 
sortes  de  spirales,  parmi  les  quelles  celle 
d' Archiméde  est  la  plus  célèbre.  En  spirale  , 
En  forme  de  spirale,  La  chaîne  d'une  mon- 
tre se  roule  en  spirale  autour  de  la  fusée, 
(  Du  grec  speira  ,  tour.  ) 

SOIiIDUS. 


Cube  ou  Hexaèdre ,  Corps  so- 
lide régulier  qui  a  six  faces  quar- 
rées  égales.  Les  dés  dont  on  se  sert 
au  Jeu  de  trictrac  ont  la  forme  de 
(  Du  grec  hubos  ,  dé.  ) 


i'JO 


GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 


A  Tétraèdre,  Corps  réf^iilier 

É\       dont   la   surface   est   fbrince    de 

U  y     qiiatr»;  triangles  égaux  et  éqiiila- 

V^       téraux.   (  Du  grec  ietra,  quatre  , 

et  Itcdra,  siège  ,  base.) 
i\.  Octaèdre,  Corps  régulier  dont 

m  \      la   surface    est    formée    de    huit 
my      triangles  équilatéraux.  (Du  grec 
y/       oklô,  luiit ,  (illiédra,  siège.) 

Dodécaèdre  ,  Corps  régulier 
dont  la  surface  est  composée  de 
douze  pentagones  réguliers.  (Du 
gr.dodelia,  doute,el  liédra,  siège.) 
Icosaèdre,  Corps  régulier  dont 
les  faces  font  vingt  triangles  équi- 
latéraux. (Du  grec  cikosi,  vingt, 
et  hédra ,  siège  ,  base.  ) 

1  Prisme,  polyèdre  dont  toutes 

les  faces  latérales  sont  des  paral- 
lélogrammes adjacents  ,  et  les 
bases  des  polygones  égaux  paral- 
C~\  lèles.  La  bailleur  du  prisme  se  me- 
l\\  sure  par  ta  distance  des  bases. 
\\  Prisme  droit.  Prisme  incliné.  Pris- 
\^  me  triangulaire.  Prisme  quadran- 
giilaire.  Prisme  pentagone  [\). La  solidité  d' un 
prisme  quelconque  est  égale  au  produit  de  sa 
base  par  sa  hauteur.  Va  prisme  quelconque 
peut  être  décomposé  en  autant  de  prismes 
triangulaires  que  te  périmètre  de  sa  base  a  de 
côtés,  moins  deux;  ce  qui  simplifie  infiniment 
(a  mes ure  de  leur  volume . — Instrument  d'op- 
tique qui  sert  à  décomposer  la  lumière  et 
qui  est  un  prisme  de  verre  blanc  ou  de 
cristal.  Avec  un  prisme  de  verre  on  voit 
toutes  les  couleurs  qui  passent  dans  l'arc- 
en-clel.  Absolument,  Les  effets  d'un  prisme. 
Faire  passer  un  faisceau  de  lumière  à  tra- 
vers un  prisme.  La  matière  dont  on  forme 
ces  prismes  est  le  flint-glass ,  espèce  de 
verre.  Figurément ,  Voir  dans  un  prisme, 
regarder  à  travers  un  prisme  ,  Voir  les  cho- 
ses, les  considérer  suivant  ses  préjugés, 
ses  passions,  qui  les  colorent  à  leur  gré. 
(  En  grec  ,  prisma ,  de  prizein  ,  scier  , 
couper.) 

Parallélipipède  ,  Prisme  ter- 
miné par  six  parallélogrammes 
dont  les  opposés  sont  parallèles 
entre  eux.  Le  parallélipipède  est 
un  prisme  à  sijc  faces  (hexaèdre) ,  qui  peut 
ïtre  considéré  comme  engendré  par  le  mou- 
vement de  rotation  d'un  parallélogramme 
autour  d'une  ligne  droite  à  la  quelle  il  ne 


cesse  jamais  d'être  perpendiculaire.  Quand 
toutes  les  faces  du  parallélipipède  sont  des 
quarrés,  il  prend  le  nom  de  cube.  Le  volume 
ou  solidité  d'un  parallélipipède  s'obtient  en 
multipliant  la  surface  de  la  base  par  ta  hau- 
teur, m  la  base  d'un  parallélipipède  rectangle 
a  26  mètres  carrés  et  sa  hauteur  l\  mètres,  la 
solidité  du  parallélipipède  sera  donnée  par  le 
produit  2Q  X  à  =  lOli.  La  moitié  d'un  pa- 
rallélipipède est  un  prisme  triangulaire.  (Du 
grec  parallclos,  parallèle,  épi,  sur,  et 
pédion  ,  plaine  ,  surface  plane.  ) 

Pyramide,  Solide  composé  de 
triangles ,  ayant  un  même  plan 
pour  base  ,  et  dont  les  sommets 
se  réunissent  au  même  point.  La 
base,  le  sommet,  tes  côtés  d'une 
pyramide.  Les  pyramides  d'Egypte. 
Dresser,  élever  une  pyramide.  L'o- 
bélisqueest  une  pyramide  très-allon- 
gée. Pyramide  triangulaire  ,quadrangulaire. 
Pyramide  tronquée.  Dont  l'extrémité  ou 
la  partie  supérieure  manque.  Tou:  prisme 
triangulaire  peut  être  décomposé  en  trois  py- 
ramides triangulaires  de  même  base  et  de 
même  hauteur,  et  par  conséquent  équiva- 
lentes. Une  pyramide  triangulaire  est  donc 
le  tiers  d'un  prisme  triangulaire  de  même 
base  el  de  même  hauteur.  La  solidité  de  tout 
corps  polyèdre  peut  s'évaluer  par  sa  décom- 
position en  pyramides.  On  décompose  un  po- 
lyèdre en  pyramides  en  faisant  passer  des 
plans  de  division  par  te  sommet  d'un  même 
angle  solide.  (En  grec  pyramis  ,  de  pyr , 
feu  ,  parce  que  les  pyramides  se  terminent 
en  pointe  comme  la  (lamme.  ) 

Cylindre,  Prisme  rond,  corps 
de  figure  longue  et  ronde,  et  d'é- 
gale grosseur  par  tout  ;  solide 
terminé  par  trois  surfaces  ,  dont 
deux  sont  planes  et  parallèles  entre  elles, 
et  dont  la  troisième  est  convexe  et  circu- 
laire. 11  est  engendré  par  un  rectangle  tour- 
nant autour  d'une  ligne  droite  qu'on  ap- 
pelé axe,  et  décrivant  deux  cercles  paral- 
lèles. Ces  cercles  senties  basesdu  cylindre. 
La  hauteur  du  cylindre,  comme  celle  du  pris- 
me, est  la  perpendiculaire  abaissée  d'un  des 
points  d'une  base  sur  le  point  correspondant 
de  l'autre  base.  Cylindre  droit ,  Celui  dansje 
quel  la  droite  génératrice  qui  joint  les  cen- 
tres des  deux  cercles  estperpendiculaireau 
plan  de  cescercles.  Cylindre  incliné  ou  obli- 
que.   Cylindres  semblables ,  Ceux  dans  les 


(l)  Les  gc'omèties  disent  à  tort  pentagnnal. 


SIGNES  DIVERS.    GÉOMÉTRIE. 


A9', 


quels  les  axes  sonl  égaux  ainsi  que  les  dia- 
mètres des  bases.  Cylindre  tronqué,  dont  les 
bases  ne  sont  pas  parallèles.  Toute  section 
du  cylindre  perpendiculaire  à  l'axe  est  un  cer- 
cle égal  à  ceux  des  bases.  Toute sectiondu  cy- 
lindre oblique  à  l'axe  est  une  ellipse.  Toute 
sect  ion  du  cylindre  dans  le  sens  de  l'axe  est  un 
rectangle  double  du  rectangle  primitif.  La 
solidité  du  cylindre  est  égale  au  produit  de  la 
base  par  sa  hauteur.  La  surface  convexe  du 
cylindre  est  égale  à  la  circonférence  de  sa 
base  multipliée  par  sa  hauteur.  Cylindre  de 
verre ,  de  marbre,  de  bois.  Miroir  en  cylin- 
dre ou  cylindrique.  Cadran  sur  un  cylindre. 
Les  cylindres  d'un  laminoir.  Dans  le  langage 
ordinaire,  on  le  nomme  rouleau. 

Cylindre^  si£;iiitic  particulièrement,  Un  gi'os  rouleau 
de  pierre,  de  bois,  ou  de  fonte,  dont  on  se  sert  pour 
écraser  les  mottes  d'une  terre  laboui'ée ,  pour  aplanir  les 
allées  des  l'ardins  ou  les  aires  des  granges.  ïl  faut  faire 
passer  te  cylindre  sur  ces  aHées.  (  Acad.  ]■ — Vaisseau  de 
enivre  ou  de  tôle,  en  forme  de  grand  marabout,  qu'on 
remplit  de  braise  et  qu'on  tieut  plongé  dans  l'eau  d'un 
bain  pour  le  cbaulTer. 

Cylindre,  en  Ulstoire  naturelle,  est  le  nom  de  certains 
coquillages  appelés  aussi  rouleaux^  et  plus  ordinairement 

volutes.—  (En  latin  cylindrus,  en  grec  kylin- 
dros  ,  dérivé  de  kyliû,  ou  kylindô,  je  roule.) 
A  Cône     (d)  ,    Solide    engendré 

J|\  par  la  révolution  d'une  ligne 
Ê  \  droite  assujétie  à  passer  toujours 
^ —  par  un  même  point  fixe  ,  appelé 
sommet ,  et  obligée  en  outre  de  toucher 
toujours  dans  son  mouvement  une  certaine 
courbe  donnée,  que  l'on  nomme  directrice, 
et  qui  est  le  périmètre  de  la  base.  Quand 
cette  courbe  est  une  circonférence  de  cer- 
cle, on  dit  que  le  cône  est  ctrCM/aire.  C'est 
sa  forme  la  plus  commune  dans  les  usages 
pratiques.  Cône  droit.  Cône  circulaire  dont 
l'axe  est  perpendiculaire  à  la  base.  Cône 
oblique.  Celui  dont  l'axe  est  oblique,  sur 
la  base.  On  définit  encore  le  cône  droit,  le 
corps  engendré  par  la  révolution  d'un  trian- 
gle rectangle  tournant  autour  de  l'un  des 
côtés  de  l'angle  droit.  Les  pains  de  sucre  ont 
la  forme  d'un  cône  droit.  Le  sommet,  la  base 
d'un  cône.  La  surface  convexe  d'un  cône  Le 
côté  d'un  cône  ,  L'hypoténuse  du  triangle 
générateur.  Toute  droite  menée  du  som- 
met à  la  circonférence  de  la  base.  Toute 
section  du  cône  par  an  plan  pcri^endiculaire 
à  t'axe  est  un  cercle;  toute  section  oblique 
par  rapport  à  l'axe  est  une  ellipse  ;  toute 
section  parallèle  au  côté  est  une  parabole  ; 
toute  section  parallèle  à  l'axe  est  une  hyper- 


bole. Toute  section  dans  le  sens  de  l'axe  est 
un  triangle  isoscéle  double  du  triangle  primi- 
tif. Le  volume  du  cône,  comme  celui  de  la 
pyramide  ,  est  égal  au  produit  de  sa  base  par 
le  tiers  de  sa  hauteur.  La  surface  convexe 
latérale  d'un  cône  droit  s'obtient  en  7nulti- 
p liant  le  produit  de  la  circonférence  de  sa 
base  par  la  moitié  de  son  côté.  Cône  tron- 
qué ou  tronc  de  cône ,  Celui  dont  la  partie 
supérieure  a  été  coupée  par  un  plan. 

La  surface  convexe  d'un  cône 
tronque  est  égale  au  produit  de  son 
côté  multiplié  par  la  demi-somme 
des  circonférences desesdeux  bases. 

En  Optique  ,  Cane  de  lumière,  Faisceau  de  rayons  lu- 
niineus  qui  partent  d'un  poiutquelconque  en  divergeant, 
el  tombent  sur  une  surface. 

En  Astronomie,  Cône  d'ombre,  li'omhrc  en  (orme  de 
cône  que  projeté  une  planète  du  côté  où  elle  n'est  pas 
éclairée  par  le  soleil.  Il  y  a  éclipse  de  soleil  quand  la  tirre 
passe  dans  le  cône  d'ombre  formé  par  4a  lune.    [AcAD. } 

Cône,  Moule  de  fer  fondu,  de  forme  conique,  dans 
le  quel  on  verse  les  métaux  en  fusion,  pour  séparer  la 
partie  métallique  des  scories. 

Cône,  en  Botanique,  se  dit  du  £i-uit  des  pins,  des  sa- 
pins, etc.,  le  quel  consiste  en  un  assemblage  ovoide 
d'écaillés  ligneuses  ,  imbriquées,  c'est  à  dire,  appliquées 
les  uues  sur  les  autres,  et  fixées  par  leur  base  autour  d'un 
axe  commun.  Il  a  pour  synonjme  strobite.  On  appelé  co- 
nifères les  arbres  dont  le  fruit  est  un  eône.  —  En  Coucliy- 
liologie,  Genre  de  coquilles  unlvalves,  qui  renferme  un 
Irès-grand  nombre  d'espèces,  remarquables  par  leur 
élégance  et  par  l'éclatde  leurs  couleurs. 

[Cône,  en  latin  conum  ou  conus,  du  grec 
kônos,  qui  a  la  même  signification.  ) 

Sphère,  Globe,  corps  solide 
Wt  \  dans  le  quel  toutes  les  lignes  ti- 
*  /  rées  du  cercle  à  la  surface  sont 
égales.  Elle  est  supposée  produite 
par  la  révolution  d'un  demi-cercle  autour 
de  son  diamètre  immobile.  Une  boule  est 
une  sphère.  Les  propriétés  de  la  sphère.  Le 
centre,  le  diamètre ,  la  circonférence  d'une 
sphère.  Le  rayon  de  la  sphère  est  une  droite 
menée  du  centre  à  la  surface  ;  son  diamètre 
une  droite  joignant  deux  points  de  lasurface 
et  passant  par  le  centre.  Toute  section  de  la 
sphère,  dans  quelque  sens  qu'elle  soit  faite, 
est  nécessaireinent  un  cercle.  On  appelé 
grands  cercles,  ceux  qui  passent  par  le 
centre  ,  et  petits  cercles  ,  ceux  qui  n'y  pas- 
sent pas-  La  solidité  d'une  sphère  est  égale 
au  tiers  du  produit  de  sa  surface  par  son 
rayon.  En  effet,  la  sphère  pouvant  être  con- 
sidérée comme  un  polyèdre  régulier  d'un 
nombre  infini  de  faces  infiniment  petites, 
cl  chacune  de  ces  faces  comme  la  base  d'une 
pyramide  dont  le  sommet  est  au  centre  de  la 


(l)  L'accent  circonfle^tc  est-il  bien  ne'ccssaiic  sut  ce  mol  ?  Pas  plus  que  sur  conique,  conijcre. 
T.  II.  G.^ 


498 


GRAMMAIRE    FRANÇAISE. 


sphère,  la  sphùvc  n'est  donc  cvldemmcnt  que 
'.Il  réunion  d'une  infinité  de  pyramides  dont 
(es  bases  composent  sa  circonférence ,  et 
dont  la  hauteur  est  égale  à  son  rayon. 
Comme  la  pyramide  ,  la  sphère  a  donc  pour 
mesure  le  tiers  du  produit  de  sa  base  par  son 
rayon.  La  surface  de  la  sphère  est  éf;atc  à 
son  diamètre  multiplié  par  la  circonférence 
d'un  ^rand  cercle.  La  surface  de  ta  sphère 
est  quadruple  de  celle  d'un  ^rand  cercle,  qui 
se  mesure  en  multipliant  sa  circonférence  par 
la  moitié  du  rayon  ou  le  quart  du  diamètre. 
Lorsque  la  sphère  est  coupée  par  deux  plans 
parallèles  et  perpendiculaires  à  un  même 
diamètre,  la  partie  interceptée  sur  sa  surface 
prend  le  nom  de  zone.  Les  plans  parallèles 
sont  les  bases  de  la  zone,  et  la  partie  du 
diamètre  qu'ils  comprennent  sa  hauteur. 
11  peut  arriver  que  l'un  des  plans  soit  tan- 
gent à  la  sphère  ;  alors  la  zone  n'a  qu'une 
seule  base  ,  et  reçoit  le  nom  de  calotte 
sphérique.  La  surface  d'une  zone  sphéri- 
que  est  égale  à  sa  hauteur,  multipliée  par 
la  circonférence  d'un  grand  cercle.  Les 
surfaces  des  sphères  sont  entre  elles  comme 
les  quarrés  de  leurs  rayons,  et  celles  des  zones 
d'une  même  sphère  ou  de  sphères  égales  sont 
entre  elles  comme  leur  hauteur.  Une  zone 
quelconque  est  à  la  surface  delà  sphère  comme 
sa  hauteur  est  au  diamètre. 

Sphère,  en  astronomie,  L'assemblage 
des  cercles  célestes  ou  leur  imitation.  Cette 
dernière  se  nomme  sphère  armillairc  ou 
artificielle.  C'est  une  espèce  de  machine 
ronde  et  mobile  autour  d'un  axe  fixe,  com- 
posée de  divers  cercles  qui  représentent  le 
cours  des  astres  dans  le  ciel.  La  sphère  cé- 
leste est  représentée  par  la  sphère  artificielle, 
acheter  une  sphèreet  un  g  lobe.  La  construc- 
tion des  sphères  artificielles  était  connue  des 
anciens.  Les  Égyptiens  et  les  Arabes  ont  eu 
des  sphères,  qui,  malgré  leurs  défauts,  sont 
très-recherchées  des  savants.  Les  différentes 
positions  de  la  sphère  céleste.  Sphère  droite. 
Celle  où  l'équateur  et  ses  parallèles  cou- 
pent l'horizon  à  angles  droits.  Sphère  obli- 
que. Celle  qui  n'est  ni  parallèle  ni  perpendi- 
culaire à  l'horizon.  Sphère  parallèle ,  Celle 
où  l'horizon  est  parallèle  à  l'équateur. 

Sphère,  signifie  également,  La  connais- 
sance des  principes  d'astronomie  qu'on 
apprend  par  le  moyen  d'une  sphère.  // 
étudie  la  sphère.  Traité  dcsphère. — L'espace 


dans  le  quel  les  astronomes  conçoivent 
qu'une  planète  accomplit  son  cours.  La 
sphère  de  Jupiter.  Saturne  parcourt  sa  sphère 
en  trente  années.  En  physique  .  Sphère 
d'activité ,  L'espace  dans  le  quel  la  vertu  , 
l'influence  d'un  agent  naturel  |)eut  s'éten- 
dre ,  et  hors  du  quel  elle  n'a  point  d'action 
appréciable.  Fig.  ,  Sphère  d'activité  ,  L'é- 
tendue d'affaires  ,  de  travaux  ,  d'intérêts  , 
dans  la  quelle  un  homme  communique 
son  mouvement  à  ceux  qui  l'entourent. 
Sa  sphère  d'activité  s'étend  à  toutes  sortes 
d'objets.  (  AcAD.  )  Malheur  à  ceux  qui  se 
trouvent  placés  dans  sa  sphère  d'activité  (1), 
ils  n'ont  aucun  repos.  (  Id.  ) 

Sphère,  figurément,  Etendue  de  pou- 
voir, d'autorité,  de  connaissances  ,  déta- 
lent ,  de  génie.  Cela  est  hors  de  sa  sphère. 
Sortir  de  sa  sphère.  Sortir  de  sa  sphère  ,  se 
dit  aussi  pour,  Sortir  des  bornes  de  son 
état ,  de  sa  condition. 

Fig.,  Etendre  , agrandir,  élargir  la  sphère 
des  connaissances  humaines.  Ajouter  aux 
connaissances  que  les  hommes  possèdent. 

(  Sphère  vient  du  grec  sphaira  ,  corps 
rond.) 

SOIiIDES  IRRÉGUIiIERS. 

Sphéroïde  ,    Solide    dont  la 
figure  approche   de  celle    de    la 
sphère.  Sphéroïde  allongé.  Sphé- 
roïde aplati.   (  Du  grec  sphaira  , 
sphère,    et  cirfos ,  forme.  )   Un  el- 
lipsoïde. Un  trapézoïde.  Un  rhom- 
boïde. Un  cylindroïde.  Un  eonoïde ,  etc. 
I>E  I.' ARPENTAGE. 
Nous  ne  finirons  pas    sans  dire   encore 
un  mot  de  l'arpentage. 

L'arpentage  ,  avons-nous  dit  ,  est  la 
science  de  mesurer  les  terres.  II  se  divise 
en  trois  parties  :  L'arpentage  proprement 
dit,  la  levée  des  plans,  et  le  toisé.  La  levée 
des  plans  a  pour  objet  de  représenter  en 
petit ,  sur  le  papier  ,  la  figure  et  les  pro- 
portions d'un  terrain. 

Par  toisé  on  entend  la  science  ou  l'art 
de  mesurer ,  soit  les  surfaces  ,  soit  les  so- 
lides, et  d'exprimer  leur  étendue  ou  leur 
volume  en  parties  de  certaines  unités  con- 
venues ,  par  exemple  ,  en  toises  ou  en  mè- 
tres quarrés,  s'il  s'agit  de  surfaces;  cubes, 
s'il  s'agit  de  volumes.  Mais  il  ne  s'agit  ici 
que   des    surfaces   de  terrain.   Pour   faire 


(t)  Remarque?,  qu'il  n'y  a  point  là  d'exclamation,  que  c'est  luuement  une  phrase  elliptique  équi- 
valante à  celle-ci  :  Ceux  r/ui  «t  Iroui'cnt  places  dans  sa  sphère  d'actn-ité  sont  malheureux,  etc. 


SlGiNES    DIVEUS.     GKOMETRIE. 


590 


i'aipcntagc  d'un  espace  quelconque,  on 
commence  par  le  civconscrirede  tous  côtés  ; 
puis  on  le  coupe  en  tout  sens  par  des 
triangle,  des  quarré^  ,  ou  des  trapèzes.  Le 
produit  de  toutes  ces  flgures  calculées 
donne  la  superficie  générale. 

A  cet  effet  l'arpenteur  doit  se  munir  de 
grands  et  de  petits  piquets  ,  d'une  chaîne 
de  fer  particulière,  dite  chaîne  d'arpen- 
tenr  ,  et  de  deux  autres  instruments  appe- 
lés éguerre  et  planchette. 

Petits  piquets,  Perclies,  Ijàtons  de  deux 
ou  trois  pieds  de  haut,  qu'on  plante  en 
terre  d'espace  en  espace  ,  pour  prendre 
un  alignement. 

Grands  piquets  ou  jalons ,  Perches  ou 
grands  bâtons  de  cin^à  six  pieds  de  haut, 
qu'on  emploie  au  inême  usage,  et  dont  on 
fend  un  peu  le  bout  supérieur,  pour  y  faire 
tenir  une  carte  à  jouer  ou  im  petit  morceau 
de  papier  blanc,  qui  puisse  se  voir  de  loin. 
Chaîne  d'arpenteur ,  Chaîne  formée  de 
tiges  en  gros  fil  de  fer,  dont  les  bouts  sont 
recourbés  en  boucles  pour  recevoir  un  an- 
neau. Ces  tiges,  ou  chaînons,  sont  toutes  de 
même  longueur,  et  se  joignent  bout  à 
bout  par  l'anneau  qui  passe  ainsi  dans  deux 
boucles.  Cette  chaîne  ,  d'une  longueur 
connue,  et  dont  les  dimensions  varient  au 
gré  des  ingénieurs  ,  sert  à  mesurer  le  ter- 
rain ,  dans  les  opérations  de  l'arpentage. 

Équerre  d'arpenteur  ,  Cercle  épais  de 
cuivre  ,  divisé  en  quatre  parties  égales  par 
deux  droites  qui  se  coupent  au  centre  à 
angles  droits,  et  dont  les  extrémités  sont 
garnies  de  pinnules  ou  petites  plaques  de 
cuivre  percées  d'un  trou  pour  laisser  passer 
les  rayons  visuels.  L'équerre  d'arpenteur 
a  souvent  changé  de  forme.  C'est  aujour- 
d'hui une  espèce  de  prisme  octogone,  qui, 
au  lieu  de  pinnules,  a  quatre  fentes  per- 
pendiculaires qui  servent  au  même  usage 
et  qu'on  nomme  aussi  ,  par  extension  , 
pinnules.  On  lui  donne  le  nom  d'équerre 
octogone.  On  visse  ces  équerres  à  l'extré- 
mité arrondie  d'un  bâton  ,  dont  l'autre 
bout  ,  garni  d'un  fer  pointu  ,  s'enfonce 
dans  la  terre.  Après  avoir  tracé  une  droite 
sur  le  terrain  et  avoir  planté  le  bâton 
d'arpenteur  au  point  où  l'on  veut  élever 
la  perpendiculaire  ,  on  visse  l'équerre  et 
on  la  tourne  de  manière  que  l'ceil ,  placé 
successivement  sur  deux  pinnules  oppo- 
sées, aperçoive  les  jalons  plantés  sur  la 
ligne  déjà  tracée.  Ensuite  on  regarde  par 
les  autres  pinnules,  cl  cin  place  sur  le  rayon 


visuel  un  jalon.  On  uhliLiU  la  perpendi- 
culaire cherchée  en  tirant  une  ligne  de 
ce  jalon  au  pied  de  l'équerre. 

Planchette  d'arpenteur  ,  Instrument 
qui  consiste  en  une  planche  unie  et  carrée 
sur  laquelle  on  pose  une  règle  que  l'on  di- 
rige successivement  vers  les  objets  que 
l'on  veut  relever. 

A  l'aide  du  compas  ,  de  la  règle  ,  et  du 
rapporteur  (demi-cercle  gradué  J  ,  on  rap- 
porte sur  le  papier  les  lignes  et  les  angles 
mesurés  sur  le  terrain.  Puis  on  coupe  la 
surface  ainsi  délimitée  par  des  quarrès,  des 
triangles,  ou  des  trapèzes,  que  l'on  me- 
sure chacun  à  part. 

L'aire  d'un  quarré  est  égale  au  produit 
d'un  de  ses  côtés  multiplié  par  un  autre  côté. 

L'aire  d'un  triangle  est  égale  au  produit 
d'un  de  ses  côtés  multiplié  par  la  moitié 
d'un  autre. 

Si  un  triangle  n'a  que  des  angles  obtus  et 
aigus,  on  multiplie  le  plus  grand  côté  par  la 
moitié  d'une  ligne  perpendiculaire  qui  d'un 
bout  touche  ce  côté  et  se  joint  de  l'autre  au 
sommet  de  l'angle   supézieur.  Exemple 


Suit  une  échelle  de  six  mètres. 


6  m. 


Soit  le  contour  arpente  qui  suit 


J'ai  tracé  sur  sa  surface,  pour  on  con- 
naître le  contenu , 

Le  trapèze  a  ,                Le  quarré  d , 
Le  triangle  b ,               Le  triangle  e  , 
Le  quarré  longe.          Le  triangle  f. 
J'additionne   le   grand  et  le  petit   côlé 
du   trapèze  a;   2  et  1  font  3.  Je  prends  la 
moitié  de  3  qui  est  d  ■-  ,  et  la  multipliant 
par  2,  valeur  de  la  base,  j'ai  la  mesure 
de  la    superficie  enfermée  dans  mon  tra- 
pèze ,  c'est  a  dire 3   ni.   q. 

Passant  au  triangle/',  je  mul- 
tiplie le  grand  côté,  5m.|  par 


ORAMMAlllE 
3  u).  q. 

3,     296 

250 


Report.  • . 
la  moitié  de  la  perpendiculai- 
re, 1  m.  \,  c'est  à  dire,  par 
3   r)u  |,  etjai  pour  produit,. 

Je  vais  au  quarré  long  c  , 
dont  l'un  des  grands  côtes 
nndliplié  par  l'un  des  petits 
me  donne 10, 

Le  carré  régulier  d  m'en 
donne  4  ,  ci h, 

Je  passe  au  triangle  e,  sur 
le  quel  je  n'élève  point  de 
perpendiculaire  ,  parce  qu'il 
a  un  angle  droit.  Je  multi- 
plie un  des  côtés  par  la  moi- 
tié de  l'autre,  c'est  à  dire, 
5  \  par  1  ,  et  j'ai 5, 

Il  est  évident  qu'un  triangle  rectan- 
gle égale  la  moitié  d'un  quadrilatère  de 
même  base  et  de  même  hauteur. 

Le  triangle  /"a  besoin  d'une 
perpendiculaire  à  sa  base  , 
parce  que,  semblable  au  trian- 
gle b,  il  n'a  aucun  angle  droit. 
Je  multiplie  le  grand  côté 
5  m.  I  pas  la  moitié  de  cette 
perpendiculaire,  c'est  à  dire, 
par  |,  et  je  trouve S, 

Superficie  totale 29^     277 

Lorsqu'il  s'agit  d'arpenter  un  terrain  où 
l'on  ne  saurait  entrer,  comme  un  marais  , 
par  exemple  ,  il  faut  commencer  par  en 
changer  ,  au  moyeu  de  lignes  prolongées  , 
la  circonscription  naturelle,  quelle  qu'elle 
soit  ,  en  un  quarré  (1)  exact.  Exemple. 


12Î 


606 


C     4.2  , 


FRANÇAISE. 

Parlant  du  point  a  où  vous  aurez  planté 
un  jalon  ,  allez  par  quatre  lignes  droites, 
prolongées  autant  qui;  besoin  sera,  planter 
d'autres  jalons  aux  points  b,  c,  d,  e,  f,  g, 
h.  La  figure  irrégulière  du  marais  se  trouve 
convertie  ,  par  ce  moyen  ,  en  un  quarré 
régulier.  Si  de  la  somme  du  quarré  , 

ci 14/i  m.   q.    00 

vous  retranchez  la  somme 
des  triangles  et  du  trapèze, 
ci 73  25 

le  reste  ,  ci 71  m.  q.    75 

exprime  la  superficie  du  marais. 

Que  de  fois,  se  répandant  dans  la 
campagne  comme  des  oiseaux  échap- 
pés ,  de  jeunes  écoliers  se  soûl  arrêtés 
à  considérer  les  opérations  d'un  ar- 
penteur sans  y  rien  comprendre  !  Dé- 
sormais de  telles  rencontres  pourront 
devenir  pour  eux  desleçons  pratiques; 
à  moins  que  les  maîtres  ne  soient  in- 
téressés à  maintenir  leurs  élèves  dans 
l'ignorance  ,  soit  par  amour  pour  Gi- 
rault  Duvivier ,  soit  pour  toute  autre 
cause  ,  que  je  ne  cherche  pas  à  péné- 
trer. La  routine  et  l'entêtement  sont 
la  qualité  des  ânes ,  dit  Oxenstiern. 
De  plus ,  ils  préfèrent  les  chardons 
aux  mets  les  plus  succulents.  Ils  sont 
à  l'aise  dans  le  champ  de  Girault  Du- 
vivier. Que  Dieu  les  maiulieuue  en 
joie.  Ainsi  soit-il. 

OU  NIVÈLEMENT. 

SÏIVBI.ER,  c'est  mesurer  avec  le  niveau, 
pour  connaître  si  un  plan  ,  un  terrain  est 
uni  et  horizontal  ;  pour  déterminer  de 
combien  un  point  de  la  surface  de  la  terre 
est  plus  haut  ou  plus  bas  qu'un  autre.  Ni- 
veler une  avenue  ,  une  allée.  Niveler  uno 
rivière,  pour  savoir  combien  elle  a  de  pente. 
Niveler  les  eaux. 

Cette  science  est  nécessaire  pour  l'éléva- 
tion des  bâtimentsjl'assiette  des  jardins  afin 
que  l'eau  n'y  séjourne  pas,  pour  la  conduite 
des  eaux,  etc.  Il  faut  à  peu  près  5/i  millimè- 
tres de  pente  pour  faire  couler  les  petites 


(1)  Si  l'on  n'i'crit  pas  quarré  par  qu  .,  couroinicuicut  à  l'ctymologic ,  cominciil  distingueia-t-ou 
le  mètre  quarré  Ju  mitre  cube  dans  les  abréviations.  K'est-il  pas  ne'rcssalie  que  ces  abicviations 
soit  m.  q.,  m.  c.  ?  cl  ne  serail-il  pas  alisiivde  d'écrire  aUrévialivcinent  m.  q.,  tandis  qu'on  e'crirail 
en  toutes  U'ItrC)  mètre  carré? 


SIGNES    DIVERS.    GEOMETRIE. 


taux.  27  millimètres  suffisent  pour  les  eaux 
considérables.  En  général,  il  faut  beaucoup 
plus  de  pente  pour  faire  venir  l'eau  par  des 
tuyaux  qu'à  canal  découvert ,  parce  que 
le  frottement  des  tuyaux  la  retarde.  On 
appelé  ligne  de  niveau  ou  vrai  niveau  une 
ligne  dont  tous  les  points  sont  également 
distants  d'une  autre  ligne  parallèle  qu'on 
suppose  passer  par  le  centre  de  la  terre. 

Un  plan  est  de  niveau  lorsqu'il  est  con- 
duit par  cette  ligne.  Prendre  te  niieàu  d'un 
terrain. 

On  appelé  également  niveau  l'instrument 
dont  on  se  sert  pour  niveler.  11  y  a  plu- 
sieurs espèces  de  niveaux. 

STiveau  d'équerre ,  Bout  de  planche 
coupé  en  triangle  équilatéral.  Du  milieu 
de  celui  des  trois  côtés  qu'on  a  choisi  pour 
base,  on  élève  une  ligne  perpendiculaire 
à  la  pointe  opposée  du  triangle.  On  arrête 
dans  un  trou  fait  à  cette  pointe  un  fil,  au 
bout  du  quel  on  met  un  plomb  qui  a  son 
jeu  vis-à-vis  d'une  entaille  faite  dans  la 
base  à  l'extrémité  même  de  la  ligne  ,  et 
le  niveau  est  construit.  On  l'appelé  aussi 


501 

niveau  à  plomb  ou  à  pendule,  ou  môme 
simplement  plomb.  Il  y  a  le  niveau  du 
charpentier,  celui  du  maçon,  celui  du  pa- 
veur, etc.  ;  ils  sont  tous  construits  d'après 
le  même  principe. 

Niveau  d'eau,  Tuyau  cylindrique  de 
ferblanc  dont  les  extrémités  se  recourbent 
à  angles  droils  et  sont  surmontés  d'un  gros 
tube  de  verre  de  trois  pouces  de  haut. 
L'eau  qu'on  y  introduit ,  en  s'élevant  dans 
ces  deux  tubes  verticaux  à  la  même  hau- 
teur ,  donne  une  surface  horizontale. 

Niveau  à  bulle  d'air  (1) ,  Tube  de 
verre  hermétiquement  fermé  des  deux 
bonis  et  rempli  d'alcool  de  manière  qu'il 
n'y  reste  qu'une  bulle  d'air.  La  présence 
de  cette  bulle  aux  divers  points  de  l'ins- 
trument indique  de  combien  il  s'éloigne 
ou  se  ra|)proche  du  niveau.  Quand  elle  se 
trouve  également  distante  de  chaque  bout, 
le  tube  est  de  niveau. 

La  science  du  nivèlement  est,  comme  on 
le  voit,  tout  entière  fondée  sur  la  pe- 
santeur, ou  tendance  des  corps  vers  le 
centre  de  la  terre. 


L'étude  de  la  langue  embrasse  celle  de  toutes  les  sciences  et  de  tous  les 
arts.  On  ne  possède  une  science  qu'autant  que  l'on  connaît  la  valeur  pré- 
cise des  mots  qu'elle  emploie.  Or  cette  connaissance,  nous  l'avons  dit,  ne 
peut  s'acquérir  que  par  l'étude  des  étymologies.  La  mémoire  ne  retient 
bien  que  ce  qui  lui  est  confié  par  l'intelligence.  Etudiez  les  mots  dans  leurs 
éléments,  dans  leurs  racines;  analysez-les,  décomposez-les;  remontez  le 
fleuve  jusqu'à  la  source,  selon  l'expression  de  M.  Wey;  et  vous  verrez  les 
mots  s'inculquer  d'eux-mêmes  dans  votre  méiuoire,  s'y  classer  dans  le 
meilleur  ordre  ,  et  obéir  à  votre  pensée  avec  la  promptitude  et  la  précision 
d'une  armée  bien  disciplinée. 

C'est  surtout  dans  les  sciences  abstraites  que  la  parfaite  intelligence  des 
mots  est  nécessaire.  Ce  qui  rend  une  démonstration  de  mathématique  par- 
fois si  impénétrable  à  quelques  jeunes  esprits  ,  c'est  la  difficulté  qu'ils 
éprouvent  à  retenir  la  valeur  exacte  des  termes  spéciaux  dont  elle  est  hé- 
rissée,  et  dont  ils  redemandent  souvent  en  vain  l'explication  aux  Diction- 
naires de  l'Académie  et  de  Noël  et  (]hapsal. 

Un  exem|)le  :  a  Les  inlerseclions  de  deux  plans  parallèles  à  un  troisième 
»  sont  parallèles.  Car  si  ces  intersections  ne  sont  pas  parallèles,  elles  se  rencon- 
»  treront  dans  leur  prolongement.  Mais  alors  les  plans  dont  elles  font  partie 
o  se  rencontreraient  aussi  et  ne  seraient  pas  parallèles,  t 


(i)  L'Académie  c'crit  A^(VenH  à  /iiillrs  d'air.  Il  n'y  a  pourtant  qu'une  I)ulle.   II  est 
vrai  (ju'cUc  ne  tloune  aucune  définiliou  de  ce  mot. 


•)02  GilAMMAlUE  l'UANÇ.VlSE. 

Voila  un  élève  qui,  ne  comprenant  pas  parfaitement ,  je  suppose,  le 
mot  intersection  ,  ouvre  le  Dictionnaire  de  l'Acadt-niie  à  ce  mot ,  et  y  trouve 
cette  définition:  Point  oh  deuoc  lignes  se  coupent  l'une  l'autre.  Relisant  la 
proposition  et  la  démonstration  ci-dessus,  notre  él«';ve,  qui  n'a  pas  inventé 
la  poudre ,  se  demande  comment  ce  qui  n'est  qu'un  point  peut  être  paral- 
lèle à  un  autre  point  et  avoir  un  prolongement  où  il  rencontre  cet  autre  point. 
Le  voilà  bien  embarrassé,  et  ce  n'est  pas  Boiste  qui  le  tirera  d'embarras. 

Les  détails  dans  les  quels  nous  sommes  entrés  avaient  donc  leur  place 
marquée  dans  la  Clef  de  la  Langue  et  des  Sciences ,  titre  que  nous  tenons  à 
justifier.  Je  n'ai  pas  prétendu  l'aire  un  traité  d'algèbre  ou  de  géométrie;  je 
n'ai  envisagé  ces  sciences  que  par  leur  côté  philologique,  et  j'ai  fait  ce  qu'on 
pourrait  appeler  à  la  fois  une  préparation  à  l'étude  des  mathématiques  et 
un  résumé  substantiel  de  ce  qu'il  n'est  plus  guère  permis  à  personne  d'i- 
gnorer sans  honte  aujourd'hui.  L'ignorance  n'est  plus  un  privilège  pour 
personne,  si  ce  n'est  peut-être  pour  J.  J.  et  beaucoup  de  maîtres  de  lan- 
gue. Ceux-ci,  au  lieu  des  insipides  dictées  qu'ils  font  subir  à  leurs  élèves, 
devraient  bien  s'attacher  enfin  à  leur  inculquer  de  bonne  heure  quelques 
notions  utiles.  Il  est  vrai  qu'ils  ont  souvent  affaire  à  forte  partie,  et,  en  di- 
sant cela,  je  m'entends  bien.  Il  est  vrai  qu'il  y  a  beaucoup  de  gens  qui 
croient  savoir  la  langue  française,  quand  ils  peuvent  dire  ?  Pan  chour ,  mo- 
chié ,  comment  fous  portez- fous? — Je  mé  porte  pien,  Dié  soit  loué,  et  fous?  — 
Clié  me  porte  aussi  forte  pien.  —  Avez-ious  vous  pcaucoup  amusé  sur  le  pal  ? 
—  Oh!  oui,  pcaucoup.  C'était  fort  intéressante.  Je  suis  resté  jusqu'à  deux 
heures  au  matin,  et  ch'élais  pas  tu  tout  fatigué.  Il  était  là  peaucoup  de  monde, 
et  aussi  peaucoup  à  manger.  Sur  ce  pal  je  m'ai  peaucoup  diverti. 

Et  je  ne  parle  par  seulement  des  étrangers  de  toutes  les  nations.  Les  trois 
quarts  des  Français,  nous  l'avons  dit,  ne  comprennent  pas  la  langue  de 
Victor  Hugo  ,  cette  langue  si  pure,  si  claire  ,  si  correcte,  si  saisissante. 
Elle  n'est  inintelligible  que  pour  les  ignorants. 

La  science,  désormais  moins  morose,  se  mêle  avec  grâce  aux  jeux  delà 
poésie,  à  qui  elle  prête  souvent  de  nouveaux  charmes.  Voici  plus  bas  des 
phrases  qui,  pour  devoir  leur  principale  parure  à  la  géométrie,  n'en  sont 
ni  moins  belles  ni  moins  élégantes.  Comment  ceux  qui  seraient  tout  à  fait 
étrangers  à  cette  science  pourraient-ils  les  comprendre  ? 

Maintenant,  (1)  que  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ent  la  puissance  de  généraliser  une  image  et  une 
idée,  nous  permettent  de  leur  demander  s'ils  se  figurent  bien  nettement  le  spectacle  qu'offrait,  au  mo- 
ment où  nous  arrêtons  leur  attention  ,  le  vaste  paraHélogramme  de  la  grande  salle  du  Palais  (2). 

(  Vir.IOB  HlGO). 

Nulnt  bougeait  du  cardinal ,  de  l'ambassade  ,  et  de  l'estrade ,  unique  rentre  de  ce  vaste  cercle  de 
rayons  visuels.  fl<t-j 

(1)  Sans  cette  virgule,  maintenant  que  figurerait  au  premier  abord  une  locution  con)onclivc 
'2)  Le  texte  porte  un  point  d'intcrrogativn.  Eu  quoi  cette  plirast  est-elle  inlerropativi'  ' 


SIGNES  DIVERS.  GÉOMÉTRIE.  303 

Qu'on  se  figure  une  série  de  visages  présentant  successivement  toutes  les  formes  géométrii[ues ,  de- 
puis le  triangle  jusqu'au  trapèie  ,  depuis  le  rùne  jusqu'au  poly'cdre;  toutes  les  expressions  humaines, 
depuis  Ift  coli-re  jusqu'à  la  luxure  ;  tous  les  âges  ,  depuis  les  rides  du  nouveau-né  jusqu'aux  rides  de  la 
vieille  moribonde;  toutes  les  fantasmagories  religieuses  ,  depuis  Faune  jusqu'à  Belzcbutli  ;  tous  les 
profits  animaux  ,  depuis  la  gueule  jusqu'au  bec  ,  depuis  la  hure  jusqu'au  museau.  (  Id.  ) 

Après  toutes  les  figures /7cnïa^ones,  hexagones ,  et  hétéroclites  qui  s'étaient  succédées  à  cette  lucarne 
sans  réaliser  cet  idéal  du  grotesque  qui  s'était  construit  dans  les  imaginations  exaltées  par  l'orgie, 
il  ne  fallait  rien  moins  ,  pour  enlever  les  suffrages ,  que  la  grimace  sublime  qui  venait  d'éblouir  l'as- 
semblée. Nous  n'essaierons  pas  de  donner  au  lecteur  une  idée  de  ce  nez  tétraèdre  ,  de  cette  bouche 
en  fer  à  cheval,  de  ce  petit  œil  gauche  obstrué  d'un  sourcil  roux  en  broussailles,  tandis  que  l'œil  droit 
disparaissait  entièrement  sous  une  énorme  verrue;  de  ces  dents  désordonnées  ,  ébréchées  rà  et  là, 
comme  les  créneaux  d'une  forteresse  ;  de  cette  lèvre  calleuse  ,  sur  la  quelle  une  de  ses  dents  empié- 
tait comme  la  défense  d'un  éléphant;  de  ce  menton  fourchu  ,  et  surtout  de  la  physionomie  répandue 
sur  tout  cela,  de  ce  mélange  de  malice,  d'ctonnement  et  de  tristesse.  Qu'on  rêve  si  l'on  peut  cet  en- 
semble. [Ict.  ) 

Quand  cette  espèce  de  cyclope  parut  sur  le  seuil  de  la  chapelle,  immobile,  trapu,  et  presque  aussi 
large  ([ue  haut,  quarré  par  la  base,  comme  dît  un  grand  homme  ;  à  son  surtout  mi-parti  rouge  et  vio- 
let, semé  de  campanilles  d'argent,  et  surtout  à  la  perfection  de  sa  laideur,  la  populace  le  reconnut 
sur  le  champ,  et  s'écria  d'une  voix  :  C'est  Quasimodo  ,  le  sonneur  de  cloches,  Quasimodo  ,  le  bossu 
de  Notre-Dame,   Quasimodo  le  borgne,  Quasimodo  le  bancal.  Noël!   Noël!  [Id.  ; 

Alors  il  se  fit  autour  de  l'étrange  personnage  un  cercle  de  terreur  et  de  respect,  qui  avait  au  moins 
quinze  pas  géométriques  de  rayon,  (  Jrf.  ) 

C'était,  comme  aujourd'hui,  un  trapèze  irrégulier  (la  place  de  Grève  )  bordé  d'un  côté  par  le  quai, 
et  des  trois  autres  par  une  série  de  maisons  hautes ,  étroites ,  et  sombres.  (  Id,  ] 

Quanta  lui,  il  eût  parfaitement  ignoré  où  il  était,  s'il  n'eût  aperçu  en  passant,  au  détour  d'une 
rue,  la  masse  octogone  du  pilori  des  halles,  dont  le  sommetà  jour  détachait  vivement  sa  découpure 
noire  sur  une  fenêtre  encore  éclairée  de  la  rue  Verdelet.  (  Id.  ) 

Autour  d'un  grand  feu  qui  brûlait  sur  une  large  dalle  ronde  ,  et  qui  pénétrait  de  ses  flammes  les 
tiges  rougies  d'un  trépied  vide  pour  \c  moment,  quelques  tables  vermoulues  étaient  dressées  çà  et 
là,  au  hasard  ,  sans  que  le  moindre  laquais  géomètre  eût  daigné  ajuster  leur  paratlèlisme ,  ou  veillé  à 
ce  qu'au  moins  elles  ne  se  coupassent  pas  à  des  angles  trop  inusités.  (f^.) 

Trouillefou  fit  un  signe,  et  le  duc,  et  l'empereur,  et  les  archi-suppots,  elles  cagoux ,  vinrent  se 
ranger  autour  de  lui  en  un  fer  à  cheval,  dont  Gringoire,  toujours  rudement  appréhende  au  coi-ps,  oc- 
cupait le  centre.  C'était  un  demi-cercle  de  haillons,  de  guenilles,  de  clinquant,  de  fourches,  de  Iiaches, 
de  jambes  avinées ,  de  gros  bras  nus  ,  de  figures  sordides,  éteintes  et  hébétées  (1).  (  Id, } 

Ses  lèvres  roses  et  pures  souriaient  à  demi  ;  son  front  candide  et  serein  devenait  trouble  par  mo- 
ments sous  sa  pensée ,  comme  un  miroir  sous  une  haleine  ;  et  de  ses  long?  cils  noirs  baissés  s'échap- 
pait une  sorte  de  lumière  ineffable,  qui  donnnait  à  son  profil  cette  suavité  idéale  que  Bapbacl  retrouva 
depuis  au  point  d'intersection  mystique  de  la  virginité  ,  de  la  maternité  ,  de  la  <livinité.  (W.  ) 

Et,  si  nous  montons  sur  la  cathédrale,  sans  nous  arrêter  à  mille  barbaries  de  tout  genre,  qu'a- 
t*on  fait  de  ce  charmant  petit  clocher  qui  s'appuyait  sur  le  point  d'intersection  de  la  croisée  ,  et  qui, 
non  moins  frêle  et  non  moins  hardi  que  sa  voisine  la  flèche  (  détruite  aussi  ]  de  la  Sainte-Chapelle , 
s'enfonçait  dans  le  ciel  plus  avant  que  les  tours  ,  élancé  ,  aigu  ,  sonore,  découpé  à  jour?         (  Id^  ) 

Ci^pcndant  le  mouvement  du  bourdon  s'accélérait,  et  à  mesure  i|u'il  parcourait  un  angle  plus  ou- 
vert ,  l'œil  de  Quasimodo  s'ouvrait  aussi  de  plus  en  plus  phosphorique  et  flamboyant.  (  Id. } 

Elle  leva  ses  yeux  rouges  et  secs  vers  le  ciel,  vers  le  soleil ,  vers  les  nuages  d'argent  coupés  çà  et  là 
de  trapèzes  et  de  triangles  bl(ms,  puis  elle  les  abaissa  autour  d'elle,  sur  la  terre,  sur  la  foule,  sur  le» 
maisons...  Tout  à  coup,  tandis  que  l'homme  jaune  lui  Hait  les  coudes,  elle  poussa  un  cri  terrible, 
nn  cri  de  joie  (2).  A  ce  balcon,  là-bas,  à  Vangte  de  la  place,  elle  venait  de  l'apercevoir,  lui,  son  ami, 
son  seigneur,  Phœbusf,  l'autre  apparition  de  sa  vie.  [Id,  ] 


(1)  Point  de  virgule  entre  éteintes  et  hébétées.  Ces  deux  mots  font  corps  ensemble. 
'Ti  Encore  un  point  d"exclamallnn ,  dans  le  texte,  au  lieu  d'un  point. 


504  GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 

Il  promena  un  Coil  bagnrJ  sur  lu  double  vuic-  tortueuse  que  la  fatalité  avait  fait  suivre  à  leurs  deux 
destinées,  jusqu'au  poinJ  (/'infarseclion  où  elle  les  avait  impitoyablement  brisées  l'une  contre  l'autre. 

L'air  était  froid;  le  ciel  charriait  des  nuages,  dont  les  larges  lames  blaiicbcs  débordaient  les  unes 
sur  les  autres  en  s'écrasant  parles  onj-Ze»,  et  figuraient  une  débâcle  de  (Icuve  en  biver.         {Id.) 

Quand  elle  fut  passée,  il  se  mit  à  redescendre  l'escalier,  avec  la  lanterne  qu'il  avait  vue  au  spectre, 
se  croyant  spectre  lui-même ,  bagard  >  les  cheveux  tout  droits,  sa  lampe  éteinte  toujours  à  la  main, 
et  tout  en  descendant  les  degrés    en  êpirate ,    il  entendait  distinctement  dans  son  oreille  une  voix 

qui     riait  et  qui  répétait  : Un  esprit  passa  devant  ma  face,  et  j'entendis  un  petit  souille  ,  et 

»  le  poil  de  ma  chair  se  hérissa.  »  )  (  Id.  ) 

Le  baron  ,  suivi  du  comte ,  traversa  une  longue  file  d'appartements  remarquables  par  leur  lou  rde 
somptuosité  et  leur  fastueux  mauvais  goût ,  et  arriva  "isqu'au  boudoir  de  H""  Dauglars ,  petite  pièce 
octogone  tendue  de  satin  rose  recouvert  de  mousseline  des  Indes.  (  Alexandre  Duuas.  ) 

Surtout,  comment  goûteront-ils  le  sel  de  cette  anecdote,  ceux  qui  n'ont 
aucune  idée  de  la  géométrie  et  de  la  quadrature  du  cercle  ?  Ecoutez. 

A  l'arrivée  de  l'évêque  de  Retondis  de  Biscaras  dans  son  diocèse ,  un  capucin  qui  prêchait  devant 
ce  prélat  l'apostropha  de  cette  manière  :  «  Monseigneur  ,  quand  j'envisage  votre  illustre  personne  ,  je 
omanqne  de  paroles  pour  en  exprimer  les  rares  et  sublimes  qualités.  Oui,  monseigneur,  si  les  ma- 
il thématiciens  qui  ont  jusqu'ici  consumé  tant  de  veilles  inutilement,  et  épuisé  sans  fruit  toute  la  force 
sde  leur  génie  pour  cherclier  la  quadrature  du  cercle,  avaient  jeté  la  vue  sur  votre  illustre  nom  de 
iRotondis  de  Biscaras,  ils  auraient  trouvé  ce  qu'ils  cherchent  depuis  si  long-temps,  car  nul  mortel 
■  ne  peut  disputer  à  Votre  Grandeur  qu'elle  ne  soit  cette  quadrature  tant  désirée  ;  <juadrature  que  je 
une  cesserai  de  publier,  quadrature  qui  mettra  dans  la  honte  les  plus  fameux  professeurs  de  mathéma- 
•  tiques.  Car,  je  le  répète  ,  qui  osera  disputer  à  Votre  Grandeur  que  le  nom  de  Retondis  ne  soit  la 
tifigure  ronde,  figure  lapins  utile  qui  existe?  Aussi  de  quelle  utilité  n'ctes-vouspas  dansce  diocèse, 
»et  qu'elle  perfection  ne  remarque-t-on  pas  dans  Votre  Grandeur!  Biscaras,  c'est  la  figure  quarrée, 
ujointe  à  la  figure  ronde.  Oui,  mathématiciens,  c'est  ce  que  vous  cherchez  depuis  tant  de  siècles.  Bis- 
vcaras,  deux  fdis  quarré.  Quarré  devant ,  quarré  derrière.  Botondis  de  Biscaras,  ^ond  et  qaarré  tout  en- 
n  semble.  C'est  là,  monseigneur,  la  véritable  ^uarfralure  du  cercle;  et  c'est  ce  qui  se  rencontre  parfai- 
i  temcnt  dans  votre  illustre  personne .»  (  Anonyme.  ) 

Nous  ne  saurions  mieux  terminer  ce  chapitre  que  par  le  poème  suivant, 
de  Saint-Sorlin  ,  cet  auteur  tant  décrié  par  Boileau ,  doi.t  on  sera  peut-être 
bien  aise  de  trouver  ici  un  échantillon. 

Xies  Amours  du  Compas ,  fils  de  Talus ,  et  de  ]la  Biègle'i 
fille  du  Soleil  et  de  l'Ombre. 


Talus  (1)  un  jour,  épris  do  l'amour  de  l'étude. 
Cherchant  pour  en  jouir  l'heur  de  la  solitude , 
Après  mille  détours  ,  coucha  ses  membres  las 
Sur  le  seuil  consacré  du  temple  de  Pallas 
Soudain,  qui  le  croira  l  comme  de  sa  cervelle 
Jupiter  fit  sortir  la  savante  pucelle. 
Naquirent  du  cerveau  de  l'enfant  studieux 
La  Scie  et  le  Compas,  deux  jumeaux  monstrueux  ; 
Mais  dont  l'utilité  ,  dans  les  arts  secourable  , 
Rend  du  père  à  jamais  la  mémoire  adorable. 


Du  couple  nouvcau-né,  l'un  en  peu  de  moments 

Enrichit  les  beaux  arts  d'infinis  ornements  ; 

Et  l'autre,  aux  dents  d'acier ,  long  supplice  des  arbres, 

Fut  capable  d'ouvrir  le  cœur  même  des  marbres. 

Son  fiere  le  Compas  fut  pourvu  seulement 

De  jambes  et  de  tête  ,  et  marcha  justement  ; 

Tournant  de  tous  côtés  par  ordre  et  par  mcaure  , 

Et  de  cercles  divers  traeant  mainte  figure. 

Dédale  (9),  qui  cherchait  l'apprentif  égai-é , 

Enfin  l'apercevant  surle  seuil  consacré. 


(1)  Neveu  et  disciple  de  Dédale.    , 

(2)  Athénien  célèbre,  petit  fils  d'Erechthéc,  roi  d'Athènes,  se  distingua  dans  l'architecture,  la  sculpture,  elles 
8rtB  mécaniques.  Ayant  tué  par  jalousie  son  neveu  Talus,  qui  à  douze  ans  avait  inventé  la  scie,  le  compas,  le  tour, 
et  la  roue  de  potier ,  il  fut  condamné  à  mort  par  l'Aréopage,  et  se  réfugia  à  la  cour  de  Minos,  roi  de  Crète.  Il 
construisit  pour  ce  prince  le  célèbre  labyrinthe  ,  où  il  fut  enfermé  plus  tard  pour  avoir  favorisé  les  amours  infâmes 
de  Pasiphaé.  Il  s'enfuit  de  Crète  par  le  moyen  d'ailes  adaptées  à  ses  épaules  avec  de  la  cire  ,  et  aborda  à  Cumes.  Il 
pa.ssa  ensuite  en  Sicile  et  oITril  ses  services  au  roi  Cocalus.  On  ignore  le  lieu  où  il  mourut.  Dédale  est  l'inventeur  de 
fa  hache,  du  niveau  ,  du  vilebrequin  ,  et  des  voiles  de  navire,  ce  qui  donna  lieu  à  la  fable  qu'il  s'était  fabriqué  des 
ailes. 


SIGNES  DIVERS.  GEOMEIRIE. 


505 


aluit  d'étomicmeiit,  contempla  la  mciTcUlc 

Qui  s'ollVait  à  ses  yeux  sublime  et  sans  pareille. 

Aussitôt  sur  son  front  la  rougeur  s'épandit. 

Jaloux  que  son  neveu  par  là  Tînt  en  crédit, 

Il  sentit  tout  son  coeur  se  soulever  de  rage. 

Entin,  de  la  raison  ayant  perdu  l'usnge, 

Et  d'un  reste  d'amour  brisant  le  vain  effort, 

Du  disciple  innocent  il  médita  la  mort. 

D'une  âpre  jalousie  abominable  exemple!  , 

Il  le  précipita  de  la  voûte  du  temple.  * 

Mais  Pallas ,  qui  prend  soin  des  esprits  vertueux ,         ' 

Retient  le  corps  tombant,  le  suspend  dans  Icscicux, 

Et  transforme  en  oiseau  l'artisan  admirable 

Qu'un  excès  de  génie  avait  rendu  coupable. 

La  Scie  et  le  Compas,  témoins  de  ce  malheur. 

Se  sentirent  saisis  d'une  vive  douleur; 

Et,  redoutant  les  traits  de  l'envieuse  rage  , 

liien  qu'ils  ne  fussent  pas  dépourvus  de  courage, 

Craignant  un  sort  pareil ,  songent  à  se  sauver. 

La  Scie  ,  étant  sans  pieds,  ne  put  se  soulever. 

Et,  perdant  tout  respect,  (|uoique  tille  bien  née, 

Détesta  (1)  du  vieillard  la  fureur  obstinée. 

Dédale  ,  qui  la  vit  dans  ses  transports  ardents  , 

Pour  adoucir  ses  cris,  usa  toutes  ses  dents; 

Puis  d'un  fer  retailla  leurs  brèches  abattues. 

Le  Compas  se  sauva  sur  ses  jambes  pointues; 

D'un  pas  leste  et  craintif  il  se  mit  à  courir , 

Sans  marquer  un  seul  trait  qui  le  pût  découvrir. 

Dédale  ,  trop  subtil  ,  eût  reconnu  ses  traces. 

Biais,  comme  un  giboyeur  monté  sur  des  échasses  , 

Qui,  sans  mouiller  ses'pieds,  traverse  les  marais, 

De  mêiue  le  Compas  arpenta  les  guérets. 

Enfin,  se  trouvant  las,  dans  un  bois  il  s'arrête. 

Contre  le  tronc  d'un  cliéne  ,  il  appuyait  sa  tête  , 

Pleurant  son  père  mort,  et  le  sort  de  sa  sœur. 

Quand  d'un  sommeil  paisible  il  sentit  la  douceur. 

Le  Soleil,  connaissant  sa  gentille  nature , 

Et  prévoyant  l'éclat  de  sa  race  future  , 

Lui  dit  en  ce  moment  ;  Lève-ïoi  de  ce  lieu  ; 

ïu  deviendras  l'époux  de  la  fille  d'un  Dieu. 

Souvent  à  notre  sort  les  déliés  propices 

Font  naître  le  bonheur  du  sein  de  nos  supplices. 

Le  Compas  glorieux  se  réveille  en  sursaut, 

Emu  de  cette  vue  et  d'un  honneur  si  haut; 

Kegarde  fixement  le  soleil  comme  un  aigle. 

Lui  rend  grâces,  s'en  va;  puis  rencontre  la  Règle, 

Droite,  d'un  grave  port,  pleine  de  majesté, 

Inflexible,  et  surtout  observant  l'équité  , 

Lui  jette  un  doux  regard  ,  la  contemple  ,  et  s'étonne. 

Aussitôt  à  l'aimer  son  âme  s'abandonne. 

Et,  sans  se  souvenir  des  propos  du  Soleil, 

Adore  le  miracle ,  et  le  croit  sans  pareil. 

Il  l'aborde,  et,  rempli  d'une  honnête  assurance. 

Tournant  la  jambe  en  arc  ,  lui  fait  la  révérence. 

Pour  rendre  son  salut  à  ce  grotesque  amant, 

La  Règle  ne  daigna  se  courber  seulement. 

Lors ,  sans  se  rebuter,  (1  lui  tint  ce  langage  : 

O  vous ,  dont  la  beauté  dans  s«s  chaînes  m'engage  , 

Soulagez  par  pitié  mes  désirs  véhéments. 

Et  miUe  bien»  naîtront  de  nos  embrassements. 

Talus,  ce  rare  esprit,  me  donna  la  naissauce; 


N'ayez  pas  à  mépris  mon  utile  alliance. 

La  Règle,  pour  borner  (2)  ses  voeux  ambitieux, 

Lui  dit:  (Lève  la  tête  et  regarde  les  cieux. 

B  Celui  dont  je  tiens  l'être  entre  les  dieux  se  nombre; 

>i  Je  naquis  des  baisers  du  soleil  et  de  l'ombre. 

»Dn  jour,  parmi  les  dieux,  mon  père  se  vantait 

bQuc  rien  dans  l'univers  à  son  œil  n'échappait. 

»  Celui  des  immortels  (|ui  préside  aux  messages 

«Lui  dit  :  — As-tu  vu  l'Ombre  en  tous  tes  longs  voyage»? 

nOtte  brune  agréable,  et  de  qui  les  douceurs 

»  Sont  les  plus  chers  plaisirs  des  doctes ,  des  chasseurs  , 

•  Et  de  tant  de  mortels  qui  la  trouvent  plus  belle 
«Que  tes  plus  beaux  rayons  que  l'on  quitte  pour  elle. 
»  Le  Soleil  fut  surpris,  cl  le  père  du  jour 

»  Sentit  naître  en  son  cœur  et  la  bonté  et  l'amour. 

n  Du  désir  de  la  voir  son  âme  est  embrasée. 

s  II  la  cherche  partout ,  croit  sa  conquête  aisée; 

•  Mais  l'Ombre  habilement  évitait  ses  regards; 
«Cette  froide  beauté  fuyait  de  toutes  parts; 

i»Sa  course  témoignait  d'une  incroyable  adresse. 

»I1  la  suit,  elle  fuit  d'une  égale  vitesse. 

nll  reclouble  d'efforts,  mais  inutilement; 

u'I'ousles  corps  s'opposaient  à  son  contentement. 

wll  pense  la  tenir;  sans  la  voir,  il  la  touche; 

I)  De  ses  rayons  aigus  il  joint  cette  farouche. 

»  Enfin  ,  ne  pouvant  mieux  soulager  sa  langueur  , 

jiEn  courant  il  la  baise  en  tonte  sa  longueur; 

nEt,  parmi  les  baisers  d'une  si  douce  guerre, 

«De  leur  droite  union  je  naquis  sur  la  terre.» 

La  connaissant  alors  pour  fille  du  Soleil, 

Le  Compas  ressentit  un  amour  sans  pareil, 

Et  ne  désespéra  plus  d'acquérir  sa  maîtresse. 

N'ayant  pas  oublié  la  divine  promesse. 

Plein  d'une  belle  audace  ,  il  lui  tint  ce  discours: 

nLe  même  Dieu  du  jour  m'a  promis  vos  amours. 

n  —  Quoi  ,  dit-elle  en  riant,  je  serais  la  conquête 

«D'un  amant  qui  n'aurait  que  les  pieds  et  la  tête  ? 

«Mon  père  vondrait-il  m'iinposer  cette  loi? 

»  Aurais-je  pour  époux  un  monstre  tel  que  toi  ? 

«Va  ,   va  porter  ailleurs  les  impuissantes  flammes, 

«Trop  difl'orme  galant  pour  pouvoir  plaire  aux  dames. 

»■ —  Toutefois  nos  amours,  répliqua  le  Compas, 

«Produiront  des  enfants  qui  vaincront  le  trépas. 

»  De  nous  deux  sortiront  la  belle  Architecture  , 

n  Et  mille  nobles  arts  pour  polir  la  nature. 

«  —  Ne  pense  pas,  dit-elle  ,  ébranler  mon  repos  ; 

»  On  ,  pour  justifier  tes  fabuleux  propos  , 

«Tâche  de  me  charmer  par  quelques  gentillesses, 

«Et  montre  des  elïèts  pareils  à  tes  promesses,  n 

Le  Compas  aussitôt  sur  un  pied  se  dressa  , 

Et  de  l'autre  en  tournant  un  grand  cercle  traita. 

La  Règle  en  fut  ravie  ,  et  soudain  se  vint  mettre 

Dans  le  milieu  du   cercle  ,  et  fit  le  diamètre. 

Son  amant  l'embrassa ,  l'ayant  à  sa  merci , 

Tantôt  tout  grand  ouvert  et  tantôt  raccourci: 

Et  l'on  vit  naître  alors  de  leurs  caresses  pures 

Triangles  et  quarrés  et  mille  autres  figures. 

(DesMabets  de  Saint-So»i.i.v,  tant 
soit  peu  revu ,  émondé ,  corrigé, 
accentué,  et  reponctué.  ) 


(1)  Détester  se  disait  alors  et  se  dit  encore  quelquefois  pour  maudire, 

(2)  Borner  est  un  terme  impropre.  Il  faudrait  («ire  luire. 


r,  II. 


G4 


506  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

SIGNES   ASTRONOMIQUES. 

signes  du  Zodiaque. 

Le  zodiaque  est  une  bande  ou  zone  circulaire  ,  idéale  ,  parallèle  à  l'écJip- 
tique,  et  comprenant  les  douze  constellations  principales  qui  se  partagent 
la  route  annuelle  apparente  du  soleil.  Elle  a  16  à  18  degrés  de  largeur, 
c'est  à  dire ,  8  ou  9  de  chaque  côté  de  l'écliptique,  qui  la  coupe  dans  toute 
son  étendue  en  deux  parties  égales.  Le  soleil  parcourt  tous  tes  ans  les  douze 
signes  du  zodiaque,  dont  chacun  occupe  un  espace  debO'.Les  orbites  de  toutes 
les  planètes  connues  des  anciens  se  trouvent  comprises  dans  cette  zone. 

Par  analogie,  on  appelle  aussi  sof/Zaz/HC  l'ensemble  de  ces  constellations, 
on  des  signes  mobiles  qui  y  correspondent.  Zodiaque  fixe.  Zodiaque  mobile. 
Le  zodiaque  fixe  et  le  zodiaque  tnobite  s'écartent  continuellement  l'un  de  l'au- 
tre par  l'effet  de  la  précession.  Il  se  dit  aussi  de  la  représentation  du  zodia- 
que. On  trouve  des  zodiaques  sculptés  dans  les  anciens  temples  de  l'Egypte.  Le 
zodiaque  de  Dendérah  est  le  plus  célèbre.  (En  grec  zodlakos,  de  zodiôn,  signe 
du  zodiaque,  dérivé  de  2Ôon,  animal,  parce  que  presque  tous  ces  signes 
sont  représentés  sous  des  noms  et  des  figures  d'animaux;  ou,  selon  d'au- 
tres ,  de  zoê,  vie,  parce  que  l'on  a  cru  long-temps  que  les  planètes  influaient 

sur  la  vie.) 

Signes  du  Septentrion. 

,'   Mars V  Le  Bélier. 

PniNTEMPS.  \    Avril V  Le  Taureau. 

\   Mai n  Les  Gémeaux. 

r  Juin €)  L'Écrevisse. 

Éxi.             <    Juillet SI  Le  Lion. 

\  Août r\  La  Vierge. 

Signes  du  Midi. 

!    Septembre i  La  Balance. 

Octobre ap  Le  Scorpion. 

Novembre >+  Le  Sagitaire. 

/    Décembre AS  Le  Capricorne. 

Hiver.         -    Janvier ss:  Le  Verseau. 

^   Février )C  Les  Poissons. 

Toutes  ces  corrstellations  ou  signes  du  zodiaque  sont  réunies  dans  les 
deux  vers  suivants  : 

Sunt  Arles,  Taurus,  Gemini,  Cancer,  Léo,  Virgo, 
Libraque,  Scorpilo,  Arcllenens ,  Caper,  Amphora,  Plsces. 
Ces  signes  sont  marqués  sur  les  globes  à  côté  des  degrés  de  l'écliptique 
aux  quels  ils  correspondent.  Le  soleil  entre  dans  un  nouveau  signe  vers  le 
21  de  chaque  mois  ,  et  parcourt  en  apparence  à  peu  près  un  degré  par  jour. 
On  peut  voir,  dans  la  figure  suivante,  les  diverses  positions  du  soleil  et 
de  la  terre  relativement  à  chaque  signe  ,  aux  diverses  saisons  de  l'année. 


SIGNES  DIVERS.   ASTRONOMIE. 


507 


EXFI.IC  A  TIONS. 


Le  BÉLIER.  Vers  k  temps  d'Hippar- 
que,  il  coïncidait  avec  l'équinoxe  du  prin- 
temps. Ce  nom  est  demeuré  attaché  au  si- 
gne dont  le  commencement  répond  à  ce 
même  équinoxe,  dans  le  zodiaque  mobile 
déplacé  par  la  précession.  Le  soleil  était 
dans  le  signe  du  Délier.  (Acad.)  Le  Bélier  a 
trois  étoiles  remarquables,  [unede  la  deuxième 
grandeur,  une  de  la  troisième,  une  de  la  qua- 
trième. 

Lie  TAUREAU.  Il  a  cinq  étoiles  brillan- 
tes qui  représentent  un  Y.  La  plus  grande 
qui  est  de  la  première  grandeur,  se  nomme 
Âldébaranoa  l'OEil  du  Taureau. Sur  soncou 
sont  placées  les  Pléiades,  et  sur  son  front 
les  Hyades.  L'ccUptiquc  passe  entre  les  cornes 
du  Taureau.  Le  soleil  entre  dans  le  signe  du 
Taureau  vers  le  20  avril,  et  en  sort  le  19  mai. 
La  constellation  du  Taureau. 

Les  GÉMEAUX.  Ce  signe  a  deux  étoiles 
brillantes  appelées  Castor  et  Pollux.  11  en  a 
de  plus  trois  de  la  seconde  grandeur,  dont 
une  est  à  un  pied  de  Pollux,  une  au  genou, 
l'autre  à  la  cuisse. 

L'ÉCREViSSEou  le  CANCER.  Son  étoile 
la  plus  remarquable  ,  quoique  nébuleuse  , 
se  nomme  Prcsépc  ou  la  Crèche.  Le  soleil 


entre  dans  le  signe  de  l'Ecrevisse  vers  la  fin 
de  juin.  L'été  commence  pour  les  habitants  de 
l'hémisphère  boréal ,  lorsque  le  soleil  entre 
dans  l'Ecrevisse. 

Depuis  que  le  soleil»  daus  l'horizon  immense, 
A  franchi  le  Cancer  sur  son  aie  enflammé  , 
Le  honheur  m^a  quittée  ,  et  j'attends  en  silence 
L^heure  où  m'appèlera  mon  ami  hien-aimé, 

(  Alfred  de  Mdssbt.  ) 

Le  LION,  dans  le  quel  le  soleil  entre  le 
23  juillet,  est  ainsi  nommé  parce  que, 
semblable  à  un  lion  furieux,  le  soleil  est 
alors  parvenu  au  plus  haut  point  de  sa 
course  apparente  et  darde  ses  plus  brûlants 
rayons.  11  a  une  étoile  de  la  première  gran- 
deur, très-éclatante  ,  noinmée  Régulas  ou 
le  Cœur  du  Lion.  De  plus,  cinq  étoiles, 
dont  une  de  la  première  grandeur,  nommée 
la  Queue  du  Lion;  deux  de  la  seconde  gran- 
deur, l'une  au  cou,  l'autre  au  dos;  et  deux 
aux  pieds  de  la  troisième  grandeur. 

Le  pcuplr  peut  dormir  onze  mois  de  Pannéc; 

Mais ,  quand  de  chauds  rayons  sa  tête  est  couronnée, 

Quand  les  feux  du  soleil  entrent  dans  ce  lion  , 

Sublime  de  vengeance  et  de  réhelliun  , 

Il  agite  ses  rrins  ondoyants  de  colère. 

Ecarte  sur  le  sol  sa  griffe  musculaire  , 

Roidit  son  cou  ncr\cux  ,  fait  palpiter  les  monif 

Sous  U  tonnerre  sourd  de  srt  rauijucs  poumons. 


308  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Et,  pris  de  so  jeter  dans  l'orageuse  licc, 
Il  cherclia  et  trouve  au  ciel  son  lumineux  complice. 
(  BAiiTUiii.EMT,  Némésis,) 

La  VIERGE.  Cosigne,  très-étcndii, com- 
prend une  étoile  de  la  première  giatidcnr, 
appelée  VEpi  de  la  Ficrp;6.  La  Vierge,  appe- 
lée aussi  Cércs ,  TIténiis ,  etc.,  préside  aux 
moissons  ;  ce  que  les  anciens  ont  voulu  ex- 
primer en  lui  mettant  nn  épi  dans  la  main. 
Le  soleil  entre  ilayis  le  signe  de  la  Vierge 
vers  le  23  août.  Être  né  sous  le  signe  de  la 
Vierge. 


La  BALANCE,  vers  le  temps  d'Hip- 
parque,  coïncidait  avec  l'équinoxe  d'au- 
tomne. Ce  nom  est  demeuré  attaché  au 
signe  dont  le  commencement  répond  à  ce 
même  équinoxe  dans  le  zodiaque  mobile. 
La  Balance  a  deux  étoiles  remarquables,  une 
très-brillante ,  l'autre  de  troisième  gran- 
deur. 

Le  SCORPIOIV.  Chez  les  Romains  ce 
signe  était  consacré  à  Mars,  et  l'on  croyait 
qu'il  était  funeste  d'être  né  sous  son  in- 
fluence. La  constellation  du  Scorpion  se 
compose  de  cinq  étoiles,  dont  la  plus  re- 
maïqnable  se  nomme  Anlharès  ou  le  Cœur 
du  Scorpion, 

Le  SAGITTAIRE.  (En  latin  sagittarius, 
archer,  de  sagitla,  flèche.)  Il  forme  un 
groupe  de  trente  et  une  étoiles,  dont  les 
deux  plus  brillantes  sont  de  la  seconde 
grandeur.  On  représente  ordinairement  le 
Sagittaire  sous  la  figure  d'un  centaure  te- 


nant un  arc  prêt  à  tirer.  Quelques  auteurs 
j)rétendent  que  cette  constellation  fut  con- 
sacrée à  Hercule  ;  d'antres  disent  à  Chiron; 
d'autres  enfin  à  Procus,  fils  de  la  nourrice 
des  Muses. 

Le  CAPRICORIVE.  (En  latin  frty^rtVorniu, 
âmcaper,  capri,  bouc,  et  cornu,  corne.)  Au 
21  décembre,  quand  le  soleil  entre  dans  te 
signe  du  Capricorne,  l'hiver  commence  pour 
les  peuples  sepientrionaux.Cest  aussi  le  nom 
d'une  constellation  du  zodiaque  fixe,  qui 
est  entre  le  Sagittaire  et  le  Verseau,  et  qu'on 
a  coutume  de  représenter  par  la  figui  e  d'un 
bouc.  La  constellation  du  Capricorne  ren- 
ferme vingt-huit  étoiles  remarquables.  Vers 
le  teinps  d'Hipparque  ,  le  signe  et  la  cons- 
tellation coïncidaient. 

Le  VERSEAU,  onzième  signe  du  zodia- 
que mobile  ,  tire  son  nom  de  la  saison  des 
pluies,  qui  ont  lieu  lorsque  le  soleil  l'atteint, 
au  mois  de  janvier.  Il  a  quarante-deux 
étoiles. 

Les  POISSONS ,  Douzième  signe  du  zo- 
diaque mobile,  dans  lequel  le  soleil  entre 
à  la  fin  de  février.  Les  Poissons  sont  au 
nombre  de  deux  ;  l'un  est  placé  le  long  du 
côté  méridional  du  quarré  de  Pégase;  l'au- 
tre entre  la  tète  d'Andromède  et  celle  du 
Bélier.  Les  mythologues  prétendent  que  ce 
sont  les  dauphins  qui  menèrent  Amphi- 
trite  à  Neptune.  Poisson  Austral.  Poisson 
Boréal.  C'est  aussi  le  nom  d'une  constella- 
tion du  zodiaque  fixe. 


NOM  DES  AUTRES  CONSTELLATIONS. 

Le  Nom  des  autres  Constellations  trouve  naturellement  sa  place  ici. 
Hémisphère  SoréaL 


La  GRANDE  OURSE  est  remarquable 
par  sept  étoiles  très-brillantes,  dont  quatre 
forment  un  quarré  et  les  autres  une  espèce 
de  queue.  On  l'appelle  vulgairement  le 
Grand  Chariot  ou  le  Chariot  de  David.  On 
dit  aussi  absolument  le  Chariot. 

La  PETITE  OURSE,  près  du  pùle,  est 
tout  à  fait  semblable  à  la  Grande  Ourse, 
mais  plus  petite  et  dans  une  situation  ren- 
versée. On  l'appelle  aussi  le  petit  Chariot 
et  le  Septentrion. 

L'étoile  polaire  forme  le  bout  de  la  queue 
de  la  petite  Ourse. 

ANDROMÈDE.  Une  étoile  très-brillante 
à  la  tète.  Sur  le  corps  trois  de  troisième 


grandeur,  brillantes,  disposées  en  arc,  et  à 
distances  égales,  que  le  vulgaire  nomme 
tes  trois  Bois.  Elle  est  située  près  de  Cassio- 
pée  et  de  Persée. 

'  Andromède  était  fille  de  Cépliée,  roi  d'Elhiopie.  Cas' 
sîopée,  sa  mère,  avant  eu  la  vanité  de  se  croire  plus 
belle  que^  Junon,  Neptune  ,  d'après  Toidre  de  Junon  , 
inonda  l'Ethiopie  et  la  fit  ravager  par  un  monstre  marin. 
L'oracle  ordonna  d'exposer  Andromède  à  la  fureur  du 
monstre;  mais  Persée  délivra  celte  princesse. 

Le  TRIANGLE  a  trois  étoiles  remarqua- 
bles. Il  y  a  aussi  le  Triangle  Austral,  cons- 
telialion  qui  n'est  point  visible  dans  nos 
climats. 

La  FLEUR  DE   LIS  (1).     Elle  a  quatre 


(i)  Rien  n'autorise  à  écrire  /js,    à   jiioins   r\u< 


ne  songe  à   revenir   au  temi's  oi'i  l'on  ëciivail 


SIGNES  DIVERS.  ASTROiNOMIE. 


509 


étoiles  de  la  quatrième  et  de  la  cinquième 
grandeur. 

La  TÈTE  DE  MEDUSE  n'a  qu'une  seule 
étoile  remarquable  nommée  Algol. 

Les  PLÉIADES,  Groupe  de  six  étoiles 
très-brillantes  qui  occupent  le  cou  du  Tau- 
reau ,  et  qu'on  disait  autrefois  être  au  nom- 
bre de  sept.  Le  coucher,  le  lever  des  Pléiades. 

Les  Pléiades  ou  Fergilies  ,  filles  d'Atlas  et  de  Plcioiie 
ou  d'Ethra,  et  sœurs  des  Ilyades ,  étaient  au  nombre  de 
sept  :  Maia.  Eleclte,  Tajfgete,  Jstérope  ,  Méropa,  Alcyone^ 
et  Célt'uo.  Elles  furent  niétanioi-pliosées  en  étoiles  parre 
que  leur  père  avait  voulu  lire  dans  les  secrets  des  cieux. 
Si  elles  ne  sont  plus  qu'au  nombre  de  six,  c'est  qu',au 
dire  des  mythologues,  Mérope  ,  l'une  d'elles,  se  cacha 
de  honte  d'avoir  épousé  un  mortel,  Sisj-phe,  roi  de  Co- 
rinthe,  tandis  que  ses  sœurs  avaient  été  mariées  à  des 
dieux.  D'autres  disent  que  ce  fut  Electre,  femme  de 
Cardanus,  qui  disparut  au  temps  de  la  guerre  de  Troie. 
On  dit  aussi  quelquefois  collectivement  au  singulier,  la 
Pléiade  céleste.  (  Du  grec  pUiat  ,  multitude  ;  ou  ploi,  je 
navigue,  parce  que  les  pléiades  sont  visibles  au  mois  de 
mai ,  temps  pi-opice  à  la  navigation,  (iomment  d'après 
cette  étymologie  peut-on  encore  écrire  pleyades  et  même 
playades?  )  Le  nom  vulgaire  de  cette  constellation  est 
poussinière. 

*  Pléiade  poétique,  s'est  dit  de  sept  illus- 
tres poètes  grecs  qui  florissaient  sous  le  rè- 
gnedePtolémée  Philadelphe;  et,  par  imita- 
tion, de  sept  poètes  français  qui  vivaient 
sous  les  derniers  rois  de  France  de  la  bran- 
che des  Valois.  Les  septpoètes  de  la  pléiade 
grecque,  dite  pléiade  alexandrine  ou  d'A- 
lexandrie, était  composée  de  Lycophron, 
de  Théocrite,  d'Aratus,  de  Nicanclre,  d'A- 
pollonius de  Rhodes,  de  Philicus,  et  d'Ho- 
mère le  jeune.  D'autres  listes  remplacent 
Nicaadre  et  Philicus  par  Callimaque  et  So- 
sithée. 

Les  poètes  qui  composaient  la  pléiade 
poétique  imaginée  par  Ronsard  ,  étaient 
Daurat,  du  Bellay,  Baïf,  Belleau,  Thyard, 
Jodelle,  et  Ronsard  lui-même. 

M.  Wey  cite  avec  amour  ces  vers  de 
Belleau  : 

«  Ha  que  je  hay  ces  mangereaux  , 
»    Ces  chiquaneurs  proctiraceaux.  a 
"  Sur  les  tresses  blondelettes 
»    De  ma  dame  et  de  son  sein 

»   Tousiours  plein 
>    De  mille  et  mille  fleurette!.  » 
«  Le  gentil  rosaignolet 

•    Dourelel 
•    Découpe  dessous  l'ombrage 
n    Mille  fredons  babillara 

1»    FrétUlars. 
u   Au  doux  chant  de  son  ramage.  » 
»    Pendant  que  les  aroitdeletics  (1) 
■    De  leurs  gorgi.-s  mignardetetlei 
»    Rappilent  le  plus  beau  de  l'an. . .  • 
1)    Et  que  les  brebis  eamuscites 
.    Tondent  b;3  herbes  rioiuir/cK.-,!.    . 


0  J'apprendrai  sur  ce  ruisselet 
»    Qui,  doucement  ar^enle/ct, 
it    Coule,  etc.  ■ 
»    Douce  et  belle  bouehelette 
'   Plus  fraische  et  plus  vermelUette 
'   Que  le  bouton  aiglaiitin 
»    Au  matin,  n 

«  Dans  tous  ces  vocables  mignons  de 
Rémi  Belleau,  continue  M.  Wey,  l'on  re- 
trouve les  parfums  exquis  de  la  tradition 
grecque  ,  qui  s'adapte  si  naturellement  à 
l'humeur  française  et  au  goût  de  la  variété 
si  bien  approprié  à  notre  esprit. 

«Personne,  à  moins  d'être  grammairien, 
professeur,  ou  maître  d'écriture  (M.  Wey, 
on  le  voit,  n'a  pas  meilleure  opinion  que 
moi  de  ces  messieurs),  n'oserait  blâmer 
le  poète  qui  placerait  aussi  agréablement 
que  l'a  fait  Belleau  ,  de  jolies  expressions  , 
telles  que  vermeilletie,  ruisselet,  nouveletle, 
camusette  (  que  l'on  croirait  dérobé  à  Théo- 
crite), doucelet,  rossignolet ,  blondeletle, 
etc..  » 

Admirez  l'effet  des  trois  points,  placés 
après  l'e^ccB^cra  de  M.  Wey,  par  lesquels  se 
prolonge  ce  grand  coup  de  foudre  éclaté 
sur  les  grammairiens. 

Le  tonnerre  en  grondant  roule  dans  l'étendue. 

Si  je  n'avais  le  malheur  d'être  un  gram- 
mairien, et,  qui  plus  est,  un  maître  de 
langue  ,  un  des  nombreux  maîtres  de  lan- 
gue qui  fourmillent  à  tienne,  j'oserais  dire 
mon  avis  surces  expressions  jni^'Karrfe/e<<es; 
mais,  sous  les  conclusions  de  M.  Wey,  je 
suis  comme  un  homme  frappé  de  la  foudre 
qui  ne  peut  ni  parler  ni  se  mouvoir. 

Mais  nous  voilà  bien  loin  des  étoiles. 
Nous  y  revenons. 

Les  poètes,  par  exemple,  qui  sont  les 
étoiles  de  l'âme,  vont  se  multipliant  de 
jour  en  jour  comme  les  astres  du  firmament. 
Dans  la  nécessité  de  les  distinguer  et  de 
les  reconnaître,  il  serait  bientôt  temps  de 
les  distribuer  par  groupes  ou  constellations 
composées  d'étoiles  de  toutes  grandeurs  , 
d'après  les  quelles  puissent  se  guider  sûre- 
ment ceux  qui  font  voile  vers  le  Seigneur. 

Je  confie  ce  soin  à  M.  Ga^rni,  en  le 
priant  de  ne  pas  m'oublier  siu-  sa  planis- 
phère céleste,  dùt-il  me  représenter  sous 
la  forme  d'un  ours,  et  d'un  ours  mal  léché. 

Ah!  monsieurCuvillier  Fleury,  qui,  cou- 
ché sur  le  dos,  dans  votre  terrier,  narguez 
les  poètes  au  ciel ,  le  Franc  de  Pompignan 
vtnis  répond  une  fois  pour  nous  tous  : 


1     Jeunes  hiioiidcllrs. 


510 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Le  NU  a  «Il  sur  ics  livagcs 
Les  iinirs  habitants  (1rs  di'ScrU 
Insulter  ,  par  leurs  cris  sauvages, 
L'aslrc  éclalaiitde  l'univers. 
Crime  impuissant!  fureurs  bizarres! 
Tandis  que  ces  monstres  barbares 
Poussaient  d'insolentes  clameurs, 
Le  Dieu  ,  poui-suivant  sa  carrière, 
Versait  des  torrents  de  lumière 
Sur  ces  obscurs  blaspliémateurs. 

PEIXSÉE.  II  a  sept  étoiles  remarqua- 
bles, entre  autres  une  au  bras  boréal  et 
une  au  genou  austral.  La  plus  petite,  mais 
la  plus  brillante  ,  occupe  à  peu  près  le  mi- 
lieu. Cette  coustellation  est  en  partie  dans 
la  voie  lactée. 

'  Pei-sée,  l'un  des  héros  de  la  Mythologie  grecque,  était 
fils  de  Danaé  et  de  Jupiter,  qui  se  changea  en  pluie  d'or 
pour  tromper  la  vigilance  des  gardiens  de  la  fille  d'Acri- 
sius.  Ce  dernier,  instruit  de  la  naissance  de  Persée, 
l'enferma  dans  un  colfre  avec  sa  mère  et  les  fit  jeter  dans 
la  mer.  Portés  dans  l'île  de  Sériphe  ,  ils  y  furent  re- 
cueifiis  par  le  roi  Polydecte.  Devenu  grand  ,  Persée  s'il- 
lustra par  ses  exploits.  Muni  des  ailes  de  Mercure  et  du 
bouclier  de  Minerve,  il  coupa  la  tête  à  Méduse,  l'une 
des  trois  Gorgones,  du  sang  delà  quelle  naquirent  le 
cheval  Pégase  et  Chrysaor,  La  tête  de  Méduse  avait  le 
pouvoir  de  changer  en  pierres  tous  ceux  qui  la  regar- 
daient. Elle  devint  une  arme  puissante  entre  les  mains 
de  Persée  ,  qui  se  servit  aussi  de  Pégase  pour  combattre 
le  monstre  qui  allait  dévorer  Andromède.  De  cette  der- 
nière qu'il  épousa,  , après  l'avoir  sauvée,  il  eut  Alcée, 
Sthénélus,  Mestor ,  Électryon  ,  Perses,  et  Gorgophonc. 
Il  vint  ensuite  à  Larisse  ,  où  se  célébraient  des  jeux  fu- 
nèbres, dans  les  quels  il  tua  involontairement  son  grand- 
pèro  Acrisius  :  accomplissant  ainsi  l'oracle ,  qui  avait 
prédit,  en  ell'et,  qu' Acrisius  serait  tué  par  l'enfant  qui 
naîtrait  de  Danaé.  Il  céda  ses  droits  au  trône  d'Argos  à 
Mégapenthe,  fils  de  Prœtus,  en  retour  du  territoire  de 
Tirynthe,  où  il  fixa  sa  résidence  et  où  il  bâtit  la  ville  de 
Mycénes.  On  lui  attribue  un  règne  de  trente-deux  ans 
(  1313-1281  ).  On  lui  rendit  les  honneurs  divins  et  on  le 
pla(;a  dans  le  ciel  à  côté  des  constellations  d'Andromède, 
de  Cassiopée,  et  de  Cépbée.  Quelques  auteurs  préten- 
dent que  c'est  Prœtus,  père  d' Acrisius,  qui  corrompit  à 
force  d'or  les  gardes  de  la  tour  d'airain  ,  et  fut  le  père 
de  Persée   (  1350  ans  avant  J.-C.  i. 

Le  CHARRETIER  (autrefois  Chartier), 
ou  ÉRICUTON,  a  au  dos  une  étoile  de  la 
première  grandeur,  appelée  la  C/tévrv. Son 
fouet  est  composé  de  petites  étoiles.  Il  a 
au  pied  une  étoile  de  la  troisième  grandeur, 
et  à  l'épaule  une  de  la  deuxième.  On  dit 
mieux  Cocher.  (En  lalin  Auriga.) 

La  CHEVELURE  DE  BÉRÉNICE,  Amas 
d'étoiles  brillantes,  voisin  de  la  Oueue  du 
ion. 

Chez  les  anciens,  la  coutume  était  de  consacrer  sa 
chevelure  à  une  divinité.  Bérénice,  reine  d'Kgypte,  oll'rit 
dans  le  temple  de  Vénus  sa  chevelure  pour  le  retour  de 
eon  mari,  la  quelle,  selon  les  anciens  ,  fut  transformée 
en  étoiles.  Cette  Bérénice  n'est  pas  celle  quifut  aimée  de 
Titus  et  qui  a  fourni  à  Rarine  le  sujet  d'une  tragédie. 

Le  BOUVIER  ou  BOOTÈS,  Constellation 
située  entre  la  ^ranc/c  Ourse,  \a  Chevelure 
dcBcrénice,  la  Ficrge,  cl  la  Couronne,  dunl 


l'étoile  principale,  l'une  des  plus  brillantes 
du  ciel,  se  nomme  Arclurus.  Les  étoiles  de 
sa  tète  et  de  son  bras  scmt  aussi  très-remar- 
quables. 

La  COLROIVIVE  SEPTENTRIONALE, 
Constellation  située  au  dessus  du  Bouvier, 
laquelle  a  une  étoile  de  seconde  gran- 
deur. 

Le  SERPENT,  Constellation  située  entre 
la  Couronne  et  la  Balance,  dont  l'étoile  la 
plus  brillante  est  à  son  cou. 

Le  SERPENTAIRE  ou  Ophtnctus,  Cons- 
tellation située  au  dessus  du  Serpent,  en 
partie  dans  la  voie  lactée.  L'étoile  la  plus 
brillante  du  Serpentaire  est  à  sa  tête,  du 
côté  de  l'ouest.  On  figure  cette  constella- 
tion par  Esculape  tenant  un  serpent. 

L'aigle  ,  Constellation  située  sur  la 
voie  lactée,  entre  Ganimède  et  la  Flèche. 
Elle  a  plusieurs  petites  étoiles  de  qua- 
trième et  de  cinquième  grandeur,  et  une 
plus  belle  de  deuxième  grandeur. 

GANIMÈDE  ou  Antinous  ,  Constella- 
tion située  au  dessus  de  l'Aigle,  n'a  que  des 
étoiles  de  la  quatrième  et  de  la  cinquième 
grandeur. 

■  Antinoiis  ,  jeune  bithynien  ,  était  le  favori  de  l'em- 
pereur Adrien  ,  qui  l'aima  si  tendrement  qu'après  sa 
mort  il  lui  fit  élever  un  temple. 

Le  DAUPHIN  ,  situé  près  de  l'équateiu- 
céleste,  un  peu  à  droite  et  au  dessus  de 
l'aigle,  se  distingue  par  quatre  étoiles  de  la 
quatrième  grandeur,  formant  à  sa  tête  une 
losange. 

Le  PETIT  CHEVAL,  à  droite  et  au 
dessous  du  Dauphin,  n'a  aucune  étoile  re- 
marquable. 

PÉGASE,  ou  la  GRANDE  CROIX,  a  deux 
étoiles  remarquables,  l'une  à  la  tête,  l'autre 
à  la  btuiche.  On  en  remarque  encore  trois 
autres  qu'on  nomme  Scheal,  Marhab,  eiAl- 
l^'cnib.  Il  est  situé  entre  le  Verseau,  les  Pois- 
sons, Andromède,  le  Cygne,  le  Dauphin,  et 
le  petit  Cheval. 

CASSIOPÉE,  constellation  située  entre 
le  pôle  et  Ganimède,  presque  entièrement 
MU-  la  voie  lactée,  renferme  cinquante- 
cinq  étoiles  principales,  dont  les  cinq  les 
plus  brillantes  formeraient,  si  l'on  tirait 
une  ligne  de  l'une  à  l'autre  ,  trois  trian- 
gles. On  l'appelle  aussi  le  Trône  ou  la 
Chaise. 

'  Cassiopée  était  la  femme  de  Céphée.  Elle  fut  mi^c 
par  Jupiter  au  rang  des  constellations. 

CÉPHÉE,  entre  le  Dra,son  et  Cassiopée, 
icnferme   trente  cinq   étoiles,    dont   trois 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE. 


511 


de  la  quatrième  et  de  la  cinquième  gran- 
deur forment  un  triangle.  Il  eu  a  une  au 
genou  qui  est  trés-briliante. 

'  Cépliée,  roi  tl^Ethiopie,  était  le  mari  de  Cassiopée. 
Il  accompagna  les  Argouautes  et  fut  mis  après  sa  mort  au 
rang  des  constellations. 

Le  DRAGON ,  à  gauche  de  Céphèe ,  au 
dessus  de  la  grande  Ourse,  se  compose  de 
quarante-neuf  étoiles.  Sa  tête  en  a  deux 
de  la  troisième  grandeur  ,  un  peu  rouges 
et  peu  éclatantes.  Dans  un  pli  ou  coude 
sont  encore  deux  étoiles  de  la  troisième 
grandeur.  Celles  de  la  queue  sont  très- 
petites. 

La  GIRAFE,  ou  Camcléoparil,  est  formée 
de  trente-sept  étoiles  dont  les  plus  belles 
sont  de  quatrième  grandeur.  Elle  est  si- 
tuée entre  l'Etoile  polaire,  Persée,  et  le 
Cocher. 

HERCULE  est  rempli  d'étoiles  brillan- 
tes. Il  en  a  quatre  de  très-remarquables, 
toutes  de  la  troisième  grandeur,  savoir: 
une  à  la  tête  ,  qui  est  moins  brillante  que 
les  autres ,  une  à  chaque  épaule  et  une  au 
milieu  du  corps.  Il  est  situé  entre  le  Dra- 
gon et  le  Serpentaire  au  dessus  de  la  Cou- 
ronne. 

'  Hercule,  héros  célèbre,  fils  de  Jupiter  et  d'Alcniène, 
naquit  à  Thèbes.  La  jalouse  Junon  lui  suscita  de  grands 
périls,  mais  il  les  surmonta  tous.  Euryslhéc,  à  qui  Hercule 
avait  été  soumis  d'après  la  Tolonté  de  Jupiter  ,  lui  or- 
donna les  douze  travaux  qui  rendirent  son  nom  si  fa- 
meux en  Europe,  eu  Asie,  et  en  Afrique.  Ajanttué  le 
centaure  Nessus  avec  des  flèches  empoisonnées,  celui-ci 
eu  mourant  persuada  à  Déjanire  ,  femme  d'Hercule,  que 
son  mari  lui  serait  toujours  lidèlc,  s'il  revêlait  la  tunique 
teinte  de  son  sang.  Peu  de  temps  après  ,  Déjanire  ,  de- 
Tenue  jalouse  d'Iole  ,  qu'aimait  le  héros  ,  lui  envoya  la 
tunique  empoisonnée.  Mais  à  peine  s'ei»  fut-il  revêtu  que 


le  venin  dont  elle  était  infectée  le  pénétra  jusqu^à  lu 
moelle  des  os.  Pour  mettre  un  terme  à  ses  douleura , 
Hercule  se  brûla  sur  un  bûcher. 

La  LYRE  renferme  vingt-une  étoiles , 
dont  une  de  première  grandeur  nommée 
Véra  (  à  côté  de  laquelle  il  y  en  a  trois  de 
la  cinquième  grandeur).  C'est  avec  Sirius 
la  plus  rapprochée  de  nous.  Cette  constel- 
lation tire  son  nom  de  ce  qu'elle  a  la  forme 
d'un  vautour  regardant  vers  le  midi  et  por- 
tant dans  son  bec  une  lyre  à  dix  cordes. 
Elle  est  située  entre  Hercule  et  le  Cygne, 
un  peu  au  dessous  de  la  voie  lactée. 

La  FLÈCHE  ,  située  entre  l'Aigle  et  le 
Cygne,  au  milieu  de  la  voie  lactée,  est 
composée  de  dix-huit  étoiles.  Les  trois 
principales  sont  de  quatrième  grandeur. 
Selon  quelques  uns,  c'est  la  flèche  de  l'A- 
mour; selon  d'autres,  c'est  celle  qui  servit 
à  tuer  le  vautour  déchirant  les  entrailles! 
de  Prométhée.  Elle  est  représentée  par  la 
figure  d'un  flèche  dans  les  cartes  astrono- 
miques. 

*  Cette   constellation  est  diOej 
nous,  qui ,  avec  VArc ,  forme  un 

Le  CYGNE  ,  groupe  de  quatrevingt- 
une  étoiles,  est  dans  la  voie  lactée,  entre 
la  Lyre,  le  Dragon,  Céphèe,  Pégase,  le 
Dauphin,  et  la  Flèche.  Il  a  plusieurs  étoi- 
les brillantes,  une  à  l'aile  du  nord  de  troi- 
sième grandeur  ,  une  au  bec  de  quatrième 
grandeur  ,  une  très-claire  à  la  queue. 
Parmi  celles  du  corps  et  de  l'aile  du  midi, 
il  y  en  a  une  de  deuxième  grandeur,  trois 
de  troisième  grandeur  ,  et  plusieurs  de 
quatrième  grandeur.  On  l'appelé  aussi  la 
Croix. 


ite  de  la  Flèche  d'Anti- 
ODStellation. 


Hémisphère  Austral 

LaBALEINEabonde  en  petitcsétoiles  de 
quatrième, cinquième, et  sixième  grandeur. 
Elle  en  a  une  très-brillante  vers  sa  queue. 
Le  Flkdve  ÉaiD  an. groupe  de  quatrevingt- 
quatre  étoiles  ,  entre  la  Baleine  et  Orion.  Il 
a  une  étoile  de  première  grandeur,  nom- 
mée Acamar. 

ORION  est  un  groupe  de  soixante-dix- 
huit  étoiles  dont  trois  très-éclatantes  ont 
reçu  le  nom  de  Baudrier  A' Orion.  11  a  la 
forme  d'un  quadrilatère  et  la  figure  d'un 
homme  armé  d'un  glaive.  L'étoile  rouge 
et  brillante  qu'on  remarque  sur  son  épaule 
droite  se  nomme  Uellalrix.  11  en  a  une  de 
première  grandeur ,  appelée  Rigel.  Le 
LiivBB  est  au  pied  d'Orto/i ,  avec  lequel  il 
est  confondu. 

'  Orion  cUit  un  fameux  géant  ,  né  , selon  Ovide,  de 


l'urine  de  Jupiter,  de  Neptune,  et  de  Mercure.  Les  trois 
divins  et  gais  compagnons  ,  pour  récompenser  la  pieuse 
hospitalité  d'un  paysan  nommé  Hyriée  lui  promirent  un 
fds;  et,  ce  ûls  ,  ils  le  firent  naître  de  la  peau  d'un  tau- 
reau arrosée  de  leur  urine.  Si  Jules  Janin  eût  existé  dan» 
ce  temps-là,  quelle  superbe  matière  à  un  feuilleton  I 
Bref,  Orion  apporta  de  Lybie  en  (J-rcce  la  connaissance 
des  astres  et  du  mouvement  des  cieux;  ce  qui  l'a  fait 
assimiler  à  l'Horus  égyptien.  W  fut  tué  par  Diane  selon 
les  uns,  ou  par  la  morsure  d'un  scoi-pion  selon  les  au- 
tres ,  et  placé  après  sa  mort  au  rang  des  astres.  C'est  ce 
que  je  souhaite  à  tous  les  Orions  du  Journal  des  Débats. 
Ainsi  soit-il. 


La  COLOMBE  ,  entre  le  fleuve  Eridan, 
Orion,  le  grand  Chien,  et  le  Navire,  est  re- 
marquable par  une  étoile  brillante  de  la 
deuxième  grandeur. 

Le  GRAND  CHIEN,  Groupe  de  trente- 
une  étoiles,  au  nombre  des  quelles  on  re- 
marque Sirius  ou  la  Canicule.  Sirius  est  la 


512 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


plus  brillante  de  foules  les  étoiles  de  première 
grandeur. 

Le  PETIT  CHIEIV  ,  près  de  la  voie  lac- 
tée entre  le  Navire  et  les  Gémeaux ,  se 
compose  de  quatorze  étoiles ,  dont  une 
claire  de  la  première  grandeur,  nommée 
Proc^on. 

Le  NAVIRE  ArGO  est  une  grande  con- 
stellation, sur  la  voie  lactée.  Son  étoile  la 
plus  remarquable  se  nomme  Canope;  elle 
est  de  la  première  grandeur. 

L'hydre,  constellation  très-étendue 
en  longueur,  entre  le  iVantre  et  la  Vierge. 
Sa  tète  a  plusieurs  étoiles  remarquables. 
Son  corps  en  a  une  de  la  première  gran- 
deur, et  sa  queue  une  de  la  deuxième.  La 
CocpB  ,  qui  est  unie  à  l'hydre  vers  le  mi- 
lieu de  la  longueur  de  celle-ci,  a  plusieurs 
étoiles  formant  un  quarré. 

Le  CORBEAU,  entre  YHydreet  la  Vierge, 
a  aux  ailes  deux  étoiles  de  la  deuxième 
grandeur. 

Le  SOLITAIRE  ,  entre  la  Balance,  le 


Scorpion,  et  l'Hydre,  a  vingt-denx  étoiles. 

Le  CENTAURE  ,  constellation  placée 
sous  la  queue  de  l'Hydre  ,  près  de  la  voie 
lactée  ,  a  un  grand  nombre  d'étoiles  dont 
une  delà  première  grandeur. 

Le  CRUSERO  ,  sur  la  voix  lactée,  à  côté 
du  Centaure  ,  a  quatre  étoiles. 

Le  LOUP,  entre  le  Centaure  et  le  Scor- 
pion, n'a  rien  de  remarquable. 

La  MOUCHE,  sur  la  voie  lactée,  entre  le 
Crusero  et  le  Caméléon,  a  quatre  étoiles. 

Le  TRIANGLE  méridional,  au  bord  de 
la  voix  lactée,  près  de  V Oiseau  de  paradis, 
n'a  rien  de  remarquable. 

L'autel  est  de  même  situé  sur  le  bord 
de  la  voie  lactée. 

Le  PAON,  invisible  dans  nos  climats  , 
est  situé  entre  V  Autel,  l'Oiseau  de  paradis, 
l'Hydre  mâle ,  le  Toucan,  et  l'Indien, 

L'indien  est  invisible. 

Le  TOUCAN  ,  invisible. 

La  GRUE,  invisible. 

Le  PHÉNIX ,  invisible. 


Constellations  situées  autour  du  pôle  antarctique. 


La  DoBADE  ou  XiPHiAS. 
Le  Poisson   volanx. 
Le  Caméléon. 


L'OlSEAD    DE    PABADIS. 

L'Hydrb  mIle. 


La  voix  lactée,  que  le  vulgaire  appelé  le  chemin  de  Saint-Jacques ,  et  les 
astronomes  galaxie,  est  une  grande  trace  de  lumière  blanche  et  diffuse, 
qui,  à  peu  près  du  nord  au  sud,  entoure  le  ciel  en  forme  de  ceinture,  et 
qui,  vue  au  télescope,  se  résout  en  une  multitude  innombrable  d'étoiles 
distinctes.  Les  anciens  l'attribuaient  à  quelques  gouttes  de  lait  qui  tom- 
bèrent de  la  bouche  d'Hercule,  lorsqu'il  était  suspendu  aux  mamelles  de 
Junon. 

Une  goutte  de  lait  dans  la  plaine  éthérée 
Tomba,  dit-on,  jadis  du  haut  du  firmament. 
La  Nuit ,  qui  sur  son  char  passait  en  ce  moment, 
Vit  ce  pâle  sillon  sur  sa  mer  azurée , 
Et,  secouant  les  plis  de  sa  robe  nacrée, 
Fit  au  ruisseau  céleste  un  lit  de  diamant. 

Les  Grecs ,  enfants  gâtés  des  filles  de  Mémoire  , 
De  miel  et  d'ambroisie  ont  doré  cette  histoire  ; 
Mais  j'en  veux  dire  un  point  qui  fut  ignoré  d'eux. 
C'est  que ,  lorsque  Junon  vit  son  beau  sein  d'ivoire 
En  un  fleuve  de  lait  changer  ainsi  les  cieux, 
Elle  eut  peur  tout  à  coup  du  souverain  des  dieu». 

Elle  voulut  poser  ses  mains  sur  sa  poitrine , 
Et,  sentant  ruisseler  sa   mamelle  divine, 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE.  3^5 

Poui'  épargner  l'Oljmpo  ,  elle  su  détourna; 

Le  soleil  était  loin  ,  la  terre  était  voisine; 

Sur  notre  pauvre  argile  une  goutte  en   tomba. 

Tout  ce  que  nous  aimons  nous  est  venu  <lc  là.  (  Althcd  ue  Musset.  ) 

Qui  ne  préférerait  ces  dix-huit  vers  à  tous  les  feuilletons  de  Jules  Janin? 
Ce  ne  pourrait  être  que  Midas  on  M.  Cuvillier  Fleury. 

Planètes  et  Satellites. 

Un  mot  d'abord  sur  le  système  planétaire.  Parmi  les  astres  sus- 
pendus dans  l'espace ,  les  uns  brillent  de  leur  propre  lumière ,  et 
paraissent  garder  la  même  situation  les  uns  par  rapport  aux  au- 
tres. On  les  nommes  étoiles  fixes.  Le  nombre  en  est  incalculable. 
Pour  s'en  rendre  compte ,  on  les  a  divisés  par  groupes ,  appelés 
constellations.  Nous  venons  d'en  faire  plus  haut  le  résumé  succinct. 

D'autres  astres ,  qui  changent  de  situation  les  uns  à  l'égard  des 
autres,  et  par  rapport  aux  étoiles  fixes,  sont  nommés  plmiètes  (du 
grec  planètes ,  errant).  Ces  derniers  astres  sont  opaques  et  ne  pa- 
raissent lumineux  que  parce  qu'ils  réfléchissent  la  lumière  du  soleil. 

Le  soleil,  qui  est  le  centre  de  notre  système  planétaire,  est  un 
corps  sphérique  et  lumineux,  dont  la  nature  est  encore  un  pro- 
blème pour  nous.  L'opinion  la  plus  répandue  lui  donne  un  noyau 
solide  et  obscur,  entouré  d'une  atmosphère  lumineuse.  Le  dia- 
mètre du  soleil  n'a  pas  moins  de  320  mille  lieues,  et  son  volume  est 
plus  d'un  million  300  mille  fois  celui  de  la  terre.  Sa  densité  est  à 
celle  de  la  terre  comme  est  1  à  2343.  On  a  reconnu,  par  le  dépla- 
cement et  le  retour  périodique  des  taches  que  présente  sa  surface, 
qu'il  exécute  sur  lui-même,  d'occident  en  orient,  un  mouvement 
de  rotation  en  25  jours  et  12  heures.  Sa  lumière ,  qui  nous  arrive 
en  8  minutes  et  13  secondes,  parcourt  en  une  seconde  6896S  lieues. 

Voici  comme  on  le  représente  dans  les  livres 

Les  planètes  exécutent  deux  mouvements ,  l'un  de  rotation  sur 
«lles-mèmes,  l'autre  de  révolution  autour  du  soleil,  d'occident  en 
orient.  Les  anciens  ne  connaissaient  que  six  planètes,  savoir: 
Mercure,  Vénus,  la  Terre,  Mars,  Jupiter ,  Saturne.  Les  modernes 
en  ont  découvert  cinq  autres ,  Testa,  Junon,  Cérès,  Pallas,  et  Ura- 
nus ,  toutes  trop  petites  ou  trop  éloignées  pour  qu'on  en  puisse 
apprécier  la  rotation.  Quatre  d'entre  elles,  Vesla,  Junon,  Cérès,  et 
Pallas,  sont  trop  petites  pour  pouvoir  être  aperçues  sans  le  secours 
d'une  lunette;  ce  qui  les  a  fait  appeler  télcscopiqnes. 

T.  H.  «5 


•"j  1  î  <:i.EF  I)E  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

L'ensemble  des  planèlcs  qui  se  meuvent  autour  du  soleil,  comme 
autour  d'un  centre  commun  ,  est  ce  qu'on  appelé  système  plané- 
taire. 


TABLEAU   DES 

PLANETES. 

NOM 

«los 

PLANÈTES. 

u 

S 

5 

w  S  £ 

p.-  — 

o  5^ 

DISTANCE 

niojeirne 

(les  plaiièles 

au  soleil. 

DUBÉE 

de  leur 

ROTATIOS 

DURÉE 

<le  leur 

RÉVOLUTION. 

ÉPOQUE 

de  leur 

DÉCOUVEBTE. 

t 
ç 

Mercure. 

Vénus. 

La  Tebre. 

Mars. 

Vesta. 

Junon. 

Cèrès. 

Pallas. 

Jupiter. 

Saturne. 

Uranus. 

ikats. 

1,180 
2,785 
2,665 
1,921 

inconnu 

1 

.1 

10 

1 

G 

13,450,000 

25,000,000 

34,500,000 

53,000,000 

82,000,000 

92,000,000 

95,000,000 

96,000,000 

180,000,000 

329,000,000 

662,000,000 

24  h.  5' 
23  —21' 

23  —56' 

24  -31' 

9—56' 
10—16' 

88  jours. 
224 j. 17  h. 
365  j.  5  h.  49' 
1  an  322  j. 

3  —  240  j. 

4  —  130  j. 
4  —  220 j. 
4  —  221  j. 

11  —  315j. 
29  —  166  j. 
84-  7j. 

Olbcrs,  1807. 
Harding,  1804 
Piazzi,  1801. 
Olbcrs,  1802. 

Herschel,  1781 

32,6M 
28,601 

1,470 

887 
77 

Les  planètes  ne  se  meuvent  pas  toutes  dans  un  même  plan;  leurs 
orbites  sont  inclinées  les  unes  par  rapport  aux  autres.  Celles  qui 
étaient  connues  des  anciens  ne  sortent  jamais  dans  leur  révolution 
de  la  zone  du  zodiaque;  mais  les  orbites  de  Junon,  de  Cérès,  et  de 
Pallas  ont  plus  d'inclinaison. 

Deux  forces  règlent  tous  les  mouvements  des  planètes  :  la  force 
centripète  on  force  d'attraction,  de  gravitation ,  et  \a  force  centri- 
ftige  ou  force  de  projection.  La  force  centripète  est  celle  en  vertu 
de  laquelle  tous  les  corps  célestes  s'attirent  en  raison  directe  des 


(1)  C'est  à  dire  que  l'attraction  est  deux  fois  plus  forte  dans  un  corps 
deux  fois  plus  grand  ,  et  quatre  fois  plus  faible  dans  un  corps  plus  éloigné. 
Le  soleil  étant  le  plus  grand  corps  du  système  solaire  attire  sans  cesse  tous 
les  autres. 


SIGNES  DIVERS.   ASTRONOMIE.  •^4^> 

masses  el  en  raison  inverse  du  quarrc  des  distances.  La  force  cctilri 
fuge  est  celle  qui  tend  à  faire  mouvoir  les  planètes  enligne  droite, 
mais  qui ,  combinée  avec  la  force  centripète ,  les  force  à  décrire  des 
ellipses  dont  le  soleil  occupe  un  des  foyers.  Cette  force  est  d'autant 
plus  grande  que  l'astre  est  plus  rapproché  du  soleil.  Aussi  remar- 
que-t-on  que  les  astres  les  plus  éloignés  du  soleil  s'avancent  plus 
lentement  dans  leur  orbite.  De  ce  que  l'orbite  des  planètes  n'esf 
pas  un  cercle  parfait,  mais  une  ellipse,  il  résulte  que  leur  éloigne 
ment  du  soleil  n'est  pas  toujours  le  môme.  Le  point  de  leur  orbil 
où  elles  sont  le  plus  près  du  soleil  s'appèle  périhélie  (du  grec  péri, 
autour,  ethélios,  soleil)  j  celui  où  elles  s'en  trouvent  le  plus  éloignées, 
aphélie  (du  grec  apo,  loin ,  el  hélios,  soleil). 

Autour  de  quelques  planètes  tournent  de  petits  corps  opaques 
qu'on  nomme  satellites.  Jupiter  eu  a  quatre,  Saturne  sept,  Uranus 
six ,  et  la  Terre  un  qui  est  la  lune. 

Voici  l'article  lune  de  notre  grand  dictionnaire. 


Lune.  s.  f.  (  Du  latin  liina.  )  La  lune 
est  une  planète  quarante-neuf  fois  plus 
petite  que  la  terre  ,  dont  elje  est  satellite, 
et  autour  de  la  quelle  elle  tourne,  d'occi- 
dent en  orient ,  à  peu  prrs  en  vingt-sept 
jours  ,  l'éclairant  ,  la  nuit  ,  suivant  ses 
phases  ,  de  la  lumière  qu'elle  réfléchit  du 
soleil.  Le  corps,  l'orbilc,  le  cercle,  le  globe, 
le  disque  de  la  lune.  Le  limbe  de  la  lune. 
L'atmosphère  de  la  lune.  Il  n'est  pas  sûr  que 
la  lune  ait  une  atmosphère.  Les  phases ,  les 
quartiers  de  la  lune.  Les  quatre  phases  de 
la  lune  sont  la  nouvelle  lune,  le  premier 
quartier ,  la  pleine  lune  ,  et  le  dernier  quar- 
tier. Les  nœuds  de  la  lune.  Les  taches  de  la 
lune.  Endroits  moins  propres  que  les  au- 
tres à  réfléchir  vers  nous  la  lumière  du 
soleil.  (Je  suppose  que  ce  sont  les  terres, 
tandis  que  les  parties  plus  brillantes  et  plus 
unies  constituent  l'océan  de  la  lune.  ) 
L'ombre  de  la  lune.  L'orbite  de  la  lune  est 
une  ellipse  dont  la  terre  occupe  un  des 
foyers.  La  distance  de  la  lune  à  la  terre  est, 
terme  moyen ,  de  près  de  86000  lieues,  sa 
plus  grande  distance  étant  de91/i.'50lieues, 
et  sa  plus  petite  de  80105.  La  lune  est  pé- 
rigée OH  dans  son  périgée.  Elle  est  au  point 
de  son  orbite  le  plus  voisin  de  la  terre. 
La  lune  est  apogée  ou  dans  son  apogée.  Elle 
est  au  point  de  son  orbite  le  plus  éloigné  de 
la  terre.  La  lune  pèse  vers  notre  globe,  et  sa 


pesanteur  est  en  raison  inverse  du  quarrèdc 
sa  distance  au  centre  de  la  terre.  Le  volume 
de  la  lune  est  moindre  que  celui  de  la  terre , 
mais  sa  densité  est  à  peu  près  quatre  fois- 
plus  grande.  Outre  son  mouvcmcnl  de  révo- 
lution autour  de  la  terre,  la  lune  a  un  mou- 
vement de  rotation  sur  elle-même ,  qu'elle 
exécute  dans  le  mime  temps.  Le  mouvement 
diurne  de  la  lune  d'orient  en  occident  n'est 
qu'un  mouvement  apparent  qui  a  pour  cause 
le  nwuvcment  diurne  de  la  terre  sur  son 
axe  d'occident  en  orient.  La  lune  n'étant 
pas  lumineuse  par  elle-même  ,  nous  n'en 
apercevons  que  la  partie  éclairée  par  le 
soleil  ;  c'est  pour  cela  que  dans  sa  révo- 
lution nous  la  voyons  sous  diOerenls  as- 
pects ou  phases.  Conjonction  de  la  lune , 
Rencontrede  la  lune  avec  le  soleil  dans  un 
même  point  du  zodiaque;  point  de  son 
orbite  dans  lequel  elle  se  trouve  entre  le 
soleil  et  la  terre.  Quand  la  lune  est  en 
conjonction,  elle  n'est  pas  visible  ;  parce 
que  l'hémisphère  qu'elle  tourne  vers  la 
terre  est  tout  à  lait  dans  l'ombre  ;  et  c'est 
alors  le  temps  de  la  nouvelle  lune.  La  lune 
en  s'avançant  dans  son  orbite  moutre  pru 
gressivement  sa  partie  éclairée  ,  et  parar 
d'abord  sous  la  forme  d'un  croissant  lumi- 
neux, dont  les  extrémités  ou  cornes  sont 
tournées  vers  l'est.  Le  croissant  de  la  lune, 
ou    simplement ,  le  croissant.  La  lune  est 


<>lfi  CLEF  DE  LA  LANQUE  ET  DES  SCIENCES 

dans  son  croissant.  Le  premier  quartier  de  ta 
lune,  La  lune  est  dans  son  premier  quartier, 
quand  ,  le  huitième  jour  de  sa  révolution  , 
elle  paraît  sous  la  forme  d'un  dcuii-cercle, 
la  moitié  de  sa  partie  éclairée  étant  alors 
tournée  vers  la  terre.  Pleine  lune.  Espace 
qui  est  depuis  le  quatorzième  jour  jusqu'au 
vingt-unième  de  la  lune.  Kous  sommes 
dans  la  pleine  lune.  La  lune  est  dans  son 
plein,  lorsqu'ayant  accompli,  le  quinzième 
jour,  la  moitié  de  sa  révolution,  elle  tourne 
vers  la  terre  toute  sa  partie  éclairée,  et 
paraît  tonte  ronde.  La  lune  dans  son  plein 
est  en  opposition  avec  le  soleil.  La  lune  était 
avant-hier  dans  son  plein  ,  elle  est  mainte- 
nant en  dccours ,  dans  son  décours.  Le  dé- 
cours de  la  lune.  Le  dernier  quartier  de  la 
lune.  Nous  sommes  au  dernier  quartier  de  la 
lune.  Sur  la  fin  de  la  lune.  Au  dcctin  de  la 
lune.  Quand  la  lune  est  sur  son  déclin,  on 
la  voit  de  nouveau  Sduslaforme  d'un  crois- 
sant dont  les  cornes  sont  tournées  vers 
l'ouest.  L'âge  de  la  lune.  Le  temps  qui  s'est 
écoulé  depuis  que  la  lune  est  renouvelée. 
Par  l'épacte  on  connaît  l'âge  de  la  lune.  La 
lune  a  tant  de  jours.  Nouvelle  lune.  C'est  au- 
jourd'hui nouvelle  /«ne,  C'est  aujourd'hui  que 
la  lune  commence.  Nous  aurons  pleine  lune, 
nouvelle  lune  tel  jour.  La  luneestdans  ses  sy- 
zygies.  Elle  est  en  conjonction  ou  en  oppo- 
sition avec  le  soleil.  Ln  lune  est  en  quadra- 
ture. Elle  est  éloignée  du  soleil  juste  d'un 
quart  de  cercle.  Au  premier  et  au  dernier 
quartier,  ta  lune  est  en  quadrature  avec  te 
soleil.  Les  quadratures  de  la  lune.  La  lune  , 
quoiqu'elle  parcoure  son  orbite  en  vingt- 
sept  jours  et  moins  de  huit  heures  ,  ne 
se  renouvelle  qu'au  bout  de  vingt-neuf 
jours  et  douze  heures ,  parce  que  ,  pen- 
dant ce  temps  la  terre  s'étant  avancée  dans 
l'écliptique  ,  il  J'aut  deux  jours  et  quatre 
heures  de  plus  pour  que  la  lune  puisse  se  re- 
trouver en  conjonctiou  avec  la  terre  et  le 
soleil.  Voyez  plus  loin  ,  Lunaire.  La  lune 
en  parcourant  son  orbite  d'occident  en 
orient  semble  retarder  tous  les  jours  d'en 
viron  cinquante-une  minutes  sur  le  soleil. 
Au  moment  de  la  conjonction,  la  lune  passe 
au  méridien  à  midi  en  même  temps  que  le 
soleil  ;  dans  le  premier  quartier  ,  elle  n'y 
arrive  qu'à  six  heures  du  soir;  à  minuit 
seulement  dans  la  pleine  lune  ,  et  à  six 
heures  du  matin  le  jour  du  dernier  quar- 
tier; de  sorte  que  pendant  une  lunaison 
on  ne  compterait  que  vingt-huit  jours  et 
demi  d'après  la   lune ,  tandis   qu'on   en 


compte  un  de  plus  d'après  le  soleil,  La 
tune  a  des  éclipses,  souffre  des  éclipses.  Une 
éclipse  de  lune.  Les  éclipses  de  lune  07it  lieu 
par  l'interposition  de  la  terre  entre  la  lune  et 
le  soleil,  au  moment  de  l'opposition  ;  et  les 
éclipses  de  soleil  par  l'interposition  de  la  lune 
entre  ta  terre  et  le  soleil,  au  moment  de  la  con- 
jonction. S'il  n'y  a  point  chaque  mois  une 
éclipse  de  lune  et  une  éclipse  de  soleil,  c'est 
que  l'orbite  de  la  lune  n'est  point  comprise 
dans  celle  de  la  terre.  L'orbite  de  la  lune  , 
inclinée  de  cinq  degrés  sur  l'écliptique  ,  le 
coupe  en  deux  points  que  l'on  appelé , 
l'un  ,  le  nœud  ascendant  ou  la  tète  du  dra- 
gon ,  et  l'autre  ,  le  nœud  descendant  ou  la 
queue  du  dragon  ;  de  sorte  que  dans  les  sy- 
zygies  la  lune  est  tantôt  au  dessus,  tantôt 
au  dessous  de  la  ligne  qui  joint  le  soleil  a 
la  terre  ,  et  qu'alors  les  rayons  du  soleil  ne 
sont  point  interceptés.  Les  éclipses  n'ont 
lieu  que  lorsque  la  lune  se  trouve  ii  l'un 
des  nœuds,  ou  très-près  de  l'un  des  nœuds 
au  moment  de  la  conjonction  ou  de  l'op- 
sition.  Les  éclipses  de  lune  sont  totales, 
ou  partielles  ;  totales,  lorsque  la  lune 
pénètre  tout  entière  dans  l'ombre  de  la 
terre  ;  partielles  ,  quand  la  lune  n'y  péné- 
tre quen  partie.  Les  éclipses  de  lune  sont 
visibles  de  la  même  manière  pour  tous  les 
hubitants  de  l'hémisphère  qui  aperçoivent 
cet  astre  au  moment  où  il  va  s'éclipser.  La 
lune  est  trop  petite  pour  cacher  le  soleil  ci  toute 
la  terre.  Aussi  les  éclipses  de  soleil  ne  sont- 
elles  visibles  que  dans  quelques  pays  ,  et 
on  ne  les  aperçoit  pas  partout  de  la  même 
manière.  Le  soleil  et  la  lune  ne  sont  pas  scu  's 
sujets  aux  éclipses.  La  lune  passe  dans  l'hé- 
misphère boréal  par  le  nœud  ascendant ,  et 
dans  l'hémisphère  austral  par  le  nœud  des- 
cendant. Les  7iœuds  de  la  lune  ne  sont  pas 
fixes  et  immobiles ,  ils  parcourent  les  douze 
signes  du  zodiaque  d'orient  en  occident  dans 
t'espace  de  dix-neuf^  ans.  C'est  cet  espace 
de  temps  qu'on  nomme  cycle  lunaire;  et  le 
nombre  dont  on  se  sert  pour  marquer  cha- 
que année  du  cycle  lunaire,  s'appèle  le 
nombre  d'or.  L'apogée  de  la  lune,  encore 
moins  immobile  que  les  nœuds  de  son  or- 
bite ,  parcourt  tous  les  jours  d'occident  en 
orient  six  minutes  quarante-une  secondes, 
une  tierce,  et  achève  par  conséquent  son 
mouvement  périodique  dans  l'espace  de 
neuf  années.  Lumière  cendrée  de  la  lune. 
Lumière  faible  qu'on  aperçoit  au  dedans 
du  croissant,  et  qui  lait  entrevoir  le  disque 
entier  de  la  lune,  quoique  le  soleil  n'en 


SIGNES  DIVERS.   ASTRONOMIE. 


517 


éclaire  qu'une  petite  partie.  Description  de 
la  lune  ou  sélénoi^rapliie.  Cartes  de  la  lune 
ou  cartes  sélénograplnques.  Clair  de  lune.  Il 
fait  un  beau  clair  de  lune.  Danser ,  lire  au 
clair  de  la  lune.  La  Uimicre  argentée  de  la 
lune.  Quelques  chiensaboicnt  la  lune,  aboient 
à  la  lune.  L'amour  ressemble  à  la  lune: 
quand  il  ne  croit  pas  ,  il  faut  qu'il  diminue. 

Lune,  en  termes  de  Mythologie,  divi- 
nité :  Isis  ,  chez  les  Egyptiens  ;  Séléné  , 
chez  les  Grecs  ;  Diane  ,  chez  les  Romains. 
En  Syrie  et  en  Mésopotamie  on  en  faisait  un 
Dieu  et  non  une  déesse;  on  l'appelait  Lunus. 

Fig.  et  fam.,  Aboyer  à  la  lune.  Crier 
contre  une  personne  à  qui  l'on  ne  peut 
faire  de  mal.  Prov.  et  fig, ,  Fouloir  pren- 
dre la  lune  avec  les  dents ,  Vouloir  faire 
une  chose  impossible.  Faire  un  trou  à 
la  lune.  S'en  aller  furtivement  et  sans 
payer  ses  créanciers.  Fig.,  Ce  cheval  est 
sujet  â  la  lune ,  Il  est  lunatique,  il  a  la  vue 
grasse  ,  sa  vue  se  charge  et  s'obscurcit  de 
temps  en  temps. 

C'est  une  lune,  une  pleine  lune,  un  visage 
de  pleine  lune.  Se  dit  familièrement  d'une 
personne  qui  a  le  visage  fort  plein  et  fort 
large.  On  dit  de  même  ,  Avoir  un  visage 
de  pleine  lune. 

Lune,  Lunaison  ,  temps  d'une  lune  à 
l'autre.  La  lune  de  mars  ,  d'avril ,  etc.,  La 
lune  qui  commence  en  mars  en  avril.  Nous 


sommes  encore  dans  la  lune  d'avril,  A  quel 
quantième  de  la  lune  sommes-nous?  Lune 
rousse,  hune  d'avril. On  craint  la  lune  rousse 
à  cause  des  vents  froids  et  secs  dont  elle 
est  ordinairement  accompagnée  ,  et  qui 
font  tort  aux  fruits. 

Lune  se  dit  poétiquement  pour  mois. 
Depuis  quatre  tunes. 

Lune  de  miel.  Premier  mois  du  mariage. 

Lune,  signifie  encore,  figurément  et  fa- 
milièrement ,  Caprice  ,  fantaisie.  Avoir 
des  lunes.  Il  est  dans  sa  bonne,  dans  sa 
mauvaise  lune.  Il  est  de  bonne,  de  mau- 
vaise humeur.  Prendre  quelqu'un  dans  sa 
bonne  lune ,  Avoir  affaire  à  lui  quand  il  est 
de  bonne  humeur. 
.  Lune,  en  termes  d'Alchimie  ,  Argent. 

Lune  cornée,  en  termes  de  Chimie  an- 
cienne ,  Muriate  d'argent. 

Lune,  en  termes  de  Blason  ,  Argent. 
Les  Anglais  nomment  lune  l'argent  des 
écus  des  princes, /)cr/e  celui  des  armoi- 
ries des  pairs,  et  argent  le  blanc  des  ar- 
moiries des  membres  de  la  chambre  basse. 

Pierre  de  lune,  en  Histoire  naturelle. 
Espèce  d'agate  nébuleuse  ou  d'opale  d'un 
blanc  de  lait  ,  qui  réfléchit  la  lumière 
comme  le  fait  la  lune. 

Lune  de  mer  ou  mole  (en  lat.  mola),  poisson 
argenté  qui  brille  la  nuit.  Les  lunes  forment 
un  genre  établi  aux  dépens  des  tétraodons. 


C'est  ainsi  qu'est  traité  chaque  article  de  notre  grand  dictionnaire. 
Ou  est  prié  de  comparer. 


Phases  de  la  Iiune. 


^)     Pleine  Lune. 
^     Dernier  Quartier 


^)     Nouvelle  Lune. 
Premier  Quartier. 


518 


r.I.EF  nE  LA  LAiNOUE  ET  DES  SCIE.\CES. 
Aspects  dos  Planètes. 

pcf     Opposition. 


çf'  Conjonclion, 

^  Sexlil  aspect. 

I    1  Quadrat  aspect  ou  quadrature 

A  ïrin  aspect. 


) 


Nœuds. 


Ces  signes  sont  surlout  en  usage  dans  le  calendrier.  Or ,  en  fait 
d'astronomie ,  le  calendrier  est  ce  qu'il  eslle  moins  permis  d'igno- 
rer. Nous  allons  en  dire  un  mol  en  passant. 

Ca/enrfr/c»' dérive  Aft  calendes ,  qui  était 
le  premier  jour  du  mois  chez  les  Romains. 
On  entend  par  ce  mot  un  livre  ou  tableau 


qui  contient  l'ordre  et  la  suite  de  tous  les 
jours  de  l'année.  Romulus  avait  compose 
l'année  de  trois  cent  quatre  jours  divisés 
en  dix  mois,  dont  mars  était  le  premier. 
Knma  Pompilius  fixa  la  durée  de  Vannée  so- 
lairpii  trois  cent  soixante-cinq  jours,  et  celle 
de  Vannée  lunaire  à  trois  cent  cinquante- 
quatre.  11  voulut  en  conséquence  que  l'an- 
née fût  composée  de  douze  mois,  alterna- 
tivement de  vingt-neuf  et  de  trente  jours, 
et  que  de  deux  en  deux  ans  on  ajoutât  un 
mois  intercalaire,  alternativement  de  vingt- 
deux  et  de  vingt-trois  jours. 

Le  soin,  confié  aux  pontifes,  d'accorder 
les  années  avec  les  mouvements  célestes, 
ayant  été  négligé,  le  calendrier  romain 
était  tombé  du  temps  de  Jules  César  dans 
une  telle  confusion  ,  que  l'équinoxe  civil 
s  écartait  de  l'équinoxe  astronomique  de 
près  de  trois  mois,  et  que  l'ordre  des  sai- 
sons se  trouvait  interverti.  César,  d'après  les 
conseils  de  l'astronome  Sosigène,  adopta 
l'année  astronomique  de  trois  cent  soixante 
cinq  jours,  et  ordonna  que,  tous  les  quatre 
ans,  on  ajouterait  au  dernier  mois  un  jour, 
pour  former  une  année  de  trois  cent 
soixante-six  jours,  qui  fut  appelée  bissex- 
tile. 

CALENDRIER  ROMAIN. 

Le  calendrier  romain,  établi  par  Jules 
César,  ne  diflFère  du  nôtre  que  par  la  di- 
vision des  mois. 

Le  premier  jour  de  chaque  mois,  chez 
les  Romains,  s'appelait  calcndcf  (  katendœ, 
de  calare,  en  grec  kalein  ,  appeler,  procla- 
mer) ,  parce  que  ce  jour-là  un  des  petits 
pontifes  appelait  le  peuple  au  Gapitole,  lui 
annonçait  les  fêtes  qu'il  avait  à  célébrer 
pendant  le  mois,  et  lui  apprenait  combien 
de  jours  devaient  s'écouler  jusqu'aux  noncs. 
qui  arrivaient  le  7  dans  les  mois  de  mars, 


mai,  juillet,  octobre,  et  le  5  dans  les  autres, 
et  qui  désignaient  le  9*  jour  avant  les  ides, 
(  Le  mot  ides  vient  du  verbe  étrusque 
iduâre,  diviser,  parce  que  ce  jour  divisait 
le  mois  en  deux  portions  presque  égales.) 


Mars,  Ma 
Juilli-t,  Octo- 
bre. 


.1/aiHs,    Jultui 

nu  Quirtiili! 

Ociohcr. 

31  jours. 


I.BNOES. 

des 

noues. 

(autc 

nonQs.j 

•itletles  no7ics 


VIII 

vu 

VI 

V 
IV 
lU    . 

ïeïUu  de£l(]es 


des 

ides. 
(anlc 
idus.j 


KVIII 

XVI 

\V 

XIV 

XIII 

XII 

XI 

X 

IX 

VIII 

vu 

VI 
V 

IV 

III 

Tf'ille  des 
calendes  du 
mois  suivant. 


Janvier, 

Août, 

Décembre. 


Sextilis,  Vc- 
rcinber, 
31  jours. 


<  JI.EXDES. 

IV    (     des 
m   (  nones 

veUlcdcs  nones 


des 
ides. 


VIII 
VII 
YI 
V 

IV 

III 

veille  des  ides 

IDES. 

XIX 
XVIII 1 
XVII 

xvr 

XV 

XIV 

XIII 

XII 

XI 

X 

IX 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

III 

veille  des 
calendes  du 
mois  suivant- 


Avril,  Juin, 
Septembre , 
Aovembre. 


Apy'dis, 

Juiiius, 

Septeinbt-r, 

Novemhcr. 

30  jours. 


CALEXniS. 

IV  \     des 
Ilï    J  nones. 

veille  tics  nones 

XOXES. 

VIII  \ 
VII  j 
VI     [     des 

V  f    ides. 
IV     \ 

III     / 

veille  des  ides 

IDES, 

XVIII 

XVII 

XVI 

XV 

XIV 

XIll 

XII 

XI 

\ 

IX 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

III 

veille 

des  calendes 

du  mois 

suivant. 


Febt'uartus 

28  jouis, 
et  tous  le 

4  ans, 

29  jours. 


CAI.EMIKS. 

IV  \      des 

III  )    nones. 
veille  des  nutic 

NOStS. 

V1II\ 
VII 

VI     l     des 

V  f   ides. 

IV  \ 
III  / 
Veille  des  ide 


an  bis- 
XV11\  c 
XVI     r 
XV      ~ 

XIV  J  r 

XIIlJ  i 

XII  F  „; 

ïn 

VIII  7- 
VII  H 

VI     li 

V    is 
tv    '  t 

m    -^ 

eille 

des 

calendes 

de 

mars. 


IDES 

XVI 
XV 
XIV 

XIII 

XII 

XI 

X 

IX 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

III 


(1;  BisscjTli/ vient  de  bissextus  (deux  fois  sixième)  enfran- 
(^ais/'i'sscx/e,  addition  qui  se  fait  d'un  jour  tous  les  (juatre  ans 
au  mois  de  février.  Ce  jour  était,  chez  lesPiomains,  non  le 
29,  mais  le  25.  C'est  pour  le  distinpuer  du  2'( ,  qui ,  dans  les 
années  ordinaires,  était  aussi  le  sixième  jour  avant  les  calen- 
des de  mars,  qu'on  l'appelait  bifsexius. 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE. 


Hi9 


Comme  on  le  voit  par  ce  taUeau,  les  Romains  comp- 
taient les  jours  en  les  rapportant  aux  cateiidesy  aux  ttoncs, 
ri  aux  ides.  Ainsi  ils  disaient  te  guatrii-me ,  ic  troisième 
des  calendes  ,  des  nones ,  des  ides  ;  la  veille  des  calendes  . 
des  nanes,  des  ides.  Le  jour  d'où  l'on  comptait  était 
considéré  comme  le  premier  dans  la  série  de  jours  qui 
le  précédaient,  et  l'on  disait- 'c  tioisicme  des  calendes , 
des  nones  ,  des  ides,  là  où  il  semble  qu'on  eOt  dû  dire  te 
deuxième  des  calendes  ,  etc.  C'est  que  les  jours  qui  précé- 
daient les  calendes ,  les  nones ,  les  ides ,  étaient  aussi 
comptés  comme  calendes^  nones,  ides.  Les  calendes  étaient 
des  jours  de  fêtes ,  dont  le  lendemain  était  réputé  néfaste 
(regardé  comme  funeste'.  Le  payement  des  dettes  était  fixé 
aux  calendes  de  chaque  mois.  Aux  calendes  de  mars  coni' 
mençait  Pannée  romaine  ,  à  celles  de  janvier  tes  cotisais  en- 
traient en  charges.  Les  calendes  étaient  consacrées  «  Jtinon. 
Prov.  et  lig. ,  lienvttyer  aux  calendes  grecques^  Renvoyer 
indéfiniment.  Cela  se  dit  parce  que  les  Grecs  n'avaient 
point  de  calendes,  mais  des  néoménies.  Les  ides  de  mars 
furent  fatales  à  Jules  César.  Le  matin  des  ides  de  septembre 
{ le  13  septembre  ^ ,  Crassus  se  rendit  au  sénat  sur  tUnvita- 
iion  de  Drusus. 

On  a  faitlcsdeux  vers  latins  qui  suivent  pour  indiquer 
combien  de  jours  on  doit  compter  avant  les  nones  et  les 
tdcs  de  chaque  mois. 

Sex  niaius  uoiiâs;  oct  )ber,  julius,  etuiars, 
Quatuor  at  reliqui  ;  dabit  idus  quilibet  octo. 

Mai,  octobre,  juillet,  et  mars  donnent  six  jours  de  no- 
ues; les  autres  quatre.  Chaque  mois  donne  huit  ides. 

Les  Romains  ne  connaissaient  pas  la  division  du  mois 
en  semaines  de  sept  jours  jhebdomadesj.  Cependant  ils 
paraissent  avoir  eu  des  semaines  de  huit  jours  (ogdtiadesj, 
après  les  quelles  se  tenaient  les  marchés,  appelés  nundincs, 
parce  qu'il  venaient  tous  les   neuf  jours. 

Les  semaines  de  sept  jours  furent  introduites  par  les 
chrétiens,  qui  les  prirent  des  Juifs. 

Le  jour  se  composait  de  douze  heures. 

La  première  commençait  à  six  heures  du  matin. 

Les  douze  heures  de  la  nuit  se  divisaient  en  quatre 
veilles,  et  chaque  veille  se  composait  de  trois  heures.  La 
première  commençait  a  six  heures  du  soir . 

Jours  de  la  semaine.  ' 


Dimanche, 

Solis 

V               Jour  du  Soleil. 

Lundi, 

Lunœ 

\              Jour  de  la  Lune 

Mardi, 

Martis 

r              Jour  de  Mars. 

Mercredi, 

Mercurii 

>    dies.    Jour  de  Mercurj 

Jeudi, 

Jocis 

1              Jour  de  Jupiter. 

Vendredi, 

Venerii 

J              Jour  de  Vénus. 

Samedi, 

Saturni 

'               Jour  de  Saturne 

Solis  dies  et  saturni  dies  sont  remplacées  en  latin  par  do- 
minica  d'es  et  subbali  dies. 

Le  pape  Grégoire  XIII  réforma  le  calen- 
drier julien. 

L'année  julienne  étant  trop  longue  de 
11  minutes  15  secondes,  il  devait  en  résul- 
ter à  la  longue  une  anticipation  sensible 
de  l'année  solaire  sur  l'année  civile.  Les  11 
minutes  après  131  ans  taisaient  un  jour  en- 
tier, et  il  se  trouva  qu'en  1581  l'équinoxe 


du  printemps,  qui  tombait  au  21  mars  en 
325  ,  avait  rétrogradé  de  dix  jours  pendant 
l'espace  de  1256  ans,  et  arrivait  le  11  de 
ce  mois.  Pour  remédier  à  cet  inconvénient, 
Grégoire  Xlll  retrancha  10  jours  de  l'an* 
née  1582  ,  et  le  lendemain  du  4  octobre  on 
compta  le  15  au  lieu  de  compter  le  5. 
Pour  empêcher  le  même  désordre  à  l'ave- 
nir, il  prescrivit  l'addition  d'un  jour,  tous 
les  quatre  ans ,  au  mois  de  février ,  le  quel 
est  alors  de  29  jours.  Ce  jour  supplémen- 
taire se  nomme  bissextc,  et  l'année  où  il  se 
rencontre  bissextile.  On  le  supprime  de  la 
dernière  de  chaque  siècle  pendant  trois 
siècles  consécutifs,  pour  le  rétablir  au  qua- 
trième. Ainsi  l'an  1600  ayant  été  bissextil, 
1700,  1800,  1900,  ne  peuvent  l'être.  200O 
le  sera.  Les  97  jours  qu'on  répart  ainsi  sur 
une  durée  de  liOO  ans  ne  laissent  plus  sub- 
sister qu'une  différence  insensible  entre 
l'année  civile  et  l'année  solaire.  On  dit  de- 
puis, Vannée  grégorienne,  comme  on  disait 
auparavant ,  l'année  julienne.  \i^i  calendrier 
julien  ou  vieux  calendrier,  encore  en  usage 
chez  les  Russes  et  chez  les  Grecs,  retarde 
maintenant  de  douze  jours. 

A  son  tour  la  convention  Nationale,  se 
croyant  appelée  à  tout  reformer,  substitua 
par  un  décret  du  24  novembre  1793,  au 
calendrier  grégorien,  un  calendrier  entiè- 
rement basé  sur  le  système  décimal.  L'crc 
des  Français  data  de  la  première  année  de 
la  République  ,  c'est  à  dire  ,  du  11  septem- 
bre 1792 ,  à  minuit.  L'année  se  divisa  en 
douze  mois  de  trente  jours  chacun,  suivis 
de  cinq  jours  complémentaires ,  appelés 
sans-culottides.  De  quatre  en  quatre  ans,  à 
ces  cinq  jours  on  eu  ajouta  un  sixième ,  et 
cette  période  de  quatre  ans  reçut  le  nom 
de  Franciade ,  en  mémoire  de  la  Révolu- 
tion, qui  après  quatre  ans  avait  conduit  la 
France  au  gouvernement  républicain.  Les 
noms  des  mois  fin-ent,  pour  l'automne, 
l'endémiaire,  brumaire,  frimaire;  pour  l'hi- 
ver, nivôse,  pluviôse,  venlosc  (1)  ;  pour  le 
printemps,  germinal,  floréal,  prairial;  pour 
l'été  ,  mess jVoc  ,  thermidor,  fructidor  (2), 
Voir  la  Métltode  du  Genre,  page  310.  Cha- 


(i)  Rieu  n'autoiise  la  présence  de  l'accent  circonflexe  sur  To  de  ninose,  pluviôse,  venlosc, 
(2)  Ces  mots  sont  parfaitement  compose's.  «  Grâce  à  quelques  têtes  étroites,  dit  M.  Tenint, 
notre  langue  s'est  faite  pauvre  volontairement  et  de  gaieté  de  cœur,  et  quant  aux  mots  qu'il  a  Lien 
fallu  créer  pour  le  besoin  des  idées  et  des  choses  nouvelles,  sous  prétexte  d'étymologie ,  on  les  a 
faits  les  plus  longs  possibles.  INous  ne  savons  guère  que  la  République  qui  ait  osé  créer  des  mots 
nouveaux  aussi  harmonieux  que  s'ils  étaient  ptiniilifs  ;  et  certes  fe'tymologic  s'y  rclrouvc  tout  aussi 
Lien  que  dans  les  autres  qui  s  allonjjcul  ii  l'iiifiui,  Aussi  est-ce  uu  poète  ,  Fabrc  dEglantinc,  qui  les 
a  inventes,  » 


«20 


ClyEF  DE  LA  ;>/VX4GUB  ET  DES  SCIENCES. 


que  mois  fut  divisé  en  trois  parties  égales 
de  dix  jours  chacune,  appelées  décades.  Les 
noms  des  jours  de  la  décade  furent  priinidi, 
dttodi,  Iridi ,  quartidi,  quinttdi,  sextidi,  oc- 
iidi,  nonidi,  décadi.  On  substitua  au  nom 


des  saints  des  noms  de  végétaux,  d'ani- 
maux, d'instruments  aratoires,  etc. 

Le  calendrier  républicain  fut  aboli  par 
un  décret  du  21  fructidor  an  xiii  (1805). 


TABXE  DE  CONCORDANCE 

ENTRE  LE  CALENDRIER  FRANÇAIS  ET  LE  CALENDRIER 
GRÉGORIEN. 

An  II. 

1793  —  1794. 

An   III. 

1794  —  1795. 

An  n . 

1795—1796. 

1  Vendémiaire. 
15    

22septem.l793 

6  octobre.  — 
22     —          — 

5  novemb. — 
21     —         — 

5  décemb. — 
21     —          - 

5  janvier  1794 

20  —          — 

4  février.    — 

19  —          — 

5  mars.       — 

21  —          — 
4  avril.        — 

20  —          — 
3  mai.         — 

20  —          — 
3juin.         — 

19    -         - 
3juillel.     — 

19    —         — 
3  août.        — 

18     -         - 
Sseptera.  — 

21  —         — 

22septem.l794 
5  octobre.  — 

22     —          — 
5  novemb. — 

21     —          — 
5  décemb. — 

21     —          — 

4  janvier  1795 

20  —          — 

3  février.    — 

19  —         — 

5  mars.       — 

21  —          — 

4  avril.       — 

20  —         — 
4  mai.         — 

20     —          — 

3  juin.        — 
19     —         — 

3  juillet.     — 
19     —         — 

2  août.        — 
18     —         — 

1  septeni.  — 

22  —         — 

23septem.l795 

7  octobre.  — 
23     —          — 

6  novemb. — 
22     —          — 

6  décemb. — 
22     -          - 

5  janvier  1796 
21     —         — 

4  février.    — 

20  —          — 

5  mars         — 

21  —          — 
4  avril.       — 

20     —         — 
4  mai.         — 

20  —          — 
3  juin.         — 

19    —         — 
3  juillet.     — 

19    —         — 
2  août.         — 

18     —          — 
1  septcm.  — 

21  —         — 

1  Brumaire  .... 
15    

1  Frimaire 

15    

1  Nivôse 

15    

1  Pluviôse 

15    

1  Ventôse 

15    

1  Germinal. . . . 
15    

1  Floréal 

15    

1   Prairial 

15    

1  Messidor 

15    

1  Thermidor. . . 
15    

1  Fructidor.. . . 
15    

5«jourcomplém. 

I 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE. 


S2Î 


1  Vendémiaire. 
15 

1  Brumaire. , . . 
15 

1  Frimaire 

15 

1  Nivôse.. .... . 

15    

1  Pluviôse 

15   

1  Ventôse  . . . . . 
15    

1  Germinal . . . . 
15   

1  Floréal 

15    

1  Prairial 

15    

1  Messidor 

15    

1  Thermidor. . . 
15    

1  Fructidor. . . . 
15    

5«  jonrcomplém, 

1  Vendémiaire. 
15    

1  Brumaire . . . . 
15    

1  Frimaire 

15    

1  Nivôse 

15    

1  Pluviôse 

15    

1  Ventôse 

15    

1  Germinal . . . . 
15    

1  Floréal 

15    

1  Prairial 

15    

1  Messidor 

15    

1  Thermidor. . . 
15    

1  Fructidor. . . . 
15    

Séjour  complém. 

T.  II. 


An  V. 

1796  —  1797. 


22septem.l796 
6  octobre.  — 

22     —  — 

5  novemb.  — ■ 

21     —  — 

5  décemb.  — 

21     —  — 

4  janvier  1797 

20  —  — 
3  février.    — 

19  —  — 

5  mars.       — 

21  —  — 
A  avril.        — 

20  —  — 
U  mai.         — 

20  —  — 
Sjuin.         — 

19     -  — 

3  juillet.      — 

19     —  — 

2  août.         — 

18     —  — 

1  septem.  — 

21  —  — 


An  VI. 

1797  —  1798. 


22  septem.  1797 

6  octobre.  — 
22     —  — 

5  novemb.  ^- 
21     —  — 

5  décemb,  — 
21     —         — 

/i  janvier  1798 

20  —  — 
3  février.    — 

19  —         — 
5  mars.       — 

21  —  — 
4  avril.          — 

20  —         — 
i  mai.         — 

20  —  — 
3  juin          — 

19     —  — 

5  juillet.      — 

19     —  — 

2  août.        — 

18     —  — 

1  septem.  — 

21  —         — 


An  Vil. 

1798  —  1799. 


22  septem.  1798 

6  octobre.  — 
22     —  — 

5  novemb.  — 
21     —  — 

5  décemb.  — 
21     —  _ 

A  janvier  1799 

20  —  — 

3  février.    — 

19  —  — 
5  mars.       — 

21  —  _ 

4  avril.        — 

20  —  — 
/imai.         — 

20     —  — 

3  juin.  — 
19    -        - 

3  juillet.  — 
19     —         — 

2  août.  — 
18     —  — 

1  septem.  — 

22  —         — 


An  VIII. 
1799  —  1800. 


23  septem.  1799 
7  octobre.  — 

23     —         — 
6  novemb.  — 

22     —  — 

(j  décemb.  — 

22     —  — 

5  janvier  1800 

21  —  — 

4  février.    — 

20  —  — 

6  mars.       — 

22  —  — 

5  avril.      T  — 

21  -  — 
5  mai.         — 

21  —  — 
ijuin.         — 

20  —  — 
h  juillet.  — 
20  —  — 
f  3  août.  — 
19     —  — 

2  septem.  — 

22  —  — 


An  IX. 

ISOO  — 1801. 


An  X. 

1801  —  1802. 


23  septem.  1800 
7  octobre.  — 

23     ~  — 

6  novemi).  — 

22     —  — 

6  décemb.  — 

22     —         — 

5  janvier  1801 
21     —  — 

h  février.    — 
20     —  — 

6  mars.       — 

20  —  — 
5  avril.        — 

21  —  — 
5  mai.         — 

21  —  — 
à  juin.         — 

20     —  — 

/(.juillet.     — 

20     —  — 

3  août.        — 

19     —  — 

2seplrm.    — 

22  —  — 


23  septem.  1801 
7  octobre.  — 

23     —  — 

G  novemb.  — 

22     —         — 
6  décemb.  — 

22     —  — 

5  janvier  1802 

21  —  — 
h  février.    — 

20  ~  — 

6  mars.       — 

22  —  — 
5  avril.        — 

21  —  — 
5  mai.         — 

21  —  — 
4  juin.         — 

20     —  _ 

4  juillet.     — 

20     —  — 

3  août.        — 

19     —  ~ 

2  septem.   — 

22  —  — 

6fi 


322 


CLEF  DE  L.V  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


An  XI. 

1802  —  1803. 

An  XII. 

1803  —  1804. 

24  septem.  1803 

8  octobre.  — 
24     —          — 

7  novemb. — 
23     —         — 

7  décemb. — 
23     —          — 

Gjanvier  1804 
22     —          — 

5  février.    — 

21  —          — 

6  mars.       — 

22  —         — 
5  avril.        — 

21     —         — 
5  mai.         — 

21  —         — 
4juin.         — 

20  —  — 
4  juillet.     — 

20  —  — 
3  août.        — 

19  —  - 
2  septem.  — 

22  —         — 

An   XIII. 

180/1  —  1805. 

1  Vendémiaire . 
15    

23  septem.  1802 
7  octobre.  — 

23     —          — 
6  novemb.  — 

22     —          — 
6  décemb.  — 

22     —         — 

5  janvier  1803 

21  _          _ 

4  février.    — 

20  —          — 

6  mars.       — 

22  —          — 
5  avril.          — 

21  —          — 

5  mai.         — 
21     —          — 

4juin.         — 
20     —          — 

4  juillet.     — 
20     —          — 

3  août.        — 
19     —         — 

2  septem.  — 

23  —         — 

23  septem.  1804 
7  octobre.  — 

23     —          — 
6  novemb.  — 

22     —          — 
6  décemb. — 

22    —          — 

5  janvier.  1805 

21  —         — 

4  février.    — 

20  —         — 

6  mars.       — 

22  —         — 

5  avril.       — 

21  —          — 
5  mai.        — 

21  —          — 
4juin.        — 

20     —          — 
4  juillet.     — 

20    —         — 
3  août.      -— 

19     —         — 
2  septem.  — 

22  —         — 

1  Brumaire. . . . 
15    

1  Frimaire 

15 

1  Nivôse 

15    

1  Pluviôse 

15    

1  Ventôse 

15    

1  Germinal. .  . . 
15    

1   Floréal 

15    

1  Prairial 

15    

1  Messidor 

15    

1  Thermidor. . . 
15    

1  Fructidor. . . . 
15    

5^  jourcomplém. 

An  XIV. 

1805. 

1  Vendémiaire . 
15    

23  septem.  1805 
7  octobre.  — 

23     —          - 
6  novemb. — 

22     —         — 
6  décemb. — 

22     —         — 

1  Brumaire.. . . 
15   

1  Frimaire 

15    

1  Nivôse 

Le  siècle  est  de  cent  ans.  L'année  est  de  douze  mois. 


NOM  (1)  DES  MOIS  AVEC  LE  NOMBRE  DES  JOURS  CONTENUS 
DANS  CHACUN  d'eUX. 


Hiver. 
Janvier,  31. 
Février,  28  on  29 
Mars,  31. 


Printemps. 
Avril ,  30. 
Mai ,  31. 
Juin ,  30. 


Été. 
Juillet,  31. 
Août ,  31. 
Septembre , 


Automne. 
Octobre,  31. 
Novembre ,  30. 
Décembre  ,  31. 


(1)  La  |)lupart  écriraient  noms  au  pluriel.  Nous  mettons  le  singulier  parce 
qu'il  ne  s'agit  que  d'un  nom  pour  chaque  mois.  La  marque  du  pluriel  ta- 
rait entendre  le  contraire. 


SlCiNES  DIVERS.    ASTllO^OJllE.  o'io 

Les  mois  se  divisent  en  semaines.  Cliaquc  semaine  esl  composée 
de  sept  jours,  dont  les  noms  sont  tirés  des  planètes,  Linidi, ']our 
de  la  Lune;  mardi,  jour  de  Mars  ;  wicrcredi ,  jour  de  Mercure  ; 
jeudi,  jour  de  Jupiter  ;  vendredi ,  jour  de  Vénus  ;  samedi,  jour  de 
Saturne  ;  dimanche,  jour  du  Seigneur.  Dimanche  était  pour  les  an- 
ciens le  jour  du  soleil,  le  soleil  étant,  ainsi  que  la  lune,  considéré 
par  eux  comme  une  planète. 

Dans  les  calendriers  on  indique'  quelquefois  les  jours  de  la  se- 
maine par  les  sept  lettres  A,  B,  C,  D,  E,  F,  G  (1).  Si  l'année  com- 
mence par  un  mercredi ,  durant  toute  l'année  ce  jour  est  désigné 
par  la  lettre  A  ,  le  jeudi  par  B,  le  vendredi  par  C  ,  le  samedi  par  D, 
le  dimanche  par  E.  La  lettre  qui  indique  le  dimanche  s'appelle 
lettre  dominicale. 

Elle  rétrograde  d'un  rang  dans  les  années  communes  ,  parce 
que  l'année  a  un  jour  de  plus  que  S2  semaines,  et  de  deux  rangs  dans 
les  années  bissextiles.  Les  années  bissextiles  ont  deux  lettres  do- 
minicales :  l'une  qui  sert  jusqu'au  1"  mars,  et  l'autre  depuis  celte 
époque  jusqu'à  la  fin  de  l'année.  Cela  vient  de  ce  que  le  mois  de 
février  a  alors  29 jours,  et  que  l'on  marque  par  la  même  lettre  le 

28  et  le  29.  E  est  la  lettre  dominicale  de  cette  année.  L'année  pro- 
chaine, ce  sera  G;  en  1847  C.  En  1848,  année  bissextile,  B  ser- 
vira de  lettre  dominicale  pendant  les  mois  de  janvier  et  de  février, 
et  A  pendant  les  mois  suivants. 

Voulez-vous  savoir  quelle  sera  la  lettre  dominicale  de  1879 ,  par 
exemple?  Ajoutez  au  nombre  79,  sans  égard  aux  siècles,  le  quart 
de  ce  même  nombre ,  c'est  à  dire  ,  20,  avec  l'excès.  Total  99.  Di- 
visez cette  somme  par  7.En99  combien  de  fois  7?  14  fois.  Le  reste 
de  la  division  est  1 .  Retranchez  ce  reste  de  6 ,  et  la  différence  vous 
indiquera  la  lettre  dominicale  cherchée,  c'est  à  dire,  E,  en  pre- 
nant A  pour  1 ,  B  pour  2 ,  etc.  Quand  la  différence  est  0 ,  la  lettre 
dominicale  est  G. 

Si  l'on  sait  quel  jour  de  la  semaine  est  le  \"  d'un  mois ,  on  peut 
aisément  savoir  à  quel  jour  répondra  chaque  quantième  du  mois.  11 
suffit  pour  cela  de  faire  attention  que  le  l*"^ ,  le  8,  le  15,  le  22  et  le 

29  correspondent  au  même  jour.  Que  le  l^^^  soit  un  lundi,  le  22 
sera  aussi  un  lundi,  et  le  25 ,  qui  arrive  trois  jours  après ,  sera  un 
jeudi. 

Il  est  de  môme  un  moyen  bien  simple  de  distinguer  les  mois  de 
trente  jours  de  ceux  de  trente  et  un.  On  n'a  qu'à  compter  les  mois  sur 
les  quatre  doigts  de  la  main  opposés  au  pouce.  On  dit  janvier ,  sur 
Vindex,  février  dans  l'intervalle  de  ce  doigt  à  l'autre ,  mars  sur  le 
médium ,  et  ainsi  de  suite  en  revenant  à  Xindex  aussitôt  après  avoir 
<\ii  juillet  sur  le  petit  doigt.  Chaque  doigt  indique  un  mois  de  trente 
et  un  jours  et  chaque  intervalle  d'un  doigt  à  l'autre  un  mois  de 
trente  jours. 

(1)  Nous  avons  déjà  traité  cet  article  page  /i3l,  mais  nous  y  revenons  de 
crainte  de  n'avoir  pas  été  assez  clair,  ou  de  n'avoir  pas  tout  dit. 


524 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES, 


l'êtes  mobiles. 

On  cnlcnd  par  fiUcs  les  jonrs  consacrés 
parliciilièrenienl  h  drs  actes  de  religion, 
ainsi  que  les  cérémonies  religieuses  par  les 
quelles  on  célèbre  ces  jours.  Tous  les  peu- 
ples ont  eu  leur  culte  public,  et  par  consé- 
quent leurs  leles.  Fc te  solennelle.  Célébrer, 
solenniscr  une  fêle.  Les  fi  tes  des  Egyptiens, 
lies  Romains ,  etc.  Les  pies  de  Jupiter,  de 
Jiinon,  etc.  Les  païens  célébraient  la  plupart 
de  leurs  fctes  par  des  sacrifiées  et  des  jeux. 
(AcAD.)  Cbez  les  chrétiens,  les  fêtes  sont 
des  jours  où  l'on  célèbre  le  service  divin, 
en  commémoration  de  quelque  mystère, 
on  en  l'honneur  de  quelque  saint.  Les  quatre 
grandes  fêtes  de  l'année  sont  Pâques,  la  Pen- 
tecôte, la  Toussaint,  et  Noël.  Fête  double. 
Fête  plus  solennelle  qu'une  autre,  et  où 
dans  quelques  pays  on  double  les  antien- 
nes. Fête  semi-double.  Fête  simple. 

On  nomme  fêtes  mobiles  celles  qui  ne 
tombent  pas  au  même  jour  de  chaque  an- 
née. Elles  sont  presque  toutes  réglées  sur 
celle  de  Pâques. 

La  fête  de  Pâques  a  été  fixée  au  premier 
dimanche  après  la  pleine  lune  qui  suit  l'é- 
quinoxe  du  printemps  ou  qui  arrive  ce 
jour-là.  L'équinoxe  du  printemps  ayant 
lieu  le  21  mars,  et  le  mois  lunaire  étant  de 
29  jours,  il  suit  de  là  que  Pâques  ne  peut 
jamais  arriver  plus  tût  que  le  22  mars ,  ni 
plus  tard  que  le  25  avril. 

Les  autres  fêtes  mobiles  sont  : 

La  Sepluagésime,  qui  est  le  9''  dimanche 
avant  Pâques  (du  latin  septuagesima,  sous- 
entendu  dies,  soixante-dixième  jour  avant 
Pâques) ; 

LsiSexagésime,  le  8"^; 

La  Quinquagcsimc ,  ou  dimanche  gras  , 
le7«; 

lie  jour  des  Cendres  .  qui  est  le  mercredi 
suivant; 

La  Quadragésimc ,  G'^  dimanche  avant 
Pâques  ; 

lieminisccrc,  le  5*  ; 

Ocull,  le  4"; 

Lœtare,  le  5"; 

La  Passion  ,  le  2«  ; 

Les  Rameaux ,  le  1"  ; 

Le  vendredi  saint; 

La  Quasimodo,  le  l""»  dimanche  après 
Pâques  [quasimodo  est  h;  premier  mot  de 
l'introït  de  la  messe  de  ce  jour)  ; 

Les  Rogations  ,  prières  publiques  accom- 
pagnées de  jMocessions,  que  l'Eglise  fait 
pour  les  biens  de  la  U-nv.  pendant  les  trois 
jours  qui  précèdent  l'yJsccnsion  (en  lalin 
rogalioncs,  de  rogarc,  prier.  )  ; 


L'Ascension ,  le  jeudi,  quarantième  jour 
après  Pâques  (en  latin  ascensio,  d'ascendere, 
monter)  ; 

La  Pentecôte  ou  fêle  du  Saint-Esprit ,  le 
cinquantième  jour  après  Pâques  (en grec 
pentccosié,  de  pentêkoslos ,  cinquantième); 

La  Trinité,  fête  en  l'honneur  de  la  Tri- 
nité ,  le  dimanche  après  la  Pentecôte  ; 

La  Fête-Dieu  ou  du  Saint-Sacrement ,  le 
jeudi  qni  suit  le  dimanche  de  la  Trinité. 
Cette  fête  fut  établie  en  426/i  par  le  pape 
Urbain  IV  ,  en  mémoire  de  l'institution 
du  sacrement  de  l'Eucharistie.  Elle  ne  fut 
définitivement  confirmée  qu'en  1316  sous 
Jean  XXII.  On  ne  commença  à  l'observer 
en  France  qu'en  1318.  Cette  fêle  est  par- 
ticulièrement distinguée  par  les  proces- 
sions solennelles  où  l'on  porte  avec  éclat 
par  les  rues  le  corps  de  Jésus-Curist.  Elle 
se  célèbre  à  Vienne  avec  une  pompe  ex- 
traordinaire ,  à  la  quelle  contribue  surtout 
la  présence  de  l'empereur  et  de  l'impéra- 
trice ,  ainsi  que  de  tous  les  grands  digni- 
taires de  l'empire  ,  précédés  de  tous  les 
corps  rouge  et  or  de  la  garde  impériale. 

Têtes  immobiles. 

Les  quatre  dimanches  de  l' Aient.  (  Du 
lalin  adventus,  arrivée:  temps  qui  annonce 
l'arrivée  de  Jksus -Christ.  )  On  jeûnait 
autrefois  pendant  l'avent  trois  fois  la  se- 
maine. En  581  ,  on  jeûna  tous  les  jours  à 
partir  de  la  fêle  de  Saint-Martin  ,  d'oii  il 
fut  appelé  jeiine  de  Suint-Martin.  L'avent 
commence  au  dimanche  le  plus  proche  de 
la  fêle  de  Saint-André  ,  du  27  novembre 
au  3  décembre.  Celte  année  l'Avent  com- 
mence le  jour  même  de  la  fêle  de  Saint- 
André,  leSO  novembre.  Il  commence  le  14 
novembre  dans  l'église  grecque. 

Noël,  fête  de  la  nativité  de  Notre  Sei- 
gneur. On  en  attribue  l'institution  au  pape 
Télespbore  ,  mort  en  138.  Mais  à  cette 
époque  elle  ne  se  célébrait  point  partout 
le  même  jour,  et  on  la  confondait  même 
avec  rÉpij)hanie.  Ce  ne  fut  que  sous  le 
pontificat  de  Jules  I"  (337  à  352)  que 
l'époque  de  la  fête  de  Noël  fut  invariable- 
ment fixée  par  la  toute  chrétienté  au  25  dé- 
cembre. (  De  natalis  dies ,  jour  nalal.  ) 

L'Epiphanie,  Fête  de  la  manifestation 
de  jÉsus-CnHisT  aux  gentils,  et  particuliè- 
rement de  l'adoration  des  rois,  appelée 
aussi  Le  jour  des  Rois.  Elle  tombe  le  6  jan- 
vier. Autrefois  on  donnait  ce  noui  .  ainsi 
que  celui  de  Thcophanic,  à  la  fêle  de 
Noël.  (En  grec  cpiphania,  de  épi,  sur,  c'. 
pliainù,  je  parais  ,  je  biillc.  ) 


SIGNES  DIVERS.  ASTROQMIE. 


La  Purification  on  la  Chandeleur ,  Fête 
en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge  ,  et  en 
mémoire  de  ce  qu'elle  se  soumit  comme 
les  autres  remnics  à  la  cérémonie  légale  de 
la  purifleation.  Elle  se  célèbre  le  2  février. 
On  la  nomme  aussi  Chandeleur  parce  que, 
ce  jour-là,  il  se  fait  une  procession  où  tous 
les  assistants  portent  des  chandelles  de  cire 
ou  cierges, 

1j' Annonciation ,  Fête  en  mémoire  du 
message  de  l'ange  Gabriel  à  la  Tierge  pour 
lui  annoncer  le  mystère  de  l'incarnation. 
On  la  célèbre  le  25  mars. 

L'Assomption  ,  Fête  en  mémoire  de 
l'enlèvement  miraculeux  de  la  Vierge  au 
ciel  par  les  anges,  le  15  août.  (En  latin 
assumptio,  d'assumerc,  prendre  pour  soi.) 

A   MARIB. 

C'est  aujourd'liui  le  jour  auguste  et  solennel 

Où  la  belle  vierge  ilarîe 
Sur  un  cbar  lumineux  s'éJeva  dans  le  ciel , 

Où  vous  irez  ,  ma  sœur  cliérie. 
Les  anges  empressés  sur  voUe front  de  lis 

Poseront  la  sainte  couronne, 
El  vous  occuperez  un  Irûne  de  rubis 

A  côté  de  votre  patronne. 
Moi,  plus  heureux  que  vous,  quoique  moins  méritant, 

Quand  Je  vous  vois,  belle  Marie, 
Je  possède  déjà  tout  ce  qui  vous  attend  , 

Doux  ange,  dans  votre  patrie.    (L.N,F/.c(u  Dan.) 

La  Nativité  de  ta  Vierge,  le  5  septembre. 

La  Toussaint  ,  La  fête  de  tous  les  saints, 
le  l"''  novembre. 

La  Conception  de  la  sainte  Vierge,  ou 
simplement,  la  Conception,  le 8  décembre. 

Le  Carême  est  un  espace  de  temps  qui 
comprend  quarante-six  jours  entre  le  mardi 
gras  et  le  jour  de  Pâques,  et  pendant  le 
quel  les  catholiques  jeûnent  tous  les  jours, 
liors  les  dimanches,  ce  qui  fait  quarante 
jeûnes.  (  En  latin  quadragesima.  ) 

On  entend  par  Quatre-Temps  les  trois 
jours   où    l'Eglise    ordonne  de  jeûner   au 


de  saint  Léon,  ce  jeûne  fut  ordonné  en 
France  par  Charlemagne  ,  en  7G9. 

On  apjièle  Vigile,  la  veille  de  certaines 
fêtes  de  l'Eglise  calholique.  La  vigile  do 
Noi'l.  La  vigile  de  la  Toussaint.  L'église  a 
ordonne  déjeuner  certaines  vigiles.  Il  est  au- 
jourd'hui vigile.  La  vigile  est  remise.  La  vi- 
gile est  avancée  à  cause  du  dimanche.  Vigile 
et  jeûne.  —  Vigile  des  nwrts.  Les  matines  et 
les  laudes  de  l'office  que  l'on  dit  ordinaire- 
ment la  veille  d'un  service  pour  un  mort, 
pour  les  morts.  (  Du  latin  vigiliœ,  parce 
qu'autrefois  les  chrétiens  passaient  une 
partie  de  la  nuit  en  prières  dans  l'église,  la 
veille  des  grandes  fêtes  ;  ce  qui  se  pratique 
encore  parmi  les  Grecs.  ) 

Oc^aie  signifie  huitaine.  C'est  l'espace  de 
huit  joui  s  consacré,  dans  l'Eglise  romaine 
à  solenniser  quelque  grande  fête.  Noël,  Pâ- 
ques,  la  Fête-Dieu,  la  Pentecôte,  sont  ac- 
compagnées d'une  octave.  Octave  de  Pâ- 
ques. Le  premier,  le  dernier  jour  de  l'octave. 
Prêcher  une  octave,  l'octave.  11  se  dit  parti- 
culièrement du  dernier  jour  de  l'octave,  qui 
répond  au  jour  de  la  fête  qu'on  célèbre. 
C'est  aujourd'hui  l'octave  du  Saint-Sacre- 
ment. Le  jour  de  l'octave  ,  l'office  est  plus 
solennel  que  lesjours  précédents.  On  nomme 
octavaire  le  livre  qui  contient  ce  qu'on  doit 
réciter  à  l'église  pendant  les  octaves.  (En 
latin  octava  ,  à'oclo  ,  huit.  ) 

Le  Carnaval  est  le  ten)ps  qui  s'écoule 
depuis  le  6  janvier,  jour  des  Rois  ,  jusqu'au 
mercredi  des  Cendres.  (  Selon  Polili,  des 
mois  latins  carovale  ,  adieu  la  chair  ,  parce 
qu'on  mange  alors  beaucoup  de  chair  pour 
se  dédommager  de  l'abstinence  qui  doit 
suivre.  )  Les  divertissements  du  carnaval. 
Le  carnaval  est  uneinstiiution  païenne  qu'on 
retrouve  presque  tout  entière  dans  tes  satur- 
nales. Le  plus  célèbre  carnaval  était  celui  de 
Venise ,  où  l'on  venait  autrefois  de  toutes  les 
parties  de  l'Europe.  Un  des  jours  les  plus 
fjais  du  carnaval  est  te  fnardi  gras. 


commencement  de  chaque  saison  de  l'an- 
née ,  et  où  les  évêques  ont  coutume  de 
faire  les  ordinations.  Déjà  établi  du  temps 

COMÈTES. 

Oiilre  les  plauèles  et  leurs  satellites  ,  il  y  a  dans  le  système  pla- 
nétaire une  troisième  espèce  d'astres  nommés  comètes  (en  grec 
kométes,  Ae  komc,  chevelure),  les  quels  décrivent  des  ellipses 
tellement  allongées,  qu'ils  ne  nous  deviennent  visibles  que  dans  la 
partie  de  leur  cours  la  plus  voisine  du  soleil  ;  ce  qui  fait  qu'ils 
semblent  paraître  dans  le  ciel  accidentellement.  La  tête  de  la  co- 
mète,  La  nébulosité  plus  ou  moins  lumineuse,  et  généralement  de 
ligure  ovoide ,  qui  semble  former  le  corps  de  ces  astres  ;  par  oppo- 
sition à  la  queue  de  la  comète  ,  La  traînée  de  lumière  vague  qui  les 
accompagne  ordinairement  du  rôle  opposé  au  soleil.  Quclqucfoi!> 


^20  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

celle  lueur  paraît  s'élendrc  au  delà  de  la  têle  vers  le  soleil  5  el  alors 
elle  prend  le  nom  de  barhe  de  la  comcle.  D'autres  fois  aussi  elle 
enveloppe  loute  la  tète ,  et  on  l'appelé  la  chevelure  de  la  comète. 
La  tète  des  comètes,  vue  au  télescope  ,  présente  souvent  dans  son 
intérieur  une  petite  masse  de  lumière  plus  condensée  ;  c'est  ce 
que  l'on  nomme  le  noyau  de  la  comète.  Comète  chevelue.  Comète 
barbue.  Comète  à  queue.  Il  parut  une  comète.  L'apparition  d'une 
comète.  Le  mouvement  d'une  comète.  Le  cours  d'une  comète.  Ob- 
server une  comète.  Le  peuple  croit  que  les  comètes  sont  des  présa- 
ges d'un  événement  funeste,  f  Acad.)  Les  comètes  se  meuvent  dans 
lotîtes  les  directions,  à  l'est,  à  V ouest,  au  nord,  au  sud.  Les 
comètes  sont  très-différentes  de  grandeur  et  d'éclat  ;  quelques  unes 
sont  à  peine  visibles  avec  le  télescope ,  tandis  que  d'autres  occupent 
le  tiers  et  même  la  moitié  du  ciel  par  la  longueur  de  leur  queue.  La 
comète  de  1811 ,  d'abord  à  peine  visible ,  parut  après  son  périhélie 
avec  îine  queue  immense  et  très-brillante.  La  proximité  du  soleil 
en  avait  même  vaporisé  le  noyau,  de  sorte  que  quelques  astrono- 
mes ont  prétendu  avoir  aperçu  les  étoiles  au  travers.  De  quelle 
nature  sont  donc  les  êtres  qui  habitent  les  comètes,  pour  pouvoir 
vivre  ainsi  successivement  dans  la  glace  et  dans  le  ïqwI  Comète  de 
Hal/ey,  comète  dontHalIey  a  calculé  la  révolution,  qui  dure  "Sans 
et  demi.  On  appelé  comète  à  courte  période  une  comète  qui  par- 
court son  orbite  dans  un  peu  moins  de  trois  ans  et  demi;  elle  a  re- 
paru en  1832.  Il  est  des  comètes  dont  la  révolution,  à  ce  qu'on  croit, 
dure  plusieurs  siècles.  Il  eu  est  d'autres  qui  vont  se  perdre  auprès 
des  étoiles  fixes,  et  ne  reparaissent  jamais  dans  le  système  solaire. 

Raisonnant  par  analogie,  on  a  été  conduit  à  croire  que  chaque 
étoile  fixe  est  un  soleil,  centre  d'un  monde  comme  le  nôtre;  que 
par  conséquent  ce  soleil  est  entouré  de  planètes  ou  terres ,  autour 
des  quelles  tourbillonnent  des  satellites;  que  selon  toute  apparence 
sont  habités  satellites  et  planètes ,  et  qu'ainsi  des  millions  de  mil- 
lions de  mondes  roulent  sans  fin  dans  l'espace ,  entraînant  avec 
eux  un  nombre  inimaginables  d'êlres  créés.  Hypothèse  sublime  qui 
élève  l'âme  autant  qu'elle  écrase  la  raison. 

Ces  hommes  orgueilleux  qui  se  disent  grands  parce  qu'ils  sont 
riches,  ou  qu'ils  ont  quelques  syllabes  de  plus  à  leur  nom  ,  ont-ils 
jamais  songé  à  cela? 

L'homme  n'est  grand  que  par  la  pensée. 

O  poète,  esprit  pur  qui  planes  dans  les  cieux, 
Brillantf^soleil  parmi  les  soleils  radieux, 

Distingues-tu  ce  pâle  atome 
Perdu  dans  cet  amas  datomes  qui,  sans  fin, 
Tourbillonnent  là-bas.dans  le  rayon  divin? 

Eh  bien  !  c'est  le  séjour  de  l'homme. 

Là ,  sur  ce  mince  grain  qu'à  peine  l'œil  peut  voir  , 
Sont  des  êtres  ,'cela  peut-il  se  concevoir? 

Qui;s'intilulent  ducs  ou  princes  , 
Très-nobles  et  très-hauts  el  très-puissants  seigneurs , 


SIGNES  DIVERS.   ASTRONOMIE.  527 

Monarques,  potentats,  vois,  sultans,  empereurs, 
Souverains  de  mille  provinces. 

Là  ces  vers  orgueilleux,  s'entourant  de  valets, 
Décorant  leurs  vils  nids  du  titre  de  palais. 

Et  de  Dieu  se  faisant  l'image  , 
Nomment  vilains  les  vers  qui  grouillent  autour  d'eux  , 
Et  veulent  que  d'un  air  humble  et  respectueux 

Chacun  vienne  leur  rendre  hommage. 
Monseigneur  don  Lopez  Alphonse  Raphaël 
Kodriguez  Alonzo  Gonzalve  Gabriel , 

Comte  d'Illescas  et  Tormagne  , 
Peut-être  que  parmi  ces  insectes  charmants 
Qui  vous  causent  parfois  de  certains  mouvements 

Il  est  aussi  des  grands  d'Espagne. 
Eh  quoi  !  vous  les  (uez ,  ô  profanation  ! 
Pêle-mêle,  au  hasard  ,  et  sans  distinction 

De  nom  ,  de  titre  ,  ni  de  race  ! 
Cependant,  Monseigneur,  il  serait  bien  vraiment 
D'élever  pour  le  moins  quelque  humble  monument 

A  tous  ceux  de  première  classe. 
Apprenez-le  de  moi  :  Ce  n'est  pas  un  vain  rang 
Qui  parmi  ses  pareils  fait  un  homme  plus  grand. 

Celui-là  seul  dont  la  pensée 
A  des  ailes  et  peut  planer  sur  l'univers  , 
Celui-là  seul  est  grand  parmi  vous  autres,  vers 

De  la  fange ,  race  insensée. 

Complément  de  ce  qui  précède ,  sur  rAstronomie. 

AérOgrapIlîe.  s.  f.   (  Du  grec  aer,  air,  et  '  meut  dans  leur  gloire  et  dans  leur  bien-être.  Et  moi  aussi, 

graphe,  description.)  Descriplion,  théorie  î  to"'P<^",1"'=>'^  f"''')%"''"'"'^P'''5  «'«  condamné  par  la 

^     f,    .  '  l^  /  1  '  j  pauvreté  a  me  séparer  de  vous,  mon  bon  père  et  ma  bonne 

de  1  air.  ^  ^      l  mère,  pour  aller  bien  loin  gagner  votre  vie  et  la  mienne 

Aérolithe.  s.  m.  (  Du  grec  aer,  et  ti-  j  «t  apprendre  coup  sur  coup,  dans  mon  triste  exil,  que  je 
thos,  pierre.)  Pierre  tombée  du  ciel.  On  a  \  ""  ^°\P^"^  m'altendre  à  retrouver  au  retour,  au  lieu 
.  \  J  '         ,  ■      r.i  ■       •       I  de  vos  bras  pour  me  recevoir ,    au  heu  d'un   baiserpour 

trouve  dans    ce  champ  un   aerOllthe  qui  pesé  ;  me  consoler  de  voire  longue  absence,  que  la  froide  pierre 
au    moins  vin^^t     livres.     (Acad.)    La    chute  ,  de  votre  tombeau.    0  mon  pauvre  père   et  ma  pauvre 
des  aérolUhcs  est  presque  toujours  accompa-  i  ^'^''^'.'i,'.'''  ''°'»n>«  n'étaient  pas  si  méchants,  quand  j'ai 
„  .,  •  1         •  ,,!/•',  daigne  tane  lionimage  de  quelques-unes  de  mes  produc» 

gnee  d  un  mcleore  lumineux  ou  ^'lobe  de  feu     tions    à    Son   Altesse    •*•,    elle  aurait  au  moins  daigné 
qui  disparaît  après  une  violente  explosion.         "^e   répondre.    Quand  il  s'est  agi   de  me  faire    obtenir 

I  un  modeste  encouragement,  la  chose  n'aurait  pas  élu 
Les  savants,  malgré  leur  sagacité,  n'ont  pas  encore  ]  remise  indéfiniment,  et  vous  eussiez  eu  (|uelque  joie  de 
découvert  la  cause  de  ce  phénomène.  Les  idées  qu'ils  ont  cette  marque  de  distinction  accordée  à  votre  fils  ,  et  à  la 
élaborées  sur  ce  sujet,  les  opinions  qu'ils  ont  mises  en  j  quelle  je  n'ai  pensé  un  moment  que  pour  vous,  ô  mon 
avant,  les  montagnes  de  dissertations  qu'ils  ont  entassées  j  cher  père  et  ma  chère  mère.  Maintenant  je  n'ai  que 
sur  ce  point  de  la  science,  c'est  ce  qu'il  j  a  au  monde  de  faire  de  leurs  faveurs.  Ils  pourront  continuer  à  eu  faire  le 
plus  édifiant.  Des  travaux  si  miraculeux  et  si  féconds  en  digne  usage  qu'ils  en  ont  tait  jusqu'à  présent, 
résultats  méritent  bien  la  préférence  qu'on  leur  accorde  H,-g    SAVANTS 

»ur  ceux  des  poètes.  Pauvres  poètes,  .'i  élevés  par  le  cœur  „  _ 'Ppnp?  '    i'     f-^Il<:P     U   hic     nnlifirinn 

et  si  dédaignésl  tandis  que  vos  antagonistes  sont  com-  «  —  1  enez  .    U     tausC     la-DaS     pOlltiquC 

■"       "  dans  ce  petit  groupe  de  grandes  célébrités. 

»  —  En  vérité,  dit  Monte-Christo  ,  ces 
messieurs  que  je  vois  là-bas  sont  des  célé^ 
brilésî  Je  ne  m'en  serais  jamais  douté.  Et 
de  quel  genre?  II  y  a  des  célébrités  de 
toute  espèce,  comme  vous  savez. 

»  —  Il  y  a  d'abord  un  savant,  ce  grand 


blés  d'honueurs  et  de  distinctions!  Pauvres  poètes,  dont 
la  parole  sainte  pourrait  faire  plus  de  bien  au  monde  que 
tous  les  discours  de  la  politique  et  tous  les  mémoires  de 
l'Institut,  et  qui  êtes  si  peu  écoutés!  tandis  que  nos  or- 
gueilleux rivaux  remplissent  le  monde  de  leur  vain  bruit. 
Abl  si  la  société  était  mieux  organisée,  si  elle  distribuait 
avec  plus  d'équité  les  honneurs  et  les  récompenses,  toi, 
Gilbert,  toi  ,  Morcau  ,  vous  ne  seriez  pas  morts  dans  un 
hôpital,  tandis  que  tant  d'imbéciles  se  pavanent  tlhonté- 


528 


ClEF  PE  L.V  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


iiioiisicurscc.il  a  découvnrl  dans  la  cim  pa- 
gne (le  Home  une  espèce  de  Kzard  qui  a  une 
vertèbre  de  plus  que  les  autres,  et  il  est  re- 
venu l'aire  part  ;\  l'Institut  de  celte  impor- 
tante découverte.  La  chose  a  été  long-temps 
contestée;  mais  enfin  l'orce  est  restée  au 
grand  monsieur  sec.  La  vertèbre  avait  fait 
beaucoup  de  bruit  dans  le  monde  savant. 
Le  grand  monsieur  sec  n'était  que  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur,  on  l'a  nommé 
officier. 

»  —  A  la  bonne  heure  !  dit  Monte-Christo, 
voilà  une  croix  qui  me  paraît  sagement 
donnée.  Alors,  s'il  trouve  une  seconde  ver- 
tèbre, on  le  fera  commandeur? 
»  — C'est  probable,  dit  Morcerf. 
n  —  Et  cet  autre  à  l'habit  bleu  brodé  de 
vert,  quel  peut-il  être? 

»  —  C'est  un  académicien. 
1) — Ah  I  vraiment  1    dit  Montc-Christo. 
Et  quel  est  son  mérite,  sa  spécialité  ? 

» — Sa  spécialité?  Je  crois  qu'il  enfonce 
des  épingles  dans  la  tête  des  lapins  ,  qu'il 
fait  manger  de  la  garance  aux  poules ,  et 
qu'il  repousse  avec  des  baleines  la  moelle 
épinière  des  chiens. 

I) — Et  il  est  de  l'Académie  pour  cela? 
Cela  doit  flatter  énormément  l'amour  pro- 
pre des  lapins  à  qui  il  enfonce  des  épingles 
dans  la  tête,  des  poules  dont  il  teint  les  os 
en  rouge ,  et  des  chiens  dont  il  repousse  la 
moelle  épinière? 

»  Albert  se  mit  à  rire. 
»  —  Et  cet  autre?  demanda  le  comte. 
»  —  Cet  autre  ? 
»  —  Oui ,  le  troisième. 
» —  Ah  1  l'habit  bleu  barbeau  ? 
»— Oui. 

»  —  C'est  un  collègue  du  comte  Dan- 
glars,  celui  qui  vient  de  s'opposer  le  plus 
chaudement  à  ce  que  la  chambre  des  pairs 
ait  un  uniforme.  Il  a  eu  un  grand  succès  de 
tribune  à  ce  propos-là.  11  était  mal  avec 
les  gazettes  libérales,  mais  sa  noble  oppo- 
sition au  désir  de  la  cour  vient  de  le  rac- 
commoder avec  elles.  On  parle  de  le  nom- 
mer ambassadeur. 

B  —  Et  quels  sont  ses  titres  à  la  pairj.e  ? 
I)  —  Il  a  fait  deux  ou  trois  opéras  comi- 
ques, pris  quatre  ou  cinq  actions  au  Siècle, 
et  voté  cinq  ou  six  ans  pour  le  ministère. 
(  Alexandre  Dumas.) 

Il  s'agissait  <lc  piciros  toniliies  du  ciel.  Je  tous  prie  de 
noire -que  je  ne  me  suis  pas  icarlù  de  mon  sujet.  Des 
nombreux  aérolitlics  tombés  sur  mou  cœur,  c'est  bien  le 
iHoins  que  j'en  envoie  i(ucl(|ues-uns  aux  savants,  afin 
qu'ils  les  analjscnt  cl  les  étudient. 


Au  fait,  qu'est-ce  que  les  aéroUtliesî  el  d'oiS  vlenncnt- 
ilt>?  Les  savunls  n'en  savent  absolument  rien;  mais  plu- 
tôt (|ue  d'avoucrleur  ignorance,  ils  soutiendront  que  ce 
sont  des  pierres  lancées  par  les  volcans  de  la  lune  ,  ou 
bien  de  petites  planètes  que  la  terre  a  entraînées  bors  de 
leur  orbite.  Il  y  en  a  même  qui  ne  craindront  pas  de  voir 
dans  les  aérolitbes  des  matières  que  nos  volcans  lancent 
à  une  grande  bautcur,  et  qui  retombent  après  avoir  dé- 
crit plusieurs  révolutions  sur  notre  plobe. 

N'est-ce  pas  là  une  bien  belle  découverte?  une  décou- 
verte surtout  bien  utile  au  bonheur  des  hommes? 

Les  acru/ilAcs  se  nomment  aussi  bolides,  dans  la  lan- 
gue des  savants,  mais  l'Académie  n'admet  pas  celte  der- 
nière dénomination. 

Aiguille  aimantée,  Lame  d'acier  aiman- 
tée, longue,  mince,  bien  trempée,  dont  on 
se  sert  pour  les  boussoles.  Elle  est  mobile 
sur  un  pivot  fixe  ,  et  a  ,  comme  tous  les  ai- 
mants, la  propriété  de  diriger  l'une  de  ses 
extrémités  vers  le  nord  et  l'autre  vers  le  sud. 
On  remarque  deux  irrégularités  dans 
cette  direction  de  l'aiguille,  la  déclinaison 
et  Vinclinalson,  La  déclinaison  de  l'aiguilla 
aimantée  est  l'angle  qui  mesure  son  écart 
du  vrai  nord,  soit  vers  l'est,  soit  vers 
l'ouest.  Cette  déclinaison  varie  d'un  lieu 
de  la  terre  à  l'autre ,  et  n'est  pas  même 
constante  dans  un  même  lieu.  A  Paris,  en 
1580  ,  la  déclinaison  était  de  11°  30'  vers 
l'est.  Depuis  lors,  l'aiguille  s'est  avancée 
vers  l'ouest.  En  1678  la  déclinaison  occi- 
dentale était  de  1»  30';  en  1700  de  S"  10'; 
en  1805  de  22°  5'  ;  en  1819  de  22°  29'.  De- 
puis 1819  la  déclinaison  occidentale  a  di- 
minué et  n'est  plus  guère  que  de  22°. 

L'inclinaison  de  l'aiguille  aimantée  est 
l'angle  qu'elle  fait  avec  l'horizon ,  lors- 
que le  plan  vertical  où  elle  se  meut  coïn- 
cide avec  le  méridien  magnétique.  L'ai- 
guille reste  horizontale  dans  le  voisinage 
de  l'équateur;  mais  à  mesure  qu'on  s'ap- 
proche du  nord  elle  incline  vers  la 
terre  sa  pointe  septentrionale.  C'est  la 
pointe  mèiidionale  qui  s'incline  dans  l'hé- 
misphère du  sud.  Cette  inclinaison  varie 
d'année  en  année.  A  Paris,  en  1797,  elle 
était  de  68°  81'  ;  en  1810  de  60°  50';  à  la 
fin  de  182G  elle  n'était  plus  que  de  67°  56'. 
Voyez  Boussole. 

Aimant,  s.  m.  (  Fer  oxydutè  on  oxyde 
magnétique.)  Espèce  de  minerai  de  fer,  à 
l'aspect  métallique  ,  d'un  noir  brillant ,  le 
quel  a  la  propriété  d'attirer  le  fer  ,  l'acier, 
le  cobalt, le  nickel,  et  dont  chaque  masse  ou 
chaque  fragment,  étant  suspendu  à  un  fil 
sans  torsion ,  possède  la  propriété  de  se 
tourner  toujours  suivant  une  même  direc- 
tion ,  dans  le  heu  où  on  l'observe.  Pierre 
d'aimant,  /limant  naturel.  Aimant  artifi^ 
ciel.  Les  aimants  artificiels  sont  les  métaux 


SIGNES  DIVERS.    ASTRONOMIE. 


b'29 


aux  quels  on  a  communiqué  les  veiliis  ma 
gaéliques,  en  les  frottant  à  plusieurs  re- 
prises avec  l'un  des  pùles  de  l'aimant.  On 
nomme  pôles  de  l'ainiant  les  deux  portions 
opposées  delà  surlace  d'un  aimant  oii  ses 
facultés  attractives  se  manifestent  avec  le 
plus  d'intensité.  Aiguille  fioUée  d'aimant. 
Armer  un  aimant.  L'envelopper  d'une 
plaque  de  fer  doux  qui  dirige  les  résultan- 
tes de  ses  forces  attractives  de  manière  à 
en  rendre  plus  énergique  l'effort  simul- 
tané. Les  anciens  connaissaient  les  pro- 
priétés de  l'aimant,  qu'ils  appelaient  ma- 
f;nes,  pierre  herculienne,  sidériiis  ou  pierre 
de  Lydie.  Mais  ce  ne  l\it  que  dans  le  xiii<' 
siècle  que  l'on  découvrit  la  faculté  qu'a  ce 
minerai  de  se  diriger  constamment  vers  le 
pôle  nord  ,  découverle  qui  a  anicnée  celle 
de  la  boussole.  Dans  le  moyen  âge  on  ap- 
pela l'aimant  calanùle  ou  marinetlc.  Voyez 
Aiguille  aimantée  et  Bodssoi.e. 

Aimant  dcCeyIan,  nom  donné  à  la  tour- 
maline, qui  acquiert  la  propriété  attrac- 
tive par  la  chaleur. 

Aimant,  figur.,  Ce  qui  attire  et  attache. 
La  douceur  est  un  aimant  qui  attire  les 
cœurs. 

Aimanter,  v.  a.  Communiquer  la  pro- 
priété de  l'aimant  à  un  autre  corps,  ce  qui 
s'opère  en  général  par  frottement.  Aiman- 
ter l'aiguille  d'une  boussole,  en  la  frottant 
sur  un  aimant  naturel  ou  artificiel.  (  Acad.) 

Aimanté,  ée.  Participe.  Qui  possède  les  ver- 
tus attractives  et  répulsives  de  l'aimant. 
Aiguille  aimantée.  Barre  aimantée. 

Aimantin ,  ine.  adj.  Qui  appartient  à 
l'aimant,  qui  est  propre  à  l'aimant,  f^ertu 
aimantine.  On  dit  aujourd'hui  magnétique. 

Air.  s,  m.  (  Du  latin  aer.)  Substance 
fluide,  invisible  lorsqu'elle  est  en  petites 
masses,  insipide,  pesante,  compressible, 
d'une  grande  élasticité,  dont  la  masse  to- 
tale forme  l'atmosphère  qui  enveloppe  la 
terre  de  toutes  parts.  Air  atmosphérique. 
L'air  est  formé  de  lingt  et  un  centièmes  de 
gaz  oxygène  ,  d'environ  soixante -dix -neuf 
centièmes  de  gaz  azote,  et  d'un  ndlUème  à 
peu  prés  de  gaz  carbonique.  C'est  Lavoisier 
qui  a  découvert  la  composition  de  l'air,  en 
1782.  La  basse,  la  haute,  la  moyenne  région 
de  l'air.  La  pesanteur  de  l'air.  L'air  est  un 
corps  pesant,  et  nous  en  supportons  chacun  un 
poids  égal  à  celui  que  produiraient  dix  métrés 
d'eau  accumulés  sur  notre  tète.  Torricelli  et 
Pascal  sont  les  premiers  qui  aient  pesé  l'air. 
Vers  1661,  la  Société  royale  de  Londres  se 


détermina,  à  la  sollicilatiou  de  Boyle ,  à 
envoyer  quelqu'un  de  ses  memlres  sur  le 
pic  de  Ténériffe,  pour  y  faire  les  expérien- 
ces de  Torricelli  et  de  Pascal. 

On  sait  que  Téiiéiiffe  est  une  des  îles 
Canaries.  Comme  les  îles  appartiennent  au 
roi  d'Espagne  ,  la  Snciété  royah;  députa 
deux  personnes  afin  de  demander  à  l'am- 
bassadeur d'Espagne  des  lettres  de  recom- 
mandation pour  les  îles.  L'ambassadeur 
témoigna  beaucoup  de  bonne  volonté  aux 
députés;  et,  les  prenant  pour  une  société 
de  marchands  quis'était  formée  depuis  peu 
à  Londres  pour  le  négoce  des  vins  de  C'a- 
narie,  il  leur  demanda  la  quantité  qu'ils 
prétendaient  en  enlever.  Les  députés  de  la 
Société  royale  lui  répondirent  que  ce  n'é- 
tait pas  pour  négocier  qu'ils  allaient  aux 
îles  Canaries  ,  mais  pour  y  l'aire  des  expé- 
riences sur  la  pesanteur  de  l'air,  o  —  Quoi  ? 
vous  voulez  peser  l'air?  —  C'est  notre  in- 
tention.—  Sortez  de  chez  moi,  vous  êtes 
des  insensés.  —  Mais ,  Excellence  !... — 
Sortez,  vous  dis-je.»  Les  députés  sont  obli- 
gés de  sortir,  et  l'Excellence  va  raconter 
dans  tous  les  salons  qu'il  est  venu  chez  lui 
des  fous  qui  veulent  peseï  l'air.  11  est  viai 
que  M.  l'ambassadeur  eut  le  chagrin  d'ap- 
prendre qne  le  roi  et  le  duc  d'York  étalent 
à  la  tête  de  ceux  à  qui  il  donnait  le  titre 
de  fous. 

{Journal  encyclopédique,  1768.) 

La  pesanteur  de  l'air  et  les  pressions  at- 
mosphériques sont  pour  nous  clwse  démon- 
trée. L'instrument  qui  sert  à  mesurer  la 
pression  de  l'atmosphère  se  nomme  baro- 
mètre (du  grec  baros,  poids, et  mc/ry?i,  me- 
sure). On  fait  le  vide,  c'est  à  dire, on  prive 
complètement  d'air  un  certain  espace,  au 
moyen  de  la  machine  pneumatique  (du  grec 
pncuma,  air).  La  machine  à  compression  est 
une  espèce  de  machine  pneumatique.  L'air 
est  plus  léger  que  l'eau.  Une  colonne  d\iir. 
La  circulation  de  l'air.  L'air  se  dilate,  se  ra~ 
réfîe.  L'air  se  condense,  se  comprime.  Le  res- 
sort de  l'air.  L'air  fait  ressort.  Toute  l'éten- 
due de  l'air.  Nous  respirons  l'air.  L'air  est 
indispensable  à  la  vie  des  animaux,  et  favo- 
rise l'accroissement  des  végétaux. 

Ses  usagts  clans  les  arisct  l'ccoiioraie  domestique  sont 
sans  nombre  et  sous  des  formes  très-multipliées.  U  rem- 
placera bientôt  la  vapeur  sur  les  chemins  de  fer.  Cbez  les 
classiques,  tes  plaines  de  l'air.  Le  vague  des  airs,  tes  airs 
relentissent  de  mille  chants.  Planer  au  plus  liaut  des  airs. 

Les  anciens  avaient  fait  de  l'air  un  éléinent  qu'il  était 
impossible  d'après  eux  de  décomposer.  Ils  l'adoraient 
comme  une  émanation  vivante  de  la  divinité,  cl  le  di^tin- 
guaitiit  eu  air  mâle  ou  actif,  et  air  femelle  <n\  paaif.  I.e 


T.   II. 


U7 


550 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


picmiei-,  qu'il»  adoinlenl  SOUS  le  iioin  dcJupiler.  ùlail  l'aii- 
11'  plus  pur,  celui  (les  hautes  ri'j;ions ,  Vclher.  Le  second, 
adoré  sous  le  nom  de  Jutwii ,  était  l'air  le  plus  grossier, 
celui  qui  nous  euTiroiine.  Voyez,  pour  les  autres  accep- 
tions de  ce  ti:ot,  la  Mctkode  du  Genre,  page  554. 

En  t'air,  Loc.  adTcrhiale  qui  s'emploie  dans  plusieurs 
sens.  Tirer  en  l'air,  tirer  un  coup  en  l'air.  Tirer  un  coup  de 
fusil,  de  pistolet  «ans  le  diriger  vers  aueun  but:  et,  fig.  et 
faui.,  Faire  une  démarche  inutile,  qui  ne  conduit  à  au- 
cun but. 

Aïoir  toujours  le  /licd en  l'air,  un  pied  en  l'air.  Être  ton- 
jours  prCl  à  partir,  à  courir,  à  sauter,  à  danser.  Dans  le 
même  sens,  Cet  homme,  cet  enfant  est  toujours  en  l'air. 

Fig.,  et  fam.  Tout  le  monde  estcn  l'air,  toute  la  ville  est  en 
l'air.  Tout  le  monde,  toute  la  ville  s'agite,  est  en  mouve- 
ment. Vn  catinet  en  l'air,  un  escalier  qui  est  tout  en  l'uir, 
un  bâtiment  qui  parait  tout  en  l'air,  qui  ne  paraît  presque 
soutenu  par  rien. 

Fig.  et  fani.,  Toute  sa  fortune  est  en  l'air.  Sa  fortune  ne 
porte  sur  rien  de  solide. 

t'n  l'air,  fig.  et  au  sens  moral,  Sans  réalité,  sans  vérité, 
sans  fondement.  Des  contes  en  l'uir.  Des  paroles  en  l'air. 
D««  projets  en  l'air.  Fies  raisonnements  en  l'uir.  C'est  pour 
une  iris  en  l'air  qu'il  fait  des  élégies.  On  dit  de  même, 
Parler,  raisonner  en  l'air,  fous  dites  cela  en  l'air. 

Alidade,  s.  ï.  (De  l'arabe  a//iflrfû, règle, 
bande.)  Règle  mobile  qui  tourne  sur  le 
centre  d'un  inslrunient  avec  le  quel  on 
prend  la  mesure  des  angles.  Dlri^'er  l'ali- 
dade rers  un  objet.  (  Acad.) 

Almageste.  s.  m.  (  De  l'article  arabe  al, 
le,  et  du  grec  mégistos,  le  plus  grand  ,  su- 
perlatif de  mcgas,  grand  :  le  plus  grand  ou- 
vrage, l'ouvrage  par  excellence.)  Nom  du 
plus  ancien  livre  d'astronomie  qui  nous 
soit  resté,  et  qui  fut  cotuposé  par  Ptolémt;e, 
vers  l'an  lAO.  L'almagcste  de  Pioléinée,  En 
général,  Collection  d'observations  astro- 
nomiques. 

Almanach.  s.  m.  (De  l'article  arabe  al, 
le,  et  du  verbe  manah,  supputer,  compter. 
Alors  pourquoi  n'écrit-on  pas  almanah, 
comme  on  prononce  î)  Calendrier  qui  con- 
tient tous  les  jouis  de  l'année,  les  fêtes,  les 
lunaisons,  les  éclipses,  les  signes  dans  les 
quels  le  soleil  entre,  et  quelquefois  de  pré- 
tendus pronostics  du  beau  et  du  mauvais 
temps  (Acad.)  Almanach  nouveau.  Alma- 
nach pour  18/j6.  Almanach  perpétuel.  Alma- 
nach de  poche.  Almanach  de  cabinet.  Faire 
des  almanachs.  Composer  des  almanachs.  Il 
se  dit  parliculièrement  de  certains  livres 
qui  sont  publiés  annuellement,  et  qui  con- 
tiennent, outre  l'almanach,  une  foule 
d'autres  indications  d'un  intérêt  général, 
telles  que  le  tableau  des  diverses  adminis- 
trations et  la  liste  des  personnes  qui  y  sont 
allachécs,  des  documents  statistiques,  des 
notions  sur  les  monnaies,  sur  les  poids  et 
mesures,  etc.  (Acad.)  Les  almanachs  mo 
dernes  réj)ondent  aux  Fastes  des  Romains, 
Ll  datent  du  xin'"  siècle.   Les  plus  impor- 


tants de  Fiance  sont  V Almanach  royal,  qui 
date  de  4679,  et  quise  contiuue  ciiaque  an- 
née; la  Connaissance  des  temps  ou  Alma- 
nach nautique,  qui  date  de  la  même  année, 
et  V Annuaire  du  Bureau  des  longitudes. 
Voyez  Annuaire.  Almanach  des  villes  et  des 
campagnes.  Almanach  de  Gotha. 

Fig.,  Paire  des  almanachs,  composer  des  almanachs,  8'a- 
oiuser  à  faire  des  pronostics  en  l'air,  se  remplir  l'esprit 
d'idées  qui  peuvent  ne  se  réaliser  jamais.  Un  faiseur  d'al- 
manachs.  Un  homme  qui  se  mêle  de  faire  de  pareils  pro- 
nostics. 

Prov.  el  fig. ,  Une  autrefois  je  prendrai  de  ses  almanarhs, 
se  dit  d'un  homme  qui  avait  prédit  ce  qui  devait  arriver 
dans  une  affaire.  Dans  le  sens  contraire ,  Je  >ie  prendrai 
plus  de  ses  almanachs. 

ProT.  et  Cg.  ,  C'est  un  almanach  de  l'an  passé,  se  dit 
d'une  chose  qui  n'a  plus  d'utilité,  plus  d'intérèl. 

Almicantarats.  s.  m.  pi.  Terme  em- 
prunté de  l'arabe.  Cercles  parallèles  à  l'ho- 
rizon ,  que  l'on  conçoit  passer  par  tous  les 
degrés  du  méridien ,  et  dont  les  centres 
sont  situés  sur  la  verticale  qui  joint  le  zé- 
nith au  nadir.  On  les  appelé  aussi  cercles 
ou  parallèles  de  hauteur,  parce  qu'ils  ser- 
vent à  marquer  la  hauteur  d'un  astre  au 
dessus  de  l'horizon. 

Amphisciens.  s.  m.  pi.  Voyez  Zone. 

Amplitude,  s.  f.  L'arc  compris,  sur  la 
sphère  céleste,  entre  le  point  est  ou  lo 
point  ouest  de  l'horizon,  et  le  point  du 
même  cercle  dans  lequel  un  astre  se  lève 
ou  se  cache  à  jour  donné.  (Acad.)  Ampli- 
tude orientale  ou  ortive  du  soleil.  Amplitude 
occidentale  ou  occase. 

Analemme.  s.  m.  (Du  grec  analemma, 
dérivé  à'analambanô,  je  prends  d'en  haut. 
D'après  celte  étymologie,  l'Académie  a 
tort  d'écrire  analème.)  Planisphère,  ou  pro- 
jection orthographique  de  tous  les  cercles 
de  la  sphère  sur  les  colures  des  sjlstices.  II 
sert,  entre  autres  usages,  à  prendre  la  hau- 
teur du  soleil.  —  Instrument  nommé  en- 
core trigone  des  signes. 

Analemmatique.  adj.  Sinonyme  d'azi- 
niulhal. 

Anneau  de  Saturne.  Corps  lumineux 
en  forme  de  cercle,  qui  environne  la  pla- 
nète de  Saturne,  et  qui  en  est  à  une  cer- 
taine distance.  Il  se  compose  de  deux  ban- 
des larges,  plates,  très-minces,  et  change 
souvent  de  position.  Il  disparaît  entière- 
ment à  des  intervalles  de  quinze  ans.  Il  fut 
découvert  par  Galilée  en  1612. 

Elle  a  comme  Saturne  un  anneau  d'alliance.  (Bistuél.  ) 

Voyez  Satcbnb. 

Anncauaslronomique,  Instrument  propre 
à   nu'surer  la  hauteur  des   astres    dont   la 


SIG.NES  DIVERS.  ASlROiS'OMlE. 


riôi 


terre.  (Acad.)  Anneau   solaire  on  horaire. 
Espèce  de  petit  cadran  portatif. 

Année,  s.  f.  (En  latin  anntis ,  du  grec 
annos ,  qui  signifie  la  mOme  chose,  et  qni 
veut  dire  aussi,  tiieux,  ancien;  parce  que 
l'année  vieillit  toujours  en  s'avançant.)  Le 
temps  que  la  terre  met  à  Faire  une  révolu- 
tion entière  dans  son  orbite  ,  et  pendant 
le  quel  le  soleil  nous  semijle  parcourir  les 
douze  signes  du  zodiaque.  Cet  espace  de 
temps  comprend  365  jours  5  heures  49  mi- 
nutes. L'année  passée.  L'année  précédente. 
L'année  qui  vient.  L'année  prochaine.  Cette 
année.  La  présente  année.  Le  budget  de 
Cannée.  Le  cours  des  années.  En  cette  année- 
là.  D'année  en  année.  D'une  année  à  l'autre. 
Les  années  passent  vite.  La  suite  des  années. 
Le  commencement,  le  milieu,  la  fin  de  l'an- 
née. Le  bout  de  l'année.  Les  quatre  saisons 
de  l'année.  Notre  année  commence  au  pre- 
mier janvier  et  finit  au  trente  et  un  décem- 
bre. Le  commencement  de  l'année  a  souvent 
varié  en  France.  Sous  la  première  race, 
l'année  commençait  le  1"^  mai,  jour  où  l'on 
passait  les  troupes  en  revue  ;  sous  la  deu- 
xième race,  au  solstice  d'hiver  ;  sous  la  troi- 
sième ,  le  jour  de  Pâques.  Un  édit  de  Char- 
les IX  ^  de  1563,  ordonna  que  l'année  com- 
mencerait le  i"  janvier.  Chez  les  Egyptiens, 
chez  les  Chaldéens,  les  Perses  ,  les  Syriens 
tes  Phéniciens,  les  Carthaginois,  l'année  com- 
mençait à  l'équinoxe  d'automne.  C'était 
aussi  à  cette  époque  que  les  Juifs  faisaient 
commencer  leur  année  civile,  bien  que 
l'année  ecclésiastique  commençât  à  l'équi- 
noxe du  printemps.  La  première  datait 
du  1"  tizri  (22  septembre),  la  deuxième 
du  1"'  nizan  (22  mars).  Le  commencement 
de  l'année  des  Grecs  se  trouvait ,  après  la 
première  reforme,  au  solstice  d'hiver  (22  dé- 
cembre) ;  et,  après  la  deuxième,  au  solstice 
d'été  (S  juillet).  Celle  des  Romains  com- 
mençait à  l'équinoxe  du  printemps  sous 
Bomuhis,  au  soltice  d'hiver  depuis  Numa. 
Les  astronomes  joignent  souvent  au  mot 
année  l'epithéte  de  solaire,  pour  distinguer 
la  révolution  de  la  terre  des  révolutions  pé- 
riodiques des  autres  planètes,  les  quelles 
s'expriment  aussi  quelquefois  par  le  même 
substantif.  Année  solaire.  L'année  de  Sa- 
turne est  de  trente  années  solaires. 

Il  se  dit  aussi  d'une  durée  de  douze  mois, 
sans  égard  à  l'époque  où  elle  commence 
ni  à  l'époque  où  elle  finit. 

Après  utiecruellc  séparation  de  plus  de  douze 
années,  séparation  involontaire  et  forcée,  j'ai 


pu,  avant  mon  départ  pour  l'ylutriche  ,  en 
janvier  1842,  aller  passer  six  jours  au  près 
de  mon  père  cl  de  ma  mère.  Hclas!  c'était  la 
dernière  entrevue  que  le  ciel  nous  accordait 
en  ce  monde.  O  mon  bon  père,  ô  ma  bonne 
mère,  après  tant  d'années  de  souffrance ,  je 
n'ai  pas  pu  avoir  la  consolation  de  vous  pres- 
ser une  dernière  fois  dans  mes  bras,  de  rece- 
voir votre  dernier  baiser,  votre  dernière  bé- 
nédiction. O  malheureux  que  je  suis  ! 

Année  lunaire.  Espace  de  douze  et  quel- 
quefois de  treize  mois  lunaires,  c'est  à  dire, 
de  douze  ou  treize  révolutions  de  la  lune 
autour  de  la  terre.  L'année  lunaire  est  celle 
des  Arabes  et  des  Turcs.  Elle  se  compose  de 
12  mois  q<ii  sont  alternativement  de  30  et 
de  29  jours.  On  ajoute  un  jour  intercalaire 
à  chaque  2«,  5%  T,  10%  13»,  15«,  18°,  21% 
24' ,  26° ,  29°  année  d'un  cycle  de  trente 
ans.  Les  années  embolismiques  ou  hyper- 
hémères  sont  de  355  jours,  les  autres  de 
354.  L'année  des  Juifs  modernes  est  aussi 
une  année  lunaire,  de  12  mois  dans  les 
années  communes,  et  de  13  dans  les  années 
embolismiques. Les  années  embolismiques 
de  l'année  lunaire  dus  Juifs  sont  la  3%  la  6°. 
la  8%  la  11°,  la  14°,  la  17°,  et  la  19°  d'un 
cycle  de  19  ans. 

Année  sidérale.  Le  temps  de  la  révolu- 
tion de  la  terre,  d'une  étoile  à  la  même 
étoile  par  son  mouvement  annuel. 

Année  astrale.  Voyez  Asthal. 

Année  tropique.  L'espace  de  temps  qui 
s'écoule  entre  le  moment  d'un  équinoxe  et 
celui  où  le  soleil  revient  au  même  équi- 
noxe. 

Année  astronomique,  La  durée  exacte  de 
la  révolution  de  la  terre  autour  du  soleil  , 
telle  qu'on  l'obtient  par  les  oi)servatiuns 
astronomiques.  Année  civile,  La  durée  de 
cette  même  révolution  bornée  à  un  nom- 
bre entier  de  jours,  pour  en  faciliter  l'ap- 
plication aux  usages  civils,  sans  s'écarter 
jamais  sensiblement  du  cours  du  soleil. 
L'année  civile  est  de  5G5  jours,  et  l'année  as- 
tronomique de  365  jours,  5  heures,  49  mi- 
nutes. 

Année  bissextile.  Celle  qui,  dans  notre 
calendrier,  contient  trois  cent  soixante-six 
jours;  tandis  que  les  années  communes  n'ont 
que  trois  cent  soixante-cinq  jours.  Dans 
les  années  bissextiles  temois  de  février  a  vingt- 
neuf  jours. 

Année  cmbolismique.   Voyez  Embolismi- 

QUE. 

Annie  républicaine,  Celle  qui  avait  clé 


552 

adoptée  sous  la  république  IVançaise  et  qui 
couiDienç<Til  à  l'équinoxe  d'automne. 

Année  sabbati(jiie  ,  Chaque  septième  an- 
née, chez  les  Juifs.  Pendant  celte  année  on 
laissait  reposer  la  terre  sans  la  labourer  ni 
la  moissonner,  et  tout  ce  qu'elle  produisait 
d'elle-niêuie  a|)partenail  aux  pauvres. 

Année  jubilaire  ou  du  jubilé.   Voyez  Jo- 

Année  de  confusion.  Nom  donné  à  l'an- 
née/|7  avant  .l.C.  (708de  Rome.  )  César 
ordonna  qu'elle  fiit  composée  de  /i/i5  jours, 
ajoutant  à  l'année  lunaire  de  355  jours, 
«sitée  à  Riuiie,  trois  mois,  l'un  de  25 
jours,  les  deux  autres  ensemble  de  67,  ce 
qui  fit  ime  année  de  quinze  mois. 

Année  émergente  (en  latin  emcrgens,  d'e- 
mergere ,  sortir  d'où  l'on  était  plongé). 
L'année  de  la  quelleon  commence  à  comp- 
ter ;  comme  de  la  création  ou  de  la  nais- 
sance de  Jésus-Christ,  chez  les  chrétiens  ; 
du  déluge  ou  de  la  sortie  d'Egypte  chez  les 
Juifs.  Années  de  grâce.  Celles  que  l'un 
compte  depuis  JéscsChbist.  Années  du 
inonde.  Celles  que  l'on  compte  depuis  la 
création.  Année  de  Méliion ,  Le  nombre 
d'or.  Année  sainte.  L'année  du  grand  ju- 
bilé à  Home.  Voyez  Jubilé, 

Année  scolaire  ou  srolasïlqiie,  Le  temps  qui  s^écoulc  de- 
puis ]a  rentrée  des  classes  jusqu'aux  vacances. 

Année  théâlrate  ,  Le  temps  qui  s'écoule  depuis  la  ren- 
trée de  Pâques  l'usqu'à  la  clôture  de  la  semaine  sainte. 

Année  d'exercice.  Celle  où  l'on  exerce  actucUenieut 
une  charge,  que  plusieurs  officiers  ont  droit  d'exercer 
l'un  après  l'autre.  C'est  son  année  d'exercice  ,  ou  alisolu- 
nient,  C'estson  année,  it est  enannée,  ilest  d'année,  (Acad.) 

Année  de  probation.  Celle  pendant  la  q  uelle  un  religieux 
ou  une  religieuse  fait  son  année  de  noTiciat. 

Année  de  deuil.  Durée  d'une  année  pendant  la  quelle 
on  est  obligé  de  porter  un  deuil. 

Souhaiter  la  bonne  année  à  quelqu'un.  Lui  témoigner,  au 
commencement  de  l'année  ,  qu'on  souhaite  qu'il  la  passe 
heui'eusement.   Souhaits    de   bonne   année.  Compliment  de 

Année  climatéritjue.  Voyez  CLisUTÉniQUE. 

Année,  se  dit  souvent  par  rapporta  la  température. 
Année  pluvieuse.  Année  sèche.  Année  froide.  Année  chaude. 
Année  orageuse.  —  Par  rapport  aux  produits  de  la  terre, 
à  la  récolte  en  blés,  en  Tins,  etc.  Année  fertile,  abon- 
dante. Année  d'abondance.  Année  stérile.  L'année  a  été 
bonne,  a  été  mauvaise,  a  été  médiocre,  (Acad.) 

Celte  terre  vaut  tant,  année  commune,  année  moyenne,  Kn 
faisant  conipensatiou  des  mauvaises  années  avec  les 
bonnes. 

T)emi-année ,  Celle  où  la  lécolte  n'est  que  la  moitié  de 
ce  qu'elle  doit  être  année  commune. 

Année,  Ce  qu'on  doit  recevoir  ou  payer  par  année. 
Son  fermier  lui  doit  deux  années. 

Années  ,  au  pi.,  L'âge,  les  dilférents  âges  de  la  vie.  Mon 
pauvre  père  !  obligé  de  vivre  seul  dans  ses  dernières  années  l 

An  et  année  ne  s'emploient  pas  indilléremment  l'un 
pour  l'autre.  L'an,  disent  les  aulem'S  de  synonymes,  sem- 
ble être  un  élément  déleiminédu  temp.<;  ilest  dans  ta 
durée  ce  que  le  point  est  dans  l'étendue.  On  dit  an  pour 
nisiqucr  une  époque,  ainsi  que  pour  déterminer  l'élen- 


CLEi"  DE  LA  L.ANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


due  d'une  durée.  Comme  on  considère  le  point  «ans  éten- 
due, on  envisage  l'an  sans  attention  à  sa  durée. 

Mais  l'année  est  envisagée  comme  étant  clle-mPme  une 
durée  détimiince  et  divisible  en  parties:  L'année  adouie 
mji'.s. //h  n'exprime  simplement  que  la  durée,  et  se  place 
ordiiiaircmenl  dans  les  dates  devant  le  nom  de  nombre, 
sansprendrede  qualificatif:  l'an  1811.  Amiée3\i  contraire 
peut  être  qualifie  :  1840,  t8/i2,  18^5,  fatales  années,  oH 
j'ai  perdu  loul  ce  que  j'avais  de  plus  cher  en  ce  monde,  uns 
amie,  ma  ni'cre,  mon  père  !  On  dira  trente  ans  de  guerre, 
pour  indiquer  seulement  la  durée  de  la  guerre;  et  trente 
années  de  guerre  ,  si  l'on  veut  faire  sentir  les  clfets  d'une 
guerre  si  longue,  foilii  trois  ans  bientôt  que  ma  pauvre  mère 
est  morte.  Mon  père  lui  a  survécu  bien  peu  d'années,  yoilU 
onze  ans  bientôt  que  je  traîne  l'existence  la  plus  douloureuse. 

L'an  du  monde,  l'an  de  grâce  ,  l'an  du  salut,  l'an  de 
KotreSeigneur,  l'an  de  l'Incarnation,  Formules  dont  on 
se  sert  suivant  qu'on  suppute  les  temps  par  rapport  à  la 
création  du  monde,  ou  à  la  naissance  de  Jéscs-Christ.  Xe 
jour  de  l'an.  Le  premier  jour  de  l'an.  Bon  jour  et  bon  an. 
Façon  de  parler  proverbiale  et  populaire,  «employée  pour 
saluer  les  personnes  la  première  fois  qu'on  les  voit  dans 
les  premiers  jours  de  chaque  année. 

Bon  an,  mal  an.  Compensation  faite  des  mauvaises 
années  avec  les  bonnes. 

Par  an.  Chaque  année. 

En  termes  de  Jurispr. ,  L'an  et  jour,  L'année  révolue  et 
un  jour  par  delà. 

Antan.  s.  m., L'année  qui  précède  celle 
qui  court.  Il  n'est  usité  que  dans  cette 
phrase  proverbiale  :  Je  ne  m'en  soucie  non 
plus  que  des  neiges  d'antan. 

Antarctique,  adj.  (Du  grec  anti,  contre, 
et  arctos ,  ourse.)  Méridional,  opposé  au 
septentrion.  Pôle  antarctique.  Les  terres 
antarctiques.  Cercle  polaire  antarctique. 

Antipodes,  s.  m.  p.  (  Du  grec  anti,  con- 
tre ,  et  pous,  podos,  pied.)  Habitants  du 
globe  diamétralement  opposés  les  uns 
aux  autres.  Ces  peuples  sont  7ws  antipodes. 

11  se  dit  des  lieux  par  extension,  tant  au 
singulier  qu'au  pluriel.  Tel  pays  est  l'anti- 
pode, est  antipode  de  tel  autre.  Les  antipodes 
de  Paris.  Aller  aux  antipodes. 

Fam. ,  Je  voudrais  que  cet  homme  fut  aux  antipodes,  ie 
voudrais  qu'il  fût  bien  loin. 

Fig.  et  fani.,  Ce  sont  les  antipodes,  se  dit  de  deux  cho- 
ses, de  deux  hommes,  de  deux  caractères  diamétrale- 
ment opposés. 

Fig.  et  fam. ,  Cet  homjne  est  l'antipode  du  bon  sens, Il 
déraisonne  en  tout  ce  qu'il  dit. 

Aphélie,  s.  m.  (Napoléon  Landais  le 
fait  féminin.  Du  grec  apo,  loin,  et  lielios, 
soleil.)  Le  point  del'oibite  d'une  planète, 
où  elle  se  trouve  à  sa  plus  grande  distance 
du  soleil.  L'aphélie  de  la  terre.  Il  est  aussi 
adjectif.  Quand  la  terre  est  aphélie. 

Apogée,  s.  m.  (Du  grec  apo,  loin,  et  ^e, 
terre.)  Le  point  de  l'orbite  d'une  planète, 
où  elle  se  trouve  à  sa  plus  grande  distance 
de  la  terre.  L'apogée  de  la  lune.  La  lune 
est  à  S071  apogée.  Il  est  aussi  adjectif.  La 
lune  est  apogée. 

Fig.,  Saforluiic,  sa  gloire,  sa  puissance  est  (ip"ece,  E\h 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE. 


estau  point  le  plus  élevé  où  lillc  puisse  aiiiïcr.  On  dit  de 
même  ,  Etre  àl'apjgée  de  sa  glekc,  de  ta  gloire,  etc.  Cette 
deinièie  façon  de  parler  n'est  pas  du  goût  de  M.  Wcy. 

Apsides,  s.  m.  pi,  (Du  grec  apsides, 
pliir.  d'apsis,  arc,  voûte  ,  courbure  ;  parce 
que  dans  ces  points  l'orbite  se  courbe  ,  se 
replie,  et  change  de  direction.)  Les  deux 
points  de  l'orbite  d'une  planète  dans  les 
quels  elle  se  trouve,  soit  à  la  plus  grande, 
soit  à  la  plus  petite  distance  du  soleil  ou  delà 
terre.  Les  apsides  de  la  lune.  Les  apsides  sont 
en  général  les  deux  sommets  d'une  courue. 

Arc-en-ciel.  s.  m.  Météore  en  foiuie 
d'arc,  offrant  les  sejit  couleurs  priniilives, 
qui  paraît  dans  l'atmosphère,  et  qui  est 
causé  par  les  réfractions  et  réilexions  suc- 
cessives des  rayons  du  soleil  dans  les  gouttes 
de  pluie.  On  voyait  plusieurs  arc-en-ciels  en 
viénie  temps.  (  Acad.) 

Arctique,  adj .  (Du  grec  arclos  ,  ourse.  ) 
Septentrional.  Pôle  arctique.  Terres  arcti- 
ques. Cercle  polaire  arctit/ue. 

Ascendant,  ante.  adj.  (Du  latin  ascen- 
dere,  monter.)  Qui  monte  sur  l'horizon.  Si- 
gne ascendant.  Les  signes  ascendants  sont 
ceux  que  parcourt  le  soleil  à  mesure  qu'il 
s'élève  sur  l'horizon.  Ce  sont  les  trois  pre- 
miers et  les  trois  derniers  du  zodiaque:  le 
Bélier,  le  Taureau,  les  Gémeaux  ;  le  Capri- 
corne, le  Verseau,  les  Poissons.  Les  autres 
signes  sont  descendants.  Les  astrologues  pré- 
tendaient que  le  point  ascendant  avait  beau- 
coup d'influence  sur  la  naissaticc  des  hommes 
et  sur  les  ércnemenis  de  leur  vie.  (Acad.) 
Latitude  ascendante.  Nœud  ascendant. 

Ascendant,  s.  m.  Le  point  de  l'éclipti- 
que  situé  dans  l'horizon  oriental,  c'est  à 
dire,  le  point  qui  se  lève.  Tel  signe  était  à 
l'ascendant  quand  la  tempête  s'éleva.  (Acad.) 
En  astrologie.  Le  point  qui  se  lève,  considé- 
ré par  rapport  ii  la  nativité  des  personnes.  Il 
faut  savoir  votre  ascendant.  Il  avait  Blars  à 
l'ascendant.  Mercure  à  l'ascendant. 

—  Par  extension  et  ligurénient,  Penchant  Lonnête  ou 
vicieux  qu'on  supposait  produitpar  rintlncnce  d'un  astre. 
//  a  un  heureux  ascendant.  Ascendant  înrincibte.  Etc. 

Ascension,  s.  f.  Action  de  monter,  de 
s'élever.  Ascension  droite  d'un  astre.  Le 
point  de  l'équateur  qui  se  lève  en  même 
temps  que  cet  astre  dans  la  sphère  droite. 
Ascension  oblique  d^un  astre.  Le  point  d<' 
l'équateur  qui  se  lève  en  même  temps  que 
cet  astre  dans  la  sphère  oblique. 

Ascensionnel,  elle.  adj.  Di /férence  ascen- 
sionnelle d'un  astre  ,  La  différence  entre 
l'ascension    droite   et  l'ascension  oblique. 

Asciens.  s.  lu.  pi.  (  Du  grec  a,  parlicidc 


555 

privative,  et  skia,  ombre  :  sans  ombre.) 
Il  se  dit  des  habitants  de  la  zone  torride, 
qui  n'ont  point  d'ombre  le  jour  de  l'année 
où  le  soleil  est  perpendiciilairesurleur  tête. 
Aspect,  s.  m.  La  situation  respective 
des  asires  où  des  planètes,  par  rapport  à 
l'influence  que  les  astrologues  lui  attri- 
buaient sur  les  destinées  humaines.  L'as- 
pect prend  le  nom  de  conjonction  quand 
l'angle  de  deux  planètes  est  de  0  degré,  et 
celui  d'opposition  quand  cet  angle  est  de 
180  degiés.  Dans  Vaspect  .sfa?^7  l'angle  est 
de  60  degrés  ;  dans  le  qiiartil  aspect  de  90, 
et  dans  le  triîi  aspect  de  120  degrés.  As- 
pect bénin.  Aspect  favorable.  Mauvais  as- 
pect. Aspect  infortuné.  Malin  aspect.  Sui- 
vant les  différents  aspects. 

Fig. ,  Ce  projet,  celte  entreprise  se  présente  sous  un  triste, 
sous  un  fâcheux  aspect.  Voyez  page  518. 

Astrée.  s.  f.  Fille  de  Jupiter  et  "de  Thé- 
mis.  Elle  habita  la  terre  pendant  l'âge  d'or, 
et  remonta  au  ciel  pc^ndant  l'âge  d'airain. 
Elle  brille  au  zodiaque  sous  le  nom  de  la 
Fierge. 

Astral,  aie.  adj.  Qui  appartient  aux  as- 
tres, ou  qui  offre  quelque  rapport  avec  les 
astres.  Année  astrale.  Le  teiups  que  le  so- 
leil emploie  à  revenir  au  point  du  ciel  d'où 
il  était  parti. 

Lampe  astrale  ,  Lainpe  construite  de  manière  que  sa 
flamme  éclaire  les  objets  de  liaut  en  bas,  sans  porter 
d'ombre  par  ses  appuis.  (  âcad.  ) 

Astre,  s.  m.  (  En  latin  astrum ,  du 
grec  aster.  )  Il  s'applique  il  tous  les  corps 
célestes,  étoiles  fixes,  planètes,  ou  co- 
mètes. Le  mouvement  ,  le  cours  ,  l'aspect 
des  asires.  Poetiq.  ,  L'astre  du  Jour,  Le  so- 
leil. L'astre  de  la  nuit ,  des  nuits  ,  La  lune. 
Au  dire  des  astrologues  ,  Les  astres  influent 
sur  les  corps  terrestres  ou  sublunaires.  De  là 
les  expressions  ,  astre  bénin,  astre  favora- 
ble ,  astre  malin  ,  astre  malheureux,  etc. 

Sous  quel  astre,  bon  Dieu  !  faut-il  que  je  sois  ué 
Pour  être  de  fâcbeux  sans  cesse  environné  ! 

(Moi.ii;nE.  ) 

Astrolabe,  s.  m.  (  Du  grec  astron, 
astre,  et  lambanô,  je  prends.)  Instrument 
astronomique  qui  servait  aulreibis  pour 
mesurer  la  hauteur  des  astres  au  dessus  de 
l'horizon.  Le  premier  astrolabe  fut  construit 
par  l'astrologue  Ilipparque.  Traité  de  l'usage 
de  l'astrolabe.  Il  se  dit  aussi  de  certaines 
projections  de  la  s[)hère. 

Astrologie,  s.  f.  (Du  grec  astron,  astre, 
et  logos,  discours,  traité.)  Art  chiméri- 
que, nommé  aussi  astrologie  Judiciaire  , 
suivant    les  règles  du  quel  on  prétendait 


55  i 


connaître    l'avenir    p 
astres. 

Cette  science  passa  des  Chaldéens  en 
Egypte  et  en  Grèce  ,  d'où  clic  se  i  (-pandit 
dans  le  reste  du  monde.  Elle  J'iit  Ibrt  en 
vogue  au  moyen  âge,  et  même  jusqu'au 
XVII"  siècle.  Saturne,  selon  cette  préten- 
due science  ,  rendait  lris(e  ,  bran,  avare  ; 
le  soleil  fort  de  corps  et  d'esprit ,  mais 
roux,  cruel ,  perfide  ;  T^cnus  rendait  beau  , 
poli,  f^aliml  ;  la  lune,  inconstant,  men- 
teur, flatteur;  Mercure,  délateur,  glouton, 
borné  ,  etc. 

Astrologique,  adj.  Qui  appartient  à 
l'astrologie.  Prédiction  astrologique,  —  Fi- 
gure astrologique,  La  description  du  thème 
céleste.  Voyez  Thème. 

Astrologue,  s.  m.  Celui  qui  s'adonne  à 
l'astrologie  judiciaire.  Piov.  et  fig. ,  Ce 
n'est  pas  un  grand  astrologue  ,  Ce  n'est  pas 
un  homme  tort  habile. 

Astronome,  s.  m.  Celui  qui  connaît  et 
pratique  l'astronomie.  Grand  astronome. 

Astronomie,  s.  f.  (  Du  grec  fls<ron,  astre, 
et  nomos,  loi,  règle.  )  Science  qui  apprend 
à  déterminer  les  positions  respectives  des 
astres,  à  constater  les  lois  de  leurs  mouve- 
ments, et  les  détails  physiques  de  leur 
configuration.  (Acad.  )  Les  principes  de 
l'astronomie  sont  certains.  Traité,  cours, 
leçons  d'astronomie.  Astronomie  physique. 
Partie  de  l'astronomie  qui  s'élève  des  phé- 
nomènes observés  à  la  détermination  de 
leurs  causes  physiques,  et  qui ,  de  ces  cau- 
ses prises  pour 'principes,  déduit  les  lois 
observables  comme  autant  de  conséquen- 
ces du  calcul.  (  AcAD.  )  Astronomie  nauti- 
que,  La  partie  de  l'astronomie  dont  la 
connaissance  est  nécessaire  aux  naviga- 
teurs ,  ponr  se  diriger  en  pleine  mer. 

Comme  l'astrologie,  l'astronomie  nous 
vient  des  Chaldéens.  Thaïes  de  Milet,  qui 
vivait  580  ans  avant  J.-G, ,  fut  le  premier 
qui  enseigna  l'astronomie  en  Europe.  Ses 
connaissances  allaient  jusqu'à  calculer  les 
éclipses  de  soleil  et  de  lune.  Pythagore, 
qui  vinl  cinquante  ans  après  lui,  annonça 
le  premier  que  la  terre  tournait  et  que  le 
soleil  était  immobile;  mais  ce  système, 
que  les  apparences  contredisaient  ,  n'eut 
point  de  partisans;  tans  les  hommes  sont 
lents  à  saisir  une  idée.  Ilélas!  deux  mille 
ans  plus  tard,  Galilée,  coupable  du  même 
crime ,  se  voyait  plongé  dans  les  cachots 
de  l'inquisition  ,  condamné  à  dire  jicndant 
trois   ans   une  lois  par  semaine   les  sept 


CI.EK  DE   l.A  LA.VGLE  ET  DES  SCIENCES 
ar    l'inspection   des 


psaumes  de  la  pénitence  ,  et  à  déclarer,  à 
genoux  et  li's  mains  kur  l'Evangile,  qu'il 
n'était  pas  vrai  que  la  terre  tourne,  que 
cette  croyance  était  une  hérésie. C'est  le  cas 
de  se  rappeler  ces  paroles  de  Jiisus-CiiKisx, 
que  o  l'esprit  vivifie  et  la  lettre  tue  ».  En 
quoi,  en  elîet,  les  doctrines  de  Pythagore, 
de  Copernic,  de  Galilée,  sur  le  système  du 
monde  ,  sont-elles  contraires  aux  paroles 
de  rÉcritm-e  ?  Est-ce  parce  qu'il  est  écrit 
que  Josué  commanda  au  soleil  de  s'arrêter  , 
et  que  le  soleil  s'arrêta?  Mais  n'est-il  pas 
clair  que  l'écrivain  sacré  ne  pouvait  pas  se 
servir  d'une  autre  expression  ,  lurs  même 
qu'il  eût  été  Copernic  ou  Arago  î  Les  as- 
tronomes n'ont-iispas  continué  à  se  servir 
du  langage  propreaux  apparences  î  Avons- 
nous  cessé  de  dire  ,  le  cours  du  soleil ,  le 
Ici  er  ,  le  coucher  du  soleil,  bien  que  nous 
sachions  le  soleil  immobile  au  centre  du 
monde?  Non,  car  c'est  surtout  les  effets 
qu'il  s'agit  de  peindre,  dans  les  récits  et 
les  descriptions,  par  des  paroles  qui  l'ont 
image  ,  qui  rendent  la  chose  sensible.  Et 
ne  sait-on  pas  que  le  style  orienta!  est  co- 
loré comme  le  ciel  ,  comme  les  contrées 
qui  l'inspirent,  qu'il  est  essentiellement 
hyperbolique  et  métaphorique  ?  Si  l'on 
prend  toutes  choses  au  pied  de  la  lettre  , 
Moïse  aurait  donc  mérité  le  feu  pour  avoir 
dit  qae  Dieu  se  repentit  d'avoir  fait  l'homme  ! 
car  Dieu  peut-il  se  repentir  ?  On  parle 
pour  se  faire  entendre;  et  l'homme,  ne 
pouvant  s'élever  à  la  parfaite  intelligence 
de  Dieu,  est  bien  obligé,  chaque  fois  qu'il 
le  nomme,  de  lui  prêter  ses  passions  et 
même  son  visage.  C'est  ainsi  qu'on  l'appelé 
le  Dieu  vengeur,  le  Dieu  des  vengeances,  te 
Dieu  jaloux.  Hélas  1  il  semblerait ,  à  voir 
comme  les  choses  se  passent  ,  que  ces  dé- 
nominations sont  les  seules  orthodoxes,  et 
que  celles  de  Dieu  de  clémence ,  Dieu  de 
bonté ,  Dieu  de  charité ,  Dieu  de  miséri- 
cordes,  sont  passées  à  l'état  d'hérésie.  Ne 
ni'a-t-on  pas  fait  un  crime  d'avoir  dit,  en 
parlant  d'une  personne  incomparable:  — 
«  Un  jour  qu'on  voyait  couler  le  long  de 
ses  joues  divines  deux  grosses  larmes  sem- 
blables à  celles  que  doivent  verser  quelque- 
fois les  anges  ,  parce  qu'il  n'avait  pas  été 
en  son  pouvoir  d'accorder  certaine  de- 
mande que  lui  avait  faite  une  pauvre 
femme  ,  son  noble  père  s'écria  dans  l'ad- 
miration de  son  ftme  :  o  Celte  chère  en- 
B  faut  ,  lien  de  ce  qu'elle  aura  .i  elle  ne  lui 
•  appartiendra  !»  (Le  Livbe  de  Tous,)  Oui, 


SIGNES  DIVERS.   ASTRONOMIE. 


555 


himière  est  capable  de  faire  ombre  sur  la 
aux  yeux  des  théologiens  de  Bruxelles  ses 
joites  divines  est  une  hérésie  et  un  blas- 
phème ,  et  les  larmes  que  doivent  verser 
quelquefois  tes  anges,  à  la  vue  de  nos  dou- 
leurs,  une  autre  hérésie,  un  autie  blas- 
phème ;  car,  disent-ils,  o  l'épithéte  de  divin 
ne  convient  qu'à  Dieu  ou  à  ce  qui  lui  est 
relatif,  et  les  anges,  esprits  glorieux,  rem- 
plis d'une  joie  éternelle  ,  ne  peuvent  pas 
verser  des  larmes.»  (  Historique).  O  sub- 
tilités vraiment  merveilleuses  !  Et  dire 
que  tant  de  livres  de  controverse  qui  en- 
combrent les  bibliothèques  n'ont  pas  un 
objet  plus  élevé  !  En  vérité,  c'est  à  douter 
de  la  raison  humaine.  Or,  permettez  moi 
de  vous  répondre  que  divin  ,  divine,  em- 
ployé au  figuré,  signifie, d'après  l'Académie 
elle-même  ,  excellent  ,  parfait  dans  son 
genre,  et  que  vous  commettez  bien  une 
antre  hérésie,  quand  vous  prêtez  aux  es- 
prits célestes  la  mine  grosse  et  rebondie 
d'un  moutard,  et  à  la  Vierge  pure  et  sa- 
crée les  traits  d'une  Fornarine.  Comment 
de  telles  contradictions  dans  le  dogme 
n'auraient-elles  pas  donné  lieu  à  mille  dis- 
sidences, à  mille  disputes?  Voici  un  trait 
qui  prouve  le  cas  qu'il  en  faut  faire.  Le 
fameux  père  Simon  ,  jésuite  ,  confesseur 
du  roi  ,  étant  à  Lyon  ,  ses  confrères  cru- 
rent lui  montrer  une  grande  curiosité  que 
de  lui  faire  voir  leur  vaste  bibliothèque, 
qui  consistait  toute  en  livres  de  sco- 
lastique.  Comme  il  ne  disait  mot  à  la  vue 
de  ce  fatras  de  livres  ,  ils  lui  en  témoi- 
gnèrent leur  surprise  ,  en  lui  demandant 
s'il  ne  trouvait  là  rien  de  bon.  «  Pardonnez- 
moi,  leur  dit-il,  tout  cela  me  semble  très- 
bon  à  donner  aux  pauvres  ,  pour  leur 
tenir  lieu  de  fagots  pendant  l'hiver.  » 

Pour  en  revenir  à  notre  sujet, —  de  tous 
les  systèmes  astronomiques,  celui  de  Co- 
pernic est  le  plus  parfait,  comme  répon- 
dant le  mieux  à  toutes  les  exigences  de  la 
raison.  Aussi  est-il  universellement  adopté 
aujourd'hui.  Selon  ce  système  ,  que  Co- 
pernic composa  sur  les  idées  de  Pythagore, 
d'Aristarque  de  Samos ,  et  du  cardinal 
de  Cuza  ,  le  soleil  est  situé  au  centre  du 
monde  ,  où  il  n'est  soumis  qu'à  un  mou- 
vement de  rotation  sur  lui-même,  tandis 
que  les  planètes  décrivent  autour  de  cet 
astre  ,  en  tournant  en  môme  temps  sur 
elles-mêmes  comme  une  roue  .  des  orbites 
plus  ou  moins  étendues,  suivant  qu'elles 
en  sont  plus  ou  moins  éloignées.  Les  étoiles 


sont  placées  à  une  distance  infinie  dusoleil. 
Copernic,  né  à  Thorn  en  li73  ,  mourut 
en  15/lS.  On  représente  l'Astronomie  vêtue 
d'une  robe  bleue,  couronnée  d'étoiles,  te- 
nant d'une  main  nn  globe  céleste  et  de 
l'autre  un  compas. 

Atmosphère,  s.  f.  (Du  grec  aimos,  va- 
peur, et  sphaira,  sphère:  sphère  de  va- 
peurs. )  La  masse  d'air  qui  environne  la 
terre.  La  hauteur  moyenne  de  l'atmosphère 
est  de  vingt  lieues.  Poids,  pression  de  l'at- 
mosphère. Atmosphère  chargée  de  vapeurs. 
Cette  petite  pluie  à  rafraîchi  l'atmosphère. 
La  chaleur  de  l'atmosphère  diminue  consi- 
dérablement à  mesure  qu'on  s'élève.  C'est 
pour  cela  que  les  hautes  montagnes  sont 
couvertes  de  neiges  perpétuelles.  On  a  me- 
suré l'élévation  à  la  quelle  ces  neiges  com- 
mencent aux  différentes  latitudes.  Elle  est 
environ  de  4900  mètres  sous  l'équateur  , 
de  2800  mètres  à  45  degrés  de  latitude  ,  et 
de  1100  vers  le  60»  parallèle. 

Il  s'emploie  comme  mesure  de  force 
dans  les  machines.  Cette  machine  à  vapeur 
résiste  à  une  pression  de  vitigt  atmosphères. 
(  AcAD.)  —  En  physique,  Tout  fluide  sub- 
til et  élastique  qui  enveloppe  un  corps,  et 
en  suit  les  mouvements.  L'atmosphère  des 
planètes.  L'atmosphère  du  soleil.  On  doute 
que  la  lune  ait  une  atmosphère.  Quelquefois, 
dans  sa  course  ,  la  lune  passe  devant  une 
étoile  ,  et  la  cache  quelque  temps.  Si  la 
lune  avait  une  atmosphère,  la  lumière  de 
l'étoile  éprouverait  une  réfraction;  en  sorte 
que  nous  verrions  encore  l'étoile  après 
l'immersion  réelle  et  nous  la  verrions  de 
même  avant  l'émersion  réelle.  Le  temps 
de  l'occultation  apparente  serait  pour  ces 
deux  raisons  plus  petit  que  le  temps  réel, 
(îependant  on  ne  trouve  aucune  diffé- 
rence. Le  temps  donné  par  l'observation 
et  le  temps  donné  par  le  calcul  sont  par- 
laitcment  égaux.  Donc  la  lune  n'a  point 
d'atmosphère.  Cela  connu,  si  l'on  vient 
vousdire  encore  qu'il  y  a  des  hommes  dans 
la  lune,  vous  ne  serez  plus,  je  l'espère  , 
aussi  crédules.  Mais  les  meilleures  leçons 
ne  vous  corrigent  pas.  Ne  mordez-vous  pas 
encore  tous  les  jours  à  l'hameçon  des  jour- 
nalistes et  des  libraires? 

Pourtant  comment  croire  que  la  lune  est 
inhabitée?  qu'un  globe  aussi  énorme,  quoi- 
que plus  petit  que  la  terre  ,  n'ait  été  sus- 
pendu au  ciel  que  pour  y  servir  de  lampe 
de  nuit?  Au  reste,  que  la  lune  soit  privée 
d'atmosphère,  ceci  n'est,  malgré  les  calculs 


550 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


des  astronomes,  qu'une  probahilité.  Or  la 
proliahilité  t'st  on  aslniiioiiiie  ce  qu'est  en 
tliédiogie  la  vénialilé.  Un  million  de  pé- 
cliés  véniels  ne  |)cuveiit  faire  vin  péehé 
mortel;  un  niillion  de  i)r()tial)ilités  ne  sau- 
raient engendrer  une  eerlitiide. 

Et  puis  ,  C(mime  dit  plaisamment  Fon- 
tenelle  ,  d'ici  à  la  lune  les  clioses  doivent 
être  bien  différentes.  Vcms  croyez  que  les 
gens  de  la  lune  doivent  habiter  sur  la  sur- 
face de  leur  planète,  parce  que  nous  ha- 
bitons sur  la  surface  de  la  nôtre.  C'est  tout 
le  contraire,  et,  puisque  nous  habitons  sur 
la  surface  de  notre  planète,  j'en  conclus 
qu'ils  pourraient  bien  ne  pas  habiter  sur  la 
surface  de  la  leur. 

D'ailleurs  les  moyens  de  Dieu  sont  infi- 
nis; et  il  est  bien  ridicule  qu'un  être  aussi 
borné  que  l'homme  veuille  en  savoir  plus 
que  le  Créateur. 

A'e,  sator ,  ultra  crepidom. 

Almosphcre  électrique.  Fig.  Dans  cette 
almosplicne  de  corruption  ci  d'intrif^ue,  il  est 
difficile  que  la  vertu  ne  s'altère  point. 

Attraction,  s.  f.  (En  latin,  attraclio, 
d'attralicre ,  attractum ,  attirer.)  Action 
d'attirer,  force  qui  attire  ,  force  qui  solli- 
cite toutes  les  parties  de  la  matière  à  se 
porter  les  unes  vers  les  autres.  On  la  nomme 
attraction  moléculaire,  mi  cohésion  ,  quand 
elle  s'exerce  entre  dts  molécules  homogè- 
nes ,  c'est  à  dire  ,  de  même  nature  ;  affi- 
nité,  quand  elle  s'exerce  entre  des  molé- 
cules hétéiogènes;  pesanteur ,  quand  elle 
se  produit  entre  la  terre  et  les  corps  placés 
à  la  surface  ;  gravitation  ou  attraction  pla- 
nétaire, quand  on  la  considèie  dans  les 
corps  célestes.  L'explication  des  phéno- 
mènes célestes  par  l'attraction  est  due 
à  Newton  (  xvii'  siècle).  C'est  elle  qui 
maintient  la  lune  et  les  planètes  dans  leur 
orbite. Les  marées  semblent  dues  principa- 
lement à  l'attraction  de  la  lune.  On  a  re- 
connu qu'elles  suivent  le  passage  de  cet 
astre  au  méridien.  Mais  le  soleil  exerce 
aussi  une  grande  influence  sur  ce  phéno- 
mène. Aussi  est-ce  aux  époques  des  syzy- 
gies  qu'ont  lieu  les  plus  fortes  marées , 
parce  que  l'attraction  du  soleil  se  combine 
alors  avec  celle  de  la  lune.  Il  y  a  cepen- 
dant un  jour  et  demi  d'intervalle  entre 
l'instant  des  syzygies  et  celui  des  hautes 
marées  ,  à  cause  de  la  grande  distance  qui 
sépare  ces  deux  astres.  Les  marées  devien- 
nent insensibles  vers  les  cercles  polaires. 

La  force  de  cohésion  s'appèle  encore  affi- 


nitéd'afigrégalion,  par  opposition  ;i  affinité 
de  composition  ,  qui  répond  au  mot  simple 
d'offinilé. 

Au  dessus  de  celte  attraction  malériellc 
par  laquelle  s'explique  si  naturellement 
1  harmonie  des  corps,  il  faut  nécessaire- 
ment qu'il  y  en  ait  une  autre,  que  les  so- 
phistes ont  méconnue,  et  dont  l'étude  nous 
mènerait  peut-être  à  la  découverte  des 
moyens  piopres  à  rétablir  l'harmonie  des 
âmes,  troublée  momentanément  par  quel- 
que secousse  extraordinaire  et  inexplica- 
ble. Voyez,  en  effet,  les  astres;  voyez  les 
animaux ,  les  abeilles  ,  les  fourmis  :  L'unité 
la  plus  absolue,  l'ordre,  l'harmonie,  le  bon- 
heur, voilà  leur  partage.  Et  sur  quoi  repose 
cette  unité  ,  cette  harmonie  ?  Evidemment 
sur  la  loi  divine,  si  bien  nommée  attrac- 
tion. Pourquoi ,  —  quand  les  astres  ,  et  jus- 
qu'aux insectes,  tout  dans  la  nature  obéit 
à  cette  loi  divine,  à  cette  loi  d'amour,^ 
pourquoi  l'homme  seul  ne  peut-il  être  gou- 
verné que  par  la  violence?  Quoi!  Dieu,  si 
souverainement  bon  et  juste,  aurait  exclu 
Tbomnie  seul  du  magnifique  concert  uni- 
versel, pour  l'abandonner  à  ses  propres 
forces,  c'est  a  dire,  le  rendre  malheureux 
éternellement,  tandis  que  des  créatures 
bien  inférieures  à  l'homme  participeraient, 
elles,  à  cette  bienfaisante  unité  1  Celui  qui 
dit  cela  est  un  blasphémateur.  O  philoso- 
phes, jetez  donc  là  tous  vos  sophismes  dé- 
sespérants ,  abjurez  votre  vaine  raison , 
dont  l'impuissance  est  rendue  évidente  par 
une  expérience  de  soixante  siècles  ,  et  hâ- 
tez-vous de  rentrer  dans  les  voies  de  Dieu. 
Hâtez-vous,  hâtez-vous  vers  lui,  pour  lui 
demander  pardon  de  votre  longue  et  cri- 
minelle révolte,  cause  unique  de  tous  les 
maux  qui  accablent  l'humanité.  Recon- 
naissez enfin,  â  la  vue  de  tant  de  misères  , 
de  tant  de  douleurs,  de  tant  de  sang  versé, 
de  tant  d'oppressions,  de  tant  d'injustices, 
de  tant  de  crimes,  qu'il  n'est  pas  possible 
que  Dieu  ait  voulu  ce  que  nous  voyons. 
Reconnaissez  qu'il  doit  y  avoir  pour 
l'homme  un  état  meilleur  que  cette  im- 
mense prison  sociale  où  l'ont  jeté  vos  codes 
de  l'enfer,  violation  manifeste  des  codes 
de  Dieu,  et  travaillez,  travaillez  sansrelàche 
à  l'en  retirer  ,  pour  le  conduire  vers  ce  but 
céleste,  que  vous  indiquent  les  abeilles 
et  les  fourmis  ,  pour  le  diriger  désormais 
selon  sa  destination,  pour  n'en  faire  qu'un 
avec  lui-même,  avec  Dieu,  avec  l'univers. 
Aurore,  s.  f.   (En  latin  attrora.)  La  luenr 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE. 


brillante  et  rosée  qui  paraît  dans  le  ciel , 
avant  que  le  soleil  soit  sur  l'horizon.  Le  le- 
ver de  l'aurore.  Avant  l'aurore.  Les  anciens 
avaient  fait  de  l'aurore  une  divinité.  Chez 
les  poètes  classiques  ,  L'Aurore  aux  doigts 
de  rose.  Les  pleurs  de  l'Aurore,  La  rosée  du 
matin,  etc. 

.(^Hrorcioréa/^",  Phénomène  lumineux  qui 
paraît  quelquefois  la  nuit  du  côté  du  nord. 
Il  y  a  aussi  des  aurores  australes.  —  Voilà 
encore  une  de  ces  merveilles  qui  confon- 
dent la  science.  D'où  peut  provenir  cette 
lumière  éclatante,  cet  incomparable  arc- 
en-ciel  coupé  de  gerbes  de  feu? 

Quelques  savants  ont  prétendu  que  ce 
phénomène  était  dû  à  l'électricité,  opi- 
nion entièrement  abandonnée  aujourd'hui. 
Ce  donton  nepeutguère  douter,  c'est  qu'il 
y  ait  une  liaison  intime  entre  ce  phéno- 
mène et  le  magnétisme  terrestre. 

Axe.  s.  m.  (En  latin  axis,  du  grec  axôn, 
essieu,  pivot.)  Ligne  droite  qu'on  suppose 
passer  par  le  centre  de  la  terre  et  par  les 
deux  pôles.  L'axe  du  monde.  L'axe  de  la 
terre.  On  dit  dans  le  même  sens  ,  L'axe 
d'une  planète.  L'axe  de  Vénus,  de  Saturne, 
etc.  L'axe  du  soleil. 

Azimut,  s.  m.  (De  l'arabe  as-semt, 
chemin.)  On  appelé  ainsi,  tantôt  l'angle 
compris  entre  le  méridien  d'un  lieu  et  un 
cercle  vertical  quelconque,  tantôt  ce  cer- 
cle vertical  même.  L'azimut  sert  à  faire 
trouver  la  position  d'un  astre. 

Azimut  magnétique ,  L'aie  de  l'horizon 
compris  entre  le  méridien  d'un  lieu  et  le 
méridien  magnétique.  Cet  arc  détermine 
la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée. 

Azimutal ,  aie.  adj.  Qui  représente  ou 
qui  mesure  les  azimuts.  Instrument  azimu- 
tal. Compas  azimutal.  On  dit  quelquefois 
substantivement.  Un  azimutal. 

Bolide,  s.  m.  Voyez  Aébolithe. 

Boussole,  s.  m.  (Du  bas  \aX\n  boussola 
ou  buxola,  boîte,  fait  de  buxus,  dérivé  du 
grec  pu xo s,  h uh.)  Sorte  de  cadran  au  cen- 
tre du  quel  est  fixée  une  aiguille  qui  tourne 
librement  sur  son  pivot,  et  dont  la  pointe 
aimantée  se  dirige  toujours  vers  le  nord. 


La  boussole  n'était  pas  cojinuedcs  anciens. 
La  découverte ,  l'invention  de  la  boussole. 
L'invention  de  la  boussole  a  été  attribuée  par 
les  uns  aux  Chinois,  par  tes  autres  à  Flavio 
Gioja,  Napolitain  du  xiii'  siècle,  par  d'au- 
tres enfin  aux  Provençaux,  chez  qui  elle 
était  connue  sous  te  nom  de  marinctte.  Le 
principal  usage  de  la  boussole  est  sur  mer. 
On  se  sert  aussi  de  la  boussole  pour  les  opé- 
rations de  l'arpentage.  Se  conduire  par  la 
boussole.  Se  servir  de  boussole.  Consulter  la 
boussole.  A  oyez  Aiguille  aisiantée. 

—  Ftp.,  Guide,  conducteur.  Savez  jna  biutssole. 

—  Constellation  de  l'hémisphère  boréal. 

Bureau  des  longitudes ,  Etablissement 
institué  à  Paris  par  une  loi  du  25  juin  1795. 
Il  est  chargé  de  rédiger  la  Connnaissance  des 
temps,  ouvrage  contenant  les  levers  et 
couchers  du  soleil,  de  la  lune,  des  planètes, 
leurs  longitudes,  latitudes,  déclinaisons, 
ascensions,  l'annonce  de  leurs  éclipses, les 
occultations  des  principales  étoiles  ,  etc., 
pour  chaque  jour  de  l'année.  Ce  bureau 
publie  en  outre  tous  les  ans  l'Annuaire  du 
Bureau  des  longitudes.  Voyez  Anndairk.  Le 
Bureau  des  longitudes  se  compose  de  deux 
géomètres,  de  quatre  astronomes,  de  deux 
anciens  navigateurs,  d'un  géographe,  d'un 
artiste  opticien  ,  d'un  opticien  adjoint,  et 
de  quatre  astronomes  adjoints. 

Cadran,  s.  m.  Superficie  sur  la  quelle 
sont  tracés  les  chiiFres  des  heures,  et  oii  la 
marche  du  temps  est  indiquée,  soit  par  un 
style ,  soit  par  une  aiguille  que  meuvent 
des  ressorts  intérieurs.  (Acad.)  Cadran 
solaire.  Cadran  équinoxial.  Cadran  polaire. 
Cadran  horizontal. 


T,  H. 


Pour  tracer  nn  cadran  horizontal,  ayez 
68 


538 

une  platine  l)ion  dressée  de  pierre  ou  d'ar- 
doise, d'étain  ou  de  cuivre,  et  tirez  par  le 
milieu  la  ligne  G  H  qui  deviendra  la  ligne 
de  midi.  Coupez-la  à  angles  droits,  environ 
aux  deux  tiers  de  sa  longueur,  par  la  ligne 
ce,  qui  deviendra  la  ligne  de  six  heures 
tant  du  matin  que  du  soir. 

Puis  de  la  jonction  des  deux  lignes,  la 
perpendiculaire  GH  et  l'horizontale  CC , 
élevez  avec  un  rapporteur  un  angle  qui  soit, 
pour  Paris,  de  l\'J  degrés,  et  pour  tout  autre 
endroit  de  la  hauteur  du  pôle  que  le  dic- 
tionnaire  géographique  indiquera. 

Marquez  sur  cet  angle  un  point  B,  qui 
déterminera  la  longueur  que  vous  voulez 
donner  au  style  ;  tirez  ensuite  une  ligue 
horizontah;  qui  du  point  A  de  la  méri- 
dienne GH  aille  joindre  le  point  B,  et  vous 
aurez  la  hauteur  de  ce  même  style. 

Du  point  B  de  la  ligne  FBO  tirez  une  li- 
gne qui  se  joigne  en  E  à  la  méridienne  ,  et 
portez-la  avec;  le  compas  sur  cette  méri- 
dienne de  E  en  I.  Tirez  ensuite  une  ligne 
horizontale  r/Ec/,  et  du  point  I,  corume  cen- 
tre, tracez  un  demi-cercle  qui  touche  le 
point  E ,  et  que  vous  diviserez  en  douze 
parties  égales. 

Du  centre  I,  tirez  dix  lignes  qui,  passant 
par  dix  points  de  division  du  demi-cercle, 
aillent  s'arrêter  à  la  ligne  dEd. 

Du  centre  F  ,  et  par  l'extrémité  des 
lignes  qui  aboutissent  à  la  ligne  dEd,  tirez 
huit  lignes  horaires.  Prolongez  au  delà  de  F 
les  seules  lignes  iv,  v,  vu  ,  viii  ;  puis  mar- 
quez les  heures  ainsi  qu'elles  le  sont  ici,  et 
le  cadran  sera  tracé. 

11  faut  que  le  cadran  soit  bien  de  niveau, 
bien  orienté.  Pour  le  bien  orienter  on  se 
sert  de  la  boussole. 

Un  laquais  eut  ordre  de  son  maître  d'al- 
ler voir  l'heure  à  un  cadran  solaire,  posé 
sur  un  piédestal  dans  son  jardin.  Après 
avoir  tourné  vingt  fois  autour,  le  domesti- 
que fort  embarrassé,  apporte  le  cadran  so- 
laire à  son  maître  ,  en  lui  disant  :  «Tenez, 
monsieur,  cherchez  l'heure  vous-même,  car 
je  ne  m'y  connais  pas.  » 

Un  monsieur,  non  moins  spirituel,  disait 
à  son  domestique  d'aller  voir  l'heure  au  ca- 
dran solaire.  «Mais,  monsieur,  il  fait  nuit, 
répond  le  domestique.  —  Qu'est-ce  que 
cela  fait  ?  Prends  une  chandelle ,  o  répliqua 
le  maître. 

Cadran  lunaire.  Le  cadran  d'une  horlof;c, 
d'une  pendule,  d'une  montre.  Cadran  d'or, 
d'argent,  d'émail.  Le  cadran  de  l'église. 


CLEF  DE  L.V  LANGDE  ET  DES  SCIENCES. 

Cadran,  absoliiincnt.  Cadran  siihùre. Avez- 
vous  vu  te  cadran  qu'il  a  dans  son  jardin  ? 
Cave,  adj.  Lune  cave,    Mois  lunaire  de 
vingt-neuf  jours. 

Centrifuge,  adj.  (  Dn  grec  kentron ,  en 
latin  centrum  ,  centre  ,  et  plieugô ,  en  latin 
fugio,  je  fuis.)  Qui  tend  à  éloigner  d'un 
centre.  Tout  corps  qui  se  meut  circulaire- 
ment  à  une  force  centrifuge.  Si  l'on  fait 
tourner  un  corps  attaché  à  un  Cl, ce  fil  éprou- 
vera pendant  le  mouvement  une  tension, 
qui  sera  précisément  la  force  centrifuge  ; 
ou  plutôt,  si ,  après  avoir  fait  tournoyer  un 
corps ,  on  le  laisse  s'échapper  ,  il  prendra 
la  direction  de  la  tangente  au  point  où  il 
se  sera  échappé.  C'est  cette  direction  que 
suit  la  force  centrifuge ,  et  c'est  sa  combi- 
naison avec  la  force  centripète  qui  pro- 
duit le  mouvement  circulaire  du  corps. 
Tous  les  corps  tournant  sur  eux-mêmes 
éprouvent  dans  la  direction  perpendicu- 
laire à  leur  axe  une  tension  qui  pour  la 
terre  a  produit  l'aplatissement  qu'on  ob- 
serve aux  pôles  et  le  renflement  de  la  partie 
située  sous  l'équateur. 

Centripète,  adj.  (Du  latin  centrum, 
centre,  et  petere,  aller  vers.  )  Qui  tend  à 
approcher  d'un  centre.  Un  corps  qui  se 
meut  circulairement  est  retenu  dans  son  or- 
bite par  une  force  centripète.  Quand  on  fait 
tourner  un  corps  attaché  au  bout  d'un  fil , 
la  main  qui  tient  le  fil  représente  la  force 
centripcle.  La  force  centripète  est  toujours 
égale  à  la  force  centrifuge. 

Cercle,  s.  m.  (  Du  latin  circulus.  )  Il  se 
dit  des  pièces  de  forme  circulaire  qui  en- 
trent dans  la  composition  de  la  sphère  ar- 
millaire.  Voyez  ce  mot.  Il  se  dit  aussi  des 
Lignes  circulaires  fictives  qui  servent  à  re- 
présenter le  mouvement  des  astres.  On 
distingue  Les  grands  cercles  et  les  petits  cer- 
cles. Les  grands  cercles  sont  ceux  qui  ont 
pour  centre  le  centre  même  de  la  terre,  et 
la  divisent  en  deux  parties  égales  appelées 
hémisphères.  Les  grands  cercles  de  la  sphère 
sont  l'équateur  ,  le  méridien  ,  l'horizon,  Vé- 
cUplique,  et  les  deux  colnres.  Les  petits  cer- 
cles comprennent  les  tropiques  et  les  cercles 
polaires,  qui  divisent  la  terre  en  cinq  zones. 
Cercles  polaires.  Les  cercles  polaires  sont 
des  cercles  parallèles  à  l'équateur  et  dis- 
tants du  pôle  de  23"  1/2.  On  nomme  celui 
du  nord  cercle  polaire  arctique,  ou  simple- 
ment ,  cercle  arctique,  et  celui  du  sud  cercle 
polaire  antarctique  ,  ou  simplement,  cercle 
antarctique. 


> 


SlGiNES  DIVERS, 

Cercle  d'apparition  perpétuelle.  Petit  cer- 
cle, parallèle  à  l'équateur,  et  décrit  du 
point  le  plus  septentrional  de  l'horizon. 
Toutes  les  étoiles  renfermées  dans  ce  cer- 
cle ne  se  couchent  jamais  et  sont  toujours 
présentes  sur  l'horizon. 

Cercle  d'occultation  perpétuelle.  Cercle 
parallèle  à  l'équateur,  et  décrit  du  point  le 
plus  méridional  de  l'IiorizoD. 

Cercle  équatorial.  Voyez  Eqdatorial. 

Cercle  répétiteur ,  Instrument  dont  voici 
la  figure  et  la  description ,  empruntées  à 
l'Encyclopédie  de  la  jeunesse. 


«AR  est  un  axe  vertical,  mobile,  qui 
en  tournant  sur  lui-même  entraîne  une 
petite  barre  AL  ,  nommée  alidade,  sur  le 
cercle  fixe  gradué,  qui  est  horizontal;  AR 
supporte  un  cercle  vertical  EDF  gradué, 
dans  le  plan  du  quel  est  l'alidade,  et  l'en- 
traîne dans  son  mouvement.  Autour  de  ce 
cercle  et  fixée  au  centre  tourne  une  lunette 
CN,  comme  un  diamètre  mobile.  L'autre 
lunette  BM  sert  à  viser  un  objet  terrestre 
comme  point  de  repère  (1),  afin  de  s'assurer 
que  l'instrument  n'a  pas  changé  de  place. 

(On  place  ordinairement  au  foyer  d^une  lunette  deux 
Ùls  en  croix  excessiTement  minces  qui  serrent  à  fixer  un 
objet  avec  plus  de  précision.) 

«Les  lunettes  du  cercle  répétiteur  por- 
tent à  leurs  foyers  respectifs  deux  fils  à  an- 
gle droit,  dont  l'un  est  et  demeure  toujours 
horizontal.  Prenons  une  étoile  au  moment 
de  son  lever,  metlons-la  dans  le  champ  de 
la  lunette,  sous  la  croisée  des  fils.  En  fai- 
sant  mouvoir  convenablement   l'axe    AR 


ASTKOJSOMIE.  o5î) 

et  la  lunette  CN,  nous  pourrons  suivre  l'é" 
toile  pendant  tout  le  temps  qu'elle  sera 
au  dessus  de  l'horizon.  -Il  ariiveraun  mo- 
ment où  elle  cessera  de  monter;  elle  paraî- 
tra stationnaire.  A  ce  moment  lisons  avec 
soin  la  division  marquée  par  l'alidade  sur 
le  petit  cercle  ;  supposons  par  exemple  que 
ce  soit  45°,  puis  recommençons  celte  opé- 
ration sur  des  étoiles  plus  hautes  et  plus 
basses,  et  chaque  fois  nous  trouverons  que 
l'alidade  marquera  sur  le  petit  cercle  45°, 
lorsque  les  étoiles  paraîtront  stationnaires  , 
ou  ,  ce  qui  revient  au  même  ,  lorsqu'elles 
seront  au  point  culminant  de  leur  course.  Il 
résulte  de  là  que  les  points  culminants  des 
courbes  décrites  par  les  étoiles  sont  conte- 
nus dans  un  même  plan,  le  quel  est  vertical 
puisqu'il  passe  par  l'axe  ÀR  de  l'instru- 
ment, qui,  par  sa  construction,  est  vertical. 
Ce  plan,  appelé  plan  méridien,  ou  simple- 
ment méridien,  passe  donc  par  le  zénith  et 
le  nadir.  Il  est  d'une  importance  extrême, 
et  le  cercle  répétiteur  va  encore  nous  don- 
ner un  moyen  de  déterminer  sa  position  par 
la  méthode  dite  des  hauteurs  correspondan- 
tes. Le  méridien  coupant  en  deux  parties 
égales  la  courbe  décrite  par  chaque  étoile, 
il  s'ensuit  que  tout  se  passe  de  la  même  ma- 
nière à  droite  et  à  gauche  de  ce  plan.  Pre- 
nons une  étoile  déjà  à  une  certaine  hauteur 
au  dessus  de  l'horizon  ,  dirigeons  sur  elle  la 
lunette  CN,  et  plaçons-la  (l'étoile)  sur  le  fil 
horizontal.  Lisons  alors  la  division  indiquée 
par  le  cercle  EDF  ,  supposons  que  ce  soit 
15°;  lisons  aussi  la  division  marquée  par 
l'alidade  A'L,  nous  trouvons  25°.  L'étoile, 
après  avoir  passé  le  méridien,  s'abaissera 
de  plus  en  plus  vers  l'horizon  ;  il  y  aura  un 
moment  où  elle  sera  à  la  même  hauteur 
que  dans  la  première  observation.  Faisons 
tourner  l'instrument  autour  de  l'axe  AR  ; 
attendons  que  l'étoile  se  trouve  dans  le 
champ  de  la  lunette  au  dessous  du  fil  ho- 
rizontal. A  ce  moment  lisons  la  division  à 
laquelle  s'est  arrêtée  l'alidade  A'L,  suppo- 
sons que  ce  soit  65°  ;  ajoutons  25  et  65,  nous 
aurons  90;  la  moitié  est  45,  donc  45»  sera 
la  division  indiquée  par  l'alidade  A'L,  lors- 
que le  cercle  EDF  sera  dans  le  plan  du 
méridien.  On  voit  que  par  la  méthode  des 
hauteurs  correspondantes  nous  avons  faci- 
lement déterminé  le  méridien.  ISIais,  dira- 
t-on,  pourquoi  ne  pas  observer  l'étoile  au 


(i)  Marque  que  l'on  lait  sur  un  mur  ,  sur  un  jalon,  sur  un  terrain  ,    etc. ,  pour  iadiquer  ou  re- 
liouvei  un  alii;nemcnl,  un  niveau  ,  uuc  liautcuT,  une  Jislance. 


340 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


iiioiiicnt  oiielîc  cessera  de  s'élever? on  au- 
rait tout  de  suite  la  direclion  du  méridien. 
La  raison  en  est  que  très-peu  avant  et  très- 
peu  après  son  passage,  à  cause  de  la  len- 
teur du  mouvement,  l'étoile  paraît  un  cer- 
tain temps  slalionnaire,  et  qu'alors  la  di- 
rection du  méridien  ne  serait  pas  obtenue 
avec  précision.  » 

Oh  !  que  la  science  est  une  belle  chose! 
Et  pourtant,  je  ne  cesserai  de  le  répéter, 
la  poésie  TeiMporle  encore  sur  la  science, 
n'en  drplaise  aux  Journal  des  Débats  et 
autres  positivistes. 

«Que  gagnerai  je,  disait  Voltaire  ,  à 
connaître  le  chemin  de  la  lumière,  et  la 
gravitation  de  Saturne?  Ce  sont  des  véri- 
tés stériles;  un  sentiment  est  mille  fois  au 
dessus.» 

Cercle  mural.  Instrument  propre  à  l'ob- 
servation des  déclinaisons.  oUn  cercle  mu- 
ral est  un  cercle  en  cuivre  divisé  avec  un 
soin  extrême  ;  ce  cercle  est  fixé  contre  un 
mur  dune  grande  solidité,  d'où  lui  est  venu 
le  nom  de  mural.  Ce  mur  est  vertical,  et 
l'on  s'arrange  de  manière  que  le  plan  du 
cercle  coïncide  exactement  avec  le  méri- 
dien. On  a  placé  au  centre  du  cercle  une 
lunette  qui  fait  corps  avec  lui.  Cette  lu- 
nette à  un  réticule  portant  un  fil  horizon- 
tal. Lorsque  l'on  vise  un  astre  avec  la  lu- 
nette ,  un  index  placé  convenablement  in- 
dique la  division  marquée  par  le  cercle 
dans  la  position  de  la  lunette  que  l'on  con- 
sidère. Pour  déterminer  les  déclinaisons 
des  étoiles,  il  faut  d'abord  connaître  la  di- 
vision marquée  par  l'index,  lorsque  la  lu- 
nette est  dirigée  vers  le  pùle  (soit  là"  cette 
division).  Le  pôle  étant  distant  de  l'équa- 
teur  de  90°,  on  connaîtra  donc  aussi  la  di- 
vision marquée  par  l'index  lorsque  la  lu- 
nette sera  dirigée  sur  l'équateur  ;  ce  sera 
94°  0'  0".  (On  suppose  que  lesdivisious  sont  comptées 
du  nord  au  midi;  le  contraire  pourrait  avoir  lieu,  mais  ce 
serait  toujours  le  même  raisonnement  et  l'objet  d'une 
convention  spéciale.)    SuppOSOHS   qu'on  observe 

ime  étoile  i»  son  passage  au  méridien,  et 
qu'on  trouve  que  l'index  marque  99°  0'  0". 
—  La  différence  5  indique  sa  déclinaison  ; 
et,  comme  les  divisions  vont  du  nord  au 
midi ,  il  s'ensuit  que  cette  déclinaison  est 
boréale.  Pour  déterminer  la  division  mar- 
quée par  l'index,  lorsque  la  lunette  sera 
dirigée  vers  le  pô'e,  il  suffira  de  faire  l'ob- 
servation des  deux  passages  au  méridien 
d'une  étoile  cireompolaire  ,  parce  que  le 
pùle  étant  évidemment  au  milieu  de  l'arc 


du  méridien  déterminé  par  les  deux  pas- 
sages, il  sufffira  de  prendre  la  moyenne  des 
deux  lectures,  c'est  à  dire  ,  d'ajouter  deux 
et  de  diviser  par  le  même  nombre.  Dans  un 
observatoire  la  lunette  méridienne  et  le 
cercle  mural  sont  appelés  les  instruments 
méridiens.»  (Encyclopédie  de  ta  jeunesse.) 

Cérès.  s.  f.  Planète  située  entre  Mars  et 
Jupiter.  Vo}'ezle  Tableau  desplanclcs,  page 
bih. 

Chronologie,  s.  f.  (  Du  grec  ehronos , 
temps,  et  /oi;os,  discours,  traité,  science.) 
Science  des  temps,  connaissance  des  épo- 
ques. Les  modifications  du  terrain,  la  géo- 
graphie, l'histoire,  sont  les  fondements  de 
la  chronologie.  Les  principales  époques  d'où 
parlent  tes  chronologistes  pour  arriver  à  la 
connaissance  précise  des  temps  sont  les  ères. 
Voyez  ÈBE,  ÉPOQUE,  vÉRiovE.  Il  y  a  plusieurs 
systèmes  de  chronologie.  Chronologie  sacrée, 
par  Usserius  ou  Usher  ,  l'un  des  plus  grands 
hommes  du  xvn^  siècle,  né  à  Dulilin.  Ejc- 
acle  chronologie.  Chronologie  obscure.  Cela 
ne  s'accorde  pas  avec  la  bonne  chronologie. 
Chronologie  des  rois  d'Egypte.  Il  sait  bien 
la  chronologie. 

Ciel.  s.  m.  Au  pi.  Ciecx.  (  Du  latin  cœ- 
lum.)  L'espace  indéfini  dans  lequel  se 
meuvent  tous  les  astres;  La  partie  de  cet 
espace  que  nous  voyons  au  dessus  de  nos 
têtes.  Les  étoiles  du  ciel.  L' immensité  des 
deux.  On  ne  voit  ni  ciel  ni  terre.  Les  an- 
ciens croyaient  à  l'existence  de  plusieurs 
cieux  de  matière  solide  et  transparente; 
c'est  par  allusion  à  cette  idée  qu'on  dit  : 
Saint  Paul  fut  enlevé  au  troisième  ciel,  Les 
deux  des  planètes ,  Le  ciel  empyrée.  Le  ciel 
de  la  lune.  Le  ciel  de  Mars,  etc.  (Acad.) 

Fip.  et  fam. ,  Eire  ravi  au  troistime  clei ,  au  sci)tlême 
fù/,  Épi'ouver  une  satisfaction  très-vive,  une  grande 
joie.  Fig.  et  fam.,  Elever  quelqu'un  jusqu'au  ciel ,  jusqu'au 
troisième  citl ,  Le  louer  extraordinaircnicnt.  l-'ig.  ,  La 
voùle  du  ciel,  des  cieux,  Le  ciel,  le  firmament.  Ces  clioses 
sunt  éloignées  comme  le  ciel  et  la  terre.  Il  y  a  entre  elles 
une  trcs-graiide  diirérence.  Prov.,  Si  le  ciellombait,  il  j 
aurait  bien  des  aioueUes  de  prises.  Se  dit  pour  se  moquer 
d'une  supposition  absurde.  Fig.  et  fam..  Remuer  ciel  et 
terre,  Faire  tous  ses  eiforts  pour  réussir. 

Ciel ,  Les  astres.  J.es  influences  du  ciel,  Les  prétendues 
influences  des  asli-es. 

—  L'air,  l'atmosphère.  Ciel  serein.  Ciel  clair.  Ciel  ob- 
scur. Un  ciel  chargé  de  nuages.  Un  ciel  sans  nuages.  La  ro- 
sée du  ciel.  Les  oiseaux  du  ciel.  L'état  du  ciel.  Le  feu  du 
riel.  La  foudre.  L'azur  du  ciel.  Couleur  bleu  de  ciel.  Cou- 
leur d'un  bleu  tendre.  Fig.  ,  dans  l'Ecriture,  Un  ciel,  des 
cieux  d'airain,  Un  temps  sec  et  aride ,  pendant  le  quel  il 
ne  tombe  ni  pluie  ni  rosée. 

î'.iiinat,  pavs.  Uti  ciel  tempéré.  Vn  beau  ciel.  Chan- 
ger de  cid.  Ceux  qui  royagent  changent  de  ciel,  mais  non 
de  nature.  l'Ivre  sous  un  ciel  étranger,  sous  un  ciel  Inconnu 
Le  ciei  de  l'Italie  est  un  des  plus  beaux  ciels  de  l'Europe. 


f 


SIGNES  DIVERS.  ASTKNNOMIE. 


341 


L'Académie  ne  d'il  cUb  au  pluriel ,  au  lieu  de  deux , 
qu'en  parlant  d'une  décoration  qui  imite  le  ciel  ou  de  la 
paitied'un  tableau  qui  représente  l'air.  0  ciel  de  mon  pays, 
que  iu  élah  beau,  quand  tu  éclairais  mo»i  père  et  ma  lucre  ! 

—  Le  séjour  des  bienheureux,  le  paradis.  Gabier  le 
ciel.  Le  royaume  des  deux.  La  praûque  de  l'Evangile  est  le 
chemin  du  ciel.  La  lihertéest  comme  le  royaume  des  deux, 
les  l'îulents  remportent.  Fig.,  Foir  les  deux  ouverts  ^  Avoir 
une  grande  joie. 

— •  La  Divinité,  la  Providence.  Grâces  ou  grâce  au  ciel. 
Offenser  le  ciel.  Imoguer  le  ciel.Etc,  etc. 

Les  Grecs  avaient  divinisé  le  ciel  sous  le  nom  de  Cœ- 
tus  ou  d'Uranus.  C'était,  selon  eus,  le  plus  ancien  des 
dieux  et  le  lils  de  la  Terre.  11  eut  un  grand  nombre  d'en- 
fants. Saturne  ,  l'un  d'eux  ,  surprit  son  père  pendant  la 
nuit,  et  le  mutila  avec  une  faux.  Du  sang  qui  coula  sur 
la  tt-rre  naquirent  les  géants,  les  furies,  et  les  nymphes 
Mélies.  Le  reste  fut  jeté  dans  la  nier,  et  de  l'écume  qui 
s'en  éleva,  fut  formée  Vénus,  que  les  flots  portèrent  dans 
l'île  de  Chjpre. 

Circompolaire.  adj.  (Du  latin  clrciim, 
autour,  et  palus,  pôle.)  Qui  environne  les 
pôles  terrestres.  Les  régions  ,  les  mers  cir- 
compolaires.  Il  s'emploie  plus  particulière- 
ment en  astronomie,  et  se  dit,  dans  cha- 
que lieu,  des  étoiles  et  des  constellations 
assez  voisines  du  pôle  pour  que  leur  cercle 
diurne  se  trouve  tout  entier  au  dessus  de 
l'horizon;  ce  qui  les  rend  constamment 
visibles  ,  soit  à  l'œil  nu ,  soit  avec  des  in- 
struments. (kcAD.)  La  petite  Ourse  est  une 
constellation  circompolaire  pour  l'Europe. 
{Idem.) 

Climat,  s.  m.  (Du  grec  klima.)  Partie 
du  globe  terrestre  comprise  entre  deux  cer- 
cles parallèles  à  l'éqnateur,  et  telle  que  le 
jour  du  solstice  d'été  est  plu.s  long  d'une 
demi-heure,  par  exemple,  sous  le  second 
de  ces  cercles  que  sous  le  premier.  Les  an- 
ciens ne  connaissaient  que  sept  climats.  Cli- 
mat méridional.  Climat  septentrional.  Lu 
terre  se  divise  en  climats  d'heure  et  en  climats 
de  mois.  Les  géographes  modernes  ne  comp- 
tent plus  par  climats,  Tnais  par  degrés  de  la- 
titude. 

—  Chacune  des  lignes  qui  marquent  sur 
le  globe  la  division  des  climats.  Le  premier, 
te  second  climat  passe  par  tel  lieu. 

—  Région,  pays,  par  rapport  à  la  tem- 
pérature. Climats  chauds.  Climats  tempères. 
Climats  froids,  a  Les  premiers  sont  compris 
entre  les  deux  tropiques  jusqu'au  30' degré 
de  latitude  boréale  et  australe  ;  les  seconds 
commencenl  vers  le  3 1''  degré,  et  s'éten- 
tendent  jusqu'au  55"  ou  GO'';  les  derniers 
sont  situés  entre  les  cercles  polaires.  Voyez 
ZoKE.  Dans  les  climats  chauds  la  tempéra- 
ture moyenne  est  de  22  à  25  degrés;  la 
vie  y  est  rapide  ;  les  habitants  en  sont  mous, 
nerveux,  exaltés,  vindicatifs,  lascifs,  en- 
clins au  fanatisme.  Les  peuples  des  climats 
extrêmement  froids  sont  en  générai  trapus, 


rabougris,  de  petite  taille,  de  caractère  ti- 
mide, etc.  Ceux  des  climats  tempérés  par- 
ticipent à  la  fois  des  qualités  des  climats 
chauds  et  des  climats  froids,  et  présentent 
l'organisation  la  plus  heureuse.»  [Diction- 
naire encyclopédique  de  Charles  Saint-Lau- 
rent. )  Climat  doux.  Climat  agréable.  L'in- 
fluence, les  effets  du  climat.  Heureux  climat. 
Changer  de  climat.  Passer  dans  un  autre 
climat. 

CLUIATÉRIQUE.  adj.  An  dimatérique  ,  année  dima- 
térique  ,  Chaque  septième  année  de  la  vie  liumaine,  et 
particulièrement  la  soixante-troisième  ,  qu'on  appelé 
aussi  la  grande  dimatcrique^  et  absolument  la  climatérique. 
llesl  mort  dans  son  année  dimaténque,  dans  sa  dimatérique. 
Les  anciens  croyaient  àl'infuence  des  années  cUmatériques 
sur  la  santé,  la  vie,  ou  la  fortune.  (  Aeiii.)  Le>  états  ont 
leurs  années  cllmatériques  aussi  bien  que  les  hommes. 

En  médecine,  il  se  dit  de  certaines  époques  de  la  vie 
où  il  survient  de  grands  changements,  indépendamment 
de  l'ordre  numérique  des  années.  L'époque  de  la  puberté 
est  une  époque  dimatérique.  (Acad.) 

Colure.  s.  m.  (Du  grec  kolouros,  mntilé, 
écourté  ,  de  holouô ,  je  coupe,  et  aura, 
queue  ;  parce  que,  dit-on,  ne  se  montrant 
jamais  entiers  sur  l'horizon  ,  les  colures 
semblent  avoir  en  quelque  sorte  la  queue 
coupée.  )  Chacun  des  deux  grands  cercles 
de  la  sphère  qui  coupent  l'éqnateur  et  le 
zodiaque  en  quatre  parties  égales  ,  et  qui 
servent  à  marquer  les  quatre  saisons  de 
l'année.  Colure  des  èquinoxes ,  Cel'.ii  qui 
passe  par  les  points  équinoxiaux.  Colure 
des  solstices.  Celui  qui  passe  par  les  points 
solsliciaux. 

Comète,  s.  f.  Voyez  page  526. 

Comput.  s.  m.  (  Du  latin  computum, 
compte,  calcul.)  Il  ne  s'emploie  qu'en  par- 
lant des  supputations  de  temps  qui  servent 
à  régler  le  calendrier  ecclésiaslique,  telles 
que  le  cyclesolaire,  le  nombre  d'or,  Vépactc, 
Vindiction  romaine,  et  la  lettre  dominicale. 
Le  comput  ecclésiastique. 

Computiste.  s.  m.  Celui  qui  travaille 
au  comput  et  à  la  composition  du  calen- 
drier ecclésiaslique. 

Conjonction,  s.  f.  Rencontre  apparente 
de  deux  planètes  dans  un  même  point  de 
quelque  signe.  Saturne  et  Vénus  étaient  en 
conjonction.  La  conjonction  du  soleil  et  do 
Mercure.  La  conjonction  est  le  premier  as- 
pect,  comme  l'opposition  est  te  dernier.  La 
lune  se  trouve  tous  les  moiscnconjonction  avec 
le  soleil  ;  c'est  ce  qu'on  nomme  nouvelle 
lune. Conjonction  héliocentrique.  Celle  qu'on 
observerait,  si  l'on  était  dans  le  soleil.  Con- 
jonction géocentrique.  ou  vue  de  la  terre.  Les 
conjonctions  géoccnlriques  des  planètes  sont 
inférieures  ou  supérieures  ,  selon  que  les  pla- 
nètes sont  entre  la  terre  çt  le  soleil,  ou  selon 


i>A2  CLEF  DE  LA  LA.NGL 

que  to  soleil  cxl  entre  la  terre  et  la  planète. 
Conjonction  vraie,  Ccllu  oi'i  les  deux  astres 
ont  une  même  latitude  et  une  même  lon- 
gitude. Conjonction  apparente.  Celle  où  les 
deux  astres,  ayant  la  même  longitude,  n'ont 
pas  la  même  latitude.  Absol.,  La  conjonc- 
tion de  la  lune,  La  rencontre  de  la  lune 
avec  le  soleil  dans  un  même  point  du  zo- 
diaque. (Jiiand  ta  Unie  est  en  conjonction  elle 
n'est  pas  visible. 

Cosmogonie,  s.  f.  (Du  grec  hosmos,  uni- 
vers, et  gonos,  génération  :  science  ou  sys- 
tème de  la  formation  de  l'univers.  )  La 
cosmogonie  d'Hésiode.  La  cosmogonie  de 
Buffon.  La  cosmogonie  de  Moïse  ou  la  Ge- 
nèse. Les  cosniogonies  de  l'Orient  et  de 
l'Inde  ,  qui  paraissent  être  les  plus  anti- 
ques de  toutes  ,  admettent  un  déluge  à 
l'origine  des  choses.  Une  des  plus  curieuses 
cosmogonies  est  la  cosmogonie  Scandinave  , 
développée  dans  les  premiers  livres  de 
l'Edda.  Suivant  cet  écrit,  deux  mondes 
existaient  en  même  temps  avant  le  monde 
d'aujourd'hui  :  au  sud  Muspellzhcimer  (1) 
ou  le  pays  du  feu  et  de  la  lumière,  au  nord 
Niflheimer  (2) ,  et  pays  du  brouillard  et  du 
froid.  Ces  deux  mondes  étaient  séparés  par 
V ahima Ginungagap  (S).  De  laglace formée 
par  l'eau  des  fleuves  qui  sortaient  des  puits 
Yvergelmir ,  et  congelée  dans  le  Ginimga- 
gap  ,  naquit  le  géant  Himcr  ou  Ymir ,  qui 
fut  tué  parles  trois  dieux  Othin  ,  fVilli , 
et  J^Fé  ,  fils  du  géant  Borr.  Les  trois  frères 
traînèrent  le  corps  d'Ymir  dans  l'abîme  , 
et  en  formèrent  le  monde  que  nous  habi- 
tons. Son  sang  devint  la  mer  et  les  eaux  ; 
sa  chair  le  continent  ;  ses  cheveux  produi- 
sirent les  arbres  et  les  plantes  ,  ses  os  les 
montagnes.  Son  crâne  forma  le  ciel.  Selon 
la  même  croyance  ,  la  terre  est  ronde 
comme  un  anneau  ,  la  mer  l'entoure  ,  et 
les  géants  habitent  ses  bords.  De  plus  , 
l'univers  et  les  dieux  eux-mêmes  doivent 
être  détruits  au  dernier  jour. 

Cosmogonique.  adj.  Qui  appartient  , 
qui  a  rapport  à  la  cosmogonie.  Système 
cosmogonique. 

Cosmographe,  s.  m.  Celui  qui  sait  la 
cosmographie.  Savant  cosmographe. 

Cosmographie,  s.  f.  (  Du  grec  hosmos, 
monde,  univers,  et  graphe,  je  décris.) 
Science  qui  s'occupe  de  la  description  de 
l'univers  ,  et  qui  comprend  la  géographie , 
ou  description  générale  de  la  terre ,  et 
Vuranographie,  ou  description  des  astres  , 


E  ET  DES  SCIENCES. 

l'une  des  divisions  de  l'astronomie.  //  sait 
bien  la  cosmographie. 

Cosmographique,  adj.  Qui  appartient  , 
qui  a  rapport  à  la  cosmographie.  Descrip- 
tion cosnwgruphique.  Table  cosmographique. 

Cosmologie,  s.  f.  (  Du  grec  txosmos  , 
monde,  et  logos,  discours,  traité.)  Science 
des  lois  générales  par  les  quelles  le  monde 
physique  est  gouverné.  Traitéde cosmologie. 

Cosmologique,  adj.  Qui  appartient,  qui 
a  rapport  à  la  cosmologie. 

Cosmopolite,  s.  m.  (  Du  grec  hosmos, 
monde  ,  et  polites ,  citoyen  :  citoyen  du 
monde,)  Il  se  dit  de  Celui  qui  a  pour  tous 
les  pays  la  même  afiPection  que  pour  sa  pa- 
trie ,  qui  s'intéresse  à  tous  les  hommes 
également.  Un  ancien  philosophe  à  qui  l'on 
demandait  de  quel  pays  il  était  répondit  :  Je 
suis  cosmopolite. 

Le  Cosmopolite. 

«  —  Vous  vous  occupez  de  géographie  , 
Monsieur  ?C'estune  richeétude,  pourvous 
surtout  ,  qui  ,  à  ce  qu'on  assure  ,  avez  vu 
autant  de  pays  qu'il  y  en  a  de  gravés  sur 
cet  atlas. 

«  —  Oui,  Monsieur,  répondit  le  comte  , 
j'ai  voulu  faire  sur  l'espèce  humaine  prise 
en  masse  ce  que  vous  pratiquez  chaque 
jour  sur  des  exceptions  ,  c'est  à  dire  ,  une 
étude  physiologique.  J'ai  pensé  qu'il  me 
serait  plus  facile  de  descendre  ensuite  du 
tout  à  la  partie  que  de  monter  de  la  partie 
au  tout.  C'est  un  axiome  algébrique  qui 
veut  que  l'on  procède  du  connu  à  l'in- 
connu ,  et  non  pas  de  l'inconnu  au  connu. 

o  —  Ah  !  vous  philosophez  ,  reprit  Ville- 
fort  après  un  instant  de  silence,  pendant 
le  quel,  comme  un  athlète  qui  rencontre 
un  rude  adversaire ,  il  avait  fait  provision 
de  forces.  Eh  bien  !  Monsieur,  parole 
d'honneur,  si  comme  vous  je  n'avais  rien 
à  faire  ,  je  chercherais  une  moins  triste 
occupation. 

0  —  Il  est  vrai,  Monsieur,  reprit  Monte- 
Cristo  ,  que  l'homme  est  une  laidechenille 
pour  celui  qui  l'étudié  au  microscope  so- 
laire. Mais  vous  venez  dédire,  je  crois,  que 
je  n'avais  rien  à  faire.  Voyons  ,  par  hasard 
croyez-vous  avoir  ^quelque  chose  à  faire  , 
vous  ,  Monsieur  ?  ou  ,  pour  parler  plus  clai- 
rement, croyez-vous  que  ce  que  vous  faites 
vaille  la  peine  de  s'appeler  quelque  chose? 

o  L'étonnenient  de  Villefort  redoubla  à 
ce  second  coup  si  brutalement  porté  par 
son   étrange   adversaire.   Il  y  avait  long- 


Ci)  l'ionoiitcï  inouspchhaim'r.  (^2)  Ptontiiicci  nij'/fiiiim'r.  (i)  Piouoacez  i;iiiiwungagiip. 


SIGNES  DIVERS,    ASTRONOMIE. 


343 


temps  que  le  magistrat  ne  s'était  entendu 
diie  un  paradoxe  de  celte  force,  ou,  plu- 
tôt ,  pour  parler  plus  exactement ,  c'était 
la  première  fois  qu'il  l'entendait. 

«  Le  procureur  du  roi  se  mit  à  l'œuvre 
pour  répondre. 

a  —  Monsieur,  dit-il,  vous  êtes  étranger, 
et ,  —  vous  le  dites  vous  même  ,  je  crois  , 
—  une  portion  de  votre  vie  s'est  écoulée 
dans  les  pays  orientaux.  "Vous  ne  savez 
donc  pas  combien  la  justice  humaine  ,  si 
expéditive  en  ces  contrées  barbares,  a  chez 
nous  des  allures  prudentes  et  compassées? 
B — Si  fait,  Monsieur,  si  fait.  C'est 
le  pede  claudo  antique.  Je  sais  tout  cela, 
car  c'est  surtout  de  la  justice  de  tous  les 
pays  que  je  me  suis  occupé  ;  c'est  la  pro- 
cédure criminelle  de  toutes  les  nations  que 
j'ai  comparée  à  la  justice  naturelle  ;  et  ,  je 
dois  le  dire ,  Monsieur  ,  c'est  encore  cette 
loi  des  peuples  primitifs  ,  c'est  à  dire  ,  la 
loi  du  talion  que  j'ai  le  plus  trouvée  selon 
le  cœur  de  Dieu. 

o  —  Si  celte  loi  était  adoptée.  Monsieur, 
elle  simplifierait  fort  nos  codes ,  et  c'est 
pour  le  coup  que  les  magistrats  n'auraient, 
comme  vous  le  disiez  tout  à  l'heure  ,  plus 
grand'  chose  à  faire. 

B  —  Cela  viendra  peut-être.  Vous  savez 
que  les  inventions  humaines  marchent  du 
composé  au  simple  ,  et  que  le  simple  est 
toujours  la  perfection. 

<i  —  En  attendant ,  Monsieur  ,  dit  le 
magistrat,  nos  codes  existent  avec  leurs 
articles  contradictoires  ,  tirés  des  coutu- 
mes gauloises,  des  lois  romaines,  des  usages 
francs.  Or  la  connaissance  de  tontes  ces 
lois-là,  vous  en  conviendrez,  ne  s'acquiert 
pas  sans  de  longs  travaux  ,  et  il  faut  une 
longue  étude  pour  acquérir  cette  connais- 
sance etune  grande  puissance  detête,  cette 
connaissance  une  fois  acquise,  pour  ne  pas 
l'oublier. 

0  —  Je  suis  de  cet  avis-là  ,  Monsieur  ; 
mais  tout  ce  que  vous  savez,  vous,  à  l'égard 
de  ce  code  français, je  lésais  moi  non  seu- 
lement à  l'égard  de  ce  code  ,  mais  à  l'é- 
gard du  code  de  tontes  les  nations.  Les 
lois  anglaises  ,  les  lois  turques  ,  les  lois  ja- 
ponnaises  ,  les  lois  indoucs,  me  sont  aussi 
familières  que  les  lois  françaises.  J'avais 
donc  raison  de  dire  que ,  relativement 
(  vous  savez  que  tout  est  relatif,  Monsieur), 
que,  relativement  à  tout  ce  que  j'ai  fait, 
vous  avez  bien  des  choses  à  faire  ,  et  que, 
relativement  à  ce   que  j'ai  appris,   vous 


avez  encore  bien  des  choses  à  apprendre. 
o  —  Mais   dans  quel  but  avez-vous   ap- 
pris tout  cela  ?  reprit  Villefort  étonné. 

Monte-Cristo  sourit. 
0  —  Bien  ,  Monsieur,  dit-il  ;  je  vois  que, 
malgré  la  réputation  qu'on  vous  a  faite 
d'homme  supérieur  ,  vous  voyez  toutes 
choses  au  point  de  vue  matériel  et  vulgaire 
de  la  société  ,  commençant  à  l'homme  et 
finissant  à  l'homme  ,  c'est  à  dire,  au  point 
de  vue  le  plus  restreint  et  le  plus  étroit 
qu'il  a  été  permis  à  l'intelligence  humaine 
d'embrasser. 

f — Expliquez-vous,  Monsieur,  dit  Vil- 
lefort de  plus  en  plus  étonné;  je  ne  vous 
comprends  pas...  très-bien. 

a — Je  dis,  Monsieur,  que,  les  yeux  fixés 
sur  l'organisation  sociale  des  nations,  vous 
ne  voyez  que  les  ressorts  de  la  machine  , 
et  non  l'ouvrier  sublime  qui  la  fait  agir. 

Je  dis  que  vous  ne  reconnaissez  devant 
vous  et  autour  de  vous  que  les  titulaires  des 
places  dont  les  brevets  ont  été  signés  par  des 
ministres  ou  par  un  roi,  et  que  les  hommes 
que  Dieu  a  mis  au  dessus  des  titulaires  des 
ministres  et  des  rois  en  leur  donnant  une 
mission  à  poursuivre  au  lieu  d'une  place  à 
remplir.  Je  dis  que  ceux-là  échappent  à  votre 
courte  vue. 

C'est  le  propre  de  la  faiblesse  humaine 
aux  organes  débiles  et  incomplets.  Tobie 
prenait  l'ange  qui  devait  lui  rendre  la  vue 
pour  un  jeune  homme  ordinaire.  Les  na- 
tions prenaient  Attila,  qui  devait  les  anéan- 
tir ,  pour  un  conquérant  comme  tous  les 
conquérants ,  et  il  a  fallu  que  tous  deux 
révélassent  leurs  missions  célestes  pour 
qu'on  les  reconnût  ;  il  a  fallu  que  l'un  dît  : 
— Je  suis  l'ange  du  Seigneur,  —  et  l'autre: 
—  a  Je  suis  le  marteau  de  Dieu  ,  pour  que 
l'essence  divine  de  tous  deux  fût  révélée. 

«  —  Alors ,  dit  Villefort,  de  plus  en  plus 
étonné,  et  croyant  parler  à  un  illuminé  ou  à 
un  fou,  vous  vousregardezcommeun  de  ces 
êtres  extraordinaires  que  vous  venez  de  citer 

« —  Pourquoi  pas  ?  dit  froidement  Monte- 
Cristo. 

a—  Pardon,  Monsieur,  dit  Villefort 
abasourdi,  mais  vous  m'excuserez,  si  en 
me  présentant  chez  votisj'ignorais  me  pré- 
senter chez  un  homme  dont  les  connaissan- 
ces et  dont  l'esprit  dépassent  de  si  loin 
les  connaissances  ordinaires  et  l'esprit  ha- 
bituel des  hommes.  Ce  n'est  point  l'usage 
chez  nous,  malheureux  corrompus  de  la 
civilisation,  que  les  gentils  hommes,  posses- 


3U 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


seiirs  comme  vous  d'une  fortune  immense, 
du  moins  à  ce  qu'on  assure,  remarquez  que 
je  n'interroge  pas,  que  seulement  je  repète, 
ce  n'est  pas  l'usage  ,  dis-je  ,  que  ces  privi- 
légiés des  richesses  perdent  leur  temps  à  des 
spéculutionssocinles,à  des  rêves  philosophi- 
ques faits  tout  au  plus  pour  consoler  ceux 
que  le  sort  a  déshérites  des  biens  de  la  terre. 

a — Eh!  Monsieur,  reprit  le  comte, 
êtes-vous  donc  arrivé  (1)  à  la  situation 
éminente  que  vous  occupez  sans  avoir  ad- 
mis et  même  sans  avoir  rencontré  des  ex- 
ceptions ?  Et  n'exercez-vous  jamais  votre 
regard  ,  qui  aurait  cependant  tant  besoin 
de  finesse  et  de  sûreté,  à  deviner  d'un 
seul  coup  sur  quel  homme  est  tombé  votre 
regard  î  Un  magistrat  ne  devrait-il  pas  être, 
non  pas  le  meilleur  applicaleur  de  la  loi,  non 
pas  le  plus  rusé  interprète  des  obscurités  de 
la  chicane ,  mais  une  sonde  d'acier  pour 
éprouver  (es  cœurs,  mais  une  pierre  de  tou- 
che pour  essayer  l'or  dont  chaque  âme  est 
toujours  faite  avec  plus  ou  moins  d'alliage? 

« — Monsieur,  dit  ^  illefort,  vous  me  con- 
fondez, sur  ma  parole,  et  je  n'ai  jamais  en- 
tendu parler  personne  comme  vous  faites. 

«  —  C'est  que  vous  êtes  constamment 
resté  enfermé  dans  le  cercle  des  conditions 
générales  ,  et  que  vous  n'avez  jamais  osé 
vous  élever  d'un  coup  d'aile  dans  les  sphè- 
res supérieures  que  Dieu  a  peuplées  d'êtres 
invisibles  ou  exceptionnels. 

«  —  Et  vous  admettez  ,  Monsieur  ,  que 
ces  sphères  existent,  que  les  êtres  excep- 
tionnels et  invisibles  se  mêlent  à  nous? 

«  —  Pourquoi  pas  ?  Est-ce  que  vous 
voyez  l'air  que  vous  respirez,  et  sans  le 
quel  vous  ne  pourriez  pas  vivre  ? 

« —  Alors  nous  ne  voyons  pas  les  êtres 
dont  vous  parlez  ? 

«  —  Si  fait,  vous  les  voyez  quand  Dieu 
permet  qu'ils  se  matérialisent  ;  vous  les 
touchez ,  vous  les  coudoyez ,  vous  leur 
parlez  ,  et  ils  vous  répondent. 

«  —  Ah  1  dit  \illefort  en  souriant,  j'a- 
voue que  je  voudrais  bien  être  prévenu 
quand  un  de  ces  êtres  se  trouvera  en  con- 
tact avec  moi. 

•  —  Vous  avez  été  servi  à  votre  guise. 
Monsieur  ,  car  vous  avez  été  prévenu  tout 
à  l'heure,  et  maintenant  encore  je  vous 
préviens. 

« —  Ainsi  vous-même... 

o  —  Je  suis  un  de  ces  êtres  exception- 


nels, oui,  Monsieur;  et,  je  le  crois,  jusqu'à 
ce  jour  aucun  homme  ne  s'est  trouvé  dans 
une  position  semblable  à  la  mienne.  Les 
royaumes  des  rois  sont  limités  ,  soit  par 
des  montagnes ,  soit  par  des  rivières , 
soit  par  un  changement  de  mœurs,  soit 
par  une  mutation  de  langage.  Mon  royaume 
à  moi  est  grand  comme  le  monde  ,  car  je 
ne  suis  ni  Italien,  ni  Français,  ni  Indou,  ni 
Américain,  ni  Espagnol  :  je  suis  cosmopo- 
lite. »  (  Alkxamdre  Ddmas,  ) 

J'ai  dit  que  tout  grand  écrivain  porte  la 
grammaire  inhérente  en  lui  comme  le  soleil 
la  lumière.  M.  Alexandre  Dumas  vient 
puissamment  en  aide  à  cette  assertion,  car 
je  ne  sache  pas  que  ce  fougueux  écrivain 
ait  perdu  beaucoup  de  temps  à  étudier 
Restant  et  Lhomond.  Cependant  son  style 
est  non  seulement  chaud  et  coloré  ,  plein 
de  saveur  et  d'éclat,  mais  encore  parfai- 
tement clair  et  correct,  parfaitement  clas- 
sique, dans  la  véritable  acception  de  ce 
mot.  Y  a-t-il  dans  tout  ce  long  morceau  , 
non  moins  précieux  pour  le  fond  que  pour 
la  forme  ,  une  seule  de  ces  fautes  grossières 
que  consacre  la  Grammaire  Nationale,  sous 
prétexte  qu'elles  émanent  des  vrais  mo- 
dèles en  l'art  d'écrire  ?  Eh  !  je  ne  sache  pas 
que  l'art  d'écrire  correctement  ait  jamais 
été  porté  plus  haut  que  de  nos  jours!  Je 
ne  sache  pas  que  la  langue  ait  jamais  été 
maniée  plus  habilement  !  car  ce  n'est  pas 
précisément  la  langue  qui  fait  grands  Cor- 
neille et  Molière  ,  auteurs  nécessairement 
très-incorrects.  Ce  qui  les  met  si  haut  au 
dessus  de  tous,  c'est  la  pensée,  sublime 
foyer  de  lumière  dont  les  rayons  sont  des 
éclairs.  Mais  peut-on  nier  que,  si  la  langue 
que  nous  possédons  eût  été  leur  bien , 
Corneille  et  Molière  ne  fussentencore  plus 
beaux  ,  sinon  plus  grands  ?  D'ailleurs  il 
faut  bien  distinguer  entre  la  langue  et  le 
style.  De  ce  que  le  style  de  Marot  et  de 
Rabelais  est  admirable  ,  ce  n'est  pas  une 
raison  pour  écrire  ou  pour  parler  comme 
Rabelais  ou  Marot.  Libre  à  vous  de  penser 
comme  eux  ,  d'avoir  leur  esprit ,  leur  ori- 
ginalité ,  leur  piquant ,  mais  non  de  vous 
exprimer  absolument  de  même.  La  langue 
transformée  par  Corneille  et  Molière,  et 
dès  lors  assujétie  à  une  syntaxe  désormais 
invariable,  résiste  encore  quelquefois  à  la 
volonté  de  ses  maîtres  ;  mais  ,  remarquez-le 
bien,  ce  n'est  guère  que  lorsque  la  pensée 


(i)  Le  texte  porte  en  cles-i>ous  donc  arrive.  Évidemment ,  c'est  une  faule  cl'imi>inssioii. 


SIGNES   DIVERS.    ASTRONOMIE. 


sommeille  ,  et  n'a  plus  assez  d'énergie  pour 
donipterla  langue,  que  celle-ci  par  instants 
se  dérobe  au  joug.  Par  exemple,  partout  où 
Corneille  est  lui-mèuie  ,  c'est  â  dire,  par- 
tout où  il  est  grand,  son  style  est  correct  et 
d'une  pureté  irréprochable.  Certes,  il  n'y 
a  pas  de  fautes  dans  les  vers  suivants  : 

De  quelque  rude  coup  qu'il  m'ose  ayoïr  frappée  , 
Souviens-toi  que  je  suis  veuve  du  grand  Pompée  , 
Fille  de  Scipion,  et,  pour  dire  encor  plus , 
Romaine...  Mon  courai^e  est  encore  au  dessus 

On  en  trouve  à  peine  une  ou  deu.x  dans 
la  fameuse  scène  entre  Auguste  et  Cinna. 
C'est  que  la  correction  ,  je  l'ai  déjà  dit ,  est 
inséparable  de  tout  bon  style  ,  car  la  cor- 
rection dénote  que  l'on  sait  jyenser.  Si  la 
pensée  de  Lamartine  n'était  parfois  si  vague 
qu'il  est  difficile  à  l'œil  le  pluse.^ercé  de  la 
bien  saisir  ,  ses  vers  ne  présenteraient  pas 
de  ces  négligences  déplorables  qui  dépa- 
rent les  lignes  d'ailleurs  si  suaves  ,  si  ra- 
vissantes ,  de  ses  tableaux.  Ou  plutôt,  si 
Lamartine,  le  grand  poète  ,  ne  jugeait  pas 
indigne  de  lui  de  discipliner  un  peu  son 
imagination  ,  en  la  soumettant  aux  règles 
de  i'art  ,  son  style  ,  parfois  un  peu  diffus , 
y  gagnerait  beaucoup  en  force  et  en  pré- 
cision. 

LES  RÈGLES  DE   l'aRT. 
L'onde  qui  coule  libre  et  sans  frein  dans  la  plaine, 
Si  pure  qu'elle  fût  à  sa  source,  en  chemin 
Se  ternit,  devient  trouble,  et  i)ientôt,  toute  pleine 
De  sable  etdelînion,  se  perd  dans  un  ravin, 
liais  que  l'art,  dans  son  cours,  lui  fasse  violence  , 
r.ondensée  ,  elle  gagne  un  élan  sans  pareil  ; 
Et  bientôt ,  libre  et  liére  ,  au  ciel  elle  s  "élance 
En  jets  de  diamant,  qui  brillent  au  soleil. 
Or  vous  me  coni_prenez  :  cette  onde  est  le  génie, 
Qui ,  s'il  n'est  comprimé  ,  perd  sa  force  infinie  , 
Et  s'use  sur  la  terre  en  ellbr's  impuissants. 
Mais  que  l'art,  enchaînant  sa  course  vagabonde  , 
Le  contraigne  à  jaillir  ,  il  s'élève  ,  et  le  monde , 
Pour  mieux  voir  et  sentir  ,  demande  d'autres  sens. 
(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Que  Lamartine  ,  le  divin  poêle,  ne  se 
fasse  pas  illusion  ;  bien  sur  ces  négligences, 
qu'il  traite  comme  peu  de  chose  ,  lui  nui- 
ront dans  l'avenir.  Qu'on  me  qualifie  de 
puriste  tant  qu'on  voudra  ,  mais  dans  le 
plus  beau  vers  une  faute  de  grammaire 
me  fait  l'effet  d'une  chenille  sur  une  fleur. 
Tant  que  j'aurai  pour  moi  des  hommes 
comme  Victor  Hugo,  Alfred  de  Vigny, 
Georges  Sand  ,  dont  le  style  est  aussi  pur 
que  la  pensée  est  claire  ,  })cu  m'importe 
ce  que  penseront  de  moi  les  grammairiens, 
les  maîtres  de  langue  ,  et  autres  collets 
montés  de  la  même  espèce.  Rien  ne  m'em- 
pêchera de  leur  crier  sur  les  toits  : 

Sans  la  langue,  en  un  mot,  l'autetn'  le  plus  divin 
Est  toujours,  quoi  qu'il  lasse,  un  méchant  écrivain. 


Ce  qui  me  révolte  ,  ce  qui  m'aigrit ,  ce 
qui  me  met  hors  de  moi  ,  c'est  de  voir,  au 
nom  même  de  cette  pureté  de  langage  que 
je  défends  ,  les  vivants  sans  cesse  immolés 
sur  le  tombeau  des  morts.  Les  grands  poè- 
tes ,  les  grands  écrivains,  les  bons  écrivains 
abondent  de  nos  jours;  on  les  voit  .  on  les 
louche  ,  on  les  coudoie  ,  on  leiu-  parle  ,  on 
les  lit  ,  et  on  ne  les  connaît  pciint.  Le  cata- 
logue de  MM,  Noël  et  Chapsal,  ce  catalo- 
gue volumineux,  publié  sous  le  titre  de 
Leçons  françaises  de  littérature  et  de  morale, 
est  toujours  à  l'ordre  du  jour.  Marmontel, 
Delille  ,  Saint-Lambert  ,  Piron  ,  Voltaire, 
Berchonx,  Parny ,  J.-B.  Rousseau,  Rul- 
hière  ,  Gresset ,  Colardeau  ,  Thomas  ,  sont 
toujours  les  écrivains  classiques  par  excel- 
lence ,  les  parfaits  modèles  qu'on  nous 
propose. 

Cependant  nulle  part  les  fautes  de  toute 
espèce  n'abondent  autant  que  dans  les 
œuvres  de  ces  écrivains.  Certes,  si  les  let- 
tres ont  dégénéré  sous  quelques  rapports, 
sous  bien  d'autres  elles  se  sont  perfection- 
nées. C'est  ce  que  nous  aurons  peut-être 
plus  d'une  fois  l'occasion  de  démontrer 
dans  le  cours  de  cet  ouvrage. 

En  attendant  le  préjugé  tient  bon.  C'est 
une  mauvaise  herbe  qu'il  n'est  pas  aisé 
d'extirper. 

C'est  une  chose  déploiable  de  voir  avec 
quel  empressement  on  fait  revivre  les 
morts  et  mourir  les  vivants. 

Cosmopolite,  se  dit  aussi  familièrement 
de  celui  qui  parcourt  tous  les  pays  sans  ja  - 
mais  avoir  de  demeure  fixe,  ou  qui  se 
prèle  aisément  aux  usages  ,  aux  mœurs  des 
pays  où  il  se  trouve.  C'est  un  cosmopolite , 
un  vrai  cosmopolite. 

Adjectivement  ,  Un  philosophe  cosmopo- 
lite ,  utie  existence  cosmopolite. 

Couchant,  s.  m.  La  partie  occidentale 
de  la  terre.  Cette  région  est  au  couchant, 
vers  le  couchant.  Du  levant  au  couchant.  En- 
tre le  midi  et  le  couchant.  Du  côté  du  cou- 
chant. —  L'endroit  de  l'horizon  où  le  soleil 
se  couche.  Le  couchant  d'hiver,  le  couchant 
d'été.  Maison  exposée  au  couchant,  l'ig.  et 
poét.  ,  chez  les  classiques,  Etre,  toucher  à 
son  couchant.  Vieillir,  baisser,  s'éteindre. 
Ce  beau  génie  était  à  son  couchant. 

Couronne,  s.  f.  Météore  qui  paraît  en 
forme  de  cercle  lumineux  autour  du  soleil 
et  de  la  lune. 

Cycle,  s.  m.  (Du  grec  Ay/i/os.)  Cercle,  pé- 
riode   ou   révolution    toujours    égale  d'un 


T.  II. 


G9 


546 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


certain  noml)rcd'annécs,pondantla  quelle 
les  uit'mt's  plicnoiiiones  se  reproduisent 
constamment  et  dans  le  môme  ordre.  La 
plupart  des  cycles  servent  à  établir  une  con- 
cordance entre  les  années  lunaires  et  les  an- 
nées solaires.  Les  cycles  principaux  des 
Grecs  tHaient  la  dictéride  on  période  de 
deux  ans,  qui  coniprenait  730  jours;  l'oc- 
taétéride  ou  période  de  huit  ans,  qui  com- 
prenait 2922  jours  ;  le  cycle  de  Calippe,  de 
76  ans,  comprenant  27,759  jours  ;  elle  cy- 
cle d  Hipparque,  de  304  ans  ,  formé  de 
111,035  jours. 

Cycle  solaire.  Période  de  vingt-huit  an- 
nées, au  bout  des  quelles  l'année  recom- 
mence parles  mômes  jours.  Après  le  cycle 
solaire,  les  lettres  dominicales  reviennent  à 
leur  première  place,  et  procèdent  dans  le 
même  ordre  qu'auparavant. 

Cycle  lunaire  ,  ou  ennéadécaètéride  ,  Pé- 
riode de  dix  neuf  ans,  au  bout  de  la  quelle 
le  soleil  et  la  lune  se  rencontrent  à  peu  près 
dans  le  môme  lieu  du  ciel  où  ils  étaient  au 
commencement.  On  compte  cette  période 
par  dix-neuf  nombres  quise  succèdent  dans 
leur  ordre  naturel,  depuis  1  jusqu'à  19.  Puis 
on  recommence.  Il  fut  invente  par  l'Athé- 
nien Méthon  ,  d'où  on  le  nomme  aussi  Pé- 
riode méllionique.  Le  nombre  qui  désigne 
l'année  du  cycle  lunaire  s'appèle  le  nombre 
d'or,  llservaità  marquerles  nouvelleslunes 
et  la  fête  de  Pâques  ;  aujourd'hui  il  sert  à 
trouver  les  épactes.  L'année  qui  précéda  la 
première  de  notre  ère  fut  la  première  du 
cycle,  la  suivante  fut  la  2' ,  ainsi  de  suite. 
On  voit  que,  pour  trouver  l'année  du  cycle 
lunaire  ou  le  nombre  d'or,  comme  on  l'a- 
pèle  ordinairement,  il  faut  ajouter  1  au  mil- 
lésime et  diviser  par  19,  le  reste  sera  le 
nombre  d'or  de  l'année  proposée.  Ainsi 
comme  lSi6  divisé  par  19  donne  le  reste  3, 
3  est  le  nombre  d'or  de  l'année  1845.  Les 
nouvelles  lunes  arrivent  cette  année  aux 
mêmes  jours  que  dans  toutes  les  3«'  années 
du  cycle  lunaire. 

Cycle  de  l'indiction  ,  Période  de  quinze 
ans,  nommée  ainsi  d'un  tribut  que  les  Ro- 
mains levaient  tous  les  ans  dans  les  pro- 
vinces pour  fournir  à  la  paye  des  soldats 
qui  avaient  quinze  ans  de  service.  Elle 
commença,  selon  les  uns  en  312,  et  selon 
les  autres  en  313.  Les  papes,  qui  s'en  ser- 
vent encore,  la  comptent  à  partir  du  1"' 
anvier.  Pour  trouv(;r  l'année  d'indiction, 
on  ajoute  3  au  millésime,  et  on  divise  par 
15  ;  le  reste  indique  l'indiction.  Si  ce  reste 


est  0,  l'indiction  est  15.  On  dit  plutôt  sim- 
plement indiction  que  cycle  de  l'ijidiction. 
L'indiction  est  un  des  trois  cycles  qui  entrent 
dans  la  période  julienne.  Indiction  première, 
indiction  seconde,  etc.,  La  première  année, 
la  seconde  année  de  chaque  indiction. 

Cycle  des  générations.  Méthode  de  comp- 
ter le  temps  par  générations  ,  ayant  pour 
principe  que  trois  générations  forment  un 
siècle.  Cette  méthode  a  été  employée  par 
Phérécyde ,  Cadmus  de  Milet,  Hérodo- 
te, etc.  Denys  d'Halicarnasse  fait  ce  cycle 
de  27  ans. 

Cycle  chinois.  Période  de  soixante  an- 
nées. Le  premier  de  ces  cycles  commence 
à  l'année  2697  avant  J.-G.  La  première 
année  de  notre  ère  correspond  à  l'aa  5S 
du  quaraDte-cinquième  cycle  chinois. 

Cycle  pascal.  Voyez  Cïcle  DyoNisiEN. 

Cycle  dyonisien  ou  victorien.  Période  de 
532  années,  produit  des  19  ans  du  cycle  lu- 
naire par  les  28  ans  du  cycle  solaire.  11  fut 
attribué  à  Denys  le  Petit  et  à  Viclorianus 
(/i27).  On  le  nomme  aussi  Cyc/e  luni-solaire. 
Voyez  Période, 

Déclinaison,  s.  f.  L'arc  de  la  sphère  cé- 
leste qui  mesure  la  distance  angulaire  dont 
un  astre  est  éloigné  de  l'équateur,  soit  au 
nord,  soit  au  sud.  La  déclinaison  d'un  astre 
se  mesure  sur  son  cercle  horaire.  Déclinaison 
boréale.  Déclinaison  australe.  Déclinaison  de 
l'aiguille  aimantée.  L'angle  qui  mesure  son 
écart  du  vrai  nord,  soit  vers  l'est,  soit  vers 
l'ouest. 

Déclinant,  adj.  m.  Qui  décline.  Cadran 
déclinant.  Cadran  qui  ne  regarde  pas  di- 
rectement quelqu'un  des  points  cardinaux. 

Dcclinateur  ou  déclinatoire.  s.  m.  Instru- 
ment qui  sert  à  déterminer  l'inclinaison  ou 
la  déclinaison  des  plans  sur  les  quels  on 
veut  tracer  des  cadrans  solaires. 

Déférent,  s.  m.  Cercle  par  le  quel  on  ex- 
pliquait, dans  l'ancienne  astronomie,  l'ex- 
centricité, le  périgée  ,  et  l'apogée  des  pla- 
nâtes. Comme  on  avait  observé  que  les 
planètes  sont  diversement  éloignées  de  la 
terre  en  divers  temps,  on  supposait  que 
leur  mouvement  propre  se  faisait  dans  un 
cercle  qui  n'était  pas  concentrique  à  la 
terre.  11  était  nommé  déférent,  parce  que, 
passant  par  le  centre  de  la  planète,  il  sem- 
blait la  porter  et  la  sou  tenir  dans  son  orbite. 

Degré,  s.  m.  (En  latin  degressus,  de 
degredi,  descendre.)  Chacune  des  trois 
cent  soixante  ou  des  quatre  cents  partie» 


SIGNES    niVEIlS.     ASTRONOMIE. 


ugales  de  la  circonférence  (1).  Le  Degré 
sexagésimal  est  la  trois  cent  soixantième 
partie  de  la  circonférence  ;  le  degré  déci- 
mal en  est  la  quatre  centième.  Les  astro- 
nomes divisent  en  degrés  ,  ordinairement 
sexagésimaux  ,  les  cercles  fictifs  de  la  sphère 
céleste.  Le  degré  se  divise  en  miimtes,  la  mi- 
nute en  secondes,  la  seconde  en  tierces^  la 
tierce  en  quartes,  etc.  Degrés  de  latitude, 
Ceux  du  méridien.  Degrés  de  longitude , 
Ceux  de  l'èquateur.  Les  degrés  servent  à 
désigner  la  grandeur  d'un  angle  par  la  me- 
sure de  l'arc  qui  le  sous-tend.  Lieue  de  vingl- 
cinq  au  degré.  Les  degrés  de  l'écliptique. 
Chaque  signe  du  zodiaque  fixe  ou  mobile  oc- 
cupe trente  degrés.  A  la  suite  d'un  nombre 
exprimé  en  chifiTre ,  on  représente  le  mot 
degré  par  ce  signe  (°).  Latitude,  30°,  50',  i 5" 

Descendant,  adj.  Signes  descendants. 
Les  signes  du  zodiaque  par  lesquels  le  soleil 
paraît  descendre,  depuis  le  solstice  d'été 
jusqu'au  solstice  d'hiver. 

Descension.  s.  f.  Desccnsion  d'un  astre, 
Distance  entre  le  point  équinoxial  et  le 
point  de  l'èquateur,  qui  descend  sous  l'ho- 
rizon en  même  temps  que  l'astre.  La  des- 
ccnsion est  droite  ou  oblique,  selon  qu'on  la 
rapporte  à  la  sphère  droite  ou  à  la  sphère 
oblique. 

Diamètre,  s.  m.  Les  diamètres  des  pla- 
nètes sont  réels  ou  apparetits. Diamètre appa- 
rent.  L'angle  sous  le  quel  on  voit  une  plané  te, 
en  prenant  pour  rayon  la  distance  de  la  pla- 
nète à  la  terre;  c'est  à  dire,  en  menant  de 
l'œil  des  rayons  visuels  à  deux  points  opposes 
du  disque  d'une  planète.  L'angleformé  par 
ces  rayons ,  et  dont  le  diamètre  de  la  pla- 
nète est  la  corde,  forme  ce  qu'on  appelé  le 
diamètre  apparent.  Celui  du  soleil  est  de  31 
minutes  2  secondes ,  celui  de  la  lune  de 
31  minutes.  Diamètre  réel,  La  grandeur 
réelle  d'une  planète,  mesurée  à  l'aide 
d'une  grandeur  connue,  telle  que  le  mètre, 
ou  comparée  avec  le  diamètre  de  la  terre. 

Diétéride.  s.  m.  Nom  que  les  Athéniens 
donnaient  à  la  Réunion  de  deux  années 
lunaires ,  à  la  seconde  des  quelles  ils  ajou- 
taient un  mois  de  vingt-deux  jours,  pour 
faire  concorder  l'année  lunaire  avec  l'an- 
née solaire. 

Direct,  ecte.  adj.  Mouvements  directs , 
Ceux  qui  sont  dirigés  de  l'occident  vers 
l'orient,  comme  le  sont  les  mouvements 


de  toutes  les  planètes  et  «le  leur  satellites 
dans  le  système  solaire. 

Disque,  s.  m.  (Du  laiin  discus.)  La  sur- 
face visible  des  grands  astres,  qui,  à  nos 
yeux,  paraissent  ronds  et  plats.  Le  disque 
du  soleil.  Le  disque  de  la  lune. 

Éclipse,  s.  f.  (Du  grec  ecleipsis,  défaut, 
privation,  de  leipô ,  je  manque.)  Dispa- 
rition apparente  d'un  astre,  causée  par 
l'interposition  d'un  autre  corps  céleste  en- 
tre cet  astre  et  l'observateur.  Eclipse  de 
soleil.  Eclipse  de  tune.  Eclipse  partielle. 
Eclipse  totale,  centrale.  La  terre  étant  un 
corps  opaque  éclaire  par  le  soleil,  projeté 
au  loin  derrière  elle  une  ombie  dans  l'es- 
pace. Quand  la  lune  traverse  cette  ombre, 
elle  ne  reçoit  plus  la  lumière  du  soleil  ,  et 
diparaît  aux  yeux  pendant  tout  le  temps 
qu'elle  y  demeure.  Il  y  a  alors  éclipse  de 
lune.  Selon  qu'elle  plonge  dans  l'ombre 
entièrement  ou  en  partie  ,  l'cclipse  est  to- 
tale ou  partielle.  L'cclipse  centrale  est  celle 
oii  le  centre  de  la  lune  coïncide  avec  l'axe 
même  du  cùne  de  l'ombre.  Pour  qu'il  y 
ait  éclipse  de  lune  ,  il  faut  qu'au  moment 
de  l'opposition  ou  pleine  lune  cet  astre  se 
trouve  dans  le  plan  ou  près  du  plan  de  l'é- 
cliptique. Siellese  trouvesurun  desnœuds, 
il  y  a  éclipse  totale. 

Les  éclipses  de  soleil  sont  causées  par 
l'interposition  de  la  lune  entre  la  terre  et 
le  soleil.  Eclipse  annulaire ,  Celle  où  la 
lune  paraît  tout  entière  sur  le  soleil ,  en 
laissant  autour  un  anneau  ou  couronne  lu- 
mineuse. Vt)yez  Lune  ,  page  515,  où  nous 
avons  déjà  parlé  des  éclipses,  sur  les  quelles 
je  ne  reviens  qu'afin  de  lever  autant  que 
possible  tout  es  les  difQcultés.  La  durée  d'une 
éclipse.  Prédire  les  éclipses.  Rectifier  la  chro- 
nologie par  les  éclipses.  L'éclipsé  d'un  satel- 
lite de  Jupiter. 

Les  éclipses  furent  autrefois  un  objet  de 
terreur  pour  les  peuples.  Cependant  Anaxa- 
gore ,  chez  les  Grecs  ,  et  Sulpitius  ,  chez 
les  Romains,  expliquèrent  et  prédirent 
même  des  éclipses. 

On  appelé  occu//a<ton,  La  disparition  mo- 
mentanée d'une  étoile  ou  d'une  planète 
cachée  par  la  lune.  Occultation  des  étoiles  , 
des  fixes  par  la  lune.  (  En  latin,  occuliatio, 
d'occultare,  cacher.  ) 

Écliptique.  s.  m.  L'orbite  que  le  soleil 
paraît  parct)urir  autour  de  la  terre  ,  et  que 


(l)  Selon  Napoléon  Landais,  Portion  de  terre  entre  deux  méridiens  ou  deux  parallèles.   Son  ar- 
ticle 5ur  les  degrés  ç^c'ogvapliiqucs  et  aslrouoniiqucs  se  borne  à  rc  peu  de  mots. 


.';îs 


CLEF  PE  f,\  rWCLE  ET  DES  SCIENCES. 


la  terre  jiarcotirl  léellement  en  une  année. 
On  la  nomme  ainsi  parce  que  les  éclipses, 
soit  de  soleil  ,  soit  de  lune,  ne  peuv(;nt  ar- 
river qu'aux  époques  où  la  lune  se  projeté 
sur  cette  orhite  du  côté  du  soleil ,  ou  an 
point  diaruélrali'iuent  opp(jsé.  C'est  sur  ce 
cercle  que  sont  marqués  les  douze  signes 
du  zodiaque.  L'cclipli'/nc  est  une  courbe- 
presque  plane.  Le  plan  de  l'ccliptique  se  dé- 
place lentement  dans  le  ciel  de  siècle  en  siècle. 
L'obliquité  de  t'écliplique-  est  l'angle  formé 
par  le  plan  de  l'ccliptique  avec  le  plan  de 
l'équateur  terrestre.  Cet  angle  est  d'environ 
23  degrés  28  minutes. 

Il  est  aussi  adjectif  des  deux  genres  ,  et 
signifie  ,  Qui  a  rapport  aux  éclipses.  Ter- 
mes écliptiqiies  ,  Les  deux  points  extrêmes 
entre  les  quels  peuvent  seulement  avoir 
ieu  les  éclipses.  On  détermine  au  moyen 
des  cpactcs  les  époques  des  conjonctions  , 
et  l'on  connaît  de  même  celles  des  oppo- 
sitions, en  retranchant  des  premières  une 
demi-révolution  synodique  ,  ou  14  jours 
18  heures  22  minutes.  On  cherche  ensuite 
la  distance  du  soleil  au  nœud  de  la  lune. 
Si  cette  distance  est  moindre  que  13  de- 
grés 33  minutes,  l'éclipsé  de  soleil  est  sûre  ; 
si  elle  est  plus  grande  que  19  degrés  àà  mi- 
nutes ,  l'éclipsé  est  impossible.  Il  en  est  de 
même  pour  les  éclipses  de  lune.  Si  la  dis- 
tance du  soleil  au  nœud  de  la  lune  est 
plus  petite  que  7  degrés  47  minutes,  l'é- 
clipse  est  sûre  ;  si  elle  est  plus  grande  que 
13  degrés  21  minutes  l'éclipsé  est  impossi- 
ble. Conjonction  cdiptique.  Opposition  ou 
pleine  lune  écliptique.  Si  les  pleines  lunes 
étaient  toutes  écliptiqucs ,  il  y  aurait  éclipse 
de  lune  ,  chaque  fois  que  la  lune  est  dans  son 
plein. 

Electricité,  s.  f.  (Dn  grec elektron,  ambre 
jaune  ou  succin,  substance  dans  la  quelle 
on  a  reconnu  d'abord  l'électricité.^  Pro- 
priété qu'ont  certains  corps,  lorsqu'ils  sont 
frottés,  chauffés,  ou  seulement  mis  en  con- 
tact entre  eux  ,  d'attirer  d'abord  et  de  re- 
pousser ensuite  les  corps  légers,  de  lancer 
des  étincelles  et  des  aigrettes  lumineuses, 
de  faire  éprouver  des  commotions  plus  ou 
moins  fortes  au  système  nerveux,  de  dé- 
composer une  foule  de  substances.  On  le 
dit  également  des  fluides  invisibles  et  im- 
pondérables, que  l'on  suppose  exister  com- 
l)inés  dans  tous  les  corps,  et  y  devenir  la 
cause  ou  plulùl  les  causes  de  ces  effets, 
quand  on  parvient  à  les  désunir.  Théorie 
de  i' électricité.  Les  phénomènes  les  plus  sim- 


ples de  l'électricité  sont  l'attraction  et  ta  ré- 
pulsion. Electricité  vitrée ,  développée  par 
le  frottement  sur  le  verre.  Électricité  rési- 
neuse,  développée  sur  la  résine.  On  a  sub- 
stitué A  ces  noms  ceux  d'électricité  positive 
et  d'éleclricilé  négative.  Deux  corps  chargés 
il' électricités  semblables  se  repoussent,  tandis 
qu'ils  s'attirent  lorsqu'ils  sont  chargés  d'élec- 
tricités opposées.  L'accumulation  de  l'électri- 
cité dans  un  corps.  La  combinaison  de  deux 
électricités  produit  une  explosion.  L'électri- 
cité qui  se  développe  par  le  simple  contact 
prend  le  nom  de  galvanisme.  Electricité  gal- 
vanique. L'électricité  atmosphérique.  L'éclair 
et  l'explosion  de  la  foudre  sont  des  phénomè- 
nes de  l'électricité.  La  rapidité  de  l'électri- 
cité est  étonnante  ;  elle  parcourt  dans  moins 
d'une  seconde  prés  de  deux  lieues.  On  croit 
la  théorie  de  l'électricité  liée  à  celte  du  ma- 
gnétisme. 

Sllectrique.  adj.  Qui  a  rapport  à  l'élec- 
tricité ,  qui  la  produit  ou  qui  en  provient. 
Phénomènes  électriques.  Fluide  électrique  ou 
Electricité.  Vertu,  propriété  électrique.  Plu- 
sieurs animaux,  la  torpille,  le  gymnote,  etc., 
jouissent  de  propriétés  électriques.  Etincelle 
électrique.  Courant  électrique.  Commotion 
électrique.  Frictions  électriques. 

Il  se  dit  également  de  ce  qui  sert  à  élec- 
Iriser  ou  à  faire  des  expériences  sur  l'élec- 
tricité. Machine  électrique.  Batterie  électri- 
que. Carreau  électrique.  Pistolet  électrique. 

Corps  électriques ,  Corps  dans  les  quels 
les  propriétés  électriques  peuvent  être  dé- 
veloppées par  le  frottement.  On  dit  qu'un 
cor|)s  est  rendu  électrique ,  lorsqu'il  attire, 
retient  un  instant,  et  repousse  ensuite  les 
corps  légers  qu'on  lui  présente,  tels  que 
des  parcelles  de  barbes  do  plume,  des  frag- 
ments de  paille,  etc.  On  produit  cet  effet 
en  frottant  uu  bâton  de  cire  à  cacheter  sur 
la  manche  de  son  habit. 

Embolisme.  s.  m.  (Du  grec  emballa, 
j'insère.)  Intercalation. 

Embolismique.  adj.  Intercalaire.  Il  se 
dit  des  mois  surajoutés  dans  certaines  an- 
nées par  les  chronologistes,  pour  former  le 
cycle  lunaire  de  19  ans.  Mois  embolismique. 
Année  embolismique ,  Celle  à  laquelle  on 
ajoutait  un  mois  embolismique.  Le  cycle 
lunaire  se  composait  de  19  années  lunaires 
dont  12  étaient  communes  ou  de  12  lunai- 
sons, et  7  de  13  lunaisons  ou  embolismî- 
qiies.  Les  années  embolismiqiies  étaient  la 
3s  la  6%  la  8",  la  11%  la  1/|«.  la  17%  et  la  19-. 

lEmersior.  s.  f.  (En  latin  emersio ,  d'e- 


SIGXES    DIVERS.     ASTRONOMIE. 


549 


merf^cre,  sortir  d'où  l'on  était  plongé.)  11  se 
dit  en  parlant  des  planètes,  lorsque  .  après 
avoir  été  cachées  par  l'ombre  ou  par  l'inter- 
position d'une  autre  planète,  elles  com- 
mencent à  reparaître.  L'émersion  des  satel- 
lites de  Jupiter. 

Empyrée.  s.  m.  (Du  grec  en  dans  etpyr, 
l'eu.  )  La  partie  du  ciel  la  plus  élevée,  que 
les  anciens  regardaient  connue  le  si-jour 
des  divinités  célestes,  et  oii  les  théologiens 
placent  celui  des  bienheureux.  Le*  c/iei/o;  de 
l'Enipyrie.  Jusquedans  t'Einpyrce.  Adjec- 
tiv..  Le  ciel  Empyrée. 

Épacte.  s.  i'.  (Du  grec  épactos,  étranger, 
surajouté,  intercalé,  d'épagô ,  j'ajoute, 
j'introduis.  )  Le  nombre  qui  ,  pour  chaque 
année  ,  exprime  l'âge  de  la  lune ,  au  mo- 
ment où  l'année  commence  (1).  Puisque 
l'année  solaire  dépasse  de  11  joujs  la  durée 
de  12  lunaisons  ,  si  l'épacte  est  0  la  pre- 
mière année  du  cycle  lunaire,  elle  sera 
11  la  seconde  année,  22  la  troisième,  33  la 
quatrième,  ou  plutôt  trois,  en  retranchant 
30,  durée  complète  d'une  lunaison,  et 
ainsi  de  suite.  Pour  déterminer  l'épacte  de 
chaque  année  ,  il  ne  s'agit  donc  que  d'a- 
jouter 11  à  l'épacte  de  l'année  précédente, 
en  retranchant  30  de  la  somme  obtenue, 
chaque  fois  que  cette  somme  est  plus 
grande  que  30. 

TABLEAU  DES  EPACTES. 


qcle  lunaire  de  19  ans. 


3 

4 

5 

6 

7 

8 

9 

10 

41 

12 

13 

14 

15 

16 

17 

18 

J9 


épactes. 


30  ou 


0 
11 

22 

3 
U 
25 

6 
17 
28 

9 
20 

1 
12 
23 

4 
15 
26 

7 
18 


27  a  été  l'épacte  de  iSttO  ;  en  conséquence 
l'épacte  de  18Z|6  sera  3  ,  comme  on  le  voit, 
par  ce  tableau  : 


ISiiO— 27 
18il—  8 
1842—19 


1843—  0 

1844—11 
1845—22 


1846—  3 
1847—14 
18/18—25 


L'épacte  de  chaque  année  se  trouve  tou- 
jours indiquée  au  commencement  des  al- 
manachs  ,  le  plus  souvent  en  chiffres  ro- 
mains ,  que  l'on  place  à  côté  des  jours  du 
mois  dans  un  ordre  rétrograde,  de  sorte 
que  l'épacte  XXX  est  à  coté  du  1"^  jan- 
vier ,  XXIX  à  compter  du  2,  et  ainsi  de 
suite  jusqu'à  1  ,  après  lequel  on  recom- 
mence. Les  trente  éitactes  ainsi  disposées 
repondent  à  30  jours.  Mais  ,  comme  il  y  a 
six  mois  de  l'année  lunaire  qui  n'ont  que 
29  jours  au  lieu  de  30  ,  on  met  ensemble 
lesépactesXXV  etXXIV,  ensorte  qu'elles 
ne  répondent  qu'au  mèmejovir,  pendant 
six  mois  alternatils.  C'est  à  dire  que  ,  si 
l'épacte  est  XXX  le  l"^'  janvier  ,  et  XXX 
encore  par  conséquent  le  dernier  de  ce 
mois  ,  on  met  les  deux  épactes  XXV  et 
XXIV  à  côté  du  5  février,  du  5  avril  , 
du  3  juin  ,  du  1'"^  août  ,  du  29  septembre, 
et  du  27  novembre.  Par  ce  moyen  les 
trente  épactes  ne  répondent  qu'à  vingt- 
neuf  jours  dans  ces  six  mois.  De  cette  ma- 
nière l'épacte  est  de  nouveau  XXX  le  21 
décembre  ,  et  par  conséquent  XXXI  on 
1  le  premier  janvier  suivant ,  comme  l'in- 
dique ce  tableau  : 


ipactes. 

Jours. 

XXX 

21  Décembre 

XXIX 

22 

XXVIII 

23 

XXVII 

24 

XXVI 

25 

XXV 

26 

XXIV 

27 

XXIII 

28 

XXII 

29 

XXI 

30 

XX 

31 

En  ajoutant  11  à  l'épacte  du  31  décem- 
bre ,  on  a  colle  du  1"='  janvier.  L'épacte 
XXX  se  marque  ordinairement  par  un  as- 
térisque. La  nouvelle  lune  de  janvier,  pour 
une  année  quelconque,  ariive  le  jour  de- 
vant lequel  celte  épacte  est  planée.  Les 
I  épactes    servent    ainsi    à    déterminer   les 


(l)  M.  iNiipoU'On  Landais  dotiiiil  I'i/vhVc  le  noinhic  de  joius  fm'oii  ajiuUi-  à  I  aiinëo  lunaire,  (loiu 


550 


CLEl'  DE  LA  LAi\(;iiE  ET  DES  SCIENCES. 


épuqucs   des   nouvelles    lunes   de  chaque 
année. 

*  Je  doute  que  dans  aucun  dictionnaire  le  mot  èpacle 
soit  piéscntc  d'une  manière  aussi  cljiio  qu'il  Test  ici.  En 
général,  dans  les  dictioniiai  ris,  de  tels  arliclessontrédipés 
de  façon  qu'à  moins  d'en  savnirsur  le  même  sujet  quatre 
fois  plus  que  l'auteur  il  est  impossblc  d'y  rien  compren- 
dre. C'est  que  les  faiseurs  de  dictionnaires  ne  travaillent 
qu'avec  des  pièces  de  rapport,  qu'ils  assemblent  à  l'aveu- 
gle et  sans  rien   comprendre  eux-mêmes  à  ce  qu'ils  font. 

Quand  je  songe  au  succès  prodigieni  de  l'un  entre 
autres  de  ces  dictionnaires  fabriqués  ainsi  à  coups  de  ci- 
seaux, je  me  sens  rougir  de  bonté  de  travailler  pour  un 
public  si  Ignare  ,  et  je  briserais  de  rage  ma  plume  ,  si  elle 
n'appartenait  à  mon  éditeur. 

Dire  qu'il  y  a  des  maîtres  de  langue,  des  professeurs, 
qui  ne  peuvent  se  désentêter  de  ce  dictionnaire! 

C'est  que  ee  n'est  pas  pour  rien  que,  dans  le  Diction- 
naire de  l'Académie,  pédant  est  quelquefois  synonyme  de 
mulet. 

Epagnmènes.  s.  m.  plur.  (  Du  grec 
c/7fl^(5,  j'ajoute,  et  mené.,  lune.J  Cinq  jours 
ajoutés  à  l'année  de  Nabonnassar,  en  Egyp- 
te, pour  la  porter  à  365  jours. 

Ce  mol  n'existe  pas  pour  l'Académie. 

Epicycle.  s.  m.  (Du  grec  epi,  sur,  et 
kuklos,  cercle.)  Petit  cercle  imaginé  par 
les  anciens  astronomes,  et  dtint  le  centre 
est  dans  un  point  de  la  circonférence  d'un 
plus  grand  cercle.  Épicycle  de  Mars.  Les 
épicycles  servaient  à  expliquer  les  mouve- 
ments directs,  rétrogrades,  stalionnaires  des 
planètes. 

Epoque,  s.  f.  (Dulatine/joc/iè.  jPoint  dé- 
terminé dans  l'histoire,  qui  ordinairement 
est  marqué  par  quelque  événement  con- 
sidérable. Les  principales  époques  de  l'his- 
toire ancienne  sont  la  création  (avant J.-C.  4004j, 
le  déluge  (^25li8)  ,  la  vocation  d'Abraham 
(1921), /a  loi  de  Moïse  (1491J,  la  dédicace 
du  temple  de  Salomon  (1005J,  la  fin  de  la 
captivité  de  Babylone  (  536),  l'arrivée  d'A- 
lexandre le  Grand  à  Jérusalem  ("332),  et  la 
persécution  d'Anliochus  (170).  Les  princi- 
pales époques  de  l'histoire  moderne  sont  la 
naissance  de  Jésus-Christ  (après  la  création 
ZiOO/i),  la  conversion  de  Constantin  ('312  après 
J.-C),  le  baptême  de  Clovis  (496),  la  fuite 
de  Mahomet  (<)12),  le  couronnement  de  Char- 
lemagne  (800),  la  première  croisade  (1099), 
la  mort  de  saint  Louis  (1270),  la  fin  du  grand 
chisme  d'Occident  (lài7)  ,  l'abjuration  de 
Henri  7F  (4593),  la  révolution  française 
(1789).  La  fuite  de  Mahomet  ou  Hégire,  qui 


pour  nous  n'est  qu'une  époque,  est  l'ère  des 
Mahomélans.  L'époque  du  déluge.  La  nais- 
sance de  Jésus-Chbist  est  l'époque  où  corn- 
7nencc  l'ère  Chrétienne. 

—  Toute  part  du  temps  considérée  par 
rapport  à  ce  qui  s'y  passe,  à  ce  qu'on  y 
fait.  L'époque  de  son  avèneinent  au  trône. 
1840,1842,  1845,  fatales  époques  de  ma 
vie. 

Faire  époque,  se  dit  d'un  fait,  d'un  évé- 
nement remarquable  qui  ne  peut  de  long- 
temps s'oublier, 

Equateur,  s.  m.  (En  latin  œqualor, 
A'œquare,  égaler,  rendre  égal.  }  Un  des 
plus  grands  cercles  de  la  sphère  ,  qui  est 
également  distant  des  deux  pôles,  et  qu'on 
appelé  ainsi  parce  que  les  jours  et  les  nuits 
sont  égaux  pour  toutes  les  régions  de  la 
terre  ,  lorsque  le  soleil  occupe  un  de  ses 
points,  ce  qui  arrive  deux  fois  dans  l'année, 
au  temps  des  équinoxes,  c'est  à  dire,  vers  le 
21  mars  et  le  23  septembre.  On  le  nomme 
aussi /tg'ne  équinoxiale,  ou  simpl.,  ligne. 
Equateur  terrestre.  Equateur  céleste.  C'est 
le  plan  de  l'équateur  terrestre,  prolonge 
indéfiniment  dans  l'espace  ,  qui  constitue 
l'équateur  céleste,  celui  que  traverse  le  so- 
leil ;  et  c'est  en  parlant  du  cercle  idéal 
tracé  par  ce  plan  sur  la  sphère  céleste  que 
l'on  peut  dire  :  Les  régions  situées  sous  l'é- 
quateur. Les  peuples  qui  habitent  l'équa- 
teur ;  etc.  L'équateur  est  coupé  perpendi- 
culairement par  tous  les  méridiens  ,  puis- 
que tous  les  méridiens  passent  par  ses 
pôles.  De  l'équateur  aux  pôles  ,  le  globe 
est  divisé  en  90  degrés  de  latitude  septen- 
trionale et  90  degrés  de  latitude  méridio- 
nale. 

Dans  un  sens  analogue,  L'équateur  de 
Jupiter  ,  de  Saturne,  etc. 

Equatorial.  s.  m.  Instrument  qui  sert  à 
mesurer  l'ascension  droite  et  la  déclinai- 
son ,  au  moyen  de  deux  cercles  qui  repré- 
sentent l'un  l'équateur  et  l'autre  le  cercle 
de  déclinaison.  En  voici  la  figure  et  la 
description  empruntées  à  V Encyclopédie  de 
la  jeunesse. 


l'éijalci- à  ranne'e  solaire.  Or  te  nomlne  est  1 1.  Le  nombre  II  exprimerait  donc  en  tout  temps  1  âge 
delà  lune.  Il  n'est  pas  une  définition  du  diciionnaire  des  dictionnaires  qui  ne  donn.it  lieu  a 
pareille  observation.  Mais  dès  lors  les  notes  tiendraient  bientôt  plus  de  place  dans  notre  livin  que 
le  Icxtc  même.  Quelle  rude  besogne  d'ailleurs  !  j'aurais  tout  aussitôt  fait  de  compter  les  grains  de 
11      _     ■   r_ „.-.  !..  l;.    .1' ..;...'; 


sable  qui  forment  le  lit  d'une  livi 


SIGNES    DIVERS.    ASTRONOMIE. 


551 


a  AB  est  un  axe  fixe  ,  placé  dans  la  di- 
rection de  l'axe  du  monde.  Un  cercle  CD 
gradué  ,  au  centre  du  quel  on  a  placé  une 
lunette  IF.  tourne  au  tour  de  cet  axe.  Un  se- 
cond cercle  Hl  est  situé  dansun  plan  per- 
pendiculaire à  AB.  Par  conséquent  HI  est 
dans  le  plaa  de  l'équateur;»  ce  qui  a  fait 
donner  à  l'instrument  le  nom  d'équaloriat. 

A  l'aide  de  cet  instrument ,  on  peut  sui- 
vre une  étoile  dans  toutes  les  circonstan- 
ces de  son  mouvement  diurne.  Remarquons 
que  les  étoiles  situées  près  du  pùle  céleste 
ne  se  couchent  jamais  et  qu'on  peut  les  ob- 
server pendant  toute  la  nuil.  Si  une  étoile 
était  placée  juste  an  pôle  elle  ne  bougerait 
pas  du  tout. 

Régions  équatoriales  ou  équinoxlfiles. 
Régions  situées  sous  l'équateur.  Les  régions 
équatoriales  n'existent  point  pour  l'Aca- 
démie. 

Équation  des  temps  ,  La  différence  en- 
tre le  temps  vrai  et  inégal  ,  indiqué  par  le 
soleil  ,  et  le  temps  moyen  ,  marqué  par 
une  horloge  bien  réglée  ,  c'est  à  dire  ,  le 
nombre  variable  de  minutes  et  de  secondes 
qu'il  faut  .ijouter  chaque  jour  à  l'époque 
du  midi  moyen  pour  avoir  le  midi  vrai.  La 
plupart  des  jours  de  l'année  ont  une  durée 
inégale.  Cette  inégalité  des  jours  solaires 
est  due  aux  différents  degrés  de  vitesse 
dont  la  terre  est  animée  dans  sa  course 
autour  du  soleil,  et  qui  correspondent  aux 
différentes  distances  où  elle  se  trouve  de 
cet  astre.  Une  autre  cause  de  cette  inéga- 
lité est  l'obliquité  de  l'écliptiquc.  Pendule 
à  équation  ,  Pendule  qui  marque  le  temps 
vrai  et  le  temps  moyen. 

Équinoxe.  s.  m.  (Enlaiin  œquinoclium, 
A'œquus,  égal,  et  nor,  nuit.)  Moment  où 
le  soleil,  passant  par  l'nn  des  points  équi- 
noxiaux  ,  se  trouve  sur  l'équateur  ,  et  rend 
les  jours  égaux  aux  nuits  pour  toute  la 
terre.    Equinoxe  du   printemps.    Equinnxc 


d'automne.  L'équinoxe  du  printemps  a  lieu 
le  22  ou  le  21  mars  ;  celui  d'automne  ,  le 
22  ou  le  23  septembre.  C'est  pourquoi 
l'on  dit  aussi  equinoxe  de  mars ,  équinoxc 
de  septembre.  Au  temps  des  équinoxes.  De 
l'équinoxe  de  mars  .i  celui  de  septembre 
il  y  a  environ  huit  jours  de  plus  que  de 
celui  de  septembre  à  celui  de  mars,  parce 
que  le  soleil,  pour  parler  comme  Josué  , 
se  meut  avec  plus  de  vitesse  dans  la  partie 
septentrionale  de  l'écliptique  que  dans  la 
partie  méridionale.  Les  pluies  de  l'équinoxe 
du  printemps  sont  excellentes  pour  les  biens 
de  la  terre.  (  Acad.) 

Èquinoxial,  aie.  adj.  Qui  appartient  à 
l'équinoxe. 

Points  équinoxiaux ,  Les  deux  points  oii 
le  grand  cercle  de  l'écliptique  coupe  le 
grand  cercle  de  l'équateur.  Les  points 
équinoxiaux  ne  sont  pas  fixes  ;  ils  ont  un 
mouvement  rétrograde  ou  en  sens  inverse 
de  l'ordre  des  signes  ,  qui  fait  que  le  soleil 
ne  passe  pas  deux  années  de  suite  sur  le 
même  point  de  l'équateur.  Voyez  Pbéces- 
siON.  La  rétrogradation  des  points  équi- 
noxiaux trouble  la  position  relative  des 
étoiles,  et  oblige  à  faire  de  nouveaux  ca- 
talogues. La  ligne  droite  qui  joint  les  deux 
points  équinoxiaux  se  nomme  ligne  des 
équinoxes. 

Cercle  èquinoxial.  Ligne  cquinoxiale ,  ou 
Equateur. 

Cadran  èquinoxial ,  Cadran  dont  le  plan 
est  parallèle  à  l'équateur. 

En  Botanique,  Fleurs  cquinoxiales,  Fleurs  qui  s'ou- 
vrent et  se  ferment  chaque  jour  à  des  heures  détermi- 
nées. 

Ère.  s.  f.  (  Suivant  Savary ,  de  l'arabe 
arkha,  époque;  selon  d'autres  ,  de  l'arabe 
urach  ou  erach  ,  on  a  fixé  le  temps  ;  selon 
d'autres  enfin  des  lettres  A,  E,  R,  A,  qui 
sont  les  initiales  de  l'ère  des  Espagnols,  Ab 
exordio  Regni  Augusti.  Quelques  uns  pen- 
sent que  le  mot  ère  vient  du  mot  latin  œs, 
œris ,  parce  que  les  Romains  marquaient 
les  années  avec  des  clous  d'airain  ;  mais 
cette  étymologie  est  très-incertaine.)  Point 
fixe  d'où  l'on  commence  à  compter  les 
années  chez  les  différents  peuples.  Voyez 

ÉPOQUE    et    PÉRIODE. 

Les  ères  historiques  on  astronomiques  sont 
antérieures  ou  postérieures  à  Vcre  chrétienne 
ou  ère  vulgaire,  qui  sert  à  la  fois  entre  elles 
de  terme  moyen  et  de  terme  de  comparai- 
son. On  désigne  plus  spécialement  les  ères 
antérieures ,  sous  le  nom  à.'crcs  anciennes  , 


52 


CI.Er  DE  LA  LV.NOl  E  ET  DES  SCIENCES. 


et  IpSfTCS  postérieures  sous  celui  d'crcs  ma- 
dénies.  L'ère  des  Sèlettcidcs.  L'ère  des  chré- 
tiens. L'ère  des  inahonu'tdns.  Fixer  l'ère.  Il 
se  dit  aussi  d(;  la  suite  des  années  que  l'on 
compte  depuis  un  point  fixe.  L'ère  des  Es- 
pagnols commence  environ  trente-huit  ans 
avant  l'ère  des  chrétiens ,  et  finit  vers  1351 
(  AcAD.  )  Il  se  dit  quelquefois  dans  le  style 
élevé  d'une  époque  très-reaiaiquabie  où  un 
nouvel  ordre  de  choses  s'établit,  coiii- 
uience.  L'ère  de  la  liberlc.  —  Ere  césarienne 
d' Antioche,  Èie  historique  de  la  ville  d'An- 
tioche,  déterminée  par  la  victoire  que 
Jules  César  remporta  à  Pharsale  sur  Pom- 
pée, l'an  /iS  avant  J.  -C.  Elle  fut  momen- 
tanément adoptée  en  Grèce. 

hrc  chrétienne ,  )j'ère  déterminée  par  la 
naissance  de  JiSsus-Christ,  le  25  décembre 
an  du  monde  liOOl\.  On  dit  aussi  ère  des 
chrétiens  ,  ère  de  Jésus  Christ ,  ère  de  l'in- 
carnation, ère  vulgaire. 

Ere  d' Abrubam,  Ere  qui  commence  à  la 
vocation  d'Abraham  l'an  1921  avant  J.-C. 

Ere  d'Alexandre  le  Grand  ,  Ere  histori- 
que qui  commence  avec  la  425'  année  de 
l'ère  de  Nabonassar,  SCSI  ans  après  la 
création  du  monde,  le  12  novembre  324 
avant  J.-CI.,  époque  de  la  mort  d'A- 
lexandre. On  la  nomme  aussi  èredes  Grecs. 

Ere  de  Constaniinople ,  Ere  qui  com- 
mence à  la  création  du  monde,  et  dans  la 
quelle  on  compte  5508  ans  avant  la  pre- 
mière année  de  l'ère  chrétienne.  Elle  a 
commeocé  le  1""'  septembre  selon  les  Grecs; 
le  l'^' janvier  selon  les  Romains.  Les  con- 
ciles s'en  servirent  dans  le  vii'=  siècle,  et 
les  Russes  la  conservèrent  jusque  sous 
Pierre  l''  ,  qu'ils  prirent  l'ère  chrétienne. 

Ere  de  Dcnys ,  Eie  astronomique  com- 
posée d'années  solaires  fixes,  de  douze 
mois,  dont  chacun  avait  le  nom  d'un  !-igne 
du  zodiaque.  L'époque  qui  la  constitue  est 
l'avénemenl  de  Ptoîémée  Philadelphe  ,  le 
24  juin  ,  283  ans  avant  J.-C.  On  la  nomme 
aussi  ère  de  Plolénice  Philadelphe. 

Ère  de  Dioclclicn,'hiv/insliluée  enÈgypte 
dans  le  but  de  célèi)rer  l'avènement  de 
Dioclélien  à  l'empire.  Elle  commence  le 
29  août  de  l'an  284.  On  la  nomme  aussi  ère 
des  martyrs  ,  à  cause  des  persécutions  que 
les  chrétiens  eurent  à  souffrir  sous  Dioclé- 
tien. 

Ère  de  la  république  française,  Ère  qui 
commença  le  22  septembre  1792  et  dura 
44  ans.  ^ 

Ère  de  Rome,  Lre  qui  commence  à  l'é- 


poque de  la  fondation  de  Rome  l'an  75S 
ans  avant  J.-C.  Voyez  page    518. 

Ere  de  l'hégire.  Ere  en  usage  chez  les 
mahométans.  Elle  commence  le  vendredi 
IG  juillet  de  l'an  G22  de  J.-C. ,  jour  de  la 
fuite  de  Mahomet  ,  qui,  condamné  à  mort 
par  les  Arabes  de  la  Mecque,  se  réfugia  à 
Yatreb  (  Médine  )  avec  son  cousin  AU  et 
ses  disciples.  Les  années  de  l'hégire  sont 
lunaires  et  distribuées  en  cycles  de  30  ans. 
Ces  années  commencent  avec  le  coucher 
du  soleil. 

Ere  de  Nabonassar  ,  Ere  fameuse  dans 
la  chronologie  orientale ,  fondée  par  Na- 
bonassar ,  roi  de  Babylone  ,  qui  lui  donna 
son  nom.  Elle  commence  le  26  février  de 
l'an  du  monde  3257,  avant  J.-C.  747.  Son 
élément  astronomique  est  l'année  de  365 
jours. 

lléductlon  en  années  avant  J.-C.  des  années  de  l'ère  de 
Nahonaasar.  Si  l'année  nabonassarleiine  doniiée  n'est 
pas  plus  grande  qne  277,  on  la  soustrait  de  7^8;  si  elle 
est  entre  278  et  7A8,  on  la  soustrait  de  7Zi9.  Le  reste  est 
l'année  avant  J.-C.  Soit  l'année  de  Nabonassar  198,  on  la 
retranrhi'  de  748:  le  reste  650  est  l'année  avant  J.-C.  qui 
lui  correspond.  Soit  l'année  nabonassarienne  537,  on  la 
retranche  de  7/|9,  et  le  reste  212  indique  l'année  avant  J.-C. 
con-vs-poudixule.  lîcductwn  en  années  après  J.-C.  des  années 
de  Cére  de  Nabonassar.  Si  l'année  nabonassarienne  donnée 
est  entre  749  et  1688,  on  en  soustrait  748  ;  si  elle  est  plus 
forte  que  16S7,  on  en  soustrait  749.  Le  reste  est  l'année 
après  J.-C.  Soit  l'année  de  Nabonassar  919,  on  retranche 
de  ce  nombre  748  ;  le  reste  171  indique  l'année  de  J.-C. 
cherchée.  Soit  l'année  1865,  on  en  retranche  749,  et  le 
reste  1116  est  l'année  de  J.-C.  correspondante.  liéductton 
en  années  de  Nabonassar  en  années  avant  J  .-C.  Si  l'année 
avant  J.-C.  donnée  est  plus  grande  que  520  on  la  sous- 
trait de  748;  si  elle  est  plus  petite,  on  la  soustrait  de  749. 
Soit  l'année  579  avant  J.-C,  on  la  reli'anche  de  748,  et  le 
reste  169  est  l'année  nabonassarienne  correspondante. 
Soit  l'année  496,  on  retranche  ce  nombre  de  749  el  le 
reste  2.53  est  l'année  cherchée.  Réduction  en  ajinées  de 
Nabonassar  des  années  après  J.-C.  Si  l'année  après  J.-C, 
donnée  n'esl  pas  plus  grande  que  939  ,  on  y  ajoute  748; 
si  elle  est  plus  gi-aade,  ou  y  ajoute  749.  La  somme  est 
l'année  de  Nabonassar.  Soit  l'année  après  J.  -C.  426,  on  y 
ajoute  748,  et  la  somme  1174  est  l'année  nabonassarienne 
correspondante.  Soit  l'année  après  J.-C.  184.Î.  on  y  ajoute 
749,  et  la  somme  2594  indique  l'année  nabonassarienne 
qui  lui  correspond. 

Ere  des  Aciiaqucs,  Ère  instituée  en  Egypte, 
à  l'occasion  de  la  bataille  d'Actium,  la 
quelle  commence  an  l"thot  ou  30  août  de 
l'an  30  avant  J.-C,  le  719»  de  Nabonassar. 

Ere  des  Arméniens,  Ere  à  la  quelle  donna 
lieu  la  séparation  de  l'église  arménienne 
de  l'église  latine  ,  en  suite  de  la  condam- 
nation prononcée  contre  elle  par  le  concile 
de  Clialcédoine,  et  pour  la  quelle  on 
adopta  le  comput  de  l'année  julienne. 
Elle  répond  au  9  juillet  532   de  J.-C. 

Ère  des  Olympiades,  Ère  historique  qui 


SIGNES  DIVERS.    ASTRONOMIE. 


535 


date  de  l'Olympiade  (1)  de  corabus ,  la 
première  dont  l'histoire  fasse  inenlioD  , 
l'an  du  monde  3229,  avant  J.-C.  776. 
Cette  olympiade  comprend  ainsi  les  années 
776,  775,  774,  et773  avant  l'ère  vulgaire. 
La  première  année  de  la  195'"  répond  à  la 
première  année  de  l'ère  vulgaire.  Alexan- 
dre commença  à  régner  la  première  année  de  In 
cent  onzième  olympiade ,  337  ans  avant 
J.-C.  On  désigne  les  olympiades  par  des 
chifTres  romains,  et  les  années  des  olym- 
piades par  des  chiffres  arabes.  Olymp. 
L  XXXXIII',  3,  indique  la  S"-'  année  de 
la  93«  olympiade.  On  cessa  de  se  servir 
des  olympiades  vers  la  fin  du  IV=  siècle. 

Réduction  en  années  arnnt  J.-C.  des  olympiades  qui  ne 
passent  pas  la  194°.  Ou  diniiiiue  d'une  unité  la  quantité 
d'olympiades  donnée;  on  multiplie  le  reste  par  4;  au 
produit  on  ajoute  les  années  de  l'olympiade  donnée, 
moins  une  ;  on  soustrait  cette  somme  de  776  ,  et  le  reste 
est  l'année  avant  J.-C  correspondante.  Soil  la  ii«  année 
de  la  LXXXXm"  olympiade.  On  diminue  d'Hine  unité  le 
nombre  93,  quantité  d'olympiades  donnée  ;  on  multiplie 
le  reste  92  par  4;  ce  qui  donne  368,  A  ce  nombre  on 
ajoute  les  années  de  l'olympiade  donnée,  moins  une,  par 
conséquent  2.  On  déduit  la  somme  370  de  776  ,  et  le 
l'cste  406  est  l'année  cherchée. 

Rédurtiou  en  années  après  J.-C,  des  Olympiades  qui  pas- 
sent la  194'.  On  diminue  d'une  unité  la  quantité  d'olym- 
piades donnée;  on  multiplie  le  reste  par  quatre  ;  au  pro- 
duit on  ajoute  l'année  précise  de  Tolympiade  tinnnée;  ")n 
retranche  de  la  somme  obtenue  le  nombre  776 ,  et  le 
reste  est  l'année  après  J.-C.  Soit  la  4°  année  de  la 
CCLXXXXHI»  olympiade.  On  diminue  d'une  unité  le 
nombre  293  ;  on  multiplie  le  reste  292  pa-  4  ;  au  produit 
1168  on  ajoute  4,  année  de  l'olympiade;  de  la  somme  117'2 
on  soustrait  776,  et  le  reste  396  indique  l'année  après 
J.-C.  qui  correspond  à  celle  de  l'olympiade  donnée. 

Réduftion  en  olympiades  des  années  axuint  J.'C.  Ou  dimi- 
nue l'aimée  donnée  d'une  unité  :  on  soustrait  le  reste  de 
776;  on  divise  la  dill'érence  par  4.  Le  quotient  donne  les 
olympiades  écoulées,  et  le  reste,  s'il  y  en  a,  l'année  de 
l'olympiade.  Soit  l'année  570  avant  J.-C.  On  retranche 
de  ce  nombre  une  unité  ;  on  sousti-ait  le  reste  569  de  776, 
ce  qui  donne  207,  qu'on  divise  par  4.  Le  quotient  51  ex- 
prime la  quantité  d'olj-mpiades  trow/ces;  et  le  reste  3 
l'année  précise  de  l'olympiade  courante,  qui  correspond 
à  l'année  570  avant  J.-C. 

Réduction  en  olympiades  des  années  après  J.-C.  On  ajoute 
ù  775  le  nombre  qui  marque  l'année  donnée,  et  Pou  di- 
vise la  somme  par  4.  Le  quotient  donne  les  olympiades 
écoulées,  et  le  reste  ,  s'il  y  en  a  ,  augmenté  de  1 ,  l'année 
précise  de  l'olympiade  courante  qui  correspond  à  l'aimée 
donnée.  Soit  l'année  350  après  J.-C.  On  ajoute  ce  nom- 
bre à  775;  on  divise  par  4  la  somme  1125  ,  et  le  quotient 
281,  avec  le  reste  1  augmenté  de  1  ,  contient  la  solution 
du  problème. 

Ere  d'Espagne,  Ere  instituée  en  mé- 
moire de  la  conquête  de  l'Espagne  par  Au- 
guste ,  l'an  de  Rome  715  ,  avant  J.-C  39. 

Les  chronologues  la  rapportent  à  l'an  38,  maisévidem- 
mcnt  c'est  une  erreur  ;  car  ce  n'est  pas  de  753  (époque  de 
la  fondation  de  Rome  1  qu'il  faut  soustraire  715,  mai.s 
bien  de  754.  On  peut  s'en  convaincre  facilement  : 


ANNÉES 
Avant  J.-C.  r»e  Rome 

753  1 

752  2 

751  3 

750  4 

749,  etc.  5,  etc. 

Comme  on  îe  voit  parce  tableau,  l'an  5  de  Rome 
correspond  à  l'an  749  avant  J.-C.  Cependant  si  vous  re- 
tranchez 5  de  753,  vous  n'avez  que  748  au  li«u  de  749; 
comme  ,  si  vous  retranchez  1 ,  vous  avez  752  au  lieu  de 
753.  C'est  donc  du  nombre  754  qu'il  faut  déduire  l'année 
de  Ronie,  pour  avoir  Tannée  avant  J,-(^  correspondante. 
Oi'715,  ôté  de  754,  laisse  bien  véritablement  subsister 
39.  L'erreur  signalée  ici  semble  consacrée  dans  les  col- 
lèges autant  par  les  professeurs  que  par  les  élèves. 

L'ère  d'Espagne  ,  réglée  sur  l'année  Ju- 
lienne, fut  long  temps  en  usage  non  seu- 
lement dans  la  péninsule  ibérique ,  mais 
encore  dans  la  Narhonnaise  et  l'Aquita- 
nique,  et  même  dans  une  grande  partie 
de  l'Afrique  septentrionale.  L'adoption  de 
l'ère  chrétienne  la  fit  abolir  dans  la  Cata- 
logne, en  1180  ;  dans  l'Aragon  ,  en  1350; 
dans  le  royaume  de  Valence,  en  1358; 
dans  la  Castille,  en  1393;  dans  le  Portu- 
gal ,  en  l/il5  ou  1^22  ;  puis  elle  tomba  suc- 
cessivement en  désuétude  dans  toutes  les 
parties  de  la  Péninsule. 

Ere  Persane  ou  des  Persans,  Ere  qui 
date  de  l'avènement  d'Hiesdedger  au 
trône  de  Perse,  le  16  juin  632  de  J.-C. 
L'année  de  l'ère  persane  ,  réformée  en 
li7i  de  l'hégire,  1079  de  .J.-C.  ,  par  Melik- 
Schah-Dgelaleddin  ,  sultan  du  Khorassan, 
est  de  365  jours  à  heiues/i9  minutés  15  se- 
condes 4S  quartes.  On  la  nomme  aussi  ère 
mèlihècnne  ou  dgctaléenne,  du  nom  du  ré- 
formateur. 

Ere  des  Séleucides ,  ère  des  Grecs ,  ère 
des  Syro-Macédoniens,  Ère  à  la  quelle  donna 
lieu  l'avènement  de  Séleucus  Nicanor  au 
trùne  de  Babyîone,  la  l'^  année  de  la  '117« 
olympiade,  l'an  312  avant  J.-(]. ,  et  442 
de  Rome.  Les  Chaldéens  rapportent  cette 
ère  à  l'an  311  avant  J.-C. ,  parce  qu'ils  re- 
gardent l'époque  où  Gussandre  fit  tuer  le 
jeune  Alexandre,  comme  celle  où  Sé- 
leucus devint  roi  de  Syrie.  Cette  ère  ,  em- 
ployée dans  la  Bible,  le^  pères  de  l'É- 
glise grecque,  les  écrivains  orientaux  ,  et 
qui  encore  aujourd'hui  est  en  usag0  chez 
les  Nesloriens  et  les  Jacohites,  est  d'tme 
grande  importance  pour  l'histoire  de  l'Asie 
depuis  la  mort  d'Alexandre  et  pendant 
tout  le  moyen-âge.  Les  Juifs  l'appelaient 


(l)  On  entend  par  olympiade  l'espace  de  (|ualrr  .ii:s   qui   s  écoulait   d'une   celchialion  des  jeux 
olympiques  à  une  autre. 


70 


55'»  cu:r'  pe  la  i.\n(u 

crc  fies  Conlials ,  p.iicc  qu'on  leur  imposa 
la  néccssilé  de  s'en  servir  dans  toutes  les 
transactions  de  la  vie  sociale.  On  la  con- 
fond quelquefois  avec  l'ère  d'Alexandre  le 
Grand. 

Ère  de  Tyr,  ï-lre  fondée  par  les  Tyriens. 
le  19  octobre  de  l'an  125  avant  J.-C. ,  en 
reconnaissance  du  droit  A'nutonomic  (1)  qui 
leur  fut  accordé  par  Bala,  roi  de  Syrie. 

Ère  Julienne,  tire  qui  date  de  la  reforme 
du  calendrier  romain  par  Jules  César,  l'an 
/l5  avant  J.-C.  Les  chronologistes  l'apijè- 
ient  ère  julienne  proleptiqnc  (2)  lorsqu'ils 
l'emploient  potn-  calculer  les  années  anté- 
rieures à  son  institution. 

Ère  mondaine  des  Juifs  ou  de  la  création 
du  monde ,  Ère  que  les  rabbins  rapportent 
h  l'an  3761  avant  J.-C.  ,  et  les  Pères  du 
Concile  œcuménique,  tenu  à  Constanti- 
noplc  en  680,  à  l'an  5508.  Les  chronolo- 
gistes  la  font  commencer  l'an  liOOli  avant 
J.-C. ,  et  ce  dernier  nombre  a  été  univer- 
sellement adopté.  Elle  est  réglée  par  le 
cycle  lunaire  de  dix-neuf  ans  composé  de 
douze  années  communes  et  de  sept  années 
emboUsmiques  (bissextiles.  ) 

Pour  tioiiTcr  l'année  de  J.-C.  coriespoiidante  à  telle 
année  donnée  de  la  création  du  monde  ,  on  déduU  le 
nombre  de  ceUe  année,  non  de  A004,  mais  de  4005.  Le 
reste  indique  Tannée  cherclicc.  Ainsi  Pan  2250  de  la  créa- 
tion répond  à  Tan  1755  avant  J.-C.  ;  et  vice  rersâ. 

Est.  S.  m.  La  partie  du  monde  qui  est 
an  soleil  levant  ;  l'un  des  quatre  points  car 
dinaux  de  l'horizon,  opposé  à  l'ouest  ou 
occident;  la  partie  du  levant  ou  le  point 
du  cercle  de  l'horizon  qui  est  à  90  degrés 
du  nord  et  du  sud.  Pour  trouver  le  côté  est 
du  ciel,  on  se  tourne  vers  l'étoile  polaire, 
et  on  a  l'est  à  droite  et  l'ouest  à  gauche. 
Les  pays  qui  sont  d  l'est.  Cette  province  a 
tant  de  lieues  de  t'est  à  l'ouest.  Le  vent  souf- 
fle, vient  de  l'est.  Un  vent  d'est.  Le  point 
sud-est  est  compris  entre  les  points  sud  et 
est,  Vest-sud-cst  entre  l'est  et  le  sud-est,  le 
sud-sud-est  entre  le  sud-est  et  le  sud. 

—  Le  vent  qui  vient  de  l'est. //y  a  qua- 
tre vents  principaux  :  l'est,  l'ouest,  le  nord, 
et  le  sud.  On  dit  dans  le  même  sens,  Le 
vent  est  à  l'est. 

Éther.  s.  m.  (En  latin  œtlier,  du  grec 
aillicr,  formé  de  aithô,  je  brûle,  j'enflam- 
me.) Nom  que  les  anciens  donnaient  à  l'air 
pur  et  légei  des  hautes  régions  de  l'atmos- 
phère. 


E  ET  DES  SCIENCES. 

—  La  matière  fluide  et  subtile  qu'on  sup- 
posait remplir  l'espace  dans  le  quel  se 
mcuviMit  les  corps  célestes.  Voici  encore 
qui  a  long-temps  exercé  la  perspicacité  des 
savants.  Euler  attribue  à  cette  substance 
les  phénomènes  de  la  lumière,  du  calori- 
que, et  de  l'électricité.  Descartes  a  rêvé  im 
join-  qu'au  commencement  tout  n'était 
qu'éther ,  qu'il  se  sentait  emporté  dans 
l'espace  à  travers  ce  fluide,  et  qu'il  voyait 
le  soleil  et  les  étoiles  se  former  j)(îu  à  peu 
de  cette  substance.  Huygbens  nomme  étlicr 
la  lumière.  Le  plus  grand  nombre  admet 
le  vide  absolu  au  delà  des  atmosphères 
planétaires.  Choisissez  cuire  toutes  ces  ima- 
ginations. 

Éthcré,  ée.  adj.  Qui  est  de  la  nature  de 
l'éther.  Substance  èlliérée.  Corps  étliérà. 
Région  élliérce.  Poétiq. ,  La  voûte  éthéràe. 
Le  ciel.  Matière  êlhérée,  La  matière  fluide 
et  subtile  qu'on  a  long  tempssupposé rem- 
plir l'espace  où  se  meuvent  les  corps  cé- 
lestes. Espace  étliérc.  L'espace  que  l'on 
supj)osait  rempli  delà  matière  élhérée. 

Etoile,  s.  f.  (En  latin  Stella.)  Astre  qui 
brille  de  sa  lumière  propre  ,  et  qui  paraît 
toujours  Cxe  au  même  point  du  ciel.  Au- 
trefois le  nom  à'étoile  se  donnait  égale- 
ment aux  planètes  ,  qu'on  appelait  étoiles 
errantes  pour  les  distinguer  des  étoiles  pro- 
prement dites  ou  étoiles  fixes.  Les  autres 
corjis  célestes  se  nomment  comètes  ,  satel- 
lites ,  etc.  Les  étoiles  sont  divisées  en 
gioupes  qu'on  appelé  Constellations.  Les 
astronomes  les  classent,  en  outre,  ])arordre 
de  grandeur  d'après  leur  éclat  apparent. 
Etoile  de  la  première,  de  la  deuxième,  de  la 
troisième  grandeur.  Celte  classification  ne 
comprend  pas  plus  de  sept  ordres  de  gran- 
deur pour  les  étoiles  vues  à  l'œil  nu.  Riais 
avec  le  secours  du  télescope  elle  s'étend  à 
la  seizième  grandeur.  Sur  les  cartes  astro- 
nomiques on  marque  les  étoiles  de  pre- 
mière grandeur  parun  a,  celles  de  seconde 
par  un  6,  et  ainsi  de  suite. 

Le  nombre  des  étoiles  est  infini  comme 
l'espace.  Quand  mêmeil  vous  seraitdonné 
d'aller,  plus  prompt  que  l'éclair  ,  avec  les 
ailes  mêmes  des  anges  ,  pendant  d(  s  mil- 
liards de  siècles  à  travers  des  milliards  d'é- 
toiles ,  vous  n'auriez  pas  avancé  d'un  pas. 
O  puissance  !  ô  grandeur  incompréhensible 
de   celui   qui   d'un    mot   a  créé    tous  ces 


(t)  Droit  (le  se  gouverner  par  sps  propre?  lois    Du  grec  autos,  soi-même,  cl  nomns,  loi. 
(î)  Du  <^rçr  prolcplihos,  riui  anticipe. 


SIGNES  niVEUS 

imnidcsl  Quels  signes,  quels  mots,  quelles 
expressions  employer  pour  donner  une 
idée  de  cette  grandeur,  de  cette  puissance, 
de  cette  immensité  sans  bornes  !  On  ne 
peut  que  répéter  ce  mot  sublime  :  «  L'uni- 
vers est  une  sphère  infinie  dont  le  centre 
est  partout  et  lacirconTérence  nulle  part.  » 

O  homme  sois  donc  bien  fier  !  prévaux- 
loi  bien  de  ton  importance  ,  de  tes  titres, 
de  ta  fortune,  de  ta  grandeur  1  Regarde- 
toi  bien  Comme  l'image  de  Dieu.  Fais  son- 
ner bien  haut  les  vaincs  sj^llabes  dont  tu 
te  nommes  1  Pauvre  insensé  !  Qui  sait  si 
les  fourmis  qui  rampent  à  tes  pieds  n'ont 
pas  entre  elles  de  semblables  prétentions  î 
Le  couronnement  d'une  reine  des  fourmis, 
ce  dt)it  être  un  curieux  et  brillant  spec- 
tacle. Au  moins  parmi  les  fourmis  il  n'y  a 
pas  de  pauvres. 

On  suppose  ,  je  l'ai  déjà  dit ,  que  les 
étoiles  que  nous  voyons  sur  la  voûte  des 
cieux  sont  autant  de  soleils  enflammés, 
autant  de  centres  de  mondes  planétaires.  I 
En  observant  à  l'aide  du  télescftpe  les  pe- 
tites taches  blanchâtres  que  l'on  aperçoit 
dans  le  ciel,  et  qu'on  nomme  nébuleuses , 
on  y  decouvie  une  multitude  d'étoiles 
Irès-rapprochées  et  confondues  ensemble. 
Aucune  expérience  n'a  pu  df)nner  la  pa- 
rallaxe  des  étoiles;  mais  comme  elle  est 
moindre  qu'une  seconde  pour  les  étoiles 
les  plus  proches  de  nous  ,  nous  savons  que 
nous  en  sommes  séparés  par  une  dislance 
plus  grande  que  7  trillions  720  billions  de 
lieues.  La  lumière  met  un  certain  nom- 
bre d'années  à  nous  venir  des  étoiles  ;  en 
sorte  qu'il  y  a  des  étoiles  que  nous  aperce- 
vrions encore  un  siècle  après  leur  entière 
destruction.  Les  étoiles  ont  un  mouvement 
général  identique  à  celui  du  soleil;  elles  se  ^ 
lèvent  a  l'orient  et  se  couchent  à  l'occi-  i 
dent.  La  nuit  s'efface  ,  le  soleil  reparait  , 
et  les  mêmes  phénomènes  ne  cessent  de 
se  reproduire  dans  le  même  ordre.  Ce 
mouvement  général  des  astres  accompli 
dans  l'intervalle  d'un  jour  est  appelé  mou- 
vement diurne.  \  oyez  mouvemeint.  Le  lever, 
le  coucher  des  étoiles.  Ln  scintillation  des 
étoiles,  Tif  mouvement  d'agilatiou  qu'on 
observe  dans  la  lumière  des  étoiles  ,  sur- 
tout lorsque  l'atmosphère  n'est  pas  tran- 
quille ,  et  dont  la  rapidité  produit  l'illu- 
sion de  véritables  étincelles.  Les  étoiles 
scintillent.  La  nuit  est  belle,  on  voit  briller 
tes  étoiles.  Il  parut  cette  année-là  une  nou- 
velle étoile.  En  389  ,  il  parut  une  étoile  dans 


.   ASTRONOMIE.  OÙO 

ta  constellation  de  C Aigle,  t/ui ,  pendant 
trois  semaines,  brilla  d'un  éclat  pareil  à 
celui  de  ta  planète  Vénus ,  et  disparut  pour 
toujours.  L'éclipsé  fut  si  grande  qu'on  vit 
les  étoiles  en  plein  Jour,  L'étoile  polaire. 
Etoiles  doubles,  multiples.  Etoiles  placées 
dans  des  directions  visuelles  si  voisines  , 
qu'elles  ne  paraissent  foimer  qu'un  seul 
astre,  quand  on  les  observe  avec  de  faibles 
instruments  ;  tandis  qu'elles  se  résolvent 
en  un  groupe  de  deux  ou  plusieurs  astres, 
quand  on  les  observe  avec  de  bons  téles- 
copes (AcAD.)  Les  étoiles  multiples  d'un 
même  groupe  manifestent  ordinairement  des 
mouvements  de  circulation  continus  autour 
d'une  d'entre  elles  (  Acad.)  Les  étoiles  dou- 
bles offrent  souvent  des  différences  de  couleur 
très-marquées  {Id.)  Elles  sont  cramoisies, 
vertes,  bleues,  jaunes,  blanches,  bleuâ- 
tres, etc.  , 

Étoiles  changeantes ,  Etoiles  dont  la  lu- 
mière augmente  et  diminue  alternative- 
ment. On  les  nomme  plus  particulière- 
ment étoiles  périodiques.  On  connaît  treize 
étoiles  chan  géantes.  L'une  des  plus  remar- 
quables est  Mira  dans  la  Baleine  ,  qui  cou- 
serve  son  plus  grand  éclat  pendant  quinze 
jours.  Elle  est  alors  de  la  deuxième  gran- 
deur. Elle  décline  ensuite  pendant  trois 
mois  ,  jusqu'à  devenir  invisible  ,  ce  qui 
dure  à  peu  près  cinq  mois.  Ensuite  elle 
reparaît ,  et  va  en  croissant  pendant  les 
trois  premiers  mois  de  sa  période  ,  dont 
la  durée  est  de  trois  cent  trente-quatre 
jours  vingt-une  heures.  Etoile  du  berger,  La 
planète  de  Vénus.  On  l'appelé  aussi  Etoile 
du  matin,  lorsqu'elle  précède  le  lever  du 
soleil  ,  et  Etoile  du  soir,  lorsqu'elle  paraît 
après  le  coucher  de  cet  astre. 

Prov.  ,  Loger,  coucher  à  la  belle  étoile  , 
(toucher  dehors,  en  plein  air.  Fig.  et  fam.. 
Faire  voir  à  quelqu'un  des  étoiles  en  plein 
midi.  Lui  donner  sur  la  tète  ou  dans  le  vi- 
sage un  coup  qui  lui  cause  un  grand 
éblouissement  ;  ou  ,  en  imposer,  en  faire 
aisément  accroire  à  quelqu'un. 

Étoile  ,  se  dit  encore  abusivement  de, 
ces  météores,  ajipelés  An^s'i  étoiles  lomban- 
tes  ,  que  l'on  voit  courir  dans  l'air  la  nuit, 
et  s'éteindie  incontinent.  J'ai  vu  tomber 
une  étoile.  Des  étoiles  qui  fiLnt.  Quelle  est 
la  cause  de  ce  phénomène?  On  ne  peut  ré- 
pondre que  par  des  conjectures.  Celles 
qu'on  a  laites  jusqu'à  présent  me  parais- 
sent bien  hasardées.  Ce  sont  peut-être  des 
aérolilhes  ,  des    f'ragmcnis    de    planètes  ; 


Sj&  CLVA'  DE  LA  L.ViNGLI 

peufètre  de  pelils  satellites  ,  peut  -  être 
des  l'eiix  volants  dus  au  fluide  6lectriqii<!. 
Hclas  !  voilà  bien  des  peiil-dlre.  O  science 
Iiiuiiaine  ! 

Tirtnament.  s.  m.  (En  latin  firmantcn- 
titm,  de  flniiarc,  sontenir.)  INoni  que  l'on 
donnait  autrelïiis  au  liuitième  ciel,quc  l'on 
croyait  èUv.  de  cristal,  et  qu'on  supposait 
entraîner  tous  les  cieux  inférieurs  dans 
son  njouveuient. 

—  Le  ciel  en  général. 

—  La  moyenne  région  de  l'air,  regardée 
comme  fluide, 

—  Le  ciel  étoile,  immédiatement  situé 
au  dessous  du  ciel  empyrée. 

O  sottise  humaine!  pendant  que  nous 
nous  perdons  dans  ces  suppositions  absur- 
des ,  nous  négligeons  les  choses  du  cœur, 
choses  si  nécessaires  et  si  douces  à  cultiver. 
Hélas!  il  est  donc  vrai  l'homme  s'est  perdu 
pour  vouloir  trop  savoir. 

Aujourd'hui  on  ne  nomme  plus  ainsi  que 
celte  apparence  de  voûte  circulaire  qui  en- 
vironne la  terre  et  à  la  quelle  les  astres 
semblent  attachés.  Les  éloilcf,  les  a.sires  du 
firmament.  Sous  le  firmament.  Les  astres 
qui  brillent  au  firmament .  En  poésie  ,  Les 
feux  du  firmament ,  Les  étoiles. 

Géographie,  s.  f.  (Du  grec  gc,  terre  ,  et 
graphe,  description.)  Science  qui  enseigne 
la  position  de  toutes  les  régions  de  la  terre, 
les  unes  à  l'égard  des  autres,  et  par  rap- 
port au  ciel,  avec  la  description  de  ce 
qu'elles  contiennent  de  remarquable.  La 
géographie  et  la  chronologie  sont  les  yeux  de 
l'histoire.  Traité,  cours  de  géographie.  On 
dit  de  même,  La  géographie  d' un  pays,  d'une 
province,  etc. 

Selon  le  point  de  vue  particulier  sons  le 
quel  on  considère  cette  science,  on  dit  : 
Géographie  ancienne,  Géographie  du  moyen 
âge.  Géographie  physique,  Géographie  as- 
tronomique. Géographie  civile ,  historique, 
politique,  etc. 

—  Traité  de  géographie.  Acheter  une 
géographie. 

Géologie  ou  Géognosie.  s.  1'.  (Du  grec 
gè,  terre,  et  logos,  tiaité,  gnùsis,  connais- 
sance.) Science  qui  a  pour  objet  la  con- 
naissance de  la  forme  extérieure  de  notre 
globe,  de  la  nature  des  uiatéiianx  qui  le 
composent,  de  la  nianièie  dont  ces  maté- 
riaux ont  été  formés  et  placés  dans  leur 
situation  actuelle.  Voyez  Terre. 

Gnomon,  s. m.  Tout  instrument  qui  mar- 
que les  heures  par  la  direction   de  l'ombre 


E  ET  r)ES  SCIE.NCES. 

qu'un  corps  solide  porte  sur  un  plan,  oa 
même  sur  une  surface  courbe.  Les  cadrans 
solaires  sont  des  gnomons  où  le  corps  qui  pro- 
jeté son  ombre  est  une  verge  de  métal  appelée 
style.  (/VcAD.)  Le  style  des  gnomons  moder- 
nes est  ordinairement  terminé  par  une  plaque 
circulaire  de  métal  percé  à  son  rentre  d'im 
petit  trou  de  même  figure,  pour  laisser  passer 
l'image  bien  définie  du  disque  solaire.  (Id.) 

Gnomonique.  s.  f.  En  latin  gnomonicc, 
dn  gitc  gnûiiion^  indice.)  L'art  de  tracer  des 
cadrans  au  soleil,  à  la  lune,  aux  étoiles; 
mais  surtout  des  cadrans  solaires  sur  un 
plan,  et  même  sur  la  surface  d'un  corps 
donné  quelconque.  (Acad.)  La  gnomoni- 
que est  une  partie  des  mathématiques.  ( Id.  ) 

Gravitation,  s.  f.  Action  de  graviter  , 
ou  Tendance  que  les  corps  ont  naturelle- 
ment les  uns  vers  les  autres.  La  gravitation 
d'une  planète  vers  un  centre.  Les  lois  de  la 
gravitation.  Le  système  de  la  gravitation  est 
dû  ((  Newton. 

Gravité,  s.  f.  (  En  latin  gravitas.)  Pe- 
santeur, force  |)ar  la  quelle  tous  les  eor|>s 
tendent  les  uns  vers  les  autres.  La  gravité 
fait  descendre  les  corps  vers  la  terre.  Deux 
balles  de  poids  égal,  dont  l'une  a  conservé 
sa  forme  rcmde  et  dont  l'autre  a  été  aplatie, 
ne  tombent  pas  avec  la  même  vitesse,  la 
résistance  de  l'air  étant  plus  grande  pour 
cette  dernière.  Dans  le  vide  ,  une  plume, 
une  feuille  tombe  aussi  vite  qu'une  balle. 
Les  corjjs  abandonnés  à  eux-mêmes  tom- 
bent toujours  suivant  une  ligne  qui  coupe 
à  angle  droit  une  autre  ligne  représentée 
par  la  surface  du  globe. 

Centre  de  gravité.  C'est,  dans  chaque 
corps  solide,  un  point  tel  que,  s'il  est 
soutenu  contre  l'effet  de  la  giavité  ,  le 
corps  l'est  aussi,  de  même  que  si  toute  sa 
masse  était  concentrée  en  ce  point-là.  On 
dit  alors    que   ce   corps   est  en  équilibre. 

Graviter,  v.  a.  (Eu  latin  gravilare.) 
Tendre  et  peser  vers  un  point.  Les  planètes 
gravitent  vers  le  soleil. 

Hauteur,  s.  f.  (  Du  latin  altus,  haut, 
selon  cette  loi  générale  ,  par  la  quelle  la 
syllabe  al  se  change  en  au  ,  en  passant  du 
latin  dans  notre  langue.)  La  hauteur  d'un 
astre  est  l'angle  compris  entre  le  plan  de 
l'horizon  et  le  rayon  visuel  mené  au  point 
du  ciel  que  l'on  veut  désigner.  La  hauteur 
du  pôle.  C'est  le  synonyme  de  latitude. 
Hauteur  apparente.  Celle  qui  est  fournie 
par  les  instruments,  et  qui  est  soumise  à 
plusieurs  influences.  Hauteur  vraie  ,  Celle 


SIGiNES  DIVERS.  ASÏKOINOMIE. 


que  l'un  obtient  par  lu  calcul  ,  en  tenant 
ccmipte  de  ces  influences.  Hauteur  méri- 
dienne, La  hauteur  d'un  astre  au  dessus  de 
l'horizon  ,  au  moment  où  il  est  dans  le 
méridien  du  lieu  où  on  l'observe.  La  Itau- 
leiir  méridienne  du  soleil.  La  hauteur  mé- 
ridienne d'un  astre  est  le  point  culminant 
de  sa  course.  On  appelé  hauteurs  correspon- 
dantes deux  hauteurs  égales  du  même  astre 
obtenues,  l'une  avant  le  passage  de  l'astre 
au  méridien  ,  et  l'.TUIre  après  ce  passage. 
Ces  deux  hauteurs  servent  à  déterminer 
l'instant  précis  d'un  astre  au  méridien. 
Voyez  Cercle  bépétiteur. 

Prendre  lu  hauteur  du  soleil ,  ou  simple- 
ment ,  prendre  hauteur  ,  Obsciver  avec  un 
instrument  la  hauteur  angulaire  du  soleil 
sur  l'horizon.  Etre  à  la  hauteur  d'une  île  , 
d'une  ville,  etc.  ,  Etre  dans  le  même  paral- 
lèle ,  dans  le  même  degré  de  latitude.  On 
l'emploie  surtout  en  termes  de  Marine. 
Nous  étions  à  la  hauteur  de  Malte ,  de  Lis- 
bonne. 

Hauteur  ,  signifie  aussi  profondeur.  Ils  Jetèrent  ta  sonde 
pour  prendre  la  hauteur  de  la  mer  en  cet  endroit-là. 

Hauteur  a  une  foule  d'autres  significations  dont  nous 
n'avons  pas  à  noLS  occuper  ici. 

Hélioscope.  s.  m.  (Du  grec  hêlios  ,  so- 
leil, et  Sf0/j/:ô,  je  regarde.  )  Lunette  desti- 
née à  regarder  le  soleil,  et  garnie  à  cet  effet 
d'un  verre  coloré  d'une  teinte  sombre,  pour 
aflaiblir  la  trop  grande  vivacité  de  la  lu- 
mière transmise. 

Hémisphère,  s.  m.  (En  latin  hemisphœ- 
riuni  ,  du  grec  hêmisus,  moitié,  et  sphaira, 
sphère  (Ij),  La  moitié  d'une  sphère.  Il  se 
dit  principalement  de  la  moitié  du  globe 
terrestre.  L'équateur  partage  la  terre  en 
deux  hémispiières,  l'un  septentrional  ou 
boréal,  l'autre  méridional  ou  austral;  le 
méridien  la  partage  en  hémisphère  oriental 
et  hémisphère  occidental  ;  l'horizon  en  hé- 
misphère supérieur  et  hémisphère  inférieur. 
Notre  hémisphère.  L'autre  hémisphère.  L'un 
et  l'autre  hémisphère.  Dans  les  deux  hémis- 
phères. Quand  le  soleil  paraît  sur  notre  hé- 
misphère. Le  plan  de  l'orbite  terrestre  par- 
tage l'espace  en  deux  hémisphères  ,  l'un 
arctique,  l'autre  antarctique. 

Ucmîsnht-res  de  Magdelwurg  ,  lléniispbèrcs  concaves  en 
cuivre  /inventes  par_()ltoilc  (îueiicke  ,  bourgmestre  de 


557 

Magdeljourg,  vers  1650,  et  pouvant  s'emboîter  l'un  dans 
l'autre.  L'Iiémispbèrc  supérieur  est  terminé  par  un  an- 
neau, et  l'intérieur  par  un  tube  à  robinet  que  l'on  visse 
sur  la  niacbine  pneuniaticjue.  Des  qu'on  a  fait  le  vide  on 
ne  peut  pai'venir  à  soulever  i'hémispbère  supérieur.  En 
laissant  rentrer  l'air,  on  le  soulève  lacilement.  Ces  ins- 
truments servent  àdémontrer  combien  est  grande  lapres- 
sion  de  l'atoiosplière. 

Horaire,  adj.  (Du  latin  hora,  heure.) 
Qui  a  rapport  aux  heures.  Cercles  horaires 
ou  Cercles  de  déclinaison  ,  Cercles  qui  pas- 
sent par  les  pôles  du  monde  ,  et  qui,  par 
leurs  distances  du  méridien  ,  marquent 
les  heures.  Ils  sont  au  nombre  de  douzi!  , 
et  divisent  l'équateur  en  vingt-quatre  par- 
ties égales  ,  pour  les  vingt-quatre  heures 
du  jour  naturel. y//ig/e  horaire.  L'angle  abou- 
tissant au  pôle  et  formé  par  le  cercle  ho- 
raire avec  le  méridien  du  lieu.  Cet  angle 
est  de  15  degrés  à  une  heure,  de  30  à  deux 
heures  ,  de  45  à  trois  heures.  Mouvement 
horaire,  La  quantité  dont  un  astre  varie  en 
une  heure,  ou  l'arc  que  décrit  un  point  de 
la  circonférence  de  la  terre  dans  l'espace 
d'une  heure.  Lignes  horaires.  Les  lignes 
qui  marquent  les  heures  sur  un  cadran  so- 
laire. 

Horizon,  s.  m.  Le  plan  tangent  an 
point  de  la  surface  terrestre  où  l'on  se  trouve, 
et  perpendiculaire  à  la  veiticale.  On  le 
nomme  horizon  vrai  ou  astronomique.  Le 
plan  de  l'horizon  rapporté  au  centre  de  la 
terre  et  prolongé  indéfiniment  dans  l'es- 
pace ,  s'appèle  horizon  ratiotmel  ou  f^éocen- 
trique.  11  partage  en  même  temps  la  terre 
et  la  sphère  céleste  en 'deux  hémisphères, 
dont  l'im  s'étendant  au  dessus  de  la  surface 
terrestre  est  appelé  supérieur  ,  et  l'autre 
l'enveloppant  j)ar  dessous  est  appelé  infé- 
rieur. Dans  cette  acception  ,  l'on  dit  : 
Prendre  la  hauteur  d'un  astre  sur  l'horizon  ; 
Le  soleil  est  à  l'horizon  ,  etc. 

Horizon,  dans  son  acce|)tion  usuelle, 
Les  pai  lies  de  la  surface  terrestre  oii  se  ter- 
mine notre  vue  ,  où  le  ciel  et  la  terre  sem- 
blent se  joindre;  et  souvent,  La  partie  du 
ciel  qui  en  est  voisine.  C'est  ce  qu'où 
nomme  autrement  horizon  sensible. 

Il  est  à  remarquer  que  l'Académie  n'admet  pas  la  dé- 
nomination d'/ior/:()/i  visuel ,  dont  les  faiseurs  de  géogra- 
pbics  font  un  usage  immodéré.  L'adjectif  masculin  visuel 
ne  s'allie  qu'aux  substantifs  rayon  et  point.  Rayon  visuel 


(l)  Remarquez  ici  la  puissance  de  létymologie  immcdiale  ,  nieu  par  MM.  Besclierelle.  //e/n/i- 
phire ,  atmosphère  ,  voilà  deux  noms  si  parfaitement  analogues  de  forme  ,  qu'on  s'élonne  d'abord 
qu'ils  ne  soient  pas  tous  doux  du  même  genre.  C'est  que  l'un  est  neutre  en  latin^  Iiémispheriuni, 
ot  que  l'autre  y  e^t  féminin,  hcmispherei.  Lamartine  a  donc  torl  de  faire  atiiiosphcrc  du  masculin. 
Tout  s'y  oppose,  la  forme  et  l'étymoloyie. 


Point  visuel,    ne  eellt  colline  on  lit-couirc  tout  l'Iwriion 
horizon  borné,  élondu. 

Vhoriion,  quf  la  Icric  attache,  humble  et  joycujt, 
Comme  une  lè\re  au  bus  ùe  la  robe  des  cieux. 

(  Vii-Ton  lIlGO. ) 
Les  poêles  modcincs  lui  doimcnt  un  pluriel,  ce  qui 
doit  singulièrement  chmiuer  la  judiciaire  des  maîtres  de 
lanpnc. 

l'iongcant  mes  yeux  ravis  dans  les  bleus  horizons  (1). 

(  L.  N.  Fleurs  du  Vunube.  1 
Ces  arbres  e(  ces  nuits,  jouets  de  l'aquilon  ; 
Et  là-bas  ,  par  delà  les  collines  lointaines , 
Ces  horizons  remplis  de  formes  incertaines. 

(  Victor  Hugo.  ) 

Horloge,  s.  f.  selon  l'usage  ;  m.  selon 
l'élyniologit;  liorologiiim.  Machine  placée 
dans  un  endroit  aj)[)aient  de  quelque  édi- 
fice, et  destinée  à  marquer  et  à  sonner  les 
heures.  Urie  bonne,  une  grosso  horloge. 
L'horloge  d'une  église  ,  cl' ini  palais.  L'hor- 
loge va  bien,  va  mal.  L'horloge  avance  ,  re- 
tarde. L'horloge  a  sonné  midi.  Quelle  heure 
est -il  à  l'horloge  ?  Horloge  détraquée.  Les 
roues  d'une  horloge.  Le  poids  d'une  horloge. 
Le  balancier  d'une  horloge.  Pièce  qui  a  un 
mouvenienl  d'oscillation  ,  et  qui  sert  à  ré- 
gler le  mouvement  de  l'horloge.  Le  timbre 
d'une  horloge.  La  sonnerie  de  l'horloge. 
L'aiguille  de  l'horloge.  Le  cadran  de  l'hor- 
loge. Les  heures,  les  minutes  de  l'horloge. 
Monter,  remonter  une  horloge ,  En  bander 
les  ressorls  ou  en  hausser  les  poids.  Dé- 
Titontcr  une  harloge ,  En  désassenibler  les 
pièces.  On  nomme  pendule  une  horloge  à 
poids  ou  à  ressort ,  a  la  quelle  on  joint  un 
pendule,  dont  les  oscillations  servent  à  ré- 
gler le  mouveuient ,  et  à  la  rendre  plus 
juste.  Une  montre  est  une  petite  horloge 
portative  ,  qui  varie  de  forme  et  de  gran- 
deur. De  ce  que  les  Allemands  n'ont  qu'un 
mot  pour  ces  trois  choses  ,  ils  disent  de 
même  t.'n  Crançais,  Lamontre  d'une  église, 
la  montre  de  madame,  unemontredemarbre, 
d'acajou,  de  bronze  doré.  Je  les  prie  de 
croire  que  cela  n'est  pas  indifférent.  Un 
avantage  incontestable  que  la  langue  fran- 
çaise a  sur  la  langue  allemande  ,  d'ailleurs 
si  riche  ,  c'est  d'avoir  des  mots  poiu-  toutes 
les  nuances  d'idées.  C'est  ainsi  qu'une 
montre  vieille  ou  de  peu  de  valeur  n'est 
qu'une  patraque. 

Horloge  solaire.  Cadran  solaire.  Voyez 
Cadran.  On  dit  aussi  horloge  au  soleil. 

Uoringe  de  sahie  ,  ou  5fl/i/('er,  Instrument  composé  de 
deux  ampoules  de  verre  ajustées  de  manière  que  du  sable 


CLEr  DE  l-.V  LANdllE  El   DES  SCIENCES. 

Un 


lin  qui  est  dans  l'une  s'écoulc  dans  l'autre  par  une  petite 
ouverture,  et  sert  à  mesurer  un  certain  espace  île  temps. 

Horloge  d'eau,  ou  clepsydre.  Horloge  qui  indique  la 
marche  du  tiiniis  par  réconlement  d'une  certaine  (juan- 
titè  d'eau  ou  même  de  mercure.  Les  anciens  se  servaient 
ordinairement  d'horloges  d'eau  pour  mesurer  le  temps.  Les 
clepsydres  les  plus  simples  consistaient  i-n  un  large  tube  de 
verre  portant  une  échelle,  au  moyen  de  la  quelle  l'eau  ,  s'é- 
coulant  par  un  petit  orifice  situé  il  la  partie  inférieure  du 
vase,  marquait  par  l'abaissement  progressif  de  son  niveau 
les  heures  et  les  minutes. 

En  liotanique,  on  appelé  Jlorloge  de  Flore,  une  espèce 
de  table  ou  Catalogue  indiquant  les  heuies  du  jour  et  de 
la  nuit  aux  quelles  s'épanouissent  certaines  fleurs. 

Petite  Horioge  de  Elore. 


IIEUHES  DU 

NOMS 

nECBES 

LEVER 

des 

du 

QUcj}anouiS' 

COUCHER. 

sèment. 

Matin. 

Mati.-». 

SOIB. 

De  3  à  5. . 

Lu  salsifls  des  prés. . . . 

De  9  à  10. 

De  S  À  5. . 

Le  liseron  de  Portugal. 

De4à5  . 

Leliondenttubéreui.. 

3. 

De  4  à  5. . 

La  chicorée  sauvage. . . 

10. 

De  4  à  5.. 

La  orépide  des  toits. . . 

De  10  à  12 

5 

Le  ialturnn  des  jardins. 

De  11  à  12 

5 

Le  pavot  à  tige  nue.. . 

7. 

5 

L'hémérocalle  jaune.. . 

de7à8 

De  5  à  6. . 
De  5  à  6. . 

De  8  à9. . 
11. 

La  crépide  des  Alpes.  . 

6 

L'épcrvière  en  ombelle. 

5. 

De  6  à  7. . 

L  eperviire  des  murail- 

De 6  à  7. . 

les 

2. 
delà2 

La  crépide  roupt 

De  6  à  7. . 

Le  laiteron  des  champs. 

De  10  à  12 

7 

Le  souci  des  jardins. . . 

7 

Le  nénuphar  blanc... . 

5. 

7 

Du  7  à  8.. 

10 

Plusieurs  ficoïdes 

8 

Le  mouron  des  champs. 

9 

Le  souci  des  champs.  . 

De  12  à  . . 

3. 

Du  9  à  10. 

La  glaciale 

Du  10  à  11 

Leslabiuus 

11 

L'ornithogale 

11 

Midi.... 

3. 

Toutes  les  plantes   qui 

demandent  la  lumière 

la    plus   éclatante    du 

jour  pour  s'épanouir. 

Soin. 

'l 

La  belle  de  nuit  dicho- 

5.. 

tome 

Plusieurs  belles  de  nuit. 

6 

Le  géranium  triste.  . . . 

7 

Le  galant  de  nuit 

7 

Le  nyctérion 

8 

La  licoïde  à  fleurs  noc- 

9 

Le  iijctanthès 

Du  9  à  10. 

Le    cactus    à    grandes 

llcurs 

12.       1 

Explications, 

Salsifis  (En  latin  tragopogon].  Plante  de  la  famille  des 


(l)  C'est  à  dire,  plongeant  mes  veux  ravis  dans  1rs  divers  aspects  ,  les  divers  tableaux  i[i 
prcscnlail  l'horizon  à  mrsnri-  '|iic  je  m'avançais. 


SIGNES    DIVEUS.    ASTRONOMIE. 


559 


I 


syn.intliéiées, de  la  section  des  cliicoracécs.  Salsifis  blanc, 
DU  salsifis  commun.  Sa  lacine,  qui  poilu  lu  inûme  nom,  est 
lionne  à  manger.  On  lui  préfère  le  salsifis  noir  ,  ou  saisi- 
fis  d'Espagne,  ou  scorzonere.  De  beaux  salsifis.  Des  salsifis 
it  l'huile,  à  la  sauce  blanche. 

Liseron  ou  Lisei,  Plante  à  fleurs  en  entonnoir,  dont  on 
connaît  plusieurs  espèces,  ies  Userons  appartiennent  ii  la 
famille  des  convolvulacées. 

Pissenlit.  Plante  à  Heurs  composées,  qui  croît  dans  les 
lieux  herbeux  et  incultes,  et  dont  les  feuilles  à  peu  près 
semblables  à  celles  de  la  chicorée,  se  mangent  en  salade, 
quand  elles  sont  jeunes  et  tendres.  Une  salade  de  pissenlits. 
Le  pissenlit  est  une  chicorée.Oii  i'appèle  aussi  Dent-de-lion  ou 
Liondent.  (  Eu  latin  leontodon.) 

Chicorée,  Plante  potagère.  Chicorée  sauvage  ou  Petite 
chicorée.  Une  salade  de  chicorée.  Café  de  chicorée.  Sirop  de 
chicorée.  Eau  de  chicorée.  Chicorée  blanche,  Celle  qu'on  a 
fait  étioler  dans  des  caves  de  température  moyenne  et 
privée  de  toute  lumière.  On  la  vend  sous  le  nom  de  barbe- 
de-capucin. 

Crépide  ,  P\ante  cliicoracée.  Outre  la  crc'/jiVe  des  toits  , 
Iz  c  ré pide  rouge  ,  et  la  crcpide  des  Alpes,  on  connaît  en- 
core la  crcpide  puante ,  la  crépide  bisannuelle  ,  la  crépide 
fluette.  "Ln  crépide  rouge,  froissée  ou  simplement  remuée, 
répand  une  odeur  peu  agréable.  Sa  fleur  est  très-belle, 
large  d'environ  quatre  centimètres.  Ses  feuilles  sont  Ion- 
gués,  fortement  écbancrées  et  armées  de  pointes.  La  cré- 
pide des  Alpes,  haute  de  trente-deux  centimètres,  porte, 
au  mois  de  juillet,  des  fleurs  d'un  jaune  pâle.  (En  latin 
crépis,] 

Laiteron  ,  Plante  bulbeuse  de  la  famille  dessynanthé- 
rées,  qui  sert  à  la  nourriture  des  lapins  domestiques.  Des 
lapins  nourris  de  laiterons.  On  dit  aussi  vulgairement  lace- 
ron.  [  Et  latin  sonchus}. 

Pavot ,  Plante  qui  porte  de  grandes  fleurs  à  quatre  pé- 
tales, et  qui  est  le  type  de  la  famille  des  papavéracèes.  Pa- 
vot sauvage.  Pavot  des  jardins.  Pavot  noir  ,  blanc  ,  rouge. 
Puvot  double.  Pavot  panaché.  Tête,  graine  ,  jus  de  pavot. 
Pavot  somniffre.  C'est  avec  le  suc  du  pavot  somnifère  qu'on 
fait  l'opium.  Le  coquelicot  est  une  espèce  de  pavot.  Chez  les 
poètes  classiques.  Les  pavots  du  sommeil,  les  pavots  de 
Morphée,  Le  sommeil.  Les  pavots  du  sommeil  avaient  appe- 
santi sesyeux.  Usdiseittde  même,  Morphee  avait  versé  sur 
lui  tous  ses  pavots,  Il  était  profondément  endormi.  [En 
latin  papaver. 

Sextus  Xaïquinius,  fils  de  Tarquin  le  superbe,  ayant 
acquis  auprès  des  Gabiens,  chez  qui  il  s'était  retiré,  une 
autorité  presque  sans  bornes  ,  envoya  demander  à  son 
père  quels  étaient  les  moyens  les  plus  propres  à  la  conser- 
ver. Tarquin  était  clans  son  jardin,  quand  le  député  ar- 
riva. Pour  toute  réponse,  il  abattit  toutes  les  tètes  de  pa- 
vots qui  s'élevaient  au  dessus  des  autres. 

llémcrocalle  (  Du  grec  héméra  ,  jour  ,  et  kallos,  beauté  : 
beauté  d'un  jour}.  Plante  liliacée,  dont  le  nom  vient  de  ce 
que  la  plupart  des  espèces  ,  et  uolan\niGiiit'bémérocalle 
jaune,  portent  des  fleurs  remarquables  par  leur  élégance, 
mais  de  très-peu  de  durée.  L'hémérocalle  jaune  se 
nomme  vulgairement  lis  jaune,  lis  asphodèle,  lis  jonquille. 
On  distingue  encore  Vhémérocalle  duJ apon,  i-xVhcmérocalle 
bleue,  originaire  aussi  du  Japon  et  de  la  Chine.  (Eu  latin 
hemerocallis.) 

Epervière ,  Plante  cbicoracéc  dont  il  existe  un  très- 
grand  nombre  d'espèces.  On  recherchait  autrefois  contre 
les  maladies  du  poumon  Vépervière  des  murailles,  que  l'on 
trouve  dans  les  décombres.  On  la  donne  comme  plante 
alimentaire  aux  bestiaux,  surtout  aux  chevaux.  (En  latin 
bieracium.  ) 

Souci,  Plante  synanthérée.  Souci  des  champs.  Souci 
de»  jardins.  Avec  les  fleurs  du  souci  on  colore  te  beurre,  et 
on  sophistique  le  safran.  Im  fleur  du  souci  est  jaune,  radiée, 
d'une  odeur  forte  ;  la  semence  est  brune,  l'am. ,  Etre  jaune 
comme  un  souci,  comme  souci,  Avoir  le  visage  extrêmement 
jaune.  (En  latin  Calcndula.) 

ri énuphar  ,  Vlante  aquatit|ue,  type  de  la  famille  des 
nymphèacèes,  la  quelle  a  de  larges  feuilles  rondes,   et  de 


grandes  fleurs  en  forme  de  roses.  Les  fleuri  du  nénuphar 
passent  pour  réfrigérantes.  Sirop  de  nénuphar.  Pain  de  né- 
nuphar à  l'usage  des  Kalmouks.  (  En  latin  nymphœa.] 

Laitue,  Plante  chicoracèe  laiteuse.  Petite  laitue.  Laitue 
pommée,  sauvage,  romaine.  Salade  de  laitue.  La  laitue  sau- 
vage renferme  un  principe  narcotique  propre  ii  rempla- 
cer l'opium.  Suc,  sirop  de  laitue.  La  laitue  est  rafraîchis* 
santé.  (En  latin  lactuca.) 

Ficolde,  Genre  de  plantes  à  feuilles  charnues  et  à 
fleurs  rayonnées,  qui  comprend  un  grand  nombre  d'es- 
pèces, originaires  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

Mouron,  Petite  plante  à  fleurs  bleues  ou  rouges,  de  la 
famille  desprimulacées,  que  l'on  nomme  autrement  anu' 
gallis  ou  anagallide.  Mouron  bleu.  Mouron  rouge.  On  nomme 
mouron  des  oiseaux  une  petite  plante  à  fleurs  blanches  d-j 
genre  morgeline. 

Glaciale  ou  Ficolde  cristalline.  Espèce  de  ficoïde  dont 
les  feuilles  sont  parsemées  de  vésicules  transparentes.  On 
la  nomme  aussi  plante  glacée,  ou  simplement,  j/oce'e. 

Labiées  ,  Famille  de  plantes  dont  la  fleur  est  découpée 
en  forme  de  lèvres.   (Du  latin  labia,  lèvres.) 

Ornilhogale  {  En  latin  ornithogate  ,  es,  du  grec  oniilhos, 
d'oiseau,  et  gala,  lait  :  lait  d'oiseau).  Plante  bulbeuse,  de 
la  famille  des  liliacées  ,  dont  les  Heurs  sont  d'un  beau 
blanr.  On  en  compte  plus  de  quatrevingts  espèces,  dont 
six  environ  croissent  naturellement  en  France.  Les  plus 
communes  sont  Vorniihogale  en  ombelle  ,  vulgairement 
appelée  dame  d'onze  heures,  et  Vorniihogale  jaune ,  com- 
mune dans  les  jardins  et  les  lieux  cultivés. 

Mauve  ,  Plante  qui  a  doimé  son  nom  à  la  famille  des 
Jlalvaeées,  et  qui  est  fréquemment  employée  en  méde- 
cine, comme  émolliente,  relâchante,  et  adoucissante. 
(  AcAD.  )  Une  infusion  de  fleurs  de  mauves.  Un  cataplasme 
de  feuilles  de  mauves. 

Belle  de  nuit ,  Placite  exotique,  dont  les  fleurs  ressem- 
blent à  relies  du  liseron,  et  qu'on  nomme  aussi  Jataa. 
{  En  lafn.jalap.) 

Géranium  {Du  grec  géranos ,  grue  )  ,  Plante  herbacée 
qu'on  nomme  aussi  bec-de-grue,  et  qui  est  le  type  de  la 
famille  des  gèraniées.  Ily  a  plus  de  deux  cents  espèces  de 
géraniums,  cultivées  la  plupart  dans  les  jardins  d'agré- 
ment, et  remarquables  par  la  forme  de  leur  capsule,"qui 
ligure  un  bec  de  grue.  Géranium  sanguin.  Géranium  rober- 
tin  ou  Ilerhe  à  Robert.  Géranium  musqué.  Cultiver  des  géra- 
niums. 

Galant  de  nuit ,  Espèce  de  cestreau. 
Njctérioii[du  grec  njctéros,  nocturne),  Genre  déplan- 
tes établi  pour  placer  quelques  espèces  de  morelles  dont 
la  corolle  est  un  peu  îrrégulière,  dont  une  des  ètamines 
est  trois  fois  plus  grande  que  les  autres,  et  dont  le  style 
est  décliné.  I^yctériun  frutescent.  Nyctérion  cornu. 

^yrtanthés  (Du  grec  nyctos,  de  nuit ,  et  anthos ,  fleur  )  , 
Plante  de  la  famille  des  liliaeèes,  arbre  de  moyenne  gran- 
deur ,  à  rameaux  qnadrangulaires,  à  feuilles  opposées, 
ovales,  pointues,  épaisses,  rudes,  veines  en  dessous ,  à 
fleurs  portées  sur  des  pédoniules  axilliaires,  etmunicsdu 
bractées.  Le  nyctanthe  triste,  ou  arbre  triste,  croit  au  Mala- 
bar dans  les  lieux  sablonneux  et  stériles. 

Cactus  ou  cactier.    Genre  de  plantes  grasses  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  page  215  et  282  de  la  Méthode  du  Genre. 
Les  fleurs  sont  les  étoiles  de  la  terre  ;  nous  ne  sommes 
donc  pas  sorti  de  notre  sujet. 

Horographie ,  s.  f.  Synonyme  de  ^no- 
moniqiie,  Voyez  ci;  uiot. 

Horoscope  ,  s.  m.  (  En  latin  horoscopus, 
du  grec  Itûra,  heure,  et  .shoficô,  j'observe.) 
Observation  qu'on  (ait  de  l'état  du  ciel  au 
moment  de  la  naissance  de  quelqu'un  , 
pouf  y  lire  ce  qai  doit  arriver  au  nouveau- 
ne  pendant  le  cours  de  sa  vie.  Tirer,  faire 
riioroscopc  (le  fjtielqti'iin  ;  dresser  son  lioros 


500 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


copc.  Nnpolcon  fil  souvent  tirer  son  horoscope.  I  leil  répand  lorsqu'il  est  siu  l'horizon  ,  ou 
On  ne  croit  plus  aux  horoscopes.  Bon,  nuiu-  qu'il  en  est  proche.  Le  Jour  et  la  nuit.  Le 
vais  horoscope.  Fâcheux   horoscope.    Fig.  et  \jour  va  bientôt   paraître.  Le  jour  commence 


faïu.,  Ce  qu'on  prédit  par  simple  conjec- 
ture. Je  vais  dresser  voire  horoscope. 

Immersion,  s.  f.  (En  latin  itnmersio , 
d'immcrgcre  ,  immcrsum  ,  plonger  dans.) 
L'entrée  d'une  planète  dans  l'onihre  d'une 
autre  planète.  Limmcrsion  de  la  lune  dans 
l'ombre  de  la  terre.  L'immersion  des  satel- 
lites de  Jupiter  dans  l'ombre  de  Jupiter. 

Indiction,  s.  ï.  Voyez  Cycle. 

Instrument  des  passages  ou  Iiunette 
méridienne,  Inslrument  propre  à  l'obser- 
vation des  ascensions  droites. 


AB  ,  CD  sont  deux  piliers  parfaitement 
solides  :  ab  est  un  axe  horizontal.  Cet  axe  est 
terminé  par  deux  petits  cylindres  appelés 
tourillons,  qui  peuvent  librement  tourner 
dans  deux  chapes.  La  lunette  OL  fait  corps 
avec  l'axe  ab ,  et  lui  est  exactement  per- 
pendiculaire. 

L'axe  ab  étant  horizontal,  il  s'en  suit  que 
la  lunette  eu  tournant  décrit  im  cercle  ver- 
tical. 

Jogue.  s.  m.  L'un  des  quatre  Ages  in- 
diens, dont  le  premier  aurait  duré  trois 
millions  deux  cent  mille  ans,  le  second 
un  million  d'années,  le  troisième  seize  cent 
mille  ans,  et  dont  le  quatrième  est  l'Age 
actuel,  devant  durer  quatre  cent  mille  ans. 
Yoilà  qui  favorise  singulièrement  le  sys- 
tème de  ceux  qui  refusent  de  croire  ii  l'ori- 
gine moderne  que  la  Bible  donne  au  mon- 
de. Hélas!  tout  n'est  que  ténèbres  et  con- 
fusion dans  les  calculs  du  temps.  Moi  aussi 
j'ai  voidu  plonger  dans  cette  mer,  et  j'en 
suis  revenu  tremblant  d'épouvante,  m'ai- 
dant  pour  en  sortir  du  fil  de  la  Bible,  le 
seul  qui  |)uisse  nous  guider,  en  eflfet,  dans 
cet  effroyable  chaos. 

Jour.  s.  m.  Clarté  ,  lumière  que  le  so- 


rt poindre.  Il  commence  à  faire  jour.  A  l'aube 
du  jour.  Au  point  du  jour.  A  la  pointe  du 
jour.  Il  faisait  à  peine  petit  jour.  Il  est ,  il 
fait  jour.  Il  fait  déjà  grand  jour.  Le  jour 
brille.  Il  fait  encore  jour .  Le  jour  baisse  , 
tombe.  La  naissance  du  jour.  A  la  chute  du 
jour.  Sur  le  déclin  du  jour. 

Tu  m;  m'as  donc  pas  vu,  sur  l'heure  où  le  jour  tombe, 
Eu  me  tordant  les  bras,  demander  à  la  touibc, 
A  la  mort  un  peu  dt  repos  ! 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Jour  pur  ,  serein,  brillant.  Jour  sombre. 
Jour  faible.  Jour  bas.  Beau  jour.  Grand 
jour.  De  jour.  En  plein  jour.  Au  grand  jour. 
Il  avait  le  jour  dans  les  yeux  ,  etc. 

Jour,  Certain  espace  de  temps  par  le 
quel  on  divise  les  mois  et  les  années.  Jour 
naturel ,  selon  l'Académie  ;  Jour  artificiel, 
selon  les  astronomes  (1),  L'espace  de  temps 
compris  entre  le  lever  et  le  coucher  du  so- 
leil. La  durée  de  ce  jour  varie  selon  la  la- 
titude. A  l'équateur  le  jour  et  la  nuit  sont 
égaux  pendant  toute  l'année,  mais  à  me- 
sure qu'on  s'écarte  vers  le  nord  ou  vers  le 
sud,  les  jours  d'été  et  les  nuits  d'hiver 
augmentent  sans  cesse  ,  comme  on  le  voit 
par  cette  figure. 


DECF.lMBr.E. 


Aux  cercles  polaires  ,  le  plus  grand  jour 
est  de  vingt-quatre  heures  ;  et  au  delà  jus- 
qu'aux pôles  ,  il  dure  depuis  un  mois  jus- 
qu'à six  mois.  D'après  cette  inégale  durée 
du  plus  grand  jour  sous  les  divers  parallèles, 
quelques  géographes  ont  divisé  la  terre  en 
trente  climats.  Les  vingt-quatre  premiers, 
entre  l'équateur  et  les  cercles  polaires,  dif- 
fèrent entre  eux  d'une  demi-heure  dans 
la  durée  du  plus  grand  jour  ;  les  six  autres, 
entre  le  cercle  polaire  et  le  pôle  ,  diffè- 
rent d'un  mois.  Eu  voici  le  tableau,  avec 
la  latitude  à  la  quelle  finit  chaque  climat. 


(l)  La  dr'nominalion  de  l'Acadctnic  nous  parait  préférable. 


SIGNES    niVEUS.    ASTRONOMIE. 


ofi! 


CLIMATS 

Où  les  plus  grands  jours  diffèrent  entre 
eux  d'une  demi-heure. 


DUUÉE 

LATITUDE 

CLIMATS. 

sous  le 

long  )oui' 
paiallclc 

du  par 

allèle  le 

le  pluséleTO. 

]>lus 

élovc. 

l"- 

12  I 

.  30  m. 

8" 

3V 

2e 

13 

0 

16 

44 

;5e 

13 

30 

21 

12 

li' 

14 

0 

30 

48 

5" 

1/i 

30 

3G 

SI 

6» 

15 

0 

ai 

23 

7e 

15 

30 

li5 

32 

S" 

16 

0 

49 

2 

9« 

16 

30 

52 

0 

dO» 

17 

0 

54 

30 

11" 

17 

30 

56 

38 

12-= 

18 

0 

58 

27 

13' 

18 

30 

60 

0 

H" 

19 

0 

61 

19 

Ib- 

19 

30 

62 

26 

16» 

20 

0 

63 

23 

17« 

20 

30 

64 

10 

18« 

21 

0 

64 

50 

19» 

21 

30 

65 

22 

20= 

22 

0 

65 

48 

21« 

22 

30 

66 

7 

22« 

23 

0 

66 

21 

23e 

23 

30 

66 

29 

24" 

24 

0 

66 

32 

Où  tes  plus  grands  Jours  diffèrent 
d'un  mois. 


1   mois. 


67" 

23 

69 

50 

73 

39 

78 

31 

84 

5 

90 

0 

Jour  solaire ,  Le  temps  que  le  soleil  em- 
ploie ,  par  le  mouvement  diurne  de  la 
terre  ,  pour  revenir  au  même  méridien. 
La  longueur  de  ce  jour  varie.  La  terre 
avançant  plus  rapidement  dans  l'éclipli- 
que  ,  vers  son  périhélie,  le  soleil  parait 
alors  un  peu  plus  tard  au  méridien  ,  et  le 
jour  dure  plus  de  vingt-quatre  heures.  Vers 
l'aphélie,  au  contraire,  la   maiche  de   la 


terre  dans  l'écliptique  étant  plus  lente,  le 
jour  dure  un  pen  moins  de  24  heures. 

Jour  sidéral.  Le  temps  de  la  révolution 
de  la  terre  ,  d'une  étoile  à  l'autre  ,  pai-  son 
mouvement  diurne.  Le  jour  sidéral  ne  dure 
que  vingt-trois  heures  cinquante-six  minu- 
tes; et  cette  durée  ne  varie  point.  La  même 
cause  qui  fait  r(;tarder  chaque  jour  de  51 
minutes  le  passage  de  la  lune  au  méridien 
retarde  celui  du  soleil  de  4  minutes  en- 
viron. C'est  pour  cela  que  nous  comptons 
dans  l'année  365  jours  j  d'ajjrès  le  soleil  , 
et  366  ^  d'après  les  étoiles. 

Jour  astronomique ,  L'espace  de  tiiigt-quatre  heures 
solaires  iiiojennes,  compté  d'un  midi  à  l'autre. 

Jour  civil,  L'espace  de  vinpt-quatre  heures.  Il  se 
prend  chez  nous  d'un  minuit  à  l'autre.  Chez  les  Juifs  le 
jour  civil  commence  le  soir,  heu  Italiens  modernes  suivent 
la  même  coutume  que  les  Juifs.  LesChaldécns  le  com- 
mençaient au  lever  du  soleil. 

Jours  complémentaires  ,  s'est  dit  dans  le 
calendrier  répuhlicain  decinqousi.v  jours 
que  l'on  comptait  à  la  fin  de  l'année,  pour 
compléter  le  nombre  de  365  ou  366  jours, 
les  mois  de  ce  calendrier  n'étant  chacun 
que  de  30  jours. 

Jour  a  plusieurs  autres  significations. 

JUBILÉ,  s.  m.  (  En  latin  jubilœum,  de  l'héhreu  fôliel, 
son  de  la  trompette;  parce  que  c'était  au  son  de  la  trom- 
pette que  s'annonçait  chez  les  Juifs  l'ouverture  du  jubilé.  ) 
Solennité  publique  qui  se  célébrait  de  cinquante  ans  en 
cinquante  ans,  et  lors  de  la  quelle  toutes  sortes  de  dettes 
étaient  remises,  tous  les  héritages  restitués  aux  anciens 
propriétaires,  et  tous  les  esclaves  rendus  à  la  liberté. 
L'année  du  jubilé,  les  Juifs  ne  vendaient  pus  leurs  biens  et 
leurs  terres  à  perpétuité,  mais  seulement  jusqu'il  l'année  du 
jubilé.  On  d  it  aussi  année  jubilaire. 

— Indulgence  plénicie,  solennelle,  et  générale,  accordée 
par  le  pape  en  certains  temps  et  en  certaines  occasions. 
le  grand  jubilé.  Jubilé  universel,  la  bulle  du  jubilé.  Rece- 
voir, pullifr,  ouvrir  le  jubilé.  Les  stations,  les  prières  du  ju- 
bilé. Gagner  le  jubilé,  le  grand  jubilé  n  'était  autrefois  que  de 
cent  ans  en  cent  ans;  il  fut  em-uite  de  cinquante  ans  en  cin- 
quante ans  ;  il  est  maintenant  de  vingt-cinq  ans  en  vingt-cinq 
ans.  les  papes  donnaient  communément  un  jubilé  extraordi- 
naire ù  leur  avènement.  (  Acad.  ) 

Faire  son  jubilé.  Faire  toutes  les  pratiques  de  dévotion 
ordoiméus  par  la  bulle  du  jubilé. 

Fani. ,  Faire  jubilé.  Brouiller  le  jeu  de  manière  qu'il 
n'y  ait  ni  perdants  ni  gagnants. 

Adjectiv.,  Chanoine,  docteur  jubilé  ou  jubilaire.  Qui  a 
cinquante  ans  de  profession,  de  service,  de  doctorat. 

Junon.  s.  f.  Planète  qui  est  entre  Testa 
et  Cérès.  Voyez  le  Tableau  des  pi.anètfs. 

Jupiter,  s.  m.  Planète  qui  est  entre 
Pallas  et  Saliirne.  Quand  Jupiter  est  en 
conjonlion  avec  Saturne.  Jupiter  est  la  plus 
grosse  des  planètes.  Voyez  le  Tableau.  Les 
satellites  de  Jupiter.  Les  bandes  do  Jupiter. 
Les  taches  de  Jupiter.  Jupiter  est  fort  bril- 
lant à  l'œil  nu  et  offre  un  beau  spectacle  dans 
une  lunette.  La  planète  de  Jupiter. 


ï.  li. 


71 


502  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES 

Planète  de  Jupiter. 


Iiatitude.  s.  f.  (  En  lalin  laliludo  ,  de 
latns,  large.  )  Hauteur  du  pôle  sur  l'hoii- 
zon,  ou  dislauce  d'un  lieu  à  l'équateur  , 
mesurée  en  degrés  sur  le  méridien.  Lali- 
tiidc  nord.  LalUnde  sud.  Lalitudc  boréale  on 
scplcnlrionalc.  Latitude  australe  ou  méridio- 
nale. Paris  est  à  l\S°,  50',  ià",  de  latitude 
nord.  On  peut  aisément  reconnaître  la  la- 
titude nord  d'un  lieu  par  l'inspection  de 
l'étoile  polaire,  située  au  zcnilL  du  pôle 
nord,  et  à  peu  près  immobile  dans  le  ciel. 
Quand  on  est  à  l'équateur  .  on  la  voit  à 
riiorizon.  Elle  s'élève  à  mesure  qu'on  s'a- 
vance vers  le  nord,  de  sorte  qu'on  la  volt 
à  dix  ,  à  vingt ,  à  trente  degrés  de  hauteur 
lorsqu'on  est  a  dix  ,  à  vingt  ,  à  trente  de- 
grés de  latitude,  et  ainsi  de  suite. 

Latitude ,  en  général ,  L'angle  qui  fait  , 
avec  un  plan  parallèle  à  l'écliptique  ,  la 
ligne  droite  qui  passe  par  un  astre  et  par 
un  centre  donné  sur  ce  plan.  Latitude  f^éo- 
centriqucj  Distance  d'un  astre,  ou  de  la 
terre  ,  au  plan  de  l'écliplique.  Latitude  lié- 
tiocentriquc  ,  Distance  d'un  astre  telle 
qu'elle  serait,  si  l'observateur  était  placé 
au  centre  du  soleil.  Latitude  de  Sirius. 

Latitude  se  dit  ,  par  extension  ,  des  dif- 
férents climats,  considérés  par  rapport  à 
leur  température.  A  la  différence  des  ani- 
maux,  l'homme  peut  vivre  sous  les  latitudes 
les  plus  opposées.  ^"V  oyez  Longitude. 

Figurément ,  Etendue  ,  extension.  Don- 
ner trop  de  latitude. 

Sievant.  s.  m.  L'orient ,  relativement  au 
lieu  où  l'on  est;  la  partie  de  l'horizon  où  le  so- 
leil se  lève.  Du  levant  au  couchant.  Entre  le 
levant  et  le  midi.  L'Autriche  est  au  levant  de 
laFrance.  Le  Levant  d'été,  Le  jxùntoùle  so- 
leil se  lève  sur  notre  horizon  au  solstice  d'été. 
Le  levant  d'hiver.  Celui  où  il  se  lève  au 
solstice  d'hivei'. —  Les  régions  qui  sont ,  à 
notre  égard,  du  côté  où  le  soleil  se  lève  , 
comme  la  Tuiquie ,  la  Perse  ,  l'Asie  Mi 


neure  ,  la  Syrie  ,  etc.  Les  peuples ,  les  mar- 
chandises du  Levant.  Le  rnnnnercc  du  Le- 
vant. iMuroi/uin,  cafetière  ,  bouilloire  du  Le- 
vant. Coque  du  Levant,  Fruit  d'un  arbre 
des  Indes,  d'un  brun  noiiâtre  et  de  la 
grosseur  d'tni  pois,  qui  a  la  propriété  d'eni- 
vrer les  poissons,  de  manière  qu'on  peut 
les  pêcher  à  la  main.  Les  échelles  du  Le- 
vant ,  Les  places  de  commerce  dans  les 
mers  du  Levant.  Trafiquer  dans  les  échelles 

du  Levant.  La  mer  du  Levant.  La  mer Mùdi terrante 
au  dtlii  des  iles  Ioniennes.  L'escadre  duLcuanl ,  La  flotte 
qui  stationne  en  (Jréce. 

LEVANTIN,  INE.  adj.  Natif  des  pays  du  Levant.  Le$ 
peuples  levantins,  tes  nations  levantines.  Substantir.,  les 
Levantins  ,  C'est  un  Levantin. 

Liibration.  s.  f.  (En  latin  libralio ,  de 
librare  ,  balancer.  )  Balancement  ,  oscilla- 
tion apparente  de  la  lune  autour  de  son 
axe  ,  mouvement  par  le  quel  elle  nous  ca- 
che et  nous  découvre  alternativement  une 
partie  de  sa  surface. C'est  la  Ubration  diurne. 
Libration  en  latitude.  Celle  qui  a  pour 
effet  de  nous  rendre  visibles  alternative- 
ment les  parties  de  la  surface  lunaire  voi- 
sines des  pôles.  Elle  est  occasionnée  par 
l'Inclinaison  de  l'axe  de  la  lune  sur  l'éclip- 
tique. La  libration  en  longitude ,  la  plus 
grande  de  tontes,  resuite  de  ce  que  le 
mouvement  de  rotation  de  la  lune  sur  son 
axe  est  uniforme,  tandis  que  celui  de  sa 
révolutitm  autour  de  la  terre  ne  l'est  pas. 
Ces  deux  deiniéres  libiatitms  ont  été  dé- 
couvertes l'une  par  Galilée,  l'autre  par 
llévélius  et  Kiccioli. 

Siigne  équinoxiale  ,  ou  simplement  , 
£>igne  ,  équateur.  T^cs  peuples  qui  vivent 
sous  la  ligne.  Au  delà  de  la  ligne.  Les  lati- 
tudes commencent  à  se  compter  de  la  ligne. 
Passer  ,  couper  lu  ligne.  Traverser  l'équa- 
teur et  passer  d'im  hémisphère  à  l'autre, 
d'une  latitude  nord  à  tme  latitude  sud  ,  et 
réciproquement. 

Ligne  méridienne.  Voyez  Méridien,  enke. 
Xiigne  des  apsides ,  Le  giand  axe  de 
l'orbite  d'une  planète  ,  la  quelle  passe  par 
les  points  apogée  et  périgée  ou  apiiélie  et 
périhélie  de  cette  orbite.  Ligne  des  sygy- 
gies  ,  Celle  qui  passe  par  les  centres  du  so- 
leil ,  de  la  terre,  et  de  la  lime,  lorsque 
celle-ci  est  en  conjonction  ou  en  opposi- 
tion. Ligne  des  nœuds.  Celle  par  la  quelle 
le  plan  de  l'orbite  d'une  planète  coupe 
celui  de  l'écliptique. 

Ligne  de  foi ,  Celle  qui  passe  parle  cen- 
tre d'un  instrument  circulaire  et  par  le 
point  extrême  de  l'alidade  qui  répond  à 


SIGNES    DIVEUS.    ASTllONOMIE. 


565 


une  division  du  limbe.  La  ligne  de  fvi  re- 
présente le  rayon  mobile  et  mall\cmatl<]ue 
(U  l'instrument. 

Iiongïtude.  s.  f.  (En  lalin  longitiulo ,  de 
longiis,  long.)  Distance  d'un  lien  quelcon- 
que à  un  preniierniéiidien  ,  c'est  à  dire  , 
à  un  méridien  convenu.  Cette  distance  se 
mesure  par  l'arc  de  l'éqnateur  compris  en- 
tre le  méiidien  du  lieu  et  le  méridien 
convenu.  La  longitude  est  orientale  ou 
occidentale ,  suivant  que  le  lieu  dont  on 
cherche  la  longitude  est  à  l'orient  ou  à 
l'occident  du  méridien  convenu.  Voyez 
RlÉaiDiEN.  La  longitude  se  compte  depuis 
0  jusqu'à  180  degrés  ,  à  la  diU'érence  de  la 
latitude  ,  qui  ne  se  compte  que  jusqu'à  90 
degrés.  Prendre  des  longitudes.  La  ville  de 
Lucerne  est  à  peu  prés  à  A7  degrés  de 
latitude  nord,  et  à  GÔ  de  longitude  orien- 
tale: c'est  à  dire  qu'elle  est  sur  le  parallèle 
qui  passe  à  kl  degrés  au  nord  de  l'équateur, 
et  à  l'endroit  où  ce  parallèle  coupe  le  méri- 
dien qui  est  à  60  degrés  à  l'orient  du  mé- 
ridien de  Paris.  Voyez  Parallèle. 

Voici  comment  on  détermine  la  longi- 
tude d'un  lieu.  Puisque  le  sohîil  parcourt 
S60  degrés  en  24  heures  ,  conséquemment 
il  en  parcourt  15  en  une  heure  et  un  en 
4  minutes.  De  celte  manière,  lorsqu'il  est 
midi  à  Paris ,  il  n'est  que  onze  heures  dans 
un  endroit  plus  occidental  de  15  degrés, 
tandis  qu'il  est  déjà  1  heure  sur  un  méri- 
dien de  15  degrés  plus  à  l'est.  C'est  ce  qui 
détermine  la  longitude.  Eu  effet,  si  l'on  voit 
par  une  éclipse ,  ou  par  une  montre  marine 
qui  ne  varie  pas  ,  qu'il  est  8  heures  du 
malin  à  Paris  ,  tandis  qu'il  est  midi  et  18 
minutes  dans  le  lieu  où  l'on  est  ,  c'est  à 
dire  II  heures  et  18  minutes  de  plus,  en 
multipliant  le  nombre  des  heures  par  15 
(  4  fois  15  =  60),  et  en  divisant  par  4  celui 
des  minutes  (en  18  combien  de  l'ois  4  ? 
4  1/2)  on  verra  que  ce  lieu  est  à  64  degrés 
et  demi  de  longitude  orientale.  La  longi- 
tude serait  occidentale  ,  si  l'heure  y  était 
moins  avancée  qu'à  Paris. 

Lorsqu'il  est  midi  à  Paris  ,  il  est  1  heure 
à  Vienne,  plus  de  3  heuies  à  Ispahan  . 
7  heures  du  soir  à  Pékin  ,  minuit  dauj  la 
Nouvelle-Zélande.  Cela  doit  être  ainsi, 
puisque  ^  icnne  est  à  1  5  degrés  plus  à  l'est 
que  Paris  ,  Ispahan  à  50  ,  Pékin  à  HO ,  et 
la  Nouvelle-Zélande  à  180. 

Longitude,  La  distance,  en  degrés,  qui 
existe  entre  un  astre  ra[)poilé  a  l'éclipti- 
que,  et  le  point  équinoxial  du  printemps; 


l'arc  de  l'écliptique  compris  entre  le  point 
équinoxial  du  printemps  et  l'endroit  de 
l'écliptique  au  quel  un  astre  répond  per- 
pendiculairement. Longitude  gèocentrique. 
Le  point  de  l'écliptique  au  quel  répond 
perpendiculairement  le  centre  d'une  pla- 
nète vue  de  la  terre.  Longitude  héliocen- 
tri<iuc  ,  Celui  au  quel  répondrait  le  centre 
d'une  planète  ,  si  elle  était  vue  du  soleil. 

£iutnière.  s.  f.  (En  latin  lumen.)  Ce 
qui  éclaire  ,  et  qui  rend  les  objets  visibles. 
Qu'est-ce  que  la  lumière  ?  Newton  répond 
que  la  lumière  est  un  fluide  infiniment 
subtil  qui  émane  des  corps  lumineux.  C'est 
ce  qu'on  appelé  système  de  l'émission.  A 
leur  tour  Uuyghens  et  Descartes  disent 
que  la  lumière  est  un  étiier  subtil  répandu 
dans  l'espace  et  ne  manifestant  sa  présence 
que  lorsqu'il  entre  en  vibration.  Selon  ces 
grands  philosophes,  ce  mouvement  de  vi- 
bration serait  donné  à  l'éther  subtil  par 
les  corps  lumineux  ,  et  se  transmettrait  de 
proche  en  proche,  en  donnant  lien  à  une 
série  d'ondulations  ou  ondes  lumineuses 
semblables  aux  ondes  sonores.  C'est  le 
système  des  ondulations.  Celui  de  rémission 
est  presque  abandonné  aujourd'hui.  En 
attendant  mieux  ,  on  est  aujourd'hui  pour 
Descartes  contre  Newton.  O  science  hu- 
maine ,  que  tu  es  bornée  I  Ce  que  c'est 
que  la  lumière  ,  ce  que  c'est  que  le  monde, 
ce  que  c'est  que  Dieu,  û  philosophes,  ce 
n'est  pas  votre  science  qui  vous  l'appren- 
dra. De  la  science  !  allez  !  il  y  eu  a  plus 
dans  ce  seul  mot  :  —  amour,  —  qu'au  fond 
de  tous  vos  systèmes.  La  poésie  est  fille  de 
l'amour,  et  les  étoiles  révèlent  plus  de  cho- 
ses aux  yeux  du  poète  qu'à  toutes  vos  ma- 
chines de  verre.  Les  étoiles  se  rient  de  vos 
lunettes,  mais  elles  ont  pour  le  poète  un 
langage  mystérieux  et  sublime  que  lui  seul 
comprend,  et  qu'il  peut  seul  vous  traduire. 
Malheur  à  vous  qui,  tout  entiers  à  la  pour- 
suite de  vos  chimères  ,  n'avez  point  d'o- 
reilles pour  entendre  sa  voix  divine! 

Revenons  à  ce  qu'il  y  a  de  positif  dans 
la  science  des  astronomes.  Ils  ne  s'enten- 
dent pas  sur  la  nature  de  la  lumière  ;  mais 
ils  savent  que  deux  et  deux  font  quatre. 
C'est  pourquoi  ils  ont  pu  calculer  que  le 
soleil  est  à  34  millions  de  lieues  de  la  terre; 
que  la  lumière  nous  arrive  en  ligne  droite 
du  soleil ,  qui  est  le  corps  lumineux  par 
excellence  ,  en  8  minutes  13  secondes  ;  et 
qu'elle  parcourt  en  une  seconde  68,965 
lieues.  Du  moins  est-ce  là  ce  qu'on  m'a 


oCï 


Cl.EF    I»E  LA  LA.NCiUE  ET  DES  SCIENCES. 


appris  au  cullcgc.  Mais  voilà  que  depuis 
lois  j'ai  lu  dans  uu  certain  RI.  Rœmer  que 
la  distance  moyenne  de  la  terre  au  soleil 
est  de  38  millions  de  lieues,  et  que  la  lu- 
mière ne  parcourt  que  57,000  lieues  ou 
310,200  kilomètres  par  seconde.  Évidem- 
ment 57.000  est  une  faute  d'impression. 
C'est  75,000  qu'il  faut  lire.  Encore  le  cal- 
cul n'cst-il  qu'approximatif;  car  38.000,000 
divisé  par  8  minutes  13  secondes,  c'est  à 
dire,  par  493  secondes,  donne  au  quotient 
77.079,  nombre  qui,  multiplié  par4W4  m, 
l^^  c,  valeur  de  la  lieue  française  ,  forme 
un  produit  de  342,572,990  m.,  lequel ,  di- 
visé à  son  four  parlOOO  m.,  valeur  du  kil., 
fait  bien  3/i2,572  kilom.  75,000  lieues 
en  feraient  toujours  333,333.  En  venant 
frapper  les  différents  corps  delà  nature, 
la  lumière  produits  des  eflets  différents  qui 
ont  fait  donner  à  ces  corps  des  noms  par- 
ticuliers. Ainsi  on  appelé  cor/)*  dlaplianes  ou 
transparents,  ceux  qui  transmettent  abon- 
damment la  lumière,  translucides  ,  ceux 
qui  ne  laissent  passer  que  quelques  rayons 
(1),  cX  opaques,  ceux  qui  n'en  laissjnt  point 
passer  du  tout.  La  lumière  se  meut  en  li- 
gne droite  ,  dans  les  milieux  homogènes  , 
mais  si  elle  passe  d'un  milieu  dans  un  au- 
tre de  densité  différente,  elle  éprouve  une 
déviation  qu'on  appelé  réfraction.  Le  cré- 
puscule est  dû  à  la  réfraction.  La  brisure 
apparente  que  présente  un  bâton  plongé 
dans  l'eau  est  encore  x;n  effet  de  la  réfrac- 
tion.Ce  qu'on  nomme  reflexion  de  la  lumière 
est  le  rejaillissement  des  rayons  lumineux 
opérée  parla  rencontre  d'une  surface  polie. 
11  est  bon  d'observer  en  passant ,  1"  que  le 
rayon  incident  et  le  rayon  réfléchi  sont 
toujours  dans  un  même  plan  perpendicu- 
laire .T  la  surface  réfléchissante; — 2°  que 
l'angle  de  réflexion  est  toujours  égal  à  l'an- 
gle d'incidence.  Lalumiére  qui,  lorsqu'elle 
éclaire  les  divers  objetsplacés  devant  nous, 
semble  se  présenter  comme  composée  de 
faisceaux  simples  et  identiques  n'est  pour- 
tant pas  homogène.  Le  prisme  la  décom- 
pose en  une  infinité  de  nuances  ,  parmi 
les  quelles  on  distingue  sept  couleurs  prin- 
cipales qui  se  succèdent  par  des  transitions 
insensibles  et  dans  l'ordre  qui  suit  ,  en  al- 
lant de  haut  en  bas  :  violet ,  indigo  ,  bleu  , 
vert,  jaune,  orange,  rouge.  Cet  effet  s'ap- 
pèle  dispersion.  Le  phénomène  curieux  au 
quel  on  donne  le  nom  d'arc-cn-clel  est  abso- 


lumenlidenlique  a(is|)eclre  solaire  produit 
par  le  prisme,  et  occasionné  de  la  même 
manière  par  les  réfractions  et  réflexions 
successives  des  rayons  du  soleil  dans  les 
globules  d'eau  qui  constituent  le  nuage.  La 
lune  peut  aussi  ,  par  les  mêmes  causes  , 
produire  des  arc-en-ciels.  Le  soleil  envoyant 
partout  la  même  lumière,  pourquoi  les  co- 
lorations sont-elles  variées  ?  Cela  vient  de 
ce  que  lescorpsdécomposentla  lumière,  en 
absorbent  une  partie,  réfléchissent  l'autre, 
et  que  nous  attribuons  à  chacun  la  couleur 
des  rayons  simples  qu'il  renvoie  à  nos 
yeux.  Ainsi  un  corps  rouge  est  un  corps 
qui  a  la  propriété  d'absorber  tous  les  rayons 
colorés  qui  composent  la  lumière  ,  excepté 
le  rouge  ,  qu'il  réflècliit.  Les  corps  noirs 
sont  ceux  qui  absorbent  tous  les  rayons 
lumineux  ,  et  les  corps  blancs  ,  ceux  qui 
les  réfléchissent  tous.  Il  faut  bien  que  cela 
soit  ainsi  ,  puisqu'on  ne  voit  pas  comment 
cela  pourrait  être  autrement.  Privés  de  lu- 
mière ,  les  végétaux  s'étiolent ,  et  les  ani- 
maux éprouvent  des  phénomènes  analo- 
gues. C'est  elle  qui  entretient  la  pureté  de 
l'air  en  absorbant  la  plus  grande  partie 
du  gaz  acide  carbonique  que  rejètent  les 
animaux.  L'influence  de  la  lumière  est 
grande  aussi  sur  l'espèce  humaine.  Les  in- 
dividus qui  en  sont  privés  deviennent  chlo- 
rotiques  ,  et  s'étiolent,  pour  ainsi  dire, 
comme  les  plantes.  Dieu  dit  :  «  Que  la  lu- 
mière soit ,  a  et  la  lumière  fut.  Grande  lu- 
mière. Lumièreèclatante,  vive,  pure,  éblouis- 
sante. Lumière  douce,  faible,  pâle,  blafarde. 
L'éclat  de  la  lumière.  La  refraction  de  la 
lumière.  La  réflexion,  la  réverbération  de  ta 
lumière.  Lumière  directe,  réfléchie,  La  lu- 
mière du  soleil,  du  jour  ,  des  deux.  Le  so- 
leil donne  la  lumière  au  monde.  La  lumière 
zodiacale.  La  lumière  d'un  flambeau,  d'une 
lampe. 

Lumière^  se  dit  absoluniciU  pour  lîoupie  ,  Cbandelle  , 
Lampe  allumée.  Apportei-nous  de  la  lumière.  La  salle  était 
éclairée  d'un  grand  nombre  de  lumières. 

Dans  le  slyîe  de  l'Ecriture,  Anges  de  tumïèrc,  enfanisde 
lumière,  se  dit  par  opposition  à  Anges  de  ténèbres,  enfants 
de  ténèbres. 

Stvle  classique,  Comîuenrcr  ii  voir  la  lumière,  la  lumière 
du  your,Naître.  Jouir  de  la  /umtère, Vivre.  Perdre  la  lumière, 
être  jirivé  de  la  lumière  ,  Mourir,  être  mort.  — Il  a  perdu 
la  lumière  ,  //  est  privé  de  ta  lumière  ,  de  la  Uninère  du  jour. 
Il  est  devenu  aveugle.  — ■'Mettre  un  iivre  ,  un  ouvrage  en 
lumière ,  Le  publier ,  Mettre  une  vérité  en  lumière,  La  dé- 
montrer et  la  répandre. 

Lumière,  en  Peinture,  EiTtts  de  la  lumière  imités  dans 
un  tableau.  Belle  disirihution  de  lumière.  Belle  économie, 
belle  intelligenre  de  lumière.    XJn  bel  effet  de  lumière.   Le 


(i)  L'AcaJcinie  n'admet  point  de  corps  traiislucic 


SIGNES  DIVERS.  ASTROJiOMlE. 


Î)C5 


clair-eb.irur  est  la  jtult  dhliibulit/ii  des  omtires  et  lU  la  lu- 
miàie.  Entendre  bien  les  lumières.  Les  luruicres  sont  bien  en- 
tendues, bien  ménagées  dans  ee  tableau. 

—  L'ouTerture,  le  petit  liou  par  où  l'on  met  le  feu  à 
un  canon,  à  un  fusil.  Dans  les  instruments  de  matliénia- 
tiques  àpinnules,  Le  petit  trou  à  traTcrs  le  quel  on  aper- 
çoit l'objet  observé. — En  ternies  de  facteur  d'orgues.  L'ou- 
verture parla  quelle  le  "?ent  entre  dans  un  tuyau. 

En  termes  de  Marine,  Lumière  de  la  powpe,  Ouveiturc 
pratiquée  au  corps  de  pompe,  et  parla  quelle  l'eau  sort 
pour  entrer  dans  la  manclie  où  le  tuyau  la  conduit. 

Lumière,  figurément,  et  par  allusion  au  premier  sens. 
Publicité  ou  examen.  Les  fripions,  tes  fourbes,  tes  tjrnns, 
craignent  la  lumière, 

—  Litelligence,  clarté  d'esprit,  on  savoir,  connaissance, 
et  en  généi  al  tout  ce  qui  éclaire  et  guide  l'esprit.  Lumière 
naturelle.  Lumière  acquise.  Défaut  de  lumières.  Cet  homme  a 
peu  de  lumières,  manque  de  lumières.  Il  a  de  graîidcs  lumiè- 
res en  politique.  La  lumière  de  la  foi ,  de  lu  raison,  de  l'ex- 
périence.  Le  progrès  des  lumières.  L^étut  des  lumières. 

—  Eclaircissement,  indice.  Je  n'ai  aucune  lumière  sur 
cette  uffaire.  La  géograpliie  el  l'histoire  se  prêtent  mutuelle- 
ment des  lumières.  (  Acip.) 

—  Homme  d'un  rare  savoir,  d'un  mérite  transcendant 
Saint  Augustin  est  une  des  lumières  de  l'Egli->e. 

(Extrait  de  notre  Grand  Uictionnaire.  ] 

Ziuminaire.  s.  m.  (Du  lalin  lumen,  lu- 
mière. )  Corps  naturel  qui  éclaire.  Il  n'est 
empioj'é  ,  en  ce  sens  ,  que  dans  cette  phrase 
de  l'Écriture:  Dieu  fit  deux  grands  lumi- 
naires, l'un  pour  présider  au  jour  ,  el  l  au- 
tre pour  présidera  la  nuit. 

Xiunaire.  adj.  Qui  appartient  à  la  lune. 
Un  mois ,  une  année  lunaire.  L'année  lunaire 
est  de  trois  cent  cinquante-quatre  Jours  en- 
viron. Cycle  lunaire.  Influences  lunaires.  Al- 
vwspitére  lunaire. Cadran  /i/nnù'O,  Cadran  qui 
marque  les  heures  par  le  moyen  de  la  lune. 

Izunaison.  s.  f.  Le  temps  qui  s'écoule 
depuis  le  commencement  de  la  nouvelle 
Itme  jusqu'à  la  fin  du  dernier  quartier. 
Observer  les  lunaisons.  Toute  cette  lunaison 
a  été  pluvieuse.  (Acad.) 

Iiune.  s.  f.  ^  oyez  page  515. 

Ziunette.  s.  f.  (  De  leur  resscmhlance  , 
])ar  leur  figiire  ronde  ,  à  une  petite  lune. 
Ménage.)  Instrument  composé  d'un  ou  de 
plusieurs  verres,  taillés  de  manière  à  faire 
voir  les  objets  plus  grands  qu'à  l'œil  nu, 
ou  à  rendre  la  vue  plus  nette  et  plus  dis- 
tincte. Son  invention  est  due  à  Jacques 
Mélius,  d'Alcmaër,  en  Hollande  (IGOS). 
Ltineltc  convexe  ,  Limette  qui  grossit  les 
obji:ts.  Lunette  concave.  Lunette  qui  dimi- 
nue les  objets.  Lunette  d'approche ,  lunette 
de  longue  vue  ou  d  longue  vue ,  ou  absolu- 
ment Lunette,  Lunette  qui  grossit  ou  qui 
rapproche  les  objets.  Monter  une  lunette. 
Allonger  ,  raccourcir  une  lunette.  Le  tube 
d'une  lunette.  Le  verre  oculaire  ,  l'oculaire 
d'une  lunette.  Le  verre  qui  est  placé  du 
côté  de  l'œil.  Le  verre  objectif,    l'objeclif 


d'une  lunette  ,  Le  verre  qui  est  tourné  vers 
les  objets.  L'oculaire  de  cette  liinellc  est  dé- 
fectueux. L'objeclif  est  excellent.  Une  lunette 
de  poche.    Une    lunette  de  cinq,   de  qitinse, 
de    vingt    métrés.     Une    lunette    d'un  fort 
grossissemeyil.  Celte  lunette produitun  gros- 
sissement prodigieux.  Elle  rap])roche  beau- 
coup. On  nomme  champ  l'esi^acc  que  l'on 
peut  embrasser  en  regardant  à  travers  ime 
lunette,  et  foyer  l'endroit  où  viennent  se 
rencontrer  les  rayons  lumineux  qui  traver- 
sent l'objectif.  Par  ellipse  on  njipèle  aussi 
cette  espèce  de  htnv.tln Longue-vtie.Lunelte 
achromatique.   Lunette   qui   laisse  voir  les 
objets  sans  couleur  étrangère,  sansiris.L«- 
nelte  d'opéra  ou  lorgnclle.  On  aiipéle  lor- 
gnettenne  petite  lunette  d'approche  ,  dont 
on  se  sert  pour  voir  les  objets  peu  éloignés, 
et  lorgnonune  petite  lunette  à  un  seul  verre, 
qu'on  porte  ordinairement  sus[)endiie  à  un 
cordon.  Cette  dernière  se  nomme  encore 
monocle.  Une  bonne    lorgnette  de  spectacle. 
Lorgnette  achromatique.    Les  binocles  sont 
des  lorgnettes  à  double  tube  ,  appelées  aussi 
jumelles.  Binocle  se  dit  aussi  d'une  sorte  de 
longue-vue  ou  detélescope  double,  au  moyen 
du  quel  on  peut  observer  un  objet  éloignti 
avec  les  deux  yeux  en  même  temps,  et  qui 
est  aujourd'hui  peu  employé.  Voyez  Té- 
lescope et  Microscope. 

Lunettes,  au  pluriel,  se  dit  de  deux 
verres  de  lunette  assembles  dans  une  même 
enchàssure  ,  de  manière  à  pouvoir  être 
placés  au  devant  des  deux  yeux.  Une  paire 
de  lunettes.  Il  y  a  de  bonnes ,  de  mauvaises 
lunettes.  Des  lunettes  bien  nettes,  bien 
claires.  Lunettes  vertes,  bleues.  Lunettes  à 
branches.  Étui  d  lunettes.  Les  verres  qu'on 
adapte  aux  lunettes  se  nomment  lentilles, 
parce  qu'ils  sont  taillés  eu  forme  de  len- 
tille, ce  qui  les  rend  propres  à  augmenter 
ou  à  diminuer  la  convergence  naturelle 
des  rayons  lumineux.  Il  y  a  six  principales 
sortes  de  lentilles  :  1°  la  lentille  biconvexe 
^'r-^''''^->x,  loimée  de  deux  surfaces  sphé- 
é    ■.  1  iipies  convexes;  2°  \a  lentille 

"^~_.^.,.^--'  plunconvexe  w|fcy  formée 
par  une  surface  plane  et  ^•^s**^  nnecon- 
vexe;3"  lu  lentille  biconcave  Sts.^^^  foriuée 
de  deux  surfaces  concaves;  ^MS^H  li°]dilcn- 


J  formée  d'une sur- 


tille  planconcavc  Pn,.^^ 

face     plane   et    ^ ^"^^^J'une  concave; 

o^le  ménisque  (1)  '•'"'H'i,;-j,'t?i/W^^__^^  ver- 
re convexe  d'un  cùté  et  con  ^'^^^^  cave 
de   l'autre,    ainsi   nomiué  par   opposition 


'()  Du  grc  iiienisfx'S  ,  oinciiifiil 


.scinl ,  lie  nie  ne  ,  lui 


51)0 


CLEl'  I>E  r.V  LV>Gl'K  ET  DES  SCIENCES. 


au   ménisque  (/ircrgcnt     as.  /ê  On  a-  '' 

daple  aux  lunelli;s  tel  H^ju^?'  ou  tel 
verre  selon  la  vue  h  la  quclli;  elles  sont 
destinées.  Les  do^rés  de  force  des  lunettes 
se  marquent  par  des  7uniicros.  Les  lu- 
nettes concaiesoit àvcrrcs convcr/^'ents  serrent 
aux.  myopes,  et  les  lunettes  contexes  ou  à 
verres  dircr^cnis  aux  presbytes.  Des  lunet- 
tes de  différents  âges.  Prendre,  'porter  des 
lunettes.  Se  servir  de  lunettes.  Mettre  des 
lunettes.  En  ce  sens  on  dit  encore,  fainiliè- 
renienl ,  besicles.  Avoir  toujours  des  besicles 
iur  le  nez.  On  nomme  conserves  une  sorte 
de  lunettes  propres  à  conserver  la  vue. 

Prov.  utiig.,  Chacun  voit  arec  ses  lunettes,  h  traders  ses 
lunettes.  Chacun  a  sa  niaiiicre  de  voir,  de  penser;  cha- 
cun jupe  des  choses  suivant  ses  goûts,  scsintérêls,  ses  pré- 
jugés. Il  n'a  pas  de  bonnes  hnteltes  ,  il  omisses  lunettes  de 
travers,  ses  lunettes  sont  troubles,  se  (litfig.  et  l'am.  ,  Dans 
le  style  classique,  de  quelques  maîtres  de  langue  qui 
n'admirent  pas  Victor  Ilngo  ;  de  quelques  critiques  qui 
nient  la  lumière  de  la  poésie,  comme  les  aveugles  nient  le 
soleil;  de  quelques  journaux  qui  traitent  d'insensés  et  de 
mauvais  citoyens  tous  les  hommes  d'un  cœur  trop  géné- 
reux. On  dit  dans  le  même  sens,  Prenez  vos  besicles,  vous 
n'avez  pas  bien  mis  vos  besicles,  Vous  ne  voyez  pas  clair 
dans  ce  que  vous  dites;  la  passion,  l'intérêt,  le  préjugé 
Tous  aveugle. 

Lunettes,  par  extension.  Les  petits  ronds  de  feutre 
qu'on  met  dans  les  manèges,  à  côté  des  yeux  des  chevaux 
ombrageux,  pour  les  monter  plus  facilement.  Mais  ce 
n'est  pas  ici  le  lieu  de  suivre  les  mots  dans  toutes  leurs 
acceptions.  (Extrait  de  notre  Grand  Dictionnaire,} 

Magnétisme,  s. m.  (Du  grec  magnes,  ai- 
mant.) Nom  gé-nérique,  qui  se  dit  des  pro- 
priétés de  l'aimant.  Les  effets  du  magné- 
tisme. 

Magnétisme  animal .  ou  simplement  magnétisine ,  Prin- 
cipe spécial  qu'on  indique  comme  la  source  des  actions 
organiques,  le  quel  siège  particulièrement  dans  le  sys- 
tème nerveux  et  se  transmet  d'un  corps  vivant  à  un  autre 
parle  contact,  le  simple  approchement,  ou  l'elfct  d'une 
forte  volonté.  Les  phénomènes  du  magnétisme  sont  en- 
core contestés  par  le  plus  grand  nombre.  Les  découvertes 
dans  la  lune  n'ont  pas  rencontré  tant  d'incrédules, 

—  L'application  des  propriétés  de  ce  fluide  à  l'art  de 
guérir.  L'Académie  royale  de  Médecine  a  refusé  de  l'a- 
dopter comme  moyen  de  guérison.  Elle  a  bien  refusé  d'a- 
dopter l'homœopathie,  cl  cependant  l'homœopathie  fait 
des  merveilles  en  Allemagne. 

L'Académie  définit  assez  niaisement  le  magnétisme , 
a  Une  doctrine  dont  les  partisans  croient  qu'on  peut  pro- 
duire sur  le  corps  humain,  par  des  attouchements  ou  par 
certains  mouvements,  des  impressions  propres  à  guérir 
les  maladies,  n 

SXaison.  s.  f.  T.  d'Astrologie.  Les  douze 
maisojis  du  soleil ,  Les  douze  signes  du  zo- 
diaque. 

Mappemonde,  s.  f.  (Du  latin  mappa, 
nappe,  linge,  par  extension,  carte,  et 
munài ,  du  monde.)  Carte  à  la  fois  hj'dro- 
graphique  el  géographique  représentant 
toutes  les  parties  du  globe  terrestre  divisé 
en  deux  hémisphères  par  un  grand  cercle. 
Grande  map pemonde.  Mappemonde  enlumi- 
née. Pour  concevoir  une  mappemonde  ,  il 
laut  se  représenter  qu'on  a  scié  un  globe 


terrestre  en  diuix  suivant  le  plan  d'iui  mé- 
ridien, et  qu'ensuite  on  a  placé  les  deux 
demi-boules  l'une  à  côté  de  l'autre  ,  et 
présentant  toutes  deux  la  partie  convexe. 

Marbres  d' Arundel  ou  d'Oxford,  Tables 
de  inarbre,  trouvées  à  Paros,  sur  les  quelles 
sont  gravées  les  époques  des  événements 
les  plus  célèbres  de  l'histoire  grecque  de- 
puis Cécrops  ,  fondateur  du  royaume  d'A- 
thènes (1582  avant  J.-C),  jusqu'à  l'ar- 
chonte Diogénète  (2G4  ans  avant  J.-C). 
Ces  marbres,  au  nombre  de  soixante  dix- 
neuf,  tombèrent  d'abord  entre  les  luains 
d'un  savant  français  nommé  Peiresc  ,  de 
qui  les  acheta  l'Anglais  Thomas  Howard, 
duc  de  INorfolk,  comte  d'Arundel  et  de 
Surrey,  qui  lui  donna  son  nom  et  les  mit 
sous  la  tutelle  de  l'université  d'Oxford.  En 
1677  ,  Humfride-Prideaux  en  a  donné 
un  recueil. 

Mars.  s.  m.  Une  des  planètes  de  notre 
système,  la  quatrième  dans  l'ordre  de  leurs 
distances  au  soleil.  Sa  lumière  rougeâtrc  et 
toujours  trouble  indique  la  présence  d'une 
atmosphère.  La  planète  de  Mars.  Mars  en 
conjonction  avec  la  lune.  Voyez  le  Tableau 
des  Planètes  ,  page  51i. 

Mercure,  s.  m.  Très-petite  planète  ,  la 
plus  voisine  du  soleil.  D'après  les  calculs 
des  astronomes  ,  la  température  de  cette 
planète  serait  égale  à  celle  de  l'eau  en 
ébullition  ;  température  diminuée  sans 
doute  par  la  densité  de  l'atmosphère  qui 
l'entoure.  Voyez  le  Tableau  des  Planètes. 

Méridien,  s.  m.  (En  latin  ntcridianus , 
sous-entendu  circulas,  deniéridies,  midi.) 
Grand  ceicle  de  la  sphère  ,  qui  passe  par 
le  zénith  et  le  nadir  et  par  les  pôles  du 
monde;  et  qui  divise  le  globe  terrestre  en 
deux  hémisphères,  l'un  oriental,  l'autre 
occidental.  Chaque  lieu  a  so7i  méridien.  Le 
méridien  de  Paris,  de  Vienne.  Le  passage  du 
soleil  au  méridien  d' un  lieu  marque  le  midi  de 
ce  lieu.  C'est  sur  le  méridien  que  se  compte  la 
latitude  à  partir  de  l'cquateur.  C'est  à  partir 
d'un  méridien  convenu,  appelé  premier  mé- 
ridien, que  l'on  compte  la  longitude  sur  l'é- 
quateur.  Autrefois  on  prenait  pour  premier 
méridien  celui  qui  passe  par  l'île  de  Fer, 
une  des  Canaries,  éloigné  de  vingt  degrés, 
à^l'ouest,  de  celui  de  Paris. 

Méridien  terrestre,  La  section  du  j)lan 
du  méridien  sur  le  plan  de  l'horizon.  C'est 
ce  qti'on  appelé  aussi  méridienne. 

Méridien  magnétique.  Grand  cercle 
qui  passe  par  les  pôles  de  l'aimant  et  dans 
le  plan  duquel  se  dirige  l'aiguille  aimantée. 

Méridienne,   adj.    f.    <^)tii  a  rapport  au- 


SlGiNES    DIVERS.    ASTRONOMIE. 


méridien.  Ombre  méridienne.  Celle  que 
pidjétent  les  objets  saillants  au  moment 
de  midi.  Hauteur  miriilicnne  d'un  uslre  , 
Sa  hauteur  au  dessus  de  1  horizon  ,  au  mo- 
ment où  il  est  daas  le  méridien  du  lieu 
où  on  l'observe.  Ligne  méridienne,  ou 
simplement  i1/énV/(C)i7ic,  Ligne  droite  tirée 
du  nord  au  sud  dans  le  plan  du  méri- 
dien. 11  se  dit  aussi  dune  ligne  tirée  depuis 


lŒétéorique 

météore. 

Météorologie 


Î>(i7 
adj.    Qui    appartient   au 

,    s.   f.   Partie  d(!  la  physi- 


que qui  traite  des  météores  ,  et  des  varia- 
tions de  l'atmosphère. 

Météorologique,  adj.  Qui  concerne  les 
météores  et  les  variations  de  l'atmosphère. 
Observations  météorologique!:,  Observations 
que  t'ont  les  physiciens  sur  tous  les  ciian- 


l'extréniité  la  plus  méridionale  d'un  i)ays    gemenls  qui  s'opèrent  dans  l'atmosphère 
iusqu'à  son  extrémité  la  plus  septenlrio-     pendant  un  temps  déterminé.   Tables  mé- 
téorologiques ,   Tables  où  ces  observations 


jusqu'à  son  extrémité  la  plus  sep 

nale.  La  ligne  méridienne ,  la  méridienne  de 

la  France. 

Méridienne  ,  Substantivement  ,  Ligne 
qui  est  la  section  du  plan  du  méridien  sur 
un  autre  plan  quelconque,  horizontal,  ver- 
tical, ou  incliné.  Quand  on  en  a  tracé  une 
porticm  sur  le  terrain  (ui  sur  un  plan  fixe  , 
le  point  de  lumière  ou  laligne  d'ombre  qui 
passe  dessus  marque  l'heure  de  midi.  On 
voit  de  semblables  méridiennes,  à  Paris, 
à  l'Observatoire  et  à  l'église  Saint-Suipice. 

MERIDIENNE  ,  s.  f.  Le  som:neil  au  quel  les  Laljitaiils 
des  pays  cliauds  se  livrent  oïdinairement  vers  l'heure  de 
midi.  La  méridienne  est  d'un  usage  général  en  Espagne  et  en 
Italie,  (  AuAD.}  Faire  ta  méridienne*  «  Ce  sont  les  médecins 
qui  ont  reconimaudé  expressément  la  mériilienne.  Ce  sont 
eux  qui  disent  encore  expressément  aux  Espagnols:  Dor- 
mez souvent ,  dormez  long-temps.  Ce  sont  eux  qui  assurent 
que  Galien,  qu'IIippocrate,  se  coucliaient  après  dîner,  et 
qu'alors Esculapc  lui-même  dormait  une  heure  ou  deux. 
On  sait  qu'Auguste  faisait  la  méridienne  ;  mais  on  sait 
aussi  qu'Auguste  dînait  fort  tard,  qu'il  tenait  table  fort 
lon^-temps,  et  qu'au  dessert,  absolument  ivre  et  inca- 
pable d'articuler  un  sou,  incapable  de  distinguer  ses 
plats,  son  assiette,  son  couteau,  son  verre,  ses  convives, 
Auguste  avaitraison  d'aller  se  coucher.  M.  Tissotvcutque 
ceux  qui  dînent  à  midi,  qui  raanpentvite,  qui  ne  mâchent 
point,  qui  ne  boivent  guère,  se  promènent  ou  dansent  en 
sortant  de  table.  «Dormons,  dormons  très-peu  ,  vivons 
«toute  notre  vie,  et,  sur  li-ois  semaines  que  nous  avons  à 
1)  \ivre,  ne  soyons  pas  morts  pendant  quinze  jours.» 

_  (  Marciuis  Dh  Langle.  Poyage  en  Espagne.  ) 

Méridional,  aie.  adj.  Qui  est  du  côté 
du  midi.  Le  pôle  méridional.  L'Amérique 
méridionale.  Distance  méridionale ,  La  dif- 
férence de  longitudeenlre  le  méridien  sous 
lequel  un  vaisseau  se  trouve  et  celui  d'où  il 
est  parti.  Cadran  méridional,  Voy.  Cadran. 
Météore,  s.  m.  (Du  grec  meteoros , 
haut,  élevé  ,  fait  de  meta,  au  dessus,  et 
aeirô,  j'élève.)  Phénomène  atmosphérique. 
Mé'cores  aqueux.  Les  brouillards  ,  les  nua- 
ges ,  la  pluie  ,  la  neige,  la  rosée,  le  givre, 
la  grêle,  les  tempêtt:s,  l(;s  trombes.  Mé- 
téores ignés  ou  aériens ,  La  foudre,  le  feu 
Saint-Elme,  les  aurores  boréales  ,  les  étoi- 
les tombantes,  etc.  Météores  lumineux, 
L'arc-en-ciel,  les  parhélies,  etc.  La  science 
qui  s'occupe  des  météores  a  reçu  le  nom 
de  météorologie.  Voyez  ce  mot. 

Fig.,    Ce  conquérant   fut    un    météore   ijui  rpowarta  Ir 
monde.  ;  A' AU.  i 


sont  inscrites.  Lislrumenls  météorologiques, 
Instruments  destinés  à  ces  observations  , 
tels  que  les  thermomètres  ,  les  hygromè- 
tres ,  les  baromètres  ,  etc. 

Micromètre,  s.  m.  (  Du  grec  mikros  , 
petit,  et  mélron,  mesure.).  Appareil  qu'on 
adapte  aux  limettes,  jjour  mesurer  ,  dans 
les  cieux,  avec  une  très-grande  précision  , 
de  petites  distances  et  de  petites  gran- 
deurs. Il  est  composé  de  deux  fils  paral- 
lèles mobiles  et  d'un  fil  perpendiculaire. 

Microscope,  s.  m.  (Du  grec  mikros,  et 
skopéû ,  j'observe).  Instrument  d'optique 
dont  on  se  sert  pour  grossir  à  la  vue  les  pe- 
tits objets.  Microscope  simple.  Celui  qui 
n'a  qu'une  lentille  ,  sans  autre  verre.  Mi- 
croscope composé.  Celui  qui  est  garni  d'un 
corps  de  métal  renfermant  trois  verres 
convexes  placés  à  diverses  dislances  les  uns 
des  autres  :  l'oculaire  en  haut ,  Vabjcctifun 
milieu,  et  le  verre  lenticulaire  au  fond  du 
tube  de  métal. 

Microscope  solaire  ,  Sorte  de  microscope 
qui  fait  voir,  en  grand  ,  dans  une  chambre 
obscure,  les  images  de  très-petits  objets, 
vivement  éclairés  par  le  soleil. 

Mobile  (  premier  ) ,  Le  ciel  que  les  an- 
ciens astronomes  supposaient  envelopper 
et  faire  mouvoirtous  les  autres  cieux. Voyez 
Système  de  Ptolémée. 

Kigurément  ,  Premier  mobile  ,  Personne 
qui  donne  le  mouvement  à  une  affaire  ,  à 
une  association.  Il  était  le  premier  mobile 
de  celte  conjuration. 

Mois.  s. m.  (  Du  latin  mcnsis.)  Une  des 
douze  parties  de  l'année  dont  chacune 
contient  trente  ou  trente  et  un  jtuirs ,  ex- 
cepté la  seconde  (féviier),  qui  est  de 
vingt-huit  jours  seulement  dans  les  années 
ordinaires,  et  de  vingt-neuf  dans  les  an- 
nées bissextiles.  Le  mois  de  janvier,  de  fé- 
vrier,  etc.  Le  premier ,  le  second ,  le  troi- 
sième jour  du  mois  ,  ou  absolument  ,  Le 
premier  ,  le  second  du  mois,  le  deux,  le  trois 
du  mois, Quel  quanlicmcdu  mois  avons-nous? 


rjfis 


CLEF  DE  I.V  LA.NGIE  ET  DES  SCIENCES. 


—  L'espace  de  30  jours  consécnlifs.  Foilà 
annwlsei  demi  </ttc  mon  pauvre  parc  csl  mort. 

Mois  solaire  ,  L'espace  de  leiiips  que  le 
soleil  met  à  parcourir  un  des  signes  du  zo- 
diaqtie.  Mois  lunaire,  L'espace  de  lemps 
qui  s'écoule  d'une  nouvelle  lune  à  l'autre. 

Figurénienl,  iUo/i'  ronuKns,  L'imposition 
qu'on  levait  sur  les  états  de  l'empire  dans 
les  besoins  extraordinaires. 

Prov.  ,  Un  a  tous  les  ans  douze  mois  ,  On 
vieillit  malgré  qu'on  en  ait,  ou  On  vieillit 
sans  s'en  apercevoir. 

Mouvement,  s,  m.  (  Du  latin  movcre , 
mouvoir.)  La  révolution,  la  marche,  réelle 
ou  apparente,  des  corps  célestes.  Mouve- 
ment des  astres.  Mouvement  d'un  globe  au- 
tour de  son  centre.  Mouvement  d'occident  en 
orient  ,  d'orient  en  occident.  Mouvement 
diurne  ou  commun  de  la  terre ,  Celui  qu'elle 
exécute  autour  de  son  axe  en  vingt-quatre 
lieures.  Comment  l'idée  du  mouvement 
diurne  de  la  terre  n'a-t-clle  pas  d'abord 
frappé  tous  les  esprits  ?  Comment  a-t-on 
pu  s'obstiner  si  long-temps  à  croire  la  terre 
immobile  au  centre  de  l'univers?  En  vérité, 
c'est  à  douter  de  la  raison  humaine.  Quoi  ! 
vous  voulez  que  le  soleil ,  qui  est  a  38  mil- 
lions de  lieues  de  la  lei  re  ,  38  millions  de 
lieues  ,  entendez-vous  bien  ?  —  que  les 
étoiles,  ces  autres  snleils,  qui  en  sont  cent 
mille  l'ois  plus  éloignés;  que  l'espace  im- 
mense, infini,  sans  bornes  ,  soit  assujéti 
à  ce  grain  de  sable  imperceptible  où  vous 
vous  taillez  ,  pauvres  vermisseaux  ,  des 
royaumes  et  des  empires  !  Vous  voulez  que 
le  soleil ,  que  les  étoiles  ,  que  le  ciel,  que 
l'univeis  entier  ,  vous  rende  un  hommage 
qui  n'est  dû  qu'à  l'astre  souverain  qui  en- 
gendre la  lumière  et  la  vie  !  Vous  voulez 
que  des  millions  de  milliards  de  monde  se 
meuvent  pour  votre  utilité  et  pour  votre  plai 
sir  avec  une  telle  rapidité  qu'ils  parcourent 
jusqu'à  des  milliards  de  lieues  par  secon- 
de 1  En  vérité,  mes  l'réres,  vous  êtes  bien 
orgueilleux  et  bien  exigeants.  Est-ce  là  ce 
qui  a  suggéré  à  quelques-uns  d'entre  vous 
l'usage  barbare  d'avoir  des  coureurs  ,  c'est 
à  dire  ,  des  hommes  qui  devancent  à  pied 
leur  rapide  équipage  et  le  disputent  ainsi 
en  vitesse  aux  chevaux  les  plus  exercés  ? 
C'est  tout  aussi  insensé  que  défaire  tourner 
le  soleil  autour  de  la  terre.  Mais  à  propos  de 
vos  équipages,  illustrissimes  seigneurs,  ne 
vous  est-il  jamais  arrivé  de  croire,  —  lors- 
qu'assis  bien  à  l'aise  sur  de  moelleux  cous- 
sins de  soie  vous  étiez  emportés  par  vos  cour- 
siers superbes,  —  que  c'étaient  les  arbres, 


les  murs,  les  haies,  les  clochers,  les  tours, 
les  montagnes  ,  le  ciel ,  qui  fuyaient  der- 
rière vous  ,  et  non  pas  vous  devant  ces 
objets?  N'avez-vous  jamais  songé  que  l'il- 
lusion eût  été  bien  plus  complète  encore  , 
si  vous  n'eussiez  éprouvé  aucune  secousse, 
et  que  vous  n'eussiez  pas  été  convaincus 
d'avance  que  le  mouvement  appartenait  à 
votie  voiture?  Le  mouvement  de  la  terre 
est  insensible  pour  vous,  paice  qu'il  est 
uniforme,  et  que  tous  les  objets  qui  sont 
sur  le  globe  tournent  avec  lui  ;  de  sorte  que 
vous  les  voyez  toujours  dans  la  même  po- 
sition respective.  Û'ailleiirs  ce  mouvement 
qui  ne  suppose  à  la  terre  qu'une  vitesse  de 
9000  lieues  parjour  est  certainement  plus 
aisé  à  concevoir  que  celui  du  ciel.  Il  n'a 
pas  fallu  moins  que  toutes  ces  raisons  pour 
vous  convaincre  d'une  vérité  si  simple  et 
si  sensible  ,  et  eri  attendant  vous  avez  fait 
expier  au  génie  parla  prison  et  par  la  tor- 
ture l'imijiété  de  sa  découverte.  Soyez 
donc  bien  fiers  après  cela  de  votre  infailli- 
bilité et  de  votre  raison  !  Persuadez-vous 
bien  que  la  sagesse  vous  a  été  dévolue  en 
partage  ,  qu'il  n'y  a  que  vous  au  monde 
pour  parler  et  raisonner  juste,  que  trnit  ce 
qui  n'est  pas  conforme  à  votre  ojjinion  est 
absurde  !  Dignes  abonnés  du  Journal  des 
Débats-  qui,  pour  son  compte,  croit  que  le 
livre  des  destins  lui  a  été  ouvert  1 

Le  sot  croit  tout  savoir  et  ne  sait  pas 
douter.  Bref,  ce  n'est  pas  le  soleil  ,  vous 
le  savez  maintenant  ,  qui  ,  un(!  lanterne  a 
la  main  ,  fait  sa  ronde  autour  de  la  terre  ; 
mais  bien  la  terre, qui,  avide  de  sa  chaleur  et 
de  sa  lumière,  lui  présente  successivement 
chacune  de  ses  faces  pour  qu'il  l'éclairé  et 
la  vivifie;  cause   des  jours  et  des  nuits. 

Mouvement  annuel.  Le  mouvement  an- 
nuel de  la  leire  autour  du  soleil  produit  la 
diversité  des  saisons.  "^  oyez  Saisons. 

Mouvement  propre.  Mourcmcnl  apparent. 
Mouvement  f^éocenlriquc.  Mouvement  hélio- 
centrique.  Mouvement  circulaire.  Mouvement 
angulaire. 

Dans  un  sens  plus  général,  Le  cliangcniont  par  le  quel 
un  corps  est  successivement  présent  en  ditléientes  parties 
delVspace;  la  translation  continue  et  successive  d^un 
corps  dans  Tespace.  On  distingue  le  mouvcmeiil  absolu  et  U 
moui'emeni  relatif.  Mouvemsni  local.  Moucenient  propre,  im- 
propre ou  externe.  Mouvement  simple,  (Àlui  qui  a  lieu  sous 
l'action  d'une  seule  force.  Mouvement  composé,  Celui  qui 
a  lieu  sous  l'action  de  plusieurs  forces.  Mouvement  uni. 
forme.  Celui  qui  conserve  la  même  vitesse  pendant  toute 
sa  durée.  Mouvement  varié,  uniformément  varié,  non  unifor- 
mément varié.  Mouvement  accéléré,  relardé ,  réfléchi ,  ré- 
fracté. Mouvement  rectiHgi>e ,  curviligne  ,  circulaire,  droit , 
oblique,  perpendiculairt.  Mouvement  d'oscillation,  d'ondula- 
tion, rie  vifiration  ,  de  lihralion  .  île  trépidation  ,  de  rotation, 


SIGNES   DIVERS.    ASTRONOMIE. 


569 


de  révoluihn.   Motivemgtti  intestin.  Les  loh  dit    mouvement. 

C'est  Galilée  qui  a  trouvé  le  premier  les  lois  du  mouve- 
ment. Les  principales  sont:  1°  Onne  gagne  jamah  en  puÏA- 
tanct  sans  perdre  en  temps  une  valeur  égale  (ce  qui  démontre 
rinipossilïilité  de  réaliser  le  mouvement  perpétnel]  ,•  2*>  te 
produit  d^une  force  par  sa  litesse  est  loujoura  i-gal  à  celui  de 
ta  résistance  par  la  vitesse' qu'elle  reçoit  de  la  machine. — On 
change  facilement  tout  mouvement  rectiligne  en  mouvement 
circulaire. 

Mouvement  perpétuel,  se  dit  fig.  et  fani.,  d'une  per- 
sonne qui  a  une  excessive  activité  de  corps.  Il  ne  saurait 
rester  en  place,  c'est  le  mouvement  perpétuel.  F'i^. y  Chercher 
le  mouvement  perpétuel,  Clicrclierla  solution  d'une  ques- 
tion insoluble.  Mouvement  des  eaux  de  la  mer.  Les  eaux  de 
ta  mer  sont  soumises  à  trois  sortes  de  nwuve/nents  :  les  nwu' 
vements  atmosphériques  ,  produits  par  l'impulsion  des  venis  , 
— les  courants,  et  tes  marées.  Mouvement  a  une  foule  d'ac- 
ceptions éloignées  de  notre  .'ujet, 

Nadir,  s.  m.  (De  l'arabe  Jj«rf/iara>  re- 
garder, considérer,  être  situé  vis-à-vîs.  ) 
Le  point  du  ciel  qui  est  directement  sous 
nos  pieds  ,  et  auquel  aboutirait  une  ligne 
verticale  tirée  du  point  que  nous  habitons, 
par  le  centre  de  la  terre.  Le  nadir  est  dia- 
métralement opposé  ati  zénith. 

Néoménie.  s.  f.  (  En  grec  ncomcnis , 
de  ncos  ,  nouveau  ,  et  ménô ,  lune.  )  Nou- 
velle lune. 

Nœud.  s.  m.  Chacun  des  deux  points 
opposés  où  l'écliptique  est  coupé  par  l'or- 
bite d'un  corps  céleste.  Les  nœtids  de  la 
lune.  Les  nœtids  de  Jupiter. 

M'ombre  d'or.  s.  ni.  Le  nombre  dont 
on  se  sert  pour  marquer  chaque  année  du 
cycle  lunaire  ;  ainsi  appelé  par  les  Grecs  , 
parce  qu'ils  le  firent  graver  en  lettres  d'or 
dans  la  place  publique.  Voyez  Cycle  lu- 
naire. 

Nord.  s.  m.  (Du  saxon  nort/i.^  Septen- 
trion ,  la  partie  du  monde  qui  est  opposée 
au  midi.  Les  pays  du  nord.  Du  nord  au 
midi.  Le  vent  est  au  nord ,  souffle  du  nord, 
vient  du  nord. 

—  Celui  des  pôles  du  monde  qui  répond 
à  l'étoile  polaire  arctique,  et  qui  est  opposé 
au  sud.  L'étoileilu  nord .  L'aiguille aimanlèc 
se  tourac  vers  le  nord.  Adjectiv.,  Le  pôle 
nord.  Degrés  de  latitude  nord ,  Ceux  qui 
vont  de  l'équateur  au  pûle  septentrional. 

—  Le  vent  du  nord.  Le  nord  est  le  plus 
froid  de  tous  les  vents.  Adjectiv.,  Le  vent 
est  nord. 

—  Pays  septentrionaux  ,  considérés  ai)- 
solunient  ou  relativement.  Cet  homme  est 
du  Nord ,  est  du  nord  de  la  France.  Les  plus 
belles  fourrures  viennent  du  Nord.  Nord-est, 
Lepointsituéentre  le  nord  et  l'est.  Le  nord- 
nord-est  est  le  point  situé  entre  le  nord  et 
le  nord-est.  Le  nord-est-quart-est  est  situé 
entre  lo  nord  est  et  l'cst-nordest.  Le  nord- 


est-quart-nord  est  situé  entre  le  nord-est  et 
le  nord-nord-est.  Le  nord-quart-nordest  est 

situé  entre  le  nord  et  le  nord-nord-est. 

Vent  qui  souille  entre  le  nord  et  l'est ,  etc. 

Nord-ouest ,  Le  point  situé  entre  le  nord 
et  l'ouest.  Le  nord-nordouest est  situé  entre 
le  nord  et  le  nord-ouest.  Le  nord-ouest- 
quart-nord  est  situé  entre  le  nord  et  le  nord- 
nord-oucst.  Le  nord-oucst-quarl-oucst  est 
situé  entre  le  nord-ouest  et  l'ouest-nord- 
ouest.  Le  nord-quart-nord-ouest  est  situé  en- 
tre le  nord  et  le  nord-nord-ouest. — Vent 
qui  souille  entre  le  nord  et  l'ouest ,  etc. 

Oblique,  adj.  Incliné.  Tous  les  peuples 
qui  vivent  entre  les  pôles  et  l'équateur  ont 
la  sphère  oblique,  parce  que  leur  horizon 
ne  coupe  pas  l'équateur  ^  angle  droit. 

Obliquité  de  l'écliptique  ,  L'angle  que 
l'écliptique  fait  avec  l'équateur  et  qui  est 
d'environ  vingt-trois  degrés  vingt-huit  mi- 
nutes. Cette  obliquité  n'est  pas  immuable; 
car  on  a  trouvé  que  les  deux  cercles  se 
rapprochaient  de  92  secondes  par  siècle. 
C'est  à  l'obliquité  de  l'écliptique  que  les 
habitants  des  zones  tempérées  doivent  la 
douceur  de  leur  climat. 

Occase.  adj.  (Du latin  occasus,  coucher.) 

Voyez  AMPLITDDE. 

Occident.  S.  m.  (  Dn  latin  occidens , 
A'occidcre ,  se  coucher,  qui  dérive  de  <?a- 
dcre,  tomber.)  Celui  des  quatre  points  car- 
dinaux qui  est  du  côté  où  le  soleil  se  couche, 
et  qu'on  nomme  aussi  couchant  ,  ouest ,  et 
ponant.  L'occident  est  opposé  à  l'orient.  Se 
tourner  à  l'occident ,  vers  l'occident.  Tirant 
à  l'occident.  Côté  d' occident. —CttteYtstTt'ie.  de 
notre  hémisphère  qui  est  au  couchant  par 
rapport  aux  Orientaux.  Les  régions,  l'em- 
pire, l'Eglise  d'Occident.  L'empire  d'Oc- 
cident était  divisé  en  deux  grands  gouver- 
nements :  les  Gaules,  et  lesltalies.  Ces  gou- 
vernements étaient  subdivisés  en  diocèses, 
savoir  ;  dans  les  Gaules,  1»  la  Gaule  pro- 
prement dite,  2"  la  Grande-Bretagne , 
3°  l'Espagne  ;  dans  les  Italies  ,  1°  \  Italie 
proprement  dite,  2»  VIllyric,  3°  l'Afrique. 
L'empire  d'Occident  ne  dura  guère  qu'un 
siècle,  et  finit  en  /176  dans  la  personne  de 
Romulus  Augustule.  Chose  remarquable: 
le  dernier  empereur  de  Rome  s'appelait 
Romulus,  comme  le  fondateur  de  la  ville, 
et  Auguste  ,  comme  le  fondateur  de  l'em- 
pire. 

Occidental  ,  aie.  adj.  Qui  est  à  l'occi- 
dent. Pays  occidental.  licgions ,  7iations  oc- 
cidentales. Peuples  occidentaux.  Les  Indes 


T.  II. 


72 


S70  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES 

occidentales.  Siibstantivement,|Z.e<  Occiden- 
taux, Les  Européens. 

Octaétéride.  s.  f.  Espace,  durée  de  huit 
ans. 

Occultation,  s.  f.  (En  latin  ocettllatio.) 
Disparition  passagère  d'une  étoile  ou  d'une 
planète  cachée  par  la  lune. 

Occulter.  V.  a.  (  Du  latin  occuUare ,  ca- 
cher.) Quelquefois,  dans  sa  course,  la 
hine  passe  devant  une  étoile  ;  on  dit  qu'elle 
Vocciille.  C'est  l'immersion  de  l'étoile  , 
qui,  après  être  restée  quelque  temps  der- 
rière la  lune,  reparaît  au  côté  opposé  ,  ce 
qu'on  noinnie  émersion. 

Opposition,  s.  f.  L'aspect  d'un  corps 
céleste  qui  est  à  cent  quatrevingt  degrés 
d'un  autre.  Les  éclipses  de  tune  ont  lieu 
quand  la  lune  est  en  opposition  avec  le  soleil. 

Orbite,  s.  f.  (Quelques  uns  le  font  mas- 
culin, dit  l'Académie  ;  j'ajoute  que  c'est  à 
tort,  puisqueson  étymologieininiédiateest 
orbita,  mot  latin  féminin.  )  La  route,  le  che- 
min que  décrit  une  planète  par  son  mouve- 
ment propre.  Kepler  a  découvert  que  les  or- 
bites sont  des  ellipses  qui  ont  un  foyer  com- 
mun occupé  par  le  soleil.  C'est  ta  combinai- 
son de  la  force  centripète  avec  la  force  cen- 
trifuge, qui,  tendant,  la  première  à  rap- 
procher les  planètes  du  centre  du  soleil ,  la 
seconde  à  les  en  éloigner ,  les  force  à  décrire 
une  courbe  intermédiaire  qui  est  précisément 
leur  orbite.  L'orbite  des  comètes  est  une  el- 
lipse très-allongée.  En  anafomie,  L'orbite  de 
rœil,  La  cavité  dans  la  quelle  l'œil  est  placé. 

Orient,  s.  m.  (  En  latin  oriens,  de  oriri, 
naître,  se  lever.)  La  partie,  le  point  du 
ciel  où  le  soleil  se  lève  sur  l'horizon.  L'orient 
d'été.  L'orient  d'hiver. 

—  Celui  des  quatre  points  cardinaux  où 
le  soleil  se  lève  à  l'équinoxe.  L'orient ,  le 
midi ,  l'occident  ,  le  septentrion.  De  l'orient 
à  l'occident. 

—  Les  états  et  les  provinces  de  l'Asie 
orientale  ,  comme  l'Inde,  la  Chine ,  etc.  ; 
à  la  différence  des  états  et  des  provinces 
de  l'Asie  occidentale.  Les  régions  de  l'O- 
rient. Voyage  enOrient.  Des  perles  d' Orient. 

Commerce  d'Orient^  Le  comiiiorce  qui  se  fait  dans  l'A- 
sie orientale  par  rOcéan  ;  à  la  dillerence  du  commerce 
rfu  Levant  ,  Celui  (jui  se  fait  dans  l'Asie  occidentale  par  la 
Méditerranée. 

Voyez  Est  et  Levant. 

Ortive.  acjj.  f.  (Du  [atin  orlivus,  qui  se 
lève  ,  dérivé  ii'oriri,  orior,  ortum.)  Ampli- 
tude ortive  ou  orientale,  L'arc  de  l'horizon 
qui  est  entre  le  point  ou  se  lève  un  astre 
<;t   l'orient  vrai  où  se  fait  l'inlersection  de 


l'horizon  et  de  l'équateur.  Voyei  occasb. 

Ouest,  s.  m.  (De  l'allemand,  ou  du 
flamand,  ou  de  l'anglais  west.)  L'un  des 
quatre  points  cardinaux  ,  celui  qu'on  a  à 
gauche  ,  quand  on  est  tourné  vers  le  nord. 
Cette  provinceatant  de  lieues  de  l'est  à  l'ouest. 
Un  vent  d'ouest.  Ouest-nord-ouest,  Le  point 
compris  entre  le  nord-ouest  et  l'ouest. 
Ouest-quart-nordouest,  Le  point  qui  occupe 
le  milieu  de  l'espace  qui  sépare  l'ouest  de 
l'ouest-nord-ouest.  Ouest  -  sud-ouest ,  Le 
point  situé  entre  l'ouest  et  le  sud-ouest. 
L'ouesl-quarl-sud-ouest ,  Le  point  placé  au 
milieu  de  l'espace  qui  sépare  l'ouest  de 
l'ouest-sud-ouest.  —  La  partie  d'un  pays 
située  du  côté  de  l'ouest.  L'ouest  de  la 
France.  Les  provinces  de  l'Ouest.  Le  vent  est 
à  l'ouest,  i/cs?  01/647,  Il  vient  du  couchant. 

Pallas.  s.  f.  Nom  emprunté  à  la  mytho- 
logie et  donné  à  une  planète. 

Parallèle,  s.  m.  (  Du  grec  parallélos.) 
Les  parallèles  ou  cercles  parallèles  simt  des 
cercles  perpendiculaires  aux  méridiens  et 
parallèles  entre  eux,  ayant  tous  leur  centre 
sur  l'axe  de  la  terre.  Le  plus  grand  des  pa- 
rallèlesest  l'équateur.  Tous  les  lieux  quisont 
sur  le  môme  parallèle  ont  la  même  latitude, 
ont  les  jours  et  les  nuits  de  la  même  longueur. 
Le  nombre  de  ces  cercles  est  infini ,  comme 
celui  des  méridiens  ,  puisqu'on  peut  faire 
passer  un  méridien  par  chaque  point  de 
l'équateur  et  un  parallèle  par  chaque  point 
du  méridien.  Mais  on  ne  les  trace  ordinai- 
rement sur  les  globes  que  de  dix  en  dix 
degrés,  et  sur  les  cartes  à  dix  ,  à  cinq  ,  à 
deux  ,  ou  même  à  un  degré  d'intervalle. 

Parallactique.  adj.  Angle  paratlactique, 
La  parallaxe.  Triangle  parallactique.  Le 
triangle  formé  par  le  rayon  de  la  terre  et 
par  deux  lignes  qui  partent  des  deux  ex- 
trémités de  ce  rayon  pour  aller  se  réunir 
au  centre  d'un  astre.  Machine  ou  lunette 
parallactique,  INIachine  composée  d'un  axe 
dirigé  vers  le  pôle  du  monde,  et  d'une  lu- 
nette qui  peut  s'incliner  sur  cet  axe  et  sui- 
vre le  mouvement  diurne  des  astres,  sur  le 
parallèle  qu'ils  décrivent. 

Parallaxe,  s.  f.  ('En  ^rec  parallaxis ,  de 
parallattô  ,  je  transpose.  )  L'angle  formé 
au  centre  d'un  astre  par  deux  ligues  droites 
menées  de  ce  point,  l'une  au  centre  de  la 
terre,  l'autre  au  point  de  la  surface  terres- 
tre où  se  fait  une  observation.  La  parallaxe 
d'un  astre  donne  facilement  la  distance  de  cet 
astre  au  centre  de  la  terre.  Les  étoiles  fixes 
n'ont  point  de  parallaxe  sensible  à  cause  de 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE, 


571 


tctir  élolsnement.  Observer  ta  parallaxe  du 
soleil,  de  la  lune.  La  parallaxe  de  Jupiter. 

Parallaxe  annuelle.  L'angle  formé  par 
deux  lignes  droites  qui  seraient  ainsi  me- 
nées aux  extrémités  d'un  même  diamètre 
de  l'orbe  de  la  terre.  (  Acad,  ) 

Para-sélène.  s.  f.  (  Du  grec  para  ,  con- 
tre ,  et  sélcné,  lune,  contre-lune.  )  Image 
de  la  lune  réfléchie  dans  un  nuage. 

Parhélie.  s.  m.  (  Du  grec  para  ,  contre, 
cl  hèlios  ,  soleil.)  Les  parhélies  consistent 
dans  l'apparition  simultanée  de  plusieurs 
soleils.  Ces  images  ,  toujours  unies  entre 
elles  par  un  grand  cercle  blanc  et  horizon- 
tal ,  sont  toujours  situées  à  la  même  hau- 
teur, sur  l'horizon,  que  le  soleil  lui-même; 
de  sorte  qu'à  mesure  que  le  soleil  s'élève 
ou  s'abaisse  ,  ce  cercle  s'élève  ou  s'abaisse. 
Ce  phénomène  ,  fort  rare ,  est  attribué  à  la 
réfraction.  —  Qu'est-ce  qu'un  parhélie  î 
C'est  un  effet  de  in  réfraction.  —  Réponse 
aussi  commode  que  la  réponse  ordinaire 
des  maîtres  de  langue  à  toutes  les  questions 
qu'on  leur  adresse  sur  quelque  difficulté 
grammaticale  :  c'est  l'usage. 

Férisciens.  s.  m.  p.  Voyez  Zome. 

Périgée,  s.  m.  (Du  grec /seri,  autour, 
et  ^6,  terre.)  Point  de  l'orbite  d'une  pla- 
nète où  elle  est  le  plus  près  de  la  terre.  La 
lune  est  dans  son  périgée.  Adjectiv.  ,  La 
lune  est  périgée. 

Périhélie,  s.  m.  (Du  grec  péri ,  autour, 
et  liêlios ,  soleil.)  Point  de  l'orbite  d'une 
planète  où  elle  est  le  plus  proche  du  soleil. 
Une  planète  dans  son  périliélie.  Adjectiv. , 
La  terre  est  périhélie. 

Période,  s.  f.  (En  grec  periodos,  circuit, 
de  péri ,  autour,  et  odos  ,  chemin.)  Temps 
qu'une  planète  met  à  faire  sa  révolution  ; 
durée  de  son  cours  depuis  l'instant  où  elle 
part  d'un  certain  point  du  ciel,  jusqu'à 
l'instant  où  elle  yrevient.  La  période  solaire. 
La  période  lunaire.  La  période  de  Mars.  La 
lune  fait  sapériodecn  vingt  neufjourseldemi. 
—  Révolution,  circuit  d'un  certain  nom- 
bre d'années  déterminé.  La  période  atliqiie. 
La  période  Callip pique  ou  de  Callippe.  La 
période  Victorienne  ou  de  Victorius.  La  pé- 
riode Métlwniquc  ou  de  Mcthon.  La  période 
Clialdaïque.  La  période  Sothiaque  ,  chez  les 
Égyptiens,  Espace  de  l/jGO  années  solaires 
après  les  quelles  l'année  naturelle  se  trou- 
vait commencer  à  peu  près  le  même  jour 
que  l'année  civile.  Voyez  Cyclh. 

Période  Julienne,  Espace  de  temps  qui 
renferme  sept  raille  neufcentquatrevingts 


ans,  par  la  multiplication  du  cycle  solaire, 
qui  est  de  vingt-huit  ans,  du  cycle  lunaire, 
qui  est  de  dix-neuf ,  et  de  l'indiction,  qui 
est  de  quinze.  Scaliger  est  l'inventeur  de  la 
période  Julienne. 

Périodicité,  s.  f.  Qualité  de  ce  qui  est 
périodique.  On  n'a  encore  découvert  et 
calculé  la  périodicité  que  d'un  petit  nom- 
bre de  comètes. 

Périodique,  adj.  Qui  a  ses  périodes,  qui 
revient  à  des  temps  marqués.  Le  mouve- 
ment des  planètes  est  périodique.  Révolution 
périodique. 

Périodiquement,  adv.  D'une  manière 
périodique.  Les  planètes  se  meuvent  pério- 
diquement. 

Périœciens.  s.  m.  pi.  (  Du  grec  péri,  au- 
tour ,  et  oikein  ,  habiter.  )  Nom  qu'on 
donne  aux  peuples  qui  habitent  sous  le 
même  parallèle. 

Périsciens.  s.  m.  pi.  Voyez  Zone. 

Planétaire,  adj.  Qui  appartient  aux  pla- 
nètes, qui  concerne  les  planètes.  Région 
planétaire.  Système  planétaire.  Année  pla- 
nétaire ,  Le  temps  qu'une  planète  emploie 
à  faire  sa  révolution  autour  du  soleil. 

Planétaire,  s.  m.  Machine  à  rouages  qui 
offre  la  représentation  du  système  des  pla- 
nètes. 

Planète,  s.  f.  Voyez  page  54/i. 

Planisphère,  s.  m.  (Du  latin  planus, 
plan,  et  sphœra ,  sphère.)  Carte  où  les 
deux  moitiés  du  globe  céleste  sont  repré- 
sentées sur  une  surface  plane,  et  où  les 
constellations  sont  marquées. 

—  Carte  qui  représente  de  même  les 
deux  moitiés  du  globe  terrestre.  L'astro- 
labe est  un  planisphère  céleste,  et  la  mappe- 
monde un  planisphère  terrestre. 

Points  cardinaux.  Pour  déterminer  la 
position  des  différentes  parties  de  la  terre, 
on  a  imaginé  quatre  points  qu'on  appelé 
points  cardinaux.  Ce  sont  le  levant,  le 
couchant ,  le  septentrion  ,  et  le  midi.  Voyez 
ces  mots.  On  suppose  quatre  points  colla- 
téraux ,  qui  sont  :  le  nord-est,  entre  le  nord 
et  l'est;  le  nord-ouest ,  entre  le  nord  et 
l'ouest  ;  le  sud-est ,  entre  le  sud  et  l'est  ; 
le  sud-ouest ,  entre  le  sud  et  l'ouest.  Dans 
la  mythologie  du  nord ,  Odin,  ayant  tué  le 
géant  Ymer  ,  fit  de  son  crâne  le  globe  du 
ciel,  et  plaça  aux  quatre  extrémités  quatre 
nains  en  sentinelle. 

Points  verticaux.  Le  point  du  ciel  appelé 
zénith,    qui   est   directement  au  dessus  de 


372 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIEJNCES. 


notre  tète  ;  et  le  point  appelé  nadir,  qui 
est  directement  au  dessous  de  nos  pieds. 

Points  ct/uinn.viaitx  ,  Les  dnux  points  où 
le  {jrand  cercle  de  lï-cliptique  coupe  le 
grand  cercle  de  l'équateur. 

l^cmts  sotsticlaiix ,  Les  deux  points  de 
l'écliptiquc  les  plus  distants  du  plan  de 
l'équateur. 

Point  de  la  plus  /.^rande  et  de   a  plus  pe- 
tite dislance ,  Les  apsides. 
_  Point  culminant,  Lepoint  derécliptique 
situé  dans  le  méridien.— La  partie  la  plus 
élevée  de  certaines  choses. 

En  Optique,  Point  île  rmrotirs,  Celui  où  les  rajoi.s  coii- 
Tcrpenls  se  lencontionl.  Paint  d'inciilence  ,  La  point  oit 
tombe  un  rayon  sur  la  surface  d'un  miroir  ou  d'un  autre 
coi-ps.  Paint  de  diipersian  ,  Le  point  où  les  rajons  commen- 
cent a  Être  divergents.  Point  de  réfraction,  Le  point  où  un 
rayon  se  rompt  sur  la  surface  d'un  verre  ou  sur  toute  au- 
tre surface  rélrnijtente.  Point  de  réflexion.  Le  point  d'où 
un  rayon  est  rélléclii  par  la  surface  d'un  miroir  et  de 
tout  autre  corps.  Point  radieux,  Le  point  d'où  partent 
les  rayons.  '^ 

Polaire,  adj.  Qui  est  auprès  des  pùles, 
qui  apj)artient  aux  pôles  du  monde.  Cer- 
cles polaires.  Cercles  parallèles  à  l'équa- 
teur et  distants  des  pùles  de  23  degrés  et 
demi.  Cercle  polaire  arctique.  Celui  du 
nord.  Cercle  polaire  antarctique ,  Celui  du 
sud.  Eiuile  polaire,  La  dernière  étoile  de  la 
queue  de  la  petite  Ourse.  Les  glaces  po- 
laires. 

Pôle.  s.  m.  (En  latin  potus ,  en  grec 
polos,  de  polein,  tourner.)  Chacune  des 
deux  extrémités  de  l'axe  immobile  autour 
duquel  la  sphère  céleste  semble  tourner  en 
vingt-quatre  heures.  Ceux  qui  habitent  sous 
les  pôles  ont  alternativement  six  mois  de  jour 
de  suite  ,  et  six  mois  de  nuit.  Les  pôles  du 
monde.  — Chacune  des  extrémités  de  l'axe 
immobile  du  globe  terrestre  ,  correspon- 
dantes aux  pùles  célestes.  La  terre  tourne 
sur  ses  deux  pôles.  Pôle  arctique  ou  boréal, 
Celui  du  nord.  Pôle  antarctique  ou  austral. 
Celui  qui  lui  est  directement  opposé. 

oJe  fis  à  l'âge  de  dix-huit  ans  (c'est 
Voltaire  qui  parle)  une  ode  pour  le  prix  de 
l'Académie  Française.  Il  est  vrai  que  ce 
lut  l'abbé  du  Jarri  qui  remporta  le  prix. 
Le  public  ne  souscrivit  pas  au  jugement 
des  Quaiante.  Il  me  souvient  qu', entre 
autres  fautes  assez  singulières  dont  le  petit 
poème  couronné  était  plein,  il  y  avait  ce 
vers  : 

Kt  des  p.-.les  l,rùlant.s  jus.|u'aux  piles  glacés. 

La  Molhe  ,  très-aimahie  homme  et  de 
beaucoup  d'cspjit,  mais  qui  ne  se  piquait 
pas  de  science,  avait  par  son  crédit  fait  1 


donner  ce  prix  à  l'abbé  du  Jarri.  Quand 
,  on  lui  reprot:hait  ce  jugement  ,  et  surtout 
les  vers  des  pôles  brûlants  et  des  pôles 
f^lacés  :  a  C'est,  répondait-il,  une  aflaire  de 
»  physique  qui  est  du  ressort  de  l'Académie 
«des  Sciences,  et  non  de  l'Académie 
B  Française.  D'ailleurs  je  ne  suis  pas  bien 
»sCir  qu'il  n'y  ait  pas  de  pôles  bn'llaDts. 
»  Enfin,  l'abbé  du  Jarri  es/  mon  ami.  » 

M.  Sainte-Beuve  est  beaucoup  l'ami  de 
Victor  Hugo. 

Pôle ,  absolument,  Le  pôle  septentrional. 
Vers  le  pôle.  L'aiguille  aimantée  regarde  le 
pôle. 

Hauteur  ou  élévation  du  pôle.  L'arc  du 
méridien  compris  entre  le  pôle  et  l'hori- 
zon du  lieu  où  l'on  est.  Dans  les  vers  clas- 
siques ,  De  l'un  à  l'autre  pôle.  Par  toute  la 
terre. 

Sa  gloire  s'étendit  de  l'un  à  l'autre  pôle. 

(CLiSSI'JtES.  ) 

Pôle  ,  Chacune  des  deux  extrémités  de 
l'axe  immobile  sur  le  quel  tourne  quelque 
corps  sphérique  ou  quelque  cercle  que  ce 
soit.  Les  pôles  de  l'équateur.  Les  pôles  du 
méridien.  Les  pôles  du  zodiaque.  Une  ma- 
chine qui  tourne  sur  ses  pôles.  Pôles  de  l'ai- 
mant,  Les  points  par  les  quels  l'aimant 
attire  ou  repousse  le  plus  énergiquement 
le  fer  et  l'acier.  Les  pôles  de  l'aintaal  se  di- 
rigent vers  ceux  du  monde.  Fig. 

0  vainqueurs  de  l'Isly,  i>ûles  de  ma  pensée.   (L.  N.  ) 

Ponant,  s.  m.  Occident.  Depuis  le  le- 
vant jusqu'au  ponant ,  Un  vent  du  ponant. 
—  L'Océan  ,  par  opposition  à  la  Méditer- 
ranée. L'armée  du  Ponant.  Vice-amiral  du 
Ponant.  L'escadre  du  Ponant.  Commercer 
dans  le  Ponant.  On  dit  aussi  la  mer  du  Po- 
nant,  La  mer  Océane.  Mot  rajeuni  par 
Victor  Hugo. 

Précession,  s.  f.  (En  latin  precessio ,  de 
precedere ,  precessum ,  précéder.)  Il  n'est 
usité  que  dans  celte  phrase,  La  précession 
des  équino,ves.  Le  mouvement  rétrograde 
des  points  équinoxiaux.  «  Les  équinoxes 
arrivent  tous  les  ans  20minutès25  secondes 
avant  que  la  terre  soit  en  conjonction  avec 
le  soleil  et  avec  la  même  étoile  qu'au  même 
équinoxe  de  l'année  précédente.  Cette 
différence  fait  que  le  soleil  paraît  rétro- 
grader dans  les  signes  du  zodiaque  d'un 
degré  en  72  ans  et  d'un  signe  entier  ou  de 
30  degrés  en  2156  ans  ;  de  sorte  qu'il  par- 
coiut  ainsi  tout  le  cercle  de  l'écliptique  en 
26000  ans  environ.  Depuis  qu'on  a  donné 
des  noms  aux  con.stellations  du  zodiaque,  le 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE. 


Soleil  a  rélrogradé  d'un  signe  entier.  »  Ce 
n'est  déjà  plus  dans  le  signe  du  Bélier  qu'il 
entre  au  mois  de  mars  ,  c'est  dans  le  signe 
des  Poissons.  Mais  on  s'accouimode  du 
statu  quo. 

Quadrature,  s.  f.  (En  latin  quadratura.) 
Aspect  de  deux  astres,  lorsqu'ils  sont  éloi- 
gnés l'un  de  l'autre  d'un  quart  de  cercle. 
Au  premier  et  au  troisième  quartier  la  lune 
est  en  quadrature  avec  le  soleil. 

Région,  s.  f.  (  En  latin  regio.  )  Grande 
étendue  de  pays.  Toutes  les  régions  de  la 
terre. 

—  Les  augures  romains  divisaient  le  ciel 
en  quatre  régions,  lorsqu'ils  voulaient  tirer 
des  présages. 

—  En  ternies  de  Physique  ancienne,  On 
le  dit  de  trois  différentes  hauteurs  de  l'at- 
mosphère. La  basse  région.  Celle  qui  tou- 
che la  terre  et  qui  l'environne  immédiate- 
ment. La  moyenne  région.  Celle  qu'on 
suppose  commencer  au  dessus  des  plus 
hautes  montagnes.  La  haute  région,  ou  la 
région  supérieure.  Celle  qui  s'étend  par 
delà.  Les  hautes  régions  de  l'atmosphère. 

La  région  du  feu,  la  région  éthérée,  La 
partie  de  l'air  la  plus  élevée. 

Rétrogradation,  s.  m.  (En  latin  retro- 
gradalio ,  de  rétrograde ,  reculer.)  Mouve- 
ment par  le  quel  les  corps  célestes  vont  ou 
paraissent  aller  contre  l'ordre  des  signes. 
La  rétrogradât io7i  de  Mars ,  de  Jupiter,  etc. 

Rétrograde.  adj.(Enlatin  rétrogradas.) 
Qui  se  fait  en  arrière.  Marche  rétrograde. 
Mouvernent,  ordre  rétrograde.  11  se  dit  par- 
ticulièrement des  corps  célestes,  lorsqu'ils 
vont  ou  paraissent  aller  contre  l'ordre  des 
signes.  Vénus  rétrograde.  La  lune  n'est  ja- 
mais rétrograde. 

Eu  Littérature,  Fera  rétrograde.  Où  Ion  trouve  les 
uiémes  mots  en  le  lisant  à  rebours,  con>nic: 

Homa  tibi  subito  motibus  ibit  amor. 

Rétrograder,  v.  n.  (  Du  latin  rétro ,  en 
arrière  ,  et  gradi ,  aller.)  Retourner  en  ar- 
rière.) L'armée  a  été  obligée  de  rétrograder. 
—  Mercure  cotnmençail  à  rétrograder.  Kig., 
Dans  les  arts,  quand  on  n'avance  pas ,  on 
rétrograde. 

Révolu,  ue.  adj.  {Du  \aûn  revolutus , 
roulé.)  Il  se  dit  du  cours  des  planètes  et 
des  astres,  lorsque,  par  leur  mouvement  pé- 
riodique, ils  sont  revenus  au  même  point 
d'où  ils  étaient  partis.  Avant  que  le  cours 
de  Jupiter  soit  révolu. 

—  En  parlant  des  périodes  de  temps. 
Achevé,  complet.  Le  mois,  l'an,  le  siècle. 


n'était  pas  encore  révolu.  Après  l'année  ré- 
volue. Cinquante  ans  révolus. 

Révolution,  s.  f.  (En  latin  revolulio,  de 
revolvere,  revolutum,  rouler,  revenir.)  Le 
retour  d'une  planète,  d'un  astre  au  même 
point  d'où  il  était  parti.  La  révolution 
des  planètes.  Les  révolutions  célestes.  La  ré- 
volution de  la  terre  autour  du  soleil,  de  la 
lune  autour  de  la  terre.  Révolution  périodique. 
Dansunsens  analogue,  Larévotutiondes  siè- 
cles ,  des  temps,  des  années,  des  saisons,  etc. 

—  Cbangement.  Prompte,  lubite  révolution.  Révolution 
politique, 

les  révolutions  de  la  terre  ,  du  globe.  Les  événements  na- 
turels par  les  quels  la  face  de  la  terre  a  été  changée. 

Saison,  s.  f.  (  Suivant  Le  Duchat ,  du 
latin  sectio  ,  section  ,  division.  )  L'une  des 
quatre  parties  de  l'année,  qui  contiennent 
chacune  trois  mois,  et  dont  deux  commen- 
cent aux  solstices  et  deux  aux  équinoxes- 
Les  quatre  saisons  de  l'année  sont  le  prin- 
temps, l'été,  l'automne,  et  l'hiver.  L'ordre, 
la  marche,  le  retour  des  saiso7is.  L'intem- 
périe des  saisons,  ha  saison  est  fort  avancée. 
Fig.  ,  Les  saisons  tournent  les  feuillets  du  li- 
vre de  la  vie.  (  Sentence  arabe  ,  citée  par 
Boiste.  )  La  saison  nouvelle ,  Le  printemps. 
On  dit  aussi  le  renouveau.  Tout  pousse  au 
renouveau.  L'arrière- saison  ,  L'automne,  le 
commencement  de  l'hiver.  La  belle  saison, 
La  partie  de  l'année  où  le  temps  est  beau, 
c'est  à  dire  ,  la  fin  du  printemps,  l'été,  et 
le  commencement  de  l'automne.  La  mau- 
vaise saison,  La  fin  de  l'automne,  l'hiver, 
et  le  commencement  du  printemps.  C'est 
l'inclinaison  de  l'axe  de  la  terre  sur  le  plan 
de  l'écliptique  qui  produit  la  périodicité 
des  saisons.  Sans  cette  inclinaison,  qui  est 
de  23  degrés  27  minutes  A6  secondes,  les 
pôles  seraient  constamment  enveloppés 
d'un  crépuscule  à  peine  sensible  et  de 
glaces  qu'aucun  été  ne  viendrait  détruire. 
La  zone  torride  serait  embrasée  de  feux 
continuels.  Les  climats  tempérés  joui- 
raient d'un  printemps  perpétuel  ,  mais 
n'auraient  ni  chaleur  d'été  pour  mftrii-  les 
fruits  ,  ni  hiver  pour  reposer  la  végétation. 
Mais  ,  grâce  à  la  parfaite  ordonnance  dn 
Créateur,  la  terre,  à  cause  de  l'inclinaison 
de  son  axe  ,  présente  alternativement  ses 
deux  pôles  au  soleil,  qui  leur  fait  ainsi  une 
part  égale  de  ses  bienfaits  ,  en  s'élevant 
au  tropique  du  Cancer  dans  notre  été  et 
s'ahaissant  jusqu'à  celui  duCapricorncdans 
l'hiver.  Voir  la  figure  que  nous  avons  tracée 
à  la  page  560, 


57  4 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Les  saisons  n'ont  pas  une  c^alc  durée. 
L<;  printcmiis  duic. .    92  j.  21  h.  7/j' 

L'ctc 93  *     13         58 

L'automne 89       16         ùl 

L'hiver 89         2  2 

Celle  difTt'runcr  dans  la  diirre  des  sai- 
sons vient  de  ce  que  la  partie  de  l'ellipse 
que  la  terre  parcourt  du  printemps  à  l'au- 
tomne est  plus  grande  que  celle  qu'elle 
j)arc(iurt  depuis  l'équinoxe  d'automne  jus- 
qu'à celui  du  ])rinteuips  ;  et  que  le  mou- 
vement de  la  terre  est  un  peu  plus  rapide 
dans  l'hiver  que  dans  l'été  ,  parce  qu'elle 
se  trouve  alors  plus  rapprochée  du  soleil. 
De  là  vient  que  les  saisons  ne  commen- 
cent pas  chaque  année  exactement  au 
même  jour  ;  mais  la  différence  ne  peut 
être  que  d'un  ou  deux  jours.  Voy.  p.  507. 
Sous  l'equateuril  n'y  a  que  deuxsaisons, 
l'hiver  et  l'été  ,  la  saison  des  pluies  et  la 
saison  sèche  ,  se  produisant  chacune  deux 
lois  par  an.  Les  deux  saisons  sèches  sont 
celles  pendant  les  quelles  le  soleil  monte 
vers  l'im  ou  l'autre  tropique.  L?  ciel  est 
alors  serein  et  sans  tempêtes.  Les  pluies  ré- 
gnent an  contraire  aux  deux  époques  des 
equinoxes.  Les  peuples  qui  habitent  sous 
les  tropiques  n'ont  en  réalité  que  deux 
saisons,  l'été  et  l'hiver.  L'hiver  y  est  chaud 
et  sec  ,  mais  moins  que  l'été.  L'hiver  de 
l'un  des  tropiques  est  l'été  de  l'autre  ,  et 
réciproquement.  Les  saisons  varient  pour 
les  divers  points  delà  terre,  suivant  leur 
position  sur  la  sphère. 

Saison,  Le  temps  nù  dominent,  où  se  font  le  plus  re- 
marquer certains  étals,  certains  changements  de  ralmos- 
plière.  Jm  saison  des  frimas,  des  pluies,  des  orages. 

—  Le  temps  où  paraissent  certaines  productions  delà 
terre  ,  où  l'on  a  coutume  soit  de  semer,  soit  de  recueillir 
certains  grains,  certains  fruits.  La  saison  des  fleurs.  La 
laiton  des  fruits.  Saison  des  mars,  des  semailles,  des  foins. 
Les  fruits  de  la  saison.   Des  trguTUes  de  la  saison. 

La  saison  est  avancée.  Les  fruits  de  la  saison  sont  plus 
BTancés,  plus  mûrs  qu'ils  ne  le  sont  ordinairement  à 
pareille  époque. 

La  saisons  des  perdreaux ,  des  railles  ,  des  bécasses,  etc., 
Le  temps  où  il  y  a  une  plus  grande  quantité  de  ces  oiseaux, 
et  où  ils  sont  meilleurs  à  manger. 

Saison,  Le  temps  propre  pour  faire  quelque  chose.  £n 
Km/),'!  «(  saison.  Ces  fruits  ne  sont  plus  de  saison.  lise  dit 
dans  un  sens  analogue  en  parlant  des  choses  morales.  Ce 
i]ae  vous  dites  est  kors  de  saison. 

Saison  ,  se  dit  par  extension  des  âges  de  la  TÎe.  ta  pre- 
mière saison  de  la  vie  ,  La  jeunesse.  La  dernière  saison  de  la 
l'ie  ,  La  vieillesse.  Les  classir|ues  disent  dans  le  même 
eens,  La  belle  saison^  la  saison  des  plaisirs,  des  atnours  ; 
l'arrière  saison ,  etc. 

L  amitié  est  un  plaisir  de  toutes  tes  saisons  de  la  vie. 

(  .M™*^  dePompadouh.  ) 

Satellite,  s.  m.  (Du  lai'm  satellex ,  sa- 
tellitis,  garde.)  Tout  homme  armé  qui  est 
aux  gages  et  à  la  suite  d'un  autre.  Par  ex- 


tension, petit  astre  qui  tourne  autour  d'une 
planète.  La  lune  est  le  satellite ,  est  satel- 
lite de  la  terre.  Jupiter  a  quatre  satellites, 
Saturne  sept,  Vranus  six. 

Saturne,  s.  m.  Nom  d'une  planète.  La 
planète  de  Saturne,  Le  ciel  de  Saturne.  L'an- 
neau de  Saturne,  Le  corps  opaque  ,  en 
l'orme  d'anneau  elliptique  qui  l'environne, 
et  qui  n'a  aucun  point  de  contact  avec  le 
globe  ;  phénomène  vraiment  remarquable, 
que  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de 
mettre  sous  les  yeux  du  lecteur. 


Quel  curieux  spectacle  doivent  présenter 
aux  habitants  de  Saturne  cet  immense  an- 
neau, et  ce  globe  énorme,  et  les  sept  lunes 
qui  l'environnent  !  O  grandeur  infinie  de 
Dieu  !  ô  néant  de  l'homme  !  Chose  plus 
merveilleuse  encore  ,  c'est  qu'on  prétend 
que  cet  anneau  est  double,  et  qu'au  moyen 
de  bonnes  lunettes ,  on  peut  très-bien 
apercevoir  la  ligne  de  séparation.  Fa  de 
notre  planète,  à  l'œil  nu,  Saturne  a  une 
lumière  moins  intense  que  Jupiter. 

Sélénographie.  s.  f.  (Du  grec  sèlénê  , 
lune  ,  et  f;rapltô,ie  décris.)  Description  de 
la  lune.  Sélènof^raphie  d'HèvcUus.  —  Science 
qui  s'occupe  de  recherches  particulières  à 
la  lime. 

Sélénographique.  adj.  Qui  se  rapporte 
à  la  lune.  Cartes  sèléno graphiques.  Recher- 
ches sèlénographiques.  Par  suite  de  telles, 
recherches,  on  a  remarqué  dans  la  lumière 
cendrée  delà  lune  des  points  lumineux  , 
qu'on  attribue  à  des  sommets  de  monta- 
gnes ,  qui,  étant  très  élevés,  se  trouvent 
éclairés  par  le  soleil.  On  a  pu  calculer  la 
hauteur  de  ces  montagnes.  On  a  trouvé 
qu'elles  étaient  en  général  beaucoup  plus 
hautes  que  celles  du  globe  terrestre. 

Septentrion. s.  m.  (En  latin  septentrio, 
de  septem,  sept  ,  et  triones,  bœufs  de  la- 
bour ,  nom  donné  par  les  Romains  aux 
étoiles  qui  composent  tant  la  grande  que 
la  petite  Ourse.  )  Le  nord  ,  celui  des  deux 
pôles  du  monde  qui  dans  nos  climats  est 
élevé  sur  l'horizon.   L'aiguille  aimantée  se 


SIGNES  DIVEUS.    ASTRONOMIE. 


S75 


(oitrne  du  côté  du  seplcnlrion ,  vers  le  pôle 
du  septentrion.  (  Acad.)  Ce  pays  est  au  sep- 
tentrion  de  tel  autre.  Il  est  plus  prociie  du 
septentrion  que  cet  autre  pays.  La  Belgi- 
que est  au  septentrion  de  la  France.  On  dit 
plus  ordinairement,  Ce  pays  est  au  nord 
de  tel  autre. 

Septentrion ,  Nom  de  la  petite  Ourse. 

Septentrional ,  aie.  adj.  Qui  est  du  côté 
du  septentrion.  Le  pôle  septentrional.  L'o- 
céan septentrional.  Les  pays  septentrionaux. 
On  dit  aussi  boréal. 

Les  peuples  septentrionaux,  ou  substan- 
tivement ,  Les  Septentrionaux. 

Sidéral,  aie.  adj.  (Du  ialin  sirfcrn/i'*, 
sidcreiis ,  l\ùt  de  sidus ,  sideris  ,  autre.)  Ré- 
volution sidérale.  Retour  à  la  même  étoile. 
Jour  sidéral.  Le  temps  de  la  révolution  de 
la  terre,  d'une  étoile  à  la  même  étoile, 
par  son  nioiivemenl  diurne.  Année  sidérale. 
Le  temps  de  la  révolution  de  la  terre, 
d'une  étoile  à  la  même  étoile,  par  son 
mouvement  annuel.  Elle  est  plus  longue 
de  vingt  minutes  que  l'a/inee  tropique,  à 
cause  de  la  précession. 

Soleil,  s.  m.  (Du  latin  sol,  solis.)  L'as- 
tre qui  produit  la  lumière  du  jour.  Le  so- 
leil est  im  corps  sphérique  et  lumineux  , 
dont  la  nature  est  et  sera  long-temps  en- 
core un  problème  pour  nous.  Quelques 
f'aiseuis  d'bypotbèses  luidonnentun  noyau 
solide  et  obscur  entouré  d'une  atmosphère 
lumineuse.  En  attendant,  libre  à  chacun 
de  supposer  toute  autre  chose  ,  il  appro- 
chera tout  autant  de  la  vérité.  Les  poètes 
feront  toujours  bien  de  l'appeler  un  globe 
de  feu.  Hélas  !  il  ett  des  choses  qu'il  faut 
savoir  renoncer  tout  d'abord  à  pénétrer  , 
si  l'on  tient  à  faire  preuve  de  raison  el 
d'intelligence.  Philosophes  ,  vous  aurez 
beau  faire,  vous  ne  saurez  jamais  ce  que  c'est 
que  le  soleil,  la  lumière,  les  étoiles.  Dieu  ; 
vous  ne  saurez  jamais  comment  pousse 
l'herbe  dans  les  champs,  ni  comment  la 
rose  se  vêt  d'écarlate,  ni  comment  le  fruit 
mûrit  sur  les  arbres  ,  ni  comment  vous 
naissez ,  ni  comment  vous  vivez.  Et  les 
poètes,  que  vous  dédaignez  quelquefois, 
vous  en  apprendront  plus  là-dessus  que 
toutes  vos  observations  et  tous  vos  calculs. 
L'aïuour,  cette  lumière  intérieure,  cettt; 
intuition  divine  ,  révèle  aux  poètes  des 
mystères  que  vous  ne  soupçonnez  môme 
pas  ,  vous  ,  les  philosophes.  Savezvous  ,  ô 
philosophes  ,  qu'il  y  a  plus  de  philosophie 
dans  ce  vers  de  Voltaire  : 


Dieu  t'a  fait  pour  l'ainicr  et  non  pour  Itt  comprendre. 

qu'au  fond  de  tous  vos  systèmes  les  mieux 
étayés  ? 

Ce  qui  fait  qu'on  donne  au  soleil  un 
corps  de  charbon  noir  entouré  de  vapeurs 
lumineuses  ,  ce  sont  les  taches  noires  que 
présente  le  disque  S(>laire  ,  et  qui  revien- 
nent sans  régularité.  On  les  explique  par 
le  déchirement  de  son  atmosphère.  Va 
pour  cette  explication.  Une  chose  un  peu 
plus  certaine,  c'est  que  le  soleil  a  un  mou- 
vement de  rotation  sur  lui-même  ,  qu'i( 
exécute,  d'occident  en  orient,  en  vingt- 
cinq  jours  el  demi  ;  qu'il  est  situé  à  une 
distance  de  plus  de  trente  millions  de 
lieues,  et  qu'il  est  environ  treize  cent  mille 
fois  plus  gros  que  la  terre.  Néanmoins  , 
malgré  l'exactitude  probable  de  tous  ces 
calculs  ,  je  ne  serais  pas  étonné  que  quel- 
que novateur  vînt  nous  prouver  demain  que 
le  soleil  est  plus  petit  que  la  terre  ;  tant 
l'absurdité  est  chose  inhérente  au  savoir 
humain.  Ce  qu'il  y  a  par  exemple  d'in- 
contestable ,  c'est  la  chaleur,  c'est  la  lu- 
mière dont  il  anime  et  vivifie  tous  les 
corps  ,  et  sans  la  quelle  la  terre  serait 
inhabitable  pour  tous  les  être  organisés. 

O  mon  Dieu  ,  qui  as  imi  la  terre  au  so- 
leil ,  afin  de  la  rendre  féconde,  et  qui  de 
l'amour,  ta  propre  nature,  fais  émaner 
éternellement  tous  les  biens  ;  ô  mon  Dieu, 
qui  as  fait  ces  jours  si  brillants  et  ces  nuits 
si  sereines,  qui  as  répandu  à  Ilots  sur  tes 
créatures  les  sources  de  toutes  joies,  qui 
as  fait  l'amour  pour  nos  âmes  comme  la 
lumière  pour  nos  yeux  ;  ô  mon  Dieu  , 
quand  ta  bonté  prévoyante  n'a  rien  omis 
de  ce  qui  pouvait  rendre  heureux  tous  les 
êtres  sortis  de  tes  mains  paternelles  ;  quand 
tu  as  donné  pour  sa  part  à  l'homme  la 
beauté  du  ciel,  la  beauté  des  fleurs,  la 
beauté  de  la  femme  ;  quand,  pour  prix  de 
tes  dons,  tu  ne  lui  as  imposé  d'autre  loi 
que  d'aimer  et  d'être  heureux  ;  quand  tu 
as  été  pour  l'homme  et  si  bon  et  si  bien- 
faisant ,  O  mon  Dieu  ,  pourquoi  l'homme 
est-il  si  méchant  et  si  malheureux  î  Pour- 
quoi, quand  lesoleil,lesétoiles,  les  mondes, 
marchent  invariablement  dans  tes  voies  di- 
vines ,  en  célébrant  la  gloire  de  ton  nom, 
pourquoi  l'homme  seul  a-t-il  trahi  sa  su- 
blime destination?  Pourquoi,  quand  les 
insectes  mêmes  lui  donnent  l'exemple  de 
celte  douce  fraternité  que  tu  lui  as  pres- 
crite pour  son  seul  bonheur  ,  l'homme 
est-il   si  avilie  du  bien  de  son  Crère  ,  qu'il 


57  G 


CLEF  DE  L,V  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


lui  (l('îrohe  jusqu'au  moindre  rayon  de 
ton  soleil ,  jusqu'au  nioiudre  souiïln  d(^  ton 
air  pur,  jusqu'au  moindre  brin  d'herbe  de 
tes  prt'-s  verts,  dont  tu  avais  pourtant  fait 
à  tous  une  part  égale  ?  O  mon  Dieu  ,  je  te 
bénis,  je  t'adore; ,  je  me  prosterne  devant 
ta  grandeur  ,  devant  ta  puissance,  devant 
ta  bonté,  devant  la  sagesse,  qui  a  fait 
l'homme  libre  afin  de  lui  laisser  le  mérite 
de  la  vertu;  mais,  mon  Dieu,  si  tu  ne 
jètes  mi  regard  de  pitié  sur  ta  créature; 
si  tu  ne  répands  sur  elle  un  rayon  d'amour 
qui  la  lave  et  la  purifie  ,  —  hélas  I  c'en  est 
fait  ,  l'homme  ne  se  relèvera  jamais  de  sa 
corruption  ,  et  il  sera  éternellement  mal- 
heureux. Prends  pitié  de  lui  ,  mon  Dieu. 
En  voyant  que  toute  vie  émane  du  so- 
leil ,  comme  lui-même  émane  de  Dieu  , 
faut-il  s'étonner  si  cet  astre  a  été  l'objet 
des  adorations  de  la  plupart  des  peuples 
primitifs  ?  C'était  le  Bel  ou  Daal  des  Ghal- 
déens,  le  Molocli  dcsChananéens,  V Adonis 
des  Phéniciens  et  des  Arabes ,  le  Saturne 
des  Carthaginois  ,  VOsirIs  des  Egyptiens  , 
le  Mithras  des  Pei'ses,  le  Dionius  des  In- 
diens, le  Phébus  m\V Apollon  des  Grecs  et 
des  Romains,  et  le  Delphégor  des  Moabites. 

Ohl  ne  méprisons  pas  le  vieux  culte  des  mages  ; 

Sans  doute  le  soleil  mérita  leurs  hommages. 

En  voyant  aujourd'hui  ce  qu'il  a  fait  pour  nouS| 

On  devient  idolâtre  et  l'on  tombe  à  genoux. 

Non,  tout  n'est  pas  visible  à  l'œil  de  l'astronome; 

Une  chaîne  de  flamme  unit  le  ciel  et  l'homme. 

Nou  ,  le  soleil  n'est  point ,  tel  que  nous  le  voyons  , 

Un  aveugle  cadran  hérissé  de  rayons, 

Une  meule  de  feu  dans  les  aiis  balancée; 

C'est  l'astre  intelligent,   à  l'ardente  pensée, 

C'est  le  foyer  qui  verse  aux  peuples  abattus 

Le  germe  chaleureux  des  sublimes  vertus. 

La  terre  est  son  épouse  ,  elle  en  reçoit  la  vie. 

Six  uiiUe  ans  de  baisers  ne  l'ont  point  assouvie. 

Oh  ]   si  nous  avons  vu  naître  de  leur  hymen  ; 

Les  perles  du  Bengale  et  l'encens  d'Iémen. 

Si  lei  rayons  du  ciel  condensés  en  filières, 

Sèment  d'argent  et  d'or  le  flâne  desCordilières, 

Il  est  un  fruit  plus  beau  que  l'épouse  a  porté , 

Un  fruit  que  le  soleil  mûrit:  la  lireutéI 

Non  ,  ne  méprisons  pas  le  vieux  culte  des  mages; 

Sans  doute  le  soleil  mérita  leurs  hommages. 

Oh  I  si  ma  voix  parlait  au  suprême  conseil, 

Je  fonderais  demain  la  fête  du  soleil. 

Le  peuple,  pour  bénir  sa  rayonnante  idole, 

Irait  au  Panthéon  ,  moderne  Capitole. 

Pans  verrait  alors,  à  des  temps  révolus. 

Ces  tableaux  des  Incas  que  notre  enfance  a  lus. 

Aspect  miiaculmix)  quand  la  lumière  éclosc 

Argentait  les  vallons  où  eoulc  lePotose, 

Sous  les  palmiers  sacrés  tout  un  peuple  béant 

Attendait  à  genoux  le  céleste  géant. 

Qui,  près  de  s'élancer  dans  les  brûlantes  lones, 

Brisait  ses  lames  d'or  dans  l'eau  des  Amazones. 

(EAnnéLEMT.  Némhis.) 

Solstice,  s.  m.  (En  latin  solstiliun  et  non 
pas  solsticiitm,   de  sol,  soleil,    et  slarc , 


s'arrêter:  solis ,  statio  arrôt  du  soleil.  ) 
Tentps  auquel  le  soleil  est  arrivé  .'i  son  plus 
grand  éloignement  de  l'équateur,  et  pa- 
raît,  pendant  quelques  jours  ,  y  être  sta- 
tionnaire.  Solstice  d'hiver.  Solstice  d'été. 
Entre  les  deux  solstices. 

A  ce  point  du  solstice  où  le  bleu  firmamenl 
Donne  des  jours  si  longs  et  des  nuits  d'un  moment. 

(  BATlIIltLEMÏ.  Ndmdsît.) 

Le  solstice  d'été  a  lieu  quand  le  soleil 
est  dans  le  tropique  du  Capricorne  ;  celui 
d'hiver  lorsqu'il  entre  dans  le  Cancer. 

Au  jour  où  l'astre  saint,  fuyant  le  Capricorne  , 
Toucherait  du  Cancer  l'étincelante  borne!.... 

(Bjutuélemy.  NémésU.) 

Solsticial,  aie.  Adj.  Qui  a  rapport  aux 
solstices.  Hauteur  solsticiale.  Points  solsti- 
ciaux. 

S|*hère.  Voyez  aux  figures  de  Géomé- 
trie ,  page  l^97. 

Style,  s.  m.  Vieux  style,  La  manière 
dont  on  comptait  dans  le  calendrier,  avant 
sa  réformation  par  Grégoire  XIII  ,  et  qui 
est  encore  suivie  en  Grèce  et  en  Russie. 
Nouveau  style,  La  manière  dont  c)n  compte 
depuis  cette  rélbrmation.  C'est  aujourd'hui 
le  quinze  de  janvier  selon  le  vieux  style,  ou 
simplement ,  vieux  style  ;  et  le  vingt-six, 
nouveau  style.  (Acad.) 

Vieux  style,  s'est  dit  aussi  de  l'ère  chré- 
tienne, par  opposition  à  l'ère  républicaine 
des  Français. 

Style  ,  en  Gnomonique,  L'aiguille  d'un 
cadran  solaire. 

Sud.  s.  m.  (Mot  d'origine  teutonique.  ) 
Le  midi,  la  partie  du  monde  opposée  au 
nord ,  au  septentrion.  Du  côté  du  sud. 
Vers  le  sud.  Le  vent  est  au  sud,  vient  du  sud. 
Le  vent  du  sud ,  de  sud.  La  mer  du  sud, 
L'Amérique  du  sud. 

Adjectiv.,  Le  pôle  sud  ,  Le  pùle  antarc- 
tique ou  austral.  Degrés  de  latitude  sud , 
Ceux  qui  vont  de  l'équateur  à  ce  pôle.  En 
termes  de  Marine  ,  Faire  le  sud ,  Faire 
route  vers  le  sud.  Sud,  absolument.  Le 
vent  du  sud.  Le  sud  souffle  depuis  long-temps. 
On  dit  adjectiv.  ,  Le  vent  est-sud.  Sud-est, 
La  partie  du  monde  qui  est  entre  le  sud  et 
l'est.  Le  vent  vient  du  sud-est. — Le  vent 
qui  tient  le  milieu  entre  le  sud  et  l'est. 
Adjectiv. ,  Le  vent  est  sud-est. 

Sud-sud-est  ,  Le  point  situé  entre  le  sud 
et  le  sudest,  Le  vent  qui  tient  le  milieu 
entre  le  sud  et  le  sud-est.  Est-sud-est ,  Le 
point  compris  entre  l'est  et  le  sud  -  est. 
Sud-sud-est,   Le   point  compris   entre    le 


SIGNES  DIVERS;    ASTRONOMIE. 


577 


sud-est  et  le  sud.  Sudcstquarl-est,  Le  point 
entre  le  sud  est  et  l'est-sud-est.  Sud-cst- 
quart-sud.  Le  point  entre  le  sud-est  et  le 
sud-sud-est. 

Sud-ouest  ,  La  partie  du  monde  qui  est 
entre  le  sud  et  l'ouest.  Au  sud-ouest  de 
Paris.  Le  vent  du  sud-ouest,  de  sud-ouest. — 
Le  vent  qui  tient  le  milieu  entre  le  sud 
et  l'ouest.  Le  sud-ouest  est  ordinairement 
chaud  et  pluvieux.  Adjecliv.,  Le  vent  est 
sud-ouest. 

Sud-sud-ouest ,  Le  point  compris  entre 
le  sud  et  le  sud-ouest ,  le  vent  qui  tient  le 
milieu  entre  le  sud  et  le  sud  ouest.  Ouest- 
sud-ouest  ,  Le  point  compris  entre  l'ouest 
et  le  sud-ouest.  Sud-sud-ouest ,  Le  point 
compris  entre  le  sud  et  le  sud-ouest.  Sud- 
ouest-quartouest ,  Le  point  entre  le  sud- 
ouest  et  l'ouest-sud-ouest.  Sudouest-quarl- 
sud.  Le  point  entre  le  sud-ouest  et  le 
sud  sud-ouest.  S ud-quart-sudest ,  Le  point 
entre  le  sud  et  le  sud-sud-est.  Sud-quart- 
sud-ouest  ,  Le  point  entre  le  sud  et  le  âud- 
sud-ouest. 

Système.  S.  m.  (  Du  grec  systêma,  as- 
semblage, formé,  de  syn,  avec,  et  histèrni, 
je  place.  )  Assemblage  de  propositions,  de 
principes  vrais  ou  faux  mis  dans  un  certain 
ordre  et  liés  ensemble,  de  manière  qu'il  en 
résulte  des  conséquences  propres  à  établir 
une  opinion  ,  ime  doctrine.  Système  as- 
tronomique de  Ptolèmcc.  Il  admet  deux  ré- 
gions :  la  région  étliéréc  et  la  région  élé- 
mentaire. 1°  La  région  élliéréese  compose 
du  premier  mobile  ou  ciel  entourant  tous  les 
autres  cieux,  de  deux  autres  cieux  trans- 
parents et  concentriques  qu'il  nomme  cris- 
tallins, du  firmament  où  sont  attachées  les 
étoiles  fixes  ,  et  du  ciel  de  chacune  des 
sept  planètes,  Saturne,  Jupiter,  Mars, 
le  Soleil,  Mercure,  Vénus,  et  la  Lune. 

Le  premier  mobile  tourne  d'orient  en  oc- 
cident ,  et  communique  son  mouvement 
aux  dix  autres  cieux. 

2°  La  région  élémentaire  a  pour  centre 
la  terre.  Elle  commence  sous  la  cavité  du 
ciel  de  la  lune  ,  et  renferme  les  quatre 
éléments,  qui  sont  le  feu,  l'air.  Veau,  (1) 
et  la  terre,  dont  le  globe  est  immobile  au 
centre  de  l'univers.  La  terre  est  composée 
de  terre  et  d'eau,  et  environnée  de  l'air  et 
des  eaux  célestes  ,  qui  sont  eux-mêmes  en- 
tourés par  le  feu.  Voyez,  les  mots  Déférent, 


Epicycle ,  Ether,  Firmament,  Premier  mo- 
bile ,  Région ,  etc. 

L'hypothèse  de  Ptolémée  ,  fort  compli- 
quée ,  et  d'ailleurs  ne  satisfaisant  pas  éga- 
lement bien  à  toutes  les  difficultés  ,  a  été 
abandonnée  pour  celle  de  Copernic  ,  qui, 
comme  on  sait,  fait  tourner  les  planètes 
autour  du  soleil.  Ptolémée,  natif  de  Pto- 
lémaïs  (Thébaïde),  vécut  à  Alexandrie 
sous  les  empereurs  Adrien  et  Antonin. 

Système  de  Tysclio-Bralic.  L'auteur  sup- 
pose ,  comme  Ptolémée,  la  terre  immo- 
bile au  centre  de  l'univers.  Autour  d'elle  se 
meuvent  le  soleil,  la  lune,  et  les  étoiles 
fixes  ,  tandis  que  Mercure  ,  Vénus  ,  Mars, 
Jupiter  ,  et  Saturne,  tournent  autour  du 
Soleil.  Tyscho-Brahé,  Suédois,  à  qui,  pour 
prix  de  sa  science  ,  le  roi  Frédéric  H 
donna  Une  île  de  deux  lieues  de  circonfé- 
rence ,  située  près  de  Copenhague ,  le  cé- 
lèbre Tyscho-Brahé  ne  mutila  ainsi  le  sys- 
tème de  Copernic  que  parce  qu'il  le  croyait 
incompatible  avec  les  saintes  Ecritures; 
comme  si  l'Esprit  saint,  en  les  dictant,  eût 
voulu  faire  de  nous  des  physiciens.  Cette 
idée  ,  non  moins  puérile  que  les  réponses 
du  Journal  des  Débats  aux  journaux  del'op- 
position,  est  digue  en  tout  de  celui  qui, 
tout  en  se  moquant  de  ceux  qui  avaient 
peur  des  éclipses,  s'il  rencontrait  le  matin 
une  vieille  femme  ou  un  convoi  funèbre  , 
n'osait  passer  outre  et  s'en  retournait  chez 
lui.  Si  tous  les  titres  de  Tyscho-Brahé  se 
bornaient  à  cette  fameuse  invention,  la 
postérité  serait  bientôt  quitte  envers  lui  ; 
mais  c'est  lui,  dit-on, quia  découvert  rc7«rt- 
tion  annuelle  de  la  lune.  Tischo-Brahé  mou- 
rut en  1601  à  Prague  ,  où  l'empereur  Ro- 
dolpe  II  l'avait  appelé.  Finis  coronat  opus. 
Etant  un  jour  dans  le  carrosse  de  l'empe- 
reur ,  et  se  trouvant  pressé  d'un  besoin 
qu'il  n'osait  déclarer,  on  l'en  retira  pres- 
que mourant  ,  et  il  mourut  en  effet ,  quel- 
ques heures  après  ,  d'une  rétention  d'urine 
à  l'âge  de  cinquante-cinq  ans.  On  lui  fit 
cette  épitaphe  ,  relative  à  la  circonstance 
de  sa  mort  : 

Ci-pît  qui ,  possédant  les  plus  hautes  sciences  , 

Fut  victime  des  bienséances, 
El  dont  le  vrai  portrait  se  fait  en  un  seul  mot  : 
«  11  vécut  comme  un  sage,  et  mourut  comme  un  sot.» 

Syzygie.  s.  f.  (  Du  grec  syzygia ,  con- 
jonction, formé  de  syn  ,  avec,  ensemble. 


(l)  Remarquez  que  sanS  cette    virgule   rincidenlc  qui  suit,   dont  le  globe  est  imiHobdc ,  serait 
aussi  bien  relative  à  Veau  qu'à  lu  lirrc 


T.  Il 


73 


Ô78 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES, 


«;t  do  2cygnyô  ,  je  joins.)  Les  points  Av. 
l'orl)il(>  de  la  lune  dans  les  quels  celte  pla- 
nète est  en  conjonction  ou  en  opposition 
avec  le  soleil.  Dans  le  premier  point,  la 
lune  est  nouvelle  ;  et  dans  le  second,  elle 
est  pleine.  La  lune  est  dans  les  syzygies.  On 
le  dit  également  en  parlant  des  autres  pla- 
nètes. 

Télescope,  s.  m.  (Du  grec  télc,  loin,  et 
skopcô,  je  regarde.)  Nom  générique  de 
tous  les  instruments  d'astronomie  ,  soit  à 
rcllexion  ,  soil  à  réfraction  ,  qui  servent  à 
observer  les  objets  éloignés ,  tant  sur  la 
t(  ire  que  dans  le  ciel.  L'invention  du  té- 
lescope remonte  au  XVl*  siècle.  On  ignore 
le  nom  de  l'inventeur  ,  et  on  en  attribue  la 
découverte  au  hasard,  chez  un  lunettier  de 
Middelbourg.  La  planète  de  Saturne  est  si 
loin  de  nous ,  qu'on  ne  saurait  apercevoir 
tous  ses  satellites  sans  l'aide  d'un  télescope. 
Il  ne  se  dit  plus  guère  que  des  télescopes 
à  réflexion.  Un  bon  télescope  netvtonien.  Le 
télescope  netvtonien  ou  de  Newton  se  com- 
pose d'un  réflecteur  concave,  placé  au 
fond  d'une  caisse,  et  d'un  petit  miroir 
plan,  disposé  entre  le  miroir  concave  et 
son  foyer  principal.  Le  miroir  plan  est  in- 
cliné de  45  degrés  sur  l'axe  de  la  caisse. 
Limage  s'y  produit  sans  couleurs  et  sous 
un  fort  grossissement.  On  la  regarde  au 
moyen  d'une  loupe  placée  dans  un  tube 
latéral.  Télescope  grégorien.  Le  télescope 
grégorien  se  compose  d'un  miroir  concave, 
percé  au  milieu  d'une  ouverture,  et  d'un 
autre  petit  miroir  concave  ,  placé  au  de- 
là du  foyer  principal  et  vis-à-vis  du  pre- 
mier ,  sur  le  quel  l'image  d'abord  renver- 
sée ,  se  réfléchit  et  se  peint  droite  et  sans 
couleurs.  On  la  regarde  au  moyen  d'un 
verre  doué  d'un  fort  grossissement.  Ré- 
duits à  de  petites  dimensions,  les  télesco- 
pes constituent  les  lunettes  d'approche  et 
les  lorgnettes. 

Telescopique.  adj.  Qui  se  fait  avec  le 
télescope,  ou  qu'on  ne  peut  voir  qu'à  l'aide 
du  télescope.  Observations  télescopiques. 
Etoiles  télescopiques.  Festa ,  Junon,  Cérès, 
Pallas,  sont  les  planètes  télescopiques.  Dans 
une  lunette  elles  ressemblent  à  des  étoiles 
de  même  grandeur. 

Température,  s.  f.  (En  latin  tcmpcra- 
tura,  ou  tcmpcries,  de  tetnpus,  temps.) 
L'état  sensible  de  l'air  qui  alTecte  nos  or- 
ganes, selon  qu'il  est  froid  ou  chaud,  sec 
ou  humide.  Température  douce,  agréable, 
tilde,  fâcheuse,   inégale,  humide,  saine.  La 


température  de  ce  climat,  de  ce  pays  est  très- 
humide.  La  température  de  Vierine  est  ex- 
traordinairemcnt  variable  et  tuai  saine. 

—  Le  degré  de  clialcur  qui  se  manifeste  dans  un  lieu 
ou  dans  un  corps.  La  lempérature  de  rctte  étuve  est  trop 
liaulc.  Température  élevée.  La  température  de  ('cou.  La 
température  du  corps  humain.  La  lempérature  du  globe. 

Temps,  s.  m.  (Du  latin  tempus,  tcmp's, 
puis  ,  tem,  en  supprimant  le  p  et  Vs.)  La 
durée  des  choses  ,  marquée  par  certaines 
périodes  ou  mesures  ,  et  principalement 
par  le  mouvement  et  la  révolution  appa- 
rente du  soleil.  Compter,  mesurer  le  temps. 
Le  temps  dévore  tout ,  A  la  longue  tout  se 
détruit.  Cela  n'a  qu'un  temps.  Cela  ne 
dure  pas  toujours.  Laps  de  temps.  Temps 
vrai  ou  apparent.  Le  temps  mesuré  par  le 
mouvement  réel  et  inégal  de  la  terre  au- 
tour du  soleil.  Temps  égal  ou  moyen  ,  Le 
temps  mesuré  par  un  mouvement  imi- 
forme  ,  réglé  sur  la  vitesse  moyenne  de  la 
terre.  Le  jour  solaire  n'ayant  pas  toujours 
la  même  durée  ,  l'heure  du  temps  vrai  et 
l'heure  du  temps  moyen  ne  sont  pas  con- 
stamment  les  mêmes.  C'est  en  hiver  que 
l'heure  du  temps  moyen  avance  le  plus 
sur  celle  du  temps  vrai  ;  c'est  le  contraire 
en  automne. 

Terre,  s.  f.  (Du  latin  terra.)  Le  globe 
de  terre  et  d'eau  que  nous  habitons.  La 
terre  a  la  forme  d'un  globe  ou  d'une  boule 
immense.  Celte  proposition  a  élé  vérifiée 
depuis  long-temps  par  un  grand  nombre 
d'observations.  Si  la  surface  de  la  terre 
était  plane  ,  les  t)bjets  qui  se  rapprochent 
ou  qui  s'éloignent  de  nous  dans  une  vaste 
plaine  ou  sur  la  haute  mer  sembleraient 
seulement  augmenter  ou  diminuer  de  vo- 
lume ;  mais  on  les  verrait  toujours  en  en- 
tier ,  tant  qu'ils  ne  seraient  pas  hors  de  la 
portée  de  la  vue.  Tandis  qu'au  contraire, 
lorsqu'on  approche  d'une  montagne,  on 
n'en  aperçoit  d'abord  que  le  sommet,  puis 
[e  milieu  ,  puis  la  base. 


On  fait  la  même  observation  à  l'égard 
d'un  vaisseau  qui  s'éloigne  du  port.  Les 
parties  inférieures  du  bâtiment  semblent 
s'enfoncer  dans  la  mer,  et  l'on  voit  encore 
le  haut  des  mâts  long-temps  après  que  le 


SIGNES  DIVERS.    ASTRONOMIE. 


579 


corps  du  vaisseau  a  disparu.  Le  contraire 
aurait  lieu ,  si  la  surface  de  la  mer  était 
plane  ;  car  le  bas  du  vaisseau ,  étant  beau- 
coup plus  gros  que  les  mâts,  serait  vu  de 
plus  loin.  11  ne  peut  donc  être  caclié  que 
par  la  convexité  du  globe.  Ces  effets  se 
reproduisent  d'une  manière  uniforme  sur 
toute  la  terre,  soit  que  l'on  se  dirige  à  l'est 
ou  à  l'ouest,  au  nord  ou  au  sud.  Jl  s'en- 
suit donc  que  la  terre  est  également  cour- 
bée de  tous  côtés,  c'est  à  dire,  ronde. 

De  plus,  les  voyages  qui  ont  été  faits 
autour  du  monde  ont  montré  qu'en  allant 
toujours  dans  la  même  direction  on  re- 
vient au  point  de  départ.  Une  preuve  en- 
core, c'est  que  l'ombre  de  la  terre  sur  la 
lune  au  moment  des  éclipses  est  toujours 
celle  d'une  sphère. 

Une  foule  d'autres  expériences  ont  dé- 
montré d'une  manière  irrécusable  que  la 
terre  est  ronde.  On  a  déjà  de  même  été  con- 
vaincu que  c'est  la  terre  qui  tourne  autour 
du  soleil  et  non  pas  le  soleil  autour  de  la 
terre.  V.  Astkonomib.  La  terre  se  compose 
d'un  noyau  solide,  appelé  proprement  la 
terre,  sur  le  quel  s'étend  unecoucheliquide 
que  l'on  désigne  parle  nom  d'eau.  Les  eaux 
couvrent  les  trois  quarts  de  la  surface  du 
globe.La  terre  est  enveloppée  d'une  couche 
gazeuse  ou  atmosphère  de  quinze  à  vingt 
lieues  d'épaisseur.  Elle  est  aplatie  vers  ses 
pôles  ;  en  sorte  que  son  rayon  ,  qui ,  à 
l'équateur,  est  de  6,376,851  mètres,  n'est, 
au  pôle,  que  de  6,$55,9/i3  mètres.  Sa  surface 
est  de  5,098,857  myriamètres  quarrés,  et 
son  volume  de  1,082, 65a, 000  myriamètres 
cubes.  Elle  a  ,  me  disait-on  au  collège , 
9000  lieues  de  circonférence,  ce  qui  équi- 
vaudrait à  3999  myriamètres  99  kilomè- 
tres ,  et  2865  lieues  de  diamètre  ,  ce  qui 
représente  1273  myriamètres.  Son  dia- 
mètre est  porté  dans  un  dictionnaire  à 
12,754,863  mètres.  D'autres  l'élèvent  à 
5200  lieues.  En  sorte  que  ,  parmi  les  livres 
élémentaires,  je  n'en  sache  pas  un  où  ces 
calculs  soient  indiqués  avec  précision. 
Mais  ,  l'immense  clavier  aux  notes  per- 
çantes que  forme  le  corps  des  savants  et  des 
philosophes ,  ce  n'est  pas  moi  qui  entre- 
prendrai de  le  mettre  d'accord. 

L'aplatissement  des  pôles  et  la  hauteur 
des  montagnes  n'empêchent  pas  que  la 
terre  ne  soit  parfaitement  ronde  ;  attendu 
que  l'aplatissement  des  pôles  ne  serait  pas 
d'un  demi-millimètre  sur  un  globe  d'un 
pied  de  diamètre  ;  et  que  la  hauteur  des 


montagnes  est  moindre,  relativement  à  la 
terre  ,  que  les  plus  petites  aspérités  que 
l'on  remarque  sur  la  peau  d'une  orann-e. 
Tout  cela  est  très-bien.  Mais  ,  la  ciiuse  de 
l'aplatissement  des  pôles,  qui  l'expliquera  ? 
Les  uns  disent  ceci ,  les  autres  cela.  La 
plupart  prétendent  qu'il  est  dû  au  mouve- 
ment de  rotation  de  la  terre,  qu'on  suppose 
avoir  été  primitivement  une  masse  molle 
ou  liquide  ,  apte  à  se  déplacer.  Ils  disent 
que  ,  «  soumis  à  la  vitesse  de  rotation  de 
»la  terre,  un  globe  de /erre  glaise  de  la 
»  densité  moyenne  de  la  terre  s'aplatit  pré- 
ocisément  dans  le  même  rapport  que  notre 
B  terre.  » 

Peu  satisfait  de  cette  explication,  qui 
ne  satisfait  guère  en  effet,  voici  M.  Sfref- 
fleur  ,  un  savant  Allemand  ,  qui  nous  en 
donne  une  à  sa  manière.  Selon  lui  il  n'est 
pas  besoin  que  la  terre  ait  été  une  masse 
de  glaise ,  pour  comprendre  l'aplatisse- 
ment des  pôles  ;  attendu  qu'un  noyau  so- 
lide aurait  pu  prendre  le  même  aplatisse- 
ment. 

«  Que  l'on  s'imagine  ,  dit-il ,  un  noyau 
«solide,  par  exemple,  le  globe  OZ  (figuré 
»  ci-dessous)  enveloppéjadis  dans  une  haute 
«masse  d'eau  AB  ,  on  concevra  que  la  ro- 
«tation  ait  fait  prendre  à  cette  enveloppe 
«aqueuse  ,  apte  à  se  déplacer  ,  une  forme 
«sphéroïdale  ,  sans  que  la  forme  du  noyau 
«solide en  ait  été  altérée. 


«  Or  ,  si  le  volume  d'eau  a  diminué  in- 
«  sensiblement  ,  il  a  dû  nécessairement  y 
»  avoir  une  époque  où  le  petit  sphéroïde  c  d 
«toucha  la  terre  au  pôle  o.  Dés  lois  la  mer 
«rongea  sans  cesse  les  pôles,  et  natmelie- 


580 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


»ment  les  parties  dcsagréf,'ces  du  globe  sur 
•  ce  point  lurent  entraînées  par  les  cou- 
«rants  vers  les  latitudes  inféiienres.  »  (1) 
Hypothèse  pour  hypothèse  ,  autant  celle-là 
qu'une  autre.  On  voit  que  M.  Streffleur 
est  de  la  secte  des  hydrogéens  (2),  qui, 
dans  la  formation  do  la  terre,  font  jouer  le 
plus  grand  rôle  à  l'eau.  Suivant  eux,  la 
terre  était  primitivement  une  boule  de  sra- 
nit,  nageant  dans  les  eaux  comme  un  moyeu 
d'œuf  dans  sa  glaire.  Couvé  long-temps 
par  le  soleil ,  l'œuf  immense  éclot  à  la  fin, 
et  les  hommes  ,  les  animaux  ,  les  plantes  , 
tous  les  êtres  organisés  ,  sortent  de  leurs 
germes.  Cette  idée  ne  vous  semble-t-elle 
pas  merveilleuse  ?  Préférez-vous  le  système 
des  pyrogéens  (3)  ?  Ceux-ci  supposent  que 
la  terre  a  été  originairement  en  combus- 
tion et  semblable  au  soleil  ;  que  cette  com- 
bustion ayant  cessé  ,  le  globe  s'est  peu  à 
peu  refroidi ,  et  est  devenu  ce  que  vous  le 
voyez.  Grand  Dieu  !  le  soleil  n'a  qu'à  faire 
de  même,  à  se  refroidir  un  beau  matin,  et 
nous  voilà  frais.  Mais  ce  que  je  ne  m'ima- 
gine pas  très-bien,  c'est  comment  l'homme 
aurait  pu  sortir,  sain  et  sauf,  de  cette 
combustion  générale.  Apparemment,  c'est 
pour  en  être  sortis  à  moitié  brûlés  ,  que 
les  habitants  du  Congo  ressemblent  à  des 
charbons  ambulants,  — Ah  bah!  l'homme 
n'existait  pas  dans  le  feu.  Il  n'a  pu  être 
formé  qu'après.  —  Mais  comment  a-til 
été  formé?  Les  savants,  les  philosophes, 
plutôt  que  de  répondre  ces  simples  mots  : 
Je  n'en  sais  rien,  n'auront  pas  honte  de 
débiter  des  milliards  de  sottises  et  d'extra- 
vagances. O  hommes  présomptueux,  le 
Turc  barbare  vous  répond  :  Dieu  est  tout- 
puissant  ;  et  il  prouve  par  là  qu'il  en  sait 
mille  fois  plus  que  vous.  Parmi  les  pyro- 
géens il  y  a  dissidence.  Quelques  uns  pré- 
tendent que  le  globe  terrestre  ,  que  les 
planètes,  sont  des  fragments  du  soleil,  dé- 
tachés de  cet  astre  par  le  choc  de  quelque 
grande  planète  ,  et  lancés  aux  distances 
respectives  où  nous  les  voyons.  Voilà  ce 
qu'ont  cru  Zoroastre,  Descartes  ,  Buffon, 
Lcibnitz  ,  etc.  Moins  scrupuleux  que  Tys- 
cholîrahé,  tous  ces  gens  là  ont  traité  de 
fictions  tous  les  livres  saints.  Leur  oppo- 
sait-on   le   témoignage   de    Moïse  ?   Bah  ! 


Moïse  n'est  qu'un  poète  ,  répondaient-iis. 
Et  vous  savez  le  cas  que  les  savants  et  les 
philosophes  font  des  poètes.  Connaissez- 
vous  ces  deux  vers  de  Malcbranche  : 

Il  fait  en  co  beau  jour  le  plus  beau  jour  du  monde 
Pour  aller  à  cheval  sur  la  terre  et  Eur l'onde — ? 

11  les  fit  pour  prouver  qu'il  n'eût  dé- 
pendu que  de  lui  d'être  un  grand  poète 
comme  Corneille  ou  Racine ,  s'il  l'avait 
voulu. 

L'échantillon  qu'on  vient  de  voir  n'an- 
nonce-t-il  pas  en  effet  de  grandes  dispo- 
sitions ?  Malebranche  aima  mieux  s'atta- 
cher à  démontrer  Vinsensibilitc  des  bêtes  et 
autres  vérités  non  moins  importantes.  Sa 
conduite  coïncidait  avec  ses  idées.  M.  de 
Fontenelle  raconte  qu'un  jour  qu'il  était 
allé  voir  Malebranche  aux  Pères  de  1*0- 
ratoire  delà  rue  Saint-Honoré,  une  grosse 
chienne  de  la  maison,  et  qui  était  pleine, 
entra  dans  la  salle  où  ils  se  promenaient  , 
et  vint  caresser  le  père  Malebranche  ;  ca- 
resses que  le  disciple  de  Descartes  n'ac« 
cueillit  pas  autrement  que  par  un  grand 
coup  de  pied  qui  fit  jeter  à  la  pauvre 
bête  un  cri  de  douleur  et  à  M.  de  Fonte- 
nelle un  cri  de  compassion.  «Eh!  quoi  1 
lui  dit  froidement  le  père  Malebranche  , 
ne  savez-vous  pas  bien  que  les  bêtes  ne 
sentent  pas  ?  »  Cette  singulière  idée  , 
c'est  dans  Descartes  même  qu'il  l'avait 
trouvée ,  et  il  la  soutenait  avec  un  zèle 
digne  d'un  philosophe.  Et  quand  on  songe 
que  tous  les  systèmes  philosophiques  ne 
sont  composés  que  de  pareilles  extrava- 
gances, n'est-il  pas  permi  de  croire  que 
les  poètes  ,  traités  de  fous  par  les  philoso- 
phes ,  sont  les  seuls  êtres  doués  de  la  fa- 
culté de  penser  et  de  raisonner  ?  Leurs 
œuvres  restées  debout  sur  les  ruines  philo- 
sophiques de  tous  les  siècles  le  prouvent 
assez,  ce  me  semble.  C'est  dans  les  poètes 
qu'on  trouve  les  vérités  les  plus  immua- 
bles, les  plus  éternelles. Ce  seul  motamour, 
je  l'ai  déjà  dit ,  je  ne  cesserai  de  le  répé- 
ter ,  ce  seul  mul  amour  ,  source  de  toute 
poésie,  en  dit  plus  à  lui  seul  que  toutes  les 
philosophies  qui  se  sont  succédées  depuis 
Zoioastre  jusqu'à  M.  Cousin.  Dix  vers  de 
Molière  ou  de  Corneille  renferment  plus 


(l)  Mémoire  sur  les  sciences  physi(/ues ,   par  M.  Stret'lcur  ,    traduit   de  rallcmand    par   M.  C, 
Etienne,  qui  m'en  a  coniniunicjué  le  nianuscrit. 
(a)  Du  gicc  liydûr.  eau,  et  .<^c,  tcrie. 
'i)  Du  grcc;yr.  feu,  cl  gê  ,  lenc. 


SIGNES  DIVERS.    ASTRONOMIE. 


581 


de  vérités  que  tous  les  volumes  que  ne 
cessent  d'entasser  les  savants  et  les  philo- 
sophes. Pauvres  philosoi)hes  !  Qu'un  poète 
les  a  bien  dépeints  !  \  oici  ce  portrait  : 

Qu'est-ce  qu'un  philosophe  ?  Un  sot  dont  le  lanpago 

N'est  qu'un  tissu  confus  de  faux  raisonnements; 

Un  esprit  de  travers  qui ,  par  ses  arguments, 

Prétend  en  plein  midi  faire  voir  des  étoiles; 

Toujours  après  l'erreur  courant  à  pleines  voiles  , 

Quand  il  croit  follement  suivre  la  vérité; 

Un  bavard  inutile  à  la  société; 

Coiffé  d'opinions  et  ponflé  d'hj'perboleB , 

Et  qui,  vide  de  sens,  n'abonde  qu'en  paroles. 

,'DFSroKHfS.  ) 

De  Malebranche  , —  pour  ne  parler  que 
de  lui,  —  de  ce  philosophe  qui  eut  une 
telle  réputation  qu'on  venait  le  voir  de 
toutes  les  parties  du  monde,  qu'est-il  restf.^ 
Ce  qu'il  a  avancé  de  plus  important  le 
voici  :  «  Dieu  est  l'infini  de  l'espace  et  de  la 
t pensée  ;  le  monde  intelligible  est  le  lieu  des 
V  esprits,  comme  l'espace  est  le  lieu  des  corps. 

•  Ainsi  nous  voyons  tout  en  Dieu.  Dieu  est  un 

*  miroir  qui  représente  tous  les  objets.»  Après 
avoir  lu  cela,  n'est-on  pas  bien  avancé? 
Cela  ne  laisse-t-il  pas  dans  l'àme  un  grand 
charme  ?  Eh  !  pauvre  fou  ,  les  poètes  que 
tu  mépiisais  ,  t'en  auraient  dit  plus  en  un 
seul  mot  que  tu  n'en  as  pu  comprendre 
dans  toute  ta  vie.  Si  tu  leur  avais  demandé 
ce  que  c'est  que  Dieu  ,  ils  t'auraient  ré- 
pondu : 

Si  je  concevais  Dieu  ,  je  serais  Dieu  moi-même. 

Et  voilà  certes  une  vérité  qu'aucun  homme 
de  bon  sens  ne  contestera  ,  et  qui  survivra 
à  tous  les  systèmes. 

M.  Cousin  s'efforce  aujourd'hui  de  res- 
susciter le  vieux  Malebranche.  11  pourra 
bien  développer  un  moment  sur  ce  cada- 
vre les  phénomènes  du  galvanisme  ,  mais 
le  faire  revivre  d'une  véritable  vie,  jamais. 
Il  pourra  bien  remettre  à  la  mode  un  in- 
stant telle  ou  telle  métaphysique  plus  ou 
moins  romanesque  ,  mais  lui  imprimer  le 
cachet  indélébile  de  la  vérité,  impossible. 
M.  Cousin  ferait  ,  ce  me  semble,  une 
chose  plus  digne  de  notre  reconnaissance  , 
s'il  employait  les  merveilleuses  facultés 
dont  Dieu  l'a  doué  au  développement  des 
vérités  contenues  dans  l'Évangile  ,  ce  livre 
divin,  fondement  de  toute  philosophie, 
qui  a  changé  la  face  du  monde  et  lui  a 
donné  toute  la  somme  de  bonheur  dont  il 
jouit  aujourd'hui.  Tous  les  grands  prin- 
cipes que  vous  avez  proclamés,  et  dont 
vous  vous  attribuez  la  gloire  exclusive- 
ment ,  vous  les  retrouverez,  orgueilleux 
plagiaires,  vous   les  retrouverez  écrits  en 


toutes  lettres  dans  l'Évangile:  Liberté' 
fraternité ,  Cf;alité ,  ordre  public,  l'union 
fait  la  force.  Quel  livre,  quelle  philosophie 
a  fait  plus  de  bien  au  monde  !  Est- il  rien 
de  plus  délicieux  pour  l'a  me  que  ces  sources 
d'amour  infini  où  nonsabreuve  saint  Paul, 
et ,  plus  près  de  nous,  Fénélon  ?  Fénélon, 
l'idole  de  J.  J.  Rousseau  !  Ce  qui  nous 
touche  et  nous  ravit  le  plus  dans  ce  der- 
nier, n'est-ce  pas  ce  sentiment  profond  de 
la  doctrine  évangélique  qu'il  portait  écrite 
en  son  cœur  en  lettres  de  feu  ,  et  qui  lui 
faisait  dire  :  Si  la  mort  deSocrate  est  d'un 
sage  ,  la  vie  et  la  mort  de  Jésus  sont  d'un 
Dieu.  Voltaire,  Voltaire  lui-mèmeamarché 
dans  la  voie  du  Christ ,  sans  le  savoir  , 
aveuglé  qu'il  était  par  son  orgueil;  et  c'est 
par  là  ,  par  là  seulement  qu'il  a  fait  à  son 
tour  quelque  bien  aux  hommes.  O  terribles 
faiseurs  de  théories  nouvelles ,  im  Dieu 
lui-même  est  venu  sur  la  terre  pour  vous 
enseigner  la  vérité  ;  il  est  venu  vous  révéler 
le  mot  de  l'énigme  que  vous  cherchez;  il 
vous  a  dit  :  Voilà  la  vraie  route  ,  entrez-y , 
suivez-la  .  elle  vous  conduira  tous  au  bon- 
heur. Et  vous,  dans  votre  orgueil ,  vous 
avez  répondu  :  Je  n'ai  besoin  pour  me 
guider  que  de  ma  raison.  Et  dés  lors,  aban- 
donnant la  voie  divine  ,  vous  avez  pris 
chacun  de  votre  côté  ,  par  mille  sentiers 
qui  ne  conduisent  qu'à  des  abîmes.  Cu- 
rieux spectacle  que  celui  de  tant  d'erreurs 
et  d'extravagances  accumulées  ,  s'affuis- 
sant  sous  leur  propre  poids  à  mesure  qu'on 
les  entasse,  et  ne  formant  jamais  qu'une 
immense  ruine.  Philosophes  ,  c'est  un 
humble  poète  qui  vous  le  dit  ,  la  vérité  est 
un  centre  au  quel  aboutissent  tous  les 
rayons.  Tant  que  les  lignes  suivies  par  vous 
ne  seront  pas  parfaitement  parallèles  à  ces 
rayons  ,  tant  que  ces  lignes  ne  feront  que 
se  couper  en  tous  sens  les  unes  les  autres  , 
vous  serez  bien  loin  de  la  vérité.  O  rêveuse 
Allemagne,  si  fière  de  tes  rêveurs,  toi, 
qui  possèdes  autant  de  systèmes  philoso- 
phiques que  tu  as  d'universités,  c'est  sur- 
tout à  toi  que  cela  s'adresse.  A  l'entendre, 
toi  seuleau  mondesais  penseretraisonner  ; 
et,  quant  à  la  France,  elle  n'est  pas  capable 
d'une  idée.  Hélas!  ma  chère  amie,  tu 
rêves  ,  mais  tu  ne  penses  pas.  L'action  suit 
de  prés  la  pensée  ;  le  rêve  seul  est  irréa- 
lisable. Voilà  pourquoi  la  France  pense 
cl  agit ,  tandis  que  ,  toi ,  tu  te  berces  mol- 
lenientdans  tes  rêves  et  dans  la  musique. 
S'il  est  au  monde  une  i)hilosnphie  de  quel- 


582 

que  valeur,  assuronieiit  c'est  celle  qu(!  la 
Francesuit  aujourd'hui,  et  qui  a,  je  l'ai  dit  , 
sa  source  première  dans  l'Evangile.  Je  ne 
crois  pas  pouvoir  l'oruicr  de  meilleur  vœu 
]>our  l'humanité  que  de  voir  cette  philoso- 
phie adoptée  par  toute  la  terre.  Mais  je 
n'ai  pas  raconté  toutes  les  folies  des  sa- 
vants et  des  philosophes,  à  propos  de  la 
Ibrination  de  la  terre. 

Jl  y  a  encore  Ifs  utmogcens  (1) ,  à  la  tète 
des  quels  sont  Laplace  et  Ilerschel.  Ces 
deux  grands  homuies  ont  eu  le  rare  mérite 
de  rêver  les  premiers  qu'en  vertu  d'une 
chaleur  excessive  l'atmosphère  du  soleil 
s'est  étendue  au  delà  des  orbes  de  toutes 
les  planètes,  et  qu'elle  s'est  resserrée  suc- 
cessivement jusqu'à  ses  limites  actuelles. 
Les  planètes  auraient  été  formées  aux  li- 
mites successives  de  cette  atmosphère,  par 
lacondensalitin  des  gaz  qu'elle  aurait  aban- 
donnés dans  le  plan  de  son  équateur  en  se 
retirant.  Ces  gaz  refroidis  auraient  formé 
de  petits  globes  qui  se  seraient  attirés  et 
unis  les  uns  aux  autres.  Les  satellites  au- 
raient été  formés  de  la  même  manière  par 
l'atmosphère  planétaire.  Tel  est  le  système 
adopté  aujourd'hui  par  tous  les  savants. 

Ainsi  les  planètes  sont  filles  du  soleil, 
rien  n'est  plus  certain.  Mais  le  soleil,  de 
qui  est-il  fils?  Mais  les  éloiles,  qui  les  a 
répandues  si  abondamment  dans  l'espace? 
Mais  l'homme,  qui  l'a  formé?  Tous  verrez 
que  l'homme  et  la  femme  seront  sortis  ju- 
meaux de  quelque  œuf  d'autruche  en  putré- 
faction. Comment  cetœufsesera-t  il  trouvé 
là  ?  je  n'en  sais  rien.  Mais  n'importe.  Les 
savants  ne  s'embarrassent  pas  de  si  peu  de 
chose.  Si  le  monde  n'existait  pas,  ils  l'in- 
venteraient. Aussi  se  mettent-ils  volontiers 
à  la  place  de  Dieu,  au  quel,  dans  leurs  sys- 
tèmes, ils  n'assignent  jamais  que  le  second 
rôle. 

Pauvres  insensés!  ils  passent  les  nuits  à 
lire  dans  les  astres,  ils  assistent  tous  les 
jours  au  magnifique  spectacle  de  l'univers, 
ils  écoutent  l'harmonie  parfaite  que  les 
cieux  font  entendre  dans  leurs  mouve- 
ments, ils  voient  quels  liens  admirables 
coordonnent  toutes  les  parties  de  ce  vaste 
ensemble,  et,  tout  en  admirant  l'œuvre, 
ils  ne  soupçonnent  pas  même  l'ouvrier. 
"Quoi!  s'écrie  un  poète,  Chateaubriand, 
quoi!  dans  des  figures  si  variées,  dans  une 
si  grande  diversité   de   caractères,   on  ne 


CI.El'  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


peut  trouver  les  lettres  qui  sutïisent  à  sou 
nom  !  Le  problème  de  la  Divinité  n'est-il 
point  résolu  dans  le  calcul  mystérieux  de 
tant  de  soleils?  Une  algèbre  aussi  brillante 
ne  peut-elle  servir  à  dégager  la  grande  in- 
connue ?» 

Tout  s'explique  parla  Toute-Puissance 
de  Dieu. Mais  une  explication  si  simple  ne 
suflSt  pas  aux  philosophes.  Le  témoignage 
de  l'Ecriture  n'est  pour  eux  d'aucune  va- 
leur. La  géologie  leur  apprend  que  l'âge  de 
la  terre  est  immense  et  incalculable,  si  l'on 
considère  le  temps  qui  a  dû  s'écouler  entre 
l'instant  de  son  origine  et  celui  où  sa  sur- 
face est  arrivée  à  l'état  actuel  qu'elle  pré- 
sente; et  ils  rejètent  la  chronologie  de 
Moïse  ;  comme  si  Dieu  n'avait  pas  pu 
créer  le  monde  avec  toutes  les  marques  de 
vétusté  et  tous  les  compléments  que  nous 
lui  voyons. 

Qui  sait?  la  terre  ne  fut  peut-être  d'a- 
bord qu'un  noyau  de  pèche  lancé  dans 
l'espace,  et  doué  de  la  faculté  extraordi- 
naire de  grandir  et  de  se  développer  indé- 
finiment, de  manière  à  former  le  globe  qui 
nous  porte  et  qui  nous  nourrit.  Est-il  une 
absurdité  qui  ne  puisse  passer  par  la  tête 
d'un  philosophe  ? 

Ah!  combien  le  système  de  Moïse  est 
plus  raisonnable,  et  plus  en  harmonie  avec 
mon  cœur  !  Allez  !  vous  avezbeau  dire,  l'au- 
teur de  la  nature  ne  fut  pas  un  si  méchant 
ouvrier  que  vous  le  prétendez.  Il  est  de 
toute  vrai-semblance  que  le  monde  naquit 
à  la  fois  jeune  et  vieux,  afin  que  l'œuvre  de 
Dieu  ne  manquât  ni  de  pompe  ni  de  ma- 
jesté ;  qu'Adam  sortit  des  mains  du  Créa- 
teur homme  fait,  «pour  s'accorder  par  sa 
majesté,  dit  Chateaubriand,  avec  les  an- 
tiques grandeurs  de  son  nouvel  empire  ,  et 
que  sans  doute  sa  compagne  compta  de 
même  à  sa  naissance  seize  printemps  pour 
se  trouver  en  harmonie  avec  les  fleurs 
et  les  oiseaux  et  toute  la  partie  jeune  de 
l'univers.  ■> 

O  folie  !  oies  savanls  ont  cru  tenir  Dieu 
dans  leurs  creusets  et  leurs  télescopes , 
parce  qu'ils  y  ont  vu  quelques-uns  des  élé- 
ments sur  les  quels  l'intelligence  suprême 
a  fondé  les  mondes.  » 

Etudiez-les,  ces  éléments  dans  leurs  ef- 
fets, dans  leurs  propriétés;  faites  de  leurs 
forces  une  application  utile  ;  inventez  l'ar- 


(i)   Du  gi'cc  iilmoi  ,  vajicui 


SIGNES  DIVERS.  ASTRONOMIE. 


585 


chitecture,  la  mécanique,  les  bateaux  à 
vapeur,  les  chemins  de  fer,  etc.  ;  mais  ne 
descendez  pas  dans  un  abîme  d'où  vous  ne 
pouvez  remonter  que  fous. 

Insecte  de  la  terre  ,  invisible  fourmi , 
Ne  va  pas  te  mêler  de  toiser  l'infini. 

Tous  les  objets  qui  se  trouvent  à  la  sur- 
face de  la  terre  y  sont  retenus  par  une  force 
nommée  attraction ,  qui  les  attire  sans 
cesse  vers  le  centre  du  globe,  et  dont  l'ef- 
fet est  la  pesanteur  ou  gravité.  Cette  force 
peut  être  comparée  à  celle  de  l'aimant  qui 
attire  le  fer.  Cette  force  est  la  main  de 
Dieu.  Que  cette  main  se  retire,  et  les  mon- 
des ne  seront  plus  qu'une  impalpable  pous- 
sière perdue  dans  l'espace  ! 

Triétéride,  s.  f.  (Du  grec  frets  ,  trois,  et 
étos,  année.)  Espace  de  trois  ans. 

Trigone.  (Du  grec  trigûnon ,  triangle, 
fait  de  tréis,  trois,  et  de  gônia,  angle.)  Ins- 
trument de  gnomonique. 

—  En  Astrol. ,  L'aspect  de  trois  planè- 
tes lorsqu'elles  sont  éloignées  les  imes  des 
autres  de  cent  vingt  degrés,  ce  qui  forme 
un  triangle. 

Tropique,  s.  m.  (Du  grec  Irépô ,  je 
tourne,  parce  que  le  soleil,  après  avoir  at- 
teint le  tropique,  semble  retourner  sur  ses 
pas.)  Chacun  des  deux  petits  cercles  de  la 
sphère  parallèles  à  l'équateur,  qui  passent 
par  les  points  solsticiaux,  c'est-à-dire,  par 
des  points  éloignés  de  l'équateur  de  23  de- 
grés 28  minutes  30  secondes,  et  entre  les 
quels  s'opère  le  mouvement  annuel  du  so- 
leil. Tropique  du  Cancer,  Celui  qui  passe 
par  le  premier  point  de  la  constellation 
du  Cancer,  dans  l'hémisphère  boréal.  Tro- 
pique du  Capricorne  ,  Celui  qui  passe  par 
le  premier  point  de  la  constellation  du  Ca- 
pricorne, dans  l'hémisphère  austral.  Lesrc- 
gions  situées  entre  les  deux  tropiques.  On  les 
nomme  aussi  régions  tropicales  ou  intcrtro- 
picales,  mais  cette  dénomination  n'est  pas 
du  goût  de  l'Académie.  Passer  le  tropique. 
Passer  sous  le  tropique.  On  connaît  les  cé- 
rémonies du  baptême  grotesque  que  les 
marins  font  subir  à  ceux  qui  passent  pour 
la  première  fois  sous  le  bonhomme  Tropique. 

Tropique,  est  quelquefois  adjectif.  An- 
née tropique.  L'espace  de  temps  qui  s'é- 
coule entre  le  moment  d'un  équiuoxe  et 
celui  oit  le  soleil  revient  au  même  équi- 
noxe. 

L'année  tropique  est  celle  dont  on  fait 
usage  dans  la  vie  civile. 

En  Botanique,  Plantes  tropiques ,  Celles 


dont  les  fleurs  s'ouvrent  le  matin  et  se  fer- 
ment le  soir.  Locution  peu  usitée. 

Univers,  s.  m.  (En  latin  universus,  sous- 
entendu  viundus.  )  Le  monde  entier.  Dieu 
a  créé,  conserve,  et  gouverne  l'univers.  Plu- 
tôt que  d'admettre  cette  vérité  si  simple  , 
les  savants  forgeront  mille  systèmes  con- 
tradictoires ,  qui  n'aboutissent  qu'à  l'ab- 
surde. 

0  II  est  un  Dieu  ;  les  herbes  de  la  vallée 
et  les  cèdres  de  la  montagne  le  bénissent , 
l'insecte  bourdonne  ses  louanges ,  l'élé- 
phant le  salue  au  lever  du  jour,  l'oiseau  le 
chante  dans  le  feuillage,  la  foudre  fait  écla- 
ter sa  puissance ,  et  l'Océan  déclare  son 
immensité.  L'homme  seul  a  dit  :  Il  n'y  a 
point  de  Dieu. 

»  Il  n'a  donc  jamais,  celui-là,  dans  ses 
infortunes  ,  levé  les  yeux  vers  le  ciel,  ou  , 
dans  son  bonheur,  abaissé  ses  regards  vers 
la  terre  ?  La  nature  est-elle  si  loin  de  lui 
qu'il  ne  l'ait  pu  contempler,  ou  la  croit-il 
le  simple  résultat  du  hasard  ?  Mais  quel  ha- 
sard a  pu  contraindre  une  matière  désor- 
donnée et  rebelle  à  s'arranger  dans  un  or- 
dre aussi  parfait  ? 

»  On  pourrait  dire  que  l'homme  est  la 
pensée  manifestée  de  Dieu  ,  et  que  l'univers 
est  son  imagination  rendue  sensible." 

(Chateaubriand.) 

Comparez  un  peu  les  idées  des  savants 
aux  idées  des  poètes. 

Univers,    se  dit  dans  un  sen»  particulicrde  La 

ferre,  et  quelquefois  même  d'Une  grande  partie 
de  la  terre.  Au  bout  de  l'univers. 

—  Les  habitants  de  la  terre.  Tout  l'uni- 
vers était  à  ses  genoux.  Les  apôtres  ont  an- 
noncé l'Evangile  à  tout  l'univers. 

Uranographie.  s.  f.  (Du  grec  ouranos, 
ciel,  et  graphe,  description.)  Science  qui 
a  pour  objet  l'étude,  la  description  des 
phénomènes  célestes, 

Uranographique.  adj.  Qui  appartient 
à  l'Uranographie. 

Uranus.  s.  m.  Planète  découverte  en 
1781,  par  William  Herschel ,  dont  elle  a 
porté  le  nom  pendant  quelque  temps.  Son 
éloignement  étant  très-grand  ,  elle  n'offre 
rien  de  remarquable.  Dans  une  lunette  elle 
ressemble  beaucoup  à  une  étoile  de  pre- 
mière grandeur,  sauf  son  éclat.  Uranus  a 
six  satellites  d'après  Herschel  ;  mais  on  n'a 
pu  ,  dit-on  ,  constater  l'existence  que  de 
deux  de  ces  satellites. 

Variation,  s.  f.  (Du  latin  variatio.) 
Changement. I.a  variation  du  temps.  Lava- 


584  CLEF  DE  LA  LANGUE 

riation  du  baromètre.  La  variation  des  vents. 
Les  variatiotis  de  l'attuosplière. 

La  variation  de  l'ais;iùUe  ainianicc,  (a  va- 
riation de  la  lioiissolc.  ta  variation  diiconxpas, 
La  dérivation  de  l'aiguille  de  la  boussole, 
qui ,  au  lieu  de  regarder  droit  vers  le  nord, 
décline  plus  ou  moins  vers  l'est  ou  vers 
l'ouest.  C'est  ce  qu'on  nomme  autrement 
déclinaison.  Voyez  ce  mot. 

Varier.  V.  n.  Changer,  en  parlant  du 
temps.  A  Vienne,  le  temps  varie  continuel- 
lement. 

Vent.  s.  m.  (En  latin  vent  us ,  de  venire, 
venir.  )  Mouvement  plus  ou  moins  rapide 
de  l'air,  suivant  une  direction  déterminée. 
Les  quatre  vents  principaux  ou  cardinaux 
sont  :  le  vent  du  nord,  le  vetit  du  sud,  le  vent 
d'est,  le  vent  d'ouest.  La  direction  du  vent 
se  détermine  au  moyen  de  la  girouette,  que 
tout  le  monde  connaît,  et  de  la  rose  des 
vents,  morceau  de  carton  ou  de  corne 
coupé  en  rond,  du  diamètre  de  quinze  à 
seize  centimètres,  sur  le  quel  sont  tracées 
les  trente-deux  aires  de  vent  de  k  boussole 
par  des  lignes  qui  partent  du  centre. 

N 


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it 

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^  SE 

A  terre  la  rose  des  vents  n'a  besoin  ordi- 
nairement que  de  huit  rayons,  car  il  suffit 
de  connaître  les  vents  du  nord ,  du  sud  , 
d'est,  d'ouest,  de  nord-est,  nord  ouest , 
sud-est,  et  sud-ouest.  Mais  les  navigateurs 
ont  une  rose  plus  compliquée,  marquant 
trente-deux  espèces  de  vents,  qui  alois 
prennent  les  noms  de  sud-sud-est ,  nord- 
nord-ouest,  sud  quart-sud-est,  nord-quart- 
nord-est,  etc.,  etc.  Voyez  ces  mots  à  leur 
rang  alphabétique. 

La  girouette  est  une  pièce  de  ferblanc 


ET  DES  SCIENCES. 

OH  d'autre  matière  fort  mince,  découpée 
en  l'orme  de  banderole,  de  flèche  empen- 
née, de  chasseur,  de  cheval,  de  sanglier, 
de  coq  (1),  etc.,  mise  sur  un  pivot  en  un 
lieu  élevé,  de  manière  qu'elle  tourne  au 
moindre  vent. 

Lorsque  la  plaque  est  dans  la  direction 
du  sud  on  dit  qu'il  l'ait  le  vent  du  nord  ; 
lorsqu'elle  est  à  l'est  on  dit  qu'il  fait  le  vent 
d'ouest.  On  place  quelquefois  au  dessous 
de  la  girouette  quatre  tiges  en  fer,  portant 
les  lettres  N,  S,  E,  O,  initiales  de  nord, 
sud,  est,  ouest.  Girouette  de  ferblanc,  de 
tôle,  etc.  Les  girouettes  armoriées  se  nom- 
ment pannonceaux.  Elles  étaient  autrefois 
une  marque  de  noblesse. 

0  La  vitesse  et  la  force  du  vent  varient  à 
l'infini.  Elles  offrent  tous  les  degrés  inter- 
médiaires depuis  le  zéphir  jusqu'à  l'oura- 
gan, et  se  mesurent  au  moyen  de  l'anémo- 
mètre, qui  n'est  autre  chose  qu'une  large 
plaque  de  bois  portant  à  son  centre  une 
tige  à  crémaillère  appuyée  sur  un  ressort. 
En  venant  frapper  la  plaque,  le  vent  en- 
fonce phis  ou  moins  la  tige,  suivant  que  sa 
force  est  plus  ou  moins  grande.  »  {Encycl, 
de  la  Jeunesse.)  On  peut  voir  dans  le  ta- 
bleau suivant  le  nom  qu'ils  reçoivent  sui- 
vant leur  rapidité. 


NOMBBE    DE 


Qm 
2 

10 
20 
22 
27 
S6 
45 


1,800 

7,200 

30,000 

72,000 

81,000 

97.200 

129,600 

162,000 


NOMS  DES  VENTS. 


Vent  à  peine  sensible. 

Vent  modéré. 

Vent  fort. 

A'ent  très-forl. 

Tempête. 

Grande  tempête. 

Ouragan. 

Oura'^an  qui  renverse  les  édi 
Cces  et  déracine  les  arbres. 


Les  navigateurs  les  désignent  sous  les 
noms  de  petite  brise,  jolie  brise,  brise  fraî- 
che, grand  frais,  coup  de  vent,  tempête,  ou- 
ragan. Ils  disent  aussi  brise  carabinée,  en 
parlant  d'un  vent  qui  souffle  avec  une  vio- 
lence extraordinaire.  Vent  ou  brise  de  terre. 
Vent  qui  souffle  du  côté  de  la  terre.  Brise 


(l)  -  Il  y  a  long-lemps  que  je  cherchais  à  me  rendre  compte  pourquoi  l'on  met  plutôt  un 
poq  qu'une  poule  au  haut  d'un  clocher  ,  et  je  crois  l'avoir  trouvé ,  disait  le  bedeau  d'une  paroisse  : 
c'est  que,  si  l'on  y  mettait  une  poule  et  qu'elle  vînt  à  pondre  ,  les  œufs  se  casseraient  peut-être.  •• 


SIGNES  DHEUS.   ASTRONOMIE. 


du  large,  ou  brise  de  rr.er ,  Celle  qui  vient 
du  côté  de  la  mer, 

F'etits  rc^'uliers.  Vents  irrégiilicrs.  On  di- 
vise les  premiers  en  vcnl s  généraux  ou  con- 
stants et  en  vents  périodiques  ou  réglés.  Les 
vents  généraux  sont  ceux  qui  souillent  tou- 
jours dans  la  même  direction.  Tels  sont 
les  vents  alizés,  que  l'on  trouve  constam- 
ment en  certains  parages  entre  les  deux 
tropiques,  et  qui  sont  d'un  grand  secours 
pour  les  voyages  de  l'Amérique  ou  des  In- 
des orientales.  Ils  soufflent  du  sud-est 
dans  I  hémisphère  boréal ,  et  du  nord-est 
dans  l'hémisphère  austral.  A  mesure  qu'on 
s'approche  de  la  ligne ,  leur  force  dimi- 
nue. Nous  jugeâmes  a  propos  de  changer  no- 
ire rouie  pour  aller  chercher  les  vents  alizés. 
On  attribue  les  vents  alizés  au  niuuvenient 
lie  rotation  delà  terre,  que  l'air  ne  suit 
pas  avec  assez  de  rapidité,  de  sorte  qu'il 
paraît  se  porter  sans  cesse  vers  le  couchant. 
Les  vents  périodiques  sont  subdivisés  en 
vents  des  saisons,  vents  anniversaires,  et 
vents  journaliers.  Les  venls  des  saisons  ou 
moussons,  qui  dominent  dans  la  mer  des 
Indes,  soufflent  du  sud-est  depuis  le  mois 
d'octobre  jusqu'au  mois  de  mai,  et  du 
nord-ouest  depuis  le  mois  de  mai  jusqu'au 
mois  d'octobre.  La  mousson  du  sud-est.  La 
mousson  du  nord-ouest.  Les  variatiotis  de  la 
mousson.  Les  vents  anniversaires  ou  élésiens 
soufllent  chaque  année  pendant  un  certain 
nombre  de  jours  dans  les  mers  du  Levant, 
dans  la  Méditerranée.  Ils  se  font  sentir 
jusqu'en  Espagne.  Ces  vents  raTraîchissent 
et  purifient  l'atmosphère  descieux  où  ils  ré- 
gnent. Les  vents  irréguliers,  ou  variables,  ou 
accidentels,  soufflent  tantôt  d'un  côté,  tan- 
tôt de  l'autre,  et  ne  sont  soumis  à  aucune 
loi. 

Les  zones  tempérées  ne  connaissent  que 
les  vents  variables ,  et  paraissent  exemptes 
des  ouragans  qui  dévastent  les  contrées  si- 
tuées dans  la  zone  torride. 

Lorsque  deux  vents  opposés  se  rencon- 
trent,  dit-on,  ils  produisent  un  tourbillon 
rapide,  connu  sous  le  nom  Ae.  trombe  on 
siphon. 

Aucune  partie  du  globe  n'est  à  l'abri 
de  ce  redoutable  phénomène.  11  se  mon- 
tre indifféremment  sur  terre  et  sur  mer. 
Amas  de  vapeurs  semblables  à  un  nuage 
fort  épais,  et  s'allongeant  en  Forme  de  cy- 
lindre ou  de  cône  renversé,  il  se  roule  im- 
pétueusement sur  lui-même  el  entraine 
avec  lui   tout    ce  qu'il  rencontre  sur  son 

1.  II. 


585 

passage,  en  produisant  un  bruit  plus  ou 
moins  violent,  et  lançant  de  distance  en 
distance  des  globes  de  feu  qui  s'échappent 
avec  de  fortes  détonations. 

En  1839  une  trombe  ravagea  le  village 
de  Chatenay,  près  Paris.  Elle  renversa  des 
murs  ,  emporta  des  toitures,  brisa  et  déra- 
cina des  arbres,  tua  les  poissons  d'une  ri- 
vière, etc. ,  etc. 

A  Saint-Jean  d'Antigoa,  je  ne  sais  plus 
à  quelle  époque,  une  trombe  enleva  une 
petite  maison  et  la  transporta  à  treize  mè- 
tres de  distance. 

Une  trombe  épouvantable  vient  d'écla- 
ter sur  la  vallée  de  Monville  ,  près  Rouen, 
où  elle  a  fait  de  nombreuses  victimes. 

On  attribue  ce  phénomène  à  la  lutte  de 
deux  vents  opposés  ;  mais  les  vents  ne  pro- 
duisent pas  ces  masses  de  flamme  et  de  fu- 
mée que  la  trombe  vomit  à  chaque  in- 
stant. L'électricité  y  est  bien  pour  quelque 
chose. 

En  marine,  on  désigne  les  vents  par 
leur  direction  et  par  les  parties  du  vaisseau 
qu'ils  frappent  directement.  Vent  d'arrière. 
Vent  en  poupe.  Vent  d'amont.  Celui  qui 
vient  de  terre. 

0  Malgré  les  désastres  qu'il  produit  quel- 
quefois par  son  impétuosité  ,  le  vent  est  un 
des  plus  grands  bienfaits  de  la  nature.  C'est 
lui,  en  effet,  qui  entretient  la  pureté  de 
l'atmosphère,  qui  nous  apporte  les  nuages 
et  la  pluie  dont  l'action  est  indispensable 
à  la  vt'gétation.  C'est  le  vent  qui  est  chargé 
de  porter  à  plusieurs  (leurs  la  poussière  fé- 
condante qui  doit  donner  lieu  au  fruit; 
c'est  lui  qui  répand  au  loin  les  graines  d'un 
grand  nombre  de  végétaux,  etc.  »  {Encycl. 
de  la  Jeun.)  Il  n'en  faut  donc  pas  mal  par- 
ler. 

Voici  comme  il  coiiTient  d'en  parler,  d'aprùsle  Diction- 
naire de  l'Académie.  Grand  vent.  Fent  impétueux ,  froid, 
chaud  ^  humide  y  mou,  pluvieux^  doux,  agréahlc^  frois.  Vent 
haut.  Vent  bas.  Il  fait  grand  vent.  Le  vent  souffle.  Le  vent  se 
thve.  Le  vent  change.  Le  vent  tourne.  Le  vent  cesse,  est 
apaisé,  est  tombé,  s'est  abattu  tout  d'un  coup.  Etre  exposé 
au  vent,  à  tous  les  vents,  à  tout  vent.  Etre  «  l'abri  du  vent. 
La  force,  ta  vitesse,  ta  violence,  l'impétuosité  du  vent.  Il 
vient  bien  du  vent  par  cette  porte,  parcette  fenêtre.  Cet  arbre 
a  été  abattu  d'un  coup  de  vent. 

Venls  souterraine ,  Vents  qui  se  forment  dans  la  conca- 
vité de  la  terre. 

Vent  coulis.  Veut  qui  passe  par  de  petites  ouvertures. 

Fani.,  Etre  logé  aux  quatre  vents  ,  Etre  logé  dans  une 
maison  exposée  aux  vents  cl  ouverte  de  tous  eûtes. 

Par  exagér.,  /(  va  comme  le  vent ,  il  va  plus  vite  que  te 
vent ,  Il  court  très-vite.  Il  fend  le  vent,  se  dit  d'un  oiseau 
qui  vole  avec  une  (-raude  r.ipidité. 

Ce  vaisseau  flotte  au  gré  du  vent,  à  ta  merci  rfa  vent ,  Il 
n'est  point  gouverne.  Ses  cheveux  flottent  au  gré  du  vent , 
lU  IloUont  en  lair,  agités  par  le  souffle  du  venl 

74 


586 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


PiOV.  Pt  fig. ,  Regarder  rfc  quel  calé  rient  h  vent ,  S'aiiiu- 
9or  à  rogarilor  dehors  sans  aucun  dessein  et  comme  un 
lionniic  oisif. —  Obseiveilc  cours  des  affaires  et  les  diver- 
ses conjectures,  pour  régler  sa  conduite  suiinnt  ce  que 
l'on  dtxouvre. 

Prov.  cl  lig. ,  Jeter  ta  plume  au  vent  ,  Prendre  sa  réso- 
lution au  hasard. 

Fam. ,  et  par  plaisanterie,  Mettre  flamberge  au  vent. 
Tirer  répée. 

Prov. ,  PelUe  pluie  abat  grand  vent  ,  Uuc  petite  pluie 
fait  ordinairement  cesser  un  grand  vent;  et  figur.  ,  Un 
peu  de  douceur  apaise  souvent  un  grand  emportement, 
ou  Une  cause  légère  .  un  petit  incident  fait  cesser  quel- 
quefois de  grands  troubles,  de  grandes  querelles. 
Prov. ,  Autant  en  emporte  le  rent. 

Fig.  et  fam.,  C'est  une  girouette  qui  tourne  ù  totit  vent, 
au  moindre  vent  ;  il  tourne  l'i  tout  vent. 

Prov.  et  fig.,  A  brebis  tondue  Dieu  mesure  lèvent,  La 
Providence  proportioiuie  nos  maux  à  nos  forces. 
Moulin  à  vent.  Moulin  que  le  vent  fait  mouvoir. 
En  termes  de  llarinc  ,  Avoir  vent  arrière,  avoir  bon 
rent.  Avoir  vent  de  bout,  vent  contraire. — Etre  vent  devant, 
se  dit  d'un  navire  qui  reçoit  le  Tent  sur  ses  toiles,  en  le 
prenant  de  devant. 

Fig.,  ^roi'r  le  vent  en  poupe.  Etre  secondé,  favorisé  par 
les  circonstances.  Fig.,  Le  vent  des  prospérités,  de  l'adver- 
sité ,  La  fortune  favorable  ou  défavorable.  I,e  vent  de  la 
faveur.  L'avantage  du  crédit,  la  faveur  du  prince.  Le  vent 
tourne ,  Le  cours  des  choses  change,  devient  favorable,  ou 
Cesse  de  l'être. 

En  ternies  de  Marine,  Pincer  le  vent,  serrer  le  vent ,  ral- 
lier le  renjou  au  reni,  tenir  le  vent  ;  et ,  Aller  au  plus  près 
du  vent ,  ou  elliptiq. ,  aller  au  plus  pris ,  Disposer  ses  voi- 
les de  telle  sorte  ,  que  le  navire  aille  le  plus  près  qu'il  est 
possible  de  la  ligne  sur  la  quelle  le  vent  souffle,  eu  re- 
montant vers  le  coté  d'où  il  souffle. 

Avoir  le  vent  sur  un  navire  ,  être  au  vent  d'un  navire  , 
avoir  le  dessus  du  vent ,  gagner  le  vent,  le  dessus  du  vent  l'i  un 
navire.  Se  trouver  où  se  mettre  entre  le  lieu  d'où  le  Tcnl 
souffle  et  le  navire  dontil  s'agit;  ce  qui  se  dit  aussi  en 
parlant  d'une  île.  Celle  Ue  était  au  vent  à  nous.  Elle  était 
entre  nous  et  l'endroit  d'où  souffle  le  vent.  Celte  Ue  nous 
Testait  sous  le  vent ,  Nous  étions  entre  cette  île  et  l'endroit 
d'où  le  veut  soufflait. 

Fig.  et  fam. ,  Avotr  le  dessus  du  vent.  Avoir  l'avan- 
lagi-.  Être  au  dessus  du  vent  (inusité  au  propre  dans  la 
Marine) ,  Être  en  état  de  ne  rien  rraindre. 

fent  fait ,  Vent  qui  ne  varie  plus  et  qui  paraît  devoir 
durer. 

Avoir  vent  et  marée  ,  Avoir  le  vent  et  la  marée  favora- 
bles. Dans  le  sïns  Contraire,  Aller  contre  vent  et  marée.  Un 
bâtiment  qui  va  contre  vent  et  marée. 

Fig.  et  fam.,  Cet  homme  a  vent  et  marée.  Tout  favorise 
ses  desseins.  //  va  rentre  vent  et  marée.  Il  poursuit  obsti- 
nément ses  projets,  malgré  toutes  les  dillicultésqui  s'y  op- 
posent. Prov.,  Selon  le  vent  ,  la  voile. 

Aller  selon  te  vent.  Régler  sa  navigation  sur  lèvent. 
Aller  tout  d'un  vent,  d'un  même  vent.  Faire  sa  route  avec  un 
seul  vent;  ce  qui  a  lieu  lorsque  le  trajet  est  direct,  et 
qu'on  n'a  besoin  que  d'un  seul  vent  pour  le  faire.  Prov. , 
On  va  d'un  même  vent  l'i  deux  endroits  opposés.  On  va  de 
tout  veni  à  un  même  endroit.  Fig.  et  fam. ,  Aller  selon  le 
vent ,  S'accommoder  au  temps. 

En  termes  do  Cba.sse ,  Chasser  au  rcnl ,  aller  dans  le 
vent.  Aller  contre  le  vent. 

Parler  au  vent,  parler  le  nez  au  vent.  Se  dit  des  ani- 
maux, surtout  des  chevaux,  lorsqu'ils  portent  la  tête 
haute.  Fig.  et  fam. ,  Cet  homme  porte  le  nez  au  vent ,  11 
porte  la  tête  haute  ,  il  a  l'air  lier,  dédaigneux.  Fig.  et 
fani..  Quel  bon  vent  vous  am'cnc. 

Vent ,  L'air  agité  par  quelque  moyen  particulier.  Faire 
du  vent  avec  un  éventail 

—  Respiration,  souffle,  haleine.  Prendre  son  vent. 
Méprendre  son  vent,  flclenir  son  vent,  Retirer  son  vent. 


^-  L'odeur  qu'une  bête  laisse  dans  les  lieux  où  elle  a 
été,  où  elle  a  passé.  Le  cerf  est  de  plus  grand  vent  que  le 
lièvre, 

—  L'odeur  qui  vient  des  émanations  d'un  corps.  Le 
sanglier  prend  vent  de  tous  entés  avant  que  de  sortir  de  sa 
bauge  ,  Il  llaire  de  tous  cotés.  Le  sanglier  a  eu  le  vent  du 
gland,  les  corbeaux  ont  eu  le  vent  d'une  béte  mort».  L'o- 
deur en  est  parvenue  jusqu'à  eux.  Fig.  et  fam. ,  Avoir  vent 
de  quelque  chose ,  Avoir  vent  que  quelque  chose  se  passe.  En 
recevoir  quelque  avis.  Prov.  ,  N'avoir  ni  vent  ni  nouvelle  , 
ni  vent  ni  voie  de  quelque  chose  ou  de  quelqu'un.  Fig.  et  fam. , 
Le  vent  du  bureau  ,  Ce  qu'on  connaît  ou  ce  qu'on  présume 
des  dispositions  où  sont  ceux  de  qui  dépend  la  décision 
d'une  affaire,  lia  le  vent  du  bureau  pour  lui ,  contre  lui. 
Prendre  le  vent  du  bureau, 

—  Fig.,  Vanité.  Lln'jr  a  que  du  vent  dans  cette  tête. 
VE.NTS  ,  Divinités  poétiques,  enfants  du  Ciel  et  de  la 

Terre ,  ou  selon  d'antres ,  d'Astrée  et  d'Héribée.  Les 
quatre  principaux  étaient  Borée  (  vent  du  nord),  Eurua 
(de  l'est),  Kotus  (du  midi,  Auster,  chez  les  Romains), 
et  Zéphyras  ou  Favonius  (  de  l'ouest).  Eole  était  leur  roi, 
et  les  tenait  enchaînés  dans  des  cavernes, 

I,e  nom^d'a(/ui7t)n  se  donnait  aussi,  chez  les  anciens, 
au  vent  du  nord,  à  cause  de  sa  rapidité,  comparable  à 
celle  du  vol  d'un  aigle,  Poéliq.  ,  Les  aquilons,  se  dit 
de  Tous  les  vents  froids  et  orageux.  La  violence  des  aqui- 
lons. 

Sur  la  Méditerranée  on  nomme  siroco  (du  grecseiroâ, 
je  dessèche)  lèvent  qui  se  nomme  sud-est  sur  l'Océan, 
et  tramontane,  celui  qui  sur  l'Océan  se  nomme  nord, 
Bi"se  est  également  un  synonyme  de  vent  du  nord. 

On  donne  le  nom  de  simoon  ou  simoun,  à  un  vent  em- 
poisonné et  brûlant  des  déserts  de  l'Afrique, 

Par-dessus  les  sommets  que  le  simoun  dévore  , 
Le  Caire  et  Ftoudiat,   du  couchant  à  l'aurore. 
Se  répondront  dans  le  désert, 

(  L.  N.  La  Bataille  d'isly,  ) 

Et  quelle  est  la  cause  des  vents?  La  raréfaction  de  l'air 
par  la  chaleur,  en  certains  endroits  ,  et  la  promptitude 
avec  laquelle  les  couches  contlguës  d'air  froid  se  précipi- 
tent dans  l'espace  resté  vide  ,  etc.  Les  notions  de  la  my- 
thologie sont  tout  aussi  précises.  (Extrait  de  uotre  grand 
Dictionnaire  ) 

Vénus,  s.  f.  Une  des  trois  planètes  in- 
férieures ,  la  plus  proche  du  soleil  après 
Mercure.  Vénus  fait  sa  révolution  autour  dti 
soleil  en  22!i  jours  701  millièmes  de  Jour. 
Venus  a  ses  phases,  a  son  croissant  et  son 
décours  comme  la  lune,  et  brille  d'une  grande 
clarté.  Vénus  directe.  Vénus  rétrograde. 
Lorsqu'elle  apparaît  avant  le  lever  du  so- 
leil, on  la  nomme  Lucifer;  lorsqu'elle  pa- 
raît le  soir  au  coucher  du  soleil,  on  l'appelé 
Vcspcr,  et,  vulgairement,  Etoile  du  ber- 
ger. 

L'étoile  de  Vénus  dispute  seule  encore 
L'empire  du  malin  àla  brillante  aurore. 

(  Classiques,  ) 

Vesta.  s.  f.  Planète  découverte  par  01- 
bers,  de  Brème,  en  1807,  l'une  des  télés - 
copiques. 

Zénith,  s.  m.  (De  l'arabe  zemtras,  point 
d'en  haut.)  Si  vous  vous  placez  sur  un  lieu 
élevé,  le  cercle  qui  borne  votre  vue  s'ap- 
pèlc  horizon  sensible.  A  cet  endroit  suspen- 
dez un  fil  à  plomb,  que  vous  supposerez 
prolongé   indéfiniment  ;  il  rencontrera  le 


SIGNES  DIVERS.   ASTRONOMIE. 


587 


ciel  en  deux  points,  dont  l'un  placé  au 
dessus  de  votre  tête  est  le  scnilli.,  et  l'autre 
caché  au  dessous  de  l'horizon  le  nadir.  On 
appelé  aussi  ces  deux  points  pôles  île  l'ho- 
rizon ,  parce  qu'ils  sont  éloignés  de  l'hori- 
zon de  quatre  vingt-dix  degrés. 

Oli  !  oui ,  la  terre  est  belle  ,  et  le  ciel  est  siipcrbe. 
Mais  quand  ton  sein  palpite  et  quand  ton  œil  reluit, 
Quand  ton  pas  gracieux  court  si  léger  sur  riierbc  , 
Que  le  bruit  d'une  Ijrc  est  moins  doux  que  son  bruit; 
Lorsque  ton  frais  sourire  ,  aurore  de  ton  âme, 
SeR'Te  rayonnant  sur  moi  qu'il  rajeunit, 
Et  de  sa  bouche  rose ,  où  naît  sa  douce  flamme  , 
Jtonte  jusqu'à  ton  front,  comme  l'aube  au  zénith; 

Lorsque  je  te  rontcmple  ,  ô  mon  cliarme  suprême. 
Quand  ta  noble  nature  épanouie  aux  jeux, 
Comme  l'ardent  buisson  qui  contenait  Dieu  même, 
Ouvre  toutes  ses  fleurs  et  jette  tous  ses  feux; 
('e  qui  sort  à  la  fois  de  tant  de  douces  choses , 
(Je  qui  de  ta  beauté  s'exhale  nuit  el  jour , 
Comme  un  souffle  formé  du  souflle  de  cent  roses, 
C'est  bien  plus  que  la  terre  et  le  ciel ,  ■ —  C'est  l'amoar. 

(  VlCTOE  HCGO.  1 

o  A  chaque  moment  de  la  journée  le  so- 
leil se  lève,  brille  à  son  zénith,,  et  se  couche 
sur  le  inonde,  ou  plutôt  nos  sens  nous  abu- 
sent, et  il  n'y  a  ni  orient,  ni  midi,  ni  occi- 
dent vrai.  Tout  se  réduit  à  un  point  fixe 
d'où  le  flambeau  du  jour  fait  éclater  à  la 
ibis  trois  lumières  en  une  seule  substance. 
Cette  triple  splendeur  est  peut-être  ce  que 
la  natin-e  a  de  plus  beau  ;  car  en  nous  don- 
nant l'idée  de  la  perpétuelle  magnificence 
et  de  la  tonte-puissance  de  Dieu,  elle  nous 
montre  aussi  une  image  éclatante  de  sa 
glorieuse  Trinité.»        (Chateaubriand.) 

Zodiaque,  s.  m.  Voyez  page  506. 

Zone.  s.  f.  (Du  grec  zôné,  ceinture.) 
Chacune  des  cinq  grandes  divisions  du 
globe  terrestre,  que  l'on  conçoit  séparées 
par  les  tropiques  et  les  cercles  polaires. 
Zone  (orride.  Celle  du  milieu  comprise  en- 
tre les  deux  tropiques  (Du  latin  torridus , 
brûlant.) Les  habitants  de  la  zone  torride  ont 


le  soleil  à  plomb  sur  leur  létcdeux  fois  l'année. 
On  les  nommeajvphisciens  (du  grec  amphi, 
autour,  et  skia,  ombre),  parce  qu'ils  ont 
leur  ombre  dirigée  tantôt  vers  le  midi,  tan- 
tôt vers  le  nord,  suivant  que  le  soleil  est 
au  nord  on  au  midi  de  l'équateur.  Zones 
tempérées.  Les  deux  zones  tempérées  s'é- 
tendent entre  les  deux  tropiques  et  les  deux 
cercles  polaires  ;  elles  sont  à  vingt-trois  de- 
grés et  demi  de  l'équateur  et  du  pôle,  et 
ont  chacune  quarante-trois  degrés  de  lar- 
geur. La  chaleur  y  est  modérée.  Zone  tem- 
pérée du  nord  ou  boréale.  Zone  tempérée 
du  sud  ou  australe.  Les  habitants  des  zones 
tempérées  sont  dits  hélérosclens  (du  grec 
hétéros,  antre,  différent,  et  skia,  ombre), 
parce  qu'à  midi  ils  ont  leur  ombre  de  côté 
différent;  savoir:  les  habitants  de  la  zone 
tempérée  septentrionale,  du  côté  du  nord, 
et  ceux  de  îa  zone  tempérée  méridionale,  du 
côté  du  sud.  Zones  glaciales.  Celles  qui  s'é- 
tendent depuis  les  cercles  polaires  jusqu'au 
pôle.  Le  froid  y  est  excessif.  On  nomme 
périsciens  (du  ^rec  péri ,  autour,  et  skia, 
ombre)  les  habitants  des  zones  glaciales  , 
pour  qui  l'ombre  fait  le  tour  de  l'horizon 
en  certain  temps  de  l'année  où  le  soleil  ne 
se  couche  point  pour  eux  et  tourne  autour 
de  leur  tête. 

Il  se  dit  aussi  des  parties  du  ciel  qui  ré- 
pondent aux  divisions  du  globe  terrestre 
appelées  zones. 

i'rov.  et  fig. ,  Passer  la  zone  torride.  Tra- 
verser un  endroit  où  le  soleil  est  brûlant , 
où  il  n'y  a  aucune  ombre. 

Zo7>e,  dans  les  Sciences  naturelles,  Bande,  marque  cir- 
culaire. Il  désigne  plus  spécialement  La  partie  \isible  des 
couclies  superposées  dont  certains  terrains,  certaines 
pierres  sont  formées.  Dans  Conyxon  voit  plusieurs  zones. 
Des  loues  concentriques.  En  Conchyliologie  ce  mot  est  syno- 
nyme débande  ou  fascic. — Zone  lumineuse^  Phénomène  qui 
accompagne  les  aurores  boréales,  et  qui  n'est  autre  chose 
qu'une  sorte  d'arc-en-ciel  étroit  et  souvent  irrégulicr. 


J'ose  croire  qu'on  rae  pardonnera  de  m'être  étendu ,  peut-êlre 
plus  que  ne  le  comporte  la  nature  de  notre  ouvrage  ,  sur  des  ma- 
tières aussi  importantes  et  d'une  utilité  si  générale.  Qu'il  me  soit 
permis  de  terminer  celte  petite  étude  sur  la  nature  par  la  citation 
suivante  empruntée  au  Manuel  des  sorciers. 


5S8  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Stlgnes»  avant-coiirenrs  «lit  lieau  temps 
on  <lc  la  pliiie. 

»  La  lime  influe  différemment  sur  la  température  de  notre  atmosphère, 
suivant  la  différence  de  sa  position  relativement  à  la  terre.  Aussi  est-il  à 
peu  près  certain  qu'avant  on  après  la  nouvelle  ou  la  pleine  lune  il  survien- 
dra un  changement  de  temps.  La  pleine  lune  amène  ordinairement  un- 
temps  calme  et  serein,  et  les  nouvelles  lunes  nous  procurent  presque  tou- 
jours un  temps  sombre  et  pluvieux. 

»  Les  plus  anciens  astrologues  étaient  d'accord  pour  regarder  le  troisième 
et  le  quatrième  jour  de  la  nouvelle  lune  comme  très-critiques.  Ils  avaient 
remarqué  que ,  si  ces  jours-là  le  croissant  de  la  lune  est  net  et  clair,  le  temps 
se  met  au  beau  et  s'y  maintient  ordinairement  jusqu'à  la  pleine  lune.  Le 
contraire  est  à  craindre,  si  le  croissant  est  pâle  et  terne. 

»  Les  indices  d'une  pluie  certaine  sont  assez  généralement  la  couleur 
très-rouge  du  ciel,  le  matin.  Quand  le  disque  du  soleil,  à  son  lever,  n'est 
pas  exactement  circulaire,  mais  un  peu  allongé,  échancré,  et  entouré  de 
rayons  qui  se  croisent  d'une  manière  inégale  et  irrégulière;  lorsque  le  soleil 
levant  est  pâle  ou  qu'il  est  entouré  d'un  cercle  ridé  ou  blanchâtre;  lorsque 
l'air  paraît  épais  ou  chaigé  à  l'orient,  ou  lorsque  des  nuages  bruns  ou  d'un 
rouge  foncé  s'y  amoncèlent  lentement;  ou  bien  encore  quand  le  soleil 
couchant  est  pâle  et  caché  par  des  nuages  épais  et  sombres ,  —  il  est ,  dans 
tous  ces  cas ,  à  présumer  qu'on  aura  du  vent  ou  de  la  pluie. 

a  Si,  en  été,  après  le  coucher  du  soleil,  les  nuages  présentent  des  formes- 
diverses,  telles  qu«  des  rochers  entassés,  des  montagnes,  ce  sont  des  avant- 
coureurs  de  l'orage,  surtout  s'il  a  fait  très-chaud  dans  la  journée.  Il  en  est 
de  même,  si,  dans  les  soirées  d'été,  il  fait  des  éclairs  pendant  un  temps 
serein ,  ou  si  le  ciel,  jusqu'alors  très-clair,  montre  tout  à  coup  une  petite 
nue  d'un  gris  foncé. 

»0n  doLt  s'attendre  à  avoir  de  la  pluie  ou  du  vent,  quand  le  soleil,  long- 
temps après  son  lever,  se  montre  derrière  des  nuages  pommelés;  lorsqu'il 
est  entouré  d'un  large  cercle  blanchâtre ,  et  qu'en  même  temps  le  vent 
souffle  du  sud  ou  du  sud-ouest,  ou  lorsque  le  soleil  se  baigne,  c'est  à  dire 
qu'il  luit  à  travers  un  nuage  sombre. 

»  Si  les  montagnes,  au  lieu  de  se  dessiner  nettement  dans  le  lointain, 
paraissent  sombres  et  chargées  débrouillards;  si,  au  commencement  de 
la  nuit,  les  étoiles  sont  d'un  teint  pâle;  si  le  croissant  de  la  lune  est  ob- 
scur et  émoussé:  si  le  vent  est  à  l'ouest  ou  au  sud,  —  ce  sont  autant  d'in- 
dices de  pluie  prochaine.  On  a  à  craindre  une  tempête,  si  la  lune  est  en- 
tourée de  plusieurs  anneaux  interrompus  et  diversement  colorés,  ou  si  le 
ciel  se  couvre  d'une  infinité  de  petites  nues  noires. 


SIGNES  DIVERS.    BOTANIQUE .  589 

»  On  peut  au  contraire  se  promeltre  un  temps  sec  et  constamment  beau, 
lorsque  le  soleil,  à  son  lever,  est  très-clairet  très-brillant,  ou  qu'on  voit  à 
l'orient  une  légère  nue  s'enfuir  et  se  perdre  vers  l'occident  au  moment  où  le 
soleil  se  lève  ; — lorsque  le  soleil  coucbant  se  montre,  sous  un  ciel  pur,  d'une 
couleur  dorée  ou  rougeàfre ,  ou  que  les  nuages,  s'il  y  en  a ,  se  colorent  d'un 
beau  rouge  clair  ou  de  quelque  autre  teinte  vive;  surtout  si  le  ciel  est  à 
l'est  et  à  l'orient  parfaitement  serein  ;  —  lorsque  les  brouillards  tombent  le 
matin  sur  la  terre,  au  lieu  de  s'élever  en  l'air;  — lorsque  les  nuages,  pen- 
dant le  jour,  ressemblent  à  des  flocons  de  laine  d'une;  blancbeur  éclatante, 
ou  que  du  moins  leurs  bords  sont  d'un  blanc  éblouissant,  et  que  le  ciel, 
dans  les  intervalles  des  nuages,  est  d'un  beau  bleu  très-vif  ;  —  lorsque  le 
ciel  commence  à  s'éclaircir  d'un  autre  côté  que  celui  d'où  vient  le  vent  ; 
—  lorsque  le  croissant  de  la  nouvelle  lune  a  ses  contours  bien  nets  et  bien 
dessinés; —  lorsque  le  sommet  des  montagnes  éloignées  se  montre  bien  dis- 
tinctement ;  — lorsqu'on  voit  flotter  le  matin  sur  les  eaux  de  légers  brou- 
illards qui  se  dissipent  au  lever  du  soleil;  — lorsque  les  chauve-souris  (1) 
volent  en  foule  de  côté  et  d'autre  aux  approches  de  la  nuit.  Tous  ces  signes 
sont  autant  d'indices  certains  du  beau  temps.» 

Le  fameux  physicien  Newton ,  se  promenant  à  la  campagne  ,  un  livre  à 
la  main,  passa  devant  un  pâtre  à  qui  il  entendit  dire  :  «  Ce  gentilhomme 
ne  lira  pas  à  la  promenade ,  ou  bien  son  livre  sera  mouillé.  »  En  effet,  New- 
ton ne  tarda  pas  à  voir  tomber  la  pluie,  11  repasse  et  demande  au  pâtre  : 
«A  quoi,  mon  ami,  as-tu  jugé  qu'il  allait  pleuvoir?  —  C'est,  répondit-il, 
que  mes  vaches  fourraient  leur  museau  dans  les  haies,  n 

C'est  ainsi  que  de  simples  paysans  en  savent  souvent  plus  que  les  plus 
grands  philosophes. 

Orig^ine  des  Sciences. 

«  Le  grand  loisir  des  anciens  bergers  de  la  Chaldée  ,  dit  Foute- 
nelle ,  les  porta  à  considérer  les  cieux  pendant  les  belles  nuits  d'été. 
Il  en  résulta  des  observations  d'où  naquit  l'astronomie.  —  Des  inon- 
dations du  Nil,  qui  confondaient  les  bornes  des  cbamps,  résultè- 
rent des  mesures  exactes  pour  distinguer  son  champ  de  celui  de  son 
voisin.  De  ces  mesures  résulta  la  géométrie. 

»  Ainsi  l'astronomie  est  fille  de  l'oisiveté,  comme  la  géométrie 
est  fille  de  l'intérêt.  « 

La  poésie  a  une  bien  plus  haute  origine  ;  elle  est  fille  de  l'amour. 


(l)  Nous  n'avons  pas  touclié  à  l'oilliograplie  du  mot  chaiwe-soiiris.  11  est  éciit  dans 
lï  lexlc,  sans  5  au  mot  chauve.  C'est  un  principe  admis  dans  toutes  les  langues,  cjue 
de  doux  mois  concourant  à  la  formation  d'un  seul,  le  premier  reste  invariable.  Exem- 
ple latin  :  Altct -filer,  niter-ii/iti,  altci-itlrum,  nlter-iilriiis,  etc. 

Dix  rcblc  il  va  sans  dire  que  tout  ce  passage  a  ete' corrigé  et  enliciemcnl  rcponctuc. 


590  <:l.EK  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES, 

l'ourtaul  les  savanls  dédaignent  la  poésie.  On  faisait  à  un  savant 
le  plus  grand  éloge  d'Lphigcnie.  Cet  éloge  piqua  sa  curiosité.  11 
demanda  à  la  lire.  On  la  lui  procura.  Il  en  lut  quelques  scènes,  et  la 
rendit  en  disant  :  «  Je  ne  sais  ce  que  l'on  trouve  de  beau  dans  cet 
ouvrage  ;  il  ne  prouve  rien.» 

Meilleur  juge  que  ce  savant ,  au  quel  ressemblent  beaucoup  la 
plupart  des  hommes  de  notre  temps,  un  roi,  poète  lui-même,  écri- 
vait au  poète  Ronsard  : 

L'art  de  faire  des  vers  ,  dftt-on  s'en  indigner. 
Doit  être  à  plus  haut  prix  que  celui  de  régner. 
Tous  deux  également  nous  portons  des  couronnes  : 
Moi ,  roi,  je  les  reçois  ;  poète ,  tu  les  donnes. 


fiignes  et  abréviations  deis  termes 
de  botanique. 


(0  Plante  monocarpienne,  en 
général. 

(D  Plante  monocarpienne  an- 
nuelle. 

^/   Plante  monocarpienne  bis- 
annuelle. 

®  Plante  monocarpienne  vi- 
vace. 

%    Plante  rhizocarpienne. 

i)    Plante  caulocarpienne  en 

général. 
"^    Sous-arbrisseau  ou  arbuste. 

^    Arbrisseau  ou  petit  arbre. 


j5"   Arbre    de  dix  mètres  au 
moins. 

'^m^  Plante  grimpante ,  en  gé- 
néral. 

(    Plante  grimpante  à  droite. 

1  Plante  grimpante  à  gauche. 

/^  Plante  toujours  verte. 

0^   Plante  ou  fleur  mâle. 

Ç   Plante  ou  fleur  femelle. 

^    Plante  ou  peur  hermaphro- 
dite. 


Les  chiffres  romains  (I,  II,  III,  IV^  elc.)  servent  à  désigner  le 
mois  delà  floraison  des  plantes.  Ainsi  IV-VI  signifie  qui  fleurit  de- 
puis le  mois  d'avril  jusqu'au  mois  de  juin. 

Les  mots  composés  du  nom  d'un  organe  et  d'un  nombre  absolu 
s'écrivent  souvent  avec  le  chiffre  de  ce  nombre  :  "ct-fidus,  ô-partitus, 
pour  trifidus  (fendu  en  trois) ,  tripartitus  (tripartit). 

Le  signe  oo  désigne  un  nombre  indéfini.  Ainsi  l'on  ècrii  pétata 
oo,  stamina  oo,  pour pclata pluri ma  (plusieurs  pétales),  slamina 


SIGNES  DIVERS.    BOTANIQUE.  591 

plurima  (plusieurs  élamines),  et  x-fidi(s ,  x-phyllus,  pour  multi- 
fidus,  polyphyllus. 

Le  point  inlerrogalif  (?)  exprime  que  l'on  n'est  pas  sûr  de  la  vé- 
rité du  mot  ou  de  la  phrase  qui  le  précède. 

Le  point  interjeclif  (  !  ),  au  contraire,  indique  la  certitude.  Placé 
après  un  nom  ou  une  phrase,  x  signifie  que  l'objet  n'est  pas  bien 
connu. 

L'astérisque  (*)  après  un  synonyme  indique  qu'on  trouve  dans 
l'auteur  cité  une  description  faite  d'après  la  nature. 

Les  noms  des  auteurs  ou  des  organes  sont  désignés  en  abrégé 
par  la  première  syllabe  du  mot  et  la  première  lettre  de  la  seconde 
syllabe.  Voyez  Abréviations ,  à  la  fin  du  volume. 

QUELQUES   EXPLICATIONS. 

Je  regrette  vivement  de  ne  pouvoir  donner  ici,  comme  je  l'ai  fait  pour 
les  sciences  mathématiques ,  la  liste  développée  de  tous  les  termes  de  bota- 
nique, avec  leur  étymologie  et  leur  synonymie.  Ce  serait,  je  crois,  un  beau 
travail,  dont  nos  souscripteurs  ne  pourraient  que  me  savoir  gré.  Mais  cela 
m'entraînerait  trop  loin.  Ce  sera  ,  si  l'on  veut ,  la  matière  d'un  supplément, 
destiné  à  compléter,  sinon  la  grammaire  proprement  dite,  au  moins  la 
Clef  de  la  Langue  et  des  Sciences.  Nous  y  joindrions  les  vocabulaires  succes- 
sifs d'^«a/oniie,  de  Médecine,  de  Chirurgie,  de  Physique,  de  Philosophie, 
d'Arls^l  Métiers.)  etc.,  etc.,  etc.  Il  nous  semble  inutile  de  faire  ressortir 
les  avantages  d'une  telle  méthode.  Est-il  un  moyen  plus  simple  de  vulga- 
riser les  sciences  et  les  lettres,  et  d'en  faire  pénétrer  la  lumière  dans  les 
recoins  du  monde  les  plus  obscurs  ?  Apprendre  en  même  temps  à  parler  et 
à  connaître ,  s'incorporer  à  la  fois  les  mots  et  les  choses ,  se  servir  de  la 
grammaire  comme  d'un  flambeau  pour  se  guider  dans  le  labyrinthe  obscur 
des  connaissances  humaines,  ne  pas  faire  un  pas  dans  l'étude  delà  langue 
qui  ne  soit  un  pas  de  fait  dans  les  sciences,  tels  sont  les  avantages  que  pré- 
sente notre  méthode. 

Mais  hâtons-nous  de  donner  les  petites  explications  promises. 

La  Botanique  (du  grec  botanè,  herbe,  plante)  est  la  partie  de  l'Histoire 
naturelle  qui  a  pour  objet  la  connaissance,  la  description,  et  la  classifica- 
tion des  végétaux. 

A  cause  de  son  étendue  cette  science  a  été  divisée  en  trois  branches  : 

1"  La  botanique  proprement  dite,  qui  comprend  la  glossotogie  (du  grec 
glossa,  langue,  tit  logos ,  traité)  ;  la  ^rt.xonomie,  ou  classification  des  végé- 
taux (de  taxis,  ordre,  et  iiomos,  loi);  et  la  phytographie,  ou  description 
des  plantes  (de  phuton,  plante,  cl  graphâ,  je  décris). 

2»  La  physique  t'égétate ,  renfermant  Vorganographie  {d^organon,  organe, 


Ô92 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


et  1,'rapltô),  ou  description  dosorganns,  de  leur  forme,  de  leurs  usages,  etc.; 
la  physiologie  végétale,  ou  l'élude  des  fonctions  propres  à  chacun  des  orga- 
nes; la  yt>o</io/oi'«c  végétale  (de  palhos ,  afTection  ,  et  logos,  traité),  qui 
nous  enseigne  les  altérations,  les  maladies  qui  peuvent  affecter  les  végé- 
taux; enfin  la  géographie  botanique. 

3»  La  botanique  appliquée,  qui  s'occupe  des  rapports  existants  entre 
l'homme  et  les  végétaux.  Elle  se  divise  en  botanique  médicale,  botanique 
agricole,  botanique  industrielle ,  et  botanique  économique. 


Plantes  monocarpiennes  ,  Celles  qui  ne  peuvent 
porter  du  fruit  qu'une  seule  fois;  par  exemple  le 
bh'.   (  Du  grec  monog,  un,  et  karpos,  fruit.) 

Ptaîiies  monorarpiennes  annuelles.  Celles  qui 
naissent,  fructifient,  et  meurent  dans  le  cours 
d'une  année. 

Plantes  monorarpiennes  bisannuelles.  Celles  qui 
ne  fleurissent  que  la  seconde  année. 

Plantes  monocarpiennes  vlvaces.  Celles  qui  ne 
fleurissent  qu'au  bout  d'un  certain  nombre  d'an, 
nées  et  meurent  après. 

Plantes  rhizocarpiennes  y  Celles  dont  la  tige  ne 
produit  qu'une  seule  fois  des  fleurs,  mais  dont 
la  racine  reproduit  de  nouvelles  tiges  fructifères. 
(Du  grec  rhizn,  racine,  elkarpus,  fruit. 'i 

Plantes  eaulocarpiennes  ,  Celles  dont  la  tige  per- 
siste et  porte  du  fruit  plusieurs  fois.  (Du  grec  kau- 
tos,  tige,  et  karpos.  ) 

Arbustes  ou  sous-arbrisseaux ,  Plantes  ligneuses 
plus  petites  que  les  arbrisseaux,  à  la  tige  dure  et 
persistante,  dont  les  extrémités  sont  herbacées. 
Tels  sont   le  thym,  les  bruyh-rs. 


Arbrisseaux ,  Végétaux  ligneux  dont  la  lige  se 
divise  en  rameaux  dès  sa  base.  Le  laurier  rose  est 
ufi  arbrisseau. 

Arbre,  Végétal  ligneux  dont  la  tige,  plus  ou 
moins  élevée,  ne  se  garnit  ordinairement  de 
branches  et  de  feuilles  qu'à  une  certaine  hau- 
teur.  (  Du  latin  arbor.  ) 

Plantes  grimpantes ,  Celles  dont  la  lige,  trop 
faible ,  s'attaihe  aux  corps  voisins  à  l'aide  de 
vrilles,  etc.  Les  hariivts,  les  pois,  les  liserons,  sont 
des  plantes  grimpantes. 

Fleurs  mâles.  Celles  qui  n'ont  que  des  étaniines 
sans  pistil. 

Fleurs  femelles,  Celles  qui  n'ont  que  l'organe 
sexuel  destiné  à  donner  le  fruit. 

Fleurs  hermaplirodites,  Celles  qui  renferment  les 
organes  des  deux  sexes,  c'est  à  dire,  les  étaniines 
et  le  pistil.  Fleurs  hermaphrodites.  Le  jasmin,  la 
valériane,  Vépine-vinette  sont  des  hermaphrodites, 
l  Du  grec  Hirmes,  Meicure,  et  Aphrodite,  Vénus.  ) 


Nous  ne  passerons  pas  sans  dire  un  mot  des  trois  classifications  qui  ont 
le  plus  servi  à  la  science.  Ce  sont  celle  de  Tournefort ,  celle  de  Linné, 
celle  de  Jussieu.  Nous  allons  en  donner  les  clefs. 


MÉTHODE  DE  TOURNEFORT  (1694).  Tournefort,  qui  le  premier  éta- 
blit une  classification  rationnelle  des  végétaux,  les  divisa  d'abord  en  herbes 
et  en  arbres. 

Considérant  ensuite:  1°  la  présence  ou  l'absence  de  fleurs;  2°  la  simpli- 
cité ou  la  composition  de  cette  partie;  3"  le  nombre  unique  ou  multiple 
des  pétales;  4°  la  régularité  ou  l'irrégularité  des  corolles  ;  5»  la  forme  de  la 
fleur;  —  il  parvint  à  établir  vingt-deux  classes  dont  voici  le  tableau,  et 
dans  les  quelles  venaient  se  ranger  toutes  les  plantes  connues,  au  nombre 
de  10146. 


SIGNES  DIVERS.  BOTANIQUE.  595 

Clef  de  la  Métliofle  de  Tonmeforf . 


iil 


CLISSES. 

.  T,  ■     I'  (  I   Campanifoimes. 

/  Régulières.,  j  r 

'MoDonélales.i  (  2  Infunaibuliformes 

(  Irrégulières.  [  3  Personnees. 
14  Labiées. 
'Simples...;  / 5  Cruciformes. 

\  6  Rosace'es. 
/  Re'gulières. .  <  r  OmLellifères. 
1  I  8  Carvophylle'es. 

'Pc'lalées...^  VPolypctales..j  \g  Liliicées. 

f  T      '     i>         (  ïO  Papillonacc'es. 
\  Irreijulieres.  1         ai 
^  °  l  1 1  Anomales. 

/■  12  Flosculeuses. 

jomposc'cs ....J  i3  Semi-Dosculeuses 

\  14  Radie'es. 

!i5  A  e'tamines. 
16  Sans  fleurs. 
ly   Sans  fleurs  ni 
fruits. 
(  18  Apétales,  propre- 
Ape'talées }  ment  dites. 


_  ,  \  \çf  Araentacées. 

J3  =    I  n  -    ^■  f  Monope'tales 2o  Monopétales. 

<,a    l^Petalees }  ^     ^        |  Régulières  .,    2ï  Rosacées. 

^      'Irrégulières.   22  Papillonarccs. 


(  Monopéta 
I  Polype  tal 


Après  avoir  établi  ces  vingt-deux  classes ,  Tournefort  créa  des  sections 
ou  sous-divisions  basées  sur  les  considérations  suivantes  : 

1°  L'origine  du  fruit.  —  2»  Sa  consistance.  —  3"  Sa  grosseur.  — 4°  Le 
nombre  des  loges  eu  des  coques  du  fruit.  —  5°  Le  nombre,  la  forme,  et  la 
disposition  des  graines. — 6"  Leurs  usages  domestiques. — 1°  La  disposition 
des  étamines  et  des  fruits.  —  8"  Quand  les  fruits  n'ont  pu  fournir  des  ca- 
ractères assez  tranchés ,  il  a  considéré  la  figure  et  la  disposition  des  corolles. 
—  9°  Quand  les  fruits  ni  les  corolles  n'ont  pas  présenté  de  différences  assez 
remarquables  dans  les  plantes  d'une  classe ,  il  a  eu  recours  à  la  disposition 
des  feuilles. 

Au  moyen  de  ces  neuf  considérations,  Tournefort  est  parvenu  à  créer, 
dans  ses  vingt-deux  classes,  cent  vingt-huit  sectionsplus  ou  moins  tranchées 
ou  distinctes. 

On  ne  peut  nier  que  la  méthode  de  Tournefort  ne  soit  très-remarquable 
de  clarté,  d'ordre,  et  de  précision.  Par  l'établissement  rigoureux  des  genres 
et  des  espèces,  ce  botaniste  a  rendu  de  grands  services  à  la  science.  Mal- 
heureusement il  ne  connaissait ,  je  l'ai  dit,  que  10146  plantes,  et  parmi  les 
soixante-quinze  mille  espèces  connues  aujourd'hui  il  y  en  a  beaucoup  qui 
ne  peuvent  rentrer  dans  aucune  de  ses  classes. 

T.  II.  7o 


59/» 


r.î.EF  DE  LA  F.ANGIIE  ET  DES  SCIENCES. 


Vocabulaire  du  Tableau. 


VélaUes  .  Dont  les  flpiirs  ont  drs  pétales.  (Du 
p-ec  pc(o/i)n,  feuille;  dérivé  de  pclaô,  j'étends, 
j'éclos.  ) 

Apétalées,  Sans  pétales.  (De  la  particule  priva- 
tÏTC  a,  et  de  pclalon.  ) 

Monopctales ,  Dont  la  corolle  est  d'un  seul  pé- 
tale, d'une  seule  pièce.  (  Du  grec  monoj,  seul,  et 
pétalon-  ) 

Polypcloles,  A  plusieurs  pétales.  (Du  grec /jo/j's, 
plusieurs,  etc.  ) 

Campaiùformcs ,  Dont  la  (leur  est  en  forme  de 
cloche.  (  Du  latin  campana,  cloche,  et  forma,  for- 
me.) I.es  melons,  les  garances,  les  mauves,  sont  des 
eampaniformes, 

Infundibuliformes ,  En  forme  d'entonnoir,  de 
soucoupe,  ou  de  roue.  (Du  latin  fnfun(/i/>uJum, 
infundihutt ,  entonnoir,  et  forma,  ]  Le  tabac,  la 
bourrache,  sont  des  infundibuliformes. 

Personnces,  Dont  les  fleurs  ont  quelque  res- 
semblance avec  le  mufle  d'un  animal.  '£n  latin 
personatœ,  de  persona,  masque.)  La  gaeulede-loup 
est  un  personnée,  une  fleur  personnée.  La  classe  des 
personnées  correspond  à  la  famille  des  scrafula- 
Ttées. 

Labiées,  Dont  la  fleur  est  découpée  en  forme 
de  lèvres.  (Du  latin  (uWum  ,  lèvre.  )  Le  romarin, 
la  sauge,  Physsope ,  la  lavande,  le  thjm,  etc.,  sont 
des  plantes  labiées,  des  labiées. 

Cruciformes ,  Dont  la  corolle  est  en  forme  de 
croix.  (  Du  latin  crux ,  croix,  et  forma,]  La  classe 
des  cruciformes  correspond  à  la  famille  des  cru- 
cifères. 

liosacées.  Dont  les  corolles  se  composent  de 
pétales  disposés  comme  reux  de  la  rose.  Le  pom- 
mier, le  p'Hrier,  la  ronce,  le  fraisier,  sont  des  plan- 
tes rosacées,  des  rosacées. 


Ombclliferes ,  Qui  portent  des  ombelles.  L'a- 
netb ,  le  panais  ,  le  cerfeuil,  le  fenouil ,  sont  de» 
plantes  ombelliferes,  des  ombelliferes,  (En  latin 
ombelliferœ.  ) 

Caryophyllées ,  Dont  les  fleurs  ressemblent  par 
leur  strurture  à  celles  de  l'œillet.  (Du  %reckaruo- 
phu/lon,  clou  de  girofle.  ) 

Liiiacées,  Analogues  au  lis.  (En  latin  liliacece, 
de  lilium.  Vis.)  L'ail,  l'asphodèle,  l'alo'es,  le  lis  , 
etc.,  sont  des  plantes  liiiacées ,  des  liiiacées. 

Papilionacées  ou  papilhnacées,  Dont  les  corolles, 
formées  de  cinq  pétales  inégaux,  ont  quelque  res- 
semblance avec  un  papillon  qui  vole.  Le  haricot, 
leîréfle,  sont  des  plantes  p apillonacées  ,  ii  fleurs  pa- 
pillonacées,  des  papillonacées. 

Anomales,  A  fleurs  de  forme  irrégulière  et  in- 
déterminée. (Du  grec  a,  particule  privative, 
et  homalos,  égal.)  Le  réséda,  la  violette,  la  balsa- 
mine  ,  appartiennent  à  la  classe  des  anomales, 

Flosculeuses ,  A  fleurs  formées  de  fleuronSy 
telles  quelace/iraurei;.  (Du  latin  flosculus,  fleuron, 
dimin.  de  flos,  fleur.) 

Semi-flosculeuses ,  A  fleurs  formées  de  demi- 
fleurons  ,  comme  la  scorsonère,  le  pissenlit,  etc. 

Radiées,  Dont  les  fleurs  sont  en  partie  com- 
posées de  fleurons  formant  un  disque  ,  et  de  de- 
mi-fleurons couchés  aplat  et  constituant  autour 
de  ce  disque  une  couroime  rayonnante  ,  comme 
dans  le  tournesol,  le  chrysanthème,  les  laiterons , 
etc.  (Du  latin  ra(/(*us,  rayon.)  Les  radiées  ont  reçu 
des  botanistes  modernes  te  nom  de  Synanthérces, 

Amentacées  ,  Plantes  à  sexes  séparés,  dont  les 
fleurs  mâles  naissent  autour  d'un  axe  ou  filet  ap. 
pelé  chalon,  en  latin  amentum.Le  noisetier  est  une 
plante  amentaeée,  une  amentacée. 


Le  grand  vice  de  la  méthode  de  Tournefort  est  cette  division  inutile  des 
végétaux  en  herbes  et  en  arbres  ;  d'où  il  résulte  que  plusieurs  genres  se  trou- 
vent appartenir  à  l'un  et  à  l'autre.  Toutefois,  pour  le  commun  des  hommes, 
cette  distinction  est  bien  naturelle. 


Ststème  de  ZtINNÉ.  La  classiBcation  botanique  de  Linné  a  pour 
bases  :  — 1"  la  présence  ou  l'absence  des  organes  sexuels;  —  2°  leur  réu- 
nion dans  la  même  fleur  ou  leur  séparation  dans  des  fleurs  distinctes;  — 
3»  l'adhérence  des  étamines  et  des  pistils;  —  4°  la  connexion  des  étaïuines 
entre  elles,  soit  parles  anthères,  soit  par  les  filets;  — 5°  la  proportion  re- 
lative des  étamines,  quand  cette  proportion  offre  un  caractère  constant  ; 
—  6°  l'insertion  ,  — et  7"  enfin  ,  le  nombre  des  étamines. 


SIGNES  DIVERS.     BOTA-MQUE. 


593 


Clef  du  f^ystèmc  de  lilnnè, 

MODIFIÉ  PAR  RICHARD. 


Les  plantes  à  organes  sexuels  portent  le  nom  de 
phanérogames  (Du  grec  phanéros,  visible,  et 
pamos,  noces  ).  Les  plantes  sans  organes  sexuels  ou 
dans  les  quelles  les  organes  sont  cachés  sappèlent 
cryptogames  (du  grec  Itriipto,  je  cache,  et  gainos). 


Proportion 
indétcrnïiuée. 


Organes 
I  sexuelles 
1  existants. 


Fleurs 

toutes  heruia 

phrodites.. 


/Etauiincsl 
séparées  I 
[du  pistil. 


iUnc 
Deux 
Trois 
Quatre 
Cinq 
Six 
Sept 
Huit 
Neuf 
Dix 

Plus  de  dix,  insérées  sous 

i     l'ovaire 
Plus  de  dix,   insérées  sur 
le  ealice,  PoTaire  étant 
libre 

iPlus  de  dix,  insérées  sur 
le  calice  ,  Povaire  fai- 
sant rorps  de  toute  part 
avec  le  tube  caliciual.. 


CLAS.SES. 

1  Alonandrie. 

2  Diandrie. 

3  Triandj'ie. 
6  Tetrandrie. 

5  Pentandrie. 

6  Hcxandrie. 

7  Ileptandrie. 

8  0ctandrie. 

9  EuDéandiie. 

10  Décandrie. 

11  Polyandrie. 

[Dodécandrle.] 


Proportion 
kdéternrinée  . . 


/Par  les  filets 


Deux  Jurandes  et  deux  petites. , , . 
Quatre  grandes  et  deux  petites. 

En  un  seul  corps 

En  deux  corps 

En  plus  de  deux  corps 

\Réunies.(  ^'"  '^'  anthères,   l'ovaire  monospernie 

jPar  les  anthères  seules,  ou  en  même  temps,  par 

(les  filets,  l'ovaire  polj sperme 

Étamines  unies  au  pistil 

Fleurs  non   |  Fleurs  uni-sexuel-  j  Fleurs  mâles  et  femelles  sur  le  même  individu, . . 

toutes  herma-l      les j  Fleurs  mâles  et  femelles  sur  des  individus  ilillércnis 

,    phrodites. .  J  Fleurs  hermaphrodites  et  fleurs  uni-sexuelles  sur  le  même  ou  sur  des 
\     individus  diirérents 


\  Organes  sexuels  n'existant  pas. 


12  Calycandrie. 

[Icosandrie.  ) 


13  Ilystèrandrii-. 

[polyandrie.  1 

14  Didynamie. 

15  Tétradynamie. 

16  Monadelphie. 

17  Diadelphie. 

18  Polyadelphic. 

19  Synanthérie. 

[Syngénésie.} 

20  Syniphysandrie. 

21  Gynandrie. 

22  Monœcie. 

23  Diœeie. 

24  Anonialoecic. 

[PolygamU.) 

25  Agamii'. 

{Cryptogamie.  ] 


De  toutes  les  classifications  botaniques,  celle  de  Linné  est  certainement 
la  plus  simple  et  la  plus  facile.  Malheureusement  elle  sépare  quelquefois 
des  plantes  appartenant  à  la  même  famille  naturelle.  Elle  avait  encore  d'au, 
très  inconvénients  que  les  modifications  du  professeur  Richard  ont  fait  dis- 
paraître. 

La  destinée  de  Linné  ,  comme  celle  de  la  plupart  des  grands  hommes , 
eut  quelque  chose  de  trop  extraordinaire  pour  que  nous  la  passions  tout  à 
fait  sous  silence. 

Charles  von  Linnœiis,  né  en  1707,  dans  lu  province  de  Smoland,  en 
Suède,  eut  dès  l'enfance  un  gofit  si  passionné  pour  les  (leurs,  qu'il  nt;gligea 
toute  autre  étude.  Son  père  ,  n'osant  fonder  sur  lui  aucune  espérance  ,  vou- 
lait le  mettre  en  apprentissage  chez  un  cordonnier,  lorsqu'un  médecin, 
nommé  Rolhmann,  obtint  d'eu  suivre  l'éducation,  et  le  recommanda  à  un 


59(J  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES, 

professeur  d'histoire  naturelle  de  l'université  de  Lunden  ,  sous  lequel  il  fit 
de  rapides  progrès.  Quand  le  jeune  Linné  se  crut  assez  fort  pour  enseigner 
la  botanique  et  l'entomologie,  il  se  rendit  à  Upsal ,  où  il  vécut  quelque 
temps  dans  un  état  voisin  de  la  misère.  S'étant  brouillé  avec  un  méde- 
cin puissant  de  cette  ville,  il  se  vit  forcé  de  fermer  ses  cours  et  de  quitter 
sa  patrie. 

Linné  se  retira  en  Hollande,  oii  il  arriva  dans  la  dernière  détresse;  mais 
Boerhaave  le  prit  sous  sa  protection  et  lui  obtint  la  direction  du  jardin  de 
Clifort.  C'est  de  là  que  son  nom  commença  à  se  répandre.  Il  revint  dans 
sa  patrie,  d'oii  l'envie  et  la  jalousie  l'auraient  expulsé  de  nouveau,  si  le 
premier  ministre ,  le  comte  de  Tessin ,  ne  l'eût  recommandé  au  roi  et  à  la 
reine,  qui,  rendant  justice  à  son  mérite,  le  comblèrent  de  bienfaits. 

11  mourut  le  10  janvier  1778,  chevalier  de  l'Étoile  polaire  et  premier 
président  de  l'université  de  Stockholm  qu'il  avait  fondée.  11  est  à  remar- 
quer que  J.  J.  Rousseau  et  Voltaire  moururent  la  même  année. 

Vocabulaire  du   Tableau. 


ANTHÈRE  ,  Petit  sac  membraneux  qui  oon- 
Mituc  la  partie  essentielle  de  l'étamine,  et  qui  est 
ordinairement  placé  à  rextrémité  d'un  filet.  L^an- 
ihère  se  compose  de  deux  poches  ^quelquefois  de  qua- 
tre, et  même  daTaiitagejunies  entre  ellesoti  séparée» 
par  un  corps  nommé  connectif.  C'est  t^antbère  qui 
renferme  la  poussière  fécondante  des  végétaux  pour- 
vue d'organes  sexuels.  Leur  disposition  varie  beau- 
coup. Anthères  ovoïdes  ,  oblongues,  fourchtiesj  etc. 
Ij'anthére  ne  s'ouvre  iju'à  l'entter  épanouiss«mêni  da 
la  fleur.  (Eu  iatiu  anihera,  du  grec  anihos,  lleur.i 

Etanune  ,  L'organe  mâle  des  lleurs,  formé  d'un 
filet  et  d'une  espèce  de  tète  nommée  anthère.  (En 
latin  stamen^  du  grec  stêmôrk,  cbaine  de  l'étolTe.) 

OVAIRE,  La  partie  inférieure  du  pistil  où  sont 
attachées  les  semences.  (  Du  latin  ovum,  œuf.) 

PISTIL,  Organe  femelle  de  la  iiuctification. 
Il  estplacé  au  centre  de  la  fleur,  et  composé  de 
trois  parties  :  Vovaire,  qui  contient  les  OTules 
ou  rudiments  des  semences  ;  le  sïj/e,  qui  est  un 
filet  surmontant  l'otalre;  et  le  stigmate,  qui  est  le 
sommet  de  ce  filet  et  l'organe  chargé  de  recevoir 
et  d'élaborer  le  pollen  ou  poussière  fécondante. 
Le  pistil  repose  sur  le  réceptacle.  [  I)u  latin  pistil- 
lum,  pilon.  ) 


Monandrie.  { Du  grec  monos,  un,  et  anèr,  mari , 
organe  mâle.  )  Les  noms  qui  suivent,  jusqu'au 
treizième  inclusivement,  sont  formés  de  la  même 
manière,  avec  les  mots  grecs  dis,  deux;  tréis  , 
ti'ois;  tétra,  quatre;  pente,  cinq;  hex,  six;  hepta, 
sept:  oktô  ,  huit;  ennéa,  neuf;  déka,  d'ix\dodékaf 
douze;  eiiDsi",  vingt  :  fa/jx  ,  Calice  ;  polys,  plu- 
sieurs^  hustérUf  matrice; — et  antîr,  andtvsf  niâle. 

IHdjnamie.  (Du  grec  rfts ,  deux  ,  et  dunaruis, 
puissance.) 

Monadelphie,  (  Du  grec  nionos,  ua,  et  adelphot, 
frère.) 

Sjnanthérie,  (  Du  grec  s^n  ,  avec  ,  et  anlAéroi, 
fleuri.) 

Syngénésie.  (Du  grec  syn,  avec,  et  géinomaif 
je  nais.  ) 

Symphysandrie,  (Du  grec  sumpbaô,  je  croîs  avec, 
et  ancr,  mâle.  ] 

Gynandiie.  (Du  %iee  guné ,  femme,  et  anêr , 
mari.  ) 

iloniccie.  (  Du  grec  rnonos,  un,  et  oih'a,  maison.) 

Polygamie.  (  Dn  gref  polus,  plusieurs,  elgamos, 
mariage.  ) 


MÉTHODE  HE  JxjSSluv.  La  niélltodo  de  Jussieu,  appelée  aussi  Méthode 
des  familles  naturelles,  est  celle  qui  paraît  le  mieux  répoudre  au  besoin 
de  la  science  ;  c'est  elle  aussi  qui  a  été  adoptée  par  la  plupart  des  botanistes 
de  Paris.  Elle  est  fondée  sur  les  considérations  suivantes: —  !•  l'absence, 
la  présence,  et  le  nombre  des  cotylédons;  —  2°  l'absence  ou  la  présence  de 
la  corolle,  qui  peut  être  monopétale  ou  polypétale;  —  3»  l'insertion  des  éta- 
mines  ou  de  la  corolle  par  rapport  au  pistil; — li»  la  réunion  ou  la  non-con- 
nexion des  étamincs,  et  la  réunion  ou  la  séparation  des  sexes.  Cette  mé- 
thode comprend  quinze  classes. 


SIGNES  m  VERS.   BOTAiMQLE. 

Clef  de  la  llctliode  de  tlusMicu. 


:m 


ACOTTLÉDOTfia. 


I.  Acotjlédoiiie. 


Clisses.  Familles. 

1  Algues. 

2  Cliainpignons. 

3  Hypoxjlées. 

4  Lichens. 
I  5  Hépatiques. 

6  Mousses. 

7  Ljcopodiacées. 

8  Fougères. 

9  Characées. 
IlO  Equisèlacées, 
lu  Salvinlées. 

!12  Fluviales. 
13  Saururées, 
1^  Pipéritées. 
15  Aroïdes. 
16  Tjphiiiées. 
17  Cypéracées. 
'  18  Graminées. 

il9  Palmiers. 
20  Asparaginées. 
21  Restiacées. 
22  Joncées. 
23  Commélinécs. 
24  Alismacées. 
25  Butomées. 
26  Junraginées. 
27  Colthicées. 
28  LIliacées. 
29  lironiéliacées. 
30  Aspbodélécs. . 
31  IlénitTocallidées, 
1.32  Dioscorées. 
33  Narcissées. 
34  Iridées, 
35  Ilœniodoracées. 
36  MusacLcs. 
—  Jipifjnei.    iv.aionotpigjnic.  v37  Amomées. 

138  Orchidées. 

139  Nyniphœacéis. 

[40  Iljdrocharidées. 

\41  Balanophorées. 

V.  Epistaminie.    42  Aristolochiécs. 
43  Osyridées. 
i  44  ^Hrobolauées. 
i45  Eheagnées. 
146  Thymelées. 
'47  Protéacées. 
"iAS  Laurinées 


Épipyne 


J  j —  Pérygynes.    VI.  Périslan 


—  Hypogyucs. 


(49  Polygonées. 
50  Bégoniacées. 
51  Atripllcées. 
i52  Aniaranlacées. 

,rii    II         .     i53  Piantaeinées. 
\II.  Hvposta-Cç,  V     .     • 

.  •.'  154  ISyctagunes. 

\a5  Plumbaginees 


L'oro'luhjpogync.    VIII.  Hypoco-/65  Lai 


■ollic 


i/v//»  périgjne.  IX.Péricorollic. 


56  Priniulacé 

57  Lentibulariées 

58  Rliinantacées, 

59  Orobancbécs. 

60  Acantbacées. 

61  Jasminécs. 

62  Pédalinées. 

63  Verbénacécs. 

64  Mjnporinées, 


,66  Personnées. 

67  Solanees. 

68  liorraginres. 
Ib9  Conïolvnlacuci 

70  PoliMuoniaccis 

71  Bignoniacées. 

72  Gentianées. 

73  Apocynées. 

74  Sapotées. 

75  Ardisiacécs. 
i76  Ebéuacécs. 
'77  Chléniacées. 
,78  Rhodoracces. 

79  Epacridées, 
'80  Ericiué.s. 
SI  Clanipanulaccf 
I.obéliacées. 


NSI 
J82 


Cussts. 


-Épigy-V 


Anlbèrcs    X.  EpicoroUic 
unies.        syuanthcrie. 


Fi  MILLES. 

83  Gcssnériacées. 

84  Stylidiées. 

85  Go'odénoviées. 

86  Gbicoracées, 

87  Cyiiarocépbales. 

88  Corynibiféres. 

89  Calycérées. 

90  Dipsacécs 
"«■•     î      ,.    .      .        vT     f   ■       iSl  Valeriances. 

I_d.sl.ncte8.  XI.   Ep.co-^g,  Rublacées. 
\         roll.e  cor.santheric.^93  c^pHloliacées. 
'94  Loranlbées. 
,        .  ITT  r-  ■    ••  r     ^95  Araliacées. 

htammes  epigyne8.XII.tpipctalie.|gg  Ombelliféres. 

97  Reuonculacées. 

98  Papavéracécs. 

99  Fumariacées. 

100  lirucifére». 
loi  Capparidéts. 

102  Sapiiidacées. 

103  Acérinécs. 

104  llippocratées. 

105  Malpighiacées. 

106  Hvpcrictcs. 

107  GÙltiRres. 

108  Olacinécs. 

109  Auranliacées, 

110  Ternslroniiées. 

111  Tbéacées. 

112  Méliacées. 

113  Vîuiféres. 

114  Géraniacécs. 

115  Malvacécs 


— Ilypogynes.   XIII 


Hypopélalie.vUg  Byltnériacées. 
117  Macnoliauéus. 


— Périgynes.. .    XlV.Péripùlalie 


118  UiUéiiiacées, 

119  Ocbnacécs. 

120  Simaroubées. 

121  Anonacées, 

122  Ménlsperuiées. 

123  Beibéridées. 

124  Ilermanniées. 

125  Tiliacées. 

126  Gislées. 

127  Violariées. 

128  Polygalées. 

129  Diosmées. 

130  RuUcécs. 

131  Caryopbyllées. 

132  Tréniandrées. 

133  Linacées. 

134  Taniariscinécs. 
II35  Paroliychiées. 

136  Portulacées. 

137  Saxilragées. 

138  Cunoniacées. 

139  Crassulées. 

140  Opunliacées. 

141  Ribésieis. 

142  Loasées. 

143  Ficoïdées. 

144  Ccrcodiennes, 

145  Onagraires. 

146  Myrtees. 

147  Mélastoniécs. 

148  Lylbraires. 

149  Rosacées. 

150  (^alycantbécs. 

151  Blackwelliacées 

152  Li'gunilneuses. 

153  Tcrcbinthacées, 

154  Pittospernies. 

155  Rhaniuées. 


lies  iiTignlièri 


XV.  Dlcl 


160  Ij'rlicées. 

161  îlonimiées. 

162  Anientacces. 

163  Conifircu. 

164  Cycadées. 


598 


CLEF  DE  LA  LAxNGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Vocabulaire  du  Tableau, 

60.  —  ACANTHACÉES  (en  latin  acantha- 
ccœ-,  du  grec  acantha,  épine  ),  Herbes  et  ar- 
bustes ,  presque  tous  étrangers  et  propres 
aux  contrées  situées  entre  les  tropiques. — 
Genres  :  Carmantine  ,  acanthe,  Diantliére, 
etc.  La  feuille  de  l'acanthe  branche  ursine 
a  serri  de  modèle  pour  l'ornement  du  chapi- 
teau corinthien.  L'architecte  Calliniaque  , 
passant  prés  du  tombeau  d'une  jeune  fian- 
cée, s'en  approcha  pour  y  jeter  des  fleurs, 
o  Une  offrande  avait  précédé  la  sienne.  La 
nourrice  de  la  jeune  fille,  rassemblant  les 
fleurs  et  le  voile  qui  devaient  servir  à  la 
parer  le  jour  de  ses  noces,  les  plaça  dansune 
corbeille,  et  mit  lacorbeille  auprès  du  tom- 
beau;puis  elle  la  recouvrit  d'une  large  tuile. 
Au  printemps  suivant, les  feuilles  d'acanthe 
entourèrent  lacorbeille;  mais  arrêtées  par 
les  bords  de  la  tuile,  elles  se  recourbèrent 
et  s'arrondirent  vers  leurs  extrémités.  Cal- 
limaqne,  surpris  de  cette  décoration  cham- 
pêtre, qui  semblait  l'ouvrage  des  Grâces 
en  pleurs,  en  fit  le  chapiteau  de  la  colonne 
corinthienne.»  (Aimé  Martin.) 

Virgile  dit  que  la  robe  d'Hélène  était 
bordée  d'une  guirlande  d'acanthe  en  relief. 

lOâ. —  ACÉRINÉES,     ou   ÉRABLES   f  du 

latin  accr ,  érable),  Plantes  ligneuses  à 
feuilles  opposées,  ordinairement  siuiples,  à 
Heurs  et  grappe  ou  en  cory  mbe.  Genre  éra- 
ble. — Les  espèces  les  plus  remarquables 
sont:  l'érable'champctre,  à  écorce très-ridée; 
l'érable  de  Montpellier,  analogue  au  précé 
dent;  Vérable  sycomore  {acer  pseudo-plata- 
nus),  à  feuilles  quinquélobées;  l'érflt/e  p/a- 
tane  (aceh  platanoïdes), analogue  au  pré- 
cédent, mais  à  feuilles  plus  aiguës;  l'érable 
Jaspé,  a  tige  striée  par  des  lignes  blanches; 
l'érable  à  feuilles  de  frêne  (acer  negundo), 
le  seul  à  feuilles  composées  ;  et  l'émble  à 
sucre  (acrr  SACCHARinoM),  à  feuiles  longue- 
ment pétiolées,  bel  arbre  des  forêts  de  l'A- 
mérique septentrionale.  —  L'hipprostane 
ou  marronnicrfaisait  partie  de  cette  famille. 
Le  marronnier  d'Inde  est  un  arbre  d'un 
beau  port  ,  que  la  majesté  de  sa  tige  ,  la 
beauté  de  ses  fleurs  blanches  panachées  de 
rouge, l'épaisseur  de  son  feuillage,  l'ont  re- 
chercher pour  l'ornement  des  grandes 
avenues. 

«  Ami  du  fasle  et  de  la  richesse ,  il  cou- 
vre de  fleurs  les  verts  gazons  qu'il  pro- 
tège ,  et  prête  à  la  volupté  de  délicieux 
ombrages.  Mais  il  ne  donne  aux  pauvres 
qu'un  bois  léger  et  un  fruit  amer  ,  avec 
quelques  feuilles  desséchées  pour  le  ré- 
ehauUcr  l'hi\cr.  Les  naluralislcs,  et  surtout 


par  ordre  alphabétique. 

les  médecins,  ont  prêté  à  ce  fils  de  l'Inde 
mille  bonnes  qualités  qu'il  ne  possède  pas. 
Ainsi  ce  bel  arbre  ,  comme  l'homme  riche 
au  quel  il  prodigue  son  ombrage,  a  ses 
flatteurs  ,  fait  malgré  lui  un  peu  de  bien  , 
et  en  impose  au  vulgaire  par  un  luxe  inu- 
tile.  »  (  Aimé  Martin.  ) 

ACOTYLÉDONES  ,  Plantes  dans  les  se- 
mences des  quelles  on  n'a  point  encore 
découvert  de  lobes  ou  cotylédons.  Elles  ré- 
pondent aux  cryptogames  de  Linné. 

1.  —  ALGUES  (en  latin  a/^œ) ,  Plantes 
marines.  Genres:  varech  ou  fucus,  con- 
ferve  ,  nostocti ,  etc. 

24.  —  ALISMACÉES,  Plantes  herbacées, 
vivaces,  à  feuilles  simples,  et  croissant  sur 
le  bord  des  ruisseaux  ,  des  étangs.  Le 
genre  alisma  est  le  type  de  cette  famille.  \l 
renferme  le  plantain  d'eau  ou  flûteau  ,  qui 
croit  en  France,  et  qui  est  célèbre  par  la 
propriété  qu'on  attribuait  à  sa  racine  de 
guérir  l'hydrophobie.  Les  autres  genres 
remarquables  sont  Vcloile  d'eau  (damaso- 
nium),  et  la  sagittaire. 

52.  — AMARAMTACÉES  ,  Végétaux  her- 
bacés dycotylédones  ,  à  feuilles  alternes  , 
ou  opposées,  aux  fleurs  petites,  réunies  en 
épi.  Genres  :  Amarante,  gomphrène ,  etc. 
La  blette  est  une  espèce  d'amarante.  L'ama- 
rante est  le  dernier  présent  de  l'automne. 
L'amarante,  qui  ne  se  flétrit  jamais,  est  le 
symbole  de  l'immortalité  chez  les  poètes. 
Quelquefois  les  poètes  ont  rnclè  l'amarante 
au  cyprès  ,  pour  exprimer  que  leurs  regrets 
étaient  immortels.  Aux  jeux  floraux  de 
Toulouse,  le  prix  de  l'ode  est  une  amarante 
d'or.  L'ordre  de  l'Amarante  fut  institué  par 
la  reine  Christine  de  Suède  ,  en  1653  ,  à  la 
suite  d'une  fête  galante.  La  décoration  de 
cet  ordre,  qui  subsistajusqu'en  1689,  était 
une  médaille  d'or  enrichie  d'une  fleur  d'a- 
marante en  émail,  avec  ces  mots  italiens: 
Dolce  nella  memoria  (doux  dans  la  mé- 
moire ) ,  d'un  côté  ,  et  de  l'autre  ceux-ci  : 
Sempcr  idem  (toujours  le  même).  On  la 
portait  suspendue  à  un  ruban  couleur  de 
l'eu.  Les  chevaliers  ,  s'ils  n'étaient  pas  ma- 
riés, juraient  de  garder  le  célibat,  et,  s'ils 
l'étaient,  de  ne  pas  passer  à  de  secondes 
noces. — La  gomphrène  se  nomme  encore 
amarantinc,  ou  immortelle  violette. 

162.  —  AMENTACÉES  (  -  ccoe ,  du  latin 
amenium,  chaton),  Arbres  pour  la  jibipart 
indigènes,  à  feuilles  simples,  alternes,  sti- 
pulées; à  fleurs  axillairis^  umnoïques  ou 
dioïques  ,  rarement  hermaphrodites.  Le 
fruit  Cil  une  capsule  le  plus  souvent  mono- 


SIGNES  DIVERS.   BOTANIOUE. 


599 


culaire  et  monosperme.  La  graine,  ordi- 
nairement dépourvue  d'endosperme  ,  se 
compose  d'un  embryon  droit  à  cotylédons 
épais.  Celte  famille  a  été  divisée  en  plu- 
sieurs sections. 

ULMACÉES  ou  CELTIDÉES.  Fleur»  hermaphrodites 
ou   incuinplftes,  uni-sexuelles. 

fienres:  Orme  (ulmus),  micocoulier  'celtis),  etc. 

SALICINEES.  Fleurs  dioiqucs;  les  mâles  et  les  fe- 
melles en  chaton. 

Genres:  Saule  •  salix  i  ,  peuplier  fpopulus). 

MTRICÉES  ou  CASDARIXÉES.  Fleurs  dioïques  en 
chaton-,  étaniines  nombreuses  sur  un  androphore  (1) 
ranieux,  placé  à  PaisscUe  de  chaque  bractée  (2)  du  cha- 
ton niàlc. 

Genres:  Cirier  (  myrica  ) ,  cnsuarine  (-ua),  liquidam- 
bar  y  etc. 

ÇUPDLIFÈRES,  QDERCINEES,  ou  CORYLACEES. 
Fleurs  monoïques;  les  mâles  en  chaton;  ciitq  à  vingt 
étaniines  sur  chaque  écaille;  fleurs  femelles  réduites  à 
un  OTaire  !3)  simple,  surmonté  d'un  ou  de  plusieurs 
stigmates  i4),  réunies  d'une  à  trois  dans  un  involucre  (5); 
fruit  monosperme  dans  une  cupule. 

Genres  :  Chêne  'quercus),  hHre  {fagus;,  Châtaignier 
Icastanea',  , coudrier  (corjlus),  charme  (carpinus). 

PLATAXEES.  Fleurs  monoïques;  les  mâles  en  oha» 
ton  gloliuleux,  à  étaniines  nombreuses;  les  femelles  en 
chaton  sphérique  :  oTaire  surmonté  d'un  style  à  stig- 
mates latéraux. 

Genre  :  Platane  (  -nus  ) . 

BÉTCLIXÉES.  Fleurs  monoïques  en  chatons  dispo- 
sés par  grappes;  lis  mâles  supérieures  aux  femelles; 
deux  à  quatre  étaniines;  deux  ou  trois  fleurs  femelles, 
composées  d'un  ovaire  à  deux  loges  monosperraes  à 
l'aisselle  de  chaque  écaille;  fruits  minces  ,  situés  à  l'ais- 
selle d'écaillés  persistantes  et  constituant  de  vrais  cônes. 

Genres  :  Aune  (alnus)  .  bouleau  ;  betula  ). 

J'ai  parlé  de  tous  ces  arbres  dans  la 
Mkthode  dc  Geshe,  page  281-294. 

39. —  AMOMÈES  (en  latin  amomeœ)  , 
Plantes  herbacées,  monocotylédones,  aux 
racines  tubéreuses,  épaisses,  et  aromati- 
ques; aux  feuill(;s  simples,  entières,  en- 
gainantes ,  aux  fleurs  grandes  ,  en  épi  ou 
en  grappe.  Genres  :  balisier,  gingembre , 
amorne,  curcuma,  zèdoaire  ,  galanga,  etc. 
L'amome  est  le  type  de  cette  famille.  Par- 
mi les  amollies  ,  les  espèces  les  plus  con- 
nues sont  le  carrfaniome  et  la  ^ra£ne</e  para- 
dis. On  nomme  vulgairement  anwme  ou 
amour  une  espèce  de  nwrellc.  (  Synony- 
mes :  balisiers,  cannes,  halisotdes ,  dry- 
myrrliizces.  )  Ce  dernier  mot  vient  du 
grec  drus,  arbre,  miiron ,  parfum,  et 
rhiza ,  racine. 

121.  Anonacées,  ouanonées,ou  anones, 


ou  glyptospermes  ,  Plantes  dicotyludones 
polypétales  ,  renfermant  des  arbrisseaux 
ou  des  arbres  étrangers ,  à  rameaux  nom- 
breux ,  etc.  L'anone  est  le  type  de  cette 
famille.  Les  fruits  de  Vanonc  muricata , 
nommée  aussi  corossol  ou  cacliinan ,  de 
Vanone  à  trois  pétales  ou  chcrimoUa ,  et  de 
l'anone  écailtcuse  ou  pommier  cannelle,  sont 
très-succulents  et  se  servent  sur  les  tables. 
Ceux  de  Vaiione  réliculce  ou  cœur-dc-bœuf, 
se  donnent  aux  animaux  de  bassecour.  La 
graine  des  fruits  est  vénéneuse  ,  mais  on 
retire  de  leur  écorce  un  remède  contre  la 
dysenterie. 

"73.  —  APOCYNÉES  (en  latin  apocyneœ), 
ou  APOCYNS  ,  Plantes  dicotylédones  mo- 
nopélales  ,  originaires  des  pays  chauds. 
Genres  :  Pervenche,  apocyn,  asctèpias  ,  lau- 
rier roseau  nér  ion  ,  fran gi panier  ,  noix  vo- 
mique  on  strychnos ,  coquemolUer,  etc. — 
Grande  pervenche.  Petite  pervenche.  Image 
charmante  d'un  premier  amour,  la' per- 
venche s' attache  fortement  au  terrain  qu'elle 
embellit;  elle  l'enlace  de  ses  flexibles  ra- 
meaux, elle  le  couvre  de  fleurs  qui  ont  la  cou- 
leur du  ciel.  (Aimé  Mabtin.)  On  sait  que  la 
pervenche  était  la  fleur  favorite  de  J.  3. 
Rousseau.  Cette  fleur  lui  retraçait  une 
image  chère.  Le  laurier  rose  est  l'enbléme 
de  la  beauté  et  de  la  douceur. 

95.  —  ARALIACÉES  ,  OU  ARALIES  (  en 
latin  ora/tacetE ,  araHœ),  Plantes  dicoty- 
lédones polypétales  .  herbes  et  arbrisseaux 
exotiques,  aux  feuilles  alternes  ,  au  fruit 
charnu  et  possédant  de  grandes  propriétés 
médicinales.  La  racine  de  ces  plantes  est 
sucrée  ,  aromatique  ,  et  peut  servir  à  la 
nourriture  de  l'homme.  On  cultive  les  ara- 
lies,  type  de  cette  famille,  comme  plantes 
d'agrément,  à  cause  de  la  douce  odeur 
qu'exhalent  leurs  fleurs  blanches.  Aralie 
épineuse  ,  l'angélique  épineuse  des  jardi- 
niers. On  distingue  encore  dans  cette  fa- 
mille les genrescH.ç^owe  et  ginseng  ou  pancx. 

75.  —  ARDISIACÉES  ,  OU  MTRSINÉES, 
Arbres  et  arbustes  dicotylédones,  à  feuilles 
alternes ,  rarement  opposées  ou  ternées  , 
glabres  ,  coriaces  ,  entières  ou  dentées  ,  à 


(1)  Nom  donne  au  filet  de  l'étaniine  (organe  mâle  des  fleurs)  lorsqu'il  porte  plusieurs  anthères 
(petits  sacs  rouges,  jaunes,  clc.  ,  remplis  de  la  poussière  fe'condante)  ,  ou  plutôt  à  la  re'uiiion  des 
iilets  ea  un  ou  plusieurs  faisceaux. 

(2)  Petite  feuille,  ordinaivcnienl  coloriée,  qui  naît  avec  la  fleur,  et  qui  diffère  des  autres 
feuilles  par  la  forme,  la  couleur,  et  la  consistance. 

(3)  Partie  infc'rieurc  du  pistil  où  sont  attaclie'es  les  semences. 

(4)  Partie  supe'rieure  du  pistil. 

(5)  Assemblage  de  hractp'es  ou  feuilles  florales,    qui  entourentla  base  commune  de  plusieurs  pf'- 
doncules,  ou  qui  envcloppenl  plusieurs  fleurs  comme  une  sorte  de  calice. 


f.OO 


CLEl'  DE  I.\  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


fleurs  réunies  en  grappes.  Genres  :  avdisia, 
niyrslnc ,  etc.  Ce  dernier  renferme  des  ar- 
bustes du  port  d'un  myrte ,  aux  fleurs  dis- 
posées en  coryuil)e.  f  oyez  sapotéks. 

Il2.  —  ARISTOLOCHIÉES  ,  OU  ARISTO- 
LOCHES ,  OU  ASAROÏDES  (en  latin  arislolo- 
cliice, ,  flsflro/rfcœ) ,  Plantes  dicotylédones 
apétales,  herbacées  ou  ligneuses  (  Du  grec 
aristos ,  très-bon,  et  loclicta,  les  couches). 
Genres:  asarct,hypociste, aristoloche. — L'a- 
saret ,  plante  dont  la  tige  est  très-courte,  est 
employée  en  médecine  comme  cmétlque  et 
sternutatoirc.  On  la  nomme  aussi  cabaret 
rondelle,  vt  oreille  d'homme.  Les  aristoloches, 
plantes  originaires  de  l'Amérique  septentrio- 
nale, ont  le  calice  d'une  seule  pièce  et  colore, 
tantôt  droit,  tantôt  recourbé  en  siphon ,  ou 
bien  tronque  obliquement ,  et  terminé  en 
languette.  Elles  jouissent  de  grandes  pro- 
priétés médicales.  Il  y  a  une  espèce  d'aris- 
toloche dont  le  suc  fait  mourir  les  serpents. 
La  serpentaire  de  Virginie  est  une  espèce 
d'aristoloche.  L'aristoloche  clématite  croit 
naturellement  par  toute  la  France. 

15.  —  AROïDES,  ou  AROïOÉES,  Famille 
déplantes  monocotylédones,  dont  le  type 
estrar^m  ougouet.  Les  fleurs  de  l'arum  nais- 
sent sur  un  réceptacle  cylindrique  et  allongé, 
s'èlevant  d'une  spatlte  en  forme  de  cornet. 
Le  gouet  ordinaire,  nommé  vulgairement 
Draconte  des  Grecs,  pied-de-veau,  racine 
amidonnière ,  et  girou ,  est  une  plante  vi- 
vace  et  commune  dans  les  bois  humides  , 
les  haies  ,  les  fossés.  Les  feuilles  de  cette 
espèce  d'arum  sont  longues,  lisses, d'un  vert 
foncé,  avec  quelques  taches,  et  ont  la  forme 
d'un  pied  de  veau  ;  les  fleurs  sont  vertes 
en  dehors  ,  blanches  en  dedans  ;  les  baies 
d'un  beau  rouge.  Toutes  les  parties  de 
celte  plante  contiennent  un  suc  laiteux 
brûlant.  La  racine, rondeetcharnue,  purge 
violemment.  Sèche  ,  elle  perd  ses  pro- 
priétés ;  réduite  en  farine  et  en  pâte  ,  elle 
fournit  une  aliment  sain,  aussi  nourrissant 
que  la  pomme  de  terre.  On  emploie  cette 
racine  en  médecine.  (  En  grec  aron,  ) 

20.   —   ASFARAGINÉES  ,    OU    ASPARA- 

GÉES ,  ASFARA60ÏDES  (  en  latin  aspara- 
gineœ,  asparagi)  ,  Plantes  monocotylé- 
dones apétales  ,  herbacées,  vivaces ,  à 
feuilles  alternes.  Genres:  asperge,  dianelle, 
dragonnicr,  parisctte,  convallaire,  sceau-dc- 
Satomon  ou  signet,  fragon,  etc.  L'asperge 
commune  est  un  des  mets  les  plus  recherchés 
denos  tables.  Semer  des  asperges. Plant, quar- 


ré  d'asperges.  Grosses  asperges.  Asperges 
vertes.  Asperges  de  couche.  Asperges  de  terre. 
Fosse  d'asperges.  Botte  d'asperges.  Asperges 
à  la  sauce,  à  l'huile.  Des  asperges  qui  mon- 
tent en  graine.  Pointes  d'asperges.  L'as- 
perge est  le  trivial  emblème  de  l'erreur  :  d 
peine  coupée  ,  elle  repousse  plus  vigoureuse- 
ment. La  dianelle  bleue,  originaire  delà 
Nouvelle-Hollande,  futimportéeen  France 
en  1815. Le  tronc  du  rfra^'onnter  est  un  stype 
creux  et  ligneux.  Il  se  fourche  en  plusieurs 
rameaux  couronnés  d'une  touffe  de  cinq  à 
vingt  feuilles.  Le  dragonnier  gigantesque 
est  un  arbre  des  Canaries.  Il  en  découle 
un  suc  gommeux,  sec,  friable,  inflamma- 
ble ,  de  couleur  rouge  foncé,  que  les  pein- 
tres chinois  emploient  dans  leur  vernis 
rouge.  On  se  sert  de  ce  suc  ,  appelé  satig- 
de-dragon  ,  et  plus  souvent  sang-dragon , 
pour  dessécher  les  ulcères  ,  cicatriser  les 
plaies  ,  etc.  Les  pariseltes  sont  des  plantes 
herbacées  ,  grêles  ,  peu  élevées  ,  à  feuilles 
verticillées  ,  à  tige  simple  et  terminée  par 
une  seule  fleur.  Elles  sont  peu  intéressantes 
et  jouissent  de  propriétés  très-simples.  On 
en  connaît  à  peine  quatre  ou  cinq  espèces, 
dont  une  seule  croît  en  France  :  la  pari- 
sette  à  quatre  feuilles,  vulgairement  herbe  à 
Paris  ,  raisiné  de  renard ,  ctrangle-loup.  Le 
genre  convallaire  est  borné  à  une  seule  es- 
pèce. C'est  le  muguet  ou  fleur  de  mai. 
Plante  qui  fleurit  au  printemps  et  qui  porte 
de  petites  fleurs  blanches  d'une  odeur 
agréable.  Cueillir  du  muguet.  Fleur  de  mu- 
guet. Cela  sent  le  muguet.  Les  fleurs  du  mu- 
guet, réduites  en  poudre,  sont  sternutatoires. 
Le  muguet  est  l'emblème  de  la  légèreté,  de 
l'indifférence.  Le  sceau-de-Salomon  ou  gre- 
nouillée  est  une  espèce  de  muguet  qui  croît 
sur  les  montagnes  et  les  collines,  et  dont 
les  feuilles  ont  quelque  ressemblance 
avec  celles  du  laurier.  Le  signet  à  larges 
feuilles  se  trouve  dans  le  bois  de  Boulogne. 
Le  fragon  piquant  {petithoux,  houx  frelon^ 
housson ,  orusc)  est  un  petit  arbuste  tou- 
jours vert,  qui  croît  dans  les  bois,  et  dont 
les  fruits  sont  d'un  beau  rouge.  La  racine  du 
fragon  piquant  est  diurétique  ;  ses  jeunes 
pousses  se  mangent  comme  des  asperges  ;  sa 
graine,  brûlée,  a  le  goût  du  café.  Brown  a 
établi  dans  la  famille  des  asparaginées  les 
trois  divisions  suivantes  :  smilacécs  ou  sml- 
lacinées ,  dioscorèes ,  tamnées.  Le  smilax 
rude  appelévulgahement  salscpareilled'Eu- 
rope,  liseron  épineux,  grament  de  montagne, 
fournit  par  sa  racine  un  sndorifique  actif. 


SIGNES  DIVERS.    BOÏAMyLE. 


601 


Le  smilax  salsepareille ,  ou  simplement 
salsepareille,  espèce  qui  croît  au  Pérou, 
au  Mexique,  et  au  Brésil ,  a  des  propriétés 
sudorifîqucs  tiès-marquées. 

30.— ASPHODÉLÉBS ,  OU  ASPHODÈLES 
(en  latin  asphodeli  )  .  Plantes  uionocotylé- 
clones,  vivaces,  dont  les  bulbes  produisent 
une  fécule  et  un  suc  amer  gommo-résineux. 
Le  genre  le  plus  commun  est  le  lis  aspho 
dèle.  L'asphodèle  blanc  croît  dans  l'Eii- 
rope  méridionale  ;  c'est  une  plante  à  fleur;, 
liliacées  ,  connue  sous  le  nom  de  bâlon 
royal  ou  verge  de  Jacob.  La  fécule  de  ses 
bulbes  a  servi  souvent  à  faire  du  pain 
avant  la  découverte  de  la  pomme  de  teire. 
Ces  plantes  étaient  sacrées  chei  les  an- 
ciens; on  les  cultivait  auprès  des  tombeaux. 

La  plupart  des  botanistes  s'accordent  à 
comprendre  cette  famille  dans  celle  des 
liliacées. 

51. —  ATRIPLICÉES  (en  latin  rt?r(/;/(Veœ), 
ou  ARROCHES  ,  CHÉNOPODÉES  ,  Plantes 
dicotylédones  apétales  ,  herbacées  on  fru- 
tescentes. Genres:  Arrochc  (atriplex), 
camphrée  (camphorata)  chcnopode  ,  épi 
nards  ,  bette,  blette,  soude,  etc.  Le  chcno- 
pode (du  grec  chi'n,  clicnos,  vie,  et  potis, 
podos ,  pied),  est  plus  connu  sous  les 
noms  à'anserinc  et  palle-d'oic.  La  belle- 
dame  ou  boruie-daïue  est  une  espice  d'arro- 
che  aux  feuilles  d'un  vert  glauque  et  d'un 
goût  fade,  qu'on  ne  mange  que  mêlées  avec 
les  épinards,  l'oseille,  ou  toute  autre  plante. 
Mettre  de  l'arroche  dans  une  soupe  aux  her- 
bes. Fricasser  des  épinards.  Vn  plat  d'cpi- 
nards.  Epinards  à  la  crème.  Tourte  d'èpi- 
nards.  Graine  d  epinards.  La  bette  ,  qu'cin 
nomme  aussi  poiréc  ,  est  une  plante  po- 
tagère ,  dont  les  feuilles  ont  une  côte 
épaisse  et  large.  Dette  blanche,  rouge,  jaune. 
Une  planche  de  bettes.  Manger  des  bettes. 
Les  feuilles  de  bette  sont  cmollientes.  La 
betterave  est  une  espèce  de  bette.  La  blette  , 
plante  potagère  d'une  saveur  assez  fade  , 
croît  naturellement  partout  ,  et  se  sème 
dans  les  jardins.  Les  soudes  croissent  sur 
le  rivage  des  mers  ,  et  c'est  de  leurs  cen- 
dres qu'on  retire  la  substance  nommée 
soude.  Les  espèces  les  plus  recberchéi^s 
sont  la  soude  vulgaire,  la  soude  épineuse  , 
la  soude  kali,  la  soude  frutescente. 

Plusieurs  botanistes  ne  séparent  pas 
cette  famille  de  celle  des  aiuarautucces. 

109.  —  AURANTIACÉES  ,  OU  HESPÉRI- 
DÉBS  (  en  latin  auranlid  ,  hespcridcœ  ) , 
Plantes  dicotylédones  polypélaies,  ligneu- 
ses ,    à    feuilles   alternes       ordinairement 


d'un  beau  vert  et  persistantes.  A  cette  fa- 
mille appartiennent  les  orangers,  citron- 
niers, limoniers,  ie  caynetlia ,  le  thé  ,  etc. 
Voyez  la  Méthode  du  Gbkhk  ,  pages  285, 
28y,  et  2%. 

A  une  DemoiulU,  en  lui  offrant  un  orangir. 
Accepte  ce  présent,  maîtresse  aimable  et  belle; 
Qu^ii  parfume  ton  sein  dt  set  douces  odeurs. 
S'il  fleurit  tout  le  temps  que  je  sera!  fidèle, 
Toujours  cet  oranger  te  donnera  des  fleurs. 
Il  est  né  comme  moi  sous  la  tûne  brûlante; 
Qu'il  soit  le  gage  heureux  de  mes  vives  ardeurs. 
S'il  fleurit  tout  le  temps  que  tu  seras  constante  , 
Toujours  cet  oranger  donnera-t-il  des  fleurs  ? 

(Ddcis.  ) 

Faisons  remarquer  en  passant  qu'un  ro 
mantique  eût  dit  démon  ardent  amour,  ce 
qui  serait  beaucoup  plus  natuiel.  Mais  que 
deviendrait  la  rime? 

Tel  l'or  pur  étincéle  au  milieu  des  métaux, 

Tel  brille  1'or\xoetï  parmi  les  arbrisseaux. 

Seul ,  dans  chaque  saison,  il  oli're  l'assemblage 

\)e  fi-uils  naissants  et  niOrs,  de  fleurs  et  de  feuillage. 

\i  l'ambre  que  la  mer  épure  dans  ses  flots, 

\i  le  mjrte  qu'Amour  apporta  de  Paphos  , 

Ni  le  souflle  ckarmant  de  l'aube  matinale, 

Ne  saurait  approcher  des  parfums  (|u'il  exhale. 

i  CiSTtL,  cité  par  Jime  Martin.  ) 

Voilà  des  vers  tels  que  les  aime  M.  Cu- 
\ illier  Fleury,  des  vers  classiques  s'il  en 
fut  onc  ,  très-sobres  de  métaphores  ,  très- 
clairs  et  très-simples,  et  dans  lesquels  on 
a  sacrifié  peu  de  chose  à  la  rime.  Ce  souf- 
fle charmant  de  l'aube  matinale,  qui  ne 
saurait  approcher  des  parfums  qu'il  ex- 
hale ,  n'est-ce  pas  une  clrnse  charmante  et 
tout  à  fait  poéliqne  ?  Mais, s'il  n'y  a  que  le 
souffle  charmant  qui  nu  saurait  approcher, 
pourquoi  celte  viigule  après  matinale?  Ou 
si  c'est  à  la  fois  l'ambre,  le  7nyrte  apporte 
par  Amour  (comme  c'est  joli!),  et  le 
souflle  charmant,  qui  ne  sauraient  appro- 
cher ,  pourquoi  saurait  ayt  singulier?  En  vé- 
rité, vive  les  classiques!  Ils  fonthonneur 
an  goût  de  MM.  Guvillier  Fleury  et  Aimt; 
Martin.  Je  leur  en  fais  mon  compliment. 

L'oranger  ,  originaire  de  la  Chine,  a  été 
apporté  en  Europe  au  seizième  siècle  par 
un  guerrier  portugais.  Le  fruit  de  l'oran- 
ger est  célèbre  dans  l'anliquite.  C'est  avec 
des  oranges  lancées  dans  la  lice  qu'llippo- 
mène  vainquit  à  la  course  la  légère  Ata- 
lante.  Les  ])ommes  d'or  du  jardin  des 
Hespérides  n'étaient  que  de  belles  oranges. 

Zjl.  —  BALAMOPHORÉES,  Famille  de 
plantes  formée  par  Richard,  et  se  compo 
saut  des  quatre  genres  bulanophora,  cynomo 
rium,  langsdorffia  ,  et  helosis. 

50.  —  BSGONIACÉES,  Famille  de  plan- 
tes créée  par  Richard  pour  le  seul  genre 
bégonc.Uégone  luisante.  Ucgonc  fourchue. 


T.  II. 


7U 


602 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


12:i. — BBRBÉHlDilES  {i'.n  lat.  berbericlcs), 
ou  VlNETTIEKS,  Piailles  dicotylcd. mes 
p(jlyp(';talcs,  ligneuses  ouhcrbacV-es,  fi  l'euil 
les  alternes,  quelquefois  stipulées.  Le  fruit 
(les  berbéridées  est  une  baie  à  plusieurs  forai- 
nes. Le  type  de  la  la  mille  est  la  berbéridcow 
épinc-vinelte.  L'èpine-vinette  est  commune 
dans  certains  bois.  Sirop ,  confiture,  dragée 
d'cpinc-vinette. L'èpine-vinette  est  l'emblème 
de  l'ui^rcur.  Le  genre  hamamelis,  qui  sc'in- 
l)le  se  raijprocher  un  peu  des  cercodianées 
d<!  Jussiini,  est  devenu  pour  lirown  le 
type  de  la  famille  des  hamamelidàes ,  qu'il 
iap|)roclie  des  aratiacces. 

71.  —  BIGNONIACÉES  OU  BiGNONES  , 
BIGNONÉES  ,  BIGNONIÉES  (  en  latin  bi- 
gnonice).  Fiantes  dicotylédones  iiionopé- 
taies,  herbacées  ou  ligneuses,  à  feuilles  sim- 
ples OU  conjuguées,  quelquefois  ternées  , 
ou  deu"  fois  ailées  avec  impaire,  opposées, 
rarement  alternes.  Genres  :  bignonia,  ca- 
talpa, cobœa,  galanc,  cornaret  ,  pèdali,  sé- 
same, etc.  Les  bignoncs  sont  propres  aux 
contrées  équinoxiales.  La  seule  espèce 
acclimatée  chez  nous  est  la  bignone  oran- 
gée ,  qui  forme  de  petits  bouquets  de 
pourpre  et  d'orange.  Voyez  la  Méthode  du 
Gbnbb  ,  page  283.  Le  sésunte  d'Orient,  ap- 
pelé vulgairement  jK^'Êo/tnc,  Iburiiit,  par 
ses  graines  ,  un  peu  plus  grosses  que  celles 
du  millet ,  une  huile  excellente  qui  ne  se 
fige  jamais.  La  farine  de  graine  de  sésame 
sert  à  faire  de  ta  bouillie,  des  galettes,  etc. 
Huile  de  sésame. 

151. — BUlCKWELLIACÉES.Voy.  RosA- 
CKBS. 

68.— BORRAGINÉES,  ou  BOURRACHES 
(en  latin  torra^'ijieœ),  Plantes  dicotylédones 
monopétales,  herbacées  pour  l'oidinaiie  ; 
a  feuilles  simples,  sessiles,  alternes,  sca- 
bres.  Genres:  bourrache,  héliotrope,  grèniil- 
vipérine,  consolide  ,  pulmonaire,  myosotis, 
rapetle,  buglosse,  cynoglossc,  sébesiier,  etc. 
La  bourrache  commune  ou  officinale  s'eui- 
j)l()ie  surtout  à  faire  des  tisannes  pectorales. 
Cueillir  de  la  bourrache.  Tisane  de  bourra- 
che. On  met  quelquefois  des  fleurs  de  bour- 
rache sur  les  salades.  Le  génie  héliotrope 
contient  une  cinquantaine  d'espèces  ;  les 
plusconnuessont  l'héliotrope  du  i'érou,  fort 
recherché  à  cause  de  l'odeur  suave  de  ses 
fleurs,  qui  lui  a  l'ait  donner  aussi  le  nom  de 
vanille  par  les  jardiniers  ;  et  Vhéliolrope 
d'Europe,  appelé  vulgairement  herbe  aux 
verrues,  parce  qu'on  lui  a  long-temps  attri- 


bué la  propriété  de  faire  tomber  ces  sortes 
d'excroissances.  Le  g-rtJMij'/,  ou  lithosperme, 
est  une  plante  herbacée  dont  l'espèce  offi- 
cinale a  recule  nom  vulgaire  d'herbe  aux 
perles  ;  parce  que  ses  semences  sont  blan- 
ches et  approchent  de  la  figure  d'une  perle. 
Les  pulmonaires  ont  les  feuilles  ordinaire- 
ment semées  de  taches  brunes  semblables 
à  celles  qu'on  remarque  parfois  sur  le  pou- 
iiion  malade.  Pulmonaire  officinale.  Pul- 
monaire des  Français.  Le  myosotis ,  ou 
oreille  dc-souris ,  est  une  petite  plante  à 
Heurs  bleues  et  quelquefois  blanches,  très- 
commune  dans  les  champs.  Le  mysotis  vi- 
vace  ,  à  feuilles  velues,  croît  au  bord  des 
eaux  et  dans  les  lieux  humides.  Il  est  plus 
connu  sous  les  noms  vulgaires  deiVc  m'ou- 
bliez pas  ,  et  plus  Je  vous  vois  ,  plus  Je  vou3 
aime. 

Pour  exprimer  Taniour  ces  fleurs  semblent  éclore. 
Leur  langage  est  un  rnot ,  maïs  il  est  plein  d^appat. 
Dans  la  main  des  amants  elles  disent  encore  ; 
Aimez- moi  ,    ne  nt^oubliez  pas. 

(  AlUÉ    MlBTIK.  ) 

Combien  de  personnes  ont  lu  ces  vers  , 
et  les  ont  trouvés  charmants  !  Il  sont  sûre- 
ment du  goût  de  M.  Cnvillier  Fleury. 
Pourtant  rien  de  plus  insigniTiant ,  de  plus 
niais,  de plusiucorrect.  Le  premierne  dit 
absolument  rien;  le  second,n'a  aucun  sens. 

Leur  langage  est  un  mot ,  niais  i7  est  plein  d^appas. 

Qui  est-ce  qui  est  plein  d'appas  ?  Est-ce 
leur  langage  ou  un  uwt?  Pourquoi  ce  mais 
avant  «7  est  plein  d'appas  ?  Évidemment  il 
n'y  a  aucune  opposition  entre  les  deux  hé- 
mistiches ,  et  c'est  leur  langage  est  un  mot 
plein  d'appas  qu'il  eût  fallu  dire.  Mais  le 
Mioyen  de  l'aire  un  vers  avec  si  peu  de  sylla- 
bes! Et  qu'est-ce  qu'un  mot  plein  d'appas? 
Je  ne  conçois  pas  davantage  Vencore  final 
du  troisième  \nrs.  Encore,  dit  l'Académie, 
est  un  adverbe  de  temps  qui  s'emploie 
pour  marquer  que  l'action  ou  l'état  dont  il 
s'agit  se  continue  ,  se  continuera,  ou  s'est 
continué  jusqu'au  temps  indiqué  par  le 
verbe  ou  par  les  autres  circonstances  du 
discours.  Donc  pour  que  les  fleurs  dorit  il 
s'agit  disent  encore:  aimez-moi,  il  faut 
qu'elles  l'aient  déjà  dit.  Et  si  vous  otez 
Vencore,  ce  qui  reste  n'en  aura  pas  plus  de 
sens.  Si  l'on  devine  une  idée  là-dedans  , 
apparemment  c'est  celle-ci  :  Les  myosotis 
sont  des  fleurs ,  qui ,  d  peine  écloses  ,  ont  un 
langage  ;  ce  langage  est  un  mot  plein  d'ap- 
pas qu'elles  disent  encore  après  avoir  perdu 
leurs  appas.  Encore  faut-il  savoir  ce  qu'on 
veut  dire. 


SIGAES  DIVERS.    BOTANIQUE. 


Go: 


O  classiqucB,  classiques, 
Avant  donc  que  d'écrire  apprenez  à  penser. 

La  cynoglossco/Jicinalc on  langiie-de-chicn 
passe  pour  anodine  et  légèrement  narcotique. 
Pilules  de  cyjwglosse. 

29.   —  BROMÉLIACÉES  ,      OU      BROItlÉ- 

UÉES  ,  OU  ANANAS  ,  Famille  de  plantes 
monoeotylédones  ,  appartenant  aux  lilia- 
cées  de  Tournefort.  Elle  renferme  l'a- 
nanas,  l'agave,  le  haralas,  le  bromclia,  etc. 
L'ananas  est  une  plante  originaire  des  In- 
des, qu'on  élève  en  Euiope  ,  dans  des 
serres  chaudes  ,  et  dont  le  fruit,  appelé  de 
njème  ananas ,  est  très-estimé  pour  sa  sa- 
veur. Auanas  à  fruit  rouge.  Ananas  à  fruit 
blanc.  Ananas  à  fruit  violet.  Ananas  à  fruit 
noir.  Ananas  â  fruit  pyramidal.  L'agave, 
bel  arbre  originaire  d'Amérique,  est  cul 
tivé  depuis  long  temps  en  Europe  ;  ses 
feuilles  contiennent  un  fil  très-fort  et  très- 
souple  ,  dont  (in  fait  des  cordes  et  de  la 
grosse  toile.  En  Suisse ,  l'agave  sert  a 
former  des  haies  impénétrables. 

25.  —  BUTOMÉES,  Famille  de  plantes 
inonocotylédones  apétales  ,  dont  l'espèce 
la  plus  jolie  et  la  plus  connue  est  le  butome 
en  ombelle  oujonc  fleuri.  Voy.  Alismacées. 

116.  —  BTTTNÉHIACÉES  ,  Famille 
créée  par  Brown  ,  dans  les  nialvacées  de 
.lussieu,  et  composée  en  général  d'arbus- 
tes tous  exotiques,  couverts  en  grande 
|>artie  de  poils  étoiles,  et  portant  des  feuil- 
les simples  et  alternes.  Genres:  byttnére, 
abronie  ,  commersonic  ,  scringie,  ihéobrome 
ou  cacaoïcr  ,  guichenolic,  c\.c.  La  byttnére  à 
feuilles  orales  et  la  byttnére  cordée  sont 
cultivées  dans  les  serres.  M.  de  Candolle  a 
jiartagé  la  famille  des  byttnériacées  de 
Urown  en  six  sections  ou  tribus,  qui  sont  : 
Les  sterculiucées ,  les  byltuériées,  les  la- 
sinpélalccs  ,  les  bcrnianniées  ,  les  dombey  a - 
cées,  et  1rs  witllicliiées. 

150,  — CALYCANTHÉES  (du  grec  calux, 
calice,  et  antlios,  fleur.)  Voyez  Rosacées, 
et  la  Méihodf.  du  Grnrb,  pages  281-29/i. 

89.  — CALTCÉRÉES,  Famille  de  plantes 
dicotylédones,  monopélales,  quise rappro- 
che des  .?y»nn^/iér(;c.ç  et  des  dipsacées,  et  se 
compose  de  quatre  (genres  :  le  boopis  ,  l'an- 
tltœmoides,  le  calycera,  et  lecryptocarplia, 

81.  —  CAMPANULACÉES  ,  ou  CAMPA- 
NITLES  (en  latin  campanulaccœ ,  campa- 
nul/B),  Plantes  herbacées,  rarement  li- 
gneuses ou  lactescentes  ,  aux  feuilles  sim- 
ples ,  ordinairement  alternes,  aux  (leurs 
assez  grandes,  lanlùl  disposées  eu  liiyisf! 


ou  en  épi  ,  tantôt  rapprochées  en  caj)itule, 
quelquefois  rassemblées  dans  un  calici' 
commun;  aux  étamines  en  nombre  égal 
aux  divisions  de  la  corolle  ,  qui  sont  pres- 
que toujours  régulières;  à  la  graine  fort 
petite,  nne.  Genres:  campanule ,  canarine, 
lrachelium,raponculc  on  phyteuma,  «te.  Le 
genre  f«»K/5a/i«/c  comprend  un  grand  nom- 
bre d'espèces,  iierbes,  sous-arbrisseaux,  et 
arbrisseaux,  qui  t(uites  se  font  remarquer 
par  la  beauté  de  leurs  fleurs  en  forme  de 
cloche  et  ordinairement  d'un  bleu  Ibncé. 
Campanule  raiponce.  Campanule  doucette. 
Campanule d  feuilles  dépêcher.  Campanule 
ganfelée.  Les  racines  et  les  fanes  de  ces 
quatre  espèces  se  mangent  en  salade.  Les 
genres  gcssneria  et  goodenia  qui  ,  dans  le 
principe,  faisaient  partie  des  campanula- 
cées  sont  devenues  le  type  di;  nouvelles 
familles  sous  les  noms  de gessnériées  etgoo- 
dènoviées.  Voy.  aussi  Lobkliabbes. 

dOl. — CAPPARIDÉES,  ou  CÂPRIERS  (en 
latin  capparidcœ,  capparidcs).  Plantes  dico- 
tvlédones polvpétales,  herbes,  arbrisseaux, 
ou  arbres,  aux  feuilles  alternes,  simples  ou 
digitées.  Genre  type  :  câprier.  L'espèce  la 
plus  répandue  est  le  câprier  épineux,  ar- 
brisseau qui  monte  à  près  de  deux  mètres. 
Les  fleurs  du  câprier  épineux  se  confisent  au 
vinaigre  avant  leur  épanouissement,  et  s'em- 
ploient en  cuisine  sous  te  nom  de  câpres.  Le 
fruit  des  câpriers  est  une  baie,unesilique,ou 
une  capsule  à  une  seule  loge,  polysperme. 
Les  genres  réséda  et  droséra  forment  main- 
lenant  chacune  le  type  d'une  nouvelle  fa- 
mille, sous  le  nom  de  résédacées  on  droséra' 
cces.  La  famille  des  flaccourtianées,  établie 
par  Richard  sur  le  flaccourtia  et  plusieurs 
genres  voisins,  doit  se  placer  entre  lesrcîé- 
dacécs  et  les  sapindacées. 

93. —  CAPRIFOLIACÉBS,  ou  CAFRIFO 
LIÉES,  CHÊVREFEUIIXES  (en  latin  capri- 
folia).  Plantes  dicotylédones  monopéta- 
les ,  herbacées  ou  ligneuses,  aux  feuilles 
simples,  presque  toujours  opposées.  Le  fruit 
est  une  liaie  ou  une  capsule  à  une  ou  plu- 
siiMus  loges  monospermes  ou  jiolyspermes. 
Embryon  placé  dans  une  cavité  située  au 
sommet  d'un  ])érisperme  charnu.  Genres: 
caprifolium  ou  lonicera  (chèvrefeuille),  f(S- 
cum  (gui),  rlilzopliora  (rhizophore),  loran- 
f/i(/s  (loranlhe),  vihurnum  (viorne),  sambu- 
eus  (sureau  ),  coDi»,';  (cornouiller) ,  /ic</(^ra 
(lierre),  etc.  Poiirle  n\olcbcvrcfeiiillc,  voy. 
la  MéthodeduGenke,  page28/i.  Le  gui  est 
une   piaule   parasite  qui  naîl  sur  les  bran- 


60  i  CLEF  DE  LA  I.ANGl 

clios  de  certains  ai'ljics,   du   puiri«;r,  de 
l'aubépin  ,    du    chènc,    etc.  Les  Gaulois 
faisaient  grand  cas  du  gui  de  chêne,  ils  cueil- 
laient le  gui  de  clicne  avec  beaucoup  de  céré- 
monies. (AcAD.  )  Les  feuilles  du  gui  de  chêne 
ont  été  préconisées  comme  antispasmodiques. 
(Jd.  )   Un  chapelet  de  gui  de  chêne.  Le  gui 
donne  de  la  glu.  Les  baies  du  gui  sont  acres 
et  amères,  et  purgatives  ,  dit-on.  Les  rhizo- 
phores  sont  des  arijres  et  des  arbrisseaux 
toujours  verts,  indigènes  aux  lieux  inondes 
et  maritimes  des  régions  équaloriales.  Ils 
se  niulti|)lient  au  moyen  de  longs  jets  qui, 
partant  de  leurs  rameaux,  pendent  jusqu'à 
terre  ,  s'y  fixent  |>ar  les  racines  qu'ils  pro- 
jètent    alors,   et  produisent  de   nouveaux 
troncs.  (Du  grec  rhiza,  racine,  et  phérû,  je 
porte.)  Le  loranthe  d'Europe,  est  une  plante 
parasite  comme  legui;  il  croît  sur  les  pom- 
miers, les  poiriers,  les  châtaigniers,  et  les 
ehèiK  s.  Le  viorne  aubier  ou  boule-de-neige  a. 
des  Heurs  blanches  roulées  comme  des  pe- 
lotes ,    et  pendantes   au   sommet   des   ra- 
meaux; les  fruitssont  de  petites  ijaiesrou- 
ges-On  cultive  encore  \g viorne  laurier  tin 
et  le  viorne  commun   (4).   Symbole  d'une 
amitié  constante  et  délicate  ,  le  viorne  lau- 
rier-tin   cherche    toujours  à  plaire.    NI    le 
soudle  brûlant  de  l'été  ni  la  froide  bise  de 
l'hiver  ne  lui  dérobeut  ses  charmes  ;  ce- 
pendant il  demande  des  soins  assidus,  et 
meui  t  si  on  le  néglige.  (O  mon  bcm  père  , 
ne  t'ai-je  pas  un  peu  négligé?)  J'ai  parlé 
dans   la    MiSïhode  du  Genre  ,  pages  28Zi  , 
287,  293  ,  du  cornouiller  ,    du  lierre,  et  du 
sureau.  Le  lierre  est  quelquefois  l'emblème 
de  l'amitié.  «  Tout  le  monde  connaît  cette 
devise  ingénieuse  et  touchante  des  feuilles 
de   lierre ,   avec  ces  mots  :  Je  meurs  où  je 
m'attache  ;   et  celle-ci,   faite   à   l'occasion 
d'un  ami  qui  suivit  ,  dans  son  exil,  un  mi- 
nistre  disgracié  ,  du    lierre  embrassant   un 
arbre  abattu,   avec  ces  mots  :  sa  chute  ne 
peut  m'en  détacher.  »  (Aimé  Martin.  ) 

«Avant  la  métamorphose  de  Daphné, 
les  couronnes  consacrées  au  dieu  de  la 
poésie  étaient  formées  de  lierre  ou  de 
ii>yrle.«  (Id.) 

Cl  En  (irèce,  l'autel  de  l'hyiiiénée  était 
e.utouré  d'un  lierre  ;  et  on  en  jjrésentait  une 
tige  aux  nouveaux  époux  .  comme  le  sym- 
bole d'un  nœud  indissoluble.  ■>  (  Jil') 


E  ET  DES  SCIENCES. 


Lts  gi-Mies  g/Il,  loraiitkt  ,  it  i  iiDji/iorc ,  soiil  ilitc- 
iius  lu  type  de  la  faniillf  il..s  U.ranlkiea  de  Jussieo  ,  qui 
est  la  mime  que  celle  Acs  rheoiics  de  Kicliard ,  et  que 
celle  des  rliiiktphorèfs  de  Bi-own. 

131.  -  CARYOPHYIXÉES  ,    OU    ŒILLETS 

(en  latin  caryophilleœ,  caryopitylli).  Plantes 
ordinairement  herbacées,|rarement  frutes- 
centes, aux  feuilles  opposées,  conjointes  ou 
verticillées  ,  rarement  stipidées.  Le  fruit 
est  une  capsule.  Genres  :  œillet  (dianthijs), 
alsine,  èlatinc,  spergule,  stellaire, saponaire, 
silène,  eu  cabale  ou  bélien,  lychnidc,  agros- 
tcmme  ,  frankenie,  lin,  etc.  Œillet  à  fleurs 
agrégées.  OEillet  d  fleurs  solitaires,  h'ueillet 
barbu  ou  œillet  de  poète  ,  appelé  vulgaire- 
ment compagnon  ,  bouquet  parfait,  jalou- 
sie ,  etc.  ,  a  des  (leurs  panachées  de  blanc 
et  de  rouge.  L'œillet  des  chartreux  a  des 
(leurs  ordinairement  rouges.  11  y  a  une  es- 
pèce de  petits  œillets  qu'un  appelé  œillets 
plumeux  ou  vulgairement  mignardise. 
L'œillet  superbe  a  des  fleurs  rosées  ou  blan- 
ches ,  larges  d'environ  16  centimètres. 
L'œillet  giroflée,  ou  œillet  des  fleuristes,  ou 
simplement  <eillet ,  est  la  plus  belle  espèce 
du  genre  et  la  plus  recherchée.  Ses  varié- 
tés sont  au  nombre  de  plus  de  sept  à  huit 
cents. 

«  Quelques  mythologues  donnent  à  cette 
fleur  l'origine  suivante  :  Diane  arracha  , 
dans  un  accès  de  mauvaise  humeur  ,  les. 
yeux  à  un  berger  qu'elle  rencontra  en 
chassant.  Elle  ne  savait  qu'en  faire,  mais, 
comme  par  réflexion  ,  ils  lui  parurent  fort 
jolis,  elle  les  dispersa  dans  les  champs. 
De  ces  germes  sortirent  des  fleurs  qui  pri- 
rent le  nom  d'œillet  (  petit  œil  ),  terme  de 
tendresse.  » 

Comment  trouvez-vous,  lecteur,  cette 
manière  de  raconter?  — Charmante. — 
Charmante,  soit. 

«Le  grand  Condé  s'amusait  a  cultiver 
des  œillets  dans  sa  retraite  de  Chantilly. 
On  connaît  le  quatrain  que  fit  à  ce  sujet 
mademoiselle  de  Scudéry  : 

«En  voyant  ces  œillets  qu'un  illustre  guerrier 
Anosc  d'une  main  qui  gaçna  des  liataiUes, 
Souïiens-toi  qu'Apollon  bâtissait  de"  murailles  , 
Et  ne  t'étonne  plus  que  Mars  soit  jardinier.   « 

A  la  bonne  heure.  Monsieur  Aimé  Mar- 
tin. Voilà  des  vers  dignes  d'être  cif^'S;, 

0  L'œillet  blanc  nous  peint  Infidélité, 
le  poneeau,  Vhorreur  ;  le  jaune,  le  dédain  ; 


(t)  ConUc    l'usage,  j'ose  faire  t^iornc  du  masculin,  confornieraenfà  l'analosie  cl  à  1  cLyiuulogic. 
Mim  orïille,  aussi  délicate  rpie  relie  des  grammairiens  ,  n'en  est  pas  blessée. 


SIG.NES  DIVERS.   UOTAiNJOLE. 


603 


le  rose  ,  une  sensation  ;  l'incarnat,  la  réci- 
procité ;  le  panaché,  un  refus  d'aimer,  etc. 
»  C'est  le  bon  roi  René  d'Anjou,  ce 
Henri  IV  de  la  Provence  ,  qui  le  premier 
a  enrichi  nos  jardins  de  l'œillet.  » 

(Aimé  Mabtiw.  ) 

La  spergute  commune,  plante  herbacée 
annuelle  ,  fournit  un  très-bon  fourrage. 
Parmi  les  stellaires  ,  on  connaît  principa- 
lement la  stellaire  gran\iiicc.  ha  saponaire 
(du  latin  sapo ,  savon  )  est  ainsi  nommée 
parce  que  la  tige  et  la  racine  de  quelques 
espèces  de  cette  plante,  écrasées  et  bat- 
tues dans  l'eau ,  dégaj^ent  une  matière 
mucilagineuse  ,  semblable  an  savon  ,  el 
propre  à  blanchir  le  linge,  les  dentelles,  etc. 
Saponaire  commune  ou  officinale.  Prise  en 
décoction  ,  elle  agit  comme  résolutive  , 
apéritive  ,  et  sudoiifique.  Saponaire  à  cinq 
angles.  Siténé  gaulois.  Siléné  penché.  Le  si- 
téné  gaulois  se  Irourc  dans  les  champs  sablon- 
neux parmi  les  céréales.  Le  siléné  penché  , 
habitant  les  prés  inonlagncux,  a  des  fleurs 
blanches,  disposées  en  panicule.  Le  cucubale 
croît  dans  tes  champs.  Les  flcurs^du  cucubale 
ont  un  calice  renflé.  La  hchnide  ou  lampetle 
a  des  fleurs  d'un  rouge  éclatant  et  disposées 
en  bouquets  au  sommet  des  tiges,  h'agros- 
femme  ou  couronne  des  champs  a  des  fleurs 
pourpres  ,  en  l'orme  d'étoiles.  L'espèce  la 
plus  commune  est  l'ngrostemme  githage, 
vulgairement  nielle  des  blés.  L'agrostemme 
671  couronne  ou  coqueloiirdc  a  les  fleurs  d'un 
beau  pourpie  et  se  cultive  dans  les  jardins. 
Les  graines  du  lin  commun  sont  mucilagi- 
neuses  et  émollientes;  on  en  retire  par  ex- 
pression une  huile  très-dcssiccative.  Le  lin 
d'été  ou  petit  lin  est  le  meilleur  et  fournit 
les  plus  belles  toiles. 

Depuis  quelques  années  la  famille  des 
carj'ophyllécs,  de  J  ussieti,  a  subi  de  grandes 
modifications.  Le  genre  liti  a  été  élevé  au 
rang  de  famille  par  CandoUe.  Le  genre 
franhenia  est  devenu  pour  M.  Auguste  St- 
Hilaire  le  type  d'une  nouvelle  famille  , 
sous  le  nom  de  FBANKÉiviAciiES.  La  place 
de  cette  famille  paraît  être  entre  les  drosé- 
racèes  et  les  polygalées.  La  famille  des  ca- 
ryophyllécs  se  compose  encore  d'un  giand 
nombre  de  plantes  que  l'on  partage  en 
deux  tribus  :  celle  des  SiLi^.-viiEs  et  celle 
des  A1.S1NÉES.  Les  familles  Thémandréfs 
et  PiTTosponÉKS,  nouvellement  établies  par 
Brown  ,  doivent  prendre  place  après  les 
caryophyllées. 

ilih.  —  CERCODIENNES    (  en    lalin    (cr- 


codcœ)  ,  Famille  de  plantes  séparée  des 
onagratres  ,  dont  elle  diffère  principale- 
ment par  la  pluralité  des  styles.  Elles  ren- 
ferme les  genres  haloragis ,  goniocarpc , 
myriophylloji  ou  votant  d'eau ,  macre  et  pro- 
.«erpinnro. C'est  la  même  qne  celle  des/ivgro- 
biccs  de  Brown. 

2.  —  CHAMPIGNONS  (en  latin  fungi)  , 
Plantes  sans  organes  sexuels  apparents, 
d'une  consistance  molle,  spongieuse  ou 
coriace  ,  dénuées  de  feuilles  et  de  racines, 
et  dont  la  forme  et  la  couleur  varient  beau- 
coup. Les  champignons  présentent  dans 
leur  structure  huit  sortes  d'organes  ,  qui  se 
réduisent  quelquefois  à  cinq.  Ce  sont  : 
1"  une  racine  filamenteuse  ;  2°  la  bourse  ou 
volva,  sorte  de  poche  ou  de  sac  qui  en- 
toure la  plante  ;  3°  le  pédicule  ou  slype,  or- 
gane qui  sn[)|>orte  le  chapeau;  li°  \etégu- 
mcnl  ou  voile,  membrane  qui  ,  partant  du 
sommet  du  pédicule,  enveloppe  le  chapeau; 
5°  le  chapeau  ;  6°  la  membrane  séminifcre , 
lisse  et  unie ,  formée  par  un  très-grand 
nombre  de  petites  capsules  membraneuses, 
a[)pelées  thécaouascus;  7°  les  capsules,  sorte 
de  petits  sacs  membraneux  ,  renfermant 
les  sporules;  8°  les  sporulcs ,  graines  qui 
servent  à  la  reproduction,  tes  champignons 
croissent  très-rapidement.  Champignons  pa- 
rasites. La  pluie  douce  fait  venir  les  cham- 
pignons. Ramasser  des  champignons.  Cham- 
pignons bons  à  manger.  Quelques  espèces 
des  genres  morchetle,  helvclte  ou  morille,  cla- 
vaire, bolet  ,  mcrul,  agaric,  sont  bonnes  à 
manger  ;  mais  on  doit  s'en  défier,  car  il  en 
est  quelques  unes  de  très-dilTiciles  à  distin- 
guer d'avec  d'autres  qui  sont  des  poisons 
terribles.  Champignons  découche.  Maniveau 
de  champignons.  Plat  de  champignons.  lia- 
goût  ,  sauce  aux  champignons.  Croûte  aux 
champignons.  Poudrede  champignons. Cham  - 
pignons  i^énénctix.  L'amadou  est  fait  d'une 
espèce  de  champignon.  Les  moisissures  ,  les 
spumaires ,  ]ns  auriculaires,  les  vcsseloups 
ou  lycopcrdons ,  les  truffes,  les  sphcroboles, 
appartiennent  à  la  famille  des  champi- 
gnons. (Ce  mot  vient  du  latin  campi  pi- 
gnus.)  Dans  le  langage  des  fleurs,  le  cham- 
pignon exprime  le  soupçon. 

9.  —  CHARACÉES  ,  ou  CHARAGNES  (  en 
latin  r/((ïr(i^«n?).  Famille  de  plantes  séparée 
des  na'iades  par  Richard,  f?!  compte  qua- 
torze espèces  de  charas  ou  charagnes,  toutes 
croissant  au  milieu  des  eaux ,  et  ayant  dc.<i 
l'iimeaux  verlicillés,  articulés,  et  dentés  dans 
leurs  (irliculiilions.   La  |)liis  commune  est 


<;oo 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


In  c/i(/rrt.!,'nc/î;<iV/f, appelée  aussi  liislre d'eau, 
girandole  d'eau  ,  d'une  odeur  très-felide  , 
analogue  à  celle  du  Ibie  de  soui're. 

86.  —  CBICORACÉJGS  ,    on    STNANTHS- 
RÉES,     SEMI  - FLOSCULEnSES    (en    latin 
cliicoracciF,  syunnlliercœ  ,  semi  flosculosœ  ), 
I''amill«^   de    jilanles  laiteuses  et    à  fleurs 
composées,   dont   la    chicorée   est  un    des 
fleures  les  plus  remarquables.   Les  laitues 
iippartieiwenf  à  la  famille  des  cincoracces. 
Le  pissenlit,  ta  scorsonère  ,  sont  des  chicora- 
cées,  des  plantes  chiv.oracécs.  Celte  famille 
J'enferme  un  grand  nombre  de  genres,  dont 
voici  les  noms  en  lalin  eten  français. -La»i- 
psana  (la  lam|)sane),  rliagadiolus  (le  rhaga  • 
diol),  prcnanthes  (  leprenantbe),  chondrilla 
(la  ehondrilie)  ,  lacliica  (la  laitue),  sonchus 
(le    lailcron  )  , '/i(erac(//m    (l'épervière)  , 
ci-epis    (la  crépide)  ,  </re/?an(a    (ladrépa- 
ne),  hyoseris    (la  dormeuse),  zacintha  (la 
zacintheoulamp-sanede  Zantbe) ,  faraxa- 
cum  (  le  pissenlit),  apargia  (  l'apargie),^!- 
crls  (lapicride),  lielmintia  (  l'helmintie  )  , 
scorzoncra  (  la  scorzonère  ),  tragopogon  (le 
salsifis)  ,  urpspcrmum    (l'urosperme  ),  gero- 
pogon  (le  géropogon),  hypocliœris  (  la  por- 
celle  ),seriola  (  la  sériole)  ,  andryala  (l'an- 
<^tyA\e),ca^ananclte  (la  catananclie  ,  ouca- 
tanance  ou  cupidone),  c/i«corea  (la  chico- 
rée )  ,  scolymus  (  le  scolyme  )  (1).  Dans  la 
langue  des  fleurs  ,c/M'corée  signifie  frugalité; 
laitue,  refroidissement,    o  Le  pissenlit  est 
l'oracle  des  champs.  Portez  vos  pas  dans  la 
])laine,  sur  la  pente  des  collines,  ou  sur  le 
haut  des  montagnes  ;  regardez  à  vos  pieds, 
vous  ne  tarderez  pas  à  y  découvrir  des  ro- 
saces de  verdure  toutes  couvertes  de  fleurs 
dorées,  ou  de  sphères  légères  et  transpa- 
rentes. Déjà  vous  reconnaissez  cet  ami  de 
votre  enfance;  c'est  le  pissenlit  ;  c'est  l'o 
racle  des  champs.  Partout  on  peut  le  con- 
sulter.   Les  pissenlits  sont    généralement 
répandus  sur  le  globe.  On  les  trouve  dans 
les  quatie  parties  du  monde  ,  sous  le  pùle 
et  sons  l'éqnateur,   au   bord  des  eaux  et 
sur  les  rochers  arides.   Partout  ils  se  pré- 
sentent à  la  main  qui  veut  les  cueillir  ,  on 
ti  l'œil  qui  veut  les  consulter.  Leurs  fleurs, 
qui   se  ferment   et  qui   s'ouvrent    à    cer- 
taines heures,  servent  d'horloge  au  berger 
solitaire,    et  ses  houppes    emplumées    lui 
prédisent  le  calme  ou  l'orage  : 


u  II  m  au  stin  des  lli'ura,  il  toit  sur  leur  ftuillogr. 
Lis  desseins  de  l'autan  ,  rapproche  de  l'orage. 

«,Mais  ses  boules  légères  servent  encore 
h  de  plus  doux  usages.  Vit-on  loin  de  l'ob- 
jet de  sa  tendresse,  on  détache  avec  pré- 
cantion  une  de  ces  petites  sphères  transpa- 
rentes; on  charge  chacun  des  petits  volants 
qui  la  composent  d'une  tendre  pensée  , 
puis  on  se  tourne  vers  les  lieux  habités  par 
la  bien-aimée  ,  on  souffle  ,  et  tous  ces  pe- 
tits voyageurs,  messagers  fidèles  ,  portent 
à  ses  pieds  vos  secrets  hommages.  Désire- 
t-on  savoir  si  cet  objet  si  cher  s'occupe  de 
nous  ,  comme  nous  nous  occupons  de  lui» 
on  souflle  encore  ;  et  s'il  reste  une  ai- 
grette ,  c'est  la  preuve  qu'il  ne  nous  ou- 
blie pas.  Mais  ,  cette  seconde  épreuve  ,  il 
faut  la  faire  avec  précaution.  On  doit  st)uf- 
iler  bien  doucement  ,  car  à  aucun  âge, 
pas  même  à  l'âge  brillant  des  amours  ,  il 
ne  faut  sonfller  trop  fort  sur  les  douces 
illusions  qui  embellissent  la  vie.  » 

(  AiMii  Martin.  ) 
77.— CHLÉNIACÉES,  OU  CHLÉNACÉES, 
Famille  de  plantes  proposées  par  Aubert 
du  Petit-Thouars  ,  et  offrant  de  l'analogie 
avec  les  ébénacées  deJussieuet  les  s<yrac(- 
nées  de  Richard.  Les chlénacées renferment 
quatre  genres  peu  connus.  \ o"^.  Tiliacébs. 
126.—  CISTÉES,  ou  CISTIMÉES,  CISTES, 
CISTOÏOES  (  en  latin  cisti ,  cisfoïdrœ  ,  du 
grec  histè  ,  corbeille  )  ,  Herbes  ,  sous-ar- 
brisseaux, et  arbrisseaux,  à  feuilles  le  plus 
souvent  opposées  ,  à  fleurs  en  épi  ou  en 
corymbe  ombelle.  Elle  ne  renferme  que  les 
genres  ciste,  Itc liant hcme,  et  hudsone.  Plu- 
sieurs espèces  de  c(i<Éi  produisent  la  gom  me 
odorante  connue  en  médecine  sous  le  nom 
de  ladanum  ou  laudanum,  h'héliantlième 
commun  ,  vulgairement  appelé  herbe  d'or, 
croît  sur  les  coteaux  secs  ,  les  lisières 
des  bois  ,  et  porte  des  fleurs  d'un  beau 
jaune  d'or,  h'ionidium  ou  ionidier  a  beau- 
coup d'alBnité  avec  les  cistées.  Les  racines 
de  plusieurs  (;spéces  d'ionidieis  sont  émé- 
tiquts  et  purgatives  ;  celle  de  Vipccacuanha 
surtout  est  fréquemment  employée  en  mé- 
decine comme  émétique,  purgative,  anli- 
dysentérique. 

27.  —  COrCHICÉES,  ou  COLCHICACÊES 

(en  latin  colchiceœ ,  co/c/iicaccaj,  du  grec 
kolchis  ,  colchide  ),  Plantes  herbacées  aux 
racines  fibreuses  ou  tubérifères,  à  tigesim- 


(i)  On  est  pnc  dn  remarquer  comme  ces  exemples  contiiment  le  iniiicipe  sur  le  <[i!cl  rsl  toriiè 
iii^lie  Méthode  (lu  Genre.  Voyez  page  162. 


SIGNES  DIVERS 

pie  et  rameuse,  aux  feuilles  alternes.  Cette 
tamille  a  été  créée  par  Mirbel  ,  qui  l'avait 
nommée  mcrendérées .  Le  nom  de  colrhlca- 
cées  est  dû  à  Candolle,  et  celui  de  mclan- 
ihiacces  à  Brown.  Genres  :  hclonias ,  vérâ- 
tre  (vératruni)  ou  ellébore  blanc  ,  colchi- 
que, mérendcre  .,  bulbocodlon  ou  bulbocode  , 
mélantbc,  crilUrone.  Le  colchique  d'autom- 
ne, appelé  vulgairement  veilleuse,  rieitlotte, 
xafran  bâtard,  tue-chien,  se  trouve  dans  les 
prairies  de  presque  toute  la  France  ,  et 
donne  en  septembre  de  quatre  à  douze 
fleurs  d'un  lose purpurin.  La  bulbe  de  cette 
plante  ,  presque  entièrement  composée 
d'amidon,  contient  cependant  un  suc  acre 
et  vénéneux.  Mélanthe  à  épi.  MélantUc à  fcu- 
illesdejonc.  Danslalangue  desfleurs,  ïecol- 
chique  (i)  aigniric  Mes  beauxjours  sonlpassés. 

23.  — COMMÉLIMÉES  (  en  lalin  comme- 
lineœ ,  du  nom  des  botanistes  hollandais 
Jean  et  Gaspard  Commelyn  )  ,  Famille 
créée  par  Browu,  plantes  vivaces  ou  an- 
nuelles ,  à  racines  fibreuses  ou  formées  de 
tubercules  charnus;  à  feuilles  alternes, 
engainantes.  Genres  :  éphémérinc,  comme- 
linc,campcUc,  G\.c.  Les  fleurs  descommé- 
lines  sont  d'un  bleu  agréable. 

165.  — CONIFÈRES  (en  latin  coniferœ  , 
de  conus  ,  cône  ,  et  fera ,  je  porte  ;  porte- 
cones  )  ,  Fiantes  ligneuses,  ordinairement 
résineuses,  à  tiges  frutescentes  ou  arbo- 
rescentes, feuilles  simples,  opposées, 
verticillées  ou  fasciculées  ,  souvent  acé- 
leuses.  \j'if,  le  genévrier,  le  cyprès,  le 
thuya,  le  pin,  le  pinpinier ,  le  sapin  ,  le 
mélèze,  appai tiennent  à  la  famille  des  co- 
nifères. On  les  nomme  aussi  slrobilifcres  et 
arbres  verts.  \  oyez  la  Méthode  du  Genbe  , 
pages  28l-29li.  Dans  la  langue  des  fleurs, 
l'if  exprime  la  tristesse  ;  le  cyprès,  le  deuil; 
le  mélèze  ainsi  que  le  pin,  l'audace,  la 
hardiesse;  le  sapin  ,  l'élévation.  Genévrier 
signifie  asile,  secours. 

Connaissez-vous  la  blanche  tombe  , 
Où  flotte  avec  un  son  plaintif 

L'ombre  d'un  if? 
Sui  l'if  une  pâle  colombe  , 
Triste  et  seule,  au  soleil  couchant, 

Chante  sou  chant.  (  Tuéopuile  Gactifï.) 

69.—  CONVOLVULACÉES,  Ou  LISERONS 

(en  latiu  conrotvuluceœ  ,  coni  olvuli ,^  de 
convohere,  contourner),  Plantes  herba- 
cées ou  frutescentes,  à  tiges  souvent  sar- 
mcnteuses,  volubiles  ,  et  grimpantes;  à 
feuilles  alternes ,  entières  ou  découpées. 
Genres:  convulvulus   ou  liseron,    ipomée, 

(i)  On  devrait  ccriic  rolc/iir  ,  comme  punir. 


BOTANIQUE.  (W)" 

cuscute,  liseroUe ,  etc.  Les  racines  de  plu- 
sieurs espèces  de  liserons,  par  exemple 
celles  da  jalap  ,  de  la  scammonée  ,  du  tur- 
biih ,  du  méchoacan,  de  la  soldanelle,  sont 
employées  comme  purgatives.  La  plante 
appelée  patate  douce ,  patate  sucrée,  patate 
de  Malaga ,  est  un  liseron,  h'ipomée  qua~ 
moclit,  originaire  de  l'Inde  et  de  l'Amé- 
rique, est  annuelle  et  produit  des  fleurs 
rouges  nommées  fleurs  de  cardinal.  L'ipo- 
mée  écarlale  ou  jasmin  rouge  de  l'Inde  si- 
gnifie Je  m'attache  à  vous.  La  cuscute  est 
une  plante  parasite  à  tiges  déliées  et  rou- 
geàtres  qui  est  dépourvue  de  feuilles  ,  et 
qui  s'attache  principalement  aujtrèlle  ,  à 
la  luzerne,  au  thym.  La  cuscute  se  nomme 
vulgairement  barbe-de-moine.  La  cuscute  est 
l'emblème  de  la  bassesse. 

88.  —  CORYMBIFÉRES  ,  OU  RADIÉES 
(en  latin  corymbiferœ,  rat/ta^œ  ),  Plantes 
ordinairement  herbacées,  à  feuilles  le  plus 
souvent  alternes.  Les  fleurs  sont  termina- 
les ,  disposées  en  corymhe.  Le  fruit  est 
une  graine  nue  ou  aigrettée  ,  placée  sur  le 
réceptacle  nu  ou  garni  de  poils  ou  de  pa- 
illettes. Les  corymbifères comprennent  un 
très-grand  nombre  de  genres. 


Cutula,  la  cotul 
Beliii,  la  pâquerette 
Matricaria,  la  matricaire. 
Chnsanthemum  ,  le  chrysan- 
thème. 
Calendiila,  le  souci. 
Matlia,  la  madie. 
Ûileospermum  ,    l'ostéosper- 


ililieria,  la  millerie. 

Eriaccphalus  ,  l'ériocéphale. 

Jletetua,  l'hélénie. 

Peclis,  le  pectis. 

Tagetes  ,   le  taget  ou  œillet 

d'Inde. 
Bœbera,  la  bœbère. 
Helerosperma ,  l'hétérosper- 

Boronicum,  le  doronic. 
Arnica,  l'arnique. 
Gorteriti,  la  gortère. 
Grîndctia,  la  grindélie. 
Inuta ,  l'inule. 
Krigeron,  l'erigeron. 
Boltonia,  la  boltone. 
JsUr,  l'aster. 
Sulidago,  la  verge  d'or. 
Cinel^ria,  la  cinéraire. 
Seniro,  le  séneçon. 
Othot\a,  l'othone  ou  spatule. 
Anlht 


Partlienia  ,  la  partliénie. 
Buphlhalmum,  le  buphtalnio 

ou  œil-de-bœuf, 
Sigeibeckla  ,   le  sigesbcck. 
Ectipta,  l'éclipte. 
Battimora,  la  baltimore. 
D^sûdiunt ,  le  dysode. 
Alcina,  l'alcinc. 
Dahlia,  ie  dahlia. 
Melampodium,\e  mélampode 
Poljmnia,  la  polyuinie. 
Encetia,  l'encêlie. 
Ximenesia,  la  xiniénèse. 
Srterocarpus,  le  sclérocarpe. 
Sitphium,  le  silphion. 
Coreopsis  ,   le   coréope  ou  la 

coéropside. 
CosîHOs,  le  cosmos. 
Kudbeckia,  le  rudbeck,  ou  la 

rudbeckie. 
Sanvilalia,  la  sanvitalie. 
Uelianthus,  l'hélianthe. 
Gatardia,  la  galardienne, 
Balhtsiti,  la  balbisie. 
Galinsoga  ,  le  galinsoga. 
Amellus,   la  marguerite  des 

prés. 
Zinnia,  le  zinnia. 
Veihesinn,  la  terbésino. 
Biden»,  le  bideiit. 
l'anthùmide    ou  JApi/unlAuj,  le  spilanlhe, 
camomille  \Agrypl,,llan,.  l'agriphjlle. 

Achillea,  l'acliillca.  lArclolia.  Tarctotidc. 

h'achillèe  est  ainsi  nommée  du  nom  d'A  - 
chille  ,  disciple  de  Cbiron,  qui  s'en  servit 
le  premier  pour  guérir  les  blessures.  La 
millefeuille  est  une  espèce  d'achillée.  L'a- 


(;08 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


chillée  est  un  emblème  de  guerre.  L'aster  si; 
nomme  encore  vuigairemcnt  œil-dc-christ 
ou  (pil-dc-perdrix.  L'ostcr  à  /grandes  fleurs, 
owreine-margucrilc ,  f,\^n\f\ii arrière- pensée; 
\Amargtieritc  des  prés ,  J'y  songerai  ;  la  petite 
marguerite  duub/e.  Je  partage  nos  sentiments, 
h^i  petite  marguerite  est  remblèiiie  de  Vin- 
nocence.  h'Iièlénie  vous  dit  :  J'ai  pleuré. 
Le  souci  exjjiime  le  chagrin.  Le  souci  et  le 
cyprès,  réunis,  expriment  le  désespoir. 
«  Proserpine  rueillait  ,  dit-on  ,  des  soucis 
au  pied  de  l'Etna,  lorsque  le  monarque 
des  enfers,  épris  de  ses  charmes,  l'enleva 
et  la  conduisit  dans  son  noir  séjour.» 

. . .   Semblable  au  métal  que  sa  couleur  rappelle  , 
Sa  fleur  n^a  comme  lui  qu^un  éclat  imposteur  ; 
Elle  infecte  la  main  qui  \eut  s'emparer  d'elle  , 
Ainsi  que  l'or  corrompt  le  cœur. 

(  Constant  Dodos.  ) 

«  On  a  faituneremarque  curieuse  sur  le 
souci:  dans  le  fort  de  l'été,  une  demi  heure 
après  le  coucher  du  soleil,  si  l'atinosphèie 
est  pure  ,  la  fleur  du  souci  lance  des  élin- 
celles  et  des  éclairs.  Ce  phénomène 
tient  vrai-semblablement  à  l'électiicité.  « 

139.— caassuxAcÉES,  ou  crassui.ées 
(en  latin  crassulaceœ ,  crassula',) ,  Plantes 
herbacées  ,  très-rarement  frutescentes  ; 
aux  tiges  succulentes  ;  aux  lèuilles  éjiaisses, 
charnues,  opposées  ou  allernes;  aux  fleurs 
alternes,  ou  en  épi,  en  corymbc,  en  C3nie. 
Le  fruit  est  une  capsule  à  une  loge  polys- 
perme.  Cette  famille,  la  méuie  que  celle 
des  jocB ABBES  OU  succuMiiNTEs  de  Jussieu  et 
des  scmpervirèes  de  plusieurs  au  très  auteurs, 
renferme  les  genres  tillée  (tilla'a),  bulliardc 
buWiarda),  crassule  (crassula),  colylet  (co- 
tylédon), kakinchèc  (  kalancluxa)  ,  orpin 
(sedum),  Joubardc  (seuipervivum  )  ,  rlw- 
diole  (  rhodiola  )  , /JC7i</it)rc  (penlhoruna). 
Les  crassulcs  sont  originaires  des  régions 
équatorialcs.  La  crassulc  éclatante  et  la 
crassule  rougcâtre  sont  les  seules  qu'on 
trouve  en  Europe.  On  leur  donne  le  nom 
de  plantes  grasses.  La  crassule  éclatante 
est  un  arbuste  d'un  mètre  et  demi,  dont 
la  tige  se  divise  en  rameaux  rougeèUres, 
garnis  de  feuilles  ovales,  opposées  en  croix, 
et  dont  les  fleurs.,  disposées  en  ombelle. 
Joignent  à  une  couleur  rouge  magnifique  un 
parfum  très-agréable.  La  crassule  rougeâlrc 
a  une  tige  basse,  velue,  et  des  fleurs  blanches 
traversées  par  une  ligne  purpurine.  Les  ha- 
lanchées  diffèrent  peu  des  eotylets.  Kalanchee 
d'Egypte.  Kalanchee  en  spatule.  Le  genre 


joubarbe  comprend  une  trentaine  d'espè- 
ces. La  joubarbe  des  toits  ou  artichaut  sau- 
vage, qui  croît  sur  les  chaumières  cl  les 
vieux  murs,  est  souvent  employée  en  mé- 
decine. On  connaît  près  de  cent  espèces 
d'orpi/is,  dont  prèsde  trente  appartiennent 
à  la  France.  Les  plus  connues  sont  l'orpin 
reprise,  vulgairement  grassette,  joubarbe 
des  vignes  ,  herbe  aux  coupures,  herbe  aux 
charpentiers,  dont  les  racines  luheiciileuses, 
et  les  feuilles  nombreuses  ont  été  regar- 
dées comme  astringentes  ,  rafraîchissantes 
et  surtout  vulnéraires  ,  et  Vorpin  à  fleurs 
blanches,  vulgairement  trir/uc-madame,  ver- 
miculaire ,  petite  joubarbe ,  qui  passe  de 
même  pour  astringente  et  rafraîchissante. 
100.  —  CRUCIFÈRES,  OU  CRUCIÉES, 
CRUCIFORMES  (en  latin  crueifercr).  Plan- 
tes herbacées,  aux  feuilles  alternes,  aux 
fleurs  en  capsule  ,  en  panicule  ,  ou  en  épi. 
Le  fruit  est  tantôt  allongé,  comprimé,  cy- 
lindrique (1)  ou  quadrangulaire  (silique), 
tantôt  moins  long  que  large  et  globuleux 
{silicule  ).  Ou  connaît  près  de  cent  genres 
de  plantes  crucifères  ,  qui  toutes  renfer- 
ment dans  leurs  diverses  parties  une  huile 
volatile,  acre,  irritante,  et  sont  douées  de 
piopi  iétés  antiscorbutiques.  Quelques  unes 
renferment  des  fluides  mucilagineux  et 
sucrés  ,  et  sont  alimentaires. 

Les  genres  les  plus  connus  de  cette  famille  sont:  le  rai- 
fort (raplianus)  ,  le  sénevé  ou  moulmde  (sinapis)  ,  le  chou 
[brassica),  la  tourrette  {tuvr\l'\s],  Varabelte  (arabis),  lay«- 
tienne  (licsperis),  Vhéliophile  (  beliophila),  le  cresson  (si. 
symbrium),  la  rardamlne  (cardamiiie),  la  dentaire  (denta- 
ria  ),  la  rtcotie  (  ricotia  )  ,  la  lunaire  (  lunaria  ),  la  ctypénle 
(olj-pcoia;,  \a  peltairc  (poltaria),  Valysse  ou  corhcilte  rf'or 
(alyssuni),  la  subulaire  (subularia),  la  drabe  (draba)  ,  le  co- 
chtearia  (cocblearia),  Je  coronope  ou  rorne-t/e-rer/  fcorono- 
pus),  \3  séncbilire  (senebiera),  rtWriVa  ('iberis),  le  ihlaspi 
(llilaspi),  le  Icpidier  (lepidium),  \agérose  ou  rose  de  Jéricho 
(nnastalica),  le  relia  (uellal,  le  myagron  (  myagruin  ),  la 
buniade  (bunias),  Vérucage  (erurago),  le  cakilé  (cakile), 
le  crambé  ou  chou  jnarin  (crambej,  lu  guede  ou  pastel  [  isa- 
tis )  ,  etc. 

lîaifort  sauvage.  Le  raifort  sauvage  est 
extrêmement  commun  dans  les  champs  de 
blé ,  d'orge ,  et  d'avoine,  lîaifort  noir.  Le 
raifort  noir  se  mange  connue  condiment. 
Raifort  cultivé.  Les  variétés  du  raifort  cul- 
tivé s'appélcnt  lîadis  lorsqu'elles  sont  longues, 
lùives  lorsqu'elles  sont  rondes,  et  gardent  le 
nom  de  Raiforts  lorsqu'elles  .wnt  grosses.  Il 
y  a  la  moutarde  noire  ou  sénevé  noir ,  et  la 
moutarde  blanche  ou  sénevé  blanc.  La  inou- 
tarde s'emploie  à  l'extérieur  comme  stimu- 
lant et  rubéfiant.  On  j)eut  ranger  les  variétés 


^.•)  Reniarqiirz  que,  s'il  n'y  a  pointilc  virgule  .ipiès  cjUndriquc ,  cest  que  ralUnnalivf  n'existe 
que  pour  «et  adjectif  et  le  suivant. 


SIGNES  DIVERS,  BOTAiMQUE. 

de  choux  sous  sep  traces  principales  -Aechoit 
colza  ou  chou  oléifère,  le  chou  vert  ou  sans  léic 
(appelé  ainsi  à  cause  de  la  couleur  glauque 
deson  feuillage,  et  an  quelon  donne  aussi  le 
nom  da  chou  frisé,  quand  ses  feuilles  à  lobes 
nombreux  sont  déchiquetées  en  nombreu- 
ses lanières)  ,  le  chou  cabas  ,  it;  chou/leur , 
le  chourave,  le  chounavet,  le  chou  roquclle, 
et  le  chou  brocoli.  La  naveilc  est  une  variété 
de  navet, — Julienne  desjardins.  —  La  roquette 
sauvage  est  une  espèce  du  genre  sisvnibre. 
Le  cresson  de  fontaine  ou  nasitort  o/ficinal, 
appartient  au  genre  sisymbre  ,  et  s'em- 
ploie comme  antiscorbutique.  La  carda- 
7nine  des  prés,  ou  cresson  élégant,  se  njange 
en  salade.  —  Les  dentaires  sont  carminalivr.s 
et  vulnéraires. — Lunaire  vivace.  Lunaire  bis- 
annuelle. La  lunaire  vivace  a  des  fleurs 
très-grandes ,  légèrement  velues,  acuminées 
et  dentées  en  scie,  des  fleurs  d'un  rose  clair, 
quelquefois  même  d'un  pourpre  assez  vif ,  et 
exhalant  une  odeur  suave.  La  lunaire  bisan- 
nuelle n'a  pas  d'odeur ,  et  ses  fleurs  sont  de 
couleur  violette. — Les  alysses  sont  remarqua- 
bles par  leurs  fleurs  7iombreuses  d'un  jaune 
d'or,  d'un  aspect  très-a^rèable.  h'alyssc 
jaune  et  l'alysse  sinuée  sont  surtout  recher- 
chées, h'alysse  des  Pyrénées  est  un  arbris- 
seau propre  à  former  de  beaux  buissons. 
heseoehléarias  ,  appelés  vulgairement  cran- 
sons,  ont  des  flt;urs  ordinairement  blan- 
ches ,  rangées  en  grappes  terminales  —  et 
poi'tées  par  des  pédicules  filiformes.  L'es- 
pèce la  plus  connue  est  lecochléaria  de  Bre- 
tagne, appelé  aussi  cran  de  Bretagne,  rai- 
fort sauvasse  ,  et  herbe  aux  cuillers.  Le  co- 
chlèaria  de  Bretagne  est  un  puissa7j(  anti- 
scorbutique. La  racine  râpée  du  cochléaria  de 
Bretagne  se  mange  avec  le  bœuf  en  guise  de 
moutarde. —  Parwiles  lépidiers,  les  espèces 
les  plus  connues  sont  la  passeragcet  le  7ta- 
sitort,  ou  cresson  alénois.  Grande  passerage. 
Petite  passerage.  Son  nom  lui  vient  de  ce 
qu'on  lui  attribuait  jadis  la  faculté  de  guérir 
la  rage. — La  rosede  Jéricho  a  la  propriété  de 
se  dilater  et  de  s'étendre  quand  l'air  est 
humide  et  de  se  resserrer  quand  il  est  sec. — 
On  retire  du  pastel  ou  guède  une  assez  belle 
teinture  bleue  ,  qui  remplace  l'indigo  pour 
quelques  usages.  —  La  giroflée  a|>parlient 
aussi  a  la  famille  des  crucifères.  Un  bou- 
quet de  giroflée.  Vu  beau  pied  de  giroflée. 
Fleur  de  giroflée,  ou  simplement,  giroflée. 
Giroflée  blanche,  rouge,  violette,  jaune, 
panachée.  Giroflée  double,  simple.  Les  giro- 
flées s'appèlent  aussi  viollcrs,  L'Académie 


60î> 

ne  nomme  de  ce  dernier  nom  que  la  gi- 
roflée jaune.  La  giroflée  rouge  exprime 
le  dépit  ,  la  giroflée  jaune  la  préférence; 
la  giroflée  hlanche  nous  peint  la  simplicilé. 
Charlemagne  aimait  beaucoup  les  giro- 
flées. Au  temps  des  Croisades  nos  guer- 
riers en  apportèrent  de  l'Egypte  et  de  la 
Syrie. — L'ibéride  de  Perse  ou  thlaspi  vivace 
est  le  symbole  de  l'indifTérence. 

De  CandoUe  di\ise  celte  nombreuse  famille  en  cinq 
ordres,  qui  se  subdivisent  en  vingt-une  tribus. 

I.  OcciFKiiES  PLErRORiiiztES  (du  ^rvc  pleura ,  côté,  et 
r/iiza,  ncinc).  Cotyliidons  accombanis.  Cet  ordre  renferme 
sept  tribus:  les  imBiDÉEs,  les  iitssixées,  les  thl4spidébs, 

les  ECCLIUÉES,  les  iSiSTlTICÉlS,   les  CIKILIXÉES. 

II.  C.KBCiptBÉs  ivoTHoniziiEs  (du  grec  mi(o» ,  dos,  et  rAi- 
10  ).  Cotylédons  filanes  et  incombanis.  Cet  ordre  renferme 
cinq  tribus  :  les  siSïjiBniÉKS,  les  CAMÉLINÉES,    les   lépidi- 

NÉES,    les  ISATIDÉES  ,    les   ANr.nCNIÉES. 

III.  CmiiFÈiiES  ORiHopLiciES  f  du  grec  ortkos  ,  droit). 
^oljUilons  incombanis  et  rondoubUs.  Cet  ordre  contient 
cinq  tribus:  les  bkissicées,    les  pstchinées,  les  tellées, 

les  ZILLÉES,  les  RAPUAXteS. 

IV.  CnccifiinEs  spinoLonÉES  (du  grec  spcira ,  tour,  et 
lobos  ,  gousse.  )  Cotylédons  incombants  roules  en  spirale.  Cet 
ordre    renferme  deux  tribus  :  lesBCMjDÉES  etles  éhcca- 

RIKES. 

V.  CBUCiFÈnES  DIPLÉCOLOBBFS  (  du  grec  dis,  deux  fois, 
plékein,  nouer,  et  lobos).  Cotylédons  linéaires  repliés  deux 
fais  transversalement.   Cet  ordre   renferme    trois  tribus  : 

les  UÉUOPUILEES,  les  iCOUHnithS,  les  BRACinCABPtES. 

157.— CUCURBITACÉES  (en  latin  cucur- 
bilaceœ) ,  Plantes  herbacées  ,  à  tiges  mu- 
nies de  vrilles  axillaires  ,  grimpantes  ou 
couchées,  ordinairement  hérissées,  comme 
les  feuilles,  de  poils  rudes  et  courts;  à 
feuilles  alternes,  simples,  toujours  pétio- 
lées.  Les  fleurs  sont  ordinairement  monoï- 
ques ,  quelquefois  dioïques,  rarement  her- 
maphrodites. Le  fruit  est  une  baie  charnue, 
de  forme  et  de  grosseur  très-variables ,  à 
écorce  solide.  Genres  :  gronove  (gronovia), 
sicyos,  bryone  {bryoaia) ,  momordique  :,T]^o- 
mordica)  ,  concombre  (  cucumis  ) ,  courge 
(  cucurbita),  et  «w^/z/nc  (  trichosanthes  ; 
fleur  chevelue], ^•Bryone commune'pn  couleu- 
vrée,  vulgairement  l'i^-we  t;ierg^c.  Sa  racine, 
appelée  navet  du  diable,  est  vénéneuse. 
Lavée  et  cuite,  elle  devient  un  bon  ali- 
ment. Il  y  a  les  concombres  proprement 
dits,  les  melons,  et  les  dudaims.  Parmi  les 
premiers  est  le  concombre  cominiiji,  qui, 
cueilli  vert  et  confit  dans  le  vinaigre,  s'ap- 
pèle  cornichon.  Une  autre  espèce  de  con- 
combre est  la  coloquinte.  Amer  comme  co- 
loquinte. On  compte  plus  de  soixante  va- 
riétés de  melons.  On  les  a  divisés  en  cinq 
classes:  melons  proprement  dits,  melons 
cantaloups  (dont  le  nom  vient  de  Cantalupo, 
village  près  de  Rome),  sucions  à  chair  verte, 
mctomù  chair  blanche,  melons  d'eau  on  pastè- 


6J0 


CLEr  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


ijucs.  Les  pastèques  appartiennent  an  genre 
courge.  Le  genre  courge  se  divise  en  deux 
sections:  celle  des  pépons,  qui  «'omprend 
le  pépon ,  le  potiron,  la  mclonncc ,  et  la 
pastèque  ;  et  celle  des  coubges  proprement 
dites,  qui  comprend  la  calebasse  et  ses  va- 
riétés. Le  i;irautnont  ou  citrouille  ,  au  fruit 
très-oTos,  est  ime  variété  du  pépon.  Po- 
tiron jaune.  Potiron  vert.  Ilya  trois  variétés 
de  calebasses  :  la  cougourde,  qui  affecte  la 
forme  d'une  bouteille  étranglée,  la  f^ourde, 
et  la  trompette.  Les  graines  de  melons ,  de 
concombres,  de  courges,  et  de  pastèques, 
forment  ce  que  l'on  appelé  les  quatre  se- 
mences froides  majeures.  On  en  prépare 
des  émulsions  rafraîchissantes. 

138. CUNONIACÉES  (en  latin  cunonia- 

ceœ  ) ,  Famille  de  plantes  séparée  par 
Brown  des  saxifragées,  et  qui  a  pour  type 
le  genre  cunone  (  cunonia  ).  Les  autres 
genres  de  cette  famille  sont  Vhydrangce, 
le  codia  ,  le  catlicoma  ,  Vitèa. 

If,^. CYCAOÉES,  Famille  voisine  des 

conifères.  Genres  :  cycas,  zamia.  Les  cycas 
sont  des  arbres  qui  croissent  dans  l'Asie  mé- 
ridionale. Les  Japonais  tirent  du  cycas  ro«/c 
un  sagou  estimé. 

17.— CYPÉRACÉES,  CYPÉROÏDES,  SOU- 
CHETS  (en  latin  cy/Jcrflccœ,  cypcroïdcœ)  , 
Famille  de  plantes,  voisine  des  graminées 
et  des  joncées,  croissant  en  général  dans 
les  lieux  humides,  sur  le  bord  des  ruis- 
seaux et  des  étangs.  La  tige  est  un  chaume 
cylindrique  ou  triangulaire,  munie  ou  dé- 
pourvue de  nœuds,  avec  des  feuilles  cauli- 
nairesou  radicales.  Les  fleurs  pendent  en 
épis  ovoïdes,  globuleux  ou  cylindriques. 
Chaque  fleur  est  formée  d'une  écaille  ou 
paillette  tenant  lieu  de  calice  ,  de  trois 
étamines,  et  d'un  ovaire  supérieur  simple, 
surmonté  d'un  style  terminé  par  deux  ou 
trois  stigmates.  M.  Kunlh  forme  quatre 
tribus  dans  cette  famille.— I.  Scirpkes. 
Fleurs  hermaphrodites  ;  écailles  imbri- 
quées en  tout  sens.  Genres  :  scirpe  (scirpus), 
linaigrette { ev'io^hovnm  ) ,  etc.— II.  Gypé- 
BÉEs.  Fleurs  hermaphrodites;  écailles  dis- 
tiques. Genres:  marisque  (  mariscus),  sou- 
chet  (cy perus) ,]clioin  (sch wnus) .  — 1 1 1 .  G  * b i- 
CKES.  Fleurs  uni-sexuelles  ;  écailles  imbri- 
quées en  tout  sens  ;  fruit  renfermé  dans  une 
utricule.   Genres:  laiche  (carex)  ,  uncinée 


(uncinia) ,  etc. —  IV.  Scléeinkes.  Fleurs 
diclines:  fruit  osseux.  Genres  :  scierie  (scle- 
ria  )  ,  diplacrc  (  diplacrum).  Les  laiches  for- 
ment un  très-mauvais  fourrage  pour  les  bes- 
tiaux dont  elles  ensanglantent  la  bouche  arec 
les  bords  coupants  de  leurs  fouilles.  Les  ra- 
cines de  quelques  espèces  de  carex  passent 
pour  sudorifiques.  Les  longues  soies  qui  en- 
vironnent les  graines  des  criophores  servent 
pans  quelques  pays  à  faire  des  matelas.  Le 
papyrus  d'Egypte  est  une  espèce  de  sou- 
chet. 

87.  —  CYNAROCEFHAI.es  ,  mieux  ci - 
naro-  ,  de  klnara,  artichaut  ;  FtOSCOlEU- 
SES,  SYNANTHÉRÉES,  carduacées  (en 
latin  cinaroceplialœ  ,  flosculosœ  ,  synanthe- 
reœ) ,  Plantes  herbacées  ou  ligneuses  à 
feuilles  alternes  ou  opposées,  à  fleurs  com- 
posées ,  et  chez  qui  les  étamines  se  mon- 
trent réunies  en  un  seul  corps  par  les  an- 
thères. Gette  famille  renferme  sept  cent 
dix-neuf  genres,  qu'on  a  distribués  ainsi 
qu'il  suit. — I.  Chardon  [  carduus  ) ,  cni- 
quc  (  cnica  )  ,  onoporde  (onopordum  [1], 
berarde  (  berardia  )  ,  artichaut  (cinara)  , 
leuzce  (leuzea  ),  carline  (carlina)  ,  atrac- 
lylide  {  atractylis  )  ,  carthame  (carthamus)  , 
bardane  (  arctium  )  ,  sléhéline  (  slaeheli- 
na  ),  sarretle  ou   serratule  (  serratula  ).  — 

II.  Centaurée  (centaurea),  zoège.  (zoega) — 

III.  Elèphanlope  (  efephantopus ,  sphé- 
rantha  ou  boulette  (  sphseranthus  )  ,  nauen- 
burgie  (  naucnburgia 'i  ,    echinops,     etc. — 

IV.  Balsamite  (balsamita),  flaveric  (fla- 
veria  )  ,  c</iH/(e  (  ethulia  ) ,  h utnée  ou  ca- 
loméric  {hutncea). —  V.  Hippie  (hippia), 
Gymnostyle  (  gymnostyles  )  ,  tanaisie  (tSi- 
nacetam)  ,  carpèsie  (carpesia),  grangée 
(grangea),  armoise  ou  artémise  (artemî- 
sia),  micrope  (micropus).  —  VI.  Filage 
ffilago),  xcranthème  (  xeranthemum  ,  du 
grec  xêros,  sec,  et  anthos,  fleur),  hélichrysc 
(  hélichrysuni  ) ,  gnaplialc  (  gnaphalium)  , 
conise  (conisa),  tussilage  (tussilage). — 
VII.  Cacalic  (cacalia) ,  chrysncome  (chryso- 
coma), vcrnonie  (  vernonia  ),  eupaloire 
(  eupatoriiim  ),  stcvie  (  stevia  )  ,  hulinie 
(kuhnia  )  ,  piquerie  (  piqueria  )  ,  agérate 
(  ageratuml  ,  céphalophorc  (cephalophora). 
— VIII.  Calca  ,  tarconanthe  (  tarconan- 
thus),  athatiasie  {atbanasia),  santoline(san- 
tolina),   anacycle  (anacyclus).    Ce  dernier 


(l)  Rappelons  ce  (jue  nous  avons  dit  dans  notre  Méthode  du  Genre,  que  les  noms  qui  de'nvcnt 
immc'dialement  de  noms  masculins  ou  neutres  en  latin,  sont  masculins  en  français.  C'est  donc  à 
tort  que  Laveaux  fait  onoporde  du  féminin. 


SIGiNES  DIVERS 

genre  est  très-voisin  des  cotules  qui  appar 
tiennent  à  la  famille  des  coiymbii'èies.  On 
nomme  vulgairement  chardon  des  prés ,  la 
cnique  ;  chardon  acanthe  ,  chardon  aux 
ânes,  pet  d'âne  ou  pédanc,  t'onoporde;  char- 
don bénit,  la  centaurée  chausse- trapc  ; 
chardon  bctiit  des  Parisiens ,  le  carihame 
laineux  ;  chardon  doré  ,  la  centaurée  sotsti- 
ciale;  chardon  laiteux,  la  centaurée  galac- 
tite;  chardon  prisonnier,  le  carthame  à  ro- 
seau ;  chardon  écliinope  ou  boulette,  l'echi- 
nops  ;  chardon-Marie,  chardon  Notre-Dame, 
chardon  argenté,  chardon  lacté,  chardon  ta- 
ché, l'espèce  la  plus  commune  du  genre 
chardon.  — •  h'artichaut  d'hiver  est  le  topi- 
nambour,  qui  appartient  au  genre  hélian- 
the ,  dans  la  famille  des  corymbii'ères. — 
Sarrette  des  teinturiers.  Sarretle des  champs 
ou  chardon  héniorrhoïdal.-  Grande  centaurée. 
Petite  centaurée.  Quelques  centaurées  sont 
toniques  et  sudorifiques. — La  balsamite  odori- 
férante, appelée  aussi  menthe  de  coq,  herbe 
au  coq  ,  grand  baume,  croît  naturellement 
dans  le  midi  de  la  France. — La  tanaisie 
comtnune  est  très-puissante  contre  les  vers, 
les  maladies  de  la  peau,  les  rhumatismes 
chroniques,  etc. — ha.  citronellc,  Vabsinlhe, 
sont  des  armoises.  L'absinthe  croît  dans  le 
midi  de  l'Europe,  et  contient  des  sucs 
amers.  On  en  fait  une  liqueur  très-connue 
parmi  nous.  L'i/nwor/c//cyaHncestlamt'me 
que  l'helichryse.  h'immortellecst  la  fleur  de 
l'amitié  et  le  symbole  du  génie.  — La  tussilage 
s'appèle  vulgairement  pas  d'âne  ou  herbe 
aux  teigneux. — Cacaliealpinc.  Cacalie péta- 
site,  Cacalicà  feuilles  blanches.  Cacalie  sarra- 
sine.  —  L'cupatoire  aya  pana,  qui  cioît  au 
Brésil,  est  alexipharmaqueet  sudorifique.- 
L'eupatoire  d' Aiicenne  pousse  dans  les  lieux 
humides  de  l'Europe,  le  long  des  fossés,  des 
routes,  et  des  bois. —  Santollnc  d'Egypte. 
Santoline  citronelle.  SantoUnc  du  Chili. 

DICLINES  (  du  gr(!c  dis,  deux,  et  kliné , 
lit),  dont  les  organes  sexuels  ne  sont  pas 
dans  la  même  fleur. 

DYCOTYLÉDONES  (  du  grec  dis,  et  hotu- 
lédon,  lobe)  ,  A  deux  lobes. 

118. — DILLCNIACÉES  (en  latin  dille- 
niaccœ)  ,  Famille  formée  aux  dépens  des 
magnoliacées  et  des  rosacées  ,  ne  compre- 
nant que  des  arbres  et  des  arbrisseaux.  On 
les  divise  en  deux  tribus  :  les  dilléisiées  et 
lesDÉLiM.vcÉES.  Dans  les  premières,  les  an- 
thères sont  très-allongées  et  les  filets  non 
élargis;  dans  les  secondes,  les  filaments 
des  éliimincs  sont  dilatés  à  leur  somniel  , 


BOTANIQUE,  6  H 

et  portent  desanlhères  arrondies.  Genres: 
dillénia ,  tétraccra  ,  davilia,  etc.  hes  ditlé- 
nias  sont  propres  à  l'Asie  méridionale.  Le 
dillénia  élégant  porte  une  baie  très-acide, 
que  les  Javanais  font  confire  et  dont  ils 
tirent  un  sirop  très-agréable. 

32.  —  DIOSCORÉES  ,  Famille  séparée 
par  Brown  des  Asparaginées.  Il  y  place 
les  genres  qui,  avec  un  ovaire  infère,  ont 
des  fleurs  dioïques,  et  pour  fruit  une  cap- 
sule. Richard  y  a  compris  les  fleurs  à  ovaire 
infère,  hermaphrodites  ou  uni -sexuées, 
au  fruit  sec  ou  charnu. 

129.  —  DIOSMÉES  ,  Plantes  herbacées 
ou  ligneuses  ,  formée  aux  dépens  des  ru- 
lacées.  Genres:  diosma ,  dictamne ,  etc. 
Les  diosmas  ,  originaires  du  Cap,  sont  des 
arbustes  élégants,  au  feuillage  toujours  vert 
et  aux  fleurs  blanches  ou  rosées,  solitaires 
ou  en  corymbes  ,  exhalant  une  odeur  suave. 
On  connaît  quatrevingis  espèces  de  diosmas. 
Un  grand  nombre  de  diosmas  sont  cultivés 
dans  nos  jardins  ;  ils  demandent  tous  la 
terre  de  bruyère.  Le  dictamne  blanc,  appelé 
aussi  fraxinclle  ,  répand  une  odeur  forte, 
résineuse  ,  et  pénétrante. 

90. —  DIFSACÉES  (en  latin  dipsaceoe), 
Herbes  annuelles  ou  vivaces,  à  feuilles  op- 
posées, simples  ou  divisées;  à  fleurs  ter- 
minales ,  ordinairement  agrégées,  portées 
surun  réceptaclecommun  garni  de  poils  ou 
de  paillettes.  Le  fruit  est  une  capsule  mo- 
nosperme ,  ne  s'ouvrant  pas  et  ayant  l'ap- 
parence d'une  graine  nue.  Les  marines, 
les  scabicuses  ,  les  cardcres ,  etc.,  appar- 
tiennent à  cette  famille.  Dans  la  fabrica- 
tion des  étoQes  ,  on  se  sert  des  têtes  de 
cardére  au  chardon  à  foulon,  pour  peigner, 
tirer,  et  lisser  le  poil  des  draps.  Scabieuse 
des  champs.  Scabieuse  des  bois  ou  mors  du 
diable.  Scabieuse  fleur  des  veuves.  Scabieuse 
du  Caucase.  Scabieuse  des  Alpes. 

76. —  ÉBÉNACÉES  ,  ou  GUYACANÉES  , 
DIOSPYRÉES  ,  PLAQUEMINIERS  ,  Arbres 
étrangers  à  l'Europe  ,  dont  le  bois  noir  et 
dur  est  employé  par  les  ébénistes  sous  le 
nom  à'ébéne.  Les  feuilles  sont  simples  et 
alternes  ,  les  fleurs  axillaires.  Le  fruit  est 
ordinairement  une  baie  ou  une  drupe, 
quelquefois  une  capsule  ,  à  plusieuis  loges 
monospermes.  Genres  :  diospyros ,  ou  pla- 
queminicr,  royénc ,  alibousicr  ou  styrax,  ha- 
Icsier ,  hopée.  Quelques  diospyres  produisent 
des  fruits  bons  à  maîiger.  C'est  le  plaque- 
minier  cbéne  qui  fournit  au  commerce  le 
véritable  bois  d'ébène.  Plaqucminicr  faux 


^*<-  (fF.P  1)K  I,\  LAAOUE  ET  DES  SCIENCES 

lottt.i.   La  r«'sine  connuç  sons    le  nom  de 


b<Mijt>ia  est  tburiiic  par  VuliboitsleroIJicinal 
Elle  est  solide  ,  brillante  ,  en  larnifs  ou 
en  pains;  elle  brflle  en  jelant  une  llanime 
très-claire  et  en  répandant  une  odeur  lort 
agr(a!)le.  Etendue  dans  de  l'eau  ,  elle 
forme  une  liqueur  i)lanchâlre  a{)jj(^lee  lait 
riri^innl,  Halésicr  à  quatre  ailes.  Halésier  à 
deux  ailes.  Le  premier  vient  de  la  Caro- 
line ;  le  second  de  la  Pcusilvanie. 

Du  genre  styra.i;  Richard  a  lait  une  fa- 
mille sous  le  non  de  styracées.  — Le  styrax 
liquide  ou  d'Amérique  est  le  liquiilambar, 
qui  appartient  à  la  famille  des  aiiicntacées. 

Û5. —  ELÉAGNÉES,  OU  ELÉA6NOÏDES  , 
CHALEFS  (en  lalin  elœagueœ,  elœa^iti,  du 
gvec  eleiagtws ,  voisin  de  l'olivier).  Ar- 
bustes à  rameaux  épineux  ,  garnis  de  feu- 
illes simples,  alternes  ou  opposées,  entières 
ou  dentées;  —aux  peurs  petites,  soli- 
taires, placées  à  l'aisselle  des  feuilles;  — 
au  fruit  en  forme  de  noix,  monosperme. 
Cette  famille  est  divisée  en  deux  sections. 

I.  ELÉAGNÉES.  Cinq  ctamints  au  moins. 

_  Genres  :  thésion  (tbesiuni),  osjris,  Uifpophaes  ou  argou- 
sier,  chalefl  elœ.ngims  )  ,  npsa.  Les  deu.T  premiers  genres 
de  cette  section  l'ont  maintenant  partie  de  la  tribu  des 
BANTALicÉEsdcBrown,  qui  est  la  même  que  celle  des  Osj- 
ridées  de  Richard. 

II.  MYIiOBOLAiVÉES.    Ordina-renient  dix  étamines. 
Genres:  terminalier,  comhrel,  cncoucier,  sanlal,  etc.  Cette 

section,  qui  a  un  trait  de  parenté  très-sensible,  d'une  part 
avec  les  éléagnies,  et  de  l'autre  avec  les  onagrairet ,  con- 
stitue maintenant  la  laniille  des  combretacées^de  Bronn. 

L'argousier  ou  argoussier  commun  pro- 
duit des  baies  acides  et  astringentes  ;  il 
abonde  en  Provence,  dans  le  Daiiphiné  , 
dans  les  Alpes,  et  sur  les  bords  du  Rhin. — 
Osyris  blanc,  vulgairement  roiivet.  Osyris 
du  Japon.  L'osyris  blanc  a  les  feuilles  li- 
néaires. —  Les  racines  du  nyssa  aquatique 
sont  légères  et  poreuses;  en  Améiique  on 
les  emploie  aux  mêmes  usages  que  le  liège. 

La  principaleespèce  de  chalefestcoanne 
sous  le  nom  d'olivier  de  Bohème. —  Les  tcr- 
minaliers  ou  badamiers  sont  desarbrisseaux 
et  des  arbres,  au  port  très-élégant,  origi- 
naires de  rinde.  Badamicr  benjoin.  Bada- 
mier  amande,  ou  arbre  à  l'Iunlc  ,  bois  à 
canots.  Badamier  i  émis  ou  ignan.  Le  suc 
résineux  du  badanicr  benjoin  a  passé 
long  temps  pour  le  benjoin  du  commerce. 
Quand  le  badamicr  txrnis  a  dix  ans ,  il  en 
découle  une  sève  laiteuse  qui,  en  épais- 
sissant, devient  un  vernis  superbe  .  dont 
on  enduit  les  meubles  connus  en  Europe 
sous  le  nom  de  laque  de  Chine;  mais  il  est  ex- 
trêmement corrosif  avant  d'être  desséché  , 
ce  qui  rend  sa  récolte  très  dangereuse. — 


Le  genre  cowirc^  renferme  quinze  espèces, 
lonles  exotiques,  et  dont  une  seule  connue 
sous  le  nom  d'aigrette  de  Madagascar  est 
cultivé  dans  les  serres  en  Europe.  C'est  le 
conibrct  ccurlale  ou  chigoivier  ,  aux  fleurs 
petites,  écarlales,  nombreuses,  et  dispo- 
sées en  grap|)es  , — aux  fiuits  capsulaires 
oblongs,  renfermant  une  graine  unique  , 
—  aux  feuilles  opposées,  ovales,  un  peu 
coriaces,  entières  ,  et  d'un  beau  vert. 

79.— ÉPACRIDÉES  ,  Famille  de  plantes, 
formée  par  Brown  aux  dépens  desJÉrici- 
nées.  Genre  type  :  épacridc.  Les  épacrides, 
arbustes  de  la  Nouvelle-Hollande  ,  se  font 
remarquer  par  leur  port  élevé  et  leurs  fleurs 
blanches  ou  rougeâtres ,  disposées  en  long 
épi.  L'épacridc  rougeâtre  monte  à  un  mètre 
vingt-cinq  centimélres. 

ÉPÎCOROXLIE  (  du  grec  épi ,  sur,  et  co- 
roi  la  ,  corolle) . 

ÉPYGINE^  (  du  grec  épi,  sur  ,  et  gunê , 
femme),  Epithète  exprimant  l'insertion 
d'un  organe  quelconque  de  la  fleur  an 
dessus  de  l'ovaire.  Les  étamines,  dans  tes 
omhcllifcres,  sont  épigynes,  c'est  à  dire,  in- 
sérées sur  l'ovaire. 

ÉPIPÉTALIE  (du  grecc/n',  sur,  et  ysc- 
talon  ,  pétale  ). 

ÉFISTAIVIXNIE  (du  grec  épi,  sur,  et 
stamen  ,  étamine  ). 

10.  —  ÉQUISÉTACÉES  (en  latin  equise- 
taceœ) ,  Famille  de  plantes  voisine  des 
fougères,  et  qui  ne  se  compose  que  du 
genre  prcle  (  equisetum).  On  retrouve  les 
restes  fossiles  des  plantes  de  cette  famille 
parmi  celles  de  la  première  éjiuque.  Les 
prèles  ne  se  plaisent  qu'au  bord  des  eaux  ou 
au  milieu  des  marais,  d'où  elles  élèvent  dans 
les  airs  une  tige  jistulcuse  et  articulée  qui 
ressemble  en  petit  à  celle  de  certaines  cruci- 
fères. Ce  sont  les  seules  cryptogames  dans 
les  quelles  on  trouve  quelque  chose  qui 
ressemble  à  une  fleur.  Le  nom  de  prèle 
(  de  l'italien  asperella ,  rude)  a  été  donné 
à  celte  plante  à  cause  des  inégalités  qui 
hérissent  sa  tige,  et  paraissent  être  de  pe- 
tits grains  de  sable  que  la  plante  ramasse 
dans  la  terre.  La  prèle  d'hiver  seit  aux 
tourneurs  et  aux  menuisiers  pour  polir  leurs 
ouvrages. 

80.  —  ÉRICINÉES  ,  ÉRICO'i'DES  ,  ÉRICA- 
CÉES  ,  ou  BRUYÈRES  (en  Itiiin  ericœ), 
Arbrisseaux  et  arbustes  élégants  qui  déco- 
rent la  lisière  des  bois.  On  divise  cette  fa- 
mille en  trois  groupes  ;  les  vaccini^bs  , 
ayant  l'ovaire  inlere  ;  les  ébicinéks  propre- 


SIGNES  DIVERS 

ment  dites,  ayant  l'ovaire  libre  et  les  fleurs 
hermaphrodites;  et  les  empétracées  ,  dont 
les  fleurs  sont  uni-sexuées  et  la  corolle  po- 
lypétale.  Genres:  bruyère  (enca),  Cyrille  (cy- 
YiWa)  ,  aridromèile  (andromeda)  ,  arbousier 
(arbustus),  c/é</ire  (clelbra), pyro/c  (pyrola), 
épigce  (epigœa),  gauUlicrie  (gaullhi-ria),  nt- 
relle  ou  myrtille  (vaccinitim),  camarine  (ein- 
petrum)  ,  etc.  Le  genre  bruyère  renferme 
pins  de  quatre  cents  espèces,  toutes  recher- 
chées des  bêtes  à  laine.  Bruyère  commune. 
Bruyère  à  balai,  h'arbousier  se  nomme  vul- 
gairement arbre  aux  fraises  ou  fraisier  en 
arbre,  arbousier  commun  ondes  Pyrénées. 
En  septembre  et  en  février  ,  l'arbousier  se 
couvre  de  fleurs  blanches  ou  roses,  disposées  en 
grappes.  Du  fruit  de  l'arbousier ,  semblable 
à  la  fraise  des  Jardins  et  très-sacré ,  on  re- 
tire de  l'eau  de  vie  et  de  l'alcool.  Les  feuilles 
des  arbousiers  servent  à  tanner  les  cuirs. 
L'arbousierse  nomme  encore  nr6ren  sucre. 
— Le  fruit  de  Vaircllc  est  une  baie  noire  ou 
rouge  dont  on  fait  des  conGlures,  et  dont 
on  retire  aussi  de  l'eau  de  vie,  ainsi  qu'ime 
liqueur  propre  à  colorer  le  vin.  —  hacama- 
rine  commune  se  nomme  aussi  b^ruyère  à 
fruits  7ioirs. 

On  a  aussi  nommé  bicornes  la  famille 
des  éricinées. 

156.  —  EUPHORBIACÉES,  EUPHORBES, 
EUPHORBIÉES,  TITHYMALES,  TITHYMA- 
LOïDES  (en  latin  eupliorbiaceœ  ,  euphor- 
biœ,  tithymalotdcB),  Herbes,  arbustes,  ou 
ai'brisseaux,à  feuilles  alternes,  à  fleurs  axil- 
Jaires  ou  terminales,  très-variées  dans  leur 
disposition.  Le  fruit  est  une  capsule  à  plu- 
sieurs valves,  s'ouvrant  par  une  suture  lon- 
gitudinale. Ce  qui  caractérise  les  euphor- 
biacées,  c'est  la  présence  d'un  suc  laiteux, 
acre  et  très-vénéneux.  Genres:  mercuriale 
(mercurialis) ,  euphorbe  (euphorbia), /j/iy/- 
lanthe  (phyllanthus)  ,  kirganelle  (kirgane- 
lia),  acylophylle  (xylopliylla) ,  kiggellaire 
(  kiggellaria  }  ,  c/(//£e  ou  clutclle  (clutia), 
èractisse  ou  andrachné,  aginée  (agineja), 
buis  (buxus),  pachysandrc  (  pachysandra, 
sécurinéga  ,  adélie  fadelia)  ,  ricin  (ricinus'), 
médicinicr  ou  jatropha  ^  loureire  ou  mn- 
zinne  (loiireira),  alevritc  (alevriles),  cro- 
ton,  tragie  (  tragia)  ,  sabUer  ou  hura,  dnlc- 
champie  (  didecliami)ia),  mancenillier{\\\[i- 
pomane  ),  etc.  Mercuriale  vivace.  Mercuriale 
annuelle.  La  mercuriale annucllecst  employée 
en  médecine  comme  laxativc.  h'euphorbedes 
anciens  est  un  arbuste  de  trois  à  quatre  mè- 
tres, à  tiges  nues,  sans  feuilles,  mais  char- 
gées d'épines.  Elle  contient,  comme  toutes 
les  espèces  tropicales,  un  suc  laiteux,  âcrC; 


UOTAMQLE.  615 

caustique,  corrosif,  qui  se  condense  en  pe- 
tits morceaux  friables,  d'un  jaune  pâle, 
demi-transparents.  C'est  la  gomme  résine 
d'euphorbe  ,  employée  autrefois  en  méde- 
cine, mais  usitée  maintenant  chez  les  vé- 
térinaires seuls ,  à  cause  de  son  énergie. 
Le  suc  des  euphorbes  d'Europe  est  moins 
énergique  et  s'emploie  comme  émétique 
et  purgatif. — Les  myrobolans  d'Amérique  , 
qu'on  emploie  comme  laxatifs ,  sont  les 
fruits  d'une  espèce  de  phyllanthe.  Le  phyl- 
lanlhe  du  Brésil ,  appelé  aussi  conami  du 
Brésil  ou  bois  à  enivrer,  est  un  arbrisseau 
de  soixante-quinze  à  quatrevingts  centi- 
mètres de  haut. —  La  Airg^anc/Zc  est  connue 
sous  le  nom  de  bois  de  demoiselle. — Le  sécu- 
rinéga est  un  grand  arbre  de  l'Ile-de-France 
oii  il  est  connu  sous  le  nom  de  thèse;  son 
bois  est  extrèment  dur.  — Parmi  les  ricins, 
l'espèce  la  plus  connue  est  le  rif in  palma- 
christi,  arbrisseau  à  tige  crense,  originaire 
de  la  Barbarie  et  de  l'Amérique  ,  dont  les 
graines,  semblables  au  haricot,  fournissent 
cette  huile  purgative,  tant  employée  en 
médecine  sous  le  nom  à'huilcde  ricin. — 
L'alevrite  est  un  arbre  des  îles  de  la  mer  du 
Sud,  à  feuilles  trilobées,  alternes,  dont  les 
difl"erentes  parties  sont  comme  saupou- 
drées de  farine.  -  Croton  porte-laque. Crolon 
sebiferum  ou  arbre  à  suif.  Croton  porte-en- 
cens. Crolon  sangui/hium.  Crolon  iincto- 
rium.  Voyez  la  Méthode  du  Genbe,  page 
284.  Croton  tiglium.  Li;  crolon  tiglium,  et 
surtout  ses  graines,  connues  sous  les  noms 
de  graines  des  Moluqucs  ..  graines  de  Tilly , 
pignons  d'Inde,  sont  imprégnées  d'un  prin- 
cipe très-âcre.  Huile  de  tiglium,  L'écorce 
de  croton  est  une  succédanée  du  quin- 
quina. La  cascarille,  qu'on  emploie  en 
pharmacie  et  en  parfumerie ,  n'est  autre 
chose  que  l'écorce  d'une  espèe  de  croton, 
indigène  des  îles  Bahama.  Le  genre  inc- 
rficinicr  renferme  à  peu  près  vingt-cinq  es- 
|)èces,  parmi  les  quelles  on  distingue  le, 
manioc,  le  médicinicr  catimr tique ,  le  médi- 
cinicr brûlant,  et  le  médicinicr  acuminé. 
Le  manioc  est  un  arbrisseau  des  Antilles. 
Ce  que  cette  plante  olTie  de  remarquable, 
c'est  que  son  suc  est  ti'ès  vénéneux,  et  que 
cependant  sa  racine  cuite  fournit  une  fé- 
cule saine  et  nourrissante,  appelée  cipipa, 
dont  on  fait  la  cassave  cilacouac. — heman- 
ccnillier  croît  sur  les  rivages  des  Antilles 
et  de  l'Ameiique.  Voyez  la  ftlÉiHODK  du 
Ge.'sre,  page  288. 

•J';il  lieaii  fairr  ,   jr   ne   peux  pas  i  é>i.«lcr  a  rcinie  Je 
(lire  toul  ce  que  j'-  sai». 


:>\.'i 


Cl.EU  I»E  LA  I.ANGLE  Eï  DES  SCIENCES. 


l/l3.— FIC01DÊE8,  FICOÏDES,  MÉSEM- 
BRYANTHÉMES  ilkoulciv).  Plantes  grasses 
et  chaiiuies  ,  herbacées  ou  IVulesceiUes  , 
aux  feuilles  alternes  on  opposées,  —  aux 
fleurs  axillaires  ou  terminales.  Lu  fruit  est 
une  capsule  ou  un(!  haie.  Génies:  rùauntur 
(reauniuiia'',  nilrairc  (nitraria),  sésuve  (se- 
suvium  ),  gliriosc  (glinus),  mesembryan- 
thèmeon  ficoïde  (  mesenibryanthemuni  ), 
telragonc  (  tetragonia),  etc.  Le  genre  type 
est  la  ficoïde.  Ficoïde  cristalline  ou  glaciale. 
Ficoïde  brillante.  Ficoïde  comestible. 

12.  —  FLUVIALES  ou  NAÏADES,  Plantes 
aquatiques  flottantes,  ou  couchées  au  fond 
des  eaux  ,  d'une  consistance  herbacée  ; 
aux  feuilles  transparentes  et  minces ,  aux 
fleurs  monoïques  ou  hermaphrodites,  et  à 
un  ou  plusieurs  fruits  monospeinies.  Le 
genre  type  est  la  naïade.  Du  genre  saurure 
on  a  fait  la  famille  des  saururées.  Les  gen- 
res liippuris  et  callitricltc  ont  été  placés  par 
M.  de  Jussieu  dans  les  onagraires,  et  le  cé- 
ratophylle  dans  les  sALtcARiÉEs.  M.  de  Can- 
dolle  à  son  tour  a  tiansporté  les  genres  po- 
iamogcton,  rupia,  zanichclia  dans  les  alis- 
MACKEs.  ISL  Richard  de  son  cùté  a  fait  du 
genre  c/iflrrti;»e  le  type  des  characéfs. 

8.  —  FOUGÈRES  ou  FILICÉES  (  filices)  , 

Plantes  herbacées  dont  les  feuilles  sont 
grandes  et  extrêmement  découpées  ,  et 
qui  croissent  ordinairement  dans  les  ter- 
rains sablonneux.  Leur  fruit  est  une  cap- 
sule très-petite.  On  ne  connaît  pas  encore 
leur  mode  de  fécondation. 

M.  Bory  Saint-Vincent  établit  cinq  tribus  dans  cette 
famille. 

POLYPODIACÉES  Capsules  libres,  entourées  d'un 
anneau  élastique,  saillant ,  et  se  terminant  par  un  pédi- 
cellc.  Genres  :  Potjpode  (poljpodium),  acroslic  (acros- 
tium),  etc. — Glhicuéxikbs.  Capsules  sessiles,  libres,  s'ou- 
Trant  transversalement  et  entourées  d'un  anneau  large, 
aplati.  Genres;  Gléichcnle  ou  gldcénie,  cératoptcrls.  etc. 
—  OsMtNDACKES.  Capsules  libres,  sessiles,  ou  légèrement 
pédicellées,  sans  anneau  élastique,  et  s'ouvrant  longitu- 
dinalement  en  deuxtalves.  Genres  :  Osmonde  (osnnjndaj, 
tygodion  (lygodiumj.  — Marattiées.  Capsules  réunies, 
soudées,  sessiles,  multiloculaircs,  sans  anneau  élasti- 
que. Genres:  AToradia,  dancea  ,  etc.  —  Opuioglos- 
sÈES.  Capsules  libres,  en  partie  enfermées  dans  la 
fronde  (Ij,  sans  anneau  élastique,  et  s'ouvrant  par  une 
fente  longitudinale.  Genres;  Botryche  ou  lunaire  [ho^ 
Irj'cbium;  ,  ophioglosse  (  opbidglossa  )  ,  etc. 

Le  genre  polypode  comprend  plus  de 
trois  cents  espèces,  dont  trois  ou  quatre 
seulement  se  trouvent  en  Europe.  La  plus 
commune  est  celle  qui  recouvre  les  murs, 
les  vieux  arbres,  etc.,  et  qu'on  employait 


autrefois  en  médecine  comme  vermifuge. 
—  Le  lygodion  s'appèle  encore  hydroglosse  et 
ranwndie.—h'osntonde  roya le  a  (•Aè  employée 
contre  le  rachitisme.  —  L'opliioglosse  vul- 
gaire ou  languc-deserpcnt  est  commune  en 
Europe.-Parmiles/Jo/y/Jorfwcec;,  on  distin- 
gue Vaspidion,  appelé  ■A\\s,&\néphrodion,  cya- 
lhèc,aUiyrion,polystic,eï  tcclarie. —  Ij'asplé- 
nie,  la  cétaracli,  Vadiante^  \a  scolopendre,  ap- 
partiennent aussi  àla  i'aniille  des  fougères. 
Les  asplcnies  sont  originaires  de  l'Améri- 
que. Les  plus  connues  sont  la  polyfric  des 
murs  humides,  aux  propriétés  pectorales; 
et  la  rhizopiiylle  des  Etats-Unis.  La  capil- 
laire est  une  espèce  d'adiante.  Sirop  de 
capillaire.  La  solopendre  vulgaire  ou  offici- 
nale, commune  dans  les  lieux  humides  et 
ombragés,  entre  dans  quelques  prépara- 
tions pharmaceutiques.  —  Lieu  plein  de 
fou  gère.  Danser  sur  la  fougère.  Sur  la  verte 
fougère.  Brûler  de  la  fougère.  La  cendre  de 
fougère  sert  à  faire  du  verre. 

99.  —  FUMARIACÉES    OU   FUMARIÉES  , 

Famille  de  plantes  formée  aux  dépens  des 
papavéracées  ,  et  dont  la  fumetcrre  est  le 
type.  La  fumetcrre  est  ainsi  nommée  du 
goût  acre  et  amer,  comme  celui  de  la  suie, 
que  ses  feuilles  ou  ses  tiges  mâchées  lais- 
sent dans  la  bouche.  Fumelerre  Jaune.  Fu- 
metcrre bulbeuse.  Fumelerre  à  grandes  feu- 
illes. Fumelerre  commune  ou  officinale. 

72. —  GENTIANÉEES,  GENTIANES  (gen- 
tianes). Plantes  herbacées  ,  rarement  l'ru- 
tescentes  ,  aux  feuilles  opposées,  entières, 
et  sessiles.  Le  fruit  est  une  capsule  à  deux 
valves.  Genres  :  gentiane  (gcnliana),  chlore 
(chlora),  vitlarsie  (villarsia),  cliironie  (chi- 
ronia),  sarof/ire  (sarolhra),  spigèle  (spige- 
lia),  etc.  La  gentiane  jaune  on  grande  gen- 
<(a?!eest  employée  en  médecine  comme  to- 
nique et  fébrifuge.  On  nomme  gentiantltc 
la  petite  centaurée  et  la  gentiane  visqueuse. 
Les  spigcles  sont  de  très-bons  vermifuges. 

11/).  —  GÉRANIACÉES  ,  GÉRANIÉES  , 
GÉRANIUMS  ,  6ÉRANXONS  ,  GÉRAINES  , 
GÉRANIOïDES  [gcranicce.  ,  geranioideœ)  , 
Plantes  herbacées  ou  frutescentes,  aux 
feuilles  stipulées,  simples  ou  composées, 
opposées  ou  alternes  ,  aux /7c«r.'>  souvent  en 
ombelle  terminale  ou  en  corymbe.  Gen- 
res :  pclargon  (  pelargonium),  érodicr  (eru- 
dium),  géranium,  ntonsone  (monsonia)  [2]. 
— Genresayant  de  l'afiînitéavec  lesgérania- 


(1)  Nom  donne   aux    feuilles   qiti  s'élèvent  rie   la   racine  ou  de  la  lige   de  quelquei  piaules,  cl  en 
ge'ne'ral  aii\  feuilles  tiès-gi-andes. 

(2)  Kemarquons  en  passant  que  les  terminaisons  latines,  -nia  et  -lia  se  traduisent  iiuliire'icm- 
nicnl  par  -nie  ou  -nc^  lie  ou  le:  Monsonc  ou  monsonie,  spigèle  ou  spi^èlic,  c(c. 


SIGNES  DrVERS.    BOTANIQUE. 


613 


cées:  capucine  (tropseoluni),  balsamine{im- 
patiens),  oxallde  (oxalis).  t'es  troisgenres 
sont  devenus  le  type  de  nouvelles  familles 
sous  les  noms  de  teopéglées,  balsa  minées 
et  oxALiDÉES. — Il  y  a  plus  de  deux  cents  es- 
pèces degcraniiansovi  ^èranicrs.  Gcraniiim 
sanguin.  Géranium  robertin  ou  licrbcà  Ro- 
bert. Géranium  odorant. — Monsoncclcganle. 
Monsono  épineuse.  —  Grande  capucine  ou 
cresson  du  Pérou,  du  Mexique.  Petite  capu- 
cine-. Cueillir  des  fleurs  de  capucine,  des  ca- 
pucines. Salade  de  capucines.  Câpres  capu- 
cines,  Boutons  à  fleur  de  la  capucine  confits 
au  vinaigre.  Les  capucines  sont  regardées 
comute  antiscorbutiques. — La  balsatnine  est 
ainsi  nommée  (du  grec  ballô,  je  lance,  et 
du  latin  semen,  semence)  parce  que  ses 
capsules,  pour  peu  qu'on  les  touche,  lan- 
cent les  graines  qu'elles  renferment.  C'esl 
pour  la  même  raison  que  les  botanistes  l'ap- 
pèlent  impatiens.  On  fait  aussi  dériver  ce 
mot  du  grec  balsamon,  baume.  Balsamine 
double. — Oxalide  blanche,  l/oxalide  blan- 
che, plus  connue  sous  le  nom  d'alléluia,  de 
pain  de  coucou,  d'oseille  à  trois  feuilles, et  de 
surelledcs  bûcherons,  se  trouve  dans  les  bois 
élevés,  le  long  des  haies,  et  sur  les  monta- 
gnes. On  en  retire  le  sel  d'oseille  ou  oxa- 
tate  acide  do  potasse.  —  La  capucine  a  pour 
emblème,  discrétion,  et  la  balsamine ,  pré- 
voyance.  On  a  observé  dans  la  capucine 
un  phénomène  remarquable  :  après  le 
coucher  du  soleil,  et  le  matin  avant  le  le- 
ver de  cet  astre,  la  capucine  lance  des 
étincelles  et  des  éclairs.  Le  géranium  mus- 
qué a  pour  emblème  estime;  le  rosé,  lan- 
gueur; le  citronné,  caprice. 

83. — GESSNÉRIACÉES,  GESSNÉRIÉES, 
Famille  de  plantes  formée  aux  dépens 
des  campanulacées ,  et  dont  le  type  est  la 
gessnérie.  Les  gessnéries  sont  remarquables 
par  leur  élégance  et  la  beauté  de  leurs  fleurs. 
La  gessnérie  cotonneuse  est  originaire  de 
l'Amérique. 

85.  — GOODÉNOVIÉES,  600DÉNIACÊES, 
GOODÉNIES  ,  Arbres  ou  arbrisseaux  ,  pro- 
pres à  î'Océanie,  et  remarquables  par  leurs 
fleurs  élégantes  ,  portées  sur  de  huigs  pé- 
doncules ou  liges.  Ces  fleurs  sont  jaunes, 
blanches,  roses,  ou  rougeàtrcs.  Le  l'ruit  est 
une  capsuleà  deux  loges.V.CAiiPANULAciiEs. 

18.  —  GRAMINÉES  (gramineac,  de  ^'ra- 
men  ,  graminis ,  gazon  ),  Plantes  annuel- 
les ou  vivaces,  à  <j|j6  herbacée ,  cylindri- 
que, articulée,  souvent  fistuleuse ,  ordi- 
nairement simple  ;  —  aux  feuilles  très- 
longues,  étroites,  alternes,  à  pétiole  en- 
gainant ;  — aux  fleurs  le  plus  souvent  her- 


maphrodites, quelquefois  polygames  ou 
monoïques,  glumacées,  paniculées,  ou  en 
épi.  Le  fruit  est  une  seule  graine  nue  ,  ou 
enveloppée  par  la  bulle  persistante,  à  pé- 
ricarpe membraneux,  uniloculaire ,  mo- 
nospernie.  Genres  :  cinna  ou  abola,  cryp- 
side  ou  cripsis,  corne  d'abondance  (cornuco- 
piœ)  ,  vulpin  ou  queue-dercnard  (alopecu- 
rus),  phicode  ou  fléau  (phleum),  lècrsie  (leer- 
ûà) ,  al  piste  on  plialaris,  beckmanne  (beck- 
mannia),  paspalon,  cynode  ou  cynodnn,  di- 
gilaire  (digitaria),  panis  ou  panic  (pani- 
cum),  millet  (milium),  agroslide  ou  agros- 
tis,  Irichodion ,  polypogon,  slipe  (stipa), 
arislide  (uristida),  cannamelle  ou  canne  à  su- 
cre (  saccharum)  ,  crianthe  (erianthus  ),  la- 
gure  (lagurtis)  ,  pénieillaire  [penicillaria  ), 
sorgho  (sorghnm),  lioulque  (holcus),  bar- 
bon ou  andropogon  ,  clitoris ,  ehondrosion  ou 
actinoclhoa  ,  trip saq ue  {\.r'n^sa.cxim) .  trague 
(trapus),  rflc/e  (cenchrus),  èchinairc  (échi- 
naria),  œgilops,  rollbollie  {roX{ho\\in),cata- 
brose  (catabrosa),  wc/ii/^e  (melica),  molinie 
ou  énodion,  spartina  ou  trachynole ,  dactyle 
(dactylis),  scslére  (sesleria),  dinébe  (  dine- 
ba),  cyyiosare  ou  crc/c/Ze  (cynosorus)  ,  la- 
marckie  ou  chrysure  (  lamarckia  )  ,  kœlère 
(koeleria),  eleusine  (eleusine)  ,  ivraie  (lo- 
lium),  élyme  (elymus),  asprelle  (asprella), 
orge  (hordeum)  ,  froment  (triticum) ,  seigle 
(secale),  irome(bromus),  fctiiquc  Cfcstuca), 
danthonia,  paturin  (poa),  brize  {briza) , 
«nio/6(uniola),ai;oine(avena).  ccannc  on  ro- 
seau (arundo),r/2  (oriza),  e/ir/iar^e  (ehrhar- 
ta  )  ,  nard  (  nardus},  sparte  (lygeam),  maïs 
(zea),  tarmille  (coix),  etc. 

M.  KutiUi  divise  la  famille  des  graminées  en  dix  tribus. 

—  «PisifÉEs.  Glume  uniou  biTahe;  épillets  solitaires  ou 
réunis;  une  des  deux  (leurs  stérile  nu  uni-sexnée  ;  valves 
de  la  glume  membraneuses  :  valves  de  la  balle  cartilagi- 
neuses ;  deux  styles;  fleurs  disposées  en  épi  ou  en  pani- 
culc.  Genres:  panicum  ,  digitaria,  paspalum  ,  etc. — Sti- 
PActES.  Epillets  uniflores,  solitaires;  glume  membraneuse; 
valve  inférieure  de  la  balle  cartilagineuse  ,  aristée,  non 
embrassante;  deux  styles  ;  fleurs  enpanicule.  Genres: 
Slipa,  agrostida,  etc.  —  AortosTiDiKs.  Epillets  uniflores  ou 
solitaires;  glume  et  baUe  de  la  même  consistance;  pa- 
illelle  inférieure  aristée  ou  mutique;  deux  styles;  flenrs  en 
panicule.  Genres:  Phleum,  phalaris,  agrostis. — Festdci- 
CKts.  Epillets  solitaires,  à  plusieurs  fleurs;  Talves  delà 
glume  carénées,  souvtnt  aristées  ;  deux  styles;  fleurs  en 
panicule.  Genres;   Fesluca  ,  avena,  bromus,  arundo ,  etc. 

—  CiiLoRioÉES.  Epillets  solitaires,  rarement  multiflores, 
ayant  la  fleur  terminale  avortée  et  dllforme  ;  valves  ca- 
rénées non  opposées  ;  paillette  inférieure  souvent  aristée; 
deux  styles:  fleurs  en  épi.  Genres:  cynodon  ,  clibris,  etc. 
HoHUÉACÈEs.  Epillets  ré  unis  ou  solilaiies,  uniflores  ou  mul- 
tiflores; valves  opposées,  égales;  paillette  inférieure  aris- 
tée; la  supérieure  bicarénce;  deux  styles;  fleurs  en  épi. 

—  Sieciu RISÉES.  Axe  articulé;  épillets  unis  ou  biflores, 
l'un  sessilc,  l'autre  pédicellé,  «juand  ils  sont  géminés; 
paillettes  membraneuses  non  carénées:  l'inférieure  sou- 
vent aristée;  deux  styles.  Genres  :  sacrlianim,  sorglium  . 
zea,  etc.  —  Onizits.  Epillets  uniflores,  solitaires:  pa- 
illoVIc  inférieure,  tartilapim  use,  caicnée;  claniincs  son- 


ch; 


CLEF  DE  LA  L.VNGLE  ET  DES  SCIENCES. 


Tciil  nu  ileaius  «le  troïB;  deux  styles;  fluurs  en  épi,  ou  en 
jjiUiicule.  Genres  :  on'io,  Icersia  ,  etc. —  Oi.YBbEs.  Épillcts 
iinilloiis,  uni-sexués,  monoïques  ou  dioiques;  valves  de 
In  fluui-  femelle  plus  minces  que  les  paillettes  :  un  seul 
style;  fleurs  i;n  panicule.  Geurcs:  olyra  ,  ccix  etc.  — 
]<A«iirsicÉES.  Epiliets  niultiflores;  paillette  inférieure  bi- 
carénée;  un  seul  st\le;  fleurs  paniculées  ;  chaumes 
arborescents.  Genres  :  bambiisia,  itasius,  etc.  o 

Panis commun.  Partis  d'Italie.  On  nomme 
improprement  millet,  \e  pannis  commun; 
millet  des  petits  oiseaux ,  le  panis  d'Italie  ; 
■millet  d'Inde  on  gros  millet,  le  maïs  on  blii 
de  Turquie,  blé  d'Espagne  ,  blé  d'Italie. 
Le  millet  ou  mil ,  aux  graines  globuleuses 
ou  ovoïdes  ,  l'orme  un  genre  à  part  dans 
la  lamille  des  graminées.  Le  millet  fournit 
un  bon  fourrage.  Le  millet  cultivé  comme 
Iburrage  est  aussi  connu  sous  le  nom  de 
moha. —  h'agrostideépi  devent  se  reconnaît 
à  sa  panicule  ou  épi  lâche  et  découpé,  qui 
s'agite  et  se  casse  au  moindre  vent. — La 
fètuque  coquiole  ou  ovine  habite  les  lieux 
arides  et  s'élève  à  seize  centimètres.  La 
fètuque  flottante  se  trouve  dans  les  marais, 
les  fossés  ,  etc.  Elle  donne  un  excellent 
fourrage.  En  Pologne  et  en  Allemagne,  on 
la  nomme  manne  de  Pologne,  herbe  à  la 
manne,  et  l'on  se  sert  de  sa  graine  réduite 
enl'arine  pour  faire  du  pain. —  On  a  donné 
le  nom  de  fromentacées  aux  plantes  grami- 
nées dont  les  graines  servent  à  la  nourri- 
ture de  l'homme,  telles  que  le  froment ,  le 
seigle,  l'orge,  l'avoine,  l'cpcautre ,  le  tnaïs 
ou  blé  de  Turquie,  *ilc.  Blé  est  un  nom  com- 
mun a  toutes  les  fromentacées.  On  notnme 
blé  à  chapeaux  une  espèce  de  blé  cultivée 
en  Toscane,  dont  la  paille,  haute  de  quel- 
ques centimètres  et  connue  sous  le  nom  de 
paille  d'Italie,  sert  à  fabriquer  des  cha- 
peaux estimés;  blé  amidonnicr,  une  es- 
pèce peu  répandue  qui  fournit  un  bel  ami- 
don ;  blé  avrillel ,  le  fioment  que  l'on 
sème  en  mars  et  en  avril;  blé  barbu,  ce- 
lui dont  les  épis  sont  garnis  de  barbe, 
ainsi  que  le  sorgho  ;  blé  blanc,  deux  va- 
riétés qui  fournissent  une  très-belle  farine; 
blé  cotonneux  ou  français  ,  une  variété 
que  l'on  cultive  dans  les  départements  du 
Rhin,  eu  Italie,  et  en  Espagne;  blé  mé- 
teit ,  un  mélange  de  blé  et  de  seigle  qui 
prend  le  nom  de  méteil  de  froment  ou  de 
seigle,  selon  la  proportion  dominante.  Ou 
connaît  encore  le  blé  d'Egypte,  de  Polo- 
gne, de  Taganrok,de  Fcllemberg,  dcLam- 
mas,  etc.  Du  blé  en  herbe.  Du  blé  en  tuyau. 
Le  blé  est  en  épi.  Terre  à  blé.  Voilà  une 
belle  pièce  de  blé.  Blé  de  ntars.  Blé  d'hiver. 
Blé  épais.  Blé  niellés,  bruines.  Les  blés  sont 


beaux.  Une  gerbe  de  blé.  Un  épi  de  blé.  Fa- 
rine de  blé.  Couper  les  blés.  Scier  les  blés. 
Bal  Ire  le  blé.  Semer  le  blé.  Mettre  le  blé  en 
grange.  Grands  blés.  Le  froment  et  le  sei- 
gle. Petits  blés.  L'orge  et  l'avoine.  Blé  si- 
gnifie quelquefois  une  pièce  de  blé.  Se 
cacher  dans  un  blé.  Prov.,  Etre  pris  comme 
dans  un  blé.  filé  se  dit  aussi  du  grain  seul. 
Un  sac  de  blé.  Faire  provision  de  blé.  Gre- 
niers pleins  de  blé.  Semer  du  blé.  Blé  qui 
germc.Moudre  du  blé. Mesurer  du  blé.Fanner 
le  blé.  Un  grain  de  blé.  Un  las  de  blé.  Prov. 
et  flg. ,  Crier  famine  sur  un  las  de  blé.  Blé 
ergoté,  se  dit  de  certains  grains  noirs  qui, 
dans  les  épis  du  seigle,  sont  allongés  en 
forme  d'ergot  ou  de  corne.  On  nomme  en- 
core vulgairement  blé  do  Guinée,  le  sorgho; 
blé  d'oiseau,  l'atpisle  ;  blé  de  la  Saitit- 
Jean,  le  seigle;  blé  Icnlilleux ,  un  mé- 
lange de  lentilles  et  de  seigle  que  l'on  sème 
dans  le  Jura  ;  blé  noir  ou  blé  de  vache,  le 
mélampyre  des  champs,  la  saponaire  rouge, 
et  le  sarrazin.  (  Le  mi-Iampyreest  une  rhi- 
nantaece,  la  saponaire  nne  cary ophy liée, elle 
sarrasin  une  renouée,  ce  qu'il  est  bon  de 
dislinguer.) — On  distingue  quatre  espèces 
d'orges  cultivés:  l'orge  commun  (vulgai- 
rement orge  quarré,  gros  orge,  et  quelque- 
fois épeautrc  ),  qu'on  sème  en  avril  ou  en 
mai;  l'orge  escougeon  (  vulgairement  or^'C 
à  six  rangs,  orge  d'hiver,  soucrion  )  ; 
l'orbe  en  éventail  on  orge  pyramidal  ;  l'orge 
distique  ou  petit  orge  ,  dit  encore  vul- 
gairement pamelle  paumoule,  etc.  (Les 
grammairiens  font  or^ç^e  du  féminin, excepté 
dans  orge  mondé,  orge  perlé.  )  L'orge  fut  la 
première  céréale  qui  servit  à  la  nourrittire 
de  l'homme.  Ce  qu'on  nomme  sucre  d'orge 
est  une  espèce  de  pâte  jaunâtre  ,  transpa- 
rente et  solide  ,  faite  avec  du  sucre  fondu 
dans  une  légère  décoction  d'orge.  Un  bâton 
de  sucre  d'orge.  C'est  avec  l'orge  qu'on  fait 
la  bière. — L't'yraïc  se  distingue  du  froment 
par  la  position  de  sesépillets,  qui  regar- 
dent l'axe  de  l'épi  par  une  de  leurs  faces 
et  non  pas  par  un  de  leurs  côtés.  Ivraie  eni- 
vrante ou  herbe  d'ivrogne.  Avoine  cultivée. 
Avoine  blanche.  Avoine  noire.On  a  remplacé 
l'avoine  des  chevaux  par  les  graines  du  bro- 
me stérile.  Brome scglin.  Brome  broue.  (Bro- 
me vient  du  grec  bromos,  bonne  nourriture.) 
—  La  brice  ,  très-abondante  dans  les  prés 
naturels  de  la  France  et  de  toute  l'Europe  , 
procure  aux  chèvres  et  aux  moutons  une 
nourriture  excellente.  Les  anciens  lui  attri- 
buaient une  propriété  narcotique;  ce  qui 


SIGNES  DIVERS 

l'avait  fait  nommer  brize,  du  grec  bri- 
scin,  endormir. — On  comprenait  autrefois 
dans  le  genre  roseau  une  foule  de  plantes 
devenues  les  types  de  genres  différents , 
telles  que  la  canne  à  mcre ,  aujourd'hui 
cannamclte  ;  le  roseau  d'Inde,  aujourd'hui 
bambou;  le  roseau  des  sables,  aujour- 
d'hui casamagrostis  ;  le  roseau  panaché, 
aujourd'huia//j«s/6,el  le  roseau  à  quenouilles 
ou  canne  royale,  aujourd'hui  donax.  Le 
genre  roseau  ne  comprend  plus  qu'une 
seule  espèce,  le  roseau  à  balais,  ci;  aquati- 
que, ou  des  marais,  plante  qui  croît  en 
abondance  dans  les  étangs,  sur  le  bord  des 
rivières  et  des  eaux  fangeuses. 

Le  bambou  est  la  plus  grande  des  grami- 
nées. Le  bambou  rend  une  liqueur  que  l'on 
croit  être  le  tabuxirdes  anciens. — On  nom- 
me amourette  une  plante  vivace  des  près 
secs  et  des  montagnes  dénuées  de  bois,  ap- 
partenant au  genre  brize;  et  petite  amourette 
le  paturin  éragroste. —  Chiendent  (1)  est  le 
nom  vulgaire  de  deux  espèces  de  grami- 
nées appartenant  à  deux  genres  différents: 
le  froment  et  le  panic.  L'espèce  la  plus 
connue  est  le  iriticum  repens,  dont  la  tige 
s'élève  à  un  mètre,  et  porte  des  feuilles 
longues  et  étroites.  On  nomme  vulgaire- 
ment chiendent  aquatique ,  la  fétuque  flot- 
tante; chiendent  d  brossettes,  le  dactyle  pe- 
lotonné ;  chiendent  queue-de-renard ,  icvut- 
pin  ;  cliiendent  ruban,  le  roseau  panaché  ; 
chiendent  fossile,  l'amiante;  chiendent  ma- 
rin, le  varech,  —  Les  olyrées  sont  des  plan- 
tes presque  semblables  à  l'orge. 

Je  vous  prie  de  remarquer  comme  tous  les  noms  mas- 
culins ou  neutres  en  latin  demeurent  masculins  en  fran- 
çais, quoique  lerniinés  par  un  e  muet:  le  paspale,  leo- 
nurfe,  Viriantlie  .  le  tagure  ,  \e  houlque  ,  ]e  Iripiaijtie  ^  \e 
irague,  le  dactyle  ,  le  cynasure  ,  Vétjme  ,  Verge,  le  seigle , 
le  brome,  i^épeautre. 

On  conçoit  que  nous  nous  soyons  arrêté 
avec  complaisance  sur  une  famille  de  plan- 
tes si  nombreuse  et  si  intéressante.  Et  ce- 
pendant nous  avonsomis  de  parler  Auriz, 
du  riz  qui  est  pour  lesChinoiset  les  Indiens 
ce  que  le  blé  est  pour  les  Européens,  du  riz 
dont  on  faltlacrdmp  de  riz,  du  riz  qui  sert 
encore  dans  l'Inde  à  la  fabrication  de  la 
bière  et  de  l'arack,  du  riz  dont  la  médecine 
tire  de  si  grands  avantages,  du  riz,  en  un 
mot,  cet  aliment  si  sain  et  si  nourrissant. 
Ingrat  que  je  suis!  Mais  on  doit  songer  qu'il 
faudrait  un  volume  au  moins  pour  traiter 
convenablement  la  famille  des  graminées. 


.    BOTANIQUE.  Cl  7 

N'oublions  pourtant  pas  de  dire  que  sous 
la  dénomination  générale  de  céréales,  qui 
désigne  proprement  le  froment ,  le  seigle , 
l'orge,  et  l'avoine,  on  comprend  encore 
Valpiste,  la  fétuque  flottante,  le  mais,  le 
millet,  le  riz,  le  sarrasin,  le  sorgho ,  et  l'i- 
rraic  ou  zizanie.  Zizanie  n'est  plus  guère 
usité  au  propre.  Il  s'emploie  figurément, 
et  signifie.  Désunion  ,  division  ,  discorde, 
mésintelligence.  Ils  étaient  bien  unis,  quel- 
qu'un a  semé  la  zizanie  parmi  eux,  entre 
eux.  Ivraie  s'emploie  aussi  au  figuré  dans 
cette  expression  :  Séparer  l'ivraio  d'avec  le 
bon  grain  ,  Séparer  la  mauvaise  doctrine 
d'avec  la  bonne,  ou  les  méchants  d'avec 
les  bons. 

Nous  ne  pouvons  mieux  finir  que  par 
cet  éloge  du  blé,  emprunté  à  un  petit  li- 
vre de  M.  Aimé  Martin  ,  Le  Langage  des 
Fleurs, 

Le  blé,  emblème  de  la  richesse. 

«  Les  botanistes  assurent  qu'on  ne  trouve 
nulle  part  le  blé  dans  son  état  primitif. 
Cette  plante  semble  avoir  été  confiée  par 
la  Providence  aux  soins  de  l'homme,  avec 
l'usage  du  feu,  pour  lizi  assurer  le  sceptre 
de  la  terre.  Avec  le  blé  et  le  feu  on  peut  se 
passer  de  tous  les  autres  biens,  on  peut 
tous  les  acquérir.  L'homme,  avec  le  blé 
seul,  peut  nourrir  tous  les  animaux  domes- 
tiques qui  soutiennent  sa  vie  et  partagent 
ses  travaux  :  le  porc,  la  poule  ,  le  canard, 
le  pigeon,  l'âne,  la  brebis,  la  chèvre,  le 
cheval,  la  vache,  le  chat ,  et  le  chien,  qui, 
par  une  métamorphose  merveilleuse,  lui 
rendent  en  retour  des  œufs,  du  lait,  du 
lard,  de  la  laine,  des  services,  des  affec- 
tions ,  de  la  reconnaissance.  Le  blé  est  le 
premier  lien  des  sociétés,  parce  que  sa 
culture  et  ses  préparations  exigent  de 
grands  travaux  et  des  services  mutuels. 
Aussilesanciensavaient-ilsappelé  la  bonne 
Cérès,  Législatrice.  » 

«Un  Arabe  égaré  dans  le  désert  n'avait 
pas  mangé  de  pain  depuis  deux  jours.  Il 
se  voyait  menacé  de  mourir  de  faim.  En 
passant  près  d'un  de  ces  puits  où  les  cara- 
vanes s'arrêtent,  il  aperçoit  sur  le  sable 
un  petit  sac  de  cuir;  il  le  ramasse  :  «  Dieu 
I)  soit  béni  !  dit-il,  c'est,  je  crois,  un  peu  de 
s  farine. 

»  Il  se  hâte  d'ouvrir  le  sac  ,  mais  à  la 
vue  de  ce  qu'il  contenait  il  s'écrie:  «Que 


(i)   Chnralc.  Mon  premier  se  sert  de  mon  second  pour  niangor  mon  tout. 
T.  II. 


618 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


■  je  suis  malheureux  !  ce  n'est  que  de  la 
upoiidie  d'or.  » 

Ajoutons  que  le  pain,  qui  se  fait  prin- 
eipalciiienl  avec  la  fécule  de  blé,  est  in- 
dispensable à  la  nourriture  dt;  l'iionime. 

Louis  XII,  inforine  qu'un  gentilhomme, 
commensal  de  sa  maison,  avait  maltraité 
un  paysan  ,  ordonna  qu'on  r(;tranchàt  le 
pain  à  cet  officier  et  qu'on  ne  lui  servit  que 
du  vin  et  delà  viande.  Le  gentilhomme 
s'en  plaignit  au  roi,  qui  lui  demanda  o  si  les 
mets  qu'on  lui  servait  ne  lui  suffisaient  pas. 
—  Non,  sire,  puisque  le  pain  est  essentiel 
à  la  vie. — Et  pourquoi  donc,  reprit  le  roi, 
êtes -vous  assez  peu  raisonnable  pour 
maltraiter  ceux  qui  vous  le  mettent  à  la 
main  ?  » 

1(}7. — GUTTIFÈRES  OU  GUTTIERS  [gui- 
lifcrœ  ,  de  f;<tlta,  goutte,  et/cro,  je  porte), 
Arbres  ou  arbrisseaux  d'oii  s'écoule  un  suc 
résineux.  Les  ranteaux  sont  opposés,  arti- 
cules à  leur  base.  Les  feuilles  sont  épaibses, 
opposées;  les  fleurs  terminales  ou  axillai- 
rcs,  solitaires  ou  disposées  en  grappes  de 
formes  diverses.  Le  fruit  est  une  baie,  une 
drupe,  ou  une  capsule  à  loge  entière  ou 
s'ouvrant  en  plusieurs  valves. 

De  Caiulnlle  a  divisé  ccttt  famille  en  quatre  tribus  : — 
CusiÈts.  Fruit  niultiloculaire  ,  à  loges  polyspcrmcs. 
Clusiu,  gottoya,  maliaréa.marila.  — Gabcikiébs.  Fruit  niul- 
tiloculaire à  loges  monospermes.  Garciiiia.  —  CiLo- 
piiiLLÉES.  Fruit  drupacé  ,  uniloculairc.  Calopliylum, 
mammea.  — SniPuoxiÉES.  Fruit  niultiloculaire  à  anlUères 
cxlorses.  Canella,   macoubea. 

Ouiliergontinier.Clusier  rose  des  /Antilles. 
— Le  »7ia»(mcy  est  un  trés-bel  arbre  d'Amé- 
rique, dont  on  mange  le  fruit,  semblable  à 
l'abricot. —  Calophylle  inophylte  ou  calaba. 
grand  arbre  des  Indes  orientales.  —  Le 
nuicoubé  est  un  arbre  de  la  Guyane,  aux 
fruits  gros  comme  une  orange, 

35.  — HÉMODORACÉES,  Famille  deplan 
tes  séparées  des  narcissées  par  Brown,  et 
dont  V anli;osanthc  est  le  genre  type. 

31.  —  HÉMÈROCALLIDÉES  (Du  grec  hê- 
méra,  jour,  et  kallos,  beauté),  Famille  de 
plantes  séparée  des  liliacées  par  Brown , 
et  dont  l'héniérocalle  est  le  genre  type. 

124.  — HERMANMIÉES  (Hermanni.T) , 
Famille  de  plantes  séparées  des  iiliacées 
par  Lamarck,  et  réunie  par  Brown  à  celle 
des  BYTNÉEiACÉES.  Genres  :  corcliore  ou  cor- 
chorus ,  éléocarpe  [e\œocarp\is),  flocour lia 
(flaccurtia),  rocou  (bixa),  etc.  Le  corchorc 
se  nomme  aussi  coretle  ou  timnncdes  Juifs. 
'L'ctéocarpe  est  un  arbre  de  l'Inde  dont  les 
fruits  ressemblent  à  ceux  de  l'olivier. 


Le  genre  flacourlia  est  dev(!nu  pour  Ri- 
chard le  type  de  la  famille  des  ii.acouhtia- 
HKKS.  L(^  genre  bixa  forme  aussi  mainte- 
nant, pour  M.Kunth,  la  famille  des  bixi- 
uées. 

5.  —  HÉPATIQUES  (tiepaticœ,  du  grec 
licpar,  foie).  Plantes  herbacées,  terrestres, 
parasites  ou  rampantes,  tenant  le  milieu 
entre  les  lichens  et  les  mousses.  Le  fruit  est 
une  capsule  pédicellée  ,  plurivalve  ,  sans 
opercule.  On  distingue  les  hépatiques  pro- 
prement dites  et  les  homomallophylles. 
Genres  :  anlhocéros,btandowia,  inarchantia, 
blasia,jnngermannia,riccia,targionia,sphai- 
rocarpus.  La  niarc/ia/i/tc  s'appèle  encore  Aé- 
patit/uedes  fontaines.  La  blasie  se  trouve  sur 
le  bord  des  fossés.  Riccie  cristalline.  Riccie 
glaui/ue.  Riccie  flottante.  Les  targiones  sont 
des  plantes  rampantes  très-rares.  On  les 
trouve,  dans  les  lieux  frais  et  ombragés, 
sous  la  forme  d'une  peau  verte,  ovale, 
oblongue,  et  garni  de  racines  du  côté  infé- 
rieur. Le  sphérocarpe  est  très-voisin  des  ca- 
pillaires. La  marchantie  polymorpha  s'or- 
donnait autrefois  contre  les  maladies  de 
foie.  —  On  nomme  improprement  hépati- 
que blanche  ou  noble,  la  parnassie;  hépa- 
tique dorée  et  hépatique  des  ntarais  ,  la  do- 
rinc;  hépatique  des  bois  et  hépatique  éloilee, 
Vaspérulc;  hépatique  pour  la  rage,  une  es- 
pèce de  lichen. 

iOà.  — HIPPOCRATÉES  (  hippocrateœ)  , 
Arbrisseaux  à  tiges  quelquefois  grimpan- 
tes ,  à  feuilles  opposées  et  simples,  à  fleurs 
très-petites,  disposées  en  grappes  ,  —  pro- 
pres à  l'Amérique,  aux  Indes,  à  l'Afrique. 
Les  hippocraiées  faisaient  d'abord  partie 
des  acérinccs. 

40. —  HYDROCHARIDÉES  OU  MORÈNES 
[Itydrocharideœ  ,  hydrochar  ides,  du  grec  hu- 
dôr,  et  charis,  ornement).  Herbes  aquati- 
ques dont  les  feuilles  s'étalent  à  la  surface 
de  l'eau.  Le  genre  le  plus  connu  est  l'/jyrfro- 
charide  onmoréne,  petite  plante  vivace,  qui 
a  des  fleurs  blanches.  Viennent  ensuite  le 
nymphœa  ou  nénuphar,  la  straiiote  ,  et  la 
vallisnérie.  Le  nénuphar  a  de  larges  feuilles 
rondes  et  de  grandes  fleurs  en  forme  de 
roses.  Les  fleurs  'de  nénuphar  passent  pour 
réfrigérantes.  Sirop  de  nénuphar.  On  retire 
du  nénuphar  une  sorte  de  farine  avec  la 
quelle  les  ostiakset  leshalmouks  font  dupain. 
Les  vallisnéries ,  plantes  qui  habitent  le 
fond  des  rivières  ,  offrent  cela  de  remar- 
quable, qu'au  moment  de  la  fécondation 
les  fleurs  mâles,  se  détachant  de  la  tige  , 


SiGAES  DIVERS.    liOTANIQLE. 


619 


viennent  flotter  à  la  snilace  de  l'eau  et  ver- 
ser le  pollen  sur  les  fleurs  femelles  qui,  sans 
se  détacher,  s'élèvent  aussi  à  celte  époque 
au  dessus  de  l'eau.  Après  l'acte  de  la  fé- 
condation les  Heurs  femelles  descendent 
au  fond  de  l'eau  pour  mûrir  leur  fruit.  Slra- 
iiole  aloïdc  ,  vulgairement  ananas  d'eau. 
Slratlole  acoroidc. 

106.  —  HYPÉaiCÉES,  HYFÉRICINÉES, 
HTPÉRICOÎOES  ,  HYFÉRICOÏDÉES  (  hyperi- 
ceœ,  hypericotdeœ).  Famille  de  plantes  ren- 
fermant des  lierbes,  des  sous-arbrisseaux, 
des  arbrisseaux,  et  même  des  arbres.  Les 
feuilles  sont  marquées  de  |  points  trans- 
lucides. Les  fleurs  sont  à  quatre  ou  cinq 
pétales  et  parsemées  de  petits  points  noirs. 
Le  frutl  est  une  capsule  à  plusieurs  valves, 
rarement  une  baie.  De  Candole  partage 
cetle  famille  en  deux  tribus,  celle  des  /ly- 
péricées  vraies,  qui  renferme  les  genres 
liypericum,  ascyrum,  androsœmutti,  liaron- 
ga ,  vismia ,  etc.,  et  celle  des  liypéricécs 
anomales,  qui  comprend  les  genres  carpo- 
donlos  et  eucryplua.  Le  genre  hypericum  ou 
ni(7/c/)er<((is  conti«,'nt  plus  de  cent  vingt  es- 
pèces. Les  ascyrcA- diffèrent  peu  des  mille- 
pertuis. Le  carpodonte ,  arbre  de  la  Nou- 
velle-Hollande, appartenait  d'abord  à  la 
famille  des  malpighiacées. 

HTFOCOHOLLIE  (  du  grec  hypo,  SOUS,  et 
corotin,  corolle). 

HYPOGYNE  (du  grec  liypo,  et  gync, 
femme).  Attachée  sous  le  pistil.  Corolle, 
étamine  liypogyne. 

HYFOPÉTALIE  (  du  grec  liypo  ,  et  pèla- 
lon  ,  pétale  ). 

HYFOSTAMINIE  (du  grec /ij/)o,  et  sta 
men,  étamine  ). 

3. — HYPOXYLÉES  (du  grec  hypo,  et 
xulon,  bois),  Famille  de  plantes  cryptoga- 
mes, différant  peu  des  lichens.  Elles  sont 
parasites  et  se  trouvent  sur  des  végétaux 
languissants  ou  morts.  Le  type  de  la  famille 
est  Vhypoxylon  ,  à  tige  élevée  ,  simple  ou 
ramiiée,  à  branches  cylindriques,  plates 
ou  piquées  de  trous.  On  connaît  encore  la 
spitérie  rsphceria),  la  rizomorplie  (rizomor- 
plia)  ,  le  acylome  (xyloma),  le  polysligma, 
l'aslérome  (asteroma),  l'Iiypoderme  {hypo- 
derma),  etc. 

61.  — JASiniNÉES,  JASMINS  [jasmi- 
Tieœ,  Jasntini) ,  Plantes  ligneuses,  à  </^e 
frutescente  ou  arborescente,  quelquefois 
sarmenteuse  et  grimpante, — à  feuilles  ordi- 
nairement opposées,  simples  ou  foliolées , 
—  à  fleurs  en  ihyrse.  en  corymbc,  ou  en 


grappe.  Le  fruit  est  tantôt  une  capsule,  tan- 
tôt une  baie  ou  une  drupe,  l'"  section. Une 
capsule.  Genres:  syringa  ou lilas,  frêne  (fra- 
xinus),  orne  ou  frêne  a  fleurs  (ornus)  ,  fon- 
tanése  (  fontanesia  ).  2""=  section.  Une  baie 
ou  une  drupe.  Genres  :  cliionanthe  (chio- 
nanthus),  notelèe  (notelœa),  olivier  l'olea). 
Jasmin  (jasminum),  troène  (  ligustrum). 
On  compte  une  trentaine  d'espèces  de 
jasmins  ,  dont  les  plus  r(;marquables 
sont  le  jasmin  blanc  commun,  aux  feuilles 
toujours  vertes  et  aux  fleurs  blanches,  et 
le  Jasmin  à  grandes  feuilles  o»  Jasmin  d'Es- 
pagne, aux  fleurs  rougeâtres  en  dehors. 
Le  syringa  est  aussi  connu  sous  le  nom  de 
Jasmirien  arbre.  On  nommejasmin  de  Perse 
le  nias  à  feuilles  de  troène. 

On  îionime  encore  vulsairenicnt/asmin  à  feuilles  de 
Iwux,  le  spielniaiinitt  ;  jasmin  bâtard  ou  iV Afrique^  le  iyeiet 
du  Cap  ;  jasmin  d'Amcrigiie  on  jasmin  rouge  des  Indes^  Vi- 
pomèe  écariate  ;  jasmin  d^Arabie^  \e  tijrlanthe;  jasmin  de 
Firginie,  \e  lérome  ;  jasmin  duCap,\3  gardéiiic  ;  jasmin 
odorant  de  ta  Caroline,  la  bignone  toujours  verte;  jasmin 
vénéneux,  le  cestreau. 

22.—  JONCÉES,  JOMCOÏDES,  JONCA- 
CÉES, JONCINÉS,  JONCS,  (Jiinccœ,  Jun- 
caceœ,Junci),  Herbes  à  feuilles  alternes  ou 
seulement  radicales  ,  toujours  simples  , 
semblables  à  celles  des  graminées  ,  ordi- 
nairement engainantes  a  leur  base.  Les  res- 

TIACÉES,    les,  JONCAGINÉES,  les    COMMELUNÉBS, 

les  BUTOMÉËS,  les  alismacées,  les  cabomeées. 
les  coLCKicACÉES,  ne  sont  que  des  démem- 
brements de  celte  famille.  Genres:  Lo- 
mandrc  ou  vinule  (lomandia),  ,/ohc  (jun- 
cus),  ou  cyprcllc  luzulc  (luzula),  etc.  Le 
genre  jonc  renferme  cent  soixanledix- 
neuf  espèces ,  la  plupart  propres  à  l'Eu- 
rope. Les  plus  généralement  connues 
sont  \e  jonc  maritime  ,  de  trente  centimè- 
tres de  haut,  le  Jonc  épars,  Iv.  jonc  flollant, 
le  Jane  articulé,  et  le  jonc  des  jardiniers. 
Les  feuilles  des  luzules  sont  planes. 

On  nomme  Tulgairenient  yont-  d\isie  kX.  jonc  quarré, 
deux  espèces  de  SL>ucliet  ;jimr  d'eau  ou  jour  des  étangs,  le 
scirpe  ;  jonc  iirot'ui,  la  tinaigrette  ;  jonc  épineux ,  l'ajonc; 
jonc  d'Espagne,  le  genêt  d'Efpagnc  ;  jonc  faux,  le  tiiglo- 
chin;  jonc  fleuri,  le  butome  en  ombelle  ;  jonc  des  Indes  ,  le 
rotang  ;  jonc  marin ,  l'ajonc;  jonc  cotonneux,  le  tomex; 
jonc  il  mouches,  la  jacobée ;  jonc  du  ISit,  le  souchet  popj- 
rus  ;  jonc  odorant ,  le  sehccnanibe  et  Vacore  ;  jonc  de  ta  pas- 
sion ,  la  massetle, 

26.  — JONCA6INÉES,  Famille  qui  se 
compose  de  trois  genres  ,  le  Iriglochin,  le 
sclieuclizcria ,  et  le  lilœa. 

3/1.  —  IRIDÉES  {irideœ),  l'iantes  her- 
bacées, à  racines  bulbifè'res,  tubil'ères  , 
ou  fibreuses,  à  la  tige  nue  ou    revêtue  de 


620 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Cciiilli-s  biniplcs,  cnlièrcs  et  allcnics,  aux 
(leurs  rt'ul'erniérs  dans  des  spallies  lucni- 
braneuses.  Genres  :  bcrmiidienve  (sisyryn- 
cliiiim)  ,  lif;ridie  on  tif^rine  (tigridia), 
ferrure  (ferraiia),  iris,  vicusseiixie,  moréc, 
ixie,  fialoxie,  diasie,  glaïeul  (gladi(ilus), 
safran  (crocus)  ,  etc.  Parmi  les  iris  on 
remarque  :  l'iris  d'Allemagne ,  cultivé 
dans  les  jardins  à  cause  de  ses  belles  fleurs 
bleues  ;  et  Viris  de  Florence,  dont  la  racine, 
compacte,  blanche,  tuberculeuse,  sert 
pour  faire  les  pois  à  cautère  appelés  pois 
d'iris.  Iris  ligré.  Iris  rayé.  Jris  frangé. 
Les  vieiisscii.vics  ne  différent  des  iris  que 
parce  que  leurs  étamines  sont  monadel- 
phes.  Les  ixies  sont  cultivées  dans  les  jar- 
dins à  cause  de  l'élégance  de  leurs  fleurs. 
Les  glaïeuls  ont  les  Feuilles  larges  et  lon- 
gues,  assez  semblables  à  un  glaive  dj'/fl- 
dius).  Glaïeul  fétide.  Glaïeul  jaune  ou  iris 
des  marais.  Le  glaïeul  jaune  croît  en 
France  dans  presque  tous  les  lieux  aqua- 
tiques. 

On  nomme  vulgairement  soffan  bûtarJ  le  cotrhîi 
Tost  ';t  le  rarlhame  oflicinat,  avec  le  quel  on  sophistique 
le  véritable  safran  :  safran  des  Indes,  le  curcuma  ;  safran 
marron,  la  fûnne  dUnde  ;  et  safran  des  prés,  le  c'ûchir 
d'automne. 

Du  genre  pontederia  M.  de  Uumboldt  a 
fait  la  famille  des  PONTÉoÉaKES. 

65.  —  LABIÉES  {labiatœ).  Plantes  her- 
bacées ou  ligneuses,  à  tiges  quadrangulai" 
res,  à  branches  et  feuilles  opposées ,  à  fleur* 
souvent  bractées,  opposées  ou  verlicilléesi 
en  tête,  en  corynibe,  ou  en  épi,  ou  solitai- 
res ,  axillaires  ou  terminales.  Pour  finit , 
quatre  graines  dépourvues  de  péricarpe, 
cachées  au  fond  du  calice  persistant.  Em- 
bryon sans  périsperme. 

Genres.  1°  Deux  étamines  fertiles;  lycope  ilycopuS/» 
améth\slée,  cuniie,  liiiphore  (zi7iphora),  monarde^weste- 
r'mgie,  romarin  (rosmariiius),  sauge  /galviaj,  colUnsone  (col* 
insonia).  2»  Quatre  étamines  didynanies;  levrc  supé- 
rieure de  la  corolle  nulle  ou  très-courte:  bugle  ou  ajuga, 
germandrée  (teucrium).  3"  Quatre  étamines  didynames: 
corolle  à  deux  lèvres  :  sarîette  (satureia  ),  byssope  (hysso- 
pus),  rhataire  ou  rafoire  (nepeta  ),  perllle,  lavande  {lava 
iidulaj,  sidérilis  ou  rropaudine,  bystropogue  ou  bjstropo- 
gon  ,  menthe,  terrette  ou  gtcchuma,  hjptis,  /oml'er  (  lanii- 
um),  gali'ope  (galeopsis,,  galeobdolon  [  vulgairement  ortie 
morte  jaune),  béioine  (betonica),  sturhyde  ou  starbjs, 
ballule  (ballola),  marrube  (marrubium),  cardiaque  ou 
téonurus,  phtomisr  tnotticeile.  flino/W«  (clinopodium),  ort- 
gan  (origanum),  l/ij-mftlijmusj,  ih^mbra,  mélisse  ;'melissa), 
drarociphale  (dracocephaluni  },  melîttis ,  horminj  ptectran- 
tbe  ou  pcrmfliitfc  (piecllirantus  ],  basilic  (  otymunil,  pru- 
nelle (pruntlia),  cléunie  (cleonia),  prasionou  prusium,  ctc, 

Uamélislhce  est   une   petite  plante  aux 


fleurs  d'un  bleu  violet,  originaire  do  la  Si- 
bérie. —  LescMm7es  se  trouvent  en  Améri- 
que. La  seiilf!  propre  à  l'Europe  <st  la  cti- 
nile  à  fleurs  de  thym. — On  compte  huit  es- 
pèces de  ziziphores.  —  Les  monardcs  sont 
propres  à  TAmérique  méridionale.  —  Les 
romarins  frosniarinus)  doivent  leur  nom  à 
la  rosée  qui  les  couvre  fréquemment  sur 
les  plages  maritimes,  leur  habilatiim  favo- 
rite, il  n'y  a  que  deux  espèces  de  romarin. 
Celle  qui  croît  spontanément  dans  le  midi 
de  la  France  est  le  romarin  commun  ou 
encensier,  au  quel  on  attribue  la  bonté  du 
miel  de  IVarbonne  et  de  Mahom.  Le  roma- 
rin est  une  des  plantes  qu'on  emploie  avec 
le  plus  de  succès  dans  les  bains  aromatiques. 
Le  romarin,  dédaigné  aujourd'hui ,  entrait 
jadis  dans  la  composition  des  bouquets ,  des 
chapeaux  de  fleurs,  et  s'entrelaçait  dans  les 
couronnes  de  myrte  et  de  laurier.  Les  fleurs 
du  romarin  sont  petites,  d'un  bleu  pâle  et 
d'une  odeur  suave.  Il  s'exhale  de  toutes  les 
parties  du  romarin  une  odeur  d'encens.  Le 
romarin  est  l'emblème  de  ta  franchise. — Les 
sfl(/g-e.?sont  très-communes  sur  tout  le  globe. 
La  sauge  officinale.,  haute  de  quarante  cen- 
timètres, a  des  fleurs  qui  varient  du  bleu 
pur  au  pourpre  foncé.  On  retire  des  feuilles 
tme  huile  essentielle  qui  a  pour  base  le 
camphre.  L'infusion  de  sauge  est  cordiale. 
La  saugeorvale  ou  sciarca,  qui  croît  dans  les 
prairies  et  les  lieux  incultes  ,  possède  des 
vertus  stomachiques  et  antihystériques.  ^Oii 
nomme  vulgairementsai/^e t/et/er(/ia/ew,la 
pulmonaire,  plante  borraginéej. —  Legenri; 
colUnsone  comprend  trois  espèces,  toutes 
propres  à  l'Amérique  septentiionale.  La 
plus  connue  des  trois  f  si  la  colUnsone  du 
Canada,  qui  se  cultive  dans  quelques  jar- 
dins botaniques. — La  sarriette  des  jardins, 
aux  fleurs  petites  et  rougeàtres,  est  cidti- 
vée  dans  toute  la  France,  et  forme  dans 
les  parterres  de  petits  buissons  et  des  bor- 
dures. Sarriette  sauvage.  fOn  nomme  vul- 
gairement sarriette  jaune  le  mclampyre.) — 
L'hyssope  officinal  est  balsamique,  tonique, 
expectorant,  et  sudoriGque. —  La  chataire 
commune  ou  herbe  au  chat  est  connue  par 
l'ardeur  avec  la  quelle  les  chats  la  recher- 
chent. Dès  qu'ils  la  sentent,  ils  accourent, 
se  roulent  dessus  et  la  déchirent.— La /icnV/t; 
est  annuelle  et  se  trouve  dans  les  Indes.  On 
la  cultive  dans  lesjardins  de  Paris. — La  la- 
vande, arbuste  qui  croît  sur  les  coteaux  et 
dans  les  chemins  pierreux,  contient  une 
huile  essentielle  d'une  odeur  trés-agiéable. 


SIGNES  niVEliS.  BOTAiMQUE. 


(i2i 


(Minnuc  sous  le  noQi  ù'Iuiile  d'aspic.  La  la- 
vondcest  céplialiqite  el  vulnéraire.  —  Le  bys- 
tropogue  diffère  peu  des  nienllies  ,  des 
cataires,  et  des  ballotes. —  Le  lamicr  blanc 
passe  pour  astringent.  —  Les  menthes  sont 
toniques,  stomachiques,  et  antispasmodi- 
ques. Menllie  poivrée.  Eau ,  pastilles  de 
menthe.  La  menthe  est  l'emblème  d'un 
amour  exalte.  Une  nymphe  de  ce  nom  fut 
adorée  de  Pluton  ,  et  métamorphosée  en 
cette  plante  par  la  jalouse  Proserpine.  — 
IdC  glècome  hédéracéast  le  type  du  genre  glé- 
come.On  le  nomme  vulgairement  lierre  ter- 
restre, terrette,  rondote  ou  rondctte,  herbe  de 
Saint-Jean.  Tisane  de /^lecome.  On  prescrit  les 
tisanes  de  glccome  dans  les  catarrhes  pulmo- 
naires chroniques.  —  La  bctoine  officinale  est 
Ionique,  céphalique,  sternutatoire,  et  vul- 
néraire.— ha  ballote  fétide ,  appelée  aussi 
marrube  noir,  croît  en  ahondance  dans  les 
lieux  stériles ,  et  passe  pour  antispamodi- 
que ,  résolutive,  et  detersive.  On  emploie 
à  Saint-Domingue  ,  dans  les  bains  chauds, 
la  ballote  odorante ,  dont  l'odeur  appioche 
de  celle  de  la  lavande.  Le  marrube  blanc , 
à  l'odeur  musquée,  est  im  stimulant  fcirt 
actif  et  un  tonique  puissant.  —  Le  léonure 
ou  queue-de-ilon,  plante  qui  croît  principa- 
lement en  Afrique,  a  des  fleurs  d'un  beau 
rouge  de  feu,  naissant  en  verticilles  à  l'ex- 
trémité des  rameaux.  L'agripaumc  est 
une  espèce  de  léonure.  —  JjC  clinopode  (du 
grec  klinê,  lit,  et  pous,  pied)  est  une  plante 
vivace  et  odorante,  connue  aussi  sous  le 
nom  de  faux  basilic. — Le  genre  origan,  [ri^s- 
voisin  des  lliyms,  comprend  une  vingtaine 
d'espèces,  toutes  propres  à  l'ancien  conti- 
nent. Les  plus  connues  sont  l'origan  vul- 
gai>'e,  très-commun  dans  nos  bois,  le  long 
des  haies  et  des  chemins,  la  marjolaine,  et 
le  dictame  de  Crète.  Les  anciens  ont  beaucoup 
vanté  les  propriétés  du  dictame.  Les  biches 
blessées  par  les  traits  des  chasseurs  se  gué- 
rissaient, dit-on,  en  mangeant  des  feuilles 
de  dictame.  Le  dictame  se  trouve  dans  le 
midi  de  la  France  et  de  l'Europe.  Le  meil- 
leur dictame  se  cueillait  autrefois  sur  le 
mont  Lia.  Le  mot  et  la  chose  sont  en 
bonne  odeur  aupi  es  des  poètes  modernes, 
qui  l'emploient  au  figuré  comme  synonyme 
(le  remède,  de  baume,  etc. 


Mal  alTicux  qui  toujours  s'iircroîl,  mal  sans  cspo 
Supplice  de  daniiié,  loituix-  iiisiippoitajile. 
Dont  l'unique  lenù'dc  est  en  ïotre  pouvoir  ; 
T»ont  seul  peut  le  guérir  ce  merveilleux  dirlame 
lîmaiié  (l'nii  ^o^lpil■,   d'un  mot  do  vctre  cœur, 


D'un  rayon  de  vos  yeux,  d'un  parfum  de  votre  âme, 
£t,  comme  une  eau  du  ciel,  versé  sur  madouleur. 
(L.  N.  Fleurs  du  Danube.) 

La  marjolaine  s'emploie  en  médecine 
comme  cephalique,  stomachique,  etc.  La. 
marjolaine  a  pour  emblème,  toujoiks  heu- 
reux. Si  l'on  en  croit  Pline,  un  officier 
de  la  maison  de  Cynire,  roi  de  Chypre, 
chargé  du  soin  des  parfums,  eut  le  mal- 
heur de  casser  des  vases  commis  à  sa 
garde.  II  en  eut  tant  de  chagrin,  qu'il  en 
sécha  de  douleur.  Les  dieux  le  changè- 
rent en  marjolaine.  D'autres  assurent  que 
c'est  A'énus  qui  fit  naître  cette  Heur  sur 
les  bords  du  Simoïs.  La  marjolaine  réta- 
blit, ait-on,  l'odorat  quand  on  l'a  perdu. 
—  Les  thyms  sont  de;  très-petites  plantes 
formant  de  jolies  touffes  loujoms  verti  s, 
aux  racines  vivaces  et  rampantes,  dcn- 
nant  naissance  à  des  tiges  grêles,  divisées 
en  anneaux  nombreux,  couvertes  de  feuil- 
les simples,  lancéolées,  opposées.  Les 
fleurs  sont  réunies  en  groupes  terminaux 
ou  placées  à  l'aisselle  des  feuilles.  Ces 
fleurs  sont  violacées  ou  légèrement  em- 
pourprées. Le  thym  répand  une  odeur  aro- 
matique très-agréable.  Le  thym  est  très- 
commun  sur  les  collines  exposées  au  soleil. 
Les  abeilles  sucent  te  thym.  Des  bordures  de 
thym.  Fleurs  de  thym.  Bouquets  de  thym. 
Les  fleurs  de  thym,  distillées  dans  l'eau  de 
vie,  donnent  une  liqueur  préférable  à  l'eau 
de  lavande.  Eau  de  thym.  Les  cuisiniers  em- 
ploient le  thym  ai  ec  les  autres  herbes  fines, 
pour  relever  la  saveur  des  riundes  et  des 
poissons.  Le  thym  est  très-recherché  des  ani- 
maux herbivores  qui  le  mangent  avec  plai- 
sir. Thym  commun.  Thym  serpolet,  ou 
thym  sauvage,  serpylUaire ,  pillolet.  Les 
lapins  et  les  moutons  qui  se  tiourrissenl  de 
serpolet  ont  ordinairement  meilleur  goût 
que  les  autres.  Les  Grecs  regardaient  le 
thym  comme  le  symbole  de  l'activité.  Les 
dames  autrefois  brodaient  sur  l'écharp»; 
de  leurs  chevaliers  une  abeille  iiourdon- 
nant  autour  d'une  branche  de  thym.  Le 
parfum  du  thym  fortifie,  le  cerveau  et  rend 
aux  vieillards  de  l'énergie  cl  de  la  souplesse. 
On  nomme  //iy»(  blanc  la  germondrée.  Gcr- 
mandrec  petit  chêne  ou  chumivdris.  Ger- 
tiiandrée  aquati(/ue  ou  scordium.  Les  gernian- 
drées  sont  stomachiques,  fébrifuges,  el  ver- 
mifuges. La  gcrmandrée  scordium  exhale 
une  forte  odeur  d'ail.  Les  girmandrées  ha- 
bitent les  lieux  secs  el  incultes  de  l'Europe. 
La   gcrmandrée  petit  chêne  t  st  ainsi  num- 


r.22 


<:i-El'  DE  l-\  LANGUE  ET  DES  SCIBJNCES. 


uiée  sans  doute  à  caiisf?  de  la  l'orme  de 
ses  feuilles,  qui  ont  qui-lqut;  ressemblance 
avec  celles  du  roi  d<sforèls.  Ses  lliHirssont 
d'un  rose  tendre.    Elle  a  pour  emblème, 

PMIS  JB  vous  VOIS,  PLUS  JK  VOUS  AIMÉ. 

A    MADAME    LOUISE  DE  W., 

En  lui  oiTrant  un  bouquet  de  Germandréea. 

Plus  on  vous  voit,  plus  on  vous  aime. 

VousC'ti'S  ua  nnge  du  ciel, 
Un  trésor  de  vtrlus,  un  rajon  de  Dieu  même, 

Tout  brillant  d\in  charme  suprême  , 
l'U  des  plus  tristes  jours  faisant  des  jours  de  miel; 
llelle,  belle  surtout  d^une  beauté  divine, 
Qui  fait  que  devant  vous,  douce  et  charmante  fleur. 

Tout  front  se  découvre  et  s'incline  , 

Etqij'il  n'est  pas  un  noble  cœur 
Qui  ne  fasse  pour  vous  mille  vœux  de  bonheur; 

(]ar  je  dis  la  vérité  même  : 

Plus  on  TOUS  voit,  plus  on  vous  aime. 

(L.  N.  Fleurs  dit  Danube.  ) 

—  hf S  thymbras  ont  une  odeur  appro- 
ebani.  de  celle  du  tliynietles  mêmes  pro- 
priétés médicales. — Les  mélisses  su  rappro- 
client  beaucoup  destbyms  et  des  origans. 
Mélisse  officinale.  Mélisse  cnlament.  La 
mélisse  officinale,  à  tige  droite,  rameuse, 
baute  de  cinq  à  six  pieds;  aux  feuilles  ova 
les,  cordiformes,  déniées;  aux  fleurs  blan- 
ches, verticillées,  répand  une  odeur  ana- 
logue à  celle  du  citron;  ce  qui  lui  a  fait 
donner  les  noms  de  citronnelle  et  herbe  au 
citron.  Eau  de  mélisse  ou  des  carmes.  La 
mélisse  cnlament  a  des  fleurs  purpurines  ou 
blancbâtres,  tacbetées  de  violet. —  Les  dra- 
cocéphalcs  ont  beaucoup  de  rapport  avec 
les  mélisses.  Ces  plantes  sont  ainsi  nom- 
mées (en  grec  drahûn,  dragon,  képhalâ, 
tête)  à  cause  de  l'irrégularité  de  leur  co- 
rolle, dont  l'orifice  enflé  offre  une  certaine 
ressemblance  avec  la  tète  du  saurien  ap- 
pelé dragon.  Les  dracocéphalcs  moldavi- 
ques  ou  mélisses  de  Moldavie  sont  très-ré- 
putées en  médecine.  L'infusion  lliéif'ormc 
de  leurs  feuilles  est  recommandée  dans 
les  maladies  de  langueur  et  les  affections 
spasmodiques.  Prunelle  commune.  Prunelle 
à  grandes  fleurs, 

/|8.— tAURINÉES,  LAURIERS  {Laurinœ, 
lauri).  Plantes  ligneuses,  arbres  ou  ar- 
brisseaux, aux  feuilles  entières ,  ovales, 
persistantes,  etc.  Le  fruit  est  une  drupe 
a  noyau    nionoloculaire    et   monosperme. 

Genres:  /uiirier  (  laurus),  hernandier  (hernandia) ,  l'i- 
roliier   fvirollal,   mu'ScadUr    fnijristica) .  La    Cannelle 

du  commerce  est  fournie  par  une  espè- 
ce   de    laurier    qu'on    noiume    cannelicr 

{Inurus  cinnamomum).  l^o  rinnàmome,  cet  aromate 
dont  parle  TÉci  ihiri-,  fsl  en  cIVet  présumé  le  même  que 


la  ciiinc/fa.  Une  aulrc  espèce,  le  camphrier 
(laurus  camphora) ,  donne  la  substance 
connue  sous  le  nom  de  camphre.  Une 
quatrième,  le  sassafras,  est  employée  en 
médecine  comme  sudorifique.  Le  liuit  de 
['aiocalier  (laurus  persica),  de  la  grosseiu- 
d'une  poire  et  d'un  violet  pourpre,  a  une 
cbair  épaisse  et  succulente,  d'un  goût 
approchant  de  celui  de  la  noisette  et  de 
l'artichaut.  Le  bois  du  laurier  est  dur  et 
élaslique.  Laurier  franc  ou  laurier  commun. 
Chez  les  anciens,  le  laurier  était  consacré  a 
Apollon.  On  donnait  des  couronnes  de  lau- 
rier aux  vainqueurs  ,  aux  poètes.  Les  mus- 
cadiers sont  pour  la  plupart  de  tiès-grands 
arbres,  à  cime  étalée  et  touffue,  propres 
aux  légions  intertropicales.  Muscadier  aro- 
matique. Muscadier  à  suif.  La  muscade  est 
le  fruit  du  muscadier  aromatique.  L'usage 
de  la  muscade  fut  quelque  temps  inter- 
rompu en  France,  et  voici  à  quelle  occa- 
sion. Les  ragoûts  servis  à  Louis  XIV,  la 
veille  du  jour  où  il  fut  attaqué  de  la  petite 
vérole,  étaient  assaisonnés  de  muscade. 
L'odeur  de  la  muscade,  qui  lui  revint  en 
vomissant,  lui  déplut  fort.  Il  prit  le  plus 
grand  dégoût  pour  cette  épice,  qui  fut 
reléguée  dans  les  tables  obscures.  Les 
gens  comme  il  faut  ne  purent  plus  sentir 
la  muscade,  en  entendre  parler  même, 
sans  être  provoqués  au  vomissement. 
Trente  ans  après,  l'estomac  du  roi  s'étant 
réconcilié  avec  la  muscade,  elle  devint 
plus  à  la  mode  que  jamais.  O  vils  courti- 
sans, gens  sans  humeur  et  sans  honneur! 
Et  le  Journal  des  Débats  qui  se  plaint 
qu'il  n'y  ait  plus  en  France  de  courtisans! 
Ne  voudrait-il  pas  nous  ramener  au  temps 
o\i  le  gouverneur  d'un  jeune  roi,  mon- 
trant à  son  élève,  du  haut  d'un  balcon,  la 
foule  immense  qui  se  pressait  pour  voir  sa 
personne  royale,  lui  donnait  cette  utile 
leçon  :  «  Sire,  tout  ce  peuple  est  à  vous  ;  il 
n'a  rien  qui  ne  vous  appartienne  ;  vous  êlei. 
le  maître  absolu  de  tout  ce  que  vous  voyez.  » 
Rendons  justice  à  Louis  XIV.  Qu'après 
avoir  été  élevé  de  cette  manière,  il  n'ait 
pas  été  un  tyran^  voilà  ce  qu'on  ne  saurait 
assez  admirer. 

Le  genre  muscadier  constitue  mainte- 
nant la  famille  des  mybistickes  de  Richard. 

On  nomme  vulgairement  laurier  alexandrin,  le  fragon; 
laurier  l'i  languette,  le  fragon  hypoglosse;  laurier  amandier, 
laurier  au  lait  .laurier  deTrèhisonde,  \e  laurier  ceri.<e  ;  (au 
rier  de  Mississipi ,  le  cerisier  de  la  Caroline  ;  laurier  épineux, 
le  houx;  laurier  cpurge,  la  lauréate  ;  laurier  grec,  Vazéda- 
rach;  laurier  nain  ,  le  l'ucrinium;  laurier  de  Portugal,   le 


SIGNES    DIVERS.    BOTANIQUE. 


(;2.- 


prunier  de  ce  pays;  laurier  rose  des  Alpes  ,  le  rosaga 
■tes  Alpes;  laurier  rouge,  un  francliipauier  ;  laurier 
Saint -Antoine,  Vrpitobe  ;  laurier  sauvage  ,  le  riy  rire  à  cye; 
laurier  tulipier,  les  moguolias. 

Le  laurier  rose,  qu'on  nomme  encore  nerion  ou  nérium, 
tourelle  ,  et  laurose,  appartient  à  la  famille  des  apocy- 
ni-es.  On  donne  le  nom  de  laurier  tin  à  une  espèce  de 
viorne. 

152.  — XÉGUMINETTSES  (  leguiDinex)  , 
Plan te«  herbacées  ou  ligneuses  à  tiffcsCniles- 
centes  ou  arborescentes,  quelquefois  sar- 
menteuses, — ou  herbacées,  grimpanlet  ou 
ranjp;intes;  à  l'euilles  alternes, composées, 
articulées,  stipulées  ;  à  flenrs  pédoncu- 
lées,  solitaires  et  axillaires.  Le  Irait  est 
ordinairement  une  gousse  ou   légume.  — 

Genres.  I,  Corolle  régulière,  quelquefois  nulle;  élami- 
nes  distinctes:  araria  ou  acacie,  niiniosapa  tnimeuse,  schran- 
kie  ou  schranke  (sclirankia),  févier  (gledilsia) .  ^j'mnoc/ai/e 
(gymnocladus),  cart^u/'i'er  (ceratonia),  tamarinier  (tamarin- 
dus) ,  parkinsone  (  parkJnsonia  ),  {  schotia),  casse  (cassia), 
(spandoncea),  (hoîl'manseggia),  morin^a  ou  ben,  campêche 
ftiœniatoxylum).(adenantbera), pumri(/arfe  on  fleur  de  paon, 
fleur  deparadis  (potnciana),  (cœsalpinai,  guillandina,  cour- 
baril  ou  hymenœa,  bauhinie  (bauliiuiaj.TI  Corolle papillo- 
nacée  ;  étamines  distinctes;  légume  bivalTe  à  une  loge. 
Gainier  ou  arbn'de  Judée  (cercis),  anagire  luriaf:yr\s,],sopho- 
re  (soplioraj./jorfaljre  (podalyria),  virgilie  (virgilia  ],  chori- 
zème  icborizema)  ,  piiKtnce  (pultenœai,  wnu'jiar/e  (»imiiia- 
ria),  sphérolobe  (spliaîrolobium  ),  ox^lobe  ;'o\ilobiumj,  eu- 
taxie)  euUxiùj.Callislachii.  III. Corolle papillonacée  :  dix 
Staminés  monadelphes  ou  diadelphes;  légume  liivalTe  à 
nue  loge.  Ajonc  (ulex),  platylobe  (platylobiuni),  borbonie 
borboriiaj,  genêt  (genistaj,  spartium,  cytise  (cjtisusj,  rrola- 
laire  (  orotalaria;,  goodia.  rafnie,  lupin  (lupinUs),  bugrant 
(ononis),  arachide  [  aracbis),  ébénier  (ebenus),  anthyllis, 
daléa,  psoralier  (psoralea),  mélilot  (mclilotus;,  trèfle  { tri- 
folium),  /uzerne  (medicago),  trigonellc  (  trigonella;,  lotier 
ou  lotus,  dolic  (dolicbos),  ftaricol  (phasoolus  ),  érylhrine 
(erytbrina),  chlore  (cljtoria  ),  ^(^ycme  (glycine),  abrus  , 
amorphe  ou  amorpha,  (piscidiai,  robinier  (robinia),  bague- 
naudier  (colutea),  lesserlia,  phaca ,  oxylropis ,  uslrugule 
(aslragalusj,  (biserula),  rey/isse  iglyryrrhiza  ou -rrliizon), 
galéga,  indigotier  (indigofera  ),  gesse  (lalhyros  ou  lalby- 
ron),  pois  (pisum),  orobe  (orobus),  vesce  (vicia),  fève  (  fa- 
ba),  ers  (  ervura  ),  puis  chiche  (cicer).  IV.  Légume  arti- 
culé: articulations  monospermes.  Srorpiurc  (scorpiorusl, 
ornilhope  (ornilbopus),  hippocrepe  (bippocrepis),  coronille 
(coronilla),  sainfoin  (hedysarum),  fUmingie  (llemingiaj. 
agati  (  œschinomciie).  V.  Corolle  papillonacée;  lé- 
gume capsulaii'e  ,  à  une  loge,  ordinairement  monos- 
perme, ne  s'ouvrant  pas:  Balberge,  (dalbergia)  ,  (geot- 
{rœa),^térocarpe  (pterocarpus),  sécuridaca. 

Cette  famille,  la  plus  nombieuse  du  régne  végétal,  ren- 
ferme au  moins  trois  mille  espèces,  que  les  botanistes 
ont  divisées  en  onze  sections,  pour  en  faciliter  l'étude. 

I.  So  iionÉEs:  sopbûra,  tnrgil^a ,  m^rospermum,  etc.  II. 
LoTtEs:  ulex,  genista  ,  lotus,  Irifolium,  etc.  III.  Ut- 
DYSJRÉBs:  coronilla,  hedysarum,  elc.  W.  \u.iiss:  vicia, 
faha,  eruum,  etc.  V.  PiusKuLées  :  physeolus,  abrus,  a/iios, 
etc.  Vî.  DvLBtBGitus:  pterocarpus,  brya.  etc.  VII.SwiKx- 
«lÉES  :  swanliia,  baphia.  VIII.  Mimoséks  :  mimosa,  acacia, 
IX.  Gbofphéks  :  geoffrœa,  arachis  ,  etc.  X.  Cassilks. 
cassia,  cercis,  etc.  XI.  DtTiRiÉts  :  detarium,  cordilla,  etc. 

h'acacia  caléchu  (prononcez  Ah),  produit 
le  cachou,  substance  brune  ,  concrète  et 
astringente,  dont  on  l'ait  de  petits  grains 
et  des  pastilles  agréables  au  goût.  Cachou 
ambré.  Cachou  à  la  rose.  La  rommc  arabi- 


que et  la  gomme  du  Sénéf^al  sont  aussi  le 
produit  de  deux  espèces  d'acacias.  On 
nomme  improprement  acacias  quelques 
espèces  de  robiniers  cultivés,  tels  que  le 
robinier  à  fleurs  roses  et  le  robinier  vis- 
queux, h'inga,  le  prosopis,  sont  des  espè- 
ces d'acacias,  dont  on  a  l'ait  deux  genres 
diflerents.  Le  genre  mimeuse  ou  mimosa, 
type  de  la  tribu  des  mimosées,  renferme 
des  herbes  et  des  arbrisseaux  propres  à 
la  zone  torride,  et  remarquables  par  les 
mouvements  singuliers  qu'ils  opèrent  et 
qui  leur  ont  fait  accorder  un  sentiment 
d'animalité.  L'espèce  la  plus  connue  est  le 
mimosa  pudica  ou  mimeuse  pudique,  vul- 
gairement appelée  scnsilive,  à  la  tige  her- 
bacée, annuelle,  hérissée  d'aiguillons,  aux 
Heurs  d'un  violet  clair,  cultivées  chez 
nous  en  serre  chaude.  Une  égratignure, 
la  chaleur,  le  froid,  les  agents  chimiques 
ont  sur  elle  une  action  évidente  et  remar- 
quable par  les  phénomènes  d'irritabilité 
qu'elle  présente. — Las  schranhies  sont  des 
espèces  de  mimeuses  qui  diffèrent  des  au- 
tres en  ce  que  leur  gousse  a  quatre  valves. 
—  Le  gymnoclade  ou  chicot  du  Canada  est  un 
arbre  haut  de  dix  à  vingt  mètres,  dont  les 
gousses  lisses,  larges,  oblongues,  épaisses, 
d'un  rouge  brun,  renferment  des  graines 
globuleuses,  dures  et  grises,  qui  peuvent 
remplacer  le  café. —  he  tamarinier  est  un 
arbre  élevé,  qui  croît  naturellement  dans 
les  pays  chauds,  et  dont  les  gousses  gros- 
ses comme  le  pouce  et  longues  comme  le 
doigt  renlerment  nne  pulpe  purgative  et 
astringente.  L'arbre  et  le  fruit  s'appèlent 
aussi  tamarin. — Parkinsone  épineux.  Le  par- 
kinsone épineux  est  un  bel  arbrisseau,  dont 
on  se  sert  fréquemment  aux  Antilles  pour 
former  des  haies,  des  clôtures,  non  seule- 
ment très-solides ,  mais  inappréciables 
surtout  par  le  charmant  aspect  qu'elles 
présentent,  étant  couvertes  de  fleurs  en 
tout  temps.  Les  fleurs  des  parkinsones  ont 
itneodeur  suave. — hes casses  ou  cassicrs  sont 
des  plantes  qui  resserrent  leurs  feuilles  le 
soir  et  les  étalent  chaque  matin.  Les  deux 
espèces  d'usage  en  médecine  sont  la  casse 
purgative  ou  canéficier,  et  la  casse  d'Italie, 
qui  toutes  deux  purgent  bien.  La  première 
porte  vulgairement  le  nom  de  casse  en  bâ- 
ton, à  cause  de  ses  gousses  noirâtres,  cy- 
lindriques, longues  d'im  mètre,  et  quelque- 
fois plus.  La  pulpe  qui  entoure  les  graines 
est  la  seule  partie  employée  en  médecine. 

(On   iioninie  vulgairement  casse,  le  chêne  rourre:  casse 


02  J 


CLEF  nE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


girolle 


'""W""- 


IIS,  une  cspèco  ilc  ctiiiiwlier ;  et  cas3c 
espèce  de  caitnelter.  ] 


Le  séné,  arbrisseau  qui  croît  dans  le  Le- 
vant, est  une  espèce  de  casse,  dont  les 
feuilles,  que  l'on  nomme  aussi  séné,  sont 
employées  comme  pur{j;alives.  Un  firo.i  île 
scnc.  Infusion  tte  séné.  Se  purf;cr  avec  du 
scné.  Follicules  de  .sérié,  L'enveloppe  de  la 
semence  du  séné.  Les  follicules  du  sctté  ne 
purij;eiit  pas  aussi  puissamment  que  tes  feu- 
illes. Prov.  et  fig.,  Passez-moi  larhubarbc, 
je  vous  passerai  le  séné,  se  dit  en  parlant 
de  deux  personnes  qui  se  font  mutuelle- 
ment des  concessions,  qui  ont  l'une  pour 
l'autre  des  complaisances  intéressées.  Cela 
se  dit  ordinairement  en  mauvaise  part  ou 
pour  plaisanter.  Le  séjié  d'Amérique  est  la 
casse  de  Maryland.  Le  séné  bâtard  ou  éwé- 
rus  est  la  coronille  des  jardins  ;  le  séné 
d'Europe  ou  faux  séné,  \v.baguenaudier.  Ces 
plantes  sont  ainsi  nommées  parce  qu'elles 
ont  des  vertus  analogues  à  celles  du  séné 
d'Orient. Toyez  plus  ha&  coronille  e:t  bague- 
naudier.he  nom  de  séné  se  donne  encore  vul- 
gairement à  quelques  autres  plantes  chez 
qui  les  feuilles  ont  une  saveuràcreet  dont 
les  semences  sont  purgatives.  Le  séné  des 
présebt  la  gratiole commune;  le  séné  des  pro- 
vençaux est  \a  globulaire  turbitli. —  Le  mo- 
rfn^a  est  un  arbre  de  moyenne  grandeur, 
dont  les  graines,  de  la  grosseur  d'une  noi- 
sette, vulgairement  appelées  noix  de  bon, 
fournissent  une  huile  sans  odeur,  qui  a  la 
singulière  propriété  de  ne  pas  rancir  en  vie- 
illissant. Son  bois  passe  pour   diurétique. 

—  On  connaît  quatre  espèces  de  poincilla- 
des,  toutes  propres  aux  régions  les  plus 
chaudes  de  l'Inde  et  du  continent  améri- 
cain. La  poincillade  élégante  est  un  char- 
mant arbrisseau,  dont  le  bois  jaune,  re- 
vêtu d'une  écorce  grisâtre,  jouit  d'une 
bonne  réputation  pour  la  teinture.  La 
poincillade  se  nomme  vulgairement /Zef/r 
de  paon,  fleur  de  paradis,  œillet  d'Espagne. 

—  La  guilandinc  est  une  plante  qui  a  été 
consacrée  par  Linné  à  la  mémoire  de 
Melchior  Guilandino,  professeur  de  bota- 
nique àPadoue.  Le  courbaril  ou  liyménée 
de  Cayenne  est  un  ai  bre  résineux  fort  utile, 
c  C'est  de  son  tronc  et  de  ses  branches 
que  découle  la  résine  animée  occidentale, 
substance  concrète,  friable,  inflammable, 
soluble  dans  l'alcool,  d'un  blanc  jaunâtre, 
d'une  odeur  aromatique  douce,  d'une 
saveur  âcie;  elle  est  employée  dans  quel- 


ques préparations  pharmaceutiques,  com 
me  lecopal  et  le  tacamahaca.  Les  gousses 
du   courbaril  renferment  une  pulpe    fari- 
neuse d'une  odeur  aromatique  et  de  la  sa- 
veur du  pain  d'épice.  Son  bois,  d'un  beau 
rouge  et  susceptible  d'un  poli  parfait,  est 
Irès-recherché    des    ébénistes.   »  (Ch.  St- 
Laurent.)  h'hyménœa   est  ainsi     nommé, 
parce  que,  dans  cette  plante,  les  feuilles 
sont  composées  de  deux  folioles,  et  peuvent 
rtre  regardées  ainsi  comme  une  image  de 
l'union  conjugale.  — La  bauhinie cotonneuse 
est  regardée  comme  un  excellent  vermi- 
fuge, et  ses  racines  pilées  sont  appliquées 
avec  succès  sur  les  tumeuis  scrofuleuses. 
—  L'rtnag^yre  est  aussi  nommé  bois  puant,  i\ 
cause   de   l'odeur  fétide    qu'exhalent   son 
écorce  et  ses  feuilles  quand  on  les  presse. 
C'est  un  arbrisseau  d'un  mètre  et  demi, 
qui  vient  dans  les  lieux  montueux  de  nos 
départements  méridionaux  et  de  l'Espa- 
gne. Les  feuilles  de  l'anagyre  sont  émèliques 
et   purgatives.    A    petites  doses  et   grillées 
comme  le  café,  les  graines  de  l'anagyre  sont 
bonnes    contre  tes  vapeurs.  —  Les    sophores 
sont  des  arbres   hauts  de   douze   à   vingt 
mètres,   d'un  beau  port,   les  quels  ont  été 
exportés  de  la  Chine  en  1747.  Le  fruit  des 
sophores  est  une  gousse  cliarnue  et  pendante, 
renfermant  des  semences  noires  et  luisantes 
semblables  au  haricot.    Le   bois  du  sopliore 
du  Japon,  dur,  jaune,  uni,  compacte,  est 
piopre    à    l'ébénisterie.    Ses   feuilles  sont 
purgatives,    et  ses  racines,  douces   et,  su- 
crées, s'emploient  comme  adoucissantes. 
Les    podalyrias  diffèrent   très-peu  des  so- 
phores. 11  en  est  de  même  des  virgilias  ou 
virgiles. —  Les  clioryzèmcs  sont  tous  origi- 
naires delà  Nouvelle- Hollande,  ainsi  que 
les'putténces  et  les  viminaries  ou  daviésies. — 
Le  spliérolobe  est  cultivé  dans  les  orangeries. 
L'oxylobe  est  un  arbrisseau  à  fleurs  rouges 
réunies  deux  ou  trois  ensemble  à  l'extré- 
mité des  rameaux.   Le  calUstachis,  arbris- 
seau de  la  Nouvelle-Hollande,  a  des  fleurs 
jaunes   disposées    en  grappes    serrées  au 
sommet  de  la  tige. — L'ajonc  est  un  arbuste 
épineux,   très-rameux,  à  feuilles  simples, 
roides,  hérissées  d'épines,  à  fleurs  jaunes. 
Le  jonc  marin,    ou  genCt  épineux,  ou  sain- 
foin d'hiver,   est  une  espèce  d'ajonc.  Faire 
des  fagots  d'ajonc  pour  cliauffer  te  four.  Les 
jeunes  pousses  de  l'ajonc  servent  à  nourrir 
les  bestiaux. — Les /)/a(y/o665,originaires  de 
la  Nouvelle-Hollande,  sont  cultivés  dans 
nos  jardins.  — Le  genct  est  nu  arbiisseau 


SIGNES    DIVERS 

aux  feuilles  alternes  et  aux  (leurs  papi- 
Uonacées.  Genct  d'Espagne.  Les  fleurs, 
jaunes,  du  genêt  d'Espagne  passent  pour 
diurcliques.  Dans  les  Ccvcnties,  on  cultive 
le  genct  d'Espagne  pour  en  retirer  une  fi- 
lasse dont  on  fait  des  toiles.  Genêt  des 
teinturiers.  Le  genêt  des  teinturiers  ou 
gcnestrole  ,  haut  d'environ  un  mètre, 
lournit  une  couleur  jaune  très -solide. 
Genêt  cjmmun,  ou  genêt  à  balais.  Ba- 
lai de  genêt.  Genêt  à  fleurs  blanches. 
Genêt  monosperme.  Genêt  efjllé.  Les  spar- 
tions  diffèrent  peu  des  genêts.  —  Le 
genre  cytise  est  composé  d'arbres  et 
d'arbrisseaux  aux  fleurs  jaunes  ou  pour- 
pres et  disposées  en  grappes  ou  en  épis. 
La  plus  belle  espèce  est  le  cytise  au- 
bours  (cytise  des  anciens),  arbre  de 
cinq  mètres,  qui  se  cultive  comme  plante 
d'ornement.  Les  semences  du  cytise  aubours 
sont  vomitives  et  purgatives.  Son  bois  élas- 
tique, très-dur,  veiné  de  noir  et  de  blanc, 
est  susceptible  d'un  beau  poli.  Lis  anciens 
en  faisaient  des  arcs.  On  le  nomme  aussi 
faux  èbcnier.  Cytise  blanc.  Cytise  iomen- 
teuoc.  Cytise  pourpre.  Cytise  des  Alpes,  ou 
faux  èbcnier.  Un  bouquet  de  cytises. — Les 
crotalaircs  sont  des  plantes  annuelles  ou 
vivaces,  herbacées  ou  ligneuses.  La  crota- 
taire  pourpre,  arbrisseau  de  quatre  métrés 
de  hauteur,  originaire  du  Cap,  a  été  ap- 
portée en  France  en  1792.  Le  goodia,  ar- 
brisseau de  la  Nouvelle-Hollande,  est  cul- 
tivé dans  les  jardins.  Les  rafnies  diffé- 
rent peu  àc&crotalaires  tt  des  goodias. — Le 
genre  lupin  renferme  vingt-quatre  espè- 
ces, aux  tiges  droites,  aux  feuilles  alternes 
disposées  en  éventail,  aux  fleurs  grandes, 
blanches,  bleues,  roses,  ou  jaunes,  dis- 
posées en  épis  terminaux  autour  d'un  axe 
commun.  Les  graines  du  lupin  6/rtnc  four- 
nissent «ne  des  quatre  farines  résolutives. 
Farine  de  lupin.  Frais,  le  lupin  offre  aux 
anitnaux  un  excellent  pâturage.  Le  lupin 
était  autrefois  l'aliment  favori  des  philoso- 
phes grecs.- — Le  genre  bugranc  comprend 
un  grand  nombre  d'espèces,  dont  la  plus 
connue  est  la  bugranc  des  champs,  vulgai- 
rement api^v.léo  arrête  bœuf,  à  cause  de  ses 
racines  traçantes  qui  font  souvent  obsta- 
cle à  la  charrue.  L'arrêtc-bœuf  est  quel- 
quefois épineux.  Sa  lacine  est  comptée  par 
les  médecins  au  nombre  des  cinq  racines 
apéritives  mineures,  mais  on  ne  s'en  sert 
guère  qu'en  hippiatrique.  D'autres  espè- 
ces, telles  que  la  bugranc  élevée,  la  bugra- 


U. 


.    BOTAKIQDE.  625 

ne  queue-de-renard,  etc.,  servent  à  l'orne- 
ment des  jardins. —  L'arachide,  originaire 
des  tropiques,  a  toute  l'utilité  de  l'olive 
et  de  la  pomme  de  terre.  Les  graines  de 
l'arachide  fournissent  une  huile  limpide, 
claire,  inodore,  moins  grasse  que  l'huile  d'o- 
live, et  qui  rancit  difficilement.  A  mesura 
que  les  gousses  succèdent  aux  fleurs,  dans 
l'arachide,  elles  entrent  dans  la  terre  pour 
achever  leur  maturité,  ce  qui  leur  a  fait 
donner  le  nom  de  Pistache  de  terre.  L'ara- 
chide prospère  en  France,  en  Italie,  et  en 
Es()agne.  —  h'cbénier  d'Orient  est  Vacacia 
du  Malabar.  On  donne  le  nom  A'ébénier  h 
plusieurs  arbres  qui  pi'oduisent  de  Vèbcne. 
— Les  anlhyllis  ont  des  fleurs  ramassées  en 
paq\iets  terminaux  ou  axillaiies.  Les  da- 
tcas  diffèrent  des  psoralèas,  avec  les  quels 
on  les  avait  confondus,  par  la  structure 
de  leurs  corolles.  Les  fleurs  des  dalêas  sont 
blanches,  bleues,  on  rouges.  —  Le  mélilot, 
très-recherché  des  bestiaux,  a  beaucoup  de 
rapports  avec  la  luzerne  et  le  trèfle.  Mé- 
lilot blanc.  Mélilot  commun  ou  officinal.  Les 
feuilles  du  mélilot  sont  résolutives  et  émol- 
tientes.  Mélilot  bleu.  Mélilot  houblonné  on 
petit  trèfle  jaune.  Les  Anglais  le  nomment 
timothy.  Les  mélitots  viennent  sans  culture 
dans  les  blés,  les  avoines,  etc. —  On  compte 
plus  de  cent  vingt  espèces  de  trèfles,  en- 
tre autres:  le  trèfle  rampant,  qui  sert  à 
former  des  gazons  toujours  verts  et  qui  a 
les  fleurs  blanches  ;  le  trèfle  rouge,  admis 
dans  les  jardins,  à  cause  de  la  belle  cou- 
leur rouge  de  ses  corolles,  disposées  en 
épis  gros  et  allongés;  le  trèfle  fraisier, 
dont  la  fleur  est  d'un  rouge  pâle,  et  dont 
le  calice  renflé  présente  l'aspect  d'une 
fraise;  le  trèfle  blanc,  très-commun  dans 
les  prairies  ;  le  trèfle  des  près,  qui  est  le 
plus  généralement  cultivé  ;  le  trèfle  incar- 
nat ou  Farouch ,  aux  fleurs  terminales, 
rouges,  et  allongées.  Cette  dernière  es- 
pèce est  très-précoce  et  annuelle.  C'est 
une  bonne  herbe  pour  les  chevaux  que  le 
trèfle  (AcAD.).  La  graine  de  trèfle,  noire  et 
luisante,  fournit  une  belle  couleur  jaune, 
employée  dans  les  manufactures  à  divers 
usages.  La  luzerne  ressemhlc  beaucoup  au 
trèfle.  Semer,  couper  de  la  luzerne.  Un 
champ  de  luzerne.  C'est  avec  les  racines  de 
la  luzerne  qu'où  fait  des  brosses  à  dents,  co- 
lorées avec  de  l'orcunette,  et  parfumées  à 
l'ambre  ou  à  la  vanille.  On  compte  une 
vingtaine  d'espèces  de  trigoncllcs.  Le  fmu- 
grcc  est  une  plante  du  genre  trigonelle  , 

79 


(;2«î 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


dont  les  graines  sont  émoUientes  et  laxa- 
livcs.  En  Egypte,  on  mange  en  salade  les 
jj:tines  tiges  du  feniigrcc ,  et  la  graine  se 
met  en  purée.  Celle  plante  porte  les  noms 
vulgaires  de  sincgrcj  scncgrain,  graine 
joyeuse. — Lolicr  comestible.  Loticr  corniculé. 
—  Les  dolics  ressemblent  aux  haricots.  Le 
dolic  d'Egypte  produit  des  giaines  plus 
agréal)les  que  nos  haricots,  et  très-nour- 
rissantes. Dolic  de  la  Chine.  Ses  semences 
sont  hlanclies  et  bonnes  à  manger.  Dolie 
bulbeux.  Sa  racine  a  la  saveur  des  navets. 
Dolic  ligneux.  C'est  un  arbrisseau  de  l'Inde 
dont  on  mange  les  gousses  encore  vertes. 
Dolic-cattang.  Le  dolic-cattang  est  l'aliment 
le  plus  en  usage  aux  Indes  orientales  après  le 
riz. —  Les  haricots  sont  des  plantes  herba- 
cées, annuelles,  volubiles,  grimpantes, 
dépourvues  de  viilles,  aux  feuilles  alter- 
nes, ternées,  aux  fleurs  disposées  en  grap- 
pes. Le  fruit  du  haricot  est  une  gousse 
oblongiie,  bivalve,  renfermant  un  grand 
nombre  de  graines  réni formes  et  farineuses. 
Il  y  a  plusieurs  espèces  de  haricots.  Semer 
des  haricots.  Quand  tes  haricots  sont  en 
fleur.  Haricot  commun.  Haricots  grimpants. 
Haricots  nains.  Haricots  multifîores.  Le  ha- 
ricot multiflorc,  originaire  de  l'Amérique 
méridionale,  est  cultivé  comme  plante  d'a- 
grément. Haricots  verts.  Gousses  de  hari- 
cots encore  vertes  et  assez  tendres  pour 
pouvoir  être  mangées.  Assaisonner  des 
haricots  verts.  —  Les  graines  de  Vérythrin 
corail  {bois  immortel),  rou^-es,  luisantes, 
et  marquées  d'une  tache  noire,  servent  à 
faire  des  colliers,   des  chapelets,  des  bra 


recherché  pour  l'élégance  de  son  feuillage 
et  le  pnrl'uin  de  ses  fleurs  blanches  ou  ro- 
ses, disposées  en  grappes.  —  Le  bagucnau- 
dier  ordinaire,  arbrisseau  très-oommn 
dans  nos  bosquets,  a  les  feuilles  composées 
de  neuf  à  onze  folioles,  ovales,  un  peu 
échancrées  au  sommet.  Les  fleurs  sont 
jaunes.  Le  fruit,  qu'on  nomme  baguenau- 
de, est  \ine  gousse  vésiculeuse,  qui  éclate 
avec  bruit  lorsqu'on  la  presse  eTitre  les 
doigts.  Baguenauder,  c'est  s'amuser,  com- 
me les  enfants,  à  faire  claquer  des  bague- 
naudes en  les  crevant,  et  par  extension, 
s'amuser  à  des  choses  vaines  et  frivoles. 
//  ne  fait  que  baguenauder.  On  nomme  ba- 
gucnaudier,  celui  qui  baguenaude.  C'est 
un  vrai  baguenaudicr.  —  Les  lessertics  sont 
des  plantes  herbacées  du  cap  de  Bonne- 
Espérance,  aux  feuilles  pennées,  avec  im- 
paire ;  aux  fleurs  purpurines  et  disposées 
en  grappes  penchées.  Les  phacas  et  les 
oxytropis  diffèrent  peu  des  baguenaudiers 
et  des  astragales.  Le  genre  astragale  ren- 
ferme plus  de  cent  cinquante  espèces, 
dont  quelques  unes  sont  utiles  par  les  sucs 
gommeux  qui  en  découlent.  —  La  racine 
de  réglisse  est  d'un  grand  usage  en  méde- 
cine dans  les  tisanes  pectorales.  Mettre  de 
la  racine  de  réglisse  ou  simplement  de  la 
réglisse  dans  une  tisane.  Réglisse  en  bâton. 
La  réglisse  est  adoucissante.  Jus  de  réglisse. 
Le  suc  de  cette  racine,  préparé,  soit  en 
blanc,  soit  en  noir.  Du  jus  de  régllse  anisé. 
Un  bâton  de  jus  de  réglisse,  (Réglisse,  en 
lalin  glycyrrhiza,  vient  du  grec  gluhus, 
doux,  et  rhiza,  racine). — Legalégaojjfîcinal, 


celets. — Luclitore  de  Tcrnate,  originaire  de  1  connu  aussi  sous  les  noms  de  faux  indigo, 
l'Inde,  est  cultivée  comme  plante  d'agré-  lavanèse,  et  rue  de  chèvre,  est  une  plante 
ment.  La  glycine  frutescente  est  une  plante  aromatique,  sudorifîque,  et  alexitère.  Elle 
originaire  de  la  Caroline,  dont  on  fait  des  - 

treillages  et  des  berceaux.  Glycine  tubé- 
reuse. Glycine  tomentcuse.  Glycine  de  la 
Chine.  Glycine  à  deux  taches, — Les  graines 
rouges  ,  tachetées  de  noir,  de  Vabruze, 
servent  à  la  toilette  des  Américaines.  Ses 
racines  servent  en  Amérique  aux  mêmes 
usages  que  chez  nous  la  réglisse. — h'amor- 
phe  ou  amorpha  est  un  arbrisseau  de  la  Ca- 
roline, dont  la  racine  pelée  passe  pour 
guérir  les  maux  de  dents.  L'amor/j/m />«- 
tiqueux,  appelé  aussi  indigo  bâtard,  se  cul- 
tive dans  nos  jardins.  Ses  fleurs,  en  long 
épi  pourpre  et  violet,  sont  d'un  aspect 
agréable.  —  L'espèce  de  robinier  connue 
sous  le  nom  de  faux  acacia  est  un  bel  ar- 
bre de  quatorze  à  vingt  mètres  de  haut, 


croît  en  France  et  en  Italie  ;  on  en  mange 
les  feuilles  cuites  ou  en  salade.  Les  indi- 
gotiers croissent  la  plupart  dans  la  zone 
équaloriale.  La  matière  colorante  qu'on 
nomme  indigo  se  tire  des  feuilles  et  des 
tiges  de  certains  indigotiers.  Indigotier  franc 
ou  anis.  Indigotier  des  Indes,  Indigo  est 
souvent  synonyme  d'indigotier.  Culture 
de  l'indigo.  —  Nous  possédons  en  France 
quatre  espèces  de  pois  :  le  pois  commun, 
le  pois  cultivé,  le  pois  gris ,  le  pois  mari- 
time, et  le  pois  à  bouquets.  Ramer  des 
pois.  Pois  rames.  Pois  sans  cosse  ou  pois 
goulus.  Pois  dont  la  cosse  est  tendre  et 
se  mange. 

On  nomme  poU  de  sept   ans,  pois  d'Angola,  du  Congo, 
IcB  fruits  du  fjtise  de  l'Inde :/;ciis  uiuflfcj,  pois  grecs,  puis 


SIGNES  DlVEns.    BOTANIQUE. 


C27 


!e  senteur,  pots  U  bouquet,  pois  au  lièvre,  les  fruits  de  plu- 
sieurs espèces  de  gesses,  etc. 

Le  genre  orobe  se  compose  d'une  qua- 
rantaine d'espèces  dont  dix-neuf  se  trou- 
vent en  France.  L'arobe  lubércux  a  une 
racine  pourvue  de  sept  à  huit  tiibéroii- 
tés  grosses  comme  une  noisette  et  qu'on 
mange  cuites  dans  l'eau.  Les  monta- 
gnards de  l'Ecusse  en  retirent  une  bois- 
son rafraîchissante  et  fortifiante. — La  verce 
est  une  plante  à  fourrage,  dont  le  grain 
est  rond.  Un  fagot,  une  bollc  de  vesce.  Les 
fèves,  originaires  de  l'Afrique  et  de  la  Per- 
se, produisent  des  semences  alimentai- 
res. La  fève  des  marais  ou  fève  vulgaire  aies 
feuilles  ailées,  ovales,  épaisses,  d'un  vert 
foncé  ;  elle  porte  des  fleurs  blanches,  ta- 
chées de  noir,  aux  quelles  succèdent  des 
gousses  épaisses,  renflées,  contenant  deux 
ou  quatre  semences  grandes  et  oblongues. 
Ses  variétés  sont  \a  féie  de  Windsor  on  ronde 
d'Angleterre,  abondant  dans  le  midi  de  la 
France;  la  fève  julienne  ou  petite  fève  du 
Portugal  ;  la  fève  naine  ou  à  châssis  ;  la 
fève  à  longues  gousses,  et  la  fève  verte.  Se- 
mer des  fèves.  Un  champ  do  fèves.  La  fève, 
gourgane,  ou  fèverolc,  ou  fève  des  champs, 
de  cheval,  de  galérien,  a  des  graines  allon- 
gées, cylindriques,  âpres  et  diues,  qu'on 
torréfie,  en  Allemagne,  pour  en  faire  une 
sorte  de  café  et  du  chocolat.  Ses  jeunes 
pousses  se  mangent  en  guise  d'épinards. 
Sa  tige  fournit  une  bonne  filasse,  de  la 
bière,  et  de  l'alcool. 

On  nomme  vulgairement  ft-yti  à  cochon,  la jusqiiiame 
commune;  fève  de  loup,  \^eUébore  puant  ;  fève  de  M olar ou 
de  Maladou,  l^acajou  à  pommes;  fcve  de  mer,  le  haricot 
commun  ;  fève  de  senteur,  le  lupin  de  Sicile  ;  fève  épaisse  , 
forpin;  fève  loiine  ,  le  lupin  blanc;  fève  marine  ,  le  cotjlet 
et  l'acacia;  fève  à  visage,  une  espèce  de  haricot  coloré; 
fcve  de  Bengale,  le  fruit  du  mirobotan  cilrin  ;  fève  de  Car- 
thagène  ,  le  fruit  du  béjuque  ;  fève  de  trèfle  ou  de  terre,  le 
fi-uit  du  bois  puant  ;  fève  douce,  les  fruits  de  la  casse  eldu 
tamarin;  fève  du  diable,  la  ji;raine  du  câprier;  fcve  tête  de 
nègre  ,  les  semences  du  dolic.  Fève  de  Saint-Ignace ,  fcve 
des  Jésuites-,  ou  vomiquier,  est  le  nom  d'un  fruit  fourni 
par  un  arbrisseau  des  Indes  orientales  et  de  la  famille 
des  apocynées.  On  nomme  fève  de  Tonka  la  graine  d'un 
arbre  de  la  Guyane  nommé  coumarou. 

Ers  hérissé.  Les  graines  alimentaires  ap- 
pelées lenlilla  sont  produites  par  une  es- 
pèce d'ei'S.  Le  pois  chiche,  dont  la  gousse 
sert  d'aliment  aux  hommes  dans  tous  les 
j)ays  qui  bordent  la  Médilerranée,  n'est 
employé  dans  le  INord  que  comme  four- 
rage. Les  cafetiers  substituent  sa  graine  au 
café.  Le  genre  scor/JÙirc  renferme  des  plan- 
tes herbacées,  vulgairement  appelées  c/ie- 
nillettes,    parce  que  leurs  IVuits,  hérissés, 


écailleux,  ressemblent  à  de  petites  che- 
nilles roulées  sur  elles-mêmes,  li'ornilhope, 
genre  de  la  tribu  des  coronillées,  ren- 
ferme des  plantes  herbacées,  européen- 
nes, aux  fleurs  petites,  blanches  ou  roses, 
peu  noinbreuses.Ce  genre  ne  renferme  que 
deux  espèces,  dont  la  plus  connue  est  l'or/iy- 
thope  nain  ou  pied  d'oiseau ,  cultivé  comme 
fourrage  dans  le  Porttigal.  Les  hyppocrèpe 
ou  hippvcrépides  sont  des  herbes  a  feuilles 
ailées  avec  impaire,  stipulées,  et  à  fleurs 
axillaires.  Le  genre  coronille,  type  de  la 
tribu  des  coronillées,  se  compose  de  plan- 
tes herbacées,  à  fleurs  jaunes,  roses,  blan- 
ches ou  pourpres,  disp(jsées  en  couronne. 
A  la  tribu  des  coronillées  apparliennent 
le  caroubier,  le  févier,  la  poincillade,  etc. 
Les  caroubiers  sont  des  arbres  toujours 
verts,  haut  de  huit  à  dix  mètres,  dont  la 
cime,  étalée  comme  celle  du  pommier, 
est  garnie  d'un  grand  nombre  de  bran- 
ches tortueuses,  irrégulières,  souvent  pen- 
dantes. Ses  feuilles  sont  coriaces,  luisan- 
tes, d'un  vert  bleuâtre,  servant,  à  cause 
du  principe  astringent  qu'elles  renfer- 
ment, à  la  préparationdu cuir, en  guise  de 
tan.  Ses  fleurs  sont  d'un  pourpre  foncé. 
Le  fruit  est  une  gousse  nommée  caroube, 
dont  on  retire  une  excellente  eau  de  vie, 
et  qu'on  fait  entrer  dans  les  préparations 
pharmaceutiques.  Les  féviers  sont  origi- 
naires de  la  Chine  et  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale.— Le  genre  sainfoin  comprend 
plus  de  deux  cents  espèces.  Le  sainfoin 
commun,  on  esparcettc,  est  employé  à  for- 
mer des  prairies  artificielles.  Sainfoin 
d  Espagne  ou  à  bouquets.  Sainfoin  ulhagè, 
Uagoiil  des  Arabes.  C'est  un  buisson  épi- 
neux et  rabougri,  qui  exsude,  durant  les 
chaleurs  de  l'été,  par  ses  branches  et  ses 
feuilles,  un  suc  blanc  concret,  d'une  sa- 
veur sucrée,  que  les  Asiatiques  font  en- 
trer dans  leurs  aliments.  Sainfoin  oscil- 
lant. Le  sainfoin  oscillant,  originaire  des 
bords  du  Gange,  est  remarquable  par  l'os- 
ciflation  perpétuelle  des  deux  petites  fo- 
lioles, qui,  de  chaque  côté  du  pétiole, 
accompagnent  la  grande  foliole  impaire, 
et  par  la  contraction  de  celte  dernière, 
qui  se  baisse  dès  que  les  rayons  solaires 
ne  parviennent  plus  jusqu'à  elle.  Le  sain- 
foin  commun  se  nomme  aussi  vulgaire- 
ment foin  de  Bourgogne.  Cette  terre  est  sè- 
che cl  légère,  il  faut  y  semer  du  sainfoin 
(AcAD.).  Le  sainfoin  échaulfe  la  bouche  des 
chevaux  (hl.).  Le  genre  flémtngie,  établi 


62S 


CLEF  Î)E  I.\  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


aux  dépens  des  sainfoins,  est  le  même  que 
celui  auquel  on  a  successivement  ddiiné 
les  noms  de  loiircc,  clirislie,  vwçlinmie, 
osiryadion.  Les  clijlbcri;i\i  sont  des  ar- 
brisseaux à  Heurs  axillaires,  disposées  en 
grappes  ou  en  épis.  Le  dalberf^ia  à  çoiisse 
ovale  a  le  bois  ronge  ,  et  sa  racine  laisse 
couler,  par  incision,  un  suc  résineux  qui 
Oit  la  ^omitie  laque  du  commerce.  11  croît 
à  Surinam  dans  les  lieux  humides.  —  Le 
genre  ptcrocarpc  renferme  vingt-deux  es- 
pèces d'arbres  et  d'arbrisseaux  exotiques, 
dont  douze  croissent  dans  les  diverses 
parties  de  l'Amérique  du  Sud  et  dix  en 
AlVique  et  en  Asie.  Sous  le  nom  de  bois 
de  santal,  l'écorce  d'une  espèce  de  ptéro- 
carpe  ibiu'nit  à  la  teinture  une  coub  ur 
rouge  assez  belle,  et  sous  celui  de  bois 
hérisson,  donne  la  gomme  appelée  kino. 
Conteur  de  santal.  Un  étui  de  bois  de  san- 
tal. Le  ptérocarpe  santal  s'emploie,  en 
Orient,  dans  les  constructions.  Son  bois 
compacte  ,  ronge  ,  remarquable  par  ses 
fibres,  tantôt  droites,  tantôt  ondées,  et 
susceptible  d'un  beau  poli,  répand  une 
odeur  suave. — Les  sécuridacas  sont  des  ar- 
bres de  moyenne  grandeur  ou  des  arbris- 
seaux grimpants,  à  feuilles  alternes,  sim- 
ples, munies  de  stipules,  à  fleurs  disposées 
en  épis  axillaires  ou  terminaux.  Le  sccuri- 
daca  à  tige  volubilc,  qu'on  trouYe  aux  An- 
tilles, passe  pour  un  des  plus  puissants  sn- 
ti-sipbilitiques  de  nos  colonies. 

«Les  sauvages  de  l'Amérique  ont  consa- 
cré l'acacia  aux  chastes  amours.  »  (A. Mari.) 

8  La  luzerne  occupe  pendant  long-temps 
le  même  terrain  ;  mais  quand  elle  l'aban- 
donne, c'est  pour  toujours.  Voilà  sans 
doute  pourquoi  on  en  a  fait  l'emblème  de 
la  vie.  — Rien  n'est  plus  charmant  qu'un 
champ  de  luzerne  en  fleur.  11  se  déroule 
aux  yeux  comme  un  long  tapis  vert  glacé 
de  violet.  Chérie  du  cultivateur,  cette; 
plante  lui  prodigue  d'abondantes  récol- 
tes, sans  en  exiger  aucun  soin.  On  la  fau- 
che, elle  renaît.  A  son  aspect,  la  génisse 
se  réjouit.  Aimée  de  la  brebis,  elle  fait  en 
même  temps  les  délices  de  la  chèvre  et 
la  joie  du  cheval.  Originaire  de  nos  cli- 
mats, ce  doux  présent  nous  vient  immé- 
dialenienl  du  ciel.  Nous  le  possédons  sans 
cflbrts,  nous  en  jouissons  sans  attention, 
sans  reconnaissance.  Souvent  nous  lui 
preiérons  une  Heur  qui  n'a  d'autre  mérite 
qu'un  éclat   passager.     Ainsi    nous    quit- 


tons trop  souvent  un  plaisir  certain,  pour 
courir  après  de  vains  plaisirs  qui  s'envo- 
lent. »  (Id.) 

Le  galéga  a  pour  emblème  raison  ;  le 
genêt,  faible  espoir  ;  le  sainfoin  oscillant, 
agitation,  La  sensilive  est  le  symbole  de  la 
pudeur  et  de  la  sensibilité. 

Les  anciens  donnaient  a  cette  fleur  l'o- 
rigine sTiivante.  Pan  devint  amoureux 
d'une  jeune  nymphe  de  la  suite  de  Diane. 
Cette  beauté  chaste  et  timide  opposait  à 
son  amour  une  lésistance  invincible.  En- 
fin un  jour  que  le  dieu  aux  pieds  fourchus 
était  près  de  triompher  par  la  violence, 
Diane  vint  au  secours  de  la  nymphe,  et 
la  métamorphosa  en  sensitive. 

«  El  cette  plante  solitaii-e 
De  la  pudeur  t'apprend  les  lois. 
Trompant  le  toucber  téméraire  , 
Sur  elle-ïuême  lu  la  vois 
So  replier  pour  s'y  soustraire  , 
El  par  un  instinct  salulaire  , 
Dérober  son  feuillage  àtonsouQTe,  à  tes  doigls. 
(A.   MiiiTix.) 

57. —  LENTÏB0LARIÉES.  Cette  famille 
rentre  dans  celle  des  primilacées. 

li, — LICHENS  (licbenes).  Plantes  crypto- 
games, se  présentant  ordinairement  en 
forme  de  croûte,  delèpre,  de  rameaux,  etc., 
et  croissant  partout  sur  les  murs,  les  ro- 
chers, le  bois,  le  fer,  le  marbre  même.  Les 
lichens  tapissent  les  arbres  qu'ils  défendent 
contre  la  rigueur  du  froid.  Les  lichens  ne 
sont  point  parasites,  comme  l'ont  pensé 
quelques  botanistes  ;  ils  vivent  de  l'humidité 
qu'ils  pompent  sur  les  corps  aux  quels  ils  s'at 
tacitcnt,  et  non  de  la  substance  même  de  ces 
corps.  Plusieurs  espèces  de  lichens  contien- 
nent un  principe  mucitagineux  qui  les  rend 
propres  à  la  nourriture  des  animaux  et  mô- 
me à  celle  de  l'homme.  Pendant  l'hiicr,  les 
rennes  ne  se  nourrissent  que  de  lichens. 
Quelques  lichens  donnent  de  très-belles  cou- 
leurs à  la  teinturerie,  et  particulièrement  ce 
superbe  violet  dont  on  teint  tes  soieries,  et 
qui  est  connu  dans  le  commerce  sons  te  nom 
f/'oRSEiLLE.  On  a  employé  avec  succès  plu- 
sieurs espèces  de  lichens  à  la  fabrication  du 
papier.  Lichen  d'Islande.  Le  lichen  d'Islan- 
de, outre  que,  réduit  en  pâte,  il  sert  à  com- 
poser un  aliment  très-sain,  est  encore  Irés- 
usité  dans  la  médecine.  Le  lichen  caninus  a 
été  employé  contre  la  rage.  Les  lichens  se 
reproduisent  par  des  gotigyles,  espèces  de 
séminules  que  les  vents  emporlent  au 
loin.  Leurs  fruilsse  nomment  tipolhécions. 
Acharius  a  divisé  ainsi  les  lichens: 


SIGNES   DIVERS.    BOTANIQUE. 


g  I.  jDioTUAliMES,  OU  doiil  Ics  lécpptaclos  sont  d'une 
couleur  différente  de  l'expansion  [du  gicc  idios,  particu- 
lier, et  thiilutnos,  lit  nuptial;.  —  Homogènes  ,  ou  dont  la 
substance  des  réceptacles  est  uniforme,  pulvérulente  ou 
solide  et  similaire  {du  grec  /lowics,  semblable,  et  g-ciics, 
uature)  —  Réceptacles,  sans  rebord.  Genres  :  spiiome 
(-ma),  arthonie  (-nia).  —  Réceptacles  avec  un  rebord. 
Genres  :  gyalecle  (-ta),  licidée  (-deaj,  gyrophare  (-ra),  ca- 
lycium,  opégraphe  (-pba).  — Uétércgènes,  dont  les  récep- 
tacles sont  munis  d'uu  noyau  prolifère  (  du  grec  hétéros, 
autre,  elgcnos),  — Réceptacles  discoïdes  avec  un  re- 
bord. Genres  :  graphis,  biaiore  '-ra) .  Réceptacles  presque 
globuleux.  Genres:  verrucaire  (-caria),  endocarpe  (-car- 
pon  ),  trjpéiliélion. 

g  II.  CcENOTHiLAMES,  OU  doiit  les  récept.icles  sont  en 
partie  cnnrposés  par  la  substance  de  l'expansion  (  du 
grec  koinos,  commun,  etfbu/umcsj.  — Phjmatoides,  aj;iiit 
des  réceptacles  eu  forme  de  verrues,  formés  extérieure- 
ment par  l'expansion,  et  renfermant  un  noyau  ou  simple- 
ment une  lame  proligère  (  du  grec/ï/ijmc,  verrue,  et 
eidos,  forme).  Genres:  porine  (-na),  Ihelotrème  (-ma,,  pj- 
Ténule  (-la),  variulaire  {-larial,  sagédier  {-<ii3;. —  Discoirfes, 
ayant  des  réceptacles  recouverts  d'une  lame  discoïde  co- 
lorée, nue,  et  entourée  d'un  rebord  ibaloide  (du  grec  dis- 
Los,  disque,  eleidos  formel.- — Réceptacles  enfoncés,  ur- 
céolaires.  Genres:  urceo/aiV*  (-lariaj. — Réceptacles  entiè- 
rement sessiles.  Genres  :  Iccanore  (-ra),  roicelle  (-la).  — 
Réceptacles  fixés  par  le  centre  et  presque  sessiles.  Gen- 
res: évemie  (-nial,s(iV(c  (-ta) ,  parméliê  (-lia). — Réceptacles 
presque  pédicellés.  Genre  :  borrere  [-ra] .  — Réceptacles 
obliquement  sessiles.  Genre  :  cètiaîre  (-aria),  —  Récepta- 
cles entièrement  et  presque  obliquement  adnés.  Genres: 
petlidce  (-dea),  ndphrome  (le  néphrome,  -ma). —  Récepta- 
cles fixés  par  le  rebord  et  libres  en  dessous.  Genre  ;  du- 
fourée  (-rea). —  Céphaloldes,  ayant  les  réceptacles  capitu- 
liformes,  placés  sur  des  lamules  terminales  de  l'expansion 
(du  grec  kêpIiaU;  tête,  ei  eidos]. —  Réceptacles  recou- 
verts eu  entier  d'une  lame  proligère.  Genres:  cénomycé 
(cœiiomyce),  bcomycé  (bœomyccs),  isidion  ^  stéréocaulon. 
—  Réceptacles  renfermant  une  masse  proligère  globu- 
leuse. Genre  :  sphérophore  (  sphœrophorou). 

§  III.  HoMOTiiALAUES,  OU  dont  Ics réceptables  sont  en 
ticrement  formes  par  la  substance  corticale  et  médullaire 
(du  grec /lumos ,  semblable,  ei  tlialanws],  — Sciilellés  , 
ayant  des  réceptacles  en  écusson,  presque  sessiles  et  bor- 
dés (du  latin  scutus^  écu,.  Genres  :  alectoire  (-ria),  rama- 
Une  (-na),  collèma.  — Peltcs,  ayant  des  réceptacles  eu  bou- 
clier sans  rebord,  el  un  peu  ciliés  {  du  latin  petta  ,  bou- 
clier). Genres:  corniculaire  (-laria),  usnce  (-nea). 

g  IV.Atiialames,  ou  sans  i-éceptacles  (  du  grec  a,  sans, 
et  thatamos).  Genre  :  Icpraire  (-praria  }. 

28.—  XILIACÉES  {liliaceœ),  Plantes 
herbacées,  aux  racines  fibreuses  ou  bul- 
beuses ;  à  hampe  simple  ;  aux  feuilles  allon- 
gées, souvent  radicales  ,  engainantes,  ra- 
rement alternes  ou  verticillees  ,  quelque- 
fois succulentes  ;  aux  fleurs  solitaires  ou 
paniculées,  en  corynibe  ou  en  épi  ;  au  fruit 
charnu,  ou  sec  et  déhiscent.  Les  plantes 
de  cette  famille  sont  toutes  remarquables 
par  la  beauté  de  leurs  Heurs,  et  utiles  par 
leurs  propriétés. 

Genres  :  irjihrone,  dent-de-chien  ou  rioulte  (-tlironium), 
ntilhonique  (-ca),  utiuiiine  (-lariaj,  fritiltaire  (-laria),  /is  (li- 


629 

lium),  jiicco,  soiiseuière  (-ra),  aletrài,  (vclllieimia),  (pit- 
cairnia(l),  alo'es  (aloe),  anthéric  [-cuva] ,  cchêandle  {-dia), 
phalang'ere  (plialargium),  eucomé  -coinis)  ^massone  (-nia), 
drimie  [-nûa)-,  jacintlie  ou  tiyacintbe  (hyacinllius),  muacari, 
pbormium  ,  iacht:natîe  (-lia^ ,  ryanetle  (-la),  aibuca  ,  sctile 
(-la),  ériospcrme  :-muni),  ornitlwgale  (-lum),  ail  (allium), 
tuiereuse  (  polyanthes  ) ,  «ja/)nii(/ie  (-tlius),  (u/i'/ie  (-pa), 
bromélie  (-lia),  asphodèle  (-lus),  hémérocaile   (-lis). 

Des  genres  tulipe,  bromélie,  asphodèle,  hémérocaile,  le» 
botanistes  ont  formé  quatre  nouvelles  familles  :  tclipa- 

eiES,  BIIOMÈLIÉES,  ASPUOUÈl.ÉES,    UÉMÉllOCALLIDfcES.) 

Les  vioultcs,  qui  viennent  sur  les  hautes 
montagnes  de  l'Europe ,  sont  cultivées 
dans  les  jardins  pour  la  beauté  et  la  préco- 
cité de  leurs  fleurs  en  étoiles. — Mcllionique 
dcMalabar.  Méthoniquedu  Sénégal. — Aucu- 
ne uvulaircna  croît  en  Europe.  —  La  frilil- 
laire  luclcagride  ou  des  prés  a  les  fleurs  par- 
semées de  petits  carreaux  blancs  et  rouges 
iiiîitant  les  cases  d'un  échiquier,  ce  qui 
lui  a  fait  donner  le  nom  de  damier,  La  fri- 
tillaire  impériale  ou  couronne  impériale  ex- 
hale une  odeur  fétide.  Sa  racine,  prise 
intérieurement,  produit  l'effet  de  la  ciguë. 
La  couronne  impériale  a  pour  emblème  , 

FIERTÉ  SAKS  DODCEUB. 

Junon,  jalouse  de  la  manière  dont  Ju- 
piter avait  enfanté  Minerve  ,  voulut  aussi 
devenir  mère  par  sa  propre  puissance.  Elle 
consulta  Flore  ,  qui  lui  dit  que  dans  les 
champs  d'Oléneon  trouvait  une  fleur  dont 
le  simple  attouchement  avait  la  vertu  de 
rendre  féconde.  Junon  en  fil  l'essai,  et 
donna  le  jour  au  dieu  de  la  guerre.  Les  an- 
ciens ont  toujours  cru  que  la  couronne 
impériale  était  la  fleur  touchée  par  Ju- 
non.— Le  lis  est  une  plante  sans  calice  ni 
corolle  ,  et  n'ayant  qu'une  seule  enveloppe 
florale  colorée,  à  six  pièces,  qu'on  nomme 
pcrianlhe.  Le  genre  lis  comprend  plusieurs 
espèces.  Lis  blanc.  Lis  jaune.  Lis  bleu.  Lis 
orangé.  Le  martagon  est  une  espèce  de  lis. 
Bulbe  ou  ognon  de  lis.  Tige  de  lis.  Planter 
des  lis.  La  fleur  du  lis  blanc  est  le  symbole 
de  ta  virginité  ,  de  la  candeur ,  de  l'inno- 
cence,  de  la  pureté,  La  mère  du  Sauveur 
est  représentée  le  plus  souvent  avec  une 
branche  de  lis  dans  l' une  de  ses  mains.  La 
fable  fait  naitrc  le  lis  blanc  du  lait  de  Junon, 
à  qui  il  était  consacré. 

Noble  fils  du  soleil,  le  lis  majestueux. 

Vers  l'astre  paternel  dont  il  brave  les  feux  (2), 

Elève  avec  orgueil  sa  tète  souveraine. 

Il  est  le  roi  des  fli;urs  dont  la  rose  est  la  reine, 

(De  BoisJoLi.i.  ) 


(1)  Ces  noins  ne  .sauiaicnt  jamais  devenir  français.  Nous  ne  les  traduisons  pas. 

(2)  Sied-il  à  un  iioMe  (llsdt-  Liaver  ?nn  père? 


650 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Le  /i«_/<;H»ie a  pour  emblème,  inquiétude; 
et  le  lis  rose ,  vanité. 

Ou  a  ùteiutu  le  nom  de  lis  à  une  foule  de  plantes  f|ui 
n'ont  souvent  aucun  rapport  avec  les  espèces  de  ce  penre. 
ifs  asphodèle,  l'béniérocalle.  Lia  épineux,  le  catesbec.  Lis 
d'tlang  ,  le  nénuphar  blanc. /,is  rft»  7nrns,  l'alstrocmérie. 
J.tsjtirinAe,  la  scille.  Lis  du  Jupon  ,  l'uvairc  du  Japon.  Lis 
tte  mai,  le  niupuct  de  mai.  Lis  des  murais,  Piris  des  ma- 
rais. Xis  de  Mathiole,  le  pancratier  ou  pancrace  mari- 
time. L/s  rfe  «ter,  l'encrine.  Lis  du  ilexiquc,  l'amaryllis 
belladone.  Lis  narcisse,  ramaryllis  d'automne  et  le  pan- 
crace niarilime.  tis  orang-e,  l'bfcmcrocalle  jaune.  Lis  de 
Perse  ou  de  Suie,  la  fritillairc  de  Perse.  Lis  de  Saint-Bruno, 
le  pbalangère  liliastre.  Lis  de  ^dtïi.'-tTar^ucs  ,  l'aniarjllis 
trc'i-bclle.  Lis  de  Saint-Jean,  le  glaïeul,  ti.'i  de  Surutè  ,  la 
kctmie  de  Surate.  Lis  des  teinturiers,  la  gaude  et  la  Ivsi- 
uiachie  commune.  Lis  turc,  Tixie  de  la  ('.bine.  Lis  des  val- 
lées, le  muguet.  Lisvermeil,  rbéniérocalle.  Lis  vert,  le  col- 
chique d'automne. 

Le  yucca  est  une  plante  exotique  qui  a 
l'aspect  de  l'aloès  et  qui  porte  une  touffe 
de  belles  fleurs  blanches.  Au  Mexique,  le 
yucca  a  ordinairement  des  proportions  gi- 
gantesques, hts  sonseviéres ,  propres  à  la 
Guinée  et  à  l'Asie  orientale,  sont  admises 
dans  les  jardins  d'agrément  ,  où  elles  se 
font  remarquer  par  la  singularité  de  leur 
port  ,  leurs  feuilles  radicales  d'un  vert 
foncé,  et  leur  hampe  rouge,  terminée  par 
des  épis  de  fleurs.  L'aloès  est  une  plante 
grasse  au  calice  tubuleux  ,  cylindrique  , 
aux  feuilles  épaisses  ,  charnues,  réunies  à 
la  base  de  la  hampe  ,  qui  se  termine  par 
un  épi  lâche  de  fleurs  rouges.  Sucd'aloès,  ou 
simplement,  aloès.  Pilules  d'aloès.  Extrait 
d'aloès.  Amer  comme  de  l'aloès.  L'aloès  fait 
en  pharmacie  la  base  de  la  préparation  nom- 
mée ËUxirde  longue  vie. 

On  donne  aussi  le  nom  âi^atoéidiVaquilaire  ou  aloexyle, 
grand  arbre  des  Indes  orientales,  dont  on  retire  le  bois 
d'aigle  ou  garo  de  ilalacca,  un  des  parfums  les  plus  ex- 
quis elles  plus  recherchés.  Briî/er  de  l'encens  et  de  l'aloès. 

Les  antlicrics  sont  propres  au  cap  de 
Bonne-Espérance.  Les  échéandies  ,  origi- 
naires de  l'ile  de  Cuba,  diffèrent  peu  des 
anthérics.  Les  phalangèrcs ,  les  encornes, 
les  massones ,  les  drimics  ,  sont  toutes 
propres  au  cap  de  Bonne- Espérance.  La 
inassone  à  larges  feuilles  est  une  plante  fort 
remarquable  que  l'on  cultive  dans  quel- 
ques jardins  de  Paris.  Les  drimies  ont 
beaucoup  de  rapport  avec  la  Jacint/ie.  On 
(omptejKSf/u'à  deux  mille  varioles  de  jacin- 
thes à  fleurs  simples  ou  à  fleurs  doubles.  Les 
])1ms  jolies  sont  la  jacinthe  des  près ,  aux 
ileurs  bleues;  \a  jacinthe  penchée,  aux 
fleurs  roses;  la  jacinthe  verte;  \a  jacinthe 
muguet ,  aux  fleurs  jaunes  ;  et  la  jacinthe  à 


peurs  roulées,  aux  fleurs  campanulées,  ver- 
(làtres.  Les  jacinthes  sont  cultivées  dans  les 
jardins ,  à  cause  de  l'élégance  et  de  l'odeur 
suave  de  leurs  Peurs. 

Apollon  ,  exilé  du  ciel,  gardait  les  trou- 
peaux du  roi  Admète  ,  sur  les  bords  du 
Pénée.  Malheureux  par  l'amour,  le  frère 
de  Diane  eut  recours  à  l'amitié.  Il  s'attacha 
au  jeune  Hyacinthe  ,  fils  de  Piérus  ,  et, 
comme  il  jouait  au  disque  avec  lui,  Zé- 
phire  ,  jaloux  de  la  préférence  qu'Hyacin- 
the donnait  à  Apollon  ,  poussa  le  disque 
vers  le  front  du  jeune  homme  qui  fut  tué. 
De  son  sang  naquit  la  fleur  nommée  de- 
puis Jacinthe. 

Dans  la  jacinthe  un  bel  enfant  respire. 

J'y  reconnais  le  fils  de  Piérus  : 

Il  cherche  encor  les  rt  gards  de  Phœbus; 

Il  craint  encor  le  souffle  du  zéphyre.  iParnt. } 

Quelle  charmante  poésie  classique  ! 
La  jacinthe  fleurit  à  la  fin  de  l'hiver. 

Avant  le  retour  de  Flore  , 
Elle  s'empresse  de  fleurir, 

Pour  éviter  encore, 

L'haleine  du  zéphyr.  (  Demovstiee.) 

Le  genre  muscari  renferme  une  dixaine 
d'espèces.  Muscari  chevelu  ou  jacinthe  à 
toupet,  Muscari  monstrueux,  on  jacinthe  de 
Sienne,  lilas  de  terre,  etc. --Quand  on  fait 
une  ou  plusieurs  blessures  au.x  feuilles  du 
phormium  textil,  il  en  sort  un  sucinodore, 
insipide,  transparent,  couleur  paille,  pres- 
que semblable  à  la  gomme  arabique.  On 
retire  des  l'euilles  da  phormium  tenace  un  fil 
très-délié  qui  tient  le  premier  rang  entre 
toutes  les  fibres  végétales  employées  it  faire 
des  cordes. — Lachénalie  tricolore.  Lachéna- 
lie  à  fleurs  pendantes.  Lachénalie  à  fleurs 
jaunâtres. — Les  Hottenlols  font  giiller  l'o- 
gnon  de  lacyanelle  du  Cap  et  le  mangent. Ils 
mâchent  la  tige  de  l'albuca  pour  se  désalté- 
rer dans  les  chaleurs. — Scille  double  feuille. 
Scille  italique.  Scille  en  ombelle,  Scille  va- 
cillante. Scille  du  Pérou.  Scille  tnaritimc. 
La  médecine  emploie  les  bulbes  de  la  scille 
maritime  pour  favoriser  l'expectoration  ,  et 
quelquefois  pour  déterminer  le  vomissement. 
Ognon,  bulbe  de  scille.  On  nomme  scilli- 
iique  ce  qui  est  fait  ou  modifié  avec  la  scil- 
le. Vinaigre  scillilique.  Miel  scillitique.  Pi- 
lules sciliUiqucs.  —  Les  ériospermes  diffèrent 
très- peu  des  ornithogales.  On  connaît  plus 
de  quatrevingts  espèces  d'ornithogales  , 
pont  six  environ  croissent  naturellement 
en   France.    Ornithogalc  en   ombelle ,    ou 


SIGNES    DIVERS.    BOTANIQUE 

dame  d'onze  heures .  Ornltlios^alejaunc.  {Or- 
nilhogale  vient  du  grec  f;ala  ,  lait  ,  et  orni- 
tltos ,    d'oiseau,  lait  d'oiseau.)  L'ail,  t'o— 
gnon,    le  porrcau,    la.  ciboule ,  \aciboulette 
ou  civette  appartiennent  au  même  genre. 
L'ail   ordinaire  n'exige  aucun   soin.   L'ail 
possède  des  propriétés   médicinales  trés- 
nonabreuses.  On  cultive  l'ail  doré  et  l'ail 
blanc,  ou  odorant ,  ou  superbe,  à  cause  de 
l'odeur  agréable   de  leurs  fleurs.  Une  tête 
d'ail.   Une  i:ousse  d'ail.  Les  grauunaiiiens 
disent  au  jjluriel  aulx,   les  botanistes  di- 
sent, ails.  Il  y  a  des  aulx  cultivés  et  des 
aulx  sauvages    (Les  grammairiens).  Ilcul- 
tive  des  ails  de  plusieurs  espèces  (Les  bo- 
tanistes). Nous  serions  plutôt  de,  l'avis  des 
botanistes.   Ail  d'Espagne ,  on  Rocambole. 
Il  croît  spontanément  dans   diverses  con- 
trées de  l'Europe  ,  surtout  en  Hongrie  et 
en  Suède.  On  en  mange  les  petites  bulbes 
ou  soboles   purpurines   et  blanchâtres  qui 
couronnent  la  tige  et  se  voient  entremê- 
lées aux  fleurs.  La  rocambole  se  dislingue 
de  i'ailordinaire  par  sasaveur  douce.  L'ognon 
a  une  racine  bulbeuse   de    figure  ronde , 
communément  un  peu  aplatie,  composée 
de  plusieurs  tuniques  ou  pellicules  qui  s'en- 
veloppent les  unes  les  autres.  Cette  racine 
est  ce  que  ,  dans  l'usage  ordinaire,  on  ap- 
pelé ognon.   Elb;  contient  une  buile  vola- 
tile, acre  ,  blanche,  qui  excite  le  larmoie- 
ment quand  on   le  coupe.   O^non  rouge. 
Ognon  pâle.    Ognon  blanc.    Ognon  jaune. 
On  retire  des  ognons   une  grande   quantité 
de  sucre  incristallisablc.  Tcte,  botled'ognons. 
Chapelet  d'ognons ,    Une  grande  quantité 
d'ognons  attachés  ensemble.  Lc.<  Egyptiens 
nourrissaient  leurs  esclaves  avec  des  ognons. 
Prov.  et  fig..  Regretter  les  ognons  d'Egypte, 
Regretter  son  ancien  état ,  quoiqu'on  soit 
dans  un  état   meilleur.    Faiii.,  Être  vêtu 
comme  un  ognon.  Être  fort  couvert  de  vê- 
tements. Prov.  et  fig.,   Marchand  d'ognons 
se  cannait  en  ciboules  ,  On  est  difficilement 
trompé  sur  les  choses  de  son  métier.  Dans 
le  langage  ordinaire  on  nomme  ognon  ce 
que  les  botanistes  appèlent  bulbe.    Ognon 
de   lis,    de  jacinthe,   de    tulipe.   On   appelé 
vulgairement   ognon    de     loup  ,     un    poti- 
ron ;  ognon  de  mer,  la  scille  marine  :  ognon 
de     Strasbourg  ,     l'ail     fistuleux;     ognon 
musqué  ,    la    jacinthe     des     environs     de 
Mont- Pellier  ;  ognon  sauvage,  la  jacinthe 
à  toupet.  Le  porreau,  ou  poireau,  sert  ii  re- 
lever les  potages  et  les  bouillons,  a  donner 
du  goût  aux  sauces  ,  etc.  Ciboule  blanche. 


631 

Ciboule  rouge.  Ciboule  vivace.  La  ciboule 
ressemble  à  l'ail.  La  ciboule  est  originaire 
des  montagnes  froides  de  l'Europe  et  de  l'A- 
sie. Les  feuilles  de  la  ciboulette  sont  sem- 
blables à  celle  du  jonc  ;  et  ses  fleurs,  dis- 
posées en  groupes  ,  sont  de  couleur  pur- 
purine. La  ciboulette,  qu'on  nomme  en- 
core appétit,  entre  comme  assaisonnement 
dans  différents  mets.  Odeur  de  ciboulette. 
Un  médecin  demandait  à  son  malade  s'il 
avait  mangé  certain  mets  qu'il  lui  avait 
l)ermis  avec  appétit.  —  Je  l'ai  mangé 
avec  (du)  sel,  répondit  celui-ci.  Les  \'ien- 
nois  font  grand  cas  de  ce  calembour.  11  est 
dans  la  bouche  de  tout  le  monde. 

La  tubéreuse  est  une  très  jolie  plante  , 
originaire  du  Mexique  ,  qui  a  été  introduite 
en  France  au  xvi*  siècle.  Cette  plante, 
haute  d'un  mètre,  est  garnie  daus  sa  lon- 
gueur de  feuilles  lancé(jlées,  d'un  vert  gai  , 
et  terminée  par  une  foule  de  belles  fleurs 
blanches  ;  ce  qui  lui  a  fait  donner  par 
Linné  je  nom  de  polyanthe  {polus,  plu- 
sieurs ,  et  anthos,  fleur  ).  M.  Aimé  Martin 
écrit  polianthe,  et  prétend  que  cela  signifie, 
fleur  digne  des  villes.  Le  Journal  des  Dé- 
bals vante  la  science  philologique  de 
M.  Aimé  Martin  ,  éditeur  d'une  nouvelle 
édition  de  Molière  ,  au  profit  de  MM.  Fir- 
min  Didot.  Les  fleurs  de  la  tubéreuse  e.rha- 
lent  une  odeur  suave,  mais  si  forte,  qu'elle 
peut,  enfermée  dans  des  appartements, 
causer  l'asphyxie, 

Roucher  parle  d'une  femme  qui  devint 
imbécile  pour  avoir  respiré  trop  vivement 
cette  odeur. 

«Que  son  baume  est  flatteur,  mais  qu'il  est  dangereux.  ? 

Qu'est-ce  qu'un  baume  flatteur?  Il  n'y  a 
que  les  classiques  pour  trouver  de  ces  heu- 
reuses épithètes.  C'est  comme  les  tendres 
feux  de  Parny.  Si  des  feux  peuvent  être 
tendres  1  Et  qu'est-ce  que  le  baume  d'une 
fleur  ?  Une  fleur  a  un  parfum,  une  odeur, 
qui  fleure,  si  l'on  veut,  comme  baume  ; 
mais  elle  n'a  pas  de  baume.  Il  eut  été  trop 
simple  de  dire  :  Que  son  parfum  est  doux  ! 
Et  M.  Cuvillier  Fieury  vante  la  simplicité 
des  classiques  !  Il  s'extasie  devant  leur  ciel 
en  courroux  ,  par  exemple  ,  et  se  moque  de 
notre  ciei,  noir  et  brumeux.  Mais  il  faut  lui 
pardonner;  la  passion  fait  dire  tant  de  sot- 
tises! —  L'agapanlhe,  qu'on  a  aussi  a|)pelé 
maulhie ,  est  une  très-belle  plante  d'Afri- 
que.—  La  <«/i7?c,  originaire  de  la  Cappado- 
ce,  est  une  plante  printanièrc,  à  tige  haute, 


052 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


qui  porte  une  ou  deux  fleurs  inodores  , 
grandes  ,  en  l'orme  de  cloche,  dont  la  co- 
rolle se  panache  de  couleurs  Irès-vaiices 
et  souvent  très-helles.  TuUpc  double  jaune. 
Tulipe  double  panachée.  La  tulipe  double  est 
le  symbole  de  l'amitié.  Dans  l'Orient  ,  sur- 
tout en  Perse,  les  tulipes  sont,  pour  ainsi 
dire,  un  objet  de  culte;  et  on  y  célèbre  tous 
tes  ans  ,  à  'l'cpo'iue  de  la  floraison  ,  la  fêle 
des  tulipes.  La  tulipe  est  un  des  plus  beaux 
ornements  du  sérail  à  Constontinoplc.'Les 
Hollandais  sont  atteints  pour  les  tulipes  d'une 
passion  qu'on  appelé  tulipomanie.  Planter, 
lever  des  tulipes.  Un  ognon  de  tulipe.  Un 
caieu  de  tulipe.   Une  planche  de  tulipes. 

On  lionne  le  nom  de  tulipe  du  Cap  à  l'hœmanU  érarlate, 
plante  amaryllidéc. 

133 IINACÉES  ,  OU  LINÉES,  Famille 

de  plantes  herbacées  annuelles  ou  vivaces, 
et  de  sous  arbrisseaux  à  feuilles  alternes  , 
à  fleurs  terminales  ,  remarquables  par  la 
grandeur  et  les  couleurs  de  leurs  corolles 
à  cinq  pétales.  Le  fruit  est  une  capsule 
globuleuse  souvent  terminée  par  une  petite 
pointe  ,  et  renfermant  des  graines  char- 
nues, fines,  luisantes,  qui  fournissent  une 
huile  très-bonne  à  brider,  etsontemployées 
comme  éinollientes.  Le  lin  est  le  type  de 
cette  famille.  Lin  commun.  Lin  d'été  ou 
petit  lin.  C'est  celui  qui  fournit  les  meil- 
leures toiles  et  le  meilleur  fil  pour  la  den- 
telle. 

On  nomme  vulgairement  lin  aquatique  ,  plusieurs  es- 
pèces de  conferves  ;  tin  d^Ainérique,  Vagave;  tin  fossile,  ou 
tin  incombustihle,  l'amiante;  tin  de  lu  Nouvelle-Zélande,  le 
pliormion  tenace  ;  lin  de  lièvre  ou  lin  maudit ,  la  cuscute  ;  lin 
de  rnurais^  la  linaigrette;  lin  de  mer,  plusieurs  fucus  ou  con- 
ferves i  lin  étoile,  la  /jsiniacbie;  lin  sauvage  ,  la  linaire. 

142. — LOASÉES  ,  Famille  de  plantes 
démembrée  de  celle  des  port u lacées ,  et 
dont  le  genre  loase  est  le  type.  Les  loases  , 
indigènes  de  l'Amérique  méridionale,  sont 
hérissées  de  poils,  et  piquent  comme  les 
orties.  La  turnérc  appartient  à  la  même 
famille. 

82.— tOBÉLIACÉES,  Famille  de  plantes  , 
démembrée  de  celles  des  campanulaeécs  , 
et  dont  le  genre  type  est  la  lobclie.  Les 
lobélies  sont  des  plantes  herbacées,  à  feu- 
illes entières  ou  découpées  et  à  fleurs  dis- 
posées en  grappes  ou  en  épi  terminal,  qui 
renferment  un  suc  laiteux,  acre,  caustique, 
très-vénéneux. 

94. — LORANTHÉES,  Famille  de  plantes, 
sèp^rèepav  Ju^sicu  des  caprifoliacées  et  dé- 
signée parRichard  sous  le  nom  deviscoidées. 


Cette  famille  renferme  les  genres  loronthe, 
gui.  cloranthe,  aucuba,  et  codonium.  Les  lo- 
rantlies  sont  des  plantes  parasites,  vivaces, 
et  ligneuses,  dont  on  connaît  soixante-onze 
espèces,  toutes  exotiques,  à  l'exception 
d'une  seule,  le  loranthe  d'Europe,  qui 
croît  sur  les  châtaigniers  ,  les  pommiers  , 
les  poiriers,  et  les  chênes.  Son  fruit  est  une 
baie  jaunâtre,  à  bulbe  gluante.  Le  tnan- 
glierju  palétuvier  est  une  loranthée. 

7.  —  LYCOPODIACÉES  (  -  ccœ  )  ,  Plantes 
cryptogames  ,  difi'érant  des  mousses  par 
une  fructification  capsulaire,sans  opercule 
ni  coifi'e.  La  famille  des  lycopodiacées  se 
compose  des  genres  lycopode  (-  diuml, 
tmésipleris  ,  psilotum,  isoélès ,  et  stachygy- 
nandrium.  On  trouve  \t:s lycopodcs  dans  les 
endroits  frais  et  ombragés  des  bois.  L'es- 
pèce la  plus  connue  est  le  lycopode  en  mas- 
sue ,  connu  encore  sous  les  noms  de  soufre 
vej^élal,  mousse  terrestre,  pied-de  loup,  dont 
les  capsules  sont  reiuplies  d'une  poussière 
abondante  qui  prend  feu  comme  la  résine. 
Dans  les  théâtres  ,  on  fait  souvent  usage  de 
lycopode  pour  imiter  les  éclairs.  Les  nourri- 
ces l'appèlent  poudre  de  vieux  bois.  {Lycopo- 
de vient  du  grec  lukos,  loup,  et  po«s,  pied.) 

14s.  —  LITHRAIRES,  SALICAIRES,  SA- 
LICARIÉES  ,     CHRYSANTHÈMES    (  lythra- 

riœ,  salicariœ ,  lythreœ)  ,  Plantes  herba- 
cées, rarement  frutescentes  ;  à  tiges  cylin- 
driques ou  tétragones;  à  feuilles  simples  , 
alternes  ou  opposées ,  sessiles  ou  presque 
sessiles;  a  fleurs  axillaires  ou  terminales.  Le 
fruit  est  une  capsule.  Genres  :  lagerstroè- 
mie  {-m'ia),  salicaire  (lythrum),CH/)/iée  (ea), 
isnarde  (-  da)  ,  glaux,  peplis.  La  lagerstroè' 
mie  de  l'Inde ,  haute  de  deux  mètres,  étale 
ses  grandes  corolles  rouges  depuis  le  mois 
d'août  jusqu'en  octobre.  Sa  tige  est  droite 
et  garnie  à  son  sommet  de  rameaux  angu- 
leux et  rougeâtres.  Les  feuilles  sont  ovales, 
aiguës  ,  coriaces  ,  luisantes  ,  et  d'un  vert 
foncé.  L'isnarde  est  ime  plante  annuelle  , 
propre  à  l'Europe  et  à  l'Amérique.  L't«- 
narde  a  les  tiges  noueuses  ,  faibles  ,  coU' 
chées  sur  la  terre  ,  ou  flottantes  sur  l'eau  , 
et  poussant  des  racines  de  tous  leurs  nœuds. 
Le  péplis  se  nomme  aussi  pourpier  sauvage. 

117.— MAGNOUACÉES,  MAGNOLIERS, 

TULIPIFÈRES  (  magnoltaceœ,  tulipiferœ  ) , 
Famille  qui  se  compose  d'arbres  très- 
élevés  et  d'arbrisseaux  élégants  de  l'Amé- 
rique septentrionale  et  de  l'Asie  ,  munis 
de  feuilles  alternes  ,  simples  ,  stipulées  , 
de  fleurs  très-grandes,   terminales  ou  en 


paniculcs  cparses.  Elle  çst  divisée  en  deux 
tribus  :  celle  des  illiciébs,  renlermant  les 
genres  badiane  (illiciuni),  drymis,  thas- 
mannie  (-ia);  et  celle  des  magnoliées  , 
renfermant  les  genres  tulipier  (lirioden- 
dron  ) ,  magnolier  ou  magnolia ,  rnichelia  , 
mayna  et  talauma. 

Les  badianes  'ou  badians  sont  des  arbris- 
seaux toujours  verts  ,  qui  i  xlialent  une 
agréable  odeur  de  touies  If  lus  parties.  La 
badiane  de  la  Chine  ou  du  Japon  porte  des 
fruits  appelés an(5é/ot7<;.<,  dont  les  semences 
ont  l'aronie  de  l'anis  et  du  fenouil.  Elles 
servent  à  préparer  le  ratafia  de  Boulogne 
et  l'anisetle  de  Hollande.  Le  bois  de  la  ba- 
diane, nommé  bois  d'unis,  peut  servir  aux 
ouvrages  de  tour  et  à  la  marqueterie.  On 
connaît  encore  la  badiane  à  grandes  fleurs 
rouges  eX  la  badiane  à  petites  fleurs,  toutes 
deux  originaires  des  Floridcs  ,  et  dont  les 
fruits  et  les  feuilles  ont  les  mêmes  pro- 
priétés que  la  badiane  de  la  Chine.  Les 
drymis  (du  grec  dri/s  ,  arbre,  et  muron, 
parfum  )  sont  des  arbres  de  l'Amérique 
méridionale  ,  à  feuilles  simples  ,  et  dont 
l'écorce  a  une  saveur  aromatique  ,  acre  et 
très-piquante.  Les  ihasmaïuiias  sont  des 
arbrisseaux  toujours  verts  de  la  terre  de 
Van-Diemen  ,  à  l'écorce  très-odorante.  Le 
tulipier  est  un  grand  et  bel  arbre  del'A- 
mériqueseptentrionale  qu'on  a  transplanté 
en  Europe,  où  il  sert  pour  la  décoration 
des  jardins,  et  dont  la  fleur  ressemble  à 
celle  de  la  tulipe.  Le  tulipier  a  le  tronc  droit, 
revêtu  d'une  èeorce  lisse  et  purpurine  dans 
sa  jeunesse ,  crevassée  et  grise  dans  sa  vieil- 
lesse. Les  feuilles  du  lulipivr  sont  alternes, 
cl  suspendues  à  de  longues  tiges  ou  pétioles, 
La  fleur  du  tulipier ,  à  siac  pétales,  est  d'un 
Jaune  tendre,  môle  de  vert,  et  porte  A  la 
base  une  tache  transversale  de  couleur  au- 
rore. Le  fruit  du  tulipier  est  un  cône  allonge 
et  écailleux.  Le  bois  du  tulipier  est  d'un 
blanc  Jaunâtre ,  à  larges  veines,  odorant, et 
propre  aux,  constructions.  On  connaît  une 
quinzaine  d'espèces  de  magnoUers ,  toutes 
remarquables  par  leur  port  élégant  et  ma- 
jestueux, leur  feuillage  d'un  joli  vert,  leurs 
fleurs  superbes  et  d'une  odeur  suave.  Ma- 
gnolier  à  grandes  fleurs ,  aux  fleurs  blan- 
ches et  suaves.  Magnolier  à  parasol.  Magno- 
lier  glauque ,  aux  fleurs  pourpres.  C'est 
avec  l'écorce  du  magnolier  glauque  qu'on 
fait  cette  poudre  contre  les  fièvres  connue 
sous  le  n(mi  de  quinquina  de  Firginie.  Ma- 
gnolier bicolore.  Le  michéHa ,  dédié  à  Mi- 


SIGNES    DIVERS.    BOTANIQUE.  053 

chéli,  célèbre  botaniste  florentin,  est  le 
même  que  le  champac,  grand  arbre  de 
l'Jnde.  Les  fleurs  du  talauma,  arbre  de 
Saint-Domingue,  sont  très-odorantes,  et 
entrent  dans  la  composition  d'une  des  ex- 
cellentes liqueurs  des  îles. 

On  a  séparé  des  magniotiacces  les  genres  rfi/dViic,  li-ira- 
cire  ,  daillia  ,  etc.,  dont  ou  a  fait  une  nouTeilc  l'amille 
sous  le  nom  de  diléniacées- 

105. —  MALFIGHIACÉES,  MALFIGHIES, 
MALPIGHIÉES  (-  ghiaccœ  ,  -  ghiœ) ,  Arbres 
et  arbrisseaux  très-ramenx  ,  souvent  sar- 
menteux  et  grimpants,  presque  tous  exo- 
tiques ,  et  dont  les  troncs  s'élèvent  de 
vingt-ciftq  à  trente  mitres.  Genres  :  banis- 
tère  (  -  ra  )  ,  gyrocarpe  (  -  pos  )  ,  trioplèris  , 
malpighiaon  mourciller,  érylhroxyle  (-Ion), 
hiptage  ,  etc.  Parmi  les  banistères ,  on  re- 
ntarque  le  banistère  anguleux  du  Brésil  et 
des  Antilles,  qui  passe  pour  un  sudorifique 
tiès  puissant,  etpourun  antidotedu  venia 
des  se ipents. Le  g^yrofflr/?c  croît  au  Mexique. 

Les  trioptéris  sont  des  arbrisseaux  ou  des 
sons  arbrisseaux  ,  souvent  sarmenteux  ,  à 
feuilles  opposées  ,  et  à  fleurs  disposées  en 
panicules  terminales  ou  axillaires.  On  en 
connaît  quatorze  espèces,  presque  toutes 
de  l'Amérique  méridionale. 

Le  genre  malpighier  renferme  une  qua- 
rantaine d'arbrisseaux  à  feuilles  opposées, 
entières  ou  dentées  et  épineuses,  aux  fleurs 
disposées  en  petites  ombelles  axillaires  et 
entourées  de  bractées.  Les  espèces  les  plus 
recherchées  sont  :  le  malpighier  glabre ,  aux 
.fruits  charnus,  d'une  saveur  aigrelette,  que 
l'on  mange  comme  les  cerises,  le  wa//)(g^/)(er 
à  feuilles  d'yeuse,  le  malpighier  à  feuilles 
étroites ,  et  le  malpighier  piquant.  Les  éry- 
throxylcs  (du  grec  cruthros ,  rouge,  et 
xulon,  bois  )  sont  des  arbres  garnis  de  ra- 
meaux comprimés,  aux  feuilles  simples,  al- 
ternes, quelquefois  opposées;  aux  fleurs 
solitaires,  géminées  ou  en  faisceaux.  Le 
fruit  est  une  drupe  sèche  ,  uniloculaire  , 
oblongue  ,  cylindrique,  anguleuse,  conte- 
nant un  noyau.  L'érytroxyle  aréole  (bois 
major)  s'élève  à  quatre  ou  cinq  mètres  , 
et  fournit  un  bois  solide,  d'un  brun  jau- 
nâtre. L'hiptage  est  un  arbre  de  moyenne 
grandeur,  que  l'on  trouve  sur  la  cote  de 
Malabar,  et  dont  les  Indiens  emploient 
les  fleurs  ,  qui  sont  fort  belles  ,  à  parer  les 
autels  de  leurs  dieux. 

De  CandoUe  divise  cette  famille  en  trois  tritus:  mal- 
pighldet ,  hiplagiiies,  lianisliiriées. 

Quant  au  genre  érjftiiroxyle,  Hcsl  dercnu  pour  Kuntli 
le  tj-pe  de  sa  famille  des  tHïiunoxvLiEî,  ((ui  n'a  pas  ù\v 


adoptée. 


T.  II. 


HO 


65  i 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


115.— MAIVACÉES,  MAUVES  (  -vaceœ  , 
-  vœ  )  ,  Plantes  herbacées  ,  annuelles  ou 
vivaces,  s'elovant  parfois  i\  laliautcnr  des 
arbustes;  aux  fcinUcs  allerncs  ,  simples, 
entières ,  et  diversement  lobées  et  incisées  ; 
nu.v  fleurs  presque  habituellement  monoï- 
ques ,  axiilaires  ou  terminales,  tantôt  très- 
petites,  tantôt  fort  grandes.  Le  fruit  est 
composé  d'une  seule  capsule  à  plusieurs 
loties  et  à  plusieurs  valves,  ou  lormé  de 
cinq  à  vingt  capsules  ramassées  orbiculai- 
rement  autour  de  la  base  du  style,  et  con- 
tenant une  ou  plusieurs  graines. 

On  a  diïisù  cette  famille  en  plusieuis  sections.  I.  Eta- 
mines  indèlinics,  réunies  en  un  tube  adhérent  à  la  co- 
rolle ;  plusieurs  ctamines  réunies  en  tête.  Genres  :  pala- 
vie  (-ia|,  ma/ooo  f-paj,  kitiiibélic  (.lia). —  II.  Etamines  réu- 
nies en  un  tube  adhèrent  à  la  corolle;  plusieurs  capsules 
disposées  circulaireraent,  ou  réunies  en  une  seule.  Gen- 
res: niaiii'i!  (malva),  (aixilère  (-ra),  guimauve  (altliiea), 
atcde  ou  rose  irémi'ere  (-cea)  ,  matachre  (-chra) ,  pavnne 
(-nia;,  urène  (-ua),  napée  (-pœa),  side  (-da).  —III.  Eta- 
mines indélinics,  réunies  en  un  tube  adhérent  à  la  corol- 
le ;  une  capsule  à  plusieurs  loges.  Genres  :  AefmiV  (hibis- 
cus), mauvisque  (malvatiscus),  lajunée  (-nœa  ) ,  cotonnier 
OH  gossampin  Jgossj-piuni). — ^IV.  Etamines  toutes  fertiles, 
définies  ou  induGnies  ;  filets  réunis  à  la  base  en  un  corps 
sessile  etéïasè.  Genres:  mélochie  (-chia),  »(euiar(ic  (-tiaj, 
gordone  (nia),  fromager  (bomhax) ,  ochrome  (-ma),  bao- 
bab (adansonia).  —  V. Etamines  définies  ou  indéliuies, 
les  unes  stériles,  les  autres  fertiles;  filets  réunis  à  la  base 
en  un  corpsscssile  ctévasé.  Genres:  penlaphte  (-tes),  abro- 
vie  l-ma),  guaiuma,  dombeya,  bylinérie  (-ria),  etc. — VI. 
Élamines  ordinairement  définies  et  fertiles;  filets  réunis 
à  la  base  ,  autour  de  l'ovaire,  en  un  godet,  porté  sur  un 
pédicelle.  Genres  :  aycne  (-nia) ,  At'/idèrc  (-ra) ,  slerculie 
(-lia). 

La  palavle  se  trouve  au  Pérou.  Les  ma- 
lopes sont  des  herbes  annuelles,  propres 
aux  parties  méridionales  de  l'Europe.  La 
malope  malacoide.  est  cultivée  dans  les 
jardins  de  Paris.  La  A(<«i6e/(e  croît  surtout 
en  Hongrie.  Le  genre  mauve  renferme 
plus  de  cent  espèces,  la  plupart  exotiques. 
Les  mauves  sont  herbacées  ou  annuelles  , 
sufiPrutescentes  ou  vivaces.  Leurs  feuilles 
sont  alternes;  les  fleurs,  disposées  au  som- 
met des  tiges  et  des  rameaux  ,  ont  la  co- 
rolle composée  de  cinq  pétales  en  cœur, 
planes,  ouverts,  réunis  à  leur  base.  Les 
espèces  les  plus  connues  sont  la  mauve  à 
feuilles  rondes,  aux  fleurs  blanches  ou  pur- 
purines ;  la  mauve  sauvage ,  aux  grandes 
fleurs  purpurines  et  aux  feuilles  lobées. 
Les  ruauves  en  général ,  el  particutiérement 
la  mauve  à  feuilles  rondes  ,  sont  employées 
en  médecine  comme  émollientes  et  adou- 
cissantes. Une  infusion  de  fleurs  de  mauve. 
Cataplasme  de  feuilles  de  mauve. 

Le  genre  lavatcre  comprend  une  ving- 
taine d'espèces,  la  plupart  indigènes  d'Eu- 
rope. Le  genre  heimie  renferme  un  grand 
nombre  d'herbes  et  d'arbrisseaux  exoti- 


ques. La  hetmie  musquée^  qui  croît  aux  In- 
des-orientales, ïommtV ambrcttc.  On  culti- 
ve la  hetmie  gombo,  dans  l'Amérique  méri- 
dionale, comme  plante  potagère,  et  on 
mange  ses  ivn\\s.\^a.hetmie  oseillede  Guinée 
a  des  feuilles  acides  employées  aux  mêmes 
usages  que  notre  oseille.  La  heimie  à  feuilles 
de  tilleul  a  une  seconde  écorce  qni  sert  a 
fabriquer  des  cordes  pour  les  vaisseaux. 

La  malachre  capitce ,  qu'on  cultive  dans 
les  jardins  botaniques  de  Paris  ,  vient  des 
Antilles,  eu  elle  croît  dans  les  lieux  ma- 
récageux. La  pavane  est  une  plante  des 
Tropiques. — Le  genre  g-fa'maHue  comprend 
une  dixaine  d'espèces.  La  guimauve  médi- 
cinale est  une  plante  vivace  ,  à  la  tige  cy- 
lindrique et  velue  ,  haute  de  plus  d'tin 
mètre,  aux  feuilles  alternes,  arrondies; 
aux  fleurs  d'un  rose  pâle  ou  blanches  ;  à  la 
racine  pivotante,  longue,  et  charnue,  très- 
mucilagineuse./?rtci/ie  de  guimauve. In  fusion 
de  fleurs  de  guimauve.  Pâle  de  guimauve.  Si- 
rop de  guimauve.  Pastilles  de  guimauve.  La 
guimauve  est  le  symbole  de  la  bienfaisance, 
h'althœa  est  une  espèce  de  guimauve.  Sirop 
d'allhœa.  Pastilles  d'allhœa. 

On  nomme  guimauve  veloutée  et  guimauve  royate,  deux 
espèces  de  Iteimie  ;  guimauve  potagère^  une  cocrete  ou  cor- 
corus  olilorius. 

Le  genre  mauvisque  comprend  quinze  es- 
pèces ,  toutes  indigènes  de  l'Amérique 
méridionale.  Le  mauvisque  arborescent  est 
un  arbuste  de  trois  ou  quatre  mètres,  aux 
fleurs  d'uu  rouge  écarlate  trés-vif ,  qui  se 
succèdent  toute  l'année  sans  interruption. 
— Les  fromagers  sont  des  arbres  exotiques, 
qui  portent  des  fruits  très-gros  ,  et  dont 
plusieurs  s'élèvent  à  une  hauteur  prodi- 
gieuse. On  trouve  des  fromagers  dans  les 
Indes  ,  en  Afrique  ,  au  Brésil ,  et  aux  An- 
tilles. Les  semences  du  fromager  sotil  enve- 
loppées dans  un  duvet  semblable  d  celui  du 
cotonnier ,  mais  qu'on  ne  peut  filer  parce 
qu'il  est  trop  court.  Fromager  à  cinq  élami- 
nes.— Le  genre  co^onjitcr  comprend  des  ar- 
brisseaux et  des  herbes,  dont  les  fleurs, 
grandes,  belles,  et  remarquables  par  leur 
ample  corolle,  produisent  des  capsules 
arrondies  ou  ovales  ,  pointues  à  leur  som- 
met,  divisées  intérieurement  en  trois  ou 
quatre  loges  ,  contenant  chacune  de  trois 
à  sept  graines  noires,  ovoïdes,  enveloppées 
dans  un  flocon  de  duvet  très-fin  ,  que  l'on 
nomme  coton.  Le  cotonnier ,  qui  parait  être 
originaire  de  l'Asie  méridionale ,  est  cultivé 
maintenant  dans  les  quatre  parties  du  monde. 
Le  cotonnier  herbacé  vient  très-bien  en 
France. — L'ochrome  est  très-connu  aux  An- 


SIGNES  DIVERS 

tilles  sous  le  nom  dehtihampo.  On  emploie 
le  coton  qui  est  dans  ses  capsules  à  plu- 
sieurs usages  économiques.  On  dit  même 
qu'on  le  fait  entrer  dans  la  fabrication  des 
chapeaux  anglais. — Le  baobab  est  le  géant 
des  végétaux.  Il  croît  en  Afrique  et  en 
Amérique.  Ses  fruits  se  vendent  au  Séné- 
gal sous  le  nom  de  pain  de  singe.  Le  tronc 
du  baobab,  haut  tout  au  jilus  de  quatre  à 
cinq  mètres,  acquiert  quelquefois  une  cir- 
conférence de  vingt-cinq  à  trente  mètres. 
Il  est  couronné  d'un  énorme  faisceau  de 
branches  qui  atteignent  souvent  jusqu'à 
vingt  et  vingt-cinq  mètres  de  longueur. 
Les  détails  qu'Adanson  nous  a  laissés  sur 
cet  arbre  merveilleux  lui  ont  fait  donner 
le  nom  d'Adansonia.  Voilà  des  choses 
qu'il  n'est  pas  permis  à  un  poète  d'ignorer. 
Abrome  fastueux. Âbrome  à  feuille  allongée. 

Du  genre  hombax  Kunll]  a  formé  la  famille  des  bomra* 
cÉES  ,  dans  la  quelle  il  a  placé  tncore  le  genre  hélictère. 

Le  genre  byUnérîa  est  dcTenu  pour  lîrown  le  Ij'pe  de 
$a  famille  des  bvttnériacées,  dans  la  quelle  il  a  fait  en- 
trer en  outre  les  genres  stercutia  ,  abroma,  guazuma,  tficu- 
broma  oucacauier,  dowbeya,  etc.,  ainsi  que  plusieurs  gen- 
res de  la  famille  des  liliacées  de  Jussieu. 

Le  guazuma  ,  qui  faisait  autrefois  partie 
descacaotersde  Linné,  est  vulgairement  ap- 
pelé orme  à  Saint-Domingue  ,  à  cause  de 
la  ressemblance  de  ses  feuilles  avec  celles 
de  l'orme.  Ses  feuilles  et  son  écorce  sont 
pourvues  d'un  mucilage  très-abondant  , 
que  l'on  emploie  pour  fermer  les  fentes 
des  tonneaux.  Il  sert  à  clarifier  le  vesou 
dans  les  fabriques  desucre. — Le  cacaoïcr  ou 
cacastier  est  un  arbre  assez  semblable  à  un 
cerisier  de  moyenne  taille.  Le  fruit  du 
cacaoïer  est  le  cacao ,  de  la  grosseur  et  de 
la  forme  de  nos  concombres  ,  et  dont  la 
pulpe  blanche,  ferme,  gélatineuse,  acide, 
est  assez  agréable  au  goût.  On  l'emploie  à 
faire  des  liqueurs  spirilueuses.  Les  graines 
du  cacao,  séchées  au  soleil,  pilées  et 
broyées  très-fin ,  puis  préparées  avec  du 
sucre,  de  la  cannelle,  et  de  la  vanille, 
forment  le  chocolat.  On  retire  encore  du 
cacao  une  huile  concrète  qui  s'épaissit  na- 
turellement, et  qui  est  connue  sous  le  nom 
de  beurre  de  cacao.  On  s'en  sert  comme 
antidote  des  poisons  corrosifs  ,  et  surtout 
comme  cosmétique. 

De  Candolle  a  partagé  la  famille  des 
byttnériacées  ,  qui  est  assez  nombreuse  , 
en   six   sections  ou  tribus;  stebcui.iacées  , 

BYTTNÉBIÉS,  I.ASIOrÉTALlJES  .  HERM  ANNIÉES  , 
DOMBEYACÉES  ,  et  W  ALIICniKES. 

147.—  MÉLASTOMÉES  ,  MÉLASTOMES 

(  du  grec  mêlas  :  mn\  ,  {i\  slonia ,  bouche), 


.    BOTANIQUE.  655 

Plantes  qui  se  distinguent  desmyrtacéeset 
des  salicariées  par  leurs  feuilles  chargées 
de  nervures  longitudinaleset  transversales 
et  par  la  structure  membraneuse  des  éta- 
mines.  Genres:  mélaslome  (-ma),  micono 
(  -  nia)',  rhexie  (  -  xia  ). 

Les  mélaslomes  sont  des  arbres  ,  des  ar- 
bustes, ou  des  herbes.  Tous  les  mclastomes 
ont  des  fruits  charnus  et  indéhiscents ,  dont 
quelques  uns  sont  bons  â  manger. 

11 2.  —  MÉLIACÉES  (  -  ceœ  ) ,  Plan  tes  li- 
gneuses, dont  les  caractères  sont  des  feu- 
illes alternes,  non  ponctuées,  sans  stipu- 
les, et  des  fleurs  à  étamines  monadelphes, 
réunies  en  un  lube  anthérifère  (portant  l'an- 
thère). Le  fruit  est  une  baie  ou  plus  sou- 
vent une  capsule  à  plusieurs  loges  monos- 
permes ou  polyspermes. 

On  a  diïisé  cette  famille  en  trois  tribus  :  les  méuacébs 
proprement  dites,  comprenant  les  genres  oierferacA  ou 
mclia,  lurrée  (-rœa),  strigilie  (-lia) ,  qiiiiisié  (sia),  géruma. 
humiria\  les  TiiirniLiÉts,  renfermant  les  genres  trichilier 
ou  trichilia,  guaréa,  heynée  (-ea)  ;  et  les  cÉnRÉLÉBS,  ren- 
fermant les  genres  ccdnle  ou  acajou  à  iilanrbes  (cedielai, 
swieténia,  chbroxylotij  fUndersîa  y  carapa. 

J'ai  déjà  parlé  de  Vazédarach  dans  la 
Méthode  du  Genre,  page  283.  Le  mahogon 
ou  acajou  à  meubles ,  appelé  aussi  bois  de 
cèdre,  appartient  au  genre  swieténia.  Son 
écorce  passe  pour  un  très-bon  fébiifuge. 

122.— MÉNISPERMÉES,  MÉNISPERMES, 
MÉKISFERMOïDES,  MÉNISFERMOÏDÉES , 
LIANES  (menispermcœ,  mcnispcrmoideœ, 
du  grec  mené,  lune,  et  sperma,  semence), 
Plantes  exotiques  ,  à  tige  pubescente  ,  or- 
dinairement sarmenteuse  et  volubile  de 
droite  à  gauche;  à  feuilles  alternes,  sim- 
ples ou  composées  ,  sans  stipules  ;  à  fleurs 
très-petites  ,  axillaires  ou  terminales  ,  et 
disposées  en  épis  ou  en  grappes.  Genres  : 
cissampelos  ,  mcnisperme  (  -  mimi  )  ,  etc. 
Le  suc  du  cissampelos  pareira  est  employé, 
au  Brésil,  contre  la  morsure  venimeuse  des 
serpents.  Sa  racine  ,  connue  dans  nos 
pharmacies  sous  le  nom  de  pareira  brava  , 
jouît  de  grandes  propriétés  toniques  et 
diurétiques.  On  mange  les  fruits  d'une  es- 
pèce de  mcnisperme,  qui  croit  en  Egypte, 
et  qu'on  distingue  par  sa  dénomination  de 
mcnisperme  comestible.  Parla  fermentation 
on  en  obtient  une  liqueur  en-ivrante.  Le 
fruit  du  ménispcrme  coquccule ,  connu  sous 
le  nom  de  coque  du  Levant,  est  vénéneux, et 
sert  pour  en-ivrerouempoisoii<icr  le  poisson. 
161.  —  MONIMIÉES  ,  Arbres  et  arbris- 
seaux à  feuilles  opposées.  Le  type  de  cette 
famille  est  le  genre  JiioniHij'c  qui  comprend 

deux   espèces,  dont  la  plus  connue  est  la 


fiôG 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


monhnic  à  feuilles  rondes,  de  trois  a  quatre 
niL'lres  de  haut,  aux  Heurs  très-pelites, 
d'un  jaune  orangé,  disposées  en  grappes, 
et  exhalant  une  odeur  douce  et  agréable. 
Le  fruit  est  une  Ijaie  charnue.  Cette  plante 
croît  sur  les  sommets  de  l'Ile-de-France. 

V.    DRTICKES. 

MONOCOTTLÉDONES  (  du  grcc  monos , 
seul,  et  cotylcdôn) ,  Dont  les  semences 
n'ont  qu'un  seul  lobe  ou  cotylédon. 

(5.  —  MOUSSES  (  rausci  (1)  )  ,  Plantes 
cryptogames  menues,  herbacées,  qui  nais- 
sent sur  les  pierres,  sur  les  troncs  d'arbres, 
à  la  surface  des  marais,  etc.,  où  elles  for- 
ment des  touffes  de  gazon  toujours  vert,  et 
dont  le  fruit  ,  en  forrne  d'urne  pédicellée, 
contient  des  séminules  placées  autour 
d'une  columelle  ou  axe  cc'Utral,  qui  s'en 
échappent  sous  la  forme  d'une  poussière 
très-fine.  On  divise  cette  famille  en  onze 
sections  :  s  pli  a  gno  idées  ,  pliascoïJées  ,  gyni- 
nostomoïclèes  ,  bitxbaumoidces ,  splaclinoï- 
dées ,  oriholriclwidées,  grimmoïdces,  dicra- 
noïdèes  ,  ùryoïdées  ,  hypnoïdccs,  et  polylrl- 
choïdces ,  qui  tirent  chacune  leur  nom  du 
genre  qui  letu'  sert  de  type.  On  connaît 
plus  de  douze  cents  espèces  de  mousses,  La 
médccina  trouve  dans  les  mousses  des  pec- 
toraux, des  vermifuges,  des  sudorifiques,  et 
des  purgatifs  ;  l'agriculture  des  moyens 
d'engrais  ;  l'industriel  de  quoi  remplacer  la 
laine  des  matelas  et  le  crin  des  sommiers,  etc. 
On  donne  particulièrement  le  nom  de 
jnousse  aux  plantes  du  genre  liypnuni  et  de 
la  section  des  hypnoïdccs.  Se  coucher  sur  la 
mousse.  Un  lit  de  mousse.  Mousse  de  chêne. 

Jamais  on  ne  te  Toit ,  loin  du  l'iioninie  imporlun  , 
Grave,  et  comme  ayant  peur  de  rêreillcr  quelqu'un  , 
EiTer  dans  les  forêts  ténébreuses  et  douces  , 
Où  le  silence  dort  sur  le  velours  des  mousses.  {X.llcuo', 

Prov.  et  Cg,  ,  Pierre  qui  roule  n'amasse 
pas  de  tnousse ,  Un  homme  qui  change 
souvent  d'état  ,  de  profession  ,  ne  s'enri- 
chit pas. 

(  On  appelé  mousse  de  Corse  un  fucus 
menu  et  rougcàtrc  qu'on  emploie  en  mé- 
decine comme  vermifuge.) 

36.  —  MUSACÉES,  Plantes  qui  sont 
presque  toutes  de  magnifiques  herbes, 
propres  aux  contrées  tropicales.  Genres  ; 
Bananier  (musa  )  ,  hcUconia  ravenala,  stre- 
litzia.  On  trouve.;.  le|  tananicr  en  Afri- 
que et  dans  les  deux  Indes.  'J'est  un  ar 
brisseau  a  feuilles  longues  et  vertes,  ; 
'leurs  jaun.Ttres.  Les  feuilles  de  certains  ba 


nanlers  sont  d'une  telle  grandeur ,  qu'on  les 
emploie  souvent  en  guise  de  nappes  et  de  ser- 
viettes. Les  fruits  du  bananier  ,  gros  et 
longs  comme  des  concombres  ,  s'appèlent 
bananes.  Les  bananes  sont  disposées  par  ré- 
gimes ou  grappes.  Il  y  a  des  régimes  qui 
sont  composés  de  soixante  bananes.  Manger 
des  bananes.  Bananes  rôties  ,  bouillies.  Les 
chrétiens  d'Orient  croient  que  le  bananier 
est  le  figuier  des  jardins  d'Ëden  ,  dont  les 
premiers  hommes  couvrirent  leur  nudité, 
et  que  son  fruit  délicieux  ,  dont  on  fait  du 
pain  et  une  liqueur  fermentée,  est  la  pomme 
fatale  qui  séduisit  nos  premiers  parents. 
Le  ravenala  est  un  arbre  fort  curieux  de 
Madagascar,  dont  le  sommet  présente  un 
éventai!  parfait  et  superbe,  composé  d'une 
quarantaine  de  feuilles  semblables,  mais 
plusgraudeset  plus  charnues  que  celles  des 
bananiers.  Cettefamille  a  étéencore  appe- 
lée sciTAMiiMiKS  (du  latin  scitamus,  épice). 

6/i.  —  MYOPORINÉES,  Arbrisseaux  â 
feuilles  alternes  ou  opposées  ,  simples,  à 
fleurs  axillaires  ,  indigènes  de  l'Océanie. 
Le  type  de  cette  famille  est  le  myopore , 
ainsi  appelé  à  cause  de  la  multitude  de 
pores  infiniment  petits  dont  la  plupart  des 
espèces  sont  couvertes. 

159. — MYRISTICÉES ,  Arbres  on  ar- 
brisseaux des  régions  intertropicales  ,  à 
feuilles  alternes ,  entières  ,  coriaces  ;  à 
fleurs  axillaires  ou  terminales  ,  disposées 
en  grappes  ou  en  faisceaux.  Cette  lamillc 
ne  renferme  que  les  deux  genres  myrislica 
(mnscadiei)  et  virola.  Voyez  i.aurinéks. 

/!/(.— MYROBOLANÉES  ,  Famille  de 
plantes  dicotylédones  ,  renfermant  sept 
genres  dont  le  plus  important  était  le  Icr- 
minalier,  et  qui  rentre  aujourd'hui  dans  la 
famille  des  coMBRÉTAciiES.  ^'oy.  éiéagivkes. 

liG.  —  MYRTÉES,  MYRTES,  MYRTOï- 
DES  ,  MYRTÎNÉES  i^myrti  ,  myrtoidcœ  )  , 
Plantes  ligneuses,  aux  feuilles  simples, 
ponctuées,  opposées,  entières,  pleines 
d'huile  essentielle;  aux  fleurs  généralement 
blanches  ou  rougeàtres.  Le  fruit  est  une 
baie  ou  imedïupe, quelquefois  une  capsule. 

Genres  :  Mélaletiqite  (-caj,  lepU^sperme  f-mum),  fabrhui^ 
mélrosidcros  ,  euratypte  (-tus),  goyariei'  (psydium),  vtyU 
(■tusi,  jambosier  ougenia,,  calyplranlhe  l-ihcsi,  jambuliar 
(jamboliferaj,  dccumairs  (-maria  \  grenadier  (punica,,  /J'ii. 
ladtlphe  {-yAwis],  girof,ier   i  nryopliillus',    couroiipila,  t:lc. 

Mélaleuque  à  feuilles  de  millepertuis,  aux 
fleurs  d'unrougc  vif,  disposées  en  épis.  Mé- 
laleuque à  feuilles  de  bruyère.    Mélaleuque 


(l)  Mousse,  quoique  dérive  Je  muscus  ,   a   une   plivsionomic   U(>l^  fraiivii 
fcminin  selon  la  tciminaison 


pour   n  élic  pai 


SIGNES    DIVERS.    BOÏAMOLE. 


armillaire,dMS.  feuilles  violacées,  et  dont  les 
graines  servent  à  faire  des  bracelets,  des 
colliers.  Voyez  la  Méthode  du  Genre,  page 
288.  J'y  ai  aussi  parli';  du  leptospernie  et 
du  grenadier,  pages  286  287.  Les  métrosi- 
déros  sont  de  charmants  arbrisseaux  parti- 
culiers à  la  Nouvelle-Hollande,  et  cultivés 
aujourd'hui  dans  la  plupart  de  nos  serres 
tempérées,  à  cause  de  leur  feuillage  argen- 
té et  soyeux  et  de  leurs  belles  fleurs, souvent 
en  épi ,  de  couleur  jaune  d'or  ,  blanc  mat, 
ou  pourpre  éclatant.  Mclrosidéros  à  pana- 
ches.Mctrosidéros  à  feuilles  dechcne.  h'euca- 
/y/) /e  est  un  arbre  de  la  Nouvelle-Hollande. 
— L'fucrt /y/)  ;cr('sini/cre  fournit  une  gomme- 
résine  très-solide. —  Le  goyavier  blmic  des 
Indes  est  un  arbre  de  cinq  mètres,  au  tronc 
droit,  à  l'écorce  unie,  verdâtre,  tachée  de 
rouge  et  de  jaune;  aux  rameaiix  quadran- 
gulaires;  anx  feuilles  ovales,  allongées,  ai- 
guës, lisses,  veloutées  en  dessus  ;  aux  (leurs 
blanches  semblables  à  celles  du  cognas- 
sier. Les  fruits  du  goyavier,  de  la  grosseur 
d'un  œuf,  se  nomment  goyaves.  Cueittlr 
des  goyaves.  On  nomme  encore  le  goya- 
vier poirier  des  Indes, —  Le  genre  viyrte 
comprend  dix-neuf  espèces,  dont  une  seule 
croît  spontanément  dans  le  midi  de  la 
France.  C'est  le  myrte  commun,  joli  arbre 
qu'on  cultive  dans  les  jardins.  Les  feuilles 
du  myrte  servent  dans  le  Var  et  les  Calabres 
au  tannage  des  cuirs.  On  en  distille  aussi 
une  eau  pourla  toilette,  qui  parfume  et  raf- 
fermit la  peau.  Veau  d'ange.  Les  baies  des- 
séchées du  myrte  piment  sont  employées 
comme  condiment  sous  le  nom  de  toute- 
èpice. —  Le  giroflier,  arbre  des  îles  Rlolu- 
ques  ,  qui  porte  le  clou  de  girofle  ,  est  une 
espèce  de  myrte.  L'écorce  du  giroflier, 
lorsqu'elle  est  dans  le  commerce,  porte  le 
nom  Ae  cannelle  giroflée. Encaisser  un  myrte. 
Chez  les  anciens  le  myrle  était  consacré  à 
Vénus,  en  mémoire  de  ce  que  des  myrtes 
touffus  avaient  dérobé  la  déesse  à  la  pétu- 
lance d'une  troupe  de  satyres. 

«  On  voyait  près  de  Trézène  un  myrle 
sous  lequel  Phèdre  regardait  de  loin  Hip- 
polyte  sur  son  char.  Dans  sa  rêverie  l'é- 
pouse de  Thésée  avait,  avec  l'aiguille  de 
ses  cheveux,  criblé  les  feuilles  de  camyrte. 
On  bàlit  depuis  dans  ce  lieu  un  temple 
consacré  à  \  énus  Spéculatrice. 

»  Les  vainqueurs  aux  jeux  Olympiques 
recevaient  une  couronne  de  myrte.  On 
en  ornait  les  statues  des  héros.' Virgile  ra- 
conte qu'il  existait  aux  enfers  un  bosquet 


de  myrtes  dans  le  quel  erraient  mélanco- 
liquement les  ombres  amoureuses.  Ce  fut 
là  qu'Enée  retrouva  l'infortunée  reine  de 
Carthage.»  (  Aimé  Martin.  ) 

Le  myrte  a  pour  emblème,  amour.  Jjors- 
qu'il  est  fleuri,  son  emblème  est,  amour 
trahi. 

{Myrte  vient  du  grec  myron ,  parfum.) 

hejambosier  diffère  peu  des  myrtes.  On 
l'appelé  aussi  jamcrosc. 

83.  —  NARCISSÉES,  NARCISSES,  NAR- 
ClSSO'iDES  {narcisseee,  narcissi) ,  Plantes 
basses,  herbacées,  ii  bulbe  vivace,  à  hnmpc 
ordinairement  simple,  à /ciaV/cA- radicales, 
engainantes  j  aux  /?c(/rj  grandes,  belles, 
odorantes,  stilitaires,  paniculées  ,  en  co- 
rymbe  ou  en  épi.  Le  fruit  est  une  capsule 
à  trois  valves. 

Geiiroi:  /i gave,  pélvgrlne  ou  alsirœmêiie  (-ria),  lièmaïf 
ilie  ou  fleur  de  sang  (liœniantlms),  crinole  (-la),  cyrtnnlU 
(-tlius),  piindalieroa  ponrrnis  (-tiuni),  namsse j -sus),  (eu- 
coton  ou  teitcotum,  perceneige,  (galantUus). 

Toutes  les  plantes  de  cette  famille  sont 
cultivées  à  cause  de  la  beauté  de  leursfleurs. 
Pancratier  marititne,  Pancratlcr  d'Illy- 
ric.  Le  genre  nnrcwAC  comprend  un  grand 
nombre  d'espèces.  Narcisse  des  poètes. 
Narcisse  des  bois,  ou  faux  narcisse.  Narcisse 
d'hiver  ou  à  bouquets.  Narcisse  blanc,  jaune, 
simple,  double.  Narcisse  de  Conslantinople. 
La  Jonquille  est  une  espèce  de  narcisse. 
Jonquille  simple.  Jonquille  double.  Odeur 
de  Jonquille.  Essence  dejonquille.  Des  gants 
parfumés  dejonquille. 

Narcisse,  fils  de  Céphise  et  de  Liriope  , 
orgueilleux  de  sa  beauté,  méprisa  la  nym- 
phe Écho,  qui  en  sécha  de  douleur.  11  en 
fut  puni.  Un  jour,  au  retour  de  la  chasse  , 
le  beau  Narcisse ,  se  regardant  dans  une 
fontaine,  devint  tellement  épris  de  lui- 
même,  que,  ne  pouvant  vaincre  sa  passion, 
il  se  tua;  et  de  son  sang  naquit  la  fleur 
qui  porte  son  nom. 

Épiis  de  l'aiHoui-  de  moi-même  , 
De  berger  i|ue  j'élais,  je  derins  une  fleur. 

Ah  !    profitez  do  mon  mallieur  , 
Vous  que  le  ciel  orna  d'une  beauté  suprême  •, 
Et ,  fOur  en  ivller  les  coups , 
Puisqu'il  faut  que  cliacun  aime 
Aimez  un  autre  que  tous. 

(  Cl.*l  DE  IIB  i.'Etoii.e.  ) 
En  ma  qualité  de  puriste,  je  dois  faire  remarquer  que 
le  ciuquième   vers  est  détestable.  On  dit  bien  ,  dans  le 
bt.vle  classique,  éviter  les  coups  du  mutlieur  ,    mais  on  ne 
saurait  dire,  éviter  les  coups  (teMos  imillteur. 

Le  narcisse   a  pour  emblème,  faillite, 
cgoïsmc,  indifférence  ;  la  jonquille,  dcsir. 
5/i.  —  NYCTAGINÉES,    NYCTAGES  (-..?( - 

nea' ,  -ncs),   Plantes    exotiques,   hcrh»- 


538 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


cées  OH  ligneuses;  aux  fiMiilles  simples, 
opposées  on  alternes;  aux  llenis  axillaires 
ou  terminales,  piesque  toujours  liernia- 
phrodites;  an  l'ruil  capsulaire.  La  ])Inpai't 
de  ces  plantes  sont  remarqual)Ics  par  la 
vive  couleur  des  (leurs  qui  ne  s'ouvrent 
que  la  nuit  (en  grec  iiy.c).  (Jenres  :  Jiyc- 
<a^e  ou  /'c//c  de  nuit  (nyctago)  ,  calyxliy- 
mcne  (-nia),  etc.  La  fleur  des  nyctages  , 
pourpre,  jaune,  ou  Manche,  ne  s'épanouit 
guère  qu'après  le  coucher  du  soleil,  et  ne 
vit  pas  plus  de  vingt-quatre  heures.  La 
belle  de  nuit  a  pour  emblème,  fuir  cl  re- 
douter l'amour. On  confond  la  nyctagc^avec 
lejalap,  qui  est  une  plante  convolvuiacée. 

39.  — NYMPHiEACÉES,  Famille  de  plan- 
tes, dont  le  type  est  le  genre  nymphéa  ou 
nénuphar,  et  que  quelques  auteurs  ne  sé- 
parent pas  des  hydrocharidées. 

119.  — OCHNACÉES,  Famille  de  plantes, 
très-voisine  de  la  section  des  simaroa bées  , 
qui  elle-même  s'éloigne  peu  des  magnolia- 
cées.  Elle  a  pour  type  le  genre  ochna ,  ren- 
fermant onze  espèces  d'arbres  et  d'arbus- 
tes,  à  feuilles  alternes,  stipulées,  — 'à 
fleurs  en  épi  ou  en  panicule,  —  tous  indi- 
gènes des  régions  intertropicales. 

108.  —  OLACINÉES,  Famille  de  plan- 
tes ,  ayant  pour  type  le  genre  olax ,  arbre 
qui  difTére  peu  da  fi.isi lier.  La  plupart  des 
auteurs  rejettent  cette  famille  dans  celle 
des  auranliacccs. 

96.  —  OMBËU.IFÈRES  { -rœ ,  du  latin 
itmbella,  ombelle,  et /cro  ,  je  porte),  Plan- 
tes herbacées  ,  aux  feuilles  alternes,  ordi- 
nairement pinnées  et  amplexicaules  ;  aux 
fleurs  petites,  sans  éclat,  blanches,  rosées 
ou  jaunes ,  ombellées. 

Genres  :  Boueage  (pinipinclla),  carvi  (caium  ),  arhe  ou 
céleri  (apium) ,  anetli  (-ihuni) ,  panais  (pastiiiaca  i ,  maee- 
Ton  ,'sniyriiiuni) ,  tliaspie  (-plai,  séséli,  impéraioire  f-toiia), 
eerfeuil  clueroplijllum,  du  grec  chairô.  je  me  réjouis,  et 
ph)ilôii,  feuille),  srandi.r,  roriondre  f-drum,  du  grec  koria, 
punaise),  élliuse  ou  petite  cigui:  (œlhusa),  ciguë  (cicuta) , 
pliellandre  (-driuni,  du  gr./;/ie//os,  liège,  et  ant':r,  lionuue), 
énanthe  (œnantlius,  du  grec  oinos  ,  vin,  et  antlios,  fleur], 
cumin  (-nunil,  buhon  ^  sison,  berle  (siuni)  ,  avgétique 
f-lica),  livèche  (  liguslicum  ),  laser  (  laserpitiuni  ),  fé- 
rule (-la  ),  peucédun  ou  queue-de-pourceaa  (-uum  J ,  athu- 
mantlie  (-la),  selin  (-uuni),  grande  cigui:  (coniuni),  tcrre- 
Titiix  ou  jarnotte  (buiiiuni),  ammi ,  carotte  {  daucus),  catt' 
calide  {-calh],  lordjle  (-ylium),  artédie  (dia),  bupli:vre  ou 
bec-deliêvre  (buplevruni  (1  )  ,  èchinophore  (-ra) ,  du  grec 
ecliinos,  liérisson,  et;;/ic;û,  je  porte  )  ,  aslrance  (-lia)  ,  sa- 
mrle  (cula),  paniraut  (erjngiura),  hydrocolyle  ou  éc.uelle 
d'tau  { liyilrocol jie,  du  grec  hudôr,  eau,  et  coïyte,  ccuelle), 
lagœcie  (-cia),  berce  (  licracleum  ),  etc. 


La  plupart  des  ])Iantcs  de  celle  famille 
sont  aromatiques.  Plusieuis  sont  vénéneu- 
ses. L'n7i(.s- ,  espèce  de  boueage,  est  une 
plante  annuelle  qui  porte  une  graine  de 
même  nom,  qu'on  fait  servir  à  plusieurs 
usages.  L'anis  vient  dans  les  terres  chaudes 
et  légères.  L'anis  est  tonique,  carminalif, 
diurétique,  etc.  Graine  d'ani s.  Odeur  d'avis. 
Essence  d'anis.  Manger  de  l'anis.  h'aniselte 
est  une  liqueur  spiritueuse  composée  avec 
de  l'essence  d'anis.  En  Italie  et  en  Alle- 
magne onmclc  l'anis  avec  le  pain.  Passe  encore 

])our  l'anis;  mais  on  y  mêle  aussi  du  cumin,  et  c'est  ce 

que  je  ne  puis  souiivir.  On  fait  avec  de  l'anis  des 
dragées  trés-estimées  qui  portent  le  même 
nom.  Anis  de  Verdun.  Anis  commun. 

On  nomme  vulgairement  anis  acre  ou  aigre,  le  cumin; 
anis  de  Paris  ,  une  variété  de  fenouil  dont  on  mange  les 
racines  et  le  bas  de  la  tige  ;  et  anis  étoile,  la  badiane  de  la 
Obine. 

Le  genre  carvi  ne  renferme  qu'une  seule 
espèce,  le  carvi  des  prés,  plante  bisan- 
nuelle, dont  la  tige  de  soixante-cinq  cen- 
timètres de  haut,  lisse  et  rameuse,  est  gar- 
nie de  feuilles  pointues  et  de  fleurs  d'un 
blanc  jaunâtre.  On  mange  les  racines,  les 
feuilles,  et  les  jeunes  pousses  du  carvi.  Le 
carvi  est  un  bon  fourrage.  Les  graines  du 
carvi  ont  les  niômes  propriétés  que  celtes  de 
l'anis,  et  entrent  dans  la  composition  de 
plusieurs  liqueurs. h'ache  a  les  feuilles  den- 
telées, le  fruit  ovoïde,  les  fleurs  jaunâtres. 
L'ache  était  une  des  plantes  funéraires  des 
anciens.  On  couronnait  d'ache  les  vainqueurs 
des  jeux  istlnniques  et  némcens.  Fert  comme 
de  l'ache,  comme  achc.  Le  céleri  est  une  va- 
riété de  l'ache,  transformée  par  la  culture 
en  plante  potagère.  Céleri  long  ou  tendre. 
Céleri  court.  Céleri  rave.  Le  céleri  rave  a  la 
racine  semblable  à  celle  d'un  navet.  Le  cé- 
leri se  mange  en  salade ,  ou  cuit.  Salade  de 
céleri.  Faire  blanchir  du  céleri.  Le  persil  est 
une  espèce  d'ache  bisannuelle,  à  racine 
l'usiforme,  pivotante  ,  giosse  et  charnue. 
Le  persil  répand  une  odeur  aromatique  très- 
agréable.  Cueillir  du  persil.  Hacher  du  per- 
sil. Frire  du  persil.  Mettre  du  persil  autour 
du  bœuf.  Racines  de  persil. 

On  nomme  vulgairement  persil  d'âne,  le  cerfeuil  ;  per- 
sil de  bouc ,  la  boueage  ;  persil  des  fous,  la  cirutuire  ;  persil 
de  Macédoine,  le  bubon. 

h'aneth,  plante  annuelle,  croît  en  abon- 
dance dans  nos  départements  du  midi,  en 
Italie  et  en  Espagne.  Les  graines  de  l'aneth 


(i)  l'av    consuqucnl  hiipVei'rv  est  masculin  en  fiançais.  Ce  mol  a   été  omis  dans  la  liste  des  ex- 
ceptions que  contient  la  Méthode  du  Genre   Je  m'empresse  de  le  rclalili»-. 


sont  employées  enmcdecine  comme  toniques, 
c.cutanles ,  et  carminalhes.  Huile  d'aneth. 
Les  i^ladialeurs  se  frottaient  avec  de  l'huile 
d'anctii.  Les  anciens  Romains  se  couronnaient 
d'aneth  dans  leurs  festins,  celte  plante  étant 
pour  eux  le  symbole  de  la  joie.  Le  fenouil 
est  une  espèce  d'aneth.  On  connaît  plu- 
sieurs variétés  de  fenouil.  Le  fenouil  commun 
se  mangeensalade  commelecéleii.Latige 
sert  à  faire  des  curedents.  La  graine  a  la 
saveur  de  l'anis.  On  en  fait  une  liqueur  qui 
simule  l'anisette  et  qu'on  nomme  anisette 
de  Strasbourg.  On  en  extrait  une  huile  ap- 
pelée ^onimc  de  fenouil.  Le  fenouilest  stimu- 
lant et  diurétique. 

On  nomme  ft;/ioui7  d'eau  ,\c  plielttmdfe  aquatitjue,  la 
renoncule  flottante^  et  le  volant  d'eau  ;  fenouil  de  montagne^ 
le  pyr'elhre  du  Levant  ;  fenouil  de  mer  et  fenouil  marin  ,  le 
bacil  ou  perce-pierre  ;  fenouil  de  porc,  \ti  peaccduîi:  fenouil 
puant  't  Vanetli  odorant  ;  fenouil  sauvage  ,  la  ciguë  ;  fenouil 
lortu,  plusieurs  espèces  de  séséli.  ; 

Le  panais  est  une  plante  potagère  dont 
la  racine,  qui  prend  le  même  nom,  est 
d'un  blanc  jaunâtre  et  d'une  saveur  dou- 
ceretise. — On  connaît  huit  espèces  de  ma- 
cérons, dont  quatre  appartiennent  à  l'Eu- 
rope. Le  maccron  commun,  a  racine  grosse, 
blanchâtre,  et  bisannuelle,  à  tige  haute 
d'un  mètre,  garnie  a  la  base  de  feuilles  trois 
fois  ternées,  à  fleurs  jaunes,  a  été  con- 
fondu avec  le  persil  de  Macédoine  ou  bubon, 
ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  vulgaire  de 
gros  persil.  Le  maceron  se  mangeait  autre- 
fois en  salade.  Le  scséli,  plante  à  tige  verte, 
haute  de  qualrevingt  à  quatrevingt-dix 
centimètres,  aux  feuilles  presque  filifor- 
mes, aux  fleurs  d'abord  rougeâtres,  puis 
blanches,  —  habite  l'Europe  méridionale. 

On  nomme  TulgaiiementsMc/trf'Égï/Xe.  la  caucalide  à 
grandes  fleurs;  séséli  de  Crète,  le  tord} le  officinal  ;  séscli 
fl»  îlonlpellier  ,  un  peucédan;  séséli  d'Ethiopie  ,  un  buplc- 
vre.  Le  séséli  des  pharmaciens  est  le  laserpilium  siler  , 
dont  la  racine  et  les  semences  sont  arcmatitjues  et  sti- 
mulantes. 

h'impératoire  est  ainsi  nommée  à  cause 
des  grandes  vertus  qu'on  attribuait  autre- 
fois à  la  racine  de  l'espèce  appelée  vulgai- 
rement Angélique  françai ne  ai  benjoin  fran- 
çais. —  Le  cerfeuil  cultivé  est  une  plante 
potagère  annuelle,  dont  les  feuilles  sont 
assez  semblables  à  celles  du  persil  ,  mais 
plus  grandes.  Le  cerfeuil  est  employé  dans 
la  cuisine  comme  assaisonnement.  Les  la- 
pins mangent  le  cerfeuil  avec  avidité.  Une 
autre  espèce,  appelée  cerfeuil  d'Espagne, 
cerfeuil  musqué  ou  myrrhis,A  des  semences 
dont  le  parfum  et  le  gofit  rappèlent  celles 
del'anis,  et  qui,  vertes  et  hachées, se  man- 


SIGNES  DIVERS.   BOTANIQUE.  659 

gent  dans  la  salade.  Le  scandix  diffère  peu 
des  cerfeuils  et  des  myrrhis.  ia  grande  ci- 
guë, aux  feuilles  grandes,  d'un  vert  très- 
foncé  ,  et  un  peu  luisantes ,  est  très-véné- 
neuse. Les  Athéniens  se  servaient  du  suc  ex- 
trait de  la  grande  ciguë  pour  faire  mourir 
ceux  que  l'Aréopage  avait  condanmcs .  Sa- 
crale et  Phocion  furent  condamnes  à  boire  la 
ciguë.  La  dentaire,  qu'on  nomme  autre- 
ment ciguë  vireuse, ciguë  aquatique, est  éga- 
lement un  poison  très-actif.  L'èthuse  ou  pe- 
tite ciguë,  employée  extérieurement,  est 
calmante  et  résolutive;  intérieurement, 
elle  est  dangereuse.  Les  phellandres ,  les 
énanthes ,  sont  égalemeut  dangereux,  ou 
tout  au  moins  suspects.  Phellandre  aqua- 
tique, millcfeuille  aquatique,  fenouil  d'eau, 
sont  autant  de  noms  différents  de  la  ciV«- 
taire.  Le  coriandre  est  stomachique  et  car- 
minatif  Le  cumin  est  une  plante  annuelle, 
à  la  tige  plus  ou  moins  rameuse;  aux  feuilles 
ccjinposées  de  folioles  ovales,  lancéolées, 
découpées;  aux  fleurs  tantôt  blanches  et 
tantôt  purpurines;  aux  fruits  velus;  aux 
graines  verdàtres,  d'une  odeur  très-forte. 
Le  cumin  est  employé  quelquefois  en  méde- 
cine pour  faciliter  la  digestion  et  dissiper  les 
vents  (AcAD.).  En  Allemagne  on  mêle  le 
cumin  avec  le  pain,  ce  qui  lui  donne  une 
odeur  que  je  ne  puis  supporter. 

La  première  fois  que  cette  odeur  m'a  frappé,  c'est  à 
l'hôtel  de  Saint-Pétersbourg,  à  Berlin.  Rassasié  de  sem- 
melhrod,  je  voulus  goûter  d'un  joli  pain  noir,  tous  frais, 
qui  arait  liien  la  mine  la  pins  séduisante  ;  mais  quel  fut 
mon  désappointement!  <|uand  je  m'aperçus  qu'il  était  in- 
fecté de  cumin.  Je  ne  pouvais  plus  rien  manger  avec 
plaisir.  Cette  odeur  me  poursuivait  partout.  Diables 
d'Allemands!  me  disals.je  ,  on  devrait  bien  leur  faire 
payer,  conmie  autrefois  aux  Hébreux,  la  dîme  de  l'anetb 
et  du  cumin,  pour  les  punir  d'aimer  si  «picé. 

Le  cumin  est  employé  en  médecine  comme 
stimulant  et  tonique.  Les  graines  de  carvi, 
A'anis,  de  fenouil,  et  de  cumin  ,  forment  ce 
qu'on  appelé  les  quatre  semences  chaudes. 

On  uomme  vulgairement  cumin  des  pré;,  le  enrvi;  cu- 
min noir,  la  nigelle  cultivée  ;  cumin  indien,  un  nnrte;  cumin 
cornu,  Vliypécoon;  cumin  bâtard,  le  tagacna. 

Le  bubon  de  Macédoine,  cultivé  dans  nos 
jardins,  porte  des  fleurs  blanches,  em- 
ployées anciennement  pour  guérir  l'inflam- 
matiiin  des  aines.  Le  bubon  galbanum,  ar- 
brisseau de  trois  ou  quatre  pieds  de  haut, 
portant  des  fleurs  jaunes,  fournit  la  gomme 
résine  appelée  galbanum,  qui  passe  pour 
apéritive,  diurétique,  emmenagogue,  an- 
tispasmodique, et  expectorante.  Les  se- 
mences de  l'ammi  de  Candie,  commun  dan» 
l'Europe  méridionale  et  l'Orient,  sont  car- 


6i0 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


minativos,  et  faisaient  partie  des  quatre 
semences  chaudes  mineures  des  anciens. 
— Plusieurs  espèces  de  berles  sont  cultivées 
à  cause  de  leurs  racines  nciunissantes. 

«A  l'exemple  de  la  belle  princesse  du 
Calhai  dont  elle  porte  le  nom  ,  et  qui  pré- 
fera avec  son  cher  Médor  le  séjour  paisible 
des  forêts  aux  palais  des  rois  ,  l'angélique 
se  plaît  dans  les  lieux  agrestes. 

»  L'Angélique  des  prairies  lève  une  tète 
élégante  au  sommet  d'une  tige  épaisse, 
dont  la  teinte  a  delà  fraîcheur.  Dans  l'en- 
ceinte de  nos  jardins,  elle  l'orme  des  buis- 
sons massifs  d'où  s'exhale  une  odeur  péné- 
trante.» (Aimé  Martin.) 

On  cnnfil  dans  le  sucre  les  liges  encore 
vcrlesde  l'a/igcliqnc.  L'angélique  fait  la  base 
de  plusieurs  préparations  liquides.  L'angé- 
lique parfume  la  bouche  et  fortife  l'estomac. 
Un  bâton,  un  morceau  d'angélique  confite. 
Eau  d'angélique.  Baume,  ex  trait  d'angélique. 
—  L'angélique  a  pour  emblème,  extase. 

On  a  donne  le  nom  li^angtHîijue  à  une  Tarîété  de  potrCy 
ainsi  qu'à  la  ;«)rfnji'iuVe.  Vungélique  épineuse  i&lVarulie. 

La  livèche  se  nomme  aussi  rtc/ie  de  mon- 
tagne. Ses  racines  et  ses  semences  sont 
stimulantes  et  diurétiques.  Celles  du  laser 
ù  grandes  feuilles  sont  diurétiques,  emmé- 
nagogues,  et  drastiques.  Les  graines  du 
laserpitium  siler,  ou  séséli  des  pharmaciens, 
sont  stomachiques,  diurétiques,  emména- 
gogues,  carminatives. —  Férule  commune. 
Fcrule  glauque.  Férule  de  Perse.  La  férule 
de  Perse  fournit  l'assa-fœtida.  Chez  les  an- 
ciensRomains,  lesmaîtres  d'école  se  servaient 
d'une  tige  de  férule  pour  châtier  leurs  éco- 
liers. La  férule  de  Perse  est  vermifuge,  an- 
tispasmodique, etc. — La  racinedii peucédan 
ofjicinal  est  dinrétique  ,  emménagogue,  et 
antihystérique.  Les  graines  de  Vathamante 
de  Crète  sont  aromatiques,  toniques,  etc. 
Le  selin,  aux  racines  fusiformes,  à  la  tige 
droite  et  verte,  laiteuse,  aux  feuilles  ailées, 
aux  fleurs  petites,  blanches  ou  jaunes,  est 
une  plante  répandue  dans  les  lieux  humi- 
des et  montucux  de  toute  l'Europe.  Le 
selin  des  marais  ,  appelé  vulgairement  en- 
cens d'eau,  persil  des  marais,  tisselin,  etc., 
et  le  selin  tortueux,  nommé  aussi  faux  iur- 
bitli  et  ache  sauvage,  jouissent  de  proprié- 
tés purgatives.  Les  paysans  en  font  sou- 
vent usage  pour  eux-mêmes  ou  pour  leurs 
bestiaux.  Les  JiKi/ins  diffèrent  extrêmement 
peu  des  selins.  —  La  terre-noix,  qui  croit 
dans  les  bois  et  les  lieux  humides,  produit 
une  racine  tuberculeuse  dont  le  goût  appro- 


che de  celui  de  la  châtaigne,  et  que  les 
bestiaux,  surtout  les  moutons,  mangent 
avec  avidité. — La  carotte,  outre  qu'elle  est 
alimentaire  ,  s'emploie  aussi  comme  apé- 
ritive  et  diurétique.  Planter  des  carottes. 
Faire  cuire  des  carottes.  Fig.  etfam.  Ne  vivra 
que  de  carottes  ,  Vivre  mesquinement. 

La  caucalide  ou  le  caucalis  s'appèle  gi- 
rouille  dans  quelques  cantons  de  la  France. 

—  Tordyle  géant.  Tordyle  officinal.  Le  pre- 
mier, qui  croît  dans  l'Europe  méridionale 
et  la  Syrie,  porte  des  feuilles  blanches, 
teintes  de  rouge.  Le  second  abonde  dans 
les  champs  des  départements  de  la  France 
méridionale.  La  racine  et  les  graines  du  tor- 
dyle officinal  passent  pour  diurétiques  et  car- 
minatives. Buplèvre  coriace.  —  Duplévre  à 
feuilles  rondes.  Le  buplèvre  a  clé  mis  au  rang 
des  médicaments  astringents.  — Le  genre 
échinophore  se  compose  de  deux  espèces  de 
plantes  particulières  aux  bords  de  la  Médi- 
terranée, h' échinophore  épineux  a  des  feu- 
illes découpées  en  segments  aigus,  étroits, 
etsemblables  àdesépines;  ce  quiluiafait 
donner  son  nom. — La  sanicle,  plante  viva- 
ce,  aux  feuilles  palmées  ou  digitée,  habite 
les  bois  et  les  lieux  ombragés.  La  sanicle 
commune  ou  toute-saine  ,  répandue  en  Eu- 
rope ,  a  eu  autrefois  une  grande  réputa- 
tion comme  vulnéraire. 

On  nomme  Tulpairenient  sflniV/c  niùle ,  la  sanicie  com- 
mune; sani'le  /*e;?ie//e,  Vastronce  ;  sanicie  de  montagne  )  la 
benoîte  officinale;  petite  sanicle,  )a  moscateîtine. 

La  France  possède  six  espèces  de  pani- 
cauts,  dont  la  plus  connue  est  le  panicaut 
des  champs,  appelé  encore  chardon  à  cent 
têtes,  et  qui  passe  pour  diurétique.  Cette 
plante  a  une  racine  pivotante,  brune, 
grosse,  très-longue,  —  une  tige  droite,  très- 
rameuse,  haute  de  vingt  à  trente  centimè- 
tres,— des  feuilles  coriaces  d'un  vert  pâle, 

—  des  fleurs  blanches." —  li'hydrocotyle  est 
détersive,  vulnéraire,  et  apéritive. 

l/i5.— ONAGRAIRES,  ONAGRIÉES,  ONA- 
GRES, ÉFILOBIÉES,  ÉPILOBIENNES  {ona- 
grariœ,  onagrœ,  d'onager,  âne  sauvage  ,  — 
epilobiœ,  epilobianœ)  ,  Plantes  herbacées, 
à  feuilles  alternes  ou  opposées  ;  aux  fleurs 
grandes,  en  grappe  ou  en  épi;  au  fruit  cap- 
sulaire  ou  charnu. 

Genres  :  riVfce  (-cœa),  lopéiie  {■2.ia],j'ussiée  (-iœa),  ona- 
gre (œnothera),  épitobe  {-bium},  tnontin  i-tima),  serpicule 
(-la),  ludwigie  (-gia),  jnu/ia,  fusclàe  (-scliia), -marre  (-tra- 
pa  ),  volant  d'eau  (niyriopbjUum),  cercoii^c  (-dea),  pro- 
serpînaca,  etc. 

Les  circées  ,  très-communes  dans  les 
lieux  ombragés  et  montucux  ,  fleurissent 


SIGiNES   DIVERS.    BOTAiNiyUE 


641 


au  milieu  de  l'été.  La  circée  pubescenle, 
qu'on  nomme  aussi  herbe  à  la  magicienne, 
herbe  acix  sorcicrx,  parce  qu'au  temps  de  la 
supmstition  elle  était  fort  leclierchée  par 
les  imposteurs  et  les  charlatans ,  a  la  tige 
droite ,  hante  de  quarante  centimètres, 
garnie  de  feuilles  opposées ,  aiguës,  avec 
des  fleurs  blanches  ou  rougeâtres  ,  dispo- 
sées en  longues  grappes  term inales.  —  La  lo- 
pèze  ou  pisaure,  qu'on  cultive  dans  les  jar- 
dins de  Paris,  a  des  fleurs  nombreuses, 
nuancées  de  blanc  et  de  pourpre,  des  fruits 
loJiguement  pédicules  et  pendants ,  qui 
lui  donnent  un  bel  aspect. —  La  Jussie  ne 
diffère  des  onagres  que  par  son  calice  per- 
sistant sur  la  capsule.  L'onagre  bisannuelle, 
vulgairement  appelée  herbes  aux  ânes,  a  la 
racine  très-longue,  grosse,  pivotante,  char- 
nu*, rougeàlre,  ce  qui  lui  a  fait  donner  aussi 
les  noms  de  raiponce  rouge  et  Jambon  dejar- 
dinier.  En  Allemagne  on  la  mange,  dit-on; 
en  France  on  l'abandonne  aux  pourceaux. 
Cette  plante  a  les  fleurs  grandes,  jaunes  , 
bien  ouvertes,  d'une  odeur  suave,  et  dispo- 
sées en  longs  épis.  ^Lescf(7oAc«,  aux  fleurs 
rouges,  roses,  ou  violacées,  habitent  les 
lieux  frais  ethuujides.  L'cpilobcdépi,  qu'on 
nomme  aussi  osier  fleuri,  laurier  de  Sainl- 
Anloine ,  a  les  fleurs  d'un  rouge  purpurin. 
Dans  le  Nord  ses  racines  se  mangent.  Ses 
feuilles,  semblables  a  celles  du  saule  et  de 
l'osier,  entrent  dans  la  composition  de  la 
bière.  Les  aigrettes  de  ses  fleurs  ,  mêlées 
au  coton  ,  peuvent  servir  à  faire  de  légers 
tissus.  —  Le  monlin  est  un  arbuste  du  Cap. 
—  On  cultive  dans  les  jardins  botaniques  la 
fuschie  ou  fuchsie  ccarlale  ou  de  Magellan, 
aux  fleurs  solitaires  et  axillaires  ,  aux  feu- 
illes dentées  et  ternées.  —  La  macre,  que 
l'Académie  appelé //îoc/c,  et  que  plusieurs 
botanistes  rapportent  à  la  famille  des  hy- 
drochloridèes^est  une  plante  vivace,  aqua- 
tique, aux  feuilles  flottantes  ,  aux  fleurs 
blanclies,  dont  le  fruit  cornu,  appelé  aussi 
inacre  ou  châtaigne  d'eau,  se  mange  cuit. 
Les  cercodces  croissent  dans  la  Nouvelle- 
Zélande. 

Le  genre  ccrcorfee  constitue  maintenant 
la  famille  des  cekcodiennes  de  Jussieu, 
qui  est  la  môme  que  celle  des  hygrobièes 
de  Brown. 

140.  —  OPUNTIACÉES  ,  CIERGES  ,  CAC 
TIERS,  CACTES  ,  MOFAI.ÉES  [opunliaccœ, 
cacii,  nopaleœ).  Plantes  grasses,  herbacées, 


dont  la  tige  est  en  général  charnue,  gar- 
nie d'aiguillons  en  faisceaux,  et  ordinaire- 
ment dépourvues  de  feuilles.  Cette  fa- 
mille, composée  de  deux  grandes  tribus, 
a  de  grands  rapports  avec  les  porlulacées 
et  les  ribesiées.  Les  plantes  les  plus  con- 
nues de  cette  famille  sont  les  cactiers  ou 
cactus  et  les  mélocacles.  Les  cacliers ,  tous 
originaires  des  régions  infertropicales  de 
l'Amérique,  sont  d'une  forme  tres-varia- 
ble.  Quelques  uns,  tels  que  le  mèlocacte^ 
le  mamillaire ,  le  caclicr  monstrueux,  le 
petit  cactier,  présentent  une  masse  sphéroï- 
q'je  ,  dont  la  grosseur  varie  d'un  œuf  de 
poule  à  un  gros  potiron,  hérissée  de  toutes 
parts  de  tubercules  cotonneux  au  sommet, 
et  couverte  de  petitespointes  divergentes. 
Mais  les  espèces  les  plus  remarquables 
sont  1"  le  cactier  raquette,  ou  opuntia,  vul- 
gairement connu  sous  le  nom  de  figuier 
d'Inde,  dont  la  tige  d'un  vert  de  mer  est 
formée  de  plusieiu-s  articulations  aplaties, 
portant  des  épines  rousses  disposées  par 
petits  faisceaux,  du  centre  desquels  sort 
une  fleur  solitaire,  inodore,  et  jaune  ou 
blanche,  quelquefois  rouge,  qui  fait  place 
en  août  à  un  fruit  succulent,  de  la  grosseur 
d'une  figue, à  pulpe  aqueuse  et  rougeâtre; 
2"  le  cactier  à  cochenille  ou  nopal  (cactus  coc- 
cinelhfer) ,  sur  le  quel  on  élève  l'insecte 
qui  donne  la  cochenille,  et  dont  les  arti- 
culations sont  oblongues,  épaisses,  et 
presque  entièrement  lisses;  et  3°  le  cactier 
nicliformc  ou  melon  épineux. 

58.  — ORCHIDÉES  (-deœ,  du  grec  orchls, 
testicule),  Famille  de  plantes  herbacées  , 
qui  doit  son  nom  à  la  forme  des  bulbes 
de  ses  racines.  Ce  sont  des  végétaux  tous 
vivaces ,  tantôt  croissant  sur  l'écorce  des 
arbres,  ou  grimpant  le  long  de  leurs  troncs, 
tantôt  habitant  les  lieux  humides. 

On  partage  la  famille  des  orchidées  en  quatre  sec- 
tions ;  les  oPiiRTDKKS  (genres,  oplirys ,  orcliis  ,  eHébori- 
rie ,  etc.);  le»  LjMODoai£s  (genres,  vajiilUdr  ou  tatiUie  , 
limodore  ou  limifdorum  ,  arédtuse.  etc.)  ;  les  ÉpiobsuBÉBs 
'  genres,  àendrubion,  c^tnbidîer  ou  rymbldion^  oncidîum,  épi- 
den4iûn,  viuiuxh,  sliflis  J ;  les  cypmptuiïES  (genre,  cypri- 
p^de  ,  ou  cypripedium  ). 

Les  orchis  ont  des  fleurs  généralement 
purpurines,  disposées  en  panaches,  et  sou- 
vent remarquables  par  leur  bonne  odeur. 
Les  racines  partent  de  deux  bulbes  char- 
nus (1),  renfermant  un  mucilage  abondant, 
avec  le  quel  on  forme  le  salcp,  fécule  très- 
nourrissante  et   très-estimée    surtout    des 


(1)    Biiltie,  féminin  selon  rAcadcuiic  ,  tluil  cl\c  Miasculiii  selon  r<''t_vnioliPi!ic  liulhiis .  Tu 
iJnistes  le  font,  eu  tffel,  mascuUu. 

T.  II.  ^^ 


<1«2 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES, 


Orientaux.  Les  orchis  se  trouvent  dans  les 
j)i'airies ,  les  l)ois,  les  collines  et  près  des 
lleuves.  Le  genre  opiirys  ou  opiiryde  (1) 
renferme  dt  s  espèces  nombreuses,  dont 
les  (leurs  ofirenl  une  grande  ressemblance 
avec  certains  insectes.  Ophrydc  mouche. 
Ophryde  bourdon.  Ophrydc  nraignce,  etc. 
h'eUéborinc ,  jolie  plante  d'ornement,  est 
ainsi  nommée,  parce  que  plusieurs  de  ses 
espèces  ont  les  feuilles  semblables  à  celles 
de  l'ellébore. 

Les  anciens  nommaient  ainsi  l'nsfronce  à  feuilles  étroi- 
tes. 

Le  llmodor  de  Chine  a  des  fleurs  blan- 
ches et  rouges  ,  inclinées  ,  très-odorantes. 

Le  vanillier  ou  vanille  est  un  arbrisseau 
sarmenteux  etgrimpant  qui  croît  en  Amé- 
rique. Son  fruit  ,  qu'on  nomme  aussi  va- 
nille, est  une  silice  ou  gousse  étroite  ,  lon- 
gue de  douze  à  trente-cinq  centimètres, 
cassante,  ridée,  roussàtre,  parsemée  de 
points  brillants,  la  quelle  contient  tme 
multitude  de  semences  noires,  rondes, 
luisantes,  d'une  odeur  très-aromatique.  Le 
fruit  du  vanillier  est  employé  comme  stoma- 
chique, stimulant  et  tonique.  Un  paquet  de 
vanilles.  Mettre  deux  ou  trois  vanilles  dans 
une  livre  de  chocolat.  Chocolat  à  la  vanille. 
Crème  à  la  vanille.  Glace  à  la  vanille.  Li- 
queur de  vanille,  ou  simplement,  vanille. 
Dn  verre  de  vanille.  Boire  de  la  vanille. 

On  nomme  quelque  fois  vanille,  Vhélhthrope  du  Pérou, 
dont  les  fleurs  ont  une  odeur  agréable,  très-iessemblaute 
à  celle  du  fruit  de  la  vanille. 

Les  aréthuses  sont  des  plantes  d'un  port 
très-élégant, dont  la  fleur  frappe  par  sa  sin- 
gularité, et  dont  la  plupart  n'ont  pour  lige 
qu'une  hampe  uniflore ,  garnie  au  plus 
d'une  ou  de  deux  feuilles.  —  Il  y  a  les  cym- 
bidiers  terrestres  et  les  cymbldiers  parasites. 
Le  cymbidier  pourpre  ,  le  cymbidier  Jaune, 
\c  cymbidier  élégant ,  etc.,  sont  terrestres. 
Le  cymbidier  à  feuilles  de  Jonc,  le  cymbidier 
à  feuilles  d'aloès,  etc.,  sont  parasites. —  On 
a  donné  le  nom  de  vanille  à  Vcpldendron 
ou  angrec  aromatique.  —  Le  cyprlpéde, 
qu'on  nomme  encore  sabot  de  la  Fiergo  ou 
de  f'^énus  ,  porte  des  fleurs  blanches  ,  jau- 
nes, ou  purpurines,  d'une  odeur  suave. 

59.  —  OROBAITCHÉES,  Petite  famille  de 
plantes  herbacées,  à  tiges  simples  ou  ra- 


meuses, sur  les  quelles  on  ne  voit  jamais 
de  feuilles  ,  mais  seidement  des  écailles 
scarieuses  ,  et  dont  les  fleurs,  solitaires, 
constamment  accompagnées  de  bractées, 
sont  disposées  en  épi.  Le  type  de  cette  fa- 
mille, que  quelques  uns  ne  séparent  pas 
des  rhinanthées ,  avec  lesquelles  elle  a  les 
plus  grands  rapports,  est  Vorobanche.  Les 
orobanchesse  plaisent  dans  leschamps  d'a- 
voine, de  seigle,  d'orge,  et  même  de  fro- 
ment. Elles  ne  sont  point  nuisibles  aux 
plantes  aux  quelles  elles  sont  mêlées. 

Zi3.  —  OSTRIDÉES  ou  SANTALACÉES  , 
Famille  de  plantes,  démembrée  de  celle 
des  éléagnées,  à  cause  de  leur  ovaire  in- 
fère. 

Genres  :  osyiis,  santal  (-lum) ,  thcaion  ou  ihésiam,  lupé- 
los  ou  njasa,  e(c. 

Le  genre  osyris  se  compose  de  deux  es- 
pèces. Uosyrls  blanc,  vulgairement  appelé 
rouvet,  est  un  petit  arbuste  d'environ  un 
mètre  de  haut ,  aux  rameaux  nombreux, 
grêles,  garnis  de  fleurs  petites,  odorantes, 
d'un  vert  jaimâtre,  au  fruit  rougeàtre,  de 
la  grosseur  d'un  pois.  Le  santal  blanc  mé- 
rite une  mention  particulière,  à  cause  de 
l'odeur  douce  et  aromatique  de  son  bois 
employé  comme  parfum.  II  y  a  encore  le 
sentaljaune. 

On  ne  doit  pas  oublier  que  le  bois  de  santal  rouge  est 
fourni  par  une  espèce  de  ptérocarpe,  arbre  de  la  famille 
des  légumineuses. 

Les  tupclos  sont  de  grands  arbres  de  l'A- 
mérique septentrionale  qui  recherchent  les 
lieux  humides.  Les  théslons  sont  des  plan- 
tes du  Cap. 

19.  —  PALMIERS  (/ja/mœ).  Arbres  très- 
remarquables,  dont  la  plupart  croissent 
dans  les  régions  intertropicales,  où  ils  for- 
ment de  vastes  forêts.  Voyez  la  Méthode 
DU  Genre  ,  page  290.  Presque  tous  les  ar- 
bres de  cette  famille  sont  dioïques,  c'est  à 
dire,  à  sexes  séparés,  et  c'est  le  vent  qui 
pousse  à  travers  les  airs  la  poussière  fécon- 
dante des  palmiers  mâles  sur  les  femelles. 
Quelques  palmiers  s'élèvent  â  une  hauteur 
prodigieuse,  entre  autres  le  céroxylk  ou  pal- 
mier à  cire,  véritable  géant  des  arbres  ,  qui 
n'a  pas  moins  de  cinquante  mètres  de  haut. 
On  retire  des  palmiers  du  vin,  des  fécules, 
des   liqueurs  spiritueuses ,  de  l'huile,   etc. 


(i)  La  plupart  écrivent  nphrjse,  mais  d'après  les  lois  de  la  de'rivation,  qui  des  noms  latins  en 
15  fait  des  noms  français  en  ide,  terminaison  fonde'c  sur  le  ge'nilif,  cesl  ophrj-de  qu'il  faut  dire, 
comme  on  dit  orc/iide  cl  non  pas  orclnse.  Il  faut  voir  comme  les  botanislos  Irailcn  t  quelquefois 
Tiotro  pauvre  langue. 


SIGNES  DIVERS.   UOTAMQUE. 


6  55 


Les  palmiers,  presque  tous  exotiques, 
coainie  je  l'ai  dit,  paraissent  avoir  liabité 
nos  climats  à  une  époque  antérieure  an  dé- 
luge. On  en  trou%'e  un  grand  nombre  parmi 
les  végétaux  fossiles, 

A  la  famille  des  palmiers  appartiennent  le  dailier 
{pbœnix],  le  rotang  [calamus;,  le  sagoiilier  (  sagus  ) , 
Varec  (  areca  ),  \e  rocotier  (cocos),  le  cai-jote  [-ta',  lu  co- 
rjpha  ,  le  licuala^  Vareng  (arengai  ,  le  rondler  (borassus] 
le  chninœrops  ou  pnlmler  nain,  etc. 

Le  dattier  a  été  nommé  à  juste  titre 
le  père  nourricier  des  habitants  du  désert. 
Dans  tout  le  nord  de  l'Afrique  les  dattes 
font  la  principale  nourriture  des  Aiabes. 
Les  dattes  offrent  un  péricarpe  charnu  et 
mielleux,  dans  le  quel  est  renfermée  une 
amande  dure,  cornée,  elliptique,  et  pro- 
fondément sillonnée  d'un  côté.  Outre  les 
dalles,  les  dattiers  fournissent  par  incision 
une  liqueur  douce,  vineuse,  et  rafraîchis- 
sante, nommée  vin  de  pahnc.  Des  tiges 
des  feuilles  on  relire  des  filaments  qui  se 
convertissent  en  cordes,  ficelles,  et  toiles 
grossières.  Arec  l(;s  feuilles  on  tresse  des 
nattes,  des  tapis,  des  corbeilles,  etc.  Son 
bois  dur  et  incorruptible  sert  à  faire  des 
piliers,  des  poutres,  des  solives. 

Le  genre  rotatif;  ou  rotin  renferme  plu- 
sieurs espèces  arborescentes  ,  à  la  tige  ar- 
ticulée et  percée  d'une  infinité  de  très- 
petites  tubulures  longitudinales.  Le  rolar,g 
iTflt  est  cultivé  dans  nos  serres  depuis  1830. 
Les  fruits  du  rotang  zalacca,  des  forêts  de 
Java,  sont  alimentaires.  Le  rotang  dragon 
fournit  une  résine  employée  en  médecine 
comme  astringente,  et  que  l'on  fait  entrer 
dans  la  composition  du  vernis.  Les  antres 
espèces  produisent  de  longs  jets  flexibles, 
armés  à  leur  extrémité  de  crochets  très- 
aigus,  au  moyen  des  quels  ils  se  fixent  aux 
arbres  voisins.  Ce  sont  ces  jets  qui  donnent 
ces  belles  cannes  que  le  commerce  hollan- 
dais a  fait  adopter  partout  pour  leur  élé- 
gance et  leur  solidité,  et  que  l'on  nomme 
rotains.  J'ai  parlé  de  Varec ,  du  cocotier,  et 
du  sagoiilicr  dans  la  Méthode  du  Gepîbe  , 
pages  281-294.  J'ajouterai  seulement  que 
tous  les  palmiers,  excepté  peut-être  ['arec, 
peuvent  fournir  du  sagoii. 

Le  corypha  de  Malabar {corypha  rotundi- 
folia)  est  le  plus  magnifique  de  tous  les 
palmiers  par  ses  feuilles  dont  une  seule 
peut  couvrir  quinze  ou  vingt  hommes.  11 
fait  l'ornement  de  nos  serres. 

On  retire  par  incision  d'une  espèce  d'rt- 
reng  (arenga  saccharifera)  une  sève  sucrée 
que   la  fernicntalion  transforme  en  vin. 


On  ne  connaît  qu'une  espèce  de  rondicr, 
appelée  aussi  lontar ,  que  l'on  confond  à 
tort  avec  le  lodoïcé  ou  cocotier  des  Maldi- 
ves. Le  rondicr,  dit  on ,  ne  donne  de  fruits 
qu'une  fois  dans  sa  vie,  signe  voisin  de  sa 
ruine  totale. 

Le  lodoïcé,  au  contraire  ,  produit  tous 
les  deux  ans  de  vingt  à  trente  cocos  noirs, 
osseux  et  très-gros,  du  poids  de  cinq  à 
douze  kilogrammes. 

On  a  donné  le  ntmi  de  palmiste  à  plu- 
sieurs arbres  de  la  famille  des  palmiers: 
1"  au  chaniœrops  ou  palmier  nain,  appelé 
aussi  palmier  éventail ,  à  cause  de  la  dispo- 
sition de  ses  feuilles  étalées  en  éventail; 
2°  à  deux  espèces  du  genre  rhapis  ;  o"  à 
une  espèce  d'arec  ,  qui  porte  à  son  extré- 
mité un  bourgeon  foliacé  et  florifère,  ap- 
pelé vulgairement  c/i0H-^a/Hi(s/6  ,  et  fort 
bon  à  manger. 

Latanier  est  un  nom  comniim  à  plu- 
sieurs espèces  de  palmiers  ,  remarquables 
par  leurs  feuilles  plissées  et  flabellifor- 
mes. 

On  le  donne  particulièrement  à  une  es- 
pèce qui  croît  à  l'île  Bourbon  et  qui  four- 
nit du  sagou. 

Les  Lranclies  de  palmier  s'appèlent  palmes.  La  palme 
est  le  sjmliole  de  la  victoire.  Fip.,  et  pnetiq. ,  Dimporler 
la  palme,  Remporter  la  victoire.  La  palme  da  marhm,  La 
gloire  éternelle  qui  est  le  prix  de  la  mort  souU'erte  par  les 
martyrs  pour  la  confession  de  la  foi. 

Dans  le  midi  de  TEurope,  les  palmes  jouent  un  grand 
rôle  à  la  fête  des  Rameaux.  Après  les  avoir  fait  bénir,  on 
en  décore  l'intérieur  des  liabitatious  pour  les  préserver 
de  tout  malheur. 

tes  palmes  idumées  ou  d'Idumée,  du  nom  d'un  pays  où 
il  croît  beaucoup  de  palmiers. 

98.  — PAPAVÉRACÉES  (-ccœ) ,  Plantes 
ordinairement  herbacées,  lactescentes,  à 
feuilles  alternes,  à  fleurs  en  épi,  en  om- 
belle, ou  solitaires;  au  fruit  capsulaire  , 
renfermant  une  très-grande  quantité  de 
graines. 

Genres  :  pavot  (papaver),  chelidotne  (-donium  ),  nrjt- 
mmie,  h^pécoum,  sanguinaire  (-naria  ),  fumelcrre  (fuma- 
ria),  rorydale  (-alis). 

Le  genre  pavot  comprend  environ  vingt 
espèces,  dont  la  principale,  à  helles  fleurs 
blanches,  est  le  pavot  somnifère,  originaire 
d'Orient,  d'où  l'on  retire  Vopium,  la  mor'- 
phine,  et  la  narcoline. 

On  obtient  aussi  par  la  pression  de  ses 
graines  une  huile  abondante  appelée  liuile 
3'<rt//c/^t',  que  pomraient  fournir  île  même 
plusieurs  autres  plantes  de  la  famille.  Pavol 
sauvage.  Vavot  de  jardin.  Pavot  noir,  blanc, 
ronge.  Pavot  double.  Pavot  panache.  Tète , 


6-f{ 


CLEF  1»E  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


foraine,  JUS  de  pavot .  Lg  coquelicot  est  une 
espèce  de  pavot,  connu  par  ses  jolies  llciiis 
du  ronge  le  plus  éclatant. 

Quel  ciimc  ont  donc  commis  ces  chcrs  coqueliroU, 
Qui,  passant  leur  fionl  loupe  entre  les  hlés  égaux, 
Au  revers  du  sillon  ,  de  leurs  jielites  langues  , 
Vous  faisaient  autrefois  de  si  belles  liarangutt? 
De  ïoire  négligence  ils  sont  tout  altiistés. 
Et  se  plaignent  au  vent  de  n'être  plus  chantés. 

(  TlIÙOPHII.E  Galiiek.  ) 

Sur  mon  âme!  cela  sent  Bedlam  d'une  lieue. 
Ne  le  pensez-Tous  pas,  vous,  ma  belle  fleur  bleue 
Kl  rouge,  un  peu  bluet,  un  peu  coquelicot,  — 
Qui  in'écoutez  le  front  penclis ,  sans  dire  mot^ 

I  L.  N.  Lord  Coxcomh. } 

Les  classiques  n'auraient  pas  osé  em- 
ployer le  mot  coquelicot,  beaucoup  trop 
commun;  mais  en  revanche  ils  faisaknt 
«ne  grande  consommation  de  paiiots.  Les 
pavots  du  sommeil,  de  Morpirée.  Morphée 
avait  versé  sur  lui  ses  pavots.  On  verse  de 
l'eau,  du  vin,  des  liqueurs,  du  plomb 
ibndu,  du  sang  ;  mais  on  ne  saurait  verser 
des  pavots. 

Molière  s'est  moqué  des  précieuses. 
Mais  ont-elles  jamais  rien  dit  de  plus  ridi- 
cule que  cela? 

Le  pavot  était  consacré   à   Proserpine. 

On  représentait  Gérés  couronnée  d'épis, 
tenant  une  torche  d'une  main,  et  de  l'autre 
une  tige  de  pavots  en  mémoire  de  l'opium 
qu'elle  avait  pris  lors  de  la  naissance  de  sa 
fille. 

Le  pavot  est  l'attribut  du  dieu  du  som- 
meil, et  le  symbole  de  la  fécondité. 

Le  pavot  ronge  ou  coquelicot  a  pour  em- 
blème ,  orgueil,  selon  les  uns,  —  selon  les 
autres,  reconnaissance;  \e  pavot  noir,  lé- 
thargie; le  pavot  blanc  ou  d'Orient,  soup- 
çon, Lepavot  mêlé  nous  peint  la  surprise; 
le  pavot  rose,  la  vivacité;  et  le  pavot  sim- 
pte,  l'élourderie. 

La  cfiélidoine  commune ,  ou  grande  cbéli- 
doine,  ou  éclaire,  aux  fleurs  jaunes,  dis- 
posées en  ombelle  terminale,  contient  un 
suc  jaune  et  caustique  propre  à  détruire 
les  verrues.  L'argémone  se  nomme  aussi 
pavot  épincu.v,  parce  qu'elle  est  armée  d'é- 
pines ,  et  qu'elle  ressemble  au  pavot.  La 
sanguinaire  ,  petite  plante  d'un  aspect 
agréable,  originaire  de  l'Amérique  septen- 
trionale ,  est  ainsi  nommée  de  la  couleur 
du  suc  acre  et  narcotique  que  fournissent 
toutes  ses  parties. 

Toutes  les  espèces  de  fumeterre  de  nos 
climats  sont  trés-amères,  et  s'emploient 
comme  toniques  et  antiscorbutiqiies. 

La  funielerrr  a  pour  emblème,  fiel. 


On  cultive  comme  plante  d'ornement  In 
fumeterre  odorante  de  Sibérie,  à  (leurs  très- 
nombreuses,  jaunes  et  noires  ,  disposées 
en  long  épi  d'un  bel  effet.  Fumeterre  jaune. 
La  corydale  bulbeuse  est  une  jolie  plante 
indigène  de  quinze  a  vingt  centimètres, 
à  fleurs  pourpres  ou  blanches. 

Le  genre  fcmetebre  constitue   maintenant  la  famille 

des  FDMARIAci^ES. 

135.  —  FARONTCHIÉES ,  Plantes  her- 
bacé<'s  ou  sous-frutescentes  ,  à  feuilles  op- 
posées, à  fleurs  très-petites,  ordinaire- 
ment d'un  blanc  verdâtre.  On  divise  cette 
famille  en  deux  tribus:  Les  paronycU'tèea 
vraies  et  les  sclérani liées. 

Genres:  herniole  (berniaria!,  puronT^ue  ;-nj'cbia),f^»i- 
noearpc  (-pus) ,  sclércintiie  (-tlius  J ,  etc. 

Les  paronycliiées  s'éloignent  peu  des  por- 
tulacées.  Les  paronychiées  offrent  peu 
d'intérêt.  Cependant  on  a  préconisé  l  her- 
niole glabre  et  la  paronyque  vertieitléccQXnxne 
astringentes  et  diurétiques. 

158.  —  FASSIFLORÉES,  GREKADIIXES, 
PASSIFLORES,  FASCICTTLÉES  {passiforœ). 
Plantes  ligneuses  ou  harbacées  ,  à  la  tige 
souvent  grimpante  ,  munie  de  vrilles;  aux 
feuilles  ordinairement  simples  ,  alternes  ; 
aux  fleurs  souvent  axillaires,  à  cinq  pé- 
tales ;  au  fruit  charnu. 

Genres  :  passiflore  ou  grenadide  fpasstflora  J,  papayer 
[  carica  J ,  etc. 

A  l'exception  du  genre  grenarfiV/e,  type 
de  la  famille,  et  dont  les  baies  charnues  et 
sucrées  servent  d'aliment  en  Amérique, 
les  passiflores,  d'ailleurs  toutes  exotiques, 
ne  présentent  point  d'utilité.  L'espèce  1» 
plus  répandue  dans  nos  jardins  est  la  pas- 
sionnaire  ou  fleur  de  la  passion,  arbrisseau 
sarmenteux  de  l'Amérique,  ainsi  nommé  , 
parce  qu'on  a  cru  reconnaître  dans  les 
diffeientes  parties  de  sa  fleur  quelques 
lapports  avec  divers  instruments  de  la 
passion  du  Sauveur,  tels  que  les  trois  clous, 
la  couronne  ,  la  lance  ,  etc.  Le  papayer  est 
un  arbre  des  deux  Indes,  dont  les  fruits, 
gros  comme  un  petit  melon  ,  charnus , 
jaunâtres  ,  d'une  saveur  douce  et  d'une 
odeur  aromatique,  se  mangent  confits  au 
sucre  ou  au  vinaigre.  On  place  à  la  suite 
des  passiflorces  ,  la  napoléone  impériale  de 
Palissot  de  Beauvais,  arbrisseau  magnifi- 
que ,  élevé  d'un  mètre  à  deux  mètres  , 
d'une  belle  couleur  bleu  d'azur,  qui  croît 
en  Guinée. 

62.  —  PÉDALINÊES,  Famille  de  plantes 


SIGNES   PIVERS.    BOTANIQUE. 


645 


établie  entre  les  Jasminées  et  les  verbéna- 1 
cées  ,   et  que  qii«'lqiies  uns  rapportent  aux 
bignoniacéex.  Elle  ne  coniprend  guère  que 
les  genres  Joséphine  et  pèdali. 

FÉRIGTNE  (du  grec  péri,  autour,  et 
giinê,  femme),  Attaciié  autour  de  l'ovaire. 
Corolle,  élamine  périgyne. 

66.—  FERSONNÉES  ,  SCROPRULAlRES, 
SCROFHVLARIÉES  {scrophulariœ),  Plantes 
herbacées,  rarement  frutescentes  ,  à  feu- 
illes opposées,  quelquefois  verticillées  ou 
alternes,  à  corolle /^cwonHee  ou  en  masque; 
au  fruit  capsulaire. 

Genres;  budiée  (1)  (  -leia)  ,  scopaire  {-parîa) ,  capralre 
(-prarîa),  scropliutnire  (-laria),  tînatre  (-narîa),  muflier  fan- 
tirrliinuni) ,  ftorjiemanttie  (-nia),  digitale  falîs),  calrèoiaire 
(-laria),  mimule  (-lus),  cohimnée  (-nea),  «(«'morfi>(-ilia),  tes- 
ttre  (-ria),  graiiolc  (-laj,  linwselle  (-la),  browatie  (-lia),  etc. 

Les  budlées  sont  des  arbrisseaux  exoti- 
ques, aux  feuilles  opposées  ,  aux  fleurs  en 
épi,  en  tête,  ou  en  corymbe,  dont  on 
cultive  quelques  espèces  pour  l'ornement. 
ta  scopaire  douce,  originaire  des  Antilles 
et  du  Brésil,  passe  pour  avoir  les  propriétés 
de  la  guimauve.  La  caprairc,  ainsi  nommée, 
parce  que  les  clièvies  la  recherchent  de 
préférence  ,  croît  également  aux  Antilles. 
La  capraire  m  II  II  ipde ,  aux  fleurspurpurines, 
donne  par  l'infusion  de  ses  feuilles  une 
boisson  théiforme,  appelé  thé  de  Mexique, 
qui  ne  le  cède  en  rien  au  thé  de  la  Chine. 
Les  scTophiilaires  tirent  leur  nom  de  la  pro- 
priété qu'on  leur  attribuait  autrefois  de 
guérir  les  scrophulesou  écrouelles.  La scro- 
phiilaire  des  bois  ou  noueuse,  qu'on  nomme 
aussi  herbe  aux  écrouelles',  porte  des  fleurs 
d'un  pourpre  noirâtre,  d'une  odeur  désa- 
gréable ,  et  passe  pour  émolliente  ,  toni- 
que ,  résolutive.  Ses  semences  sont  ver- 
mifuges. La  scrophulaireaquatique,  appelée 
vulgairement  bétoine  d'eau ,  grande  morellc, 
et  herbe  du  siège ,  croît  dans  les  marais,  et 
jouit  des  mômes  propriétés.  Les  linaircs 
habitent  les  contrées  montagneuses  de  l'Eu- 
rope et  le  nord  de  l'Amérique;  elles  sont 
cultivées  dans  nos  jardins  pour  la  beauté 
de  leurs  fleurs  éperonnées  ,  d'un  jaune 
brillant.  On  connaît  dix  à  douze  espèces 
de  mufliers,  dont  la  j)lus  connue  estlewH- 
flier  des  jardins  ,  appelé  «'ncore  giieute-de- 
lionoude-loup  et  miifleau{2),  à  racine  bisan- 


nuelle, quelquefois  vivace,  |)rodnisant  une 
ou  plusieurs  tiges  cylindriques  ,  rameuses, 
garnies  de  feuilles  opposées,  d'un  vert 
foncé  ,  aux  fleurs  grandes  d'un  poui'pre 
mêlé  de  jaune.  Les  mufliers  diflTèrenl  très- 
peu  des  némcsics.  Les  digitales  sont  ainsi 
nommées  ,  parce  qtie  leur  fleur  ai)proche 
de  la  figure  d'un  dé  à  coudre  (en  latin  di- 
gitus).  Digitale  blanche.  Digitale  pourprée. 
La  digitale  pourprée  a  les  feuilles  ovales,  lan- 
céolées ,  dentées;  la  tige  droite,  cylindri- 
que, velue  ,  d'un  vert  rougeâtre  ;  les  fleurs 
grandes  et  belles,  purpurines,  tigrées,  et 
remplies  de  longs  poils.  Les  digitales  passent 
pour  éméliques  et  purgatives.  A  petite  dose, 
la  digitale  diminue  la  fréquence  du  pouls  ;  à 
grande  dose,  elle  peut  causer  la  mort.  On 
cultive  dans  nos  jardins  le  mimulejaune  du 
Chili,  ainsi  que  la  columnèe  droite  et  la 
beslère  à  feuille  de  mèlite.  La  graiiolc  offici- 
nale ,  qui  croît  dans  les  prés  humides  et 
marécageux  de  l'Europe,  a  reçu  le  nom 
vulgaire  d'herbe  au  pauvre  homme,  à  cause 
de  ses  propriétés  fortement  purgatives, 
qui  en  font  un  remède  économique  pour 
les  pauvres  gens. 

Brown  a  réuni  les  scrophcï.akikes  et  les  nnisANTHAChK* 
de  Jussieu  en  une  seule  famille  sous  le  nom  de  nmrsANTâ- 
t:tBS.  D'autres  comprennent  au  contraire  sous  ce  dernier 
nom  les  pÉDicDLAiiiEs,  les  scROPUULARitEs  ,  et  les  OROUia- 

CUÉES. 

14. — PÉPÉRITÉES,  Famille  détachée 
des  urticées  de  Jussieu,  et  désignée  par 
Kunth  sous  le  nom  de  pipéracéks.  Les  pi- 
péracées  sont  des  plantes  exotiques  ,  her- 
bacées ou  ligneuses  ,  végétant  le  plus  son- 
vent  sur  des  troncs  d'arbres  vivants.  Le 
poivrier  (piper)  en  est  le  genre  le  plus  re- 
marquable. Le  genre  ;70ii'ri'er  renferme  un 
grand  nombre  d'espèces,  indigènes  pour  la 
plupart  de  l'Asie  oiientale  et  de  l'Àméri- 
qiu-  du  Sud.  Les  principalessont  \e poivrier 
commun  ou  aromatique,  qui  fournit  le  poi- 
vre du  commerce;  \e  poivrier  pédicule  ou 
poivrier  cubcbe  dont  on  fait  un  grand  usage 
en  médecine  ;  et  le  poivrier  mélel  «lont  les 
Malais  mfichent  continuellement  les  feu- 
illes, après  en  avoir  corrigé  l'ainertiiiue  pav 
un  mélange  de  chaux  et  d'arec.  Le  fruit 
du  poivrier  est  une  petite  giaine  ,  un  pen 
moins  grosse  qu'un  pois  ordinaire,  tantôt 


(1)  La  plupart  (-crivent    tnidlèje  ;    mais  cela  est   tout  à  fait  contraire  au  génie  de  la  langue  ,  qui 
ne  permet  pas  la  présence  du  y  devant  un  e  muet  final. 

(2)  Il  est  à  remaifiucr  que  l'Acade'mie  ,  (rordinairc  si  peu  econoniç  du  trait  d'union  ,  fciil  mvjlc 
de  veau,  svnonvmc  do  lunflicr,  sans  trait  d'union. 


()40 


CLEF  DK  I.V  LAXiUK  ET  DES  SClEiNCES. 


noire ,  lorsqu'elle  est  recouverte  de  sa 
])ulpe  desséchée,  el  tanlùt  blanche  ,  lors- 
<iue,par  la  niaréralion  dans  l'eau  de  mer, on 
l'a  dépouillée  de  cette  espèce  d'enveloppe 
qui  lui  donnait  une  saveur  plus  i'orte.  Le 
poivre  sert  à  assaisonner  les  viandes.  Une 
livre  de  poivre.  Poivre  pulvérisé.  Poivre  con- 
cassé. Un  grain  de  poivre.  Mettre  du  poivre 
dans  unesttuce.  Il  y  faut  mettre  une  pointe  de 
poivre.  Poivre  mignonjiet te.  Le  poivre  aro- 
matique blanchi  et  concassé,  recherché 
surtout  pour  l'assaisonnement  des  huîtres. 
Poivre  grabeau ,  Le  même  poivre  concassé 
et  ses  résidus.  (On  donne  An  piment  an- 
nuel les  noms  de  poivre  long,  poivron, 
poivre  d  Inde  ,  poivre  de  Guinée  ,  corail  des 
jardins.  C'est  une  espèce  de  poivre  qui 
vient  dans  une  petite  gousse  rouge.  ) 

Quelques  botanistes  ne  font  qu'une  fami- 
lle des  piPÉRiTiïES  et  des  sauhurkes  ,  entre 
autres  M.Lamouroux. 

154. —  PITTOSPORÉES  ,  Petite  iamille 
de  plantes  exotiques,  séparées  des  rliam- 
nèes  par  Brown. 

Gcures  :  pittospore  (-rum),  billanlièrc  ( -ru],  bursaire 
(-saria  ). 

On  cultive  dans  nos  jardins  trois  espèces 
de  piltosporcs.  Le  pittosporc  à  /builles  on- 
dulées ,  des  Canaries,  bel  arbrisseau  à  tige 
droite  ,  cylindrique  ,  rameuse,  aux  feuilles 
persistantes  ,  éparses  ,  opposées  ou  verli- 
eillées  ;  aux  fleurs  ordinairement  blanches, 
d'une  odeur  semblable  à  celle  du  jasmin; 
—  le  pittosporc  coriace  de  INLidère  ,  aux 
feuilles  ovales  ,  alternes,  très  glabres  ,  et 
coriaces;  —  et  le  pittosporc  tobira  de  la 
(]hine,  dont  l'écorce  exhale  une  odeur 
forte  et  résineuse.  La  billardiére  sar- 
menteuse,  aux  (leurs  d'un  vert  jaunûtie  , 
aux  feuilles  ovales  et  velues  ,  fournit  dans 
la  Nouvelle-Hollande  des  fruils  dcmt  on 
inange  la  pulpe.  On  distingue  la  bursaire 
épineuse  qui  croit  dans  l'Océanie. 

53.  —  PI.ANTA6INÉES  ,  Plantes  herba- 
cées, indigènes;  aux  feuilles  radicales;  aux 
fleurs  presque  toujours  hermaphrodites, 
disposées  en  capitule  ou  en  épi  ;  au  fruit 
capsulaire. 

Gcmus  :  pidntniu  (-tnpo),  />(iin(m';i  lie  moine  ou  llttorelle 

{•la). 

Le  plantain  des  Alpes  est  avidement  re- 
cherché des  moutons,  hc  plantain  des  bois 


est  cultivé  en  Angleterre  pour  les  chevaux 
et  les  mulets.  Le  plantain  maritime  est 
estimé  bon  pour  les  prairies  artificielles. 
Les  graines  du  plantain  dessables,  qu'on 
récolle  en  grand  dans  le  midi  delà  France, 
s'emploient  en  médecine  comme  émol- 
lientes  et  servent  de  plus  à  gommer  les 
mousselines.  Le  grand  plantain  se  recon- 
naît à  ses  feuilles  ovales  à  sept  nervures  , 
entières  ou  tiès-légèreme-nt  dentées,  et  à 
ses  longs  épis  composés  de  trente  ou  qua- 
rante fleurs  verdâtres.  L'eau  distillée  de 
plantain  est  renommée  pour  les  yeux. 

On  nomme  plantain  aquatique  ou  plantain  d'eau  ,  le 
flûteiiu  ou  alisma,  île  la  famille  des  alismacées,  rélébro 
par  la  propriété  qu'on  lui  attribuait  de  guérir  l'hjdro- 
pliobîe. 

Le  plavtiiin  piiHriitre  est  une  espèce  du  genre  l'nu/a, 
dont  l'odcnr  chasse,  dit-on,  les  puces,  ce  qui  est  pure- 
ment imaginaire. 

La  Ullorclle  est  peu  importante. 

55. —  FLUMBAGINÉES  (1)  {plumbagi- 
n«œ), plantes  indigènes,  herbacées  ou  li- 
gneuses ;  à  /è«i7/c«  simples  ,  entières,  al- 
ternes ou  toutes  radicales  ;  aux  fleurs 
hermaphrodites,  réunies  en  tête  ou  en 
panicule  ;  au  fruit  capsulaire. 

Genres:  denteUiire  (plunibago  ),  stad'ci.'  (-tice). 

La  denlelaire  est  ainsi  nommée  d'une  de 
ses  espèces  qu'on  employait  autrefois  pour 
soulager  le  mal  de  dents.  C'est  \adentelairc 
d'Europe,  plante  qui  croît  dans  le  midi  de  la 
France,  à  tige  droite  ,  cannelée  et  rameuse, 
aux  feuilles  ovales,  ondulées,  velues  ,  aux 
fleurs  en  corymbe.  Cette  plante  est  très- 
acre  ,  et  sa  racine  est  détersive  et  éméti- 
que.  «  Le  staticé  gazon  ,  appelé  vulgaire- 
ment petit  gazon  ou  gazon  d'Olympe,  ori- 
ginaire des  lieux  arides  et  sablonneux  , 
voisins  de  la  mer,  est  cultivé  dans  nos 
jaidins  où  il  forme  de  très-beaux  tapis  de 
verdure.  Du  sein  de  ses  feuilles  linéaires 
s'élève  une  tige  sans  feuilles  ,  grêle  ,  ter- 
minée par  des  fleurs  rouges  ,  blanches  ,  ou 
roses.»  (Dictionn.  de  Charles  ST-LAehE?(T.) 

70.  —  POLÉinONIACÉES  ,  POLÉMOINES, 
POLÉMONIÉES,  POLÉniONIDÉES  {-niaceœ, 
-nideœ) ,  Plantes  herbacées  on  ligneuses, 
à  tige  droite  ou  grimpante  ,  à  feuilles  sim- 
])les  ou  composées,  tantôt  opposées,  tantôt 
alternes;  aux  fleurs  souvent  en  corymbe 
ou  en  panicule  ;  au  fruit  capsulaire. 


(l)  D'après  le  génie  de  notre  lanjîue,  on  devrait  e'crirc  plombagine  es,  la  sjlla))e  laliiie  r(m  si: 
cliangcant  rc'gulicrement  eu  o/n  en  français,  comme  dans /)/()/«/',  o/n^rcj  o;;?/'c'//<,',  etc.,  en  lalui 
plumbus  ,  umbrn,  iiinbcllo  ,  clc. 


SIGNES  DIVERS.  BOTANIQUE. 


647 


Genres:  phlox,  polémoim  (-oiiium),  cantua,  bomptandte, 
cobœa, 

hsi  polcmoinc  bleue,  ou  valériane  grecque, 
est  une  jolie  plante  à  racine  vivace,  à  tige 
herbacée  haute  d'environ  soixante  centi- 
mètres ,  couverte  de  feuilles  ailées,  sessi- 
les,  d'un  très-beau  vert,  et  terminée  par  un 
superbe  corymbe  de  fleurs  bleues  ou  blan- 
ches. Les  phlox,  au  nombre  de  vingt  es- 
pèces environ,  sont  des  plantes  vivaces  , 
tontes  originaires  de  l'Amérique  dunoid. 
Phlox  blanc.  Plilox  de  la  Caroline  ou  grand 
plilox.  Phlox  paniculc.  Phlox  pyramidal. 
Le  cobœa,  ou  la  cobée.  plante  grimpante  à 
grandes  fleurs  bleues  et  companulees,  qui 
croît  très-vite,  est  originaire  du  Mexique. 
Pour  quelques  botanistes  la  cobéc  est  une 
bignoniacée. 

128. — POLYGAtÉES  ,  Plantes  herbacées 
ou  ligneuses,  aux  feuilles  très-entières,  gé- 
néralement alternes,  quelquefois  opposées 
ou  verticillées;  aux  fleurs  le  plus  ordinaire- 
ment en  épi,  quelquefois  en  panicules  soli- 
taires ou  axillaires.  Celte  famille  renferme 

les  deux  genres/^o/y^'^'^o^/^^'yà'"'"'  ^^  '"'''" 
meria.  Le  polygala  commun  se  lecunnaît  ;i 
ses  tiges  nombreuses,  inclinées,  hautes  de 
quinze  à  vingt  centimètres,  terminées  par 
unbelépide  petites  fleurs  violettes,  bleues, 
quelquefois  blanches.  Le  polygnla  com- 
mun passe  pour  tonique  et  légèrement 
émétique.  La  racine  de  deux  espèces  ,  le 
polygala  de  Firginio  et  le  polygala  faux 
buis,  est  efficace,  dit-ou,  contre  la  morsure 
des  reptiles  venimeux. 

/l9.  —   POLTGONÉES    (  -  nex  )  ,    PERSI- 

CAIRES,  VAGINALES,  Plantes  herbacées, 
quelquefois  sarmenteuses  ;  à  tiges  genicu- 
lées  dans  la  plupart  ;  à  feuilles  alternes, 
roulées  en  dehors,  pétiolées,  engainantes  ; 
à  fleurs  hermaphrodites,  paniculees  ou  en 
épi. 

Genres:  roi'smier  (roccoloba),  atraphage  (-pliaxis),  re- 
nouiie  (polygonumj,  oseille  (rumex),  rlmbaihe  (ilieum),  tri- 
plare  [-rh)  ,  calligone  [-num] ,  palUisie  ( -sia  )  ,  lœ/iijic 
(-gia),  etc. 

Les  ra«micr«  ou  coccolobns  sont  des  ar- 
bres ou  des  arbrisseaux  des  Antilles,  1res  re 
marquables  par  l'ampleur  de  leurs  feuilles, 
épaisses,  coriaces,  d'un  vert  sombre.  Le 
coccolobaà  grappcs{coccoloba  uvi fera)  ait  un 
grand  et  bel  arbre  qui  se  plait  sur  les  bords 
de  la  nier,  et  dont  les  fruits  ont  une  saveur 
acidulé,  assez  agréable.  Le  bois  très  dur  , 
pesant ,  d'un  rouge  foncé  ,  presque  incor- 


ruptible ,  du  coccoloba  de  la  Martinique 
est  fort  recherché  pour  les  constructions. 
Le  genre  renouce  ne  renferme  pas  moins 
de  cent  vingt-cinq  espèces,  toutes  très- 
utiles  ,  entre  autres:  la  renouèe  tinctoriale, 
qui  fournit  l'indigo  pur  en  grande  quan- 
tité ;  le  sarrazin  ou  blé  noir  (polygonum 
fagopyrum',  dont  la  graine  alimente  pres- 
que exclusivement  plusieurs  départements 
de  la  France  ;  la  persicairc,  ou  renouée 
d'Orient ,  d(mt  les  fleurs  ,  d'un  beau  rose  , 
disposées  en  panicule  ,  font  l'ornement  de 
nos  jardins  ;  la  bisiorte,  ainsi  nommée  , 
parce  que  ses  racines  ,  astringentes  et  to- 
niques ,  sont  tortues  et  repliées  en  forme 
d'S  ;  et  enfin  le  poivre  d'eau  (  polygonum 
hydropiper)  ,  à  la  saveur  acre  et  poivrée. 
h'oseille,  plante  à  racine  vivace,  rameuse, 
allongée  ,  aux  feuilles  vertes  ,  d'une  saveur 
aride  et  légèrement  astringente,  est  d'un 
usage  journalier  dans  la  cuisine.  On  con- 
naît plus  de  soixante-dix  espèces  d'oseilles. 
Oseille  de  jardin.  Oscille  sauvage.  Planche 
d'oseille.  Semer,  cueillir  de  l'oseille.  L'oseille 
ronde  est  plus  aigre  que  l'oseille  ordinaire. 
De  la  soupe  d  l'oseille.  Des  œufs  à  l'oseille. 
Jus  d'oseille.  Sel  d'oseille.  La  patience  est 
une  espèce  d'oseille.  Il  y  a  1°  \a  patience  of- 
ficinale ou  parelle  ,  qu'on  cultive  dans  les 
jardins  potagers  pour  la  cuisine,  et  dont  la 
lacine  est  employée  en  médecine  contre 
les  maladies  de  la  peau  ,  du  foie  ,  et  du 
système  lymphathique  ;  2°  la  patience  sau- 
vage, raiponce.,  ou  frisée,  ou  parelle  sau- 
vage, très-commune  dans  les  bois,  les 
prairius,  les  fossés  humides  ,  et  douée  des 
mêmes  propriétés  que  la  précédente;  3°  la 
patience  aquatique  ou  parelle  des  marais, 
employée  contre  le  scorbut,  les  affections 
cutanées,  les  rhumatismes,  la  goutte,  les 
maladies  chroniques  rebelles;  4"  la  patience 
sanguine  ou  oseille  rouge,  ou  sang -dragon  , 
originaire  de  la  Virginie,  et  dont  la  racine 
est  astringente;  5°  la  patience  des  Alpes, 
rUapontic ,  ou  rhubarbe  des  moines,  dont 
la  racine  allongée  et  grosse  ,  amère  et  vis- 
queuse ,  est  tonique  et  puigative  ;  etc.  La 
rhubarbe  est  célèbre  par  les  propriétés  to- 
niques et  purgatives  de  ses  racines.  La 
racine  de  rhubarbe  ,  la  rhubarbe  nous  vient 
surtout  de  la  Chine  et  de  la  Tar tarie.  Une 
infusion  de  rhubarbe.  Prendre  de  la  rhu- 
barbe. Rhubarbe  en  poudre. 

Citoyen,   la  rue   Barbe  ,  s'il  vous  plaît, 
—  La  rhubarbe,  citoyen  ?  Je  ne  la  connais 


64S 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


pas.    Mais   adressez-vous  chez  le  premier 
apothicaire  ,  on  vous  l'indiquera. 

(  Anonyme.  ) 
Du  genre  oseille  quelques  botanistes  ont 
fait  une  nouvelle  famille  sous  le  nom  de 

RUMICINKKS. 

136.  —  POHTUI.ACÊES  (  -ceœ).  Plantes 
indigènes,  lierbacées  ou  ligneuses;  à  tige 
frutescente,  cylindrique;  à  feuilles  alter- 
nes ou  opposéesordinairement,  succulen- 
tes. Inflorescence  variée.  Fruit  en  capsule 
nionoloculaire  ou  multiloculaire,  à  loges 
monospennes  ou  polyspermes. 

Genres  :  pourpier  (poitulacca) ,  talinum,  nwntie  (-lia), 
telepkium,  trianthime{-ma],  lamarix,scléranthe  (-llius),  etc. 

Le  pourpier  commun  ou  des  cuisines , 
plante  potagère,  très-rafraîchissante,  que 
l'on  mange  en  salade  ou  cuite,  se  reconnaît 
à  ses  feuilles  glabres,  luisantes,  charnues, 
spatuliformes.  Feuille  de  pourpier.  Une 
couche  de  pourpier.  Une  salade  de  pourpier. 
Eau  de  pourpier.  Pourpier  doré  ,  Pourpier 
naissant  qui  se  mange  en  salade.  Pourpier 
saurage,  Sorle  de  pourpier  dont  les  feuilles 
sont  plus  petites  que  celles  du  pourpier  or- 
dinaire ,  et  au  quel  on  attribue  des  vertus 
médicinales. 

On  nomme  vulgairement  pourpier  de  mer,  une  espèce 
à^orroche  qui  croit  sur  les  bords  delà  mer,  et  dont  les 
feuilles  charnues  et  remplies  de  suc,  comme  celles  du 
pourpier,  ont  un  goût  salé. 

Pour  le  lamarix,  ro\ez  la  Méthode  dc  Gcnhe,  page  294. 

Du  genre  tamarix  M.  Dtsvaux  a  fait  une  nouvelle  fa- 
mille sous  le  nom  de  tashkascinées. 

Le  genre  sdéranthe  a  été  rapporté  à  la  famille  des  Pi- 
no.vîLHitEs  de  M.  .lug.  Salnt-Ûilaire. 

56.  —  FRimULACÉES  ,  PRIMEVÈRES  , 
LTSIMACHIES ,  ANAGAIXIDES  [primula- 
ceœ ,  lysimachiœ)  ,  Herbes  à  racines  vlva- 
ces ,  à  feuilles  ordinairement  opposées, 
quelquefois  verticillées  ,  ou  alternes,  ou 
radicales.  L'inflorescence  est  très-variée. 
Le  fruit  est  le  plus  souvent  une  capsule 
monoculaire  et  polysperme. 

Genres  :  eentenitte  (centunculus)  ,  mouron  f  anagallis], 
jnicrantheme  [globifera,  micrantbemum),  lysimaque  ou  ly- 
simachie  (-cbia);  plumeau  (  hotlonia),  cor'ti,  limoselle  (-la), 
trieniale  (-lis),  arétie  (-tia),  samot  ou  volant  d*eau  (sanio- 
lus),  ményantlie  (-ibus),  androsetle  f  androsace),  primevère 
(primula  veris) ,  rorUise  (-sa  ) ,  soldanelle  (-la  )  ,  gjioselle 
(dodecatbeon)  ,  ryclame  ou  pain  de  pourceau  (  cycla- 
men ) ,  etc. 

Les  primulacées  ue  sont  employées  qu'à 
l'ornement  des  jardins,  bien  qu'autrefois 
le  mouron  ait  eu  la  réputation  de  guérir  la 
rage  ,  la  folie  ,  et  l'épilepsie.  La  cenlenille 
se  trouve  dans  les  lieux  humides  et  ombra- 
gés du  nord  de  rEuropc,  Il  y  a  deux  es- 


pèces de  mouron  ,  dont  l'une  ,  appelée 
ana^alUde  ,  appartient  à  la  famille  des  pri- 
mulacées; l'autre,  appelée  morgcline ,  à 
celle  des  caiyophyllées.  La  première  se 
nomme  encore  vulgairementmouronrou^c, 
et  la  seconde  mouron  des  oiseaux).  On  cul- 
tive dans  nos  jardins  une  belle  espèce  d'à- 
nagallis  {an.  monelli)  ,  originaire  d'Espa- 
gne ,  à  grandes  fleurs  d'un  beau  bleu  ; 
quelques  lysimaques  ,  entre  autres  la /yst- 
maqiie  d'Espagne ,  à  fleurs  blanches  ,  et  la 
lysimaque  vulgaire,  dont  les  fleurs  jau- 
nes, disposées  en  corymbe,  sont  d'un  très- 
bel  effet.  La  nummulaire  ou  herbe  aux 
(■eus ,  ainsi  nommée  parce  que  ses  feuilles 
rondes,  appliquées  contre  terre,  ont 
la  forme  d'une  pièce  de  monnaie  ,  est 
une  espèce  de  lysimaque.  La  trieniale  est 
une  plante  très-elégante  ,  aux  fleurs  blan- 
ches, autrefois  commune  dans  les  Alpes, 
où  elle  est  devenue  fort  rare.  Lesamol  s'ap- 
pèle  vulgairement  mouron  d'eau.  Les  an- 
droselles  et  les  soldanelks  habitent  les  mon- 
tagnes élevées  de  l'Europe  et  de  l'Asie.  La 
soldanelle  des  Alpes,  cultivée  dans  les  jar- 
dins ,  a  des  fleurs  violettes  ,  pourprées,  ou 
blanches.  Le  ményanthe  à  trois  feuilles, 
appelé  aussi  trèfle  d'eau,  trèfledes  marais, 
a  des  fleurs  blanches,  nuancées  de  pourpre 
et  de  rose  ,  très-élégamment  ciliées.  Les 
racines  et  les  feuilles  du  ményanthe  à  trois 
feuilles,  d'une  saveur  amère,  passent  pour 
toniques  et  fébrifuges.  Dans  les  pays  du 
Nord  on  en  mange  la  racine  ,  qui  ,  réduite 
en  poudre  et  mêlée  avec  le  sarrasin,  con- 
stitue le  pain  des  pauvres.  Le  ményanthe 
flottant  a  des  fleurs  jaunes  frangées.  —  La 
gyroselle  a  des  fleurs  d'un  beau  rose  ,  pen- 
dantes. —  Les  espèces  de  primevères  sont 
très-nombreuses.  La  primevère  officinale  , 
première  parure  de  nos  prairies  ,  appelée 
vulgairement  coucou,  parce  que,  comme 
l'oiseau  de  ce  nom,  elle  annonce  le  retour 
du  printemps,  se  reconnaît  à  ses  bouquets 
de  Heurs  jaunes  odorantes, —  à  ses  feuilles 
ridées  ,  un  peu  glauques,  toutes  radicales, 
— et  à  ses  longues  hampes  grêles.  On  mêle 
ses  fleurs  au  vin  pour  lui  donner  une  odeur 
agréable.  La  primevère  des  jardins  ,  et 
l'oreitle-d'ours ,  aux  couleurs  variées,  et 
dont  on  a  fait  plusieurs  espèces,  sont  celles 
qui  fournissent  les  nombreuses  variétés  de 
nos  parterres.  La  belle  primevère  de  la 
Chine  a  de  grandes  fleurs  rose  s  et  des  feuilles 
semblables  à  celles  du  géranium.  Bou- 
quet de  primevères.  Bordure  de  primevères. 


SÏÙNES  DlVÉf4S.    BOTAMOlIE. 


049 


Primevère  double.  Primevère  simple.  Une 
belle  primevère  aux  fleurs  bien  veloutées, 
d'un  bleu  pourpre  liseré  de  blanc.  Le  cyclantc 
commun,  ami  des  lieux  ombragés,  est 
connu  sous  le  nom  ~de  puin  de  pourceau  , 
parce  que  cet  animal  est  friand  de  sa  ra- 
cine, qui  est  de  l'orme  orbiculaiiii  ,  tubé- 
reuse, brune  en  debors  ,  blanche  en  de- 
dans. Les  fleurs  du  cyclame  sont  blancbes 
ou  purpurines. 

Z|7.—  PROTÉACÉES  ,  PROTÉES,  PRO- 
TBOïDES  {protcaccd),  protcœ),  Arbres  et 
arbrisseaux  exotiques  ,  à  feuilles  simples  , 
alternes  ,  presque  verticillées.  Les  flenis, 
tantôt  axillaires,  tantôt  lerminales,  offrent 
une  disposition  très-variée. 

Genres;  proîce  (-tea],  banksle  (-sîa),  vnubier  ou  hakce 
[-kea],  (amhcriie  (-tia),  embotlirîum  ,  persoonie  (-nia),  ct/- 
Mosperme  (-niuinj,  etc. 

On  compte  environ  soixante  espèces  de 
protées ,  toutes  originaires  des  parties  aus- 
trales de  l'Afrique  et  particulièrement  du 
cap  de  Bonne-Esperance.  Les  plus  remar- 
quables sont  :  i."  le  prolèc  courenné  ou 
proUe  élégant,  aux  feuilles  lancéolées, 
aux  fleurs  variées  de  jaune  ,  de  brun  ,  et 
de  noir  ,  s'épanoiiissant  en  juillet  ,  au 
fruit  eo  forme  de  noix  conique  ,  tout  cou- 
vert de  poils  longs  et  soyeux  ;  2°  le  protèe 
argenté  ou  arbre  d'argent,  aux  feuilles 
lancéolées,  entièrement  recouvertes  d'un 
duvet  argenté,  très-brillant,  et  dont  les 
Ueuiï  de  douze  à  quinze  centimètres  de 
long  sur  six  ou  huit  de  large  ,  eu  font  un 
des  plus  beaux  ornements  de  nos  serres. 
Les  fleurs  du  protée  lueUifère  distillent 
continuellement  un  miel  fort  douxellrès- 
recherché  des  Holtentots. 

On  cultive  encore  dans  nos  seircs  des 
banksies,  des  emboltiriums,  des  latnbcrlics, 
tous  arbrisseaux  très-agréables,  originaires 
de  la  Nouvelle-Hollande. 

97.  —   RENONCULACÉES,  RENONCULES 

{^ranunculaccœ ,  raniinculi)  ,  Plantes  pres- 
que toutes  européennes  ,  en  général  her- 
bacées, à /ê(a7/e4' presque  toujours  alternes, 
simples  ou  composées;  aux  fleurs  grandes 
et  brillantes.  Lus  fruits  sont  tantôt  de  pe- 
tites baies  ou  de  petites  capsules  monos- 
permes, formant  par  leur aggréga lion,  un 
syncarpe;  tantôt  ils  n'offrent  qu'une,  ou 
deux  capstdes  uniloculaires  polysjjerincs  , 
s'ouvrant  par  leur  angle  ou  bord  interne. 
Cette  famille  se  divise  en  trois  piincipales 
sections. 


KENOMCtiLiciss  vaiiEB.  Capsules  monospemes  iniléhis- 
centes. 

Genres:  cttmallui  [-t'isjy  pigamun  'ihalictruinl,  anémone 
(anémone),  adonide  (-uhj,  renoncute  (  laDonculus  ou  la- 
iiuucula), alragine  [•g,ene),hydraslis,  liamadryade  [dryas), 
myosure  [rusl. 

IlELLÉBonÉES.  Capsules  polysptnnes  ;  pétaltsirréguliers. 

Genres:  hellébore  (-rus),  trollier  [-Wus]  ,  nigelle  ou 
nielle  (tn'gella),  anclwtie  (aquilegia),  daupliiiiclle  ou  pîed- 
d'iduueUe  (delphiniumj,  ucunil  (-tum),  etc. 

PjîONiÉES.    Capsules  polyspenifes  ;  pétales  réguliers. 

Genres  populuge  (-go,  caltlia),  pivoine  (-pouia),  ar- 
iœa,  etc. 

Toutes  les  renonculacées  sont  âcres  et 
caustiques  ;  quelques  unes  même  sont  de 
véritables  poisons.  On  cultive  dans  les 
jardins  plusieurs  espères  de  clématites.  Clé- 
nialitc  des  buissons,  aux  fleuis  bleues.  Clc- 
malilc  viorne.,  aux  (leurs  de  couleur  pourpre 
ou  violette.  Clématite  crépue,  aux  fleurs 
grandes  et  bordées  au  dehors  d'une  mem- 
brane veloutée  ou  ondulée.  Clématite 
blanche  ou  commune  ,  aux  fleurs  blanches  , 
jielites,  peu  odorantes,  et  formant  unesorte 
de  panicule.  La  clématite  commune  a  reçu 
le  nom  d'herbe  aux  gueux ,  parce  que  les 
mendiants  se  servent  de  ses  feuilles  pour 
faire  paraître  leurs  membres  livides  et  ul- 
cérés. On  cotnpte  environ  cinquante  espè- 
ces de  pi ganions  ou  tlialictrons ,  parmi  les 
quelles  près  de  vingt  croissent  naturelle- 
ment en  France.  Les  plus  connues  sont  : 
le  pigamon  à  feuilles  d'nnchoUe  ,  vulgaire- 
ment appelé  colambine  à  plumeau,  aux 
racines  fibreuses,  grosses,  fasciculées,  pro- 
duisant plusieurs  liges  cylindriques  ,  glau- 
ques ,  hautes  d'un  mèti-e  à  deux  mètres, 
garnies  de  feuilles  d'un  vert  gai  en  dessus, 
aux  fleurs  rosées  et  purpurines;  —  et  le 
pigamon  jaunâtre,  appelé  aussi  lin  des  prés, 
fausse  rhubarbe  ,  plante  qui  croît  dans  les 
fossés  ,  les  prés  ,  les  terrains  marécageux , 
et  dont  les  fleurs  sonljaunâtres.  On  cultiva 
dans  les  jardins  le  pigamon  à  feuilles  d'an- 
c ho  lie. 

L'anémone  est  une  plante  printanière 
dout  la  tige  est  une  hampe  droite,  garnie 
ordinairement  de  trois  feuilles  formant  une 
sorte  de  collerette.  Sa  fleur  ,  qui  porte  le 
même  nom,  est  inodore,  mais  remarquable 
par  l'éclat  et  la  variété  de  ses  couleurs  . 
dans  les  esjjèces  cultivées.  Son  nom  lui 
vient  du  çvcc  anemos ,  vent,  parce  qu'elle 
S(t  plaît  dans  les  lieux  exposés  aux  vents. 
On  connaît  plus  de  trois  cents  variétés  d'a- 
némones. Planches  d'anémones.  Carré  d'ané- 
mones. Anémone  simple.  Anémone  double. 
Anémone  blanche.  Anémone  double.  Ané- 
mone des  bois   ou  svlvie.  Aiu'nuuic  s<tuiiii:c. 


8-2 


650 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


l.ti  fable  fait  naître  l'anémone  du  sang  d'A- 
donis. 

La  terre,  aTcc  douleur,  boit  les  flots  réunis 
Des  larmes  de  Véii;is  et  du  sang  d'Adonis. 
D'une  rose  soudnin  la  terre  se  couronne  , 
Et  prés  d'elle  s'élève  une  pâle  anémone. 

(  OlIADSSAnD.) 

Emblème  de  la  vie,  aimable  et  tendre  fleur, 
Qui  brille  le  matin,  le  soir  perd  sa  couleur; 
Et ,  passant  do  nos  prés  sur  l'infernale  rive, 
Nous  présente  en  un  jour  l'image  fugitive 

De  la  jeunesse  et  du  bonbcur.  (  DEMOc.sTiEn.  i 

Je  demande  pardon  à  M.  Alexandre  Du- 
mas de  citer  De  m  uus  lier,  qu'il  n'aime  pas,  je 
le  sais,  quoique  son  compatriote.  Il  est 
certain  que  de  tels  vers  sont  loin  de  valoir 
ceux-ci  de  l'auteur  d'Antony. 

En  nie  promenant  bicr  sur  le  rivage  , 
Où  pendant  une  heure  à  vous  j'ai  rêvé  , 
J'ai  laissé  tomber  mon  cœur  sur  la  plage  ; 
Vous  veniez  ensuite,  et  l'avez  trouvé. 
Aujourd'hui  comment  arranger  l'alTaire  ? 
Les  procès  sont  longs  ,  les  juges  vendus. 
Je  perdrai  ma  cause.  Et  pourtant,  que  faire? 
Vous  avez  deux  cœurs,  et  je  n'en  ai  plus. 
Mais  quand  on  lèvent  pourtant  tout  s'arrange, 
Et  souvent  un  mal  finit  par  un  bien. 
De  nos  cœurs  entre  eux  faisons  un  échange  , 
Donnez-moi  le  votre,  et  gardez  le  mien! 

Avis  aux  classiques.  Prenez  vosluncttes, 
examinez  et  comparez.  Ce  n'est  pas  toute- 
fois que  l'idée  d'un  cœur  qu'on  laisse  tomber 
et  qu'on  ramasse,  n'ait  quelque  chose  de 
bizarre  et  de  forcé  qui  n'eût  certes  pas 
germé  dans  une  tète  classique.  Cela  n'ôte 
rien  àla  beauté  de  ces  strophes,  vraiment 
ravissantes.  Dommage  (ju'il  n'y  soit  pas 
question  d'anémones.  Nous  y  revenons, 
ou  du  moins  nous  passons  à  ï'adonide , 
plante  très  -  abondante  dans  les  blés, 
d'un  aspect  très-élégant,  aux  feuilles  très- 
finement  découpées,  et  dont  les  fleurs, 
rouges  à  leur  sommet,  sont  tachées  de  noir 
à  leur  base.  On  cultive  ï'adonide  automnale 
ou  goutte-de-sang  et  ï'adonide  d'été  ou  05(7- 
de-perdrix.  L'ndonide  est  sœur  de  l'anémone, 
née  comme  elle  du  sang  d' Adonis.  «  Fleurs 
brillantes  et  passagères,  trop  fidèle  em- 
blème des  plaisirs  de  la  vie  ,  vous  fûtes 
consacrées  par  la  beauté  même  aux  dou- 
loureux souvenirs.»  (Aimé  Martin.) 
Legenre>'cnonc«/e  renferme  cent  soixante 
espèces,  les  unes  cultivées  dans  les  jardins 
pour  la  beauté  de  leurs  fleurs,  et  les  autres 
venant  sans  culture  dans  les  prés,  les  bois, 
les  marais  ,  etc.  La  plus  remarquable  est 
\&  renoncule  des  jardins ,  ou  à' Asie  ,  onde 
Perse,  devenue  l'ornement  des  jardins  par 
les  couleurs  panachées  de  sa  corolle,  dont 
les  pétales  sont  larges,   épais  et  anondis 


comme  ceux  de  la  rose.  Renoncule  simple, 
double.  Renoncule  des  bois.  Renoncule  de 
montagne.  Renoncule  des  prés.  Renoncule 
aquatique.  La  renoncule  rampante  est  appe- 
lée bouton  d'or,  et  a  pour  emblème  ,  n- 
cliesse.  On  nomme  vulgaiiement  grande 
douve  et  petite  douve ,  deux  espèces  de  re- 
noncules qui  croissent  dans  les  marais  et 
qui  sont  très-nuisibles  aux  bestiaux.  La  re- 
noncule était  connue  dès  le  douzième  et  le 
treizième  siècle.  Les  Croisés  en  avalent  vu 
en  Orient,  d'où  elle  nous  fut  rapportée  par 
Louis  IX. 

La  renoncule  un  jour  dans  un  bouquet 

Avec  l'œillet  se  trouva  réunie  : 
Elle  eutle  lendemain  le  parfum  de  l'œillet. 
On  ne  peut  que  gagner  en  bonne  compagnie. 
(BiRExcEn,  de  Lyon.) 

Ce  qu'on  nomme  patte  ou  griffe  ,  dans 
la  renoncule  et  dans  l'anémone  ,  est  leur 
racine,  qui  a  quelque  ressemblance  avec 
la  patte  d'un  animal.  Les  griffes  ou  pattes 
d'anémone,  de  renoncule ,  peuvent  être  di- 
visées,  et  servir  ainsi  à  la  multipUcalion  de 
la  plante. 

h'hydrastis  croît  au  Canada  ;  l'Immn- 
dryade  près  du  détroit  de  Magellan.  Le 
jnYo«'""c  est  connu  sons  les  noms  vulgaires 
de  qucue-do-souris  et  deratoncule.  Il  porte 
des  fleurs  dont  le  réceptacle  s'allonge 
après  la  lloraison,  de  manière  h  prendre 
la  forme  d'une  queue  de  souris. 

Les  plantes  noavnées  hellébores  jouissaient  chez  les  an- 
ciens d'une  grande  réputation  pour  leurs  vertus  héroï- 
ques ,  et  surtout  pour  la  guérison  de  la  folie.  On  en  dis- 
tingue deux  espèces  :  Vlietlebore  blanc,  qui  croissait  en 
Etolie,dans  les  Gaules,  et  près  des  rivages  de  la  mer. 
Noire,  et  que  l'on  a  cru  retrouver  dans  le  i'érûtrr,\  et  r/i«(- 
li-hore  noir,  <\u\  croissait  à  Anticyre,  sur  l'Hélicon  ,  dan» 
l'Eubèeetla  Béotie  ,  et  que  l'on  croît  être  notre /le/fc- 
borc  orientât. 

Le  genre  hellébore  renferme  des  plantes 
herbacées  ,  vivaces  ,  aux  tiges  rameuses  , 
et  aux  fleurs  d'un  vert  blanchâtre.  Ces 
plantes  sont  très-malfaisantes.  L'hellébore 
noir  est  quelquefois  employé  comme  ver- 
mifuge et  purgatif.  Le  trollier  boule  d'or 
habite  parliculièrement  les  prairies  des 
Vosges,  des  Alpes,  des  Cévenncs  ,  et  des 
Pyrénées  ,  d'oîi  on  l'a  transporté  dans  nos 
jardins.  Cette  plante  ,  qui  se  plaît  sur  une 
terre  ombragée  et  humide,se  fait  remarquer 
par  son  port  élégant,  son  feuillage  découpé 
et  d'un  fort  beau  vert,  ainsi  que  par  ses 
grandes  fleurs  d'un  beau  jaune  d'or.  —  Le 
genre  nig^eZ/fi  renferme  onze  espèces,  dont 
trois  surtout  sont  remarquables:  la  nigelle 
cultivée,    vulgairement  c«m«n   noir,  la  ni- 


SIGNES  DIVEKS.    BOIAMOLE. 


(iol 


gellc  dts  champs  ou  nielle,  et  la  nigelle  Je 
Damas  ,  appelée  plus  communément  bar- 
biche, barbe  de  capucin,  cheveux  de  Vénus. 
Les  graines  de  ces  plantes  sont  aromati- 
ques.   La   nigelle   de   Damas    fournit   une 
graine,  qui,   frottée  entre  les  doigts ,  ré- 
pand nue  douce  odeur  de  fraise. — Les  an- 
coUes  sont  remarquables  par  l'organisation 
de  leurs   fleurs  ,  qui  sont  garnies  de  cinq 
nectaires  en  forme  de  cornets  recourbés  et 
alternant   avec   les  pétales,    h'ancolie  vul- 
gaire  ou    des  bois,    appelée   aussi  gant  de 
Notre-Dame, ,  est  un  des  plus  beaux  orne- 
ments  de  nos  jardins.   Elle   est  vivace,   à 
fleurs  bleues  ,  blanches,  jaunes  ,  rouges  , 
violettes  ,  panacliées.  Ancolie  simple.  An- 
cotie  double.    On  cultive   encore  Vancolie 
des  Alpes,  plus  petite,  à  fleur  bleue;  Van- 
colle  de  Sibérie,  aux  fleurs  grandes,  bleues, 
et  entourées  d'un  anneau  blanc;  Vancolie 
du  Canada,    au   port    élégant,  aux    fleurs 
d'un  beau  rouge,  mêlé  de  jaune  ,  portées 
par  un  pédoncule  légèrement  courbé.  Le 
nom  latin  de  l'ancolie ,  aquilegia ,  dérive 
à'aquila ,    aigle  ,  parce    que   sa  fleur  imite 
quelquefois  les  serres  d'un  aigle.  —  Les  pied- 
d'alouettes  forment  une  tribu   nombreuse 
de  plantes  annuelles  ou  vivaces ,  à  fleurs 
bleues  ,  ou  blanches,  ou  roses  ,  toutes  cul- 
tivées dans  nos  jardins  ,  où  elles  ornent  les 
platebandes.    Les   anciens  font   naître    le 
pied-d'alouette  du  sang  d'Ajax.  Cette  fleur 
a  pour    emblème  ,   légèreté. —  Les  aconits 
sont  des  plantes  vénéneuses  ,  qui  croissent 
en  abondance  sur  les  Alpes.    Le    napel , 
dans   le  suc    du  quel   les  Germains  trem- 
paient leurs  flèches,  est  une  espèce  à'aconit. 
«  Les    magiciennes    de   la  Thessalie   em- 
ployaient  cette  plante  dans  leurs  enchan- 
tements.  Ses   qualités  vénéneuses  étaient 
dues  ,  suivant  les  anciens  ,  à  l'écume  que 
répandit  sur  elle  l'aHieux  Cerbère,  lorsque 
Hercule,  vainqueur  de  la  Mort  et  des  di- 
vinités  du   sombre   royaume  ,  arracha  ce 
gardien   des  portes   des  enfeis  ,  et  l'offrit 
chargé   de  liens  aux  yeux  des  mortels.  » 
(AiMK  Martin.)  L'aconit  a  pour  emblème, 
vengeance.  —  hapopulagcdcs marais,  vulgai- 
rement appelée  souci  d'eau  ,  paraît  dès  les 
premiers  jours  du  printemps  ,    et   se   fait 
remarquer    par    ses   grandes    fleurs    d'un 
jaune   brillant  ,   et  ses  laigi's  feuilles  d'un 
vert   sombre.   On    met  ses   fleurs  dans  le 
beurre  pour  lui  donner  une  couleurjaune. 
On  confit  ses  boutons  au  vinaigre  comme 
les  câpres.  Elle  est  quelquefois  double  ou 


semi-double  dans  nos  jardins,  et  alors  elle 
prend  le  nom  de  boutond'o  — Introduites 
dans  nos  jardins  comme  plantes  d'orne- 
ment, les  pivoines  y  produisent  un  très-bel 
efl'et  par  leurs  touffes  d'un  vert  gai,  et  par 
leurs  magnifiques  corolles  blanches,  ou  ro- 
ses, ou  panachées.  L'espèce  que  les  anciens 
nommaient  dans  leurs  hymnes  à  cause  de  ses 
propriétés  héroïques  est  la /jtiioineconini  «ne, 
naturelle  aux  prairies  et  aux  bois  mon- 
tui'ux  de  l'Europe  méridionale. 

Le  genre  podopliylliim ,  qui  faisait  au- 
trefois partie  desrenonculacées,  est  devenu 
pour  quelques  botanistes  le  type  d'une 
nouvelle  famille  ,  qu'ils  placent  entre  les 
tiliacces  et  les  bcrbéridées. 

21.  —  RESTIACÉES  ,  ou  ÉRIAUCOLÉES, 
Famille  séparée  des  joncées  par  Biown,  et 
renl'ei  niant  des  plan  les  herbacées,  vivaces, 
ou  même  sous-frutescentes  ,  aux  feuilles 
étroites  ,  engainantes,  fendues  à  leur  base 
et  placées  sur  des  chaumes  entièrement 
nus  ,  ou  simplement  couverts  d'écaillés  ou 
de  feuilles  rudimentaires. 

Genrt'S  :  restia,  ériaacohti  ,  xyris,  etc. 

Les  reslias  viennent  du  cap  de  Bonne- 
Espérance. 

155.     —    RHAMNÉES  ,      RHAMNOÏDES 

(  -  nc(B,  -  ides  )  ,  Arbres  et  arbrisseaux  a 
feuilles  alternes  ou  opposées  ,  munies  de 
stipules.  Le  fruit  est  une  baie  ou  une  cap- 
sule. On  divise  cette  famille  en  six  groupes 
ou  sections  ,  dont  les  principales  sont  les 
trois  suivantes. 

RiUMNOÏDES  OU  PiiiKGliLàctES.  Calice  iupère  ,  ctamines 
ojifwsées. 

Genres  -.nerprun  [thamnui], jujubier  (lizjphusl, pa/iure 
(•rus),  céanothe  (-thus),  etc. 

BniMACÉES.  Calice  sup'ere,  étamines  alleme»  avec  Its 
pctiiles. 

Genres  :  brunie  (-nia) ,  aucuba  ,  siaavie  (-via),  tasîopê- 
talum. 

CÉi.âSiBisÉES.  Calice  inférieur,  endosperme,  mince  ou 
cliarnu. 

Genres  :  s'.aphylin  (-lœa  ) ,  fusain  (evonyniusl,  célastre 
(-trus),  lioux  (  ilex). 

Les  trois  autres  poupes  ne  renferment  que  des  genres 
peu  connus.  Le  nom  de  l'un  deux  est  si  barbare^  que  je 
n'oserais  le  ciler  dans  un  livre  comme  celui-ci. 

Parmi  les  nerpruns,  arbrisseaux  indigè- 
nes et  exotiques,  cinq  espèces  se  l'ont  sur- 
tout remarquer  par  leur  utilité: — 1"  le 
nerprun  purgatif,  dont  les  baies  globuleuses 
et  noirâtres  sont  employées  sous  forme  de 
sirop  dans  les  liydropisies  de  poitrine,  la 
paralysie,  les  dartres  chroniques,  et  foiir- 
nissent  ,  préparées  avec  de  l'alun,  li;  vert 
de  vessie  des  peinlics;—  2°  le  nerprun  des 


(i52 


CLEF  DE  L\  LAKGLE  ET  DES  SCIENCES. 


tcinluriers  ,  dont  les  baies  petites  ,  globu- 
leuses, et  vcrdûtres,  connues  daus  le  coiii- 
merco  sous  le  nom  de  f^minc!  d'Avif^non  , 
donnent,  cueillies  avant  la  maturité  et 
préparées  avec  du  blanc  de  céruse ,  la 
couleur  verdAlri;  appelée  siil  de  i^ra'tn  ;  — 
3°  le  nerprun  de  la  Chine,  dont  les  feuilles 
sont  mêlées  au  thé;  — It"  Valalcrne ,  dont 
Je  bois  ,  semblable  à  celui  du  chêne  vert  , 
est  eu)i)loyé  parles  ébénistes; — 5°  leZio(;r- 
ftalne  ou  boitr^ène,  dont  le  bois  donne  un 
charbon  très-léger,  employé  préférable- 
ment  à  d'autres  dans  la  i'abricafion  de  la 
pondre  à  canon. 

On  nonime  vulgairemenln/rt^er/iciri/rtrc/, 
le  ccanolhc. 

hcs  brunies  ,  toutes  prii|)res  à  rATrique, 
ressemblent  par  leurs  leuilles  linéaires  ,  al- 
ternes, trèsiapprochées  ,  ou  même  imbri 
quécs.à  des  bruyères  on  a  des  protées.  Aussi 
les  nomme-t-on  encore  bruyères  du  Cap. 

J'ai  parlé  des  autres  plantes  de  cette 
famille  dans  la  Mjîthode  du  Genre,  pages 
281-294. 

58.-RHINANTHACÉES,  RHINANTHÉES, 
VÉRONICÉES,  FÉDICULAIRES,  Plantes  in- 
digènes, herbacées  ou  ligneuses,  à  feuilles 
simples  ,  très-rarement  composées  ,  —  op- 
posées, verlitillees,  ou  alternes,  quelque- 
Ibis  remplacées  j)ar  des  écailb.'S  ;  à  lleurs 
axillaires,  souvent  dis])osées  en  épi,  en 
panicule,  ou  encorymbe;  à  liuitcapsulaire. 

Genres:  véronique  (-ca),  siblorpie  (-pia,  quel  nom  bar- 
bare! )  bistindre  (-dra),  erine  (-nus),  buchncre  (-ra  ),  cu- 
/7/irnise  (-phiasla),  burlsle  (-sia),  ron-ète  ou  rhiniinlhe 
(•tlins),   mélcmpyre  (-pyinm;,  pcdiculoii-e  (-laris),  etc. 

La  véronique  ofjicinalc  ou  niâ/c  nommée 
aussi  thé  d'Europe ,  est  vivace  ,  commune 
dans  les  pâturages  sablonneux,  formant  de 
jolis  gazons.  La  véronique  aquatique ,  ou 
lifccnbunga ,  est  une  jolie  plante  aux  tiges 
rampantes  et  charnues  ,  aux  feuilles  d'un 
beau  vert  luisant  ,  aux  lleurs  bleues  ,  dis- 
posées en  grappes.  Ses  jeunes  pousses  se 
mangent  en  salade  ou  cuites  avec  de  l'o- 
seille. On  cultive  encore  la  véronique  fe- 
melle on  petit  chêne,  aux  fleurs  bleues, 
rayées  de  rouge  ,  la  leucriette ,  dont  les 
nomi)reuses  Heurs  d'un  beau  violet  font  un 
si  bel  effet  ,  la  véronique  en  épi,  la  véroni- 
que couchée  ,  la  véronique  à  feuilles  de  ba- 
silic,  etc.  Nous  citerons  encore  Veupliraise 
officinale,  aux  belles  fleurs  blanches  rayées 


de  violet  el  de  jaune;  les  rliinantlies  vul- 
gairement connus  sous  le  nom  de  crétc- 
dc-coqs,  le  mélampyrc  des  champs  j  appelé 
aussi  rouffcole  ou  blé  de  vache,  et  surtout 
les  pédiculaires,  dont  les  feuilles  découpées 
et  les  petites  fleurs  brillantes  décorent  les 
bois    humides.    Voyez    scbophulariéks    et 

OROBANCH  ÉRS. 

78.  —  RHODODRACÉES  ,  RHODODEN- 
DRONS ,  ROSACES  (  rhododraceœ ,  rhodo- 
dendrn  ) ,  Plantes  indigènes,  herbacéeson 
ligneuses,  aux  feuilles  alternes,  opposées, 
on  verticillées,  ordinairement  peisistanles, 
à  inflorescence  très-variée  ,  au  fruit  en 
capsules.  Cette  famille  n'est  considérée  par 
quelques  botanistes  que  comme  une  sec- 
tion des  éricinées. 

Génies;  lialmier  [-mia],  rosace  ou  rliododentirony  azaïéc 
(-lea) ,  rhodora  y  lédûn  [  leduni  ),  fet?/7iWe  {-ria  ),  meniiVi/c 
(-7,iaj,  Itce  (-tca). 

On  cultive  en  France,  dans  les  jardin.^ 
des  curieux  ,  six  espèces  de  halniiers  ,  qui 
nous  viennent  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. Ce  sont  des  arbrisseaux  ou  des  ar- 
bustes, toujoms  verts,  qui  ont  des  feuilles 
simples  et  de  très-belles  fleuis  en  corymbe 
au  sommet  des  branches.  Le  genre  rhodo- 
dendron (du  grec  rhodon,  rose,  v.\.  dendron, 
arbre)  reiile-rme  dix-huit  espèces  d'arbris- 
seaux très-élégants,  la  plupait  cultivés.  Je 
citerai  le  rhododendron  à  grandes  fleurs, 
baut,  en  France ,  d'environ  deux  mètres, 
dont  les  fleurs  présentent  ,  quand  elles 
sont  épanouies,  de  superbes  bouquets  réu- 
nissant plus  de  trente  corolles  roses  ou 
blanches,  et  le  rhododendron  du  Pont, 
aux  fleurs  purpurines.  Le  miel  que  font  les 
abeilles  avec  le  butin  de  leurs  corolles  est 
tm  poison.  Les  azaléas,  par  leurs  fleurs 
disposées  en  bouquets  plus  ou  moins  touf- 
fus ,  sont  précieux  poiir  la  décoration  des 
])arcs.  a  Le  lédons  odorants ,  \c  rhodora  du 
Canada  ,  les  menziézias  ,  aux  tiges  grim- 
pantes ,  el  enfin  les  iléus,  dont  les  fleurs 
blanches  et  aromatiques  durent  près  de  six 
semaines,  méritent  aussi  toute  l'attention 
des  horticulteurs,  »  dit  M.  Lamouroux  (2). 

4/|l.  — RIBÉSIÉES.  on  RIBÉSINÉES  , 
GHOSSULARIÉES ,  GROSSULACÉES ,  GRO- 
SEILLERS  {-/nriœ,,  -lace(p),  Aibrisseanx  fl) 
souvent  munis  d'aiguillons,  à  feuilles  al- 
ternes, lobées.  Les  fleurs,  solitaires,  gémi- 
nées, ou  disposées  en  grappes,  offrent  un 


(f)  Il  y  a  ceilainement  une  différence  entre  nr^r;5.«e«r/ el  rt/Z/Hi/i;.  Cependant  les  Lol.nnisles 
eux-mêmes  confondent  fans  cesse  ces  deux  dénominations. 

(a)  M.  f,amournii\  r'crit  IcsiVcVr,  les  wcnziéziu,  s.ms  la  marqne  du  pluriel  II  ne  f.iul  donc  pas  lui 
inipnlei-  un  crime  dnnl  je  suis  seul  coupa). le  e)  seul  lespotisal.lc. 


SIGNES  DIVEUS.  BOTASIOUE. 


655 


calice  adhtTcnt ,  à  cinq  divisions;  nne  co- 
rolle à  cinq  pétales;  cinq  élaniines;  un 
ovaire  simple,  à  style  bifide,  et  astigmate 
double.  Le  fruit  estime  baie  globuleuse , 
monoloculaire,  polysperme,  couronnée  par 
les  débris  du  calice.  Les  graines  se  compo- 
sent d'un  embryon  droit,  petit,  placé  à  la 
base  d'un  endospernie  corné. 

On  connaît  aujourd'hui  environ  cin- 
quante espèces  de  groseiUers,  dont  les  plus 
remarquables  sont  le  groscUter  commun 
{ribeditm  ,  riibrum  )  ,  aux  fruits  rouges  ou 
blancs, un  peu  acides,  très-rafraîchissants; 
]c  grose'tller  à  maquereau,  aux  fruits  verts 
ou  rougeûtres,  plus  gros  que  les  groseilles 
ordinaires;  et  le  groseiller  7wir ,  plus  com- 
munément appelé  cassis,  dont  les  fruits 
noirs  et  aromatiques  servent  à  faire  une 
liqueur  tonique  et  excitante. 

Depuis  que  je  suis  à  Vienne,  je  n'ai  pas 
vu  dans  les  jardins  particuliers  un  seul  gro- 
seiller  noir. 

Avec  le  suc  des  groselllers  rouges  on  fait 
nne  gelée  très- saine  et  d'une  saveur  très- 
fine.  Gelée  de  groseille.  Sirop  de  groseille. 
Groseilles  de  Hollande^de  Bar.  Groseilles  con- 
fies. Groseille  à  maquereau  ou  groseille 
verle.  Compote  de  groseilles  vertes. 

Les  groscillers  sont  rangés  avec  les  cierges  dans  le  Car- 
din des  Plantes  ;  quoique  ces  végétaux  n'aient  pas  la  moin- 
dre analogie, 

l/i9.  —ROSACÉES  (-  ccflî},  Plantes  her- 
bacées ou  lign<?uses,  à  feuilles  alternes, 
stipulacécs  ,  simples  ou  composées,  à  in- 
(lorescence  extrêmement  variée.  Cette  fa- 
mille a  été  ainsi  nommée,  parce  que  les 
fleurs  des  espèces  qui  la  composent  ont 
leurs  pétales  disposes  comme  ceux  de  la 
rose.  On  la  divise  en  plusieurs  tribus. 

PoutcÉES.  Ovaire  unique,  aiiné.  it  phistcurs  styles  ;  pomme 
à  plusieurs  toges,  couronnée  par  les  débris  du  calice. 

Genres  -.pommier  (nialus),  poirier  (pirus),  coignassier 
(cydonia),  néflier  (tuespilus)  ,  alisier  (cralsegusl  ,  cormier 
DU  sorbier  [sorbusj. 

Rosiers  ou  boséfs.  Plusieurs  oi^aires  surmontés  chacun 
d^un  style  apparent. 

Genre  :  rosier  (rosa). 

AcnlHOMiES  ou  SANGuisojiltKrs.  Fleurs  sourent  apéinles 
et  uni-sexuelles;  ovaires  peu  nombreux  ,  quelquefcin  un 
seul,  il  style  latéral,  ù  stigmate  barbu;  renfermés  dans  un 
calice  étranglé  au  sommet. 

Genres:  pimprenelle  (poteriuni),  sanguisorhe  (-ba),  ni- 
gremoine  (-monia),  alchimille  ou  pieddir-lion  l-\la],anc!stre 
(-trnm),  clifforis  (-lia),  sihbaldie  (-dia).  etc. 

Drvauées  ou  POTENTiixtES.  O'Miices  nombreux,  groupés 
au  centre  de  la  (leur. 

Genres:  tormcntille  [-Wa],  poleniille  (lia),  fraisier  (fra- 
parla),  romaret  (cnniarum},  henoile  (gcum]  ,  dryade 
(drvas),  ronce  (  rui'us  ). 

DniAiBBa  ou  spiiiÉES.  Oouires  sup'erct  en  nombre  dé- 
/T,,,-. 

Gcihcb:  tplrce  [-rira;,  suriiiua. 


AM\Gt>\LtES  OU  DRUPACÉES.  OiHiire  unique  supvre, 

Genres  :  reiisier  (cerasus),  prunier  (-nus),  abricotier 
(arnieniacaj, «mnnrfier  (amygdalus),  pécher  (persica),  grun- 
géria,  chrysobolan  [-nus),  moquillier  (nioquilca), /ïtu'i/ifliVe 
(■narium),  etc. 

Calycaniuées.  Feu///es  dépourvues  de  stipules  ;  corolle  l'i 
plusieurs  rangées  de  pétales  inégaux  ,  caducs  ;  plusieurs 
ovaires  dans  un  calice  à  parois  charnues. 

Genres  :  {culycanthe  [  -Ihus)  ,  merutia,  Hacl\wcllia,  lidia, 
Iwmalium. 

Nous  trouvons  dans  cette  famille,  très- 
répandue  dans  nos  climats,  les  fruits  les 
plus  doux,  tels  que  la  pomme,  la  poire,  la 
fraise,  la  prune,  l'abricot,  V amande ,  la 
pèche,  etc.,  et  en  même  temps  l'un  des 
poisons  les  plus  terribles,  l'acide  hydro- 
cyanique  fourni  par  l'eau  distillée  des 
feuilles  et  des  noyaux  du  laurierccrise  {pru- 
nus taurocerasus)  ;  principe  qui  se  retrouve 
également  dans  les  noyaux  du  cerisier 
[prunus  ccrasu.s),  ainsi  que  dans  ceux  de 
quelques  autres  drupacées,  mais  en  moins 
grande  quantité.  Le  laurier  cerise,  origi- 
naire des  côtes  de  la  mer  Noire,  a  été  trans- 
porté en  Europe  en  1576.  Quoique  vcnéneu- 
ses,  les  feuilles  du  laurier  cerise  n' an  sont  pas 
moins  employées  tous  les  jours  comme 
assaisonnement.  L'azcro/(cr  est  une  espèce 
de  néflier;  Vaubépin,  une  espèce  d'alisier. 
Qui  ne  connaît  la  saveur  extrêmement 
astringente  des  fruits  du  néflier?  Le  genre 
pimprenelle  se  compose  d'une  huitaine 
d'espèces  herbacées,  dont  quelques  unes 
se  rangent  parmi  les  sous-arbrisseaux. 
Pimprenelle  commune  ou  usuelle,  plar»te 
vivace  que  l'on  rencontre  dans  les  prés 
secs  et  les  bois  montueux  ,  et  dont  on 
])Ossède  deux  variétés  :  la  petite  pimpre- 
nelle et  la  grande  pimprenelle.  La  première 
est  une  plante  potagère  dont  les  feuilles 
sont  mises  dans  les  salades  et  les  bouillons 
aux  herbes.  La  seconde  forme  des  prairies 
très-recherchées  des  bêtes  il  laine.  Sangiii- 
sorbc  commune,  ou  pimprenelle  d'Italie. 

On  non)nie  vulgairenjcnt  ;iim;)renf//e,  le  samol;  pimpre- 
nelle aquatique  ou  pimprenelle  d^Jfriitue  ,  le  mélyanthe  py- 
ramidal;  pimprenelle  ttlanrhe  ,  le  boiicage  mineur  ;  pimpre- 
nelle de  la  youvelle-Zélunde,  Vnncisire. 

Sanguisorhe  du  Canada.  Ces  deux  jilan- 
tes,  par  la  décoction  de  leurs  lleuis,  unies 
.'i  de  l'alun,  donnent  à  la  teinture  un  Irés- 
beau  giis. 

îj'aigremoinc  eupaloirc,  très- commune 
en  Fiance,  se  reconnaît  à  ses  Icuilles  en- 
gainantes, et  à  son  fruit  liérissé  de  poin- 
tes. On  s'en  sert  en  médecine  contre  1rs 
catarrhes  pulmonaires,  chioniques,  elc, 
h'aUliimillc  est  une  licrijc  vivace  des  mun- 


()5; 


(LKl    DE  LA  LAA(;iJE  ET  DES  SClEiNCES. 


tagnes,  aux  ieiiillcs  p.ilméfs  ou  digi^M-s, 
aux  lU'uis  verdâtres,  disposées  en  grappes 
teruiinales  ou  latérales.  Son  nom  lui  vient 
de  ce  que  les  alcliiuiistes  employaient  la 
rosée  que  l'on  trouve  le  matin  sur  ses 
feuilles.  L'alclilniille  vulgaire,  excellent 
fourrage,  est  très-astringente.  Deux  espè- 
ces de  toniicuiilles  iiabitent  la  France. 
L'une,  la  tormenlillc  élevée,  vit  dans  les 
bois  et  les  pâturages  secs.  La  lormen- 
tille  rampante  habile  les  prairies  et 
les  lieux  ombragés.  Les  racines  de  ces 
plantes  sont  aromatiques,  asliingentes, 
recherchées  en  médecine,  et  avidement 
mangées  par  les  cochons.  Elles  servent 
pour  le  tannage  dans  l'île  de  Féroé.  Les 
feuilles  conviennent  aux  vaches,  aux  chè- 
vres, et  aux  bêtes  à  laine.  Les  potcnlilles 
sont  communes  dans  les  Pyrénées  et  les 
Alpes,  où  elles  fleurissent  dès  les  premiers 
jours  du  printemps.  Leurs  racines  ont  les 
mêmes  propriétés  que  celles  de  la  tormen- 
iille. —  Dans  le  fraisier,  qui  est  une  plante 
vivace,  à  tige  très-basse,  les  feuilles,  mu- 
nies de  trois  folioles,  sont  portées  sur  une 
tige  ou  pétiole  très-long;  les  fleurs  sont 
blanches,  disposées  en  bouquet  terminal. 
Après  la  floraison,  le  réceptacle  grossit, 
acquiert  une  certaine  consistance,  et  pro- 
duit le  fruit  connu  sous  le  nom  de  fraise. 
Le  fraisier  commun  est  oiùginaire  des  Al- 
pes, et  a  donné  lieu  à  toutes  les  autres  va- 
riétés, telles  que  le  fraisier  du  Chili  ou 
frutitlier,  qui  donne  la  plus  grosse  fraise  ; 
mais  elle  est  fade  et  peu  sucrée;  le  fraisier 
ananas,  dont  If  fruit  est  gros,  sucré  et  par- 
fumé ;  le  fraisier  des  bois  et  le  fraisier  buis- 
son, accueillis  dans  nos  jardins  pour  ser- 
vir de  bordures.  Le  fraisier  fleurit  en  avril, 
et  fructifie  en  mai  et  juin. 

On  nomme  Tulgairemenl  fraisier  en  arbre,  {'arbousier 
dont  le  fruit  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  la  i'raise 
ananas;  ainsi  que  le  niélastome. 

Les  benoUes  sont  des  plantes  à  fleur.s 
droites  et  terminales,  à  feuilles  radicales 
ternées,  et  à  la  tige  droite.  La  bcnoUe  com- 
mune passe  pour  vulnéraire,  sudorifique, 
astringente,  etc.  Ses  racines  ont  été  mises 
€n  parallèle  avec  le  quinquina.  Elle  doit 
sou  nom  de  benoîte  ou  bénite  aux  nom- 
breuses propriétés  médicinales  qu'elle 
possède. 

La  ronce  est  un  arbrisseau  épineux  et 
rampant,  qui  vient  dans  les  haies  et  dans 
les  bois,  et  qui  porte  un  petit  l'ruit  noir  , 
ajrréable  a  niangei.    (J'est   la    ronce  com- 


mune, appelée  encore  ronce  des  haies,  ronce 
sauvage,  mûrier  des  buissons.  La  poudre  à 
canon  faite  avec  le  charbon  de  ronce  passe 
pour  avoir  plus  de  force  que  celle  qui  est 
faite  avec  du  charbon  de  saule  (Acad.). 
Chemin  semé  de  ronces.  Fig.  ,  La  vie  est 
semée  de  ronces  et  d'épines.  Laronce  fram- 
boisière  ,  ou  framboisier,  piu-te  des  baies 
rouges,  jaunâtres  ou  blanches,  mûres  en 
juin  et  juillet.  La  framboise  rouge  est  la 
plus  estimée.  On  mange  les  framboises 
comme  les  fraises.  Un  panier  de  framboises. 
De  l'eau  de  framboise.  Pâte  de  framboise. 
Sirop  de  framboise.  Conserve  de  framboise. 
Du  vin  qui  sent  la  framboise,  qui  a  un  goût 
de  framboise.  Les  framboises  sont  nutriti- 
ves, adoucissantes,  et  laxaiives.  Les  Russes 
en  font  du  miel  et  les  Polonais  un  hydro- 
mel.—  Les  s/)(rc6s  sont  des  arbrisseaux  ou 
herbes  vivaces,  aux  fleurs  blanches  ou 
purpurines.  La  spirée  ulmaire  ou  reine  des 
prés,  cultivée  dans  les  jardins,  et  connue 
aussi  sous  le  nom  d'herbe  aux  abeilles,  a 
une  tige  élancée  ,  garnie  de  feuilles  d'un 
vert  agréable,  et  de  fleurs  blanches  odo- 
rantes. Ses  feuilles  sont  aimées  des  mou- 
tons et  des  chèvres.  On  s'en  sert  aussi  pour 
la  teinture  en  noir.  Une  autre  espèce  re- 
marquable de  ce  genre  est  la  spirée  filipen- 
dule,  ou  simplement /i/i/)en</«/e,  aux  feuilles 
ailées  et  profondément  découpées,  aux 
fleurs  grandes,  blanches  à  l'intérieur,  rou- 
geàtres  à  l'extérieur.  Sa  racine,  composée 
de  fibres  déliées,  aux  quelles  sont  suspen- 
dues des  tubercules  arrondis  et  noirâtres, 
a  les  mêmes  propriétés  que  celles  de  la 
benoîte. 

J'ai  déjà  parlé,  dans  la  Méthode  nu 
GENRE,  pages  281-294,  des  autres  plantes 
de  cette  famille,  telles  que  le  pommier,  le 
poirier,  le  coignassier,  le  cerisier,  le  ro- 
sier, etc.  J'ajouterai  pourtant  un  mot  sur 
les  roses,  genre  sur  lequel  on  pourrait 
écrire  des  volumes. 

La  rose  a  pour  emblème,  fraîcheur, 
tendresse.  Cette  fleur,  reine  de  nos  jar- 
dins, naquit  suivant  Anacréon,  lorsque  Vé- 
nus, sortant  du  sein  des  mers,  sourit  aux 
dieux  charmés  de  sa  présence.  L'incarnat 
de  la  ro.sc  est  attribué  au  sang  de  Vénus. 
Cette  déesse,  comme  le  raconte  M.  Aimé 
Martin,  volait  au  secours  de  son  cher  Ado- 
nis, blessé  à  mort  ;  des  rosiers  épineux  se 
trouvèrent  sur  son  passage ,  déchirèrent 
son  sein,  et  plusieurs  goultes  de  son  sang 
jaillirent  sur  les  roses.  Ces  fleurs,   qui  jus- 


SIGNES    DIVERS.    BOTANIQUE. 


»00 


qu'alors  avaient  été  blanches,  ont  conservé 
depuis  la  couleur  du  sang  de  Ténus. 

La  rose  a  été  célébrée  par  tous  les 
poètes. 

Fleur  chère  à  tous  les  cœurs,  elle  parc  à  la  fois 
Et  le  chaume  du  pauvre   et  le  marbre  dts  rois; 
Elle  orne  tous  les  ans  la  beauté  la  plu  s  sage  -, 
Le  prix  de  l'innocence  en  est  aussi  l'image. 

(BoisJoLis.  ) 
Reine  de  nos  jardins  ,  rose  aux  vives  couleurs, 
Sois  lière  désormais  d'être  le  prix  d?s  mœurs, 
Et  de  voir  éclater  tes  beautés  printanières 
Sur  le  front  ingénu  des  modestes  bergères; 
Sois  plus  llattée  encor  de  servir  en  nos  jours 
De  couronne  aux  vertus  (|ue  de  lit  aux  amours  : 
La  pomme  à  ta  pius  belle,  a  dit  l'antique  usage, 
Un  plus  heureux  a  dit  :  La  rose  à  la  plus  sage. 

(Lemiebub.  } 
Bientôt  dans  les  bosquet?  du  superbe  Orient, 
La  plus  belle  des  fleurs  ,  la  rose  va  paraître  : 
Elle  s'ouvre,   aussitôt  son  parfum  se  répand. 
La  nymphe  des  jardins,  surprise  en  la  voyant, 
Croit  qu'une  autre  Vénus  en  ce  jour  vient  de  naître. 
Pour  la  reine  des  fleurs  on  veut  la  reconnaître; 
La  rose  est  étomiée  ;  une    aimable  pudeur 
Couvre  son  sein  charmant  d'une  vive  rongeur. 
Le  rossignol  la  voit ,  frappe  l'air  de  son  aile  , 
Respire  ses  parfums,  voltige  sur  son  sein  , 
Chante  lamour  heureux,  et  s'envole  soudain. 
Quoiqu'il  ait  fait  serment  d'être  toujours  lidéle. 

Tout  cela  pour  exprimer  cette  idée  si 
poétique  :  La  rose  naît,  elle  est  si  belle, 
qu'on  ne  peut  lui  refuser  le  titre  de  reine 
des  fleurs.  On  dirait  une  autre  ^'énus. 
Quant  à  l'idée  du  rossignol  qui  voltige  sur 
le  si;iii  de  la  rose,  coimne  un  papillon,  et 
qui  lui  cbante  qu'il  l'aiaieru  toujours,  rien 
de  plus  classique,  c'est  à  dire,  de  plus  fau,\; 
le  faux  étant  le  caractère  propie  du  genre 
qu'on  est  convenu  d'appeler  classique. 

Qu'on  soit  si  généralement  dégoûté  de 
la  poésie,  que  les  Allemands  surtout  pro- 
fessent un  si  grand  mépris  pour  la  poésie 
française,  en  vérité  de  tels  vers  me  le  fe- 
raient concevoir. 

Que  l'auteur,  homme  de  cœur  et  de  ta- 
lent, qui  a  rendu  aux  lettres  d'éminents 
service,  et  qui  a  toute  mon  estime,  daigne 
me  pardonner  ma  rude  l'rauchise  ;  mais 
je  ne  saurais  trouver  beaux  de  pareils 
vers,  dans  les  quels  j'accuse  moins  un  ta- 
lent épiouvé  que  le  genre  misérable  dont 
ils  émanent.  Que  l'on  compare  tous  les 
vers  classiques  que  nous  venons  de  citer 
avec  cette  poésie  de  Victor  Hugo  : 

LA  PAUVRE  FLEUR. 
La  pauvre  fleur  disait  au  papillon  céleste  : 
—  Ne  fuis  pas. 


Vois   comme  nos  destins  sont  dilTércnls.  Je  reste, 

Tu  t'en  vas. 
Pourtant  nous  nous  aimons,  nous  vivons  sans  les  hommes, 

Etloin  d'eux, 
Et  nous  nous  ressemblons,  et  l'on  dît  que  nous  sommes 

Fleurs  tous  deux  ! 
Mais,  hélas!  l'air  t'emporte  et  la  terre  m'enchaîne. 

Sort  cruel] 
Je  voudrais  embaumer  ton  vol  de  mon  haleine 

Dans  le  ciel. 
Mais  non,  tu  vas  trop  loin.— Parmi  des  fleurs  sans  nombre 

Vous  fuyez, 
El  moi  je  reste  seule  à  voir  tourner  mon  ombre 

A  mes  pieds. 
Tu  fuis,  puis  tu  reviens,  puis  tu  t'en  vas  encore 

Luire  ailleurs. 
Aussi  me  trouves-tu  toujours  à  chaque  aurore 

Toute  en  pleurs. 
Ohl  pour  que  notre  amour  coule  des  jours  fidèles, 

O  mon  roi. 
Prends  comme  moi  racine  ,  ou  donne-moi  des  ailes 

Comme  à  toi. 

ENVOL 
Roses  et  papillons,  la  terre  nous  rassemble 

Tût  ou  tard. 
Pourquoi  l'attendre  ?  dis.  Veux-tu  pas  vivre  ensemble  (1) 

Quelque  part? 
Quelque  part  dans  les  airs  ,  si  c'est  là  que  se  berce 

Ton  essor; 
Aux  champs,  si  c'est  aux  champs  que  ton  calice  verse 

Son  trésor. 
Où  tu  voudras  ,  qu'importe  !  Oui ,  que  tu  sois  baleine 

Ou  couleur. 
Papillon  rayonnant,  corolle  à  demi-pleine. 

Aile  ou  fleur  , 
Vivre  ensemble,  d'abord,  c'est  le  bien  nécessaire 

Et  réel. 
Après  on  peut  choisir  au  hasard  ou  la  terre 

Ou  le  ciel. 

Faut-il  être  crétin  pour  ne  pas  se  plaire 
à  de  pareils  vers  plus  qu'au  charlatanisme 
du  Journal  des  Débats,  pour  n'y  pas  voir 
plus  de  philosophie  réelle  que  dans  toutes 
li's  stériles  logomachies  des  philosophes  ? 
En  vérité, 

L'homme  est  un  animal  qui  n'a  pas  son  pareil. 

UNE  ROSE  D'ELLE. 


J'en  cueille  une  à  mon  tour,  et  je  la  lui  présente, 

L'œil  voilé  d'un  nuage  et  d'une  main  tremblante. 

Son  céleste  regard  me  paya  mille  fois 

Mieux  que  ne  l'auraient  fait  tous  les  trésors  des  rois. 

Mais  que  devins-je,  ô    Dieu!  quand  je  la  vis  loin  d'elle 

Jiter  ses  autres  fleurs  pour  ne  garder  i|ue  celle 

Qui  lui  venait  de  moi ,  fleur  au  charmant  destin 

(Qu'après  l'avoir  baisée  elle  mit  dans  son  sein  ! 

Frappé,  ravi,  charmé  de  celte  préférenct^. 

Et  comme  soulevé  du  sol  par  l'espérance  , 

Je  nie  disais  :  Seigneur,  penserait-elle  à  moi  ? 

Se  pourrait-il?  Serais-je,  entre  la  terre  et  toi, 

L'objel  où  le  regard  de  son  âme  se  pose? 

Commis  je  lui  cueillais  d'autres  boutons  de  rose  : 

«  Cilui-là  me  suflit;  je  voidais  seulement 

■  Emporter  avec  moi,  »  dil-elle  ingénument, 

Avec  un  son  de  voix  plein  de  mélancolie, 

«Un  souvenir  de  vous,  monsieur...  de  l'abbaye,  » 
Reprit-elle  bien  vile  en  rougissant  un  peu. 


(i)  Pour   l'exactitude   de   l'eipicssioii  il  faudiail,  Ne   veu.v-lii  jins  i/tic  nous  i-irio/iS  ensemble 
r/uclt/}ie  part?  Mais  certes  c'est  là  une  faute  facile  .i  j)ardonni'r. 


^50 


CLEF  DE  LA  LAiNGLE  ET  DES  SCIENCES. 


A  inni  tant  de  Ijnnlieur!  ù  inui .'   mon  Dieu  !  mon  Dieu  ! 

l*uis ,  lii-aut  lie  son  sein  la  ilnur  à  peine  eclose  : 

«  J^ai  tant  peur  <le  la  perdre  !  i>    O  bien  heureuse  rose  ! 

(iliaque  mol  qu'exhalait  cet  esprit  du  désert 

Formait  dans  mon  oreille  un  ravissant  concert. 

Voyant  Stella  cueillir  une  nouvelle  rose, 
Je  choisis  la  plus  belle  et  la  plus  fraîche  cclosc  , 
La  plus  riehe  en  parfums  ,  la  plus  riche  en  couleurs  , 
Etpuis  je  lui  propose  un  échange  de  (leurs. 
Elle  y  consent  avec  une  grâce  inlinie. 
Elle  prend  donc  ma  rose,  et  de  sa  main  bénie 
Je  prends  la  sienne,  moi ,  comme  un  présent  divin. 
De  penser  qu'elle  avait,  la  tirant  de  son  sein  , 
De  sa  lèvre  d'archange  effleuré  son  calice, 
Ivre,  j'en  savourais  l'arôme  avec  délice. 
Par  un  nouveau  surcroît  de  bonheur,  au  retour, 
J'étais  encore  assis  auprès  de  mon  amour  , 
Si  près,  que,  me  noyant  dans  les  Ilots  de  sa  manche , 
Je  pouvais  de  ma  rose  effleurer  sa  main  blanche  , 
Et  l'imprégner  ainsi  d'une  nouvelle  odeur 
Que  j'aspirais  avec  une  nouvelle  ardeur. 
fl  me  semblait,  sentant  ma  poitrine  brûlée  , 
Que  de  ma  fleur  céleste  une  autre  âme  exhalée 
Se  mêlait  à  la  miemie  ,  —  étincelle  de  Dieu  , 
Et  centuplait  ma  vie  à  son  souffle  de  l'eu. 
Ne  pouvant  contenir  les  élans  de  mon  âme  , 
Pour  lui  dire  ,  à  Stella,  mes  sentiments  de  llammc  , 
Sans  crainte  des  témoins  ,  dont  le  regard  jaloux 
N'avait  point  aper<;ule  troc  fait  entre  nous. 
Je  m'écriais  tout  haut:   Que  celte  rose  est  belle! 
Que  son  parfum  est  doux  !  On  dirait  que  sur  elle 
Un  esprit  s'est  penché,  souffle  immatériel , 
L'imprégnant  des  senteurs  et  de  l'éclat  du  ciel. 
Et  je  la  savourais  tout  frissomiant  d'ivresse. 
Elle  ,  de  son  regard  ,  prolongeant  la  caresse  , 
Restait  triste  el  pensive,  et  parfois  respirait 
La  rose  que  sou  sein  comme  un  trésor  gardait. 
Une  fois  sur  sa  main  ayant  senti  ma  rose    , 
Telle  qu'un  papillon  «lui  sur  un  lis-sepose  , 
Elle  l'a  retenue,  et  se  tournan  t  vers  moi , 
Son  regard  sur  mon  front  comme  un  rayon  de  foi, 
Elle  a  baisé  ma  rose  el  puis  me  l'a  rendue. 
Or  jugez  de  l'état  de  mou  âme  éperdue  , 
Jugez  de  mon  délire,  et  de  l'enivrement 
Où  j'ai  senti  mon  cour  noje  complètement, 
En  reprenant  la  ileur,  messagère  Udèle, 
Qui  m'apportait,  à  moi,  Seigneur  ,  un  baiser  d'elle! 
D'elle!  comprenez  vous?  d'elle,  fille  du  ciel, 
Sœur  des  divins  esprits  ,  être  surnaturel! 
Un  baiser  d'elle  ,  à  moi  !  d'elle  la  créatuie 
La  plus  délicieuse  ainsi  que  la  plus  pure  ! 
Desïoluplés  des  cieux  ineirable  avanl-goût  I 
Oh!  j'étais  écrasé  d'émotions.   Ce  coup 
De  mon  déguisement  lit  éclater  la  trame. 
«Oh!    merci!»  m'écriai-je —  4  ce  cri  de  mon  âme 
Son  front  se  colora  d'une  vive  rougeur. 
Mais  ce  cri  n'avait  eu  d'écho  que  dans  son  cœur. 
Félicité  d'un  jour,  qu'êtes-vous  devenue! 
O  rose  ,  où  tant  d'extase  encore  est  contenue  , 
De  son  baiser  divin  garde  bien  le  parfum. 
Parmi  tous  les  trésors  du  monde  en  est-il  un 
Qu'on  puisse  préférer  à  toi?  R>-lique  sainte. 
Où  tant  de  fois  ma  lèvre  a  cherché  son  empreinte  , 
Comme  te  voilà  sèche  et  flétrie,   ô  ma  Heur! 
Tel  mon  cœur  chaque  jour  s'éteint  dans  la   douleur. 
De  grâce  ,  ô  ma  Stella,  ma  Stella  bien-aimée, 
L'aurore  dans  la  nuit  de  mon  âme  allumée  , 
De  grâce,  ravivant  ma  foi  morte  à  l'amour, 
Douuez-moi ,  donnez-moi,  de  vous  revoir  un  jour. 
(L.  îi.  Fleurs  du  Danube] 

Elle  était  de  ce  monde  ,  où  les  plus  bellis  choses 
Ont  le  pire  destin, 


Et,  rose,   elle  a  vécu  ce  que  vîrentles  roses, 

L'espace  d'un  matin.  (M.ii.iitnBE.  j 

Une  feuille  de  rose  a  pour  eiithlème  ,  Ja- 
mais JK   Iv'lMPOBTUI\E. 

A  ce  sujet,  nous  empruntons  à  M.  Aimé 
Martin  le  récit  suivant  ; 

o  II  y  avait  à  Amadan  une  académie 
dont  les  statuts  étaient  conçus  en  ces  ter- 
mes :  «  Les  académiciens  penseront  beau- 
»coup,  écriront  peu,  et  parleront  le  moins 
«possible.  »  Le  docteur  Zeb,  fameux  dans 
tout  l'Orient ,  apprit  qu'il  vaquait  une 
place  à  cette  académie.  Il  accourt  pour 
l'obtenir;  mais  malheureusement  il  arrive 
trop  tard.  L'académie  fut  désolée  ;  elle 
venait  d'accorder  à  la  puissance  ce  qui 
appartenait  au  mérite.  Le  président,  ne 
sachant  comment  exprimer  un  refus  qui 
faisait  rougir  l'assemblée  ,  se  fit  apporter 
une  coupe  qu'il  remplit  d'eau  si  exacte- 
ment, qu'une  goutte  de  plus  l'ei'it  fait  dé- 
border. Le  savant  solliciteur  comprit,  par 
cet  emblème,  qu'il  n'y  avait  plus  de  place 
pour  lui.  Il  se  retirait  tristement ,  lorsqu'il 
aperçut  une  feuille  de  rose  à  ses  pieds.  A 
cette  vue,  il  reprend  courage;  il  ramasse 
la  feuille  de  rose,  et  la  pose  si  délicate- 
ment sur  l'eau  que  renfermait  la  coupe, 
qu'il  ne  s'en  échappa  pas  une  seule  goutte. 
A  ce  trait  ingénieux,  tout  le  monde  battit 
des  mains,  et  le  docteur  fut  reçu,  par  ac- 
clamation, au  nombre  des  silencieux  aca- 
démiciens. » 

La  rose  blanche  a  pour  emblème  ,  inno- 
cence. 

On  se  rappelle  cette  antique  institution 
de  saint  Médard,  évoque  de  Noyon,  dans 
le  v«  siècle,  la  quelle  consistait  à  couronner 
tous  les  ans  une  rosière  dans  l'église  deSa- 
lency.  La  jeune  fille  reconnue  la  plus  ver- 
tueuse recevait  des  mains  de  l'évèque  une 
couronne  de  roses  blanches;  d'où  le  nom  de 
rosière  qu'on  lui  donnait. 

Ilèlas!  belle  rosière  , 

D'autres  amis  des  mopurs  doteront  ta  chaumière  ; 
Mes  présents  ne  sont  point  une  ferme  ,  un  troupeau; 
Mais  je  puis  d'une  rose  embellir  ton  chapeau. 

(  De  Fo.vtases,  cité  par  Aime  Martin. J 

Il  est  triste  qu'une  institution  si  simple 
et  si  belle  n'ait  pas  eu  d'imitateurs.  Mal- 
gré soi  l'on  se  prend  à  regretter  ces  temps 
primitifs  où  les  fleurs  avaient  tant  de  prix 
qu'une  simple  couronne  de  roses  blanches 
ornait  mieux  un  front  de  jeune  fille  que 
toutes  les  perles  et  tous  les  brillants.  Hé- 
las !  le  parfum  des  fleurs  est  partout 
remplacé  par  la  vapeur  du  charbon.  Et  ce 


SIG.NES  DIVERS.  BOTANIQUE. 


f'K,: 


qu'il  y  a  de  plus  triste  encore,  c'est  qu'aii- 
jourd  hui  la  chasle  couronne  instituée  par 
le  bon   saint  Rlédard 

Chercherait  Tainemeut  un  front  où  se  poser. 

Les  anciens  Germains  étaient  barbares  , 
mais  non  corrompus  ,  disent  les  historiens 
allemands:  c'est  un  avantage  que  les  mo- 
dernes ont  sur  les  anciens. —  Prov.  et  fig., 
C'es^  la  plus  belle  rose  de  son  chapeau. 

Quand  la  rose  blanche  est  desséchée,  elle 
a   pour  emblème    plutôt   moubir  qdk   de 

FEBDRR  l'iNNOCEINCK. 

Une  rose  blanche  avec  une  rose  rouge  a 
pour  emblème  ,  feu  on  ccecr. 

Le  poète  Bonnefons  ,  de  Mauriac,  en- 
voya à  la  dame  de  ses  pensées  deux  roses, 
l'une  blanche  et  l'autre  du  plus  vif  incar- 
nat, aux  quelles  il  avait  joint  ce  quatrain: 

Pour  loi ,  Dapbué,  ces  âeurs  viennent  d'éclure. 
Vois,  Tune  est  blanche,  et  Tautre  se  colore 
D'un  vif  éclat.  L'une  peint  ma  pâleur; 
L'autre  mes  feux  ;  toutes  deux  mon  malheur. 

(Cité  par  Aimé  Martin.) 

Les  noms  de  rose  blanche  et  de  rose  rouge 
ont  servi  à  désigner  les  anciennes  l'actions 
d'York  et    de    Lancastre,  en    Angleterre. 

Un  rosier  au  milieu  d'une  loufj'e  de  gazon 
a   pour  emblème,   il  y  a  tout  a  gagner 

AVEC  LA   BONNE  COMPAGNIE. 

«  Un  jour,  dit  le  poète  Sadi,  je  vis  un  ro- 
sier environné  d'un  touffe  de  gazon.  Quoi  ! 
ra'écriai-je,  cette  vile  plante  est-elle  faite 
pour  se  trouver  dans  la  compagnie  des 
roses!  Et  j'allais  (1)  arracher  le  gazon, 
lorsqu'il  me  dit  humblement  :aEpargnez- 
»moi,  je  ne  suis  pas  rose,  il  est  vrai,  mais 
»à  mon  parfum  on  connaît  du  moins  que 
»j'ai  vécu  avec  des  roses.  » 

[(Cité  par  Aimé  Martin.  ) 

La  rose  jaune  a  pour  emblème  ,  honte  , 
INFIDÉLITÉ;  la  rose  musquée,  caprice  ;  la 
rose  panachée,  amodr  trahi  ;  la  rose  capu- 
cine., AMOOR  DES  BEAUX  ARTS. 

Un  boulonde  rose  est  un  coeur quugnore 
i/amodr. 

Une  femme  est  comme  une  rose 
Qui  naît  au  matin  d'un  beau  jour, 
Et  qui  n'achève  d'être  éclosc 
Que  par  le  souille  de  l'amour. 

(  Cité  par  Aimé  Martin,  ) 

ELLE. 

Voycî-la  ,  Toycz-la,  cette  enfant  si  candide. 
Fleur  de  beauté  qui  fuit  tout  regard  in)poitun, 
Que  l'innocence  garde  embaumée  et  splendidc, 
D'où  la  bonté  s'exhale  ainsi  qu'un  doux  parfum; 


Celte  enfant  dont  le  front,   baigné,   comme  i'anrore  , 
De  douceur  et  d'éclat,  de  grâce  et  de  fraîcheur. 
Plus  pur,  plus  odorant  qu'un  lis  qui  yieut  d'éclore. 
De  son  âme  d'azur  réHéchit  la  candeur  ; 
Dont  la  Toix  se  répand  connue  une  urne  penchée 
En  vagues  d'harmonie  ,  en  paroles  de  miel; 
Dont  l'amour,  rose  encor  sous  le  boulon  cachée  , 
Change  la  pure  baleine  en  doux  parfum  du  ciel. 

(L.  N.  Amertumes  et  Consolations.] 

Une  rose  avec  ses  épines  représenle  !e 
MARIAGE  ;  une  rose  sans  épines ,  l'amitié. 

La  rose  sauvage  ou  églanline  est  la  plus 
pure  image  de  la  simplicité. 

Esilanline  ,  humble  fleur  comme  moi  solitaire  , 

i\e  crains  pas  que  sur  toi  j'ose  étendre  ma  main. 

Sans  en  être  arrachée  orne  un  moment  la  terre  , 

Et  comme  un  doux  rayon  cousole  mon  chemin. 

Quand    les  tièdes  zéphyrs  s'endorment  sous  l'ombragt, 

Quandle  jour  fatigué  ferme  ses  yeux  brûlants, 

Quand  l'ombre  se  répand  et  brunit  le  feuillage  , 

Par  ton  souffle  vers  toi  guide  mes  pas  tremblants. 

Mais  ton  front,  humecté  par  le  froid  crépuscule  , 

Se  penche  tristement  pour  éviter  ses  pleurs; 

Tes  parfums  sont  enclos  dans  leur  blanche  cellule 

Lt  le  soir  a  changé  ta  forme  et  tes  couleurs  ! 

Rose  ,  console-toi  ;  le  jour  qui  va  paraître 

Rouvrira  ton  calice  ,à  ses  feux  ranimé; 

Ta  mourante  auréole  ,  il  la  fera  renaître. 

Et  ton  front  reprendra  son  éclat  embaumé. 

Fleur  au  monde  étrangère ,  ainsi  que  toi  daus  l'ombre 

Je  me  cache  et  je  cède  à  Pabandon  du  jour; 

Mais  un  rayon  d'espoir  enchante  ma  nuit  sombre  ; 

Il  vient  de  l'autre  rive. . ,    et  j'attends  sou  retour. 

(  M°"  DeSBOBDES  ViLMORI.J 

Les  fleurs  de  l'églantier,  blanches  ou 
d'un  rose  pâle  ,  sont  simples  et  de  peu  de 
durée.  Elles  font  place  .i  des  fruits  charnus, 
en  forme  de  boutons  rouges,  hérissés  de 
poils  en  dedans,  et  bons  à  manger  ,  qu'on 
nomme  gratteculs.  On  en  fait  une  liqueur 
agréable  ,  et  une  conserve  appelée  cynor- 
rhodon,  tonique  et  astringente,  qu'on  em- 
ploie contre  la  diarrhée  chronique.  Cueillir 
des  gratteculs.  De  la  conserve  de  gratteculs. 

Li'églantine  d'or  est  le  prix  du  discours, 
aux  jeux  floraux  de  Toulouse. 

PHILOSOPHIE  DES  ROSES. 

•  Vous  voulez  me  cueillir,  disait  la  rose  en  pleurs 
Au  jeune  Corilas  ,  qui  l'avaitcultivée? 

Ne  m'avez-vous  donc  réservée 

Que  pour  le  plus  grand  des  malheurs  ? 
Voilà  donc  où  tendaient  vos  pei'lides  douceurs  f* 

Par  ces  mots  la  rose  vermeille 

Croyait  convaincre  Corilas; 

Mais  il  ne  prèlait  pas  l'oreille. 

Ou  feignait  de  n'entendre  pas. 

•  Cent  fois,  poursuivit-elle  encore, 

Vous  avez  prévenu  l'aurore 

Pour  me  voir  et  pour  m'arroser; 

Vous  n'osiez  pourtant  me  baiser 


(i)  Le  Icxie  porte  ,je  voulus.  C'est  une  faute  ;  le  vclatiftst  iiidisiicii-aLle 
T.  11. 


658 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Pc  crainte  d'altérer  l'éclat  qui  me  décore. 

Souffrez  au  moins  ijuc  j'aclitvc  d'tclore. 
AiTt'te/.,  cher  bcrper;  cruel  que  faites-vous? 
Arrêtez...  un  moment...  quand  tous  m'aurez  cueillie, 
Quelques  instants  après  tous  nie  Terrez  flétrie  ; 
Je  perdrai  les  attraits  dont  tous  étiez  jalous.  » 
C'est  ainsi  que  la  rose  eiprimait  ses  alarmes, 

Mais  ses  cris  furent  superflus. 
Dès  qu'elle  fulcuiillie  elle  n'eut  plus  de  rbarmes , 

Et  Corilas  ne  l'aima  plus. 

(  D£SF01>CES-lIàlLL4HD.) 

Le  célèbre  roman  de  la  Rose,  qui  fit  les 
délices  de  la  cour  de  Philippe  le  Bel  , 
semble  n'avtiir  été  écrit  que  pour  appren- 
dre aux  belles  à  se  défier  de  l'amour.  Le 
sujet  du  livre  est  l'art  d'aimer ,  mis  en 
vers  et  renfermé  sous  l'allégorie  d'une  rose 
dont  un  amant  passionné  recherche  ar- 
demment la  possession,  et  qu'il  néglige  et 
abandonne  aussitôt  qu'il  a  joui  de  son  doux 
parl'um. 

Ce  poème  ,  commencé  en  1620  par 
Guillaume  de  Lorris  ,  fut  achevé  quarante 
ans  plus  tard  par  Jean  de  Meung,  dit  Clo- 
pinel. 

L'attente  du  plaisir  est  an  plaisir  ce  que 
le  bouton  est  à  la  rose.  (Cité  par  Jimé 
Mari  in.) 

La  pudeur  doit  défendre  la  beauté  comme 
l'épine  défend  la  rose.      (  V.  J.  Rosati.  ) 

Objet  d'amour  et  de  philosophie  ,  dit 
Bernardin  de  SaintPierre,cité  par  M.  Aimé 
ALurtin  ,  voyez  la  rose,  lorsque,  sortant  des 
fentes  d'un  rocher  humide  ,  elle  brille  sur 
sa  propre  verdure  ,  que  le  zéphyr  la  ba- 
lance sur  sa  tige  hérissée  d'épines  ,  que 
l'aurore  l'a  couverte  de  pleurs,  et  qu'elle 
appelé  ,  par  son  éclat  et  ses  parfums  ,  la 
main  des  amants.  Quelquefois  une  can- 
iharide  ,  nichée  dans  s»  corolle  ,  en  relève 
le  carmin  par  son  vert  d'émeraude;  c'est 
alors  que  celte  fleur  semble  nous  dire  que, 
symbole  du  plaisir  par  son  charme  et  sa 
rapidité,  elle  porte  comme  lui  le  danger 
autour  d'elle  et  le  repentir  dans  son  sein. 

Certaines  personnes,  comme  l'églantier, 
n'offrent  des  fleurs  qu'un  moment  et  tou- 
jours des  épines. 

Celui  qui  marche  sur  les  roses  peut  avoir 
les  pieds  percés  d'épines. 

Prov.  et  fig.  ,  //  n'est  point  de  roses  sans 
épines.  Il  n'y  a  point  de  plaisir  sans  peine, 
point  de  joie  sans  quelque  mélange  de 
chagrin. 

Prov.,  fig.  ,  et  pop. ,  //  n'est  point  de  si 
belle  rose  f/iii  ne  devienne  graltecul ,  Il  n'est 
pas  de  si  belle  personne  qui  ,  en  vieillis- 
sant ,  ne  devienne  laide. 


*  C'est  ici  le  lieu  de  relever  ime  erreur 
grossière  de  l'Académie.  Naturellement 
les  femmes  qui  se  fardent  avec  du  rose 
cachent  avec  soin  le  pot  qui  contient  une 
partie  de  leur  beauté.  De  là  cette  locution 
proverbiale  et  figurée  :  Découvrir  le  pot  au 
rose,  éventer  te  pot  au  rose,  signifiant  dé- 
couvrir le  secret  de  quelque  galanterie  ,  de 
quelque  friponnerie,  etc.  Or,  au  lieu  de  pot 
au  rose,  l'Académie  écrit  pot  aux  roses.  Je 
vous  le  demande,  qu'est-ce  que  cela  si- 
gnifie? D'un  pot  où  il  y  a  des  roses,  on  dit 
pot  de  roses;  et,  les  pots  de  roses  ,  on  les 
met  sur  sa  fenêtre  ,  on  ne  les  cache  point, 
parce  qu'ils  n'ont  rien  de  déshonorant. 

De  la  part  d'un  corps  aussi  distingué  que 
l'Académie  on  a  peine  à  concevoir  de  tel- 
les bévues;  d'autant  plus  que,  quelques 
lignes  plus  loin  ,  on  lit  dans  son  diction- 
naire ,  Gare  le  pot  au  noir,  expression  par- 
faitement analogue,  qui  eût  dû  leur  ouvrir 
les  yeux. 

On  appelé  rose  <for,  une  rose  artificielle  à  feuilles  d'or, 
que  le  pape  bénit ,  et  qu'il  envoie  en  certaines  occasions 
à  des  princes  ou  à  des  princesses. 

Bois  de  rcse,  Bois  à  odeur  de  rose  et  d'une  couleur 
rouge  ,  qui  est  fourni  par  une  espèce  de  liseron  ,  et  dont 
on  se  sert  pour  faire  différents  meubles  (  Acau.  ). 

Dans  le  style  classique,  on  dit.  Un  teint  de  lis  el  de 
rose  ^— Des  lèvres  de  rose; — 'L'Aurore  aux  doigts  dû 
rose. 

On  donne  le  nom  de  rose  5  diverses  fleurs  qui  ont 
quelque  analogie  avec  la  rose.  Rose  rhangeante  ,  La  ket- 
miu  de  l'Inde.  Ilose  de  la  Chine, La  ketniie  à  grandes  fleurs, 
iïose  (/g ]Gue/rfrfi,  La  fleur  du  viorne  aubier. ii05e  de  Jéricho, 
La  jérose.  iiO!«  du  Japon,  La  fleur  du  laurier  rose  ou  né- 
rion.  Rose  de  Sainte-Marie,  La  coquelourde  carjopbjUée. 
Rose  de  Sibérie  ou  rhododendron  des  Talars ,  ou  rose  (re'- 
miere^,  La  mauve  rosée  ,  plante  apportée  de  Damas.  On 
l'apèle  encore,  rose  de  damas  ou  passerose.  Une  espèce 
voisine  est  nommée  rose  de  mer  ou  d'ou(re*mer.  La  rose 
d'Inde  est  un  taget;  la  rose  de  Xoel  ou  d'hiver,  l'ellébore 
noir.  Les  roses  de  Cayenne.  Les  roses  d'Istrie.  Les  roses  pi- 
voines ,  etc. 

Rose,  se  dit  encore  de  plusieurs  choses  ai'tificielles  dont 
la  forme  a  quelque  ressemblance  avec  celle  d'une  rose. 
Eu  Joaillerie,  One  rose  de  diamants,  de  rubis,  etc..  Des 
diamants,  des  rubis,  montés,  assemblés  en  forme  de 
rose.  Diamant  en  rose,  ou  simplement,  rose.  Diamant 
taillé  par  dessus  en  facettes  pointues  ,  et  plat  en  dessous, 
fe  n'est  pas  un  diamant,  c'est  une  rose.  On  ne  taille  en 
rote  que  les  diamants  qui  ne  sauraient  élre  autrement 
employés.  En  termes  de  Lutbicr  ,  iiose  de  luth,  rose  de 
guitare  ,  L'ouverture  qui  est  au  milieu  de  la  table  d'un 
luth  ,  d'une  guitare. 

Rose,  en  termes  d'Arcbitecture ,  Petit  ornement  à 
feuilles,  et  circulaire,  qu'on  place  dans  le  plafond  des 
cornicbes,  ou  dans  le  milieu  de  l'abaque  du  chapiteau 
cniinlbien.  Il  se  dit  aussi  des  grands  vitraux  circulaires 
et  à  compartiments,  placés,  dans  les  églises  gothiques, 
aux  extrémités  de  la  grande  nef,  et  au  dessus  des  por- 
tails latéraux.  La  rose  principale  de  cette  église  est  la  plus 
belle  qui  soit  en  France  (Acad.).  Je  crois  que  M.  Victor 
Hugo  nomme  rosace  la  principale  rose  de  Notre-Dame. 
Ce  qu'on  nomme  rosace,  en  Architecture  ,  est  un  orne- 
ment rn  forme  de   grande  rose,  qu'on  place  dans  le  rcu- 


SIGNES  DIVERS.  BOTANIQUE. 


659 


tonccment  des  caissons  d'une  Toute  ou  d'un  plafond. 
Rose  de  compartiment ,  Ornement  formé  au  milieu  d'un 
pavé  de  marbre  ou  d'un  parquet  de  menuiserie,  et  en- 
touré d'une  figure  circulaire.  En  ternies  de  Marine,  Rose 
(tes  vents  ou  rfu  compas,  La  ligure  où  sont  marqués  les 
trente-deux  Tents.  Voyez-en  la  représentation,  page  58/i. 

92.—  RUBIACÉES  ,  OU  GARANCES  {ru- 
biaceœ)  ,  Plantes  herbacées  ou  ligneuses  ; 
à  tige  droite  ou  couchée ,  tétragone  dans 
les  espèces  herbacées  ,  cylindrique  dans 
les  espèces  ligneuses ,  souvent  hérissée  de 
poils  ou  d'aiguillons  crochus  et  accrochants; 
à  feuilles  simples  ,  entières  ,  opposées  et 
réunies  par  des  stipules  intermédiaires  ou 
par  une  gaine  ciliée,  qui  présente  les  ru- 
diments d'un  %'erticille,  caractère  remar- 
quable, —  le  plus  souvent  verticillées  ,  et 
au  nombre  de  trois  à  dix;  aux  fleurs,  tan- 
tôt axillaires  ,  tantôt  en  corymbe  ou  en 
panicule  ,  quelquefois  libres  ,  d'autres  fois 
renfermées  dans  un  involucre  ;  au  fiuit 
composé  ,  tantôt  de  petites  coques  acco- 
lées ,  tantôt  d'une  capsule  ou  d'une  baie. 
Cette  famille,  une  des  plus  utiles,  est  en 
même  temps  une  des  plus  nombreuses  du 
règne  végétal  ,  quoiqu'il  ne  s'en  trouve 
en  Europe  que  six  ou  sept  genres.  Ceux-ci 
sont  tous  herbacés  ,  tandis  que  les  genres 
étrangers  ,  ceux  d'Amérique  surtout ,  sont 
des  arbrisseaux  et  même  de  grands  arbres. 
Tous  fournissent  une  teinture  rougeâtre. 
On  les  divise  en  plusieurs  sections. 

1.  Deux  coques  accolées.  Feuilles  verticillées.  Quatre  éta- 
mines. 

Genres  :  shérardie  (-dia),  aspérule  (-la),  gaillel  ou  rail- 
letait  (  galiuni),  crucianelle  (-la),  rroisctie  ou  valance  (Ta- 
iantiaj,  garance  (rubia,  type  de  la  famille  ),  anthosperme 
(-mum). —  Feuilles  opposées,  quatre  ou  cinq  étainines.  Gen- 
res: huuslonie  ou  lioustone  {-\na),  epermacocée  (-coce),  etc. 

H.  Vn  fruit  à  deux  loges  polyspermes.  Cinq  étamines. 

Genres:  cînr/i.7na,  gardénie  ou  gardene  l-ma],  porllan- 
die  (-dia)  ,  randia,  génipaier  (gnipa  ),  etc.  —  Six  ou  plus 
de  six  étamines.  Genre  :  hillie  (-lia). 

III.  Vn  fruit  U  deux  loges  monospermes.  Quatre  étamines. 
Genres  :  (.rore   [-ra],  melanéa   (-nea). —  Cinq  étamines. 

Genres  :  psjcholrie  (-tria),  caféier  ou  cafier  (  coll'ea  ),  clUo- 
cocca,  etc. 

IV.  Un  fruit  «  plus  de  deux  loges  monospermes.  Quatre 
au  cinq  étamines. 

Genres  :  guettarde  (-da),  homélie  f-lia). 

V.  Fleurs  aggrégées  sur  un  réceptacle  commun. 
Genres  .  rojfoc  (  morinda),  milchellie  (-lia),  cépkalantke 

(-tlius),  etc. 

Les  shérardles  oti  .thérardcs  sont  des 
plantes  herbacées  ou  légèrement  frutes- 
centes ,  aux  fleurs  bleuâtres,  disposées 
en  ombelles  terminales.  La  sliérardic  des 
champs,  annuelle  et  liante  de  huit  à  dix 
centimètres  ,  abonde  dans  les  lieux  incul- 
tes ou  mal  cultivés  ,  et  plaît  aux  bestiaux. 
— Parmi  les  aspérules  on  distingue  Vaspcrulc 
rubéole ,  aux  fleurs  rougeâlres,  dont  la  ra- 


cine fournit  une  couleur  rouge  aussi  belle 
que  celle  de  la  garance;  Yaspcritle  blcitc , 
aux  fleurs  bleues,  qui  fournit  aussi  une  bon- 
ne teinture;  et  \'aspcruleodorante,di\iii.ï[ç.uTS 
blanches,  qui  répand  une  odeur  douce  et 
agréable.  Cette  dernière  se  nomme  vul- 
gairement reine  ou  muguet  des  bois.  On  la 
prend  en  infusion.  Mise  dans  le  vin  ,  elle 
lui  donne  un  goût  agréable.  L'as péru le  ru- 
béole se  nom  me  encore  herbe  à  l'csquinancie, 
parce  qu'elle  guérit  cette  maladie. 

Les  caillelails  sont  ainsi  nommés  parce 
qu'on  leur  attribue  la  vertu  de  cailler  le 
lait.  On  les  nomme  aussi  gaillels.  Cuillclait 
blanc,  caillelait  jaune.  On  ordonne  dans 
quelques  maladies  du  système  lymphathi- 
que  le  suc  du  galllct  accrochant ,  ou  gratc- 
ron,  et  l'on  conseille  le  gaillet  jaune,  très- 
commun  dans  les  prés  et  les  haies,  comme 
galactopoïélique  ,  c'est  à  dire  ,  donnant  du 
lait  aux  femmes.  On  donne  encore  au 
gaillet  accrochant  le  nom  de  riébte. 

Les  crucianelles ,  herbes  annuelles  ou 
vivaces,  ii  tige  anguleuse  ,  à  feuilles  étroi- 
tes ,  à  fleurs  en  épis,  se  trouvent  en  Eu- 
rope dans  le  voisinage  de  la  Méditerranée. 
Nous  citerons  la  cruciarwlle  à  fleurs  étroites. 
On  remarque  la  valance  à  feuilles  velues, 
appelée  aussi  gavanceltc. 

La  garance  mérite  une  mention  particu- 
lière pour  la  belle  teinture  rouge  que  fournit 
sa  racine,  qui  sert  encore  à  d'autres  usages. 
C'est  une  plante  vivace  ,  aux  tiges  rameu- 
ses ,  quadrangulaires  ,  rudes  au  toucher, 
hautes  d'un  mètre  environ  ,  —  aux  fleurs 
jaunâtres,  disposées  en  bouquets,  et  dont 
les  fruits  sont  des  baies  noires  et  globu- 
leuses. La  garance  a  pour  emblème,  ca- 
lomnie.  La  garance,  qu'on  cultive  en  grand 
dans  le  midi  de  la  France,  demande  une 
terre  profonde,  fraîche  et  Icgére,  bien  fermée. 
La  garance  colore  en  rouge  les  os  des  ani- 
maux qui  s'en  nourrissent.  La  meilleure  ga- 
rance en  poudre  vient  de  Hollande  et  du  Le- 
vant ,  d'Alsace  et  d'Avignon. 

On  nomme  aussi  garance  la  couleiu- 
rouge  qu'on  retire  de  cette  plante  ,  mais 
alors  il  est  mascidin  ,  ce  que  n'a  pas  re- 
marqué l'Académie.  Une  étoffe  teinte  en 
garance.  Un  beau  garance.  Adjectiv. ,  Drap 
garance,  pantalon  garance,  veste  garance. 
Tous  les  cinchonas  sont  des  arbres  ou 
arbustes,  aux  fleurs  rouges,  jaunes,  ou 
blanches,  disposées  en  bouquets. 

Le  quinquina  ,  ce  lébrifuge  si  puissant, 
n'es!  autre  chose  que  l'écorce  des  diverses 


()()(> 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIEIV'CES. 


espèces  de  cinclionai  ,  donl  les  propriétés 
se  retrouvent  du  reste  dans  la  même  partie 
des  autres  rubiacées  arboiescentes  ,  et 
jiiènic  de  nos  caillcUiils,  L'écorce  de  quin- 
fjitina  ne  fut  ai)portee  du  Pérou  en  Eu- 
rope que  vers  l'an  16i8  ,  par  la  comtesse 
del  Cliinchon,  lémnie  du  vice-roi  de  Lima. 
Un  grand  nombre  d(;  forêts  de  l'Amérique 
méridionale  ,  particulièrement  celles  de 
Loxos  ,  produisent  le  quinquina  en  abon- 
dance. Aujourd'hui  cependant  il  devient 
de  plus  en  plus  rare,  et  l'on  sera  peut-être 
forcé  ,  dit-on,  d'en  remplacer  l'usage  par 
celui  des  écorces  de  peuplier  ou  de  saule  , 
qui  paraissent  jouir  des  mêmes  propriétés. 
Une  priscdequinquina. Prendre  du  quinquina 
en  substance.  Sclcssenliel  de  quinquina.  Vin 
de  quinquina.  Sirop  de  quinquina.  Quinquina 
rou^e.  Le  quinquinaronge  est  le  plus  cslimé. 
Quinquina  jaune.  Quinquina  gris.  Lavertu 
du  quinquina  réside  dans  deux  hases  sali- 
fiables  végétales ,  la  quinine  et  la  cinchonine, 
La  quinine  ne  s'administre  que  combinée 
avec  l'acide  sulfurique.  Quelques  grains  de 
sulfate  de  quinine  m'ont  guéri  pour  toujours, 
à  ce  qu'il  paraît ,  d'une  affreuse  névralgie  à 
la  tempe. 

Le  housson  ècarlate  du  Mexique  est  un 
joli  arbuste,  à  fleurs  en  ombelle,  d'un  rouge 
éclatant. 

La  gardénie  à  grandes  fleurs  ,  on  jasmin 
du  Cap  ,  cultivée  dans  les  serres  chaudes 
el  haute  de  près  de  deux  méires,  se  recon- 
naît a  son  odeur  extièmement  suave.  Au 
Japon  on  extrait  de  s»;s  fruits  une  belle 
coule'.ir  jaune. 

Le  genre  port  lande  ou  portiandie  ren- 
ferme cinq  arbres  de  la  Jamaïque  ,  à  tige 
si  grêle  ,  qu'ils  ont  besoin  du  support  des 
arbres  voisins  pour  ne  pas  ramper. 

J'ai  parle  du  géuipaïer  dans  \a  Méthode 
du  genre,  page  285.  On  cultive  dans  les 
jardins  l'ixora  ècarlate  et  Vixora  terni  folié, 
a  longues  fleurs  rouges  ,  disposées  en  bou- 
quets. 

Le  caféier  est  un  arbrisseau  de  dix  à 
douze  mètres,  originaire  de  l'Arabie,  dont 
les  llcurs  ont  d(!  la  ressemblance  avec  cel- 
les du  jasmin,  et  dont  le  fruit,  rouge  et  de 
la  grosseur  d'une  cerise,  contient  des  grai- 
nes qui  sont  le  café.  On  a  calculé  que  l'A- 
jiiérique  et  l'Asie  fournissent  à  l'Europe 
plus  de  quarante  millions  de  graines  d(; 
caleier,  dont  dix  millions  au  moins  pour 
la  France.  Café  de  Moka,  ou  simplement, 
café  Moka.  Café  Bourbon  ou  Mascarcignc. 


Elliptiq.,  du  Moka,  du  Bourbon,  du  Mar- 
tinique. Dalle  de  café.  Café  mariné,  avarié. 
Bâtir,  brûler  le  café.  Moudre  le  café.  Pren- 
dre du  café.  Boire  du  café.  Café  au  tait» 
Café  à  la  crème.  Crème  au  café.  Le  café  ac- 
célère la  circulation  du  sang,  favorise  la  di- 
gestion, et  anime  les  fonctions  du  cerveau. 
On  donne  à  la  découverte  du  cale  plu- 
sieurs origines.  Selon  la  plupart,  le  supé- 
rieur d'un  couvent  d'Arabie,  instruit  de 
l'eflet  qu'avait  produit  sur  des  chèvres  les 
graines  du  caféier,  en  fît  prendre  à  ses 
moines  pour  les  empêcher  de  se  livrer  au 
sommeil.  Son  introduction  en  France  date 
de  1669.  La  saveur  agréable  du  café  se  re- 
trouve, dit  M.  de  Candolle,  dans  les  grai- 
nes de  nftre  grateron,  et  peut  être  dans 
quelques  autres  espèces  à  endosperme 
très-prononcé. 

On  noninie  raft^  de  chicorée  une  poudre  faite  avec  dp9 
racines  de  cliicorée  rôties,  et  qui  a  la  couleur  du  café. 
On   se  sert  beauroup  de  café  de  chicorée  en  Belgicfue  et 

en  Allemagne. 

L'ipécacuana  est  la  racine  d'une  espèce 
de  psychotrie  et  de  plusieurs  autres  rubia- 
cées. L'ipécacuana  est  un  vomitif  plus  doux 
que  l'émétique.  L'ipécacuana  brun  est  te  plus 
estimé.  Ipécacuana  gris.  Prendre  de  l'ipé- 
cacuana. Poudre  d'ipècacuana.  Pastilles  d'i- 
pècacuana.  L'usage  de  la  poudre  el  des  pas- 
tilles  d'ipécacuana  date  de  1669. 

d'est  encore  une  rubiacée,  le  naucléa 
gambier,  dont  la  lige  fournit  la  gomme 
kino,  l'un  des  astringents  les  plus  puis- 
sants qu'emploie  la  thérapeutique. 

130.  —  RUTA.ÇÉES  (— cex  )  ,  Plantes 
herbacées  ou  ligneuses  ;  à  tiges  souvent 
frutescentes,  rarement  arborescentes;  à 
feuilles  simples  ou  composées  ,  quelque- 
lois  alternes  |et  sans  stipules,  d'autres  fois 
opposées  et  stipulées;  à  fleurs  terminales 
ou  axillaires;  au  fruit  en  capsule. 

T.  VeufU-ea  ordinairement  opposées^  accompagnées  de  sti- 
pules. Genres  :  tribule  (-lus),  fagone  (-nia),  fubagelle  [-ty- 
goplijllum  fabago ),  faîac  (guaiacum),  larrce  (-reaj.por- 
liire  (-i-a),  boronie  (-nia),  carrée  (-rea). 

II.  Fetiiltes  alternes,  nues.  Genres:  crove  oa  rrowea,  rue 
l'ruta!, /larma/e  (peganum),  fraxinelle  (diclamnus). 

m.  Genres  ^ui  ont  de  l'afjinitc  avec  lesnitacces  :  diosma, 
mélianlhe  (-tbus). 

De  (Janiiolle,  qui  place  dans  celte  famille  les  cuspa- 
riées,  les  zantlioxUres,  elies  diosmées,  dont  quelques  bo- 
tanistes ont  fait  des  fanilles  distinctes,  la  partage  en  deux 
tribus:  les  diosmées  et  les  cuspariées.  Quant  au  genre  2/- 
goplirllum,  Brown  en  a  formé  une  famille,  dans  laquelle 
il  lai't  entier  les  genres  iritulus  et  fagmia.  Enfin  le  genre 
corinire,  dont  Jussieu  n'avait  su  que  faire,  est  devenu 
pour  de  Ondolle  le  t\pe  de  la  famille  des  lonuRitE», 
qu'il  place  après  celle  des  ziGOPHYLiÉts.  Pour  la  plupart 
Ut  irgophj liées  ne  sont  qu'une  section  dcsrulacecs. 


SIGNES  DIVERS.    BOTAMQLE. 


66< 


Les  rutacées  offrent  en  général  une  sa- 
veur très-amère,  nauséabonde,  et  souvent 
une  odeur  fétide,  très-prononcée  surtout 
dans  la  rue  commune,  qui  est  un  des  plus 
puissants  emménagogues  connus,  et  passe 
en  outre  pour  sudorilique,  résolutive,  etc. 
Les  tribu/es  sont  ainsi  nommés  de  leurs 
fruits  hérissés  de  pointes  comme  une 
rhausse-lrappe  (en  grec  Iribolos).  Tributc 
aquatique.  Tribulc  terrestre.  Les  fagones 
diffèrent  peu  des  fabagelles.  Fagone  de 
Crête.  Fagone  d'Espagne.  Fagone d' Arabie . 
Fagone  de  l'Inde.  On  distingue  la  fabagelle 
commune  aux  feuilles  disposées  deux  à 
deux  comme  les  folioles  de  la  fève  sur  leur 
pétiole,  aux  fleurs  solitaires  et  axillaires. 
Les  larréas  sont  des  arbrisseaux  du  Brésil. 
Le  porliéra  est  un  arbre  du  Pérou.  La  bo- 
ronie p innée,  origiaalre  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, se  cultive  dans  nos  jardins.  Les 
corrcas  sont  des  arbrisseaux  de  la  Nouvelle- 
Hollande. 

Les  liarmales  sont  très-voisines  des  rues. 
Des  quatre  espèces  connues  de  ce  genre, 
il  en  est  une,  Vharmaleâ  feuilles  découpées, 
qui  est  très-singuliéie  en  ce  qu'elle  croît 
également  bien  dans  les  climats  les  plus 
opposés.  Quoique  herbacée  ,  elle  résiste 
aux  plus  grandes  chaleurs  de  l'Afrique, 
d'où  on  la  croit  originaire.  La  fraxlncl/e, 
ou  diclamne  blanc,  qu'on  nomme  aussi 
petit  frcnc,  est  une  plante  encore  plus  cu- 
rieuse, en  ce  que  ses  fleurs  blanches  ou 
ptirpui'ines  exhalent  par  un  temps  sec,  une 
vapeur  aromatique  susceptible  de  prendre 
feu  au  contact  d'un  corps  enflammé.  L'é- 
corce  de  sa  racine  est  un  médicament 
très-énergique,  et  possède  des  propriétés 
slimulanles.  La  fraxinetle  est  originaire  du 
midi  de  la  France.  Cultiver  des  fraxinellcs. 
On  cultive  dans  nosjardins  un  grand  nom- 
bre de  diosmas,  tous  originaires  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  Ce  sont  des  .irbustes 
élégants,  aux  feuilles  petites,  simples, 
chargées  de  points  glanduleux,  toujours 
vertes;  aux  fleurs  roses  et  blanches,  soli- 
taires ou  en  corymi)e,  exFialant  une  odeur 
suave.  Les  diosmas  demandent  tous  la  terre 
de  bruyère.  Deux  espèces  de  mélianllics  (du 
grec  »i<j/<,  miel,  elanliios,  fleur)  sont  cul- 
tivées dans  nos  serres  d'orangerie.  Nous 
citerons  le  méliunthe  pyramidal  ou  pini- 
prenelle  d'Afrique,  arbrisseau  de  d(.'ux  ou 
trois  nièlres,  aux  feuilles  ciselées,  alter- 
nes, grandes;  aux  fleurs  d'un  rouge  foncé, 
petites,  irrégulières,  naissant  en  gr.ippes 


pyramidales  ,  sur  des  pédoncules  mnnis 
chacun  d'une  bractée.  11  doit  son  nom  à 
la  glande  du  calice,  qui  sécrète  une  espèce 
de  miel  de  couleur  noirâtre.  L'autre  es- 
pèce est  le  mélianthc  petit,  aux  fleurs  d'un 
jaune  rougeâtre  et  disposées  en  épis. 

Nous  ne  devons  pas  omettre  le  gaïac, 
grand  arbre  d'Amérique,  dont  une  espè- 
ce, le  gaïac  officinal,  aux  fleurs  bleues, 
fournit  un  bois  dur,  pesant,  résineux,  sus- 
ceptible d'un  beau  poli,  et  employé  en 
médecine  comme  sudoriflque  dans  la 
goutte,  les  scrophules,  etc.  C'est  un  des 
quatre  bois  sudorifiques  des  pharmaciens. 
Sa  couleur  est  d'un  brun  légèrement  mêlé 
de  jaune.  H  y  a  encore  le  gaïac  à  feuilles 
de  lentlsque,  qu'on  nomme  autrement  bois 
saint,  et  dont  les  fletu's  sont  bleuâtres  et 
dentelées.  Résine  ou  improprement  gom- 
me de  gaïac.  (On  donne  au  glabricr  le  nom 
de  petit  gaine.  Plusieurs  écrivent  gayac, 
mais  bien  à  tort). 

hecoriaire  éi  feuilles  de  myrte,  ou  redoul, 
aux  rameaux  tétragones,  aux  feuilles  op- 
posées, est  la  seule  espèce  du  genre  que 
nous  ayons  à  citer.  Son  nom  vient  de  co- 
rium,  cuir,  parce  que  dans  le  midi  de  la 
Fiance  on  s'en  sert  pour  la  tannerie.  On 
s'en  sert  aussi  dans  la  teinture. 

11.  —  SALVIMIÉES,  RHIZOSPERMES, 
RHIZOCARPÉES,  MARSUCÉACÉES,  HYDRO- 
FTÉRIDES,  Plantes  aquatiques,  que  Linné 
avait  confondues  avec  les  fougères.  Celtefa- 
mille  présente  pour  caractère  essentiel  des 
involucres  coriaces,  membraneux,  indé- 
hiscents, à  une  ou  plusieurs  loges,  et  des 
feuilles  roulées  en  crosse  avant  leur  déve- 
loppement. Les  salviniées  rampent  au  fond 
des  eaux  stagnantes  cl  peu  profondes. 

Geiues:  piluUiIre  (-laria],  marsiice  (-lea),  isoéle  (-tes), 
sahinie  (-nia),  aïolle  (-la). 

Le  genre  pilulaire  ne  renferme  qu'une 
seule  espèce,  la  pilulaire  globuUfére.  Elle 
offre  une  tige  rampante,  qui,  de  distance 
en  distance,  pousse  deux  ou  trois  racines 
fibreuses  d'un  cùté,  et  autant  de  feuilles 
filiformes  de  l'autre.  Ces  feuilles,  longues 
de  huit  à  dix  centimètres,  sont  à  peine  de 
la  grosseur  d'une  forte  épingle.  Les  invo- 
lucres, du  volume  d'un  pois,  hérissés  de 
poils  veris,  renferment  chacun  deux  fleurs 
mâles  et  deux  fleurs  femelles.  La  pilulaire 
est  annuelle;  on  la  trouve  en  été  autour 
des  étangs  et  des  mares,  oii  elle  se  multi- 
plie prodigicuscuicnl. 


<;()2 


CLEF  DE  LA  LAiNGUE  ET  DES  SCIENCES. 


On  connaît  huit  espèces  de  marsilées 
ou  marsiles.  La  marsile  à  quatre  feuillcx, 
reconnaissable  à  ses  feuilles  longuement 
pétiolees,  divisées  en  quatre  folioles  entiè 
res  presque  triangulaires  ,  est  une  jolie 
plante  de  l'Europe  méridionale. 

Le  genre  ixoe/c  comprend  deux  espèces. 
La  première,  Visocle  des  étangs,  se  trouve 
en  France,  en  Angleterre,  et  en  Allema- 
gne. Elle  a  les  feuilles  subulées  et  demi- 
cyliûdriqucs.  La  seconde,  Visoèle  sèlacée, 
les  a  beaucoup  plus  grêles,  et  se  trouve 
dans  le  lac  de  Saint-Andéol,  sur  les  mon- 
tagnes du  Gévaudan. 

La  salvinie  passe  pour  purifier  l'air  des 
marais,  h'azclle,  qui  se  rapproche  des  sal- 
vinies  et  deshydrocotyles,  vient  du  détroit 
de  Magellan. 

102.  —  SAPINDACÉES,  SAPINDÉES  , 
SAPONACÉES,  SAVONNIERS,  Plantes  exo- 
tiques, ordinairement  ligneuses,  a  tiges 
frutescentes  ou  arborescentes,  à  feuilles 
simples  ou  composées,  ailées,  ayant  sou- 
vent leur  pétiole  commun  muni  d'une 
membrane  ;  à  inflorescence  très-variée  ; 
au  fruit  capsulaireou  charnu.  Les sapinda- 
cées  ont  du  rapport  avec  les  vinifères,  les 
acérinces,  les  méliacées,  et  les  iérébinthacées. 

Genres  :  Cardiosperme  î-muni,  du  grec  kardia.  cœur,  el 
spenua,  semence),  paulive.  (paulinia  [l] .  savonnier  (sapin- 
àus),  kœlreutérie  (-ria),  allophylle  (-lus),  litchi  (euphoi-ia), 
cupamer  (-nia),  ornitlirophe[-lro^hA),  knépier  (iiielicoceus), 
molinra,  cossipii  (.gnia),  malayha,  toidicier  .cial,  triso- 
mer  (trigonis),  etc. 

Cette  famille  n'offre  qu'un  petit  nom- 
bre d'espèces  remarquables,  entre  autres 
le  savonnier  (sapindus  saponaria),  dont  le 
fruit  rend  l'eau  blanche  ,  écumeuse,  et 
propre  à  blanchir  le  linge.  Quelques  espè- 
ces donnent  des  fruits  agréables.  Les  sa- 
vonniers sont  propres  aux  régions  éijuato- 
riales  des  deux  hémisphères.  La  kœlreulcrie 
panicutée  {  sapindus  chiyiensis),  arbre  de  la 
Chine,!  à  feuilles  pinnées,  à  folioles  laci- 
niées,  brille  maintenant  dans  nos  jardins 
par  ses  fleurs  jaunes  en  panicules  termi- 
nales, élégantes,  nombreuses,  aux  quelles 
succèdent  des  vésicules  triangulaires  très- 
grosses,  qui  subsistent  jusqu'à  l'hiver.  L'ai- 
lophyllc  [cn^grec  allas,  autre,  et  phul/on, 
feuille)  est  un  arbre  de  l'ile  de  Ceylan, 
ainsi  nommé,  parce  qu'un  de  ses  caractè- 
iits  est  d'avoir   les   feuilles    alternes.   Le 


litchi,  arbre  fruitier  de  la  Chine, aux  fleurs 
blanchâtres ,  produit  une  drupe  d'un 
rouge  ponceau,  revêtue  d'une  peau  cha- 
grinée, sous  laquelle  on  trouve  une  pulpe 
aqueuse,  molle  ,  d'un  parfum  exquis,  ap- 
prochant de  celui  de  la  fraise.  Ce  fruit, 
de  la  grosseur  d'une  prune  abricotée,  passe 
pour  délicieux.  Le  cupauier  est  un  arbre 
de  Saint-Domingue,  oii  il  est  connu  sous 
le  nom  de  châtaignier,— C>rn(//iro/)/iC  </cs7n- 
des.  Ornilhrophe  d'Amérique. —  Le  knépier 
est  un  arbre  du  Mexique,  qu'on  y  cul- 
tive dans  les  jardins  à  cause  de  ses 
fruits  dont  on  mange  la  pulpe,  d'une  sa- 
veur douce,  un  peu  acide  et  astringente. 
On  mange  aussi  ses  graines,  après  les  avoir 
fait  cuire  ou  rôtir  comme  les  châtaignes. 
Le  ioulicicr  se  trouve  dans  les  forêts  de  la 
Guiane. 

74.— SAPOTÉES,  SAFOTILIERS,  Arbres 
ou  arbrisseaux  exotiques,  à  tiges  lactescen- 
tes, à  feuilles  entières,  alternes,  dépour- 
vues de  stipules,  coriaces  ;  à  fleurs  herma- 
phrodites ou  uni-sexuelles,  tantôt  solitai- 
res, tantôt  diversement  groupées  à  l'ais- 
selle des  feuilles;  au  fruit  charnu,  parfois 
couvert  d'une  croûte  solide  ,  à  plusieurs 
loges,  et  renfermant  plusieurs  graines.  Les 
sapotées  ont  de  grands  rapports  avec  les  èbé- 
nacées. 

Genres:  sapoiier  ou  sapotilier  [achras],  sidéroxylle ou 
bois  de  fer  f-liini,  du  grec  sidéros,  fer,  etxulôn,  bois),  rai- 
mitier  (krjsopbylluni),  bardollier  ou  bois  de  natte  (  imbri- 
caria  ),  mi'muso/je  (-sops),  myrsine  ,  ardisia  ,  jacquinier 
(-nia). 

Quelques  botanistes  divisent  cette  famille  en  deux  tri- 
bus: les  sapotées  et  les  ardisiacces  ou  myrsiitces;  mais  pour 
la  plupart  les  iHDisiicÉES  forment  désormais  une  famille 
distincte. 

On  ne  cultive  en  France  que  très-peu 
d'espèces  de  cette  famille  ,  dont  les  plus 
remarquables  sont  :  le  sapotilier  (aciirns  sa- 
potn),  arbre  des  Antilles  de  quinze  mètres 
environ,  aux  feuilles  lancéolées,  ovales,  aux 
fleurs  peu  apparentes;  aux  fruits  en  forme 
d'oranges;— le/ac(/(;inierd/Î6(irso?"rt?!g'ées,  ar- 
brisseau d'Amérique,  aux  feuilles  cunéifor- 
mes, aux  fleurs  d'un  très-beau  jaune  oran- 
gé, portées  sur  de  longs  pédoncules  et  ran- 
gées en  groupes  ; —  Icjacquinier  à  bracelets, 
j)lus  haut  que  le  précédent,  aux  fleurs  pe- 
tites, blanches,  en  grappespendantes,  ex- 
halant une  ndeurde  jasmintrèsprononcée, 
et  faisantplaceàdesbaiesd'un  beau  rouge, 


(i)  Les  hotanistes  écrivent  ;)fl((//i/iin  sans  songer  qiv'il  n'est  jamais  permis  de  doubler  la  consonne 
après  la  voyelle  au. 


SIGNES  DIVERS.  BOTANIQUE. 


(56.3 


dont  les  Caraïbes  se  servent  comme  or- 
nement; — enûn,  Vardisia  de  Coromandel 
[ardisia  solanacea),  à  Qeurs  étoilées,  en  co- 
rymbe.  Le  sapotier  cotnmun  a  des  bran- 
ches et  des  rameaux  qui  recèlent  sous 
lenr  écorce  fauve  un  suc  blanc  très-vis- 
queux, employé  comme  fébrifuge,  et  un 
bois  blanc  filandreux,  dur,  assez  liant, 
dont  on  se  sert  dans  les  travaux  de  me- 
nuiserie et  môme  dans  les  constructions 
hydrauliques.  Le  suc  de  cet  arbre  se  con- 
dense à  l'air,  et  devient  une  résine  qui 
répand  en  brûlant  une  agréable  odeur 
d'encens.  Le  fruit,  qu'on  nomme  sapote, 
ou  sapotille,  est  une  pomme  d'un  brun 
rougeâlre,  à  la  chair  succulente,  fondante, 
et  sucrée.  Les  amandes  de  ses  pépins 
donnent  avec  l'eau  une  émulsion  qu'on 
administre  contre  les  rétentions  d'urine  et 
les  coliques  néphrétiques. 

Au  nombre  des  espèces  qui  donnent 
des  fruits  bons  à  manger  sont  encore 
l'élengi  {nilmusops  élargi)  de  l'Inde,  le 
bardoltier  de  Malabar,  le  sydéroxyle  épi- 
neux, plusieurs  espèces  de  caimitiers,  en- 
tre autres  le  caimitier  de  la  Jamaïque  et  le 
macoucou,  enfin  le  néflier  de  Guatimala 
(achras  lucumaj. 

Le  mimusops  élengi  se  distingue  par  son 
port  élégant,  son  épais  feuillage  et  le  par- 
fum de  ses  fleurs  qui  ressemblent  à  notre 
petite  marguerite.  Les  femmes  s'en  pa- 
rent et  en  parfument  les  meubles  et  leurs 
vêtements.  Le  bois  de  l'arbre  est  dur, 
blanc ,  et  se  conserve  long-temps  dans 
l'eau. 

Le  bardoltier  est  un  arbre  de  l'île  Bour- 
bon, où  on  le  nomme  bois  de  natte,  à 
cause  de  l'usage  qu'on  y  fait  de  son  bois, 
débité  par  lattes,  pour  couvrir  les  maisons. 

On  pense  que  l'arbre  à  vache,  qui  four- 
nit unlait  propre  à  la  nourriture  de  l'iioni- 
me,  et  dont  a  parlé  M.  de  Huniboldt, 
appartient  à  cette  famille,  ainsi  que  l'ar- 
bre à  beurre,  observé  par  Mungn-Park  au 
Bambarra,  et  le  bassia  on  mava  de  l'Inde, 
dont  les  graines  d'un  seul  pied  fournissent, 
dit-on,  jusqu'à  trois  quintaux  d'huile. 

L'huile  fournie  par  les  graines  des  sa- 
potées  est  généralement  assez  analogue  au 
beurre. 

13.-SAURTTHÉES,  Petite  famille  de  plau- 
tes, voisine  des  j»lismacées  et  des  pipkbitées. 
Le  type  de  cette  l'amille  est  le  saurure, 
que  les  uns  font  rentrer  dans  les  naïadées 
FH'viALES,  les  autres  dans  les  pipébitées. 


Ce  genre,  borné  à  deux  espèces  qui  crois- 
sent dans  le  continent  américain,  n'a  rien 
d'intéressant. 

137.    —     SAXIFRAGÉES,   SAXIFRAGES 

{- geœ,  gœ),  Plantes  indigènes,  la  plupart 
herbacées, à  feuilles  le  plus  souvent  simples, 
quelquefois  charnues  et  succulentes,  radi- 
cales,quand  la  tige  est  scapiforme,  alternes 
ou  opposées,  quand  la  tige  est  caulescente  : 
à  inflorescence  variée  ;  au  fruit  capsulaire, 
à  une  ou  deux  loges.  On  divise  cette  famille 
en  saxifragées  vraies  et  en  hydrangécs. 

Genres  :  sari  fra^e  (fi-aga)  ,  dorinc  [  chiysosplenium  ) , 
moscatetle  (  adoxa),    hydrangée  (-geai,  caUicoma,  etc. 

Du  genre  runonie,  qui  arait  été  placé  par  Jussieu  dans 
les  sixiFRjGÉEs,  Brown  a  fait  une  nourelle  famille  sous  le 
nom  de  ccxomacées.  Pour  quelques  uns  les  cunoniacées 
ne  sont  encore  à   présent  qu'une  troisième  section  des 

SAXIFRAGÉES. 

Les  plantes  de  cette  famille  doivent 
plutôt  leur  nom  aux  rochers  sur  lesquels 
elles  se  plaisent  qu'à  leur  vertu  lithontrip- 
tique,  jadis  si  vantée,  et  regardée  aujour- 
d'hui comme  une  fable.  Le  genre  saxi- 
frage (vulgairement  percepierrc  ou  casse- 
pierre)  renferme  plusieurs  espèces,  parmi 
lesquelles  on  distingue  :  —  la  saxifrage 
granulée,  commune  au  bois  de  Boulo- 
gne, et  digne  de  figurer  dans  nos  jardins  à 
cause  de  ses  fleurs  en  grappes  ou  en  pani- 
cules,  du  blanc  le  plus  pur;— la  saxifrage 
pyramidale  des  Alpes,  dont  les  petites 
fleurs  blanches,  innombrables  ,  disposées 
en  pyramide,  la  rendent  tout  à  fait  remar- 
quable ;  —  la  saxifrage  à  feuilles  rondes, 
et  quelques  antres,  toutes  originaires  des 
montagnes,  et  cultivées  dans  nos  jardins 
en  bordure  ou  sur  le  bord  des  bassins. 
Nous  mentionnerons  encore  la  moscatclle 
ou  moscalellinc  [adoxa  moscliatellina), 
plante  agreste  que  l'on  trouve  aux  pre- 
miers jours  du  printemps  dans  les  haies 
humides  et  dont  les  fleurs,  petites,  ver- 
dàtres,  en  grappe  terminale  ,  ont  une 
douce  odeur  de  musc  :  —  la  dorinc  aux 
feuilles  opposées  et  la  dorine  aux  feuilles 
alternes,  qui  passent  l'une  et  l'autie  pour 
vulnéraires  et  apéritives  ; —enfin,  la  belle 
tribu  des  liydrangées  ou  liydranges,  où  se 
font  remarquer  Vliydrange  arborescente, 
l'kydrange  à  fleurs  de  neige,  l'iiydrange  à 
feuilles  de  chcne,  et  surtout  V hortensia  ou 
hortense,  fleur  mille  fois  chère  à  mon 
cœur  pour  le  nom  divin  qu'elle  porte  , 
nom  le  plus  doux,  qui,  comme  dit  Bar- 
bier, 

Sur  nnn  lèvre  liuniaiiic  ait  déposé  son  miel. 


CG4 


cLef  de  la  langue  et  des  sciences. 


O  Stella,  fleur  du  ciel,  créature  inelFa- 
ble,  plus  belle  que  tous  les  rêves  des  poè- 
tes, céleste  esprit  fait  femme  un  moment, 
éblouissante  révélatioa  de  Dieu  môme, 
comment  se  fait-il  que  je  vive  encore, 
lorsque  tu  n'es  j)lus  i  lorsque  ,  par  ta 
mort,  doux  ange  de  lumière,  dont  la  vue 
récliaufF.iit  mon  âme,  la  terre  n'est  plus 
pour  moi  qu'un  désert,  morne  et  glacé, 
couvert  d'épaisses  ténèbres  ?  Comment 
se  fait-il  que  je  vive  ainsi,  privé  de  toi,  de 
ta  lumière,  de  ton  parfum?  O  Stella, 
n'estil  pas  un  lieu  où  je  pourrai  le  revoir, 
seulement  te  revoir  ,  t'entrevoir  de  loin, 
comme  une  étoile,  sans  rien  de  plus?  O 
Stella,  tu  sais  ce  que  je  souffre;  je  n'ai 
plus  aucune  joie  dans  le  monde,  car  te 
voir  était  toute  ma  joie  ;  ma  vie  se  passe 
à  regretter  les  moments  suprêmes  que  j'ai 
passés  dans  l'atmosphère  que  tu  embau- 
mais ;  pour  te  retrouver,  j'irais  sur  mes 
genoux  jusqu'au  bout  du  monde;  j'endu- 
rerais mille  supplices, mille  martyres,  pour 
te  revoir  un  seul  instant,  une  seule  mi- 
imte  ;  mille  fois  j'ai  voulu  partir  pour 
t'aller  rejoindre,  mille  fois  j'ai  voulu  m'é- 
lancer  vers  cette  autre  rive  inconnue 
où  tu  m'as  précédé;  est-ce  toi  qui  m'as 
arrêté,  Stella?  est-ce  toi  qui  m'as  dit: 
ta  vie  ne  t'appartient  pas  ;  travaille  , 
sanctifie  ton  âme  par  le  travail,  afin  d'ob- 
tenir de  Dieu  que  nous  puissions  nous  re- 
voir un  jour?  —  O  Stella,  donne-moi  de 
croire,  de  croire  fermement  qu'il  est  un 
lieuoù  je  pourrai  te  revoir;  et,  soutenu  par 
cette  foi,  par  cette  espérance,  —  malgré 
les  maux  qui  m'accablent,  malgré  l'in- 
comparable horreur  de  ma  destinée,  je 
me  dirai  sincèrement  le  plus  heureux  des 
hommes.  —  Allons!  du  courage  1 

L'/ior/ensia  porte  encore  le  nom  de  rose 
du  Japon.  Les  fleurs  de  l'hortensia,  gran- 
des, disposées  en  cime  arrondie,  sont  d'u- 
ne grande  beauté.  L'hortensia  a  pour  em- 
blème, amour  constant. 

120.  —  SIMAROUBÉES,  Petite  famille 
de  plantes  séparée  par  Richard  de  celle 
des  rutacées,  et  qui  comprend  les  genres 
simarouba,  quassier,  et  simabe.  Cette  fa- 
mille n'est  pas  généralement  adoptée.  Le 
simarouba  est  un  arbre  très-élevé  des  An- 
tilles, du  Brésil,  et  de  la  Guyane,  dont 
les  feuilles,  le  bois,  les  racines,  surtout  l'é- 


corce,  sont  d'un  grand  usage  en  médecine. 
On  nomme  simarouba  blanc  ou  faux  sima- 
rouba un  malpif^hier.  Le  quassier  est  un 
arbrisseau  de  la  Guyane,  haut  de  deux  à 
trois  mètres,  dont  le  bois  et  la  racine  sont 
toniques  et  fébrifuges.  Cette  plante,  dont 
le  nom  vient,  selon  Linné,  d'un  Ethiopien 
nommé  Quassi,  qui  en  fît  connaître  le  pre- 
mier les  propriétés  médicinales,  n'a  été 
transportée  de  la  Guyane  qu'en  1722. 

67. —  SOLANÉES,   solanvmS,  Plantes 

herbacées  ou  ligneuses,  à  feuilles  alternes, 
entières  ou  lobées,  quelquefois  géminées 
au  voisinage  des  fleurs,  dont  la  disposition 
varie  ;  au  fruit  capsulaireou  bacciforme. 

Frui't  capiulaire.  Genres  :  eeh'ie  (-sia),  hémitome  (-mus), 
molène  (Tertascum)  ,jus<ju!ame  (hjoscianius),  nicotiane  ou 
tabar  f-na),  stramoine  ou  datura. 

Fruit  en  baie.  Genres  :  triguére  (-ra),  jaborose  (-sa),  io- 
landre  (-dra),  belladone  (  alropa  ) ,  nicandre  (-dra),  alké- 
kcnge  fpliysalis),  morelte  (solanuni),  piment  [  capsiuni], 
Ijciet  (lyciuni],  cestreau  (cesiruïu). 

Genres  qui  ont  de  l^aftînité  avec  les  solanées  ;  bitlar- 
dicre  (-dîera),  cujéta  ou  calebassier  (cresceutia],  dapheno  t 
(  bontia),  etc. 

Il  semble  que  la  nature  en  donnant  à 
toutes  ces  plantes  un  aspect  triste  et  som- 
bre, ait  voulu  nous  avertir  de  nous  en  dé- 
fier. En  effet,  quoique  les  fruits  de  plu- 
sieurs solanées,  tels  que  la  tomate  ou  pom- 
me d'amour,  la  potnme  de  terre,  etc.,  ser- 
vent d'aliment,  on  peut  assurer  que  les 
plantes  de  cette  famille  sont  toutes  sus- 
pectes, et  que  plusieurs  sont  des  poisons 
narcotiques  très-énergiques,  entre  autres 
la  belladone  (atropa  belladona),  désignée 
successivement  sous  les  noms  de  solanum 
maniacum,  solanum  furiosum,  solanum  le- 
thate,  qui  doit  ses  terribles  propriétés  à 
une  substance  amère,  soluble  dans  l'alcool, 
formant  avec  le  tannin  une  combinaison 
insoluble,  et  fournissant  de  l'ammoniac 
par  l'action  du  feu. 

Les  celsies  sont  peu  nombreuses.  La 
celsie  du  Levant  est  une  plante  annuelle 
de  quarante  centimètres  de  haut,  aux 
fleurs  petites  et  d'un  jaune  pâle.  L'hémi- 
tome  (1),  qu'on  nomme  aussi  hémimèrido 
écarlate  ou  celsie  linéaire,  est  une  plante 
vivace  du  Pérou,  qu'on  cultive  dans  les 
jardins.  Les  molénes  ne  diffèrent  des  celsies 
que  par  le  nombre  de  leurs  étamines.  On 
distingue  quelques  molénes,   entre  autres 


(i)  Plusieurs  écrivent  hémithome  quoique  ce  mot  de'rive  du  grec  hémisus,  demi,  et  teinno,  je 
coupe. 


SIGNES  niVEUS.  BOTAMQLE. 


ac.j 


f 
/il 


le  bouillon  blanc  {verbascinn  tliapsiis  ou 
btataria),  employé  en  médecine  c(jmme 
pectorale,  et  surtout  la  ramoncle  des  Py- 
rénées [ramondla  pyrcnaica  ou  vcrbascum 
myconi),  aux  feuilles  couvertes  d'un  duvet 
brun,  aux  fleurs  d'un  beau  pourpre  bleuâ- 
tre, disposées  en  bouquets.  La  jnsquiamc 
est  vénéneuse  et  narcotique. On  en  compte 
à  peu  près  douze  espèces,  dont  les  princi- 
pales sont  :  la  jiisquiamc  noire,  ou  liane- 
banc,  aux  fleurs  jaunes  ,  avec  des  veines 
d'un  pourpre  foncé,  employée  à  petites 
doses  comme  calmant  ;  \a.jusqidame  blan- 
che, aux  fleurs  blanches;  la Jusciiiianie  do- 
ive, aux  fleurs  jaunes;  la jusf/uiame  pttysa- 
loïde,et  lajusquiamedatara. — Le  ^ai'ac s'ap- 
pela d'abord  nicoliane,  du  nom  de  Jean 
Nicot,  ambassadeur  de  France  en  Porlu- 
al,  d'où  il  rapporta  cette  plante  ,  puis 
herbe  à  la  reine,  à  cause  de  Catherine 
de  Médicis,  à  qui  Nicot  en  fit  homma- 
ge. Il  était  appelé  petiin  par  les  habi- 
tants de  l'île  de  Tabago,  une  des  Antilles, 
d'où  le  premier  tabac  fut  apporté  en  Es- 
pagne. Le  tabac  ordinaire  est  une  plante 
annuelle,  à  tige  droite,  haute  d'un  mètre 
à  un  mètre  et  demi,  cylindrique,  chargée 
de  feuilles  très-amples,  d'un  vert  foncé, 
molles,  et  de  fleurs  réunies  en  bouquet 
au  sommet  de  la  lige,  tubulées,  et  assez 
grandes.  Toutes  les  parties  de  la  plante 
ont  une  odeur  forte,  désagréable,  une  sa- 
veur .^cre,  brûlante,  et  nauséabonde.  On 
connaît  l'usage  universel  qu'on  fait  de  ses 
feuilles, qui  se  prennentenmàchicatoire  ou 
en  fumée  par  la  bouche,  ou  en  poudre  par  le 
nez,  et  qui  sont  aussi  quelquefois  employées 
en  médecine  comme  irritantes,  narcoti- 
ques, fébrifuges,  etc.  Le  tabac  se  cultive 
en  abondance  dans  les  colonies  et  même 
en  Europe,  où  il  s'est  naturalisé.  Huit  dé- 
partements français  seuls  ont  le  droit  de 
taire  cette  culture.  On  sème  le  tabac  en 
mars,  on  le  transplante  ensuite  pour  le 
récolter  en  automne.  Don  tabac.  Une  carotte 
de  tabac.  Du  tabac  en  corde.  Tabac  à  fumer. 
Fumer  une  pipe  de  tabac.  Mâcher  du  tabac. 
Tabac  en  mâchicatoire,  ou  plus  communé- 
ment, tabac  à  chiquer.  Prendre  du  tabac  , 
Prendre  du  tabac  en  poudre  par  le  nez. 

Le  docteur  *'^*  se  promenait  un  jour 
aux  Tuileries.  Un  homme  très-bien  vêtu 
l'aborde  et  lui  prend  la  main.   «  Docteur, 


vous  ne  me  reconnaissez  pas  ?  —  Non.  — 
Je  suis  négociant  à  Lille,  où  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  vous  voir  il  y  a  sept  ans.  —  11  est 
vrai  que  j'y  ai  fait  un  voyage  il  y  a  sept 
ans,  mais  je  ne  me  rappelé  aucunement 
vous  y  avoir  vu. — Cela  est  étonnant.  Vous 
en  ofl'riraije  (en  présentant  sa  tabatière)  î 

—  Je  ne  prends  pas  de  tabac.  —  Ah  !  ah  !  il 
me  semble  pourtant  que  vous  en  preniez 
alors.  — Je  n'en  prends  plus. — Soit. Vous 
ne  vous  rappelez  donc  pas  le  temps  où 
nous  étions  ensemble  au  collège  d'Har- 
court? — Je  me  rappelé  bien  le  temps  où 
j'étais  au  collège  d'Harconrt  ;  mais  je  ne 
me  rappelé  pas  vous  y  avoir  vu. — Je  vous 
quitte  dans  l'assurance  que  Vous  vous  rap- 
pèlerez  bientôt  un   de   vos  anciens  amis. 

—  Je  Vous  salue.  »  Un  quart  d'heure  après 
l'inconnu  revient.  Même  apostrophe; 
même  riposte.  Nouvelle  oQ're  de  tabac; 
nouveau  refus  exprimé  avec  une  sorti; 
d'impatience  et  de  dédain  :  «  Je  vous  ai 
déjà  dit  que  je  n'en  prenais  pas.  —  Par- 
don, je  l'avais  oublié.  Mais  vous  êtes  un 
terrible  homme,  et  votre  défaut  de  mé- 
moire m'aUecte  singulièrement.  Au  reste, 
je  veux  ce  soir  vous  donner  un  souper 
d'ami. — Je  ne  soupe  jamais.  »  Le  docteur 
tourne  le  dos,  et  s'en  va.  En  sortant  de  la 
promenade,  il  rencontre  des  dames  de  sa 
connaissance  aux  quelles  il  raconte  son 
aventure;  il  se  loue  beaucoup  d'avoir  refusé 
du  tabac  oStiil  parla  main  suspecte  d'un  in- 
connu, d'un  avenluiier,  etc.  «  Mais,  conli- 
nue-t-il,  de'ma  main,  mesdames,  onpeut  ck 
prendre;  j'en  ai,  et  du  bon,  et  dans  une  taba- 
tière de  cinquante  louis  dont  je  me  suis  fait  ca- 
deau ces  Jours-ci,  —  Cinquante  louis!  Elle 
doit  être  fort  belle. — \  ous  en  jugerez.  »  Le. 
docteur  fouille  dans  sa  poche.  «  Oh  I  oh  1 
point  de  boîte  et  un  billet.  ■>  11  ouvre  et 
lit  :  o  Docteur,  quand  on  ne  prend  pas  de 
tabac,  on  n'a  pas  besoin  de  tabatière.  •>  (Ano- 
nyme). S'habituer  au  tabac.  Une  prise  do 
tabac.  Râper,  cgruf^er  du  tabac.  Humecter 
du  tabac.  7\ibac  d'Espagne.  Tabac  de  Saint- 
Vincent.  Tabac  de  Virginie.  Tabac  de  Clè- 
rac.  Tabac  de  la  Havane.  EUipt.,  du  Ha- 
vane. On  nomme  cigarres  (1)  de  petits 
rouleaux  de  tabac  que  l'on  fume  comme 
une  pipe.  Les  cigarres  de  la  Havane  sont 
trcs-estiniés.  Nos  Jeunes  lions  ne  fument  plus 
guère  que  des  cigarres  ;   la  pipe  tombe  in- 


(l)  L'Académie  écrit  cigare  avec  un  >!ciil   r,    mais  l)ioii  à  tort  piiis(jiic  ce  mot  vient  ilr  IVspagiKil 
cigarro. 


84 


6(ÎG 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


sen/tibtemcnt  en  dessuoliidc.  Les  Orientaux 
se  servrnl  d'une  pijie  |)ailsculière  ajjpeloe 
7iari;hllè.. 

«  No  désirez- vous  pas  faire  quelque 
chnse  en  buvant  votre  thé? —  Pardieu  !  je 
désire  fumer.»  — Monle-Cliristo  s'approcha 
du  timbre  et  frappa  un  coup.  Au  bout 
d'une  seconde!,  une  porte  particulière 
s'ouvrit,  et  Ali  parut  avec  deux  cliiOouqiies 
(nom  turc  de  la  pipe)  toutes  deux  bourrées 
d'excellent   latakié.  (Alexandre  Dumas.) 

0  Ali  rentra  ,  apportant  le  café  et  les 
clùbonqucs.  AUiert  repoussa  la /;(/;e  que  lui 
présentait  le  Nubien.  —  Oh!  prenez,  pre- 
nez, dit  Monte-Chrislo;  Haydée  est  jjres- 
que  aussi  civilisée  qu'une  Parisienne  ;  le 
Havane  \m  est  désagréable,  parce  qu'elle 
n'aime  pas  les  mauvaises  odeurs  ;  mais  le 
tabac  d'Orient  est  un  parfum,  vous  le  sa- 
vez. »  {Id.) 

Tabacs  étrangers.  La  manufacture  royale 
des  tabacs.  Tabac  de  régie.  Marchand  de 
tabac.  Débit  de  tabac.  Vue  livre,  une  once 
de  tabac.  Le  tabac  a  été  l'objet  de  grandes 
querelles.  Les  uns  ont  écrit  pour,  les  au- 
tres contre,  avec  une  profusion  d'éloges 
et  de  satires  qui  rend  leurs  dissertations 
tout  à  fait  digues  du  Journal  des  Débats. 
Fagon,  premier  médecin  de  Louis  XIV, 
a  vomi,  dans  une  thèse,  des  torrents  d'in- 
jures contre  le  tabac.  Cela  n'a  pas  fait 
plus  de  mal  au  tabac  que  les  critiques  aveu- 
gles de  Gustave  Planche  n'eu  ont  fait  aux 
œuvres  immortelles  de  Viclor  Hugo.  Ce 
qu'il  y  a  de  fort  plaisant  dans  la  conduite 
de  Fagon,  c'est  qu'il  prenait  sans  cesse  du 
tabac;  véritable  type  en  cela  de  nos  jour- 
nalistes qui  pour  la  plupart  agissent  bien 
autrement  qu'ils  n'écrivent.  Aussi  lui  di- 
sait-on de  mettre  son  nez  d'accord  avec 
ses  arguments. 

Quoi  qu'en  dise  Arlstote,  et  sa  docte  caimie, 
Le  tabac,  est  divin  ;  il  n'est  rien  qui  l'igale. 

(Tu.  ConsriLLE.  ) 

Le  slramoniam  ou  slramoine,  qu'on  ap- 
pelle autrement  datura,  se  reconnaît  à  ses 
feuilles  larges,  à  ses  grandes  fleurs  blan- 
ches ou  d'un  violet  clair,  à  son  fruit  hérissé 
de  pointes  aiguës,  et  nommé  pour  cette 
raison  pomme  épineuse.  II  croît  dans  les 
lieux  sablonneux,  sur  les  chemins  ,  etc. 
Le  stramonium  est  un  des  poisons  narcoti- 


ques les  plus  dangereux.  Extrait  de  stra- 
monium. Les  (leurs  du  stramonium,  sem- 
blables à  ces  beautés  sans  amour,  qui  se 
cachent  aux  rayons  du  soleil,  pour  ne  se 
montrer,  brillantes  de  coquetterie,  qu'.'i 
la  lumière  incertaine  des  lustres  et  des 
(lambeaux,  languissent  sons  un  feuillage 
sombre  et  fané  tant  que  le  soleil  nous 
éclaire.  «  Mais,  à  l'entrée  de  la  nuit,  elles 
se  raniment,  déploient  leurs  charmes,  et 
étalent  ces  cloches  immenses  que  la  na- 
ture a  revêtues  de  pourpre  doublé  d'ivoi- 
re, et  aux  quelles  elle  a  confié  unparfimi 
qui  attire,  qui  en-ivre  ;  mais  qui  est  si  dan- 
gereux, qu'il  asphyxie  même  en  plein  air 
ceux  qui  le  respirent.  »  (Aimé  Martin.) 
Le  datura  a  pour  emblème,  charmes  trom- 
peurs.—  La  trigiièrc,  ovigina'irc  de  l'Anda- 
lousie,et  cultivée  dans  le  midi  de  la  France, 
répand  autour  d'elle  une  odeiu-  de  musc 
fort  douce,  et  porte  des  fleurs  d'un  pour- 
pre violet,  pendantes,  disposées  en  tube, 
—  hcs  jaboroses  croissent  naturellement 
au  Brésil. — On  reconnaît  la  belladone,  ou 
belle  dame,  a  sa  tige  herbacée,  haute  quel- 
quefois de  deux  mètres,  très-rameuse; 
à  ses  feuilles  ovales  entières  ;  à  ses  fleurs 
penchées  d'un  rouge  brun  et  en  forme  de 
dé.  Elle  vient  dans  les  bois  moutueux  de 
l'Europe.  On  la  nomme  belladone,  parce 
qu'autrefois  les  Italiens  en  tiraient  une 
espèce  de  fard.  Extrait  de  belladone.  Les 
baies  de  la  belladone,  cueillies  avant  leur 
maturité,  fournissent  une  belle  couleur  vcrlc 
à  l'usage  des  peintres  en  miniature.  La 
mandragore,  espèce  de  belladone,  est  une 
herbe  sans  tige  qui  pousse  du  collet  d(!  sa 
racine  de  grandes  et  larges  feuilles  d'un 
vert  bleuâtre  et  d'une  odeur  désagréable. 
Ses  fleurs,  d'un  blanc  purpurin,  sont  nom- 
breuses et  grandes.  Son  fruit,  nn  peu  plus 
gros  qu'une  cerise,  est  d'abord  vert,  puis 
jaunâtre.  Les  anciens  attribuaient  à  cette 
plantedes  vertus  magiques. — Legenre  n/Aé- 
kenge  (1),  appelé  encore  jo/iy.sa/irfe  et  coque- 
ret.,  renferme  environ  cent  cinquante  espè- 
ces ,  qui  pour  la  plupart  croissent  dans  les 
légions  chaudes  des  deux  continents,  La 
plus  connue  est  le  coqueret  officinal,  plante 
qui  s'étend  beaucoup,  mais  qui  n'atteint 
jamais  plus  de  trois  à  cinq  décimètres  de 
hauteur.  Sa  racine,  rampante,  pousse  des 


(l)  De  l'ar.ib<!  alhekengi.  Aucun  mot  ne  présente  dans  les  dictionuaiies  autant  de  variations  or- 
lliographiqucs  que  celui-ci.  .^MeAcwgi  (Fur.).  AlJ\ékengi{K.).  uilhekeng^e  (Boisie).  /Ilhék--nge 
(Acad.).  Alquequcngc.  Alqjtc!;ticngc.  Etc.  N'est-ce  pas  igiiolile  î 


SIGNES  DIVERS.   BOTAMOLE. 


01)7 


tiges  herbacées,  rameuses,  garnies  de  feu- 
illes pétiolées,  ovales,  pointues,  entières 
ou  légèrement  ondées.  Les  fleurssont  d'un 
blanc  pâle  ou  jaunâtres.  Le  fruit  est  une 
baie  légèrement  aigrelette,  renfermée 
dans  une  vésicule  rougeàtre.  En  Suisse  et 
en  Espagne,  on  sert  sur  les  tables  le  fruit  de 
l'athéhejige  comestible. 

Les  espèces  de  la  morelle  sont  très-nom- 
breuses, il  en  est  trois  que  l'on  admet 
dans  les  préparations  culinaires;  savoir: 
l'aubergine,  ou  mèlongène,  nommée  encore 
plante,  aux  œufs,  à  cause  de  ses  fruits  or- 
dinairement blancs  ,  semblables  à  des 
œufs;  la  morelle  pomme  d'amour,  dont  le 
fruit  porte  encore  le  nom  de  lomale  ;  et  la 
morelle  tubéreuse,  dont  le  tubercule  est  si 
connu  et  si  répandu  sous  le  nom  de  pomme 
de  terre.  Deux  sont  principaleuient  em- 
ployées en  médecine.  Ce  sont  la  morelle 
douce-amère  et  la  morelle  noire.  Le  fruit  de 
l'aubergine  est  un  mets  recherché  par  quel- 
ques personnes.  Maiigcr  des  aubergines.  La 
morelle  pomme  d'amour,  appelée  encore 
pomme  d'or,  pomme  du  Pérou,  vt  tomate, 
pousse  de  ses  racines  fusiformcs  des  tiges 
hautes  de  un  à  deux  mètres,  velues,  cliar- 
nties,  un  peu  couchées,  garnies  de  feuilles 
d'un  vert  très-foncé.  Aux  fleurs  succèdent 
des  fruits  d'un  rouge  vif,  compiimés  au 
sommet,  silU)nnéssur  les  côtés,  et  dont  le 
suc  légèrement  acide  sert  à  faire  une  cer- 
taine sauce.  Sauce  aux  tomates.  La  pomme 
de  terre,  une  des  plantes  les  plus  utiles,  a 
la  tige  creuse,  anguleuse,  haute  d'un  mè- 
tre environ  ,  les  feuilles  pinnées  et  décur- 
rentes,  les  fleurs  disposées  en  corymbe. 
Leur  couleur  est  violette  ou  blanche,  ou 
bien  encore  d'un  blanc  gris  entremêlé  de 
rouge.  La  France  élait  en  1783  le  seul 
pays  qui  repoussât  la  culture  de  la  pom- 
me de  terre.  L'agriculteur  Parmenlier,  en 
faisant  évanouir  des  préjugés  ridicules, 
dola  la  France  de  cette  plante  précieuse, 
qui  a  gardé  son  nom.  Ce  fut  la  parmcn- 
tière  qui  sauva  la  France  des  horreurs  de 
la  disette  en  1793,  1816  et  1817.  On  peut 
avec  la  pomme  de  terre  faire  de  la  farine, 
du  pain,  de  l'eau  de  vie,  etc.  Pomme  de 
terre  rouge,  jaune.  Fécule  de  pommes  de 
terre.  Pain  de  pommes  de  terre.  Pommes  de 
terre  bouillies,  frites. 

Vous  voyez  ce  que  c'est  que   le  pemc  morille.  Voie' 

toutTarticle  du  Uictiounairc  de  rAcadémie  :    «Monixi.E. 

s.    [.Plante  vcnéueusc   de  la  famille  des  solanées.   «Us 

sont  là  quaranlc  qui   oiiti/e  la  fcience  coranie   quatre» 

Pir.os.  . 


Le  genre  piment  comprend  une  dou- 
zaine d'espèces,  les  unes  annuelles  et  her- 
bacées, les  autres  voluhiles  et  à  tiges  li- 
gneuses, appartenant  toutes  aux  contrées 
chaudes  des  deux  hémisphères.  Une  seule 
s'est  acclimatée  en  Europe,  et  se  cultive 
en  pleine  terre  dans  nos  jardins  potagers; 
c'est  le  piment  annuel,  qu'on  nomme  vul- 
gairement poivre  long,  poivre  d'Inde  ou  de 
Guinée,  poivron,  et  corail  des  jardins.  Sa 
tige  herbacée,  haute  de  trente  à  soixante 
centimètres,  et  garnie  de  feuilles  alternes, 
entières,  lancéolées,  d'un  vert  noirâtre  et 
luisant,  s'attache  au  sol  par  des  racines  fi- 
breuses. Aux  fleurs,  petites,  blanchâtres, 
portées  sur  des  pédoncules,  succèdent 
des  fruits,  tantôt  verts  ou  jaunâtres,  tan- 
tôt rouges,  ovales,  allongés,  ou  globuleux, 
qu'on  l'ail  confire  cuaime  des  cornichons, 
et  qui,  réduits  en  poudre,  sont  un  violent 
et  dangereux  sternutatoire. 

Od  nomme  Tulgairenient  piment  aiiuatique,\3  renouée 
âcre^  la  menthe  poivrce ,  et  la  pcrs/i'ûiVe;  panent  des  alieiltes 
ou  des  mouches,  la  mélisse  citronnelle;  piment  des  maraisn  le 
gâté  odorant;  piment  de  la  Jama'itjue,  une  espèce  de  myrte. 

■l'ai  parlé  du  lyciet  et  du  cestreau  dans 
la  Méthode  du  genre,  pages  287-288. 

Les  billardièrcs  sont  oiiginaires  de  l'O- 
céanie.  On  cultive  dans  nos  serres  la  bi- 
llardicrc  sarmentcuse,  aux  Heurs  d'un  vert 
jaunâtre,  aux  feuilles  ovales  et  velues. 

Les  calebassiers  ou  cresccntlas  sont  des 
arbrisseaux  propres  aux  contrées  équato- 
riales  de  l'Amérique.  On  recommande  la 
pulpe,  piéparée  en  sirop,  du  cresccntia  à 
longues  feuilles,  aux  personnes  afléclécs 
de  maladies  de  poitrine.  Cet  arbre  a  le 
tronc  tortueux,  l'écorce  ridée,  le  bois 
blanc  et  coriace.  Les  fleurs  sont  solitaires, 
d'un  blanc  pâle,  et  d'une  odeur  désagréa- 
ble. Le  cresccntia  à  larges  feuilles  a  des 
fleurs  petites,  d'un  jaune  foncé,  que  rem- 
place un  fruit  long  ou  ovale  de  la  grosseur 
d'un  cilron ,  qu'on  appelle  cohync.  Le 
daphcnol,  arbrisseau  des  Antilles,  où  il  est 
connu  sous  le  nom  d'olivier  bâtard,  a  des 
feuilles  verles,  épaisses,  jiarsemées  de 
petits  points  transparents,  des  (leurs  d'un 
jaime  rougeàtre  ou  orange  pâle.  Les  fruits 
sont  ovales,  lisses,  jaunâtres,  de  la  gros- 
seur et  de  la  forme  d'une  olive  et  très- 
ûcies.  Cet  arbrisseau  sert  à  faire  de  très- 
belles  haies. 

iil\.  —  STYLÏDIÉES,  Petite  famille  de 
plantes  herbacées  non  lactescentes,  qui 
n'est  pour  la  plupart  des  botanistes  qu'une 


f.GN 


CLEF  DE  LA  LANGUE  El  DES  SCIENCES. 


st'ctitin  des  campakulaciîes.  Le  genre  type 
est  le  stylidlum,  plante  que  je  ne  connais 
pas  assez  pour  vous  la  décrire.  D'après  les 
botanistes,  ses  caractères  sont:  corolle  ir- 
régidiéic,  à  deux  élaniines,  dont  les  filets, 
faisant  corps  avec  le  style,  forment  une 
corolle  centrale;  stigmate  situé  entre  les 
deux  anthères  ;  capside  bivalve,  bilocu- 
laire. 

N'est-ce  pas  bien  intéressant,  et  Lien  fait  pour  inspirer 
aux  dames  le  goût  de  la  botanique  ,  cette  scieDce  si  né- 
cessaire ? 

134.  — TAMARISCINÉES,  Petite  famille 
que  M.  Desvaux  a  formée  avec  le  genre 
taniarlx,  qui  faisait  partie  des  K)Rtula- 
ctÉs.    Il  est  question    du  taniarioc  dans  la 

MÉTHODE  DU    GEPiRE,   page    29/i. 

153.  —    TÉRÉBINTHACÉES,  TÉRÉBÏN- 

THES ,  Arbres  et  arbrisseaux  la  plupart 
exotiques,  à  feuilles  alternes,  simples  ou 
ternees,  toujours  dépourvues  de  stipules, 
à  fleurs  hermaphrodites  ou  uni-sexuelles, 
le  plus  souvent  panicnlées,  mais  affectant 
cependant  tous  les  modes  d'inflorescence. 
Le  fruit  et  la  graine  varient  suivant  les 
sections,  qui  sont  au  nombre  de  sept,  sa- 
voir; 

T.  AsACiRDitES.  Pétales  et  élimùnea  mscrées  sur  te  calice 
ou  sur  un  disque  ;  ovaire  simple  à  un  seul  ovule  ;  coiyléthns 
épais,  replies  sur  ta  radicule.  Genres  :  anacardier  {  anacar- 
(liuni),  manguier  (mangifera),  elo. 

II.  StMicuiNtts.  Cotylédons  foliacés.  Genres:  Sumac 
(rlius),  pistachier  {-chia),  comocladia,  rhumpia,  inaiiria. 

III.  Spondiacées.  Cinq  pétales  sous  te  disque  qui  entoure 
l'oiia/re;  cotylédons'^convex^s,  Geuves  :  mombin  [spoudias), 
pouparîia  (ï;. 

IV.  BiJBSrRAf.ÉF.s.rroi'at)U  cinq  pétales  ious  te  disque;  coty- 
lédons plissés  ou  ffta;»(*s. Genres:  goinart  [bursera),  boswet- 
liut  t'alsaniodendron. 

V.  Am^hidéls.  Quatre  pétales  presque  onguiculés  sous  le 
difque.  Genres  :  balsamier  ou  bauniier  (amyris),  toluifera, 
iapirier  (-ri»),  myrodendron, 

VI.PTÉrÉACÉKS  ou  ZANTHox^LT.ES.  Fleurs  dicliiies',  trois  ou, 
cinfj  pétales  hypogynes ,  sans  onglet:,  cotylédons  planes. 
Genres:  ptéléa,  caméléa  (-cneorum),  m''llé  [scbinus),  znn- 
ihùxylon  (-lunij,  spathétia,  dodon<Fa,  averrlioa,  fngara,  et*'. 

Vll.CoNNAf  ÉhS.rinr/  pétales périgynes.  Genres:  Aylanttie 
[-\.]\ns),conuurus,  ouiplialobiuniy  bruceu,  simaba,  etc. 

Nousy  jitîndrons  les  jdci.andées,  qui  établissent  une 
liaison  naturelle  entre  les  ti'.rébixtuacées  et  les  amenta- 
i.i^ES,  et  qui  ont  pour  type  le  genre  noyer  j  ei»  latinya - 
glans. 

Les  anacardiers  sont  des  arbres  propres 
à  rinde,  ù  fleurs  petites,  disposées  en 
grappes,  dont  les  fruits,  en  fiirme  de  cœur 


et  appuyés  sur  un  réceptacle  charnu,  se 
nomment  anacardes  ou  noix  de  marais. 
L'amande  en  est  bonne  à  manger.  Le  suc 
de  l'écorce,  combiné  avec  de  la  chaux, 
sert  à  marquer  le  linge  d'une  manière  ir>- 
dèlebile.  h'acojott  à  pommes  on  anacardier 
occidcrital  (^rassiivitim  pomifcrtim,  anacar- 
diiim  occidentale),  arbre  originaire  de  l'A- 
mérique, appartient  ti  ce  genre.  Le  bois 
de  VacajoH  à  pommes,  tendre  et  blanc,  est 
recherché  pour  les  ouvrages  de  menuiserie 
et  de  charpente. 

I  I  ne  faut  pas  le  confondre  avec  Vacajou  à  meuble», 
qui  est  le  véritable  acayuu  ,  et  qui  appartient  à  la  famille 
des  niéliacées. 

Le  genre  manguier  comprend  plusieurs 
espèces  d'arbres  à  fruits  comestibles,  in- 
digènes des  Indes  occidentales.  La  plus 
commune  est  le  manguier  domestique,  ar- 
bre de  douze  à  quinze  mètres,  au  tronc 
recouvert  d'une  écorce  épaisse,  raboteuse 
et  noirâtre.  Son  fruit,  la  mangue,  de  forme 
oblongue,  comprimée  sur  les  côtés  et  ren- 
flée vers  l'insertion  du  pédoncule,  gros 
comme  un  abricot  ou  une  poire,  de  couleur 
verte  avec  des  parties  rouges  ou  jaunes, 
à  une  pulpe  de  couleur  jaune  orangé 
comme  la  carotte.  La  mangue  est  un  fruit 
exquis, On  cultive  le  manguier  aux  Antilles, 
à  Cayenne,  à  l'Ile  de  France,  dans  la  Ma- 
laisic,  etc.  Le  tcrébinihe  el  le  lentisque  sont 
deux  espèces  de  pistachiers.  Voyez  la  Mé- 
thode DU  GENRE,  p.  281-294,  où  j'ai  patlé 
de  la  plupart  des  arbres  de  cette  l'amille. 

Je  n'ai  rien  dit  par  exemple  du  fustet, 
arbrisseau  du  genre  sumac,  commun  dans 
le  midi  de  la  France,  et  dont  le  bois  jaune, 
veiné  de  vert,  est  recherché  des  ébénis- 
tes et  des  luthiers.  J'ai  de  même  encore 
à  parler  des  gomarls  et  de  quelques  au- 
tres. Le  gomart  gommier,  vulgairement 
nommé  Lois  à  cochon,  bois  à  colophane,  ca- 
chibou,  gommier,  sucrier  de  montagne,  est 
un  arbre  de  l'Amérique,  qui  monte  jus- 
qu'à trente  mètres  de  haut.  Son  tronc  est 
revêtu  d'une  écorce  grisâtre  et  lisse,  se 
détachant  par  plaques;  ses  feuilles  sont 
composées  de  plusieurs  folioles  très-lon- 
gues ;  les  fleurs  sont  petites,  blanches,  ino- 


(i)  On  dit  aussi  poiipartie  ;  mais  ,  la  terminaison  ic  étant  esscutiellement  féminine ,  ce  n'est  pas 
ciilicr  (l.uis  lo  génie  de  la  langue  que  de  donner  celle  terminaison  à  des  noms  qui  doivent  rester 
masculins.  Nous  eu  disons  autant  de  la  teiminaison  éc.  C'est  doue  po/ipartia.  pti'lea,  ucncia,  etc., 
i(a'il  faut  toujours  dire  ,  et  uoii  pas /joify^n/VJe,  y;<c7e'c,  acafif,  comme  le  fout  à  chaque  instant  Je 
havanls  LatLares. 


SIGNES  DIVERS.    BOTANIQUE. 


669 


dores,  en  grappes;  le  fruit  est  une  Laie 
o(lorante,o!jlongue,  renfermant  une  aman- 
de en  cœur.  Des  diverses  parties  de  l'arbre 
découle  un  suc  balsamique,  térébinlhacé, 
gouimeux,  qui  est-  un  excellent  remède 
contre  les  plaies.  Tout  ce  que  je  sais  du 
tapiricr,  c'est  que  c'est  un  grand  arbre  de 
la  Guiane,  à  feuilles  alternes,  pinnées  avec 
impaire,  composées  de  folioles  oblongues, 
aiguës,  très-entières,  glabres,  et  à  fleurs 
petites,  blanches,  disposées  en  panicule 
terminale.  On  cultive  dans  nos  jardins, 
outre  Vaylanihe glanduleux,  les  sumacs,  et 
le  pislachier,  dont  j'ai  pailé  dans  la  Wh- 
THODE  DD  GENRE,  Ic  ptcléa  trlfuHé,  aux 
feuilles    élégau)uient  ternées,  et  dont   les 

f)aquets  de  fruits  membraneux,  très-ana- 
ogues  à  ceux  de  notre  ormeau,  lui  ont  l'ait 
donner  le  nom  d'orme  de  Samarie  ou  orme 
à  trois  feuilles  ,  ainsi  que  le  camélca  tricoc- 
cuiH  OU  à  trois  cof/ues,(iu  midi  de  la  France. 
Je  ne  dois  pas  tout  à  fait  omettre  le  pou- 
partid,  qui  croît  à  l'ile  de  la  Réunion,  ni 
le  molle  on  poivrier  d'Amérique  (scliinus 
molle),  dont  on  retire  une  résim;  purga- 
tive à  odeur  de  poivre  ou  de  fenouil  ;  ni  le 
toluifcra  batsamum,  arbre  de  l'Amérique 
équinoxiale,  qui  fournit  le  baume  de  tolu, 
à  l'odeur  si  douce  ;  encore  moins  le  fctf^ara 
aclaiidra,  de  Curaçao,  auquel  on  doit  la 
résine  tacamahaca,  si  usitée  dans  l'Inde,  et 
employée  depuis  quelque  temps  en  France 
contre  les  rhumatismes. 

Nous  ne  finirons  pas  sans  citer  le  noyer 
(juglans  régla],  si  utile  par  son  bois  et  son 
fiuit.  Yoyez  la  Méthode  dd  genre,  p.  289. 
On  cultive  aujourd'hui  dans  nos  parcs  plu- 
sieurs autres  espèces  de  noyers,  remar- 
quables par  la  beauté  de  leur  port  et  de 
leur  feuillage,  tels  que  le  pacanicr  ou  pu- 
cane  (^ju g/ans  olivœformis),  le  noyer  noir  (j. 
nigra),  le  noyer  à  feuilles  de  frêne  (j.  fraxi- 
ni-folia],  le  noyer  blanc  {j.  alba),  et  le 
noyer  cendré  (j.  cinerea),  tous  propres  à 
l'Amérique  sejjtentrionale  ou  à  l'Asie. 

110.— TERNSTROMIÉES,  Petite  famille 
séparée  des  Aurantiacées,  et  qui  a  pour 
tj'pe  legenre  ^crn,ç<ro»ii«),au  quelplusieurs 
joignent  les  genres  thc,cameltia,  ventenatia, 
etc.  Le  ternsiromia  (et  non  pas  ternslro- 
mie)  est  un  grand  arbre  propre  aux  deux 
hémisphères,  aux  feuilles  alternes;  épais- 
ses, coriaces,  et  d'un  vert  foncé  ;  aux  lli.'urs 
blanches  campanulées,  solitaires;  au  fruit 


en  baie  sèche,  biloculairc,  renfermant  huit 
semences  rouges  On  le  cultive  en  serre 
chaude. 

111.—  THÉACBES  ,  Famille  distincte 
pour  quelques  ims  des  Ternstbomiées,  et 
se  composant  des  genres  thé  et  cameUia. 

à6. — THYMÉLÉES,  OU  Daphnoïdes,  Her- 
bes et  arbustes  à  feuilles  alternes,  simples, 
entières;  à  fleurs  hermaphrodites,  com- 
posés d'un  périanthe  simple,  monophylle, 
tubuleux,  infère,  libre,  coloré,  et  divisé* 
en  quatre  ou  cinq  lobes.  Le  fruit  est  charnu 
ou  sec,  mince  ,  et  renferme  une  graine 
renversée  et  pendante.  Genres:  bois  cuir 
(dirca),  bois  dentelle  (lagetta),  lauréole  ou 
daphnc,  passcriiie  (-na),  stellira,  struthiota, 
lachnea,  dats,  gnidium,  ncctandiu. 

La  plupart  des  thymélées  d'Enrope 
contiennent  dans  leur  écorce  un  suc  caus- 
tique et  vésicatoire. 

Les  dapliHcs ,  connus  sous  les  noms  de 
giirou,  sainùois,  lauréole,  bois  gentil,  sont 
surtout  employés  en  médecine  pour  ouvrir 
des  exutoires.  Pommade  de  garou. 

Les  thymélées,  par  l'élégance  de  leur 
porc  et  l'éclat  de  leurs  fleurs,  font  l'orne- 
ment de  nos  jardins.  On  y  distingue  entre 
autres  :•!"  le  bols  gentil [daphne  nwzcreum), 
à  fleurs  latérales,  sessiles,  ternées  ou  qua- 
ternées,  odorantes,  d'un  blanc  rosé;  à 
feuilles  lancéolées,  décurrentes  sur  le  pé- 
tiole^ naissant  après  les  fleurs;  à  fruit 
jaune  ou  rouge;  2°  la  lauréole  (1),  arbrisseau 
d'un  mètre  environ,  rameux  surtout  vers 
le  haut  ;  à  feuilles  lancéolées  ,  très-lisses, 
très-entières  ;  à  fleurs  lubuleuses,  violettes 
ou  blanchâtres,  d'une  odeur  douce,  en 
grappes  axillaires  ;  3°  le  vrai  garou  ou 
gnidium,  petit  arbrisseau  très-élégant,  d'un 
mètre  de  haut  à  peu  près,  à  tige  très-di- 
vjsée,  surtout  vers  le  bas;  à  rameaux  grê- 
les, allongés,  à  feuilles  lancéolées,  étroites, 
presque  subulees  ,  acuminées  ,  éparses  , 
rappiocbéts  ;  à  fleurs  en  grappes  termina- 
les, d'un  joli  rose,  un  peu  pubescentes  en 
debois. 

Nous  citerons  encore  le  lagef  ou  tagetia, 
sous  l'écorce  duquel  on  remarque  des  cou- 
ches nombreuses,  se  détachant  les  unes  des 
autres,  et  unies  ensemble  de  manière  à 
former  un  reseau  clair,  blanc,  légèrement 
ondulé,  i'orl_,  d'une  régularité  assez  grande 
pour  que  l'entrelacement  de  ses  fibres  le  fas- 
se comparer  à  de  la  gaze  on  de  la  dentelle. 


(i)  Lnuréolc    est    un   climiiiulif  de  laurier, 
donner  1p  seare  feniiiiiii. 


et  se  dit  par  une  sorte  de  mépris,  ce  qui  lui  a  fait 


670 


CLEl-  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


125.  —  TiriACÉBS,  Fiantes  ligneuses 
rarement  herbacées,  à  t'eiiilles  alternes, 
simples,  stijjnlecs;  à  fleurs  axillaires  ou 
terminales,  ou  opposées  aux  leuillcs,  sou- 
vent portées  en  grand  nombre  sur  un  pé- 
dimcule  commun,  muni  de  bractées;  à 
fi'uit  bacciforme  ou  capsulaire. 

Genres  :  lilleiit  (tilia),  corète  (coichorus),  sparmannia, 
grcwia,  ftewartia,  etc. 

Les  genres /îafcurfio  ,  élœocarpus ,  bixa,  soni  dcyeuus 
les  tj-prs  de  trois  iiouTeiles  familles  ,  sous  les  noms  de 

rL*COi:ilTIANÉ£S     (Rich.;,     ÉLÉOCiRPÉES     (  JuSS.  )  ,     BIXI.VBES 

(KuntliJ. 

Analogues  aux  Malvacées  par  leur  or- 
ganisation ,  les  ïiLiAcÉES  fournissent  de 
même  un  mucilage  doux  et  sain. 

Les  fleurs  de  tilleul  sont  employées  en 
médecine  comme  anlispasmodiqttes.  Infu- 
sion de  fleurs  de  tilleul.  Tilleul  à  grmidcs 
feuilles.  Tilleul  à  petites  feuilles.  Tilleul  de 
Hollande.  Tilleul  rouge.  Tilleul  blanc.  Ti- 
lleul du  Canada.  Tilleul  de  la  Caroline.  Ti- 
lleul argenté.  Pois  de  tilleul.  Hcduil  en  char- 
bon, te  bois  de  tilleul  peut  remplacer  le  fu- 
sain pour  tes  esquisses.  Le  bois  de  liltcul  sert 
à  une  foule  d'autres  usages.  Écorce  de  ti- 
lleul. 

L'ccorce  de  tilleul  sert  à  faire  des  cordes 
grossières.  Le  tilleul  est  l'emblème  de  l'a- 
mour conjugal.  Ecoutez  ce  qu'en  dit  si 
agréablement  M.  Aimé  Martin:  «  En  je- 
tant un  coup  d'oeil  sur  les  plantes  consa- 
crées par  la  mythologie  des  anciens,  on  ne 
peut  se  lasser  d'admirer  avec  quelle  justesse 
ils  ont  su  rapprocher  les  qualités  de  la 
planle  de  celles  du  personnage  qu'elle 
devait  représenter.  La  beauté,  la  grâce,  la 
simplicité,  une  douceur  extrême,  un  luxe 
innocent,  tels  seront  dans  tous  les  siècles 
les  attributs  et  les  perfections  d'une  tendre 


épouse.  Toutes  ces  qualités,  on  les  trouve 
réunies  dans  le  tilleul,  qui  se  couvre  cha- 
que printemps  d'une  si  douce  verdure,  qui 
répand  de  si  douces  odeurs,  qui  prodigue 
aux  jeunes  abeilles  le  miel  de  ses  fleurs  et 
aux  mères  de  familleses  flexibles  rameaux, 
dont  elles  savent  faire  tant  de  jolis  ouvra- 
ges. Tout  est  utile  dans  ce  bel  arbre:  on 
boit  l'infusion  de  ses  fleurs,  on  file  son 
écorce,  dont  on  fait  (i)  des  toiles,  des  cordes, 
et  des  chapeaux.  Les  Grecs  en  faisaient  du 
papier  rejoint  par  lames  (2),  comme  celui 
du  papyrus.  J'ai  vu  du  papier  de  celle 
écorce,  fabriqué  à  notre  manière,  qu'on 
aurait  pris  pour  du  satin  blanc.  Mais  es- 
saierai-je  de  peindre  les  effets  ravissants  de 
son  beau  feuillage,  lorsque  tout  frais  en- 
core on  le  voit  doucement  tourmenté  par 
les  venis  qui  y  creusent  des  voûtes,  des 
cavernes  de  verdure  ?  On  dirait  que  ces 
jeunes  feuilles  ont  été  coupées  dans  une 
étoffe  plus  douce,  plus  brillante  et  plus 
souple  que  la  soie,  dont  elles  ont  les  heu- 
reux leflets.  Jamais  on  ne  se  lasse  de  con- 
templer ce  vaste  ombrage  ;  toujours  on  vou- 
drait se  reposer  à  son  abri  (3),  écouter  ses 
murmures,  respirer  ses  parfums.  Le  su- 
perbe marronnier,  l'acacia  si  léger,  ont 
disputé  un  moment  ati  tilleul  sa  place  dans 
les  avenues  et  les  promenades  publiques. 
Mais  rien  ne  saurait  l'en  bannir.  Qu'il  soit 
à  jamais  l'ornement  des  jardins  du  ri- 
che (A)  et  le  bienfaiteur  du  pauvre,  au 
quel  il  donne  des  étoffes,  des  meubles,  et 
des  chaussures, 

L'ombre  ,  l'été  ;  — ■  l'hiver  ,  les  plaisirs  du  foyer  (5). 

Qu'il  soit  l'exemple  des  épouses,  en  leur 
ra|)|)elant  sans  cesse  que  Baucis  en  fut  le 
modèle  (6).  » 


(l)  Le  texte  porte,  on  en  fait ,  expression  nmpldbologique  ,  en  ce  que  le  prODOni  en  semble  alors 
se  rapporter  à  tilleul^  tandis  qu'il  représente  le  mot  écorce. 

{•S)  Du  papier  rejoint  par  lames,  qu'est-ce  que  cela  veut  dire?  [On  rejoint  des  parties  qui 
avaient  été'  séparées  ,  mais  on  ne  rejoint  pas  du  papier  par  lames.  Les  pellicules  enlevées  aux  ham- 
pes du  papyrus,  on  les  collait  les  unes  sur  les  autres,  mais  cela  ne  constituait  pas  un  papj-rus  rejoint 
par  laines.  Et  pourrait-on  Lien  dire  d'ailleurs,  une  lame  de  papier,  une  lame  de  papyrus? 

(o)  De  ce  qu'on  dit,  elrr  à  couvert  d'un  bois,  à  l'abri  d'un  arbre,  ce  n'est  pas  une  raison  pour 
qu  on  puisse  jamais  dire,  avec  l'adjectif  possessif,  être  ii  son  couvert,  à  son  abri. 

(4)  Le  marronnier,  emblème  du  faste  sans  mérite,  convient  beaucoup  mieux,  aux  jardins  du 
riclic .  Que  le  tilleul ,  aussi  beau  et  cent  fois  plus  utile  ,  continue  à  protéger  la  demeure  du  pauvre 
et  à  l'édifier. 

(5)  Les  plaisirs  du  fojcv  est  bien  vague.  Mille  choses  peuvent  donner  ces  plaisirs.  Le  tilleul, 
maigre'  sa  générosité,  ne  donne  apparemment  au  foyer  que  \efeu,  la  chaleur.  L'ombre,  l'été,  — 
l'hiver,  le  feu,  cela  ferait  antithèse  et  n'eu  vaudrait  que  mieux  cent  fois,  mais  on  avait  besoin  d'un 
hémistiche  entier. 

(fi)  Vaiiante  :  Qu'il  soit  le  modelé  des  épouses,  en  leur  rappelant  sans  cesse  que  Baucis  en  fut 
Yi'xcmple. 


SIGNES  DIVERS.    BOTANIQUE. 


67^ 


Baucis  devient  tilleul,  Plulimon  âeTÏeiit  chêne; 
On  les  Ta  Toir  encore  ,  afin  de  mériter 
Les  douceurs  qu'en  hymen  amour  leur  fit  goûter. 
Ils  courbent  sous  le  poids  des  olïiandes  sans  nombre. 
Pour  peu  que  des  époux  séjournent  sous  leur  ombre , 
Ils  s'aiment  jusqu'au  bout ,  malgré  l'efforl  des  ans  [1). 

(Li  FOSTAJNE.  ) 

Voyez  la  Méthode  du  Genre,  page  294. 

La  corèle  habite  les  climats  chauds  de 
l'Asie,  de  l'Afrique,  et  de  l'Amérique.  La 
corcte  potagère  o»  mchchic,  que  quelques- 
uns  nomment  encore  manne  des  juifs,  à 
tige  peu  rameuse,  cylindrique,  haute  de 
quarante  centimètres,  garnie  de  feuilles 
lancéolées,  a  fleurs  d'un  jaune  orangé,  est 
cultivée  dans  l'Inde,  la  Syrie,  et  l'Egypte, 
comme  plante  alimentaire.  On  en  mange 
les  feuilles  en  salade  ou  mêlées  aux  pota- 
ges. La  corèle  capsulairc  ou  ganja  saiira, 
haute  de  deux  à  trois  mètres,  abonde  en 
Chine  et  dans  l'Inde.  De  son  écorce  ma- 
cérée dans  l'eau  comme  celle  du  chanvre, 
on  retire  une  filasse  excellente. 

Les  greuviers  {greivia)  sont  des  arbris- 
seaux à  fleurs  en  ombelle,  à  cinq  pétales, 
propres  à  l'Asie  et  à  l'Afrique,  mais  cul- 
tivés dans  nos  serres.  Le  greuvier  occiden- 
tal, haut  de  trois  mètres,  a  les  feuilles 
ovales,  crénelées  sur  les  bords,  marquées 
de  trois  nervures  principales  ;  les  Heurs 
purpurines.  Les  rameaux  sont  d'un  blanc 
grisâtre.  On  en  mange  les  fruits,  ainsi  que 
ceux  de  quelques //«courfia*'  ou  alamotons 
de  l'Inde,  arbrisseaux  à  feuilles  dentées 
et  épineuses,  à  fleurs  terminales  et  ras- 
semblées par  groupes. 

Le  ramonlchi,  espèce  de  flacourtia,  four- 
nit des  fruits  rouges  violets,  d'une  saveur 
analogue  à  celle  de  notre  prune  commune. 
11  se  trouve  à  Madagascar,  où  les  Fran- 
çais le  nomment  prunier. 

Je  ne  dois  pas  omettre  le  rocouier  (bixa'), 
arbre  originaire  de  l'Amérique  intertropi- 
cale, anx  feuilles  cordifurmes,  aux  fleurs 
roses,  disposées  en  panicules  terminales, 
dont  les  graines  Iburnissent  le  rocon,  pâte 
tinctoriale,  employée  non  seulement  par 
les  teinturi<!rs,  mais  encore  dans  la  méde- 
cine comme  purgatif  doux  et  contre-poi- 
son du  manioc.  Avec  l'ecorce  du  rocouier 
on  prépare  des  toiles  et  des  cordages;  son 
bois  est  dur  et  fournit  un  bon  chaufTaKe. 


132.  —  TRÉMANDRÉES,  Famille  de 
plantes  encore  peu  étudiées,  et  qui  doit 
prendre  place  entre  les  polvgalées  et  les 
piTTOspoBKES.  Elle  renferme  les  genres  tré- 
mandre  et  tètrathè(/ue. 

16.  — TYPHINÉES,  T-YPHACÉES,  TY- 
PHÉES,  Plantes  aquatiques,  aux  tiges  droi- 
tes ou  flexueuses,  spongieuses,  munies  de 
feuilles  alternes,  engainantes,  en  forme 
d'épée;  à  fleurs  monoïques,  disposées  en 
chatons  oblongs  ou  globuleux,  uni-sexuels. 

Genres  :  massette  (typhaj ,  ruban  d'enu  ou  rubanier  (spar- 
ganîum). 

Les  typhinées  offrent  peu  d'utilité;  ce- 
pendant M.  de  Candolle  écrit  que  le  pol- 
len des  massettcs  ,  étant  très-abondant, 
pourrait  remplacer  la  poudre  de  lycopoile. 
Les  massettes  sont  des  espèces  de  roseaux, 
dont  les  feuilles  servent  à  faire  des  nattes, 
à  couvrir  les  maisons,  etc.  Nous  en  con- 
naissons en  France  trois  espèces:  la  mas- 
sette à  larges  feuilles  ou  masse  d'eau  (typlia 
latifolia),  à  feuilles  planes;  la  massette  à 
petites  feuilles  {typliu  angustifolia),  à  feuil- 
les cananiculées;  et  la  petite  massette  (typlia 
minima),  à  feuilles  sétacées.  Les  deux 
premières  espèces  portent  un  épi  de  Heurs 
femelles,  placé  en  forme  de  pompon  au 
sommet  d'une  longue  hampe,  qui  sert  de 
jouet  aux  enfants. 

Le  ruban  d'eau  (2)  doit  son  nom  à  ses 
feuilles  flottantes,  qui  ont  quelquefois  plus 
d'un  demi-mètre  de  longueur. 

IGO.— TTRTICÉBS,  ORTIES  (-cecB,  cœ).  Fa- 
mille qui  se  compose  de  plantes  herbacées, 
d'arbrisseaux  et  d'arbres  fort  élevés,  à  tige 
souvent  lactescente  ;  à  feuilles  alternes  ou 
opposées,  le  plus  souvent  munies  de  sti- 
pules; à  fleurs  monoïques  et  dioïques, 
plus  rarement  hermaphrodites,  tantôt  soli- 
taires, tantôt  disposées  en  grappes  ou  en 
chatons  et  quelquefois  cachées  dans  un 
involucre  commun,  monophylle,  ou  enfin 
disposées  à  la  surface  de  cet  involucre 
comme  sur  un  réceptacle  commun.  Les 
étamines  ou  organes  mâles  sont  au  nom- 
bre de  quatre  ou  cinq.  Le  fruit  est  une 
ulricule  tantôt  nue,  tantôt  recouverte  par 
un  involucre  bacciforme. 


(1)  La  Fonlaiiie  se  ressent  parfois  de  Fatmosplière  classique  dont  ilsuli.ssait  maigre  lui  rinlluence 
délétère.  Les  ans  deviennent  lourds  en  s'entassant  les  uns  sur  les  autres,  ce  qui  fait  qu'on  peut 
dire,  le  poids  des  ans;  mais  les  ans  ne  font  pas  d'effort.  J'aimerais  mieux  que  l'aulciir  eût  dit 
simplement,  malgré  la  vieillesse. 

(2)  Point  de  trait  d'union  entre  ruhan  et  eau,  quoique  l'Acadc'mie  m  nielle  un. 


072 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


I.  Fleura  lenfcrniécs  dans  un  in\olucrc  coiunuiu  ino- 
noplivllu.  Genres:  figuier  (Ccus)  ,  dorstcnia. 

II.  Fleurs  sur  un  rùccptacle  commun  ,  ou  réunies  en 
une  tête  accompagnée  d'écaillcs,  nu  distinctes  et  éparscs. 
Genres  :  bots  trempette  ou  cotitequin  (  cecropla  ) ,  jacfjuier 
ou  arbre  U  pain  (artocarpus),  miiri'er  (niorus),  bioussonne- 
lier  (-tia),  ritaclura  ou  hois  d'arc,  orlic  (uilica), /orsta/c'a, 
pariétaire  (-laria),  houblon  (Iiuiiiulusj,  chanvre  [cannabis), 
théhgonttm,  dalisijue  (-ca),  etc. 

III.  Genres  qui  ont  <le  l'allinité  aTCC  les  urticées.  Gen- 
res: iva,  zantlilum,  piper,  ambrosla,  etc. 

La  racine  du  dorslénia  contraïerva  a 
été  vantée  pour  le  traitement  des  fièvres 
adynauiiques.  Celte  racine,  d'un  ronge 
brun  à  l'extérieur,  blanche  à  l'intérieur, 
a,  dans  l'état  de  siccité,  une  saveur  trés- 
aroniatique,  un  peu  astringente,  et  d'une 
odeur  approchant  de  celle  du  figuier.  Ré- 
duite en  poudre,  elle  produit  de  grands 
effets,  mais  on  lui  préfère  le  quinquina. 

Voyez,  pour  le  Cguicr  ,  la  MiinoDi;  du  Gh.nrl  ,  page 
283. 

Les  cécroplas  ou  coitlequins  sont  des  ar- 
bres de  l'Amérique  méridionale,  à  tiges 
creuses,  divisées  intérieurement  par  des 
cloisons  transversales  placées  de  distance 
en  distance,  ce  qui  leur  a  fait  donner  le 
nom  de  bois  trompclte.  L'espèce  la  plus 
commune  est  le  cccropia  pelé,  arbre  de 
douze  mètres,  au  tronc  cylindrique  et  fis- 
Inleux ,  aux  feuilles  grandes,  cordiFormes, 
aux  fleurs  très-petites.  En  frottant  deux 
morceaux  de  coulequin  l'un  contre  l'autre 
ou  obtient  du  feu.  —  Le  fruit  de  l'arto- 
carpe  ou  jacquier,  arbre  des  parties  méii- 
dionales  de  l'Asie,  est  une  baie  ovale,  ra- 
boteuse, à  peau  épaisse,  dont  la  pulpe, 
après  une  légère  cuisson,  produit  une  fé- 
cule blanche,  avec  laquelle  les  indigènes 
font  un  pain  excellent.  Les  fruits  de  trois 
arbres  suffisent  à  la  nourriture  d'un  hom- 
me. Avec  les  filaments  de  l'écorce  inté- 
rieure de  cet  arbre  on  fait  des  étoffes. — On 
connaît  environ  quinze  espèces  de  ni^n'cr*, 
dont  quatre  sont  naturalisées  en  France. 
Les  plus  utiles  sont  le  mûrier  noir  et  le  mû- 
rier blanc  ou  mûrier  delà  Chine.  Les  mû- 
riers noirs  sont  ccnx  qui  portent  des  mûres 
noires,  et  les  mûriers  blancs  ceux  qui  por- 
tent des  mures  blanches.  On  nourrit  ordi- 
nairement les  vers  a  soie  avec  des  feuilles  de 
mûrier  blanc.  Le  mûrier  blanc  a  pour  em- 
blème ,  SAGESSE,  et  le  mûrier  noir,  je  ne 
vous  SURVIVRAI  PAS.  Mûrier  rouf^e  d' Améri- 
que. Le  broussonetier,  qu'on  nomme  en- 
core ?n('(r(er  à /;n/)icr,  se  trouve  dans  l'Inde 
dont  il  est  originaire,  en  Amérique  et  en 
Europe ,  où ,  à  d^'faut  de  chiffons,  son 
écorcc  sert  à  fabriquer  du  papier.  —  Le 


genre  ortie  renferme  plus  de  cent  ironie  es- 
pèces, dont  quelques  unes  seulement  crois  - 
sent  en  Europe.  La  tige  et  les  feuilles 
fraîches  des  orties  causent  par  le  simple  con- 
tact une  douleur  brûlante,  déterminée  par  la 
piqûre  de  poils  extrêmement  fins,  aigns, 
remplis  d'un  suc  acre  et  vénéneux.  Les  ti- 
ges des  orties,  séchées  et  traitées  comme 
celles  du  chanvre,  servent  à  faire  de  la 
toile.  On  mange  les  jeunes  pousses  de 
l'ortie  dioïqiie  ou  grande  or/tc, accommodées 
de  la  même  manière  que  les  épinards. 
Graine,  racine  d'orlie.  Ortie  brûlante.  Or- 
tie griéche.L'ortie  a  pour  emblème,  cruauté. 

Vortle  jaune,  l'ortie  blanche,  l'ortie  puante,  sont  des  la- 
biées. 

La  pariétaire  (du  latin /^rtri'c.?,  muraille), 
ainsi  nommée  parce  qu'elle  vient  sur  les 
murs,  au  milieu  des  décombres,  est  em- 
ployée en  médecine  comme  diurétique. 
On  la  nomme  vulgairement  ca-'^e-picrre  et 
perce-muraille.  —  Le/io(/6/o«  est  une  plante 
herbacée,  à  tige  volubile,  mince,  striée, 
bispide,  s'élevant  quelquefois  à  plus  de  six 
mètres;  à  feuilles  opposées,  péliolées,  cor- 
diformes  ou  trilobées,  dentées,  rudes  au 
toucher,  d'un  beau  vert.  En  mai  et  juin, 
le  /lo/ii/on  présente  des  fleurs  vertes,  mâles 
sur  certains  pieds,  femelles  sur  d'autres, 
disposées  en  grappes  ou  en  épis.  Le  fruit 
est  une  petite  graine  arrondie,  légèrement 
comprimée  et  roussâtre,  amère  et  légère- 
ment aromatique,  qui  entre  dans  la  com- 
position de  la  bière.  Les  feuilles  du  houblon 
sont  employées  en  médecine  comme  diuréti- 
ques cl  anti-scorbutiques.  Planter  des  per- 
ches pour  appuyer  le  houblon.  Manger  du 
houblon  en  salade.  Cueillir  du  houblon.  Met- 
tre du  houblon  dans  la  bière,  ou  la  houblon- 
ner.  On  a  trop  houblonné  celle  bière.  On 
nomme  houblonniére  un  champ  semé  de 
houblon.  Le  houblon  a  pour  emblème,  in- 
justice. — '  Qui  ne  connaît  le  chanvre? 
s'écrierait  un  classique,  pour  s'éviter  la 
peine  de  le  décrire.  Je  pourrais  me  bor- 
ner à  dire:  le  chanvre  est  une  plante  qui 
])orte  le  chénevis,  et  dont  l'écorce  sert  à 
faire  de  la  filasse;  mais  ma  conscience  ne 
serait  pas  satisfaite.  J'ajouterai  donc  que 
la  tige  du  chanvre  est  droite,  creuse,  rude 
au  toucher,  haute  de  deux  mètres,  et  sor- 
tant d'une  racine  fusiforme  ;  que  ses  feuil- 
les sont  vertes,  velues;  que  ses  fleurs  ver- 
dàtres,  disposées  en  grappes  axillaires,  font 
place  à  une  coque  bivalve,  ovoïde,  renfer- 
niiint   une   graine    solitaire,   grisâtre,    qui 


SIGNES  DIVERS 

om  le  ie  nom  de  chènevls  et  sert  à  la  nour- 
riture des  volailles  et  des  oiseaux  domesti- 
ques. Elle  fournit  aussi  une  huile  excel- 
lente pour  la  table,  la, peinture,  et  l'éclai- 
rage. Chanvre  mâle.  Chanvre  femelle. 
Cueillir,  arracher  du  chanvre.  Faire  sécher, 
faire  rouir  le  chanvre.  Le  rouissage  du  chan- 
vre. Teiller  ou  tillcr  du  chanvre.  Après 
souper,  on  veille  encore  une  heure  en  tcillanf 
du  chanvre  (J.-J.  Rousseau.").  Broyer  du 
chanvre.  Filasse,  dechanvre,  ou  simplement, 
chanvre.  Fil  de  chanvre.  Toile  de  chanvre. 

On  nomme  Tulgaîrenipnt  chanvre  aquatitjue^  le  hident 
à  calice  feuUté\  chanvre  de  Canada  ,  Vapocin  a  fleurs  her- 
bacées: chanvre  de  Crctcy  le  dasti'jue  ou  caiinabine  \  chanvre 
4es  Amt-ricaine  ,  Vagave-^  ciiauvre  du  Japon,  la  &pirée\ 
chanvre  p/^uanf,  Vartie  ù  feuitles  de  chanvre. 

VoyeE  PIPÉRACÊES  et   iMBBOSliCtES. 

J^emeninùa,  qui  faisait  partie  de  cette  famille,  est  devenu 

'    type  delà  famille  des  MONiMiÉta.  hcntonîmia  à  feuilles 

'ndesy  arbrisseau  de  PHe  de  France,  porte  des  fleurs  très- 

j>L'tiles,  d^un  jaune  orange,  disposées  en  grappes,  et  ex- 

faalant  une  douce  odeur.  Le  fruit  est  une  baie  charnue. 

91.  — VALÉRIANÉES  (neœ),  Plantes 
indigènes,  herbacées  ;  à  tiges  simples  ou 
rameuses,  quelquefois  couchées  ;  à  feuilles 
entières  ou  lobées,  opposées;  à  fleurs  en 
corymbe  ;  à  fruit  capsulaire. 

Genres:  ceniranthe  (-thusl,  valériane  [-na],  valérianelle 
(-nella). 

Le  genre  ceniranthe  a  été  établi  pour 
placer  les  valérianes  rouges,  à  fleurs  aiguës, 
qui,  pourvues  d'une  seule  étamine  et  d'une 
seule  graine,  s'écartent  encore  des  autres 
par  leur  corolle  régulière  prolongée  en 
long  éperon.  On  les  cultive  dans  nos  jar- 
dins. Les  valérianes  sont  très-usitées  dans 
l'économie  domestique  et  en  médecine. 
Valériane  officinale.  Valériane  phu.  Valc 
riane  sauvage,  ou  grande  valériane.  Valé- 
riane\ceUique,  ounardceltique.  Les  racines 
de  la  valériane  officinale  et  de  la  valériane 
cc/<t(7«e  sont  toniques  et  antispasmodiques; 
la  première,  dont  les  fleurs  rougeàtres  ou 
blanches,  odorantes,  disposées  en  pa- 
nicule  élégante,  et  les  feuilles  ailées  avec 
impaire,  d'un  beau  vert,  ne  dépareraient 
pas  nos  jardins,  passe  en  outre  pour  em- 
ménagogue,  sudorifique,  vermifuge ,  et 
pour  un  puissant  anti-épileptique.  Dans  le 
genre  valérianelle  on  place  la  mâche,  herbe 


BOTANIQUE.  6'> 

potagère  qui  se  mange  en  salade,  et  se 
nomme  encore  doucette,  boursette,  etc. 

La  valériane  rouge  (centranlhus  ruber)  a 
pour  emblème,  facilité.  «  Sa  parure  est 
brillante,  mais  toujours  un  peu  en  désor- 
dre. Cette  fille  des  montagnes  a  l'air  d'une 
parvenue  au  milieu  de  nos  fleurs  gracieu- 
ses. »   (Aimé  Martin.) 

63.— VEKBÉNACiaES,  VERBENÉES,  PY- 
RÉNACÉES,  GATTILIERS  {viticcœ,  viTices), 
Plantes  herbacées  ou  ligneuses,  à  tigecy- 
lindrique  ou  quadrangulaire,  à /cKt7/e.«  sim- 
ples, opposées,  rarement  alternes,  entières, 
dentées;  à  fleurs  en  épi  ou  en  panicule;  à 
fruit  charnu  ou  bacciforme.  Le  fruit  con- 
tient deux  ou  quatre  osselets  nommés 
pyrènes  par  Gœrtner,  et  renfermant  cha- 
cun une  graine. 

I.  Fleurs  en  corymbe,  fruit  charnu.  Genres:  péraga  (cle- 
rodendrum!,  volkamier  ou  volkameria  ,  agiphile  (.la),  g-at- 
titier  (vitex),  callicarpe  (-pa),  cornude  (-nutia). 

II.  Fteurs  disposées  en  épi,  péricarpe  charnu-Orerstei: giul - 
tarin  f  cylbarexylum),  rfiirnnle  [■\.a),lantanier  aulantana. 

III.  Fleurs  en  épi,  graines  nues.  Genres:  lapane  (-ma;, 
verveine  {ferbeasi},  sélagine  (-lago),  hébenstrèle  {-iia),  etc. 

Nous  n'avons  en  France  que  les  deux 
genres  gattitier  et  verveine,  mais  on  en 
cultive  un  assez  grand  nombre  d'autres 
dans  les  jardins  et  dans  les  serres.  Lais- 
sons encore  parler  M.  Aimé  Martin:  «La 
verveine,  dit-il,  croit  sur  les  collines  arides. 
Elle  servait  chez  les  anciens  aux  divina- 
tions; on  lui  attribuait  un  grand  nombre 
de  propriétés,  entre  autres  celle  de  récon- 
cilier des  ennemis.  Lorsque  les  Romains 
envoyaient  des  hérauts  d'armes  porter  la 
paix  ou  la  guerre  chez  les  nations,  l'un 
d'eux  était  porteur  de  verveine  (1).  Les 
druides,  avant  de  cueillir  cette  plante, 
faisaient  un  sacrifice  à  la  terre,  tant  leur 
vénération  était  grande  pour  elle  (2).  Les 
mages,  en  adorant  le  soleil,  tenaient  dans 
leurs  mains  des  branches  de  verveine.  Vé- 
nus victorieuse  portait  une  couronne  de 
myrte  entrelacée  de  verveine.  En  Alle- 
magne on  donne  encore  un  chapeau  de 
verveine  aux  nouvelles  mariées,  comme 
pour  les  mettre  sous  la  protection  de  cette 
déesse  (3).  Dans  nos  provinces   du  JVord, 


(i)  Cette  phrase  manque  d'ele'gance. 

(2)  Pour  qui?  pour  la  terre  ou  pour  la  verveine.  De  plus  entre  cette  phrase  et  celle  qui  la  pré- 
cède la  transition  est  un  peu  trop  brusque,  lly  a  un  vide  qu'il  eût  fallu  lemphrpar  quelque  chose 
d'analogue  à  ceci  :  Celait  une  plante  sacrée  des  Gaulois. 

(3)  11  est  certain  qu'en  Allemagne  Vénus  règne  plus  que  Junon.  Toutefois  l  auteur  se  trompe. 
Ce  n'est  par  pour  mettre  les  jeunes  mariées  sous  la  protection  de  Vénus  qu'on  pare  leur  front  de 
«wvei/ic,  car  Vénus  n'entre  guère  dans  un  ménage  que  pour  y  semer  la  discoïde;  mais  hien 
plutôt  parce  que  la  verveine  est,  comme  Vagnus  casius,  un  emhlème  ic  chasteir. 

T.  ir  ^^ 


C7  4  CLEF  DE  LA  LANGUE 

les  bergers  recueillent  celte  plante  sacrée 
avec  dos  cérémonies  et  des  paroles  connues 
d'eux  seuls,  et  en  expriment  les  sucs  à 
certaines  phases  de  la  lune.  Ils  font  usage 
de  ces  sucs  pour  guérir  ou  loitrmenler  leurs 
maîtres;  car,  s'ils  savent  calmer  leurs 
mau.v  (1),  ils  peuvent  aussi  jeter  des  sorts 
sur  leurs  troupeaux  et  sur  le  cœur  des  Jeunes 
filles.  On  dit  que  la  verveine  leur  donne  ce 
dernier  empire,  surtout  quand  ils  sont 
jeunes  et  beaux.  On  voit  que  cette  plante 
est  encore  chez  nous,  comme  elle  l'ut  chez 
les  anciens,  l'herbe  des  enchantements.  » 

Verveine  commune.  Verveine  odorante,  ou 
Verveine  triphylle.  L'infusion  des  feuilles 
de  la  verveine  triphylle,  à  odeur  de  cition, 
peut  remplacer  le  thé. 

h'agnus  castus  { agneau  chaste)  est  la 
seule  espèce  de  gattilier  qui  vienne  en 
Europe.  Wag7ius  castus.  arbrisseau  aroma- 
tique, aux  rameaux  faibles,  pliants,  blan- 
châtres, aux  feuilles  opposées,  vertes  en 
dessus,  blanches  et  cotonneuses  en  dessous, 
aux  fleursen  grappes,  violettes,  purpurines, 
ou  blanches,  lequel  s'élève  dans  le  midi  de 
la  France  à  la  hauteur  de  deux  mètres, 
—  l'agnus  castus  est  ainsi  nommé,  parce 
que  sesfruits  passaient  pour  antiaphrodisia- 
ques, ou  parce  que  les  dames  athéniennes 
qui  voulaient  vivre  chastement  pendant 
les  fêtes  de  Cérès  avaient  coutume  de 
dormir  sur  ses  feuilles. 

Parmi  les  verbénacées  cultivées,  on 
distingue  encore  le  stachytarphéta  chan- 
geant ou  verveine  changeante,  joli  arbuste 
d'un  mètre  à  un  mètre  et  demi,  originaire 


ET  DES  SCIENCES. 

de  l'Amérique  méridionale,  portant  en 
juillet  de  beaux  épis  de  fleurs  roses;  la  sé- 
lagine  bâtarde  {sclago spuria),  .'»  Heurs  d'un 
beau  clair,  encorymbe;  les  nombreuses 
espèces  de  lanianas  ou  camaras;  le  calli- 
curpe  de  la  Caroline,  à  rameaux  cotonneux 
et  à  fruits  d'un  beau  rouge  ;  le  péragu  ou 
clcrodendron,  à  fleurs  blanches,  carminées 
à  la  base,  et  à  odeur  de  fleur  d'oranger  ;  la 
durante  des  Antilles,  aux  rameaux  qua- 
drangulaires;  enfin  les  brillants  volcamè- 
rias,  dont  celui  du  Japon  {volcanieria  ja- 
ponica)  est  certainement  l'espèce  la  plus 
remarquable.  «C'est,  dit  M.  Lamouroux, 
que  nous  consultons  quelquefois, un  arbuste 
d'un  mètre  au  plus,  à  feuilles  persistantes, 
cordiformes,  à  odeur  fétide, qui  pousse  vers 
le  mois  de  mai  des  fleurs  nombreuses  très- 
denses  (2),  à  odeur  délicieuse.  » 

M.  Lamouroux  range  encore  au  nombre  des  verbéna- 
cées le  myopore,  détenu  pour  quelques  un»  le  type  d'une 
nouvelle  famille  sous  le  nom  de  myopouisêes.  n  l.a  petite 
myopore  (  comment  peut-on  faire  myopore  du  féminin?), 
là  petite  myopore,  dit-il,  arbuste  de  la  Nouvelle-Hollande, 
à  feuilles  linéaires  en  spatule,  à  fleurs  blanches,  a  été  in- 
troduite en  FraticeparM.  Noisette.» 

Gloire  à  M.  Noisette!  Certes,  l'introduction  en  Franco 
de  cet  arbuste  suppose  pour  le  moins  autant  de  géme 
qu'une  élégie  de  M"''  Desbordes  Valmore  ou  une  satii-e 
d'Antoine  Deschaoïps.  Mais  d'où  vient  le  nom  du  myo- 
pore ?  Le  myopore  est  ainsi  nommé  à  cause  des  porcs  in- 
liniment  petits  dont  sont  couvertes  la  plupart  de  ses  es- 
pèces. Des  Qeurs  petites  et  blanches,  un  feuillage  charnu 
et  dentelé,  voilà  ce  qui  rend  précieuse  l'opération  de 
M.  Noisette. 

113.  _  VINIFÈRES  ,  VIGNES,  VITI- 
CÉES,  SARMENTACÉES  {vites,  sarmenta- 
ceœ),  AMPÉLiDÉEs,  Plantes  ligneuses,  à  tige 
frutescente,  rarement  arborescente,  sar- 


(i)  Les  maux  de  qui?  Je  suis  de'solé  de  le  dire,  mais  cette  phrase  accuse  une  grande  inexpe- 
rionre  de  l'art  d'écriie.  Je  doute  qu'un  maître  de  langue  pût  faire  plus  mal.  D'ahord  on  ne  peut 
guérir  quelqu'un  que  lorsqu'il  est  malade.  Puis  je  n'aime  guère  à  voir  les  troupeaux  de  ne  sais  qui 
ainsi  accouple's  avec  le  cœur  des  jeunes  filles.  Cela  n'est  pas  galant.  Le  cœur  «les  jeunes  filles  est 
chose  assez  intc'ressante  pour  qu'on  daigne  lui  consacrer  un  hout  de  phrase  à  part.  Construite  ainsi 
qu'il  suit,  la  phrase  nous  semblerait  beaucoup  plus  correcte  :  Ils  font  usage  de  ces  sucs  pour  guérir 
leurs  maîtres  malades  ou  pour  les  tourmenter;  car,  si,  à  l'aide  de  ces  sucs  magiques,  ils  savent 
commander  à  la  maladie,  ilspeiwent  aussi  jeter  des  sortssur  les  troupeaux  confiés  à  leurs  soins. 
La  VERVEINE  leur  donne  aussi  un  grand  empire  sur  le  cœur  des  jeunes  Jîlles,  surtout,  cela  va  sans 
dire,  quand  ils  so.it  jeunes  et  beaujc.  Il  va  sans  dire  aussi  que  nous  ne  ponctuons  pas  comme 
M.  Aimé  Martin,  à  qui  je  demande  encore  une  fois  pardon  de  ma  since'ritc',  qui  est  bien,  loin 
A  e'galer  mon  estime  pour  l'auteur  des  excellentes  Lettres  sur  la  physique. 

(2)  Comment  des  (leurs,  si  nombreuses  qu'elles  soient,  peuvent-elles  ctrc  denses  ?  On  à'irdàt 
Lien,  un  épi,  un  corymhe,  une  panicule  dense,  mais,  ia  fleurs  denses,  cel^a  est  impossible,  puisque 
dense  signifie,  dont  les  parties  sont  serrées.  Soit  dit  sans  les  fâcher,  mais  les  naturalistes  auraient 
Lien  besoin  de  s'initier  un  peu  au  génie  de  la  langue.  Leur  style,  si  style  il  y  a,  outre  qu'il  man- 
que absolument  d'élégance  et  de  précision  ,  fourmille  encore  "de  solécismes  et  de  barbarismes,  qui 
vendent  la  lecture  de  leurs  ouvrages  extrêmement  pénible.  On  ne  saurait  guère  leur  emprunter 
une  phrase  correcte  ;  en  sorte  que  sans  leur  science  ils  n'auraient  guère  plus  de  valeur  à  mes  yeux 
qu'un  maître  de  langue . 


menteuse,  noueuse,  munie  de  vrilles;  à 
feuilles  alternes,  stipulées,  souvent  décou- 
pées, opposées  aux  vrilles;  à  Heurs  en  ihyrse 
et  en  grappe.  Le  fruit  est  une  baie  globu- 
leuse à  une  ou  plusieurs  loges  ,  contenant 
une  ou   plusieurs  graines  osseuses. 

Genres  :  itgne  vierge  ou  chsus,  vigne  (vitis),  lééa,  leu- 
iiantkéra. 

«  JI  suffit  de  dire  que  a  plante  précieuse 
qui  produit  le  raisin  {vitis  vinifera)  est  le 
type  de  cette  famille,  [iour  en  faire  sentir 
toute  l'importance  »  ,  dit  avec  raison 
M.  Lamouroux.  La  vigne  vinifère  a  une 
tige  tortue,  qui  pousse  des  jets  grimpants, 
longs  et  flexibles,  appelés  sarments.  Celle 
vigne  a  poussé  beaucoup  de  sarments  celle 
année.  Cep  de  vigne.  Feuilles  de  vigne. 
Pampre  de  vigne  ,  Brancbe  de  vigne  avec 
ses  feuilles.  Bourgeon  de  vigne.  Les  pleurs 
delà  vigne.  L'eau  qui  s'en  échappe  quand 
elle  a  été  taillée.  Planter  de  la  vigne.  Il  y 
a  diverses  sortes  de  plants  de  vigne.  Plant 
de  vigne  de  Bourgogne.  Les  variétés  de  vi- 
gnes les  plus  communes  sont  le  muscat,  le 
raisin  d'Alep,  le  corinllie,  le  chasselas,  le 
cornichon,  le  teinturier,  le  morillon,  et  le 
pineau,  La  vigne  est  fort  sujette  à  geler.  Les 
pluies  froides  font  couler  la  vigne,  font  que 
le  raisin  qui  commençait  à  se  nouer  tombe 
ou  se  dessèche.  La  vigne  est  en  fleur.  Tail- 
ler la  vigne. 

Vigne,  se  dit  d'une  étendue  de  terre  plantic  de  ceps 
devigne.  Clos  de  lîgnc.  Un  arpeni  de  vigne. 

haisin  de  vigne,  Kaisin  propre  à  faire  du  vin  ;  par  op- 
position à  Uaisin  de  ireitle  ou  chasselas  ,  Kaisiu'  qu'où 
sert  sm-  les  tables. 

Pèche  de  vigne  ,  Fruit  du  pêclier,  venu  en  plein  Tent , 
par  opposition  à  pêche  dVspalier, 

Fi?. ,  Travailler  à  la  vigne  du  Seigneur,  S'employer  à 
rinstruclion  et  à  la  conversion  des  âmes.  Prov,  ,fig.,  et 
pop..  Être  dans  les  vignes,  Être  ivre. 

Vigne^  s'est  dit  aussi  pour  r///a. 

On  nomme  labrusque  ou  labrot  la  vigne 
sauvage,  qui  croît  spontanément  dans  le 
midi  de  la  France  et  dont  les  fruits  sont 
très-acides.  On  pense  qu'elle  est  la  vérita- 
ble souche  de  la  vigne  cultivée. 

La  vigne  vierge,  qu'on  nomme  encore 
cissus,  achit,  et  ampélopsis  à  cinq  feuilles, 
est  également  une  sarmcntacée  à  tigevolu- 
bile  qui  a  des  feuilles  semblables  à  celles 
de  la  vigne,  et  qui  porte  des  fleurs  d'un 
bleu  sale  aux  quelles  succèdent  des  baies 
d'un  vert  noirâtre.  On  cultive  la  vigne 
vierge  pour  masquer  de  vieux  murs  ou  pour 
faire  des  berceaux  dans  les  Jardins, 

On  nomme  vulgairement  vigne  blanche 


SIGNES  DIVERS.    BOTANIQUE.  673 

la  clématite  et  la  bryone,  vigne  du  ?iocrf  le 
houblon,  vigne  noire  sauvage  le  lamier ,  vi- 


gne de  Salomon  la  clématite,  vigne  sauvage 
le  pareira  brava,  vigne  vierge  la  douce  amère. 
127 VIOLAHIÉES,  VIOLACÉES,  Her- 
bes ou  sous-arbrisseaux,  à  Heurs  généra- 
lement alternes,  simples  ou  lobées;  aux 
(leurs  à  cinq  pétales,  le  plus  souvent  iné- 
gaux, —  pédonculées. 

Genres:  violette  (TÏola),  l'om'rfier (-diura),  pîriquetay  etc. 

La  violette  à  bouquets  ou  violette  odo- 
rante (viola  odorata)  est  une  plante  vivace, 
dont  les  fleurs  répandent  le  plus  doux  par- 
fum. Fleur  de  violette,  ou  simplement, 
Violette.  Violette  simple.  Violette  double. 
Violette  de  mars.  Bouquet  de  violettes.  Pou- 
dre de  violettes.  Conserve  de  violettes.  Les 
fleurs  de  violettes  sont  de  quelque  usage  en 
médecine,  comme  pectorales  et  adoucissan- 
tes. Infusion,  sirop  de  violette.  Les  chimis- 
tes se  servent  du  sirop  de  violette  pour  déce- 
ler la  présence  des  alcalis,  les  quels  ont  la 
propriété  de  la  verdir. 

a  —  Regardez,  dit-il  au  procureur  du 
roi,  dont  le  cœur  battait  si  fort  qu'on  eût 
pu  l'entendre,  voici  dans  cette  tasse  du 
sirop  de  violette,  et  dans  celte  carafe  le 
reste  de  la  limonade  dont  MM.  IVoirtier 
et  Barrois  ont  bu  une  partie.  Si  la  limonade 
est  pure  et  inofTensive,  le  sirop  va  garder 
sa  couleur  ;  si  la  limonade  est  empoison- 
née, le  sirop  va  devenir  vert.  Regardez. 

o  Le  docteur  vei-sa  lentement  quelques 
gouttes  de  limonad(;  de  la  carafe  dans  la 
tasse,  et  l'on  vit  à  l'instant  même  un  nua- 
ge se  former  au  fond  de  la  tasse.  Ce  nuage 
prit  d'abord  une  nuance  bleue;  puis  du 
saphir  il  passa  à  l'opale,  et  de  l'opale  h 
l'émeraude. 

»  Arrivé  à  cette  dernière  couleur,  il  s'y 
fixa  pour  ainsi  dire  ;  l'expérience  ne  lais- 
sait aucun  doute. 

B — Le  malheureux  Barrois  a  été  cmpoi- 
siinné  avec  de  la  fausse  angusture  ou  de  la 
noix  de  Saint-Ignace  ,  dit  d'Avrigny; 
maintenant,  j'en  répondrais  devant  les 
hommes  et  devant  Dieu. 

»  Villefort  ne  dit  rien,  lui,  mais  il  leva 
les  bras  au  ciel,  ouvrit  des  yeux  hagards, 
et  tomba  foudroyé  dansim  fauteuil.» 
(Alexandre  Dumas.) 
Il  y  a  des  violettes  blanches.   La  violette 
croit  ordinairement  dans  les  lieux  solitaires 
[  et  ombragés. 
I      lo,  nymphe  ilc  la  suile  de  Diane,  fut  ai- 


67  (> 


CLEF  DE  LA  LAAGLE  ET  DES  SCIENCES. 


niée  d'Apollon,  qui,  irrité  de  sa  résistan- 
ce, la  niétamorplit)sa,en  violellc,  fleur  qui 
fuit  encore  l'écLit,  et  qui  est  devenue  le 
symbole  de  rinnocence,  de  la  modestie, 
de  la  pudeur. 

Plus  loin  ,  de  In  yerlu  douce  et  CJèle  image  , 
Une  modeste  llcur,  pour  se  cacher  aux  yeux, 

Cliei'cliaiteii  vaiii  sous  le  feuillage 
KJit  lieu  propre  à  tromper  les  regards  eurieuï. 
Il  s'exlialaitdu  sein  de  son  humble  retraite 
Un  baume  délicieux 
Qui  décelait  la  liolelte. 

(  L.  N.  fers  de  collège,  ) 
Viens  ,  parais  à  ton  tour  ,  aimable  violette  : 
Pour  toi  quel  si  grand  charme  ont  l'ombre  et  la  retraite? 
Tu  crains  de  te  montrer!  tu  te  caches  !  Pourquoi  ? 
Va  !  Pauline  est  modeste  et  simple  comme  toi. 

(L.  N.  Amertumes  et  Coaschtiom.  ) 
C'est  de  Tos  qualités  que  brille  chaque  Heur; 
Le  lis  est  comme  vous  d'une  blancheur  céleste; 
La  eiotette  apprend  de  tous  son  air  modeste. 

(  L.  N.  IbUi.  ) 

PORTRAIT. 

Chère  maman,  pour  ta  fête 

Nous  voulons  t'offrir  ton  portrait  : 

Prends  ce  lis,  cette  rose,    et  celle  violette; 

C'est  ton  image  trait  pour  trait.  (Id.  Ibid,  ] 

Vobicure  violette,  amante  des  gazons, 
Aux  pleurs  de  leur  rosée  entrt'iiiêlanl  ses  dons 
Semble  vouloir  cacher,  sous  leurs  voiler  propices  , 
D'un  prodigue  parfum  les  discrètes  délices: 
C'est  l'emblème  d'un  cœur  qui  répand  en  secret 
Sur  le  malheur  timide  un  modeste  bienfait. 

Ces  derniers  vers  sont  de  Boisjolipi, 
poète  classique,  que  tous  les  grammairiens 
citent  de  préférence.  Pourtant,  quoi  de 
plus  détestable  que  ces  vers?  D'abord,  la 
violette  pour  être  amie  de  l'obscurité, 
n'est  pas  obscure.  Puis,  en  admettant 
qu'elle  soit  l'amante  des  gazons,  quel  gal- 
limathias  que  le  second  vers!  On  entre- 
mêle plusieurs  choses  parmi  d'autres  dont 
elles  diCfèrent ,  par  exemple  des  fleurs 
rouges  parmi  des  blanches,  mais  qu'est-ce 
qn'entremcler  des  dons  à  des  pleurs?  Don, 
mot  vague  et  sans  couleur,  précisément 
parce  qu'il  dit  tout,  ne  dit  rien  ici;  mais 
il  fallait  une  rime  à  gazon.  Au  lieu  d'entre- 
mêlant, c'est  mêlant  qu'il  fallait  dire; 
mais  il  eût  manqué  au  vers  deux  syllabes. 
Qu'est-ce  surtout  que  les  pleurs  de  leur 
rosée?  En  personnifiant  la  rosée,  ou  en 
prenant  pour  le  moins  ce  mot  dans  un 
sens  absolu,  on  pourrait  peut-être  dire 
classiquement  les  pleurs  delà  rosée;  mais 
\cs  pleurs  de  leur  rosée  est  le  comble  du 
ridicule.  Et  même  les  pleurs  de  la  rosée 
n'a  pas  le  sens  commun.  Les  classiques  di- 
sent les  pleurs  de  l'Aurore  pour  la  rosée  ; 
mais  jamais  lioileau  n'aurait  dit  les  pleurs 


de  la  rosée.  Tout  cela  parce  que  goutte» 
avait  une  syllabe  de  trop.  Les  modernes 
ont  transformé  ces  gouttes  de  rosée  qu'on 
voit  briller  le  matin  sur  les  ileurs  en  iris, 
en  perles,  en  opales,  et  en  diamants,  et 
certes  il  y  a  progrès.  Le  troisième  et  le 
quatrième  vers  ne  sont  pas  moins  antipoé- 
tiques. Qu'est-ce  que  leurs  voiles  propices? 
11  y  avait  autrefois  des  divinités  propices, 
des  vents  propices  ;  n.ais  oii  avez-vous  vu 
des  voiles  propices?  Propice  est  un  de  ces 
mots  banals  que  les  classiques  appélent  au 
secours  de  toute  rime  en  ice.  Et  quelle 
idée  vous  faites-vous  des  discrètes  délices 
d'un  parfum  prodigue?  Toujours  de  ces 
épithètes  ^ternes,  de  ces  mots  abstraits, 
qui  ne  peignent  rien,  qui  n'expriment 
rien,  et  laissent  l'esprit  dans  le  plus  grand 
vague.  Voyons  !  la  main  sur  la  conscience, 
est-ce  que  le  mot  discrètes  ne  forme  pas 
avec  rfé/tces  un  accouplement  monstrueux  ? 
Et  pourtant  ce  sont  de  tels  vers  que  vous 
proposez  aux  jeunes  gens  comme  des  ty- 
pes de  goût  et  de  pureté  1  Ce  sont  de  tels 
vers  que  vous  reproduisez  sans  cesse  dans 
vos  leçons  de  littérature,  affectant  le  plus 
grand  mépris  pour  les  admirables  produc- 
tions de  l'école  moderne  1  Est-ce  par  ha- 
sard pour  dégoûter  vos  élèves  de  la  poésie 
que  vous  puisez  à  de  telles  sources  ?  En  ce 
cas,  vous  n'êtes  pas  si  bêtes  qu'on  pour- 
rait le  croire  au  premier  abord,  et  Machia- 
vel vous  adopterait. 

Je  ne  vous  dis  rien  des  deux  derniers 
vers  de  RI.  Boisjolin,  sinon  qu'ils  sont  un 
peu  moins  médiocres  que  les  quatre  pre- 
miers, sans  valoir  pour  cela  davantage. 

Une  chose  curieuse  ,  c'est  la  quantité 
prodigieuse  de  vers  que  les  classiques  ont 
fondus  dans  le  moule  qui  a  servi  au  der- 
nier vers  de  M.  Boisjolin  ,  vers  toujours 
tordus  par  une  inversion  ridicule  et  renfer- 
mant dans  chaque  hémistiche  un  substan- 
tif et  une  épithète. 

D'un  prodigue  parfum  les  discrètes  délires. 
Sur  le  malheur  timide  un  modeste  bienfait, 

[BoisjoLi:<.) 

De  nuages  légers  cet  amas  précieux.         (Delille.  )  '• 
Du  règne  végétal  les  nourrissons  nombreux,        {i<^-J 
Déjà  de  nos  jardins  heureux  décorateur.  fld 

D'une  timide  fleur  persécuteurs  cruels  , 

vous  dirai-je  à  mon  tour,  savez-vous  pour- 
quoi la  violette  modeste  se  cache  avec  tant 
de  soin  ?  C'est  de  honte  d'avoir  été  l'oc- 
casion de  si  mauvais  vers. 


SIGNES  DIVERS.  BOÏANigUE.  677 

Clairière. 

J'avais  promis  de  passer  rapidement  sur  ces  matières ,  mais  le 
moyen  de  s'arrêter  en  si  beau  chemin.  Il  s'agissait  d'une  cliose  si 
utile ,  que  je  n'ai  pas  pu  me  résoudre ,  malgré  la  fatigue  qu'un 
tel  travail  m'a  causée,  à  la  traiter  d'une  manière  trop  superficielle. 
Sans  doute  je  suis  bien  loin  d'avoir  tout  dit ,  mais  je  n'ai  rien  né- 
gligé de  ce  qu'il  importe  vraiment  à  tous  de  savoir.  Si  je  ne  puis 
prétendre ,  m'étant  abstenu  avec  soin  des  détails  trop  technologi- 
ques ,  pour  ne  présenter  aux  yeux  de  mes  lecteurs  que  ce  que  la 
science  offre  de  plus  attrayant ,  si  je  ne  puis  prétendre  avoir  fait  un 
cours  de  botanique ,  dans  toute  la  rigoureuse  acception  du  mot,  du 
moins  me  flalté-je  d'avoir  contribué  à  rendre  celle  science  plus  ac- 
cessible. Le  moyen  ,  en  effet,  pour  celui  qui  ne  fait  pas  de  la  bota- 
nique sa  spécialité,  pour  l'homme  du  monde,  pour  l'artiste,  pour 
le  poète  surtout ,  si  intéressé  à  connaître  la  nalure  qu'il  chante  et 
qui  l'inspire;  le  moyen,  dites-moi,  pour  ces  hommes  qui  ne  de- 
mandent aux  fleurs  dont  ils  admirent  l'éclat,  dont  ils  respirent  le 
doux  parfum ,  que  leur  nom ,  leur  pays,  leurs  habitudes ,  leur 
histoire  ,  afin  d'en  consacrer  à  jamais  le  souvenir  dans  leur 
cœur  ;  le  moyen  pour  eux  d'acquérir  ces  notions  précieuses  par 
les  traités  spéciaux  des  savants,  tout  hérissés  de  grec  et  de  la- 
tin, horribles  grimoires  impossibles  à  déchiffrer,  où  la  nature  flé- 
trie et  morte  n'est  plus  qu'à  l'élat  de  cadavre  et  de  dissection.  Qu'i- 
rait-il chercher  dans  ces  laboratoires  hideux?  le  poète  qui  croit  à 
l'àme,  aux  passions  des  fleurs, aux  rapports  sympathiques  delà  na- 
ture avec  l'homme  ;  qui  entend  les  voix  mystérieuses  de  l'hyssope 
et  du  cèdre  ;  et  qui  ne  demande  qu'à  s'initier  de  plus  en  plus  dans 
le  sens  de  tant  de  merveilles,  où  il  se  retrouve  lui-môme  à  chaque 
pas  ;  qu'à  resserrer  de  plus  en  plus  le  lien  sacré  qui  Tunit  à  toutes 
les  choses  créées. 

Les  savants  ne  se  doutent  pas  même  des  analogies  mystérieuses 
qui  existent  entre  Thonime  et  la  plante,  l'homme  et  les  animaux; 
analogies  admirables,  que  les  poètes,  toujours  plus  clairvoyants, 
ont ,  sinon  pénétré  ,  du  moins  pressenti ,  et  qui  répandent  un  si 
grand  charme  sur  l'étude  de  la  nature.  Si  les  botanistes,  au  lieu  de 
nous  cracher  une  si  grande  quantité  de  latin  et  de  grec,  pour  nous 
intéressera  une  plante,  s'attachaient  davantage  à  découvrir  les  liens 
intimes  que  Dieu  a  établis  entre  l'homme  et  ce  qui  l'entoure  ;  si,  au 


678  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

lieu  de  professer  pour  les  poètes  un  dédain  aussi  slupide ,  ils  s'ap- 
pliquaient enfin  à  lire  dans  ce  nouveau  livre  que  l'instinct  de  ceux- 
ci  leur  a  révélé ,  mais  qu'ils  n'ont  pu  qu'effleurer,  faute  de  notions 
suffisantes,  faute  des  moyens  efficaces  que  la  science  a  seule  en 
son  pouvoir,  quelle  reconnaissance  ne  leur  devrions-nous  pas  ! 
Comme  l'histoire  de  la  nature  ,  si  insipide  jusqu'à  présent ,  s'anime- 
rait tout  à  coup  à  nos  yeux  !  en  nous  faisant  ainsi  aimer ,  comme 
dit  un  poète,  à  titre  de  portrait,  une  fleur,  un  fruit ,  une  feuille, 
une  racine ,  parce  que  nous  y  verrions  un  miroir  de  nos  âmes. 
Il  n'est  pas  de  plante  si  méprisée  qui  ne  devînt  alors ,  par  la  vérité 
de  ses  emblèmes,  aussi  séduisante  que  la  rose  et  que  la  violette. 

Un  des  plus  grands  génies  de  notre  siècle  nous  a  déjà  montré  le 
chemin.  Écoulez-le  : 

0  Chacun  se  récrie ,  dit-il ,  sur  le  lugubre  aspect  deViris  tigré,  qui 
étale  pompeusement  les  couleurs  du  deuil ,  et  qui  est  sans  parfum, 
sans  coloris.  D'où  vient  ce  contraste  de  luxe  et  de  tristesse?  C'est 
qu'il  est  destiné  à  représenter  les  mariages  de  princes,  d'où  l'on 
exclut  les  convenances  d'amour ,  et  qu'on  prive  ainsi  de  tout  charme 
et  de  tout  parfum  ,  comme  la  fleur  qui  en  est  l'emblème. 

«  Remarquez  que  l'iris,  emblème  du  mariage  en  général,  porte 
trois  chenilles  sur  ses  trois  pétales. 

0  Rien  n'est  moins  intéressant  que  le  buis ,  symbole  de  la  pau- 
vreté. Il  habite  les  lieux  arides  elles  terrains  ingrats,  comme  l'in- 
digent qui  n'a  souvent  pour  demeure  qu'une  masure.  On  voit  les 
insectes  s'attacher  au  buis,  comme  au  pauvre,  qui  n'a  pas  le  moyen 
de  s'en  garantir.  Comme  ce  dernier  qui  ne  laisse  pas  d'aimer  l'hum- 
ble gîte  où  il  trouve  à  peine  un  refuge  contre  le  froid ,  le  buis  s'at- 
tache fortement  au  mauvais  sol  où  il  est  relégué.  Le  pauvre  n'a 
point  de  plaisirs  ,  ce  que  la  nature  a  voulu  représenter  en  privant 
de  pétales  la  fleur  du  buis,  caries  pétales  sont  l'emblème  du  plai- 
sir. Son  fruit  est  une  marmite  renversée ,  image  de  la  cuisine  du 
pauvre  qui  est  réduite  à  rien.  Sa  feuille  creusée  en  cuillère  pour  re- 
cueillir une  goutte  d'eau,  c'est  la  main  du  pauvre  réclamant  une 
obole  de  la  compassion  des  passants.  Son  bois  est  serré  et  très- 
noueux,  par  aflusion  à  la  vie  rude  et  à  la  gêne  du  misérable,  chez 
qui  règne  l'insalubrité,  figurée  par  l'huile  fétide  qu'on  retire  du 
buis. 

»  Le  tableau  du  parasite  n'est  pas  moins  fidèle  dans  \c  gui,  vi- 
vant des  sucs  d'aulrui ,  se  développant  en  tout  sens,  comme l'intri- 


SIGNES  DIVERS.   BOTANIQUE.  679 

gant  qui  prend  tous  les  masques.  Le  gui  figure  par  sa  feuille  la  du- 
plicité, et,  par  sa  glu,  funeste  aux  oiseaux,  les  ruses  du  parasite, 
autre  glu  où  les  sots  se  prennent.  » 

Pourquoi,  dit  la  critique,  n'avoir  donné  aucun  parfum  à  des 
fleurs  telles  que  la  tulipe ,  la  renoncule,  la  balsamine,  la  couronne 
impériale,  et  autres,  qui  pour  cette  raison  sont  dédaignées  du  beau 
sexe ,  quoique  très-remarquables  de  couleur  et  d'éclat  ?  Croyez- 
vous  peut-être  que  Dieu  s'est  trompé?  Allez!  le  Créateur  est  ua 
peintre  fidèle  ;  il  ne  connaît  pas  d'erreur. 

Laissons  encore  parler  notre  guide  (1). 

«  Chacun,  dit-il,  connaît  la  balsamine ,  ressource  des  parterres 
en  automne.  Si,  pour  recueillir  ses  graines,  on  en  détache  avec 
précaution  une  douzaine  de  capsules ,  puis  qu'on  ferme  la  main 
pour  les  mieux  retenir,  aussitôt  les  enveloppes  éclatent,  et  la  graine 
s'échappe  de  toutes  parts.  La  cueillette  est  perdue  par  trop  d'em- 
pressement à  la  posséder.  N'est-ce  pas  là  une  raillerie  de  la  na- 
ture? Nous  offrir  un  présent  qu'elle  nous  retire  au  moment  où  nous 
croyons  le  tenir.  Expliquons  le  secret  de  cette  bizarrerie. 

»  La  balsamine  est  le  portrait  du  riche  industriel ,  toujours  sou- 
verainement égoïste.  Les  feuilles,  finement  et  symétriquement  dis- 
tribuées ,  sont  un  emblème  du  travail  intelligent.  Une  touffe  de 
feuilles  surmonte  les  fleurs,  comme  symbole  de  l'économie,  qui 
veut  que  le  bénéfice  excède  la  dépense.  Pareille  au  riche  économe, 
qui  peut  briller  longtemps  sans  s'appauvrir  ,  la  balsamine  donne 
une  série  de  fleurs  copieuses ,  brillantes,  et  souvent  renouvelées. 

»  Les  couples  doués  de  cette  prudence  raffinée  sont  d'une  ambi- 
tion et  d'un  égoïsme  effrénés.  Aussi  la  balsamine ,  par  analogie,  re- 
fuse-t-elle  tout  cadeau  à  l'homme.  Dépourvues  de  pétiole  et  dé- 
fendues par  un  feuillage  épais  ,  ses  fleurs  ne  peuvent  être  cueillies 
ni  une  à  une  ni  par  bouquets.  C'est  une  plante  qui  ne  vit  que  pour 
elle,  comme  les  riches  égoïstes  ,  gens  d'industrie  et  de  représenta- 
tion ,  utiles  à  la  masse,  mais  plats  et  insipides  ;  gens  qui  se  rendent 
nécessaires  comme  la  balsamine,  mais  qui  ne  sont  ni  aimés  ni  ai- 
mables. Ainsi  que  cette  fleur  qui  s'empare  des  lieux  les  plus  fré- 
quentés du  parterre ,  et  y  joue  un  rôle  important,  sans  répandre  au- 
tour d'elle  aucun  charme,  car  elle  est  dépourvue  de  tout  parfum, 

(1)  Nous  prévenons  qu'il  nous  est  impossible  de  citer  textueilcnienl. 
Nous  empruntons  les  idées,  mais  non  la  forme,  qui  n'est  qu'imparlaile- 
ment  présente  à  notre  mémoire. 


680  CLEF  nE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

les  riches  industriels  savent  s'installer  dans  toutes  les  avenues  de 
la  grandeur.  Elle  est  tardive  et  ne  brille  guère  qu'en  automne,  par 
allusion  à  ces  thésauriseurs  qui  ne  commencent  que  tard  à  figurer 
dans  le  monde.  Malgré  toute  leur  vigilance  ,  il  arrive  que  leur  for- 
tune passe  à  des  héritiers  imprudents  qui  la  dissipent;  et  de  même 
la  graine  ou  héritage  de  la  balsamine  s'échappe  des  mains  au  mo- 
ment où  on  la  recueille.  » 

Voilà  l'intrigant  industriel;  voyons  maintenant  son  opposé,  le 
savant  ou  l'artiste. 

T>  Il  est  représenté  par  la  fleur  qu'on  nomme  couronne  impériale, 
composée  de  six  corolles  renversées,  et  surmontée  d'un  bouquet 
de  feuilles,  comme  dans  la  balsamiue.  Cette  fleur,  qui  a  la  forme 
de  la  vérité  (forme  triangulaire  du  lis  et  de  la  tulipe) ,  excite  sur- 
tout un  vif  intérêt,  à  cause  de  six  larmes  qui  se  trouvent  au  fond 
du  calice.  Il  semble  par  là  que  la  fleur  soit  dans  la  tristesse  ;  elle 
baisse  la  tête  et  répand  de  grosse  larmes  qu'elle  tient  cachées  sous 
ses  élamines.  C'est  donc  l'emblème  d'une  classe  qui  gémit  en  se- 
cret. Cette  classe  est  très-industrieuse ,  ce  que  représente  la  touffe 
de  feuilles  groupées  au  haut  de  la  tige ,  véritable  symbole  de  la 
haute  et  noble  industrie ,  celle  des  sciences  et  des  arts. 

»  La  classe  qui  gémit  ainsi  en  secret  n'est  pas  celle  des  plébéiens 
grossiers  ,  mais  celle  des  savants  utiles ,  obligés  de  fléchir  devant 
le  vice  heureux.  Aussi  la  plante  ,  inclinant  ses  belles  fleurs  ,  garde- 
t-elle  une  attitude  humiliante.  Les  fleurs  sont  gonflées  de  larmes 
cachées ,  image  du  sort  des  savants  et  des  artistes,  qui  font  l'orne- 
ment principal  de  la  société  et  n'en  sont  payés  que  par  des  dégoûts^, 
tandis  que  les  agioteurs  et  les  sang-sues  des  peuples  amassent  des 
trésors  en  quelques  instants. 

»  Elles  ont  la  couleur  de  l'orange,  qui  est  celle  de  l'enthousiasme, 
par  analogie  à  la  classe  des  savants  et  des  artistes  qui  n'ont  d'autre 
soutien  que  l'enthousiasme  contre  la  pauvreté  et  les  humiliations 
dont  ils  sont  abreuvés  dans  le  plus  bel  âge. 

»  A  la  suite  d'une  pénible  jeunesse  ,  ils  parviennent  quelquefois 
à  obtenir  un  peu  de  relief,  un  peu  de  bien-être.  Par  allusion,  la 
fleur  dont  nous  parlons ,  après  avoir  passé  le  bel  âge  dans  une  at- 
titude humiliante,  élève  enfin  son  pédoncule  et  sa  capsule  de  graines; 
mais  il  est  trop  tard  pour  prendre  cette  attitude,  quand  le  pédon- 
cule n'est  plus  orné  de  sa  belle  fleur  et  n'a  plus  qu'une  triste  gousse 
à  présenter.  De  même  les  savants  et  les  artistes  ne  peuvent  lever 


SIGNES  DIVERS.  BOTANIQUE,  681 

ià  lôte  el  s'affranchir  d'une  longue  gène ,  d'une  longue  oppression, 
qu'après  avoir  perdu  les  beaux  jours  de  la  vie  à  s'amasser  un  pelit 
pécune  ,  destiné  à  préserver  leur  vieillesse  de  l'indigence.  » 

Quelle  science  précieuse  que  celle  qui  nous  mènerait  ainsi ,  par 
l'étude  attrayante  des  analogies  ,  à  l'explication  de  cette  unité  uni- 
verselle que  proclament  unanimement  tous  les  corps  savants  (1),  et 
dont  tous  leurs  efforts  ,  toutes  leurs  recherches  n'ont  pu  encore  dé- 
couvrir les  lois ,  bien  que  Newton  par  sa  théorie  de  l'attraction 
matérielle,  eût  dû  leur  ouvrir  les  yeux  sur  la  méthode  qu'il  y 
avait  désormais  à  suivre  pour  arriver  au  but  désiré  ! 

Cette  nouvelle  science  présente  à  l'esprit  fin  et  délié  des  dames 
des  énigmes  autrement  intéressantes  que  celles  que  leur  envoient 
chaque  jour  les  petits  journaux,  pour  amuser  leur  oisiveté. 

Continuons  avec  l'auteur  de  cette  découverte  importante. 

8  Le  lis  ,  dit-il ,  est  un  des  nombreux  emblèmes  de  la  vérité.  Sa 
tige  est  droite  et  ferme  comme  la  marche  de  l'homme  juste.  Elle 
se  distingue  par  un  entourage  de  folioles  gracieuses ,  comme 
l'homme  juste  qui  brille  par  les  traces  d'estime  qu'il  laisse  dans 
toutes  ses  fonctions  industrielles  ou  administratives  (feuille  et  tra- 
vail sonl  synonymes ,  dans  la  langue  des  analogies).  La  corolle  est, 
comme  celle  de  la  tulipe,  un  triangle  sans  calice  ,  par  analogie  à 
l'homme  véridique  (  lis)  et  à  l'homme  équitable  {tulipe).  Leur  con-* 
duite  ne  s'enveloppe  d'aucun  mystère.  De  même  la  racine  bul- 
beuse du  lis,  entr'ouverte  de  toutes  parts  en  lames  détachées,  laisse 
plonger  le  regard  dans  son  intérieur ,  par  analogie  à  la  marche  de 
l'homme  loyal  dont  le  fond  du  cœur  est  à  découvert.  Dans  cette 
fleur,  emblème  de  pureté  et  de  droiture,  on  remarque  deux  parti- 
cularités curieuses:  elle  esl  perfide  et  vit  reléguée  au  loin. 

»  1°  Perfide, ence  qu'elle  barbouille  d'une  poudre  jaunâtre  celui 
qui ,  séduit  par  son  doux  parfum  ,  s'en  approche  de  trop  près  pour 
la  respirer.  Cette  souillure  qui  excite  les  huées  ,  représente  le  sort 
de  ceux  qui  se  familiarisent  avec  la  vérité. 

»  Qu'un  homme  docile  aux  leçons  des  philosophes  ,  et  résolu  à 
pratiquer  Y  auguste  vérité,  qui  est,  disent-ils,  la  meilleure  amie 
des  hommes ,  s'en  aille  dans   un  salon  dire  la  bonne  et  franche 

(1)  Tout  est  lié  ,  disent-ils,  dans  le  système  de  l'univers,  et  il  y  a  unité 
d'action  entre  toutes  ses  parties. 

T.  II.  8G 


082  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

vérité  sur  les  fails  et  gestes  des  .assistants  ,  sur  les  grivelages  (  I  ) 
des  gens  d'affaires  et  les  intrigues  secrètes  des  dames  pré- 
sentes ,  ou  seulement  leur  faire  sentir  leur  cgoisme ,  leur  vanité  , 
leur  aveuglement ,  il  sera  conspué ,  traité  de  sauvage ,  d'ostrogolii , 
de  butor.  Chacun,  par  un  geste  d'horreur  ou  quelque  chose  de  plus 
significatif  encore  ,  lui  prouvera  que  \ auguste  vérité  n'est  pas  du 
tout  lu  meilhure  amie  des  hommes,  et  ne  peut  conduire  qu'à  des 
disgrâces  quiconque  veut  la  pratiquer.  »  Ou  ,  s'il  se  contente  de  la 
proclamer  daus  ses  livres ,  les  persécutions  de  toutes  sortes  seront 
son  partage.  Il  se  verra ,  comme  le  bouc  émissaire  des  Hébreux , 
chargé  de  l'analhème  universel  et  précipité  dans  l'abîme. 

î  La  nature  a  écrit  cette  leçon  dans  le  pollen  qui  remplit  les  éla- 
mines  du  lis.  Il  semble  qu'elle  ait  voulu  dire  à  l'homme  attiré  par 
cette  fleur  :  défie-toi  de  la  vérité;  ne  t'y  fie  pas.  C'est  là  le  but  de 
ce  barbouillage  qu'elle  imprime  sur  les  nez  imprudents  qui  se  frot- 
tent sans  précaution  à  la  fleur  du  lis  ,  et  se  font  l'instant  d'après  , 
montrer  au  doigt  par  les  enfants  comme  on  se  fait  montrer  au  doigt 
par  les  pères ,  quand  on  se  hasarde  à  leur  dire  Y  auguste  vérité. 

»  2"  Reléguée.  La  vérité  est  belle,  si  l'on  veut,  mais  belle  à  voir 
de  loin  ;  et  telle  est  l'opinion  du  grand  monde  ,  puisqu'il  n'accueille 
pas  la  fleur  de  vérité. 

»  On  ne  présentera  pas  un  bouquet  de  lis  à  une  femme  de  bon 
ton ,  on  ne  verra  pas  de  lis  dans  le  salon  d'un  Crésus.  Toute  belle 
qu'est  cette  fleur ,  malgré  son  parfum  ,  son  éclat ,  elle  ne  convient 
pas  à  la  classe  des  sybarites.  Ils  n'aiment  le  lis  que  de  loin,  comme 
la  vérité;  ilsle  relèguent  dans  les  coins  du  parterre.  La  fleur,  comme 
bouquet,  ne  peut  convenir  qu'au  peuple  qui  ne  craint  pas  la  vé- 
rité. Aussi  voit-on  le  lis  figurer  dans  les  fêtes  publiques  et  sur  la 
porte  des  cabarets ,  où  règne  la  vérité  (2).  Il  charme  les  enfants 
qui  ne  craignent  pas  la  franche  et  bonne  vérité.  Enfin,  on  l'emploie 
à  orner  les  statues  et  les  portraits  des  saints  aux  jours  de  fête  ;  et 
c'est  fort  bien  fait,  de  placer  le  symbole  de  la  vérité  entre  les  mains 
des  habitants  du  ciel  ;  car ,  si  elle  est  de  recette  en  l'autre  monde, 
elle  ne  l'est  nullement  en  celui-ci. 

»  Si  nous  ignorons  les  causes  qui  ont  présidé  à  chaque  détail  de 

(1)  Profits  illicites  et  secrets  qu'on  fait  dans  un  emploi.  L'Académie  ad- 
met grivelce  et  grivèlerie;  nous  prelerons  grivelage  comme  plus  énergique. 

(2)  Dans  les  Pyrénées  on  atlache  des  bouquets  de  lis,  le  jour  de  Saint- 
Jcan-liaptiste,  sur  la  porte  des  maisons  jusqu'.'i  l'année  suivante. 


SIG.NES    DIVERS.     BOTANIQUE.  ()S5 

la  création  ,  nous  sommes  tentés  à  tout  moment  de  critiquer  la  na- 
ture et  son  docte  auteur,  dont  nous  admirerions  le  pinceau  fidèle, 
si  nous  savions  déterminer  par  l'analogie  le  sens  de  leurs  tableaux. 
Le  lis  qui  ne  barbouillerait  pas  les  nez  civilisés,  ne  serait  plus  l'in- 
terprète exact  des  périls  encourus  par  cel  ui  qui  vient  dans  le  monde 
pratiquer  la  vérité  et  la  droiture.  » 

Nous  ne  pouvons  résister  au  désir  de  reproduire ,  aussi  fidèle- 
ment que  possible  ,  encore  quelques  unes  de  ces  analogies  si  inté- 
ressantes, étudiées  sur  des  fruits. 

«  La  mûre  de  ronce ,  emblème  de  la  vraie  morale ,  qui  ne  pré- 
sente comme  la  ronce  que  des  épines  ,  est  un  fruit  fade  et  bon  tout 
au  plus  pour  des  enfants,  mais  inadmissible  sur  les  bonnes  tables. 
Il  en  est  de  même  de  la  morale ,  dont  les  systèmes  ennemis  du 
luxe  peuvent  trouver  crédit  chez  les  enfants ,  mais  qui  n'en  trouvent 
guère  chez  les  hommes  faits.  Ce  petit  fruit,  en  passant  du  ronge  au 
noir,  de  la  couleur  du  luxe  à  celle  du  deuil ,  nous  peint  la  marche 
de  la  morale  qui ,  fille  de  l'opulence  ;,  ne  conduit ,  hélas  !  qu'à  la 
ruine,  à  la  pauvreté,  à  la  mort,  celui  quila  pratique  dans  le  monde;  » 
ce  qui  certainement  dénote  un  grand  vice  dans  le  mécanisme 
social  ;  puisque  ce  qui,  dans  l'ordre  de  Dieu,  devrait  produire  le 
bien,  comme  la  justice  et  la  vérité  ,  n'y  peut  jamais  engendrer  que 
le  mal.  N'est-ce  pas  la  meilleure  preuve  que  la  société  n'est  pas  or- 
ganisée selon  les  vues  de  Dieu,  qui  ne  peut  vouloir  que  le  bien? 

Et  les  partisans  du  meilleur  des  mondes ,  les  vrais  sages  du  Jour- 
nal des  Débats ,  ces  plaisants  Sganarelles  de  la  comédie  sociale, 
n'ont-ils  pas  infiniment  de  grâce  à  nous  chanter  sur  mille  gammes 
que  tout  est  pour  le  mieux ,  et  que  l'assujétisseraent  de  600  millions 
d'hommes  à  des  czars  anthropophages  et  à  des  pachas  coupe-têtes 
est  «  la  perfectibililé  perfectible  y> ,  qu'il  n'est  pas  possible,  lors- 
qu'ils ont  bien  dîné  .  que  quelqu'un  ait  faim  ! 

Les  plus  grands  génies ,  tels  que  les  Montesquieu  ,  les  Rousseau, 
les  Condillac ,  les  Voltaire,  etc.,  etc.,  confessent  le  malheur  uni- 
versel et  invoquent  la  découverte  d'un  ordre  social  moins  pervers, 
moins  désastreux  que  celui  auquel  nous  sommes  soumis;  mais  il 
suffit  qu'au  milieu  de  la  débâcle  générale  le  Journal  des  Débats  ait 
trouvé  à  s'arranger  commodément  dans  un  petit  coin,  pour  qu'il  ne 
s'inquiète  plus  de  ceux  qui  ont  faim,  qui  ont  froid,  qui  sont  écrasés 
sous  les  pieds  des  sophistes  et  des  agioteurs ,  ou  qu'il  ne  s'en  in- 
quiète que  pour  les  railler  sur  leurs  déconvenues  vraiment  ridicules. 


i)Si  CLEF  DE  LA  LAAGLE  ET  DES  SCIENCES. 

Le  Journal  des  Débats  n'a  pas  assez  de  sarcasmes  pour  flétrir  la 
poésie  el  les  poêles,  qui  s'apitoycnt  sur  les  malheurs  du  peuple. 
Mais  n'y  a-t-il  pas  véritablement  de  quoi  nous  éditier  dans  un  or- 
dre social,  si  évidemment  contraire  aux  vues  divines,  que  la  vertu,  ce 
lien  qui  unit  l'homme  à  Dieu,  et  le  bonheur  qui  en  émane,  y  sont  im- 
possibles? à  moins  qu'on  n'appelé  ver/M  la  quiétude  de  quelques  gens 
riches,  eibonheur,  l'outrageant  épicurisme  du  Journal  des  Débats . 

N'est-ce  pas  une  chose  admirable  qu'un  ordre  social  où  chaque 
classe  est  intéressée  à  souhaiter  le  mal  des  autres?  «  Où  l'homme  de 
loi  désire  que  la  discorde  s'établisse  dans  toutes  les  riches  familles, 
et  y  crée  de  bons  procès?  où  le  médecin  souhaite  à  ses  concitoyens 
quelques  bonnes  fièvres  et  bons  catarrhes  (1)  ?  où  le  militaire  appelé 
de  tous  ses  vœux  une  bonne  guerre  qui  tue  moitié  des  camarades, 
afin  de  lui  procurer  de  l'avancement?  où  le  pasteur  lui-même  est 
intéressé  à  ce  que  le  mort  donne ,  et  qu'il  y  ait  de  bons  morts,  c'est 
à  dire,  des  enterrements  à  mille  francs  pièce?  où  l'éligible  caresse 
en  son  cœur  une  bonne  proscription  qui  exclue  la  moitié  des  titu- 
laires ,  el  lui  facilite  l'accès  ?  Où  le  juge  ne  demande  pas  mieux  que 
de  voir  la  France  fournir  annuellement  45,700  bons  crimes,  car 
sans  les  crimes,  les  tribunaux  seraient  anéantis?  où  l'accapareur 
réclame  du  ciel  une  bonne  famine,  qui  élève  le  prix  du  pain  au 
double  et  au  triple  (2)?  où  pareillement  le  marchand  de  vins  ne 
rêve  que  bonnes  grêles  sur  les  vendanges  et  bonnes  gelées  sur  les 
bourgeons?  où  l'architecte,  le  maçon,  le  charpentier,  n'aspirent 
qu'après  un  bon  incendie ,  qui  consume  une  centaine  de  maisons 
pour  activer  leur  négoce?  »  où,  d'un  autre  côté,  l'on  voit  les  Ho- 
mère mendier  leur  pain,  tandis  que  de  vraies  bêtes  brutes  sont  lo- 
gées dans  de  grands  palais  ?  où  les  hommes  qui  honorent  l'esprit 
humain  sont  couverts  de  haillons,  tandis  que 

Des  roturiers  vernis  et  des  nobles  déteints 

Se  raillent  lâchement  de  nos  sombres  destins? 

(1)  Un  religieux  de  l'Abbaye  de  Saint-Denis,  apercevant  le  célèbre  mé- 
decin Thierri  de  Héry  à  genoux  devant  le  tombeau  de  Charles  VIII,  crut 
devoir  l'avertir  que  ce  n'était  pas  le  tombeau  d'un  Saint. 

Héry  répondit  qu'il  n'invoquait  point  Charles  VIII  ;  «  mais  ce  prince  , 
poursuivil-il ,  a  apportéen  Fiance  une  irialadiequi  m'acomblé  de  richesses, 
et  pour  un  si  grand  bienfait  je  lui  rends  des  prières  que  j'adresse  à  Dieu 
pour  le  repos  de  son  âme.  » 

(2)  Toute  ma  vie  je  me  rappèlerai  cette  parole  que  j'ai  entendu  sortir, 
en  1832,  delà  bouche  d'un  riche  propiiétaire  des  environs  de  Brive-la- 
(jaillarde  :  «  La  récolte  ne  sera  pas  si  mauvaise  qu'on  le  dit.  Tant  pis  !  car 
mes  greniers  regorgent  de  grains  dont  j'aurais  pu  tirer  un  bon  parti.  » 


SIGNES  DIVERS.   BOTAMQLE.  683 

OÙ ,  pour  tout  résumer  en  un  mol ,  la  condition  du  peuple  est  cent 
fois  pire  que  celle  des  bêtes  féroces  ,  que  celle  du  lion,  bien  vêtu, 
bien  armé ,  et  prenant  sa  subsistance  où  il  la  trouve ,  sans  courir  le 
risque  d'être  traîné  au  gibet  ?  » 

Laissons  le  Journal  des  Débats  s'égayer  de  ce  beau  spectacle,  et 
revenons  à  nos  emblèmes. 

«  Passant  du  simple  au  composé;,  de  la  mûre  à  la  frambroise,nous 
trouverons  dans  celle-ci  l'image  de  la  fausse  morale,  qui  amalgame 
avec  quelques  momeries  de  bons  principes  les  dogmes  d'ambition 
et  de  rapacité.  Elle  s'en  tient  à  la  couleur  du  luxe ,  au  rouge  vif. 
Elle  rejette  l'épine,  par  allusion  à  la  morale  mondaine  qui  rejette 
les  doctrines  contraires  au  plaisir.  Elle  est  comme  la  mûre,  divisée 
par  petites  capsules  comprimées ,  en  symbole  de  l'éducation  civi- 
lisée, qui,  même  chez  les  grands  du  monde,  est  un  concours  de 
doctrines  répressives  et  ne  produit  que  des  enfants  viciés  et  sus- 
pects. Aussi  la  framboise,  qui  en  est  l'hiéroglyphe,  est-elle  de  tous 
les  fruits  le  plus  véreux, ce  qui  la  fait  dédaigner  généralement,  mal- 
gré sa  saveur  exquise.  Les  enfants  seuls  la  mangent  sans  défiance; 
de  même  que  dans  le  monde  les  gens  qui  ont  peu  vécu  se  lient  fa- 
cilement avec  un  homme  imbu  de  mauvais  principes ,  mais  sédui- 
sant par  la  forme  et  le  vernis.  » 

J'en  passe  et  des  meilleurs. 

«  Les  groseilles  sont  l'emblème  des  enfants  peu  cultivés,  et  livrés 
à  la  bonne  nature.  Ils  sont  d'une  franchise  mordante  et  indiscrète; 
capables  d'aller  répétera  une  femme  à  prétention  quelque  fâcheuse 
vérité  qu'ils  auront  entendu  dire.  Le  fruit  qui  peint  ses  petits  di- 
seurs de  vérité  est  naturellement  d'une  saveur  très-piquante.  Il  a  de 
la  grâce ,  parce  que  la  vérité  est  gracieuse  chez  l'enfant,  et  amuse 
autant  qu'elle  pique.  Un  tel  rôle  n'est  pas  sans  utilité;  il  corrige  en 
Tiani  {castigat  ridendo).  Aussi  le  fruit  du  groseiller  rouge  est-il 
purgatif  et  très-sain.  La  plante,  par  ses  feuilles  et  ses  grappes,  res- 
semble à  la  vigne,  emblème  d'amitié  composée.  Aussi  ces  enfants 
libres,  loquaces,  indiscrets,  sont-ils  le  plus  adonnés  àVamitié 
simple . 

»  De  tous  les  végétaux  le  raisin  est  le  plus  ami  de  l'homme  ;  le  vin 
pris  modérément,  met  les  convives  en  gaieté,  en  amitié,  aide  à  la 
digestion,  etc.  Le  vin  est  aussi  salutaire  à  l'homme  fait  que  le  rai- 
sin qui  le  produit  est  salutaire  à  l'enfant,  que  ce  fruit,  bien  mûr 
cl  mangé  sans  excès,  rend  frais  et  robuste,  et  prémunit  fortement 


/ 


680  <:i,EF  DE  LA  LANGIE  ET  DES  SCIENCES. 

contre  les  maladies.  I.a  vigne  vraiment  amie  de  riiomme,veul 
embrasser  nos  arbres,  nos  maisons.  11  faut  qu'elle  s'associe,  qu'elle 
forme  des  liens  avec  tout  ce  qui  Teuloure.  Aussi  est-elle  douée  de 
vrilles,  attribut  d'alliance  et  d'amitié.  Elle  ne  donne  de  bon  fruit 
qu'autant  qu'elle  est  fortement  recepée  ,»  emblème  frappant  de  la 
société ,  dont  on  ne  peut  rien  espérer  de  bon  ,  tant  qu'elle  n'aura 
pas  été  purgée  de  ce  chaos  inextricable  de  codes  et  de  sophismes 
diaboliques  qu'elle  pousse  de  tous  côtés,  et  qui  usurpent  effronté- 
ment la  place  de  la  loi  divine  ;  loi  d'union  et  d'amour,  source  unique 
de  tous  les  biens ,  après  les  quels  soupirent  en  vain  les  peuples  , 
condamnés  par  ce  régime  immoral  et  impie  dont  le  Journal  des 
Débats  \auie  les  douceurs  ,  à  n'ambitionner,  hélas  !  pour  tonte  dou- 
ceur qu'un  morceAa  de  pain  au  bout  d'un  travail  meurtrier. 

Le  Journal  des  Débats  tient  à  ce  doux  régime,  comme  le  geôlier 
tient  à  sa  prison,  le  bourreau  à  son  gibet.  Et  qu'est-ce  que  la  société 
organisée  comme  elle  l'est  aujourd'hui,  sinon  une  vaste  prison,  re- 
gorgeant de  victimes,  ou  il  n'y  a  un  peu  de  bonheur  que  pour  les 
sbires  et  les  bourreaux  ?  Quelle  chose  monstrueuse  et  digne  unique- 
ment de  l'enfer  que  de  voir  des  créatures  de  Dieu  consentir  à  être 
pour  quelques  sous  les  instruments  de  la  tyrannie,  de  l'oppression, 
de  la  persécution  exercée  sur  leurs  frères  par  des  tigres  à  face 
d'homme,  qui  ne  connaissent  d'autre  loi  que  leur  caprice  et  leur 
humeur,  pour  déchirer,  torturer,  mutiler,  exiler,  brûler,  égorger 
les  bètes  humaines  dont  la  présence  les  Importune;  bêtes  plus 
bêles,  en  effet,  que  les  plus  stupides  des  animaux,  qui  ne  se 
laisseraient  pas  maltraiter  ainsi  sans  opposer  au  moins  une  ombre 
de  résistance? — Quelle  profonde  et  désespérante  signification  dans 
ces  paroles  de  Charles  I'^''^  qui,  comme  il  était  sur  le  point  d'être 
jugé  ,  entendant  quelques  soldats  ,  soudoyés  par  leurs  officiers,  de- 
mander à  grands  cris  que  justice  fût  faite  ,  s'écria  :  «  Pauvres  mal- 
heureux !  un  peu  d'argent  de  ma  part  leur  en  ferait  dire  autant  con- 
tre ceux  qui  les  soudoient  !  »  Ainsi  fait  le  Journal  des  Débats. 
Comme  le  gui  parasite ,  il  s'attache  étroitement  à  l'arbre  qui  le  nour- 
rit; cet  arbre  absorbàt-il  en  lui 

Tout  le  suc  de  la  terre  et  toute  l'eau  du  ciel. 

Comme  le  gui  de  chêne  ,  le  Journal  des  Débals  a  la  prétention 
de  suppléer  à  tout ,  de  guérir  tous  les  maux.  Malheur  au  poète  mal 
avisé  qui  n'accorde  pas  une  foi  entière  à  l'oracle  sacré  des  Gaulois, 


SIGNES  DIVERS.  BOTANIQUE.  087 

el  qui  vient  tout  ému  de  compassion  pour  les  maux  de  l'humanité, 
qu'il  voit  réduite  à  l'agonie  faute  d'air  et  de  nourriture ,  représenter 
à  ce  digne  complaisant  de  l'autorité  l'abîme  incommensurable  où 
nous  entraîne  sa  fausse  sagesse  !  on  lâche  aussitôt  contre  lui  quel- 
que limier  de  basse-cour,  comme  par  exemple  M.  Cuvillicr  Fleuri, 
quelque  dogue  enragé  qui  le  force  à  battre  en  retraite  !  Tour  le 
Journal  des  Débats  les  grands  hommes^  les  grands  orateurs,  sont  ceux 
quMI  peut  gruger  à  son  aise,  comme  pour  un  tas  de  vers  le  meilleur 
des  mondes  possibles  est  le  fromage  qu^ils  rongent.  Nul  n'a  mieux 
retenu  que  le  Journal  des  Débats  cette  maxime  infâme  du  maré- 
chal de  Villeroi ,  son  digne  maître  en  flagorneries  :  «  Il  faut ,  di- 
sait-il ,  tenir  le  pot  de  chambre  aux  ministres ,  tant  qu'ils  sont 
en  place,  et  le  leur  verser  sur  la  tête  quand  ils  n'y  sont  plus.» 
Et  des  hommes  qui  ont  leurs  cinq  sens,  qui  voient,  qui  sentent, 
qui  goûtent ,  qui   palpent ,  qui  entendent  ;  des  hommes  qui  ont 
des   yeux,  des  oreilles,   des  mains,  des  pieds,  se  laissent  en- 
core piper  par  ces  charlatans,  par  ces  escobards!  Et  les  peuples 
avertis  par  une  voix  secrète,  qui  est  celle  de  Dieu,  et  qui  leur  crie: 
((  Vous  êtes  tous  frères,  vous  êtes  tous  membres  d'une  même  famille, 
dont  le  père  est  Dieu;  vous  avez  tous  des  droits  égaux  à  son  héri- 
tage qui  est  le  bonheur;  soyez  donc  frères ,  traitez-vous  donc  en 
frères,  unissez-vous ,  liguez-vous  contre  vos  tyrans,  contre  vos 
spoliateurs ,  contre  vos  bourreaux ,  pour  extirper  du  milieu  de  vous 
les  misères  sans  nombre ,  les  fléaux  sans  cesse  croissants  qui  vous 
brisent,  qui  vous  accablent ,  qui  de  ce  monde,  oit  Dieu  notre  père 
à  tous,  vous  réservait  une  vie  de  délices ,  font  pour  vous  un  hor- 
rible enfer  ,  »  quoi  !  les  peuples  à  ce  signal  ne  se  lèvent  pas  comme 
un  seul  homme  pour  venir  dire  à  ceux  qui  s'arrogent  le  litre  de  pères 
des  peuples,  pour  venir  leur  dire,  sans  haine  ,  sans  colère,  sans 
esprit  de  vengeance,  sans  regard  de  flamme  ou  parole  de  sang,  mais 
avec  calme,  avec  dignité,  avec  raison  :«  Nous  n'avons  qu'un  seulpère 
qui  est  dans  le  ciel,  et  qui  nous  a  créés  pour  nous  rendre  heureux, 
ayant  tout  fait  pour  cela,  jusqu'à  inventer  pour  nous  les  jouissan- 
ces les  plus  raffinées,  que  ses  anges  peut-être  ne  connaissent  pas, 
jusqu'à  épuiser  pour  nous  le  trésor  infini  de  ses  grâces  !  Quant  à 
vous  qui  vous  dites  nos  pères ,  vous  n'avez  jamais  travaillé  qu'à 
notre  malheur,  profitant  lâchement  de  notre  simplesse ,  pour  semer 
parmi  nous  ces  brandons  de  discorde  et  de  haine ,  qui  nous  fai- 
saient voir  des  ennemis  dans  nos  frères ,  et  nous  poussaient  à  ver- 


/ 


C88  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

serpar  torrents  le  sang  de  nos  frères;  crime  sans  nom ,  dont  voué 
scvls  profitiez  ;  habiles  à  le  dorer  d'un  vernis  de  gloire  ;  crime  j)our 
le  quel  sans  doute  Dieu,,  notre  père,  nous  a  maudits  ,  mais  qu'il 
nous  pardonne  à  la  fin  ;  puisqu\  après  avoir  reconnu  notre  aveu- 
glement, nous  venons  tous ,  la  main  dans  la  main,  en  frères  qui 
s'aiment  et  qui  aiment  leur  père  céleste,  vous  demander  compte  de 
votre  tutelle  usurpée ,  et  vous  dire  :  Retirez-vous ,  vous  n'êtes  que 
des  traîtres ,  des  imposteurs ,  des  accapareurs ,  des  bourreaux,  des 
suppôts  de  Satan;  retirez-vous;  nous  ne  voulons  plus  obéir  qu'à 
notre  père  céleste,  à  notre  père  si  juste  et  si  bon,  qui,  bien  différent 
de  vous ,  nous  apprend  à  nous  aimer,  à  nous  unir,  à  travailler 
en  commun  au  bonheur  commun ,  à  ne  faire  qu'un  avec  lui,  afin 
qu'il  puisse  répandre  sur  nous  tous  ses  joies  infinies.  » 

O  peuples ,  tels  sont  les  sentiments  qui  doivent  vous  animer. 
Unissez-vous,  liguez-vous;  rappelez-vous  que  vous  êtes  tous  frères; 
comprenez  enfin  que  vos  discordes,  vos  divisions  ne  profitent  qu'à 
vos  bourreaux;  comprenez  enfin  que  vous  seuls  faites  toute  leur 
puissance,  et  que  vous  n'avez  qu'à  retirer  votre  épaule ,  ô  miséra- 
bles cariatides  humaines,  pour  voir  incontinent  ces  géants  en  pous- 
sière. 

0  peuples  ,  abjurez  toute  haine ,  toute  animosité  ;  ne  rejetez  pas 
cette  voix  divine  qui  vous  crie  :  vous  êtes  tous  frères;  ou  soyez  sûrs 
que  Dieu  finira  par  s'éloigner  de  vous  pour  toujours  ,  et  que  vous 
périrez  inévitablement.  Refaites  le  mécanisme  social,  entièrement 
détraqué  par  quelque  secousse  dont  Dieu  seul  peut  connaître  la 
cause  (1),  ou  l'humanité ,  qui  va  encore  de  son  ancien  branle,  ne 
formera  bientôt  plus  qu'un  amas  de  ruines  et  de  débris.  La  seule 
condition  de  son  existence  est  de  rentrer  au  plus  tôt  dans  l'unité 
universelle  ;  car  tout  membre  qui  se  sépare  du  corps  est  condamné 

(1)  Ce  ne  sont  pas  là  des  hommes  ;  il  y  a  quelque,  bouleversement  dont 
nous  ne  savons  pénétrer  la  cause.  (  J.  J.  Rousseau.  ) 

Quelques  uns  ,  fondés  sur  des  traditions  sacrées,  pensent  que  l'état  ac- 
tuel est  un  état  de  punition  et  de  ruine  ;  que  ce  monde  a  existé  avec 
d'autres  harmonies.  (  Bernardin  de  Saint-Pierre.  ) 

Mais  il  est  des  personnes  qui,  parce  que  leur  esprit  n'a  jamais  entrevu 
un  meilleur  état  social ,  afErnient  qu'il  n'en  peut  exister.  Elles  conviennent 
des  maux  de  l'état  social  tel  qu'il  est,  et  s'en  consolent  en  disant  qu'il  n'est 
pas  possible  que  les  choses  soient  autrement.  (  J.-B.  Say,  ) 

Un  jour  viendra  où  les  lumières  les  plus  inespérées ,  où  les  harmonies 
les  plus  sublimes  ,  ne  seront  qu'un  jeu  pour  l'esprit  humain  dirigé  par  des 
méthodes  plus  exactes.  (  F*'""  ). 


SIGNES  DIVERS.    BOÏAISIQUE.  ÔSiî 

à  sourfrir  et  à  mourir.  L'état  de  souffrance  de  l'humanité  doit  lui 
faire  comprendre  son  isolement  du  grand  tout,  et  la  pousser  dans 
la  seule  voie  de'salut  qui  lui  reste,  c'est  à  dire,  lui  faire  chercher  par 
quels  moyens  elle  pourra  réparer  le  désordre  qui  retarde  sou  mou- 
vement et  la  met  en  désaccord  avec  l'univers. 

O  peuples,  figurez-vous  ce  que  serait  une  scène  de  la  nature  ,  si 
elle  déviait  un  moment  de  la  voie  divine.  Un  grand  peintre.  Cha- 
teaubriand, va  vous  dévoiler  ce  tableau.  Regardez  :  «  Les  nuages  , 
«obéissant  aux  loisde  la  pesanteur, tomberaient  perpendiculairement 
»  sur  la  terre,  ou  monteraient  en  pyramides  dans  les  airs;  l'instant  d'a- 
»  près  l'atmosphère  serait  trop  épaisse  ou  trop  raréfiée  pour  les  or- 
»  ganesde  la  respiration.  La  lune,  trop  près  où  trop  loin  de  nous, 
»  tour  à  tour  serait  invisible,  tour  à  tour  se  montrerait  sanglante, 
»  couverte  de  taches  énormes ,  ou  remplissant  seule  de  son  orbe 
»  démesuré  le  dôme  céleste.  Saisie  comme  d'une  étrange  folie,  elle 
»  marcherait  d'éclipsés  en  éclipses,  ou,  se  roulant  d'un  flanc  sur 
»  l'autre,  elle  découvrirait  enfin  cette  autre  face  que  la  terre  ne  con- 
»  naît  point.  Les  étoiles  sembleraient  frappées  du  même  vertige;  ce 
»  ne  serait  plus  qu'une  suite  de  conjonctions  effrayantes.  Tout  à 
»  coup  un  signe  d'été  serait  atteint  par  un  signe  d'hiver;  le  Bou- 
1)  vier  conduirait  les  Pléiades,  et  le  Lion  rugirait  dans  le  Verseau. 
»  Là  des  astres  passeraient  avec  la  rapidité  de  l'éclair;  ici  ils  pen- 
»  draient  immobiles;  quelquefois,  se  pressant  en  groupes,  ils 
t)  formeraient  une  voie  lactée,  puis  disparaissant  tous  ensemble,  et 
0  déchirant  le  rideau  des  mondes,  selon  l'expression  de  Tertullien, 
»  ils  laisseraient  apercevoir  les  abîmes  de  l'éternité.» 

Telle  est,  ô  peuples  ,  Thorrible  condition  où  vous  a  réduits  votre 
aveuglement,  ou  peut-être  votre  révolte  envers  Dieu.  Le  désordre 
règne  partout  dans  cette  société  qu'on  vous  présente  comme  le  ré- 
sultat des  lois  divines.  Rien  n'y  est  à  sa  place  ;  tout  s'y  heurte  et  s'y 
brise. 

Ce  qui  végète  en  bas  déviait  briller  en  haut, 
Et  ce  qui  pèse  en  haut  devrait  croupir  en  bas. 

Partout  le  vice,  l'intrigue  ,  l'oisiveté,  la  stupidité,  y  regorgent 
de  biens  et  d'honneurs  ;  tandis  que  la  vertu,  la  vérité,  le  travail,  le 
génie,  y  sont  honnis,  bafoués,  foulés  aux  pieds,  traînés  en  prison, 
privés  d'air  et  de  jour ,  étouffés  ,  écrasés,  martyrisés  de  mille  ma- 
nières. —  Pourrait-il  en  être  ainsi  (lan>  un  monde  réglé  selon  DitMi? 

T.  II.  ^7 


690  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

N'est-ce  pas  blasphémer  que  de  croire  que  Dieu  approuve  un  or- 
dre de  choses  qui  consliUie  le  malheur  perpétuel  de  la  race  hu- 
maine? qui  engendre  la  fraude,  l'hypocrisie,  la  trahison,  l'adultère, 
l'inceste,  le  viol,  le  pillage,  le  meurtre,  le  parricide,  tous  les  vices, 
tous  les  crimes,  toutes  les  horreurs;  qui  pousse  à  toutes  les  fureurs, 
à  tous  les  excès  ;  qui  arme  le  père  contre  le  fils ,  le  fils  contre  le 
père;  qui  jonche  nos  champs  de  bataille  de  cadavres,  nos  rues  de 
mendiants,  nos  hospices  d'infirmes  ,  nos  bagnes  de  scélérats;  qui 
consacre  partout  le  triomphe  de  l'injustice  et  de  la  bassesse;  qui 
produit  nécessairement  l'athéisme,  parce  qu'il  fait  douter  de  la  Pro- 
vidence?—  un  ordre  de  choses  si  vicieux,  qu'il  ne  peut  subsister  un 
moment  que  par  la  violence  et  par  l'appareil  des  supplices?  —  un 
ordre  de  choses  parfaitement  disposé  pour  l'intrigue  ,  la  duplicité, 
la  ruse ,  la  perfidie ,  mais  tout  semé  de  trébuchels  et  de  chausse  ■ 
trappes,  où  ne  peuvent  manquer  de  se  prendre  les  âmes  généreuses, 
les  cœurs  candides,  les  natures  selon  Dieu?  —  un  ordre  de  choses 
au  contact  du  quel  s'évanouissent  les  divines  illusions  de  l'enfance 
et  de  la  jeunesse,  où  les  meilleurs  naturels  se  corrompent. 

Où  les  plus  nobles  cœurs  sont  les  pins  malheureux? 

—  un  ordre  de  choses  ,  enfin ,  qui  fait  que  dans  le  magnifique  con- 
cert des  sphères  célestes  la  terre  ne  jète,  hélas  !  qu'un  immense 
gémissement,  dont  tressaille  et  frémit  toute  la  création? 

Oh  !  que  le  Journal  des  Débats  a  bonne  grâce  à  nous  vanter 
cet  Eldorado  politique  et  social  !  Ils  n'entendent  pas  ,  ces  imper- 
ceptibles cirons,  ils  n'entendent  pas  le  cri  de  l'esclave  qu'on  fla- 
gelle, de  la  mère  à  qui  l'on  arrache  son  unique  fils,  de  l'enfant 
que  son  propre  père  est  forcé  de  vendre,  faute  d'un  morceau  de 
pain  pour  le  nourrir,  de  la  jeune  vierge  que  la  misère  pousse  à  la 
honte ,  de  toute  une  nation  qu'on  réduit  à  la  condition  de  bêles 
de  somme,  de  tout  un  peuple  qu'on  égorge,  de  cent  millions 
de  familles  mourant  de  faim.  Surtout  ils  n'entendent  pas,  ils  ne 
peuvent  pas  entendre  ce  râle  affreux  de  tant  de  nobles  âmes, —  flam- 
beaux divins, — de  tant  de  nobles  âmes  agonisantes,  qui,  long-temps 
minées  par  le  chagrin,  par  le  regret,  par  le  désespoir,  s'éteignent 
silencieusement  dans  l'ombre  et  dans  l'abandon. 

Mais  moi ,  qui  souffre  aussi  et  qui  sens  les  autres  souffrir;  moi 
qui  porte  en  mon  âme  un  brasier  de  douleurs  inextinguibles ,  que 
je  ne  dois  qu'à  mon  extrême  sensibilité  et  au  milieu  délétère  dans 


SIGNES  DIVERS.    UOÏ.VMUUE.  (iOI 

le  quel  je  vis;  moi  qui,  né  avec  tous  les  élémeuls  du  bouheur,  nie 
suis  vu  réduil ,  par  l'effet  de  celte  organisation  admirable  que  vante 
le  Journal  des  Débats,  —  sans  avoir  rien  fait  pour  le  mériter,  — 
à  une  condition  telle  que  les  damnés  de  l'enfer  hésiteraient  à  chan- 
ger la  leur  pour  la  mienne  ;  moi ,  qui  ai  toujours  eu  sous  les  yeux 
les  spectacles  les  plus  déchirants ,  et  qui  pour  ma  part  ai  connu 
tous  les  supplices  du  cœur;  moi,  je  puis  parler  avec  quelque  droit 
de  la  plaie  humaine  ;  plaie  horrible  que  j'ai  sondée ,  et  à  la  quelle 
nos  ergoteurs  et  nos  diplomates  n'apportent ,  hélas!  que  des  pallia- 
tifs dérisoires. 

0  peuples,  quel  est  votre  aveuglement!  Peuples,  écoutez-moi. 
Le  bonheur  est  comme  un  soleil  vers  le  quel  gravileut  les  âmes  et 
qui  peut  les  éclairer  toutes  de  ses  rayons  bienfaisants;  mais  il  faut 
qu'elles  restent  toujours  dans  la  même  harmonie  ,  qu'elles  ne  dé- 
vient jamais  de  la  ligne  divine;  sinon  elles  s'égarent,  s'entrecho- 
quent, se  brisent;  et  le  soleil,  hélas,  n'éclaire  bientôt  plus  que  leur 
agonie. 

Si  donc  vous  voulez  être  heureux,  soyez  unis,  soyez  frères,  ral- 
liez-vous à  l'unité  de  l'univers  ;  car  au  delà  il  n'y  a  que  désordres, 
crimes,  et  malheurs  ;  car  l'influence  de  Dieu  ne  se  fait  sentir  qu'aux 
membres  qui  lui  demeurent  unis.  Pénétrez-vous  bien  de  cette  unité 
universelle  ;  pénétrez-vous  bien  qu'il  ne  peut  pas  y  avoir  de  dua- 
lité d'action  dans  le  système  du  divin  mathématicien;  et,  pour  vous 
élever  à  la  parfaite  intelligence  de  cette  sublime  économie,  où  tout 
se  lie,  touts'enchaine  dans  un  ordre  admirable;  pour  y  conformer 
les  lois  de  votre  mouvement  social ,  pour  y  retrouver  votre  place 
perdue,  étudiez  les  rapports  qu'il  y  a  entre  vous  et  la  nature,  entre 
vous  et  Dieu,  étudiez  les  analogies.  Étude  plus  importante  qu'on 
ne  pense,  en  ce  qu'elle  seule  peut  vous  éclairer  sur  l'universalité 
de  la  Providence  ,  et  qui ,  commencée  par  les  anciens  ,  dédaignée 
par  les  modernes,  prouve  qu'au  lieu  d'avancer,  la  science  a  rétro- 
gradé sur  beaucoup  de  points  ,  où  l'instinct  avait  mieux  guidé  les 
anciens,  surtout  les  poètes;  car  pour  les  philosophes  ils  n'ont  fait 
de  tout  temps  que  jeter  des  entraves  sur  la  voie  humaine,  en  s'in- 
terposant  sans  cesse  entre  Dieu  et  l'homme,  en  cherchant  à  étouffer 
sous  mille  morales  contradictoires  et  diaboliq\ics  les  plus  nobles 
instincts  de  Dieu  ;  tas  d'insensés  aux  quels  l'humanité  s'est  confiée 
eu  aveugle,  et  qui  n'ont  fait  que  la  conduire  de  malheur  en  maliicur. 


692  CLUV  DE  LA  LAN(iLE  ET  DES  SCIENCES. 

J'abîme  eu  abinie,  jusqu'au  fond  du  gouffre,  où  on  l'entend  hurler 
de  douleur. 

Nous  autres  littérateurs  de  l'école  moderne,  nous  avons  peut-être 
un  peu  trop  ridiculisé  la  mythologie.  L'Olympe  des  païens,  où  les 
poètes  ,  toujours  mieux  inspirés  que  les  philosophes,  toujours  plus 
rapprochés  de  la  vérité  qui  est  Dieu ,  avaient  si  bien  accordé  et  équi- 
libré toutes  les  passions  humaines  divinisées,  ne  serait-il  pas  la  fi- 
gure de  cet  autre  olympe  promis  par  Fourier,  où  les  passions  se 
rangent  chacune  à  leur  place  et  concourent  toutes  à  la  perfection 
du  grand  tout?  but  qui  est  certainement  celui  au  quel  doit  tendre 
la  race  humaine,  puisque  Dieu  n'a  pu  la  créer  que  pour  qu'elle  as- 
pirât sans  cesse  au  bonheur;  et  que  le  bonheur  (on  ne  peut  le  nier) 
n'est  que  dans  la  réalisation  plus  ou  moins  complète  de  nos  désirs, 
nés  de  Dieu  ,  c'est  à  dire,  de  nos  passions ,  sans  les  quelles  l'homme 
n'est  plus  qu'un  cadavre. 

Le  Dieu  de  bonté  ,  le  Dieu  fait  homme  ,  ne  dit,  en  effet,  nulle 
part  :  sorjez  malheureux ,  soyez  esclaves ,  luttez  sans  cesse  contre 
vos  passions,  contre  vos  désirs,  contre  vos  besoins,  souffrez,  car  Je 
ne  vous  ai  créés  que  pour  souffrir.  Non,  il  nous  répèle  sans  cesse, 
au  contraire,  ou  par  lui-même  ou  par  la  bouche  de  son  fidèle  disci- 
ple Paul  :  «Aimez-vous  les  uns  les  autres  comme  des  frères, 

SANS  DISTINCTION  NI  DE  RANG,  NI  DE  NATION,  NI  DE  RELIGION;-  ET  JE  NE 
VOUS  DEMANDE  PAS  AUTRE  CHOSE  ;  c'CSt  à  dire,  ACCORDEZ-VOUS  POUR 
VOUS  RENDRE  HEUREUX  MUTUELLEMENT  ,  CAR  c'eST  DE  VOUS-MEMES  , 
MES  ENFANTS  ,  QUE  DEPEND  TOUT  VOTRE  BONHEUR.  » 

11  est  certain  ,  comme  je  Tai  prouvé  dans  le  Livre  de  Toits ,  que 
l'homme  en  harmonie  avec  lui-même  ,  avec  la  nature  ,  avec  Dieu, 
ne  peut  plus  connaître  le  mal;  et  Dieu  le  savait  bien  ,  puisqu'il  a 
regardé  tout  autre  précepte  comme  inutile  après  celui-ci  :  «Aimez- 
vous  LES  UNS  LES  AUTRES  COMME  DES  FRERES  ,  ACCORDEZ-VOUS  MU- 
TUELLEMENT ;  c'est  LA  TOUTE  LA  LOI .  » 

Il  est  donc  clair,  il  est  donc  évident  qu'une  civilisation  qui  ne 
préseule  que  le  risible  mécanisme  des  portions  du  tout  agissant  et 
votant  chacune  contre  le  tout  n'est  pas  l'ordre  voulu  par  Dieu  ;  qu'il 
y  en  a  un  autre  qu'on  retrouve  partout  dans  la  nature,  dans  les  astres, 
dans  les  animaux,  dans  les  plantes  même,  et  avec  le  quel  l'homme 
seul  est  en  désaccord. 

a  Cherchez  et  vous  trouverez  »  ,  dit  Jésus-Christ.  Il  y  a  donc 
un  trésor  caché,  un  trésor  divin,  destiné  à  faire  le  bonheur  des 


SIGNES  DlVEllS.   BOTANIQUE.  (595 

hommes,  et  qu'il  ne  dépend  que  de  nous  de  découvrir.  Les  philoso- 
phes sont  donc  bien  coupables  de  tourner  sans  cesse  depuis  trois 
mille  ans  dans  le  même  cercle  d'erreurs  et  d'extravagances ,  er- 
reurs cent  fois  réfutées,  cent  fois  reproduites ,  avec  tout  l'acharne- 
ment d'une  véritable  folie,  — au  lieu  d'appliquer  les  forces  que 
Dieu  leur  a  départies  dans  des  vues  meilleures  à  la  recherche  active 
et  incessante  de  ce  trésor,  solennellement  annoncé  et  promis  au 
monde;  trésor  qui  est  peut-être  déjà  trouvé,  mais  que  les  quatre  fa- 
cultés, toujours  frappées  du  même  vertige,  repoussent  obstinément, 
comme  elles  ont  autrefois  repoussé  l'idée  d'un  nouveau  continent, 
celle  du  mouvement  de  la  terre ,  celle  des  forces  de  la  vapeur  , 
trouvée  au  dixième  siècle  par  Gerbert,  d'Aurillac,  successeur  de 
Grégoire  V,  et  de  raille  autres  non  moins  éblouissantes  pour  leur 
faible  vue. 

«  Cherchez  et  vous  trouverez  ,  »  dit  Jésus-Christ.  Mettez-vous 
donc  une  fois  à  l'œuvre.  Étudiez  la  nature,  étudiez-la  dans  ses  rap- 
ports avec  vos  instincts,  avec  vos  passions,  pour  vous  convaincre  de 
plus  en  plus  qu'il  n'y  a  de  salut  pour  l'humanité  que  dans  son  adhé- 
rence pleine  et  entière  à  l'unité  universelle  j  que  jusque  là  elle  ne 
doit  s'attendre  qu'à  des  souffrances  toujours  croissantes  ;  souffrances 
si  réelles,  quoi  qu'en  dise  le  Journal  des  Débats,  à  la  vue  bornée, 
qu'il  vaudrait  mieux  pour  les  99  centièmes  des  hommes  qu'ils  n'eus- 
sent pas  vu  la  lumière  du  jour  ;  celte  lumière  qui  pourtant ,  dans  les 
vues  de  Dieu  ,  ne  devait  éclairer  que  des  joies  et  des  jouissances! 

C'est  pour  vous  faciliter  cette  étude  si  intéressante  de  la  nature  , 
que  je  me  suis  plu  à  vous  familiariser ,  dans  ce  livre,  destiné  à  tous, 
nécessaire  à  tous,  avec  les  premiers  éléments  de  l'astronomie  et  de  la 
botanique.  Je  me  suis  étendu  un  peu  plus  sur  les  caractères  et  les 
propriétés  des  plantes,  afin  de  vous  aidera  en  déterminer  les  emblè- 
mes 5  inépuisables  sujets  de  recherches  et  d'observations  pour  vos 
élèves,  très-propres  à  fixer  leur  attention,  à  développer  leur  intel- 
ligence, à  former  à  la  fois  leur  cœur  et  leur  esprit.  Ne  serait-ce  pas 
pour  eux  une  chose  neuve  et  très-stimulanle  que  d'avoir,  —  pour 
matière  de  composition,  au  lieu  des  choses  fastidieuses  dont  on  les 
endort, —  à  déterminer  les  rapports  de  V amandier  avec  Vétourdi, 
de  l'anémoweavec  \e parvenu  opulent,  delà  bardane ayec  Vimpor- 
tun,  de  la  buglosse  avec  le  menteur,  de  l'églantier  avec  le  poète , 
du  gouet  gobe-mouche  a\ec  \' intrigant,  du  lierre  avec  Vami  vrai, 
du  jonc  des  champs  avec  Venfanl  docile,  du  géranium  écarlate  avec 


694  CLEF  DE  LA  LA.\(;iIE  ET  DES  SCIENCES. 

V imbécile ,  du  narcisse  avec  l'égoïste,  de  Vophride  mouche  ou  de 
Vasperge  a\ec  la  philosophie ,  de  la  renoncule  avec  Véliqueite  de 
cour,  de  la  rose  avec  la  beauté,  de  la  spirée  ulmaire  ayecVinutilité 
des  grands,  de  la  véronique  avec  la  fidélité,  de  la  violette  avec  la 
modestie  ,  etc.,  etc.?  Outre  qu'une  telle  série  d'exercices  leur  ferait 
faire  de  rapides  progrès  dans  la  science  des  mots  et  des  choses,  elle 
fournirait  encore  à  la  philosophie  ,  à  la  morale ,  si  sûre  de  sa  puis- 
sauce  sur  la  nature  ,  —  par  la  révélation  spontanée  et  complète  de 
leurs  goûts,  de  leurs  préféreuces,  de  leurs  répulsions ,  de  tous  les 
germes  de  vice  ou  de  vertu  qu'enferme  leur  âme, —  elle  fournirait, 
di?-je,  à  la  philosophie,  à  l'éducatiou  ,  les  moyens  de  réparer ,  de 
redresser  ces  torts  d'un  Dieu  par  trop  inintelUgent  (toujours  au  dire 
des  philosophes). 

Uanscebut,j'ajouteiciune  liste  alphabétique,  latiue  et  française, 
de  tous  les  noms  génériques  de  végétaux,  avec  l'indication  de  la  fa- 
mille à  la  quelle  ils  appartiennent  ;  afin  qu'en  entrant  au  Jardtw  des 
Plantes  ou  dans  tout  autre  jardin  botanique  ,  vous  puissiez ,  sur  la 
simple  étiquette  d'une  plante,  en  trouver  facilement  la  description 
dans  ce  livre. 

Liistc  alpliabêtlqne des IVoiiiis gcncrlqnes de  Plantes, 

AVEC   LA   TRADUCTION   FRANÇAISE. 


Noms  latins  ou  barbares. 


A 

Abama,  jonc. 
Anlhcricuni,  jonc. 
Abatia,  tiliac, 
Abies  {sapin),  conif. 
AbroiiKi,  bijllii. 
Abronia,  nyctag, 
Absinthium  [absinthe) 

corymh, 
Acalypha  (ricinelie), 

eupli. 
Acanlliophore,  alg. 
Acanthus  {acanthe), 

acanth. 
Acer  {érable) ,  acérin. 
Aceratum,  til. 
Acicarpha,  calyc. 
Acidolon,  ciiph. 
Ac\n\\cs{-ltcc),corijm. 


Achiranthes    (  cadeta- 

ri),  amarant. 
Achras  {sapotillier), 

sap. 
Acnida,  atnar. 
Acorus,  aroïd. 
Acrostichuin,  foug. 
Actinophylluni,  aval. 
Adansonia  (  baobab  ), 

nialv. 
Adelia,  euph. 
Adenantheia ,  lég. 
Adenostemum,  laur. 
Adiantum  {capillaire) 

foug. 
^gilops  {-ope),  grain. 
.'E'ficeras,  sapot. 
.'E^'iphUix,  ver  b.,  a  ce  ri  II 
/E!»Culus(/i'7'/'ora.<;/nHc) 


.^îthionema,  crucif. 
Agiapanthus,  liliac. 
Agaricus,  champ. 
Agalhis,  conif. 
AgaUiophyllum    (  ra- 

7wnsara),  taurin. 
Agave,  bronicl. 
Ageratuni,  card. 
Agriphyllum,  corymb. 
Agrostis(-fiV/e),  grain. 
Agyneia,  euph. 
Aira  {canche),  gram, 
Ajuga  {buglc),  lab. 
Alangiuni,  myrt. 
Albuca,  liliac. 
Alchoriiea,  ciiph. 
Aldrovanda,  cappar. 
Aletris,  ///. 
'  Aleuriles,  euph. 


Alisma         (  planiai^i 

d'eau),  alismac. 
Allamanda   (  orèlie  ) , 

apoc. 
Allionia,  nyct, 
Allium  (ail),  lil. 
Alnus  {aune) ,  amcni. 
Aloe  {aloés),  lil. 
Alopecarus  (  vulpin  ), 

gram. 
Alpinea,  aniom. 
Alstrœmeria  (  pèlegri- 

nc),  narciss. 
Allha^a  (  guimauve  )  , 

malv. 
Alyssum       {corbeille 

d'or),  crucif. 
Auionila,  champ. 
Amanoa,  euph. 


Amarantus,  amar. 
Amaryllis,  luirciss, 
Amavinga,  rham. 
Ambora     (  bois  tam- 
bour), urtic. 
Ambrosinea,  aroïd. 
Amellus,  corymb. 
Amethistea  (-tée),  lab. 
Animi,  ombcllif. 
Ammomum  (-morne,) 

amom. 
Amperea,  cupk. 
Amyris  {  balsamier  ) , 

téi'éb. 
Anabasis,  amar. 
Anabœna,  ewph. 
Anacardium  {acajou), 

tcrcb. 
Anacyclus,  card. 
Anagqllis  {viouron) , 

primul. 
AnaiThinum,rAfiia»i(. 
Anastatica  (  gérose  ), 

crucif. 
AnchonJum,  crucif. 
Anchusa   (  buglossé) , 

borrag. 
Anda,  euph. 
Andrachne,  euph. 
Andriea,  mousses. 
Andrew  sia,  cbcn. 
Audromeda,  éricin, 
Andropogon(6ar6o«), 

gramin. 
Androsace    (  -selle  ) , 

prim. 
Andryala,  cliicor. 
Anethum,  ombell, 
Angelica  (  -gélique  )  , 

omb. 
Angophora,  myrt. 
Anisonema,  eupli. 
Anoda,  malv. 
Anona  {corossolier), 
Anredcra,  amar. 
Anthemis(ca?no7nî7/c), 

corymb. 
Anthericum,  lil. 
Anthoceros,  hcpat. 
Antholyza,  irid. 
Anlbospermum,   rub, 
Anlbostemma,  cuph. 
Anlboxantlium  (  flou- 

vc),  grajii. 
Anthriscus,  omb. 
AnlJrrhinum(mM/?îej') 


SIGNES    DIVERS 

rhinant. 
Apargia,  chic. 
Apeyba,  tiliac. 
Apbyllaiites,j  o;ic. 
Apium  {persil),  omb. 
Apliula,  gram. 
Apocyniis,  apoc. 
Arabis  {bette),  crue. 
Araschis  {-chic),  Icg. 
Aralia  {-lie),  araliac. 
Aradcaria,  couif. 
Ai'butus   (  -bousier  ), 

e'ric. 
Arctium  (  bardane  ) , 

carduac. 
Arctopus,  ombcllif. 
Arctotis,  corymb. 
Areca  {arec),  palm. 
Arethusa  {-rcihuse  ), 

Orchid. 
Aretia,  primul. 
Argemone,  papav. 
Argopbyllum,  èric. 
Aristea  {-tce),  irid. 
Arislida  {-tide),  gram. 
Aristolocbia  {-loche), 

a  ris  toi. 
Arnica  {-nique),    cor 
Artedia,  ombell. 
Artemisia  {armoise), 

card. 
Artocarpus  (jacquier) 

urtic. 
Arundo     (   roseau  ), 

gram. 
Arum  {gouel) ,  aroïd. 
Asaïuni,  aristol. 
Asclepias(-arf<'),  apoc. 
Asparagus   {asperge), 

asparagiii. 
Asperococcus  {-oque), 

algue. 
Asperugo  (  ràpctte) , 

borrag. 
Asperula  (  -pcrule  )  , 

rub. 
Aspbodelus  {-dcle),lil. 
Aspidium,  foug. 
Asplcniuui  {doradillc) 

foug. 
Assonia,  byttn. 
Aster,  corymb. 
Astrantia(-rt/icc),omb. 
Aslroppga,  byttn. 
Alalantia,  aurani. 
Athamantha,  ombell. 


DOTANIQUE. 

Athanasia    (  -îiasie  ), 

card, 
Atberosperma ,  unie. 
Athyrism,  foug. 
Atractylis,  card. 
Atriplex    (  arrocke  ) , 

amarant. 
Atropa   (  belladone  ), 

solan. 
Aubrietia,  crucif. 
Auransia,  alg. 
Avena  {avoine),  gram. 
Averrhoa,  téréb. 
Axyris,  amarant, 
Axia,  nyct. 
Ayenia,  byttn. 
Aylantlius,  tèrcb. 
Azalea,  éricin. 
AzoUa  {-zollé),  rkiz. 


Bœa  {béole),  rkin, 
Bœckea,  ontgr. 
Bœomyces,  lych. 
Balanophora  {-phore) 

fluv. 
Balanopteiis,  byttn. 
Ballota  {-lote),  tab. 
Balsamita,  card. 
Balsamodendron ,  ter. 
Banara,  til. 
Baneksia,  protcac. 
Banera,  saxif. 
Banisteria,  malpigh. 
Baopa,  poriul, 
Barbai'ea,  crucif. 
Barleria   {barrelicrc), 

acanth. 
Barringtonia,  myrt. 
Bartramia,  mouss. 
Bartsia,  rhin. 
Basella  {-selle),  amar. 
Bassia  oumava,.srt;jof. 
Batrachosperma,  {frai 

-de-grenouille)  alg, 
Beaufortia,  myrt. 
Befaria,  éricin. 
Beforis,  ombel. 
Bégonia,  bégoniac. 
Bellis    {pâquerette) , 

corymb. 
Berberis  {épinc-vinette 

bcrbérid.) 
Bergera,  aurant, 
Berteroa,  crucif. 


695 

BerUioletia,  myrt. 

Belleria,  rkin. 

Beta  {poirée 021  bette), 

amarant. 
Betonica   (  bctoine  ) , 

lab. 
Betula      (  bouleau  )  , 

amen  tac. 
Bidens  {-dent),  cor. 
Bignonia    (  -gnone  ) , 

bignoniac. 
Billiardiera  (  -dicre) , 

solan.,  pitlosp. 
Biscutella ,  crucif, 
Bisserula,  lég. 
Bivonœa,  crucif. 
Bixa  {rocotî),  tiliac. 
Blackwellia,  rosac. 
Blasia,  hépat. 
Blecbnum,  foug. 
Blepbaris,  acanth. 
Blilum  {blctc),  amar, 
Bolastia,  gram. 
Bocconia,  papav. 
Bochemeria,  urtic. 
Boerrhaavia ,  nyct, 
Bolax,  ombell. 
Boldea,  urt. 
Boletus,  champ, 
Boleum,  crue. 
Bombax  (  fromager), 

malv. 
Bomplandia ,  polcm, 
Bonalea,  orchid. 
Bonlia  {daphenot),  so- 
lan. 
Boopis,  calyc. 
Borassus    (  rendier  ), 

pam. 
Borbonia,  Icg. 
Boronia,  rutac. 
Borrago  (  bourrache, 

borragin. 
Borya,  jasm, 
Bosca,  amarant, 
Bossiiua,  lég. 
Boswellia,  téréb. 
Botrychium  {lunaire)^ 

foug. 
Bouginvillœa  (  -gain- 

villéc),  nyct. 
Bouwlesia,  omb. 
Brabcia  ou  brabeium, 

protéac. 
Bracliycarpœa,c/'Mc//". 
Brassica  {chou),  crue. 


696 

Bredomeyra,  léfj. 
lîrcnioiilicra,  lég. 
Brelonia,  moir. 
Jîridclia,  ciip/i. 
Briza    (  amour  elle  ) , 

fjram. 
Bromelia ,  broméliac. 
Bromus      (  brome  ) , 

gram, 
Broussonclia ,  urtic. 
Browallia       (  -aile  ) , 

rhinant. 
Bnicca,  tcrcb. 
Bruiiia,  rhamn. 
Bninsfelsia,  solan. 
Brjonia     (  bryone  ) , 

cucurb. 
Bryopliillum,   crass. 
Biyopsis,  alg. 
Bryuui,   mouss. 
Bubon,  ombell. 
Bubioma,  bylln. 
Buchnera,  rhinant. 
Bucida,  éléagn, 
Budleja,  rhinant. 
Buffonia,  caryoph. 
Bulbocodiuui,  colchic. 
Bulliarda,  crassul. 
Bunias,  crucif. 
Bunium  {terre-noix), 

ombell. 
Buphthalmuii), cor2/m. 
Buplevrum   {-plèvre), 

ombell. 
Burasaia,  mcr.isp. 
Bursaria  {-saire),  pit- 

tospor, 
Butea,  lég. 
Butera,  byttn. 
Buxbaumia,  mouss. 
Buxus  {buis),  euph. 
Byblis,  capparid. 
Byssus,    faux  champ. 
Bystropogon,  lab. 
Byttneria,  byttnériac. 


Cabomba,  alism. 
Cacalia,  cai-d. 
Cacbrys,  ombell. 
Cactus,  opuiti. 
Cacucia,  combrct. 
Cadaba,  capp. 
Caesalpina,  léfj. 
Cakilc,  crucif. 
Calamns    (  rotang  ) , 


CLEF  DE  LV  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


palm. 
(lalcoolaria,   rhin. 
Calcilrapa,  card. 
(lai (M,  (•(/)■(/. 
(;al('ndula(soi(c/),rco, 
('alepiiia,  ci-ucif. 
('.alla  {(iroïde),  aroïd. 
Callicarpa ,  verbén. 
Callicoma,  saxifr. 
Calligonuni,  polygon. 
Callistachys,  lég. 
Callistemon ,  tnyrt. 
Callitriche  {-trique), 

fliw. 
Callitris,  conif. 
(^alodendrum ,  rutac. 
Calophylluni,  gutt. 
Caltha  ou  populago , 

rcnonc. 
Calycanthus  {pompa- 

dour),  rosac. 
Calyccra,  calycérccs. 
Calycium,  lich. 
Calymenia,  ,njct. 
Calypso,  acèrin. 
Galyptrantes,  myrt. 
Galytriplex,  rhin. 
Calytrix,  myrt. 
Camara,  verbén. 
Cauiellia,  aurant. 
Cauielina,  myrt. 
Campanula,  camp. 
Cainphorata  ou  cam- 

pliorosnia  {-pkréc), 

amarant. 
Cauarina,  camp. 
Canna  {alisier),  amo. 
Cannabis  {chanvre), 

urtic. 
Cannella,  guttif. 
Cantua,  pulémon. 
Capnophyllum,  omb. 
Capparis  (  câprier  ) , 

capp. 
Capraria,  rhin. 
Capsella,  crucif. 
Capsicum  {piment  ) , 

solan. 
Caragana,  lég. 
Carapa,  méliac. 
Cardamine,  crucif. 
Cardiospernuim,  sap. 
Carduus  {chardon)  , 

card. 
Carex  {laîche),  cijpér. 
Carissa  {calac),  apoc. 


Carlina,  card. 
Carpesiiini,  card. 
Carpinus  (  charme  )  , 

amenl. 
CarricUtcra,  crucif. 
Carlhamus  (  -thame), 

card. 
Carum  {carvi),  omb. 
Carya,  téréb. 
Caryophyllus    (  géro- 

flier),  myrt. 
Caiyota,  palm. 
Casearia,  rhamn. 
Cassia  {casse),  lég. 
Cassine ,  rhamn. 
Cassyta,  laurin. 
Castanea  {châtaignier) 

amen  t. 
Castela,  magn. 
Castileja,  rhin. 
Casuarina,  ament. 
Catalpa,  bignon. 
Catananclie(cM;?!rfoHe) 

chicor. 
Catinga,  myrt. 
Caturus,  cuph. 
Caucalis,  ombell. 
Caulerpa,  alg. 
Cavanillea,  ébén. 
Cavanillesia ,  mair. 
Ceanotlius,  rhamn. 
Ceciopia  (  bois  trom- 
pette), urtic. 
Cedrela  {-drcle),  mcl. 
Ccdrus  {-drc)  ,  conif. 
Celastrus,  rahmn. 
Celosia,  amarant. 
Celsia,  solan.,  rhin. 
Celtis  { micocoulier  ), 

ament. 
Cenclirus     (  racle  ) , 

gram. 
Centaurea  {-réc).  card. 
Centauiium  {-taurcl- 

le),gcnt. 
Ccntrantlnis,  valér. 
Ccntunculus  {-tenille) 

primul. 
Ccphalanlluis,  i-ub. 
Céramium,  alg. 
Cerastiuni  {-este), car. 
Ceratostcma,  camp. 
Cerasus      (  cerisier) , 

rosac. 
Ccrathosanthcs,  eue. 
Ccialiola,  éricin. 


Ceratocarpiis,   amar. 

Ceralonia  {caroubier, 
lég. 

Ceiatopetalum,  saxif. 

Ccrbcia  (  ahonai  )  , 
apoc. 

Cercis  {gaînier),  lég.  '. 

Cercodca,  onagr. 

Cerinthe  (  mélinet  ) , 
borrag. 

Ceropegia,  apoc. 

Cestonia,  combrct. 

Cestrum  {-trau),  sol. 

Ceterach,  foug. 

Chaerophyllum  (  cer- 
feuil), omb. 

Chailletia,  rhamn. 

Chamailaucium,  m.yrt 

Chamasrops,  palm. 

Chaniira,  crucif. 

Cliampia,  alg. 

Chaos])  limordialis 
{globuline),  alg. 

Chaptalia,  card. 

Cheiranthus  {giroflée) 
crucif. 

Cheirostemon,  malr, 

Chelidonium  {-doine), 
papav. 

Chelone  {galanc),  bi- 
gnon. 

Chenopodium  {-pode, 
patte-d'oie  ou  anse- 
rine),  amar. 

Cherleria,  caryoph, 

Chicoriuui  {-rée),chic. 

Chionanthus,  jasm. 

Chironia,  gentian, 

Chlora,  gentian. 

Chlorantlius,  loranth. 

Cliloroxylon,  méliac. 

Chondrus,  alg. 

Chondiilla  (  -drille ), 
chicor. 

Chorda,  alg. 

Choiisia,  malv. 

Chorispora ,  crucif. 

Chorizema,  lég. 

Choromiron,  gutt, 

Chrysanthemum  {-thè- 
me ),  corymb. 

Chrysobolanus,  rosac. 

Chrysocoma  {-covie), 
card. 

ChvysophyHum  (mï- 
mcticr),  sapot. 


SIGNES    DIVERS.    BOTANIQUE. 


Chrysosplenium  (  do- 

rinc),  sa.vif. 
Clmncoa,  combrét, 
Cicca,  eu-pli. 
Cicer  {pois  cliiche), 

Cicuta  {ciguc),  ombeL 
Cimicifuga,  renoue, 
Cinara   {artichaut  ), 

eai-d. 
Cinchona  {quinquina) 

rub. 
Cineraria  {-ncrairé)  , 

corymb. 
Cinna,  gram. 
Cinopiina,  cbén. 
Circaea  {-ccc) ,  onngr. 
Cissampelos  {pareiva) 

ménisp. 
Cissus,  sarm. 
Cistus,  cislin. 
Citrosnia,  lu^ic. 
Citrus  {oranger  et  ci- 
tronnier), aurant, 
Cladonia,  lic/i. 
Claoxylon,  eupli. 
Clarckia ,  onagr. 
Clathrus,  champ. 
Claudea,  alg. 
Clausena,  aurant. 
Clavaria,  champ, 
Claytonia,  portai. 
Clematis,  renoue. 
Cléome,  capp. 
Cleonia,  Lab. 
Cleiodendrum  ( péra- 

gu),  verbcn. 
Clethra,  éricin. 
Clifforlia,  rosac. 
Clinopodiuni,  lab. 
Clitoria,  lég. 
Clusia  (-sî'er),  gutt. 
Clutia,  euph. 
Clypeola,  crucif, 
Cneorum    (  camctce  ), 

téixb. 
Cnestis,  tèréb. 
Cnicus ,  card. 
Cnidium,  omb. 
Cobœa,  bignou. 
Coccoloba  {raisiuier), 

polygon, 
Cochtearia,  crucif. 
Coco6{cocoticr),palm. 
Codia,  saxif. 
Codiœum,  ciip/i. 


CofTea  {caféier),  rub. 
Cogswellia,  omb. 
Coix  {larmiUe),gram, 
Colberlia,  magu. 
Colchicum,  colchic. 
CoUaua,  lég. 
CoUema,  lich. 
Colletia,  rhamn, 
Collinsonia  {-oue),lab. 
Collisia,  commet, 
Cologaiiia,  lég. 
Cblumnea  {-»éé),rhi7i. 

camp. 
Colutea     (  bagucnau- 

dicr),  lég. 
Comaspermum ,  pol. 
Combretum,  combr. 
Commclina,  commet. 
Commersonia  ,  byttn. 
Commia,  euph. 
Comocladia,  téréb. 
Comptonia,  ament. 
Conceveibum,  euph. 
Conepia,  rosac. 
Confcrva  (-l'c),  atg. 
Coniocarpon,  iich. 
Coï\mn\{granae  ciguc) 

omb. 
Connavus,  téréb. 
Conocarpus,  combrét, 
Conoria,  berbér, 
Conospcrmum  {-me), 

protéac. 
Convallaria  {muguet), 

aspar. 
Convolvulus  {liseron), 

convolcul. 
Conyza,  card. 
Cookia,  aurant. 
Copaïfera  {-païer) ,  té  g, 
Corcliorus  (  corde  )  , 

tiliac, 
Cordia    {sebestier)  , 

borrag. 
Cordylocaipus,   crxic, 
Coréopsis,  corymb. 
Coriandrum,  ombcl. 
Coriaria  {redoul),  urt. 
Coiis,  primul. 
Coniicularia  {-taire), 

tich, 
Cornucopi;c       (  corne 

d'al)ondancé),gram. 
Cornus  {cornouiller), 

cap  ri  fol, 
(lonuilia  {-ude),  rcrb. 


Coronilla  {-tiitle),  lég. 

Corrca,  rutac. 

Corrigiola,  paronych, 

Corlesia,  borrag, 

Corlus,  primul, 

Corycium,  orchid. 

Corydalis  {-date),  pa- 
pa v. 

Corylus  (  coudriet-  )  , 
amen  t. 

Corypha,  patm. 

Corysperuiuui,  amar. 

Cosniea,  corymb. 

Cossignia,  sapind. 

Costus,  amom. 

Cotula,  corymb. 

Cotylédon  {cotylct  ), 
crassut. 

Couratari,  myrt. 

Couroupita,  myrt. 

Coutoubœa,  genlian 

Craïube,  crucif. 

Cranichis  (  -idc  ),  or- 
chid, 

Crassula(-su/e),  crass. 

Crata;gus  (  alisier  ) , 
rosac. 

Cratœva,  capp, 

Cremolubus,  crucif, 

Crenia,  lythr. 

Crépis  {-pide),  chicor. 

Crescentia  (  calcbas- 
sier),  solan. 

Cressa,  conuotv. 

Crinum  {-note),  narc. 

Crislaria,  matv, 

Crocodilium,  card. 

Crocus  {safran),  irid- 

Crotalaria  (  -taire  ) , 
lég. 

Cioton  (  tournesol  ) , 
euph. 

Crolonopsis,  euph. 

Crozopliora,  euph. 

Crucianella  {-nette)  , 
rub. 

Crucita,  amarant. 

Crytmum  ,  ombetl. 

Cucubalus  {  béhen  ) , 
caryoph. 

Cucumis  {concombre), 
cucurb. 

Cucurbita  (  courge  ) , 
cucurb, 

Ciiniinitm,  ombctt, 

Cunila,  tub. 


697 

Cunningliamia ,  cou, 
Cunonia,  saxif, 
Cupania,  sapind, 
Cuphea,  lythr. 
Curatella,  magn. 
Curcuma,  amom. 
Cuscuta  {-cutc),  cour. 
Cussonia,  araliuc. 
Cyamopsis,  lég. 
Cyanus,  card. 
Cyanella,  tiliac. 
Cycas  {-cadéc),  gram. 
Cyclamen  (  -clame  ) , 

primul. 
Cyclantus,  balanoph. 
Cyclopia,  lég, 
Cydonia,  rosac. 
Cynibaria,  rhin. 
Cymbidiimi,  orchid, 
Cynanchuni,  apoc. 
Cynoglossum  {-gtosse) 

borrag, 
Cynoraetra,  lég, 
Cynoraoriuni,    batan, 
Cynosurus    (  -sure  ) , 

gram. 
Cyperus  ( souchet  ) , 

cypér. 
Cypressus     (  -prés  ) , 

conif. 
Cypripedium      {-péde 

ou  sabot  deVcnus), 

orchid, 
Cyrilla,  éricin. 
Cytharexylon  {guit ta- 
rin), verbén. 
Cytiuus,  cytin. 
Cytisus  {-tise),  lég. 


Dacridium,  conif. 
D  clylis  {-tide),gram. 
Dactylus,  ébén. 
Dahlia,  corymb. 
Dais,  thymèl. 
Dalbergia,  lég. 
Dalea,  lég. 
Dalechanipia,  euph. 
Damasoniuni     (  étoile 

d'eau),  atism, 
Darlingtonia,  léf;. 
Datuia    {stramoinc), 

sot. 
Daubentonia,  lég. 
Dancns     {carotte) , 


II. 


8« 


()98 

ombell. 
Davicsia,  Icf;. 
Dccadia,  tiliac. 
Deidaraia,  passif!, 
Dek^s^ria,  alf^. 
Dt'lima,  mai;ii. 
Delpliinium   (dduplii- 
ncUc,  on    pied-d'a- 
louc(tc),  niioHC. 
Desinanthus,  Icg. 
Desiuaretia,  ctlg. 
Deviu'lia,  le;/. 
Diaiitlicra    (  -tkcre  ) , 

acanlli. 
Dianthus  [œillet),  ca- 
ri/op  h. 
Diapcnsia,  concoL 
Dicalyx,  myrt. 
Diccra,  tiliac. 
Dichondra,  canvolv. 
Dicliroinena,  cypcr. 
Dicramini,  mouss. 
Diclaninus  {-lamne  ou 

fraxincUé)  ,  rut. 
Dictyopteris  (  -tére  ) , 

alg. 
Dictyota,  alg. 
Didesnuis,  crucif. 
Didymodoii ,  mouss, 
Digitalis  {-taie),  rhin. 
DigloUis,  rut. 
Dilatris,  irid. 
Dilivaria,  ncantk. 
Dillenia,  magji. 
Dillwynia,  lég, 
Diona.'a,  capp. 
Dioscoiea      (  -rée  ou 
igname),  asparag. 
Diosnia,  rutac. 
Diospyros  (  plaqucmi- 

nicr),  cbcitac, 
Diphaca,  Icg. 
Diplotaxis,  crucif, 
Dipsacus  (  cardére  )  , 

dipsac. 
Dirca  {bois-cuir),  tliy- 

mcl. 
Disa,  Orchid. 
Disandra  {-dre),  rhin. 
Disperis,  orchid, 
Dodecatheon    (  gyro- 

selle),  prim. 
Dodonea,  téréb. 
Dolichos,  Icg. 
Dombeya,  byltn. 
Dondia,  ombell. 


CLEP  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES, 


DoronicjOH,   corymb. 

DorsIiMiia,  iu-(/c. 

Oorvciiiuni,  lég, 

Draba  {drarc),  crue, 

r)rar;ena  {san^^-dra- 
gon),  asparag. 

Dracoceidialum  (-;;/(«- 
/(•),  lab. 

Draconliuui  {serpen- 
taire), aroïd, 

Drepania  {  drcpane), 
chicur. 

Drimys,  magn. 

Drosera(ro.sso/i.s),frt/). 

DrosophylluiD,  cap. 

Drusa  {druse),  omb. 

Drypetes,  euph. 

Drypis,  carioph. 

Dumasia,  Icg. 

Dumontia,  alg. 

Duianta ,  verbcn.  et 
leg. 

Durio,  capp. 

S 

Ebenoxylon,  ébén. 
Ebenus  {-nier),  cbcn. 
Ecastaphylluui,  lég, 
Ecljalliuni,  cucarb, 
Echinophora,  ombell. 
Echinops,  card. 
Ecliiocliilon,6or/Yt^!H, 
Eclypta  {-ciypte),cor, 
Eccremoicarpus,  big, 
Eiolœna,  byttn. 
Ehrelia,  borrag. 
Ela.*agnus      (  chalef), 

cicagn. 
Elœocarpus,  tiliac, 
Elais,  palm. 
Elastotema,  ïirtic, 
E\ale,palm. 
Elaleriuui,  cucurb. 
Elcaja,  mcliac. 
Eleococca,  euph. 
Elephantopus  {-topé), 

card. 
Elleborine,  orchid, 
Ellisia,  borrag. 
Elymus,  gram, 
Emblica,  euph. 
Embothriuni,  proléac, 
Empetrum  {camarine) 

cric. 
Emplcvrum,  ruiac. 


Enart  hiDcaipus,  cn/c. 
Eiulcsma,  crucif. 
Endesiuia,  myrt; 
iMidoeaipus  {-carpe), 

lich, 
Endospcrmuni  {-per- 

me) ,  Icg, 
Eudracbuin,  convole, 
Enourea,  sapind, 
Entada,  leg. 
Epacris,  {-c ride), é rie. 
Ephedra      (  uvelte  ) , 

conif. 
Epidendrum,   orchid, 
Epiga>a,  éric. 
Epilobium    (  -lobe  )  , 

onagr. 
Epimedium  (-mcde) , 

berbcrid. 
Epipactis  (-tide),  or- 
chid. 
Equisetum     (  prèle  )  , 

équisét. 
Erantbemum,  acanth. 
Erharta,  gram, 
Erica  (bruyère),  éric. 
Erigeron,  corymb. 
Eriocallia,  corymb. 
Eriocephalus  (-phale), 

corymb. 
Eriaucolon,  j'oHf, 
Erinus,  rhinant. 
Eriophoron       (  linai- 

grette),  cypèrac. 
EiiUironiuui  (tkrone), 

colehic, 
Erilbrospermum(^-;jer- 

me),  tiliac. 
Eritrochyton,  rutac, 
Erodium    (-dier),  gé- 
ra niac. 
Erophila,  crucif. 
Erucaria,  crucif. 
Ervum  (ers,  lentille), 

lég. 
ErycLbe,  rhamn. 
Eryngium  (panicaut), 

ombell. 
Erys,imum(véUir), cru- 

cif. 
Erythrea,  gcnlian. 
Erythrina,  lég. 
Erylhroxylum ,    7nal 

pigh. 
Escallonia,  éric, 
Ethulia,  card. 


Eucalypla  (  -lyple), 
mousses. 

Eucalyptus,  myrt, 

Euclidiuin,  crucif, 

Eucoinis,  iiliac. 

Eucryphia,  hypcric. 

Eugenia,  myrt. 

Eunomia,  crucif. 

Euparea,  prim. 

Eupatoriuni  (-toire), 
card. 

Euphoria  (litchi),  sa- 
pind, 

Euphorbiuin(-pAoriiej 
euph. 

Euplirasia,  rhin, 

Eutoxia,  lég, 

Evolvulus,  convolv. 

Evonymus  (fusain)  , 
rhamn, 

Excœcaria,  euph, 

Exoacantha,  oinb, 

Exacum  (genlianclle), 
gentian. 


Fabricia,  myrt. 

ExFonia,  aurant. 

Fiutidia,  myrt. 

Fagara,  téréb. 

Fagonia,  rutac. 

Fagopyrum    (  sarra- 
sin ) ,  polygon, 

Fagus  (hêtre),  ament. 

Faisetia,  crucif, 

Feniculum    (fenouil), 
07nb. 

Ferraria,  irid. 

Ferula,  omb. 

Festuca  (fetuque),  lég. 

Ficaria  (-caire) ,    re- 
noue. 

Ficus  (figuier),  urtic, 

Filago  (-lagc),  card, 

Fisl\iVm3L(-line) , champ 

Fiurena,  cypcr, 

Flabellaria('-/a/ccj,rt/5f. 

Flacurtia,  tiliac, 

Flagellaria   (  -laire  ) , 
aspar. 

Flaveria,  card. 

Fleiuingia,  rosac. 

Flindersia,  méliac. 
aurant, 

Fluggea ,   euph, ,    di- 


SIGIVES    DIVEKS.    BOTA.MOUE. 


corcea. 
Foutanesia   ( -nèse  )  , 

jasm. 
Fontinalis    (  -tiale)  , 

jnouss, 
Forskalia,  urtic. 
Fothergilla,  bcrbcr. 
Fragaria   (fraisier)  . 

rosac. 
Frankenia,  caryopli. 
Frasera,  gent. 
Fraxinus      (  frcne  )  , 

jasm. 
Friesia,  tiiiac. 
Frisiera,  auraiit. 
Fritillaria    ( -laire  )  , 

liliac. 
Fucus  ou  varech,  alg. 
Fugosia,  malv. 
Fumaria  (fumeterre), 

papav. 
Funaria      (-nuire), 

mouss. 
Fungus,  champignoi. 
Furce]laria  (-laire), 

alg. 
Fusanus  ,      osyrid.  , 

élcagn. 
Fuschia,  onagr. 


Galanlhus  (perce-nei- 
ge), narciss. 

Galardia  (-dienne  ] , 
corytnb. 

Galaxia  (-aie),  irid. 

Galega  (lavanèze),  lég. 

Galenia,  amar. 

Galeobdolon,  lab. 

Galeopsis,  lab. 

Galinsoga  (  -soguc) , 
corymb. 

Galipea,  rutac. 

Galium  {gaillct  ,  ou 
caille-lait),  riib. 

Gantheria,  cric. 

Garcia,  euph. 

Garcinia,  guil. 

GwA(tmà(-dé)de)  ,rub, 

Garidella,  renonc. 

Gaulia,  onagr. 

Gelidiiini,  alg. 

Gcnipa,  rub. 

Genista  (gcnvi),  Icg. 

Genoria,  lyihr. 


Gentiana  {-tianc),gcn- 

tian. 
Géranium,   géraniac. 
Gerardia,  rliin. 
Geropogon,  chic. 
Geruma,  mcliac. 
Gesneria,  camp, 
Getbylis,  liliac. 
Geum  {benoîle),   ro- 
sac. 
Gigartina  {-tine),  alg. 
Gilia,  polèni. 
Gisekia,  portul. 
Gladiolus    (glaïeul), 

irid. 
Glaux,  lytiir. 
Glechonia  [lierre  ter- 
restre), lab. 
Gleditschia   (  f évier  ) , 

Icg. 
Gliuus,  ficoïd. 
Globba,  aniom. 
Globifera  [micrantltè- 

me),  primid. 
Globularia  (  -laire  )  , 

globutar. 
Glocliidion,  cup/i. 
Gloxinia,  camp. 
Glycine,  Icg. 
Glycirrhiza  {réglisse), 

Icg. 
Glycosmis,  aurant. 
Gmelina,  verbén. 
GnapbaHuni   {immor- 
telle), carduac. 
Gnidia,  thymél. 
Godoya,  gutt. 
Goniara,  rhin. 
Gomphia,  magn. 
Gomphrena   (  imnior- 

lelle),  amarant. 
Goniocarpus  {-carpe), 

onagr. 
Goodenia      (  -dénie  ) , 

camp. 
Goodia,  lég. 
Gorteria    {-tère) ,    co- 
rymb. 
Gossypium      (  coton- 
nier), malv. 
Goupia,  rliamn. 
Grangea,  card. 
Grangcria,  rosac. 
Graliola  {-tiolc),  rliin. 
(Jrcwia,  tiiiac. 
Grias,  gutt. 


Grinnnia      (  -  mie  )  , 
mouss. 

Grislea,  lytkr. 

Grona,  lég. 

Grossularia    {groseil- 
ler),  grossular. 

Guaicana,  ébén, 

Guaicum,  rutac. 

Guarea,  jjic'/ïrtc. ,  au- 
rant. 

Guazuma,  byttn. 

Gueltarda    (  -tarde  ) , 
rub. 

Guevina     (  guérinc  ) , 
protéac. 

Guiclienotia,  byttn. 

Guilandina,    Icg.,    té- 
réb. 

Guldenstadtia,  Icg. 

Gustavia,  myrt. 

Gy  uinocarpus  (-ra»7;c) , 
paronych. 

Gymnocladus  {-clade), 
lég. 

Gynniostomum    (  -to- 
me), mouss. 

Gynoon,  euph. 
G)'rocarpos,  malp. 
Gyrocarpus    {-carpe), 

laurin. 
Gysophila    (  -phile  )  , 
caryopli. 


Hœmatoxylon  {campc- 

clic),  lég. 
Haniodorum,  irid. 
Hakea  {liakée,  ou  vaii- 

bicr),  protéac. 
Halesia,  ébén. 
Hallia,  lég. 
Haloragis,  onagr. 
Haniadryas,  renonc. 
Haniclia,  rub. 
Hanielis,  bcrbérid. 
Harungana(/<(»'OH(/rt), 

hypéric. 
Hasselquistia,  ombell. 
Hebcnstretia   {-tréte), 

verbén. 
Hedera    {lierre),  ca- 

prif. 
Hedipnois,  chicor. 
lledone,  caryoph. 
Hedycaria,  nrlic. 


69  î> 

Hodychiuni,  amom. 
Hodysaruui(s<(!H/"o?//), 

lég. 
Heleniuni,  corymb. 
Hclianthemum    {-thè- 
me), cist. 
Helianthus     {soleil), 

corymb. 
Heliconla ,     musac.  , 

aurant. 
Helicteres,  malv. 
Hcliopbila    {-phile  )  , 

crncif. 
Heliolropium(-no;je),. 

borra^. 
Uc]lQhor\is{hclléboi'é), 

renonc. 
Helniintia  {-tie) ,  chi- 
cor. 

Hclonias,  colchic. 
Hclosis,  balanoph. 
Helatitiui,  champ. 
Helvella     (  -celle  )  , 

champ. 
HemanI  luis     (  -the  )  , 

7iarciss. 
Henierocallis    (  hémê- 

rocallc),  liliac. 
Heniitomus   {-tome)  , 

solan. 
Hemistemma,  ma^^n. 
Henchera,  saxif. 
Heracleuni    {berce), 

ombell. 
Heriliera     (  -tière  )  , 

malv, 
Hermas,  ombell. 
Hcrniaria    {hcrniole) , 

paronych. 
Hesperis   {julienne  ) , 

crucif. 
Hesteria,  polygal. 
Hcterostemon,  lég. 
Hevcnia,  rliamn. 
Hcynea,  aurant. 
Hibbcrtia,  magnol. 
Hieracum  {éperviére), 

chicor. 
Hillia,  rub. 
Hippia,  card. 
llippocalyptus,  lég. 
Hippocratoa    {-tée)  , 

acérin. 
Ilippocrepis(  pide),lég. 
Hipponiane    (  mance- 

itillier).  euph. 


700 

llipijopliac    (  argous- 

sicr),  clcagn.' 
Hippuiis      (  pcsse  )  , 

onagr, 
Hir.x'a,  malpigh. 
Flirtclla,  vosac, 
Ilisingpia,  cupli. 
Holoslciini,    caryoph, 
lioinalinni,  rosac. 
Hopca,  cbcii. 
llordemn    (  orge  )  , 

gram. 
Hoiniiiinin,  htb. 
lloriieinaunia    i^-nic^  , 

rhin. 
Hortensia,  saxifr. 
Holtoiiia    (plumemi) , 

primul. 
Houstoiiia     (  -tone  )  , 

rub. 
Houtouynia,  aroïd, 
Hiifïonia,  vialr, 
Hulclùiisia,  cnicif, 
Hulcus    {  Iwidque  )  , 

gram. 
Humilia,  auraiit. 
Hninulus  {houblon), 

iivtic. 
Hura  {soblicrc),  eupli. 
llyacintlius    (  -ciittlic 

ou  jacinllie),  lit. 
Hyl)iscus    (  kclmic  )  , 

vialv. 
Ky(lnocarpus(-car/7e). 

liVwc. 
llydnuni,  champ. 
Hydraiiiîca  {-drange), 

saxifr. 
l!\drastis,  renonc. 
H}drocharis(»iort'«e), 

hydrocharid. 
Hxdrocotyle,  ombell. 
Hydropeltis,  alism. 
llydrolca   (-/ce) ,  con- 

tolr. 
Hydiopliyllum  {-phyl- 

Ic),  borrag. 
IhmciKca     (  cour  ba- 
ril), le  g. 
HymcMogonum  ,    ca- 
ryoph. 
llyiiionopiiylliiiii    {l\y- 

inniophyltc),    foiig. 
ll\ol)ancii(',  rhin. 
(iMrnaiiclic,  ciiph. 
11;. asciainuft  (jusquia- 


CLEI   DE  LA  LAiNGLE  ET  DES  SCIENCES. 

mc),solan.  Itva.,  saxif. 

Hyosoris    {dormeuse),  Itea,  cricin. 
chicor.  Ixia  {-xic),  irid. 

HyiX'coinn    {-coon)  ,  \\ova  {-xoré) ,  rub. 
papav, 

llyitoricum  {millepcr- 
ti(is),  hypéric. 

Ilypiiea,  alg. 

Hypuuni,  mouss. 

Hypochicris    (  parcel- 
le), chicor. 

Hypoderiiia,  hypoxyl. 

Hyssopus  {-sopc),  lab. 

Hyslcriuni ,    faux    li- 
clien,  hypoxyl. 

Hypoxys,  narciss. 

Hyptis,  lab. 


Iberis  {-ride),  crucif. 
Ignatia  {noixvomique 

ou    fève   de   Saint- 

l^nacc),  apocyn. 
Ilex  {houx),  rhamn. 
Illeccbiuin  {illécébre), 

paronych. 
Illicium    (  badiane  ) , 

magn. 
luibricaria    {-cairc)  , 

lich. 
Inibricaria     (  bois   de 

natte),  sapot. 
Impatiens     (  balsami- 
ne), géraniac. 
Imperatolia    {-toire) , 

ombell. 
Incarvillœa,  bign. 
Indijîofera    {-goder 

lég. 
Inga,  lég. 

Ingenhonsia,  malv. 
Inuia     (  auncc  )  ,    co- 

rymb. 
lonidium  {-dier),  vio- 

lac. 
Ipomaca    {-mce),   con- 

rolv. 
Iris,  irid. 

Isatis  {pastel),  crucif, 
Isriiœinnm,  gram. 
Isidium,  lich. 
Isuni'dia      (  -nardc  )  , 

lythr. 
Isdctes,  tycoptril. 
Isopyruu),  renoue. 


Jaborosa  {-rose),   sa 

lan. 
Jacea,  card. 
Jacquinia  {-nier),  sa- 
pot. 
Jauibosa,  myrt. 
Janipha,  euph. 
Jasioae,  camp. 
JasmiuMm,  jasm. 
Jatropha  {mcdicinier), 

euph. 
Josephinia    {-phine)  , 

bign. 
Johnia,  acérin. 
Juglans    {noyer) ,    té- 

rcb. 
Juncago  {triglochin), 

alism. 
Juncus    {jonc ) ,  jon- 

cce. 
Jungermannia    {-ma- 

ne),  hépat. 
Junipems  {genévrier), 

conif. 
Jussiaia  {-siée),  onagr. 
Justicia  {carmantine) , 

acanth. 


Kadsura,  magn. 
Kaîempferia   (  zédoai 

re),  amom. 
Kalanchae,  crassul. 
Kalmia  {-mie),  éric, 
Kenncdya,    lég. 
Kydia,  bylln. 
Kigellaria,  liliac. 
Kirganelia,  euph. 
Kitaibelia,  malu. 
Kœlreuteria    (  -rie  )  , 

sapind. 
Kœuigia,  polygon. 
Kolbia,  passifl. 
Kranieria,  polygal. 


Labalia,  cbén. 


Lachnea  (-née),  thy- 
viél. 

Lactia,  tiliac. 

Lactuca  {laitue),  chi- 
cor. 

Laflingia,  paronych, 

Lagasca  {-scée),  card. 

Lagerstrœmia,  lythr. 

Lagetta    {bois   dentel- 
le), thym. 

Lagunea,  malv. 

Lagurus     (  -  gure  ) , 
gram. 

Lambertia,  protéac. 

Laminaria    {-nuire) , 
aigu. 

Lamium  {-mier),  lab. 

Lampsana    {-psane) , 
chicor. 

Langdorffia  ,       bala- 
naph. 

Lantana,  verbén. 

Lardizabala ,   ménisp. 

Larix  {mélézcQlcèdre), 
conif. 

Larrea,  rutac. 

Laserpitium    {laser)  , 
ombell. 

Lasiopetalum,  byttn. 

Lasiopetalum,  rhamn. 
Lathrœa       (  clandes- 
tine), rhin. 
Lathyrus  {gesse),  lég. 
Lauientia,  aigu. 
Laurus  {laurier),  lau- 

rin. 
Lavandula  {lavande), 
lab. 


(  -  tère  )  , 
{ henné  )  , 


Lavatcra 

malv. 
Lawsonia 

lythr. 
Lebeckia,  lég. 
Lcckea,  caryoph, 
Lccythis,  myrt. 
Ledum  {-don),  éric. 
Ledum,  crassul. 
Leea,  sarmcntac, 
Lemna  {lentille  d'eau) 

fluv. 
Leontice,  bcrbérid. 
Leonurus      (  cardia 

que),  lab. 
Lepidium         (  passe- 

raye  )  ,  crucif. 
I.epitoiicma,  eup/i. 


Leptaleuni,  crucif. 
Leptocaqiœa ,   crucif. 
Leplospennum   {-per- 

mc),  vu/rt. 
Leskea  {-kée),  mouss. 
Lcspedeza,  lég. 
Lessertia,  le  g. 
Lcucoiuni,  7iarciss. 
Leiicosia,  rhamu. 
Lcusiaiithera,  sarm. 
Licania,  rosac, 
Licuala,  palm. 
Lklia,  7'osac, 
Ligusticum    {livèche), 

onibell. 
Ligustrum    (troène)  , 

jasm. 
Liliuui   [lis),  liliac. 
Liineum,  portuL 
Liinodorum    {-doi'é)  , 

Orchid. 
I.imonia   {-nier),   au- 

vant. 
Liuiosella      (  -selle  )  , 

rliin. 
Limosella     (  -selle  )  , 

prim. 
Linaria  {-nairé),  rliin. 
Liniuea    [linnce),    ca- 

prif. 
Linum    [lin)  ,   caryo- 

ptiyll. 
Liparia,  lég. 
I>iqiiidanibar,    ament. 
Liiiodendrum    (  tuli- 
pier), magnol. 
Lisianthus,  gentian. 
Lithospermum     {grc- 

mil),  borrag. 
Lilsica,  lauriu. 
Litlorella  {plantain  de 

moine),  plantag. 
Loasa,  opuntiac, 
Lobaria,  licli. 
Lobdia  {-lie),   cricin. 
Lœselia  {-lie),polémo- 

niac. 
Lolinm  {ivraie),  grain. 
Lonchocarpus,  Icg. 
I.oiiicera  ou  caprifo- 

lium    (  chèvrefeuil- 
le), caprifol. 
Lopczia  {-lie) ,  onagr. 
I,<i])iniia,  malr. 
Lorantiuis    {-tlic),  lo- 

ranth. 


SIGNES    DIVERS. 

Lotus  {-tier),  lég. 
Lourea,  lég, 
Ludwigia,  onagr, 
LulFa,  cncurb. 
Lunaria  {-noire) ,  cru- 

cif. 
Lupinus  {-pin),  lég, 
Luriola,  gram, 
Lusula,  jonc. 
Lychnis    {-nide ,    ou 

lampette),  caryoph. 
Lycium    {lyciet) ,  so- 

lan. 
Lycoperdon  ,       faux 

champignon. 
Lycopodium    {-pode), 

lycopodi  ac. 
Lycopsis  {-side),   bor- 
rag. 
Lycopus  {-cope),  lab. 
Lygeum     (  sparte  )  , 

gram. 
Lysiniacbia    (  -maque 
ou  -machic) ,  primul. 
Lythrum    {salicaire) , 

lythr. 

M 

Maba,  ébén. 

Macaranga,  eupli, 

Maclura,  urtic. 

Macranthus,  lég. 

Macropodium,  crucif. 

ÏNIaeringhia,    caryoph. 

Magnolia  {-lia  ou-licj-) , 
magnoliac. 

Mahernia,  byttn. 

Maieta,  mélast. 

Malachra  (  -lachre  ) , 
malv. 

Malaxis  {-xide),  Or- 
chid. 

Malcoluiia,  crucif. 

Maleshei'bla ,  passill. 

Malopc,  malr. 

Mal])ighia  (  -ghia  ou 
-ghier),  malpighiac. 

Malus  {pommier),  ro- 
sac. 

Malva  {maure) ,  mal- 
vac. 

Malvaviscus  {mau ris- 
que), malvac. 

Manielea,  rhin. 

Maiumca  {-mcy),guii. 


BOTAiMQUE. 

Mangifera    {-guier)  , 

téréb, 
Manglilla,  sapoi, 
Manisuris,  gram. 
Mappa,  cuph. 
Maprounea,  euph. 
Maranta,  amom. 
Marcgrawia,  gutt, 
Marchautia  {-iie),  hé- 

pal. 
Marila,  gutt. 
Maripa,  coiivolv. 
Marrubium   {-rube) , 

lab. 

Marsilea,  rhizosp. 
Martynia  (cornaret) , 

bign. 
Massonia  {-sone) ,  li- 
liac. 
Matayba,  sapind, 
Matelea,  apocyn. 
Mathiola,  crucif. 
Matisia,  malv. 
Matricaria    (  -caire  )  , 

corymb. 
Maurandia,  rhin. 
Mauria,  téréb. 
Mauricaria,  crucif. 
Mauritia,  palm. 
Ma  va  ou   bassia,  sa- 

pot. 
Mayaca,  commél. 
Mayna,  magnol. 
Medicago   {luzerne), 

lég. 
Mediola   {-diote) ,   as- 

parag, 
Meesia,  mouss, 
Megacarpœa,  crucif. 
Megonopsis,  papav, 
Melalcuca,  myrt. 
Melanipyrum  {-pyre), 

rhinant. 
Mclanea  {-née),rub. 
Mclanthium  {-lanthé), 

colchic. 
Melastoma    {-tome)  , 

mélast. 
Moliiania,  byttn. 
Melia     (  azédarach  )  , 

méliac. 
-Meliaiilhus  {-liant hc), 

ru  lac, 
Mclica  {-liquc) , gram, 
Molicocca,  sapind. 
Melicylus,  titiac. 


701 

Melilotus  {-lot),  lég. 
Melissa  {mélisse),  lab. 
Mellilis,  lab. 
Melochia,  byttn. 
Melothria,  cucurb. 
Memecylon,  onagr. 
Menais,  borrag, 
Menarda,  euph, 
Menianthes    {-the)  , 

prim. 
Meniocus,  crucif, 
Menisperraum    {-per- 

me),  rnénisp, 
Menovillca,  crucif. 
Mentha  {-the),  lab. 
Menziezia  {-zie),  éric. 
Mercurialis    {-riale)  , 

euph. 
Merendera    (  -dére  )  , 

colchic. 
Mcriana,  mélast, 
Mertensia,  ament. 
Merulius     (  -rul  )  , 

champ, 
Mesenibryanthcmum 

{/îcoïdc) ,  fîcoïd, 
Mcspilus  {néflier),  ro- 
sac. 
Messerschmidia    (  ar- 

guse),  borrag, 
Mcsua,  gutt. 
Melbouica   {-nique), 

liliac. 
Melrosideros,  myrt, 
Meum,  omb, 
Michauxia,  camp, 
INIichclia,  magn, 
Miconia,  mélast. 
Micranthea,  euph. 
Micropelalum  ,      ca- 
ryoph. 
Micropus    {-cropc)  , 

card. 
Microstachys,  cuph. 
Milleria    {-rie)  ,     co- 
rymb. 
Millium       (  millet  )  , 

gram. 
Mimosa    (  scnsitive) , 

lég. 
Minmlus      (  -mul  )  , 

rhin. 
Mimusops  {-sope),  sa- 

pot. 
Minuarlia,  paronych, 
Mirbclia,  lég. 


702 

Mitclipllia  {-lie),  ruO. 
MitcUa,  so.rif. 
Moliiui'a,  sopiiid. 
IMolucella  {-celle) ,  lab. 
Mouiordica    {-dùfuc), 

cucurb, 
Monaletia,  rub. 
Monarda    {-narde) , 

Lab. 
Monillin,  faux  champ. 
IMoniniia  {-ime),uvtic. 
Moiiina,  pobjfjal. 
Moiiniera,  riitac. 
Monniera,  7'lnn. 
Monotropa  {sucépin), 

monotrop, 
Monsonia  {-sone),  gé- 
ra nia  c, 
Montia,  portiil. 
iNFontinia,  onagr, 
Moquilea,  rosac. 
Morchella   {morille)  , 

champ. 
Morettia,  crucif. 
Moricaudia,  crucif. 
Morina   {-ritie),   dip- 

snc. 
Morinda  (roync),  rub. 
Morisonia,  cappar. 
Mora.'a,  irid. 
Moroiiobea,  gutt. 
Morus    {mrivicr),   ur- 

tic. 
Mougeotia,  byttn. 
Mouroucoa  {-roucou), 

couvolv. 
Mucor,  alg, 
Mucuna^  lég. 
Mullera,  lég. 
Miinchausia,  lythr, 
Muricia,  cucurb. 
Murraya,  aiirant. 
Musa  {bananier) ,  mu- 

sacées. 
Myagrum,  crucif. 
Myosotis,  borrag, 
Myosurus,  renonc. 
Myriadenus,  lég. 
Myrianlhus,  cucurb. 
Myrica      (  cirier  )  , 

amcnt. 
Myriophylliiin  {iwlant 

d'eau),  onagr. 
Myristica  {muscadier) , 

myristic. 
Mviodcndrum,   iércb. 


CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Myiospcrnium   {-pcr- 

mc),  le  g. 
Myrrhis,  ombcll. 
Myrsino,  sa  pot. 
Myrtus  {-(c),  viyrt. 

M 

Nsemarpora    {-pore)  , 

liypoxyl. 
Nagela,  ament. 
Naias  {-iade),  fluv. 
Nama,  convolv, 
Nandhiroba     {-robe) , 

cucurb. 
Napoleona,  passif!. 
Narcissus    (  -  cisse  )  , 

uarciss. 
Nardus  {nard) ,  gram. 
Narthecium  {nartiiccc) 

colcliic. 
Nasturtium,  crucif. 
Nastus,  gram. 
Neaea,  nyctag. 
Neckera,   mouss. 
Nectandia,  tliymél. 
Nelumbium    (  nclom- 

bfl),  iiympli. 
Neottia,  orcliid. 
Nepenthes,  cytin, 
Nepeta  {cataire),  lab. 
Nephroma,  licb. 
Nerium  {laurier  rose), 

apocyn. 
Nestia,  crucif. 
Neurocarpum,  lég. 
Xevrada,  rosac. 
Mcaudra,  solati. 
Nicotiana   {-tiane,   ou 

tabac),  solan. 
Nigella    (  -gelle  ,    ou 

nielle  ) ,  renonc. 
Ti'ipHf'paiidanées,  typii. 
Nissolia,  lég. 
Nitraria,  ficoïd, 
Nolana,  solan. 
Nomarium,  paronych. 
Norantea,  gult. 
Nolelœa,  jasm. 
Notoceras,  crucif. 
Nyctago   {-tagc),  nyc- 
tag. 
Nyctanthcs      {jasmin 

d'Arabie),  jasjn. 
Nyinpha;a    {-pliéa,  ou 

Hcnvpliar)  ,     nym- 


phe ne. 
Nyssa  {tupélo)  ,osyrid. , 
cléagn. 


Ochna,  magn. 
Ochrosia,  apocyn. 
Octliodium,  crucif. 
Ocymum      {basilic)  , 

lab. 
Odontiles,  ombell. 
ORnaulhe,  ombell. 
OElhusa  {étfiuse),  om- 
bell. 
Olea  {o  H  fier),  jasm. 
Oligotriclmm   {-trie), 

mouss. 
Oliveria,  ombell. 
Olyra,  gram. 
Omalanthus,  euph. 
Omplialea,  euph. 
Omplialobium,   téréb. 
Oncidium,  orchid. 
Onoclea  {-clée),  foug. 
Ononis  {arrcte-bœuf), 

lég. 
Onopordum  {-porde), 

card. 
Onosma,  borrag, 
Opegrapha,  faux  lich. 
Opcrcularia   {-laire)  , 

globular. 
Ophioglossum    {-glos- 

se),  foug. 
Ophiorrhiza,  genlian. 
Ophioxylon  {ophiose), 

apocyn. 
Ophira,  onagr. 
Opuntia,  cact.,opunt. 
Orcliis,  Orchid. 
Origanum  {-gan),  lab. 
Oriza  (/•;:),  gram. 
Ormocarpum,  lég. 
Ornithogalum  {-gale), 

liliac. 
Ornitiiopus    {-thope), 

lég. 
Ornithroplie,   sapind. 
Orobanclie,  rhin. 
Orobus  {-robe),  lég. 
Orontium     {-route  ), 

aro'id, 
Ortegia,  caryoph. 
Oiiliolriclium,  mouss. 
jOrygala,  ficoïd. 


Osbeckia,  mélosi. 
Osmunda    {-monde)  , 

foug. 
Osmundaria      {-mon- 

daire),  alg. 
Osteospermum    {-per- 

me),  corymb. 
Osyris,  osyrid.,  éléag. 
Otiiera,  berbérid, 
Othonna      {spatule)  , 

corymb, 
Othrys,  capparid. 
Otoptera,  lég. 
Ottelia  {-télié),  hydro- 

charid. 
Oxalis    {-lide) ,   géra- 

niac. 
Oxytropis    {-trope)  , 

lég. 


Pachira,  malv. 
Pachysandra    {-dre)  , 

euph. 
Padina  {-dine),  alg. 
Paederota    {pedérote), 

rhinant. 
Paeonia  {pivoine),  re- 

noncul, 
Palava  {-lave),  malv. 
Palava,  aurant. 
Paliurus      {-litire)  , 

rhamn. 
Pallasia  {-sie),  poly- 

gon. 
Panax  {ginseng),  ara- 

liac. 
Pancratium   {-cracé), 

narciss. 
Pandanus    [vaquais) , 

pand.,  typh. 
Panicum  {-nie) ,  gram. 
Papaver  {pavot),  pa- 
pa v. 
Paralea,  ébén. 
Pariana,  gram. 
Parietaria  {-riétaire), 

urtic. 
Parinarium,  rosac. 
Paris  {-risette),  aspa- 

rag. 
Parkinsonia    {-sone)  , 

lég. 
Parnassia  {-ssie),capp. 
ParochiUis,  lég. 


SIGNES  niVERS.    BOTANIQUE. 


Parona,  convolv. 
Paronychia   {-nique) , 

paronych. 
Paropsia,  passifl. 
Passerina,  thym. 
Passiflora  {-flore,    ou 

grcnadillc),  pussi/l. 
Paspaliim     (  -pale)  , 

gram. 
Pastinaca    {panais)  , 

ombelL 
Patagonula,  borrag, 
Palellaria    (-  iaire)  , 

lich. 
Paulinia,  acérin. 
Paulinia,  tcréb. 
Pa\ia, hypocast.  ,accr. 
Pavonia,  malv, 
Pectis,  corymb. 
Pedalium     {pcdali)  , 

bign. 
Pedicularis     {pédicu- 

lairé),  rkin. 
Pedilanllius,  euph. 
Peganum    {karmale), 

rutac, 
Pelargonium     (  -  ga- 
iner), géraniac, 
Peltaria  (-taire),  cru- 

cif. 
Pelligera,  lich. 
Pemphys,  lytiir. 
Pentapetes,  bitln. 
Peplis(pcplide),lythr. 
Perama,  verbéu. 
Pergularia,  apoc. 
Perilla  (pérille),  lab. 
Periptera,  nialr. 
Periploca  (peploquc), 

apocyn. 
Peronia  (pcronie),  a- 

monu 
Persica  (pécher),  ro- 

sac. 
Persicaria  (-caire),  po- 

lygon. 
Persoonia  (-nie),  pro- 

tcac. 
Pertusaria  (pcrtuisai- 

re),  faux  lich.,  hy- 

poxyl. 
Petalostenium,  Icg. 
Petila,  verbén. 
Petiveria,  amaranl. 
Petrocallis,  crucif. 
Peucedanum    (peucé- 


dan),  onibcll, 
Peziza,  champ. 
Pliaca,  lég. 
Plia  cela,  borrag. 
Phalangium,  lil. 
Phalaris      (alpiste), 

gram. 
Phallus      (  satyre  )  , 

champ. 
Pharnaceum,  caryoph 
Pharus,  gram. 
Phascum,  mouss 
Phaseolus  (haricot), 

lég. 
Phebalium,  rutac. 
Phisalis   (alkckenge) , 

solan, 
Phleum  (fléau),  gram. 
Plilomis  (-mide),  lab. 
Phlox   polémoniac. 
Phœnix     (  dattier  )  , 

palm. 
Phormium,  liliac. 
Pliryma,  lab. 
Phylicca,  rhamn. 
Phyllanthus  (  -the  )  , 

euph. 
Phyllanthus,  tcréb. 
Phyllirea     (  filaria  ), 

jasm. 
Pliyllocladus,  conif. 
Phiscia,  lich. 
Physospermum ,    om- 
belL 
Phytelephas ,   pand.  , 

typh. 
Phyteuma    (raponcu- 

le),  campan. 
Phytolacca,  amarant. 
Pictetia,  lég. 
Picris  (-criée),   cki- 

cor. 
Pileanthus,  myrt. 
Pilularia  (-taire),  rhi- 

zosp. 
Pimpinella  (boucage), 

ombell. 
Pinguicula  (grosseite) 
utriculin.,  primul. 
Pinus  (pin),  conif. 
Piparca,  violac. 
Piper  (poivre),  pipé- 

rit. 
Pirigara,  myrt. 
Piriqueta    (-quête), 
violac. 


Pirus  (poirier), rosac. 
Piscidia,  lég. 
Pisonia  (-nie),  nyctag. 
Pislachia  (-chier),  tc- 
réb. 
Pislia,  aroïd. 
Pisum  (pois),  lég. 
Pittcairnia  (-nie),  bro- 

mél. 
Pittosporum   (-porc), 

pittospor. 
Placodium,  lich. 
Planera,  ciment. 
Plantago    (plantain), 

plan  tag. 
Platanus  (-tane),  a- 

ment. 
Platylobium  (-lobe), 

lég. 
Plectranthus  (germa- 

née),  lab. 
Pleurandra,  magn. 
Pleurospermun ,  om- 
bell. 
Plocamium,  aigu. 
Plucknetia,  euph. 
Plumbago    (  den  telai- 

rc),  plombag. 
Pluiniera    (frangipa- 

nier,  apocyn. 
Poa  (paturin),  gram, 
Pocockia,  lég. 
Podalyra  (-lyre),  lég. 
Podaria,  cappar. 
Podocarpus  (-carpe), 

conif. 
Podophyllum  (  -phyl- 

Ic),  renoncul. 
Pœycarpus ,       para 

nych. 
Pogostemon   (-tème) 

lab. 
Poinciana,  lég. 
Poiretia,  lég. 
Poita^a,  lég. 
Polemonium  (-lémoi- 

ne),  polémoniac. 
Pollichia,  paronych. 
Polyanthus  (tubéreu- 
se), narciss. 
Polycardia,  rhamn. 
Polygala,  polygal. 
Polygouuni,  renouée. 
Polypodum  (-pode), 

foug. 
Poiysticum    (  -tic  )  , 


70". 

foug. 
Polylrichum  (  -trie  ), 

mouss. 
Pommereulla,    gram. 
Ponganiia,  lég. 
Ponlcderia  (-tcdéric), 

narciss. 
Ponteria,  ébén. 
PopuJago    (-lage ,   ou 
callha),   renoncul. 
Populus  (  peuplier  ), 

ament. 
Portesia,  méliac,  au- 

rant. 
Portlandia  (-die),rub. 
Porlulacca(;;o!<)77(erj, 

portulac. 
Potamogeton     (pota- 

mot),fluv. 
Potentilla  {-tille),  ro- 
sac. 
Poterium      (  pimpre- 

nclle),  rosac, 
Pothos,  aroïd, 
Poupartia,  léréb, 
Pozoa,  ombell. 
Prasium,  lab. 
Prenanthes  [prénan- 

the),  chicor. 
Priestleya,  lég, 
Primula   {primevère), 

primul, 
Prinos ,  rhamn. 
Prockia,  rosac. 
Proserpinaca,   onagr, 
Prosopis,  lég, 
Protea  {-tée),proléac. 
Prunclla  {-nelle),  lab. 
Prunus  (-nier),  rosac. 
Psidium   {goyavier), 

myrt. 
Psilotum,  lycopod. 
Psora  (lèpre),  lich. 
Psoralea     (  -ralier  ) , 

lég. 

Psychinc,  crucif. 
Psychotria     (  -trie  ) , 

rub, 
Psyllium   (pulicairc), 

plantag. 
Plerigodium     (  ptcri- 

godc),  Orchid. 
PterigynandruDi  {pté- 

-dre),  mouss. 
Pteris  (fougère),  foug. 
Pterocarpus    (  ptéro- 


70  i 

carpe),  le  g. 
Pterocarpus,  polygon. 
Plcrocai} a,  juglamL, 

icrcb. 
Pk'ionevruin,   crucif. 
Plloa  {ptlo},  tcrcb. 
Pugioiiiuni,  crucif. 
Pulmouaria   {-nuire) , 

borrag. 
Pultenea,  Icg. 
Punica    (grenadier )  , 

myrt. 
Pyrola  {-rôle),  mono- 

trop. 


Quamoclit,  convolv. 
Quassia  {-ssie),  viagn. 
Qucrcus   {chêne) ,    a- 

ment. 
Queria,  paronych. 
Quhichanialium,  osy- 

rid.,  élcagn. 
Quisqualis,  combret. , 

élcagn, 
Quivisia,  méliac,  au- 

rant. 


Rafllesia,  cytin, 

Rafnia,  lég, 

Rajania  {-nie),  diosc, 

asparag. 
Randia,  ritb. 
Ranunculus  {renoncu- 
le), renoncul. 
Rapanea,  berbérid. 
Raphanus    ( raifort), 

crucif. 
Rapistrum  (  -pistrc ), 

onccif. 
Rauvolfia   (bois-lait) , 

apocyn. 
Ravenala   ou    Urania 

{-naît),  7nusac. 
Rcaumuria,  ficoïd. 
Redoutea,  malv. 
Remirea,  gram. 
Requienia,  lég. 
Reseda  {réséda),  capp. 
Restio,jV)«c. 
Reticularia     scgetum 

{nielle  des  blés), 
Retsia,  convoie. 


CLEF  DE  I.V  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Rhapradiolus  {-diol) , 

hicor, 
Rliamiuis    (nerprun), 

rhanui. 
filiocdia,  gutl. 
Rlic'uin    (  rhubarbe) , 

potygon. 
Rhexja  (-xie),  niélast, 
Rhinanlhus  f  ihe  ou  co- 

crcte),  rhin. 
Rliizomorpha    {-inor- 

phe),  hypoxyl. 
Rhizophora      (  man- 

glier),  loranth, 
Rhodiola      (-diole)  , 

crassul. 
Rhododendron  {rosa- 

gé),  cricin. 
Rhodoia,  éricin. 
Rhumpia,  téréb, 
Rhus  (sumac),  téréb. 
Riccia,  hépat. 
Riciiiocarpus  euph, 
Ricinus  (rii-in),  euph. 
Ricotia,  crucif. 
Rinoria,  bcrb. 
Ripogonum   (-gone) , 

aspar. 
Rivinia,  amar. 
Rizoa,  lab. 
Robergia,  méliac,  au- 

rant. 
Robinia  {-binier),lég, 
Roccella,  lich. 
Rocheforlia,  borrag. 
R  oeil  a,  camp, 
Rœmeria,  papav. 
Rokicka,  portul. 
Romanzowia,  capp, 
Rondelelia,  rub. 
Roridula,  capp, 
Rosa  (-sicr),  rosac, 
Rosmarinus     (  roma- 
rin), lab. 
RoUbollia,  gram, 
Rothia,  lég, 
Roupala  (-pale),  pro- 

téac. 
Roxburgia  {-gie),  as- 
par, 
Royena,  cbén, 
Rubia  (garance) ,  rub. 
Rubus  (ronce),  rosac, 
Rudbeckia  (-kie),  co- 

rymb. 
Rudolpliia,  lég. 


Ruellia  {-lie),  acanih. 
Huiiicv   (oseille),  po- 

.  lygon, 
Ruppia  (-pie),  fluv. 
Ruscus  (fragon),  as' 

par. 
Rula  (rue),  rutac. 
Ruyscia,  gutt. 


Sabinœa,  lég, 
Sacaranda,  bign. 
Sa.cc]mrum(cannamel- 

le),  gram, 
Sagina    {-ginc)  ,    ca- 

ryoph. 
Sagittaria     {-taire)  , 

alism. 
Sagus  (-gou),  palm. 
Salacia,  accrin. 
Salicornia,    amarant. 
Salisburia,  conif. 
Salix.  (saule),  ament, 
Salsola  (soude),  amar. 
Salvadora,  amar. 
Salvia  (sauge),  lab. 
Salvinia,  rhizosp, 
Samara,  sapot, 
Sambucus,  (sureau), 

caprifol, 
Samolus    (  -mol ,    ou 

volant  d'eau),  pri- 
mai, 
Samyda,  rhamn, 
Sandoricum,  méliac,, 

aurant, 
Sanguinaria  (  -naire), 

papav, 
Sanguisorba  (-sorbe), 

rosac. 
Sanicula     (sanicle)  , 

otnbell. 
Sanseviera    (-vière) , 

aspar. 
Santolina  (-liné),card. 
Santal  «m  (-tal),  osy- 

rid.,  éléagn. 
Sapindus  (savotinier), 

sapind. 
Sapium,  euph. 
Saponaria    (-nairc)  , 

ca  ryoph. 
Sarothra,  gcnt. 
Sarothra,  caryoph. 


Satureia  {sarriette)^ 

lab. 
Satyrium  (-rion),  Or- 
chid, 
Sauroja,  aurant, 
Saururus,     saurur.  , 

pipérit. 
Saviaj  euph. 
Savignia,  crucif. 
Saxifraga    {-frage) , 

saxifr. 
Scabiosa    (  -  bieuse  ) , 

dipsac. 
Scandix,  ombell. 
Scapha,  aurant. 
Scliellerdia,  éléagn. 
Scheuchzeria,  alism. 
Schinus    (molle) ,    fc-» 

rcb. 
Scliisvereckia,  crucif. 
Schizandra,  ménisp. 
Schœnus  (choin),  cy- 

pérac. 
Schotia,  lég. 
Schouwia,  crucif, 
Schrankia,  lég. 
Schullria,  ombell. 
Scilla  (scille),  lil. 
Sciri)us   (scirpe),   cy- 

pér, 
Scleianlhus   (scléran- 

thé),  paronych, 
Scleria   (scierie) ,  cy- 

pér, 
Scolopendrium  {-pen- 
dre), foug. 
Scolyuium    (  -lyme  ) , 

ch  icor. 
Scoparia     (  -paire  ) , 

rhin. 
Scoipiurus    {-pitire) , 

lég. 
Scorzonera  {-zonére), 

c  hicor. 
Scrophularia  (-laire), 

rhin. 
Scutellaria    (-laire)  , 

lab. 
Sebastiana,  euph, 
Secale  (seigle),  gram, 
Securigera,  Icg, 
Securinega,  euph. 
Selago  (sclaginc),  ver- 

bcn. 
Selinuw  (selin),   om- 
bell. 


Semi)cr\  h  uni     { jou- 
barbe) ,  crassul, 
SeneJ)iera,  crucif. 
Senecio     (  séneçon  ) , 

corymb. 
Senra,  malv. 
Septas,  crassul, 
Serapias,  orcind. 
Serklia,  cariU 
Seringia,  byttn, 
Scriola  {sériole),  chi- 

car. 
Serpicula,  onagr. 
Serratula  {sarretic)  , 

card. 
Sesamum   (  séstimt  ) , 

bign. 
Seseli   (  séséli  ) ,    om- 

bell. 
Sesuvium     (  sèsuve  ) , 

ficoïd. 
SliPiardia,  rub, 
Sibbaldia,  rosac. 
Sibtorpia  (-pie),  rltin. 
Sida  (  side  ) ,  malr. 
Sideritis  (crapaudine), 

lab. 
Sideroxylum  {bois  de 

fer  ) ,  sapot, 
Sigesbeckia,   corymb. 
Silène     {silène),    ca- 

ryopJi, 
Siler ,  ombelL 
Silphium,  corymb, 
Simaba,  magn. 
Siniaruba  (  -rouba  ) , 

magn. 
Siniplocos ,  ébén. 
Sinapis    { vioutarde  ) , 

crucif, 
Singana ,  gutu 
Sipiionia,  euplu 
Siphophorus  (  porte  - 

syphon  ) ,  licli. 


SIGNES    DIVERS.    BOTAKI^JUE. 

Sphœrocarpus   (  sphc- 


Sison,  omb, 
Sisynibriuni    (  -syni- 

brc    ou    cresson  ) , 

crucif. 
Sium  (  berle  ) ,  omb. 
Slœna,  tiliac, 
Suiilax  {salsqmreillé), 

aspar. 
Smithia,  lég. 
Smyrnium  {maccron), 

ombelL 
Sobolewskia ,  crucif. 
Solanum   (  morcne  ) , 

solan. 
Soldanella  {-nellc), 

prim. 
Solena,  cucurb. 
Solidago  {verge d'or), 

corymb. 
Solorina ,  licJu 
Soncbus   (  laileron  ) , 

cliicor. 
Sonneratia  (1). 
Sopliora,  lég. 
Sorbus  {-hier) ,  rosac. 
Soutliwellia ,  byttn. 
Spananthe,  ombelL 
Spaganium      (  ruban 

d'eau  ) ,  typh. 
Sparmannia ,  tiliac, 
Spartiuni,  lég, 
Sparthelia,  téreb, 
Spathodea ,  bign. 
Spergula  {spar goule), 

caryoph, 
Spergulastrum ,  cary, 
Spermacoce     { -c4c) , 

rub. 
Sphagnum  {spliaigne), 

mouss. 
Sphœranthus      (  hou- 
lette), card. 
Sphaeria  (sphérie),  liy- 

poxyl. 


rocarpe),  hépat, 
Sphœrophorus   ( sphé- 

ropliore  )  ,  licli. 
Spielniannia ,    rerbén. 
Spigelia  {-  gélie),gen- 

tian. 
Spilanthus  {-lanthe), 

corymb. 
Spinacia  {épiuards) , 

amarant, 
Spinifex,  gram, 
Spira^a  {-rce),  rosuc. 
Spirosi>eruium  ,     mé- 

nisp. 
Splachnum,  mo^lss, 
Spondias  (  mombin  ) , 

téreb. 
Squammaria  {-mair'e), 

lick. 
Staadia,  rhamn. 
Slacliys,  lab. 
Stœheiina  {sthcline) , 

card. 
Stalagmilis,  (/liU. 
Stanley  a,  crucif. 
Stapelia     {-pélie  )  , 

apocyn. 
Staphylaea  {-phylin), 

rhamn. 
Statice,  plomba  g, 
Staulonia,  ménisp. 
Stelis  {-lide),  orckid. 
Stellaria  {-laire) ,  ca- 
ry op  lu 
Stellera ,  t/tytncl. 
Stemodia  {-die),  rliin. 
Stenopetalum ,  crucif. 
Stephania,  capp. 
Sterculia  {-lia  ou  -lier) , 

byttn. 
Steieaucolon ,  lich. 
Slereoxyluni ,    cricin. 
Sterigma,  crucif. 


705 

Stevenia,  crucif, 

Stevia  {stévie)^  card. 

Stewartia,  til, 

Sticla ,  lich. 

Stillingia ,  euph. 

Stipa,  gram. 

Slipulicida,  caryoph. 

Sti-aliotes,  hydrochar. 

Stravadium ,  myrt. 

Strelitzia,  mv.sac. 

Strigilia,  méliac,  au- 
rant. 

Strulhiola ,  thymél. 

Stryclnios  {noix  vo- 
mi que)  ,  apocyn. 

Stylidium,  camp. 

Stylogeras,  euph. 

Styphelia  (-phcli/;  ) , 
ériciii. 

Styrax  {alibousier) , 
ébcn. 

Subularia  (  -  laire) , 
crucif. 

Succouwa,  arucif. 

Suriana,  rosac, 

Swertia ,   gent. 

Swietenia,  met.,  du- 
rant. 

Syniphoricarpos  {sym- 
phorine),  caprifol. 

Symphytum  {consoli- 
de ) ,  borrag. 

Syringa  {lilas),jasm. 

T 

Tabernemontana  {-nc- 
montane  ) ,  apocyn. 

Tacca ,  narciss. 

Tachia,  genlian. 

Tachibeta ,  violac, 

Tacsonia,  passijl. 

Tagetes  {œillet  d'In- 
de ) ,  corymb. 

Talauma,  magn. 


(i)  Impossi))le  de  me  rappeler  à  quelle  famille  appartient  c€  genre,  d'ailleurs  peu  connu.  Si 
j'en  avais  la  figure  présente  à  l'esprit,  peut-être  parviendrais-je  à  retrouver  sa  place  parmi  ses 
sœurs.  Mais  je  n'ai  pour  m'aider  dans  cette  rccherclie  que  les  dictionnaires  de  l'Académie,  Napo- 
léon Landais,  Boiste  ,  l.aveaux  ,  etc.  Or  dans  tous  ces  dictionnaires  réunis  on  ne  trouve  pas  le  liui- 
tièmc  des  noms  déplantes  recueillis  ici.  Comment  faire?  Commentfercz-vous  vous-même  lecteur, 
pour  découvrir  ce  que  ma  ménioiie  me  refuse  en  ce  moment .'  Vous  fcuillctcrez  les  ouvraoes  de 
botanique.  Mais  songez  donc  que  c'est  une  épingle  perdue  dans  un  tas  de  foin.  Cela  vous  prouve, 
lecteur  lionoralile,  que  je  vous  donne  ici  un  travail  d'or,  que  vous  ne  sauriez  payer  assez  cher,  et 
dont  vous  ferez  Lien  de  me  savoir  au  moins  quelque  gré.  Car,  lecteur  trop  aimé,  trop  clioyé  de 
moi,  si  quelque  chose  a  exercé  ma  patience,  c'est  cet  inventaire  très-complet  de  tes  richesses 
végétales. 


T.  Il, 


«*J 


"(h; 

Tiilisia,  sajiiiiil, 
'r;\iii;iriiK/».s'     (  tama- 
rin )  ,  Icfj. 
Tainariv,  juirluL 
Tainnus       (  tamirr), 

<lioscoi:,  asparaij. 
Tanionca  ,  rciiicii. 
Tanacoluin  (  lanaisic), 

fard, 
Tanscheria,  cvucif. 
Tapiria ,  tércb. 
Tapsia,  ombcll. 
Tiira\acxnn{imsciilit), 

rlticor. 
Tarclionanthus  (-naii- 

the) ,  card. 
Targiona    {- (jionic)  , 

liépat. 
Taxodium,  conif. 
Taxns  {if),  conif. 
Tcaplirosia ,  lc(j. 
Tecnma,  bign. 
Tccsdalia ,  crucif. 
ïelephora      (  auricu- 
laire) ,  champ. 
Tclophium,  portul. 
Tcnoria,  ombcll. 
Tcrminalia  ,    combrc- 

tac,  éléagn. 
Ternstromia ,  a  u  ran  t. 
Tetracera      {-cère), 

magn. 
Tetragonia,  ficoïd. 
Tetragonolobus ,  Icg. 
Tclraphis,  mouss. 
Telrapteris  {tel rapiè- 
re) ,  malpigh. 
Telratheca ,  polygal. 
Teucrium     (  germaii 

cirée) ,  lab. 
Thalictrum  {pigamoii) 

renoncuL 
Thea  {thé),  aura  ni. 
Thecacoris,  euph. 
Theligonuiii,  uriic. 
Thélyuùtra    {ihélijmi 

Irc) ,  Orchid. 
Tlieobroina(c«cfloitv). 

bylln. 
Theopliiasla   (  coque- 

mollier  ) ,  apoc. 
Thesperia,  malv. 
Thesium    (  théaion  ) , 

osyricl.,  éléagn. 
Tlilaspi ,  crucif. 
Thoinassia,  byiln. 


CLEI'  DE  LA  LAXGIE  ET  DES  SCIENCES. 


Tlmiiibcrgia    {-gic  )  , 

icanlh. 
'i'Iiuja,  conif. 
l'Iiyinhra,  lab. 
'l'Ii)  iiu'lca  (-  mêlée,  ou 

ilaphiié,     ou     lau- 

rcolc  ) ,  ihymél. 
riiyini'.'*  {thym),  lab. 
Thyssclinuiii,  ombcll. 
Tiarclla,  sa.rif. 
Thibouchiua,  mélast, 
Ticorea,  rutac. 
Tigarea  ,  rosac. 
Tigridia  (-  die) ,  irid. 
ïilia  {tilleul),  tiliac. 
ïillaea  {-lée),  crass. 
Timmia  {-mie),  mouss. 
Tmesipteris,  lycopod. 
Tococa ,  mélast. 
Toluifera ,  téréb. 
Topobœa,  mélast. 
Torena , caryoph, 
Torilis,  ombcll. 
Toraientilla  (-  tille), 

rosac. 
Toromia,  gutt. 
Tordyliuin  (  -dyle)  , 

ombell. 
Tortula,  mouss. 
ïoulicia,  sapind. 
Tournefortia,  borrag. 
Tourretia  {lourrète), 

bign. 
Toutelea ,  acérin. 
ïozzia ,  prim. 
Tracbeliuni ,  campan. 
Tiacbymene ,  ombell. 
Tradescautia     (  éphé- 

mérine) ,   commél., 

jonc. 
Tragia,  euph. 
Tragium,  ombell. 
ïragopogon  {salsifis  ), 

card. 
Trapa  {mâcrc) ,  onag. 
Tremaiulra,  polygal. 
Triadica,  euph. 
Triantbcina,  portul. 
Tribulus     (  -bulc  ), 

rutac. 
Trichia ,  lycopcrd. 
Tricbilla  "  (  -chille  ) , 

méliac,  aurant. 
Trichosloma ,  lab. 
Triclioslonuuu    (  -to- 
me ) ,  mouss. 


Tricosanlbus,  cucurb. 

Tricuspidaria,  tiliac. 

Trieiitalis  (  -  taie  )  , 
primul. 

rrifoliuni  {trèfle),  lab. 

Trigonella  {fcnu-grcc) 
lég. 

ïrigonis,  sapind, 

Trigucra  {-guère), 
solan. 

Tiilacbiuui,  capparid. 

Trilliuiu,  aspar, 

Triopteris  {-tère  ) , 
malpigh, 

Triphasia,  aurant, 

Triplarls  (  -plare  )  , 
polygon. 

Tristania,  myrt. 

ïristcmina ,  mélast. 

Tiilicum  (  froment  ) , 
gram. 

Triumphetta,  til. 

Trollius,  renoue. 

Tubalgia  {-gie),li- 
l  iac. 

Tuber  (  truffe  ) ,  lyco- 
pcrd. 

Tulipa  {-lipe  ) ,  liliac. 

Tuniera  (  -nère  )  , 
l'iolac. 

Turpinia,  rhamn, 

Tunœa ,  méliac. ,  au- 
rant, 

Tussilago  (  -lage  ) , 
card. 

Typha  (  masselte  )  , 
typh. 


Ulex  (  ajonc),  lég. 
Ulmus  (orme),  ament, 
Ulva  ,  atg, 
Uuibilicaria  {-cuire), 

lich, 
Uuiola,  gram, 
Unona,  magn, 
Urania  ou   ravenala , 

niusac, 
Urceolaria  {-céolaire), 

lich. 
Uredo  segetum  ou  re- 

ticularia   segetum , 

{  nielle    des   blés  )  , 

urédin.,  alg, 
Urcna  {urcne),  malr. 


Urospermuni  (-  pcr- 
me),  chicor, 

Urlica  {ortie),  urtic. 

Usiica  (  -née  ) ,  lich, 

Utricularia  (  -lairc  ) , 
utriculin. ,  primul, 

Uvaria  (  -rairc  ), 
magn, 

Uvularia  (  -lairc  ) ,  li- 
liac. 


Vacciiiium  {airelle  ), 

éricin, 
Valantia  (  croiscttc  ) , 

rub, 
Valdesia  (  -désie),  mé- 
last. 
Valeriana  {ralérianc), 

valér, 
Vallerianella  {-nclle), 

valér, 
Valbia,  onagr, 
Vallesia  {-lésie) ,  apo- 

cyn. 
Vallisneria  (  -  nère  ) , 

hydrocharid, 
Vandellia  (-  lie),  rhin, 
Vangueria,  rub, 
Vaiiilla  {vanille  ou  va- 
nillier) ,  Orchid. 
Variolaria  {-laire),  lich, 
Vascoa,  lég. 
Velezia ,  caryoph. 
Vella  {velle),  crucif. 
Ventilago,  rhamn. 
Veratrum  (  vérdtre  ) , 

colchic. 
Vcrbascum  {molène), 

solan. 
Verbena    (  verveine  ) , 

verbén. 
Verbesina  {-bésinc  ) , 

corymb. 
Verea ,  crassul. 
Vernonia  {-nie),  card. 
Veronica  (véronique) , 

rhin. 
Verrucaria  (  -  caire  ) , 

faux  lich, 
Vesicaria  {vésicaire), 

crucif. 
Viborgia,  lég, 
Viburnum    (  viorne) , 

caprif. 


SIGNES    DIVERS,    BOTANIQUE. 


Vicia  (i'cscc),  Icg. 
Vilkirsia  (-  sic),[)eiu. 
Nilinoriiiia,  tég. 
\inca      {pervenche), 

apocyii. 
Viola  {-Icttc),  violai: 
Virgilia ,  Icg. 
Viscuui  {gui),  lorant. 
Visuiia ,  liypéric, 
Visnea  {-née) ,  ébén. 
Vilcx  {gattilier),  vcr- 

hcn, 
Vilis  (  rigne  ) ,  sann. 
Volkameria  {-me  rie  r), 

verbcn. 
Voh  aria     (  -  vaire  ) , 

licli. 

■w 

Wacheudorfia  (  -fie  ) , 


irid. 
Waldstenia ,  rosac. 
Walkcra ,  magn, 
Wallea,  dliac. 
Walleiiia,  sapot. 
Walrothia,  ombcll. 
Weissia,  mouss. 
Werinannia,  saxifr. 
Westeriiigia    {-tèrin- 

ge  ) ,  lab. 
Winteiania ,  crucif. 
Witsenia     {-sénie  )  , 

irid. 


Xeranthemum  (  -  tlic 

me  ) ,  card. 
Xerophjla  {xéropliy- 

te) ,  bromél. 


Xinicnesia   {-ncsic), 

corymb. 
Xyloina,  hypoxyl. 
Xjiophyllum  (  -phyl- 

le  ) ,  eupli. 
Xylopia,  magn. 
Xyphicliuni ,  irid. 
Xyris,70/(f. 


Yucca,  liliac. 

Z 

Zacea,  card. 
Zacintha,  cliicor. 
Zaniia ,  cycad. 
Zanichellia  {-cfictle). 
fluv. 


707 

Zanonia,  cucurb. 
Zanlhoriza ,  rcnonc. 
Zanlhoxylum    (  -  xy- 

lon  ) ,  riilac. 
ZantboxyluDi ,  icrcb. 
Zapana  {-pane),  vcr- 

bén. 
Zea  {ma'is) ,  gram. 
ZiJla,  crucif. 
Zinnia  {-nie),  corym. 
Zizania  {-nie),  gnun. 
Zizipliora,  lab. 
Ziziphus  (  jujubier  ) , 

rliamn. 
Zœgea,  card. 
Zornia,  lég. 
Zostera  {-tère)  ,fluv. 
Zygophylhun    (  faba- 

gcltc),  ru  lac. 


Celui,  disait  Gœlhe,  qui  n'est  pas  sensible  à  la  voix  des  poètes 
est  un  barbare.  Faut-il  s'étonner  que  les  botanistes  soient  si  peu 
portés  pour  les  poètes  ?  Certes ,  en  fait  de  barbarie,  ils  ont  fait  leurs 
preuves.  Chez  quelles  peuplades  sauvages  de  l'Afrique  ou  de  l'Amé- 
rique trouverait-  on  ,  je  vous  le  demande,  des  accouplements  de 
voyelles  et  de  consonnes  aussi  monstrueux  que  ceux  que  présentent 
ces  dénominations  : 


Banksia , 
Bcrtufortia  (1) , 
Bougrtinvillœa  (1) , 
Bredenieyra , 
Broussonetia  (1) , 
Brunsfelsia , 
Buxfcauniia, 
Clirtî'/felia  (2) , 
Cherleria , 
Cogswellia , 
Conceveibuni  (3), 
CoMrowpita , 
Cunninghamia , 
Dillwynia, 
GrcMwia  (4), 


GMir/^enotia , 
Guldenstarffia , 
Hassclsquistia , 
Uenchera , 
HoMtoï/ynia , 
HK/(7(i«sia , 
Incarvillsea , 
Inge/i/fOMsia, 
Jungermannia , 
Kacmpferia , 
Kakmchae , 
Kennedya, 
Kitaîbelia , 
LoncAocarpus , 
M«rf(/rawia(5), 


Marcliaiiiidi , 
Mesenibryantliemuni , 
Messerscbmidia, 
Mic/iauxia , 
Mougeotia  , 
Munchausia, 
Prti<//inia  (6) , 
Pitlcairnia, 
Plucknetia , 
Pocockia , 
Pommereulla , 
Priestleya , 
Rokicka , 
Rof</)ollia  (7), 
RoxJjurgia , 


(1)  Tous  ces  mots  sont  censés  latins.  Du  moins  la  terminaison  Tindique.  Coininent 
donc  des  voyelles  toutes  françaises,  telles  que  crt»,  ain,  ou,  osent-elles  y  figurer? 

(2)  Comment   prononcer  ce  mot  ?   chaiiétia  ou    hail-letia'!   Un/  mouillé  en  latin, 
n'est-ce  pas  le  comljle  de  la  barbarie  ? 

(3)  Trouvez-moi  quelque  part  un  mot  analogue. 

(4)  Dans  quelle  langue  la  voyelle  eu  se  trouve-t-elle  jamais  devant  le  w? 
(.'))  Un  c  devant  un  g  ,  cela  s'est-il  jamais  vu  dans  aucune  langue? 

(6)  Si  l'on  a  jamais  vu  les  voyelles  au,  eu,  suivies  d'une  double  consonne! 

(7)  Deux  t  devant  un  //,  n'est-ce  pas  liorrililc  ? 


70S 

lliulbeckia  , 
Scliisveieckia , 
Scheîtchzeria , 
SchoMiria , 
Schianckia , 
SchuUria , 


CLEF  DE  LA  LV.\(a  E  ET  DES  SCIENCES, 


Sema , 

Sip:osl)ockia  , 
Sohdicw  skia, 
Siiiilliwellia , 
ToMineforlia, 
ToHirelia, 


Wachendorfia , 

Watdstcniai, 
Wahoihia , 
Weissia, 
Witsenia , 
Zanichellia  ,  etc. 


Comiiienl  des  oreilles  accoutumées  à  (Je  lelshurlemenls  de  syllabes 
antipathiques  pourraient-elles  rien  comprendre  aux  divines  harmo- 
nies du  poète  ?  Et  M.  Bescherelle  qui  reproche,  après  mille  autres  , 
à  l'Académie  de  n'avoir  pas  admis  ces  mois  dans  son  dictionnaire  î 
Vous  verrez  qu'il  les  nationalisera,  lui,  sans  le  moindre  scrupule, 
à  la  plus  grande  gloire  de  son  pays  ;  tenant  à  prouver  que,  si,  sous  le 
règne  de  l'égalité,  tous  les  Français  en  France  ne  sont  pas  égaux,  au 
moins  tous\es  m ots{maîix)  s'y  donnent  la  main.  Lesuccèsdu  Diction- 
naire des  Dictionnaires ,  et  de  la  Grammaire  nationale ,  prônée  par 
le  Journal  des  Débats,  montre  assez  que  ce  bon  public  de  France 
est  fait  pour  tout  endurer.  C'est  à  la  fois  le  souffre-douleur  et  la 
vache  à  lait  des  libraires  et  des  journalistes,  qui  l'exploitent  et  le 
maltraitent  à  qui  mieux  mieux.  S'il  essaye  parfois  de  se  soustraire 
à  rhumilianle  tutèle  de  ces  derniers  ,  c'est  pour  y  être  honteuse- 
ment ramené  le  moment  d'après.  En  vrais  charlatans  qu'ils  sont, 
les  journalistes  savent  si  bien  l'attirer,  Fentourer,  le  circonvenir , 
qu'il  ne  voit  que  par  leurs  yeux,  n'entend  que  par  leurs  oreilles, 
et  qu'il  se  laisserait  facilement  persuader  que  la  lune  est  plus  utile 
au  monde  que  le  soleil,  qui  ne  brille,  en  effet,  au  ciel  que  pendant 
le  jour,  tandis  que  la  lune  éclaire  pendant  la  nuit. 

Ce  bon  public  croit  aux  éloges  et  aux  critiques  du  Journal  des 
Débats.  Peut-on  pousser  plus  loin  la  naïveté? 

Le  Journal  des  Débats  lui  conte  que  le  Dictionnaire  de  VAcadé- 
mie,  avec  sa  rédaction  admirable,  sa  méthode  parfaite,  sa  précision 
mathématique,  n'est  que  l'œuvre  de  quelques  écoliers  maladroits j 
tandis  que  le  Dictionnaire  de  M.  Bescherelle  lui  paraît  tout  à  fait 
de  nature  à  rivaliser  avec  ceux  des  Johnson,  des  Facciolati ,  des 
Adelung ,  et  des  savants  Académiciens  de  la  Crusca^  le  Journal 
des  Débats  lui  débite  de  telles  sornettes;  il  lui  rappelé  avec  em- 
phase les  sérieux  travaux  de  grammaire  par  les  quels  a  si  glorieu- 
sement débuté  l'auteur  recomraandable  du  Dictionnaire  national; 
il  lui  déroule  pompeusement  toutes  les  beautés  de  cette  nouvelle 
création  lexicographique  ; — et  peut-être  que  le  public,  avec  sa 
naïveté  ordinaire  ,^s'écrie  déjà,  devant  cette  perspective  lointaine  : 
Cocher  y  qu'on  iious  rj  mène. 


SIGNES   DIVERS.    BOTANIQUE.  700 

Bon  public,  bon  public,  comme  on  se  joue  de  toi!  Je  te 
dis  moi,  crois-m'en  si  tu  veux,  que  ni  les  Johnson,  ni  les 
Facciolati ,  ni  lesAdelung,  ni  l'Académie  de  Florence,  ni 
l'Académie  de  Paris,  ni  le  Journal  des  Débats,  ni  M.  Bes- 
cherelle,  ne  savent  ce  que  c'est  qu'un  bon  dictionnaire.  Ils 
n'en  ont  pas  encore  eu,  depuis  des  siècles,  ils  n'en  ont  pas 
encore  la  première  idée.  Boiste  sentait  toute  l'imperfection 
du  sien ,  lorsqu'il  disait  :  «  Il  n'y  a  que  Dieu  qui  puisse  faire 
un  bon  dictionnaire.  »  Je  ne  suis  pas  Dieu,  mes  chers  mes- 
sieurs du  public,  mais  je  suis  quelque  peu  poète,  et  à  ce  titre 
j'ai  eu,  comme  autrefois  Moïse ,  la  gloire  suprême  d'enten- 
dre la  voix  de  Dieu  qui  m'a  parlé  sur  le  mont  Sinai,  et  m'a 
révélé  l'important  secret  que  vous  cherchez  en  vain  depuis 
des  milliers  d'années. 

Savez-vous  bien  que ,  taudis  que  l'œuvre  de  M.  Besche- 
relle,  brochée  au  jour  le  jour,  aura  reçu  son  entière  exécu- 
tion peut-être  dans  moins  de  trois  ans,  la  mienne  après  huit 
ans  entiers  d'un  travail  opiniâtre,  d'un  travail  de  nuit  et  de 
jour,  n'est  pas  encore  arrivée  à  son  terme?  Savez-vous  que 
je  ne  puis  guère  la  juger  digne  de  voir  la  lumière  qu'après 
y  avoir  consacré  encore  à  peu  près  quinze  mille  heures 
de  travail,  c'est  à  dire,  environ  quinze  heures  par  jour, 
pendant  trois  années  entières,  comme  je  l'ai  déjà  fait  plu- 
sieurs fois,  quand  j'avais  des  économies?  En  1841,  de- 
puis le  mois  d'avril  jusqu'à  la  fin  de  décembre,  époque  où 
j'étais  sans  place,  et  oij  j'avais  en  ma  possession  une  somme 
de  sept  cents  francs,  j'ai  même  fait  plus  que  cela:  j'ai  tra- 
vaillé tous  les  jours  depuis  cinq  heures  du  matin  jusqu'à 
minuit,  sans  autre  intermission  que  celle  du  déjeuner,  d'en- 
viron dix  minutes,  et  celle  du  dîner,  qui  ne  durait  jamais 
l)lus  d'une  heure  ;  ce  qui  fait  bien  dix-huit  heures  par  jour 
])kMncment  occupées.  Il  est  vrai  que  j'allais  tous  les  diman- 


'10  CLEl'  DE  LA   I,VA(;UE  ET  DES  SCIElNCES. 

ches  me  promener  au  bois  de  Boulogne,  pour  voir  le  ciel  et 
respirer  l'air. 

Cela  n'est  pas  croyable;,  direz-vous  peut-être,  ô  syba- 
rites. Mais,  pour  vous  le  prouver^,  je  n'aurais  qu'à  vous  con- 
duire chez  le  propriétaire  de  l'humble  chambre  que  j'habi- 
tais, non  loin  de  l'Odéon. 

Depuis  cette  époque,  le  dictionnaire  s'est  reposé  ]  car  c'est 
à  peine  si  je  puis  disposer  de  trois  à  quatre  heures  par  jour 
en  faveur  de  M.  Cordier,  qui  se  plaint  de  ma  lenteur,  et  qui 
se  plaindrait  bien  davantage ,  si  je  n'avais  le  courage  de 
prendre  sur  mon  sommeil  et  sur  mes  plaisirs . 

Pourtant  les  années  s'écoulent.  Fugit  irreparabile  tempus. 
Ma  jeunesse  s'en  va,  mes  forces  s'épuisent,  et  bientôt  peut- 
être  ne  serai-je  plus  en  état  de  continuer  l'œuvre  immense 
que  j'ai  entreprise.  Ce  n'est  pas  sans  horreur  que  j'envisage 
l'idée  de  laisser  inachevée  une  œuvre  dont  l'importance  m'a 
paru  telle,  que,  pour  m'en  occuper  exclusivement,  j'ai  sans 
peine  sacrifié  mes  goûts  poétiques,  étouffé  dans  mon  âme 
les  tumultueuses  séditions  de  ma  verve,  et  renoncé  à  toutes 
les  distractions,  à  tous  les  plaisirs,  à  toutes  mes  relations  de  so- 
ciété, me  condamnant  moi-même  à  l'isolement  le  plus  triste, 
brisant  mon  cœur  sans  pitié,  et  regrettant  jusqu'aux  heures 
données  au  manger  et  au  dormir.  Néanmoins  tu  y  perdras 
beaucoup  plus  que  moi ,  cher  public.  Ne  prends  pas  ce  que 
je  te  dis  là  pour  de  la  jactance.  Je  te  jure  que  j'ai  une  idée, 
une  idée  superbe,  une  idée  que  je  ne  donnerais  pas  pour 
toute  la  considération  dont  jouit  près  de  toi  \e  Journal  des  Dé- 
bats, et  que  tu  ne  devrais  pas  me  laisser  emporter  dans  la 
tombe,  si  tu  comprends  tant  soit  peu  tes  intérêts.  Prends-y 
bien  garde  ;  bientôt  peut-être  il  ne  sera  plus  temps.  Songe 
que,  si  l'un  de  ces  jours  je  me  sentais  trop  faible,  trop  ruiné 
par  les  veilles  et  les  privations  pour  pouvoir  achever  moi- 
mcmc  mon  aiiand  ouvrage,  dans  la  persuasion  oîi  je  suis 


SIGNES   DIVERS.    ItOTAXIOUE.  711 

qu'un  autre  ne  pourrait  rendre  mon  idée  qu'imparfaitement, 
j'en  brûlerais  incontinent  tous  les  manuscrits.  Et,  je  te  le  ré- 
pète, ce  serait  pour  toi  une  perte  considérable,  une  perle 
qui  ne  saurait  te  causer  trop  de  regrets. 

L'idée  dont  je  te  parle  est  si  réelle ,  qu'un  de  mes  compa- 
triotes, un  jeune  savant  français,  M.  Despeyrous,  envoyé  à 
Vienne  par  son  gouvernement  pour  y  rechercher  les  ma- 
nuscrits du  grand  géomètre  Fermât ,  que  va  faire  revivre 
M.  Libri ,  dotant  ainsi  la  France  d'une  gloire  rivale  de 
celle  dont  Leibnitz  et  Newton  ont  fait  chacun  un  soleil  à 
leur  patrie  \  —  qu'un  de  ces  hommes  rares,  qui  joignent  à 
une  intelligence  supérieure  un  cœur  excellent,  un  de  ces 
hommes  complets  comme  en  cherchait  Diogène  avec  sa  lan- 
terne, frappé  du  peu  que  je  lui  en  ai  dit,  dans  la  visite  dont 
il  m'a  honoré,  s'est  écrié  tout  à  coup  :  «Mais,  monsieur,  c'est 
là  une  idée  d'or  ^  gardez-vous  de  la  révéler  ;  on  vous  la  vo- 
lerait, on  vous  la  gaspillerait.  » 

Entraîné,  soit  par  la  confiance  que  m'inspirait  une  na- 
ture si  sympathique  à  la  mienne,  soit  par  l'amertume  qui 
débordait  de  mon  âme ,  à  la  pensée  des  injustices  qui  sou- 
illent le  monde,  c'est  la  première  fois  qu'il  m'est  échappé 
quelque  chose  de  mon  secret.  Mais  je  compte  sur  la  discré- 
tion d'une  âme  si  élevée,  radieuse  nature,  que  mon  unique 
ami  d'exil,  M.  C.  Etienne,  a  fait  apparaître  un  jour  devant 
moi ,  et  qui  nous  a  fait  revivre  un  moment  l'un  et  l'autre 
au  fond  de  notre  tombeau. 

S'il  en  parle,  ce  ne  sera  qu'à  son  illustrepatronM.de  Sal- 
vandy,  sur  le  caractère  du  quel  il  s'est  exprimé  en  termes 
si  honorables,  dont  il  m'a  fait  un  si  beau  portrait,  oii  ressor- 
taient  si  vivement  les  qualités  de  cœur  et  d'esprit  qui  distin- 
guent ce  digne  Mécène  d'un  nouvel  Auguste,  que  je  suis 
presque  décidé,  dans  ton  intérêt ,  ô  public  chéri,  à  tenter  une 
démarche  au  près  de  Son  Excellence  M.  le  ministre  de  lin- 


7<  2  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

struction  publique ,  en  vue  d'obtenir  ce  qu'on  accorde  à  tous 
les  ouvriers,  l'humble  salaire  dont  j'ai  besoin  pour  vivre 
pendant  le  temps  que  durera  encore  mon  travail.  Je  me  suis 
laissé  dire  qu'un  certain  abbé,',  fort  capable  du  reste,  reçoit 
depuis  plus  de  vingt  ans  une  somme  annuelle  de  dix-huit 
cent  francs  pour  l'exécution  d'un  dictionnaire  latin,  qui, 
quel  qu'il  puisse  être,  ne  saurait  avoir  l'importance  de  celui 
que  je  te  promets.  Aux  mêmes  conditions,  je  m'engagerai 
volontiers  à  travailler  douze  ou  quatorze  heures  par  jour, 
afin  de  te  mettre  le  plus  tôt  possible  en  jouissance  d'un  trésor 
dont  tu  ne  soupçonnes  pas  la  valeur  ,  et  pour  le  quel  tu  me 
béniras  tous  les  jours  de  ta  vie^  si  je  parviens  à  le  tirer  du 
lieu  oii  il  est  encore  à  moitié  enfoui.  Je  n'ai  besoin  pour  cela 
que  d'un  peu  de  temps.  Or  telle  est  ma  destinée  que  mon 
temps  même  ne  m'appartient  pas. 

Pour  l'acquit  de  ma  conscience^  pliant  ma  rude  voix  à  des 
accents  plus  doux ,  inclinant  mon  front  fier,  je  tenterai  donc 
ce  que  j'ai  dit.  Fais  des  vœux  pour  que  je  réussisse;  car  il  y 
va  de  ton  intérêt  plutôt  que  du  mien  ;  car  il  s'agit  pour  toi 
d'un  ouvrage  essentiellement  utile ,  d'un  ouvrage  des  plus 
utiles  qu'on  ait  jamais  publiés  dans  aucune  langue.  Pardonne- 
moi  cette  apparence  de  présomption.  Je  serais  plus  modeste, 
s'il  s'agissait  purement  et  simplement  d'une  œuvre  d'art; 
mais  il  s'agit  d'une  œuvre  de  recherches  et  de  patience,  dont 
le  principal  mérite  repose  sur  une  idée  unique;  idée  dont  je 
m'applaudis ,  je  l'avoue ,  et  dont  je  suis  jaloux  à  ce  point  que 
je  ne  voudrais  pas  donner  la  moindre  publicité  à  mon  entre- 
prise avant  son  entière  exécution.  Il  s'agit  d'une  idée^  en- 
tends-tu ? 

En  attendant,  a  le  Dictionnaire  de  M.  Beschercllc  se  recommande,  dit  le 
Journal  des  Débats,  par  la  nomenclatnre  la  plus  abondante,  la  plus  riche, 
qui  se  soit  peut-être  encore  rencontrée  en  aucune  langue  et  dans  aucun 
dictionnaire.  Sur  vingt-deux  mots  que  donne  le  dictionnaire  le  plus  com- 
plet, le  Dictionnaire  national  en  donne  de  soixante  à  soixante-cinq.  » 


SIGNES   DIVERS.    BOTANIQUE.  713 

kat.  jcox  da  Journal  ties  Débats ,  le  meilleur  diclionnaire  est  celui  qui 
contient  le  plus  grand  nombre  de  barbarismes. 

Et  avec  tout  cela  la  nomenclature  de  botanique  n'y  sera  sûrement  pas 
aussi  complète  que  celle  qui  se  voit  ici. 

On  y  trouvera  certainement,  comme  dans  tous  les  dictionnaires,  les  mots 
astère ,  buglose,  biigrande,  clcmatilô,  colclùqiie,  oli^olrique,  etc.,  etc.,  etc., 
orthographiés  comme  de  coutume.  Ce  sont  autant  de  monstruosités.  Aster , 
buglo.sse,  bugrane,  clémalide,  colcliic,  oligotric,  etc. ,  etc.,  etc.,  telle  est  la  seule 
véritable  orthographe  de  ces  mots,  la  seule  qui  soit  conforme  au  génie  de 
la  langue,  par  conséquent  la  seule  raisonnable,  la  seule  admissible.  Il  est 
aussi  absurde  de  terminer  par  un  e  muet  aster,  mot  purement  latin,  qu'il  le 
serait  d'en  ajouter  un  a  pateroii  à  géranium.  On  doit  dire  clémalide,  du  latin 
clematis,  -tidis,  par  la  même  analogie  qu'on  dit  agroslide ,  d'agrostis ,  cra- 
nichiile,  de  cranichis,épacride,  d'épaeris ,  ibcride,  d'iberis,  oxalide,  d'oxalis, 
etc.  La  terminaison  igue  est  essentiellement  iéminine  ;  elle  convient  aux 
mots  angèlique ,  arniqac,  niéliqtie,  momordique,  paronique,  véronique,  déri- 
vés du  latin  angelica,  arnica,  melica,  momordica,  paronycbia  ,  vcronica.  Mais 
écrire  colchique,  oligotrique,  de  colchicum,  oUgotrichum,  c'est  montrer  bien 
peu  de  raison.  Comment  l'Académie  Française  ,  instituée,  comme  elle  s'en 
vante,  pour  travailler  au  perfectionnement  de  la  langue,  est-elle  encore, 
après  tant  de  siècles,  si  peu  pénétrée  du  génie  de  cette  langue  et  des  prin- 
cipes qui  ont  présidé  à  sa  formation  ?  Comment  n'a-t-elle  pas  compris  que, 
s'il  est  permis  d'écrire  colchique,  il  n'y  a  plus  de  raison  pour  écrire  agaric, 
doronic,  panic,  plutôt  ({uagariquc,  doronique,  panique,  en  latin  agaricus , 
doronicum,  panicuni  ? 

Une  chose  surtout  que  je  ne  saurais  assez  flétrir,  par  ce  qu'elle  engendre 
une  foule  de  diËBcultus  inutiles,  c'est  la  manie  qu'on  a  de  donner  à  un 
même  nom  deux  ou  trois  terminaisons  de  genre  différent;  en  sorte  qu'on 
dit  indistinctement  peuplier  ou  peuple,  acacia  ouacacie,  camellia  ou  camel- 
lie ,  hortensia  ou  hortensic,  ou  même  hobtense,  cobœa  ou  cobèe,  etc.  Mascu- 
lins de  leur  nature,  ces  noms  ne  sauraient  admettre  que  la  première  de 
ces  terminaisons,  et  je  tiens  pour  barbarismes  les  mots  peuple,  acacie ,  ca- 
mcllie,  hortcnsie ,  cobèe,  employés  pour  désigner  la  plante  même.  S'il  ne 
s'agit  que  de  la  fleur,  c'est  bien  différent.  Qu'on  dise,  un  bouquet  de  ca- 
mellies,  c/'hortenses  ,  de  cobées ,  etc.,  comme  on  dit  un  bouquet  de  roses , 
d'èglantines  ,  et  non  pas  un  bouquet  de  rosiers ,  d'églantiers ,  — sûrement 
rien  de  mieux.  Mais  comme  noms  de  plantes,  acaci,  camelli,  liortensi,  cobé, 
me  sembleraient  presque  plus  raisonnables.  On  écrit  bien  pédali,  de 
pedalium  ,  au  lieu  de  pcdalie.  Et  quand  on  songe  que  dans  les  noms 
français  dérivés  immédiatement  de  noms  latins  masculins  ou  neu- 
tres, la  désinence  us  ou  um  n'est  généralement  remplacée  par  un  e  muet 
que  lorsqu'il  se  rencontre  avant  cette  désinence  une  consonne  qui  n'en 
permet  pas  la  suppression  totale,  on  ne  peut  qu'applaudir  à  l'orthographe 
du  mot  pédali.  Voyez,  en  effet,  les  mots  boteius ,  anethum,  cuminuni,  lu- 
pinus,  vulpinus ,  Jasminum  ,  vinum  ,  linum,  etc.  ,  etc.  Par  quel  procédé 
fera-t-on  des  mots  français  de  ces  mots  latins?  Par  la  simple  suppression 
des  Gnales  us  et  um  :  le  bolet,  Vaneth,  le  cumin,  etc.  Si  la  même  chose 
n'a  pas  lieu  pour  les  mots  temple,  buplévre  ,  verbe,  etc.,  c'est  par  ce  que 
le  génie  de  notre  langue  s'oppose  à  des  Anales  telles  qnc  pt,  vr,  rb,  qu'on 
ne  saurait  prononcer  convenablement  sans  le  secours  de  Vc  muet.  11  en  est 
de  même  des  mots  amulèle,  antidote,  labyrinthe,  colosse  (1),    ou,   selon   le 

(l)  Si  l'on  écrivait  coloss,  a  la  iiiaiiièic  des  Allemands,  ce  mol  ne  perdrait  rien  de 
sa  sonorité,  mais  le  génie  de  notre  langue  s'oppose  à  ce  qu'un  mol  finisse  par  deux 
consonnes  pareilles.  C  est  pourquoi   dans  ryprîs,  dérivé  du  latin  ryprcssiis  ,  la  sup- 

T.  II.  90 


7^  4  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

gt'nie  de  notre  langue,  le  tel  le  s  ne  sonneraient  pas,  s'il  n'étaient  accom- 
pagnés d'un  c  muet.  Tontcfois  il  faut  hien  se  garder  de  doubler  le  t  dans 
anui'Mc,  L'e  muet  est  également  nécessaire-  dans  les  mots  délice,  nrliflec,  etc., 
pour  conserver  au  c  le  son  doux  qu'il  a  en  latin.  Mais  les  mêmes  obstacles 
n'existent  pas  pour  les  mots  ff/ioi^é  {i),alhénc,  cadttcè,  camé,  ^ynceé  ,  maiisolé, 
pcri/^c,  pcrinc,  propylé,  prytanè,  iroclic,  iroplié,  spondé,  apliéti,  menstru,  etc. 
Pourquoi  dès  lors  ne  pas  les  écrire  comme  je  le  fais  ici,  conformément  a\i 
principe  sur  lequel  est  fondée  la  théorie  du  genre  en  français  ?  Qu'est-ce 
que  cette  orthographe  a  de  plus  choquant  que  celle  des  mot&jnbé  ,  calybc, 
café,  préjugé,  séséli,  (htaspi,  pédnli,  etc.  ?  On  s'est  déj.i  déterminé  à  écrire 
^carabe,  cétacé,  gallinacés  miscellanés ,  Linné,  au  lieu  de  scarabée,  célacée  , 
gatlinacce,  miscetlanécs,  Linnée;  espérons  qu'on  ne  fera  pas  les  choses  à  demi 
et  que  surtout  l'on  n'écrira  plus  avec  l'Académie  violoncelle,  vermicelle,  po- 
lichinelle, mais  simplement  violoncel,  vernticel,  polichinel. 

Revenons  à  nos  arbres  et  .i  nos  fleurs.  Au  catalogue  latin  qui  précède 
nous  allons  joindre  un  catalogue  fi-ançais  ,  également  alphabétique,  pour 
ceux  qui,  désirant  avoir  des  notions,  par  exemple,  sur  la  plante  appelée  en 
français  gui ,  et  n'en  sachant  pas  le  nom  latin  , 

Ne  sauraient  où  percer  pour  trouver  ce  qu'ils  cherclicnt. 
Qu'ils  me  douDeal  la  main  ,   cl  je  vais  les  conduire. 


lilsite  française*  a^ec  la  tradactfon  latine» 
des  l\onis  génériques  de  Plantes. 


Abricotier  {prunus  arme- 

n  iaca  ) . 
Acajou  (  anacardium  ). 
Ahonai  {ccrbera). 
k\^remomç,agrimonium. 
Ail  (  al  Hum  ). 
Airelle  {yaccinium  ), 
Ajonc  (  ulex  ). 
Alibousier  {Uyrax). 
Alisier  {cratœgus). 
Alkékenge  (pfilsalis  ). 
Alpiste  {phalaris  ). 
Amourette  (  briza). 
Auserine  ou  palle- d'oie 

(  chcnopodium  ). 
Arbousier  (arbutus  ). 
Argoussier   {hippophac). 
Armoise  {artcmisia). 


Aroïde  {cal la  ). 
Arrètc-bœuf  {ononls). 
Arroche  {atriplex). 
Artichaut  (  cinara  ). 
Asperge  (asparagus). 
Aubépin  (  alha  spina  ), 
Aune  (  alnus). 
Année  {inula). 
Auriculaire    {telephora). 
Avoine  (avenu  ). 
Azédarach  (  melia  ), 


Badiane  (  ilHcium). 
Baguenaudicr  (colutea) 
Balisier  (canna), 
Balsamier  (amyris). 
Balsamine  (impatiens). 
Bananier  (  musa). 
Baobab  (adansonia). 


Barbon  (nndropogon). 
Bardane  (arelium  ), 
Barrelière  (barlcria). 
Basilic  (ocymum). 
Béhen  (cucubalus  ). 
Belladone  (alropa). 
Benoîte,  geum. 
Béole,  bœa. 
Berce,  heracleum. 
Bcrle ,  si  uni. 
Cétoine,  betonica. 
Blèle,  blitum. 
Bois-cuir,  dirca. 
Bois  de  fer  (sideroxylum). 
Bois  de  natte  (imbricaria). 
Bois  dentelle  (la  gel  ta). 
Bois  tambour   (ambora). 
Bois  trompette  (cecropia). 
Boucage  (pimpinella). 
Boulette  (sphœranthus). 


pression  de  la  finale  iis  a  entraîné  celle  de  la  consonne  qui  y  adhérait.  Ainsi  mutilé, 
le  mot  cyprès  est  encore  assez  sonoiej  mais  qu'arriverail-il  du  mot  colosse  ,  si  on  lui 
faisait  subir  la  même  opération  ?  Hélas  I  les  grammairiens  n'ont  déjà  fait  que  trop  d'eu- 
nuques dans  la  langue. 

(l)  Apogée ,  périgée  ,  sont  de  vérilahlcs  barliarismos  ,  puisqu'on  ne  dit  pas  en  grec 
gêa  ,  la  terre  ,  mais  simplement  gé". 


SlGiNES  DIVERS.  DOTAMQUE. 


7  »  5 


Douleau  {bclula  ). 
Bourrache  (  borrago  ). 
Bruyère  {crlca  ). 
Bugle  [ajiiga). 
Buglosse  {anclùisa). 
Buis  (  buxtis). 


Cacoïer  ((heobroiiM). 
Cadelari  (achirantes). 
Caféier  (coffea), 
Caillelait  ou  gaillet  (g^a- 

lium  ). 
Caïmetier  ,  (  chrysophyl- 

lum  ). 
Calac  (  carissa  ). 
Calebassier  (  crescenlia  ). 
Camariue  (  empclrum  ). 
Camélée  {cneorum). 
Camomille  {anihcmis). 
Camphrée  (  camphorata), 
Campêche    (  liœmatoxy- 

!unt  ). 
Cannamelle  {saccharuvi). 
Capillaire  {adiantum  ). 
Câprier  [capparis  ). 
Cardére  (  dipsacum). 
Cardiaque  (  leonurus). 
Carmantine  [juslicia). 
Carotte  (  dauctis). 
Caroubier  {ceralonia  ). 
Carv'i  (  carum  ), 
Casse  {cassia  ). 
Cataire  {ncpeta), 
Cauche  (aira). 
Cèdre  (  cedrus), 
Ceutenille  [cenlttncutus]. 
Céreste  (ccraslium  ). 
Cerfeuil  (  chœropliyllum). 
Cerisier  (ccrasus). 
Cestrau  (cestrum). 
Ciialef  {elœagnus). 
Champignon     (  campipi- 

gnus),  fungtis. 
Chanvre  (cannabis). 
Chardon  (carduus). 
Charme  [carpintis). 
Châtaignier  (castanea). 
Chêne,  qiiercus. 
Chèvrefeuille  (1),   fJonl- 


cera  ou  caprifolium). 
Chicorée  (çlucorium). 
Choin  (schœtius). 
Chou  (  brassica). 
Ciguë  (cicuta). 

Ciguë   (grande),  COnillW. 

Cirier,  myrica. 
Citronnier  (citrits). 
Clandestine  {lallirœa), 
Clusier ,  clusia. 
Cocotier,  cocos. 
Concombre,  cticmnis. 
Consoude ,  symphylitm. 
Copaïer,  copaifera. 
Coquelourde ,   agroslem- 

ma. 
Coquemollier,//(Cop/irflx/a 
Corbeille  d'or,  alyssuni. 
Corète,  corchoras. 
Cornaret,  mariynla. 
Corne  d'abondance,  cor- 

niicopiœ. 
Cornouiller,  cornus. 
Cornude,  cornulla. 
Corossolier  ou  assim  in  ter, 

anonc. 
Cotonnier,  gossypium. 
Cotylet,  cotylédon. 
Coudrier,  corylus. 
Courbaril,  liymcnœa. 
Courge,  cucurbila. 
Crapaudine,  siderilis. 
Cresson  ,  sysimbrium. 
Crinole ,  crinum. 
Croisette,  valanlia. 
Cupidone,  calanancUe. 


Daphenot,  boiUia. 

Daphné  ou  (auréole  ,  thy 
melea. 

Dattier,  phœnix. 

Dauphinelle  ou  pied  d'a- 
louette ,  dclphiniunt. 

Dcntelaire,  p lumbago. 

Dorine  ,  clirysosplenium. 

Dormeuse,  liyoseris. 

Drave,  draba. 


Ébénier,  cbcnus. 
Églantier  ,  cynosbalos. 
Épervière,  liieracium. 
Éphémérine,  tradescan- 

tia. 
Épinards,  spinacia. 
Épinc-vinetle,  berbcris. 
Érable ,  accr. 
Ers,  crvuni. 
Éthuse ,  cet  II  usa. 
Étoile  d'eau,  damasoniutn . 


Fabagelle ,  zygophyllu  m . 
Fenouil ,  feniculum. 
Fénu-grec,  Irigoncila. 
Fétuque,  fcstuca. 
Févier ,  gleditscliia. 
Ficoïde,  mesembryanlhe- 

m  a  m. 
Figuier,  ficus. 
Filaria,  phylUrea. 
Fléau,  plileum. 
Fougère,  pleris. 
Fragon ,  ruscus. 
Fraisier,  fragaria. 
Frangipanicr ,    plumiera. 
Fraxinelle,  dictamnus. 
Frêne,  fraxinus. 
Froment,  triticum. 
Funieterre ,  fumaria. 
Fusain ,  cionymus. 

G 

Gaillet  ou  caillelait,  ga- 

Uum. 
Gaînier,  cercis. 
Gala  ne,  clwlone. 
Galardienne ,  galardia. 
Gantelée,  campanulatra- 

chetium. 
Garance,  rubia. 
Gattilier,  vilex. 
Genêt,  gcnista. 
Genévrier ,  juniperus. 
Geinscng ,  panax. 
Gentianelle,  exacum. 


(l)  Poiuqiioi  pas  cfiènrcfeiiil,  puisque  ce  nom  est  masculin  ,  par  analogie  avec  cer- 
Jeuil ?  iùcoulez  Boileau  ! 


Antoine  ,  gouverneur  tic  mon  inrdin  ti'Aulcuil, 
Qui  dirige  cUcz  moi  l'if  el'eclihvrcftuil. 


fo 


CLEF  im  LA  LAiNGUE  ET  DES  SCIENCES. 


Gennaudrée,  leucrium. 
Gcrmanée,  pleclranthus. 
Gérollicr,  carynijliyllus. 
Gérose  ,  anastatica. 
Gesse,  lathyrits. 
Giroflée,  chciranlhus. 
Glaïeul,  glaclioliis. 
Globuline,  chaos  primer- 

diatis. 
Gouet ,  arum. 
Goyavier,  psidlum. 
Grassette ,  pin<yukiila. 
Gralei-on, apnrhm,galiinu 
Grenadiei",  punica. 
Grenadille,  passipora. 
Groseillier,  grossularla. 
Gui,  viscum. 
Guimauve,  allhœa. 
Guittarin,  cylharcxylon. 
Gyroselle,  dodccantlteorc. 


Haricot,  phaseolus. 

Harmale ,  peganum. 

Haronga ,  harungana. 

Henné,  lawsonia. 

Herniole,  herniaria. 

Hêtre,  fagus. 

Hippocastanc  ou  marron- 
nier d'Inde  ,  œsciiliis 
hippocastanum. 

Houblon ,  hiimiilits. 

Houlque,  hulctis. 

Houx,  ilex. 


!f ,  taxas. 
Igname,  dioscorœa. 
Immortelle,  gnaplialiiim, 

gomphrena. 
Indigotier,  indigo  fera. 
ivraie,  lolium. 


Jacinthe,  hyacinthus. 
Jacquier,  arlocarpus. 
Jasmin,  jasminiim. 
Jasmin  d'Arabie,  nyclan- 

thcs. 
Jonc,  junciis. 
Jonquille,  narcissits  Jon 

q  II  il  la. 
Joubarbe ,  sempenivum 


Jujubier,  ziziphus. 
Julienne,  hesperis. 
Jusquiame,  hyosciamtts. 


Ketmie,  hybisciis. 

I. 

Laîche,  carex. 
Laiteron ,  sonchus. 
Laitue,  lacluca. 
Lampette,  Uchnis. 
Larniille,  coix. 
Laser,  laserpiliam. 
Lauréole  ou  daplmè,  ihy- 

mclea. 
Laurier ,  lauriis. 
Laurier  rose,  neriiim. 
Lavande,  lavandula. 
Lavanèze,  galega. 
Lentille,  ervum. 
Lentille  d'eau,  lemna. 
Lèpre,  psora. 
Liane,     planta    sarmen- 

tosa. 
Lierre,  liedera. 
Lierre  terrestre ,   glecli»- 

nia. 
Lilas ,  syringa. 
Limonier ,  litnonia. 
Linaigrette ,  erioplwron. 
Lis,  tiliuni. 
Liseron ,  convolviilim. 
Litchi ,  eiiphoria. 
Livêehe,  Hgusticum. 
Lotier,  lotus, 
Lunaire,  botrychiitm. 
Luzerne,  mcdicago. 
Lyciet,  lycium. 

M 

Maceron,  smyrnimn. 
Mùche  ou  doucette ,  valc- 

rianella. 
Macre,  trapa. 
Maïs ,  sea. 
Mammey,  mammca. 
Mancenilier,  hippomane. 
Manguier,  mangifcra. 
Marguerite ,    clirysanthe- 

mum. 
Marjolaine,  origanum. 
Marronnier,  œsculus. 
Masselle,  t  y  plia. 
j Mauve,  mulva. 


Mauvisque,  malvariscus. 
Medicinier ,  jatroplia. 
Mélèze,  larix. 
Melinet,  cerinthe. 
Mélongène  ou  aubergine-, 

solanum  melongena. 
Micocoulier,  ce/<«. 
Micranihème,  globifera. 
Millepertuis,  hypericum, 
Molène  ou  bouÛlon-blane, 

verbascum. 
Molle,  sehinus. 
Mombrn,  spondias. 
Morelle,  solanum,  hydro- 

cliaris. 
Morille ,  morchella. 
Mouron,  anagallis. 
Mousse,  muscus. 
Moutarde,  sinapis. 
Muflier,  antirrhinum. 
Muguet,  convallarieh. 
Mûrier ,  morus. 
Muscadier ,  myristica> 

K 

Naïade,  naias. 
Narthèce,  narthecium. 
Navet,  napus  brassica. 
Néflier,  mespilus. 
Nélombo,  nelumbium. 
NtHiuphar,  nymphœa. 
Nielle ,  nigella. 
Nielle  des  blés ,  uredose- 

gcium. 
Noix  vomique,  ou  fève  db 

Saint  Ignace,  strychnos-, 

ignatia. 
tioy  er,juglans. 


OEillet,  dianthus. 
OEillet  d'Inde,  tagetes. 
Olivier ,  olca. 
Ophiose,  ophyoxylon. 
Oranger,  aurantia. 
Orge ,  liordeum. 
Orme,  ulmus. 
Ortie,  urtica. 
Oseille,  rumex. 
Osier,  vimen,  salix^ 


Panais ,  pnslinace. 


SIGNES  DIVERS.  BOTAMyUE. 


7t7 


Panicaut,  eryngium. 
Pâquerette,  beîlis. 
Pareira ,  cissampelos. 
Passerage,  lepUUum. 
Pastel,  isatis. 
Patte-d'oie  ou  ansérlne, 

chenopod'iiim. 
Pavot,  papaver. 
Pêclier,   amygdalus  per- 

slca. 
Pédérote ,  pœderota. 
Pélégrine,  alstrœmerla, 
Péragu,  clerodendron. 
Perceneige ,  galant hus. 
Persil,  apitim. 
Pervenche ,  vinca. 
Pesse,  hyp parts. 
Peuplier,  popiitus. 
Piganion ,  thalictrum. 
Piment,  capsicum. 
Piniprenelle,  poterium. 
Pissenlit,  Icontodon  taraac- 

acnm. 
Pivoine,  pœonla. 
Plantain ,  plantaso. 
Plantain  de  moine,  lltlo- 

rella. 
Plantain  d'eau,  allsma. 
Plaqueminier,  diospyros. 
Plumeau,  hotfonia. 
Poirée  ou  bète ,  beta. 
Poirier,  plrus. 
Pois,  pistim. 
Pois  chiche ,  ciccr. 
Poivre ,  piper. 
Pomme  déterre,  solarium 

tiiberostim. 
Pommier ,  malus. 
Pompadour,  calycantluis. 
Populage,  caltlia. 
Porcelle,  hypochœris. 
Porte-siphon ,    siphopho- 

rus. 
Potamot,  poiamogeton. 
Pourpier,  porlulacca. 
Prêle,  equisetum. 
Primevère,  primula. 
Prunier,  prunus. 
Pulicaire,  psyllium. 

Quinquina,  cincliona. 

R 

Ruclc,  cenclirus. 


Raifort,  raphanus. 
Raiponce  ou   raponculc , 

rapunculus. 
Raisinier,  coccoloba. 
Râpette,  asperugo. 
Raponcule ,  phyteuma. 
Rave,  rava ,  raphanus. 
Redoul,  coriaria. 
Réglisse ,  gUcirrlnza. 
Rendier,  borassus. 
Renoncule,  ranunculus. 
Renouée ,  polygonum. 
Ricinelle,  acalypha. 
Rii'ble  ou  grateron,   ga- 

lium. 
R  iz ,  oriza. 
Rocou,  bijea. 
Romarin,  rosmarinus. 
Ronce ,  rubus. 
Rosage,  rhododendron. 
Roseau  ,  arundo. 
Rosier ,  rosa. 
Rossolis ,  droscra. 
Rotang ,  calamus. 
Royoc  ,  morinda. 
Ruban  d'eau,  sparganium 
Rue,  ruta. 

S 

Sablière,  hura. 

Sabot  de  Vénus ,  cyprlpe- 
dium. 

Safran,  crocus, 

Sagou,  sagus. 

Sainfoin,  hedysaruni. 

Salicaire ,  lythrum. 

Salsepareille,  smilax. 

Salsifis ,  tragopogon. 

Sapin,  abics. 

SapotJllier,  achra. 

Sarrasin,  saraceuum  fru- 
menlum,  polygonum. 

Satyre ,  phallus. 

Sauge,  salvia. 

Saule ,  salix. 

Sebestier ,  cordia. 

Seigle,  secale. 

Selagine,  sclago. 

Séneçon ,  scnecio. 

ScMsitive,  )iiimosa. 

Serpenlairc,  draconlium. 

Serpolet ,  scrpyllum,  thy- 
mus. 


Soleil ,  hclianlhus. 
Souchet,  cyperus. 
Souci,  calendula. 
Soude,  salsola. 
Spargoute ,    mieux   sper- 

gule,   spergula. 
Sparte ,  lygeum. 
Spatule,  othonna. 
Staphylin,  staphylœa. 
Slramoine,  datura. 
Sucépin,  monotropa. 
Sumac,  rhus. 
Symphoriiic  ,     symphori- 

carpos. 


Tabac ,  nicotiana. 

Tamarin,  iamarindus. 

Tamierou/aminter,  iam- 
nus. 

Tanaisie,  lanacetum. 

Terrenoix,  bunium. 

Tilleul ,  lilia. 

Tomate  ou  pomme  d'a- 
mour, solanum  lyco- 
persicum. 

Tournesol,  crolon. 

Trèfle,  trifoUum. 

Triglochin,  juncago. 

Troène,  Hgustrum. 

Truffe,  tuber. 

Tubéreuse ,  polyanlhus. 

Tulipier,  liriodendron. 

Tupélo  ,  nyssa. 


Uvette,  ephredra. 

V 

Vaquois,  pandanus. 
Varec ,  fucus . 
Vaubier,  hahea. 
Velar ,  erysimum. 
Verge  d'or,  soUdago. 
Verveine ,  vcrbena. 
Vesce ,  vicia. 
Vigne,  vitls. 
Violette ,  viola. 
Viorne,  ribumum. 
Volant  d'eau,  myriophyl- 

lum, 
Vulpin ,  alopecurus. 


IS  (:i,EF  DE  LA  r,AN<;LIE  El  DES  SCIENCES. 

Je  n'ai  pas  cru  nécessaire  de  rcpéler  les  noms  qui  ne  dilTèrenl 
des  noms  lalins  que  par  la  terminaison.  11  sera  facile  de  les  retrou- 
ver dans  la  première  lisle.  La  répétition  des  noms  de  famille  u'eùt 
pas  été  chose  moins  oiseuse. 

Quel  plaisir  pour  les  jeunes  latinistes  d'avoir  ainsi  sous  la  main  une 
foule  de  mots  qu'ils  chercheraient  en  vain  dans  leurs  dictionnaires  ! 

Quel  plaisir  pour  les  étrangers  avides  de  s'initier  dans  la  langue 
française  ! 

IVoniM  vulg:aires  des  Plantes. 


Arbre  à  aiguilles,  Le;jùi^le 
vi('lc:c,  le  sapin. 

Arbre  à  bourre,  'L^arcc  (1). 

Arbre  à  bois  blanc.  Le  saule, 
le  peuplier.  Le  sapin. 

Arbre  à  calebasse,  Le  calcbas- 
sicr  ou  cresccntia  (2). 

Arbre  ù  chapelet ,  ou  arbre 
saint,  Uazcdarac  bipenne 
ou  faua;  s]/comore  de  Pro- 
vence. 

Arbre  à  cire,  Le  gale  elle  ci- 
rier. 

Arbre  à  corde,  hebanamer,le 


figuier,  le  mûrier. 
Arbre  à  en-ivrer,  Le  galcga,  le 

pliyllanthe,  Vcrythrin  (3), 

et  le  tithymule  {k). 
Arbre  à  franges.  Le  chionan' 

the. 
Arbre  à  l'ail,  Le  cassier  (5) 

ou  canéficier,   le  scbestier 

et  le  ccrdan  (6). 
Arbre  à  lait.  Les  euphorbes, 

les  apocyns,les  asclcpiaslj), 

les  argans  (8). 
Arbre  à  la  glu.  Le  houx  et  le 

mancenilicr  (9). 


Arbre  à  la  gomme,  L'euca- 
lypte  (10)  et  le  métrosidé- 

7-OS. 

Arbre   à    la  migraine ,    Le 

premne. 
Arbre  à  pain.  Le  sagoutier  et 

Yartocai~i)us. 
Arbre  à  papier.  Le  brousso- 

nélia  (et  non  pas  la  brous- 

sonétie). 
Arbre  à  sang,  Lemillepertuis, 
Arbre  à  sucre  ou  à  fraise,  Var- 

bousier. 
Arbre  à  tan.  Le  sumac. 


(l)   Il  y  en  a  qui  écriveal  areqiie. 
{7.)  Crescentie  n'est  pas  tole'raLle. 

(3)  On  dit  gëne'ralement  érj-thrine ,  du  latin  erj'tlirmaj  ce  qui  est  une  anomalie  de  plus  parmi 
tant  d'anomalies  ridicules.  Les  noms  d'arbres  et  d'arbrisseaux  e'tant  masculins,  la  seule  véritable 
ortliographe  de  ce  mot  est  erythrin.  Je  trouve  qu'il  serait  mieux  aussi  de  dire  en  latin  erjrlhrinium, 
par  analogie  avec  érythronium ,  autre  nom  de  plante. 

(4)  Pourquoi  pas  lithjmal  ?  Je  le  pre'férerais,  si  je  pouvais  me  résoudre  à  dire  au  pluriel  tilhy- 
niaux . 

(5)  On  dit  plus  souvent  casse  ;  mais  selon  moi  ce  nom  ne  peut  convenir  qu'à  la  casse  du  com- 
merce, c'est  à  dire,  à  la  pulpe  contenue  dans  les  gousses  longues  et  ligneuses  du  cassier  ,  la  quelle 
est  d'un  grand  usage  en  médecine  ,  et  qui  se  vend  sous  le  nom  de  casse  en  bâton  ,  quand  die  est 
encore  en  gousse.  La  casse  est  laxatife.  De  la  casse  du  Levant.  Prendre  de  la  casse  en  bol  ou 
dans  du  petit-lait.  Surtout  il  est  absurde  d'appeler  caiie  le  genre  entier  au  quel  appartient  le 
cassier.  Le  seul  nom  convenable  est  cassia.  Ainsi  l'on  dira  :  Le  cassier,  le  séné,  sont  des  espèces 
du  sjenre  cassia ,  des  espèces  de  cassias. 

(6)  Comment  peut-on  dire  au  masculin  le  cerdanc  ? 

(7)  Les  dictionnaires  admettent  asctépias  et  asclépiade.  Le  premier  y  est  masculin,  le  second 
y  est  féminin.  Mais  quoi  de  plus  blâmable  que  cette  multiplicité  de  terminaisons  et  de  genres  pour 
le  même  mot?  On  ne  cesse  de  répéter  que  deux  mots  parfaitement  synonymes,  dans  la  langue,  se- 
raient un  défaut,  et  l'on  consacre  de  telles  discordances  I 

(8)  Pourquoi  pas  arganes  comme  cerdunes  ? 

(9)  On  écrit  ordinairement  manceniUicr ,  avec  deui  /  et  deux  i ,  en  sorte  que  le  lecteur  ne  sait 
co.Timent  prononcer  ce  mot.  Qu'on  m'en  explique  la  raison.  J'ose  écrire  OTfl/îCen/Vi'er,  sapotilier,ctc., 
par  la  même  analogie  qu'on  écrit  gatitier.  Quand  Vélymologie  ne  s'y  oppose  pas,  Xa prononciation 
est  encore  le  meilleur  guide  en  fait  d'orthographe. 

(10;  Masculin  dans  quelques  dictionnaires  ,  eMfn/y/iie  est  employé  comme  féminin  par  le  plus 
grand  nombre,  ce  qui  est  Ircs-irrégulier.  îSous  préférerions  eucalyptus.  En  général,  on  ferait  bien 
de  conserver  aui  noms  d'arbres  leur  terminaison  latine,  quand  celtle  terminaison  ne  peut  dispa- 
raître entièrement  et  qu'elle  doit  être  remplacée  en  français  par  le  muet  qui  est  le  signe  distinctif 
du  féminin.  Métrosidcros  vaut  mieux  sûrement  que  mcVros/t/è/f  ,  et  les  romantiques  ont  bien 
leur  raison  pour  écrire  Hvmcrus ,  Firgilius ,  etc.,  plutôt  i\WHomire,  Virgile,  etc. 


Arbreàtlié,  Le  symploc  (H). 
Arbre  au  coton,  ÎLe  fromager. 
Arbre  au   mastic,  Le  lentis- 

quc  {i2). 
Arbre  au  poivre,  Le  galilier 

(13)  ou  vitex  et  leschiims. 
Arbre  au  raisin,  Lestaphylier 

ou  staphylin. 
Arbre  aux  anémones,  Le  ca- 

iycanthe  ou  calycantlius. 
Arbre  au  vermillon,  Le  chêne 

aux  kermès. 
Arbre  aux  boutons,  Le  céplia- 

lanthe,  le  conocarpe ,  et  le 

gainier. 
Arbre  aux  grives,  Le  sorbier 
Arbre  aux,œufs,  Le  prunier. 
Arbre  aux  pois.  Le  robinier. 
Arbre  aux  quarante  écus,  Le 

ginkgo  {là). 
Arbre  aux  savonnettes,  Le  sa- 

vo7inier. 
Arbre  aux  tulipes ,  Le  tuli- 
pier. 
Arbre  aveuglant,  Uexcœcaria 
Arbre  d'amour,  Le  gaînier. 
Arbre  d'argent,  Lec/ia/e/'etle 

prêtée. 
Arbre  de  corail,  h'' arbousier , 

l'crytiirin,  et  le  condori. 
Arbre  d'encens  (15),  Le  bau- 

mier,  le  pin  de  Virginie. 
Arbre  de  jfudée,  Le  gaînier 

d'Europe. 
Arbre  de  mai  ou  de  Saint-Jean, 

Le  panax. 
Arbre  de  mille  ans,  Le  baobab 

ou  adansonia. 
Arbre  de  neige,  'L'amélancher 

et  le  viorne  (16). 
Arbre  d'or,  Le  mûrier  blanc 

et  le  rhododendron. 


SIGNES   DIVERS.     BOTANIQUE 

Arbre  de  paradis.  Le  chalcf 
Arbre  de  Rosny,  Vorme. 
Arbre  de    Sainte-Lucie,    Le 

ma  h  a  le  b. 
Arbre  de  soie,  L'acacia  et  Vas 

clépias. 
Arbre  de  vie,  Le  thuya. 
Arbre  du  Brésil,  Le  ccsalpina 

(et  non  \idi%ciesalpinie)  et 

le  campcche. 
Arbre  du  castor,  Le  magnolier 

glauque. 
Arbre  du  ciel,  L'a?//a?i;c  et  le 

ginkgo. 
Arbre  du  dragon  et  arbre  de 

fer,  Le  dragonnier. 
Arbre  du  vernis  (17),  Le  su- 
mac. 
Arbre  géant.  Le  mélèze. 
Arbre    immortel,  L'enrfrac, 

Vérythrin,  et  le  cèdre. 
Arbre  impudique,  Le  coura- 

tari,  le  clitorc,  le  vacoo,  et 

le  pandanus. 
Arbre  poison.  Le  ??ia?ice?n7!cr^ 

le  sumac,  Yantiar  (18),  et 

le  toxicodendron. 
Arbre  puant,  L'axa^j/m  (19), 

le  fétidicr. 
Arbre  sage.  Le  mûrier  noii\ 
Arbre  triste.  Le  bouleau,  le 

saule,  le  tiyctanthe. 
Barbe-de-bouc  ,   Le    salsifis 

sauvage  et  la  clavaire  co- 

ralloïdc. 
Barbe-de-capucin,  La  nigelle 

de  Damas,  les  usnées,  et  la 

chicorée  sauvage,  v",  rpnfcr- 

mée  dans  un  tonneau  rempli  de 
terre  ,  pousse  des  jets  allongés  et 
blancs  qu'on  mange  en  salade. 


Barbe-de-chèvre,  Las/ji>"ee. 


719 

Barbe-de-dieu    ou    barbon , 

Vandropogon. 

Barbe-de-jupiter,Lay(iM6rt/7'c, 
le  fusiet,  Vanthylide  ar- 
gentée. 

Barbe-de-moine,  La  cuscute. 

Barbe-de-renard,  L\istragale 
adragant. 

Barbe-de-vieillard,  hegéropo- 
gon. 

Barbe-espagnole,  La  caragate 
ou  tillandsie. 

Barbeau  jaune,  Les  centau- 
rées à  fleurs  d'or. 

Barbeau  musqué,  La  centau- 
rée musquée. 

Bec-de-cigogne  ou  bec-de- 
grue.  Le  géranium. 

Bois  à  aiguilles.  Les  arbres  rési- 
neux. 

Bois  à  balai.  Le  bouleau,  la 

bruyère,  le  cornouiller ,  le 

genêt,  etc. 
Bois  à  baguette.  Le  sébesticr. 
Bois  à  boutons.  Le  céphalan- 

the. 
Bois  à  cassave,  L^aralia. 
Bois  à  cochon,  Le  gomart , 

Yiciquier,  et  V hedaigia. 
Bois  à  coton,  Le  peuplier  de 

Virginie,  et  autres  ailiresdont 
la  graine  est  surmontée  d'une  ai- 
grette cotonneuse. 


Bois  à  dartres,  La  danaide  et 

le  millepertuis. 
Bois  à   en-ivrer.   Les  plantes 

lactescentes,   telles  que  le 

tithymale  ,  le  phyllanthc  , 

et  le  galéga  soyeux. 

Bois  à  feuilles  ,  Les  arbres  dont 
les  feuilles  tombent  et  te  renou- 
vélent  tous  les  ans. 


(il)  Tout  le  monde  écrit  sj-mplo(/iie.  k\ovs'pouiquoiY>ds  snmaçue  ?  Ce  serait  tout  aussi  classique. 

(12)  J'e'cris  lenlisrjue  comme   obélisque,  ménisque,  au  lieu  tic  lenlisc,  à  cause  du  peu  d'affinité 
des  sons  5  et  A-  ,  incapables  de  subsister  ensemble  dans  la  même  syllabe. 

(13)  Je  ne  sais  pourquoi  l'Académie  et  quelques  autres  écrivent  gatlilier ,  avec  deux  t.  lîoiste 
n'admet  qu'un  <,  et  il  a  cette  fois  raison. 

(14)  Ce   mot  n'a  pas  la  physionomie  française.    Mais  quelle  est  la  nation  où  l'on  ne  trouve  pas 
d'étrangers  ? 

(15)  Nous  préférerions  arbre  a  l'encens. 

(16)  Viorne  est  ,  je  le  sais,  du  féminin  dans  les  dictionnaires,  Mais  à  quoi  bon  cette  exception? 
Le  masculin  ne  me  choque  nullement  dans  ce  mot. 

O7)  Nous  préférerions  arbres  au  vernis. 

(10)  Qu'on  me  dise  pourquoi  l'on  écrit  de  préférence  antiare,  tout  en  faisant  ce  nom  masculin. 
(19)   On  dit  aussi  anagyre ,miou\\\c  rien  n'empêche  de  dire  plus  régulièrement  anagyr.  L'Aca- 
démie n'admet  (\\.\anagyris ,  cl  elle  a  raison. 


720  ci,Er 

liois  à  flambeau,    Les  arbres  risi- 

Bois  auiandc,  ÏjP  laurier  pi- 
clturin  (20),  ctlemar?//ou 
ciquc. 

Bois  ;\  caleçons,  Lchtiuliiiiin. 

Bois  amer  ou  irabsiiilhc.  Le 
cussiii. 

Bois  à  pians.  Le  mûrier,  lefa- 
garicr. 

Bois  à  poudre.  Le  tierprun. 

Bois  arada,  Uiciquicr, 

Bois  bénit,  Le  buis. 

Bois  blanc,  Le  bouleau,  le 
peuplier,  le  tremble,  le 
saule,  Yaubier,  le  tilleul, 
le  syringa. 

Bois  cabri  e?  cabril,  Vcgy- 
phyle  (21),  le  fagaricr. 

Bois  caca,  he  câprier  ferrugi- 
neux. 

Bois  capitaine,  Le  muurci- 
lier. 

Bois  quarré.  Le  fusain. 

Bois  couleuvre ,  Uopliioxy- 
lon  (22), le  nerprun  ferru- 
gineux, et  le  vomiquier. 

Bois  d'acajou.  Le  cédréal  (23) 
elle  sirieténia. 

Bois  d'Agra,  un  bols  odorant  dont 
les  Chinois  font  de  jolis  meubles. 

Bois  d'aigle,  h^excœcai-ia. 

Bois  d'amaranthe,  Le  maho- 
gon  et  le  sirieténia. 

Bois  d'amourette,  L'rtcacia  mi- 
mosa. 

Bois  d'anis  ou  ajiis  étoile.  Le 
badian  (24),  Vavocatier. 

Bois  d'anisette.  Le  poivrier. 

Bois(ï'arT,'Lecy  fisc  des  Alpes. 

Bois  de  cannelle.  Le  canne- 
lier,  le  cabril. 


DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES 

Bois  de  chambre,  'L'agave. 
Bois  de  cliandclles,  Le  <)rt/sa- 

mier,  le  dragonnier,  et  l'e- 

ryliialis  (25). 
Bois  de  cliône.  Les  bignones. 
Boisdcciiron,  Le  citronnier, 

le  bdlsamicr,  etc. 
Bois  de  crocodile.  Le  clutéla 

musqué. 
Bois  decuir,Lerf/rccou  f/ÙTrt. 
Bois  d'ébf'ne.   Le  plaquemi- 

nier,  et  Vébénier. 
Bois  de  fer.  Le  sidéroxyle,  le 

robinier,  etc. 
Bois   de  fièvre,  Les  quinqui- 
nas, les  millepertuis. 
Bois  de  frêne,  La  bignone. 
Bois  de  garou.  Le  lauréola. 
Bois  d'Inde,  Le  myrte,  et  le 

cam^jf'cAe. 
Bois  de  lessive.  Le  cytise. 
Bois  dentelle,  Le  /«(/ef  ou  /a- 

gettO.   (Laget  est  plus  français.] 

Bois  de  mai,  L'aubépin.  (Nous 

voudrions  que  le  nom  féminin  au- 
bépine fill  réservé  au  fruit  de  cet 
arbre  qui  jusqu'à  ce  jour  est  resté 
anonyme.  Cueillir  des  aubépines. } 

Bois  de  Perpignan,  Le  mico- 
coulier. (  S'il  faut  écrire  mcnire- 
nillier,  avec  deux  !  et  deux  (,  je 
ne  vois  pas  pourquoi  l'on  n'écrirait 
pas  de  même  jnicocouiiîier,  J 

Bois  de  reinette,  Le  dodonéa. 
Bois  de  Rhodes ,  Un   balsa- 

micr,  un  scbcsticr,  et  deux 

espèces  de  liseron. 

Bois  doux,  celui  qui  a  peu  de  fils 
ou  de  nœuds. 


Boifidur,l.e  ckai-meduCanada 

et  les  arbres  dont  le  liois  est  ferme 
et  serré. 

Bois  gentil,  Le  lauréat,  et  les 


tkymélèas. 
Bois  immortcl,-L'cr»/ ?/(»•('«  co- 
rail. 

Bois  imparfait,  V aubier. 
Bois  Lsabelle,  Le  laurin-  rou- 
ge,   le    myrte   à   feuilles 

rondes. 

Bois  jaune.  Le  tulipier,  le  sxi- 
mac,  le  broussonétier,  etc. 
Bois  Jean,  L'ajonc. 

Bois  laiteux.  Les  euphorbes, 
\e mancenilier.  (On  a  ditman- 

cAenilier,  et  je  trouve  aussi  cela 
plus  sonore. } 

Bois  major,  Vérythroxylc 
aréole. 

Bois  néphrétique,  Le  bouleau. 

On  le  dit  aussi  d'un  bois  jaunâtre, 
compacte,  pesant,  d'une  saveur 
amère  et  un  peu  acre,  produit  par 
on  ne  sait  quel  arbre. 

Bois  puant,  L anagyrîs. 

Bois  punais.  Le  cornouiller. 

Bois  satiné.  Le  prunier  et  le 
férolier. 

Bonnet-à-prêtre,  Le  fusain. 

Bourse  ouboursette,  La  mâ- 
che. 

Bourse-à-pasteur,  Lethlaspi. 

Casse-lunette,  Le  bluct. 

Casse-pierre,  Le  bacil,  qu'on 
nomme  aussi  christe-ma- 
rine,  fenouil  marin,  sali- 
corne ligneuse,  etc.  (  Au  lieu 

de  bacît^  l'Académie  écrit  bacile, 
et  les  autres  bacille,  tout  en  laissant 
ce  nom  masculin.  Bacille  masculin! 
Cela  est  absurde.  Du  latin  bacilhis, 
petit  bâton;  parce  que  cette  plante 
oJlre  des  rameaux  nouveaux,  dé- 
pourvus de  feuilles  et  semblables 
à  de  petits  bâtons. 


(2o)  Les  bolanistes  écrivent  pichurim  ,  quoiqu'ils  appèlent  pichurine  le  fruit  de  cette  espèce  de 
laurier.  Ils  écrivent  aussi  rntiryle,  qu'ils  font  tantôt  masculin,  tantôt  féminin.  Je  voudrais  qu'on 
dît  cif]  ,  au  lieu  de  ric/ice ,  parla  même  analogie  qu'on  dit  co<7  au  lieu  de  foiyzi»;.  Nous  aurion» 
ainsi  deux  substantifs  qui  s'en  iraient  en  montrant  le  r/. 

(2t)  Il  va  sans  dire  que  les  dictionnaristes  écrivent  œg-yphile  ,  et  qu'ils  le  font  indistinctemen  t 
du  masculin  ou  du  féminin,  bien  que  Végyphyle  soit  un  arbrisseau. 

(22)  Le  même  ,  je  présume,  que  Vophiose  des  botanistes. 

(23)  Il  y  en  a  qui  écrivent  cédrelle  et  swietenie.  O  classiques  I 

(24)  On  dit  plus  souvent  badiane  ,  mol  qui  n'est  véritablement  appliquable  qu'au  fruit  de  cet 
arbre. 

(35)  Les  uns  disent  éry thaïe,  les  autres  crytltalide.  Au  quel  entendre  ?  Erythale  vaut  mieux 
qixérythalide ,  forme  essentiellement  féminine.  Je  bornerai  là  ces  observations  ,  qui  me  mènerait 
trop  loin.  Qu'il  nio  suffise  de  dire  que  je  réformerai  l'ortUDgraphe  des  mois,  partout  où  je  le  ju- 
gerai convenable. 


Casse-pol,  Le  ces  t  veau. 
Cœurdebœuf,  hecorossolicr. 
Corne-de-cerf,  Le  coronope. 
Cran,  he  raifort sauvatj<. 
Dent-de-lion,  Lelcontodon  ta- 

raxacum  ou  pissenlit. 
Dompte-venin,  Espèce  d'as- 

clépias, 
Écuelle  d'eau,  L'hyclvo-cotylc. 
Épineardente,  Une  espèce  de 

néflier. 
Épine  blanche ,  U aubépine. 
Étrangle  chien ,  Vaspérulc  et 

la  cynunche. 
Fayard,  Le  hêtre. 
Feuille  grasse,  Uotyin. 
Feuille  indienne.  Le  malaba- 

llirum. 
Fève  à  cochon,  La  jusquîame 

commune. 

Fève  à  visage.  Une  espèce  de  ha. 
rient  coloré. 

Fève  de  Bengale,  Le  fruit  du 

myrobolan  citrin. 
Fève  de  Carthagène,  Le  fruit 

du  liéjiic. 
Fève    de  loup  ,    L'hellébore 

puant.  (  r.e  nom  étant  dCrlTé  du 
latin  helleliorum,  je  ne  comprends 
pas  pourquoi  l'on  n'éciitpas /ic/(e- 
bor,  par  la  même  analogie  que  de 
muru»  on  écrit  mur,  et  non  pas 
mure.) 

Fève  de  Malac,  Acajou  à  pom- 
mes. 

Fève  de  mer,  LeAa?n'<;o«  com- 
mun. 

Fève  de  Saint-Ignace  ou  fève 
des  jésuites,  Le  vomiquier. 

(On  trouve  vûmiîier  et  vonuf^uier^ 
orthopraplic  tout  à  fait  classique. 

Fève  de  Tonka,  La  graine  d'un 
arbre  de  la  Guiane,  nom- 
mée CamarOU.  On  l'emploie 
pour  donner  au  taliac  u-ic  odeur 
apréable.  Les  sauvages  en  font  des 
collier?. 

Fève  de  trèfle  ou  de  terre,  Le 
fruit  du  bois  puant. 

Fève  de  senteur,  Le  lupin  de 
Sicile. 

Fève  douce,  Le  fruit  du  tama- 
rin. 

Fève  du  diable,  La  graine  du 
câprier. 

Fève  épaisse,  'L'orpin. 

Fève  lovinc.  Le  lupin  blanc. 

Fève  marine,  Le  cotyln  cl 
Vacdciii. 

T.  II. 


SÎGNES  DIVERS.    BOTANIQUE 

Fève   tête-de-nègre.  Les   se- 
mences du  clolic. 
Fleur  changeante,  La  ketmic 

<bC  l'Inde,  ainsi  nonmiée  à  cause 
de  la  promptitude  avec  la  quelle 
SCS  grandes  fleurs  passent  du  lilanc 
au  rouge,  puis  au  jaune  sale  ou  an 
rose  en  se  tablant. 

Fleur  d'amour,  Vamaraiite, 
Vancolie,    la    dauphinclle 

sauvage.  Celle-ci  est  ainsi  nom 
mée  parce  qu'on  ToUVait  jadis 
dans  les  campagnes  aux  jeunes  li 
lies  qu'on  prenait  pour  épouses. 

Fleur  d'Arménie,  L'œillet  de 

poète. 
Fleur  de  carême.  Une  variété 

de  renoncule,  qui  esttrés-pûic, 

et  dont  la  fit  ur  s'épanouit  pendant 
le  carême  des  catholiques. 

Fleur  de  chair.  Le  trèfle  in- 
carnat, le  mélampyre  des 
champs,  la  lichnide  lacinicc, 

dont  les  pétales  olVrent  une  cou- 
leur   rougeâtre     plus    ou    mo' 
forte,  un  incarnat  plus  ou  mo 
vif.    (Je  ne  comprends  pas  mieux 
pourquoi  l'on   n'écrit  pas  me/ 
pyr,  ce  nom  étant  masculin.  ) 

Fleur  do  coucou,  La  prime- 
vère à  fleurs  jaunes. 
Fleur  de  crapaud,  La  stapélic 

panachée,  dont  les  fleurs  sont 
veites,  ridées,  parsemées  de  ta- 
ches et  de  lignes  rougeâtres. 

Fleur  d'écrevisse,  La  fleur  du 

balisier  indien,  dontla  eorolle 

pré-sente  ,  avant  son  entier  déve 
loppement,  la  forme  de  pattes 
d'écrevisse. 

Fleur  de  jalousie,  U  amarante 

tricolore. 
Fleur  de  la  passion,  La' 5"»'^- 

nadille  ou  passiflore. 
Fleur  de  muscade,  Le  macis, 

écorce  intérieure  de  la  7ioix 

muscade. 
Fleur  de  plume,  La  valériane 

grecque,  ainsi  nommée  à  cause 
des  feuillis  composée»  d'une  gran 
de  quantité  de  loliolcs  qui  garnis 
sent  ses  toulVes  terminées  par  de: 
bouquets  de  fleurs  bleues. 

Fleur  de  sang,  La  capucine,  et 
la  tulipe  du  Cap. 

Fleur  des  dames,  V anémone 
coquelotirdc ,  Vhcpatiquc 
des  jardins,  Vhéliotrope  du 
Pérou. 

Fleur  du  soleil.  Le  souci  des 
jardins,  Y  héliotrope  cou- 
ché, la  belle  dr jour,  Yhcrbe 


721 

aux  verrues,  la  gaude,  la 
mauve,  le  lupin  blanc,   le 
trèfle,  Ykélianthc. 
Fleur  des  treilles,  Arbuste  <îe 
la   famille  des  apocynées, 

dont  on  se  seri,  datis  l'Océanie  , 
pour  faire  des  berceaux  et  des 
treilles. 

Fleur  des  veuves,  La  scabieusc 

atropmyurée,  ainsi  nommée 
à  cause  de  la  couleur  violet  noir, 
plus  ou  moins  foncée,  qu'ollrent 
ses  fleurs  veloutées. 

Fleur  de  tous  les  mois,  Le 
souci  des  jardins,  aux  neurs 

jaunes  et  douhleç. 

Fleur  de  toute  l'année.  Van- 
grec  en  corymbes,  le  quel  fleu. 

rit  toute  l'année. 

Fleur  du  ciel.  Le  nosloc  et  la 
trémclle. 

Fleur  écarlate,  La  lychnide  de 
Russie,  etle  quamoclit  jas- 
min. 

Fleur  impie,  La  fleur  du  dom- 

bey  éclatant,  laquelle,  tou- 
jours penchée,  ne  reçoit  point  les 
rayons  du  soleil. 

Fleur  joyeuse,    V acacia  de 

Malabar. 
Fleur  miellée,  Leméliantki: 

pyramidal,  et  la  moscatcl- 

line  printanière. 
Fleur  mistèle.  Espèce  de  talin, 

dontla  fleur,  d'un  rouge  éclatant, 
sert,  au  Pérou,  à  colorer  la  mislé- 
la  ,  sorte  de  liqueur. 

Fleur  printanière,  La  pâque- 
rette annuelle  ,  la  prime- 
vère. 

Fleur   satanique,    Viris    de 

Perse,  dont  la  fleur,  de  couleur 
brunâtre  ,  figure  une  bouche  ou- 
verte entourée  d'une  barbe  noire. 

Gueule-de-lion,  Le  muflier. 

Herbe  à  cailler.  Le  gaillet. 

Herbe  à  cinq  feuilles,  La  po- 
tentille. 

Herbe  à  coton.  Les  gnaphatcs 
et  les  filages. 

Herbe  à  cousin.  Le  lapulier  cl 
la  conyze. 

Herbe  à  couteau.  Les  laichcs, 
Yivraie,  et  autres  grami- 
nées. 

Herbe  à  doux  bouts,  Le  chien- 
dent. 

Herbe  à  deux  feuilles,  Lo- 
ph  ryde. 

Herbe  udiniiablo,  La  belle  de 

91 


722 


CLEF  DE  LA  LAKnilE  ET  DES  SCIENCES. 


mut. 
Herbe  à  riornucr  Vachillée. 
Herbe  à  fève,  Vorpin. 
Herbe  à  foulon,  La  saponaire. 
Herbe  à  gale,  La  mordle. 
Herbe  à  Gérard,  La  poda- 

fjrairc. 
Herbe  à  jaunir,  La  gaude  et  la 

gcucsirolc. 
Herbe  à  lait,  Vcuphorbe  et  le 

polygala. 
Herbe  à  la  coupure,  La  valc- 

rianc ,  la   millcfcuille ,    la 

consolide,  et  autres  plantes 

vulnéraires. 
Herbe  à  la  fièvre,  La  graiiole 

et  la  pcliic  cenlaurce. 
Herbe  à  i'àne,  Uonagre,  la 

/)i/(7ca/ie,ctles  chardons. 
Herbe  à  la  ouate,  Les   asclc- 

pias. 
Herbe  à  l'araignée,  La  p/ia- 

langère. 
Herbe  à  la  reine  ou  à  l'am- 
bassadeur. Le  tabac. 
Herbe  à  l'épervier,  La  por- 

cclle. 
Herbe  à  l'esquinancie,  Vaspé- 

rulc. 
Herbe  à  loup,  V aconit. 
Herbe  amère,  La  tanaisic. 
Herbe  à  maroquin,  Le  sumac 

et  \efusiel. 
Herbe  à  pauvre  homme ,  La 

g  ratio  te. 
Herbe  apollinaire,  La  jusquia- 

vie. 
Herbe  argentée,  Lapotcntille. 
Herbe  à  Robert,  Le  géranium. 
Herbe  à  rubans.  Le  roseau 

panaché. 
Herbe  à  sept  têtes  ou  à  sept 

tiges,  LsiStaiice. 
Herbe  à  tous  maux,  Le  tabac 

et  la  lysimaquc. 
Herbe  au  bon  Dieu,  Le  médi- 

cinier. 
Herbe  au  cancer,  La  dente- 

laire. 
Herbe  au  cerf,  Vatamanthc 

Gi\a  dryade. 
Herbe  au  citron,  La  mélisse 

et  Varmoisc. 
Herbe  au  chat,  La  gcrman- 

drée  et  la  cataire. 
Herbe   au  cocher,  La  vnlk 


feuille. 

Herbe  au  coq,  La  tanaisic  et 
la  cocrcie  jaune. 

Uerbe  au  taureau,  L'oro6a«- 
che. 

Herbe  au  verre,  La  soude. 

Herbe  aux  abeilles,  L'u/mc/irc. 

Herbe  aux  charpentiers.  Le 
vclar  et  la  millcfcuille. 

Herbe  aux  chantres,  Le  vélar. 

Herbe  aux  cuillers  ,  le  co- 
ch  Icaria. 

Herbe  aux  curedents,  La  vis- 
nage,  ainsi  nommée  parce  que 
les  Espaiinols  cl  les  Orientaux  se 
ncitoien  tles  ilenls  avec  les  rajons 
dciacliés  des  ombelles  de  celte 
plante. 

Herbe  aux  cors,  La  joubarbe 

et  Voi^pin. 
Herbe  aux  écus,  La  nummu- 

lairc. 
Herbe  aux  gueux ,  La  cléma- 

tide. 
Herbe  aux  grenouilles,  La  ric- 

cic. 
Herbe  aux  hémorroïdes,  La 

ficaire. 
Herbe  aux  ladres,  La  véroni- 
que. 
Herbe  auxmamelles,  La  lamp- 

sane. 
Herbe  aux  oies,  Lapotentille. 
Herbe  aux  perles,  Le  grémil, 

dont  les  semences  sont  hlanclies 
et  approchent  de  la  ligure  d'une 
perle. 

Herbe  aux  patagons,  Vhy- 
drocotyle. 

Herbe  aux  pous,  La  pédicu- 
laire  et  la  staphysaigre. 

Herbe  aux  puces,  Le  plantain. 

Herbe  aux  tourterelles,  Le 
croton. 

Herbe  aux  verrues,  L'hélio- 
trope, 

Herbe  bénédicte  ou  de  Saint- 
Benoît,  La  benoîte. 

Herbe  caniculaire,  La  jus- 
quiame. 

Herbe  chaste,  Le  gatilier. 

Herbe  d'admiration,  hapklo- 
midc. 

Herbe  d'amour,  V acacia  mi 
mosa,  la  sensitive,  le  myo- 
sotis, la  conysc,  les  brizes, 
le  réséda,  la  saxifrage. 


Jlerbe  d'arbalète,  La  varairc. 
Herbe  de  bœuf,  La  surcllc  ou 

surette 
Herbe    de  feu ,    Varmoise , 

Vhellébor,  et  la  renoncule. 
Herbe  de  grâce ,  La  rue. 
Herbe  de  Guinée,  Le  fléol  ou 

fléau    géant,     qui  fmnnit    un 

fourrage     excellent.  (  Comment 

peut-on  écrire  /ït-ole  et  faire  ce 
nom  du  masculin  ? 

Herbe  de  Judée,  La  morcllc 
douce  amcrc. 

Herbe  de  la  Trinité,  La  pensée 
elV  hépatique. 

Herbe  de  Médie,  La  luzerne. 

Herbe  de  muraille,  ha  parié- 
taire. 

Herbe  de  musc,  La  muscatel- 
line. 

Herbe  de  Notre-Dame,  hapa- 
riétaire. 

Herbe  d'or,  Ukèlianthème, 

Herbe  de  vie,  Vaspérule. 

Herbe  deS'-Albert,  Le  vélar. 

Herbe  de  Saint-Antoine,  L'c- 
pilobe. 

Herbe  de  Saint-Christophe, 
h'actée. 

HerbedeS'-Étienne,  la  circée. 

Herbe  de  Saint-Félix,  La  scro- 
phulaire. 

Herbe  de  Saint-Fiacre,  Vhé- 
liotrope. 

Herbe  de  Saint-Guillaume, 
^Jaigremoine. 

Herbe  de  Saint-Innocent,  La 
renouée. 

Herbe  de  Saint-Jacques,  Le 
séneçon. 

Herbe  de  Saint-Jean,  Var- 
moise, le  lierre  terrestre, 
et  le  millepertuis. 

Herbe  de  Saint-Julien,  La  sar- 
riet  te. 

Herbe  de  Saint-Laurent,  La 
bugle. 

Herbe  deS'-Lucien,L'ar/i2(7i<c 

Herbe  de  Saint-Paul,  La  pri- 
mevère. 

Herbe  de  Saint-Pierre,  La  pa- 
riétaire eX.  la  pcrccpicrrc. 

Heibe;deS'-Philippe,Le77rtsfff 

Herbe'  de  Saint-Quirin  ,   La 

tussilage.  (Je  ne  comprendrai 
ia.nnis  tjourauoi  l'Académie  fait 
tu'^ilape  du  masculin.  : 


SlGiNES  DIVEUS.    IJOTAMQUE. 


T2ù 


Herbe  dcSaint-Roch,  L'i«i«/t'. 
Herbe  de  Saint-Zacharie,  Le 

bluet. 
Herbe  de  Sainte-Barbe,  Le  vé- 

lar  et  la  roquette.   - 
Herbe  de   Sainte-Catherine, 

La  balsamine. 
Herbe  de  S"=  Claire,La  mâche. 
Herbe  de  Saintc-Cunégonde, 

'V  eupatoire. 
Herbe  de  Sainte-Otliilie,  La 

dauphincUe. 
Herbe  de  Sainte-Quiterie,  La 

mercuriale. 
Herbe  de  Sainte-Rose,  La  pi- 
voine. 
Herbe  des  chanoines,  La  mâ- 
che. 
Herbe  du  cardinal,  La  con- 

soudc. 
Herbeducœur.La/JMfmo/iairc 

ella  menthe. 
Herbe  du  siège,  La  scrophu 

lairc. 
Herbe  du  vent ,    L''ancmo7ie 
coquelourde  et  la  phlomide 
couchée. 
Herbe  froide.  Le  chiendent 
Herbe  immortelle,  La  tanaisie 
Herbe  impatiente,  La  balsa- 
mine. 
Herbe  jaune.  Le  réséda, 
Herbe  maure.  Le  réséda,  le 

phyteume,  la  morelle. 
Herbe  mauvaise,  Vivraie, 
Herbe  militaire,  La  grande 

millefcuille. 
Herbe  musquée,  La  ketmie. 
Herbe pédiculaire,  Lastaphy- 

saigrc. 
Herbe  puante,   V anagyris , 
Yantemis ,     et  la   morelle 
triste. 
Herbe  rouge,  La  rubéole  et 
le  mélampyr  des   champs. 
Herbe  royale,  Vaurone. 
Herbe  sacrée,  La  verveine,  le 
tabac,  lemélissot ,  etleccs- 
trcau. 
HerbeSainte-Marie,La  balsa- 
mite  ,\^  serpentaire  ,\q  gouel 
Herbe  sans  couture,  Vophio- 

glosse. 
Herbe  sardonique,  La  renon- 
cule des  mitrais. 
Ilcrbc  à  la  taupe,  Ltidinura. 


Herbe  terrible,  La  globulaire 
turbith  et  le  liseron  turbith. 

Herbe  traînante,  La  cuscute. 

Herbe  vivante,  La  sensitive, 
Voxalide ,  le  sainfoin  du 
Gange  ousaiîifoin oscillant. 

Herbe  vulnéraire  ,  Vinule,  le 
thé  suisse. 

Langue-d'agneau,  Une  espèce 
de  plantain. 

Langue-de-bœuf,La  buglosse, 
la  scolopendre,  et  la  fistu- 
laire,  espèce  de  bolet. 

Langue-de-cerf,  La  scolopen- 
dre, et  plusieurs  fougères. 

Languc-de-chat,  Veupatoire. 

Langue-de-cheval,  Lefragon. 

Langue-de-chien ,  La  cyno- 
glossc  officinale,  et  quelques 
autres  borraginées. 

Langue-d'oie,  La  grassette. 

Langue-d'oiseau ,  Le  fruit  du 
frêne,  et  la  stellaire holostée. 

Langue-de-passereau,  Lasr<?^ 
laire  passerine  et  la  re- 
noué e. 

Langue-de-serpent,  Uophio- 
glosse  vulgaire,  les  cla- 
vaires. 

Langue-de-vache,  La  grande 
consolide  et  la  scabicuse  des 
champs, 

Mors-du-diable ,  La  scabieusc 
des  bois. 

Mufle-de-veau,  Le   muflier. 

[  Le  niufller  des  jardins  6e  iionime 
encore  gucule-de^Uoti,  ou  gueuU- 
dc-loiip,  et  mufleau.) 

Noix    d'acajou  ,   Uanacarde 

d'Asie  et  d'Amérique. 
Noix  d'arec.  Graine  de  l'rtrcc, 

que  Us  Indoux  mêlent  avec  delà 
chaux  d'huîtres  pour  Punir  en- 
suite au  bétel  et  mâcher  ce  mé- 
lange. 

Noix  de  ben.  Le  légume  long 
du  ben  oléifère,  ou  ses  se- 
mences, à  t.rois  côtés  et  à 
trois  aUes. 

Noix  de  coco,  L'enveloppe  de 
l'amande  des  cocotiers,  ou 
la  semonce  coriace  du 
knépier  de  la  Jamaïque. 

Noix    de    galle    ou     Galle  , 

Excroissance  produite  su  rie  chêne 
et  sur  d'autres  arbres  par  la  pi- 
ilùrc  d'un  insecte  apprlé  C)nlj>s. 
].u  noix  de  galle  sert  li  teindre  en 
noir  el  h  fnirc  de  l'encre. 


Noix  des  Barbades,  Le  fruit  du 

mcdicinicr. 

La  noix  muscade,  ou  simple- 
ment muscade,  Le  fruit  du 
ynuscadier. 

Noix  vomique,  la  baie  globu- 
leuse, à  écorce  souvent 
fragile  du  vomiquicr  ou 
strychnos. 

Ognon  de  loup,  Un  potiron. 

Ognon  de  mer,  La  scille  ma- 
rine, 

Ognon  de  Strasbourg,  L'aiV 
fistuleux. 

Ognon  musqué,  La  jacinthe 
des  environs  de  Mont-Pel- 
lier. 

Ognon  sauvage,  Ldijacintked 
toupet. 

OEil-de-bœuf,  La  camomille 
des  teinturiers. 

OEil-de-bouc  ,  La  camomille 
pyrcthre  et  le  chrysanthè- 
me des  prés. 

OEil-de-bourrique,  Le  dolic. 

OEil-de-chèvre,  Une  graminéa 
très-commune. 

OEil-de-chien,  Un  plantain. 

OEil  -  de  -  christ  ,     Un    aster 

:ct  non  pas  une  iistcre.  ) 

OEil-dc-corneille ,  Un  agaric 
noir  et  vénéneux. 

OEil-de-dragon,  Le  liichi, 

OEil-de-loup,  La  crapaudine, 

OEil-de-perdrix ,  Vadonide  et 
une  scabieuse. 

OEil-de-soleil,  La  matricaire. 

OEil-de-vache,  Plusieurs  ca- 
momilles. 

OEil-du-diablc,  Une  adonidc. 

Oreille-d'abbé,  La  spatlie  des 
gouets  et  le  cotylet. 

Oreille-d'ûne ,  Le  cotylet,  le. 
nostoc ,  la  grande  con- 
solide. 

Oreille-de-capucin  ou  oreille- 
de-cochon,  Plusieurs  trd- 
mellcs. 

Oreillc-de-Diane ,  Le  cotylet 
et  le  gouet. 

Oreillc-d'liommc,  Vasarei  et 
plusieurs  champignons  pa- 
rasites. 

Oreille-dc-Judas,  La pézize cl 
Voreillc-d'tinc. 

Oreille-de-lièvrc,   Les  huptr- 


i»Ys,  l\if)roilcm)nc ,  et  le 
trèfle  (les  champs.  iCumm»nt 

l'Acadcmie  peiit-cllu  icriro  iigros- 
tinte,  (iiiaiid  ce  mnt  viviil  du  (p'cc 
agras  ,  clinnip  ,  it  stemnin  ,  cou- 
i-onne:  couronne  dcscliat»pi?  Voilà 
ce  mot  ainsi  confondu  avec  ceux 
qui  vicnnrnt  de  noms  grecs  en 
tcma  f  ce  qai  est  passablenient  re- 
préliensihle.  L'ÂcadénTÎe  ferait 
tout  aussi  bien  d'écrire  êptgranie, 
anagriitne  ,  »u  Heu  d'^épigrujitme  , 
tiiuignnnme.  Ce  ne  serait  pas  plus 
classique  ;  et  on  sait  ce  que  ce 
mot  veut  dire.  ) 

Oieillc-de-Malchus,  Plusieurs 
climnpignoiis  parasites. 

Oreille-tle-muraille ,  Un  mijo- 
sotis. 

Orcille-d'ours ,  La  cortusc , 
espèce  de  primevère. 

Orcillc-de-rat,  oreille-tle-sou- 
ris,  Le  myosotis,  une  cper- 
rière. 

Pas-d'àne,  La  tussilage. 

l'aile  d'anémone,  Racine  d'a- 
némone. 'On  ne  dit  pas  patte 
de  renoncule  ,  mais  griffe  lia  re- 
noncule, ) 

Palle-d'araia;née,  La  nifjcUe. 

Patle-de-lapin,  h'urpin  relu, 
et  le  trèfle  rouge. 

Paltc-de-lion,  Valckhnille  et 
le  filage. 

Patte-de-Ioup,  Le  lycope  vul- 
gaire. 

Palte-d'oie,  Les  chcnopocles. 

Patte-d'ours,  Un  acanilie. 

Pied-d'alouette ,  La  dauplii- 
ncllc. 

Pied-dc-liévre,  Le  trèfle  des 
champs  et  un  plantain. 

Pietl-de-veau ,  Le  gouet  ma- 
culé. 

Pied-d' Alexandre,  Le  pijrè- 
thrc. 


CLEI-  DE  LA  LA:\(;UE  ET  DES  SCIENCES. 


Pied-de-l)œuf ,  Le  Imlet  des 
baufs. 

Pied  -  de  -  bouc,  L'angclique 
sauvage,  \vmclampyr,  etc. 

Picd-dc-colombe  ,  Le  géra- 
nium. 

Picd-de-corneille ,  Un  plati- 
tain. 

Pied-d'oiseau,  Un  ornithope, 
un  astragale,  et  une  cla- 
vaire. 

Pied-de-poulain,La  n«s27<^f</e. 

Picd-de-poule,  La  renoncule 
rampante,  le  laurie}'  blanc, 
le  panic. 

Pied-de-lion,  Ualchîmille. 

Pois  de  sept  ans,  Pois  d'An- 
golti,  du  Congo,  ks  fruits 
du  cytise  de  l  Inde. 

Pois  vivaces,  grecs,  de  sen- 
teur, à  bouquets,  au  lièvre. 
Les  fruits  de  plusieurs  espè- 
ces de  gesse. 

Pois  cochon.  Le  fruit  du  rfo//c 
bulbeux. 

Pois  sabra,  Le  fruit  du  dolic  à 
forme  d'épée.    (  Celui  du  di- 

lic  lubcreiix  se  nomme  [nUtite,  ) 

Pomme  d'acajou,  Le  fruit  de 
Vacajou  à  pommes. 

Pomme  d'Adam ,  La  banane. 

Pomme  d'Arniénic,L'rt6r2cof. 

Pomme  d'Assyrie,  Le  citron. 

Pomme  baume,  Vnemomor- 
dique. 

Pomme  cannelle,  Une  espèce 
ù\inone. 

Pomme  de  chien,  La  mandra- 
gore, espèce  de  belladone. 

Pomme  épineuse,  La  stra- 
inoine  commune. 

Pomme  de  Jéricho,  Une  es- 


pèce iXemorelU'. 

Pomme  de  liane.  Le  fruit  des 
passiflores. 

Pomme  de meneille,  La  mo- 
mordique  balsamine. 

Pomme  tl'or,  hcs  oranges. 

Pomme  d'amour,  La  tomate. 

Pomme  de  paradis,La  6iJ)(rt;iC. 

Pomme  de  leire ,  Une  espèce 
du  genre  solanum. 

Queue-de-che\'al,  La  prêle. 

Queue-de-lion,  ou  tconurus, 
plante  labiée. 

Queue-dc-pourceau ,  Le  peu- 
cédan,  plante  ombellifère. 

Queue-de-renard,  Le  vulpin. 

Queue-de-souris,  La  raton- 
cule. 

Rave  de  genêt,  'L'orobanchc. 

Rave  de  Saint-Antoine,  La  re- 
noncule bulbeuse. 

Rave  de  terre.  Les  tubercules 
de  cyclamen. 

Rave  des  juifs  ou  des  Pari- 
siens, Le  raifort  cultive. 

Rave  du  Brésil,  L'igname  à 
bulbe. 

Rave  de  cheval.  Le  cransou 
rustique. 

Ravenelle  et  ravenaDle ,' Un 
raifort  et  la  giroflée  des 
murailles. 

Rave  sauvage.  Un  raifort,  la 
raiponce  des  jardiniers,  le 
pkyteumc  ou  raponcule  en 
épi. 

Tue-chien,  le  colchîc, 

Vesse-de-loup ,  mieux,  vesse- 
loup.  Le  lycoperdon,  sorte 
de  champignon  qui  n'est 
plein  que  de  vent  et  de 
poussière. 


Tour  le  poète  ,  pour  l'écrivain  ,  pour  le  romancier  surtout ,  obligé 
de  décrire  les  lieux  où  il  introduit  ses  héros,  la  connaissance  des 
plantes  ne  suflit  pas  ;  il  faut  encore  qu'il  sache  quelle  végétation 
est  propre  à  chaque  climat,  à  chaque  région.  C'est  pourquoi  nous  ne 
pouvions ,  dans  leur  intérêt ,  passer  entièrement  sous  silence  un 
point  si  essentiel  de  l'histoire  des  végétaux.  Seulement,  comme  je 
suis  pressé,  ils  voudront  bien  me  permettre  de  profiter  à  mou  tour 
tle  l'emprunt  que  les  auteurs  de  VEncyclopédic  de  la  Jeunesse  ont 
fait  à  uu  ouvrage  allemand  ;  ignorant  peut-être  qu'ils  avaient  sous 


SIGNES  DIVERS.  BOTANIQUE.  725 

la  main  ie  magnifique  Allas  du  colonel  **%  dont  ils  auraient  pu  tirer 
le  môme  parti  que  l'auteur  d'outre-Khin  ;  avantage  que  je  n'ai  pas 
dans  mon  exil. 

Distribution  des  Végétaux  cultivés  dans  les  plaines  et  sur  les  plateaux 
peu  élevés  de  l'Europe. 

•  Région  de  t'olivier.  Cetterégion  comprend  l'Espagne,  la  Sicile  ,  l'Italie, 
el  la  partie  occidentale  de  la  Grèce.  An  nord  ,  elle  est  limitée  par  une 
ligne  qui  part  de  Bayonne  ,  passe  par  Mont-Mtlian  ,  s'élève  un  peu  an 
nord  de  l'Adriatique  ,  et  se  termine  dans  le  voisinage  de  Constantinople. 
Lecotoii,  l'oranger,  le  figuier,  le  riz  ,  le  mats ,  le  froment ,  piospirent 
dans  celte  région,  et  les  quatre  premiers  de  ces  végétaux  (1)  ne  sauraient 
être  cultivés  au  delà  avec  certitude  d'une  récolte  annuelle,  h'oranger  s'ar- 
rête au  sud  des  Pyrénées.  En  France,  il  se  montre  aux  environs  d'Ilières. 
En  Italie  ,  il  ne  dépasse  pas  les  latitudes  de  44»  30'.  Sur  la  cote  de  Gènes 
et  en  Grèce  ,  on  ne  le  trouve  guère  au  nord  de  40°  de  latitude. 

o  Région  do  la  vigne.  De  l'embouchure  de  la  Loire,  la  limite  septentrio- 
nale de  cette  région  s'élève,  en  passant  un  peu  au  nord  de  Paris,  jusqu'à 
Bonn  et  Dresde  ,  où  elle  atteint  son  point  le  plus  boréal.  De  là  elle  redes- 
cend au  sud  et  se  termine  près  de  la  mer  Caspienne  ,  sous  le  l^b'  degré  de 
latitude  environ. 

«La  vigîie  supporte  assez  bien  les  hivers  rigoureux  ,  mais  elle  ne  saurait 
mûrir  ses  fruits  pendant  les  étés  sans  chaleur  de  l'Europe  occidentale. 
C'est  pourquoi ,  contrairement  à  la  plupart  des  végétaux  cultivés,  elle  s'a- 
vance plus  vers  le  nord  ,  dans  l'inlérieur  du  continent ,  que  snr  les  côtes 
occidentales  de  l'Europe.  Tous  les  arbres  fruitiers  cultivés  en  Europe  réus- 
sissent admirablement  dans  toute  l'étendue  de  cette  région.  La  ligne  du 
mais  est  à  peu  près  parallèle  à  celle  de  la  vigne,  mais  elle  reste  à  un  degré 
plus  au  sud. 

o  Région  des  céréales.  Elle  comprend  presque  toute  l'Europe  centrale. 
En  effet,  la  ligne  moyenne  de  ces  cultures  se  trouve  en  Ecosse ,  sous  le 
58«  degré  de  latitude.  Dans  la  presqu'île  Scandinave,  elle  passe  un  peu 
au  nord  de  Drontheîm  ,  sous  le  64",  puis  elle  redescend  dans  l'est  et  se 
termine  en  Russie  sous  le  59"  environ.  Toutes  les  céréales  ,  le  froment ,  le 
seigle,  l'orge,  l'avoine,  les  pommes  de  terre,  le  blé  sarrasin,  réussissent 
très-bien  dans  toute  l'étendue  de  cette  région.  Dans  la  partie  la  plus  sep- 
tentrionale ,  c'est  l'orge,  l'avoine,  le  seigle,  le  lin,  et  le  chanvre,  qui  sont 
cultivés  de  préférence. 

(l)  Le  texte  porte  seulcniciit  /<'5  qiialvc  premiers  i>égclaitx.  C'est  une  faute  éuoimc, 
facile  à  sentir.  De  telles  fautes  ne  sont  que  trop  communes  dans  les  ouvrages  qui  eu 
ticvraicnl  être  le  plus  exempts. 


72(»  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

o  On  planlc  aussi  des  arbres  l'niilicrs  dans  toute  cette  région  ,  mais  leur 
limite  est  en  générai  un  peu  plus  méridionale,  et  dans  l'intérieur  du  con- 
tinent elle  s'abaisse  au  dessous  du  55°  degré. 

o  Bégion  inculte,  s'étendant  de  la  limite  des  céréales  jusqu'au  pùlc.  On 
peut  la  nommer  ainsi ,  car  ce  n'est  que  dans  les  localités  spéciales  et  favo- 
risées que  l'avoine,  l'orbe ,  et  le  seigle,  peuvent  encore  réussir,  h'orgc  est 
de  toutes  les  céréales  celle  qui  s'avance  le  plus  vers  le  nord.  On  le  trouve 
encore  à  Elfbaken,  village  situé  sous  le  70"  degré  de  latitude,  dans  la  La- 
ponie  norwégienne.  En  Russie  il  ne  dépasse  guère  le  65".  Au  delà  de  ces 
limites  on  ne  trouve  plus  de  céréales.  Les  raves ,  les  choux,  les  pois  ,  l'oseille^ 
croissent  seuls  dans  les  jardins  qui  entourent  les  habitations.  » 

Distribution  des  Arbres  forestiers  dans  les  plaines  et  sur  les  plateaux 
peu  élevés  de  l'Europe. 

«  La  région  la  plus  méridionale  est  caractérisée  par  l'existence  d'un  grand 
nombre  d'arbres  à  feuillage  toujours  vert.  Tels  sont  leclicne  Ucgc,  le  chCne 
vert ,  le  laurier  rose  ,  l'arbousier  ,  le  myrte,  le  laurier ,  le  pin  pignon,  le  pin 
d'Alcp  ,  le  nopal,  le  palmier  nein,  l'agave,  l'aloôs ,  la  bruyère  en  arbre ,  le 
genêt  d'Espagne  ,  le  laurier  tin.  La  ligue  qui  limite  cette  région  passe  sur 
le  versant  septentrional  des  Pyrénées  ,  sous  le  44"  degré;  puis  s'élève  en 
Provence,  jusqu'à  Mont-Mélian  ,  coupe  l'extrémité  septentrionale  de  la 
mer  Adriatique  ,  pour  redescendre  le  long  de  sa  côte  orientale  ,  traverser 
la  Grèce  ,  et  s'arrêter  à  Constantinople. 

«  Région  du  châtaignier  et  du  chêne.  Sa  limite  septentrionale  passe  au 
nord  du  comté  de  Cornouailles  ,  en  Angleterre  ,  coupe  la  côte  française  au 
niveau  de  Boulogne  ,  et  vient  se  terminer  sous  le  49"  degré  aux  environs  de 
Carlsruhe.  Le  chêne  ,  le  hêtre ,  dominent  dans  les  forêts  de  cette   région. 

«  Bégion  du  chêne.  Elle  s'étend  dans  les  îles  Britanniques  jusqu'au  golfe 
de  Murray  ,  sous  le  68"  degré  ;  elle  s'élève  ensuite  dans  la  presqu'île  Scan- 
dinave ,  au  nord  de  Drontheim  ,  jusqu'au  66"  environ  ;  puis  elle  s'abaisse, 
en  Suède ,  en  coupant  la  côte  orientale  de  la  presqu'île  par  le  61"  ;  puis  elle 
traverse  le  60"  degré  au  niveau  de  Pétersbourg,  et  setermine  au  59»,  dans 
le  niveau  delà  Russie  d'Europe.  L'orme,  le  tilleul ,  le  bouleau,  le  sapin,  et 
le  hêtre,  caractérisent  cette  région.  Le  hêtre  ne  dépasse  pas  Edimbourg. 
Sa  limite  (1)  s'élève  ensuite  dans  la  presqu'île  Scandinave  un  peu  au  nord 
de  Christiania  ,  traverse  la  Suède  au  nord  du  lac  Wettern,  coupe  la  côte 
allemande  au  niveau  de  Kœnigsberg,  et  descend  toujours  vers  le  sud  ,  où 
elle  s'arrête  près  de  la  mer  Caspienne'et  sous  le  43"  degré  de  latitude.  Cet 
arbre  est  celui  de  tous  dont  la  limite  latitudinale  varie  le  plus. 

(l)  Le  IonIu  porle  :  L'orme,  le  tilleul^  le  bouletui,  le  sajnii  et  le  lieirc  caractcriscnl 
telle  région  :  ce  dciiiier  ne  dépasse  pas  Edimbourg  ;  su  limite.  ■•  A  quoi  se  rappoilc 
srt  limite  ?  à  ce  dernier,  ou  à  cette  région  ?   Celte  plirase  est  ainsi  tiès-raal  ponclue'c. 


SIGNES    DIVERS.    BOTVXIOUE.  727 

0  Région  du  bouleau.  Au  nord ,  elle  est  bornée  par  une  ligne  qui  passe  par 
le  nord  de  l'Islande,  s'élève  en  Scandinavie  jusqu'à  70°,  puis  s'abaisse  vers 
l'est  et  se  tennineprès  de  l'Obi,  au  niveau  du  67»  degré.  Le  bouleau  nain, 
le  mélèze  ,  le  sapin,  le  pin  sylvestre,  habitent  cette  région.  Ce  dernier  va 
jusqu'au  nord  de  l'Ecosse  ,  s'arrête  en  Scandinavie  ,  sous  le  70';  mais,  dans 
l'intérieur  de  la  Russie  ,  il  ne  dépasse  pas  le  65^  » 

Distribution  des  Végétaux  sur  les  montagnes  de  l'Europe. 

«  A  mesure  qu'on  s'élève  sur  une  montagne  ,  la  température  s'abaisse, 
et  on  parcourt  une  succession  de  climats  analogue  à  celle  qu'on  traverse- 
rait en  partant  du  pied  de  la  montiigne  et  en  s'avançant  vers  le  pôle. 

«Ainsi,  dans  les  Apennins,  jusqu'à  une  hauteur  de  400  mètres  ,  on 
trouve  les  arbres  qui  dans  la  plaine  caractérisent  la  région  la  plus  méridio- 
nale. La  culture  de  l'o/tï/cr  réussit  très-bien  jusqu'à  500  mètres.  Puis  vient 
la  région  du  châtaignier  et  du  chcne,  qui  ombragent  toutes  les  parties  com- 
prises entre  400  et  1000  mètres.  Là  s'arrête  aussi  la  culture  de  la  vigne.  La 
zone  suivante,  qui  se  trouve  comprise  entre  1000  et  1900  mètres,  corres- 
pond à  la  région  du  lictre,  qui  s'y  trouve  en  compagnie  du  pin ,  de  Vif,  du 
noisetier,  du  framboisier.  La  limite  des  céréales  se  trouve  dans  cette  zone  à 
14000  mètres  environ.  Au  dessus  de  la  limite  du  hêtre  on  ne  trouve  plus 
que  des  plantes  alpines  et  polaires.  Les  Apennins  n'atteignent  pas  la  ligne 
des  neiges  éternelles. 

«SurlesAlpeshelvéliques, latitude  moyenne  46°,  larégion  moyenne  est 
surtout  caractérisée  surle  versant  méridional  par  la  culture  de  la  vigne  et  la 
présence  du  châtaignier  ,  qu'on  y  trouve  jusqu'à  la  hauteur  de  800  mètres 
environ.  Au  dessus  on  trouve  des  forêts  de  hêtres  et  de  chines  qui  s'arrê- 
tent vers  1300  mètres  sur  le  versant  nord  et  montent  jusqu'à  1500  au  sud. 
La  limite  des  champs  cultivés  se  complique  d'éléments  politiques  ,  de  sorte 
qu'elle  n'est  plus  le  résultat  d'une  simple  différence  de  climat.  Ainsi  dans 
les  Alpes  pennines  j'ai  trouvé  qu'en  moyenne  elle  était  de  1398  mètres  sur 
le  versant  sud,  de  1617  sur  le  versant  nord.  A  cette  zone  succède  celle  des 
arbres  verts  qui,  au  sud,  s'élèvent  au  dessus  de  2000  mètres  et  ne  dépas- 
sent pas  1800  sur  le  versant  nord. 

o  Au  dessus  des  pins  et  des  sapins  on  ne  trouve  plus  qu'une  espèce 
d'aune,  des  saules  herbacés,  le  rhodendron ,  et  la  saxifrage.  La  ligne  des 
neiges  éternelles  se  trouve  en  moyenne  à  2665  mètres. 

0  Dans  les  Alpes  Scandinaves  ,  sons  le  60«  degré  de  latitude,  les  pins  et 
les  sapins  s'arrêtent  à  une  élévation  de  800  mètres  environ  ,  le  bouleau  s'y 
voit  à  1000  mètres.  Le  bouleau  nain  lui  succède  jusqu'à  la  ligne  des  neiges 
éternelles  ,  qui  se  trouve  entre  1500  et  1600. 

«  Sous  le  67'  de  latitude  ,  dans  le  même  pays  ,  les  pins  et  les  sapins  s'ar- 


278  CLEF  hY.  L.V  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

rt'tcnt  à  une  olévalion  nun'rnno  de  S20  luélies,  le  bouleau  atteint  500,  et 
les  plantes  alpines  vont  jusqu'aux  neiges  qui  descendent  h  1100. 

•  Au  Sjnlîberp, entre  le  77"  et  le  80»  degré  de  latitude,  on  ne  trouve  plus 
que  des  saules,  si  humbles,  qu'ils  se  perdent  au  milieu  de  touffes  de  mousses 
et  de  plantes  herbacées,  dont  plusieurs  habitent  aussi  les  sommets  neigeux 
des  Alpes.   • 

Nous  ne  devons  pas  omellre  d'indiquer  l'époque  de  l'année  à  la 
quelle  fleurissent  les  plantes  les  plus  connues.  Il  y  en  a  qui  ne  sont 
en  fleur  que  pendant  la  rigueur  de  l'hiver,  et  d'autres  pendant  les 
chaleurs  de  l'été. 


cax.xnj>rix:r  i>£  fi.ob.£, 

ou 
Époques  de  la  floraison  de  quelques  plantes  sous  te  climat  de  Paris. 


Janvier. 

Hellébor  noir  (  Helleborus  niger). 

révrier. 
Aune  (  Alnus  viscosa  ). 
Saule  marseau  (Salixcaprœa). 
Noisetier  (  Corylus  avellana  ). 
Bois  gentil  (  Dapline  mezercum  ). 

Mars. 
Anémone  hépatique  (  Ilcpaiica  tri- 

loba  ). 
Buis  (  Biixus  sempervirens), 
Tuya  (  Thuya  oricn'alis  ). 
If  (  Taxus  baecata  ). 
Renoncule   ficaire    (  Ficaria  renun- 

culoides  ). 
Hellébor   d'hiver   (  Helleborus    hle- 

ma  lis). 
Amandier  (  Amygdalus  communis). 
Fècber  (  Amygdalus  persica  ) , 
Abricotier  (  Armeniaca  saliva  ). 
Groseiller     à    maquereau     (  Ribes 

grossularia  ). 
Pas-d'àne  (  Tussiingo  farfara  ). 
Girofléejaune  {Chieranlhus  clieiri). 
Primevère  {Primula  vcris  ). 
Safran  printanier  {Croeus  vernus). 

Avril. 
Prunier  épineux  (  Prunus  spinosa  ). 
Tulipe  précoce  (  Tulipa  suavcolens). 
Pissenlit  (  Lconlodon  (araxacum  ). 
Jacinthe  (  Ilyacinlltus  orientalis  ). 
Ortie  blanche  (  Latnium  album  ). 
Prunier  (  Prunus  dnmcslica  ). 
Pelitf!  pervenche  (  Vlncn  minor). 


Frêne  (  Fraxinus  excelsior  ). 
Charme  (  Carpinus  bctulus  j. 
Orme  (  Ultnus  campeslris  ). 
Impériale    [  Fritillaria  imper ialis  ). 
Lierre    terrestre    (  Gtcclwma   hede- 

racea  ). 
Erables  (  Acera  ). 

Prunier  niahaleb  {Prunus  mahaleb). 
Poiriers  {piri  ). 

Mai. 
Pommiers  (  mali  \ 
Lilas  {syringa  vulgaris). 
Marronnier  d'Inde  (/Esculus  liippo- 

caslanum  ). 
CV'risier  (Cerasus  communis  ). 
Pivoine   {  Pœonia  officinalis  j. 
Coriandre  {Coriandrum  salivum). 
Muguet  (  Conrallaria  niaialis  ). 
Bourrache  (  Borrago  officinalis). 
Fiaisier  [Fragaria  vesca). 
Argentine  (  Potcntilla  argentea). 
Chône  (  Qucrcus  robur). 
Iris  ,  etc.  ,  etc. 

«Fuin. 

Sauges  (  Salviœ  ). 
Coquelicot  (  Papaver  rliceas  ). 
Ciguë  (  Conium  maculatum  ). 
Tilleul  (  Tilia  europœa  ). 
Vigne  (  Vitis  vinifera). 
Nénuphars  (  Nymphœœ), 
Prunelle  (  Prunelle  vulgaris). 
Lin  {Linum  usilalissimum). 
Cresson    de   fontaine  (  Sysimbrium 
nasturlium  ). 


SIGNES  DIVERS.  ROTANIQUE 


T29 


Seigle  [Secale  ccreale). 

Avoine  [Avena  saliva). 

Proment  (  Triticum  sativum  ). 

Pied-d'alonette  (  Dclphinitan  con- 
solida ). 

Bluet  (cenlaurca  cyanus). 

Quene-de-lion  (  Leonorus  cardiaca  ) . 
Juillet. 

Hyssope  {Myssopus  ofjicinatis  ). 

Menthes  {Mcnthœ), 

Carotte  (  Daucus  carotta  ). 

Œillets  (Dianihi). 

Petite  centaurée  (  Erylhrœa  cen- 
taurium  ). 

Laitues  {Lactucœ). 

Chicorée  sauvage  {Cichoritim  inty- 
biis  ). 

Terge  d'or  {Solidago  virga  aurea  )• 

Houblon  (Httmulus  liipuliis  }. 

Chanvn;  {Cannavis saliva).liitc., etc. 

Août. 

Parnassic  des  marais  (^Par7iassia  pa- 
lustres ). 
Balsamine  (  Balsamina  hortcnsis  ). 
Laurier  tin  {  J^ibitrnum  linus). 
Euphrasie  (  Euphrasia  liitea  ). 
Scabieuse  (  Scabiosa  succisa). 


Gratiole  (  Gralîola  ofjicinalis  ). 

Coiéopsis. 

Septembre. 

Lierre  {Tlcdera  hélix). 
Amaryllis  {Amaryllis  lutea  ), 
Colchic  {Colchicum  aiitiitnnalc). 
Safran  (  Crocus  sativus  ). 
Œillet  d'Inde  (  Tageles  erecla  ). 
Cyclamen  (  Cyclamen  curopœum  ). 
Octobre. 

Aster  à  grandes  fleurs  {Aster  gran- 
diflorus  ). 

Topinambour  {TIclianthus  tubero- 
sus  ). 

Anthémis  à  grandes  fleurs  (  Anthé- 
mis grandiflora) . 

Chrysanthème  (  chrysanthemum  in- 
dicum  ). 

Millepertuis  de  la  Chine  (  Hyperi- 
cum  chineuse  ). 

Novembre. 

Ximénésie  (  Kimenesia  encclioidcs)^ 

Décembre. 
Petit  houx  ou  fragon  piquant  {Rus- 

cus  aculealus  ). 
Lopézie  {Lopezia  racemosa). 


Voilà,  avec  ce  que  renferme  déjà  la  Méthode  du  Genre  sur  la 
même  matière  (pages  280-308),  un  traité  de  botanique  à  peu  près 
complet.  Et  quel  traité?  Certainement  il  ne  ressemble  en  rien  à 
ceux  des  botanistes  de  profession,  qui  commencent  par  écorcher  et 
disséquer  les  fleurs  à  vos  yeux ,  au  lieu  de  vous  en  montrer  d'abord 
la  beauté  et  l'éclat;  en  sorte  que  dès  la  première  ou  la  seconde  le- 
çon le  dégoût  vous  gagne  et  que  vous  délaissez  bien  vite  une  science 
qui,  au  lieu  de  roses  et  de  parfums,  ne  vous  offre  que  des  lam- 
beaux morts  des  plantes  charmantes  que  vous  aimez,  des  embryons 
étouffés  dans  leurs  enveloppes  ,  et  séparés  de  leurs  blasthnes  ; 

Mot  qui  vous  fait  dresser  les  oreilles  d'horreur, 
Hérisse  vos  cheveux  ,  et  vous  tourne  le  cœur. 

Il  ne  ressemble  en  rien  à  ces  fouillis  de  ronces  et  d'épines,  c'est 
à  dire,  de  solécismes  et  de  barbarismes  ,  qui  vous  percent  et  vous 
déchirent;  fouillis  inextricables,  où  ne  brille  pas  la  moindre 
fleur  de  poésie,  oii  ne  pénètre  pas  le  moindre  rayon  de  soleil,  où 
ne  coule  pas  même  un  fdet  d'eau  claire,  propre  à  éfancher  votre 
soif  ardonle  et  à  laver  vos  blessures  ,  à  détcrger  v(»s  plaies  ;  en  sorte 


750  CLEl"  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

que  VOUS  n'èles  pas  sûr  si  vous  sortirez  vivant  de  ce  labyrinthe  , 
qu'habitent  un  grand  nombre  de  minotaures,  c'est  à  dire,  de  pro- 
fesseurs aux  quels  Athènes  paye  annuellement  son  tribut  de  jeunes 
garçons  et  de  jeunes  fdles. 

Avec  moi  vous  n'avez  rien  de  semblable  à  craindre.  Je  vous  mène, 
par  des  sentiers  remplis  de  lumière  et  de  parfums ,  à  travers  les 
champs,  les  bois,  les  prairies;  j'étale  à  vos  yeux  les  richesses  de  la 
nature  ;  je  vous  fais  admirer  leur  éclat,  leur  variété  ;  je  vous  nomme 
chaque  objet  par  sou  nom  ;  je  vous  indique,  comme  l'ange  Raphaël 
à  Tobie  ,  le  prix  caché  des  choses  que  votre  ignorance  vous  fait  dé- 
daigner; je  vous  introduis  dans  les  jardins,  dans  les  parterres, 
dans  les  bosquets  les  plus  délicieux;  je  vous  fais  reposer  au  bord 
des  ruisseaux  profonds  et  bleus,  à  l'ombre  des  hêtres  touffus ,  sur 
des  lits  de  mousse ,  plus  doux  et  plus  parfumés  que  des  couches 
royales  ;  je  cueille  pour  vous  les  plus  beaux  fruits  ,  que  je  vous  of- 
fre de  la  meilleure  grâce  du  monde ,  ainsi  que  les  fleurs  les  plus 
suaves,  dont  je  vous  apprends  à  composer  des  bouquets  mystérieux 
pour  la  dame  de  vos  pensées  ;  enfin  ,  je  vous  amuse  et  je  vous  ins- 
truis; surtout  je  vous  mets  dans  la  voie  du  bonheur,  en  vous  for- 
çant à  me  suivre  où  m'appèle  cette  voix  amie,  qui  me  dit  tout  bas  : 

o  Oh  !  viens  ,  viens  ,  sons  mon  dôme  bleu. 

«  Le  Louvre  est  égal  aux  chaumières 
Sous  ma  coupole  de  saphirs. 
Viens  sous  mon  ciel  plein  de  lumières, 
liens  sous  mon  ciel  plein  de  zéphyrs. 

«  J'ai  connu  ton  père  et  ta  mère 
Dans  leurs  bons  et  leurs  mauvais  jours. 
Pour  eux  la  vie  était  amère  , 
Mais  moi  je  fus  douce  toujours. 

<i  C'est  moi  qui  sur  leur  sépulture 
Ai  mis  l'herbe  qui  la  défend. 
Viens,  je  suis  la  grande  nature  ; 
Je  suis  l'aïeule  ,  et  toi  l'enfant. 

o  '\  iens  ,  j'ai  des  fruits  d'or,  j'ai  des  roses  ; 
Accours,  j'en  remplirai  tes  bras  ; 
Je  te  dirai  de  douces  choses  ; 
Et  peut-être  tu  souriras. 

«  Car  je  voudrais  te  voir  sourire, 

Pauvre  enfant  ,  seul  dans  ton  bateau  ; 

Et  puis  tout  bas  j'irais  le  dire 

A  ta  mère  dans  son  tombeau.  (  Victor  Hugo.  ) 

Le  bonheur,  en  effet,  n'est  que  pour  ceux  qui  demeurent  étroite- 


SIGNES   DIVERS.   BOTAMQUE.  lô\ 

ment  unis  à  la  nature,  notre  mère  commune ,  si  bonne  et  si  pré- 
voyante ;  qui  prodigue  à  tous  d'une  main  égale  ses  dons  de  reine, 
ses  soins  d'esclave;  qui  ne  connaît  point  d'injuste  préférence;  et 
qui  souffre  bien ,  dans  son  cœur  maternel,  de  voir  parmi  ses  enfants 
de  rapaces  vautours  qui  abusent  de  leurs  forces  supérieures ,  pour 
dérober  lâchement  la  part  de  leurs  frères. 

Mais  quelle  joie  pour  elle  de  voir  ses  enfants  heureux  !  de  pou- 
voir offrir  des  tableaux  comme  celui  que  l'abbé  Gabriel  de  Renne- 
pont  contemple  de  sa  fenêtre,  ravi  et  reconnaissant,  et  raconte  en 
ces  termes  à  son  ami,  dans  la  lettre  touchante  qu'il  lui  adresse  : 

«  Le  soleil  était  à  son  déclin,  le  ciel  d'une  grande  sérénité,  l'air 
printanier ,  tiède ,  et  tout  embaumé  par  la  haie  d'aubépin  fleuri , 
qui ,  du  côté  du  petit  ruisseau ,  sert  de  clôture  a  notre  cour.  Au 
dessous  du  gros  poirier  qui  touche  au  mur  de  la  grange  était  assis 
sur  le  banc  de  pierre  mon  père  adoptif,  Dagobert,  ce  brave  et  loyal 
soldat  que  vous  aimez  tant.  11  paraissait  pensif.  Son  front  blan- 
chi était  baissé  sur  sa  poitrine,  et ,  d'une  main  distraite ,  il  cares- 
sait le  vieux  Rabat-Joie  ,  qui  appuyait  sa  tête  intelligente  sur  les 
genoux  de  son  maître.  A  côté  de  Dagobert  était  sa  femme,  ma  bonne 
mère  adoptive,  occupée  d'un  travail  de  couture,  et,  auprès  d'eux, 
sur  un  escabeau,  Angèle,  la  femme  d'Agricol,  allaitant  son  dernier 
né,  tandis  que  la  douce  Mayeux,  tenant  l'aîné  assis  sur  ses  genoux, 
kii  apprenait  à  épeler  ses  lettres  dans  un  alphabet. 

t)  Agricol  venait  de  rentrer  des  champs;  il  commençait  de  déte- 
ler ses  bœufs ,  lorsque ,  frappé  sans  doute  comme  moi  de  ce  ta- 
bleau ,  il  resta  un  instant  immobile  a  le  regarder,  la  main  toujours 
appuyée  au  joug  sous  le  quel  ployait  puissant  et  soumis  le  large 
front  de  ses  deux  grands  bœufs  noirs. 

»  Je  ne  puis  vous  exprimer ,  mon  ami,  le  calme  enchanteur  de 
ce  tableau  ,  éclairé  par  les  derniers  rayons  du  soleil,  brisés  ça  et 
la  par  le  feuillage. 

»  Que  de  types  divers  et  touchants  !  La  figure  vénérable  du  sol- 
dat, la  physionomie  si  bonne  et  si  tendre  de  ma  mère  adoptive,  le 
frais  et  charmant  visage  d'Angèle  souriant  a  son  petit  enfant,  la 
douce  mélancolie  de  la  Mayeux,  appuyant  de  temps  en  temps  ses 
lèvres  sur  la  tête  blonde  et  rieuse  du  lils  aîné  d'Agricol,  el  enlin 


752  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SfilENCES. 

hii-mômc ,  Agricol ,  d'une  beauté  si  mâle ,  où  semble  se  refléter 
cette  Ame  loyale  cl  valeureuse. 

»  0  mon  ami,  en  contemplant  celte  réunion  d'êtres  si  bons,  si  dé- 
voués, si  nobles,  si  aimants  cl  si  chers  les  uns  aux  autres,  relirés 
dans  l'isolement  d'une  petite  métairie  de  notre  pauvre  Sologne, 
mon  cœur  s'est  élevé  vers  Dieu  avec  un  sentiment  de  reconnais- 
sance ineffable.  Cette  paix  de  la  famille,  cette  soirée  si  pure,  ce  par- 
fum des  fleurs  sauvages  et  des  bois ,  que  la  brise  apportait,  se  pro- 
fond silence,  seulement  troublé  par  le  bruissement  de  la  petite 
chute  d'eau  qui  avoisinela  métairie,  tout  cela  me  faisait  monter  au 
cœur  de  ces  bouffées  de  vague  et  suave  attendrissement,  que  l'on 
ressent  etque  l'on  n'exprime  pas.  Vousle  savez,  mon  ami  ;  vous  qui, 
dans  vos  promenades  solitaires,  au  milieu  de  vos  immenses  plaines 
de  bruyères  roses  entourées  de  grand  bois  de  sapin ,  sentez  si  sou- 
vent vos  yeux  devenir  humides,  sans  pouvoir  vous  expliquer  cette 
émotion  mélancolique  et  douce. 

»  ....  Je  ne  sais  si  je  vous  ai  dit ,  mon  ami ,  que ,  la  veille  de 
sa  mort ,  cette  jeune  fille  au  cœur  si  généreux ,  a  l'esprit  si  élevé , 
a  l'âme  si  grande  ( i  ),  M"'  Adrienne  de  Cardoville  m'avait  confié  une 
somme  considérable ,  en  me  disant  avec  sa  grâce  et  sa  bonté  habi- 
tuelles :  «  On  prétend  me  ruiner.  On  le  pourra  peut-être.  Ce  que  je 
»  vous  remets  sera  au  moins  a  l'abri  pour  ceux  qui  souffrent,  Don- 
»)  nez,  donnez  beaucoup.  Faites  le  plus  d'heureux  possible.  Je  veux 
»  royalement  inaugurer  mon  bonheur.  » 

»  Je  ne  sais  si  je  vous  ai  dit  qu'après  la  mort  de  M"^  de  Cardo- 
ville, voyant  Dagobert  et  sa  femme ,  ma  mère  adoptive,  réduite  à 

(1)  Je  puis  certifier  que  celte  magnifique  création  d'Eugène  Sue  n'a 
rien  d'idéal,  rien  d'exagéré,  rien  d'invraisemblable,  et  que,  pendant 
près  de  quatre  ans  ,  j'ai  en  ,  comme  Agricol,  le  bonheur  (  bonheur  infini!  ) 
(le  voir,  de  connaître  un  type  aussi  beau  et  peut-être  plus  parfait,  plus 
divin  ,  plus  céleste  encore.  O  Stella  ,  Stella  ,  si,  pour  vous  revoir  un  mo- 
ment ,  il  ne  faliait  que  tout  le  sang  de  mon  corps  ,  que  je  serais  heureux 
de  le  répandre  goutte  à  goutte  ,  au  milieu  des  plus  longs  supplices  ,  pour 
obtenir  ce  moment  d'inefTable  joie  !  S'il  ne  fallait  que  traverser  une  mer  de 
feu  pour  arriver  jusqu'à  vous  ,  pour  vous  entendre  dire  une  fois  encore  de 
voire  voix  d'ange  :  «  Monsieur,  voici  des  fleurs,  voici  des  fruits  que  j'ai 
cueillis  pour  vous,»  —  que  je  serais  heureux  de  pouvoir  acheter  au  prix  de 
tous  les  tourments  ce  seul  mot  de  votre  bouche  sainte  !  O  malheureux  !  et 
je  vis  encore  !  après  la  joie  perdue  de  vous  voir,  de  vous  entendre,  de  vous 
parler  !  Comment  se  fait-il,  mon  Dieu  ,  que  je  vive  encore! 


SIGNES  DIVERS.    ROTAMOUE.  733 

la  misère,  la  douce  Mayeux  pouvant  vivre  a  peine  d'un  salaire  in- 
suffisant, Agricol  bientôt  père,  et  moi-môme,  révoqué  de  mon  hum- 
ble cure  pour  avoir  donné  les  secours  de  la  religion  a  un  protes- 
tant et  pour  avoir  prié  sur  la  tombe  d'un  malheureux  poussé  au 
suicide  par  le  désespoir ,  me  voyant  moi-même ,  en  raison  de  cette 
interdiction,  bientôt  sans  ressources,  carie  caractère  dont  je  suis 
revêtu  ne  me  permet  pas  d'accepter  indifféremment  tous  les  moyens 
d'existence ,  je  ne  sais  si  je  vous  ai  dit  qu'après  la  mort  de  M""  de 
Cardoville,  j'ai  cru  pouvoir  distraire  de  ce  qu'elle  m'avait  confié, 
pour  être  employé  en  bonnes  œuvres ,  une  somme  bien  minime , 
dont  j'ai  acquis  cette  métairie  au  nom  de  Dagobert. 

»  Oui,  mon  ami,  telle  est  l'origine  de  mai  fortune.  Le  fermierqui 
faisait  valoir  ces  quelques  arpents  de  terre  a  commencé  notre  édu- 
cation agronomique.  Notre  intelligence,  l'étude  de  quelques  bons 
livres  pratiques,  l'ont  achevée.  D'excellent  artisan  Agricol  est  devenu 
excellent  cultivateur.  Je  l'ai  imité.  J'ai  mis  avec  zèle  la  main  a  la 
charrue  sans  déroger  :  car  ce  labeur  nourricier  est  trois/ois  saint,  et 
c'est  encore  servir ,  glorifier  Dieu ,  que  de  féconder  la  terre  qu'il  a 
créée.  Dagobert ,  lorsque  ses  chagrins  se  sont  un  peu  apaisés ,  a  re- 
trempé sa  vigueur  a  cette  vie  agreste  et  salubre.  Dans  son  exil  en 
Sibérie  il  était  déjà  presque  devenu  laboureur.  Enfin ,  ma  bonne 
mère  adoptive,  l'excellente  femme  d'Agricol,  la  Mayeux,  se  sont  par- 
tagé les  travaux  intérieurs ,  et  Dieu  a  béni  cette  pauvre  petite  colo- 
nie de  gens,  hélas  !  bien  éprouvés  par  le  malheur,  qui  ont  demandé 
a  la  solitude  et  aux  rudes  travaux  des  champs  une  vie  paisible,  la- 
borieuse ,  innocente  ,  et  l'oubli  de  grands  chagrins. 

»  Ne  croyez  pas,  mon  ami,  que  notre  bonheur  nous  rende  ou- 
blieux. Non,  non  ,  il  ne  se  passe  pas  de  jour  que  des  noms  bien 
chers  a  tous  nos  cœurs  ne  soient  prononcés  avec  un  pieux  et  tendre 
respect.  Aussi  les  souvenirs  douloureux  qu'ils  rappèlent,  planant 
sans  cesse  autour  de  nous ,  donnent  a  notre  existence  calme  et  heu- 
reuse cette  nuance  de  douce  gravité  qui  vous  a  frappé. 

»  Sans  doute ,  mon  ami ,  cette  vie  ,  restreinte  dans  le  cercle  in- 
time de  la  famille  et  ne  rayonnant  pas  au  dehors  pour  le  bien-être 
et  l'amélioration  de  nos  frères,  est  peut-être  d'une  félicité  un  peu 
égoïste.  Mais ,  hélas  !  les  moyens  nous  manquent;  et,  quoique  le  pau- 


Tôî  CLEF    DE   LA   LANGUE    ET   DES    SCIENCES. 

vre  trouve  toujours  une  place  îi  notre  table  frugale  et  un  abri  sous 
notre  toit,  il  nous  faut  renoncer  a  toute  grande  pensée  d'action  fra- 
ternelle. Le  modique  revenu  de  notre  métairie  suflit  rigoureuse- 
ment à  uos  besoins.  »  (  Eugène  Sue.  ) 

El  qu'on  ne  me  blâme  pas  d'avoir  disséminé  en  plusieurs  parties 
de  l'ouvrage  les  notions  relatives  à  telle  ou  telle  science.  Il  est  bon 
de  présenter  ces  notions  par  degrés  ,  à  plusieurs  reprises,  et  non 
toutes  à  la  fois  ;  il  est  bon  de  les  couper,  de  les  varier,  d'en  éloi- 
gner ou  d'y  ramener  le  lecteur  de  temps  en  temps,  afin  de  mieux 
l'initier. 

Passons  maintenant  à  la  médecine. 


slg;ne8  de  Médecine. 

^  Prenez. 

ib  Livre ,  Iti  onces. 
tbjfi  Demi-livre,  ou  8  onces. 
A"'  Quarteron,  4  onces. 
4'"f^  Demi-quarteron,  2  onces. 

?   Once  ,  la  seizième  partie  de  la 
livre,  ou  8  gros,  ou  576  grains. 

?{i  Demi-once,  li  gros. 


z  Gros  ou  dragme,  la  huitième 
partie  de  l'once,  ou  3  scrupules, 
ou  72  grains. 

z{>  Demi-gros. 

9  Scrupule  ,  24  grains. 

9f5  Demi-scrupule,  12  grains. 

Gr.   Grain,  à  peu  près  le  poids 
d'un  grain  d'orge  ordinaire. 


AbrcTlations. 


O.S. 

Une  quantité  suffisante. 

S.A. 

Selon  ou  suivant  l'art. 

Alla. 

Autant  de  l'un  que  de 

ou  aa 

l'autre. 

N". 

Le  nombre  de,  etc. 

B.M. 

Bain-Marie. 

B.V. 

Bain  de  vapeur. 

Par. 

Une  paire. 

P.  ou   Une  pincée  avec  les  (rois 
Pug.       doigts. 

M.   ou    ,-  .        . 

-,         Une  poignée. 
Man.  '    " 

Fasc.  Un  faisceau,  autant  que 
le  bras  peut  en  contenir. 
Gutt.  Une  goutte. 
Cochl.  Une  cuillerée  à  bouche. 
Cyalli.  IMeinunverreordinairc 


SIGNES  DIVERS.    MEDECINE. 


755 


Exemple  d'une  Ordonnance  de  Médecine. 

Ordonnance 

OL  Ros.  rubr.  5  j. 


Explication. 

Prenez  une  once  de  roses  rouges 
I  quatre  gros  d'eau  de  rose  ]  deux 
livres  de  sucre  blanc  |  une  livre  et 
demie  de  violettes  mondées  [  des 
coquelicots  et  du  lis  blanc  autant 
de  l'un  que  de  l'autre  |  un  demi- 
scrupule  de  tartre  émétique  |  un 
faisceau  de  feuilles  de  tamaris  | 
faites  cuire  dans  une  quantité  suffi- 
sante d'eau  commune  |  pour  faire 
une  conserve  selon  l'art. 


aq.  Ros. 
-z^  IV.  I  Sach.  alb.tb  ij-  I  Viol- 
miindat.  tbf^  J  I  Papav.  rhea. 
Lia.  aa  |  Tait.  stib.  9{?  |  Fol. 
tamari  fasc.  |  Coquen.  in  aq 
comm.  Q.S.    I    Fiat-  conserv. 

S.A. 

Les  quantités  de  livres,  d'on- 
ces ,  etc. ,  se  marquent,  comme 
on  le  voit,  en  chiffres  romains 
de  finance  jj  ij,  iij^  etc. 

C'est  par  un  tel  jargon  que  beaucoup  de  me'decins  tâchent  de  se  rendre  inintelli- 
gibles., soit  pour  cacher  leur  peu  de  savoir,  soit  pour  imposer  le  respect  dû  à  une 
science  aussi  sublime.  La  principale  science  des  apothicaires  est  d'entendre  ce  jargon. 

La  médecine  se  définit ,  L'art  qui  enseigne  les  moyens  de  con- 
server la  santé  et  de  traiter  les  maladies ,  Vart  qui  a  pour  but  l'é- 
tude de  l'homme  sain  et  de  l'homme  malade ,  la  conservation  de  la 
santé  et  la  guérison  des  maladies  ;  Vart  de  rétablir  ,  de  conserver 
la  santé,  d'appliquer  des  remèdes  dont  l'effet  est  d'éloigner  ou  de 
guérir  les  maladies.  (En  latin  medicina,d[i  grec  m^^rid,  je  soigne,  je 
traite.  ) 

La  médecine  est  à  la  fois  un  art  et  une  science.  Le  médecin  est 
artiste ,  lorsqu'au  lit  d'un  malade  il  emploie  ses  connaissances  pour 
combattre  le  mal  qu'il  est  appelé  à  traiter.  Mais,  comme  pour  exer- 
cer ainsi  l'art  médical,  il  a  fallu  préalablement  acquérir  des  notions 
positives  et  étendues  sur  la  physique,  la  chimie,  la  botanique,  etc.. 
qu'il  a  fallu  étudier  l'organisme  humain  dans  ses  différents  modes 
d'existence,  apprécier  les  divers  agents  capables  d'influer  à  divers 
degrés  sur  la  santé,  etc.,  on  ne  peut  pas  en  médecine  séparer  Vart 
de  la  science. 

L'histoire  de  la  médecine  ne  remonte  guère  avec  certitude  qu'au 
temps  où  vivait  Hippocrate  fôol  avant  J.-C),  regardé  encore  au- 
jourd'hui comme  le  fondateur  de  la  médecine  dogmatique.  Arétée 
de  Cappadoce  la  cultiva  avec  succès  (80  après  J.-C.  ),  o(  elle  sub- 


756  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

sisia  dans  cet  état  jusqu'au  temps  de  Galion,  qui  se  distingua  sin- 
gulièrement dans  celle  profession  (131  après  J.-C),  et  qui  est  l'au- 
teur de  la  classilication  des  humeurs  en  sang,  j)ituite,bile,  et  atra- 
bile. 

La  médecine  ne  fit  plus  guère  de  progrès  jusqu'au  milieu  du  sei- 
zième siècle,  c'est  à  dire,  jusqu'au  temps  où  le  célèbre  Harvey,  mé- 
decin de  Charles  I"',  enseigna  la  circulation  du  sang,  découverte 
précieuse,  qui  ne  manqua  pas  d'attirer  à  son  auteur ,  comme  toute 
idée  neuve  et  utile,  de  nombreuses  et  cruelles  persécutions.  O  hu- 
manité, en  sera-t-il  toujours  ainsi? 

Auras-tu  donc  toujours  des  yeux  pour  ne  point  voir  , 

Jérusalem  ? 

Ta  cataracte  est-elle  donc  incurable?  Regarde,  N'as-tu  pas  de 
honte  d'avoir  traité  Christophe  Colomb  de  fou  et  de  visionnaire,  de 
l'avoir  abreuvé  d'outrages  et  de  dégoûts  ,  de  lui  avoir  fait  attendre 
si  long-temps  quelques  misérables  bateaux  pourris,  dont  il  avait  be- 
soin pour  la  réalisation  de  son  idée  gigantesque,  et  puis  de  l'avoir 
fait  mourir  de  misère  et  de  chagrin ,  en  récompense  des  richesses 
qu'il  t'apportait  au  retour  de  sa  périlleuse  expédition?  N'as-tu  pas 
de  honte  d'avoir  traîné  Galilée  en  prison  ?  de  n'avoir  jamais  répondu 
aux  bienfaits  de  ceux  qui  t'aimaient,  qui  te  servaient,  malgré  ta  ma- 
lice odieuse,  que  par  les  bûchers,  la  prison,  la  mort,  les  persécutions, 
les  humiliations,  les  affronts  de  toutes  sortes?  tandis  que  tu  ne  sais 
comment  faire  fête  aux  plus  grossiers  charlatans  et  que  tu  t'age- 
nouilles bêtement  devant  de  viles  idoles  de  boue ,  qui  la  plupart 
méritent  le  bagne  ou  l'échafaud.  0  race  trois  fois  stupide  !  —  Et 
sans  parler  de  tant  de  poètes  que  tu  as  poussés  au  désespoir  et  à  la 
mort,  Fourier ,  lui,  ce  Christophe  Colomb  du  nouveau  monde  so- 
cial, qui  venait  te  sauver,  t'enrichir,  te  rendre  au  bonheur ,  qu'en 
as-tu  fait,  Caïn? 

De  ces  génies  bienfaisants,  que  Dieu  ,  dans  sa  miséricorde  infi- 
nie ,  t'envoie  pour  soulager  tes  misères,  tu  n'en  as  pas  exempté  un 
seul  de  ta  rage  aveugle.  Harvey  ,  comme  les  autres ,  a  eu  sa  part 
d'injures,  de  sarcasmes,  de  haines.  Tel  a  été  le  prix  de  l'immense 
service  qu  il  te  rendait  en  répandant  la  lumière  dans  les  ténèbres 
de  la  médecine,  eu  mettant  tes  docteurs  à  môme  de  mieux  expli- 
quer la  transformation  des  aliments  et  l'origine  des  maladies ,  en 
prévenant  ainsi  une  multitude  de  malheurs.  O  race  de  vipères  !  que 
Jésus-Christ  vous  qualifiait  bien  ! 


SIGNES  DIVERS.  MÉDECINE.  TÔT 

La  médecine  se  divise  en  plusieurs  branches,  savoir:  Laphysio- 
logie,  qui  traite  des  phénomènes  de  la  vie  et  des  fonctions  des  or- 
ganes; la  pathologie,  qui  traite  de  la  nature,  des  causes,  et  des  symp- 
tômes des  maladies;  la  séméiotique  ou  séméiologie ,  qui  traite  des 
signes  indicatifs  des  maladies  et  de  la  santé;  Vhygiène,  qui  traite 
de  la  santé  et  des  moyens  de  la  conserver  ;  enfin ,  la  thérapeuliquc, 
qui  a  pour  objet  la  manière  de  traiter,  et  de  guérir  les  maladies. 
U anatomie  est  étroitement  liée  à  la  physiologie.  La  pathologie 
se  subdivise  elle-même  en  trois  parties,  savoir  :  étiologie  (science 
des  causes),  nosologie  ou  nosographie  (description  des  maladies) ,  et 
symptomalologle  (description  des  symptômes).  La  thérapeutique, 
ou  médecine  curative  ,  comprend  la  chirurgie  et  la  pharmacie. 

Je  déclare  qu'il  règne  dans  la  science,  et  jusque  dans  le  diction- 
naire de  l'Académie,  la  plus  grande  confusion  sur  la  valeur  de  ces 
divers  termes.  Au  nombre  des  divisions  que  je  viens  de  nommer 
l'Académie  semble  ranger  encore  le  diagmoi/ic,  qu'elle  définit,  wne 
■partie  de  la  médecine.  Si  le  diagnostic  était  une  partie  de  la  méde- 
cine ,  il  faudrait  dire  diagnostique,  et  faire  ce  nom  féminin.  Mais 
le  diagnostic  n'est  que  l'art  particulier  de  reconnaître,  de  distin- 
guer les  maladies  à  certains  signes,  à  certains  symptômes,  ou  l'ac- 
tion même  de  les  reconnaître,  de  les  distinguer;  d'où  il  suit  que  ce 
mot  est  ainsi  parfaitement  composé. 

On  distingue  plusieurs  sectes  de  médecins  ;  et  ces  sectes  tirent^eur 
nom  de  la  doctrine  particulière  qu'elles  professent ,  ou  des  noms  de 
leurs  chefs.  Ainsi  il  y  a  des  stahliens,  des  brownistes,  des  iatraleptes 
(l),des  pneumatiques,  des  épi-synthétiques,  des  homéopathes,  des 
hydropathes,  etc.  Les  stahliens  (  partisans  de  la  doctrine  de  Stahl) 
reconnaissent  Tinfluence  constante  de  l'àme  sur  le  corps  à  l'état  de 
santé  ou  de  maladie,  et  neprocèdentqu'ensuivantattenlivementles 
effets  de  cette  influence  sur  le  corps.  Selon  les  broumistes,  ou  par- 
tisans de  Brown ,  —  tout  agissant  sur  le  corps  humain ,  tout  est 
stimulant  ou  doué  d'une  puissance  excitative,  et  il  y  a  dans  tous  les 
corps  animés  un  principe  correspondant  qu'ils  appèleut  Vecccitabi- 
lité.  En  conséquence  ils  placent  tous  les  moyens  curalifs  dans  le 
plus  ou  le  moins  d'excitation.  Les  iatraleptes  ne  voient  de  salut 
que  dans  les  frictions  huileuses  ,  comme  le  docteur  Sangrado  n'en 
voyait  que  dans  l'eau  chaude,  comme  d'autres  n'en  voient  que 
dans  l'eau  froide,  ctc .  Les  pneumatiques,  dont  le  chef  était  A  thénée, 

(1)  Du  grec  iafreiiô  ,  je  guéris  ,  aléiphâ  ,  jo  l'riiHf. 

T.  U.  1)5 


738  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

faisaient  consister  la  santé  el  la  maladie  dans  les  divers  rapports  du 
pneitma  (1)  avec  les  autres  principes  élémentaires.  Les  épi-synthé- 
tiques voulaient  concilier  toutes  les  méthodes.  Les  homéopathes {'2), 
qui  ont  pour  chef  le  célèhre  Ilahneraann,  se  fondent  sur  ce  que  tout 
vrai  remède  doit  susciter  dans  tin  homme  jouissant  de  la  santé  une 
maladie  analogue  à  celle  qu'il  peut  guérir.  D'après  ce  principe, 
ils  prennent  une  substance  propre  à  produire  la  même  maladie 
qu'il  s'agit  de  guérir.  Il  atténuent  ensuite  cette  substance  par  une 
suite  de  mélanges  ,  et  composent  ainsi  un  médicament  de  la  plus 
grande  efficacité ,  qu'ils  n'administrent  qu'à  doses  presque  in- 
sensibles. A  Vienne,  où  l'homéopathie  est  en  grande  vogue ,  ainsi 
que  dans  toute  l'Allemagne  et  même  en  Belgique,  j'ai  été  témoin 
de  cures  vraiment  extraordinaires.  Pour  n'en  citer  qu'une,  je  vous 
dirai  qu'un  jeune  homme  de  ma  connaissance,  menacé  de  perdre 
la  vue,  et  déjà  abandonné  de  tous  les  médecins,  a  été  radicalement 
guérieu  très-peu  de  jours  par  les  procédés  homéopathiques.  Certes, 
je  ne  suis  pas  crédule  ;  mais  ,  après  les  choses  merveilleuses  que 
j'ai  vues  ou  que  j'entends  raconter  chaque  jour,  dans  un  pays  où 
il  n'y  a  plus  guère  que  des  médecins  homéopathes,  il  est  bien  per- 
mis de  se  demander  pourquoi  l'Académie  royale  de  médecine  a 
traité  cette  précieuse  méthode  sur  le  même  pied  que  le  magnétisme. 

Auras-tu  donc  toujours  des  yeux  pour  ne  point  voir, 

Jcrusaleiu  ? 

L'homéopathie  proscrit  toutes  les  boissons  alcooliques;  ce  qui,  je 
le  conçois,  ne  fait  pas  le  compte  de  nos  négociants  en  vin  de  Cham- 
pagne et  de  Bordeaux.  Le  commerce  passe  avant  la  santé.  Comme 
les  Anglais  l'ont  si  bien  prouvé  à  l'égard  des  Chinois.  Les  mê- 
mes difficultés  n'existaient  pas  pour  l'Allemagne  ,  pays  peu  riche 
en  spiritueux,  il  faut  bien  le  dire  ;  en  sorte  que  l'homéopathie  a  pu 
y  faire  de  rapides  progrès.  Ceux  qui  sont  soumis  au  régime  homéo- 
pathique ne  boivent  que  de  l'eau  claire  ;  ce  qui  leur  semble  bien 
parfois  un  peu  insipide.  J'ai  eu  le  plaisir  de  voir  quelquefois  une 
très-jeune  et  très-belle  demoiselle  qui  se  plaignit  un  jour  vivement 
des  grands  verres  d'eau  qu'on  lui  faisait  boire,  même  sans  qu'elle 
eût  soif. 

(1)  Mot  grec  qui  signifie  sou/Jlc ,  air.  Les  stoïciens  nommaient  ainsi  un 
prétendu  principe  spirituel  qu'ils  regardaient  comme  un  élément  différent 
de  l'eau,  de  l'air,  de  la  terre,  et  dn  l'eu  ,  seuls  éléments  admis  à  cette 
époque. 

(2)  Du  grec  homoios  ,  semblable,  et  pathos ,  affection. 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECINE.  759 

Je  m'efforçai  de  la  consoler  en  ces  termes  : 

A  Mademoiselle  la  Comtesse  Pauline  de  K***. 

Ah  I  iie  vous  plaignez  pas  de  votre  médecin  , 

Ni  de  l'eau  dont  il  vous  arrose  : 
On  ne  peut  vous  traiter,  fleur  du  parterre  luimaîn  , 

Qu'ainsi  que  l'on  traite  une  rose.  (  Fleurs  du  Danube.) 

A  l'égard  des  Français,  ils  ont,  raa  foi!  bien  raison  de  ne  pas 
renoncer  à  leurs  bons  vins,  à  leurs  bonnes  liqueurs,  pour  partager 
la  boisson  des  ânes  et  des  chevaux.  Bien  vivre  vaut  mieux  que 
vivre  long-temps.  Courte  et  bonne,  c'est  la  devise  des  Français,  bien 
dignes  eu  cela  de  toutes  les  faveurs  que  Dieu  leur  accorde.  Tels 
sont,  je  crois,  les  homéopathes,  que  j'abandonne  pour  le  moment  à 
leur  destinée,  sauf  à  les  rejoindre  plus  lard.  Les  hydropathes  (1), 
comme  leur  nom  l'indique,  ne  connaissent  que  l'eau,  ne  voient  que 
l'eau  ,  et,  faisant  de  l'eau  votre  élément  naturel,  ne  visent  à  rien 
moins  qu'à  vous  transformer  en  poissons  et  autres  animaux  aqua- 
tiques. 

Toutes  ces  doctrines  se  fondent  sur  cinq  systèmes,  en  sorte  que 
tous  les  médecins  peuvent  être  rangés  dans  les  cinq  classes  sui- 
vantes: hippocratistes ,  physiologistes ,  contre-stimulistes ,  homéo- 
pathes, et  éclectiques. 

Nul  ne  peut  exercer  en  France  la  profession  de  médecin  ,  de  chirurgien  , 
ou  d'officier  de  santé  ,  sans  avoir  été  préalablement  examiné  et  reçu  ,  con- 
formément à  une  loi  rendue  en  1803.  Cette  loi  reconnaît  des  officiers  de 
santé  (  degré  inférieur  )  et  des  docteurs  en  médecine  ou  en  chirurgie  (  degré 
supérieur).  L'instruction  médicale  se  donne  dans  les  facultés  et  les  écoles 
de  médecine.  Il  y  a  en  France  trois  Facultés  de  médecine,  celle  de  Mont- 
pellier ,  celle  de  Paris,  celle  de  Strasbourg.  Il  y  a  dix-huit  écoles  secon- 
daires de  médecine,  établies  à  Amiens,  Arras  ,  Angers ,  Besanç(m,  Bor- 
deaux, Caen,  Clermont,  Dijon,  Grenoble,  Lyon,  Marseille,  Nancy,  Nan- 
tes, Poitiers.  Rennes,  Reims,  Rouen  ,  et  Toulouse. 

Avant  la  révolution  ,  les  quatre  facultés  ,  qui  formaient  ce  que  l'on  ap- 
pelait l'Université ,  étaient  la  médecine,  la.  théologie,  le  droit,  et  les  arts. 
Ceux-ci  comprenaient  les  htimanités  et  la  philosophie. 

MÉDECINE.  Étudier  en  médecine. 


MÉDECIN.  Médecins  méthodiques , 
Médecins  qui  s'attachaient  exacte- 
ment à  la  méthode  prescrite  par  les 
règles  de  la  médecine,  par  opposition 
à  Médecins  empiriques.  Ceux  qui  ne 
s'attachaient  qu'à  l'expérience.  Bon, 
excellent,  grand,  savant,  jeune,  vieux 
médecin.  Appeler  le  médecin.  Etre 
entre  les  mains  des  médecins.  Etre 
abandonné ,  être  condamné  des  méde- 


Docleur ,  étudiant  en  médecine.  La 
faculté,  les  écoles  de  médecine.  Des  li- 
vres,  des  thèses  de  médecine.  Faire, 
pratiquer,  exercer  la  médecine. 

—  Système  médical.  La  médecine 
d'Hippocrate,  de  Brown.  La  médecine 
des  Arabes. 

Médecine  agissante ,  Celle  qui  em- 
ploie des  remèdes  énergiques  et  plus 


(1)   Du  grec  hudor  ,  eau  ,  et  pathos. 


740 


CI.El-  UE  I.A  LA.XtJlIE  ET  DES  SCIENCES. 


cins.  (Jiiand  on  a  quarante  ans  il  faut 
êircson  médecin  soi-tucme. L'élude  de  ta 
botanique  est  nécessaire  à  un  médecin. 
Un  médecin  doit  cire  botaniste  cl  ana- 
iomisle.  Le  docteur  un  tel  est  aussi  bon 
chirurgien  que  bon  médecin.  On  dinjutl- 
qui'fois  docteur  médecin. 

Médecin  ou  chirurgien  oculiste  ,  Ce- 
lui qui  fait  profession  de  connaître 
les  différentes  maladies  de  l'œii  et  de 
les  traiter. 

Médecin  clinique  ,  Médecin  qui  vi- 
site les  malades,  par  opposition  à 
Ceux  que  l'on  consulte  et  àCeux  qui 

écrivent.  Cette  dénomination  n'ostplus  guère 
uBilée. 

Prov,,  La  robe  ne  fait  pas  le  méde- 
cin ,  Le  titre  ne  suppose  pas  toujours 
la  science. 

Prov.  et  fig.,  Médecin  d'eau  douce. 
Médecin  peu  habile  ,  ou  qui  n'or- 
donne que  des  remèdes  communs  et 
sans  efficacité. 

Prov.  et  Rg.,  Médecin,  gué;  istni  toi- 
même  ,  se  dit  à  un  homme  qui  se 
mêle  de  donner  des  conseils,  et  qui 
aurait  besoin  d'en  recevoir.  Prov.  et 
fig.  ,  Après  la  mort  le  médecin,  se  dit 
d'un  secours  qui  vient  lorsqu'on  n'est 
plus  en  état  d'en  profiter. 

MÉDECIN,  fig.,  Ce  qui  est 
propre  à  rendre  ou  à  conserver  la 
santé.  Le  régime  et  l'exercice  sont 
d'excellents  médecins, 

MÉDECIN,  s'emploie  aussi,  figuré- 
ment,  en  parlant  des  afflictions,  des 
maladies  morales.  En  certains  cas  le 
médecin  de  l'âme  est  plus  nécessaire 
que  te  médecin  du  corps.  La  résigna- 
tion,  ta  patience,  et  la  sobriété,  sont 
d'habiles  médecins.  Le  temps  est,  dit- 
on  ,  un  grand  médecin  ;  oui  ,  il  guérit 
le  mal  ou  l'emporte  avec  nous. 

Les  deux  plus  grands  médecins  sont 
le  sommeil  et  la  mort. 


ou  moins  nombreux;  par  opposition 
à  Médecine  cxpcclante.  Celle  qui 
laisse  faire  beaucoup  à  la  nature  ,  et 
qui  emploie  des  moyens  peu  actifs. 

Médecine  clinique ,  Celle  qui  se 
pratique  auprès  du  lit  dés  malades. 

Médecine  mentale  ,  Celle  qui  s'oc- 
cupe des  maladies  de  l'esprit. 

Médecine  légale.  Science  de  la  mé- 
decine appliquée  à  différentes  ques- 
tions de  droit  pour  les  éclaircir  et  en 
faciliter  la  solution.  Traité  de  méde- 
cine légale. 

Médecine  vétérinaire ,  Celle  qui  a 
pour  objet  la  santé  des  animaux  do- 
mestiques, et  en  particulier  celle  des 
chevaux.  On  la  nomme  aussi  hippia- 
trique  (  du  grec  hippos,  cheval ,  et 
ialrikc  ,  médecine  ). 

MÉDECINE.  Remède,  sous  forme 
liquide  ou  solide  ,  qu'on  prend  pour 
se  purger.  11  n'a  de  pluriel  qu'en  ce 
sens.  Fortemédecine.  Médecine  légère, 
noire.  Ordonner  une  médecine.  Pren- 
dre une  médecine.  Cette  médecine  a 
bien  opéré. 

Médecine  en  lavage  ,  Etendue  dans 
beaucoup  d'eau.  Médecine  douce, ■çrt- 
parée  de  manière  qu'elle  opère  dou- 
cement. Fam.  ,  Médecine  de  cheval, 
médecine  comme  pour  un  cheval.  Mé- 
decine trop  forte.  Médecine  univer- 
selle. Médicament  au  quel  on  attribue 
la  vertu  de  guérir  toutes  sortes  de  ma- 
ladies.// croit  avoir  trouvé  une  médecine 
universelle,  lamédecirie  universelle.  On 
dit  aussi  et  plus  souvent  panacée.  11  se 
vante  d'avoir  trouvé  la  panacée. 

Cela  sent  la  médecine  ,  se  dit  des 
choses  qui  ont  un  goût  de  drogue. 
Fig.et  fam.,^i;fl/er /rt  médecine.  Pren- 
dre S(m  parti  ,  se  résigner  malgré  ses 
dégoûts.  //  lui  fallut  avaler  la  méde- 
cine. On  dit  à  peu  près  dans  le  même 
sens  ,   Avaler  le  calice,  avaler  le  mor- 


ceau,  avaler  la  pilule. — Prov.  et  fig., 
Il  ne  faut  pas  prendre  la  médecine  en  plusieurs  verres.  Il  faut  l'aire  sur  le 
champ  et  d'un  seul  coup  une  chose  desagréable  dont  on  ne  peut  se  dis- 
penser. 

La  médecine  est  un  art  puioment  coi}jectiiral. 

Hélas!  ni  les  médecins  ni  la  médecine  n'ont  pu  la  sauver  ,  elle , 
quoiqu'elle  n'eîit  que  ilix-luiit  ;uis  .  et  qu'elle  fût  belle  au  point 
que  sa  \iie  seule  devait  exeitei  le  désir  de  la  sauver  h  lout  piix. 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECINE.  741 

Comme  la  religion ,  la  médecine  a  grand  besoin  de  la  foi. 
La  médecine  nous  fait  mourir  plus  long-temps.     (Plutarque.) 
Quand  la  fièvre  attaque  notre  machine,  le  corps  humain  est  mi 
champ  clos  où  la  nature  et  le  mal  sont  aux  prises. 

Lors  survient  un  avengle  appelé  médecin. 
Tout  au  travers  il  frappe  à  l'aventure. 
S'il  atlrappe  le  mal ,  il  iait  un  homme  sain  , 
Et  du  malade  un  mort ,  s'il  frappe  la  nature.  (  Anonyme.  ) 

L'historien  Isidore  assure  que  les  Romains  furent  long-temps  sans 
vouloir  admettre  parmi  eux  aucun  médecin^  depuis  qu'un  certain 
médecin  grec,  nommé  Archagatos,  y  avait  porté,  avec  la  médecine^ 
la  douleur,  la  désolation,  et  la  mort.  Cet  Archagatos,  a  la  fois  chi- 
rurgien et  médecin  ,  se  déterminait  si  aisément  a  couper  les  bras 
et  les  jambes  de  ses  malades,  ses  médecines  étaient  si  fortes  et  pur- 
geaient si  violemment,  que  le  peuple  romain,  sans  considérer  ni 
la  bonne  intention  du  médecin  ,  ni  les  raisons  qu'il  pouvait  avoir 
d'agir  comme  il  faisait,  furieux  seulement  de  ce  que  quelques  ci- 
toyens avaient  été  victimes  des  ordonnances  de  ce  terrible  we^Jecw, 
le  lapida  jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuivît.  Rome  fut  après  cela  quel- 
que temps  sans  médecins ,  et  l'on  ne  s'aperçut  pas  qu'on  en  mourût 
davantage.  (Anonyme.) 

Dans  le  temps  que  chaque  corps  de  métier  faisait  faire  des  prières 
d'actions  de  grâces  ,  en  diverses  églises  de  Paris,  au  sujet  du  réta- 
blissement de  la  santé  de  Louis  XIV,  Benserade ,  dans  un  éloge  de 
ce  prince  qu'il  prononça  à  l'Académie ,  dit  :  «  Le  marchand  quitte 
son  négoce  pour  aller  au  pied  des  autels  ;  l'artisan  quitte  son  ou- 
vrage; le  médecin  quitte  son  malade,  et  le  malade  ne  s'en  trouve 
que  mieux.» 

Amelot  de  la  Houssaye  rapporte  dans  ses  Mémoires  historiques 
un  fait  assez  difficile  a  croire;  c'est  que  le  médecin  do  Louis  XIII, 
nommé  Bouvard,  fit  prendre  a  ce  prince  ,  dans  l'espace  d'une  an- 
née, deux  cent  quinze  médecines,  deux  cent  douze  lavements,  elle 
fit  saigner  quarante-sept  fois.  Si  la  chose  est  ainsi ,  Louis  XllI  pen- 
sait bien  différemment  de  Charlemagne,  qui  ne  voulut  point  de 
médecin  à  sa  cour,  et  (jui  mouiul  a  soixanlc-onzc  ans  sans  le  se- 
cours de  la  médecine. 


742  CLEF  DE  LA  LANOLE  ET  DES  SCIENCES. 

LE  MÉDECIN  DE  LOUIS  XI. 

—  Hé!  sue,  s'écria  tout  a  coup  Jacques  Coictier,  qu'est  devenue 
la  pointe  aiguë  de  la  maladie  pour  la  quelle  votre  majesté  m'avait 
fait  mander  ? 

—  Oli  !  dit  le  roi ,  vraiment  je  souffre  beaucoup  ,  mon  compère. 
J'ai  l'oreille  sibilante  (1),  et  des  râteaux  de  feu  qui  me  raclent  la 
poitrine. 

Coictier  prit  la  main  du  roi  ,  et  se  mit  à  lui  tâter  le  pouls  avec 
une  mine  capable. 

—  Regardez ,  Coppenole,  disait  Rym  a  voix  basse.  Le  voila  entre 
Coictier  et  Tristan.  C'est  la  toute  sa  cour.  Un  médecin  pour  lui,  un 
bourreau  pour  les  autres. 

En  tâtant  le  pouls  du  roi ,  Coictierprenait  un  air  de  plus  en  plus 
alarmé.  Louis  XI  le  regardait  avec  quelque  anxiété.  Coictier  se  rem- 
brunissait a  vue  d'oeil.  Le  brave  bomme  n'avait  d'autre  métairie 
que  la  mauvaise  santé  du  roi ,  il  l'exploitait  de  son  mieux. 

—  Oh  !  oh  !  murmura-t-il  en  On  ;  ceci  est  grave,  en  effet. 

—  N'est-ce  pas?  dit  le  roi  inquiet. 

—  Pulsus  creher,  anhelans,  crepitans,  irregularis  (2),  continua 
le  médecin. 

—  Pasque-Dieu  ! 

—  Avant  trois  jours  ceci  peut  emporter  son  homme. 

—  Notre-Dame!  s'écria  le  roi.  Et  le  remède,  compère? 

—  J'y  songe  ,  sire. 

Il  fit  tirer  la  langue  a  Louis  XI ,  hocha  la  tête ,  fit  la  grimace,  et 
tout  au  milieu  de  ses  simagrées  : 

—  Pardieu!  sire,  dit-il  tout  a  coup,  il  faut  que  je  vous  conte 
qu'il  y  a  une  recette  des  régales  vacante,  et  que  j'ai  un  neveu. 

—  Je  donne  ma  recette  a  ton  neveu,  compère  Jacques,  répondit 
le  roi  ;  mais  tire-moi  ce  feu  de  la  poitrine. 

—  Puisque  Votre  Majesté  est  si  clémente ,  reprit  le  médecin^  elle 
ne  refusera  pas  de  m'aider  un  peu  en  la  bâtisse  de  ma  maison  rue 
Saint-André  des  Arcs. 

—  Heuh!  dit  le  roi. 

(1)  Du  latin  .?ii(7are,  sifller. 

(2)  Pouls  frcqucnl ,  précipité,  dur,  dèrc^lc. 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECINE.  745 

—  Je  suis  au  bout  de  ma  finance,  poursuivit  le  docteur,  et  il  se- 
rait vraiment  dommage  que  la  maison  n'eût  pas  de  toit  ;  non  pour 
la  maison,  qui  est  simple  et  toute  bourgeoise,  mais  pour  les  pein- 
tures de  Jehan  Fourbault ,  qui  en  égaient  le  lambris.  11  y  a  une 
Diane  en  l'air  qui  vole ,  mais  si  excellente,  si  tendre ,  si  délicate, 
d'une  action  si  ingénue,  la  tête  si  bien  coiffée  et  couronnée  d'un 
croissant,  la  chair  si  blanche  qu'elle  donne  de  la  tentation  a  ceux 
qui  la  regardent  trop  curieusement.  11  y  a  aussi  une  Cérès.  C'est  en- 
core une  très-belle  divinité.  Elle  est  assise  sur  des  gerbes  de  blé , 
et  coiffée  d'une  guirlande  galante  d'épis  entrelacés  de  salsifis  et  au- 
tres fleurs.  Il  ne  se  peut  rien  voir  de  plus  amoureux  que  ses  yeux, 
de  plus  rond  que  ses  jambes,  de  plus  noble  que  son  air,  de  mieux 
drapé  que  sa  jupe.  C'est  une  des  beautés  les  plus  innocentes  et  les 
plus  parfaites  qu'ai  produites  le  pinceau. 

—  Bourreau,  grommela  Louis  XI,  où  en  veux-tu  venir? 

—  Il  me  faut  un  toit  sur  ces  peintures,  sire,  et,  quoique  ce  soit 
peu  de  chose,  je  n'ai  plus  d'argent. 

—  Combien  est-ce,  ton  toit  ? 

—  Mais...  un  toit  de  cuivre  historié  et  doré,  deux  mille  livres 
au  plus. 

—  Ah  !  l'assassin  !  cria  le  roi.  Il  ne  m'arrache  pas  une  dent  qui 
ne  soit  un  diamant. 

—  Ai-je  mon  toit  ?  dit  Coictier. 

—  Oui ,  et  va  au  diable,  mais  guéris-moi.  Jacques  Coictier  s'in- 
clina profondément  et  dit  : 

—  Sire ,  c'est  un  répercussif  (^)  qui  vous  sauvera.  Nous  vous  ap- 
pliquerons sur  les  reins  le  grand  défeusif,  composé  avec  le  cérat,  le  bol 
d'Arménie  (2),  le  blanc  d'œuf,  l'huile,  et  le  vinaigre.  Vous  continuerez 
votre  tisane,  et  nous  répondons  de  Votre  Majesté.       (Victor  Hugo.) 

La  médecine  étant  une  profession  mercenaire  doit  être  sujette 
à  d'étranges  abus.  D'un  côté  les  riches  sont  exploités ,  de  l'autre 
les  pauvres  sont  sacrifiés. 

(1)  Du  latin  repercuterc,  rcpercitssum,  repousser.  Remède  qui  l'ait  refluer 
les  humeurs  au  dedans  du  corps.  Les  astringents,  la  glace  ,  l'eau  très- froide , 
sont  des  répercussifs. 

(2)  Terre  argileuse  colorée,  qui  était  employée  autrefois  en  médecine 
comme  tonique  et  astringente. 


744  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Un  homme  voyant  passer  son  médecin  se  détourne.  On  lui  on  de- 
mando  la  raison.  «  Je  suis  honteux ,  dit-il ,  de  paraître  devant  lui  ; 
il  y  a  si  long-temps  que  je  n'ai  été  malade.  » 

J.  J,  Rousseau  dit  que  la  somme  des  maux  qu'a  produits  la  méde- 
cine surpasse  la  somme  du  bien  ;  que  pourtant  la  médecine  en  elle- 
même  est  bonne ,  mais  que  la  plupart  des  médecins  sont  mauvais  ; 
d'où  il  conclutqu'il  fautgarderlaw«?£?ec/ne  et  se  défaire  des  mcÉ^ea/j*. 
En  fait  de  médecins  ,  disait  un  homme  d'esprit,  il  faut  toujours 
consulter  celui  qui  croit  le  moins  a  la  médecine. 

Le  célèbre  Boerhaave  étant  mort ,  on  trouva  parmi  ses  effets  un 
livre  qui  passait  pour  renfermer  tous  ses  secrets.  11  fut  vendu  très- 
cher.  Celui  qui  l'acheta ,  s'étant  empressé  de  l'ouvrir ,  n'y 
trouva  que  des  feuillets  blancs,  a  l'exception  d'un  seul  sur  le  quel 
était  écrit  cet  apophthegme  :  «  Tenez-vous  la  tête  froide  ,  le  ventre 
libre,  les  pieds  chauds  ,  et  moquez-vous  des  médecins,  n 

Jamais ,  disait  un  célèbre  médecin^  on  ne  m'a  éveillé  la  nuit  pour 
une  personne  qui  n'avait  pas  soupe;  mais  on  m'a  éveillé  cent  fois 
pour  des  personnes  qui  avaient  trop  soupe. 

On  a  remarqué  que  l'introduction  des  médecins  chez  les  Romains 
et  chez  les  Arcadiens  n'eut  lieu  qu'après  que  les  cuisiniers  y  eurent 
introduit  les  ragoûts  et  les  sauces. 

Le  célèbre  docteur  Lorry  ,  si  connu  par  ses  lumières,  sa  sagacité, 
et  ses  ouvrages  ,  répétait  souvent  au  milieu  de  ses  plus  grands  suc- 
cès en  médecine  :  «  Je  ne  me  permettrai  jamais  de  dire  :  J'ai  guéri 
tel  malade  ,  mais  :  Je  lui  ai  donné  mes  soins  ,  et  sa  maladie  s'est 
terminée  heureusement.  » 

Je  serais  assez  de  l'avis  de  cet  anglais,  qui,  ayant  appelé  un  rné- 
decin  ,  lui  dit  :  Je  vous  donne  tant  par  jour  tout  le  temps  que  je  ne 
suis  pas  malade  ,  a  charge  de  revanche  de  votre  part  chaque  fois 
que  je  serai  malade.  » 

Au  moins  la  médecine,  plus  modeste  et  plus  sensée  que  la  philo- 
sophie ,  convient  de  son  ignorance  en  beaucoup  de  cas ,  et  avoue 
franchement  que  les  remèdes  de  certaines  maladies,  telles  que  la 
goutte,  l'hydrophobie,  ou  l'épilepsie,  restent  à  découvrir.  Mais  la 
philosophie  se  refuse  à  l'aveu  de  ses  errements;  elle  est  toujours 
sûrede  ce  qu'elle  avance,  toujours  sûre  d'avoir  raison.  Elle  ne  doute 


SIG.NES  DIVERS.    MÊOECLNE.  '?45 

pas,  elle  affirme,  et  tout  ce  qu'elle  affirme  est  la  vérité.  Cependant, 
comme  dit  un  auteur,  «  chaque  jour  un  nouveau  système  vient  ré- 
pandre sur  la  philosophie  de  nouveaux  torrents  de  lumière  ;  d'où  il 
faudrait  conclure  que  ceux  de  la  veille  étaient  des  torrents  de  té- 
nèbres. Comment  ne  passe  défier  d'une  science  où  le  dernier  venu 
dément  toujours  ses  devanciers?  Condillac  est  renversé  par  Kant, 
quia  son  tour  est  renversé  par  Fichte ,  lequel  est  bientôt  abattu  par 
Schelling,  et  celui-ci  par  Rieds  ou  Ancillon  ,  qu'un  autre  abattra 
demain,  si  ce  n'est  déjà  fait.  Les  vrais  savants  ne  se  culbutent  pas 
ainsi  à  tour  de  rôle.  On  ne  voit  pas  qu'aucun  géomètre  ait  infirmé 
ni  tenté  d'infirmer  les  doctrines  d'Euclide,  nique  la  médecine  mo- 
derne ait  voulu  détrôner  Hippocrate.  »  D'un  autre  côté  Homère  est 
toujours  le  roi  des  poètes. 

La  médecine ,  comme  toutes  les  autres  sciences  physiques  ,  fai- 
sant tous  les  jours  de  nouveaux  progrès,  s'enrichissant  tous  les  jours 
de  nouvelles  découvertes,  prouve  par  là  qu'elle  est  dans  la  bonne 
voie.  La  philosophie  seule  s'est  fourvoyée  et  ne  fait  que  tourner  de- 
puis trois  raille  ans  dans  le  même  cercle  vicieux ,  dont  elle  s'ob- 
stine à  ne  pas  sortir.  C'est  en  vain  que  Condillac  s'écrie  :  «  Il  faut 
reprendre  nos  idées  à  leur  origine,  refaire  l'entendement  humain, 
et  oublier  tout  ce  que  nous  avons  appris.  T)  C'est  en  vain  que  d'autres 
laissent  échapper  ce  terrible  aveu  :  «  Ces  bibliothèques ,  prétendus 
trésors  de  connaissances  sublimes ,  ne  sont  qu'un  dépôt  humiliant 
de  contradictions  et  d'erreurs.  »  O  philosophes,  que  tardez-vous  donc 
à  jeter  au  feu  vos  quatre  cent  mille  volumes  de  subtilités  et  d'extrava- 
gances? que  tardez-vous  donc  à  reconnaître  l'insuffisance  de  vos  mé- 
thodes, réprouvées  de  Dieu  ?  Que  tardez-vous  à  chercher  activement 
l'issue  de  ce  labyrinthe  infernal,  où  l'humanité  s'est  égarée  sur  vos 
pas,  et  dont  les  ténébreuses  galeries  sont  si  étroites  et  si  ténébreuses, 
en  effet,  que  le  plus  grand  nombre  y  périt  étouffé,  et  que  les  plus  forts 
n'y  peuventainsi  avancer  qu'en  marchant  sur  les  corps  broyés  et  san- 
glantsde  leurs  frères?  Que  tardez-vous  à  invoquer  une  nouvelle  scien- 
ce ,  un  nouveau  guide,  pour  nous  conduire  à  ce  règne  de  paix  et  d'u- 
nion promis  par  Jésus-Christ,  pour  nous  conduire  à  cette  harmonie 
divine  des  cœurs  et  des  âmes,  hors  de  la  quelle  il  n'y  a  point  de  salut 
pour  l'humanité?  Voyez  les  physiciens.  Voyez  si  la  nature  est  re- 
belle à  leurs  efforts  comme  aux  vôtres.  Non,  parce  que ,  comme  le 
dit  votre  maître  à  tous,  «  les  physiciens  étudient  ses  lois  au  lieu  de 
lui  en  dicter;  et  vous  n'étudiez  que  l'art  d'étouffer  la  nature  dans 
T.  II.  <)4 


lAii  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIEiNCES, 

l'homme.  Aussi  quel  contraste  entre  vos  bévues  et  les  prodiges  des 
sciences  physiques  !  Chaque  jour  vous  ajoutez,  philosophes,  des  er- 
reurs nouvelles  à  d'antiques  erreurs,  tandis  qu'on  voit  chaque  jour 
les  sciences  physiques  avancer  dans  les  routes  de  la  vérité,  et  ré- 
pandre sur  l'âge  moderne  autant  de  lustre  que  les  billevesées  phi- 
losophiques ont  répandu  d'opprobre  sur  trente  siècles  consécutifs. 
Arrière,  arrière,  ô  philosophes,  ô  politiques.  Place  à  la  médecine, 
à  la  poésie.  Celle-là  soignera  vos  corps,  celle-ci  vos  âmes. 

Les  plaisants  ont  beau  dire,  les  médecins  et  les  poètes  sont  peut- 
être  les  hommes  les  plus  utiles.  Il  est  bien  entendu  toutefois  que 
les  poètes  sont  autant  au  dessus  des  médecins  que  l'âme  est  au 
dessus  du  corps. 

Savez-vous  pourquoi  Molière  a  dit  tant  de  mal  des  médecins? 
Molière  logeait  chez  un  médecin  dont  la  femme  était  extrême- 
ment avare.  Elle  voulut  augmenter  le  loyer  de  la  partie  de  la  mai- 
son qu'occupait  Molière,  qui  refusa  de  mettre  l'augmentation,  en 
sorte  que  l'appartement  fut  loué  à  un  autre.  Depuis  ce  temps,  dit- 
on,  Molière  ne  cessa  de  tourner  les  médecins  eu  ridicule  (1).  Ce 
serait  là  une  bien  petite  cause. 

Malgré  Molière,  non  sacré  pour  moi  cependant,  la  profession  de 
médecin  exige  des  connaissances  si  étendues,  des  études  si  variées, 
une  expérience  accompagnée  de  travaux  si  pénibles,  et  surtout,  dans 
bien  des  cas  ,  un  tel  dévouement,  qu'on  ne  saurait  trop  considérer 
et  estimer  ceux  qui  l'exercent  avec  distinction. 

\]n médecin,  dit  Voltaire,  qui,  ayant  dans  sa  jeunesse  étudié  la 
nature ,  connu  les  ressorts  du  corps  humain,  les  maux  qui  le  tour- 
mentent, les  remèdes  qui  peuvent  le  soulager,  exerce  son  art  au 
profit  de  l'infortune  et  reverse  sur  l'indigent  les  honoraires  de  l'o- 
pulence, est  un  homme  au  dessus  de  tous  les  grands  de  la  terre. 

Le  docteur  **%  de  Vienne ,  se  plaignait  de  ce  que  son  auguste 
malade  le  prince  de  ***,  mort  il  y  a  deux  ans,  ne  suivait  pas  les  or- 
donnances qu'il  lui  prescrivait,  a  —  Mon  prince,  i^/'aMf  faire  ce  que 
je  vous  dis,  il  le  faut  absolument,  —  Cher  docteur,  lui  répondit  le 

(l)  Dans  V^ittiour  médecin,  l'auleur  joua  les  médecins  de  la  cour  avec  des  masques 
qui  ressemblaient  parfaitement  aus  personnages  qu'il  avait  en  vue.  Ces  médecins 
étaient  MM.  de  Fougerais,  Esprit,  Guenaut,  et  dWquin.  Comme  Molière  voulait  dé- 
guiser leurs  noms,  il  pria  son  ami  Boileau  de  lui  en  faire  de  convenables,  Boileau  en 
composa,  en  cfl'et,  qui  étaient  tirés  du  grec  et  qui  exprimaient  le  caractère  de  ces 
messieurs.  M.  de  Fougerais  sappela  Z)e.ç/b;innf/rèj  (  tueur  d'hommes  ),  M.  Esprit , 
qui  bredouillait,  Behis  (  aboyeur).  yt/ncro/o/i  devint  le  nom  de  M.  Guenaut,  parce 
qu'il  parlait  lentement,  M.  Tnnics  (saigneur),  roliii  de  !\I  d'Aquin,  qui  ordonnait 
Iréquommont  la  saignée. 


SIGNES  DIVERS.   MEDECINE. 


747 


prince,  vous  devriez  savoir  qu'on  ne  dit  pas  à  un  prince  tel  que  moi  : 
il  faut.  —  Pourtant,  mon  prince  ,  si  vous  ne  faites  pas  ce  que  je 
vous  dis,  il  faudra  mourir.  »  Il  lui  fallut,  en  effet,  mourir  le  sur- 
lendemain. 

Tableau  des  Maladies. 

Toutes  les  maladies  peuvent  être  renfermées  en  neuf  classes  princi- 
pales, savoir:  1"  Maladies  générales  ;  2°  Maladies  des  organes  du  sentiment; 
3»  Maladies  des  organes  de  la  locomotion;  U"  Maladies  des  organes  de  la  diges- 
tion; 5°  Maladies  des  organes  de  la  circulation;  6°  Maladies  des  organes  de  ta 
respiration  ;  1"  Maladies  du  système  cellulaire;  8»  Maladies  des  organes  uri- 
naires  ;  9°  Maladies  des  organes  de  la  génération. 

I. 

1.  llaladies  Ciénérales. 

1»   FIÈVRES. 

On  divise  les  fièvres  en /srini/fit'ÊS  ou  essentielles  et  en  secondaires  ou  symp- 
tomatiques.  11  ne  sera  question  ici  que  des  fièvres  dites  essentielles ,  les 
plus  fréquentes  des  maladies  qui  attaquent  l'espèce  humaine. 


1°  Fièvres  inflammatoires , 
ou  angioténiques. 


12"   Fièvres  bilieuses    ou 
gastriqiies. 


3"  Fièvres  pituiteuses  ou 
muqueuses. 


14°  Fièvres    putrides   ou 
adynamiques. 


5°  Fièvres  malignes   ou 
ataxiques. 

6°  Fièvre  adéno-ncrveuse, 
1"  Fièvres  liccliqucs. 


f      1°  Fici'rt  ip/iéiiicrc  ,  oajî'ci'r'^ 
\  de  24  Iteures,  de  ^8  heures. 
Inflammatoires  continues  j       2°  Fièvre  sjnoçne.La  synoque 
I  comprend  deux  varie'te's  :  syno- 
^  que  simple  et  synoque  putride. 

—  Rémittentes 

Ç       I"  Injlamniatoire  quotidienne. 

■ —  Intermittentes J  2°  inflammatoire  tierce.   3°  Jn- 

\Jlammatoire  quai  te, 

(       1°  Embarras  gastrique-  2.°Gas- 

Gastrique  continue \  trique  continue  simple.  i°  Fièvre 

\  ardente. 

—  Rémittente «  •  •  • 

SI"   Gastrique  quotidienne.  2" 
Gastrique   tierce.   3°    Gastrique 
.double      tierce,      /j»     Gastrique 

f  quarte. 

Muqueuse  continue. 

—  Rémittente 

;'       1°    Muqueuse    irrcgulierc.   1" 

—  Intermittente |  Quotidienne.  '6°  Tierce.  4°  Quar- 

\  le.  5°  Double  quarte. 

Putride  continue !     ^"f""'.'^''  continue   simple. 

^  20  ticvre  jaune  a  Amérique. 

—  Rémittente 

—  Intermittente , 

'      1°  Ataxique  continue  simple. 
\  2®    Fièvre  cérébrale,    3°  Fièvre 

Ataxique  continue l  lente   nerveuse.     4°   Fièvre    des 

I  prisons j  des  camps,   des  liàpi- 
\taux ,  ou  Typhus. 

—  Rémittente 

.  —  Intermittente 

ou  Peste 

Hectique  gastrique; — pectorale; —  génitale:  — sanguine; 
— par  lactation;' — par  anomalies  de  la  transpiration  : 
—  par  affection  cutanée;  —  par  abus  des  facultés  de 
l'dmc. 


"  ''^  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

2°    PHLEGMASIES  OU  INFLAMMATIONS. 

Les  plilegmasies  sont  externes  ou  internes,  aiguës  ou  chroniques ,  mani- 
festes ou  latentes.  On  les  considère  sous  le  TA^^0TX.d6  leurs  phénomènes  géné- 
raux, sous  celui  de  leur  nature  particulière,  et  sous  celui  de  leur  siège.  Les  phé- 
nomènes qui  se  manifestent  le  plus  généralement  dans  les  plilegmasies  ex- 
ternes sont  la  douleur ,  la  tuméfaction  ,  la  rougeur,  et  la  chaleur.  On  ajoute 
à  cette  considération  celle  des  phénomènes,  moins  généraux,  de  termi- 
naison. Les  phlegmasies  se  terminent  par  suppuration,  résolution,  délites- 
cence, métastase,  induration,  ou  gangrène.  Considérées  sous  le  rapport  de 
leur  nature'particulière,  les  phlegmasies  sont  idiopatinques ,  sympathiques  , 
spécifiques,  gangreneuses  (1),  ou  «n<erni(»cn(e«.  Considérées  sous  le  rap- 
port de  leur  siège  ,  elles  se  divisent  en  six  ordres  :  phlegmasies  de  la  peau, 
phlegmasies  des  membranes  muqueuses ,  phlegmasies  des  membranes  séreuses, 
phlegmasies  du  tissu  cellulaire,  phlegmasies  du  parenchyme  des  viscères  ; 
phlegmasies  des  systèmes  de  la  locomotion. 

Phlegmasies  cutanées  ou  exanthèmes  (2).  Phlegmasies  cutanées  aiguës. 

—  1"  Variole  ou  petite  véroh.  Elle  comprend  la  variole  discrète  et  la  variole 
confluente.  —  2°  Varicelle  ou  petite  vérole  volante, —  3"  Vaccine  vraie, — 
lx°  Vaccine  fausse.  —  5°  Rougeole.  —  6°  Scarlatine.  —  7°  Érysipéle.  — 
8"  Zona.  —  9"  Miliaire,  maladie  millalre,  ou  pourpre.  Pourpre  rouge. 
Pourpre  blanc, —  10°  Urticaire. —  11"  Pemphigus. — Phlegmasies  cutanées 
chroniques.  —  1»  Dartres.  Dartre  furfuracée  ou  farineuse.  Dartre  écaitleuse 
ou   squammeuse.  Dartre  crustacée.  Dartre  rongeante.  Dartre  pustuleuse.  Tac, 

—  2"  Teigne.  Teigne  faveuse  ,  granulée,  furfuracée,  muqueuse ,  amiantacée. 
Les  achores  ,  ou  croûte   laiteuse,  cro;'(<e  </e /at7,  sont  une  espèce  déteigne, 

—  3"  Psoriasis  ou  maladies  psorlques.  Elles  comprennent  l,i  gale  et  les  au- 
tres maladies  psoriques  analogues  ,  désignées  sous  le  nom  de  psydracia. — 
4"  Pli  que. 

Phlegmasies  des  membranes  muqueuses,  ou  catarrhes. —  1°  Ophthal- 

mlc  ou  catarrhe  oculaire.  Ophllialmie  idiopatliique.  Elle  est  légère  ou  forte. 
Ophlhalmle  symptomallque.  Elle  est  varlollque  ,  vénérienne ,  scrophuleuse  , 
ou  dartreuse.  —  2°  Catarrhe  yiasal  ou  coryza,  vulgairement  appelé  rhume  de 

(i)  La  gangrène  est  lextinclion  des  proprie'tés  vitales,  la  destruction  des  mouve- 
ments organiques,  la  mort  locale  de  la  partie  qui  en  est  atteinte.  Gangrène  par  excès 
de  forces.  Gangrène  par  excès  de.  faiblesse.  Gangrène  par  brûlure,  par  contusion 
ex-cessiue,  par  forte  commotion,  par  excès  d'action.  Gangrène  par  congélation,  par 

fièvre  adynamiqiie.  Gangrène  sénile.  Gangrène  dépendante  d'un  vice  or ganiijiie  dans 
les  voies  de  la  circulation  .   Gangrène  par  vice  des  premières  voies,  oiifuroncle.  (Le 

furoncle  m  nomme  vulgairement  clou;  il  lient  à  ïxi  fois  Au  phlegmon,  deVérysi- 
pèle,  et  de  Vantfirax  ou  charbon.  Le  l'uroncle  des  paupières  se  nomme  orgeolet.} 
Gangrène  par  l'action  d'an  principe  délélère.  (Tel  est  Yanlhrax,  qu'on  nomme  pus- 
tule malifinc,  quand  il  est  du  à  une  cause  externe.) 

(2)  Ce  mol  est  synonyme  d'cruplions.  Du  grec  e.vanlhc6,  je  fleuris. 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECLNÊ.  7  îîl 

erveau.  —  3"  Catarrhe  auriculaire  ou  otite.  Otite  interne.  Otite  externe.  On 
dit  aussi  otalgie  (douleur  d'oreille ).  —  k"  Catarrhe  guttural  ou  angine  gut- 
turale. Angine  tonslllaire.  Angine  pharyngée.  Angine  gangreneuse.  — 5"  Ca- 
tarrhe trachéal  ou  angine  trachéale.  Angine  trachéale  non  membraneuse.  An- 
gine trachéale  membraneuse  ou  croup.  —  6°  Catarrhe  pulmonaire. —  7°  Ca- 
tarrhe de  l'estomac ,  ou  gastrite.  Gastrite  spontanée.  Gastrite  accidentelle  ou 
par  empoisonnement.  —  8°  Catarrhe  intestinal.  On  comprend  sous  ce  nom 
l'entérite,  la  diarrhée,  et  la  dysenterie  (1)  Diarrhée  muqueuse.  Diarrhée 
séreuse.  Dysenterie sim pie.  Dysenterie  compliquée. — 9°  Catarrhe  vésical. —  10° 
Catarrhe  urétral ,  ou  blcnnorrhagie.  Blennorrhagie  vénérienne.  Blennorrhagie 
non  vénérienne.  La  Blennorrhagie  vénérienne  se  nomme  plus  souvent  go- 
norrhée.  —  11°  Catarrhe  utéro-vaginal ,  ou  leucorrhée.  C'est  ce  qn'on 
nomme  improprement  fleurs  blanches.  Leucorrhée  locale.  Leucorrhée  consti- 
tutionnelle. —  12°  Aphtiies.  Aphthcs  des  adultes.  Aphthes  des  enfants,  on 
muguet.  Muguet  bénin.  Muguet  confluent  ou  gangreneux. 

Phlegmasies  des  membranes  séreuses. —  1°  Frénésie,  on  inflammation 
des  enveloppes  du  cerveau. —  2°  Spinitis,  ou  inflammation  de  l'arachnoïde 
spinale,—  3°  Pleurésie,  ou  inflammation  des  plèvres.  C'est  une  pleurésie  qui 
a  enlevé  ma  pauvre  mère  en  quatre  Jours,  On  la  désigne  encore  sous  le  nom 
de  fluxion  de  poitrine. — 4°  Péricardite,  ou  inflammation  du  péricarde,  mem- 
brane qui  couvre  le  cœur. —  5°  Péritonite,  ou  inflammation  du  péritoine. 
Péritonite  générale.  Péritonite  locale,  li'omentite ,  la.  gastrite ,  l'hépatique 
n'en  sont  que  des  variétés  peu  remarquables.  Péritonite  simple.  Péritonite 
des  femmes  en  couches. 

Phlegmasies  du  tissu  cellulairsi  ou  phlegmons. — Engelures,— Fu- 
roncles. —  Oreillons.  —  Bubons. 

Phlegmasies  du  parenchyme  des  viscères.  — Les  phlegmasies  viscérales 
sont:  la  cèphalite,  la  péri  pneumonie  ,  la.  carditc ,  Vhépatite,  la  spténite,  la 
néphrite  ,  et  la  métrite. 

Phlegmasies  desorganes  de  la  locomotion. — 1° Rhumalismemusculaire, 
Il  peut  être  général  et  vague,  ou  local  et  fixe.  Dans  ce  dernier  cas,  il  est 
désigné  sous  les  noms  de  p le urody nie,  torticolis,  contracture,  lumbago,  scia- 
tique,  etc.,  selon  les  parties  qu'il  affecte.  Il  est  aigu  ou  chronique.  Rhuma- 
tisme fibreux.  Rhumatisme  synovial. —  2°  Goutte  ou  maladie  arthritique,  af- 
fection arthritique.  Goutte  régulière  ou  des  articulations.  Goutte  irrégulière 
ou  des  viscères ,  on  goutte  interne,  goutte  rentrée.  La  goutte  qui  attaque  les 
pieds  se  nomme  podagre;  celle  qui  attaque  les  genoux  ,  gonagre;  celle  qui 

(l)  L'Académie  ocril  ilysscntcrie,  dj'ssentcrir/ue.  C'est  Lien  à  tort,  puisque  ce  mot 
dérive  du  giec  dus,  diflicilcmcut,  avec  peine,  et  entéron,  intestin  :  dililculté  des  iii- 
teslins.  Eu  latin  djscnlcria. 


"50  V.hEV  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

attaque  les  mains  ,  cliira^'re.  L'exercice ,  ta  diète  végétale,  et  l'eau,  sont  re- 
gardés comme  la  sauvegarde  des  goutteux. 

3°   MALADIES    ORGANIQUES. 

On  les  divise  encore  en  maladies  organiques  proprement  dites,  et  en  maladies 
organiques  improprement  dites.  Les  premières  renferment  deux  ordres. 

1"  ordre.  MALADIES  ORGANIQUES  ACCIDENTELLES.  1»  Sipliilis  (1) 
on  maladie  vénérienne.  Elle  se  manifeste  par  des  symptômes  locaux  ( blennor- 
rliagic,  ciiancres  ,  bubons,  pustules  humides  )  ou  généraux  ( catarrhes  uré- 
thraux ,  vaginaux  ,  oculaires  ,  etc.  ;  ulcères  à  la  vulve  ,  anx  amygdales  ,  à  la 
luette  ,  à  la  membrane  palatine  ,  tubercules ,  pustules  sèches ,  excroissances 
sessiles  ou  pédonculées,  telles  que  crêtes,  condylômes,  fies,  verrues,  poireaux, 
choufleurs ,  périostoses  ,  exostoses,  caries,  etc.) — 2"  Lèpres.  On  comprend 
sous  cette  dénomination,  les  yaws,  Véléphantiasis  (2)  des  Grecs,  fil  celui  des 
Arabes. —  3°  Scorbut.  Scorbut  primitif.  Scorbut  secondaire. —  4°  Scrophules 
ou  écrouelles.  Cette  maladie  donne  quelquefois  lieu  à  des  symptômes  gra- 
ves ,  tels  que  les  ulcères,  ]a  phlhisie,  le  carreau ,  le  spinosa  ventosa ,  les  6u- 
bons ,  le  rachilis ,  les  gibbosités,  les  tumeurs  blanches  des  articulations ,  les 
diverses  caries ,  l'ophlhalmie,  la  fistule  lacrymale. 

2»  ordre.  MALADIES  ORGANIQUES  ESSENTIELLES.  Ces  maladies  sont 
les  tubercules  ou  dégénérescences  tuberculeuses,  et  le  cancer.  Tubercules  enkys- 
tes ,  non  enkystés.  Cancer  primitif.  Cancer  secondaire  ou  ulcère  carcinomaleux. 

Les  maladies  organiques  improprement  dites  sont  celles  qui  ne  font  que 
porter  atteinte  à  la  structure  des  parties,  par  une  solution  de  continuité, 
avec  ou  sans  perte  de  substance.  Telles  sont  les  plaies  et  les  ulcères. 

PLAIES.  —  Plaies  simples.  — Plaies  qui  suppurent.  — Piqûres. — Contusions 
ou  meurtrissures.  —  Plaies  par  arrachement. —  Plaies  d'armes  à  feu.  —  Plaies 
avec  fracas  des  os  et  écrasement  des  membres.  —  Plaies  envenimées.  Plaies 
faites  avec  la  pointe  d'un  scalpel.  Plaies  faites  par  des  insectes  réputés  veni- 
meux. Piqûres  de  l'abeille  ,  de  la  guêpe.  Morsures  de  la  vipère  ou  d'autres 
reptiles.  Morsures  des  animaux  enragés. 

ULCÈRES.  Ulcère  idiopathique  ou  atonique.  11  peut  être  récent  ou 
ancien,  critique,  calleux,  variqueux,  gangreneux,  ou  vermineux. —  Ulcère 
symptomatique  ou  dépendant  d'une  maladie  générale.  Il  peut  être 
scorbutique,  scrophulcux,  vénérien,  carcinomateux  ,  dartreux ,  teigneux, 
psorique,  etc.  Les  ulcères  vénériens  ou  siphililiques  se  nomment  encore 
chancres,  et  se   divisent  en  primitifs  et  consécutifs  ou  secondaires.  Chancre 

(1)  L'Académie  écrit  syphilis,  ))ien  que  ce  nom  dérive  du  grec  5(/>/;/o5 ,  vilain  , 
ssle  ,  difforme,  houleux. 

(2)  Du  grec  clepluis,  elephnnlos,  éléphant,  parce  que  ceux  qui  sont  attaque's  de 
<elle  maladie  oiitla  peau  dure,  épaisse,  et  rugueuse,  comme  celle  des  éléphants.  G  est 
une  épouvantable  maladie. 


SIGNES  DIVERS.  MÉDECINE.  751 

indolent.  Chancre  inflammatoire.  Chancre  slationnairc.  Chancre  ronf^eanl.  Le 
siège  de  V ulcère  carcinomateux  est  le  plus  souvent  à  la  face,  surtout  au  nez, 
qu'il  détruit  rapidement  et  de  la  manière  la  plus  affreuse  ,  après  ne  s'être 
annoncé  que  par  un  petit  bouton  rougeâtre,  qui  n'affecte  d'abord  que  la 
peau  seule. 

II. 

maladies  des  organes  du  sentiment  • 

C'est    à    dire  ,  DES  organes    DES    SENS  ,  DES  NERFS  ,  DU  CENTRE  CEN- 
SITIF  OU  DE  LA  MOELLE  ÉFINIÉRE ,    et  DU  CERVEAU. 

Maladies  des  organes  des  sens. 

1°  MALADIES  DES  ORGANES  DE  LA  VUE.  Maladies  des  parties  externes 
de  l'œil.  — 1"  Plaies  des  sourcils. —  2°  Adhérence  des  paupières.  —  3°  Plaies 
des  paupières.  —  à"  Ulcères  des  paupières. — 5°  Renversement  des  paupicres. — 
6°  Chute  ou  prolapsus  de  la  paupière  supérieure. —  7°  Tumeurs  enkystées  des 
paupières. —  8°  Orgeolet  ou  grain  d'orge. —  d"  Excroissance  de  la  caroncule 
lacrymale. —  10°  Squirrhe  de  ta  glande  lacrymale. —  11°  Maladies  des  points 
et  des  conduits  lacrymaux. —  12°  Tumeur  et  fistule  lacrymale. 

Maladies  du  globe  de  l'œil. — 1°  Plaies  de  la  conjonctive. — 2°  Plérygion. 
—  3°  Excroissance  de  la  cornée.  —  lx°  Staphilomes.  Staphilome  de  la  cornée  , 
de  ta  sclérotique,  de  la  choroïde,  de  l'iris.  —  5°  Plaies  de  la  cornée. —  6°  Ta- 
ches de  la  cornée.  Nuage.  Albugo.  Leucoma  ou  cicatrice  de  la  cornée. —  7°  Ul- 
cères de  la  cornée. —  8°  Plaies  de  la  sclérotique.  —  9°  Abcès  oculaires.  Ils  ont 
leur  siège  dans  la  conjonctive  (  pustules  ) ,  entre  les  lames  de  la  cornée  (  un- 
guis  ,  onyx),  dans  la  chambre  antérieure  et  quelquefois  postérieure  de  l'œil 
(  hypopion  ) ,  ou  dans  toute  la  cavité  de  cet  organe  (grand  abcès  de  l'œil  ) 
— 10°  Cancer  oculaire. — 11°  Hydrophlhalmie  {hydropisic  de  l'œif). — 12°  Oc- 
clusion de  la  pupille. — 13°  Cataracte  {opacité  du  cristallin  ou  de  sa  capsule). 
— ili° Myopie,  ouvuecourte. — lb°  Presbytie,  ou  vue  longue. — 16°  Strabisme, 
ou  vue  louche. 

Maladies  des  nerfs  ou  névroses  optiques. —  1°  Nyclalopie ,  ou  vue  de 
nuit. — 2°  Héméralopie,  ou  vue  diurne. — 3°  Goutte  sereine,  ou  paralysie  du 
nerf  optique.  Le  glaucome,  généralement  regardé  comme  une  maladie  du 
corps  vitré  ,  n'est  qu'une  variété  de  la  goutte  sereine.  hA  goutte  sereine  se 
nomme  encore  amaurose. —  4°  Illusion  de  la  vue. 

2°  MALADIES  DES  ORGANES  DE  L'OUÏE.  Maladies  du  pavillon 
de  l'oreille  ou  de  l'auricule. —  Plaies  de  l'auricule. 

Maladies  du  conduit  auditif  externe. —  1°  Son  obstruction. —  2»  Son 
rétrécissement. —  3°  Dessicalion  du  cérumen.  —  4°  Otite. —  5°  Corps  étran- 
gers, —  6°  Polvpes. —  7°  Ecoulement  purulent. 


t^2  CI.EF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Maladies  de  l'oreille  interne. —  1°  Ihlâclicmenl  de  la  membrane  du  tym- 
pan.—  2"  Epaississemcnt  de  la  membrane  du  tympan.  Épaisstsseynent  de  la 
trompe  d'Eustache.  —  3°  Carie  de  la  caisse  du  tympan.  Carie  de  la  portion 
mastoïdienne  du  temporal. —  4°  Destruction  de  la  membrane  du  tympan.  Des- 
truction des  osselets  de  l'ouïe.  • 

Maladies  des  nerfs  ou  névroses  acoustiques. —  1°  Excès  de  la  sensibililé 
acoustique. —  2"  Diminution  on  abolition  de  la  sensibilité  acousligue ,  c'ast 
à  dire  ,  dureté  d'oreille  ou  surdité.  —  ?>°  Dépravation  o\\  sensation  fallaccs  de 
l'ouïe.  Bruits,  bourdonnements,  tintements  d'oreille. 

3°  MALADIES  DES  ORGANES  DE  X.'ODORAT.  Maladies  des  narines.— 

1*   Obstruction  des  narines. —  2"   Oblitération  des  narines. —  i°  Contusions 
et  fractures  du  nez. —  li"  Plaies  du  nez. 

Maladies  des  fosses  nasales. —  1"  Coryza. —  2"  Ozène,  ulcère  de  la  pi- 
tuitaire. —  3"  Polypes.  Polypes  véstculaires.  Polypes  sarcomateux. 

Maladies  des  sinus  nasaux.  —  1"  Abcès  et  fistules  du  sinus  maxillaire.  — 
2°  Fongosités  du  sinus  maxillaire. —  3°  Lésions  des  autres  sinus. 

4^  MALADIES  DES  ORGAVES  DU  TO0CHER.  —  1»  Fices  de  conformation. 
Doigts  surnuméraires.  Doigts  réunis. —  2°  Engelures.  L'engelure  est  une  es- 
pèce d'érysipâle  phlegmoneux.  —  3"  Panaris.  —  4°  Verrues. —  5°  Callosités  et 
gerçures  de  la  peau  des  mains.  — 6°  Cors.  Les  cors  sont  des  tubercules  ou  duri- 
llons qui  viennent  aux  pieds,  par  la  compression  qu'exercent  des  chaussures 
trop  rudes  ou  trop  étroites.  La  colonne  Vendôme  reprochait  à  la  colonne  de 
Juillet ,  au  pied  de  la  quelle  sont  enterrés  les  héros  des  trois  jours,  de  n'a- 
voir pas  assisté  au  convoi  funèhre  de  Napoléon.  «  Hélas  ,  répondit-elle, 
j'ai  des  cors  (  des  corps  )  aux  pieds.  » 

Maladies  des  nerfs  conducteurs  de  la  sensation. 

Iiésions  mécaniques  des  nerfs.  —  1"  Compression.  —  2°  Contusion. — 
3°  Section  des  nerfs.  Section  complète.  Section  incomplète. 

Iiésion  de  la  sensibilité  des  nerfs  ou  névralgies.  —  1"  Névralgie  sus-or- 
bitaire  ou  frontale. —  2"  Névralgie  sous-orbitaire  (Tic  douloureux  du  visage.  ) 
—  3°  Névralgie  dentaire  on  maxillaire,  ou  odonlalgie.  —  i°  Névralgie  fémoro- 
poplitce,   ou  scialiquc. —  5°  Névralgie  plantaire,  —  6°  Névralgies  anomales. 

Maladies  du  centre  sensitif  ou  du  cerveau  et  de  la  moelle 
épinière. 

i"  Plaies  de  tête. Plaies  par  un  instrument  piquant,  tranchant,  ou  contondant. 
— 2»  Commotions  du  centre  sensitif.  Commotionsdu  cerveau.  Commotions  de  la 
moelleépiniére. — 3°  Inflammation  du  centre  sensitif.  Spinitis.  Frénésie.  Inflam- 
mation traumatique  phlegmoneuse  du  cerveau  et  de  ses  membranes.  Inflam- 
mation   traumalique  bilieuse  des  membranes  du  cerveau. —  l)"  Compression 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECINE.  755 

au  centre  sensltif.  Compression  du  cerveau.  Compression  par  l'enfoncement 
■des  os  du  crâne,  par  des  esquilles,  par  des  corps  étrangers ,  par  des  èpanche- 
ments  purulents  ou  sanguins.  Les  cpanchements  sanguins  sont  presque  constam- 
ment mortels.  C'est  d'un  épanchemcnt  de  ce  genre,  causé  par  une  violente  secousse 
morale,  qu'est  morte  la  femme  divine  dont  le  souvenir  ne  s'effacera  jamais 
dans  mon  cœur.  Compression  de  la  moelle  èpinière.  Compression  par  fracture 
de  la  colonne  vertébrale.  Compression  par  luxation.  Compression  par  dévia- 
tion. Compression  par  l'épanchement  d'une  humeur. —  5°  Hydropisies  du  cer- 
veau et  du  canal  vertébral.  Hydrocéphale ,  ou  hydropisie  du  cerveau.  Hydrocé- 
phale avec  distension  des  os  du  crâne.  Hydrocéphale  sans  distension  du  crâna 
(Jiydropisiedes  ventricules). Hydrorachis,  on  hydropisie  vertébrale.-  ■Q°  Tumeurs 
fongueuses  de  laduremère. — 7°  Encéphalocèle,  ou  hernie  du  cerveau. — S°Hy- 
pocondrie,  (  On  la  reconnait  à  ces  caractères:  Eœpuition  fréquente,  nausées^ 
dégoût  -alternant  avec  un  appétit  vorace ,  tensions  par  intervalle  ,  gonflement 
■et  pulsation  irrégulière  deVaLhdoiaen,  douleur  gravalive  de  l'estomac  et  des 
Intestins  après  le  repas,  éructations ,  rapports  acides,  coliques  vagues,  borbo- 
rygmes,  flatuosités  incommodes,  constipation  ou  diarrhée.  ).  —  9"  Aliénations 
mentales.  B/lèlancoUe  (1).  Mélancolie  simple.  Panophobie,  Regrets  profonds. 
Érotamanie ,  Délire  d'amour.  Démonomanie.  Nostalgie,  ou  mal  du  pays. 
Théomanie.  Mélancolie  avec  penchant  au  suicide.  Manie.  Manie  continue. 
Manie  intermittente.  Manie  avec  délire.  Manie  sans  délire.  Démence.  Idio- 
tisme. Idiotisme  originaire.  Idiotisme  accidentel.  —  10°  Somnambulisme.  — 
11°  Somnambulisme  artificiel.  Somnambulisme  naturel.  Il  est  ordinaire  ou 
pathologique. —  12°  Hydrophobie  ou  rage.  Hydrophobie  symptomatique.  On 
l'a  observée  dans  les  fièvres  ataxiques  ,  et  dans  certaines  plilegmasies» 
Hydrophobie  essentielle.  Rage  ou  hydrophobie  communiquée  par  un  animal  en- 
ragé. Hydrophobie  traumatique  sitrveiiue  à  la  suite  d'une  blessure,  ou  de  la 
morsure  d'un  animal  non  enragée  Hydrophobie  spontanée. —  13°  Affections 
comateuses.  Catalepsie.  Catalepsie  symptomatique.  Catalepsie  idiopathique. 
Epilepsie,  ou  mal  caduc  ,  haut  mal,  Épilepsie  symptomatique.  Epitepsie  idio- 
pathique ou  cérébrale,  Epilepsie  sympathique.  Apoplexie.  Apoplexie  légère 
ou  imparfaite.  Apoplexie  violente.  Apoplexie  foudroyante.  Apoplexie  symp- 
tomatique. Apoplexie  idiopathique.  Elle  est  sanguine  ,  séreuse,  ou  nerveuse» 
Apoplexie  sympathique.  Elle  est  gastrique  ou  cardiaque, 

IIÏ. 

HAladles  des  organes  de  la  locomotion* 

Deux  systèmes  d'organes  ,  le  musculaire  et  l'osseux,  concourent  à  la 
locomotion. 

(i)  Dans  le  langage  ordinaire,   ce  mot  signifie  seulement  tristesse,  ou  disposition 
à  In  rêverie. 

T,  II.  9S 


75^  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Maladies  du  système  musculaire. 
Les  maladies  du  système  musculaire  comprennent  celtes  des  muscles  et 
celles  des  parties  aponcvroiiqucs. 

1°  MALADIES  DES  MUSCLES.  Maladies  musculaires  dépendantes 
du  système  nerveux. —  1°  Paralysie.  Elle  peut  avoir  lieu  dans  tout  un  côté 
du  corps  (  hémiplégie) ,  dans  sa  partie  inférieure  {paraplégie),  ou  se  borner 
à  quelques  muscles  tels  que  oeux  de  la  face ,  des  bras  ,  ou  même  à  un  seul. 
2°  Convulsions,  ou  spasmes.  Elles  peuvent  être  générales  ou  partielles,  con- 
tinues ou  intermittentes ,  accidentelles  ou  habituelles. —  3°  Tétanos.  Il  con- 
siste dans  une  contraction  involontaire  des  muscles ,  sans  aucune  alterna- 
tive de  relâchement.  Il  peut  être  partiel  ou  universel.  Lorsqu'il  est  général, 
le  corps  est  plié  en  avant  {cmprostholonos),  ou  en  arrière  {opisthotonos), 
ou  sur  un  des  côtés  en  forme  d'arc  (pleurosthotonos) .  Tétanos  des  nou- 
veau-nés.  Il  n'attaque  que  les  individus  qui  habitent  l'Amérique.  Tétanos 
par  affection  morale.  Tétanos  par  irritation  interne.  Tétanos  traumatique  par 
irritation  externe.  Il  naît  ordinairement  à  la  suite  des  plaies  douloureuses. 

Maladies  propres  aux  muscles. —  1"  Plaies  des  muscles.  Contusions. 
Sections. — 2°  Ruptures  spontanées. — 3°  Déplacements  et  hernies  des  muscles. 
—  4°  Rhumatisme  musculaire. 

2°  MALADIES  DES  PARTIES  AFONÉVROTIQITES .  Iiésions  des  ten- 
dons.—  1°  Plaies  des  tendons. —  2°  Ruptures  des  tendons.  Rupture  du  ten- 
don d'Achille,  du  calcanéum.  Rupture  des  tendons  extenseurs  de  la  Jambe , 
du  ligament  inférieur  de  la  rotule.  Rupture  du  tendon  de  l'extenseur  de  l'a- 
vant-bras. Rupture  de  Volécrâne.  —  3°  Ganglions ,  Certaines  humeurs  en- 
kystées. 

Iiésions  des  aponévroses. — Dénudation,  destruction,  solution  de  conti- 
nuité des  aponévroses. 

Maladies  du  système  osseux. 

Les  maladies  du  système  osseux  comprennent  celles  des  os  et  celles  des 
articulations. 

1°  MALADIES    DES    OS.  Xésîons  physiques  des   os.  —  1°    Fractures. 

Fractures  transversales  ou  perpendiculaires  à  t'axe  de  l'os.  Fractures  obli- 
ques. Fractures  comminutives  ou  en  divers  sens.  Fractures  simples.  Fractures 
compliquées  de  contusion.  Fractures  compliquées  de  plaie.  Fractures  compli- 
quées de  luxation.  Fractures  compliquées  d'infiltration  artérielle  ou  veineuse. 
Fractures  de  la  clavicule,  de  l'omoplate ,  de  l'humérus,  de  l'avant-bras,  des 
os  de  la  main,  du  fémur  ,  de  la  jambe.  Fractures  des  os  du  pied.  Fractures  du 
crâne,  de  la  mâchoire  inférieure,  des  dents,  des  os  propres  du  nés ,  des  ver- 
tèbres, du  sternum,  des  côtes ,  des  os  du  bassin. 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECIiVE.  755 

XiésioDS  vitales  et  organiques  des  os. —  1"  Exosiose,  ïunieur  de  l'os, 
immobile  et  d'une  solidité  osseuse,  se  terminant,  comme  les  phlegmons  du 
tissu  cellulaire ,  par  résolution  ,  par  suppuration ,  par  induration  ,  etc. 
Exostose  générale  ou  symptomatiqiie,  locale  ou  idiopathlque. —  2"  Carie. 
L'exostose  précède  presque  toujours  la  carie,  qui  est  aux  os  ce  que  l'ulcère 
est  aux  parties  molles.  Carie  du  tympan.  Carie  du  larynx.  Carie  des  dents. — 
3°  Ostéosarcomc,  L'exostose,  la  carie,  et  l'ostéo-sarcomc,  ne  sont  fréquem- 
ment que  les  trois  degrés  d'une  même  maladie.  L'ostéo-sarcome  est  un 
mal  grave  et  alarmant  ,  dès  qu'il  est  prononcé.  Cette  maladie  a  de  nom- 
breuses variétés  ,  dont  les  deux  principales  sont  l'ostéo-sarcome  proprement 
dit  (dégénérescence  de  l'os  en  une  substance  mollasse  ,  lardacée,  grisâtre, 
et  semblable  à  celle  d'une  glande  cancéreuse)  etlespina  renifo^a  (dila- 
tation du  tissu  osseux  et  formation  dans  son  intérieur  de  chairs  fongueuses). 
— 4°  Nécrose.  La  nécrose  est  à  l'os  ce  que  la  gangrène  est  aux  parties 
molles.  C'est  la  même  chose  que  sphacéle ,  ou  sidéraiion ,  ou  mortification 
complète.  Nécrose  des  os  larges.  Nécrose  des  os  longs. — 5"  Racltitis.  Il  consiste 
dans  le  ramollissement  des  os,  provenant  de  la  privation  du  phosphate  cal- 
caire qui  leur  donne  la  solidité. 

2°  niALADlES  DES  ARTlctTLATlOîiS.  Iiésions  physiques.  —  1°  Plaies 
des  articulations.  Luxations  ou  déviations.  11  y  a  luxation  toutes  les  fois  que 
les  extrémités  articulaires  des  os  cessent  de  se  correspondre.  Luxation 
incomplète.  Luxation  complète  ou  diastase.  Luxation  de  la  clavicule ,  de  l'hu- 
mérus ,  des  os  de  l'avant- bras ,  de  la  main  ,  du  fémur ,  de  la  rotule  ,  des  os  de 
la  Jambe,  des  os  du  pied  sur  la  jambe,  de  la  mâchoire  inférieure ,  des  vertè- 
bres, des  os  du  bassin.  Luxation  en  avant.  Luxation  en  arrière.  Luxation  sur 
les  côtés. 

Iiésions  organiques  et  vitales. —  1"  Goutte.  —  2°  Rhumatisme  fibreux  et 
synovial. —  3°  Entorse.  Elle  consiste  dans  le  tiraillement  et  même  le  dé- 
chirement des  parties  molles  qui  environnent  quelques  articulations.  En- 
torse légère.  Entorse  grave.  Entorse  compliquée  de  diastase  ou  dis-jonction  des 
extrémités  articulaires. —  4°  Hydrarthrosc  ou  hydropisie  des  articulations. 
Elle  n'a  été  observée  qu'à  l'articulation  du  genou. —  5°  Corps  étrangers. — 
6°  Tumeurs  blanches  ou  fungus  articulaire.  Tumeur  rhumatisante.  Tumeur 
scrophuleuse.  La  luxation  spontancedu  fémur  est  une  véritable  tumeur  blanche 
des  articulations. —  7°  Ankilose,  DifBculté  ou  impossibilité  de  mouvoir  une 
articulation.  Ankilose  complète  ou  vraie.  Anhilosc  incomplète  ou  fausse.  — 
8">  Pieds  bots ,  Torsion  congéniale  des  pieds. — 9°  Ongle  entré  dans  la  chair. 
Les  gros  orteils  sont  le  siège  de  cette  maladie. 

ÏV. 

maladies  des   Organes  de   la  Dig^estion. 

Oo   les  divise  en   maladies    des  organes  de   la  digestion  préparatoire   ei 


756  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

maladies  des  organes  de  la  digestion  proprement  dite.  Les  premières  com- 
prennent celles  de  la  mastication  et  celles  de  la  déglutition. 

i°  Maladies  des  organes  de  la  mastication.  Maladies  des 
lèvres.  —  1»  Réunion  congéniale  des  lèvres.  —  2"  Bec-de- lièvre.  11  est  naturel' 
ou  accidentel.  —  3"  Plaies.  —  4°  Ulcères  et  boutons  cancéreux. 

Maladies  des  mâchoires.  —  1»  Fracture  de  la  mâchoire  inférieure.  — 
2°  Luxation  de  la  mâchoire  inférieure.  — 3"  Carie  des  os  maxillaires. 

Maladies    des    dents    et    des    gencives.   —  1"   Fractures  des    dents. 

—  2"    Ebranlement  des  dents.  —  3°  Tartre  des  dents.  —  4*  Carie  dentaire. 

—  5°  Ulcères  et  tumeurs  des  gencives.  On  a  donné  le  nom  d'épulies  à  des 
tum^eurs  fongueuses  des  gencives. 

Maladies  des  organes  salivaires.  —  1°  Inflammation  des  parotides, 
vulgairement  oreillons,  parce  que  ces  tumems  sont  auprès  des  oreilles.  — 
2°  Abcès  de  la  parotide.  —  3""  Engorgements  stjuirrheux  de  la  parotide.  — 
4°  Ulcération  de  la  parotide. —  5"  Concrétions  et  fistules  du  conduit  parotidien. 

—  6°  Grenouillette  ou  ranule.  Tumeur  édémateuse,  située  sous  la  langue, 
qui  ùte  la  liberté  de  la  parole,  en  sorte  qu'on  ne  peut  parler  qu'en  croas- 
sant comme  les  grenouilles. 

Maladies  de  la  langue.  —  1"  Adhérence  congéniale  de  ses  bords.  — ■ 
2°  Longueur  excessive  de  son  frein  ou  Filet. —  3°  Plaies  et  ulcères  de  ta 
langue.  —  4°  Carcinome  ou  tumeur  cancéreuse  de  la  langue.  —  5°  Gonfle- 
ment de  la  langue. 

2°  Maladies  des  organes  de  la  déclutition.  Maladies  du 
voile  du  palais,  des  amygdales ,  du  pharynx.  —  1"  Prolongement  de 
la  luette.  —  2°  Engorgement  des  amygdales.  — '  3»  Abcès  des  amygdales  et  du 
pharynx.  —  4°  Plaies  du  pharynx. 

Maladies  de  l'ésophage.  —  1°  Plaies  de  l'ésophage.  —  2°  Corps  étran- 
gers, tels  que  balles  de  plomb,  pièces  de  cuivre,  croûtes  de  pain,  esquilles 
d'os,  arêtes,  épingles,  etc.  —  3°  Cancer  de  l'ésophage.  —  4°  Rétrécissement 
de  l'ésophage.  Il  est  spasmodique,  ou  bien  il  résulte  de  l'épaississemcnt  de  ses 
tuniques,  et  quelquefois  d'une  compression  exercée  par  l'engorgement  des 
glandes  lymphatiques.  — 5"  Paralysie  et  rupture  de  l'ésophage. 

Les  maladies  des  organes  de  la  digestion  proprement  dite  sont  celles  des 
Organes  de  l'abdomen  qui  concourent  à  ta  digestion. 

1°  Maladies  des  organes  abdominaux.  Plaies  abdominales.  — 
l»  Plaies  7ion  pénétrantes.  —  2"  Plaies  pétiéirantes.  Elles  sont  tantôt  sim- 
ples, tantôt  compliquées  de  la  sortie  des  viscères.  —3°  Plaies  des  intestins. 
Dans  ces  plaies,  tantôt  l'organe  blessé  est  resté  dans  la  cavité  abdominale, 
tantôt  il  en  est  sorti.  —  4°  Plaies  de  l'estomac.  —5°  Plaies  du  foie,  de  la 
vésicule  du  fiel,  de  la  rate,  des  veines,  et  des  artères  d'un  certain  calibre. 


SIGNES  DIVERS,  MÉDECIÎJE.  757 

£l>anchenients  traumatiques  abdominaux.  —  1°  Épanchement  de  bile. 
— 1"  Épanchement  d'urine. —  h"  Epanchement  des  matières  fécates. — !i°  Épan- 
chements  sanguins. 

Indammations  abdominales.  —  1°  Hépatite,  on  Inflammation  du  foie. 
Hépatite  aiguë  superficielle.  Hépatite  aiguë  profonde.  Hépatite  chronique. 
Une  des  terminaisons  les  plus  funestes  de  l'hépatite,  c'est  la  gangrène. 
Le  squirrhe  et  le  cancer  du  foie  peuvent  aussi  succéder  à  une  inflammation 
de  cet  organe.  —  2°  Spiénite,  ou  Inflammation  do  la  rate.  —  3°  Gastrite. 
—  4°  Catarrhes  intestinaux.  —  5"  Péritonite. 

Abcès  abdominaux.  —  1°  Abcès  de  l'abdomen.  Abcès  déterminés  par  une 
contusion.  Abcès  par  corps  étrangers.  Abcès  par  Inflammation  membraneuse. 
Abcès  du  foie.  Tumeur  de  la  vésicule  du  fiel.  —2"  Abcès  du  rectum,  Abeés 
non  stercoraux.  Abcès  stercoraux. 

Fistules  de  l'abdomen.—  Fistules  de  Ccstomac,  des  intestins,  du  foie,  de 
ta  vésicule.  — Fistules  du  rectum.  Elles  sont  stercorales  ou  non  stercorales, 
sitnpies,  ou  composées,  ou  compliquées  de  callosités,  de  corps  étrangers,  tels 
que  pépins,  noyaux,  etc. 

Hernies  abdominales  eu  Descentes.  Ce  sont  des  tumeurs  molles,  ordi- 
nairement élastiques,  sans  changement  de  couleur  à  la  peau,  situées  à  la 
circonférence  ou  à  la  surface  de  l'une  des  cavités  splanchniques,  et  for- 
mées par  la  sortie  partielle  ou  totale  de  quelqu'un  des  viscères  qui  y  sont 
contenus  (Acad.).  —  1"  Hernie  inguinale.  On  la  nomme  incomplète  ou  Bu- 
bonocèle,  quand  elle  se  borne  à  l'aine;  scroiate,  quand  elle  descend  jus- 
qu'au fond  des  bourses;  Épiplocèle,  quand  elle  contient  l'épiploon; 
Entérocète,  quand  c'est  les  intestins  ;  et  Entèro-cpiplocèle,  quand  c'est  à  la 
ibis  les  intestins  et  l'épiploon.  La  hernie  inguinale  est  sujette  à  plusieurs 
accidents.  Ces  accidents  sont  :  Le  volume  et  l'ancienneté  de  la  tumeur  ;  les 
adhérences;  l'engouement,  c'est  à  dire,  l'accumulation  des  matières  fécales 
Ou  alimentaires  dans  la  portion  Intestinale  qui  forme  hernie;  enfin,  l'étran- 
glement des  viscères  par  l'ouverture  qui  leur  livre  passage.  —  2°  Hernie  con- 
géniale.  On  peut  la  regarder  comme  une  variété  de  l'inguinale.  —  3"  Her- 
nie crurale,  Celle  qui  passe  sous  l'arcade  des  vaisseaux  cruraux,  fréquente 
chez  les  femmes,  —  4°  Hernie  ombilicale,  ou  Exompbatc,  Elle  survient  aux 
enfants  en  bas  âge,  et  aux  femmes  à  la  suite  de  plusieurs  grossesses.  Cette 
hernie  est  facile  à  réduire,  et  son  étranglement  est  rare.  — 5°  Hernies  de 
la  ligne  blanche.  KUes  portent  le  nom  d'éventrations,  lorsqu'elles  parvien- 
nent à  une  grosseur  excessive,  comme  jusqu'à  former  un  sac  qui  descend 
sur  les  cuisses,  et  contient  non  seulement  la  masse  intestinale  et  l'épi- 
ploon ,  mais  encore  la  matrice  elle-même  remplie  par  le  fœtus.  — 
6'  Hernies  de  l'estomac,  —  7"  Hernies  par  le  trou  ovalaire  et  l'échancrurc 


7^8  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

iscfiiatiqitc.  Ces  deux  espèces  de  hernies  sont  aussi  rares  que   difficiles  à 
reconnaître.  —  8"  Hernies  Ihoracigties. 

Invagination ,  renversement  des  intestins.  —  1°  Invagination  des 
intestins  prèles  dans  la  cavité  abdominale.  D'horribles  coliques  qu'on  a 
appelées  miserere  sont  la  suite  de  cet  accident.  Le  malade  meurt  au  mi- 
lieu des  douleurs  les  plus  atroces.  —  2"  Invagination  et  renversement  des 
intestins  grêles  par  l'anus  naturel,  par  tes  anus  artificiels. 

Polypes  abdominaux.  — Polypes  du  rectum.  Ils  sont  situés  dans  la 
membrane  interne  du  rectum. 

Cancers  abdominaux.  —  Cancers  du  conduit  alimentaire.  Ils  ont  leur 
siège  dans  l'estomac  ou  les  intestins.  Cancer  de  l'estomac,  squirrhe  du 
cardia  ou  du  pylore.  Cancer  des  intestins.  Il  peut  en  venir  jusqu'à  présen- 
ter tous  les  symptômes  de  l'iléus  ou  passion  iliaque.  Cancers  du  rectum. 

Corps  étrangers  abdominaux.  —  i"  Corps  étrangers  du  rectum.  Ils  com- 
prennent les  concrétions  stercorales  et  les  corps  introduits  par  la  bouche  ou 
/  anus. —  2°  Concrétions  biliaires.  Elles  se  rencontrent  le  plus  souvent  dans 
la  vésicule  du  fiel ,  quelquefois  dans  la  substance  du  foie.  Elles  produisent 
des  coliques  violentes,  l'iclure,  des  mouvements  convulsifs,  etc. —  3°  F'ers 
intestinaux.  Il  y  a  trois  espèces  de  vers  intestinaux  :  les  ascarides,  au  corps 
grêle  et  cylindrique  ,  de  la  longueur  de  huit  à  douze  millimètres;  les  lom- 
brics, au  corps  également  rond,  mais  de  la  longueur  de  dix  à  quinze  cen- 
timètres ,  et  le  ténia  ou  ver  plat,  qui  est  aplati  comme  un  ruban,  fort  long, 
et  annelé.  On  le  nomme  aussi  ver  solitaire. 

Mon  premier  est  cruel  quand  il  est  solitaire. 

Mon  second  moins,  honnête  ,  est  plus  tendre  que  cous. 

Mon  tout  à  votre  cœur,  dès  l'enfance,  a  su  plaire, 

Et,  parmi  vos  attraits,  c'est  le  plus  beau  de  tous.  (  VoLTAlRE.) 

Obstructions  de  l'abdomen. —  Les  cancers  abdominaux ,  les  concrétions, 
l'invagination,  peuvent  être  rapportés  à  cet  ordre. — Obstructions  du  rectum. 
Obstruction  par  vice  de  conformation.  Obstruction  par  un  état  pathologique , 
c  est  à  dire  ,  par  excroissances  siphiiUiques ,  etc.  —  Gonflement  de  la  rate. 
Il  est  en  général  l'effet  des  fièvres  intermittentes. 

Névroses  abdomidales.  —  1"  Ictères,  ou  Jaunisse.  Ictère  des  adultes. 
Ictère  des  nouveau-nés.  Le  Tpremier  est  idiopatliique,  ou  critique,  |ou  symp- 
iomatique.  Il  a  lieu  par  inflammation  du  foie,  par  obstruction  ou  oblitération 
du  canal  cholédoque,  par  affection  nerveuse  subite  ou  par  affection  nerveuse 
lente.  \j  ictère  des  nouveau-nés  diffère  peu  de  celui  des  adultes. —  2°  Iléus, 
ou  volvulus ,  on  passion  iliaque,  vulgairement,  miserere.  Il  est  symptomati- 
que  ou  nerveux.  —  3°  Coliques.  Coliques  non  saturnines.  TAies  sont  sympto- 
matiques  ou  nerveuses.  Colique  de  plomb,  ou  Maladie  saturnine.  On  la 
nomme  aussi  Colique  des  peintres ,  parce  que  les  peintres  y  sont  sujets.  — 
II"  Vomissement,    Vomissement   symptomatique.    Vomissement   nerveux  ou 


SIGNES  DIVERS.     MEDECINE.  759 

spasmodiqite.  —  5"  Cardialgie,  Douleur  à  l'épigastre  ,  accompagnée  de  dé- 
faillances, de  palpitations  de  cœur  ,  de  sueurs  froides ,  et  d'une  anxiété  si 
grande  qu'on  veut  à  tout  moment  changer  de  place. —  6°  Pyrosie,  Sensa- 
tion de  chak'ur  ardente  dans  l'estomac  (  de  pj-r,  feu  ). —  7°  Dyspepsie,  Di- 
gestion lente,  souvent  pénible,  et  quelquefois  même  douloureuse  (  du  giec 
f/î«,  difficilement ,  et /jep/e,  je  cuis  ).  —  8°  Boulimie  OU  faim  canine  ,  (du  grec 
bous,  Lœuf,  et  liinos ,  faim  :fiii/n  de  hœnf).  —  9°  Pica  ,  appétit  dépravé  (  en  grec 
pissa.  Quelques  uns  pre'tendent  qu'on  a  donné  à  celle  maladie  le  nom  latin  de  pica, 
pie  ,  à  cause  des  couleurs  oppose'es ,  le  Llauc  el  le  noir,  qui  distinguent  cet  oiseau  ,  et 
qui  expriment  la  difFe'rence  des  mets  qu'on  désire  avec  les  mets  ordinaires.) 

V. 
Maladies  des  organes  de  la  clrciilafion. 

Les  organes  de  la  circulation  sont  le  cœur  et  ses  dépendances,  les 
veines,  et  le  système  capillaire. 

1°  MALADIES  DIT  CŒUR  ET  DE  SES  DÉPENDANCES.  —  Iiésions  physi- 
ques du  cœur.  —  Plaies  du  cœur.  Plaies  non  pénétrantes.  Plaies  pénétrantes. 

Iiésions  organiques  du  cœur. —  1°  Anévrysmes  du  cœur  (du  gi-ec  ancu- 
runô,  je  relâclie  ) ,  Tumeurs  contre  nature ,  faites  de  sang  ,  par  la  dilatation 
ou  l'ouverture  d'une  artère.  Anévrysme  actif.  Anévrysmc  passif. —  2°  Trop 
grande  force  du  ventricule  gauche  du  cœur.  Cet  excès  de  force  est  une  dispo- 
sition prochaine  à  l'apoplexie. 

Xiésions  vitales  du  cœur.  — 1°  Cardite,  Inflammation  du  cœur. —  2°  Pé- 
ricardite.  Inflammation  du  péricarde.  —  3°  Ilydropéricarde  ou  Ilydropisie 
du  péricarde. — 4°  Palpitations.  Elles  sont  presque  toujours  le  symptôme  de 
quelque  autre  affection.  Pa//jJ<a/(ons  symptomatiques.  Palpitations  nerveuses. 

—  5°  Syncope  (  du  grec  sunltôptô ,  je  ruine  ,  j'assomme) .  Elle  consiste  dans  la 
diminution  ou  la  suppression  des  mouvements  du  cœur  et  du  pouls,  puis 
successivement  de  la  respiration  ,  de  l'entendement ,  des  sensations,  de  la 
voix  ,  de  la  locomotion  ,  et  de  toutes  les  autres  fonctions. 

Une  femme  ,' voyant  son  mari  sans  parole  et  sans  mouvement,  courut 
vite  chercher  un  médecin  ,  et  lui  dit  :  a  Monsieur  ,  mon  mari  est  en  sicope. 

—  Qu'appelez- vous  en  sicope?  Dites  donc  en  syncope.  —  En  cinq  copes ,  si 
vous  voulez.  Dans  l'état  où  il  est  ,  ce  n'est  pas  une  cope  de  plus  ou  de 
moins. ..  » 

Dans  le  langage  ordinaire  ,  on  dit  défaillance  ou  pâmoison. 

2°  MALADIES  DES  ARTÈRES.  Iiésions  physiques. — 1°  Plaies  artérielles. 
Lorsqu'une  artère  a  été  ouverte  ,  le  sang  se  répand  en  dehors  ,  s'infiltre 
dans  le  tissu  voisin  ,  s'épanche  dans  les  cavités,  ou  passe  dans  ime  veine 
voisine  dont  les  parois  ont  été  intéressées  ;  de  Ih  quatre  espèces  d'hémor- 


760  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES, 

rhagics  ,  savoir  :  lUmovrhagics  avec  effusion  de  sang  en  dehors ,  hémorrha- 
gies  infiltrées  (anévrysmes  faux,  primitifs) ,  hémorrhagies  épanchées  {ané~ 
vrysmes  faux,  consécutifs),  passage  du  sang  artériel  dans  une  veine  conliguii 
à  l'artère  blessée  [anévrysmc  variqueux). — 2"  Compression  des  artères.  liA 
compression  des  artères  empoche  la  circulation  du  sang ,  et  peut  causer 
l'atrophie  des  membres,  mourant  faute  de  nourriture. 

Iiésions  organiques  et  vitales  des  artères. —  1°  Fièvre  Inflammatoire. — 
2°  Anévrysmes  des  artères.  Ils  sont  externes  ou  internes.  Anévrysmc  de  l'aorte. 
Anévrysmc  de  la  poplitée.  —  3°  Tumeurs  sanguines  artérielles. 

B"  MALADIES  DES  VEINES.  Iiésions  physiques. —  Plaies  des  veines. 

Xésions  organiques  et  vitales. —  1"  Varices,  Dilatation  des  veines.— 
2°  Tumeurs  variqueuses. 

Ix"  MALADIES  DU  SYSTÈME  CAPILLAIRE. 

Ces  maladies  sont  les  hémorrhagies  spontanées,  qu'on  divise  en  deux  ordres  t 
Hémorrhagies  du  système  capillaire  des  membranes  muqueuses;  hémorrhagies 
des  systèmes  cutané ,  cellulaire  ,  séreux,  et  synovial. 

Hémorrhagies  du  système  muqueux. — 1°  Hémorrhagies  générales.  Elles 
sont  actives  ou  passives.  Variétés:  L'cpistaxis,  ou  Hémorrhagie  nasale; 
l'hémoptysie,  ou  hémorrhagie  des  poumons;  Vhématémése  ,  ou  melène ,  ou 
hémorrhagie  gastro-intestinale;  le  flux  hémorrhoîdal  ;  l'hématurie,  ou  pisse- 
ment  de  sang  ;  enfin,  Vhémorrhagie  utérine,  qui  comprend  la  menorr/ia^te 
(  écoulement  exlraordinaiie  du  sang  menstruel  )  et  les  variétés  de  l'aménorrhéC 
(privation  ou  suppression  des  menstrues). —  2°  Hémorrhagies  locales.  Elles  se 
divisent  comme  les  premières  en  actives  et  en  passives,  et  portent  les 
mcmes  noms.  (  Les  liémnnJiagies  nctwes  sont  de'terminc'es  par  un  accroissement  de 
forces  vitales;  c'est  \e  cowtviivc  àdiaslcs  hémorrJtnsics passives.  Ijes  hémorrhagies 
locales  diffërent  des  hémorrhagies  générales  en  ce  qu'elles  ne  dc'pendent  que  do 
l'état  particulier  des  capillaires  delorganc  quicn  estle  siège,  tandis  que  ces  dernières 
dépendent  encore  de  l'influence  du  cœur  et  de  tout  le  système,  soit  artériel ,  soit  ca- 
pillaire ,  de  l'économie.  ) 

VI. 
Ualadtes  des  organeis  de  la  restpiration. 

Maladies  du  larynx  et  de  la  trachée-artère. —  1°  Plaies  du  cou,  — > 
2°  Corps  étrangers  dans  le  conduit  aérien,  —  3"  Goitre. —  4°  Tumeurs  carci- 
nomateuses  du  cou. —  5°  Abcès  du  cou. —  6"  Phthisie  laryngée.  (  Comme  les 
autres  espèces  de  phthisie ,  elle  produit  la  fièvre  lente  ou  heclisie,  le  maras- 
me ou  tabès,  et  la  mort ,  par  l'atrophie  de  la  membrane  interne  du  larynx. 
Elle  est  presque  généralement  incurable.)  — 1°  Foix  convulsive.^'8''  Apho- 
nie nerveuse. 


SIGNES  DIVERS.    MEDECINE.  701 

Maladies  des  parois  et  des  cavités  thoraciques. — 1°  Contusions  ilu 
thorax. —  2°  Fractures  des  côtes.  Fractures  directes  ou  en  dedans.  Fractures 
par  contrecoup  ou  en  dehors. —  3"  Fractures  du  sternum. —  li°  Plaies  thoraci- 
ques.—  5"  Épanchemcnts  thoraciques.  Epanchement  sanguin.  Epanchement 
séreux,  ov,  Hydrolhorax.  Epanchement  purulent,  ou  Empyéme. — 6"  Abcès  du 
niédiaslin. 

Maladies  du  poumon. —  1°  Plaies  et  hernies  du  poumon.  Elles  ne  sont 
dangereuses  que  par  les  épanchements  sanguins  ,  l'emphysème  ,  ou  la 
péripneunionie,  qui  peuvent  en  être  la  suite. — 2"  Péripncumonic ,  ou  In- 
flammation  du  poumon.  Elle  a  beaucoup  d'analogie  avec  la  pleurésie,  et  se 
nomme  aussi  fluxion  de  poitrine.  Pcripneumonie  bilieuse ,  compliquée  avec 
la  fièvre  gastrique.  Péripneumonie  nerveuse,  compliquée  avec  la  fièvre 
adynamique. — 3"  Abcès  pulmonaire ,  ou  Vomique,  Amas  de  pus  enveloppé 
d'une  membrane  dans  la  substance  du  poumon. — A°  Asthme.  Trois  degrés  : 
la  dyspnée,  difficulté  de  respirer  ;  Vasthtne  proprement  dit,  grande  diffi- 
culté de  respirer;  l'orthopnéc ,  oppression  si  forte  qu'on  ne  peut  respirer 
que  sur  son  séant,  comme  le  nom  l'indique.  Asthme  humide.  Asthme  sec. 
Asthme  convulsif. —  5"  Coqueluche  ,  Toux  fréquente  et  violente  qui  attaque 
principalement  les  enfants. —  6°  Asphyxie,  Etat  de  mort  apparente  et  im- 
minente ,  causée  par  la  suppression  de  la  respiration  ,  etc.  (  Du  grec  a,  i>arù- 
culc  privative,  et  .fp/iH.x-/;«,  pouls  ).  Asphyxie  par  défaut  d'air  respirable,  par 
submersion.  Asphyxie  des  nouveau-nés.  Asphyxie  par  strangulation.  Asphyxie 
par  la  respiration  d'un  gaz  délétère. 

VII. 

Malaclicis  du  «yslêmc  lympltatîqne  et  «lu  tissu 
cellulaire. 

î"  Tubercules ,  Elevures,  tumeurs  plus  considérables  que  la  pusinle.  — 
2°  Phthisies.  Phlhisie  pulmonaire,  Désorganisation ,  atrophie  progressive 
du  poumon.  On  la  reconnaît  aux  caractères  suivants  :  Toux,  difficulté  de 
respirer,  fièvre  hectique  ou  hectisie,  marasme  ou  consomption,  etc.  Phlhisie 
occulte.  Phthlsiecommençante.  Phthisie confirmée.  Phlhisieà  sondernier  degré. 
Les  symptômes  de  la  phlhisie  sont  la  fièvre,  la  toux,  Vinsomnie,  le  crache- 
ment de  sang  ou  de  pus,  les  douleurs  thoraciques ,  les  sueurs  nocturnes ,  le 
vomissement ,  \cs  aphthes ,  le  dévoiement ,  et  l'œdème.  Phlhisie  tuberculeuse. 
Elle  comprend  la  phthisie  originelle  et  la  phthisie  scrophuleuse.  Phlhisie  plé- 
thorique. Phthisie  métastatique.  Phlhisie  calculeuse.  Phthisie  vénérienne. 
Phthisie  catarrhale. Phthisie  scorbulit/ue.  Phthisie  nerveuse.  Etc.,  etc.  (Du  gr. 
phihéisv  ,  je  ûéiTis.) — 3"  Carreau,  Maladie  qui  rend  le  ventre  des  enfants 
dur  et  tendu.  {Tubercules  du  mcsent'cre.) — k"  Engorgement  du  tissu  cellu- 
/■airc—b'  Emphysème,   Tuméfaction  causée  par  l'introduction  de  l'nir  ou 

r.  11.  yu 


702  CLEF  DE  I.V  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

par  le  développement  d'un  gaz  quelconque  dans  le  tissu  cellulaire.  (Du  gicr 
emp/iitsnô ,  je  soiMc  dedans.)  Empliyscme  spontané.  Emphysème  traumaliqiic. 
Ce  dernier  comprend  Vcmpliyscme  artificiel,  celui  qui  vicnlà  la  suitcdcs plaies 
faites  par  desanimaux  venimeux,  et  celui  quiest  occasionné  par  les  plaies  des  or- 
ganes de  la  respiration.  "L'emphysème  diffère  de  Vœdèmecn  ce  qu'il  ne  retient 
point  l'impression  du  doigt. -6°  Hydropisies  (dugr./"«ior,eau,et  ops,  face,  aspect), 
Accumulation  de  sérosité  dans  quelque  partie  du  corps.  On  les  divise  en 
hydropisies  par  infiltration ,  et  hydropisies  par  épanchement.  Les  hydropisies 
infiltrées  sont  locales  ou  générales,  essentielles  ou  symptomaliques,  actives  ou 
passives.  Lorsque  l'hydropisie  est  locale,  on  lui  donne  le  nom  d'œdème; 
ou  lorsqu'elle  s'étend  à  la  plus  grande  partie  du  système,  on  l'appelé  ana.'îar^ue 
tcucophlegmatie.  Hydropisies  par  épanchement.  Espèces  :  Aseilc  ou  Hydropisie 
de  l'abdomen  (épanchement  de  sérosité  dans  la  cavité  du  bas-ventre), 
tympanitc  (accumulation  de  gaz  dans  l'abdomen,  symptôme  concomitant 
de  l'ascite),  hydrothorax  ou  hydropisie  de  poitrine,  hydro péricarde  ou  hydro- 
pisie du  péricarde,  hydrocéphale  ou  hydropisie  crânienne,  hydrorachis  ou 
hydropisie  du  canal  vertébral ,  hydrophthalmic  ou  hydropisie  de  l'œil ,  hydro- 
cèle  ou  hydropisie  de  la  tunique  vaginale,  hydrarthrose  ou  hydropisie  du  genou. 
— 7°  Loupes.  Loupes  enkystées,  ouHystes.  Loupes  tion  enkystées.  Espèces  : 
Bronchocéle  ou  loupe  de  la  gorge,  lipome  ou  loupe  graisseuse ,  stéatôme , 
athérome,  mélicéris.  — 8°  Bubons,  Tumeurs  intlammatoires  qui  ont 
leur  siège  principal  dans  les  glandes  sous-cutanées  des  aines.  (  Du  grec 
houbvn  ,  aine.  )  Bubon  simple.  Bubon  scrophulcux.  Bubon  vénérien  ou  siphili- 
iique.  Bubon  inflammatoire  uu  ionique.  Bubon  indolent  on  atonique. — 9°  Ab- 
cès, on  apostcmes.  Amas  de  pus  dans  le  tissu  cellulaire.  Abcès  de  l'œil ,  du 
sinus  maxillaire,  de  la  parotide,  dits  amygdales  ,  de  l'abdomen,  du  rectum, 
du  cou  ,  du  médiastin  ,  du  poumon,  etc.  Abcès  chauds.  Abcès  froids. 

VIII. 
maladies  des  organes  urinaircs. 

On  les  divise  en  maladies  des  reins  et  des  uretères,  et  maladies  de  la 
vessie  et  de  l'urèthre. 

1"  MALADIES  DES  &EIKS.  Iiésions  physiques. —  Plaies  des  reins. 

lésions  vitales  des  reins. —1»  Gravelle, ou  Calculs  rénaux.— 2"  Néphrite, 
ou  Inflammation  des  reins.  Néphrite  simple.  Néphrite  légère.  Néphrite  intense. 
Néphrite  calculeuse.  —3»  Abcès  rénaux.— Il"  Suppression  d'urine.— b°  Dia- 
bètes sucré. 

2"  MALADIES  DES  UHETÈHES.  —  Calculs  uréthraux. 

2>"  MALADIES  DELA  VESSIE  ET  DE  L'URÈTHRE.  Iiésions  physiques.— 
l"  Plaies  de  la  icssie.—2"  Plaies  de  l'urèthre.  —Si"  Hernies  de  la  vessie. 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECliNE.  765 

Iiésions  organiques  et  vitales  de  la  vessie  et  de  l'urèthre. —  1"  Catar- 
rhes.—  2"  Rétention  d'urine. —  3°  Paralysie  de  la  vessie. — li"  Spasme  delà 
vessie  et  de  l'urctlire. —  5°  Calculs  de  l'urèthre. —  6"  Hélrécissenient  de  l'urè- 
thre. Dans  le  premier  degré  ,  cette  maladie  se  nomme  dysurie  ;  dans  le  se- 
cond, slrangurie  ;  dans  le  troisième,  ischuric.~~  1°  Abcès  urineux.  On  les 
distingue  en  tuberculeux ,  phlegmoneux  ,  et  gangreneux.  —  8°  Fistules  uri- 
naires.  On  les  di\ise  en  vésicales  et  uréthralcs. —  ^°  Incontinence  d' urine. — 
10"  Calculs  vésicaux,  vulgairement  Pierre. 

L'archevêque  de  Paris,  Christophe  de  Beaumont  fut  taillé  de  la  pierre 
sur  la  fin  de  sa  vie.  Le  fameux  frère  Cosme,  chargé  de  cette  opération,  eut 
un  plein  succès.  Les  Parisiens  qui  n'ont  jamais  pu  résister  au  plaisir  d'un 
bon  mot ,  firent  courir  le  bruit  que  le  prélat  refusait  de  payer  son  chirur- 
gien ,  sous  le  prétexte  que  le  clergé  était  exempt  de  payer  la  taille. 

IX. 
Maladies  des  orgaaes  de  la  g^cnêration. 

Maladies  communes  à  l'homme  et  à  la  femme.  —  Stérilité. —  Herma- 
phrodisme. 

Maladies  de  l'homme.  —  Plaies.  —  Itiflatnmations. —  Abcès. — Atrophie. 
— Sarcocèle. —  Congestions  lymphatiques. —  Hèmatocéle. —  Hydrocèle.  —  Dys- 
permasie.  —  Phimosis.  ■ —  Paraphimosis.  —  Hypospadias.  —  Priapisme. — Sa- 
tyriase. —  Anaphrodisie. 

Maladies  de  la  femme.  —  Descente  de  la  matrice.  —  Renversement  du 
vagin  et  de  la  matrice. —  Antêvcrsion  et  rétroversion  de  ta  matrice. —  Hernie 
de  la  matrice. —  Métrite,  ou  Inflammation  de  la  matrice. — Polypes  génitaux. 
—  Cancer  utérin.  —  Congestions  utérines.  Hydropisie  de  l'utérus.  Hydatides 
utérines.  Hématopisie  utérine.  —  Calculs  utérins.  —  S quirrhe  des  ovaires. — 
Hydropisie  enkystée  des  ovaires. — Nymphomanie,  on  Fureur  «/en'nc.  La  nym- 
phomanie est  aux  femmes  ce  que  la  satyriase  est  aux  hommes. —  Hystérie 
(vapeurs).  —  Chlorose,  ou  Pâles  couleurs.  —  Fractures  des  os  du  bassin. — Luxa- 
tions des  os  du  bassin.  —  Etroitesse  du  bassin. —  Mauvaise  conformation  des 
mamelles. — Inflammations,  gerçures,  ulcères  du  mamelon. — Engorgement  de 
l'organe  mammaire.  —  Agalaxie,  ou  Défaut  de  lait. — Exubérance  o\\  excès 
de  lait. —  Cancer  des  mamelles.  Cancer  à  l'étal  de  squirrhc.  Cancer  occulte 
ou  non  ulcéré.  Cancer  ouvert ,  ulcéré  ou  ulcéreux. 
APPENDICE. 

Excroissance  est  le  terme  générique  par  le  quel  on  désigne  tout  ce  qui 
croît  contre  nature  sur  quelque  partie  du  corps  que  ce  soit ,  tel  que  : 
loupes,  polypes ,  verrues  ,  sarcome,  condylômes,  fies,  thymus,  carnosités,  etc. 
On  dit  aussi  hyppersarcose  (du  grec  huper ,  sur ,  et  sarx,  sarhos,  chair).  On 
appelé  envies  certaines  marques  ou  taches  que  les  enfants  apportent  en 


'0-i  CLEF  DE  LA  LA.XGIIE  ET  DES  SCIENCES. 

naissant ,  et  qu'on  suppose  être  une  suite  des  iiupresslons  reçues  par  leuis 
mères  pendant  qu'elles  étaient  grosses. 

Envie,  se  dit  aussi  de  certains  petits  filets  qui  se  dtitachent  de  la  peau  au- 
tour des  ongles  ,  et  qui,  lorsqu'on  les  rebrousse,  occasionnent  souvent  une 
douleur  assez  vive.  On  a  donné  le  nom  d'cpliélicles  aux  taches  de  rousseur, 
ou  lentilles,  qui  viennent  au  visage  des  personnes  blondes. 

Maux  de  tcle.  Le  mal  de  tête  ou  céphalalgie  accompagne  la  plupart  des 
maladies  aiguës,  dont  il  est  un  des  principaux  symptômes.  Mais  c'est  sou- 
vent un  mal  particulier  qui  vient  et  se  dissipe  en  peu  de  temps  ,  sans  phé- 
nomènes bien  remarquables.  On  nomme  migraine  ou  Itémicranie ,  celui  qui 
n'occupe  qu'un  des  côtés  de  la  tête  ;  clou  (c/ai'H.s),  celui  qui  est  borné  à  un  es- 
pace qu'on  peut  couvrir  ordinairement  tout  entière  avec  le  doigt;  et  nwi/ 
frontal,  douleur  frontale,  celui  qui  embrasse  tout  le  front.  Celui-ci  est  le 
plus  fréquent.  Les  mêmes  causes  qui  produisent  les  maux  de  tète  peu- 
vent occasionner  les  étourdissements. 

Cette  classification  est  celle  du  célèbre  Pinel ,  que  j'ai  étudiée  dans  le 
temps,  pour  mon  granddictionnaire,  dans  un  ouvrage  en  deux  volumes  dn 
docteur  Authenac.  Sinon  pour  les  médecins,  dont  j'ignore  les  opinions 
nouvelles  ,  —  au  moins  pour  tout  homme  du  monde ,  intéressé  à  connaître 
les  divers  dérangements  de  ses  fonctions  vitales,  pour  l'écrivain, pour  le  poète, 
obligé  par  état  de  tout  savoir  ,  de  tout  connaître  ,  pour  les  maîtres  de  lan- 
gue surtout ,  incapables  jusqu'à  présent  d'expliquer  à  leurs  élèves  ce  qu'ils 
entendent  seulement  par  rhume  de  cerveau,  etc.  , cette  division  est  certai- 
nement tout  ce  qu'on  peut  désirer  de  mieux. 

BIENFAITS  DE  LA  CIVILISATION. 

Eh  bien,  mon  cher  lecteur,  trouves-tu  que  l'inventaire  de  tes  in- 
firmités soit  assez  complet  ?  S'il  ne  l'est  pas  encore  tout  à  fait ,  il  le 
deviendra,  grâce  aux  progrès  de  la  civilisation. 

Déjà  tu  lui  es  redevable  d'une  foule  de  maladies,  d'une  multi- 
tude de  fléaux  que  tu  ignorais,  et  dont  les  animaux  des  forêts,  les  oi- 
seaux de  l'air,  les  poissons,  les  insectes ,  plus  heureux  que  toi,  sont 
tout  à  fait  exempts.  Déjà  la  peste,  qui  n'était  que  simple,  est  devenue 
quadruple.  Déjà  le  typhus  des  nègres  et  celui  des  blancs  redoublent, 
dit-on,  par  leurs  croisements  la  malignité  de  la  fièvre  jaune  d'Amé- 
rique. Tous  les  maux  ,  toutes  les  maladies  se  compliquent  de  plus 
en  plus.  L'art  médical  a  beau  s'étendre  et  se  multiplier,  il  ne  peut 
tenir  pied  au  mal.  Déjà  la  durée  moyenne  de  ta  vie ,  lecteur ,  — 
grâce  à  l'état  d'étiolement  où  te  réduisent  les  limbes  sociaux  dans 
les  quels  tu  manques  de  lumière  et  d'air,  est  diminuée  de  près  de 
la  moitié  ;  et  voilà  qu',  au  lieu  de  l'éteindre  paisiblement,  sans  dou- 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECINE.  765 

leur,  à  cenl  viugt  ou  cent  quarante  ans,  comme  tes  premiers  pères, 
tu  te  traînes  à  peine  jusqu'à  soixante-dix,  déjà  décrépit  à  soixante 
et  même  à  cinquante.  0  bienfaits  de  la  civilisation! 

Grâce  à  la  manière  dont  la  civilisation,  entend  la  distribution  des 
forêts,  des  cultures,  et  des  bassins  d'irrigation,  le  désordre  atmos- 
phérique augmente  de  jour  en  jour  ;  les  saisons  n'ont  plus  de  cours 
régulier;  des  froids  subits  et  meurtriers  succèdent  aux  plus  intolé- 
rables chaleurs  ;  l'été  se  transporte  eu  hiver,  l'hiver  en  été  ;  ce  ne 
sont  que  transitions  brusques  du  froid  au  chaud,  du  sec  à  l'humide, 
des  déplacements  monstrueux  de  l'air,  non  moins  funestes  aux 
hommes  qu'aux  végétaux,  les  quels  menacent  l'agriculture  et  l'hu- 
manité du  plus  sinistre  avenir. 

Vois  le  nouveau  fléau  qui  vient  de  foudre  sur  les  pommes  de 
terre,  cette  unique  ressources  de  plusieurs  nations. 

El  je  ne  le  parle  pas,  lecteur,  de  la  dépravation  morale  où  tu  t'en- 
fonces de  plus  en  plus.  Dieu  ,  par  exemple,  t'avait  donné  un  cœur 
et  une  âme  pour  l'aimer  et  l'élever  jusqu'à  lui;  il  t'avait  créé  bon, 
sensible,  généreux,  capable  d'enthousiasme  et  de  dévouement.  Et 
déjà  ton  âme  est  flétrie ,  ton  cœur  est  de  pierre  ;  lu  n'as  plus  ni 
amour,  ni  foi,  ni  espérance;  lu  n'es  plus  qu'un  tissu  d'hypocrisie, 
de  mensonge  ,  d'ingratitude,  de  noirs  desseins  ;  lu  n'es  plus  qu'un 
morceau  de  boue  el  de  pourriture,  où  pullulent  tous  les  versdu  vice. 
Ose  me  parler  de  ta  vertu  ,  de  ta  franchise,  de  ton  équité.  Allons  ! 
je  vois  que  lu  t'exécutes  de  bonne  grâce ,  el  que  lu  reconnais  sur 
toi  le  ravage  de  la  civilisation. 

Je  ne  le  parle  pas  de  tant  d'autres  pestes ,  plus  terribles  encore 
que  le  Ihyphus  d'Orient,  telles  que  ï accroissement  des  dettes  publi- 
ques el  de  l'agiotage,  ces  deux  gouffres  de  l'avenir;  les  révolutions 
cruelles  qu'un  système  répressif  fait  sans  cesse  renaître  de  leurs 
cendres  comme  le  phénix;  la  char  lalanerie  sophistique  du  Jour- 
nal des  Débats  et  de  tant  d'autres,  qui  le  chantent  sur  tous  les  tons 
la  perfectibilité  perfectible,  qui ,  après  l'avoir  précipité  dans  l'a- 
bîme,  s'efforcent  par  tous  les  moyens  de  t'y  retenir,  el,  vils  geô- 
liers gagés  par  ceux  qui  occupent  triomphalement  les  cimes  envi- 
ronnantes ,  te  frappent  à  coups  redoublés  au  moindre  effort  que  lu 
fais  pour  remonter  à  la  vie  et  à  la  lumière. 

Mon  cher  lecteur,  je  te  souhaite  beaucoup  de  plaisir  dans  celte 
vaste  mare,  peuplée  de  reptiles  ,  où  pour  ta  part  lu  le  plais  peut- 
Olrc  à  patauger  dans  quelque  coin  un  peu  moins  profond  et  moins 


766  CLEF  DE  LA  LA>GLE  ET  DES  SCIENCES. 

dangereux  ,  sans  pilié  pour  ceux  qui ,  placés  au  milieu  du  gouffre, 
s'efforcent  en  vain  de  gagner  le  bord ,  el  périssent,  hélas  !  par  mil- 
liers, sans  avoir  un  instant  respiré  l'air  du  ciel. 

Misérable  égoïste,  parce  que  tu  es  un  peu  moins  exposé  que  tes 
frères  ;  parce  que  tu  as  pu ,  sans  de  grands  efforts,  favorisé  par  un 
sort  aveugle,  qui  certes  n'est  pas  la  Providence  ;  parce  que  tu  as  pu, 
sur  le  bord  du  gouffre ,  atteindre  un  brin  de  gazon,  —  content  de 
ta  part,  âme  basse  et  vile,  loin  de  tendre  la  main  à  les  frères,  pour 
les  aider  à  remonter  avec  toi  de  l'abîme  et  à  se  répandre  joyeuse- 
ment dans  les  vastes  plaines,  inondées  de  lumière  et  d'air,  émail- 
lées  de  fleurs,  sillonnées  de  sources  pures,  imprégnées  des  plus 
doux  parfums,  que  Dieu  n'a  faites  si  vastes  et  si  fécondes  qu'afin 
qu'il  y  eût  place  pour  tous, —  loin  de  tendre  courageusementla  main 
à  tes  frères  désespérés,  qui  maudissent  Dieu,  qui  accusent  aveu- 
glément leur  père  du  ciel ,  —  loin  de  leur  tendre  la  main  ,  égoïste 
infâme,  jaloux  de  ton  bien-être,  tu  les  repousses  toi-même  du  pied, 
—  lâchement,  abominablement. 

O  la  civilisation  !  les  philosophes! 

Elle  n'opère  pas  mal ,  la  civilisation.  L'humanité  lui  doit  déjà 
beaucoup,  comme  on  le  voit.  Mais  la  civilisation  ne  bornera  pas  là 
ses  gracieusetés.  L'égoïsme  général,  la  fourberie  sous  toutes  les  for- 
mes, enfantant  l'adultère,  la  spoliation,  le  carnage,  des  milliers  de 
vices  et  de  crimes  ,  —  la  dette  publique  ,  la  détérioration  de  l'at- 
mosphère ,  la  lutte  des  passions  et  des  intérêts ,  ne  sont  encore  que 
des  fléaux  en  germe.  Laissez-les  faire.  Ils  grandiront,  croîtront, 
s'étendront,  se  développeront;  el  de  toutes  ces  semences  civilisa- 
trices que  prône  le  Journal  des  Débats ,  on  verra  bientôt  sortir  la 
misère  générale,  la  guerre,  la  famine,  les  épidémies,  le  désordre  le 
plus  parfait.  Voyez  l'Angleterre.  Des  milliers  d'ouvriers  meurent 
de  faim  dans  ce  pays  si  opulent.  Gonflé  outre  mesure,  écumeux  et 
grondant,  le  torrent  de  la  misère  y  atteint  déjà  les  dernières  limites 
et  menace  de  porter  le  ravage  et  la  mort  dans  les  beaux  domaines 
de  l'opulence.  Comment,  pressée  de  tous  côtés  par  une  population 
affamée  et  furieuse,  et  succombant  en  outre  sous  le  poids  de  sa  dette 
énorme,  comment  l'Angleterre  conjurera-t-elle  toujours  le  danger? 
Voyez  la  Bohème,  réduite  à  ne  manger  que  des  pommes  de  terre, 
qui  vont  lui  manquer.  Voyez  les  montagnards  hongrois  forcés  de 
vendre  leurs  fds  et  leurs  fdles  pour  une  miette  de  pain ,  oui ,  leurs 
propres  fils  et  leurs  propres  filles. 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECI.NE.  767 

Oui  ,  le  sang  de  leur  sang  et  l'ànie  de  leur  âme  (1). 

Impossible  !  dis-tu,  lecteur.  Quoi  !  lecteur  sensible  elconipalissant, 
lectrice  tendre  et  délicate,  quoi  !  vous  lisez  tous  les  jours  le  Journal 
des  Débals,  et  vousn'ètes  pas  mieux  informés  des  belles  choses  qu'en- 
gendre l'ordre  social  que  vous  admirez  !  Lecteur,  tu  refuses  de  croire 
à  tant  de  misère.  Lecteur  sensible,  (a  délicatesse  se  révolte  à  la  seule 
idée  d'un  tel  phénomène.  0  noble  nature  !  Tu  refuses  de  croire  au 
mal;  lu  refuses  de  croire  au  tableau  qu'on  te  fait  des  misères  hu- 
maines; tu  ne  vois  qu'imagination  et  fantaisie  dans  les  Mystères 
de  Paris,  le  Juif  errant,  les  Drames  inconnus,  le  Comte  de  Monte- 
Christo.  Roman  que  tout  cela!  t'écries-tu,  lecteur  si  bon,  si  pieux, 
si  charitable,  qui  manges,  bois,  et  dors  à  merveille,  et  le  fais  traî- 
ner, lourde  masse  de  chair,  à  quatre  chevaux.  Roman  que  tout  cela  ! 
t'écries-tu  furieux  ;  de  telles  monstruosités  n'existent  que  dans  le 
cerveau  fêlé  des  poètes  et  des  romanciers.  Oui,  roman  que  tout 
cela  !  L'homme  n'est  pas  si  méchant.  —  (Et  tu  lis  pourtant  la  Ga- 
zette des  Tribunaux.)  —  Roman,  roman  ,  roman  que  tout  cela  ! 
Je  ne  vois  rien  de  semblable  dans  le  monde.  —  Il  est  vrai  que  tu 
ne  vois  dans  le  monde  que  des  regards  sereins  et  caressants.  Le 
monde  est  si  habile!  C'est  comme  la  femme,  douce  sirène,  qui  te 
caressse  et  qui  te  trompe  ;  ou  qui,  se  penchant  sur  ton  lit  de  dou- 
leur, te  dit  de  son  air  le  plus  câlin,  eu  te  présentant  un  affreux  poi- 
son :  «  Prends  cela,  mon  petit  chéri,  ça  te  fera  du  bien  ;  c'est  la  pe- 
tite femme  elle-même  qui  l'a  préparé.»  Et  toi-même,  lecteur  bien 
aimé,  toi-même  lu  sais  bien  ton  monde  ;  car  te  voilà  jouant  à  mer- 
veille le  simple  et  le  candide.  Mais  je  te  connais,  beau  masque.  Inutile 
de  te  déguiser  avec  moi.  Je  pourrais  te  dire  le  fond  de  ta  pensée. 

—  Monsieur  le  marquis,  si  noble  et  si  riche,  il  y  a  des  millions  de 
vos  frères  qui  meurent  de  faim,  qui  endurent  toutes  les  fatigues, 
toutes  les  privations,  toutes  les  tortures  imaginables.  — Ah!  ne  me 
parlez  pas  de  cela.  Ça  fait  trop  de  mal  au  cœur. 

—  O  nature  sensible  et  délicate  ,  charmant  dandy  ,  peu  fait  aux 
haillons  de  la  misère,  accoutumé  à  ne  voir  autour  de  toi  que  ri- 
ches étoffes  de  soie  ,  brillants  colliers  de  perles  et  de  pierreries  , 
meubles  de  marbre  et  d'acajou,  vases  de  tleurs  et  de  parfums,  ten- 
tures éblouissantes,  visages  fardés  et  enluminés  ,  —  dans  ta  petite 
sphère,  tout  est  pour  le  mieux,  je  veux  bien  le  croire.  Mais  lu  ou- 

(1)   Voir  les  journaux  de  juillel  iSlib,  les  Dibuis  comme  les  autre?. 


768  CLEF  nE  LA  LANGLE  ET  DES  SCIENCES. 

blics  que  tu  n'es  pas  seul  de  la  famille;  tu  oublies  que  tes  frères 
sont  eu  bas,  grelottant  de  froid  dans  la  rue,  pendant  que  tu  l'épanouis 
dans  une  douce  chaleur  ;  mouraut  de  faim,  pendant  que  tu  te  gorges 
démets  délicieux  et  de  vins  exquis  ;  battant  la  semelle,  pendant  que 
tu  danses;  tu  oublies  que,  frustrés  long-temps  de  leurs  droits,  ils  les 
réclament  à  la  fin,  et  veulent  leur  part  dans  l'héritage  de  Dieu,  notre 
père  commun,  qui  nous  aime  tous  d'un  égal  amour  et  n'a  point  d'in- 
justes préférences.  Il  faut  dire  ,  à  la  louange  de  la  civilisation,  que 
c'est  elle  qui  éclaire  tes  frères ,  et  leur  fait  comprendre  qu'ils  sont 
comme  toi  des  créatures  de  Dieu.  Si  la  civilisation  se  bornait  à  cela, 
ce  serait  bien  beau  de  sa  part.  Mais  laisse-la  faire.  Encore  quel- 
ques siècles,  et  tu  verras,  lecteur,  où  t'auront  mené  les  magnifiques 
théories  de  tes  économistes  et  autres  jongleurs  ;  tu  verras  où  aboutit 
leur  orgueilleuse  sagesse;  tu  verras  ce  qu'il  faut  penser  de  ce  dédain 
superbe  qu'ils  ont  témoigné  à  celui  qui  venait  l'arracher,  lecteur  inté- 
ressant, de  leurs  mains  meurtrières,  que  pousse  une  aveugle  fatalité. 

Oui,  lecteur,  un  homme  est  venu  ;  unhomme  marqué  au  front  d'un 
sceau  divinestdescendudansles  limbes sociauxoùloi-mèrae,  lecteur 
voluptueux,  tu  ne  te  sens  pas  tout  à  fait  à  l'aise;  cet  homme  t'a  dit, 
à  toi  ;  il  a  dit  à  tes  frères  :  «  Suivez-moi ,  je  vous  conduirai  tous  au 
bonheur.  »  El  loi  tout  le  premier,  lecteur  plein  d'esprit,  lu  l'as  mé- 
connu. Oui,  lorsqu'on  le  ralliant  à  l'unilé  universelle,  en  le  rame- 
nant dans  la  voie  du  Christ,  eu  le  déchiffrant  le  code  de  Dieu,  au  quel 
tes  philosophes  n'ont  jamais  rien  compris,  il  l'a,  pour  ainsi  dire, 
mis  ton  salul  dans  les  mains ,  tu  as  laissé  tomber  le  trésor ,  et  ne 
l'es  pas  même  dérangé  pour  le  ramasser  ;  ne  répondant  à  cette  offre 
généreuse  que  par  des  airs  d'arrogante  supériorité. 

Puis,  lorsqu'il  t'a  parlé  d'unité  interne  et  externe  de  l'homme 
avec  lui-même,  de  l'homme  avec  Dieu,  de  l'homme  avec  l'univers, 
tu  as  ouvert  de  grands  yeux ,  et  tu  n'as  pas  compris ,  lecteur  plein 
d'intelligence. 

Puis,  lorsque,  se  faisant  petit  avec  les  petits,  il  s'est  exprimé  en 
termes  plus  clairs  et  t'a  annoncé  l'art  de  rendre  pour  tous  le  tra- 
vail attrayant,  même  pour  les  sauvages,  même  pour  loi,  sybarite; 
l'art  suprême  de  décupler  subitement  ton  revenu  annuel  ;  — lorsqu'il 
a  ajouté  qu'il  ne  dépendrait  que  de  loi  d'atteindre  aux  plus  grandes 
richesses  et  de  doubler  la  vie  avec  tes  jouissances  , — alors,  conti- 
nuant à  ouvrir  de  grands  yeux,  lecteur  peu  intéressé,  lu  l'es  écrié  : 
Serait-il  -possiàtc? 


SIGNES  DIVERS.  MÉDECINE.  76i> 

Lorsqu'on  te  parle  de  richesses  el  de  jouissances,  ô  lecteur  nourri 
de  morale  religieuse  el  philosophique,  élevé  [dans  Taraour  de  la 
pauvreté,  de  la  frugalité,  de  la  chasteté  ,  tes  oreilles  se  dressent 
longues  comme  celles  d'un  àne,  tes  yeux  restent  fixes,  ta  respiration 
s'arrête  tout  court,  et  tu  écoutes.  0  amour  de  la  pauvreté ,  de  la 
frugalité ,  de  la  chasteté  I 

Des  richesses  !  des  jouissances  !  Ou  sont-elles ,  ces  richesses ,  ces 
jouissances?  Pour  les  obtenir,  faut-il  brûler,  saccager,  assassiner? 
Faut-il  égorger  des  nations  entières  ?  dévaster  une  nouvelle  Amé- 
rique? Faut-il  trahir  son  ami,  sa  patrie?  Faut-il  livrer  sa  fille, 
sa  sœur,  sa  femme?... 

—  O  salutaires  effets  de  la  morale  I 

O  délicieux  nourrisson 

De  Sénèque  et  de  Cicéron  ! 

—  Parlez ,  parles  ,  dites ,  que  faut-il  faire? 

—  Puisque  te  voilà  si  bien  disposé ,  lecteur  honnête  et  frugal,  je 
vais  te  répéter  ce  que  Ihomme  de  Dieu  t'a  dit  : 

«  Je  t'apporte  la  faculté  d'atteindre  aux  plus  grandes  riches- 
ses, AUX  jouissances  les  plus  raffinées  par  la  pratique  de  la 

vertu  et  »E  la  vérité  ,    PAR    TON   DÉVOUEMENT  AUX   INTÉRÊTS  DAU- 
TRUI. 

—  Ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  ah  !. . .  Vous  êtes  fou ,  mon  cher  mon- 
sieur . . .  Oh  !  oh  !  oh  !  oh  !  oh  !  oh  ! . . .  C'est  quelque  échappé  de  Cha- 
renton. . .  Riche.  . .  riche  en  pratiqtiant  la  vertu! hi!  hil  hil  ah! 
ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  ah! . . . 

—  Écoute-moi ,  lecteur  hilarieux ,  comme  dit  ton  grand  lyrique 
Rousseau.  Si  pourtant  je  te  mets  dans  une  situation  telle  que  tu  ne 
puisses  servir  tes  intérêts  sans  servir  également  ceux  des  autres... 

—  Riche,  en  pratiquant  la  vertu!... 

—  Si  je  combine  tes  passions  et  les  passions  de  chacun  de  telle 
sorte  qu'elles  forment  une  harmonie  parfaite  ,  où  ta  raison ,  dépo- 
sant son  rôle  d'agent  aveugle,  n'ait  plus  qu'à  remjjlir  celui  déjuge 
impartial,  conformément  à  la  volonté  de  Dieu  !. . . 

—  Riche,  en  pratiquant  la  vertu!... 

—  Si  par  une  justice  distributive  mieux  entendue ,  par  une  répar- 
tition des  bénéfices  sociaux  proportionnée  aux  trois  facultés  indus- 
trielles: CAPITAL,  TRAVAIL,  TALENT,  je  concilic  tes  prétentions  les 
plus  exorbitantes  avec  celles  de  tous  les  frères ,   en  sorte  que  je 

T.  II.  y" 


770  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

parvienne  à  enrichir  la  masse,  sans  froisser  (on  individu  délicat. . , 

—  Riche ,  en  'pratiquant  la  vertu  ! 

—  Si  par  une  disiribution  plus  intelligente  des  cultures,  des  fo- 
rêts, et  des  bassins  d'irrigation  ,  je  t'enseigne  à  corriger  les  intem- 
péries de  l'air,  cause  de  tant  de  maladies  pour  loi-même  aussi  bien 
que  pour  les  plantes. . . 

—  Riche,  en  pratiquant  la  vertu  !. . . 

—  Si ,  par  suite  du  raffinement  climalérique. . .  Mais  ,  lecteur , 
tu  ne  m'écoules  pas. 

—  Vous  êtes  fou ,  Monsieur  '... .  Ah!  ah  !  ah  ! 
(Un  civilisé  ajoute  à  ses  injures  le  mot,  Monsieur.) 

—  Hélas  !  Christophe  Colomb  aussi  était  fou  j  Galilée  aussi  était 
fou.  Tu  leur  disais  que  la  terre,  soutenue  par  quatre  éléphants  gi- 
gantesques, n'était  pas  ronde  et  ne  pouvait  tourner  (1).  Dieu  sait  le 
sort  que  tu  as  fait  aux  auteurs  des  plus  utiles  découvertes.  Ils  sont 
tous  morts  ignorés  de  leurs  contemporains  ;  et,  quand  la  postérité, 
éclairée  et  reconnaissante,  a  voulu,  par  un  hommage  solennel,  ho- 
norer la  mémoire  de  ces  grands  hommes  ,  elle  n'a  pu  découvrir  ni 
leur  tombe  ni  leur  berceau.  Qui  sait  si  l'inventeur  de  la  poudre  à 
canon  ou  de  la  boussole  n'a  pas  vécu  au  siècle  d'Auguste  ? 
Qu'un  jour,  comme  le  dit  lui-même  l'auteur  de  V Association  do- 
mestique agricole,  qu'un  jour  cet  liomme,  tenant  d'une  main  une 
cartouche  et  de  l'autre  la  petite  boîte  appelée  boussole,  se  soit  pré- 
senté aux  ministres  d'Auguste,  et  qu'il  leur  ait  dit  : 

«  Je  vais  avec  la  matière  contenue  dans  ce  brimborion  (lapoudre), 
«changer  la  tactique  des  Alexandre  et  des  César;  je  peux  avec 
»  cette  matière  faire  sauter  en  l'air  le  Capitole ,  foudroyer  les  villes 
»  à  une  distance  de  plusieurs  milles ,  faire  de  Rome  à  minute  fixe 
»  un  monceau  de  cendres ,  détruire  à  une  distance  de  plusieurs  sta- 
»  des  toutes  vos  légions ,  égaler  le  plus  faible  soldat  au  plus  fort  ;  — 
»  enfin,  je  peux,  avec  celte  autre  gimbelette  (la  boussole),  braver 
»  dans  l'obscurité  les  orages  et  les  écueils ,  diriger  le  vaisseau  aussi 
»  sûreraerit  qu'en  plein  jour ,  et  l'orienter  là  même  où  on  ne  verra 

(i)  On  m'a  dit,  citoyen  ,  que  la  terre  tournait  ; 

Mais  je  n'ai  pas  cru  cette  fable. 

Pour  un  vrai  sot  on  me  prenait  ; 
Quand  on  m'a  fait  ce  conte  invraisemblable. 
-Si  la  terre  tournait,  cli  quoi!  j'aurais  le  don 
De  tourner  avec  elle!  Un  tel  système  cloclie. 
—  Un  tel  système  est  bon.  Voyez  tourner  la  brocbc  , 

Vou:j  \errcz  lourntr  le  dindon.  {Aiitinyiiic.) 


SIGNES  DIVERS.     MÉDECINE.  771 

^)  ni  ciel  ni  terre  »  ;  —  à  ce  discours  ,  les  graves  personnages  de 
Rome  ,  les  Mécène  et  les  Agrippa ,  auront  pris  l'inventeur  pour  un 
visionnaire  j  et  l'auront  chassé  comme  l'ambassadeur  d'Espagne 
chassait  de  chez  lui  les  fous  qui  voulaient  peser  l'air  ;  en  sorte  que 
la  poudre  à  canon  et  la  boussole  n'auront  été  connues  que  quatorze 
siècles  plus  tard. 

Quelle  chose  admirable  et  divine  que  le  génie  !  puisque  des  mil- 
lions d'hommes  réunis,  non  seulement  ne  peuvent  concevoir  par 
eux-mêmes,  mais  ne  savent  pas  même  comprendre,  malgré  les  ex- 
plications les  plus  claires  et  les  plus  précises,  ce  qu'un  homme  seul 
a  pu  concevoir  et  comprendre.  De  combien  de  degrés  l'homme  de 
génie  est  donc  supérieur  au  reste  des  hommes  ! 

L'auteur  de  la  nouvelle  Théorie  sociale  est  dans  le  même  cas  que 
l'homme  dont  je  viens  de  parler.  Il  le  promet ,  lecteur,  des  résul- 
tats qui  au  premier  abord  te  semblent  impossibles ,  bien  qu'ils  ne 
présentent  rien  de  plus  merveilleux  que  ceux  que  t'annonce  l'in- 
venteur de  la  poudre  et  de  la  boussole,  et  tu  le  traites  de  fou  et  de 
visionnaire. 

Et,  après  tout,  se  trompât-il  dans  ses  prévisions  sublimes,  dans 
ses  calculs  transcendants , 

Quand  tu  te  sens ,  lecteur  ,  marcher  sur  des  abîmes , 
Lorsque  ,  dans  ce  milieu  de  vices  et  de  crimes  , 
Tu  demandes  en  vain  nn  peu  d'air  frais  et  pnr , 
Ne  sachant  pas  toi-même  où  poser  un  pied  sur. 
Te  défiant  de  tons  ,  de  ton  fils  ,  de  ta  femme  ; 
Quand  tout  souffre  et  gémit  dans  ce  repaire  infâme  , 
Où  te  tient  enchaîné  ton  aveugle  raison  ; 
Quand  tu  ne  vois  partout  qu'horreur  et  trahison. 
Que  poison  ou  poignard  aux  mains  d'hommes  féroces  . 
Que  misère  effroyable  et  supplices  atroces  ; 
Quand  tu  ne  vois  au  bout  de  ton  triste  chemin 
Qu'un  gouffre  sans  issue  ,  —  ô  noble  paladin  , 
Quoi  i  tu  n'as  pas  saisi,  par  manque  décourage, 
La  chance  de  salut  que  t'offrait  un  vrai  sage  ! 
Quoi  !  tu  ne  t'es  pas  dit  ,  dans  un  sublime  élan  : 
a  L'épreuve  est  à  tenter  ,  car  le  mal  est  trop  grand  ; 
o  Dans  cet  autre  chemin  hâtons-nous  de  le  suivre  ; 
«  Et  mourons,  s'il  le  faut ,  pour  essayer  de  vivre.  » 

Tu  dors ,  lecteur?...  Quoi  !  tu  n'a  plus  dans  le  cœur  un  noble  sen- 
timent! plus  dans  l'esprit  une  seule  idée!  Quoi!  ton  Ame  est  gan- 
grenée à  ce  point!  Autrefois,  pour  arracher  quelques  chrétiens  à 
l'aveugle  oppression  des  Turcs  ,  pour  conquérir  un  sépulcre  vide  , 
ïïionument  cher  à  ton  âme,  je  le  conçois,  lu  n'aurais  craint  ni  la  l'a- 


772  CLEF  DE  LV  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

ligue,  ni  les  privations,  ni  la  peste,  ni  l'esclavage  ;  aujourd'hui  lu 
ne  t'émeus  pas  même  au  nom  de  l'humanité  tout  entière,  que  Jé- 
sus-Christ le  commande  pourtant  d'aimer,  comme  lui-mômc  l'a  ai- 
mée, jusqu'à  sacrifier  ta  fortune  et  ta  vie  pour  elle.  O  digne  chré- 
tien! 

—  Riche ,  en  pratiquant  la  vertu!... 

—  Ah  !  c'est  là  la  première  idée  en  te  réveillant,  lecteur. 

—  Riche,  en  pratiquant  la  vertu! 

—  Mais,  lecteur  abreuvé  de  morale,  tu  es  donc  complètement 
ivre,  que,  dominé  toujours  par  ton  idée  fixe,  quelque  chose  qu'on 
te  dise,  tu  ne  veux  pas  entendre  raison.  0  salutaire  effet  de  la  mo- 
rale! Voilà  donc  ce  beau  fils  de  lacivilisation,  corrompu  jusqu'à  la 
moelle  des  os  ,  et  ne  croyant  plus  la  vertu  possible.  Aucun  senti- 
ment ne  peut  plus  naîlre  dans  sou  cœur;  aucune  idée  ne  peut  plus 
s'introduire  dans  son  cerveau.  Iln'estplussensiblequ'à  la  musique. 

Eh  bien  !  lecteur  chéri ,  je  te  donnerai  prochainement  un  peu  de 
musique. 

Mais  d'ici  là  permets  que  je  respire  un  moment.  Je  suis  harassé, 
brisé  de  fatigue.  Je  n'en  puis  plus ,  lecteur.  Voilà  deux  mois  au 
moins  que  je  n'ai  pas  fait  une  promenade.  Que  dis-je?  j'ai  négligé 
tous  mes  amis,  toutes  mes  connaissances;  je  n'ai  écrit  à  personne, 
je  n'ai  vu  personne;  j'ai  vécu  comme  un  ours,  enfermé  dans  sa 
cage. 

Que  pensez-vous  de  moi  ?  mon  cher  Joseph,  d'Amsterdam,  noble 
ami ,  qui  avez  toujours  pris  une  si  vive  part  à  mes  peines ,  à  mes 
chagrins ,  qui  avez  trouvé  pour  moi  dans  votre  cœur  des  paroles  si 
tendres ,  si  éloquentes  ,  si  puissantes  sur  ma  douleur.  Que  pensez- 
vous  de  moi  ?  mon  brave  poète,  de  moi  qui  n'ai  pas  encore  répondu 
à  votre  affectueuse  lettre  d  octobre  dernier,  ce  rayon  nouveau  de 
la  douce  lumière  que  voire  belle  âme  envoie  à  mon  âme  ? 

Que  pensez-vous  de  moi?  vous  aussi,  ma  chère  Mary ,  de  Lon- 
dres, qui  m'avez  rendu  un  si  grand  service  ,  il  y  a  bientôt  quatre 
ans  ;  dont  l'aimable  société  m'a  fait  trouver  si  court  le  chemin  de 
Dresde  à  Vienne  ;  douce  et  belle  créature ,  que  le  ciel  m'envoyait 
comme  un  ange  gardien ,  pour  me  servir  de  guide  et  d'interprèle 
à  travers  ces  pays  barbares,  où  sans  vous,  sans  voire  obligeance 
infinie,  je  ne  sais  ce  que  je  serais  devenu  ,  dans  l'impossibilité  où 
j'étais  de  me  faire  comprendre.  Que  pensez-vous  de  mon  long  si- 
lence? Ah  !  ne  croyez  pas  du  moins  que  je  vous  oublie.  Combien 


SIGNES  DIVERS.   MEDECmE.  léù 

je  VOUS  regrette,  au  contraire,  ma  noble  amie!  Combien  je 
regrette  votre  société  si  douce  et  si  bien  faite  pour  charmer  la  vie 
la  plus  triste  et  dorer  les  jours  les  plus  sombres  !  Combien  je  serais 
heureux  encore ,  dans  mon  malheur  même ,  sil  m'était  permis 
comme  autrefois  d'aller  m'asseoir  une  heure  à  côté  de  vous ,  pour 
vous  entendre  lire  de  votre  belle  voix  d'ange  quelque  touchante 
histoire  d'amour,  et  respirer  le  même  air  que  vous! 

Que  pensez-vous  de  moi  ?  vous  aussi ,  mon  cher  Monsieur  Gras- 
set (1),  mon  noble  et  généreux  bienfaiteur,  à  qui  j'écris  si  rarement, 
quand  je  devrais  ne  pas  laisser  passer  un  seul  jour  de  ma  vie  sans 
vous  remercier,  sans  vous  répéter  : 

«  Soyez  béni,  vous  qui  vous  entendez  si  bien  à  consoler,  vous,  âme 
bienfaisante,  qui  vous  répandez  en  rayons  de  joie  sur  toute  infor- 
tune, et  qui  portez  si  dignement  le  titre  de  j)ère  des  jjauvres,  dont 
vous  a  décoré  la  reconnaissance  du  pays  que  vous  administrez  avec 
tant  d'intelligence  et  de  dévouement;  titre  qui  en  appelait  d'au- 
tres, que  la  haute  sagesse  du  roi,  toujours  attentif  au  belles  ac- 
tions, juste  appréciateur  du  mérite,  ne  pouvait  manquer  de  vous 
octroyer  ;  ce  dont  je  lui  sais  un  gré  infini ,  car  il  n'appartient  qu'à 
lui  ou  à  Dieu  de  m'acquitter  envers  vous.  Ah  !  je  voudrais  que  mon 
cœur  fût  un  livre  ouvert  où  le  monde  entier  put  lire  tout  ce  que 
vous  y  avez  écrit  de  bienfaits  en  caractères  ineffaçables.  Aussi, 
croyez-le  bien. 

Dans  mon  âme  pour  vous  la  fleur  du  souvenir 
Brillera  sans  que  rien  parvienne  à  la  ternir. 

Que  pensez-vous  de  moi?  vous  toutes,  nobles  et  hospitalières 
familles  de  Vienne ,  qui  m'invitez  avec  tant  de  grâce  à  vos  soirées, 
à  vos  bals,  à  vos  fêtes;  jeunes  femmes  si  belles  ,  qui  me  dites  de 
votre  voix  douce  :  Venez  donc  nous  voir  souvent,  bien  souvent. 

A  Mademoiselle  B*"*. 

Quand  vous  me  souriez  de  voire  doux  sourire  , 
'  Lorsque  vous  me  parlez  de  voire  voix  de  miel  , 

Votre  voix  dans  mon  cœur  chante  comme  une  lyre. 
Votre  sourire  y  luit  comme  un  reflet  du  ciel. 

Lorsqu'un  de  ces  regards  qui  révèlent  votre  âme 
Epanche  sur  mon  Iront  sa  céleste  splendeur, 
Je  sens  mon  cœur  se  fondre  ,  à  celle  douce  flamme, 
En  un  ravissement  de  joie  et  de  bonheur. 

(l)  M.  Josepli  Grasset,  maire  de  Mnuiiac ,  clic;\alici-  des  onhes  du  Saiiil-\N  l.iilimir 
cl  delà  Légion  d'Iioimcur. 


774  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Et  quand  vous  qui  ,  si  belle  et  si  pleine  de  grâces  , 
Semez  coixinie  un  parfum  le  bonheur  sur  vos  traces  , 
Vous  daignez  m'inviter  à  revenir  vous  voir  , 
Vous  me  scmblez  un  ange  éclatant  de  lumière. 
Qui  ,  d'un  jour  ineffable  inondant  ma  paupière  , 
Près  de  lui  dans  le  ciel  me  prîrait  de  m'asseoir. 

(  L.  N.  Fleurs  du  Danube.  ) 

Et  celle  place  dans  votre  ciel,  je  la  laisse  vide.  Je  reste  enfermé 
dans  ma  solitude,  loin  de  votre  lumière  et  de  vos  parfums,  douces 
ileurs  vivantes  ;  cela  par  amour  pour  un  public  qui  lit  le  Journal 
des  Débats  (quant  à  cela,  c'est  sûr)  el  s'abonne  peut-être  au  Dic- 
tionnaire National ,  ce  qui  vous  donne  la  juste  mesure  de  sa  valeur. 

—  a  Mais  vous  allez  vous  faire  un  ennemi  mortel  du  Journal 
des  Débats,  n 

—  Qui  a  dît  cela?  Si  c'est  quelque  nouvel  ami  que  je  ne  connais 
pas,  qu'il  se  montre . . .  pour  que  je  l'embrasse?. . .  non,  mais  pour 
que  je  le  fuie  ,  comme  j'ai  fui  la  plupart  de  mes  autres  amis,  jus- 
qu'au bout  du  monde.  Ceux  que  je  crains  le  plus  ne  sont  pas  mes 
ennemis.  Je  les  défie  de  me  faire  autant  de  mal  que  m'en  ont  fait 
quelques  uns  de  mes  amis  les  plus  aimés.  Aussi  n'est-ce  pas  ceux- 
là  que  je  crains;  et  j'aprouve  fort  ce  mot  de  Voltaire  :  «  Mon  Dieu, 
délivrez-moi  de  mes  amis,  je  me  charge  de  mes  ennemis.» 

D'ailleurs  ne  suis-jepas  dans  le  cas  de  la  plus  légitime  défense  ?  La  ma- 
nière folle  et  odieuse  dont  le  Journal  des  Débats  parle  quelquefois  des 
poètes ,  par  l'organe  de  M.  Fleury,  et  de  quelques  autres ,  ne  saurait  m'être 
indifférente.  Dans  un  petit  écrit  signé  par  un  Savoyard,  il  a  trouvé  l'autre 
jour  une  grosse  injure  (injure  si  grosse  que  j'aurais  honte  de  la  reproduire  ) 
contre  ces  déplorables  victimes  d'un  monde  stupide  :  «  Vite,  transcrivez 
cela ,  s'est-il  écrié,  plein  de  joie,  et  l'envoyez  à  l'imprimerie  ;  cela  fera  une 
superbe  queue  au  prochain  feuilleton  de  J.  J.  »  Le  Journal  des  Débats  n'a 
pas  assez  de  sa  propre  boue  pour  salir  ce  qu'il  y  a  de  plus  noble  et  de  plus 
pur  sous  le  ciel;  il  emprunte  aux  ramoneurs  leur  suie  la  plus  noire  et  la  plus 
épaisse.  A  cette  occasion,  il  exalte  outre  mesure,  aux  dépens  des  poètes,  le 
bon  sens  éclatant  du  Savoyard.  Entre  ramoneurs  on  n'y  regarde  pas  de  si 
près.  Le  Journal  n'est-il  pas  chargé  de  ramoner  la  cheminée  du  gouverne- 
ment ,  pour  que  le  feu  n'y  prenne  pas  ? 

Hier  encore,  à  propos  des  circonstances  atténuantes  admises  en  faveur 
de  deux  exécrables  parricides,  n'a-t-il  pas  commencé  à  déblatérer  contre 
une  de  nos  plus  saintes  institutions  ,  le  jury  ?  L'insensé  !  il  ne  voit  qu'un 


SIGNES  DIVEUS.    MÉDECINE.  775 

défaut  de  lumières  là  où  il  faut  voir  nécessairement  une  protestation  de 
plus  en  plus  éclatante  du  pays  contre  la  peine  de  mort ,  cet  abominable  as- 
sassinat juridique  ,  déjà  flétri  de  tout  ce  que  la  voix  des  plus  grands  poètes 
et  des  plus  grands  orateurs  contient  d'anathèmes. 

Ah  !  prenez-y  garde.  Vos  ennemis  sont  fins  et  rusés  ;  ils  profitent  avec  un 
^rt  infernal  de  la  moindre  occasion  ;  ils  saisissent  avidement  le  plus  léger 
prétexte.  Ils  vous  disent,  les  charlatans  ,  au  moindre  mal  que  vous  res- 
sentez :  —  a  Vous  êtes  gravement  malade  ,  vous  le  voyez  _bien  ;  vous 
savez  le  pylore  obstrué  par  la  presse,  parle  jury;  laissez- vous  purger  , 
«prenez  mon  remède,  vous  vous  en  trouverez  émerveille.  —  Et  si  j'en 
»  meurs,  au  contraire  ,  de  votre  remède  ?  —  Alors  vous  direz  que  je  suis  le 
splus grand  charlatan  du  monde,  o 

Prenez- y  garde.  Ils  ne  demanderaient  pas  mieux  que  de  vous  ravir  une 
à  une  toutes  vos  libertés  ;  et ,  si  vous  ne  veillez  attentivement  sur  vous- 
mêmes  ,  ils  réussiront.  Ils  n'osent  employer  la  violence  ,  par  ce  qu'ils  ont 
peur  de  votre  courage,  déjà  éprouvé  ;  mais  songez  à  l'abbé  Rodin  ,  plus 
habile  que  le  colonel  d'Aigrigny.  Celui-là  ne  vous  pousse  pas  violemment 
dans  l'abîme  qu'il  a  creusé  pour  vous  dans  les  ténèbres,  il  vous  y  attire 
par  un  charme  au  quel  vous  ne  pouvez  vous  soustraire.  Il  ne  vous  tue  pas 
de  sa  propre  main  ;  mais  il  fait  si  bien  que  vous  vous  tuez  vous-même 
pour  son  plaisir. 

Prenez-y  garde.  Tant  qu'il  vous  voit  sur  la  défensive  ,  le  loup  se  fait 
chien  couchant ,  il  vous  caresse  ,  il  vous  lèche  ,  il  se  roule  à  vos  pieds  , 
mais  c'est  pour  vous  étrangler  à  la  première  occasion. |, 

Prenez-y  garde.  Les  poètes  que  vous  dédaignez  font  seuls  sentinelle;  les 
yeux  sans  cesse  fixés  sur  l'avenir  ,  ils  vous  signalent  chaque  danger.  De  là 
celle  haine  du  Journal  des  Débats  contre  eux  ;  de  là  ces  injures  grossières 
dont  je  parlais  tout  à  l'heure  et  aux  quelles  je  n'ai  pas  fini  de  répondre. 

Il  est  permis  de  débiter  des  impertinences  (  c'est  uo  privilège  acquis 
depuis  longtemps  au  Journal  des  Débals  ,  le  Journal  de  prédilection  des 
Tripeauds  de  tous  les  pays),  mais  pas  d'aussi  savoyardes  ,  surtout  dans  un 
pays  qui  passe  pour  le  plus  civilisé  du  monde  (  triste  effet  de  lacivilisation). 
En  vérité  ,  j'en  rougis ,  non  pour  le  Journal  (  une  infamie  de  plus  ou  de 
moins  ne  change  rien  à  la  couleur  de  son  costume  ),  mais  pour  la  France  , 
pour  La  France  ma  chère  patrie ,  que  les  étrangers  pourront  croire  dégé- 
nérée. 

Demandez  au  Journal  des  Déhals  s'il  eût  mis  autant  d'empressement  à 
nous  faire  connaître  un  ouvrage  utile  qu'il  en  a  mis  à  nous  communiquer 
cette  platitude. 

Le  Journal  des  Débats  ne  se  croit  il  pas  à  lui  seul  le  pivot  du  monde  ?  Je 
l'ai  déjà  dit ,  au  faîte  des  grandeurs  la  tête  tourne,  et  le  Journal  des  Dé- 


770  CIEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

bals  pourrait  l)ien  un  de  ces  jours  se  briser  la  tète  sur  le  pavé.  S'il  ne  lui 
faut  pour  cela  que  ma  malédiction  ,  je  la  lui  donne  de  bon  cœur. 

Oui,  soyez  maudits,  vous  tous,  qui  que  vous  soyez,  vils  Qatteurs,  Lâches 
courtisans  de  la  fortune  ou  de  la  puissance,  qui  n'avez  que  des  paroles  de 
haine ,  des  grossièretés ,  des  injures  pour  le  mérite  pauvre  et  obscur , 
poussé  au  suicide  par  la  misère,  pour  de  nobles  êtres  tombés  du  ciel  dans 
votre  cloaque  de  vices,  —  cloaque  infect,  où  vous  vous  vautrez  si  vo- 
luptueusement ,  en  dignes  pourceaux  d'Épicure  ,  —  y  trouvant  une  odeur 
de  rose  ,  —  sybarites  immondes  !  Soyez  maudits  ,  ô  vous  dont  la  bassesse, 
dont  l'arrogance  insulte  si  indignement  des  hommes  mille  fois  supérieurs 
à  vous  ,  des  hommes  qui  ont  passé  par  toutes  les  épreuves  du  malheur  sans 
courber  la  tête  ,  et  qui  luttent  de  toutes  leurs  forces  contre  une  destinée 
implacable,  dont  le  moindre  coup  vous  aurait  brisés  ,  frêles  ustensiles  de 
cuisine  ministérielle,  —  si  vous  n'étiez  accrochés  de  manière  à  tourner  à 
tout  vent ,  girouettes!  Soyez  maudits!  maudits!  maudits  !  mille  fois  mau- 
dits! Si  la  voix  du  malheur,  la  voix  qui  sort  deTabymea  quelque  puissap.ce, 
la  mienne  sera  entendue.  Elle  vous  marque  au  front  d'un  sceau  indélébile. 

Une  chose  certaine,  c'est  que  je  n'ai  pas  rencontré  en  ma  vie  une  âme 
douée  de  quelque  générosité  qui  ne  se  soulève  d'indignation  au  seul  nom 
du  Journal  des  Débats.  Cet  odieux  journal  devient  de  jour  en  jour  si  sa- 
voyard ,  qu'on  finira  ,  je  l'espère  ,  par  l'envoyer  où  il  envoie  si  libéralement 
les  poètes  ,  et  où  il  serait  déjà  depuis  long-temps  ,  si  le  langage  doré  et 
poétique  que  lui  prêtent  parfois  des  hommes  comme  Eugène  Sue,  Alexandre 
Dumas,  Libri,  cette  âme  généreuse,  et  même  Saint-Marc  Girardin  et 
quelques  autres,  ne  faisaient  excuser  ses  manières  par  trop  impertinentes. 
J'en  suis  fâché  pour  Eugène  Sue  ,  pour  Alexandre  Dumas,  pour  M.  Libri, 
réduits  comme  Apollon  à  garderies  troupeaux  d'Admète,  au  lieu  de  briller 
splendidement  au  plus  haut  de  l'Olympe. 

Je  ne  fais  donc  que  répondre  au  Journal  des  Débats  ,  qui  peut-être  n'en 
vaut  pas  la  peine,  me  dira-t-on  :  mais,  que  voulez- vous!  il  y  a  des  choses 
que  je  ne  puis  voir  ,  que  je  ne  puis  entendre  , 

Sans  me  sentir  au  cœur  une  afFreuse  colère. 

Genus  irrltabile  vatitm. 

Quant  à  M.  Bescherelle,  je  ne  fais  de  même  absolument  que  lui  rendre 
les  coups  qu'il  porte.  Voyez  avec  quelle  acrimonie  ,  avec  quelle  présomp- 
tion ,  il  parle  de  ses  confrères,  et  cela  le  plus  souvent  sans  raison  !  Il  dit , 
lui,  que  tous  les  dictionnaires,  y  compris  celui  de  l'Académie,  que  toutes 
les  grammaires  ne  sont  que  des  avortons.  Moi,  je  dis  que  sa  grammaire, 
que  son  dictionnaire  n'est  qu'un  tissu  d'erreurs,  de  fautes  grossières,  d'ab- 
surdités, un  vrai  chaos,  rttdis  indigesiaqite  moles,  quelque  chose  d'informe 
et  d'innominé.  Voilà  tout.  OEil  pour  œil.  Dent  pour  dent. 

Il  est  vrai  que  le  Chnst  blâme  ces  icprésaiiles.   Mais  le  Christ  s'élait 


SIGNES  DIVERS.  MEDECINE.  777 

pourtant  réservé  le  droit  d'appeler  les  hommes  une  race  de  vipères  ;  droit 
qu'il  a  transmis  à  ses  apôtres ,  et  dont  je  ne  fais  qu'user  à  mon  tour  , 

En  vous  criant  :  Malheur  sur  vous  et  sur  vos  pères  , 

O  sépulcres  blanchis  ,  ô  races  de  vipères  ! 

Malheur  aussi  à  toi,  lecteur  1  si  tu  ne  me  remercies  pas  des  grandes 
vérités  que  je  te  révèle,  de  la  peine  inouïe  que  je  me  donne  pour 
l'aplanir  le  chemin  des  sciences  ,  lecteur  paresseux  et  ignorant,  qui 
ne  demandes  pas  mieux  que  de  l'instruire,  pourvu  que  la  science  te 
vienne  en  dormant! Malheur  à  toi! si  tu  n'apprécies  pas  le  superbe 
cadeau  que  je  t'envoie  du  fond  de  mon  exil. 

Au  reste  ,  de  ta  part  on  doit  s'attendre  à  tout.  N'as-tu  pas  dans  le 
temps  préféré  la  Phèdre  de  Pradon  à  celle  de  Kacine?  L'Arétin  ne 
passait-il  pas  à  tes  yeux  pour  le  plus  grand  génie  de  l'Italie ,  dans 
le  siècle  du  Tasse?  etc.  Tu  n'es  pas  changé  !  Tu  achètes  la  onzième 
édition  de  la  Grammaire  des  grammaires,  etje  jurerais  que  tu  n'as 
pas  dans  ta  bibliothèque  un  seul  volume  de  M™e  Desbordes-Val- 
more. 

La  poésie  ,  hélas  ,  quoi  que  j'en  puisse  dire, 
Chez  le  lihraire  doit  rester  ; 
Car  tel  qui  pourrait  l'acheter 
N'est  pas  capable  de  la  lire. 

Lecteur ,  lu  as  déjà  donné  dans  ta  vie  bien  des  preuves  de  ton  peu 
de  discernement.  C'est  ainsi  que  tu  m'as  reproché  de  citer  mal  à  pro- 
pos Shakspeare  et  Platon,  dont  l'autorité,  disais-  tu,  ne  peut  être  d'au- 
cune valeur  dans  une  grammaire  française.  Lecteur  profond  en  pa- 
roles et  superficiel  en  idées,  je  veux  bien  te  répondre  que  je  ne  cite 
pas  Shakspeare  et  Platon  pour  leur  langage,  mais  pour  leurs  pen- 
sées, afin  de  l'apprendre  autre  chose  que  des  mots,  afin  de  meubler 
un  peu  ta  tête  vide  et  de  porter  quelque  chaleur  dans  ton  àme  froide. 
Pour  ce  qui  est  de  la  grammaire  en  particulier,  mon  cher  élève,  je 
te  préviens  une  fois  pour  toutes  que  je  ne  connais  d'autre  autorité 
que  la  mienne.  J'avais  d'abord  l'intention  de  rester  soumis  à  celle 
de  l'Académie,  mais,  après  les  erreurs  incontestables  que  j'ai  signa- 
lées dans  son  dictionnaire,  tout  en  rendant  justice  à  l'excellence  de 
la  rédaction,  cela  ne  m'est  plus  possible.  Ma  conscience  ne  me  le 
permet  plus. 

Sur  ce,  lecteur,  je  te  salue.  Porte-toi  bien;  et  souviens-loi  qu'il 
n'y  a  ,  comme  dit  Bonneval ,  que  fadaises  en  ce  bas  monde,  distin- 
guées en  gaillardes,  sérieuses,  politiques  ,  juridiques,   ecclésiasti- 

T.  II.  98 


77S  CLEF  DE  LA  LANGTE  ET  DES  SCIENCES. 

(|iios,  philosophiques,  savantes  ,  etc.,  mais  qu'il  n'y  a  que  les  pre- 
mières qui  fassent  vivre  joyeusement  et  long-temps. 

Hélas  !  ami  lecteur ,  il  n'en  est  pour  moi  que  de  tristes.  Toujours 
inquiet,  toujours  agité,  toujours  tourmenté,  n'ayant  point  où  repo- 
ser ma  tète,  ne  trouvant  quelque  soulagement  à  mes  douleurs  que 
dans  le  travail,  je  suis  bien  à  plaindre. 

Lecteur,  je  t'aime  tant  que  je  ne  voudrais  travailler  que  pour  loi. 
N'es-tu  point  tenté  de  me  prendre  tout  entier  à  ton  service?  Je  te 
l'ai  déjà  dit ,  lecteur  ,  voilà  dix  ans  que  je  m'occupe  d'un  ouvrage 
qui  serait  pour  toi  un  trésor  inappréciable,  et  que  tu  pleureras  avec 
des  larmes  de  sang,  si  je  meurs  sans  Tavoir  terminé.  J'ai  bien 
soin  de  t'avertir,  afin  que  tu  n'aies  point  de  reproche  à  me  faire  , 
et  que  lu  n'aies  à  t'en  prendre  qu'à  toi-même,  si  tu  laisses  échapper 
l'occasion  d'un  tel  profit,  d'un  tel  avantage.  Dans  ton  intérêt,  pour 
te  rendre  heureux  malgré  toi-même,  et  pour  l'acquit  de  ma  cons- 
cience, j'implorerai  peut-être  l'appui  de  M.  de  Salvandy,  ou  même 
de  M.  Guizot. 

O  nouvelle!  on  m'assure  que  le  Journal  des  Débats,  moins  irrite  qu'af- 
fligé de  nos  brusques  sorties  contre  lui ,  et  voulant  nous  donner  une  preuve 
de  sa  bienveillance  naturelle,  que  nous  avons  si  injustement  méconnue  , 
va  se  conformer  désormais  à  nos  principes  d'orthographe  et  de  ponctua- 
tion, dont  la  justesse  l'a  frappé,  me  dit-on,  et  écrire  temps ,  sentiments,  au 
lieu  de  tems ,  senlimens  ,  etc. 

Oîi  me  cacher  ?  fuyons  dans  la  nuil  infernale. . . 

On  me  dit  même  qu'il  est  tout  disposé  à  appuyer  ma  demande  auprès  de 
M.  Guizot. 

—  Altendcz-vous-y. 

—  Bon  1  cela  me  remet  un  peu.  Je  savais  bien  que  le  Journal  des  Dé- 
bats n'était  pas  capable  de  tant  de  générosité.  Ma  conscience,  sois  donc 
tranquille.  Nous  n'avons  pas  fait  de  jugement  téméraire. 

J'ai  sous  les  yeux  la  liste  des  pensions  que  Louis  XIV  avait  accordées 
aux  hommes  de  lettres  de  son  siècle.  J'avoue  qu'en  la  lisant  l'eau  m'en 
vient  à  la  bouche.  Quel  grand  roi  que  Louis  XIV  1  Lecteur,  cela  pique  ta 
curiosité  ?  Eh  bien  1  que  ta  curiosité  soit  satisfaite. 

Iiiste  des  Pensions  accordées  aux  Gens  de  lettres 
par  Iiouis   XIV. 

Au  sieur  de  La  Chambre,  son  médecin  ordinaire,  excellent 
homme   pour  la  physique   et  pour  la  connaissance  des  passions 


SIGNES  niVEUS.   MÉDECliVE.  779 

et  des  sens  ,  une  pension  de 2000  liv. 

Au  sieur  Conrard,  le  quel,  sans  connaître  aucuneaulre langue 
que  sa  langue  maternelle,  est  admirable  pour  juger  de  toutes 

les  productions  de  l'esprit 1500 

Au  sieur  Le  Clerc ,  excellent  poète  français 60O 

Au  sieur   Pierre  Corneille,    premier  poète    dramatique   du 

monde 2000 

Au  sieur  Desmarets ,  le  plus  fertile  auteur,  et  doué  de  la  plus 

belle  imagination  qui  ait  jamais  été 1200 

Au  sieur  Ménage,  excellent  pour  la  critique  des  pièces 2000 

Au  sieur  abbé  de  Pure,  qui  écrit  l'histoire  en  latin  pur  et  élé- 
gant   1000 

Au  sieur  Boyer,  excellent  poète  français 800 

Au  sieur  Corneitlele  jeune  ,  bon  poète  dramatique  français..  1000 

Au  sieur  Molière ,  excellent  poète  comique 1000 

Au  sieur  Benscrade ,  poète  français  fort  agréable 1500 

Au  père  Lecointre,  de  l'Oratoire,  habile  pour  l'histoire 1500 

Au  sieur  Godefroi,  historiographe  du  roi 3000 

Au   sieur  Hucl ,   de  (]aen  ,  grand   personnage  qui  a  traduit 

Origène 1500 

Au  sieur  Charpentier ,  poète  et  orateur  français 1200 

Au  sieur  abbé  Colin ,                   idem 1200 

Au  sieur  Sorbière,  savant  ès-lettres  humaines 1000 

Au  sieur  Dauvrier ,                 idem. 3000 

Au  sieur  Ogier,  consommé  dans  la  théologie  et  les  belles 

lettres 1500 

Au  sieur  Vallier ,  professant  parfaitement  la  langue  arabe.. .  600 

A  l'abbé  Le  Vayer ,  savant  ès-lettres 1000 

Au  sieur  Le  Laboureur ,  habile  pour  l'histoire 1200 

Au  sieur  de  Sainte-Marthe ,               idem 1200 

Au  sieur  du  Perrier  ,  poète  latin 800 

Aux  sieurs  de  Valois  ,  frères,  qui  écrivent  l'histoire  en  latin.  2i}00 

Au  sieur  Maury,  poète  latin 600 

Au  sieur  Racine  ,  poète  français 800 

Au  sieur  abbé  de  Bourzeis ,  consommé  dans  la  théologie  po- 
sitive scholastique,  dans  l'histoire,  les  lettres  humaines,  et  les 

langues  orientales 3000 

Au  sieur  Chapelain ,  le  plus  grand  poète  français  qui  ait  ja- 
mais été  ,  et  du  plus  solide  jugement 3000 

Au  sieur  abbé  Cassagne,  poète,  orateur,  et  savant  en  théo- 


A  reporter..,.   i3100  liv. 


780  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Report....  ^3100  liv, 

•ogie 1500 

Au  sieur  Perrault ,  habile  en  poésie  et  en  belles  lettres 1500 

Au  sieur  Mézerai ,  historiographe /jOOO 

Au  sieur  Ilcinsius ,  savant  étranger 1200 

Au  sieur  Voss'ms  ,         idem 1200 

Au  sieur  Huyi^hens  ,  Hollandais  qui  a  inventé  les  pendules..  1500 


54000  liv. 
(  Extrait  des  Manuscrits  de  Colbebt,  pages  169  et  suivantes.  ) 

Du  roi  la  bonté  secourable 

Jète  enfin  sur  la  muse  un  regard  favorable  ; 

Et ,  réparant  du  sort  l'aveuglement  fatal , 

Va  tirer  désormais  Phébus  de  l'hôpital. 

On  doit  tout  espérer  d'un  monarque  si  juste. 

Mais,  sans  un  Mécénas,  à  quoi  sert  un  Auguste  ? 

D'ailleurs  comment  percer  cette  foule  effroyable 

D'affamés  prosateurs  dont  la  foule  l'accable  ; 

Qui ,  dès  que  sa  main  s'ouvre,  y  courent  les  premiers  , 

Et  ravissent  un  bien  qu'on  devait  aux  derniers. 

Comme  on  voit  les  frôlons  ,  troupe  lâche  et  stérile. 

Aller  piller  le  miel  que  l'abeille  distille?  (Boilbau.  ) 

Jugement  de  Boileau  sur  la  plupart  des  écrivains  nommés  ci-dessus. 

Il  est  fâcheux  ,  grand  roi ,  de  se  voir  sans  lecteur , 
Et  d'aller  du  récit  de  ta  gloire  immortelle  , 
Habiller  chez  Francœur  le  sucre  et  la  cannelle. 
Aussi,  craignant  toujours  un  funeste  accident, 
J'imite  de  Gonrard  (1)  le  silçnce  prudent. 

Un  clerc ,  pour  quinze  sous  ,  sans  craindre  le  holà  , 
Peut  aller  au  parterre  attaquer  Attila  ; 
Et  ,  si  le  roi  des  Huns  ne  lui  charme  l'oreille  , 
Traiter  de  Visigoths  tous  les  vers  de  CoanEiLLE. 

Si  je  veux  d'un  galant  dépeindre  la  figure , 
Ma  plume  pour  rimer  trouve  l'abbé  de  Puhe  , 
Si  je  pense  exprimer  un  auteur  sans  défaut  , 
La  raison  dit  Virgile  ,  et  la  rime  Qcinaot, 

Qui  dit  froid  écrivain  dit  détestable  auteur. 
BoYEB  est  à  PiNCHÊKE  égal  pour  le  lecteur. 
On  ne  lit  guère  plus  Rampai.r  et  Menahdière 
Que  Magnon  ,  nn  Sochait  ,  Cobbin  ,  et  la  Moruêee, 
Un  fou  du  moins  fait  rire  ,  et  peut  nous  égayer. 
Mais  un  froid  écrivain  ne  sait  rien  qu'ennuyer. 
J'aime  mieux  Bergerac  et  sa  comique  audace 
Que  ces  vers  où  Motin  se  morfond  et  nous  glace. 

(i)  Fameux  académicien,  «lui  n'a  jamais  rien  c'crit. 


SIGNES  DIVERS.  MÉDECINE. 

Rare  et  fameux  esprit ,  dont  la  fertile  veine 
Ignore  en  écrivant  le  travail  et  la  peine  ; 
Pour  qui  tient  Apollon  tous  ses  trésors  ouverts  , 
Et  qui  sais  à  quel  coin  se  marquent  les  bons  vers; 
Dans  les  combats  d'esprit  savant  maître  d^escnme, 
Enseigne-moi,  Molikhe,  où  tu  trouves  la  rime. 
On  dirait  ,  quand  tu  veux ,  qu'elle  te  vient  chercher. 
Jamais  au  bout  du  vers  on  ne  te  voit  broncher  ; 
A  peine  as-tu  parlé  ,  qu'elle  même  s'y  place, 
Et  sans  qu'un  long  détour  t'arrête  ou  t'embarrasse. 
Mais  moi ,  qu'un  vain  caprice  ,  une  bizarre  humeur  , 
Pour  mes  péchés  ,  je  crois  ,  fit  devenir  rimeur  , 
Dans  ce  rude  métier  où  mon  esprit  se  tue  , 
En  vain  pour  la  trouver  je  travaille  et  je  sue; 
Souvent  j'ai  beau  rêver  du  matin  jusqu'au  soir , 
Quand  je  veux  dire  blanc,  la  quinteuse  dit  noir. 

ïoi  donc,  qui  vois  les  maux  où  ma  muse  s'abîme , 
De  grâce  ,  enseigne-moi  l'art  de  trouver  la  rime  ; 
Ou  ,  puisqu'enfin  tes  soins  y  seraient  superflus  , 
MoLiîiaB  ,  enseigne-moi  l'art  de  ne  rimer  plus. 

Étudiez  la  cour  et  connaissez  la  ville  , 

Autre  scène  toujours  en  modèles  fertile  (1). 

C'est  par  là  que  Molière  ,  illustrant  ses  écrits  , 

Peut-être  de  son  art  eût  remporté  le  prix  , 

Si,  moins  ami  du  peuple  ,  en  ses  doctes  peintures 

Il  n'eût  point  fait  souvent  grimacer  ses  figures; 

Quitté  pour  le  bouffon  l'agréable  et  le  fin  , 

Et  sans  honte  à  Térence  allié  Tabarin. 

Dans  ce  sac  ridicule  où  Scapin  s'enveloppe 

Je  ne  reconnais  plus  l'auteur  du  Misanthrope. 

Je  ferais  mieux  ,  j'entends,  d'imiter  BE^SEHADB. 
C'est  par  lui  qu', autrefois  mise  en  ton  plus  beau  jour, 
Tu  sus  ,  trompant  les  yeux  du  peuple  et  de  la  cour. 
Leur  faire  ,  à  la  faveur  de  tes  bluettes  folles  , 
Goûter  comme  bons  mots  tes  quolibets  frivoles. 

(  Satire  sur  l'Équivoque.) 

Jugez  en  cet  état  si  je  pouvais  me  plaire  , 
Moi  qui  ne  compte  rien  (2)  ni  le  vin  ni  la  chère, 
Si  l'on  n'est  plus  au  large  assis  en  un  festin 
Qu'aux  sermons  de  Cassagne  ou  de  l'abbé  Cotin. 

—  L'homme  ,  venez  au  fait ,  n'a-t-i)  pas  la  raison? 
N'est-ce  pas  son  flambeau  ,  son  pilote  fidèle? 

—  Oui.  Mais  de  quoi  lui  sert  que  sa  voix  le  rappelé  , 
Si ,  sur  la  foi  des  vents  tout  prêt  à  s'embarquer  , 

11  ne  voit  point  d'écueil  qu'il  ne  l'aille  choquer  ? 
Et  que  sert  à  Cotin  la  raison  qui  lui  crie  : 
«  N'écris  plus  ,  guéris-toi  d'une  vaine  furie  »  ? 
Si  tous  ces  vains  conseils  ,  loin  de  la  réprimer, 


781 


(i)  Le  texte  porte  : 

L'une  et  l'autre  csl  toujours  en  modèles  fcilllc. 
Mais  l'une  cl  l'autre  cotisliUie  un  sujet  pluriel. 
(2)  11  laudrail^  Moi  qui  ne  co/iiple  pour  rien. 


782  CLEI-  ])E  LA  I.VNGLE  ET  DES  SClEiNCES. 

!Ne  l'ont  qu'accroilrc  en  lui  la  fiiieur  de  rimer. 

Tous  les  jours  de  ses  vers  ,  qu'à  grand  liruit  il  récite, 

Il  met  chez  lui  voisins  ,  parents  ,  amis  .  en  fiiile. 

Car,  lorsque  son  démon  commence  à  l'agiter, 

Tout  ,  jusqu'à  sa  servante  ,  est  prêt  à  déserter. 

Vi\  âne  pour  le  moins  ,  instruit  par  la  nature  , 

A  l'instinct  qui  le  guide  obéit  sans  murmure  ; 

Ne  va  point  (bllement  de  sa  bizarre  voix 

Defîer  aux  chansons  les  oiseaux  dans  les  bois. 

Sans  avoir  la  raison  ,  il  marche  sur  sa  route. 

L'homme  seul ,  qu'elle  éclaire  ,  en  plein  jour  ne  volt  goutte  ; 

Réglé  par  ses  avis,  fait  tout  à  contre-temps, 

Et  dans  tout  ce  qu'il  fait  n'a  ni  raison  ni  sens. 

Tout  lui  plaît  et  déplaît,  tout  le  choque  et  l'oblige  ; 

Sans  raison  il  est  gai ,  sans  raison  il  s'afflige  ; 

Son  esprit  au  hasard  aime  ,  évite  ,  poursuit  , 

Défait,  refait,  augmente,  ùte ,  élève,  détruit. 

Et  voit-on  comme  lui  les  ours  et  (1)  les  panthères 

S'effrayer  sottement  de  leurs  propres  chimères  ; 

Plus  de  douze  attroupés,  craindre  le  nombre  impair; 

Ou  croire  qu'un  corbeau  les  menace  dans  l'air  ? 

Jamais  l'homme  ,  dis-moi,  vit-il  la  bête  folle 

Sacrifier  à  l'homme  ,  adorer  son  idole  (2) , 

Lui  venir ,  comme  aa  Dieu  des  saisons  et  des  vents, 

Demander  à  genoux  la  pluie  ou  le  beau  temps  ? 

Non.  Mais  cent  fois  la  bète  a  vu  l'homme  hypocondrc 

Adorer  le  métal  que  lui-même  il  fit  fondre  ; 

A  vu  dans  un  pays  les  timides  mortels 

Trembler  aux  pieds  d'un  singe  assis  sur  leurs  autels; 

Et  sur  les  bords  du  Nil  les  peuples  imbéciles  , 

L'encensoir  à  la  main  ,  chercher  les  crocodiles  (3). 

Voilà  Boileau  et  Fourier  qui  se  donnent  la  main.  Écoutez  encore 
ce  morceau  : 

D'où  vient  ,  cher  Le  Vayer  ,  que  l'homme  le  moins  sage 
Croit  toujours  seul  avoir  la  sagesse  en  partage  , 
Et  qu'il  n'est  point  de  fou  qui,  par  belles  raisons, 
Ne  loge  son  voisin  aux  Petites-Maisons? 

Tous  les  hommes  sont  fous  ,  et ,  puisqu'il  faut  le  dire  , 
.Souvent  de  tous  nos  maux  la  raison  est  le  pire. 
C'est  elle  qui  ,  farouche  au  milieu  des  plaisirs  , 
D'un  remords  importun  vient  brider  nos  désirs. 
La  fâcheuse  a  pour  nous  des  rigueurs  sans  pareilles  ; 
C'est  un  pédant  qu'on  a  sans  cesse  à  ses  oreilles  , 
Qui  toujours  nous  gourmande  ,  et ,  loin  de  nous  toucher  , 

(1)  Le  texte  porte  ni.  C'est  une  faule. 

(2)  L'idole  de  qui  ou  de  rjiioi?  Dans  le  sens  de  l'auteur,  cela  veut  dire,  Jdorer 
une  statue,  une  ^ gui  e  représentant  l' homme  érigé  en  dieu.  Mais  il  y  a  loin  de 
1  idc'e  à  l'expression. 

(3)  Ces  vers  laissent  l)ien  quelque  chose  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  foimc.  On 
ne  peut  nier  qu'ils  ne  manquent  quelque  peu  de  coloris  ,  de  mouvement  ,  de  correc- 
tion ,  et  que  le  travail  ne  s'y  fasse  pénil>lcmcnl  sentir. 


SIGNES  DIVERS.    MEDECINE.  /No 

Souvent  comme  Joly  ,  perd  son  temps  à  prêcher. 

En  vain  certains  rêveurs  nous  l'habillent  en  reine  , 

Veulent  sur  tous  nos  sens  la  rendre  souveraine  , 

Et,  s'en  formant  sur  terre  une  divinité  , 

Pensent  aller  par  elle  à  la  félicité  ; 

C'est  elle,  disent-ils  ,  qui  nous  montre  à  bien  vivre. 

Ces  discours,  il  est  vrai,  sont  fort  beaux  dans  un  livre  ; 

Je  les  estime  fort  ;  mais  je  trouve  en  effet 

Que  le  plus  fou  souvent  est  le  plus  satisfait. 

Philosophes,  vantez-nous  donc  encore  voire  vaine  raison,  et  mo- 
quez-vous bien  des  sublimes  et  éblouissantes  idées  de  Fourier.  Glo- 
rifiez-vous bien  du  progrès  de  cette  raison ,  misérable  ennemie  de 
notre  bonheur,  que  je  comparerais  volontiers  à  un  vil  roquet 
aboyant  dans  les  jambes  d'un  cheval  emporté,  et  ne  faisant  que 
l'irriter  davantage  pour  son  malheur  !  Continuez  à  faire  de  Dieu  un 
être  souverainement  injuste  et  cruel,  un  égoïste  impitoyable,  qui 
n'a  rien  fait  pour  le  bonheur  de  l'homme  ici-bas ,  qui  n'a  créé  les 
passions  que  pour  en  faire  nos  bourreaux  intimes  ,  qui  n'a  pétri  et 
façonné  l'àme  du  poète  avec  tant  de  soin  que  pour  la  voir  en  proie 
au  mépris  des  sots  ,  et  n'a  répandu  dans  cette  àme  tant  de  sensibi- 
lité, de  vivacité,  d'ardeur,  tant  de  sources  d'amour,  de  tendresse, 
de  joie  ,  que  pour  voir  tout  cela  s'y  transformer  en  poison  brûlant  ; 
qui  en  un  mot  n'a  fait  un  tel  cœur  si  noble  et  si  grand  qu'afiu  de 
le  faire  souffrir  davantage  ,  de  même  qu'on  pare  de  fleurs  la  vic- 
time qu^on  va  égorger  !  Ah  !  tenez  !  de  tels  sophismes ,  de  tels 
blasphèmes  me  font  horreur. 

Arrière.  Vous  me  faites  horreur  ,  vous  dis-je. 

Arrière,  ou  je  vous  crache  au  visage.  Arrière,  car  vos  mains 
dégouttent  de  sang  ;  car  vous  suez  le  crime  par  tous  les  porcs  ;  car 
vous  êtes  d'horribles  brigands,  d'infâmes  assassins  ,  qui  avez  hi- 
deusement dévasté  la  maison  de  Dieu  et  perpétré  lâchement  des 
raillioDS  de  meurtres.  Arrière.  Horreur  !  horreur  ! 

Sur  un  ton  si  hardi ,  sans  être  téméraire  , 
Racan  pourrait  chanter  au  défaut  d'un  Homère  ; 
Mais  pour  Cotin  et  u)iii  .  qui  rimons  au  hasard  , 
Que  l'amour  de  blâmer  fit  poètes  par  art  , 
Quoiqu'un  tas  de  griinauds  vante  notre  éloquence  , 
Le  plus  sur  est  pour  nous  de  garder  le  silence. 

Avant  lui   Juvénal  avait  dit  en  latin 

Qu'on  est  assis  a  l'aise  aux  sermons  de  Cotin 

Et  qui  saurait  sans  moi  que  CoTi>f  a  prêciié  ? 


'8i  CLEF    DE    L\    LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

C'est  ainsi  que  Liicilc  ,  appuyé  de  Lélic  (1)  , 
Fit  justice  en  son  temps  des  Cotins  d'Italie, 
Et  qu'Horace,  jetant  le  sel  à  pleines  mains  , 
Se  jouait  aux  dépens  des  Pelletiers  romains. 

Vous  aurez  beau  vanter  le  roi  dans  vos  ouvrages  , 

Et  de  ce  nom  sacré  sanctifier  vos  pages; 

Qui  méprise  Cotin  n'estime  pas  son  roi, 

Et  n'a  ,  selon  Cotin  ,  ni  Dieu  ,  ni  foi ,  ni  loi. 

C'est  chez  elle  toujours  que  les  fades  auteurs 

S'en  vont  se  consoler  du  mépris  des  lecteurs. 

Elle  y  reçoit  leur  plainte  ;  et  sa  docte  demeure 

Aux  Perrins,  aux  Coras,  est  ouverte  à  toute  heure. 

Là  du  faux  bel  esprit  se  tiennent  les  bureaux  ; 

Là  tous  les  vers  sont  bons  pourvu  qu'ils  soient  nouveaux. 

Au  mauvais  goût  public  la  belle  y  fait  la  guerre  ; 

Plaint  PuADON  opprimé  des  sifflets  du  parterre; 

Bit  des  vains  amateurs  du  grec  et   du  latin  ; 

Dans  la  balance  met  Aristote  et  Cotin  ; 

Puis  d'une  main  encor  plus  fine  et  plus  habile 

Pèse  sans  passion  Chapelain  et  Virgile  ; 

Remarque  en  ce  dernier  beaucoup  de  pauvretés  , 

Mais  pourtant ,  confessant  qu'il  a  quelques  beautés  , 

Ne  trouve  en  Chapelain,  quoi  qu'ait  dit  la  satire, 

Autre  défaut  ,  sinon  qu'on  ne  le  saurait  lire. 

En  vain  par  mille  et  mille  outrages 
Mes  ennemis  ,  dans  leurs  ouvrages  , 
On  cru  me  rendre  affreux  aux  yeux  de  l'univers. 
Cotin  ,  pour  décrier   mon  style  , 
A  pris  un  chemin  plus  facile  : 
C'est  de  m'attribuer  ses  vers. 

A  quoi  bon  tant  d'efforts,  de  larmes ,  et  de  cris, 
Cotin  ,  pour  faire  ôter  ton  nom  de  mes  ouvrages? 
Si  tu  veux  du  public  éviter  les  outrages. 
Fais  effacer  ton  nom  de  tes  propres  écrits. 

Que  tu  sais  bien  ,  Racine,  à  l'aide  d'un  acteur. 
Emouvoir  ,  étonner  ,  ravir  un  spectateur  ! 
Jamais  Iphigénie,  en  Aulide  immolée, 
N'a  coûté  tant  de  pleurs  à  la  Grèce  assemblée. 
Que  dans  l'heureux  spectacle  à  nos  yeux  étalé 
En  a  fait  sous  son  nom  verser  la  Champmélé. 
Ne  crois  pas  toutefois  ,  par  tes  savants  ouvrages  , 
Entraîner  tous  les  cœurs  ,  gagner  tous  les  suffrages. 
Sitôt  que  d'Apollon  un  génie  inspiré  (2) 
Trouve  loin  du  vulgaire  un  chemin  ignoré  , 
En  cent  lieux  contre  lui  les  cabales  s'amassent  ; 
Ses  rivaux  obscurcis  autour  de  lui  croassent  ; 
Et  son  trop  de  lumière  ,  importunant  les  yeux  , 


(1)  Consul  i-oniaiii. 

(2)  Il  faudrait   Un  génie  inspiré  pur  Apollon,    avco  la  [nc'position /(«r  rt  sans  in- 
version. 


SIGNES  DIVERS.   MÉDEChNE.  785 

De  ses  propres  amis  lui  fait  des  envieux. 
La  mort  seule  ici-bas  ,  en  terminant  sa  vie  , 
Peut  calmer  sur  son  nom  l'injustice  et  l'envie; 
Faire  au  poids  du  bon  sens  peser  tous  ses  écrits. 
Et  donner  à  ses  vers  leur  légitime  prix. 

Avant  qu'un  peu  de  terre,  obtenu  par  prière  , 
Pour  jamais  sous  la  tombe  eût  enfermé  Molièbb  , 
Mille  de  ses  beaux  traits  ,  aujourd'hui  si  vantés. 
Furent  des  sols  esprits  à  nos  yeux  rebutés. 
L'ignorance  et  l'erreur  a  ses  naissantes  pièces, 
En  habits  de  marquis  ,  en  robes  de  comtesses. 
Venaient  pour  diffamer  sou  chef-d'œuvre  nouveau  , 
Et  secouaient  la  tète  à  l'endroit  le  plus  beau. 
Le  commandeur  voulait  la  scène  plus  exacte; 
Le  vicomte  indigné  sortait  au  second  acte. 
L'un  ,  défenseur  zélé  des  bigots  mis  en  jeu  , 
Pour  prix  de  ses  bons  mots  le  condamnait  au  feu  ; 
L'autre  ,  fougueux  marquis,  lui  déclarant  la  guerre, 
Voulait  venger  la  cour  immolée  au  parterre. 
Mais  ,  sitût  que  d'un  trait  de  ses  fatales  mains 
La  parque  l'eut  rayé  du  nombre  des  humains  , 
On  reconnut  le  prix  de  sa  muse  éclipsée. 
li'abnable  Comédie  ,  avec   lui  terrassée. 
En  vain  d'un  coup  si  rude  espéra  revenir  , 
Et  sur  ses  brodequins  ne  put  plus  se  tenir. 
Tel  fut  chez  nous  le  sort  du  théâtre  comique. 

Toi  donc ,  qui  t'élevant  sur  la  scène  tragique  , 
Suis  les  pas  de  Sophocle,  et,  seul  de  tant  d'esprits, 
De  CoBNEiLLE   vieilli  sais  consoler  Paris  , 
Cesse  de  t'étonner,   si  l'envie   animée  , 
Attachant  à  ton  nom  sa  rouille  envenimée  , 
La  calomnie  en  main  (1)  ,  quelquefois  te  poursuit. 
En  cela  ,  comme  en  tout,  le  ciel  qui  nous  conduit, 
Racine,  fait  briller  sa  profonde  sagesse. 
Le  mérite  en  repos  s'endort  dans  la  paresse. 
Mais  par  les  envieux   un   génie   excité 
Au  comble  de  son  art  est  mille  fois  monté. 
Plus  on  veut  l'affaiblir  ,  plus  il  croît  et  s'élance. 
Au  Cid  persécuté  Cinna  doit   sa  naissance; 
Et  peut-être  ta  plume  aux  censeurs  de  Pyrrhus 
Doit  les  plus  nobles  tiaits  dont  tu  peignis  Burrhus, 

Qu'on  se  rappelé  ce  que  j'ai  dit  des  critiques,  pages  297-301  ,  et 
qu'on  cesse  d'y  attacher  la  moindre  importance.  Que  le  poète  ne 
s'en  inquiète  pas  davantage ,  et  qu'il  se  rappelé  ce  conseil  de 
Victor  Hugo  : 

Jeune  homme,  ce  méchant  fait  une  lâche  guerre. 
Ton  indignation  ne  l'épouvante  guère. 


Ci)  Délcslahle  lip'miîticlie.  11  semMeiait  que  la  calomnie  est  une  cliose  ([u'on  (lent 
à  la  main  comme  un  sceptre.  Il  fundrait  ,  donnant  la  main  à  la  calomnie. 

T.  II.  99 


7S(>  CI,EF  DE  I.V  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Crois-moi  donc,  laisse  en  paixjcuneliomme  au  noble  cœur, 

Ce  zoile  à  l'œil  faux,  ce  malheureux  moqueur. 

Ton  mépris? Mais r'c5<  Vair{l)  qu'il  respire.  Ta  haine? 

La  haine  esl  son  odeur ,  sa  sueur  ,  son  haleine. 

Il  sait  qu'il  peut  souiller  sans  peur  les  noms  fameux  , 

Et  que  pour  qu'on  le  touche  il  est  trop  venimeux. 

Il  ne  craint  rien.  Pareil  au  champignon  difforme , 

Poussé  dans  une  nuit  au  pied  d'un  chêne  énorme  (2) , 

Qui  (3)  laisse  les  chevreaux  autour  de  lui  paissant 

Essayer  leur  dent  folle  à  (4)  l'arbuste  innocent , 

—  Sachant  qu'il  porte  en  lui  des  vengeances  trop  sûres , 

Tout  gonflé  de  poison  ;  il  attend  les  morsures. 

Chapelain  veut  liinci' ,  et  c'est  là  sa  folie, 

11  ne  pardonne  pas  aux  vers  de  la  Pucelte , 

Et  croit  régler  le  monde  au  gré  de  sa  cervelle. 

Attaquer  Chapelain  !  Ah  !  c'est  un  si  bon  homme  ! 

Balzac  en  fait  l'éloge  en  cent  endroits  divers. 

11  est  vrai,  s'il  m'eût  cru  ,  qu'il  n'eût  point  fait  de  vers. 

Il  se  tue  à  rimer  ,  que  n'écrit-il  en  prose? 

Voilà  ce  que  l'on  dit.  Et  que  dis-je  autre  chose  ? 

En  blâmant  ses  écrits,  ai-je  d'un  style  affreux 

Distillé  sur  sa  vie  un  venin  dangereux  ? 

Ma  muse  en  l'attaquant  ,  charitable  et  discrète  , 

Sait  de  l'homme  d'honneur  distinguer  le  poète. 

Qu'on  vante  en  lui  la  foi ,  l'honneur  ,  la  probité  ; 

Qu'on  prise  sa  candeur  et  sa  civilité  ; 

Qu'il  soit  doux  ,  complaisant,  officieux  ,  sincère  ; 

On  le  veut,  j'y  souscris,  et  suis  prêt  à  me  taire. 

Mais  que  pour  un  modèle  on  donne  ses  écrits; 

Qu'il  soit  le  mieux  rente  de  tous  les  beaux  esprits; 

Comme  roi  des  auteurs  qu'on  l'élève  à  l'empire  , 

Ma  bile  alors  s'échauffe  et  je  brûle  d'écrire  ; 

Et,  s'il  ne  m'est  permis  de  le  dire  au  papier  , 

J'irai  creuser  la  terre  ,  et ,  comme  ce  barbier  , 

Faire  dire  aux  roseaux  par  un  nouvel  organe  : 

Midas,  le  roi  Midas  a  des  oreilles  d'âne. 

Maudit  suit  l'auteur  dur,  dont  l'âpre  et  rude  verve  , 

Son  cerveau  tenaillant  ,  rima  malgré  Minerve  ; 

Et  de  son  lourd  marteau  martelant  le  bon  sens, 

A  fait  de  méchants  vers  douze  fois  douze  cents  1 

Injuste  envers  Quinaut  et  Perrault,  Boileau  fut  trop  sévère  en- 

(i)  Le  pronom  ce,  dans  c'est  l'air ,  ne  peut  remplacer  que  les  mots  ion  mépris  ;  en 
sorte  que  c'est  comme  s'il  y  avait  Ton  im-pris? Mais  Ion  mépris  est  l'air  qu'il  refpire, 
ce  que  n'a  pas  voulu  dire  l'aulcur,  qui  sous-rnlt-nd  non  pas  ff)«  mépris  ,  mais  /c 
mépris . 

(2)  Ivpitlicte  oiseuse, 

(3)  En  prose  il  faudrait,  lequel. 

(4^   En  prose  il  faudrait  sur  an  lirn  dr  (V ,   qui  reste  toujours  une  licence  poc'lique. 


SIG.NES  DIVERS.    MÉDECl.VE.  787 

vers  Chapelain,  chez  qui  l'on  trouve  des  passages  que  ne  désavoue- 
raient pas  nos  meilleurs  poètes ;du  jour. 

Malgré  son  fatras  obscur  , 
-  Souvent  BrébœuF  étincèle. 
Un  vers  noble  ,  quoique  dur  , 
Peut  s'offrir  dans  la  Pucelle. 
Mais  ,  ù  ma  lyre  fidèle. 
Si  du  parfait  ennuyeux 
Tu  veux  trouver  le  modèle  , 
Ne  cherche  point  dans  les  cieux 
D'astre  au  soleil  préférable  (1)  ; 
l\i ,  dans  la  foule  innombrable 
De  tant  d'écrivains  divers 
[Chez  Coignard  rongés  des  vers , 
Un  poète  comparable 
A  l'auteur  inimitable 
De  Peau  d'Ane  mis  en  vers. 

Boileau  a  beau  dire ,  les  Contes  de  Perrault  sont  en  leur  genre 
de  petits  chef-d'œuvres  ;  et  d'un  autre  côté  la  fa«;ade  du  Louvre  a 
rendu  son  nom  immortel. 

On  regrette  de  ne  Ipas  voir  figurer  sur  la  liste  des  poètes  pen- 
sionnaires de  Louis  XIV  des  noms  tels  que  La  Serre,  Pradon , 
Colletet ,  P inchêne  ,  Coras,  Linière,  etc.  Boileau  n'en  a  pas  dit 
plus  de  mal  que  de  Chapelain  et  de  l'abbé  Cotiu. 

Morbleu  !  dit-il,  La  Skhee  est  un  charmant  auteurl 
Ses  vers  sont  d'un  beau  style  ,  et  sa  prose  est  coulante. 

Vous  pourrez  voir  ,  un  temps  ,  vos  écrits  estimés 
Courir  de  main  en  main  par  la  ville  semés  ; 
Puis  de  là  ,  tout  poudreux  ,  ignorés  sur  la  terre  , 
Suivre  chez  l'épicier  Nbuf-Germain  et  La  Serre  ; 
Ou  de  trente  feuillets  réduits  peut-être  à  neuf. 
Parer  ,  denii-rongés  ,  les  rebords  du  Pont- Neuf. 

Là  près  d'un  Guarini  Térence  tombe  à  terre  ; 

Le  Xénophon  dans  l'air  heurte  contre  un  La  Serre. 

Faut-il  d'un  froid  rimeur  dépeindre  la  manie? 
Mes  vers  comme  un  torrent  coulent  sur  le  papier; 
Je  rencontre  à  la  fois  Perrin  et  Pelletier, 

BOWNECORSE  ,    PbADON,    CoLLETET  ,   TlTBEVILLE  ; 

Et ,  pour  un  que  je  veux  ,  j'en  trouve  plus  de  mille. 
Que  vous  ont  fait  Perrin,  Baboin  ,  Pradon  ,  Hainaut  , 

CoLLETEI  ,    PelLETIKR,   ÏiTREVILLE  ,    QuiNADT  , 

Dont  les  noms  en  cent  lieux ,  placés  comme  en  leurs  niches  , 
Vont  de  vos  vers  malins  remplir  les  hémistiches  ? 

Venez  ,  Pradon  et  Bonnecorse  , 
Grands  écrivains  de  même  force, 

(1)  Qu'est-ce  que  cela  veut  dire  ï  iS'c  cherche  point  d'astre  est-ce  fran- 
çais î  Ah  !  législateur. 


SS  CLEF  DE  LA  LANCUJE  ET  DES  SCIENCES. 

De  vos  vers  recevoir  le  prix. 

Venez  prendre  dans  mes  écrits 

La  plac<;  que  vos   noms  demandent. 

LiNiÙRB   et   Pehrjn  vous   attendent. 
Horace  a  bu  son  sofd  quand  il  voit  les  Ménadcs; 
Et  ,  libre  du  souci  qui  trouble  Colletet, 
N'attend  pas  pour  dîner  le  succès  d'un  sonnet. 

Nos  beaux  jours  sont  finis,  nos  honneurs  sont  passés. 

Dans  peu  vous  allez  voir  vos  froides  rêveries 

Du  public  exciter  les  justes  moqueries  ; 

Et  leur  auteur  jadis  ,  à  Régnier  préféré  , 

A  PiNCHÊNE ,  à  LiNiÈBE,  à  Perhin  Comparé. 

D'un  PiNCHÊNE  in-quarto  Dodillon  étourdi 

A  long-temps  le  teint  pâle  et  le  cœur  affadi. 

J'entends  déjà  d'ici  Limière  furieux 
Qui  m'appèle  au  combat  smis  preyidre  un  plus  long  terme. 
De  l'encre  ,  du  papier,  dit-il,  qu'on  nous  enferme. 
Voyons  qui  de  nous  deux  ,  plus  aisé  dans  ses  vers , 
Aura  plus  tôt  rempli  la  page  et  le  revers. 

Bienheureux  ScDDt'.Bi ,  dont  la  fertile  plume, 

Peut  tous  les  mois  sans  peine  enfanter  un  volume! 

Tes  écrits,  il  est  viai,  sans  art  et  languissants, 

Semblent  être  formés  en  dépit  du  bon  sens  ; 

Mais  ils  trouvent  pourtant  ,  quoi  qu'on  en  puisse  dire  , 

Un  marchand  pour  les  vendre  et  des  sots  pour  les  lire. 


ANECDOTES. 

Chapelain  portait  un  manteau  au  cœur  de  l'été.  Un  jour  qu'on 
lui  en  demandait  la  cause,  il  répondit  qu'il  était  indisposé.  Conrard 
lui  dit  :  «  En  vérité,  je  crois  plutôt  que  c'est  votre  justaucorps  qui 
est  indisposé.  » 

Corneille,  si  élevé,  si  sublime  dans  ses  écrits,  n'était  plus  le 
même  dans  la  conversation.  Il  s'énonçait  au  contraire  d'une  ma- 
nière si  sèche  et  si  embarrassée,  qu'une  grande  princesse,  qui  avait 
désiré  le  voir  et  l'entretenir,  disait  :  «  Cet  homme  la  n'est  bon 
à  écouter  qu'a  l'hôtel  de  Bourgogne.  »  (C'était  l'hôtel  des  Comé- 
diens. ) 

Puisque  Corneille  est  mort,  qui  nous  donnait  du  pain, 
Nous  vivrons  de  Racine  ou  nous  mourrons  de  faim. 

On  a  souvent  mis  en  parallèle  les  deux  auteurs  tragiques  les 
plus  célèbres,  Corneille  et  Racine.  Quand  ce  parallèle  s'établissait 
devant  Piron ,  il  tranchait  la  difficulté  en  disant  :  «  Je  voudrais 
être  Racine  et  avoir  été  Corneille.  »  —  Le  duc  de  Bourgogne  disait 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECINE.  789 

avec  beaucoup  de  finesse  :  «  Comédie  était  plus  homnie  de  génie, 
Racine  plus  homme  d'esprit.  »  —  On  voit  bien  ce  que  Corneille  a 
été  sans  Racine,  on  ne  voit  pas  de  même  ce  que  Racine  eût  été 
sans  Corneille.  L'un  a  créé  son  art  et  l'a  porté  jusqu'à  la  perfection 
en  certaines  parties  ;  l'autre  a  perfectionné  les  parties  où  son  rival 
avait  été  moins  supérieur.  Il  n'est  pas  douteux  que  l'art  drama- 
tique doit  plus  a  Corneille  qu'a  Racine ,  et  qu'il  fallait  plus  de 
génie  pour  le  porter  tout  à  coup  au  point  où  le  père  de  notre 
théâtre  l'a  élevé  que  pour  le  prendre  de  ce  point  si  avancé  et  le 
faire  arriver  à  une  entière  perfection.  (  Sixième  lettre  de  Clémeist 
a  Voltaire.  ) 

De  peur  d'offenser  sa  patrie  , 
Journel,  moa  imprimeur,  digne  enfant  de  Paris, 
INe  veut  rien  imprimer  sur  la  badauderie. 

Journel  est  bien  de  son  pays.  (Mbrage.) 

Ménage,  cet  homme  excellent  pour  la  critique  des  pièces,  traita 
de  son  temps  La  Bruyère  coimne  Gustave  Planche  a  traité  de  nos 
jours  Victor  Hugo  et  Chateaubriand.  Le  livre  de  La  Bruyère  est 
devenu  classique;  que  sont  devenues  les  critiques  de  Ménage? 

Ménage  se  trouvait  dans  le  cloître  des  Chartreux  lorsqu'on  y 
faisait  voir  le  tableau  de  Saint-Bruno.  Quelqu'un  dit  :  «  Il  ne  lui 
manque  que  la  parole.  — En  ce  cas,  dit  Ménage,  il  est  parfait;  car 
il  ne  pourrait  parler  sans  manquer  a  la  règle.  » 

Ménage  disait,  a  propos  de  ceux  qui  affectionnent  la  particule  de 
devant  leur  nom  ;  a  Je  connais  un  hoDune  appelé  Loyal,  le  quel, 
bien  différent  de  tous  les  autres,  ne  souffre  pas  qu'on  l'appèlo 
M.  de  Loyal. 

Depuis  que  je  suis  réconcilié  avec  le  père  Bouhours,  disait  Mé- 
nage, je  trouve  ses  ouvrages  meilleurs.  Ce  que  c'est  qu'un  critique 
de  profession  ! 

Ménage  disait  que  par  le  démon  de  7727V7/ (dœmoniuni  raoridia- 
num),  dont  parle  le  prophète  roi  (Ps.  90),  et  sur  lequel  Furetière 
et  Mabillon  ont  donné  chacun  une  dissertation,  on  ne  devait  en- 
tendre autre  chose  que  le  besoin  de  dîner. 

Boyer  travailla  cinquante  ans  pour  le  théâtre,  et  ne  vit  jamais 
réussir  aucune  de  ses  pièces.  Pour  éprouver  si  tant  de  chutes  ne 


790  CLE1>  DE  LA  LAiNGLlE  ET  DES  SCIENCES. 

devaient  pas  être  imputées  a  la  piéveiition,  il  iit  alticlier  la  tragédie 
d^Agamemnun  sous  le  nom  de  l*ader  d'Assézau,  jeune  Gascon  nou- 
vellement arrivé  a  Paris.  Tout  le  monde  y  courut,  et  la  pièce  fut 
généralement  applaudie.  Racine  même  se  déclara  pour  le  nouvel 
auteur.  Alors  Buyer,  ne  pouvant  contenir  sa  joie,  s'écria  du  par- 
terre :  «  Hé!  Messieurs,  malj;ré  mons  (1)  de  Racine,  elle  est  pour- 
tant deBoyer!  »  Le  lendemain  cette  tragédie  fut  sifflée,  et  Racine  se 
vengea  d'en  avoir  dit  du  bien  par  un  sonnet  qui  unissait  ainsi  : 

Bie.n  des  gens  ont  crié  merveilles  (2), 

J'ai  fort  crié  de  mon  côté. 

Mais  comment  faire  ?  En  vérité, 

Les  vers  m'écorchaient  les  oreilles. 

Racine  se  fit  bien  petit  dans  celte  circonstance.  Ce  n'est  pas 
Victor  Hugo  qui  serait  jamais  descendu  si  bas.  Il  a  du  premier 
coup  dit  nettement  sa  pensée  sur  Lucrèce,  et  sa  prédiction  est  déjà 
aux  trois  quarts  accomplie  (5). 

Quand  les  pièces  représentées 
De  Boyer  sont  peu  fréquentées. 
Chagrin  qu'il  est  d'y  voir  peu  d'assistants, 
Voici  comme  il  tourne  la  chose  : 
o  Vendredi,  la  pluie  en  est  cause, 
Et  le  dimanche,  le  beau  temps.  »  (Fubetièbe.) 

La  Judith  de  Boyer  eut,  pendant  un  carême  entier,  beaucoup 
d'applaudissements.  Boyer,  l'ayant  fait  imprimer  pendant  la  va- 
cance de  Pâques,  elle  fut  sifflée  a  la  rentrée.  L'actrice  Cliampmêlé, 
étonnée  d'une  telle  symphonie,  a  la  quelle  ses  oreilles  n'étaient  pas 
accoutumées,  s'avança  sur  le  bord  du  théâtre  et  dit  au  parterre  : 
«Messieurs,  nous  sommes  surpris  que  vous  receviez  aujourd'hui  si 
mal  une  pièce  que  vous  avez  applaudie  pendant  le  carême.  »  Au 
même  moment  une  voix  perçante  s'écria  du  milieu  du  parterre  : 
«  C'est  que  les  sifflets  étaient  a  Versailles  aux  sermons  de  l'abbé 
Boileau.  » 

Molière  gardait  le  lit  depuis  plusieurs  jours.  Quelqu'un  lui  en- 

(1)  Alnévialion  du  mot  monsieur,  employée  souvent  par  mépris.  Mons  un  le!. 

(2)  11  faudrait  nicri'eille  au  singulier. 

(3^  Victor  Hugo  avait  dit  à  propos  de  l'eugoucment  des  Parisiens  pour  la  tragédie 
«le  Lucrèce  :  Cela  passera.  Et  cela  est  déjà  passé  en  eflet,  A  Vienne,  Lucrèce  n'a  eu 
>jue  deux  ou  trois  représentations. 


SIGNES  DIVERS.  MÉDECINE.  7î>{ 

voie  un  médecin.  Son  domeslique  l'annonce.  «  Diles-lni,  répond 
IMolière,  que  je  suis  malade,  et  que  je  ne  reçois  personne.  » 

On  annonçait  a  Benserade  la  mort  d'une  veuve  riche,  vieille,  et 
très-ridicule.  «  On  l'enterra  hier,  disait  le  conteur.  —  C'est  dom- 
mage, dit  Benserade;  avant-liier  c'eût  été  un  bon  parti.  » 

Benserade^  étant  a  l'Académie,  y  prit  la  place  de  Furetière  qu'il 
n'aimait  pas,  et  dit  en  s'y  mettant  :  «  Voici  une  place  où  je  vais 
bien  dire  des  sottises. —  Courage,  lui  répondit  Furetière,  vous  avez 
fort  bien  commencé.  » 

Benserade  \o\\\?,?,Mi  de  la  plus  grande  réputation,  lorqu'il  s'avisa 
du  dessein  extravagant  de  mettre  en  rondeaux  les  Métamorphoses 
d'Ovide.  Ce  fut  la  l'écueil  de  sa  gloire  poétique.  C'est  a  lui  que 
Molière  fait  allusion,  dans  sa  comédie  des  Précieuses  ridicules, 
lorsqu'il  fait  dire  a  Mascarille  :  «  Je  travaille  a  mettre  l'histoire  de 
France  en  madrigaux.  » 

Néanmoins  les  rondeaux  de  Benserade  eurent  un  grand  nombre 
de  partisans  a  la  cour,  et  Louis  XIV  lui  fit  donner  mille  louis  pour 
les  tailledouces  qui  devaient  eu  orner  l'édition  qui  en  fut  faite  au 
Louvre  avec  tout  le  luxe  typographique,  ce  qui  suggéra  a  Chapelle 
ces  vers  : 

A  la  fontaine  où  s'enivrent  Boiieau, 
Le  grand  Corneille,  et  le  sacré  troupeau 
De  ces  auteurs  que  l'on  ne  trouve  guère, 
Un  bon  rimeur  doit  boire  à  pleine  aiguière, 
S'il  veut  donner  un  bon  tour  au  rondeau. 
Quoique  j'en  boive  aussi  peu  qu'un  moineau, 
Cher  Benserade,  il  faut  te  satisfaire, 
T'en  écrire  un.  Mais  c'est  porter  de  l'eau 
A  la  fontaine. 

De  tes  refrains  un  livre  tout  nouveau 
A  bien  des  gens  n'a  pas  eu  l'heur  de  plaire  ; 
Mais,  quant  à  moi,  j'y  trouve  tout  fort  beau  (1), 
Papier,  doriu'e,  image,  caractère. 
Hormis  les  vers,  qu'il  fallait  laisser  faire 
A  La  Fontaine. 


(i)  Le  texte  porte  :  Je  le  trnxive  fort  beau ,  on  soi'te  que  oc  vers  n'a  ainsi  auoiino 
liaison  avoo  ce  fini  suit.  Cliajiolle  ne  lirille  pas  toujours  par  la  correction. 


792  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

Ko  duc  crEnghien  ,  (ils  du  grand  Condé,  voulut  souteniirhon- 
iicur  dos  rondoaux  de  Bensenide.  Il  n'eut  pas  le  pouvoir  de  con- 
vertir Boiloau,  qui  en  faisait  peu  de  cas.  —  «  Mais  les  vers  en  sont 
clairs,  disait  le  prince  a  l'auteur  de  V Art  poétique.  Ils  sont  parfaite- 
mont  rimes,  et  disent  bien  ce  qu'ils  veulent  dire.  —  Monseigneur, 
dit  Boileau,  il  y  a  quelque  temps  que  je  vis  une  estampe  représen- 
tant un  soldat  qui  se  laisse  manger  par  les  poules,  au  bas  de  la 
quelle  était  ce  distique  : 

Le  soldat  qui  craint  le   danger 
Aux  poules  se  laisse  manger. 

Assurément  cela  est  clair,  cela  est  bien  rimé,  cela  dit  ce  que 
cela  veut  dire  ;  cependant  cela  ne  laisse  pas  d'être  le  plus  plat  qui 
se  puisse.  » 

En  vain  les  amis  de  Benserade  lui  représentèrent-ils  qu'il  y  avait 
de  l'exlravagauce  a  vouloir  mettre  les  IMétamorplioses  d'Ovide  en 
rondeaux,  il  leur  répondit  qu'il  mettrait  en  rondeaux  la  préface, 
le  privilège,  et  même  l'errata,  ce  qu'il  fit  en  effet. 

Benserade  venait  d'épouser  une  femme  aimable.  «  Le  bénéfice 
serait  fort  bon,  dit-il,  s'il  ne  demandait  pas  résidence.  » 

M.  de  Sainte-Marthe  assurait  que  les  Chartes  de  la  fondation 
de  l'abbaye  de  Signy,  en  Champagne,  portaient  expressément  que 
saint  Bernard  avait  promis  autant  d'arpents  dans  le  ciel  qu'on  en 
donnerait  sur  la  terre  a  ses  moines. 

Duperrier,  gentilhomme  provençal,  connu  par  ses  excellentes 
poésies  latines ,  se  trouvant  un  jour  dans  le  besoin ,  s'adressa  a 
Chapelain,  qui  était  aussi  avare  que  riche.  Celui-ci  crut  lui  faire 
une  grande  libéralité  en  lui  donnant  un  écu.  Après  un  tel  effort  de 
générosité,  il  disait  :  «  Nous  devons  secourir  nos  amis  dans  leurs 
nécessités,  mais  nous  ne  devons  pas  contribuer  a  leur  luxe.  » 

Duperrier  et  Santeuil  parièrent  un  jour  a  qui  ferait  la  meilleure 
pièce  de  vers  latins  sur  un  sujet  donné.  Les  deux  rivaux  se  ren- 
dent aussitôt  chez  le  père  Rapin,  pour  l'établir  juge  entre  eux. 
Apprenant  qu'il  venait  de  sortir  pour  dire  sa  messe,  ils  le  font  de- 
mander a  la  porte  de  l'église  pour  une  affaire  d'importance. 
Bapin  arrive.  Ils  lui  font  part  du  sujet  de  leur  \isite.  et  lui  lemet- 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECINE.  795 

lent  l'argent  avec  les  deux  pièces  de  vers.  Rapin  déclare  l'une  et 
l'autre  pièce  également  mauvaises,  et,  rentrant  dans  l'église,  jète 
l'argent  dans  le  tronc  des  pauvres. 

Dans  la  campagne  de  Gand,  Boileau  et  Racine  eurent  ordre  de 
suivre  le  roi.  Sa  Majesté  s'y  exposa  beaucoup,  et  plusieurs  courtisans 
lui  remontrèrent  qu'il  devait  un  peu  plus  ménager  sa  personne. 
Son  historien  lui  vint  faire  sa  cour  en  le  priant  de  ne  pas  lui 
donner  si  tôt  occasion  de  finir  son  histoire,  puisqu'il  ne  s'en  était 
fallu  que  de  sept  pas  qu'un  boulet  de  canon  ne  l'eût  atteint.  «  Et  à 
combien  de  pas  étiez-vous  du  canon?  dit  le  roi  a  Despréaux.  — A 
cent  pas,  répondit  le  satirique.  — Mais  n'aviez-vous  point  peur? 
repartit  le  roi.  —  Oui,  sire,  je  tremblais  beaucoup  pour  Votre 
Majesté,  et  encore  plus  pour  moi.  » 

Après  la  mort  de  Racine,  Boileau  vint  a  la  cour  proposer  au  roi 
M.  de  Valincour  pour  la  charge  d'historiographe,  restée  vacante. 
Du  plus  loin  que  le  roi  l'aperçut,  il  lui  cria  :  «  Despréaux ,  nous 
avons  beaucoup  perdu  vous  et  moi,  à  la  mort  de  Racine.  —  Tout 
ce  qui  me  console,  sire,  repartit  Boileau,  c'est  que  mon  ami  a  fait 
une  fin  très-chrétienne  et  très-courageuse,  quoiqu'il  craignît  extrê- 
mement la  mort.  —  Oui,  oui,  reprit  le  roi,  je  m'en  souviens;  c'est 
vous  qui  étiez  le  brave  au  siège  de  Gand.  •> 

Racine  avait  la  faiblesse  de  vouloir  passer  pour  un  courtisan  ; 
mais  cette  petite  science  lui  était  inconnue,  et  on  s'en  apercevait 
bien.  Louis  XIV  le  voyant  un  jour  a  la  promenade  avec  M.  de  Ca- 
voie  :  «  Voila,  dit-il,  deux  hoEunes  que  je  vois  souvent  ensemble; 
j'en  devine  bien  la  raison  :  Cavoie  avec  Racine  se  croit  bel  esprit, 
et  Racine  avec  Cavoie  se  croit  courtisan.  » 

Chapelain  soutenait,  dans  une  séance  de  l'Académie,  qu'il  fallait 
dire  Vulcain  en  prose,  mais  Vulcan  en  vers.  «  En  ce  cas,  ditRacan, 
il  faudra  m'appeler  Racan  en  vers,  et  Racaiii  en  prose.  » 

Le  conte  de  Peau  d'Ane,  par  Perrault,  donna  lieu  a  l'épigrammc 
suivante  : 

Perrault  nous  a  donné  Peau  d'Ane. 
Qu'on  m'approuve  ou  qu'on  nie  condamne, 
Ma  foi!  je  dis  comme  Boileau, 
Perrault  nous  a  donné  sa  peau. 

T.  II.  1(K) 


794  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

<( — Pourquoi  avez-vous  peint  Louis  XI  comme  un  tyran?  de- 
mandait un  jour  Louis  XIV  a  Mézeraî.  —  Pourquoi  l'ctait-il?  » 
répondit  riiistorien. 

Mézerai  dit  que  les  plumets  sur  les  chapeaux  des  cavaliers  et 
gens  de  guerre  ne  sont  en  usage  que  depuis  les  croisades.  11  se 
trompe.  Virgile  dit  que  le  général  de  l'armée  des  Liguriens,  noimné 
Cupavus,  avait  des  plumes  de  cygne  sur  son  casque,  lorsqu'il  vint 
au  secours  d'Enée  contre  Turnus  : 

Et  paucis  comitante  Cupavo 

Cujus  olorinae  surgunt  de  vertice  pennae. 

(Remarques  sur  Virgile  et  Homère.) 

La  Serre  fit  une  mauvaise  tragédie.  A  la  première  représenta- 
tion il  y  eut  quatre  portiers  d'étouffés.  Aussi  disait-il  :  «  Je  ne  le 
céderai  a  Corneille  que  lorsqu'il  aura  fait  tuer  cinq  portiers  en  un 
jour.  » 

Lecteur,  tu  es  toujours  un  peu  enfant.  Avant  toute  chose,  il  faut 
qu'on  t'amuse.  Eh  bien  !  pour  terminer  ce  volume  d'une  manière 
digne  de  toi,  je  vais  te  dire  un  conte,  que  j'ai  bien  des  fois  en- 
tendu de  la  bouche  de  ma  pauvre  bonne  mère,  quand  j'étais  petit, 

LES  TROIS  FRÈRES. 

Il  était  une  fois  un  homme  qui  avait  trois  fils,  entre  les  quels  il 
partageait  également  ses  affections.  Il  ne  possédait  qu'une  maison, 
qu'il  ne  voulait  pas  veudre,  parce  qu'il  en  avait  hérité  de  ses  pères  ; 
en  sorte  qu'il  ne  savait  comment  s'y  prendre  pour  ne  faire  tort  à 
aucun  de  ses  fils  dans  son  testament.  Enfin,  il  lui  vint  une  idée,  et, 
les  ayant  appelés  tous  trois,  il  leur  dit  :  «  Allez,  parcourez  le  monde, 
apprenez  un  métier,  et  à  votre  retour  celui  qui  se  montrera  le  plus 
habile  dans  le  métier  qu'il  aura  choisi  héritera  de  la  maison.  »  La 
proposition  fut  acceptée;  et  les  trois  frères,  après  être  convenus  du 
temps  où  ils  devraient  se  retrouver  ensemble  dans  la  maison  pater- 
nelle, se  mirent  en  route.  L'aîné  se  fit  maréchal  ferrant,  le  second 
barbier,  le  troisième  professeur  d'escrime.  Chacun  fut  assez  heu- 
reux pour  trouver  un  bon  maître  ,  qui  lui  donna  d'excellentes  le- 
çons, et  lui  fit  faire  des  progrès  rapides.  Le  maréchal  ferrant  fut 
employé  à  ferrer  les  chevaux  du  roi ,  et  il  s'en  acquitta  d'une  ma- 
nière si  brillante,  qu'il  ne  put  s'empêcher  de  se  dire  à  lui-même  : 


SIGNES  DIVERS.    MÉDECLNE.  79o 

11  est  impossible  que  la  maison  m'échappe.  Le  barbier  ne  lit  la  barbe 
qu'à  de  grands  seigneurs ,  qui  tous  admirèrent  sa  dextérité,  et  il 
pensa  aussi  que  la  maison  lui  appartiendrait.  Le  maître  d'escrime 
commença  par  recevoir  de  terribles  bottes  ;  mais  il  prenait  pa- 
tience, en  se  disant  :  Si  tu  crains  les  bottes,  tu  n'auras  pas  la  mai- 
son. 

Le  terme  fixé  pour  le  retour  étant  arrivé ,  ils  reprirent  le  chemin 
de  la  maison  paternelle,  où  leur  père  les  revit  avec  joie.  Comme  ils 
délibéraient  sur  la  manière  dont  ils  pourraient  montrer  leur  talent, 
ils  virent  un  lièvre  accourir  vers  eux.  Dame  !  dit  le  barbier ,  tu 
viens  à  propos.  Aussitôt  il  prend  son  bassin,  fait  mousser  le  savon 
jusqu'à  ce  que  le  lièvre  soit  tout  près  de  lui,  le  savonne  alors 
à  la  course,  le  rase  de  même,  lui  fait  de  jolies  moustaches,  et  ne  le 
coupe  ni  ne  l'endommage  le  moins  du  monde. 

Ceci  me  plaît,  dit  le  père;  la  maison  t'appartiendra;  à  moins 
que  tes  frères  ne  se  dislingueixt  plus  particulièrement,  s'il  est  pos- 
sible. Quelques  moments  après  parut  un  seigneur  dans  une  voiture 
qui  allait  un  train  de  poste.  Maintenant,  mon  père,  vous  allez  voir 
ce  que  je  sais  faire  ,  dit  le  maréchal  ferrant.  Et  il  se  met  à  courir 
après  la  voilure,  arrache  au  cheval  qui  galopait  toujours  ses  quatre 
vieux  fers,  et  lui  en  attache  quatre  nouveaux,  toujours  à  la  course. 

Très-bien ,  mon  fils ,  dit  le  père.  Tu  ne  le  cèdes  en  rien  à  ton 
frère,  et  je  ne  sais  vraiment  pas  à  qui  je  donnerai  la  maison. 

Mon  père,  à  mon  tour  maintenant,  dit  le  troisième.  Et  comme  la 
pluie  commençait  à  tomber  dans  ce  moment ,  il  tira  son  épée,  et  la 
brandit  en  coups  croisés  au  dessus  de  sa  tète  avec  une  telle  rapidité 
que  pas  une  goutte  ne  tomba  sur  lui.  La  pluie  venant  à  augmenter, 
et  tombant  enfin  à  torrents,  il  brandit  son  épée  de  plus  en  plus  vite, 
et  resta  sec  comme  s'il  eût  été  sous  un  toit. 

Émerveillé  de  cette  adresse  :  Tu  es  le  plus  fort,  s'écria  le  père  , 
et  la  maison  est  à  toi.  Les  autres  n'en  murmurèrent  pas  ,  selon  la 
promesse  qu'ils  s'étaient  faite;  et,  pleins  d'amitié  l'un  pour  l'autre, 
ils  occupèrent  tous  trois  fraternellement  la  maison  ,  pratiquèrent 
chacun  leur  métier,  qu'ils  avaient  si  bien  appris  ,  gagnèrent  beau- 
coup d'argent ,  et  vécurent  parfaitement  heureux ,  jusqu'à  un  âge 
très-avancé. 

Sensible  image  de  la  fraternité  ,  de  l'harmonie  ,  du  bonheur  <iui 


796  CLEF  DE  LA  LANGUE  ET  DES  SCIENCES. 

devrait  régner  parmi  les  hommes,  dans  cette  vaste  maison  de  l'uni- 
vers, dont  Dieu  ,  notre  bon  père  ,  n'a  pas  voulu  le  partage,  encore 
moins  le  partage  inégal  qu'en  a  Tait  la  violence ,  mais  l'éternelle 
jouissance  en  commun. 

Fais-en  ton  profit ,  lecteur.  Pour  le  coup ,  adieu  et  au  revoir. 

LÉGER  NOËL. 

rienM,  le  25  décembre  1845. 


FIN   OU   TOME  SECOND. 


TABLE 


DES  MATIERES  CONTENUES  DANS   LE  SECOND  VOLUME, 


Pages. 

Fbéface.  a  m.  Gordier,  éditeur 1. 

Défînition  de  l<i  Grammaire 9. 

Grammaire  Françaisb.  Définition 13. 

M'otions  préliminaires  et  fondamentales 13. 

De  la  parole ibid. 

Des  langues 15. 

Langue  française 19. 

Des  lettres 39. 

Alphabet  français AO. 

Des  voyelles Ai . 

Tableau  des  voyelles,  soit  simples,  soit  composées 47. 

Des  voyelles  doubles  ou  diphthongues 48. 

Tableau  des  diphthongues 49. 

Règles  sur  les  diphthongues 50. 

Des  consonnes 68. 

Tableau  des  consonnes,  soit  simples,  soit  composées 70. 

AfiQnité  des  consonnes 72. 

Des  syllabes , 81. 

Principes  d'épellation 85. 

De  la  Prosodie 90. 

De  l'accent 91 . 

De  l'aspiration 93. 

De  la  quantité 94. 

Règles  de  quantité 105. 

Des    Signes  orthographiques 115. 

Des  accents ibid. 

Tableau  des  voyelles  accentuées  d'un  accent  circonflexe 118. 

Exercices  sur  les  accents 128. 

Du  tréma  ou  diérèse 135. 

Exercices 141 . 

De  la  cédille 142. 


79S  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Règles  pour  distinguer  le  c  de  l's  devant  e,  i,  et  y 145. 

Cas  où  le  t  entre  en  concurrence  avec  le  c  et  l's,  et  même  l'as 148. 

DilTérentes  manîëies  de  représenter  le  son  ks.  Règles 153. 

Du  double  son  ps  ou.  bs 154. 

Du  simple  son  s.  Quand  faut-i!  le  représenter  par  une  s   ou  par 

un  c  ? ibid. 

Syllabes  finales  ce  et  céc 162. 

Des  lettres  agrégées  se ibid» 

Solo  da  lyre 173 . 

«          .          {  Le  printemps 175 

Lxercices  ' 


Omnia  i>anitas 177. 

A  deux  petites  princesses 179. 

Prose , ibid. 

De  l'apostrophe 187, 

Du  trait  d'union 196. 

Déblai ibid. 

NtTELLEMBNT    ET    IlÉÉDIPICATION • ••  199. 

Exemples  pour  l'usage  ou  la  suppression  du  trait  d'union 229, 

Substantifs  composés  passés  à  l'élat  de  mots  simples ibid. 

Substantifs  composés  non  susceptibles  de  simplification.. 234. 

Exemples  de  divers  cas  où  s'emploie  encore  le  trait  d'union 241. 

Exemples  de  locutions  où  le  trait  d'union  serait  une  faute 244. 

Antienne 251. 

Hes  Signes  de  ponctuation ibid. 

Déblai 255. 

fitÉoincATioN  De  la  virgule. ibid. 

Du  point-virgule, 323. 

Date  lilia,  par  Victor  Hugo 327. 

Carillon 331. 

Des  deux  points.  Déblai 333. 

RéédiCcatlon 337. 

Du  point  absolu 349. 

De  l'alinéa 355. 

A  M™»  Louise  de  W" 360. 

A  une  jeune  reine.  • • 361. 

Coup  d'oeil  sur  Berlin Soo. 

Appendice 372. 

Signes  auxiliaires.  Signes  modificatifs 374. 

Du  signe  interrogatif. ibid. 

Du  signe  interjectiP 389. 

Du  signe  ou  point  suspensif 406. 

Points  supplétifs. , '107. 


TABLE  DES  MATIÈRES.  799 

Points  conducteurs,  ou  points  qiiarrés J!(08. 

Signes  purement  distinctifs 409. 

Du  tiret,  appelé  moins  en  algèbre ibid. 

Le  riche  et  le  pauvre llll. 

Du  guillemet 412. 

La  Cliartc 417. 

De  la  parenthèse 419. 

Des  crochets 424. 

De  l'accolade , ibid. 

Tableau  de  la  race  de  Dardanu?.. 425. 

Variation  et  gradation  des  caractères 426. 

Des  caractères  d'imprimerie 427. 

Tableau  des  diverses  espèces  d'écriture 428. 

Tableau  des  divers  caractères  d'imprimerie 429. 

Antienne • 431. 

De  quelques  autres  signes  usités  dans  l'imprimerie ibid. 

Des  signes  de  correction 433. 

Observations  particulières ibid. 

Tableau  des  signes  de  correction 435. 

Termes  d'imprimerie  et  de  librairie 436. 

Signes  divers.  Signes  algébriques 448. 

Termes  d'algèbre  et  d'arithmétique ibid. 

Chiffres 453. 

Tables  de  réduction  des  poids  et  des  mesures 458. 

Change  et  cours  des  monnaies 462. 

Valeur  au  pair  des  monnaies 463. 

Conversion  en  argent  de  France  des  diverses  monnaies  étrangères 464. 

Monnaies  de  compte 469. 

Monnaies  des  anciens 470. 

Principaux  termes  de  finances.. 471. 

Table  de  Pylhagore 476. 

Table  des  logarithmes ibid. 

Carillon 478. 

Termes  de  géométrie 483. 

Figures  et  signes  géométriques 492. 

De  l 'arpentage 498. 

Du  nivclement 500. 

Les  amouis  du  compas  et  de  la  règle 504. 

Signes  astronomiques.  Signes  du  zodiaque 506. 

Noms  des  constellations 508. 

Planètes  et  satellites 513. 

Tableau  des  planètes 514. 


SOO  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Lune.  Ses  phases.  Ses  aspects. »,..,,,,, 515. 

Calendrier  romain s 518. 

Calendrier  grégorien.. 519. 

Table  de  concordance  entre  le  calendrier  fiançais  et  le  calendrier  grégorien..  520. 

Noms  des  mois  avec  le  nombre  de  jours  contenus  dans  chacun  d'eux. .....  522. 

Fêtes 524. 

Comètes , 525* 

Hymne 526. 

Termes  d'Astronomie . .  527. 

/  Air 529. 

Année 531. 

Astronomie. 534. 

Atmosphère, • 535. 

Atiracl'ton , 536. 

Cosmopolite 542. 

Les  règles  de  l'art ,, 545. 

Cycle 546. 

Ère 551. 

Étoile 554. 

Horloge.  Petite  horloge  de  Flore , 558  . 

Lumière. , 563. 

tunetle 565. 

Méridienne 567. 

MouTemcnt 568  . 

Soleil 575. 

Système. 577. 

Terre 578. 

Vent 584. 

Signes  avant-coureurs  du  beau  temps  ou  de  la  pluie 588. 

Origine  des  Sciences 589. 

Signes  et  abréviations  des  termes  de  botanique 590. 

Quelques  explications 5J1. 

Méthode  de  Tournefort 592. 

Clef  de  la  me'tliode  de  Tournefort 593. 

Vocabulaire  du  tableau 594. 

Système  de  Linné ibid. 

Clef  du  système  de  Linné,  modifié  par  Richard 595. 

T^oticc  sur  Linné ibid. 

Vocabulaire  du  tableau  • 596. 

Méthode  de  Jussieu ibid. 

clef  de  la  méthode  de  Jussieu 597. 

Vocahulnirc  du  tahlcaUj  implicnnl  un  cours  complet  de  phytograpJiic 598. 


TABLE  DES  MATIÈRES.  .SOI 

Aurantiacées,.  .  ,  , ....,..•..,.■,  601. 

Borraginées,  , , • 602. 

Caprifoliacées. ,.,.. 603. 

Cary  ophj  liées 604. 

Cbicoracées ,.. •■•  606. 

Coryrabifères .. 607. 

Crucifères 608. 

Cucurbitacées.    .  , 609. 

Graminées,  ,,,... 615. 

Labiées ^ 620. 

Légumineuses • 62o. 

Liliacées c 629. 

MaWacces. 63Z|. 

Myrlécs. 6S6. 

Narcissées 63  / . 

Ombelllféres 6S8. 

Palmiers 6^2 . 

■^       J  Papavéracées 613. 

Polygonécs , 6^7. 

Primulacèes. 6a S. 

Renonculacées 6^9. 

Rosacées 653. 

Rubiacées , 659. 

Itutacées 660. 

Saxifragées 663. 

Satanées.  . 664 . 

Tiltacées 670. 

Urticces , 67Î  . 

Ferbénacées , ,..■. 673. 

Fioluriées 675. 

flairiérc 677. 

Cherchez  et  vous  Irouvercz 692. 

Liste  alphabétique  des  noms  génériques  de  phintes,    avec   la  tra- 
duction française.  Noms  latins  ou  barbares 694. 

Béflexions  critiques 707. 

Avis   tbès-impoktant , 709. 

Le   Dictioniuiirc  National 712. 

Anomalies 713. 

Liste  française,    avec  la  traduction  latine  des  noms  génériques  des 

plantes 7J4. 

Noms  vulgaires  des  plantes.  OI)-,Pivalions  graminalicales 718. 

Distribution   des  vcgélaux  cultivés  dans  les  plaines  et  sur  les  plaleaiix  peu 

«kvp's  de  rEuroi>e 725. 

T.  II.  101 


802  TABLE  DES  MATIÈUES. 

Distribution  des  ai  Lies  forestiers    dans  les  plaines  et  sur  les  plateaux  peu 

«levés  de  l'Europe 726. 

Distribution  des  végétaux  sur  les  montagnes  de  IKuiopc 727. 

Calendrier  de  Florct  •..« 728. 

Les  botanistes • 729. 

La  nature 730. 

Signes  et  abréviations  de  Médecine 734. 

Exemple  d'une  t)rdonnance  de  médecine 735. 

Histoire  de  la  Médecine ibid. 

A  Mademoiselle  la  comtesse  Pauline  de  K 739. 

Médecin  ,  Médecine ibid. 

Anecdotes 7/il. 

Le  Médecin  de  Louis  XI - 7/|2. 

Tableau  des  Maladies 7^7. 

Maladies  générales.  Fièvres ibid. 

Plilegmasies  ou  Inflammations • 748. 

Maladies  des  organes  du  sentiment 7ol. 

Maladies  des  organes  de  la  locomotion» /53. 

Maladies  des  organes  de  la  digestion 7d5. 

Maladies  des  organes  de  la  circulation 759. 

Maladies  des  organes  de  la  respiration • 760. 

Maladies  du  système  lymphatique  et  du  tissu  cellulaire /61. 

Maladies  des  organes  urinaires 7u2. 

Maladies  des  organes  de  la  génération 763. 

Appendice ibid. 

Bienfaits  de  là  civilisation 764. 

Souvenirs 772. 

A  Mademoiselle  B 773. 

Bien  distinguer  les  valets  des  maîtres 776. 

Encore  le  Dictionnaire  National ibid. 

Au  lecteur 777. 

Liste  des  pensions  accordées  aux  gens  de  lettres  par  Louis  XH'. . . .  778. 
Jugements   de  Boileau    sur  la   plupart    des    écrivains   mentionnés 

ci-dessus 780. 

Anecdotes  relatives  à  ces  écrivains 788. 

Final.  Les  Trois  Frères 794. 


Viy  DE  I.A  TABLE  DU   TOME  îsECOJVD. 


EKRATA. 


Tii^e       8,  Iii;[lt26.  Au  liiu  du /euieloi'l,  lisez  nous  tllm'l. 

—  17,   —        1.  Supposczun  liict  (— javaiilEsl-feiili;!. 

—  30,—     19.  Aulitud'e/ji'gramme,  lisezc/jignimmcs. 

—  36,  liste  lies  vi'ibis  germanisés.  Au  lieu  de  ,  rari- 

caturiren,  civiliren,  divistren^  enflaminen,  re- 
nomme, lisez  caricatiren,  rivtlisireny  dividiren, 
ent/litinmeiif  renommé.  Ciirîratiren,  comme  on 
le  voit,  se  forme  irrégulièrement.  Civitisireii, 
dividiren,  viennent  du  latiu.  Je  tiens  en  ré- 
serve une  foule  iPaulres  mots  franeais  ger- 
manisés, dont  la  vue  vous  épanouira  ta  rate 
Waren  sie  in  dieser  soirée  musicale?  Daswai- 
sehr  l)ritlante, 

—  37,  ligne  2  et  ^.  Au  lieu    d'e/n  lîegensclnrm,  lisi-z 

einen  Hegenscbirm. 
■ —      59.  Un  point  après  ce  vers  : 

De  peindre  la  parole  et  de  parler  aux  \cuJt. 

—  A2,  ligne  18.  Au  lieu  d^épellation,  lisez  nppelialion. 
■ —      lOy  Tableau    des  Tojclles.    Au   son    \    ajoutez    la 

forme  eu  et  l'exemple  J/  mangeti.  Au  son  u 
ajoutez  la  forme  eu  et  les  exemples  ,  rai  en, 
gageure. 

—  51,  ligne    8.  Au  lieu  de  taio,  raia  ,  'jdsd'a,  lisez, 

avec  lettres  majuscules.  Bain,  Cutn,  liastitt, 

—  l!t,  6.  Au  lieu  de /'une!  l'autre,  lisez  l'une 

et  l'autre. 

—  77,    —     19.  Au  lieu  de  Je,  /ererfce  Jcfer,  lisez  Je, 

dans  le  verbe  jeter. 
• —    ibid.,  —     19.  Ajoutez  Je?'Hjîa/e?ji  après  Jt;'r<'miu(/e. 

—  79,   • —       3.  Après  chez  tes  Betge$,    ajoutez  cette 

phrase  :  Os  deux  lettres  s'accordent 
pourtant  dans  légistafeur,  et  ses  dé- 
1  ivés. 

—  93,    —     26.  Au  lieu  de  Puur/)ienpar/eru»e/an»ue, 

lisez  Pour  bien  parler  notre  langue. 

—  97,  —       9  de  la  note.  Au  lieu  de  sars,  sels,  pots, 

lisez  sacs,  sels,  pots. 

—  ibid.,  • —     18  de  la  note.  Au  lieu  de  qui  commence 

par  une  autre  syllabe  ,  lisez  ijui  com- 
mence une  autre  syllabe. 

—  98,  —       l\  de  la  note.   Au  lieii  de  masque  ,  lisez 

masque. 

—  103,  —  vers  15.  Au  lieu  d\ispect,  lisez  esprit. 

—  105,  ligne  14-  Au  lieu  d'angula,  lisez  ungula. 

—  120.  Ajoutez  après  le  mot  (T.)i(rc  ;  Croître  prend  un 

accent  circonflexe  partout  où  il  pourrait 
former  ampliibologic  avec  le  Terbe  rruiVe  .- 
je  crois  ,  je  crûs  ,  j'ai  cru  ,  etc. 

—  130  ligne  8  de  la  note.  Au  lieu  de  ,  Trois  sceptres  à 

son  trône,  arracliés,  lisez  Trois  sceptres  <i  son 
trône  attachés. 

—  1A3.  Aux  mots  en  ron  ajoutez  pinnron. 

—  147,  ligne  20.  Au   lieu  de  tous  ceux  en  oisce.  ,  lisez 

tous  ceux  en  oisse  :  paroisse  ,  etc. 

—  157,  —       4  de  la  3»«  note.  Au  lieu  de  qui  précè- 

dent Moc  et  veusel  ,  lisez  qui  précè- 
dent, MOU  et  VER. 

—  163,   —       5,  1"  colonne.  Au  lieu   de  qui  croit  un 

arbre  ,  lisez  qui  croit  en  arbre;  cl 
aux  mots  de  cette  liste  ajoutez  i;i- 
florescence. 

—  164,   —        6,1"  colonne.    Au   lieu  de  marcessens 

lisez  marrescens. 

—  165,—     27,  2"i'î  colonne.  Au  lieu  de  C'efoienlHiie 

sorte  de  poésie  grossière  et  silencieuse, 
lisez  C'était  une  sorte  de  poésie  gros- 
sière et  licencieuse. 

—  167,  vers  2,  2'»«  col.  Au  lieu  de  na/jes,  lisez  nn/i/ies. 

—  168,  ligne  10,  2°'"  col.  Au  lieu  de  publiscite,  lisez 

plébiscite. 

—  195,—       1.  Au  lieu  de  m'ii/Zcrcnc-Aer,  lisez  )i'a//i-;- 

cacher, 

—  197,   —     20.  Au  lieu  de  r'es(-à-rfii 

mes  ,  lisez  c'est  à  dir 

—  209,  —     34.  Au  lieu  de  rfnns  ces  deux  (/e/iomina(/ons, 

lisez  dans  ces  dernières  dénominations. 

—  221,   —        8.  Au  lieu   de   comme  si  ce  n'était  pas  là 

deux  mots  encore  ,  lisez  comme  si  ce 
n'était  pat  encore  là  deux  mots. 

—  224,    —     16.  Nous  avons  réfléchi  qu'il  faut  écrire 
Légion  d'Uonneunmts  trait  d'un 

—  ihid.,   —     " 

~-    226,  — 

—  243,   —     dernière.  Au   lieu    de   l'un  à  un  bniiimc 

lettres,   lisez   l'an    d'eux  h  un  Iwmmc.    dr  leltr 


e.vpri- 


28.  Au  lieu  de ftau(e-/;«g-e,  lisez /mu(e./)njc, 
23.  Lisez:    vous,   eux,  elles,   et  l'adjtelif 


Page  285,  Exemple  6.  Cet  exemple  n'est  pas  à  sa  place  ici. 
11  faut  une  virgule  ayant  afin  que. 

—  289,  2""  exemple  allemand.   Lisez  sie  bald  aieder 

rôllig. 

—  290,  ligne  17.  Au  lieu  d'opposition,  lisez  apposition. 

—  307,—     13.  Nous  avons  réllérbi  qu'il  faut  une  vir- 

gule après  Kn  général ,  parce  que 
cela  signiCe,  Parlant  en  général, 
considérés  en  gênerai,  et  que  cela 
constitue  une  proposition  indépen- 
dante. 

—  317,  —     19.  Au  lieu  de  Mont  Faucon,  lisez  Mont- 

Faucon  ,  avec  un  trait  d'union. 

—  318,—      11.  Les  exemples, /(/'/leure^u'i/esl,  etc., 

et  Donnez  au  peuple,  etc.,  sont 
de  Victor  Hugo,  et  non  pas  de 
M.  Cousin. 

—  ibid.,  —       1  delà  note.  Au  lieu  de,  PoinI  rfei'iVg-ufe, 

lisez.  Une  virgule. 

—  337,  . —     10.  Deux  ou  trois  de  ces  exemples  ayant 

été  supprimés,  ceux  qui  restent  ne 
répondent  plus  ïi  l'ordre  indiqué  ici. 
~    339,—     12.  Une  virgule  après  il/a/s,. 

—  340,  —     34.  Au  lieu  de  rfemunrfni,  lisez  rfemanrfero. 

—  347,   —     29.  Au  lieu  de  calculs  la  ,  lisez  calculs  sa. 

—  359,  —       5"'«  de  la  2°»»  note.  Lisez  Nouvelle  preuve 

de  la  différence. 

—  364,   — '        B.Llsez  i/ua;i^ye /'ai  eue. 

—  365,   —       4-  Point  de  virgule  entre  fuyez  et  la  pe- 

tite ville. 

—  366,  Coup  d'œii,  sur  BEnLi»,  3°"«  ligne.  Une  virgule 

après  c'e«l  à  dire. 

—  371, ligne  30.  Supposez   un  trait    d'union   dans   le 

mot  bas-bleus. 

—  372,—     22.  Une  virgule  après /-aTier  1842. 

—  375,  —     28.  Au  lieu  de  Çuin'o  rien,  lisez  C>ui  «'as 

—  370,  —     24.  Lisez  il  et  non  pas  ils. 

—  378,  —     15.  Supprimez  le  point  d'interrogation. 

—  398.  Un  point  d'exclamation  après  ce  vers  : 
Pour  être  quelque  jour  mon  soutien  et  ma  joiel 

—  409,  ligne  9.  Une  vir^-ule  après  tiret,. 

—  417,—       2.  Le  point  après  le  guillemet. 

—  418,—     27.  Deu\  points  après  le  mot,  £xemp/e;. 

—  423,  —     27.  Au  lieu     de   parenthèses  :    Exempte.  , 

lisez  parenihései.  Exemple  :. 

—  425.  Liseiyti/us  et  non  pasy'n/us  ni  lu/us. 

—  429,  ligne  2  du  tableau.  Au  lieu  de  privations,  lisez 

perversion, 
■ —    437,  —       7,  2'"»  col.  Lisez/e  ArauemoreVAa/Bi'une, 
le  grand  poète  Béranger. 

—  447,   —      26,  1"  col.  Lisez  interpoler  la  glose. 

—  448,   —     42,  2»>»  col.   Au  lieu  du  signe  X,  mettez 

le  signe  -f-  . 

—  450,   —       3,  1"   col.  Lisez  r«/i/)or(  rfe  douze  à  qua- 

tre  (AciD.  ). 

—  ibid.,   —     11,  l'«col.  Aulieudei-t-i-f-fc-f-l);  lisez 

bi<bXbXbXb. 

—  470,  —     37,  l'»rol.  Au  lieu  dereiir  sur  (es  <;ue(.i, 

lisez  celles  sur  les  quelles, 

—  471,  —       5,  2"'«  col.  Lisez  La  dorique. 

• —  ibid.,  —     44,    id.   Au  lieu  d'aggugnure,  lisezu^^i'u- 

—  474,     —  15,  2»   col.   Au  lieu  de  a  haussée,  lisez  a 

haussé, 

—  475,   —     47,  1'°  col.  Lisez  iie'rfuiVe  une  renie i/utesf 

à  son  taux. 

—  itid.,    —     66,  1"  col.  Lisez  ses  spéculations. 

—  477,  vers  4.    Point  de  virgule  entre  sais-je  et  plier. 

—  481,  ligne  25.  Lisez  c'est  l'insensible,  c'estle  fourbe  , 

c'est  l'avare. 

—  ibid.,  —     37.  Au  lieu  de  lui  parie,  lisez  lui  parlent, 

—  483,  • —     28.  Au   lieu  de  m.    qu,,   t,   qu.,p.  qu,  , 
lisez  m.   q.  ,  t.   q. ,  n.  q, 

—  45.  Une  virgule  avant  chacune  des  con- 
jonctions ou, 

—  19,  l'o  col.  Lisez  de  30  degrés. 
-~     33, 1"  col,  Au  lieu  de  sont  étendue,  lisez 

son  étendue. 

—  18,  l'«  col.  Lisez  Quadrilatère  équiangle. 
La  figure  de  Vangte  inscrit  n'est  pas  régulière. 

Le  sommet  de  l'augL"  inférieur  devrait  s'é- 
lever jusqu'au  centre  du  cercle.  Est-ce  ma 
faute  ou  celle  du  graveur!"  je  n'eu  sais  rien, 
ligne  7,  1"  col.   Lisez  «nire  ses  deu.v  côtés, 
.SriiÈRK,  ligne  .5    Au  lirn  dn  cercle,  lisez  centre 


—  ibid.. 


485, 
488, 


489, 
494. 


495, 
497, 


srorpw. 


P.if  VJi).  l'igmc.     Au  liiii  il'uii  11  le  triaiinlf  siipéricui      l'ii 
rciifcinic  iiii  E.  Ici   c'est  liicii  tout 
à  fait  1.1  faute  du  graveur. 

—  506.  Signes  du  midi.  Saglltaire  s'écrit  par  doux  (. 

—  ibid.y  2°*"  vers  latin.  Au  lieu  de  «ror/jiio,  iisc'/«i 

—  509,  ligne  21.  Au  lieu  de  ploô ,  lise/,  pléô 

—  511),  1"  vers  latin.  Une  simple  virgule  après  nonas, 

et  un  point-firgulc  après  Mars  ;. 

—  524,  ligne  A8,  2'»«  col.  Au  lieu  de  la  toute  rlii-f.tienté, 

lisez  toute  la  chrétienté. 

—  526.   —     33.  Au  lieu  d'inima/jinables  ,  lisez  inima- 

ginable, au  singulier. 

—  527,  vers  11.  Au  lieu  de  et   Tormagne  ,  lisez  j  Tor- 

viagne. 

—  529,  ligne  18,  \"  ciil.Au  lieu  d(^  quia  amenée,  lisez 

qui  a  amené. 

—  530.  La  dernière  ligne  de  la  seconde  col.  se   trouve 

transposée,    je  ne   sais  comment, 
au  commencement  de  la  page  535. 

—  531,  ligne  ^4,  l"col.  Au  lieu  de sa//iVe,  lisez  su/sli're. 
. —  if'id.,  —       2,2'"'=col.Lisez  (luprès  et  non  pasHu/jrrs. 

—  535.  La  première  ligne  de  cette  page  appartient  à  la 

fin  de  la  page  530. 

—  542,  ligne  26,1"  col.  An  lieu  de  cfpajs,  lisez  ou  paj's. 

—  549,—    13,  2=  col.  Au  lieu  de  combler,  lisez  côfe. 

—  550,  Epoque.  Au  Heu  de  la  fuite  de  Malwmet  (612)  , 

lisez  la  fuite  Je  Maliumel  (622). 
--    557,  Hti.iosr.opE.  Au  lieu  de  séopké,  lisez  srupéô. 

—  559,  ligne  56,   2°"|  roi.  Au    lieu   tVaxilliaires,   lisez 

axitlaires. 

—  564ï   ■ —     19,  1^*^  col.  Au  lieu  de  la  lumière  produits, 

lisez  la  lumière  produit. 
~    580,  —     36,  2™»  col.  Au  lieu  de  pcrmi,  lisez /icrmis. 

595,    ÏAUT.EAU  nu  SYSTÈMKDK  LiN.Nt:,  2'°^  col.   AulieU 

d'Org-unes  sexuelles  ,    lisez   Organes  sexuels, 

—  596,  Vocabulaire  du  tableau,  didynamie.  Au  lieu  de 

diinarnia,  lisez  dunamis, 

—  597,  Clef  bi;  la  Méthode  de  Jcssieu.  A'i  lieu  d'O- 

NOCOTÏI.ÉDONES,    liseZ    MoNOCOTYLÉDONES- 

4.    Au  lieu  de  Lichens,  lise?,  lichens. 

—  598,  ligne  30,  1"  col.  et  grappe,  hhei  en  grappe. 

—  ibid.,   —     43,     (V.  Au  lieu  d'/(i/jpro5(ûne,  lisez  fttV'/ïe- 

castane. 

—  601,  —     26,  l'«  col.  Au  lieu  de  nie  ,  lisez  oie. 

—  602,  lioimAGixÉES,  ligne  9.    Au  lieu  de  tisonnes, 

lisez  tisane. 

—  603,  ligne  20,  2'°«  col.  Lisez  Lobéliacées. 

—  607,   CoNiFÎiRËS,  ligne  5.  Au  lieu  de  feuilles  simples, 

lisez  à  feuilles  simples, 
— ■  ibid.,  CoRTHiiiFiiRES,  1"  col.  Au  lieu  de  senico,  lisez 
senecio. 

—  609,  ligne  27, 1'^  col.  An  lieu  dcl'a/jsse  sinuée,  lisez 

^  Valysse  sinue, 

—  611,  Ebésacées,  ligne  10.  Lisez a/i*oii/îer,  au  lieu 

d^atibousier, 

—  613,  ligne  56,  2'"|'  col.  Au  lieu  àe  sont  imprégnées  , 

lisez  sont  imprégnés. 
■ —     614,   —     16  ,  2°»''  col.  Au    lieu  de  solopendre,  lisez 
scolopendre. 

—  615,  —     13,  l"eol.  Au  lieu  de  Bou(OHS  ù//eur,  lisez 

Boulons  à  fleurs, 
.—    ibid,,  —     33,  2*°'=col.  An  lieu  d'tfrflnna,  lisez  Cfl/nje. 

—  616,—      10,  l"col.  Au  licude  pan<iij,   llsezpnnis, 

mieux  panir,  d'après  l'étyniolog'e  paniram, 

—  tbid.,  —  34,  2°"  col.  Supposez   une  virgule    entre 

pamelte  et  paumoule, 

—  618,   GcTTlFfinES,  ligne  16.  Au  lieu  de  ca/o/l/i^/um  , 

lisez  fa/»p/.;;(iim. 

—  ibid.,  ligne  22,  2""' col.  Au  lieu  de^nrni',  lisez garn/e. 

—  ibid.,  —     41,     idW.  Lisez /nirfiJr,  eau. 
. —  ibid,,  ' —     52,     ibid.  Supposez  Ostiaks    et   Katmnuks 

écrits  avec  une  majuscule  initiale, 

—  619,  JoNCÉES,  ligne  12.  Au  lieu  de  ouryprelle  luzule, 

lisez  luzule  ou  cyprelle. 

—  620,  Labiées,  l'e  col.  Au  lieu  de  fo//«sc7n/n,  sflrie/(e, 

perille.  galeobdolon,  lisez  cotlinsonia, 
sarriette,  pérille  ,  galéobdolon. 

—  621,  ligne  21.  Au   lieu    d'antispamodique ,  lisez  an- 

tispasmodique. 

—  623,   —     23,  1"  col.  Au  lieu  i'hœmatoxjlum,  lisez 

liœmatoxylum. 

—  tbid,,  —     33,  id.  Au  lieu  de  nue,  lisez  une, 

—  ibid.,  —     43,  iV.  Au  lieu  de  ôi'scru/a,  lisez  fciserru/d. 

—  tbid,,   —      47,  id.  Au  lieu   de  scorpiorus,  lisez   scor- 

piurus, 

Diins  un  livre!  de  la  nature  de  cului-cl  la  nioiridie 
pourquoi  cel  ei-iata  peul  paraître  plus  considérable 
livres  imprimés  avec  tant  de  soin.  J'en  remercie  nm 


gr623,  ligne  60,   1,/.  .\u\'ifnt\rphrfeulusMi,K/.pbu»eotus. 

-  ibid.,  —     62,  id.  Au  lieu.le  sKunf.ia,  lisez  swarf.ia. 

-  626,   —     44,  id.  Au  lieu  d'oirme,  lisez  ubrus. 

-  630,   —      46,  l'«  col.  Au    lieu  Seucomes,  lisez   en- 

comis, 

-  ibid,,  avant-dernière  ligne,  2""  col.  K\x  lieu  de  pont, 

lisez  dont. 

-  633,  ligne    9,  2"'«  col.  Au  lieu  de  diléniucées,  lisez 

dilléniacées. 

-  6,38,  OjiciEELiFBnES,  ligne  12.  Au  lieu  d'œi/iusn,  lisiz 

j         tclliusa. 
-ibid.,         ibid.  ,    —     23.  Aulieu  def.ru/o),Iisez 

[■cula). 

-  640,  lig.  26,  2"'  col.  Au  lieu  de  digilée,  lisez  digitées, 

-  6^7,  —     11,  1">  enl.  Au   lieu  de  tiard,  lisez  Nord, 

-  ibid.,   —     20,   2mc  c"l.  Au  lieu  d'urirfe,  lisez  acide. 

-  648,  —     33,  1"  coi.  Au    lieu     de    tamarascinées, 

lisez  tamariscinées. 

-  649,   —       7,  1"  col.  Au   lieu    de   tubéreuse,  lisez 

tubéreuse. 

-  ibid.,  —       4,  2""'  col.  An  lieu  de  ranonculus,   lisez 

-  ibid.,  —     12,  t&.  Au  lieu  de  [ponia],  Visez  {pœonia}, 

-  ibid,,  —     34,  ib.  Au  lieu  de  colambtne,  lisez  cotom, 

bine. 

-  651,  —       2,   2""  col.  Au  lieu  de  bouton  d'à,  lisez 

bouton  d'or. 

-  651,   —     18,  iV).  Au  lieu  de  Aa/mier.  lisez  io/m(«r. 

-  653,  —     12,  1"  col.  Point  de  virgule  entre  ribe- 

siuni  et  rubrum, 

-  659,  —     42,  1"  eol.  Au    lieu    de    {gnipa],   lisez 

-  662,  —     32,  1"  col.  Au  lieu  de  melicoceus,   lisez 

meticoccus. 

-  663,  —     23,   1"  col.  Au  lien  d'éturgie,  lisez  élengi. 

-  673,  —     16,   2»"' col.  Une  virgule  après  osse/efï. 

_     678,  —     36.  Lisez    chez  qui  rigne   encore    l'insa- 
lubrité. 

-  ibïd.,  —     24.  Au  lieu  de  longtemps,  Viaei  long-temps, 

-  682,  note     2.  Lisez    Dans  les   Pyrénées,   le  jour  de 

Saint-Jeon-Bapliste,  on  attache  sur  la 
porte  des  maisons  des  bouquets  de  lis, 
qu'on  y  laisse  jusqu'il  l'année  suivante. 
La  pli'rase  à  la  quelle  nous  substituons 
celle-ci  est  si  mal  construite  qu'il  faut 
que  nous  l'ayons  par  niégarde  copiée 
dans  quelque   dictionnaire. 

-  685,  ligne  7.  Au  lieu  de /i-amiroise,  lisez  framfcoise. 

-  694,  Liste  alpiubétiqce.    Au     lieu    d''alopecarus , 

lisez  alopecurus, 

-  695.    Au  lieu  de  banerksia,  Visk/.  banksia. 

-  697.  Au  lieu  de  cremolabus ,  lisez  cremolobus. 

-  702.   Au  lieu  de  nicaudra.  Visez  nicandra. 

-  712,  ligne   6.   Au  lieu  de  cent,  lisez  renls. 

-  715,  An  lieu  de  cacoier,  lisez  cacaoler. 

-  ibid.,  CiiÈïnEFEUii.LB.      Au  lieu    de    flonicera  ,   lisez 

lonicera. 

-  716,  Jonc.  Au  lieu  de  j'uneus,  VisMj'uncas. 

-  717,  UvETTE.  Au  lieu  d'eiihredca.  lisez  ephedra, 

-  719,  note  17.  Lisez  arbre,  au  lieu  d'arbres. 

-  720,  Bois  d'acajoo.  Au  lieu  de  rerfrea/,  lisez  cédréla. 

-  ibid.,  note  25,    ligne   2.    Au  lieu    de  mènerait,  lisez 

mèneraient. 

-  721,  Lisez  cœur-de-bœuf ,  avec  traits  d'union. 

-  723,  Noix  d'jbec.  Au  lieu  d'Indoux,  Visez  Indous, 

-  724,  I^ois  DE    SEPT  AXS.  Au   lieu  de  Pois  d'Angola, 

du  Congo,  les  fruits,  lisez  poids  d'Angola,  du 
Congo,  Les  fruits. 

-  729,  l'g.  16,l«col.  Aulieuderonnauis,  lisez  eannadi» 

-  737,  ligne  7.  Point  de  virgule  après  (roi'Icr. 

_    738,  26.  Au  lieu  de  santé.  Comme,  lisez  santi , 

comme,  avee  une  virgule  au  lieu  d'un  point, 
et  sans  majuscnle. 

-  746,  4«  ligne  de  la  note.  Un  point  après  convenables. 

-  751,  HIai.adies  du  globe  de  l'œil,  6"  ligne.  Au  lieu 

de  pustules,  lisrz  pustules. 

-  752,  ligne  8.  -Vu  lieu  de  sensod'.iii,  lisez  sensations. 

-  753,   —    19.  Au  lieu  d'erodimani'c,  lisez  érotomanie. 

-  759,  —      6.  Au  lieu  de/iep(c,  lisez  peplô. 

-  765,  Appendice,  ligue  3.  Au  lieu  decondylôme,  lisez 

condilônies, 

-  ibid,,  ibid,,  ligne  4.  Au  lieu   à'hyppersarcose  ,  lisez 

hypersarcose, 
~    765,  ligne  3.  Uue  virgule  après  soixante, 
-ibid,,     —    5.   Point  de  virgule  après  fiii/i'so/io». 
faille  à'iinpiessioii  a  de  l'importance.   Voilà 
qu'il  ne  IVst  en  effet  ;   car  il  v   a   liien  peu   H< 
Il  c'diloiir. 


V 


1  Y 

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PC         Noël,  Léger  7^"^ 

2109         La  clef  de  la  langue  et  des  ■/" 

N63       sciences 
ptie.2  Y-_- 


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